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Chapitre III : Cadre mathématique de la mécanique quantique

Chapitre III :

Cadre mathématique de la mécanique quantique


Introduction

Ce chapitre est destiné à donner une vue d’ensemble des outils mathématiques de base utilisés en
mécanique quantique. Dans le chapitre 1, nous avons vu que à toute particule de matière est associée une
onde. Nous avons noté par ⃗ la valeur de cette onde au point ⃗ et à l’instant . La théorie quantique
interprète ⃗ comme une amplitude de probabilité de présence de la particule au point ⃗ et à l’instant
autrement dit :

⃗ | ⃗ |

représente la probabilité pour que, à l’instant , la particule soit trouvée dans le volume
autour du point ⃗. La probabilité totale de trouver la particule dans tout l’espace étant égale à 1, on doit
avoir :

∭| ⃗ |

Cette intégrale est finie (donc convergente), ⃗ est dite une fonction de carré sommable.

Ici, la valeur de l’intégrale vaut 1 : ⃗ est une fonction normée à l’unité.

Remarque :

Si ⃗ n’est pas normée à 1, telle que :

∭| ⃗ |


où N est une quantité finie, il suffit alors de définir la fonction ⃗ pour disposer d’une fonc-

tion normée à l’unité.

Alors, l’onde associée à une particule matérielle est représentée par une fonction de carré sommable,
c'est-à-dire pour laquelle l’intégrale ci-dessus converge.

Dans ce chapitre, nous allons étudier ce type de fonction et introduire de nouvelles notions.

I. Espace des fonctions d’onde

1. Généralités

L’ensemble des fonctions de carré sommable possède la structure d’un espace vectoriel dénoté . Il est
facile de montrer que satisfait toutes les propriétés d’un espace vectoriel.

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Si ⃗ et ⃗  alors :

⃗ ⃗ 

étant deux nombres complexes.

L’espace est muni d’un produit scalaire :

A tout couple de deux éléments de ⃗ , et ⃗ , pris dans cet ordre correspond un nombre
complexe, noté ( et appelé produit scalaire de par . Ce nombre vaut par définition :

∭ ⃗ ⃗

Où est l’expression conjuguée de .

Ce nombre possède les propriétés suivantes :

 Linéarité à droite : (

 Antilinéarité à gauche :

 Symétrie hermitique : ( =

Si , on dit que ⃗ et ⃗ sont orthogonales.

∭| | est un nombre réel, positif, qui est nul si et seulement si ⃗ .

√ s’appelle la norme de ⃗ .

2. Bases orthonormées dans

a) Base discrète

Soit un ensemble dénombrable de fonctions ⃗ de repérées par un indice entier .


Cet ensemble est dit discontinu ou discret et le note { ⃗ }.

 { ⃗ } est orthonormal si : ∭ ⃗ ⃗

est le symbole de Kronecker, égal à 1 si et à 0 si

 { ⃗ } constitue une base si toute fonction ⃗ peut se développer sur les ⃗ de manière
unique, soit :

⃗ ∑ ⃗ ,

les sont des nombres complexes qui constituent les coordonnées (ou les composantes de ⃗ sur la
base de ⃗ . Il est évident que :

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∭ ⃗ ⃗

 Remarque

On notera l’analogie avec une base orthonormée {⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗} de base ordinaire à trois dimensions.
Le fait que ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ et ⃗⃗⃗⃗ sont orthogonaux et unitaires peut en effet s’exprimer par : ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗
. Tout vecteur ⃗⃗ de se développe sur les ⃗⃗⃗ : ⃗⃗ ∑ ⃗⃗⃗ avec ⃗⃗⃗ ⃗⃗

Ce second point peut être exprimé par une relation, dite relation de fermeture, que l’on peut établir à
l’aide de la distribution de Dirac. se comporte comme une fonction presque partout nulle sur
sauf en x=0 où elle n’est pas définie en tant que fonction. peut être défini par les relations suivantes :

∫ et si

Que l’on peut généraliser à trois dimensions, soit :

∭ ⃗ ⃗ ⃗ ⃗ et ⃗ ⃗ si ⃗ ⃗

est donc une distribution qui fait correspondre à une fonction sa valeur en un point donné.

En adoptant ces relations, on peut écrire :

⃗ ∑ ⃗ ∑ ⃗ ∑ ∭ ⃗ ⃗ ⃗

=∭ ⃗ ∑ ⃗ ⃗ ∭ ⃗ ⃗ ⃗

Ceci montre que la fonction ⃗ ⃗ s’identifie à la fonction de Dirac ⃗ ⃗ ( est une fonction paire)
soit : ⃗ ⃗ ⃗ ⃗ donc ∑ ⃗ ⃗ ⃗ ⃗

Ainsi, un ensemble { ⃗ } forme une base orthonormée de si les deux relations suivantes sont satis-
faites :

c’est la relation d’Orthonormalisation (en abrégé : R. O.)

∑ ⃗ ⃗ ⃗ ⃗ c’est la relation de Fermeture (en abrégé : R. F.).

Notons que le produit scalaire de par s’écrit :

avec ⃗ ∑ ⃗ et ⃗ ∑ ⃗

∑ ∑ ∭ ⃗ ⃗ ∑ ∑ ( ) ∑ ∑

Soit ∑

En particulier ∑ ∑| | si ⃗ est normée à l’unité.

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b) Base continue

Plus généralement, on peut choisir un ensemble continu de fonction ⃗ où est un indice continu
parcourant . { ⃗ } est base orthonormée si

( ∭ ⃗ ⃗

∫ ⃗ ⃗ = ⃗ ⃗ (l’intégrale sur peut être simple, double ou triple)

Cette dernière relation exprime que toute fonction ⃗ peut être développée sur les ⃗ :

⃗ ∫ ⃗ avec ∭ ⃗ ⃗

Le produit scalaire de par s’écrit dans ce cas :

∫ ∫ ∭ ⃗ ⃗

∫ ∫

Exemples :

⃗ ⃗
1) L’ensemble des fonctions d’onde plane ⃗ ⃗

2) L’ensemble des distributions de Dirac : ⃗ ⃗ ⃗ ⃗

On montre sans difficultés que chacun des ensembles forme une base orthonormée donc vérifie la R.O. et
la R.F. En conséquence, on peut écrire :

⃗ ⃗
1) { ⃗ ⃗ } ⃗ ∭ ⃗ ⃗ ⃗ ∭ ⃗ (

⃗ ⃗
Avec ⃗ ( ⃗ ) ∭ ⃗ ⃗ ⃗ ∭ ⃗ (

L’intégrale ( est dite transformée de Fourier direct de ⃗ , soit : ⃗ ⃗

L’intégrale ( est dite transformée de Fourier inverse de ⃗ , soit : ⃗ ̅̅̅̅ ⃗ 

On dit que ⃗ et ⃗ sont transformée de Fourier ( ) l’une de l’autre.

2) { ⃗ ⃗ } ⃗ ∭ ⃗ ⃗ ⃗ ∭ ⃗ ⃗ ⃗

Avec ⃗ ( ⃗ ) ∭ ⃗ ⃗ ⃗ ⃗

On voit donc sur ce dernier exemple que les composantes ⃗ de ⃗ s’identifient toutes à la valeur de
la fonction au point ⃗ .

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Terminons ce paragraphe en résumant les principaux résultats :

Base discrète { ⃗ } Base continue { ⃗ }

Relation
(
d’Orthonormalisation (R.O)

Relation de Fermeture ∑ ⃗ ⃗ ⃗ ⃗ ∫ ⃗ ⃗ = ⃗ ⃗
(R.F)

Décomposition ⃗ ∑ ⃗ ⃗ ∫ ⃗

Composantes ∭ ⃗ ⃗ ∭ ⃗ ⃗

Produit scalaire ∑ ∫

Carré de la norme ∑| | ∫| |

II. Notation de Dirac. Vecteur-Ket. Vecteur-Bra.

1. Représentation et notion de ket

Quand on choisit une base pour décomposer une fonction ⃗ appartenant à , on dit que l’on choisit
une représentation. Nous avons vu que la fonction d'onde ⃗ associée à une particule peut aussi bien
être représentée par :

 ses "coordonnées" sur la base discrète { ⃗ } Représentation discrète : ;


 ses "coordonnées" ⃗ sur la base continue { ⃗ ⃗ } Représentation position: ⃗ ;
 ses "coordonnées" ⃗ sur la base continue { ⃗ ⃗ } Représentation impulsion ⃗ .

A noter que les représentations ⃗ et ⃗ sont connectées par transformation de Fourier.

Remarque :

Cette situation est analogue à celle que l’on connaît bien pour l’espace ordinaire de : la posi-
tion d’un point dans l’espace peut être repérée par un ensemble de trois nombres ; qui sont ses
coordonées par rapport à un système d’axes défini à l’l’avance ; si l’on change de repère, au même
point correspondra un autre ensemble de coordonnées.

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Les coordonnées , ⃗ et ⃗ sont donc des descriptions équivalentes dans des représentations
différentes d'un même être mathématique à savoir la fonction d'onde. On peut considérer que , ⃗
et ⃗ sont les composantes dans trois bases différentes d'un même vecteur appartenant à un espace
abstrait , (espace vectoriel de Hilbert).

Tout état quantique d'une particule est caractérisé par un vecteur d'état appartenant à l'espace vectoriel 
que nous appelons espace des états du système.

En réalité, l’introduction des vecteurs d’état et de l’espace des états n’apporte pas seulement une simplifi-
cation du formalisme. Elle permet aussi sa généralisation.

En mécanique quantique, on utilise la notation | ⟩pour écrire un vecteur de l'espace des états et selon
Dirac, le vecteur | ⟩est appelé un vecteur-ket ou tout simplement un ket (ici ket "psi").

De ce point de vue, la fonction ⃗ elle-même n’est qu’une composante de | ⟩dans une représentation
appelée représentation de Schrödinger (en notant ⃗ au lieu de ⃗ ). La mécanique quantique formulée dans
cette représentation constitue la mécanique quantique de Schrödinger ou mécanique ondulatoire.

Une représentation étant choisie, le ket | ⟩appartenant à s'écrit sous forme d'une matrice à une colonne
:

[i] [⃗ ] ⃗

⃗ ⃗
| ⟩ | ⟩ ⃗ | ⟩ ⃗

( ) ( ) ( )

2. Produit scalaire et notion du vecteur bra

Dans l'espace , on définit le produit scalaire, | ⟩, | ⟩du ket | ⟩par le ket| ⟩et selon Dirac ce pro-
duit s'écrit : ⟨ | ⟩où la notation ⟨ |désigne un vecteur appartenant à un autre espace vectoriel noté

 (dual de ). ⟨ |est appelé vecteur bra ou tout simplement bra (ici bra "fi"). A tout ket on fait corres-
pondre un bra; ce dernier est caractérisé, dans une représentation donnée, par une matrice à une ligne dont
les éléments sont complexes conjugués des composantes du ket associé :

[i] [⃗ ] ⃗

⟨ | ; ⃗ (⃗ ) ;( ⃗ (⃗ )

Entre les bras et les kets, on a la correspondance :

| ⟩ ⟨ |

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| ⟩ | ⟩ ⟨ | ⟨ |

| ⟩ | ⟩ | ⟩ ⟨ | ⟨ | ⟨ |

où et sont des nombres complexes.

Effectuons le produit au sens matriciel d'un bra ⟨ | par un ket | ⟩, par exemple dans la représentation [i]
où ⟨ | est représenté par ses composantes et | ⟩ par ses composantes :

⟨ | ⟩ ∑

( )

Ce produit s'identifie donc au produit scalaire des fonctions d'onde ⃗ par ⃗ ; soit :

⟨ | ⟩ ∭ ⃗ ⃗

Ce qui justifie que l'on peut transporter toutes les propriétés obtenues pour le produit scalaire des fonc-
tions d'onde au produit matriciel d'un bra par un ket à savoir : linéarité à droite pour le ket, antilinéarité à
gauche pour le bra et la symétrie hermitique; cette dernière s’écrit donc :

⟨ | ⟩ ⟨ | ⟩

La notation ⟨ | ⟩peut donc s'interpréter comme :

 le produit scalaire dans l'espace des fonctions d'onde ⃗ et ⃗ soit : ;


 le produit scalaire du ket | ⟩par le ket | ⟩soit: | ⟩ | ⟩ ;
 le produit matriciel du bra ⟨ |par le ket | ⟩soit : ⟨ | ⟩.

Le symbole ⟨ | ⟩s'appelle "braket" (crochet) d'où l'origine de l'appellation bra pour la partie gauche
⟨ | et ket pour la partie droite | ⟩du symbole.

Avec ces considérations on a donc :

 ⟨ | ⟩pour le cas discret et  ⟨ | ⟩pour le cas continu.

Ainsi (ou s'interprète comme le produit matriciel du bra ⟨ | (ou du bra ⟨ |) par le ket | ⟩.

Si l'on définit une base discrète {| ⟩ } constituée par une suite discrète de kets | ⟩, un vecteur | ⟩ s'écrit
:

| ⟩ ∑ | ⟩

Et, pour la base continue { | ⟩}, on aura :

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| ⟩ ∫ | ⟩

Dans les exemples précédents des deux bases continues, position et impulsion, on adopte, pour des rai-
sons de simplification d'écriture, la notation :

| ⃗ ⟩ |⃗ ⟩ et | ⃗ ⟩ |⃗ ⟩

Le développement d'un ket | ⟩ s'écrit donc :

 dans la base position { | ⃗ ⟩} : | ⟩ ∭ ⃗ |⃗ ⟩ avec ⃗ ⟨⃗ | ⟩

 dans la base impulsion { | ⃗ ⟩} : | ⟩ ∭ ⃗ |⃗ ⟩ avec ⃗ ⟨⃗ | ⟩

De ce point de vue, la fonction ⃗ elle même s'écrit ⟨ ⃗| ⟩ et peut s'interpréter ainsi :

 ⃗ est une composante de | ⟩dans la représentation position [ ⃗], appelée aussi représentation
de Schrödinger;
 ou la projection du vecteur | ⟩ sur le vecteur | ⃗⟩ de la base { ⃗};
 ou encore l'écriture du vecteur ket | ⟩dans la représentation de Schrödinger.

III. Opérateurs – Commutateurs

1. Définitions et propriétés

Un opérateur est un être mathématique qui a tout ket | ⟩ appartement à  fait correspondre un autre ket
| ⟩ appartenant à . C’est donc une application de  dans  :

| ⟩ | ⟩ = | ⟩.

 A est un opérateur linéaire si :

| ⟩+ | ⟩ | ⟩+ | ⟩; et sont des complexes.

 Somme : | ⟩ | ⟩ | ⟩

 Produit : | ⟩ | ⟩

 Autres propriétés :

; ;

On conçoit donc que l'action du produit sur | ⟩ ne donne pas en général le même résultat que l'action du
produit sur | ⟩. C'est pourquoi on définit le commutateur de et que le note et est égal à :
.

Si , donc ; on dit que et commutent.

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Il est facile d’établir les propriétés suivantes :

(Identité de Jacobi)

De même, on peut démontrer par récurrence la relation suivante :

∑ avec

Qui s’écrit, si commutent avec c’est-à-dire si :

avec

2. Représentation d’un opérateur

Etant donné une base, un opérateur est représenté par une matrice carrée dont les éléments sont :

 ⟨ | | ⟩ dans le cas discret : {| ⟩}


 ⟨ | | ⟩ dans le cas continu : {| ⟩}

et indices ligne; et indices colonne.

On voit donc que les éléments de la jème colonne de la matrice représentant est constitué par les compo-
santes dans la base {| ⟩} du transformé | ⟩ du ket de base | ⟩.

Soient | ⟩ et | ⟩ deux kets appartenant à , le nombre complexe ⟨ | | ⟩ est appelé élément de matrice
de entre | ⟩ et | ⟩.

En posant | ⟩ ∑ | ⟩ et | ⟩ ∑ | ⟩, cet élément peut s’écrire :

⟨ | | ⟩ ∑∑ ⟨ | | ⟩ ∑∑

De même dans le cas continu, on aura :

⟨ | | ⟩ ∬

⟨ | | ⟩ est donc un nombre que l’on obtient en multipliant dans l’ordre la matrice colonne représentant
le ket | ⟩ par la matrice carrée représentant l’opérateur et ensuite par la matrice ligne représentant le
bra ⟨ |.

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3. Opérateur adjoint de A

Soit un opérateur linéaire agissant sur les éléments de , on désigne par A l'opérateur adjoint de A défi-
ni par :

⟨ | | ⟩ ⟨ | | ⟩ | ⟩ et | ⟩ 

Dans une base, la matrice représentant est donc la transposée conjuguée de la matrice représentant
dans cette base. Par exemple dans {| ⟩} :

⟨ | | ⟩ ⟨ | | ⟩ =

Si | ⟩ | ⟩ === ⟨ |=⟨ | .

En effet quel que soit | ⟩ appartenant à on a :

⟨ | ⟩ ⟨ | ⟩ ⟨ | | ⟩ ⟨ | | ⟩ === ⟨ |=⟨ | .

On peut établir sans difficultés les propriétés suivantes :

; ; et .

Avec la notion de , on peut établir l’adjoint d’une expression quelconque contenant tous les symboles
utilisés en notation de Dirac. Pour cela, il suffit de remplacer :

Le ket par le bra associé,


Le bra par le ket associé,
L’opérateur par son opérateur adjoint,
Le nombre complexe par le nombre complexe conjugué

Et inverser l’ordre d’écriture de ces symboles (la place des nombres n’a pas d’importance).

4. Opérateur inverse. Opérateur unitaire

est un opérateur inverse de si :

où est l’opérateur identité ; (opérateur qui ne modifie pas le ket auquel on


l’applique : | ⟩ | ⟩).

Dans ces conditions, si | ⟩ | ⟩ alors | ⟩ | ⟩

(puisque | ⟩ | ⟩ | ⟩ | ⟩).

est un opérateur unitaire si :

c’est-à-dire si son adjoint coïncide avec son inverse.

Un tel opérateur ne modifie pas le bra-ket, donc la norme d’un ket.

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5. Opérateur hermitique

Un opérateur est dit hermitiuqe s’il est identique à son adjoint, soit ou encore :

⟨ | | ⟩ ⟨ | | ⟩ | ⟩ et | ⟩ 

Exemple : l’opérateur projecteur | ⟩⟨ |.

Remarque :

 Une combinaison linéaire à coefficients réels d’opérateurs hermitiques est hermitique. En effet :

si et sont hermitiques et et sont réels.

 Le produit de deux opérateurs hermitiques n’est hermitique que si ces opérateurs commutent. En
effet : qui n’est égal à que si .

6. Fonction d’un opérateur

Soit une fonction indéfiniment dérivable. La série de Taylor associée à s’écrit :

∑ où (=Coefficients de la série)

Soit un opérateur linéaire quelconque. L’opérateur est défini que :

est l’opérateur qui correspond à applications successives de l’opérateur .

Par exemple, l’opérateur est défini par :

Il est évident que si est hermitique, est hermitique.

Par ailleurs, on a :


 mais (formule de Glauber)

IV. R.O. et R.F. en notation de Dirac

1. Ecriture des relations

Relations d’orthonormalisation

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Sachant que le braket s’identifie au produit scalaire des fonctions associées, on aura donc :

 Pour un ensemble discret {| ⟩} est orthonormé si : ⟨ | ⟩ .

 Pour un ensemble continu {| ⟩} est orthonormé si : ⟨ | ⟩ .

Relations de fermeture

Cas discret : {| ⟩} est base | ⟩ ∑ | ⟩ avec ⟨ | ⟩

| ⟩ ∑ ⟨ | ⟩| ⟩ ∑ | ⟩⟨ | ⟩ par conséquent :

∑ | ⟩⟨ | (Opérateur identité).

Cas continu, {| ⟩} constitue une base,

| ⟩ ∫ | ⟩ ∫ ⟨ | ⟩| ⟩ ∫ | ⟩⟨ | ⟩

Soit ∫ | ⟩⟨ | (l’intégrale peut être simple, double ou triple)

Ces relations, dites de fermeture, expriment donc que la somme des opérateurs projecteurs sur l’espace
des états (engendré par les | ⟩ ou/et les | ⟩) est égale à l’opérateur identité, qui ne modifie pas le ket
auquel on l’applique.

Remarque :

il faut savoir que ces relations ne sont que des traductions de celles établies précédemment dans . Ainsi,
les relations établies dans peuvent être obtenues à partir de celles de et vice versa.

2. Exemples des bases position et impulsion

Les ensembles {| ⃗⟩} et {| ⃗⟩} constituent des bases orthonormées, donc satisfont à la R.O. et la R.F., soit :

⟨ ⃗| ⃗ ⟩ ⃗ ⃗ et ∭ | ⃗⟩⟨ ⃗|
⟨ ⃗| ⃗ ⟩ ⃗ ⃗ et ∭ | ⃗⟩⟨ ⃗|

La décomposition d’un vecteur ket | ⟩ sur la base position {| ⃗⟩} s’écrit :

| ⟩ | ⟩ ∭ | ⃗⟩⟨ ⃗| ⟩
Avec ⟨ ⃗| ⟩ ⃗ ∭ ⃗ ⃗ ⃗ ⃗

Ainsi, il devient clair que la fonction d’onde ⃗ n’est autre que :

 La composante du vecteur ket | ⟩ dans la base {| ⃗⟩} ;


 Ou tout simplement la projection du vecteur | ⟩ sur le vecteur | ⃗⟩ de la base {| ⃗⟩} ;
 Ou encore, l’écriture du vecteur | ⟩ dans la représentation position ⃗ .

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Il en est de même pour ⃗ ⟨ ⃗| ⟩ qui traduit la projection du vecteur | ⟩ sur le vecteur de la base
impulsion {| ⃗⟩} . A rappeler que : ⃗ ⃗

Les composantes du ket | ⃗⟩ dans la base position d’écrivent :

⟨ ⃗| ⃗⟩ ⃗ ⃗
( ⃗ ⃗) ∭ ⃗ ⃗

⃗⃗

⟨ ⃗| ⃗⟩ ⟨ ⃗| ⃗⟩

Ce nombre permet de passer d’une base à l’autre, en effet :

⟨ ⃗| ⟩ ⟨ ⃗| | ⟩ ⟨ ⃗| ⃗⟩ ⟨ ⃗| ⟩ ⃗ ⃗
∭ soit ⃗ ∭ ⃗

Inversement :

⟨ ⃗| ⟩ ⟨ ⃗| | ⟩ ⟨ ⃗| ⃗⟩ ⟨ ⃗| ⟩ ⃗ ⃗
∭ soit ⃗ ∭ ⃗

3. Opérateurs ⃗⃗⃗ et ⃗⃗⃗

Les opérateurs positions et impulsions sont définis respectivement dans les représenta-
tions {| ⃗⟩} et {| ⃗⟩} par :

⟨ ⃗| | ⟩ ⟨ ⃗| ⟩ ⟨ ⃗| | ⟩ ⟨ ⃗| ⟩
⟨ ⃗| | ⟩ ⟨ ⃗| ⟩ et ⟨ ⃗| | ⟩ ⟨ ⃗| ⟩
⟨ ⃗| | ⟩ ⟨ ⃗| ⟩ ⟨ ⃗| | ⟩ ⟨ ⃗| ⟩

sont considérés comme « composantes » d’un « opérateur vectoriel » position noté ⃗⃗ et il en est de
même pour les composantes ( ) de l’ « opérateur vectoriel » impulsion, noté ⃗⃗.

En représentation ⃗ , la manipulation des opérateurs est simple. Par exemple l’élément de matrice
⟨ | | ⟩ s’écrit en introduisant la R.F. entre ⟨ | et :

⟨ | | ⟩ ⟨ | | ⟩ ∭ ⟨ | ⃗⟩ ⟨ ⃗| | ⟩ ∭ ⃗ ⃗

De même, l’élément de matrice pour s’écrit :

⟨ | | ⟩ ∭ ⟨ | ⃗⟩ ⟨ ⃗| | ⟩ ∭ ⃗ ⟨ ⃗| | ⟩

On peut montrer que : (en utilisant les formules des transformations de Fourier)

⟨ ⃗| | ⟩ ⃗ qui traduit l’action de l’opérateur en représentation ⃗ .

Il en est de même pour et de telle sorte qu’on peut écrire :

⟨ ⃗| ⃗⃗| ⟩ ⃗ ⃗

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Ainsi, en représentation position l’opérateur ⃗⃗ coïncide avec l’opérateur différentiel appliqué aux
fonctions d’onde ⃗ .

Des relations précédentes, on peut facilement déduire que :

et de façon générale :

[ ] alors que [ ] [ ]

Avec et , , .

A noter que ces commutateurs ne dépendent pas de la représentation puisqu’on a le même résultat quel
que soit la représentation.

V. Vecteurs propres et valeurs propres d’un opérateur

1. Définitions

Soit un opérateur et | ⟩ un ket. Nous dirons que | ⟩ est vecteur propre de si la transformée de | ⟩
par action de est un vecteur proportionnel à | ⟩; soit :

| ⟩ | ⟩ ( étant un nombre à priori complexe).

On dit alors que est une valeur propre de et | ⟩ vecteur propre associé à cette valeur propre . L'équa-
tion | ⟩ | ⟩ est appelée équation aux valeurs propres de et l'ensemble des valeurs propres consti-
tue ce que l'on convient d'appeler le spectre de l'opérateur ; il peut être soit discret, soit continu, soit en
partie discret et en partie continu.

Afin de distinguer entre les diverses vecteurs propres de , on utilise un indice n qui affecte aussi les va-
leurs propres correspondant et l'équation aux valeurs propres se note:

| ⟩ | ⟩

Si à une valeur propre donnée , correspond un seul ket propre (à un coefficient de proportionnalité
près), est dite une valeur propre simple. Si par contre un nombre supérieur à 1 de kets propres li-
néairement indépendants (c'est à dire dont aucun ne peut être écrit sous forme d'une combinaison linéaire
des autres) sont associés à la valeur propre , on dira que est une valeur propre dégénérée, son ordre
de dégénérescence étant égal à . Dans ce cas on rajoute un autre indice, , pour distinguer entre les
différents vecteurs propres associés à la même valeur propre et l'équation s'écrit donc en général:

| ⟩ | ⟩

Notons enfin que dans ce cas, on pourra par combinaison linéaire des kets propres linéairement
indépendants engendrer tout un sous-espace vectoriel, de dimension , de kets qui sont tous kets propres
de pour la valeur propre . Ce sous-espace, noté n, est dit "sous-espace propre" associé à la valeur
propre .

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2. Recherche des valeurs propres et des vecteurs propres d’un opérateur

Soit {| ⟩} une base orthonormée dans  que nous supposerons de dimension finie

( ). Alors tout ket | ⟩ peut s'écrire :

| ⟩ ∑ | ⟩

Avec ⟨ | ⟩ et ∑ | ⟩ ⟨ | (relation de fermeture).

Dans cette base, l’opérateur est représenté par ses éléments de matrice :

⟨ | | ⟩ .

L’équation aux valeurs propres de s’écrit : | ⟩ | ⟩.

En la projetant sur les différents kets | ⟩ de la base, nous aurons :

⟨ | | ⟩ ⟨ | ⟩

Insérons la relation de fermeture entre et | ⟩ :

∑⟨ | | ⟩⟨ | ⟩

Soit ∑

Ou encore : ∑

Nous avons là un système de équations linéaires et homogènes, les inconnues étant les coordonnées ci
du vecteur propre | ⟩, en nombre égal au nombre d'équations. Ce système n'aura de solutions (en de-
hors de la solution triviale où tous les ci sont nuls) que si le déterminant des coefficients s'annule; soit :

( )

Les valeurs propres cherchées sont donc les diverses racines de l'équation en (dite "équation caractéris-
tique" ou encore "équation séculaire").

Conséquences :

 On peut obtenir des racines simples ou multiples.

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 Pour une valeur donnée de , on résout l'équation matricielle où est la ma-


trice représentant dans la base des | ⟩ et ( ) la matrice colonne dont les éléments sont les com-
posantes à déterminer.

 La matrice représentant dans la base des vecteurs propres de est une matrice diagonale dont
les éléments sont les valeurs propres: chaque valeur propre apparaît un nombre de fois égal à son
ordre de dégénérescence; d'où le nom de diagonalisation de l'opérateur donné à cette opération.

3. Observables- E.C.O.C.

a. Observable

soient et | ⟩ valeur et vecteur propres d’un opérateur . On dit que est une observable si :

i. est hermitique.

ii. L’ensemble des vecteurs propres | ⟩ de constituent une base orthonormée dans l’espace des
états.

La condition i. implique que les valeurs propres de sont réelles. La condition ii. Entraine que les
| ⟩ vérifient les relations d’orthonormalisation ( ⟨ | ⟩ ) et de fermeture (∑ | ⟩ ⟨ | ).

b. E.C.O.C (Ensemble Complet d’Observables qui Commutent)

Soient des observables, on dit qu’elles forment un Ensemble Complet d’Observables qui Com-
mutent (en abrégé E.C.O.C) si :

i. commutent deux à deux

ii. La donnée des valeurs propres de respectivement suffit de déterminer de ma-


nière unique (à un coefficient multiplicatif près) un vecteur propre commun aux observables.

La notion d'observable et celle d’E.C.O.C. sont très utiles en mécanique quantique. Comme on le verra
dans le prochain chapitre, c'est avec une observable qu'on représentera une grandeur physique mesurable.
Les E.C.O.C. permettent en particulier de connaitre l’état d’un système après avoir effectué une mesure
sur une grandeur associée à ce système.

4. Théorèmes fondamentaux

 Théorème 1 :

Deux kets propres d’un opérateur hermitique correspondant à deux valeurs propres différentes sont ortho-
gonaux.

 Théorème 2 :

Si deux opérateurs et commutent et si | ⟩ et | ⟩ est un ket propre de , alors | ⟩ est aussi ket
propre de associé à la même valeur propre.

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Chapitre III : Cadre mathématique de la mécanique quantique

 Théorème 3 :

Si deux observables et commutent et si | ⟩ et | ⟩ sont deux vecteurs propres de A de valeurs


propres différentes, alors l’élément de matrice ⟨ | | ⟩ est nul.

 Théorème 4 :

Soient et deux observables, si , alors il existe une base orthonormée de l’espace des états cons-
tituée par des kets propres communs à et .

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