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Chapitre IV : Postulats de la mécanique quantique

Postulats de la mécanique quantique

1. Enoncé des postulats


1.1 Premier postulat : Etat d’un système

L’état d’un système physique est complètement défini à tout instant par la donnée d’un ket
| ⟩appartenant à l’espace des états . | ⟩ est appelé vecteur d’état.

Il faut noter que, comme est un espace vectoriel, toute combinaison d'états possibles du
système est aussi un état du système (principe de superposition). si | ⟩et | ⟩ sont
deux états possibles d’un système physique, toute combinaison linéaire | ⟩
| ⟩ est aussi un état du système.
1.2 Deuxième postulat : Description d’une grandeur physique
En mécanique classique lorsqu’on connaît l’état du système on déduit immédiatement toutes
les grandeurs physiques qui lui sont associées car états et grandeurs physiques sont décrits par
les mêmes variables dynamiques ⃗ et ⃗ .

En mécanique quantique état d’un système et grandeurs mesurables sont représentés par des
êtres mathématiques différents : alors que l’état est décrit par un vecteur, les grandeurs phy-
siques sont décrites par des opérateurs.

1.3 Troisième postulat : Mesure d’une grandeur physique


1.3.1 Résultat de la mesure

La mesure d’une grandeur physique ne peut donner comme résultat que l’une des valeurs
propres de l’observable correspondante.

A cause de l’hermicité de la mesure donnera toujours une valeur réelle et lorsque le spectre
de est discret les résultats qu’on obtient sont quantifiés.

1.3.2 Prédiction de la mesure

A la différence de la mécanique classique où le résultat de la mesure d’une grandeur physique


est toujours certain et reproductible lorsque la mesure se fait dans les mêmes conditions, la
mécanique quantique introduit un indéterminisme qui fait que la prédiction de la mesure est
de type probabiliste. Cette probabilité dépend à la fois de l’état du système et de la nature du
spectre des valeurs propres.
Si l’état | ⟩du système se confond avec un vecteur propre | ⟩ de correspondant à la va-
leur propre , le résultat de la mesure de est certain, c’est . S’il n’en est pas ainsi on ne
peut prévoir que statistiquement le résultat de la mesure.
Les postulats qui suivent et qu’on appelle postulats de décomposition spectrale donnent les
règles qui permettent de calculer la probabilité de cette mesure.

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a. Spectre discret non dégénéré

Lorsqu’on mesure la grandeur physique sur un système dans l’état | ⟩, la probabilité


d’obtenir comme résultat la valeur propre non dégénérée de l’observable correspondante
est:
|⟨ | ⟩|
| ⟩ étant le vecteur propre normé de correspondant à la valeur propre .

Dans ce cas les | ⟩ constituent une base dans ξ et le vecteur d’état s’écrit :
| ⟩ ∑ | ⟩

Avec ⟨ | ⟩
La probabilité peut s’écrire alors :
| |

b. Spectre discret dégénéré

Lorsqu’on mesure la grandeur physique sur un système dans l’état | ⟩, la probabilité


d’obtenir comme résultat la valeur propre dégénérée de l’observable correspondante est :
∑ |⟨ | ⟩|
est le degré de dégénérescence de la valeur propre et {| ⟩} ( ) un système
orthonormé de vecteurs propres associé à et sous-tendant le sous-espace de dégénéres-
cence ξn.

Comme les {| ⟩} constituent une base dans ξn. | ⟩, peut être développé sur cette base
et on a :

| ⟩ ∑∑ | ⟩

Avec ⟨ | ⟩
ce qui permet d’écrire sous la forme :
∑ | |

est bien sûr indépendante du choix de la base {| ⟩} dans ξn.

c. Spectre continu non dégénéré

Lorsqu’on mesure la grandeur physique sur un système dans l’état | ⟩, la probabilité


d’obtenir un résultat compris entre et est :
|⟨ | ⟩|
| ⟩ étant le vecteur propre correspondant à la valeur propre continue de l’observable
associée à .

Les {| ⟩} formant une base continue dans ξ, le vecteur d’état | ⟩ s’écrit :


| ⟩ ∫ | ⟩ avec ⟨ | ⟩
La probabilité prend alors la forme suivante :
| |

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Et on a bien évidemment
∫ ∫ | |

1.3.3 Réduction du paquet d’ondes

Les postulats sur la prédiction de la mesure nous enseignent que lorsqu’on connaît l’état
| ⟩ du système à un instant donné, on peut prédire les probabilités d’obtenir les divers
résultats possibles de mesure d’une grandeur physique.
Le postulat de réduction du paquet d’ondes s’énonce alors ainsi :

Lorsque la mesure de la grandeur physique sur le système dans l’état | ⟩ donne le résultat,
| ⟩
l’état du système immédiatement après la mesure est la projection normée de | ⟩
| | ⟩ √⟨
sur le sous-espace propre associé à . Si est non dégénérée, cet état est le vecteur propre
| ⟩ correspondant.

1.4 Quatrième postulat : Evolution dans le temps

En mécanique quantique nous avons vu que l’évolution au cours du temps de l’état quantique
d’une particule est décrite par l’équation de Schrödinger. Le quatrième postulat généralise ce
formalisme à tout système physique et s’énonce comme suit :

L’évolution au cours du temps de l’état d’un système physique est décrite par l’équation de
Schrödinger :
| ⟩ | ⟩
où | ⟩ est le vecteur d’état du système et l’observable associée à son énergie totale.

est appelé opérateur hamiltonien. Pour une particule, il s’écrit en représentation | ⃗⟩ :



L’équation de Schrödinger s’écrit alors dans cette représentation :


( ⃗ ) ⃗

1.5 Cinquième postulat : Quantification des grandeurs physiques


Ce postulat indique les règles de construction d’une observable associée à une grandeur
physique ayant un équivalent classique. Comme la grandeur s’exprime en fonction des
variables dynamiques ⃗ et ⃗, l’observable s’exprimera en fonction des opérateurs ⃗⃗ et ⃗⃗
suivant les règles de quantification suivantes :

 Au vecteur position ⃗ de la particule est associée l’observable ⃗⃗ .


 A l’impulsion ⃗ de la particule est associée l’observable ⃗⃗ .

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 A toute grandeur physique définie classiquement est associée une observable obte-
nue en remplaçant dans l’expression convenablement symétrisée de , ⃗ et ⃗ par les
observables ⃗⃗ et ⃗⃗ respectivement.

En représentation { | ⃗⟩ }, aux coordonnées de la particule correspondent les opérateurs


, et et aux composantes de ⃗ correspondent les opérateurs tels que :

; ;

au vecteur ⃗ correspond alors l’opérateur :


⃗⃗ ⃗⃗

La symétrisation préalable de est due à la non commutation des composantes de ⃗⃗ et ⃗⃗ .


Ainsi lorsque l’expression de contient à la fois et et et sous forme de pro-
duit cette symétrisation est nécessaire, dans le cas contraire le remplacement direct est suffi-
sant.

1.1 Exemples :

 L’opérateur associé à est :

 L’opérateur associé à est :


( )

2. Valeurs moyennes et écart quadratique moyen


Les postulats de la mesure introduisent un indéterminisme que ne connaissait pas la méca-
nique classique. En effet la prédiction du résultat d’une grandeur physique est incertain et
l’état du système est perturbé par la mesure et est décrit par une fonction d’onde qui repré-
sente une amplitude de probabilité.
On va montrer néanmoins qu’il est possible d’avoir une idée sur le résultat des mesures et sur
la dispersion de ces résultats par des considérations probabilistes :

2.1 Valeur moyenne d’une observable

Lorsqu’on mesure la grandeur physique sur un grand nombre de systèmes identiques tous
dans le même état | ⟩. On définit la valeur moyenne de dans cet état comme la moyenne
des résultats obtenus et on la note 〈 〉.
Comme chaque mesure de donne, par exemple, dans le cas d’un spectre discret non dégé-
néré, la valeur propre avec la probabilité :
|⟨ | ⟩| , 〈 〉 sera égale à :

〈 〉

Si le ket | ⟩ est normé, ∑ | | et on aura :

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〈 〉 ∑

Ce résultats peut s’écrire sous une autre forme plus pratique en explicitant , on aura :
〈 〉 ∑ ⟨ | ⟩⟨ | ⟩

∑ ⟨ | | ⟩⟨ | ⟩

⟨ | ∑ | ⟩⟨ | ⟩

Soit :
〈 〉 ⟨ | | ⟩
〈 〉 est la valeur moyenne de dans l’état | ⟩. C’est une moyenne d’ensemble qu’il ne faut
pas confondre avec la moyenne dans le temps.

Remarque :
 Pour calculer 〈 〉 on se place en général dans une représentation donnée. Ainsi dans la
représentation { | ⃗⟩} on aura pour les valeurs moyennes de et :

〈 〉=⟨ | | ⟩ ∫
〈 〉=⟨ | | ⟩ ∫ ( )

2.2 Ecart quadratique moyen

La valeur moyenne 〈 〉 donne l’ordre de grandeur de la valeur de lorsque le système est


dans l’état | ⟩ mais ne nous donne aucune information sur la dispersion des résultats.
Pour avoir cette information, on pourrait par exemple prendre pour chaque mesure de , la
différence entre la valeur obtenue et 〈 〉; on calculera ensuite la moyenne de ces écarts en
divisant leur somme par le nombre d’expériences; mais cela conduit à un résultat nul car à
cause de la définition même de 〈 〉 les écarts positifs compensent les écarts négatifs et on a
évidemment : 〈 〈 〉〉 .
Pour pallier cette difficulté et éviter cette compensation. On définit un écart de telle façon
que soit la moyenne des carrés des écarts c’est à dire :
〈 〈 〉 〉
est appelé écart quadratique moyen qu’on définit par :
√〈 〈 〉 〉
Ou encore :
√⟨ | 〈 〉 | ⟩
est appelé variance du système.
D’autre part on a :
〈 〈 〉 〉 〈 〈 〉 〈 〉 〉 〈 〉 〈 〉 〈 〉 〈 〉 〈 〉
Ce qui donne :
√〈 〉 〈 〉

2.3 Relations d’Heisenberg

Considérons un système physique dans l’état | ⟩ et deux observables et qui ne commu-


tent pas ([ ] ).
D’après précédemment on a :

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〈 〈 〉 〉 〈 〉 〈 〉

〈 〈 〉 〉 〈 〉 〈 〉

Introduisons les opérateurs et définis par :

〈 〉 et 〈 〉

et représentent l’écart des opérateurs et par rapport à leur valeur moyenne. Comme
〈 〉 et 〈 〉 sont des scalaires on a : [ ] [ ]
Considérons le vecteur | ⟩ transformé de | ⟩ par l’application de l’opérateur +i où
est un paramètre réel quelconque :

| ⟩ = +i | ⟩
On a :
⟨ | ⟩
⟨ | | ⟩
〈 〉 [ ] 〈 〉
⟨ | ⟩ étant une quantité positive, le polynôme du second degré en doit être toujours posi-
tif ou nul. Pour qu’il en soit toujours ainsi quel que soit il faut que son discriminant soit
négatif, c’est à dire :
〈[ ]〉 〈 〉〈 〉
Soit :
〈 〉〈 〉 〈[ ]〉
Ou encore :
|〈[ ]〉|
En appliquant cette inégalité aux composantes des observables ⃗⃗ et ⃗⃗ qui sont telles que :
[ ] [ ] [ ]

On obtient :

; ;

Ces trois inégalités constituent les inégalités spatiales d’Heisenberg.


On ne peut donc définir avec précision à la fois position et impulsion de la particule, d’où
l’impossibilité de déterminer une trajectoire car cela implique la connaissance exacte de
et de leurs dérivées.
On est tenté d’appliquer le même type d’inégalité au couple énergie ( ) et temps ( ), mais
bien que cela conduise à la quatrième relation d’Heisenberg la démonstration est
fausse car à la différence de l’énergie le temps n’est pas une observable en mécanique
quantique. La quantité s’interprète simplement comme la durée du temps nécessaire pour
que l’énergie du système varie de manière appréciable.

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