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Cours de Mécanique Quantique

SMP5 (2020/2021)
(Ahmed Kassou-Ou-Ali)

Chapitre 1
Postulats de la mécanique quantique

Introduction
a) Description classique

Exemple d’une particule (point matériel) soumise à une force 𝐹⃗ dérivant d’un potentiel V

(𝐹⃗ = −∇
⃗⃗𝑉 )

Etat de la particule

L’état de la particule à un instant t0 fixé est défini par la donnée de sa position 𝑟⃗(𝑡0 ) =
(𝑥(𝑡0 ), 𝑦(𝑡0 ), 𝑧(𝑡0 )) et de sa vitesse 𝑣⃗(𝑡0 ) = (𝑥̇ (𝑡0 ), 𝑦̇ (𝑡0 ), 𝑧̇ (𝑡0 )) (ou de son impulsion
𝑝⃗=m𝑣⃗)

Mesure d’une grandeur physique

Connaissant l’état de la particule à un instant 𝑡0 , la valeur à cet instant des diverses grandeurs
physiques (son énergie, son moment cinétique …) est parfaitement déterminée. On peut donc
prédire de manière certaine, le résultat d’une mesure quelconque effectuée à cet instant.

Evolution au cours du temps


L’évolution au cours du temps de l’état de la particule est donnée par l’équation
fondamentale de la dynamique, ou, ce qui revient au même, par les équations d’Hamilton-
𝑑𝑟⃗ 𝑝⃗ 𝑑𝑝⃗
Jacobi = 𝑚 et ⃗⃗𝑉
= −∇
𝑑𝑡 𝑑𝑡

Ce sont des équations différentielles du 1er ordre en t ; leur solution ⃗⃗⃗⃗


(𝑟(𝑡), 𝑝⃗(𝑡)) est unique si
l’on fixe la position et l’impulsion à un instant initial 𝑡0 . L’état de la particule à un instant
quelconque est déterminé si l’on connait son état initial.

b) Description quantique

On sait (cours de Mécanique quantique de SMP4) que la description du mouvement des


particules microscopiques diffère radicalement de la description classique. En particulier, à
cause du principe d’incertitude de Heisenberg, on ne peut plus définir de trajectoires pour les
particules et l’état d’une particule ne peut plus se définir par sa position et sa vitesse (ou son
impulsion). L’état de la particule est plutôt défini par une fonction d’onde qui ne permet de
faire que des prévisions probabilistes sur les résultats des mesures de la position ou de
l’impulsion. L’évolution au cours du temps de la fonction d’onde est décrite par l’équation de
Schrödinger.

Objectif du chapitre 1

L’objectif du chapitre 1 est l’étude des postulats généraux sur lesquels est fondée la
description quantique des systèmes physiques. Ces postulats vont permettre de savoir
comment décrire, de manière plus générale que par une fonction d’onde, l’état d’un système
quantique ; comment décrire les grandeurs physiques et comment prévoir les résultats de
leurs mesures et finalement comment décrire l’évolution de l’état du système au cours du
temps.

I. Enoncé des postulats de la mécanique quantique


1) Description de l’état dynamique d’un système

1er Postulat : A un instant 𝑡0 fixé, l’état d’un système physique isolé est défini par la donnée
d’un ket |Ψ(𝑡0 )⟩ appartenant à l’espace des états ℰ.
La connaissance de l’état d’un système à un instant donné 𝑡0 , est complétement contenue
dans un vecteur appelé vecteur d’état. L’espace vectoriel auquel appartient ce vecteur est
appelé espace des états.

Remarques

 Le corps sur lequel est défini l’espace vectoriel des états est celui des nombres
complexes : les combinaisons linéaires des vecteurs de l’espace des états se fait avec
des coefficients complexes.
 En Mécanique quantique, on adopte en générale les notations de Dirac. Dans ces
natations, un vecteur n’est pas noté par une lettre sur laquelle on met une flèche (u par
exemple), mais plutôt par une lettre à l’intérieur du symbole | ⟩ (appelé ket). L’état
d’un système à un instant t0 est donc noté comme |Ψ(𝑡0 )⟩.
 Comme ℰ est un espace vectoriel, ce premier postulat implique un principe de
superposition : une combinaison linéaire de vecteurs d’état est un vecteur d’état.
Cette propriété constitue une différence fondamentale avec la mécanique classique ;
elle a pour conséquences, par exemple, les phénomènes d’interférences et
d’intrication.
2) Description des grandeurs physiques

2ème Postulat : Toute grandeur physique mesurable 𝒜 est décrite par un opérateur A
agissant dans ℰ ; cet opérateur est une observable.

Rappelons qu’un opérateur est une observable lorsqu’il est hermitique et que l’ensemble de
ses vecteurs propres constitue une base de l’espace des états.

Notons bien la différence fondamentale entre les descriptions classique et quantique de l’état
et des grandeurs physiques. En mécanique quantique, un état est représenté par un vecteur,
une grandeur physique par un opérateur.

3) Mesure des grandeurs physiques


3.1) Résultats possibles

3ème Postulat : La mesure d’une grandeur physique 𝒜 ne peut donner comme résultat
qu’une des valeurs propres de l’observable A correspondante.

Remarques
 Une mesure de A donnera toujours une valeur réelle, puisque A est par définition
hermitique.
 Si l’ensemble des valeurs propres de A est discret (≠continu), les résultats que l’on
peut obtenir en mesurant A sont quantifiés.

3.2) Principe de décomposition spectrale

Considérons un système dont l’état est caractérisé, à un instant donné, par


le ket |Ψ⟩, supposé normé à 1 :

⟨Ψ|Ψ⟩ = 1

Soit 𝒜 une grandeur physique du système, à laquelle est associée l’observable A. Connaissant
l’état du système, peut-on prédire, comme en mécanique classique, le résultat de la mesure
de 𝒜? En mécanique quantique, la réponse générale est non (sauf dans des cas particuliers) ;
le résultat de la mesure est aléatoire et tout ce que la mécanique quantique peut fournir sont
les probabilités des divers résultats. C’est l’objet du quatrième postulat.

a- Cas d’un spectre discret

Supposons que A a un spectre discret {𝑎𝑛 }

𝐴|𝑢𝑛𝑖 ⟩ = 𝑎𝑛 |𝑢𝑛𝑖 ⟩, 𝑖 = 1,2 … . . , 𝑔𝑛

Les valeurs propres 𝑎𝑛 peuvent être dégénérées (à la valeur propre 𝑎𝑛 correspondent 𝑔𝑛


vecteurs propres |𝑢𝑛𝑖 ⟩ tous orthogonaux entre eux).

A étant une observable, l’ensemble de ses vecteurs propres {|𝑢𝑛𝑖 ⟩} forment une base de
l’espace des états ; on peut donc exprimer |Ψ⟩ dans cette base

𝑔𝑛

|Ψ⟩ = ∑ ∑ 𝑐𝑛𝑖 |𝑢𝑛𝑖 ⟩


𝑛 𝑖=1

𝑐𝑛𝑖 est la composante de |Ψ⟩ suivant le vecteur de base|𝑢𝑛𝑖 ⟩. On a 𝑐𝑛𝑖 = ⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ⟩

4éme Postulat (cas d’un spectre discret) : Lorsqu’on mesure la grandeur physique 𝒜 sur un
système dans l’état |Ψ⟩ normé, la probabilité 𝒫 (𝑎𝑛 ) d’obtenir comme résultat la valeur
propre 𝑎𝑛 de l’observable A correspondante
vaut :

𝑔𝑛 𝑔𝑛
2 2
𝒫 ( 𝑎𝑛 ) = ∑|𝑐𝑛𝑖 | = ∑|⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ⟩|
𝑖=1 𝑖=1

où 𝑔𝑛 est le degré de dégénérescence de 𝑎𝑛 et {|𝑢𝑛𝑖 ⟩}𝑖 = 1,2,...,𝑔 un système orthonormé de


𝑛

vecteurs formant une base dans le sous-espace propre ℰ𝑛 associé à la valeur propre 𝑎𝑛 de A

Remarques

 Si la valeur propre 𝑎𝑛 n’est pas dégénérée, la probabilité 𝒫 (𝑎𝑛 ) est réduite à un seul
terme

𝒫 (𝑎𝑛 ) = |⟨𝑢𝑛 |Ψ⟩|2

|𝑢𝑛 ⟩ étant le vecteur propre (unique) correspondant à la valeur propre 𝑎𝑛

 Si |Ψ⟩ n’est pas normé, l’expression de la probabilité ci-dessus doit être remplacée par

𝑔𝑛
1 2
𝒫 ( 𝑎𝑛 ) = ∑|𝑐𝑛𝑖 |
⟨Ψ|Ψ⟩
𝑖=1

 Le sous-espace propre ℰ𝑛 associé à la valeur propre 𝑎𝑛 est par définition le sous-


espace engendré par les vecteurs propres associés à la valeur propre 𝑎𝑛 . L’opérateur
𝑔
𝑛
de projection sur ce sous-espace est, dans les notations de Dirac, 𝑃𝑛 = ∑𝑖=1 |𝑢𝑛𝑖 ⟩< 𝑢𝑛𝑖 |

On a 𝑃𝑛2 = 𝑃𝑛 (qui exprime que 𝑃𝑛 est un projecteur) et 𝑃𝑛+ = 𝑃𝑛 . Cet opérateur est
indépendant de la base choisie |𝑢𝑛𝑖 ⟩ à l’aide de laquelle il est exprimé. On montre que la
probabilité 𝒫 (𝑎𝑛 ) s’exprime à l’aide de 𝑃𝑛 comme

𝒫 (𝑎𝑛 ) = ⟨Ψ|𝑃𝑛 |Ψ⟩

(|Ψ⟩ étant supposé normé à 1). Ceci montre que 𝒫 (𝑎𝑛 ) est indépendant du choix de la base
de ℰ𝑛 .

b- Cas d’un spectre continu


Supposons que la grandeur physique 𝒜 a un spectre continu, non dégénéré (c’est le cas des
observables associées à la position et à l’impulsion).
L’ensemble des vecteurs propres |𝑣𝛼 ⟩ de A (α étant un indice continu):

𝐴|𝑣𝛼 ⟩ = 𝛼|𝑣𝛼 ⟩

forme une base continue dans ℰ, sur laquelle on peut décomposer |Ψ⟩ (la sommation
discrète doit être remplacée par une intégrale sur la variable continue α)

|Ψ⟩ = ∫ 𝑑𝛼 𝑐(𝛼)|𝑣𝛼 ⟩

Les résultats possibles d’une mesure de A formant un ensemble continu, on doit définir une
densité de probabilité: la probabilité 𝑑𝒫 (𝛼 ) pour obtenir une valeur comprise entre α et α +
dα est donnée par :

𝑑𝒫 (𝛼 ) = 𝜌(𝛼 )𝑑𝛼

Avec

𝜌(𝛼 ) = |𝑐(𝛼 )|2 = |⟨𝑣𝛼 |Ψ⟩|2

4ème Postulat (cas d’un spectre continu et non dégénéré) : Lorsqu’on mesure la grandeur
physique 𝒜 sur un système dans l’état |Ψ⟩ normé, la probabilité 𝑑𝒫 (𝛼 ) d’obtenir un résultat
compris entre 𝛼 et 𝛼 + 𝑑𝛼 vaut :

𝑑𝒫 (𝛼 ) = |⟨𝑣𝛼 |Ψ⟩|2 𝑑𝛼

où |𝑣𝛼 ⟩ est le vecteur propre correspondant à la valeur propre α de l’observable A associée à


𝒜.

Remarques

 Comme dans le cas du spectre discret, si |Ψ⟩ n’est pas normé à 1, on doit diviser
l’expression ci-dessus de la probabilité par ⟨Ψ|Ψ⟩ le carré de la norme de |Ψ⟩
 La probabilité de trouver la valeur propre dans un intervalle Δ donné est (|Ψ⟩ étant
normé à 1)

∫Δ |⟨𝑣𝛼 |Ψ⟩|2 𝑑 𝛼

 Considérons deux vecteurs d’état |Ψ⟩ et |Ψ ′ ⟩ proportionnels : |Ψ ′ ⟩ = 𝜆 |Ψ⟩ (𝜆 ≠ 0) et


A une observable. Supposons que |Ψ⟩ est normé à 1 ( ⟨Ψ|Ψ⟩ = 1) ; la norme du
vecteur |Ψ ′ ⟩ est ⟨Ψ ′ |Ψ ′ ⟩ = |𝜆|2 . En effet |Ψ ′ ⟩ = 𝜆 |Ψ⟩ ⇒ ⟨Ψ ′ |Ψ ′ ⟩ = ⟨Ψ|𝜆∗ 𝜆|Ψ⟩ =
|𝜆 |2 .

Le système étant dans l’état représenté par |Ψ⟩, la probabilité de trouver une valeur
propre 𝑎𝑛 de A est

2
𝒫 (𝑎𝑛 ) = ∑𝑖 |⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ⟩| .

Si l’état du système est représenté par |Ψ ′ ⟩, cette probabilité sera

1 2
𝒫 ′ (𝑎𝑛 ) = ′|
′ ∑|⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ ′ ⟩|
⟨Ψ Ψ ⟩
𝑖

2 2
Or ⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ ′ ⟩ = 𝜆⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ⟩ ⇒ |⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ ′ ⟩| = |𝜆|2 |⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ⟩|

et ⟨Ψ ′ | Ψ ′ ⟩ = | 𝜆 | 2

Il s’ensuit que 𝒫 ′ (𝑎𝑛 ) = 𝒫 (𝑎𝑛 ).

Les probabilités prédites, pour une mesure quelconque, à partir de |Ψ⟩ ou de |Ψ ′ ⟩sont les
mêmes. On conclut donc que deux vecteurs d’état proportionnels représentent le même état
physique.

Quand on ne considère que des vecteurs d’état normés à l’unité, le facteur de


proportionnalité entre deux vecteurs proportionnels est un facteur de phase 𝑒 𝑖𝜃 (𝜃 un
nombre réel) de norme égale à 1. On dira alors que deux vecteurs d’état qui ne diffèrent que
par un facteur de phase global, décrivent le même état physique.

Il faut bien faire attention dans l’application de cette propriété. Considérons par exemple le
vecteur d’état

|Ψ⟩ = 𝜆1 |𝜓1 ⟩ + 𝜆2 |𝜓2 ⟩,

les vecteurs |𝜓1 ⟩ et |𝜓1′ ⟩ = 𝑒 𝑖𝜃1 |𝜓1 ⟩ décrivent le même état physique, de même que |𝜓2 ⟩
et |𝜓2′ ⟩ = 𝑒 𝑖𝜃2 |𝜓2 ⟩ ; mais en général le vecteur

|Ψ ′ ⟩ = 𝜆1 𝑒 𝑖𝜃1 |𝜓1 ⟩ + 𝜆2 𝑒 𝑖𝜃2 |𝜓2 ⟩

ne décrit pas le même état que |Ψ⟩. En effet ces deux vecteurs ne sont en général pas
proportionnels sauf dans le cas particulier θ2 = θ1 (ou θ2 = θ1 + 2𝑛𝜋, 𝑛 entier) où
|Ψ ′ ⟩ = 𝑒 𝑖𝜃1 (𝜆1 |𝜓1 ⟩ + 𝜆2 |𝜓2 ⟩) = 𝑒 𝑖𝜃1 |Ψ⟩

Un facteur de phase global n’affecte pas les prédictions physiques, mais les phases relatives
des coefficients d’un développement sont significatives.

3.3) Réduction du paquet d’ondes

Etant donné un système quantique dans un état décrit par un vecteur |Ψ⟩. On ne peut pas
prédire le résultat de la mesure d’une grandeur physique 𝒜 du système ; seules les
probabilités des différents résultats peuvent être calculées. Quand on effectue la mesure, on
trouve, aléatoirement, une des valeurs propres de l’observable A associée à 𝒜. Juste après la
mesure, le système se trouve, donc, dans un état où la valeur de la grandeur mesurée est
effectivement la valeur propre trouvée. L’acte de mesure a fait passer le système d’un état où
la valeur de 𝒜 est indéterminée, à un autre, différent, où cette valeur est parfaitement
déterminée. On dit que la mesure perturbe l’état du système : elle le change. Le 5ème postulat
permet de calculer l’expression de l’état juste après la mesure, en fonction de l’état juste
avant la mesure et en fonction de la valeur propre trouvée.

Supposons d’abord que la valeur propre 𝑎𝑛 trouvée est non dégénérée. On postule alors que
l’état du système immédiatement après cette mesure est le vecteur propre |𝑢𝑛 ⟩ associé à
𝑎𝑛 :

|Ψ⟩ ⇒ |𝑢𝑛 ⟩

Lorsque la valeur propre 𝑎𝑛 trouvée dans la mesure est dégénérée, ce postulat se généralise
de la façon suivante. Si le développement de l’état |Ψ⟩ immédiatement avant la mesure
𝑔
𝑛
s’écrit |Ψ⟩ = ∑𝑛 ∑𝑖=1 𝑐𝑛𝑖 |𝑢𝑛𝑖 ⟩, le vecteur d’état juste après la mesure s’écrit alors

𝑔𝑛

|Ψ ′ ⟩ = 𝒩 ∑ 𝑐𝑛𝑖 |𝑢𝑛𝑖 ⟩
𝑖=1

1
𝒩 est un facteur de normalisation choisi pour que |Ψ ′ ⟩ soit normé à 1 : 𝒩 = 2
.
√∑𝑔𝑛 |𝑐𝑛
𝑖|
𝑖=1
𝑔
𝑛
Notons que le vecteur ∑𝑖=1 𝑐𝑛𝑖 |𝑢𝑛𝑖 ⟩ n’est autre que la projection de |Ψ⟩ sur le sous-espace
propre correspondant à la valeur propre trouvée 𝑎𝑛 : 𝑃𝑛 étant le projecteur sur ce sous
𝑔 𝑔
𝑛
espace : ∑𝑖=1 𝑐𝑛𝑖 |𝑢𝑛𝑖 ⟩ = 𝑃𝑛 |Ψ⟩ 𝑛
(𝑃𝑛 = ∑𝑖=1|𝑢𝑛𝑖 ⟩< 𝑢𝑛𝑖 |).

5ème Postulat : Si la mesure de la grandeur physique 𝒜 sur le système dans l’éta |Ψ⟩t donne
le résultat 𝑎𝑛 , l’état du système immédiatement après la mesure est la projection normée
1
|Ψ ′ ⟩ = ∑𝑔𝑖=1
𝑛
𝑐𝑛𝑖 |𝑢𝑛𝑖 ⟩ de |Ψ⟩ sur le sous-espace propre associé à 𝑎𝑛 .
𝑖 |2
√∑𝑔𝑛 |𝑐𝑛
𝑖=1

3.4) Evolution des systèmes dans le temps

6ème postulat : L’évolution dans le temps de l’état | ψ(t) > est régie par l’équation de
d|Ψ(t)⟩
Schrödinger iℏ = H(t)|Ψ(t)⟩
dt

où H(t) est l’Hamiltonien du système (c’est l’observable associée à l’énergie du système).

3.5) Règles de quantification

Ces règles permettent de construire à partir d’une grandeur physique définie classiquement,
l’opérateur correspondant en mécanique quantique.

A la position 𝑟⃗(𝑥, 𝑦, 𝑧) , on fait correspondre l’opérateur de position 𝑅⃗⃗ (𝑋, 𝑌, 𝑍) et à


l’impulsion classique 𝑝⃗(𝑝𝑥 , 𝑝𝑦 , 𝑝𝑧 ) on fait associer l’opérateur d’impulsion 𝑃⃗⃗(𝑃𝑥 , 𝑃𝑦 , 𝑃𝑧 ).

Les composantes de 𝑅⃗⃗ et 𝑃⃗⃗ vérifient les relations de commutation canoniques :


[𝑋, 𝑃𝑥 ] = 𝑖ℏ [𝑌, 𝑃𝑦 ] = 𝑖ℏ [𝑍, 𝑃𝑧 ] = 𝑖ℏ

Tous les autres commutateurs sont nuls (par exemple [𝑋, 𝑌] = [𝑋, 𝑃𝑦 ] = [𝑌, 𝑃𝑦 ] = 0).

A une grandeur classique 𝒜(𝑟⃗, 𝑝⃗, 𝑡) dépendant des variables dynamiques 𝑟⃗(𝑡), 𝑝⃗(𝑡) et du
temps t, on fait associer l’opérateur 𝐴(𝑡) = 𝒜(𝑅⃗⃗ , 𝑃⃗⃗, 𝑡) où on remplace dans l’expression de

𝒜, les variables 𝑟⃗ et 𝑝⃗, par les opérateurs 𝑅⃗⃗ et 𝑃⃗⃗.

Prenons comme exemple une particule classique qui se déplace sur un axe x et soumise à une
1
force de rappel 𝐹 = −𝑘𝑥. Cette force dérive du potentiel 𝑉 (𝑥 ) = 2 𝑘𝑥 2. Son énergie totale
𝑝2 1
est ℰ = 2m + 2 𝑘𝑥 2 . L’opérateur représentant l’énergie de cette particule traitée en tant que
𝑃2 1
système quantique est l’Hamiltonien 𝐻 = 2m + 2 𝑘𝑋 2 , où dans cette dernière expression 𝑋

et 𝑃 représentent las opérateurs de position et d’impulsion respectivement.

II. Interprétation physique des postulats

A.Mesure des grandeurs physiques

1.Les règles de quantification sont cohérentes avec l’interprétation probabiliste de la fonction


d’onde
L’application du 4ème postulat au cas des observables de position X, Y et Z, redonne
l’interprétation probabiliste de la fonction d’onde. Considérons pour simplifier une particule
qui se déplace sur un axe x. Un vecteur propre de l’opérateur de position X est noté |x⟩ (x∈
ℝ) et représente un état où la particule a une position x bien déterminée : 𝑋|x⟩ = 𝑥|x⟩. Le
spectre des valeurs propres de X étant continu, la probabilité de trouver la position de la
particule dans un intervalle dx autour de x est, d’après le quatrième postulat,

𝑑𝒫 (𝑥 ) = |⟨𝑥 |Ψ⟩|2 𝑑𝑥,

sachant que la particule est dans l’état |Ψ⟩. Or ⟨𝑥|Ψ⟩ = Ψ(𝑥) est la fonction d’onde de la
particule; on retrouve donc bien que le carré du module de la fonction d’onde est la densité
de probabilité de présence.

2. Quantification de certaines grandeurs physiques

Le 3ème postulat permet de prédire les valeurs possibles des grandeurs physiques en
résolvant leurs équations aux valeurs propres. Il permet en particulier d’expliquer la
quantification que l’on observe pour certaines grandeurs, comme l’énergie des atomes, dont
le spectre des valeurs propres est discret. Mais il n’implique pas que toutes les grandeurs sont
quantifiées, puisqu’il existe des observables dont le spectre est continu.

3. Valeur moyenne d’une observable dans un état donné

Considérons un système quantique dans un état représenté par le vecteur normé |Ψ⟩, et une
observable A de ce système. La valeur moyenne de A dans l’état |Ψ⟩ est définie comme la
moyenne des résultats obtenus en effectuant un grand nombre 𝒩 de mesures de cette
observable sur des systèmes tous préparés dans l’état |Ψ⟩. Cette valeur moyenne peut être
déterminée expérimentalement et peut aussi être prédite par le 4ème postulat ; elle fournit
donc un moyen de comparaison entre la théorie et l’expérience. Il s’agit ici d’exprimer cette
valeur moyenne en fonction de A et de |Ψ⟩. Supposons que le spectre de A est discret et non
dégénéré, pour simplifier :

𝐴 | 𝑢 𝑛 ⟩ = 𝑎𝑛 | 𝑢 𝑛 ⟩

Une mesure de A fourni une des valeurs propres de A. Sur 𝒩 mesures de A (le système étant
chaque fois dans l’état |Ψ⟩), on obtiendra 𝒩(𝑎𝑛 ) fois la valeur propre 𝑎𝑛 (on a 𝒩 =
1
∑𝑛 𝒩(𝑎𝑛 )). La valeur moyenne 〈𝐴〉Ψ de ces résultats est ∑𝑛 𝑎𝑛 𝒩(𝑎𝑛 ). Pour un très grand
𝒩

nombre de mesures 𝒩 (𝒩 ⟶ ∞), cette valeur moyenne s’écrit

1 𝒩(𝑎𝑛 )
〈𝐴〉Ψ = lim ( ∑𝑛 𝑎𝑛 𝒩(𝑎𝑛 )) = lim ∑𝑛 𝑎𝑛 = ∑𝑛 𝑎𝑛 𝒫(𝑎𝑛 ).
𝒩
𝒩⟶∞ 𝒩⟶∞ 𝒩

Or 𝒫 (𝑎𝑛 ) = |⟨𝑢𝑛 |Ψ⟩|2 = ⟨Ψ|𝑢𝑛 ⟩⟨𝑢𝑛 |Ψ⟩, l’expression de la valeur moyenne devient

〈𝐴〉Ψ = ∑ 𝑎𝑛 ⟨Ψ|𝑢𝑛 ⟩⟨𝑢𝑛 |Ψ⟩ = ⟨Ψ| ∑𝑛 𝑎𝑛 |𝑢𝑛 ⟩⟨𝑢𝑛 |Ψ⟩ = ⟨Ψ| ∑𝑛 𝐴|𝑢𝑛 ⟩⟨𝑢𝑛 |Ψ⟩
𝑛

= ⟨Ψ|𝐴 ∑𝑛|𝑢𝑛 ⟩⟨𝑢𝑛 |Ψ⟩

⇒ 〈𝐴〉Ψ = ⟨Ψ|𝐴|Ψ⟩

où on a utilisé la relation 𝐴|𝑢𝑛 ⟩ = 𝑎𝑛 |𝑢𝑛 ⟩ et la relation de fermeture ∑𝑛|𝑢𝑛 ⟩⟨𝑢𝑛 = 𝟙 .

L’expression ci-dessus de la valeur moyenne est générale, elle reste valable dans les cas où
l’observable A a un spectre dégénéré ou continue.

Remarque

 Le calcul de la valeur moyenne quantique ne nécessite pas la connaissance des valeurs


propres et vecteurs propres mais simplement d'être capable de faire agir l'opérateur
A sur le vecteur |Ψ⟩.
 Si le vecteur |Ψ⟩ n’est pas normé, l’expression ci-dessus de la valeur moyenne doit
être divisée par ⟨Ψ|Ψ⟩, le carré de la norme de |Ψ⟩ :

⟨Ψ|𝐴|Ψ⟩
〈𝐴 〉Ψ ≡ 〈 𝐴 〉 =
⟨Ψ|Ψ⟩

4. Ecart quadratique moyen


〈𝐴〉Ψ est la valeur moyenne de l’observable A lorsque le système quantique est dans l’état
|Ψ⟩ ; elle donne une idée sur l’ordre de grandeur des valeurs de A. L’écart quadratique moyen
de A dans l’état |Ψ⟩ est une quantité qui mesure la dispersion des valeurs de A (c.à.d. ses
valeurs propres) autour de la valeur moyenne 〈𝐴〉. Elle donne une idée sur la façon avec
laquelle les valeurs de A sont réparties autour de leur moyenne dans l’état |Ψ⟩ considéré. Elle
est définie par

∆𝐴 = √〈(𝐴 − 〈𝐴〉)2 〉 ((∆𝐴)2 = 〈(𝐴 − 〈𝐴〉)2 〉)

On montre facilement que cet écart quadratique moyen s’écrit aussi

∆𝐴 = √〈𝐴2 〉 − 〈𝐴〉2 ((∆𝐴)2 = 〈𝐴2 〉 − 〈𝐴〉2 )

A l’aide de cette notion d’écart quadratique moyen, on peut exprimer les relations
d’incertitude de Heisenberg. Pour deux observables quelconques A et B, on montre que (voir
TD)

1
∆𝐴. ∆𝐵 ≥ 2 |〈[𝐴, 𝐵]〉|.

|〈[𝐴, 𝐵]〉| est la norme de la valeur moyenne du commutateur de A et B.

Appliquant cette relation aux observables de position et d’impulsion, tenant compte de leurs
relations de commutation ([𝑋, 𝑃𝑥 ] = 𝑖ℏ ….), on a

ℏ ℏ ℏ
∆𝑋. ∆𝑃𝑥 ≥ 2 ∆𝑌. ∆𝑃𝑦 ≥ 2 ∆𝑍. ∆𝑃𝑧 ≥ 2.

B.Equation de Schrödinger

1. Propriétés générales de l’équation de Schrödinger


L’équation de Schrödinger est une équation différentielle du premier ordre en t. Par
conséquent, la donnée de l’état à un instant initial 𝑡0 permet de déterminer l’état à un
instant ultérieur 𝑡 quelconque. Comme en mécanique classique, l’évolution de l’état du
système est déterministe. L’indéterminisme apparait en mécanique quantique lors de la
mesure d’une grandeur physique. En effet, le 5ème postulat montre que, partant d’un même
état quantique juste avant la mesure, le système saute, de manière imprévisible, vers un
autre état après la mesure.

2. Evolution de la valeur moyenne d’une observable ; lien avec la mécanique classique

Soit A une observable et |Ψ(t)⟩ l’état du système à l’instant t. La valeur moyenne de


l’observable A à l’instant t est définie par :

〈𝐴〉(𝑡) = ⟨Ψ(t)|𝐴|Ψ(t)⟩.

Cette quantité dépend du temps par l’intermédiaire de |Ψ(t)⟩ et, éventuellement, par une
dépendance explicite de A en t. Pour trouver l’équation d’évolution de 〈𝐴〉(𝑡) , commençons
par calculer sa dérivée par rapport au temps :

𝑑 𝑑
〈𝐴〉(𝑡) = (⟨Ψ(t)|𝐴|Ψ(t)⟩)
𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑑 𝜕 𝑑
= [ < Ψ(t)|] 𝐴|Ψ(t)⟩ + ⟨Ψ(t)| [𝜕𝑡 𝐴(𝑡)] |Ψ(t)⟩ + < Ψ(t)|𝐴 [ |Ψ(t)⟩]
𝑑𝑡 𝑑𝑡

A partir de l’équation Schrödinger

d|Ψ(t)⟩
iℏ = H(t)|Ψ(t)⟩
dt

on déduit

d|Ψ(t)⟩ 1
= iℏ H(t)|Ψ(t)⟩.
dt

En prenant le conjugué de cette équation, on obtient

𝑑 1
< Ψ(t)| = − iℏ < Ψ(t)|𝐻.
𝑑𝑡

En remplaçant dans l’expression ci-dessus de la dérivée de la valeur moyenne de A, on obtient

𝑑 1 𝜕
〈𝐴〉(𝑡) = 〈[𝐴, 𝐻(𝑡)]〉 + 〈 𝐴(𝑡)〉
𝑑𝑡 iℏ 𝜕𝑡

Dans ce qui suit, nous appliquons cette formule générale aux observables 𝑅⃗⃗ et 𝑃⃗⃗ relatives à
𝑃⃗⃗ 2
une particule dans un potentiel 𝑉(𝑅⃗⃗) et d’Hamiltonien 𝐻 = 2m + 𝑉(𝑅⃗⃗).

𝑅⃗⃗ et 𝑃⃗⃗ sont indépendants du temps, l’équation ci-dessus s’écrit alors


𝑑 1 1 𝑃⃗⃗ 2
〈𝑅⃗⃗ 〉(𝑡) = 〈[𝑅⃗⃗ , 𝐻]〉 = 〈[𝑅⃗⃗ , ]〉 (𝑅⃗⃗ commute avec 𝑉(𝑅⃗⃗))
𝑑𝑡 iℏ iℏ 2m

𝑑 1 1 𝑃⃗⃗ 2
〈𝑃⃗⃗ 〉(𝑡) = 〈[𝑃⃗⃗ , 𝐻]〉 = 〈[ 𝑃⃗⃗, 𝑉(𝑅⃗⃗)]〉 (𝑃⃗⃗ commute avec )
𝑑𝑡 iℏ iℏ 2m

On a

𝑃⃗⃗ 2
iℏ
[𝑅⃗⃗ , ] = 𝑃⃗⃗ et [𝑃⃗⃗ , V(𝑅⃗⃗ )] = −iℏ∇
⃗⃗𝑉(𝑅⃗⃗) ⃗⃗𝑉(𝑅⃗⃗ ) est le gradient de 𝑉(𝑅⃗⃗)).
(∇
2m 𝑚

Les équations d’évolution des valeurs moyennes de 𝑅⃗⃗ et 𝑃⃗⃗ s’écrivent finalement

𝑑 1 𝑑
〈𝑅⃗⃗ 〉(𝑡) = 〈𝑃⃗⃗〉 et 〈𝑃⃗⃗ 〉(𝑡) = −〈∇
⃗⃗𝑉(𝑅⃗⃗)〉
𝑑𝑡 m 𝑑𝑡

Ces deux équations sont l’expression du théorème d’Ehrenfest. Elles ont une forme
qui rappelle les équations classiques

𝑑 𝑝⃗(𝑡) 𝑑
𝑟⃗(𝑡) = et ⃗⃗𝑉(𝑟⃗) = 𝐹⃗ (𝐹⃗ est la force dont dérive le potentiel 𝑉(𝑟⃗)).
𝑝⃗(𝑡) = −∇
𝑑𝑡 m 𝑑𝑡

Remarques

 Le point (imaginaire) de coordonnées 〈𝑅⃗⃗ 〉(𝑡) décrit le mouvement moyen de la


particule. Il s’appelle centre du paquet d’onde. Sa trajectoire est déterminée par
l’équation, déduite du théorème d’Ehrenfest,

𝑑2
𝑚 𝑑𝑡 2 〈𝑅⃗⃗ 〉(𝑡) = −〈∇
⃗⃗𝑉(𝑅⃗⃗)〉

Dans certaines situations physiques, le deuxième membre peut s’écrire

⃗⃗𝑉(𝑅⃗⃗ )〉 = [−∇
−〈∇ ⃗⃗𝑉 (𝑟⃗)] = 𝐹⃗ (ici 𝐹⃗ est la force classique agissant sur le centre du
⃗⃗ 〉(𝑡)
𝑟⃗=〈𝑅

paquet d’onde 〈𝑅⃗⃗ 〉(𝑡)). Le centre du paquet d’onde obéit alors à l’équation d’évolution
𝑑 2
classique 𝑚 𝑑𝑡 2 〈𝑅⃗⃗ 〉(𝑡) = 𝐹⃗. On conclue que dans ces situations, la particule suit, en

moyenne, la trajectoire classique. Parmi ces situations on a les potentiels 𝑉 (𝑥 ) = 𝐶


(constant), 𝑉 (𝑥) = 𝜆𝑥, et 𝑉 (𝑥 ) = 𝜆𝑥 2

⃗⃗𝑉(𝑅⃗⃗ )〉 ≠ [−∇
Cependant, en général, on a −〈∇ ⃗⃗𝑉 (𝑟⃗)] , et donc la particule ne suit pas
⃗⃗ 〉(𝑡)
𝑟⃗=〈𝑅

en moyenne le mouvement classique.


𝑃⃗⃗ 2
 Les commutateurs de 𝑅⃗⃗ avec 2m et de 𝑃⃗⃗ avec 𝑉(𝑅⃗⃗) se calculent en utilisant les

relations de commutation suivantes (voir chapitre 2 du cours de MQ de SMP4)

[𝑋 , F(𝑃𝑥 )] = iℏ𝐹 ′ (𝑃𝑥 ) où F(𝑃𝑥 ) est une fonction quelconque de 𝑃𝑥 et 𝐹 ′ (𝑃𝑥 ) sa dérivée
par rapport à 𝑃𝑥 . On a aussi

[𝑃𝑥 , G(𝑋)] = −iℏ𝐺 ′ (𝑋) où G(𝑋) est une fonction quelconque de 𝑋 et 𝐺 ′ (𝑋) sa dérivée
par rapport à X.

Des relations similaires sont aussi valables pour les composantes Y, Z et 𝑃𝑦 , 𝑃𝑧 .

3. Systèmes conservatifs
3.1. Résolution de l’équation de Schrödinger

Un système physique est dit conservatif lorsque son Hamiltonien H ne dépend pas
explicitement du temps. Supposons connaitre pour un tel système l’ensemble des valeurs et
vecteurs propres de H (qu’on suppose pour simplifier de spectre {𝐸𝑛 } discret) :

𝐻|𝜑𝑛𝑖 ⟩ = 𝐸𝑛 |𝜑𝑛𝑖 ⟩, 𝑖 = 1,2 … . . , 𝑔𝑛 (𝑔𝑛 est le degré de dégénérescence de 𝐸𝑛 )

L’équation de Schrödinger peut dans ce cas être résolue simplement et donc on peut
déterminer l’état du système |Ψ(t)⟩ à tout instant t connaissant son état |Ψ(𝑡0 )⟩ à un
instant initial 𝑡0 donné.

Développons le vecteur d’état |Ψ(t)⟩ dans la base des vecteurs propres de H :

|Ψ(t)⟩ = ∑𝑛 ∑𝑔𝑖=1
𝑛
𝑐𝑛𝑖 (𝑡) |𝑢𝑛𝑖 ⟩

|Ψ(t)⟩ est parfaitement déterminé par la connaissance de ses coefficients de développement


𝑐𝑛𝑖 (𝑡) = ⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ(t)⟩. On va montrer que ces coefficients obéissent à une équation
différentielle facilement solvable. En effet, calculons sa dérivée par rapport au temps
(multipliée par 𝑖ℏ) :

𝑑 𝑑 𝑑
𝑖ℏ 𝑑𝑡 𝑐𝑛𝑖 (𝑡) = 𝑖ℏ 𝑑𝑡 ⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ(t)⟩ = ⟨𝑢𝑛𝑖 |𝑖ℏ 𝑑𝑡 Ψ(t)⟩ = ⟨𝑢𝑛𝑖 |𝐻|Ψ(t)⟩.

Or 𝐻|𝜑𝑛𝑖 ⟩ = 𝐸𝑛 |𝜑𝑛𝑖 ⟩ ⇒ < 𝜑𝑛𝑖 |𝐻 = < 𝜑𝑛𝑖 |𝐸𝑛 , on a donc


𝑑 𝑑
𝑖ℏ 𝑑𝑡 ⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ(t)⟩ = 𝐸𝑛 ⟨𝑢𝑛𝑖 |Ψ(t)⟩, c.à.d. 𝑖ℏ 𝑑𝑡 𝑐𝑛𝑖 (𝑡) = 𝐸𝑛 𝑐𝑛𝑖 (𝑡)

𝑖
La solution de cette équation est 𝑐𝑛𝑖 (𝑡) = 𝑐𝑛𝑖 (𝑡0 )𝑒 −ℏ𝐸𝑛(𝑡−𝑡0 ) .

L’expression de |Ψ(t)⟩ devient finalement

𝑖
|Ψ(t)⟩ = ∑𝑛 ∑𝑔𝑖=1
𝑛
𝑐𝑛𝑖 (𝑡0 )𝑒 −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 ) |𝑢𝑛𝑖 ⟩

On conclue donc que, connaissant le vecteur d’état à un instant initial 𝑡0

𝑔𝑛 𝑖
|Ψ(𝑡0 )⟩ = ∑𝑛 ∑𝑖=1 𝑐𝑛 (𝑡0 ) |𝑢𝑛𝑖 ⟩, le vecteur d’état à un instant ultérieur t, est simplement
obtenu en multipliant les coefficients du développement de |Ψ(𝑡0 )⟩ dans la base des vecteurs
𝑖
propres de H, par les facteurs 𝑒 −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 ) :

𝑖
𝑐𝑛𝑖 (𝑡0 ) ⇒ 𝑐𝑛𝑖 (𝑡) = 𝑐𝑛𝑖 (𝑡0 )𝑒 −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 )

3.2. Etats stationnaires

Un état stationnaire est un état représenté par un vecteur propre de l’Hamiltonien H


(indépendant du temps). Supposons que le système est dans un état stationnaire |Ψ(𝑡0 )⟩ à
un instant initial 𝑡0 : H|Ψ(𝑡0 )⟩ = 𝐸𝑛 |Ψ(𝑡0 )⟩

Etant un vecteur propre de H correspondant à la valeur propre 𝐸𝑛 , |Ψ(𝑡0 )⟩ est une


combinaison linéaire des vecteurs propres de base de H associés à la valeur propre 𝐸𝑛 :

|Ψ(𝑡0 )⟩ = ∑𝑖 𝑐𝑛𝑖 (𝑡0 ) |𝑢𝑛𝑖 ⟩ (ici l’indice n est fixé)

Le vecteur d’état à un instant ultérieur t est

𝑖 𝑖 𝑖
|Ψ(t)⟩ = ∑𝑖 𝑐𝑛𝑖 (𝑡0 )𝑒 −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 ) |𝑢𝑛𝑖 ⟩ = 𝑒 −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 ) ∑𝑖 𝑐𝑛𝑖 (𝑡0 ) |𝑢𝑛𝑖 ⟩ = 𝑒 −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 ) |Ψ(𝑡0 )

𝑖
Les vecteurs |Ψ(t)⟩ et |Ψ(𝑡0 )⟩ ne différant que par le facteur de phase 𝑒 −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 ), ils
représentent le même état quantique. On conclue qu’un état stationnaire d’un système
conservatif, n’évolue pas au cours du temps.

3.3. Constantes du mouvement

Une observable A est dite constante du mouvement si et seulement si


𝜕
𝐴(𝑡) = 0 et [𝐴 , H] = 0
𝜕𝑡

En d’autres termes, A est une constante du mouvement si A ne dépend pas explicitement du


temps et elle commute avec H.

Rappelons l’équation d’évolution de la valeur moyenne d’une observable A

𝑑 1 𝜕
〈𝐴〉(𝑡) = 〈[𝐴, 𝐻(𝑡)]〉 + 〈 𝐴(𝑡)〉 ,
𝑑𝑡 iℏ 𝜕𝑡

Si A est une constante du mouvement, les deux membres de gauche sont nuls, et donc on a

𝑑
〈𝐴〉(𝑡) = 0, 〈𝐴〉(𝑡) est alors une constante : la valeur moyenne d’une constante du
𝑑𝑡

mouvement ne change pas au cours du temps.

Une autre propriété des constantes du mouvement est que les probabilités des résultats de
leurs mesures sont indépendantes du temps. En effet, [𝐴 , H] = 0 implique qu’on peut
trouver une base de l’espace des états formée de vecteurs propres communs à H et A :

𝑖 ⟩ 𝑖 ⟩ 𝑖 ⟩ 𝑖 ⟩
𝐻|𝜑𝑛,𝑝 = 𝐸𝑛 |𝜑𝑛,𝑝 et 𝐴|𝜑𝑛,𝑝 = 𝑎𝑝 |𝜑𝑛,𝑝

L’état initial du système peut être développé sur cette base

𝑖 ( ) |𝑢 𝑖 ⟩
|Ψ(𝑡0 )⟩ = ∑𝑛,𝑝,𝑖 𝑐𝑛,𝑝 𝑡0 𝑛,𝑝

|Ψ(𝑡0 )⟩ étant développé sur une base de vecteurs propres de H, on peut en déduire |Ψ(𝑡)⟩
par la recette démontrée ci-dessus

𝑖
𝑖 ( ) −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 ) |𝑢 𝑖 ⟩
|Ψ(𝑡)⟩ = ∑𝑛,𝑝,𝑖 𝑐𝑛,𝑝 𝑡0 𝑒 𝑛,𝑝

Les probabilités de trouver une valeur propre 𝑎𝑝 aux instants 𝑡0 et t sont respectivement

𝑖 ( )| 2
𝒫(𝑎𝑝 , 𝑡0 ) = ∑𝑛,𝑖 |𝑐𝑛,𝑝 𝑡0 ,

𝑖 2 𝑖
𝑖 ( ) −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 ) 2
𝒫(𝑎𝑝 , 𝑡) = ∑𝑛,𝑖 |𝑐𝑛,𝑝 𝑡0 𝑒 𝑖 ( )|
| = ∑𝑛,𝑖|𝑐𝑛,𝑝 𝑡0 (car |𝑒 −ℏ𝐸𝑛 (𝑡−𝑡0 ) | = 1 )

On a donc 𝒫(𝑎𝑝 , 𝑡0 ) = 𝒫(𝑎𝑝 , 𝑡).

𝑖 ⟩
Supposons maintenant que l’état initial est l’un des vecteurs propres |𝑢𝑛,𝑝 communs à A et
H (associés aux valeurs propres 𝑎𝑝 et 𝐸𝑛 respectivement) ; cet état, étant stationnaire,
n’évolue pas au cours du temps et reste donc vecteur propre de A avec la même valeur
propre 𝑎𝑝 . La mesure de A, à tout instant t, ne peut donner que 𝑎𝑝 . Les valeurs propres des
constantes du mouvement sont, de ce fait, appelées de bons nombres quantiques.
Chapitre 2

Application des postulats au cas du spin 1/2

L’objectif de ce chapitre est d’illustrer les postulats de la mécanique quantique, énoncés et


discutés au Chapitre I, dans un cas concret et très simple, dans lequel l’espace des états est
de dimension égale à deux. Il s’agit d’une particule de spin ½ pour laquelle on ne s’intéresse
que de ce degré de liberté interne. Dans ce chapitre, on commencera par une description
simplifiée de l’expérience de Stern et Gerlach. Celle-ci a mis en évidence la quantification du
moment cinétique en mécanique quantique et l’existence, pour les particules, d’un moment
cinétique intrinsèque (de spin). On verra ensuite comment décrire, en mécanique quantique,
l’observable associée au spin ½, comment préparer le spin dans un état quelconque donné et
comment effectuer des mesures du spin dans un tel état. On finira par donner un exemple
d’évolution de l’état du spin en présence d’un champ magnétique uniforme.

I. Expérience de Stern et Gerlach

1. Principe de l’expérience

Un jet d’atomes d’argent (Ag) électriquement neutres, de vitesse 𝑣⃗ assez bien définie, est
envoyé dans une région où règne un champ magnétique très inhomogène dirigé
principalement suivant un axe perpendiculaire à 𝑣⃗ (qu’on prend comme axe Oz).
L’expérience consiste à mesurer la déviation des atomes en regardant leur impact sur un
écran orthogonal à 𝑣⃗ (voir fig. 1).
Figure 1 – Schéma de l’expérience de Stern et Gerlach. Sur la figure a, on a représenté la trajectoire d’un atome
d’argent issu de l’enceinte de haute température E ; cet atome est dévié par le gradient de champ magnétique
créé par l’électro-aimant A, et vient ensuite se condenser en N sur la plaque P. La figure b montre une coupe dans
le plan xOz de l’électro-aimant A ; les lignes de force du champ magnétique sont représentées en tirés.

2. Analyse dans le cadre de la physique classique

Les atomes Ag, étant neutres, ne subissent pas de force magnétique de Laplace (𝐹⃗ =
⃗⃗ , 𝑞 = 0 ⟶ 𝐹⃗ = 0
𝑞𝑣⃗⋀𝐵 ⃗⃗ ). Leur déviation est due au moment magnétique qu’ils portent. En

⃗⃗, chaque atome (de moment magnétique ℳ


présence du champ magnétique 𝐵 ⃗⃗⃗⃗ ) possède une

⃗⃗⃗⃗ . 𝐵
énergie magnétique 𝑊 = −ℳ ⃗⃗ . La force magnétique qui en résulte est 𝐹⃗ = −∇
⃗⃗𝑊 . Dans

les conditions de cette expérience, le calcul permet de montrer que cette force peut être
𝜕𝐵
convenablement approchée par 𝐹⃗ = 𝐹𝑧 𝑒⃗𝑧 avec 𝐹𝑧 = ℳ𝑧 𝜕𝑧𝑧 , où ℳ𝑧 est la composante de

⃗⃗⃗⃗ suivant l’axe 𝑒⃗𝑧 . La force subie par les atomes (dirigée suivant 𝑒⃗𝑧 ) étant proportionnelle à

ℳ𝑧 , il en résulte que la déviation qu’elle produit, et par conséquent la distance HN de
l’impact des atomes sur l’écran, est proportionnelle à ℳ𝑧 . La mesure de HN est donc aussi
une mesure de ℳ𝑧 .

Résultat prédit par l’analyse classique

A la sortie du four, les atomes Ag portent des moments magnétiques qui pointent dans des
directions aléatoires ; leurs projections sur l’axe 𝑒⃗𝑧 peuvent donc prendre toutes les valeurs
⃗⃗⃗⃗ ∥ (correspondant à un atome avec ℳ
comprises entre ∥ ℳ ⃗⃗⃗⃗ suivant 𝑒⃗𝑧 ) et −∥ ℳ
⃗⃗⃗⃗ ∥
⃗⃗⃗⃗ dirigé suivant le sens contraire de 𝑒⃗𝑧 ) : −∥ ℳ
(correspondant à ℳ ⃗⃗⃗⃗ ∥≤ ℳ𝑧 ≤∥ ℳ
⃗⃗⃗⃗ ∥. On

s’attendra alors à ce que l’ensemble des atomes arrivant sur l’écran, forment un segment
parallèle à l’axe 𝑒⃗𝑧 (fig. 2).

Résultat expérimental

Le résultat expérimental est radicalement différent de la prédiction classique. L’ensemble des


impacts ne forme jamais un segment sur l’écran. Les impacts se regroupent plutôt en deux
⃗⃗⃗⃗ ∥, et l’autre à −∥ ℳ
taches symétriques correspondant l’une à +∥ ℳ ⃗⃗⃗⃗ ∥ (fig. 2).

Figure 2 – Taches observées sur la plaque P dans l’expérience de Stern et Gerlach.

⃗⃗⃗⃗ des atomes issus de l’enceinte E étant répartis au hasard


Les moments magnétiques ℳ

dans toutes les directions de l’espace, la mécanique classique prévoit qu’une mesure

de ℳ𝑧 peut donner avec une égale probabilité toutes les valeurs comprises entre

−∥ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
ℳ ∥ et +∥ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
ℳ ∥; on devrait donc observer une seule tache (traits en tirés de la figure).
En réalité, le résultat de l’expérience est tout autre : on observe deux taches, centrées

en N1 et N2, ce qui signifie qu’une mesure de 𝜇𝑧 ne peut donner que deux résultats

possibles (quantification du résultat de mesure).

3. Description quantique de l’expérience

Les résultats de l’expérience de Stern et Gerlach sont expliqués en supposant que l’atome

d’argent porte un moment cinétique intrinsèque 𝑆⃗ (qui n’est pas relié à son mouvement
spatial et qu’on appelle aussi moment cinétique de spin). A ce spin correspond un moment
⃗⃗⃗ = 𝛾𝑆⃗ (le facteur de
magnétique qui lui est proportionnel représenté par l’observable 𝑀
proportionnalité 𝛾 est appelé le rapport gyromagnétique). Avec cette hypothèse, l’expérience
de Stern et Gerlach montre que la projection 𝑀𝑧 du moment magnétique de l’atome Ag sur
l’axe des z (ainsi donc que 𝑆𝑧 ) est quantifiée et ne peut prendre en fait, que deux valeurs. La
théorie générale du moment cinétique (voir chapitre 4) nous montrera que les deux valeurs
ℏ ℏ
possibles de 𝑆𝑧 sont et − 2 . Nous verrons aussi que ces deux valeurs propres de 𝑆𝑧 sont
2

non dégénérées. Nous noterons les vecteurs propres correspondants par |+⟩ et |−⟩
respectivement. Nous avons alors

ℏ ℏ
𝑆𝑧 |+⟩ = 2 |+⟩ et 𝑆𝑧 |−⟩ = − 2 |−⟩

avec ⟨+|+⟩ = ⟨−|−⟩ = 1 et ⟨+|−⟩ = ⟨−|+⟩ = 0

L’atome Ag, porte le moment cinétique intrinsèque 𝑆⃗ et se déplace dans l’espace ; son espace
des états est le produit tensoriel ℇ𝑟 ⨂ℇ𝑠 . ℇ𝑟 est l’espace associé aux degrés de liberté de
translation (c.à.d. relatifs au mouvement spatial de l’atome) ; ℇ𝑠 est l’espace associé aux
degrés de liberté correspondant au moment cinétique de spin de l’atome.

Les états |+⟩ et |−⟩ forment une base de ℇ𝑠 , et tout état de spin est décrit par un vecteur
|Ψ⟩ = 𝛼 |+⟩ + 𝛽 |−⟩ de cet espace. Dans cette base 𝑆𝑧 est représenté par la matrice
diagonale

ℏ 1 0
𝑆𝑧 = ( )
2 0 −1

Nous verrons (chapitre 4) que les deux autres composantes 𝑆𝑥 et 𝑆𝑦 de 𝑆⃗ sont représentées
par les matrices

ℏ 0 1 ℏ 0 −𝑖
𝑆𝑥 = ( ) et 𝑆𝑦 = 2 ( )
2 1 0 𝑖 0

On vérifie facilement que les observables 𝑆𝑥 , 𝑆𝑦 et 𝑆𝑧 ne commutent pas entre elles :

[𝑆𝑥 , 𝑆𝑦 ] = 𝑖ℏ𝑆𝑧 , [𝑆𝑦 , 𝑆𝑧 ] = 𝑖ℏ𝑆𝑥 , [𝑆𝑧 , 𝑆𝑥 ] = 𝑖ℏ𝑆𝑦

Une composante quelconque de 𝑆⃗ suivant un vecteur unitaire 𝑛⃗⃗ caractérisé par les angles
polaires 𝜃 et 𝜑: 𝑛⃗⃗ = sin 𝜃 cos 𝜑 𝑒⃗𝑥 + sin 𝜃 sin 𝜑 𝑒⃗𝑦 + cos 𝜃𝑒⃗𝑧, est donnée par
𝑆𝑛 = 𝑆⃗. 𝑛⃗⃗ = sin 𝜃 cos 𝜑 𝑆𝑥 + sin 𝜃 sin 𝜑 𝑆𝑦 + cos 𝜃 𝑆𝑧

ℏ cos 𝜃 𝑒 −𝑖𝜑 )
𝑆𝑛 = (
2 𝑒 𝑖𝜑 −cos 𝜃
ℏ ℏ
On montre facilement que les valeurs propres de 𝑆𝑥 , 𝑆𝑦 et 𝑆𝑛 sont 2 et − 2 ; les vecteurs

propres correspondants sont :

ℏ 1
Pour 𝑆𝑥 : ⇒ |+⟩𝑥 = (|+⟩ + |−⟩)
2 √2

ℏ 1
− 2 ⇒ |−⟩𝑥 = (|+⟩ − |−⟩)
√2

ℏ 1
Pour 𝑆𝑦 : ⇒ |+⟩𝑦 = (|+⟩ + 𝑖 |−⟩)
2 √2

ℏ 1
− 2 ⇒ |−⟩𝑦 = (|+⟩ − 𝑖 |−⟩)
√2

ℏ 𝜃 𝜃
Pour 𝑆𝑛 : ⇒ |+⟩𝑛 = cos 2 𝑒 −𝑖𝜑/2 |+⟩ + sin 2 𝑒 𝑖𝜑/2 |−⟩
2

ℏ 𝜃 𝜃
− 2 ⇒ |−⟩𝑛 = − sin 2 𝑒 −𝑖𝜑/2 |+⟩ + cos 2 𝑒 𝑖𝜑/2 |−⟩

On démontre aussi qu’un vecteur d’état normé quelconque |Ψ⟩ = 𝛼 |+⟩ + 𝛽 |−⟩, est vecteur

propre d’une composante de 𝑆⃗ suivant un certain vecteur unitaire 𝑢


⃗⃗ (défini par 𝛼 et 𝛽),

correspondant à la valeur propre .
2

II. Illustration des postulats sur le cas d’un spin 12

1. Préparation des divers états de spin

Pour pouvoir effectuer des prédictions sur le résultat d’une mesure, il est nécessaire de
connaitre l’état du système immédiatement avant cette mesure. Dans la suite de ce
paragraphe, on va montrer comment préparer effectivement un jet d’atomes Ag qui soient
tous dans un état de spin donné.

Préparation de l’état |+⟩


L’expérience de Stern et Gerlach (dans sa configuration illustrée par la figure 1) est une

mesure de 𝑆𝑧 ; en effet, les atomes déviés vers le haut ont une valeur de 𝑆𝑧 qui est égale à ,
2

et ceux qui sont déviés vers le bas ont une valeur de 𝑆𝑧 qui est égale à − 2 . Si on perce un

trou à l’emplacement de la tache formant les atomes déviés vers le haut (fig. 3), tous ces
atomes se trouvent, d’après le cinquième postulat de la mécanique quantique, dans l’état

propre |+⟩ correspondant à la valeur propre .
2

Le dispositif de Stern et Gerlach fournit dans ce cas un jet d’atomes qui sont tous préparés
dans l’état |+⟩ .

Figure 3 – Lorsqu’on perce un trou dans la plaque P à l’emplacement de la tache N1, les atomes qui passent par
ce trou sont tous dans l’état de spin |+⟩; l’appareil de Stern et Gerlach fonctionne alors comme un polariseur.

Préparation d’un état |+⟩𝑛 quelconque

Pour préparer le spin dans un état quelconque caractérisé par un vecteur unitaire 𝑛⃗⃗, il suffit
de disposer l’appareil de Stern et Gerlach de façon à ce que le champ magnétique soit dirigé
suivant 𝑛⃗⃗ et de percer l’écran à l’emplacement de la tache des atomes Ag déviés vers le haut
(c.à.d. pour une abscisse positive sur l’axe 𝑛⃗⃗).

(Si on veut préparer le spin dans l’état |−⟩𝑛 , il faut percer un trou à l’emplacement de la tache
des atomes Ag déviés vers le bas).

2. Mesures du spin

Pour faire des mesures des observables de spin, on utilise deux appareils de Stern et Gerlach
(voir fig. 4) ; le premier sert à préparer les atomes dans un état donné, le deuxième est
destiné à faire des mesures de spin sur ces atomes. On traitera dans la suite un seul exemple ;
la méthode est la même dans toute autre situation. On considère la situation où on prépare
les atomes dans un état de spin |+⟩𝑛 et on fait ensuite une mesure de 𝑆𝑧 .

Le premier appareil de Stern et Gerlach doit donc être orienté suivant le vecteur 𝑛⃗⃗ (càd que
son champ magnétique doit être dirigé suivant 𝑛⃗⃗) ; ceci veut dire qu’on fait une mesure de la

composante 𝑆𝑛 de 𝑆⃗. On prépare les atomes dans l’état |+⟩𝑛 en ne laissant passer que les
atomes déviés vers le haut (dans la direction de 𝑛⃗⃗). Prenant pour simplifier 𝜑 = 0, les atomes
𝜃 𝜃
sont donc préparés dans l’état |Ψ⟩ = |+⟩𝑛 = cos 2 |+⟩ + sin 2 |−⟩

On fait passer ensuite les atomes préparés dans cet état |+⟩𝑛 dans un deuxième appareil de
Stern et Gerlach dirigé suivant 𝑒⃗𝑧 ; il s’agit ici d’une mesure de 𝑆𝑧 sachant que l’état juste
avant la mesure est |+⟩𝑛 . Qu’observe-t-on dans cette mesure ? On trouve que les atomes,
arrivant aléatoirement sur la plaque d’observation, certains se condensent en haut (suivant
𝑒⃗𝑧 ) alors que certains autres se condensent en bas, et ce, malgré que tous ces atomes sont
préparés dans le même état |+⟩𝑛 : lors de la mesure, il y a indéterminisme dans le
comportement de chacun des atomes pris individuellement. La mécanique quantique ne
permet pas de prédire qu’un atome est dévié en haut ou en bas (c.à.d. quelle valeur propre
de 𝑆𝑧 va être trouvée), elle ne permet de prédire que les probabilités correspondantes. Ces
probabilités sont, respectivement,

ℏ 𝜃
𝒫𝑛 (2) = |⟨+|Ψ⟩|2 = cos 2 2 et

ℏ 𝜃
𝒫𝑛 (− 2) = |⟨−|Ψ⟩|2 sin2 2 .

Ces résultats sont en parfait accord avec l’expérience.


Figure 4 – Le premier appareil prépare les spins dans l’état |+⟩𝑛 (𝑛⃗⃗ est le vecteur unitaire du plan xOz faisant un
angle 𝜃 avec Oz) ; le second mesure la composante Sz.

Valeurs moyennes

Lorsque l’expérience est effectivement réalisée comme dans l’exemple ci-dessus, on trouve
que sur un très grand nombre 𝒩 d’atomes passant dans le deuxième appareil de Stern et
𝜃 𝜃
Gerlach, il y a 𝒩+ = 𝒩cos 2 2 atomes qui sont déviés vers le haut et 𝒩− = 𝒩sin2 2 qui sont
ℏ ℏ
déviés vers le bas. La mesure de 𝑆𝑧 donne donc 2 pour chacun des premiers et − 2 pour

chacun des deuxièmes. La valeur moyenne de ces résultats est par conséquent

1 ℏ ℏ 1 ℏ 𝜃 ℏ 𝜃 ℏ
〈𝑆𝑧 〉 = (𝒩+ − 𝒩− ) = ( 𝒩cos 2 − 𝒩sin2 ) = 𝑐𝑜𝑠𝜃
𝒩 2 2 𝒩 2 2 2 2 2

Cette valeur moyenne peut être retrouvée en utilisant l’expression démontrée au chapitre 1 :

𝜃
𝜃 𝜃 ℏ 1 0 cos 2
〈𝑆𝑧 〉 = ⟨𝜓|𝑆𝑧 |𝜓⟩ = (cos sin ) ( )( )
2 2 2 0 −1 sin 𝜃
2

𝜃
ℏ 𝜃 𝜃 cos
2
= (cos sin ) ( 𝜃 )
2 2 2 − sin
2


= 2 𝑐𝑜𝑠𝜃
3. Evolution d’un spin 1/2 dans un champ magnétique uniforme
3.1. Mouvement d’un moment cinétique classique dans un champ magnétique uniforme
On considère une particule classique chargée de moment cinétique ℒ⃗ et de moment
⃗⃗⃗⃗ = 𝛾ℒ⃗ , placée dans un champ magnétique uniforme 𝐵
magnétique ℳ ⃗⃗ dirigé suivant l’axe

𝑒⃗𝑧 . La force que ce champ exerce sur la particule est nulle (𝐹⃗ = −∇
⃗⃗𝑊 = ∇
⃗⃗(ℳ
⃗⃗⃗⃗ . 𝐵
⃗⃗) =

⃗⃗⃗⃗ . (∇
ℳ ⃗⃗. 𝐵
⃗⃗)=0) ; néanmoins, il exerce un couple Γ⃗ = ℳ
⃗⃗⃗⃗ ⋀𝐵
⃗⃗. Le théorème du moment

cinétique s’écrit
𝑑ℒ⃗ ⃗⃗⃗⃗
𝑑ℳ
= Γ⃗ = ℳ
⃗⃗⃗⃗ ⋀𝐵
⃗⃗, soit ⃗⃗⃗⃗ ⋀𝐵
= 𝛾ℳ ⃗⃗ = −𝛾𝐵
⃗⃗ ⋀ℳ
⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑡 𝑑𝑡

⃗⃗⃗⃗ et par 𝐵
En multipliant scalairement cette équation par ℳ ⃗⃗ (ℳ
⃗⃗⃗⃗ et 𝐵
⃗⃗ sont

⃗⃗⃗⃗ ⋀𝐵
perpendiculaires à ℳ ⃗⃗), on obtient respectivement
2
⃗⃗⃗⃗
𝑑ℳ ⃗⃗⃗⃗ |
𝑑|ℳ
⃗⃗⃗⃗ = 0 ⟶
.ℳ ⃗⃗⃗⃗ reste inchangée,
= 0 ⟶ la norme de ℳ
𝑑𝑡 𝑑𝑡

et
⃗⃗⃗⃗
𝑑ℳ 𝑑
⃗⃗ = 0
.𝐵 ⟶ ⃗⃗⃗⃗ . 𝐵
(ℳ ⃗⃗) = 0 ⟶ l’angle entre ℳ
⃗⃗⃗⃗ et 𝐵
⃗⃗ reste constant.
𝑑𝑡 𝑑𝑡

⃗⃗⃗⃗ tourne autours de 𝐵


On déduit que le vecteur ℳ ⃗⃗ à la vitesse angulaire −𝛾𝐵 . Ce

mouvement de rotation s’appelle précession de Larmor (figure 5).

Figure 5 – L’effet d’un champ magnétique uniforme B est de faire tourner le moment magnétique autour de B
avec une vitesse angulaire constante (précession de Larmor)
3.2. Spin ½ dans un champ magnétique uniforme

⃗⃗⃗⃗ placé dans un champ


En physique classique l’énergie d’un moment magnétique ℳ
⃗⃗ est 𝑊 = −ℳ
magnétique 𝐵 ⃗⃗⃗⃗ . 𝐵
⃗⃗ . En mécanique quantique, une expression analogue est

adoptée pour l’Hamiltonien d’un moment magnétique quantique placé dans ce champ :

⃗⃗⃗. 𝐵
𝐻 = −𝑀 ⃗⃗. Pour une particule de spin ½ de moment magnétique 𝑀
⃗⃗⃗ placée dans un champ

⃗⃗ = 𝐵𝑒⃗𝑧), l’Hamiltonien est


magnétique uniforme dirigé suivant l’axe Oz (𝐵

𝐻 = −𝐵𝑀𝑧 = −𝛾𝐵𝑆𝑧 = 𝜔0 𝑆𝑧 (en posant 𝜔0 = −𝛾𝐵).

Cet Hamiltonien étant indépendant du temps, la résolution de l’équation de Schrödinger


correspondante se ramène à celle de l’équation aux valeurs propres de 𝐻. Ce dernier étant
ℏ𝜔0 ℏ𝜔0
proportionnel à 𝑆𝑧 , ses vecteurs propres sont et − . On a
2 2

ℏ𝜔0
𝐻 |+⟩ = 𝜔0 𝑆𝑧 |+⟩ = |+⟩,
2

ℏ𝜔0
𝐻 |−⟩ = 𝜔0 𝑆𝑧 |−⟩ = − |−⟩ .
2

ℏ𝜔0 ℏ𝜔0
Il y a donc deux niveaux d’énergie, 𝐸+ = et 𝐸− = − (fig. 6).
2 2

Figure 6 – Niveaux d’énergie d’un spin ½ placé dans un champ magnétique B parallèle à Oz

3.3. Précession de Larmor


Supposons que, à l’instant t = 0, le spin est dans un état |ψ(0)⟩ donné mais quelconque. La
forme générale de |ψ(0)⟩ est

𝜃 𝜃
|ψ(0)⟩ = cos 𝑒 −𝑖𝜑/2 |+⟩ + sin 𝑒 𝑖𝜑/2 |−⟩,
2 2

|ψ(0)⟩ est le vecteur propre, correspondant à la valeur propre , de la composante 𝑆𝑛 = 𝑛⃗⃗. 𝑆⃗
2

suivant le vecteur unitaire 𝑛⃗⃗ d’angles polaires 𝜃 et 𝜑 .

L’état |ψ(t)⟩ à un instant t>0 quelconque est donc


𝜃 𝜃
|ψ(t)⟩ = cos 𝑒 −𝑖𝜑/2 𝑒 −𝑖𝐸+𝑡/ℏ |+⟩ + sin 𝑒 𝑖𝜑/2 𝑒 −𝑖𝐸− 𝑡/ℏ |−⟩.
2 2

En remplaçant 𝐸+ et 𝐸− par leurs valeurs on obtient


𝜃 𝜃
|ψ(t)⟩ = cos 𝑒 −𝑖(𝜑+𝜔0 𝑡)/2 |+⟩ + sin 𝑒 𝑖(𝜑+𝜔0 𝑡)/2 |−⟩ .
2 2

⃗⃗ introduit un déphasage proportionnel au temps entre


La présence du champ magnétique 𝐵
les coefficients affectés aux kets |+⟩ et |−⟩ . On voit que |ψ(t)⟩ est le vecteur propre,

correspondant à la valeur propre 2, de la composante 𝑆𝑛(𝑡) de 𝑆⃗ suivant le vecteur unitaire

(dépendant du temps) 𝑛⃗⃗(𝑡) d’angles polaires


𝜃 (𝑡) = 𝜃 et 𝜑(𝑡) = 𝜑 + 𝜔0 𝑡

𝑛⃗⃗(𝑡) est la direction suivant laquelle la composante du spin est avec certitude. L’angle 𝜃(𝑡)
2

⃗⃗) reste constant, mais 𝑛⃗⃗(𝑡) tourne autour


entre 𝑛⃗⃗(𝑡) et 𝑒⃗𝑧 (direction du champ magnétique𝐵
de 𝑒⃗𝑧 à la vitesse angulaire 𝜔0 (proportionnelle au champ magnétique) : nous retrouvons
donc en mécanique quantique le phénomène qui a été décrit, pour un moment magnétique
classique, au § 3.1, et qui porte le nom de précession de Larmor.

Calculons les valeurs moyennes des observables 𝑆𝑥 , 𝑆𝑦 , et 𝑆𝑧 . Nous avons par exemple pour la
composante 𝑆𝑧

𝜃
𝜃 𝜃 ℏ 1 0 cos 𝑒 −𝑖(𝜑+𝜔0 𝑡)/2
⟨𝜓(𝑡)|𝑆𝑧 |𝜓(𝑡)⟩ = (cos 𝑒 𝑖(𝜑+𝜔0 𝑡)/2 −𝑖(𝜑+𝜔0 𝑡)/2
sin 2 𝑒 )2( ) ( 2𝜃 𝑖(𝜑+𝜔 𝑡)/2 )
2 0 −1 sin 𝑒
2
0

𝜃
ℏ 𝜃 𝜃 cos 𝑒 −𝑖(𝜑+𝜔0𝑡)/2
𝑖(𝜑+𝜔0 𝑡)/2 −𝑖(𝜑+𝜔0 𝑡)/2 2
= 2 (cos 2 𝑒 sin 2 𝑒 )( 𝜃 )
−sin 𝑒 𝑖(𝜑+𝜔0 𝑡)/2
2

ℏ 𝜃 𝜃 ℏ
= 2 (cos 2 2 − sin2 2 ) = 2 𝑐𝑜𝑠𝜃

On trouve de même :


⟨𝜓(𝑡)|𝑆𝑥 |𝜓(𝑡)⟩ = 𝑠𝑖𝑛𝜃 cos(𝜑 + 𝜔0 𝑡),
2

⟨𝜓(𝑡)|𝑆𝑦 |𝜓(𝑡)⟩ = 𝑠𝑖𝑛𝜃 sin(𝜑 + 𝜔0 𝑡).
2
Remarquons que 〈𝑆𝑥 〉 et 〈𝑆𝑦 〉 dépendent du temps alors que 〈𝑆𝑧 〉 n’en dépend pas. Ceci
reflète le fait que 𝑆𝑧 est une constante du mouvement, alors que 𝑆𝑥 et 𝑆𝑦 ne le sont pas. En
effet, ces observables ne dépendent pas du temps, mais, alors que 𝑆𝑧 commute avec
l’Hamiltonien H, 𝑆𝑥 et 𝑆𝑦 ne commutent pas avec cette observable.

On peut résumer les trois relations ci-dessus en


⟨𝜓(𝑡)|𝑆⃗|𝜓(𝑡)⟩ = 𝑛⃗⃗(𝑡)
2

⃗⃗) à la vitesse angulaire 𝜔0 en


Le vecteur 𝑛⃗⃗(𝑡) tourne autour de 𝑒⃗𝑧 (et donc autour de 𝐵

gardant l’angle 𝜃 constant ; la valeur moyenne de 𝑆⃗ effectue donc une précession de Larmor

comme le ferait un vecteur moment cinétique classique de module 2.
Chapitre 3

L’oscillateur harmonique linéaire

I. Introduction

En mécanique classique, un oscillateur harmonique linéaire est une particule assujettie à se


déplacer le long d’un axe (Ox par exemple) et qui est soumise à une force de rappel 𝐹 = −𝑘𝑥
(𝑘 > 0).

Cette force dérive du potentiel 𝑉(𝑥) = 1/2 𝑘𝑥² . La solution générale de son équation
𝑘
d’évolution 𝑑²𝑥/𝑑𝑡² = −𝑘𝑥 est 𝑥 = 𝑥𝑀 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑) (𝜔 = √𝑚 ). La particule est donc

animée d’un mouvement oscillatoire sinusoïdal autour du point 𝑥 = 0 (d’amplitude 𝑥𝑀 et de


² 1
pulsation 𝜔). Son énergie totale 𝐸 = 𝑝² /2𝑚 + 𝑉(𝑥) est constante : 𝐸 = 2 𝑚𝜔² 𝑥𝑀 .

O F=-kx (k>0) x
Fig.1 Oscillateur harmonique linéaire classique. F est une force de rappel vers le point d’équilibre O.

Le problème quantique correspondant est celui d’une particule à une dimension


d’Hamiltonien 𝐻 = 𝑃² /2𝑚 + 𝑉(𝑋) : c’est l’oscillateur harmonique quantique à une
dimension.

L’oscillateur harmonique (O.H.) est l’un des rares systèmes quantiques qu’on peut
étudier exactement (sans avoir besoin d’approximations), et malgré sa simplicité particulière,
il est d’une grande importance en physique quantique. On le rencontre par exemple dans
l’étude des vibrations des atomes et des molécules autour de leurs positions d’équilibre, des
oscillations des atomes ou des ions d’un réseau cristallin, dans la quantification du champ
électromagnétique …
De plus, l’étude de l’OH fournit une très bonne illustration des principes généraux et
du formalisme de la théorie quantique.

II. Valeurs et vecteurs propres de l’hamiltonien

1. Position du problème

En mécanique quantique, aux grandeurs 𝑥 et 𝑝 sont associées les observables de


position 𝑋 et d’impulsion 𝑃 vérifiant la relation de commutation [𝑋, 𝑃] = 𝑖ℏ. L’opérateur
Hamiltonien est obtenu à partir de l’expression de l’énergie classique

𝐸 = 𝑝² ⁄ 2𝑚 + 1/2 𝑚𝜔² 𝑥² → 𝐻 = 𝑃²/2𝑚 + 1/2 𝑚𝜔² 𝑋²

𝐻 étant indépendant du temps, l’étude de l’OH se ramène à la résolution de l’équation aux


valeurs propres de H : 𝐻|𝜑𝜈𝑖 〉 = 𝐸𝜈 |𝜑𝜈𝑖 〉.

En générale, pour résoudre ce type d’équation on se place dans une représentation


particulière; on a, par exemple dans la représentation {∣ 𝑥 >}

𝑃2 1
𝐻|𝜑𝜈𝑖 〉 = 𝐸𝜐 |𝜑𝜈𝑖 〉 → ( + 𝑚𝜔2 𝑋 2 ) |𝜑𝜈𝑖 〉 = 𝐸𝜈 |𝜑𝜈𝑖 〉
2𝑚 2

𝑃2 1
→ 〈𝑥 | + 𝑚𝜔2 𝑋 2 |𝜑𝜐𝑖 〉 = 𝐸𝜈 〈𝑥|𝜑𝜈𝑖 〉
2𝑚 2

Dans la représentation de position l’opérateur 𝑃 est représenté par l’opérateur différentiel

ℏ 𝑑
et l’opérateur de position X est réduit à une multiplication par x. On a donc
𝑖 𝑑𝑥

𝑃2 𝑖 ℏ2 𝑑 2 𝑖
〈𝑥 | |𝜑𝜈 〉 = − 𝜑 (𝑥 )
2𝑚 2𝑚 𝑑𝑥 2 𝜈

1 1
〈𝑥 | 𝑚𝜔2 𝑋 2 |𝜑𝜈𝑖 〉 = 𝑚𝜔2 𝑥 2 𝜑𝜈𝑖 (𝑥 )
2 2

L’équation de Schrödinger s’écrit alors

ℏ2 𝑑 2 1
(− + 𝑚𝜔2 𝑥 2 ) 𝜑𝜈𝑖 (𝑥 ) = 𝐸𝜈 𝜑𝜈𝑖 (𝑥)
2𝑚 𝑑𝑥 2 2
Sous cette forme, cette équation peut effectivement être résolue et on peut déterminer les
valeurs propres 𝐸𝜈 et fonctions propres 𝜑𝜈𝑖 (𝑥 ).

On peut néanmoins utiliser une méthode de résolution algébrique sans se placer dans une
représentation particulière. C’est cette méthode qui va être présentée dans la suite.

2. Valeurs propres de l’hamiltonien

a. Opérateurs 𝒂 et 𝑎+

Introduisons les opérateurs 𝑎 et son adjoint 𝑎+ , définis par

1 𝑚𝜔 𝑖
𝑎= (√ 𝑋+ 𝑃)
√2 ℏ √𝑚ℏ𝜔

1 𝑚𝜔 𝑖
𝑎+ = (√ 𝑋− 𝑃)
√2 ℏ √𝑚ℏ𝜔

On a réciproquement


𝑋 = √𝑚𝜔 (𝑎+ + 𝑎)

𝑖
𝑃= (𝑎 + − 𝑎 )
√2ℏ𝜔

De la relation de commutation [𝑋, 𝑃] = 𝑖ℏ , on déduit

[𝑎, 𝑎+ ] = 1.

En effet, on a

1 𝑚𝜔 𝑖 1 𝑚𝜔 𝑖
[𝑎, 𝑎+ ] = [ (√ 𝑋+ 𝑃) , (√ 𝑋− 𝑃)]
√ 2 ℏ √𝑚ℏ𝜔 √ 2 ℏ √𝑚ℏ𝜔

1 𝑚𝜔 𝑖 𝑖 𝑚𝜔
= − 2 [√ 𝑋, 𝑃] + [ 𝑃, √ 𝑋]
ℏ √𝑚ℏ𝜔 √𝑚ℏ𝜔 ℏ

1 𝑚𝜔 𝑖 𝑚𝜔 𝑖
= 2√ [ 𝑋, 𝑃] + √ [ 𝑃, 𝑋]
ℏ √𝑚ℏ𝜔 ℏ √𝑚ℏ𝜔

1𝑖 1𝑖
= − 2 ℏ 𝑖ℏ − 2 ℏ 𝑖ℏ = 1

On définit aussi l’opérateur

𝑁 = 𝑎+ 𝑎
On a donc

1 𝑚𝜔 𝑖 1 𝑚𝜔 𝑖
𝑁 = 𝑎+ 𝑎 = (√ 𝑋− 𝑃) (√ 𝑋+ 𝑃)
√2 ℏ √𝑚ℏ𝜔 √2 ℏ √𝑚ℏ𝜔

1 𝑚𝜔 2 1 𝑖 1 𝑚𝜔 2 1
⟹𝑁= ( 𝑋 + 𝑃2 + [𝑋, 𝑃]) = ( 𝑋 + 𝑃2 − 1)
2 ℏ 𝑚ℏ𝜔 ℏ 2 ℏ 𝑚ℏ𝜔
1 1 2 2
𝑃2 ℏ𝜔 1 ℏ𝜔
= ( 𝑚𝜔 𝑋 + − )= (𝐻 − )
ℏ𝜔 2 2𝑚 2 ℏ𝜔 2

ℏ𝜔
𝐻− = ℏ𝜔𝑁
2

ℏ𝜔
⇒ 𝐻 = ℏ𝜔𝑁 + 2

1
⇒ 𝐻 = (𝑁 + 2) ℏ𝜔

𝑁 admet les propriétés suivantes :

 𝑁+ = 𝑁 ,
 [𝑁, 𝑎] = −𝑎
 [𝑁, 𝑎+ ] = 𝑎 +

En effet, on a par exemple

 [𝑁, 𝑎] = [𝑎+ 𝑎, 𝑎] = 𝑎 + [𝑎, 𝑎] + [𝑎+ , 𝑎]𝑎 = −1. 𝑎 = −𝑎

On a

1
𝐻|𝜑𝜈𝑖 〉 = 𝐸𝜈 |𝜑𝜈𝑖 〉 ⇔ (𝑁 + 2) ℏ𝜔|𝜑𝜈𝑖 〉 = 𝐸𝜈 |𝜑𝜈𝑖 〉

𝐸𝜈 1
⇒ 𝑁|𝜑𝜈𝑖 〉 = ( − ) |𝜑𝜈𝑖 〉
ℏ𝜔 2

On voit que 𝑁 et 𝐻 ont les mêmes vecteurs propres |𝜑𝜈𝑖 〉. Notant par 𝜈 les valeurs propres de
𝑁 : 𝑁|𝜑𝜈𝑖 〉 = 𝜈|𝜑𝜈𝑖 〉

1
On voit que 𝐸𝜈 = (𝜈 + 2) ℏ𝜔

Résumé et objectif
L’étude de l’oscillateur harmonique linéaire peut être parfaitement réalisée en résolvant
l’équation aux valeurs propres de H

𝐻|𝜑𝜈𝑖 〉 = 𝐸𝜈 |𝜑𝜈𝑖 〉

𝑝2 1
où 𝐻 = 2𝑚 + 2 𝑚𝜔2 𝑋 2 et [𝑋, 𝑃] = 𝑖ℏ

Cette équation aux valeurs propres est équivalente à l’équation aux valeurs propres de N :
𝑁|𝜑𝜈𝑖 〉 = 𝜈|𝜑𝜈𝑖 〉. La résolution de cette équation qui se base sur l’utilisation de 𝑎, 𝑎+ 𝑒𝑡 𝑁,
permet la détermination des vecteurs propres de 𝐻 (les vecteurs |𝜑𝜈𝑖 〉) ainsi que ses valeurs
1
propres 𝐸𝜈 (𝐸𝜈 = (𝜈 + 2) ℏ𝜔).

b. Détermination du spectre de N

Pour déterminer les valeurs propres 𝜈 de N, on démontre d’abord les propriétés suivantes.

Soit |𝜑𝜈𝑖 〉 un vecteur propre de N associé à la valeur propre 𝜈, alors

i) 𝜈 est positif ou nul : 𝜈 ≥ 0


𝑖 〉=0
ii) Si 𝜈 = 0 alors on a 𝑎|𝜑𝜈=0
iii) Si 𝜈 > 0 alors 𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉 est vecteur propre non nul de N associé à la valeur propre
(𝜈 − 1 ) : 𝑁(𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉) = (𝜈 − 1)𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉
iv) 𝑎+ |𝜑𝜈𝑖 〉 est vecteur propre de N de valeur propre (𝜈 + 1)

Démonstrations

2
i) La norme du vecteur 𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉 est un nombre positif ou nul ‖𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉‖ ≥ 0

2
Or ‖𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉‖ = ⟨𝜑𝜈𝑖 |𝑎+ a |𝜑𝜈𝑖 ⟩ = ⟨𝜑𝜈𝑖 |𝑁|𝜑𝜈𝑖 ⟩ = 𝜈⟨𝜑𝜈𝑖 |𝜑𝜈𝑖 ⟩ = 𝜈

⇒ 𝜈≥0
2
ii) 𝜈 = 0 ⇒ ‖𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉‖ = 0 ⇒ 𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉 = 0 (un vecteur de norme nulle, est lui-même
nul)
2
iii) 𝜈>0 ⇒ ‖𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉‖ > 0 ⇒ 𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉 ≠ 0

De plus

𝑁(𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉) = 𝑎+ 𝑎(𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉)
= (𝑎𝑎+ − 1)(𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉)
= (𝑎𝑎+ − 1)(𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉)
= 𝑎𝑎+ (𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉) − 𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉
= 𝑎(𝑎+ 𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉) − 𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉
= 𝑎(𝑁|𝜑𝜈𝑖 〉) − 𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉
= 𝜈𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉 − 𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉
= (𝜈 − 1)𝑎|𝜑𝜈𝑖 〉

De la même façon on montre aussi

2
iv) ‖𝑎 + |𝜑𝜈𝑖 〉‖ = 𝜈 + 1 > 0 quel que soit 𝜈 (donc 𝑎+ |𝜑𝜈𝑖 〉 n’est jamais nul) et

𝑁(𝑎+ |𝜑𝜈𝑖 〉) = (𝜈 + 1)𝑎+ |𝜑𝜈𝑖 〉

On déduit de ces propositions l’ensemble des valeurs propres de N. on a le théorème suivant

c. Spectre de N

Théorème : le spectre de N est formé par tous les entiers positifs 𝑛 = 0,1,2,3,4 ….

On déduit par suite les valeurs propres de H (caractérisées maintenant par l’indice 𝑛 au lieu
de 𝜈)

1
𝐸𝑛 = (𝑛 + 2) ℏ𝜔 où n = 0,1,2,3,4 ….

Les premières valeurs de 𝐸𝑛 sont

1 1
𝐸0 = (0 + 2) ℏ𝜔 = 2 ℏ𝜔

1 3
𝐸1 = (1 + 2) ℏ𝜔 = 2 ℏ𝜔

1 5
𝐸2 = (2 + ) ℏ𝜔 = ℏ𝜔 ………………
2 2

Nous voyons que l’énergie de l’oscillateur harmonique linéaire est quantifiée. L’énergie
1
minimale de cet oscillateur est 𝐸0 = 2 ℏ𝜔 ; elle est non nulle (alors que pour l’oscillateur
1 2
harmonique classique, l’énergie est continue ( 2 𝑚𝜔2 𝑥𝑀 où 𝑥𝑀 est un réel quelconque) et sa

valeur minimale est égale à zéro (correspondant à une amplitude 𝑥𝑀 nulle correspondant à
un oscillateur harmonique immobile en sa position d’équilibre).
1 1
𝐸 = 𝑚𝜔² 𝑥𝑀
² 𝐸𝑛 = (𝑛 + ) ℏ𝜔
2 2

9
ℏ𝜔
2
7
ℏ𝜔
2
1
𝐸𝑚𝑖𝑛 = 0 ℏ𝜔 = 𝐸𝑚𝑖𝑛 5
2 ℏ𝜔
2
0 3
ℏ𝜔
2
Fig.2 Comparaison des spectres d’énergie des oscillateurs classique et quantique

Remarque On a

1
𝑁|𝜑𝑛𝑖 〉 = 𝑛|𝜑𝑛𝑖 〉 𝑒𝑡 𝐻|𝜑𝑛𝑖 〉 = 𝐸𝑛 |𝜑𝑛𝑖 〉 où 𝐸𝑛 = (𝑛 + ) ℏ𝜔 ;
2

 𝑎|𝜑𝑛𝑖 〉 est vecteur propre de N de valeur propre (𝑛 − 1) (lorsque 𝑛 ≠ 0) ; 𝑎|𝜑𝑛𝑖 〉 est


1
donc vecteur propre de H de valeur propre 𝐸𝑛−1 = [(𝑛 − 1) + 2] ℏ𝜔 =
1
(𝑛 + 2) ℏ𝜔 − ℏ𝜔 = 𝐸𝑛 − ℏ𝜔.

 De même 𝑎+ |𝜑𝑛𝑖 〉 est vecteur propre de H de valeur propre 𝐸𝑛+1 = 𝐸𝑛 + ℏ𝜔.

L’action de 𝑎 sur un vecteur propre de H, fait diminuer la valeur de l’énergie d’un quantum
égale à (ℏ𝜔). L’action de 𝑎+ sur un vecteur propre de H, fait augmenter la valeur de l’énergie
d’un quantum égale à (ℏ𝜔). Pour cela, 𝑎 est appelé l’opérateur d’annihilation (ou de
destruction) et 𝑎+ l’opérateur de création.

d. Dégénérescence des valeurs propres


(i) Le niveau fondamental est non dégénéré

ℏ𝜔
Le niveau fondamentale est le niveau d’énergie minimale ; il correspond à 𝑛 = 0 (𝐸0 = ). Soit
2

|𝜑0𝑖 〉 un vecteur d’état d’énergie minimale

ℏ𝜔
𝐻|𝜑0𝑖 〉 = |𝜑0𝑖 〉.
2
|𝜑0𝑖 〉 est vecteur propre de N de valeur propre 𝑛 = 0. On a alors

𝑎|𝜑0𝑖 〉 = 0

En remplaçant a par son expression en fonction de 𝑋 𝑒𝑡 𝑃, on a

1 𝑚𝜔 𝑖
[√ 𝑋 + 𝑃] |𝜑0𝑖 〉 = 0.
√2 ℏ √𝑚ℏ𝜔

Cette équation s’écrit dans la représentation {|𝑥 〉} :

1 𝑚𝜔 ℏ 𝑑 𝑚𝜔 𝑑
[√ 𝑥 +√ ] 𝜑0𝑖 (𝑥 ) = 0 ⇒ ( 𝑥 + ) 𝜑 𝑖 (𝑥 ) = 0
√2 ℏ 𝑚𝜔 𝑑𝑥 ℏ 𝑑𝑥 0

1𝑚𝜔 2
La solution générale de cette équation différentielle est 𝜑0𝑖 (𝑥) = ci 𝑒 −2 ℏ
𝑥
où ci est une
constante d’intégration.

On voit donc que toutes les solutions sont proportionnelles entre elles (elles ne différent que
par des facteurs multiplicatifs ci ) ; elles correspondent toutes, par conséquent, à un vecteur
ket unique |𝜑0 〉 qui vérifie 𝑎|𝜑0 〉 = 0. Le niveau fondamental est donc non dégénéré.

(ii) Tous les niveaux sont non dégénères

La démonstration peut être faite par récurrence : on suppose que 𝐸𝑛 est non dégénéré et on
démontre que 𝐸𝑛+1 est par suite non dégénéré.

Supposons donc qu’il existe un vecteur |𝜑𝑛 〉 unique qui est vecteur propre de 𝑁 de valeur
propre 𝑛 (ce qui revient à dire que |𝜑𝑛 〉 est le seul vecteur propre de 𝐻 de valeur propre En ).

𝑖 𝑖
〉 un vecteur propre de 𝑁 de valeur propre (n + 1) ; 𝑎|𝜑𝑛+1 〉 est par suite un
Soit |𝜑𝑛+1
vecteur propre de 𝑁 de valeur propre (n + 1) − 1 = n ; cette valeur propre étant par
𝑖 〉 est proportionnel à |𝜑𝑛 〉 :
hypothèse non dégénérée, le vecteur 𝑎|𝜑𝑛+1

𝑖 〉 = 𝑐𝑖 |𝜑𝑛 〉
𝑎|𝜑𝑛+1

En appliquant l’opérateur 𝑎+ sur cette égalité on obtient

𝑖 𝑖
𝑎+ 𝑎|𝜑𝑛+1 〉 = 𝑐𝑖 𝑎+ |𝜑𝑛 〉 ⟹ 𝑁|𝜑𝑛+1 〉 = 𝑐𝑖 𝑎+ |𝜑𝑛 〉

𝑖 𝑖 𝑐𝑖
⟹ (n + 1)|𝜑𝑛+1 〉 = 𝑐𝑖 𝑎 + |𝜑𝑛 〉 ⟹ |𝜑𝑛+1 〉= [𝑎+ |𝜑𝑛 〉]
𝑛+1
𝑖 〉 sont proportionnels au vecteur [𝑎+ |𝜑𝑛 〉]. Ceci veut
On voit que tous les vecteurs |𝜑𝑛+1
dire que la valeur propre (n + 1) de N (ou, ce qui revient au même, la valeur propre En+1 de
) est non dégénérée.

ℏ𝜔
Finalement, 𝐸0 = étant non dégénéré, tous les niveaux sont, par récurrence, non
2

dégénérés : à la valeur propre 𝐸𝑛 correspond un et un seul vecteur propre |𝜑𝑛 〉 .

3. Etats propres de l’hamiltonien


a. Vecteurs de base en fonction de |𝝋𝟎 〉

L’état fondamental |φ0 〉 a été déterminé par l’intermédiaire de sa fonction d’onde φ0 (x) ; il
obéit à l’équation 𝑎|φ0 〉 = 0 . |φ0 〉 sera choisi de norme égale à 1 : 〈φ0 |φ0 〉 = 1.

𝑎+ |φ0 〉 est vecteur propre de H de valeur propre 0+1=1 ; le vecteur propre de H de valeur
propre E1 , noté |𝜑1 〉 est proportionnel à 𝑎+ |𝜑0 〉 :

|φ1 〉 = 𝑐1 𝑎+ |𝜑0 〉.

Si l’on veut que |φ1 〉 soit de norme 1 alors

〈φ1 |φ1 〉 = 1 → 𝑐1∗ 𝑐1 〈φ0 |𝑎 𝑎+ |φ0 〉 = 1

→ |𝑐1 |2 〈φ0 | 𝑎+ 𝑎 + 1|φ0 〉 = 1 ( car [𝑎, 𝑎 + ] = 1 )

→ |𝑐1 |2 [〈φ0 |𝑁|φ0 〉 + 〈φ0 |1|φ0 〉] = 1 → |𝑐1 |2 = 1 → |𝑐1 | = 1

On choisit |𝑐1 | = 1. On a donc

|φ1 〉 = 𝑎+ |𝜑0 〉

|φ2 〉 est vecteur propre de H de valeur propre 𝐸2 (n=2), |φ2 〉 est proportionnel à 𝑎+ |𝜑1 〉 (car
𝑎+ |𝜑1 〉 est vect.p. de H de valeur propre 𝐸2 qui est non dégénéré) :

|φ2 〉 = 𝑐2 𝑎 + |𝜑1 〉

La normalisation de |φ2 〉 :

〈𝜑2 |𝜑2 〉 = 1 → |𝑐2 |2 〈𝜑1 |𝑎 𝑎+ |𝜑1 〉 = 1

1
→ |𝑐2 |2 〈𝜑1 | 𝑎+ 𝑎 + 1|𝜑1 〉 = 1 → |𝑐2 |2 (1 + 1) = 1 → |𝑐2 | =
√2

1
En choisissant 𝑐2 = on obtient
√2
2
𝑎+ 𝑎+
| φ2 〉 = |𝜑1 〉 = |𝜑0 〉
√2 √2

Pour |φn 〉 en générale, on a |φn 〉 = 𝑐𝑛 𝑎+ |𝜑𝑛−1 〉 (où |𝜑𝑛−1 〉 est déterminé à partir des
vecteurs ‘’qui le précèdent ‘’). La condition de normalisation de |φn 〉 :

〈φn |φn 〉 = 1 → |𝑐𝑛 |2 〈𝜑n−1 |𝑎 𝑎+ |𝜑n−1 〉 = |𝑐𝑛 |2 〈𝜑n−1 | 𝑎+ 𝑎 + 1|𝜑n−1 〉 = 1

1
⇒ |𝑐𝑛 |2 ((𝑛 − 1) + 1) = 1 ⟶ |𝑐𝑛 |2 𝑛 = 1 ⟶ |𝑐𝑛 | = ;
√n

1
En choisissant 𝑐𝑛 = on a
√n

𝑎+
| φn 〉 = |𝜑𝑛−1 〉.
√n

𝑎+ 𝑎+ 𝑎+ 𝑎+ 𝑎+ 𝑎+ 𝑎+
On a ainsi |φn 〉 = |𝜑𝑛−1 〉 = |𝜑𝑛−2 〉 = ⋯ = . . . | 𝜑0 〉
√n √n √n−1 √n √ n−1 √2 √1

et donc

(𝑎+ )𝑛
| φn 〉 = |𝜑0 〉
√n!
|φn 〉 est déterminé par une action répétée (n fois) sur |φ0 〉.

L’expression ci-dessus représente la détermination complète des vecteurs propres de H.

Les vecteurs {|φn 〉} constituent une base de l’espace des états ; ils ont les propriétés
suivantes :

 〈φn |φn′ 〉 = δnn′


 ∑∞
𝑛=0|φn 〉〈φn | = 1
𝑎+
 𝑎+ |𝜑𝑛 〉 = √𝑛 + 1|𝜑𝑛+1 〉 (à partir de |𝜑n+1 〉 = |𝜑𝑛 〉 )
√n+1

 𝑎 |𝜑0 〉 = 0
 Pour n>0 on a 𝑎|𝜑𝑛 〉 = √𝑛|𝜑𝑛−1 〉
𝑎+ 𝑎 𝑎+ 𝑎 + 𝑎+1
En effet on a |𝜑n 〉 = |𝜑𝑛−1 〉 ⇒ 𝑎|𝜑n 〉 = |𝜑𝑛−1 〉 = |𝜑𝑛−1 〉 =
√n √n √n
𝑁+1 𝑛
|𝜑𝑛−1 〉 = |𝜑𝑛−1 〉 = √n |𝜑𝑛−1 〉
√n √n

ℏ ℏ
 𝑋|𝜑𝑛 〉 = √2𝑚𝜔 ( 𝑎+ + 𝑎)|𝜑𝑛 〉 = √2𝑚𝜔 (√𝑛 + 1|𝜑𝑛+1 〉 + √𝑛|𝜑𝑛−1 〉 )

𝑚ℏ𝜔 𝑚ℏ𝜔
 𝑃|𝜑𝑛 〉 = 𝑖√ 2
( 𝑎+ − 𝑎)|𝜑𝑛 〉 = 𝑖√
2
(√𝑛 + 1|𝜑𝑛+1 〉 − √𝑛|𝜑𝑛−1 〉 )
b. Fonctions d’ondes associées aux états stationnaires |𝛗𝐧 〉

 La fonction d’onde normalisée de l’état fondamental |𝜑𝑛 〉 est déjà calculée. On a

1 𝑚𝜔 2
𝜑0 (𝑥 ) = 〈𝑥 |φ0 〉 = 𝒩𝑒 −2 ℏ
𝑥

1⁄
𝑚𝜔 4
𝒩 étant une constante de normalisation qu’on calcule facilement : 𝒩 = ( ) . Nous
𝜋ℏ

avons donc

1 𝑚𝜔 2
𝜑0 (𝑥 ) = 〈𝑥 |φ0 〉 = 𝒩𝑒 −2 ℏ
𝑥
.

Pour déterminer la fonction d’onde associée à un vecteur |𝜑𝑛 〉 avec 𝑛 ≥ 1, on utilise


𝑛
(𝑎 + )
l’expression de |𝜑𝑛 〉 en fonction de |𝜑0 〉 : |φn 〉 = |𝜑0 〉. On projette ensuite cette
√n!

égalité sur un vecteur de base de la représentation de position, on obtient

1
→ 𝜑𝑛 (𝑥 ) = 〈𝑥 |φn 〉 = 〈𝑥 |(𝑎+ )𝑛 |φ0 〉.
√n!

On remplace ensuite 𝑎+ par son expression en fonction de X et de P :

1 𝑚𝜔 𝑖
𝑎+ = (√ 𝑋 − 𝑃),
√2 ℏ √𝑚ℏ𝜔

et on utilise la correspondance

ℏ 𝑑
𝑋⇒𝑥 et 𝑃⇒ .
𝑖 𝑑𝑥

On obtient

𝑛
1 1
𝑚𝜔 ℏ 𝑑 𝑚𝜔 1⁄4 −1 𝑚𝜔 𝑥2
𝜑𝑛 (𝑥) = [√ 𝑥 −√ ] [( ) 𝑒 2 ℏ ]
√n! √2n ℏ 𝑚𝜔 𝑑𝑥 𝜋ℏ

1 ℏ 𝑛 𝑚𝜔 𝑑 𝑛 𝑚𝜔 1⁄4 −1 𝑚𝜔 𝑥 2
⟹ 𝜑𝑛 (𝑥 ) = √( ) [ 𝑥 − ] [( ) 𝑒 2 ℏ ]
√ 2n n! 𝑚𝜔 ℏ 𝑑𝑥 𝜋ℏ
1⁄
1 ℏ 𝑛 2 𝑚𝜔 1⁄4 𝑚𝜔 𝑑 𝑛 −1 𝑚𝜔 𝑥 2
⟹ 𝜑𝑛 (𝑥) = [ n ( ) ] ( ) [ 𝑥 − ] 𝑒 2 ℏ
2 n! 𝑚𝜔 𝜋ℏ ℏ 𝑑𝑥

On a, par exemple, pour n=1 et n=2 :


1⁄
4 𝑚𝜔 3 4 1 𝑚𝜔
𝑥2
𝜑1 (𝑥 ) = [𝜋 ( ) ] 𝑥 𝑒 −2 ℏ

1⁄ 1 𝑚𝜔 2
𝑚𝜔 4 2𝑚𝜔
𝜑2 (𝑥 ) = (4𝜋ℏ) [ 𝑥 2 − 1] 𝑒 −2 ℏ
𝑥

Remarques
i) Quand n augmente (donc l’énergie 𝐸𝑛 augmente), la région où 𝜑𝑛 (𝑥) prend
des valeurs notables augmente (voir figures ci-dessous) ; ceci est à rapprocher
du comportement classique où l’amplitude du mouvement de la particule
augmente avec son énergie.

Fig.3 Fonctions d’onde associées aux trois premiers niveaux de l’oscillateur harmonique.

Fig.4 – Densités de probabilité associées aux trois premiers niveaux de l’oscillateur harmonique
Fig.5 – Allure de la fonction d’onde (fig. a) et
de la densité de probabilité (fig. b) pour le
niveau excité n = 10 de l’oscillateur
harmonique.

ii) Quand n est grand (voir figure 3.b), | 𝜑𝑛 (𝑥)|2 est grand au voisinage de ± 𝑥𝑀 , où
𝑥𝑀 est l’amplitude du mouvement classique d’énergie 𝐸𝑛 (c.-à-d. 𝑥𝑀 est défini par
1 2 2 1 ℏ
𝐸𝑐𝑙 = 2 𝑚𝜔2 𝑥𝑀 = 𝐸𝑛 → 𝑥𝑀 = 2 (𝑛 + 2) 𝑚𝜔 ) .

III. Discussion physique

1) valeurs moyennes et écarts quadratiques moyens de X et P dans un état |𝝋𝒏 〉

Les calculs des diverses quantités physiques pour l’oscillateur harmonique sont en général
effectués en introduisant les opérateurs de création et d’annihilation 𝑎 et 𝑎 +

 Pour la valeure moyenne de la position dans un état stationnaire |φn 〉 on a


〈𝑋〉𝑛 ≡ 〈𝜑n | 𝑋 |𝜑n 〉 = 〈𝜑n | √ (𝑎+ + 𝑎) |𝜑n 〉
𝑚𝜔


= √𝑚𝜔 (〈𝜑n | 𝑎 |𝜑n 〉 + 〈𝜑n | 𝑎+ |𝜑n 〉 = 0)


= √𝑚𝜔 (〈𝜑n | √𝑛|𝜑n−1 〉 + 〈𝜑n | √𝑛 + 1 |𝜑n+1 〉) = 0


= √𝑚𝜔 ( √𝑛〈φn |𝜑n−1 〉 + √𝑛 + 1〈φn |𝜑n+1 〉) = 0

〈𝑋 〉𝑛 = 0
On démontre de même que 〈𝑃 〉 𝑛 = 0

 Calculons à présent les écarts quadratiques des observables de position et d’impulsion


dans un état stationnaire :
(∆𝑋)2𝑛 ≡ 〈𝜑n | 𝑋 2 |𝜑n 〉 − 〈𝜑n | 𝑋 |𝜑n 〉2 = 〈𝜑n | 𝑋 2 |𝜑n 〉
ℏ ℏ 2
On a 𝑋 2 = (𝑎+ + 𝑎)(𝑎+ − 𝑎) = (𝑎+ + 𝑎2 + 𝑎+ 𝑎 + 𝑎𝑎+ )
2𝑚𝜔 2𝑚𝜔
ℏ 2
= 2𝑚𝜔 (𝑎+ + 𝑎2 + 2𝑁 + 1) (𝑎𝑎+ = 𝑎 + 𝑎 + 1 = 𝑁 + 1)

ℏ 1 ℏ
⟹ 〈𝜑n | 𝑋 2 |𝜑n 〉 = (2𝑛 + 1) ⟹ (∆𝑋)2𝑛 = (𝑛 + )
2𝑚𝜔 2 𝑚𝜔
1
De même on a pour (∆P)2n : (∆P)2n = (𝑛 + ) 𝑚ℏ𝜔
2
1 ℏ
On en déduit (∆X)n (∆P)n = (𝑛 + 2) ℏ ≥ 2

Le produit des écarts quadratiques moyens de 𝑋 𝑒𝑡 𝑃 obéit bien à la relation de



Heisenberg (∆X)n . (∆P)n ≥ . La limite inférieure est atteinte lorsque n=0, soit
2

|𝜑n 〉 ≡ |𝜑0 〉 : (∆X)0 . (∆P)0 = ; ce résultat peut être expliqué par le fait que la
2

fonction d’onde 𝜑0 (𝑥) est une Gaussienne (voir TD1)

Remarques

1
 Si 𝑥𝑀 est l’amplitude du mouvement classique d’énergie 𝐸𝑛 = (𝑛 + 2) ℏ𝜔 :
1 2 1
𝐸𝑐𝑙𝑎𝑠𝑠 = 2 𝑚𝜔2 𝑥𝑀 = (𝑛 + 2) ℏ𝜔,

ou encore
2 1 ℏ
𝑥𝑀 = 2 (𝑛 + 2) 𝑚𝜔 ,

Alors
2
𝑥𝑀 𝑥𝑀
(∆X)2n = ⟹ (∆X)n =
2 √2

(∆X)n est de l’ordre de grandeur de l’intervalle [−𝑥𝑀 , 𝑥𝑀 ] des positions du


mouvement classique.
 Calculons les valeurs moyennes des énergies potentielle et cinétique dans un état
stationnaire :
1 1 1 1 En
〈𝑉 (𝑋)〉𝑛 = 〈 𝑚𝜔2 𝑋 2 〉𝑛 = 𝑚𝜔2 (∆X)2n = (𝑛 + ) ℏ𝜔 = .
2 2 2 2 2

Et, de même,
𝑃2 1 (∆P)2n 1 1 En
〈 〉 = 〈𝑃 2 〉𝑛 = = 2 (𝑛 + 2) ℏ𝜔 =
2𝑚 𝑛 2𝑚 2𝑚 2

Les valeurs moyennes, dans un état stationnaire |𝜑n 〉 , des énergies potentielles et
En
cinétique sont égales et valent chacune .
2

 Comparons à présent les états de plus basse énergie des oscillateurs classique et
quantique.
En mécanique classique, l’énergie la plus basse de l’oscillateur harmonique est
obtenue lorsque la particule est immobile à l’origine des abscisses x = 0 (𝐸𝑐𝑙𝑎𝑠𝑠 =
1 2
𝑚𝜔2 𝑥𝑀 est minimale pour 𝑥𝑀 = 0 ⟹ 𝑥 = 𝑥𝑀 cos(𝜔𝑡 + 𝜑) = 0 ∀𝑡). Dans cet état,
2

les énergies cinétique et potentielle sont toutes les deux nulles.

Il en va tout autrement en mécanique quantique : l’état d’énergie minimale est |𝜑0 〉


ℏ𝜔
dont l’énergie E0 = n’est pas nulle, et la fonction d’onde 𝜑0 (x) associée, a une
2

certaine extension spatiale, caractérisée par l’écart quadratique moyen (∆X)0 =



√ .
2𝑚𝜔

2. Evolution des valeurs moyennes

 Supposons que l’état de l’oscillateur à l’instant initial t=0 est représenté par le vecteur
|ψ(0)〉 = ∑n cn |𝜑n 〉 supposé normé à l’unité 〈ψ(0)|ψ(0)〉 = 1.
L’oscillateur étant un système conservatif et |ψ(0)〉 étant exprimé en fonction des
vecteurs propres de 𝐻 on a


𝑖 𝑖
|ψ(t)〉 = 𝑒 −ℏ𝐻𝑡 |ψ(0)〉 = ∑ cn e−ℏEn 𝑡 |𝜑n 〉
n=0

𝑖 1 1
− (𝑛+ )ℏ𝜔𝑡 −i(𝑛+ )𝜔𝑡
= ∑∞
n=0 cn e
ℏ 2 |𝜑n 〉 = ∑∞
n=0 cn e
2 |𝜑n 〉
 L’évolution des valeurs moyennes de X et P sont données par (voir chap. 1)
𝑑 1 𝜕𝑋
o 〈𝑋〉(𝑡) = 〈[𝑋, 𝐻]〉 + 〈 〉
𝑑𝑡 𝑖ℏ 𝜕𝑡

𝑃2 1 𝑃2 1 1 ℏ
On a [𝑋, 𝐻] = [𝑋, + 𝑚𝜔2 𝑋 2 ] = [𝑋, ]= [𝑋, 𝑃2 ] = 2𝑖ℏ = 𝑖
2𝑚 2 2𝑚 2𝑚 2𝑚 𝑚

𝑑 〈𝑃〉
⟹ 𝑑𝑡 〈𝑋〉(𝑡) = 𝑚
𝑑 1 𝜕𝑃
o 〈𝑃〉(𝑡) = 〈[𝑃, 𝐻]〉 + 〈 〉
𝑑𝑡 𝑖ℏ 𝜕𝑡

⟹ 𝑑
〈𝑃 〉(𝑡) = −𝑚𝜔2 〈𝑋〉
𝑑𝑡

Les valeurs moyennes 〈𝑋〉(𝑡) et 〈𝑃〉(𝑡) obéissent aux équations classiques du


𝑑𝑥 𝑝 𝑑𝑝
mouvement ( 𝑑𝑡 = 𝑚 et = −𝑚𝜔2 𝑥 ). Le centre du paquet d’onde de position
𝑑𝑡

〈𝑋〉(𝑡) et d’impulsion 〈𝑃〉(𝑡), décrivant le mouvement moyen de la particule, a un


mouvement d’oscillation sinusoïdale. Les équations d’évolution ci-dessus ont pour
solutions
1
〈𝑋〉(𝑡) = 〈𝑋〉(0) cos 𝜔𝑡 + 〈𝑃〉(0) sin 𝜔𝑡
𝑚𝜔
1
〈𝑃〉(𝑡) = 〈𝑃〉(0) cos 𝜔𝑡 + 〈𝑋〉(0) sin 𝜔𝑡
𝑚𝜔

N.B. Si |ψ(0)〉 = |𝜑n 〉 = |ψ(t)〉 , alors 〈𝑋〉(𝑡) = 〈𝑋〉(0) = 0 et 〈𝑃〉(𝑡) =


〈𝑃〉(0) = 0

IV. Application : Oscillateur harmonique à une dimension en équilibre


thermodynamique à la température T
1. Energie moyenne

On considère un oscillateur harmonique à une dimension en équilibre thermodynamique avec


un thermostat à la température T. Son état est décrit par l’opérateur densité (cours de
physique statistique I)

e−H⁄kT
ρ= Z

où k est la constante de Boltzmann et Z est la fonction de partition


Z = Tr e−H⁄kT = ∑n〈𝜑n | e−H⁄kT |𝜑n 〉 = ∑n e−En ⁄kT

L’énergie moyenne de l’oscillateur en équilibre thermodynamique est

〈𝐻〉 = Trρ H = ∑〈𝜑n | ρ H |𝜑n 〉


n

ℏ𝜔 ℏ𝜔
〈𝐻 〉 = + −ℏ𝜔⁄kT
2 e −1

Pour un oscillateur harmonique classique, l’énergie moyenne à l’équilibre thermodynamique


est donnée par 〈ℋ 〉 = 𝑘𝑇

Fig.5 Variations en fonction de la


température de l’énergie moyenne d’un
oscillateur quantique (courbe en trait plein),
comparée à celle d’un oscillateur classique
(droite en traits tiretés).

ℏ𝜔
A 𝑇 = 0 on a 〈𝐻〉 = . Au zéro absolu (𝑇 = 0), l’oscillateur est dans l’état fondamental |𝜑0 〉
2
ℏ𝜔
d’énergie 𝐸0 = (il n’est pas dans un état mélange). Quant à l’oscillateur classique, il est
2

immobile (p = 0) dans sa position d’équilibre stable (x = 0), et son énergie est nulle : 〈ℋ 〉 = 0.
A basses températures (caractérisées par 𝑘𝑇 ≪ ℏ𝜔) on a eℏ𝜔⁄kT − 1 ≈ eℏ𝜔⁄kT et donc

ℏ𝜔 ℏ𝜔
〈𝐻 〉 ≈ + ℏ𝜔 e−ℏ𝜔⁄kT ≈ tant que 𝑘𝑇 ≪ ℏ𝜔.
2 2

A hautes températures 𝑘𝑇 ≫ ℏ𝜔 la valeur moyenne 〈𝐻〉 admet le développement

ℏ𝜔 ℏ𝜔
〈𝐻 〉 = + 𝑘𝑇 (1 − 2kT + ⋯ )
2

〈𝐻〉 ≈ 𝑘𝑇 = 〈ℋ 〉 (pour 𝑘𝑇 ≫ ℏ𝜔)

On voit donc que les deux oscillateurs quantique et classique ont même énergie moyenne, 𝑘𝑇
aux températures élevées (𝑘𝑇 ≫ ℏ𝜔). Des différences marquantes apparaissent aux basses
températures (𝑘𝑇 ≪ ℏ𝜔) : on ne peut plus ignorer la quantification de l’énergie de
l’oscillateur dès que l’énergie 𝑘𝑇 caractéristique du thermostat est de l’ordre de la différence
d’énergie ℏ𝜔 séparant deux niveaux consécutifs de l’oscillateur.

2. Rayonnement du corps noir

Le champ électromagnétique à l’intérieur d’une cavité, est équivalent à un ensemble


d’oscillateurs harmoniques linéaires indépendants. Chaqu’un de ces oscillateurs est associé à
une onde stationnaire dans la cavité et a la même pulsation que celle-ci. Selon que l’on
considère ces oscillateurs comme classiques ou quantiques, conduit à des formules
différentes de la loi du rayonnement du corps noir.

Soit 𝑈 (𝜈)𝑑𝜈 l’énergie électromagnétique par unité de volume de le cavité, contenue dans la
bande de fréquence 𝜈, 𝜈 + 𝑑𝜈 à l’équilibre thermodynamique à la température T

 Pour les oscillateurs classiques on a la formule de Rayleigh- Jeans

8𝜋𝜈2
𝑈𝐶𝑙 (𝜈) = 𝑇
𝑐3

Cette formule ne décrit le résultat experimental qu’aux hautes temperatures.

 Pour les oscillateurs quantiques on a la formule de Plank

8𝜋𝜈2 1
𝑈𝑄 (𝜈) = .
𝑐3 e−ℏ𝜈⁄kT −1

Cette formule coincide parfaitement avec le résultat expérimental (pour toutes les
températures)

On voit que 𝑈𝑄 (𝜈) se réduit à 𝑈𝐶𝑙 (𝜈) dans la limite des hautes températures (ou des faibles
fréquences) (𝑘𝑇 ≫ ℎ𝜈). Le rayonnement du corps noir nous fournit un exemple clair où, à
basses températures, les effets quantiques doivent être pris en compte.

3. Chaleur spécifique des solides (à volume constant)

Le modèle d’Einstein pour un solide est un modèle simple où l’on considère qu’un solide est
constitué de 𝒩 atomes vibrant indépendamment les uns des autres autour de leurs positions
d’équilibre, avec la même pulsation 𝜔𝐸 .
L’énergie interne U du solide à la température T est donc égale à la somme des énergies
moyennes des N oscillateurs isotropes à trois dimensions en équilibre thermodynamique à
cette température.

 Pour des oscillateurs quantiques on a

𝑈 = 3𝒩 < 𝐻 >

où < H > est l’énergie moyenne d’un oscillateur harmonique à une dimension de pulsation
ωE . La chaleur spécifique à volume constant cv du solide est la dérivée de l’énergie interne U
par rapport à la température :

𝑑𝑈 𝑑<𝐻>
𝐶𝑣 = 𝑑𝑇 = 3 𝒩 𝑑𝑇

L’expression qu’on trouve (cours de physique statistique I) est

ℎ𝜔
( 𝑘𝑇𝐸 ) ² ℎ𝜔𝐸
𝐶𝑣 = 3 𝒩 𝑘 ℎ𝜔𝐸 𝑒 𝑘𝑇
(𝑒 𝑘𝑇 − 1)²

 Pour des oscillateurs classiques on a

𝐶𝑣 𝑐𝑙 = 3𝒩𝑘 (car < ℋ > = 3𝒩𝑘𝑇)

classique

Fig.6 Chaleur spécifique 𝑐𝑣 (à volume


constant) d’un solide, dans le modèle
d’Einstein.

quantique

A haute température (𝑘𝑇 ≫ ℏ𝜔𝐸 ), les expressions classique et quantique coïncident :

𝐶𝑣 → 𝐶𝑣 𝑐𝑙 = 3𝒩𝑘
A hautes températures, le caractère quantique des vibrations ne se manifeste pas ; pour le
calcul de la chaleur spécifique, un traitement classique des vibrations est suffisant.

A basses températures les deux expressions pour 𝐶𝑣 sont différentes ; c’est le résultat
quantique qui est plus proche aux données expérimentales et le caractère quantique des
vibrations doit nécessairement être pris en compte.

Chapitre 4
Propriétés générales des moments cinétiques
En mécanique quantique

I. Relations de commutation caractéristiques des moments cinétiques

I.1. Moment cinétique orbital

Le moment cinétique orbital d’une particule classique est défini par

𝑥 𝑝𝑥

ℒ = 𝑟⃗ ∧ 𝑝⃗ = {𝑦 ∧ {𝑝𝑦
𝑧 𝑝𝑧

Ses composantes sont

ℒ 𝑥 = 𝑦𝑝𝑧 − 𝑧𝑝𝑦
{ ℒ 𝑦 = 𝑧𝑝𝑥 − 𝑥𝑝𝑧
ℒ 𝑧 = 𝑥𝑝𝑦 − 𝑦𝑝𝑥

Le moment cinétique orbital quantique correspondant est obtenu par les règles de
correspondance énoncées au chapitre 1 :

Aux coordonnées de position 𝑥, 𝑦, 𝑧 , on fait correspondre les opérateurs de position 𝑋, 𝑌, 𝑍


et aux impulsions 𝑝𝑥 , 𝑝𝑦 , 𝑝𝑧 on fait associer les opérateur d’impulsion 𝑃𝑥 , 𝑃𝑦 , 𝑃𝑧 .

Ces observables vérifient les relations de commutation canoniques :


[𝑋, 𝑃𝑥 ] = 𝑖ℏ [𝑌, 𝑃𝑦 ] = 𝑖ℏ [𝑍, 𝑃𝑧 ] = 𝑖ℏ

Les composantes de l’opérateur moment cinétique orbitale 𝐿⃗⃗ sont donc définies par

𝐿𝑥 = 𝑌𝑃𝑧 − 𝑍𝑃𝑦
{𝐿𝑦 = 𝑍𝑃𝑥 − 𝑋𝑃𝑧
𝐿𝑧 = 𝑋𝑃𝑦 − 𝑌𝑃𝑥

Ces relations s’écrivent sous la forme vectorielle

𝐿⃗⃗ = 𝑅⃗⃗ ∧ 𝑃⃗⃗


Connaissant les relations de commutation canoniques des observables de position 𝑅⃗⃗ et
d’impulsion 𝑃⃗⃗, on peut facilement calculer les commutateurs des opérateurs 𝐿𝑥 , 𝐿𝑦 et 𝐿𝑧 .

On a par exemple

[𝐿𝑥 , 𝐿𝑦 ] = [𝑌𝑃𝑧 − 𝑍𝑃𝑦 , 𝑍𝑃𝑥 − 𝑋𝑃𝑧 ]

= [𝑌𝑃𝑧 , 𝑍𝑃𝑥 ] + [𝑍𝑃𝑦 , 𝑋𝑃𝑧 ]

= 𝑌[𝑃𝑧 , 𝑍]𝑃𝑥 + 𝑋 [𝑍, 𝑃𝑧 ]𝑃𝑦

= −𝑖ℏY𝑃𝑥 + 𝑖ℏX𝑃𝑦

= 𝑖ℏ𝐿𝑧

Les autres commutateurs se calculent de la même manière ; on a

[𝐿𝑥 , 𝐿𝑦 ] = 𝑖ℏ𝐿𝑧

[𝐿𝑦 , 𝐿𝑧 ] = 𝑖ℏ𝐿𝑥

[𝐿𝑧 , 𝐿𝑥 ] = 𝑖ℏ𝐿𝑦

I.2. Généralisation : définition d’un moment cinétique

On appelle de manière générale moment cinétique 𝐽⃗ toute observable vectorielle 𝐽⃗, de


composantes 𝐽𝑥 , 𝐽𝑦 , 𝐽𝑧 vérifiant :

[𝐽𝑥 , 𝐽𝑦 ] = 𝑖ℏ𝐽𝑧

[𝐽𝑦 , 𝐽𝑧 ] = 𝑖ℏ𝐽𝑥

[𝐽𝑧 , 𝐽𝑥 ] = 𝑖ℏ𝐽𝑦

II. Théorie générale du moment cinétique

II.1. Position du problème

Introduisons l’opérateur
J 2 = 𝐽𝑥2 + 𝐽𝑦2 + 𝐽𝑧2

Les opérateurs 𝐽𝑥 , 𝐽𝑦 , 𝐽𝑧 sont hermitiques, il s’ensuit que J 2 est hermitique. De plus J 2

commute avec les trois composantes de 𝐽⃗ :


[ J 2 , 𝐽𝑥 ] = [ J 2 , 𝐽𝑦 ] = [ J 2 , 𝐽𝑧 ] = 0

En effet, on a par exemple

[ J 2 , 𝐽𝑥 ] = [ 𝐽𝑥2 + 𝐽𝑦2 + 𝐽𝑧2 , 𝐽𝑥 ]

= [ 𝐽𝑦2 + 𝐽𝑧2 , 𝐽𝑥 ]

= [ 𝐽𝑦2 , 𝐽𝑥 ] + [ 𝐽𝑧2 , 𝐽𝑥 ]

= 𝐽𝑦 [ 𝐽𝑦 , 𝐽𝑥 ] + [ 𝐽𝑦 , 𝐽𝑥 ]𝐽𝑦 + 𝐽𝑧 [ 𝐽𝑧 , 𝐽𝑥 ] + [ 𝐽𝑧 , 𝐽𝑥 ]𝐽𝑧

= −𝑖ℏ𝐽𝑦 𝐽𝑧 − 𝑖ℏ𝐽𝑧 𝐽𝑦 + 𝑖ℏ𝐽𝑧 𝐽𝑦 + 𝑖ℏ𝐽𝑦 𝐽𝑧

=0

Les différentes composantes du moment cinétique ne commutent pas entre elles ; on ne peut
pas les diagonaliser en même temps. Cependant, le carré du moment cinétique commute
avec ces composantes. Il s’agit dans la suite de diagonaliser simultanément J 2 et l’une des
composantes qu’on peut choisir arbitrairement. On considère d’habitude J 2 et 𝐽𝑧 .

II.2. Définitions et notations

Pour construire le spectre de J 2 et 𝐽𝑧 , il est commode d'introduire les deux opérateurs

𝐽+ = 𝐽𝑥 + 𝑖 𝐽𝑦

𝐽− = 𝐽𝑥 − 𝑖 𝐽𝑦

La logique qui sera adoptée est très proche de celle qui a permis au chapitre 3 de trouver le
spectre de l'oscillateur harmonique ; ces deux opérateurs joueront des rôles similaires aux
opérateurs de création et d’annihilation. Nous avons les relations de commutations
suivantes :

𝐽+ + = 𝐽− et 𝐽− + = 𝐽+
[𝐽𝑧 , 𝐽+ ] = ℏ 𝐽+

[𝐽𝑧 , 𝐽− ] = −ℏ 𝐽−

[𝐽+ , 𝐽− ] = 2ℏ 𝐽𝑧

[ J 2 , 𝐽+ ] = [ J 2 , 𝐽− ] = [ J 2 , 𝐽𝑧 ] = 0

Ces relations peuvent être facilement démontrées à partir des relations de commutation
caractéristiques de 𝐽𝑥 , 𝐽𝑦 et 𝐽𝑧 , et du fait que ces opérateurs commutent avec J 2 . On a par
exemple

[𝐽𝑧 , 𝐽+ ] = [𝐽𝑧 , 𝐽𝑥 + 𝑖 𝐽𝑦 ] = [𝐽𝑧 , 𝐽𝑥 ] + 𝑖[ 𝐽𝑧 , 𝐽𝑦 ]

= 𝑖ℏ 𝐽𝑦 + 𝑖(−𝑖ℏ 𝐽𝑥 ) = ℏ( 𝐽𝑥 + 𝑖 𝐽𝑦 ) = ℏ 𝐽+

On déduit deux relations qui vont être utilisées à plusieurs reprises par la suite :

𝐽+ 𝐽− = J 2 − 𝐽𝑧2 + ℏ 𝐽𝑧

𝐽− 𝐽+ = J 2 − 𝐽𝑧2 − ℏ 𝐽𝑧

Démontrons, par exemple, la première relation. On a

𝐽+ 𝐽− = ( 𝐽𝑥 + 𝑖 𝐽𝑦 )( 𝐽𝑥 − 𝑖 𝐽𝑦 )

= 𝐽𝑥2 + 𝐽𝑦2 − 𝑖[𝐽𝑥 , 𝐽𝑦 ]

= 𝐽𝑥2 + 𝐽𝑦2 + ℏ 𝐽𝑧

= J 2 − 𝐽𝑧2 + ℏ 𝐽𝑧

De ces deux relations on déduit une expression de J 2 qui sera aussi utile dans la suite

1
J 2 = 2 (𝐽+ 𝐽− + 𝐽− 𝐽+ ) + 𝐽𝑧2

Notons d’ores et déjà que, J 2 étant la somme des carrés d’opérateurs hermétiques, ses
valeurs propres sont positives ou nulles. En effet, on a pour un vecteur ket quelconque |𝜓⟩,

〈𝜓|J 2 |𝜓〉 = 〈𝜓|𝐽𝑥2 |𝜓〉 + 〈𝜓|𝐽𝑦2 |𝜓〉 + 〈𝜓|𝐽𝑧2 |𝜓〉

2
= ‖𝐽𝑥 |𝜓〉‖2 + ‖𝐽𝑦 |𝜓〉‖ + ‖𝐽𝑧 |𝜓〉‖2 ≥ 0

De plus, si |𝜓⟩ est vecteur propre de J 2 correspondant à une valeur propre 𝜆 :


J 2 |𝜓 ⟩ = 𝜆 |𝜓 ⟩

alors

〈𝜓 | J 2 | 𝜓 〉 ≥ 0  〈𝜓|𝜆|𝜓〉 ≥ 0  𝜆⟨𝜓|𝜓⟩ ≥ 0  𝜆 ≥ 0

Il est commode dans la suite de noter les valeurs propres de J 2 par 𝜆 = 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 où

𝑗 ≥ 0. Les valeurs propre de 𝐽𝑧 seront notées 𝑚ℏ . Les nombres 𝑚 et 𝑗 sont sans dimensions
(puisque 𝐽𝑧 a la dimension de ℏ et J 2 celle de ℏ2 ).

On notera dans toute la suite par |𝑗, 𝑚⟩ un vecteur propre commun aux opérateurs J 2 et 𝐽𝑧
correspondant aux valeurs propres 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et 𝑚ℏ :

J 2 |𝑗, 𝑚⟩ = 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 |𝑗, 𝑚⟩

𝐽𝑧 |𝑗, 𝑚⟩ = 𝑚ℏ|𝑗, 𝑚⟩

II.3. Valeurs propres de 𝐉 𝟐 et 𝑱𝒛

Propriété 1

Si 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et 𝑚ℏ sont les valeurs propres de J 2 et 𝐽𝑧 , associées au même vecteur propre
|𝑗, 𝑚⟩, alors on a
−𝑗 ≤ 𝑚 ≤ 𝑗

Démonstration : La norme du vecteur 𝐽+ |𝑗, 𝑚⟩ est positive : ‖𝐽+ |𝑗, 𝑚⟩ ‖2 ≥ 0, or

‖𝐽+ |𝑗, 𝑚⟩ ‖2 = 〈𝑗, 𝑚|𝐽− 𝐽+ |𝑗, 𝑚〉 (car le conjugué hermitique de 𝐽+ et 𝐽− )

= 〈𝑗, 𝑚|(J 2 − 𝐽𝑧2 − ℏ 𝐽𝑧 )|𝑗, 𝑚〉

= 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 − m2 ℏ2 − 𝑚ℏ2

= (𝑗 − 𝑚)(𝑗 + 𝑚 + 1)ℏ2

On a donc

(𝑗 − 𝑚)(𝑗 + 𝑚 + 1) ≥ 0,

ce qui implique

−(𝑗 + 1) ≤ 𝑚 ≤ 𝑗
D’autre part, exploitant que la norme du vecteur 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ est positive, on déduit la
condition :

−𝑗 ≤ 𝑚 ≤ 𝑗 + 1

Les deux conditions précédentes ne sont simultanément vérifiées que si 𝑚 satisfait à

−𝑗 ≤ 𝑚 ≤ 𝑗

Propriété 2

Soit |𝑗, 𝑚⟩ un vecteur propre de J 2 et 𝐽𝑧 avec les valeurs propres 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et 𝑚ℏ.

i) si 𝑚 = −𝑗, alors 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ = 0 (𝐽− |𝑗, −𝑗⟩ = 0)


ii) si 𝑚 > −𝑗, alors 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ est un vecteur propre non nul de J 2 et 𝐽𝑧 avec les
valeurs propres 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et (𝑚 − 1)ℏ

Démonstration

On a

‖𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ ‖2 = 〈𝑗, 𝑚|𝐽+ 𝐽− |𝑗, 𝑚〉 = [𝑗(𝑗 + 1) − 𝑚(𝑚 − 1)ℏ2

⇒ ‖𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ ‖2 = 0 pour 𝑚 = −𝑗 et donc 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ pour 𝑚 = −𝑗

Supposons maintenant que 𝑚 > −𝑗. La norme du vecteur 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ est alors non nulle ce qui
montre que ce vecteur est non nul.

Montrons à présent que le vecteur 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ est un vecteur propre non nul de J 2 et 𝐽𝑧 avec les
valeurs propres 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et (𝑚 − 1)ℏ.

i) On a

J 2 (𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ ) = J 2 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩

= 𝐽− J 2 |𝑗, 𝑚⟩ (car J 2 et 𝐽− commutent)

= 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩

ii) On a de même

𝐽𝑧 (𝐽− |𝑗, 𝑚⟩ ) = 𝐽𝑧 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩

= (𝐽− 𝐽𝑧 − ℏ 𝐽− )|𝑗, 𝑚⟩ (car [𝐽𝑧 , 𝐽− ] = −ℏ 𝐽− )


= (𝐽− 𝐽𝑧 |𝑗, 𝑚⟩ − ℏ 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩

= (𝐽− 𝑚ℏ|𝑗, 𝑚⟩ − ℏ 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩

= (𝑚 − 1)ℏ ( 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩)

Propriété 3

Soit |𝑗, 𝑚⟩ un vecteur propre de J 2 et 𝐽𝑧 assoicié aux valeurs propres 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et 𝑚ℏ.

i) si 𝑚 = +𝑗, alors 𝐽+ |𝑗, 𝑚⟩ = 0 (𝐽+ |𝑗, 𝑗⟩ = 0)


ii) si 𝑚 < 𝑗, alors 𝐽+ |𝑗, 𝑚⟩ est un vecteur propre non nul de J 2 et 𝐽𝑧 avec les valeurs
propres 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et (𝑚 + 1)ℏ

La démonstration de cette propriété suit le même raisonnement que celui utilisé pour
démontrer la propriété 2. On montre que la norme du vecteur 𝐽+ |𝑗, 𝑗⟩ est nulle et on utilise,
pour montrer ii), les relations de commutation de J 2 et 𝐽+ d’une part et de 𝐽𝑧 avec 𝐽+ d’autre
part.

II.4. Détermination du spectre de 𝐉 𝟐 et 𝐉𝐳

Soit |𝑗, 𝑚⟩ un vecteur propre de J 2 et 𝐽𝑧 avec les valeurs propres 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et 𝑚ℏ. D’après
la proposition 1, on a −𝑗 ≤ 𝑚 ≤ 𝑗. Il existe donc un entier positif ou nul p tel que :
−𝑗 ≤ 𝑚 − 𝑝 < −𝑗 + 1

Considérons alors la suite de vecteurs


|𝑗, 𝑚⟩, 𝐽− |𝑗, 𝑚⟩, (𝐽− )2 |𝑗, 𝑚⟩ …..… (𝐽− )𝑛 |𝑗, 𝑚⟩ ……. (𝐽− )𝑝 |𝑗, 𝑚⟩

D’après la proposition 2, chacun des vecteurs (𝐽− )𝑛 |𝑗, 𝑚⟩ de cette suite (𝑛 = 1,2, … . , 𝑝) est
un vecteur propre non nul de J 2 et 𝐽𝑧 avec les valeurs propres 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et (𝑚 − 𝑛)ℏ.
Considérons à présent le vecteur 𝐽− [(𝐽− )𝑝 |𝑗, 𝑚⟩] :

 Si −𝑗 < 𝑚 − 𝑝 (c’est-à-dire −𝑗 < 𝑚 − 𝑝 < −𝑗 + 1), alors le vecteur


𝐽− [(𝐽− )𝑝 |𝑗, 𝑚⟩] est vecteur propre non nul de J 2 et 𝐽𝑧 avec les valeurs propres
respectives 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et (𝑚 − 𝑝 − 1)ℏ. Or (𝑚 − 𝑝 − 1) < −j ce qui est en
contradiction avec le fait que les valeurs propres de 𝐽𝑧 doivent nécessairement être
comprises entre −𝑗 et +𝑗.
 Il faut donc nécessairement que 𝑚 − 𝑝 = −𝑗. Dans ce cas 𝐽− [(𝐽− )𝑝 |𝑗, 𝑚⟩] = 0 car
(𝐽− )𝑝 |𝑗, 𝑚⟩ est un vecteur propre de 𝐽𝑧 de valeur propre −𝑗.

On vient donc de montrer qu’il existe nécessairement un entier p tel que 𝑚 − 𝑝 = −𝑗. On
montre de même, en considérant la suite de vecteurs

|𝑗, 𝑚⟩, 𝐽+ |𝑗, 𝑚⟩, (𝐽+ )2 |𝑗, 𝑚⟩ …….. (𝐽+ )𝑞 |𝑗, 𝑚⟩, où 𝑞 est un nombre entier tel que
𝑗 − 1 < 𝑚 + 𝑞 ≤ 𝑗,

Qu’on doit nécessairement avoir 𝑚 + 𝑞 = 𝑗.

Les deux conditions 𝑚 − 𝑝 = −𝑗 et 𝑚 + 𝑞 = 𝑗, impliquent

𝑝−𝑗 =𝑗−𝑞

𝑝+𝑞
⇒𝑗 = 2

𝑗 est un entier, positif ou nul, divisé par 2 ; 𝑗 est entier ou demi-entier :

1 3
𝑗 = 0, , 1, , 2 … … ..
2 2

Remarques

 Les valeurs possibles de 𝑗 doivent nécessairement être entières ou demi-entières. Les


valeurs effectivement réalisées dépendent du système quantique considéré. Pour une
particule sans spin, par exemple, le moment cinétique ne peut prendre que les valeurs
entières 0, 1, 2, 3 … .
 Pour une valeur fixée de 𝑗, les seules valeurs possibles pour𝑚 sont les (2𝑗 + 1)
nombres : −𝑗, −𝑗 + 1, … , 𝑗 − 1, 𝑗; 𝑚 est donc entier si 𝑗 est entier, demi-entier si 𝑗 est
demi-entier ; les valeurs précédentes de 𝑚 sont effectivement toutes réalisées dès
que l’une d’entre elles l’est.

II.5. Représentation standard

a) Etats de base

On considère un système physique d’espace des états ℰ𝑟 et de moment cinétique J 2 . J 2 et 𝐽𝑧


étant des observables qui commutent, on peut construire une base de ℰ𝑟 à partir des
vecteurs propres communs à ces deux observables. C’est l’objectif de ce qui va suivre.

Pour la plupart des systèmes physiques, J 2 et 𝐽𝑧 ne constituent pas un E.C.O.C. : la donnée


d’un couple de valeurs propres de J 2 et 𝐽𝑧 ne permet pas de fixer de manière unique le
vecteur propre commun correspondant. Pour fixer les notations, on va considérer un système
physique pour lequel une observable 𝐻 (l’Hamiltonien par exemple) constitue avec J 2 et 𝐽𝑧
un E.C.O.C. Nous supposons de plus que les valeurs propres de 𝐻 sont caractérisées par un
nombre entier 𝑛 = 1,2,3 … ∞ (c’est le cas notamment de l’atome d’hydrogène en première
approximation). Notons par |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ les vecteurs propres communs à H, J 2 et 𝐽𝑧

𝐻 |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ = 𝐸𝑛 |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩

J 2 |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ = 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩

𝐽𝑧 |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ = 𝑚ℏ|𝑛, 𝑗, 𝑚⟩

Pour construire une base de vecteurs propres communs à J 2 et 𝐽𝑧 , on procède de la manière


suivante : on commence par considérer un couple de valeurs de 𝑗 et 𝑚 effectivement
réalisées pour le système physique considéré (pour l’atome d’hydrogène si on ne tient pas
compte des spins par exemple, toutes les valeurs entières de 𝑗 sont effectivement réalisées,
mais aucune des valeurs demi-entières ne l’est) ; pour ce couple de valeurs on fait dans ℰ𝑟 un
choix concret d’un ensemble de vecteurs propres communs à J 2 et 𝐽𝑧 avec les valeurs
propres 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et 𝑚ℏ respectivement :

|𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ , 𝑛 = 1,2,3 … ∞
Ces vecteurs constituent les vecteurs de la base cherchée correspondant aux valeurs j et m
réalisées et fixées au départ. On construit ensuite, à partir de ces vecteurs, les vecteurs de
base correspondant aux valeurs 𝑗 et (𝑚 + 1) par application de 𝐽+ . En effet les vecteurs
𝐽+ |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ (𝑛 = 1,2,3 … ∞) sont des vecteurs propres communs à J 2 et 𝐽𝑧 avec les valeurs
propres respectives 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 et (𝑚 + 1)ℏ .Les vecteurs de base correspondant aux valeurs
𝑗 et (𝑚 + 1) sont donc ces vecteurs (après leur normalisation)

1 1
|𝑛, 𝑗, 𝑚 + 1⟩ = 𝐽+ |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ = 𝐽 |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩
‖𝐽+ |𝑛,𝑗,𝑚⟩‖ ℏ√𝑗(𝑗+1)ℏ2 −𝑚(𝑚+1) +

En appliquant 𝐽+ sur ces nouveaux vecteurs de base, on construit les vecteurs de base
correspondant aux valeurs 𝑗 et (𝑚 + 2) et, par application répétée de 𝐽+ , on construit les
vecteurs de base correspondant à la valeur 𝑗 et les autres valeurs (𝑚 + 3), (𝑚 + 4), … , 𝑗.

Quant aux vecteurs de base correspondants aux valeurs 𝑗 et (𝑚 − 1), (𝑚 − 2), … , −𝑗, ils sont
construits par application répétée de 𝐽− sur les vecteurs |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩, 𝑛 = 1,2,3 … ∞ . On a

1 1
|𝑛, 𝑗, 𝑚 − 1⟩ = 𝐽− |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ = 𝐽 |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩.
‖𝐽− |𝑛,𝑗,𝑚⟩‖ ℏ√𝑗(𝑗+1)ℏ2 −𝑚(𝑚−1) −

Cette procédure est répétée pour toutes les autres valeurs possibles de 𝑗. On obtient
finalement une base de vecteurs propres communs à J 2 et 𝐽𝑧 appelée base standard de
l’espace des états du système physique considéré.
En résumé, une base standard est une base formée de vecteurs propres communs à J 2 et 𝐽𝑧
(et à d’autres observables qui constituent avec J 2 et 𝐽𝑧 un ECOC); entre ces vecteurs de base
on a les relations suivantes

𝐽+ |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ = ℏ√𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 − 𝑚(𝑚 + 1)|𝑛, 𝑗, 𝑚 + 1⟩

𝐽− |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ = ℏ√𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 − 𝑚(𝑚 − 1)|𝑛, 𝑗, 𝑚 − 1⟩

Les relations d’orthonormalisation s’écrivent

〈𝑛, 𝑗, 𝑚|𝑛′ , 𝑗 ′ , 𝑚′ 〉 = δnn′ δjj′ δmm′

Et la relation de fermeture s’écrit

∑𝑛,𝑗,𝑚|𝑛, 𝑗, 𝑚〉〈𝑛, 𝑗, 𝑚| = 𝕝

b) Matrices représentant les opérateurs de moment cinétique

Pour avoir une représentation matricielle simple des opérateurs du moment cinétique, on va
considérer un ordre particulier des vecteurs de la base standard. On fixe un couple de valeurs
de 𝑛 et 𝑗 et on considère tous les vecteurs de base pour lesquels ces deux valeurs sont fixées :
ce sont les vecteurs |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ avec 𝑚 = −𝑗, −𝑗 + 1, … , 𝑗 − 1, 𝑗.

On notera par ℰ𝑛,𝑗 le sous espace engendré par ces vecteurs. L’intérêt de ces sous espaces
réside dans les points suivants :

i) Pour 𝑗 donné (quelque soit 𝑛), ces sous espaces ont tous la même dimension
(2𝑗 + 1).
ii) Si |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ est un vecteur quelconque appartenant à ℰ𝑛,𝑗 , alors 𝐽+ |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ et
𝐽− |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ appartiennent aussi à ℰ𝑛,𝑗 (le premier est proportionnel à |𝑛, 𝑗, 𝑚 + 1⟩
et le deuxième à |𝑛, 𝑗, 𝑚 − 1⟩, qui, tous deux, appartiennent à ℰ𝑛,𝑗 ) ; il s’en suit

que 𝐽⃗|𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ appartient à ℰ𝑛,𝑗 (puisque l’action de 𝐽𝑧 sur |𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ donne


𝑚ℏ|𝑛, 𝑗, 𝑚⟩ et les actions de 𝐽𝑥 et 𝐽𝑦 reviennent à celles de 𝐽− et 𝐽+ ). Il en découle,

de manière plus générale, que pour toute fonction 𝐹(𝐽⃗), le vecteur 𝐹(𝐽⃗)|𝑛, 𝑗, 𝑚⟩
appartient à ℰ𝑛,𝑗 . Les sous espaces ℰ𝑛,𝑗 sont donc globalement invariants sous

l’action de 𝐽⃗ et sous l’action de toute fonction 𝐹(𝐽⃗). Les éléments de matrice de 𝐽⃗


(et de toute fonction de 𝐽⃗) entre deux kets de base qui appartiennent à des sous-
espaces ℰ𝑛,𝑗 différents sont nuls. 𝐹(𝐽⃗) a donc la forme suivante :

ℰ (𝑛, 𝑗) ℰ (𝑛 ′ , 𝑗 ) ℰ (𝑛 ′ , 𝑗 ′ )

ℰ (𝑛, 𝑗) matrice 0 0 0
(2𝑗 + 1) × (2𝑗 + 1)
ℰ (𝑛 ′ , 𝑗 ) 0 matrice 0 0
(2𝑗 + 1) × (2𝑗 + 1)
ℰ (𝑛 ′ , 𝑗 ′ ) 0 0 matrice 0
(2𝑗 ′ + 1) × (2𝑗 ′ + 1)
… 0 0 0 0

Il suffit alors de calculer les matrices de dimension finie qui représentent l’opérateur
considéré à l’intérieur de chacun des sous-espaces ℰ𝑛,𝑗 .

iii) chacune des sous-matrices finies est indépendante de 𝑛 et du système physique


étudié ; elle ne dépend que de 𝑗, et bien sûr de l’opérateur que l’on veut
représenter. En effet on a,

𝐽𝑧 |𝑘, 𝑗, 𝑚〉 = 𝑚ℏ |𝑘, 𝑗, 𝑚〉

𝐽+ |𝑘, 𝑗, 𝑚〉 = ℏ√𝑗(𝑗 + 1) − 𝑚(𝑚 + 1) |𝑘, 𝑗, 𝑚 + 1〉

𝐽− |𝑘, 𝑗, 𝑚〉 = ℏ√𝑗(𝑗 + 1) − 𝑚(𝑚 − 1) |𝑘, 𝑗, 𝑚 − 1〉

ce qui montre bien que les éléments des matrices qui représentent les composantes de 𝐽⃗ ne
dépendent que de 𝑗 et de 𝑚, et non de 𝑛. La matrice représentant un opérateur du moment
cinétique est la même dans les sous espaces ℰ𝑛,𝑗 pour toutes les valeurs de 𝑛.

c) Exemples
1
 𝑗=2
1 1
Les sous-espaces ℰ𝑛,𝑗=1 sont à deux dimensions (𝑚 = 2 ou 𝑚 = − 2). On prend les vecteurs
2

1 1
de base dans cet ordre (𝑚 = 2 , 𝑚 = − 2). La matrice 𝐽𝑧 est diagonale dans cette base :

ℏ 1 0
𝐽𝑧 = ( )
2 0 −1

Déterminons la matrice représentant 𝐽+ ; on a

1 1
𝐽+ |𝑛, 𝑗 = 2 , 𝑚 = + 2〉 = 0

1 1 1 1 1 1 1 1
𝐽+ |𝑛, 𝑗 = 2 , 𝑚 = − 2〉 = ℏ√2 (2 + 1) + 2 (− 2 + 1) |𝑛, 𝑗 = 2 , 𝑚 = − 2 + 1〉

1 1
= ℏ |𝑛, 𝑗 = 2 , 𝑚 = 2〉

La matrice représentant 𝐽+ est donc

0 1
𝐽+ = ℏ ( )
0 0

Pour 𝐽− on a

1 1 1 1 1 1 1 1
𝐽− |𝑛, 𝑗 = 2 , 𝑚 = + 2〉 = ℏ√2 (2 + 1) − 2 (2 − 1) |𝑛, 𝑗 = 2 , 𝑚 = 2 − 1〉

1 1
= ℏ |𝑛, 𝑗 = 2 , 𝑚 = − 2〉

1 1
𝐽− |𝑛, 𝑗 = 2 , 𝑚 = − 2〉 = 0

La matrice représentant 𝐽− est donc

0 0
𝐽− = ℏ ( )
1 0

Les matrices représentant 𝐽𝑥 et 𝐽𝑦 sont déduites de celles de 𝐽+ et 𝐽− par les relations

1
𝐽𝑥 = 2 (𝐽+ + 𝐽− )

𝑖
𝐽𝑦 = 2 (𝐽− − 𝐽+ )

On a donc

ℏ 0 1 ℏ 0 −𝑖
𝐽𝑥 = ( ) , 𝐽𝑦 = ( )
2 1 0 2 𝑖 0
Remarque. La matrice représentant 𝐽− peut, plus simplement, être obtenue à partir de celle
représentant 𝐽+ du fait que 𝐽− = (𝐽+ )+ .

 𝑗=1

Les sous-espaces ℰ𝑛,𝑗=1 sont à trois dimensions (𝑚 = 1, 0, −1). On prend les vecteurs de base
dans cet ordre (𝑚 = 1, 0, −1), on a

1 0 0
(𝐽𝑧 )(1) = ℏ (0 0 0)
0 0 −1

0 √2 0 0 0 0
(𝐽+ )(1) = ℏ (0 0 √2 ) , ( 𝐽− ) (1)
= ℏ ( √2 0 0) ,
0 0 0 0 √2 0

et donc

ℏ 0 1 0 (1) ℏ 0 −𝑖 0
(𝐽𝑥 )(1) = (1 0 1) (𝐽𝑦 ) = (−𝑖 0 −𝑖 )
√2 0 1 0 √2 0 −𝑖 0

On a aussi :

1 0 0
(J 2 )(1) = 2ℏ2 (0 1 0) .
0 0 1

D’une manière générale (pour J quelconque), dans chaque sous espace ℰ𝑛,𝑗 la matrice
représentant J 2 est diagonale (en fait elle est proportionnelle à la matrice identité, le facteur
de proportionnalité étant 𝑗(𝑗 + 1)ℏ2 ), la matrice représentant 𝐽𝑧 est aussi diagonale, les
éléments de sa diagonale étant ses valeurs propres (𝑚ℏ avec 𝑚 = −𝑗, −𝑗 + 1, … , 𝑗 − 1, 𝑗) ;
pour 𝐽𝑥 et 𝐽𝑦 , on commence par déterminer les matrices représentant 𝐽+ et 𝐽− en faisant agir
ces opérateurs sur les vecteurs de base et l’on déduit 𝐽𝑥 et 𝐽𝑦 par les relations

1 𝑖
𝐽𝑥 = 2 (𝐽+ + 𝐽− ) , 𝐽𝑦 = 2 (𝐽− − 𝐽+ )

III. Application au moment cinétique orbital


Dans ce paragraphe, on va appliquer les résultats de la théorie générale du moment cinétique

au moment cinétique orbital 𝐿⃗⃗ = 𝑅⃗⃗ ∧ 𝑃⃗⃗ d’une particule sans spin. On utilisera la
représentation de position {|𝑟⃗〉} et on montrera que les valeurs propres de l’opérateur 𝐿2
sont les nombres 𝑙(𝑙 + 1)ℏ2 correspondant à tous les entiers positifs ou nuls 𝑙: parmi les
valeurs possibles qu’on a trouvées pour, seules sont donc réalisées dans ce cas les valeurs
entières, et elles le sont toutes. On indiquera ensuite quelles sont les fonctions propres
communes à 𝐿2 et 𝐿𝑧 et leurs principales propriétés.

III.1. Valeurs et fonctions propres de 𝑳𝟐 et 𝑳𝒛


1.a. Equations aux valeurs propres en représentation {|𝒓
⃗⃗〉}

En représentation {|𝑟⃗〉}, les observables 𝑅⃗⃗ et 𝑃⃗⃗ correspondent respectivementà la



⃗⃗ . Les trois composantes
multiplication par 𝑟⃗ et à l’opérateur différentiel 𝑖 ∇

du moment cinétique 𝐿⃗⃗ s’écrivent alors :


ℏ 𝜕 𝜕
𝐿𝑥 = (𝑦 −𝑧 )
𝑖 𝜕𝑧 𝜕𝑦

ℏ 𝜕 𝜕
𝐿𝑦 = 𝑖 (𝑧 𝜕𝑥 − 𝑥 𝜕𝑧 )
ℏ 𝜕 𝜕
𝐿𝑧 = 𝑖 (𝑥 𝜕𝑦 − 𝑦 𝜕𝑥)

Il est pratique d'exprimer le moment cinétique orbital comme un opérateur différentiel en


termes de coordonnées polaires sphériques définies par
𝑥 = 𝑟 sin 𝜃 cos 𝜑 𝑟≥0
{ 𝑦 = 𝑟 sin 𝜃 sin 𝜑 avec {0≤𝜃≤𝜋
𝑧 = 𝑟 cos 𝜃 0 ≤ 𝜑 < 2𝜋

L’élément de volume 𝑑 3 𝑟 = 𝑑𝑥 𝑑𝑦 𝑑𝑧 s’écrit en coordonnées sphériques :


𝑑 3 𝑟 = 𝑟 2 sin 𝜃 𝑑𝑟 𝑑𝜃 𝑑𝜑
= 𝑟 2 𝑑𝑟 𝑑Ω
où 𝑑Ω est l’élément d’angle solide
𝑑Ω = sin 𝜃 𝑑𝜃 𝑑𝜑
En appliquant la technique classique du changement de variables, on obtient, à partir des
formules ci-dessus de 𝐿𝑥 , 𝐿𝑦 , 𝐿𝑧 les expressions suivantes :
𝜕 cos 𝜑 𝜕
𝐿𝑥 = 𝑖ℏ (sin 𝜑 𝜕𝜃 − )
𝑡𝑔𝜃 𝜕𝜑

𝜕 sin 𝜑 𝜕
𝐿𝑦 = 𝑖ℏ (− cos 𝜑 + )
𝜕𝜃 𝑡𝑔𝜃 𝜕𝜑
ℏ 𝜕
𝐿𝑧 = 𝑖 𝜕𝜑

De ces expressions on déduit celles de L2 , 𝐿+ , 𝐿−


𝜕2 1 𝜕 1 𝜕2
L2 = −ℏ2 ( + + )
𝜕𝜃2 𝑡𝑔𝜃 𝜕𝜃 sin2 𝜃 𝜕𝜑2

𝜕 𝜕
𝐿+ = ℏ𝑒 𝑖𝜑 (𝜕𝜃 + 𝑖 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 )
𝜕𝜑

𝜕 𝜕
𝐿− = ℏ𝑒 −𝑖𝜑 (− 𝜕𝜃 + 𝑖 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 )
𝜕𝜑

Les opérateurs L2 et 𝐿𝑧 ne dépendant que des variables angulaires 𝜃 et 𝜑, nous cherchons


leurs fonctions propres communes comme des fonctions de ces seules variables : 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑)

L2 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = 𝑙(𝑙 + 1)ℏ2 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑)

𝜕2 1 𝜕 1 𝜕2
⇔ −ℏ2 ( + + ) 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = 𝑙(𝑙 + 1)ℏ2 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑)
𝜕𝜃2 𝑡𝑔𝜃 𝜕𝜃 sin2 𝜃 𝜕𝜑2

ℏ 𝜕
𝐿𝑧 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = 𝑚ℏ𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) ⇔ 𝑌 𝑚 (𝜃, 𝜑) = 𝑚ℏ𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑).
𝑖 𝜕𝜑 𝑙

Appliquant les résultats de la théorie générale du moment cinétique à ce cas de moment


cinétique orbital, les valeurs de 𝑙 ne peuvent être qu’entières ou demi-entières et 𝑚 ne peut
prendre que les valeurs −𝑙, −𝑙 + 1, … , 𝑙 − 1, 𝑙.

Les fonctions d’onde propres communes à L2 et 𝐿𝑧 (qui dépendent en général de la variable


normale r) s’écrivent

𝜓𝑙,𝑚 (𝑟⃗) ≡ 𝜓𝑙,𝑚 (𝑟, 𝜃, 𝜑) = 𝑓(𝑟)𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑)

Leur condition de normalisation est assurée en choisissant les conditions de normalisation


séparées suivantes de 𝑓(𝑟) et 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑)

2𝜋 𝜋
∫0 𝑑𝜑 ∫0 𝑠𝑖𝑛𝜃 𝑑𝜃 |𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑)|2 = 1

∫0 𝑟 2 𝑑𝑟|𝑓 (𝑟)|2 = 1

Ces deux conditions assurent effectivement que

∞ 2
∫0 𝑑 3 𝑟⃗|𝜓𝑙,𝑚 (𝑟, 𝜃, 𝜑)| = 1

1.b. Valeurs de l et m

a) 𝒍 et 𝒎 ne peuvent être qu’entiers


L’équation aux valeurs propres de 𝐿𝑧 peut être réécrite comme
𝜕
𝑌 𝑚 (𝜃, 𝜑) = 𝑖𝑚𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑)
𝜕𝜑 𝑙

Sa solution est
𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = 𝐹𝑙𝑚 (𝜃)𝑒 𝑖𝑚𝜑
Les angles 𝜑 et (𝜑 + 2𝜋) définissent le même point dans l’espace, on doit avoir
𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑 + 2𝜋) = 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) (𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) ne peut avoir deux valeurs distinctes en un même
point)
⇒ 𝑒 𝑖𝑚(𝜑+2𝜋) = 𝑒 𝑖𝑚𝜑 ⇒ 𝑒 𝑖𝑚2𝜋 = 1
⇒ 𝑚 doit être entier.
Or 𝑙 et 𝑚 sont tous les deux entiers ou tous les deux demi-entiers, on en déduit que 𝑙 doit
donc aussi être entier.
b) Toutes les valeurs entières (positives ou nulles) de 𝒍 sont réalisées
Soit 𝑙 une valeur entière, on veut montrer qu’il existe au moins une fonction propre 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑)
commune à L2 et 𝐿𝑧 correspondant à cette valeur. Si cette fonction existe elle est de la forme
𝐹𝑙𝑙 (𝜃)𝑒 𝑖𝑙𝜑 (pour qu’elle soit fonction propre 𝐿𝑧 ) et doit obéir à l’équation
𝐿+ 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) = 0
En remplaçant 𝐿+ par son expression en fonction des coordonnées polaires, on a
𝜕 𝜕
ℏ𝑒 𝑖𝜑 (𝜕𝜃 + 𝑖 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 ) 𝐹𝑙𝑙 (𝜃)𝑒 𝑖𝑙𝜑 = 0
𝜕𝜑
𝑑
⇒ (𝑑𝜃 − 𝑙 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 )𝐹𝑙𝑙 (𝜃) = 0
𝑑𝐹𝑙𝑙 (𝜃) 𝑑 𝑠𝑖𝑛𝜃
⇒ = 𝑙 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃𝑑𝜃 = 𝑙
𝐹𝑙𝑙(𝜃) 𝑑𝜃

⇒ 𝐹𝑙𝑙 (𝜃) = 𝑐𝑙 (𝑠𝑖𝑛𝜃)𝑙


où 𝑐𝑙 est une constante d’intégration arbitraire.
Donc, si 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) existe, elle doit être de la forme 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) = 𝑐𝑙 (𝑠𝑖𝑛𝜃)𝑙 𝑒 𝑖𝑙𝜑 .
Montrons que cette fonction est effectivement fonction propre de L2 .
On a
𝐿− 𝐿+ 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) = 0
⇒ (𝐿2 − 𝐿𝑧 2 − ℏ2 𝐿𝑧 )𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) = 0
⇒ 𝐿2 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) = (𝐿𝑧 2 + ℏ2 𝐿𝑧 )𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑)
⇒ 𝐿2 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) = (𝑙 2 ℏ2 + ℏ2 𝑙)𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑)
⇒ 𝐿2 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) = 𝑙(𝑙 + 1)ℏ2 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑)
En conclusion, pour toute valeur entière de 𝑙 (positive ou nulle), il existe une fonction unique
(à un facteur multiplicatif près) qui est fonction propre commune à L2 et 𝐿𝑧 correspondant
aux valeurs propres respectives 𝑙(𝑙 + 1)ℏ2 et 𝑚ℏ :
𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) = 𝑐𝑙 (𝑠𝑖𝑛𝜃)𝑙 𝑒 𝑖𝑙𝜑
Par action répétée de 𝐿− sur cette fonction, on construit les autres fonctions propres
communes à L2 et 𝐿𝑧 : 𝑌𝑙𝑙−1 (𝜃, 𝜑), 𝑌𝑙𝑙−2 (𝜃, 𝜑), …. , 𝑌𝑙−𝑙 (𝜃, 𝜑)
Au couple de valeurs propres 𝑙(𝑙 + 1)ℏ2 et 𝑚ℏ (où 𝑙 est un entier positif ou nul quelconque,
et 𝑚 un autre entier tel que : −𝑙 ≤ 𝑚 ≤ 𝑙), correspond une fonction propre et une seule :
𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑), calculable sans ambiguïté à partir de 𝑌𝑙𝑙 (𝜃, 𝜑) = 𝑐𝑙 (𝑠𝑖𝑛𝜃)𝑙 𝑒 𝑖𝑙𝜑 . Les
fonctions propres 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) sont appelées harmoniques sphériques.

III.2. Quelques propriétés des harmoniques sphériques

 Relations de récurrence
Des relations générales

𝐿+ 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = ℏ√𝑙(𝑙 + 1)ℏ2 − 𝑚(𝑚 + 1)𝑌𝑙𝑚+1 (𝜃, 𝜑)

𝐿− 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = ℏ√𝑙(𝑙 + 1)ℏ2 − 𝑚(𝑚 − 1)𝑌𝑙𝑚−1 (𝜃, 𝜑)


on déduit
𝜕
𝑒 𝑖𝜑 (𝜕𝜃 − 𝑚 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃) 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = √𝑙 (𝑙 + 1)ℏ2 − 𝑚(𝑚 + 1)𝑌𝑙𝑚+1 (𝜃, 𝜑)
𝜕
𝑒 −𝑖𝜑 (− 𝜕𝜃 − 𝑚 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃) 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = √𝑙(𝑙 + 1)ℏ2 − 𝑚(𝑚 − 1)𝑌𝑙𝑚−1 (𝜃, 𝜑)

On a en effet, par exemple


𝜕 𝜕
𝐿+ 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = ℏ𝑒 𝑖𝜑 (𝜕𝜃 + 𝑖 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 ) 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑)
𝜕𝜑

Or
𝜕 𝜕
𝑌 𝑚 (𝜃, 𝜑) = 𝜕𝜑 (𝐹𝑙𝑚 (𝜃)𝑒 𝑖𝑚𝜑 ) = 𝑖𝑚(𝐹𝑙𝑚 (𝜃)𝑒 𝑖𝑚𝜑 ) = 𝑖𝑚𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑)
𝜕𝜑 𝑙

On en déduit
𝜕
𝐿+ 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = ℏ𝑒 𝑖𝜑 (𝜕𝜃 − 𝑚𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 ) 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑),

d’où
𝜕
ℏ𝑒 𝑖𝜑 (𝜕𝜃 − 𝑚𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃 ) 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = ℏ√𝑙 (𝑙 + 1)ℏ2 − 𝑚(𝑚 + 1)𝑌𝑙𝑚+1 (𝜃, 𝜑)

et donc
𝜕
𝑒 𝑖𝜑 (𝜕𝜃 − 𝑚 𝑐𝑜𝑡𝑔𝜃) 𝑌𝑙𝑚 (𝜃, 𝜑) = √𝑙 (𝑙 + 1)ℏ2 − 𝑚(𝑚 + 1)𝑌𝑙𝑚+1 (𝜃, 𝜑)

 Relations d’orthonormalisation et de fermeture


2𝜋 𝜋 ′
∫0 𝑑𝜑 ∫0 𝑠𝑖𝑛𝜃 𝑑𝜃 (𝑌𝑙𝑚 )∗ (𝜃, 𝜑)𝑌𝑙𝑚
′ (𝜃, 𝜑 ) = 𝛿𝑙,𝑙′ 𝛿𝑚,𝑚 ′

𝑚 ∗ ′
∑∞ 𝑙 𝑚 ′ ′
𝑙=0 ∑𝑚=−𝑙 𝑌𝑙 (𝜃, 𝜑 )𝑌𝑙′ (𝜃, 𝜑 ) = 𝛿(𝑐𝑜𝑠𝜃 − 𝑐𝑜𝑠𝜃 )𝛿(𝜑 − 𝜑 )

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