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Chapitre 21 : Application linéaire

Dans tout ce chapitre, 𝕂 désigne ℝ l’ensemble des nombres réels ou ℂ l’ensemble


des nombres complexes ; (𝐸, +,∙), (𝐹,⊞,⊡) et (𝐺, ∇ ∗) désignent des 𝕂-espaces vectoriels
contenant chacun au moins deux vecteurs ; et 𝑓: 𝐸 → 𝐹 une application.

1. Définition et caractérisation
Déf : L’application 𝑓 est une application linéaire si elle vérifie :
∀(𝑥, 𝑦) ∈ 𝐸 2 , ∀(𝛼, 𝛽) ∈ 𝕂2 , 𝑓(𝛼 ∙ 𝑥 + 𝛽 ∙ 𝑦) = 𝛼 ⊡ 𝑓(𝑥) ⊞ 𝛽 ⊡ 𝑓(𝑦)

Voc : i. Dans ce cas, 𝑓 se nomme également un morphisme linéaire ou encore un morphisme


d’espace vectoriel ;
ii. Si 𝐹 = 𝐸, 𝑓 est un endomorphisme (linéaire) ;
iii. Si 𝑓 est bijectif, alors 𝑓 est un isomorphisme (linéaire) ;
iv. Si 𝐹 = 𝐸 et si 𝑓 est bijectif, alors 𝑓 est un automorphisme (linéaire).

Rmq : i. Une application linéaire est une application qui conserve les combinaisons linéaires ;
ii. Si 𝑓est une application linéaire alors 𝑓(0𝐸 ) = 0𝐹 .
iii. Si 𝑓 est linéaire et si 𝐴 est un sev de 𝐸 alors 𝑓|𝐴 est une application linéaire (sur 𝐴).

Not : i. L’ensemble des applications linéaires de 𝐸 dans 𝐹se note ℒ(𝐸, 𝐹) ;


ii. L’ensemble des endomorphismes linéaires sur 𝐸se note ℒ(𝐸).

Ex1 : Soit 𝜆 un scalaire. Montrer que l’application 𝑥 ⟼ 𝜆 ∙ 𝑥 de 𝐸 dans 𝐸 est linéaire.

Ex2 : Montrer que les applications suivantes sont linéaires :


𝑓: ℝ2 → ℝ3 𝑔:𝕂[𝑋] → 𝕂[𝑋]

(𝑥, 𝑦)⟼(𝑥; 𝑥 + 𝑦; 𝑥 − 2𝑦) 𝑃 ⟼𝑋𝑃 + 𝑃(0)

Ex3 : Montrer que les applications suivantes ne sont pas linéaires :


ℎ: ℝ2 → ℝ 𝑘: ℝ2 → ℝ
(𝑥, 𝑦)⟼𝑥 + 𝑦 + 1 (𝑥, 𝑦)⟼𝑥 2 + 𝑦 2

Voc : Une application de 𝐸 dans 𝕂 se nomme une forme linéaire.

Ex4 : Soit (𝑎, 𝑏) ∈ 𝕂2 . Montrer que les applications suivantes sont des formes linéaires :
𝜑:𝕂[𝑋] → 𝕂 𝜓:𝕂[𝑋] → 𝕂
𝑃 ⟼𝑃(0) 𝑃 ⟼𝑃′ (0)

2. Opérations sur les applications linéaires


Prop : i. ℒ(𝐸, 𝐹) est un sous-espace vectoriel de 𝐹 𝐸 , donc un 𝕂-espace vectoriel ;
ii. Si 𝑓: 𝐸 → 𝐹 et 𝑔: 𝐹 → 𝐺 sont des applications linéaires alors 𝑔 ∘ 𝑓 est linéaire ;
2
iii. Si (𝑓, 𝑓 ′ ) ∈ (ℒ(𝐸, 𝐹)) et si 𝑔 ∈ ℒ(𝐹, 𝐺) alors 𝑔 ∘ (𝑓 + 𝑓 ′ ) = (𝑔 ∘ 𝑓) + (𝑔 ∘ 𝑓 ′ ) ;
2
iv. Si 𝑓 ∈ ℒ(𝐸, 𝐹) et si (𝑔, 𝑔′ ) ∈ (ℒ(𝐹, 𝐺)) alors (𝑔 + 𝑔′ ) ∘ 𝑓 = (𝑔 ∘ 𝑓) + (𝑔′ ∘ 𝑓).

Rmq : Le premier point signifie plus simplement que toute combinaison linéaire d’applications
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linéaires est linéaire.


𝕂[𝑋] → 𝕂
{
Ex5 : En déduire que l’application ci-contre est une forme linéaire : 𝑃 ⟼ 2𝑃(0) − 𝑃′(1)

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Cor : i. (ℒ(𝐸), +,∘) est un anneau (en général non commutatif) avec 1ℒ(𝐸) = 𝐼𝑑𝐸
2
ii. Soit (𝑓, 𝑔) ∈ (ℒ(𝐸)) tel que 𝑓 et 𝑔 commutent. Alors :
𝑛
𝑛
(𝑓 + 𝑔) = ∑ ( ) 𝑓 𝑘 ∘ 𝑔𝑛−𝑘
𝑛
𝑘
𝑘=0
𝑛−1

𝑓 − 𝑔 = (𝑓 − 𝑔) ∘ ∑ 𝑓 𝑘 ∘ 𝑔𝑛−𝑘−1
𝑛 𝑛

𝑘=0

Rmq : i. Dans les formules précédentes, les puissances désignent des successions de compositions
ii. Il est essentiel que 𝑓 et 𝑔 communtent. En effet, (𝑎 + 𝑏)2 = 𝑎2 + 𝑎𝑏 + 𝑏𝑎 + 𝑏 2 et
(𝑎 + 𝑏)(𝑎 − 𝑏) = 𝑎2 − 𝑎𝑏 + 𝑎𝑏 + 𝑏 2 ne donne les formules annoncées que si 𝑎𝑏 = 𝑏𝑎, i.e.
si 𝑎 et 𝑏 commutent.

Ex6 : 1. Montrer que les applications ci-dessous sont des endomorphismes linéaires :
𝑆:𝕂[𝑋] → 𝕂[𝑋] 𝑇:𝕂[𝑋] → 𝕂[𝑋]
𝑃 ⟼ 𝑃′ 𝑃 ⟼ 𝑋𝑃
2. Déterminer les polynômes (𝑆 ∘ 𝑇)(𝑋) puis (𝑇 ∘ 𝑆)(𝑋).
3. Quelle en est la conséquence sur les endomorphismes 𝑆 et 𝑇 ?

3. Noyau et image d’une application linéaire


Thé : Soient 𝑓 ∈ ℒ(𝐸, 𝐹) et 𝐴 et 𝐵 deux sous-espaces vectoriels respectivement de 𝐸 et de 𝐹.
Alors l’image (directe) de 𝐴 par 𝑓, 𝑓(𝐴), est un sous-espace vectoriel de 𝐹
Et l’image réciproque de 𝐵 par 𝑓, 𝑓 −1 (𝐵), est un sous-espace vectoriel de 𝐸.

Cor : Soit 𝑓 ∈ ℒ(𝐸, 𝐹).


i. L’image de 𝑓, 𝐼𝑚 𝑓 = 𝑓(𝐸), est un sous-espace vectoriel de 𝐹 sur lequel on peut lire la
surjectivité, i.e. 𝑓 est surjective de 𝐸 sur 𝐹 ⟺ Im 𝑓 = 𝐹.
ii. Le noyau de 𝑓, 𝐾𝑒𝑟 𝑓 = 𝑓 −1 ({0𝐹 }), est un sous-espace vectoriel de 𝐸 sur lequel on peut
lire l’injectivité, i.e. 𝑓 est injective sur 𝐸 𝐹 ⟺ Ker 𝑓 = {0𝐸 }

Rmq : 𝐸 et 𝐹 étant des espaces vectoriels, alors (𝐸, +) et (𝐹,⊞) sont deux groupes et 𝑓 est un
morphisme de groupe, les définitions de noyau et d’image sur les groupes et sur les espaces
vectoriels coïncident alors.

Ex7 : 1. Démontrer que l’application 𝑓 ci-contre est linéaire : 𝑓∶ ℝ3 → ℝ2


2. En calculer son noyau. (𝑥, 𝑦, 𝑧)⟼(2𝑥 + 𝑦 − 𝑧, 𝑥 − 𝑦)
3. En déduire une information sur l’application 𝑓 .

Ex8 : Quelle est l’image de l’application linéaire 𝑔 suivante ?


𝑔 ∶ ℝ3 → ℝ3
(𝑥, 𝑦, 𝑧)⟼(𝑥 + 2𝑦 + 𝑧, 2𝑥 + 𝑦 − 𝑧, 𝑥 + 2𝑦 + 𝑧)

4. Isomorphisme
Déf : 𝐸 est isomorphe (comme 𝕂-ev) à 𝐹 s’il existe un isomorphisme linéaire de 𝐸 sur 𝐹.

Ex9 : Montrer que l’application 𝑓 ci-après est un isomorphisme linéaire :


𝑓: ℝ3 → ℝ2 [𝑋]
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⟼ 2
(𝑎, 𝑏, 𝑐) 𝑎𝑋 + 𝑏𝑋 + 𝑐

Rmq : Ainsi ℝ3 et ℝ2 [𝑋] sont isomorphes, 𝑖. 𝑒. identiques comme espaces vectoriels.


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La figure ci-après montre comment cet isomorphisme « géométrise » l’espace ℝ2 [𝑋] :

Not : L’ensemble des automorphismes linéaires sur 𝐸 se note 𝒢ℒ(𝐸). Il se nomme le groupe
linéaire.

Ex10 : Montrer que l’application 𝑔 ci-dessous est un 𝑔: ℝ2 → ℝ2


automorphisme linéaire : (𝑥, 𝑦)⟼(3𝑥 + 𝑦, 5𝑥 + 2𝑦)

Prop : i. Si 𝑓 est un isomorphisme linéaire, alors 𝑓 −1 est un isomorphisme linéaire de 𝐹 sur 𝐸 ;


ii. Si 𝑓: 𝐸 → 𝐹 et 𝑔: 𝐹 → 𝐺 sont des isomorphismes linéaires, alors 𝑔 ∘ 𝑓 est un isomorphisme
linéaire de 𝐸 sur 𝐺.

Cor : (𝒢ℒ(𝐸),∘) est un groupe, non commutatif en général.

Rmq : Plus précisément, 𝒢ℒ(𝐸) est l’ensemble des éléments inversibles de l’anneau (ℒ(𝐸), +,∘).

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