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ISSN: 2509-0119.
© 2021 International Journals of Sciences and High Technologies
http://ijpsat.ijsht-journals.org Vol. 30 No. 1 December 2021, pp.603-621
Résumé – Dans cet article on construit une base orthonormée de l’espace des fonctions continues sur un groupe compact
ultramétrique 𝑮 concret à valeurs dans un corps commutatif 𝕂 ultramétrique ℚ𝒑 ⊂ 𝕂 ⊂ ℂ𝒑 , que l’on notera 𝑪(𝑮 ; 𝕂).
Cette base orthonormée possède la « 𝒑𝒓𝒐𝒑𝒓𝒊é𝒕é 𝒕𝒓𝒊𝒂𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 », ce qui donne une généralisation du théorème de
𝒛
Mahler: La suite des polynômes est une base orthonormée de l’espace des fonctions continues sur le groupe
𝒏 𝒏 𝟎
compact des entiers p-adiques ℤ𝒑 à valeurs dans le corps 𝕂, noté 𝑪 ℤ𝒑 ; 𝕂 , où 𝕂 est une extension de ℚ𝒑 complet par
rapport à la valeur absolue prolongeant la valeur absolue 𝒑 − adique |. |𝒑 , avec 𝒑 ≠ 𝟐. Pour cela on introduit la notion de
« suite des coefficients triangulaires ». Ensuite on étudie la base orthonormée de 𝑪(𝑮 ; 𝕂), ayant « propriété triangulaire ».
Enfin on construit deux exemples concrets de bases orthonormées ayant la propriété précédente pour chacun des
espaces 𝑪 ℤ𝒑 ; 𝕂 et 𝑪(𝑮(𝜶) ; 𝕂).
Mots-clés – 𝒑 −adique, valuation, ultramétrique, non archimédien, suite des coefficients triangulaires, suite de fonctions
triangulaires dissociables, compact, complet, non dégénéré, ouvert et fermé.
I. INTRODUCTION
A. Notations
Comme notations dans cet article on désigne par ℚ ⊂ 𝒦 un corps commutatif quelconque de caractéristique 0 contenant le
corps des rationnels ℚ, par 𝕂 ⊃ ℚ une extension de ℚ complet par rapport à la valeur absolue |. | prolongeant la valeur
absolue 𝑝 − 𝑎𝑑𝑖𝑞𝑢𝑒 |. | , où 𝑝 est un nombre premier (𝑝 ≠ 2). Les ensembles ℕ, ℤ, ℚ, ℤ( ) = ℤ⁄𝑝ℤ, où 𝑝ℤ est l’ensemble des
multiples de 𝑝, ℝ désignent respectivement l’ensemble des entiers naturels ou nul, l’ensemble des nombres entiers, l’ensemble des
nombres rationnels, le corps résiduel des nombres congrus modulo 𝑝, le corps des nombres réels. De plus si 𝕂 est un corps
complet non archimédien, l’ensemble 𝐴 = {𝑧 ∈ 𝕂 ; |𝑧| ≤ 1} est appelé l’anneau de normalisation, ℑ = {𝑧 ∈ 𝕂 ; |𝑧| < 1} est un
idéal maximal de 𝐴 et est appelé l’idéal de normalisation, 𝕂 = 𝐴⁄ℑ est le corps résiduel de 𝕂. On désigne par [𝑥] la partie entière
du nombre réel 𝑥.
B. Le corps ℚ𝒑 et l'anneau ℤ𝒑 .
|𝑟| = 𝑝 ( )
- Si |𝑟 | < |𝑟 | , alors |𝑟 + 𝑟 | = |𝑟 | .
Comme 𝑣 (0) = +∞, ces trois propriétés montrent que |. | définit une norme sur l’ensemble des nombres rationnels ℚ . La
deuxième propriété est appelée l’inégalité triangulaire forte. Une norme vérifiant l’inégalité forte est dite norme non
archimédienne ou norme ultramétrique. Une norme vérifiant l’inégalité triangulaire habituelle est appelée norme archimédienne.
Deux normes ‖. ‖ et ‖. ‖ définies sur ℚ sont dites équivalentes, si pour tout 𝑟 ∈ ℚ on a ‖𝑟‖ = ( ‖𝑟‖ ) , où 𝑐 > 0. Toutes les
normes sur ℚ sont décrites par le théorème d’Ostrowsky. [4][7]
Théorème d’Ostrowsky.- [1, 2] Soit ‖. ‖ une norme sur ℚ non triviale (i.e. il existe au moins un élément 𝑥 ∈ ℚ∗ = ℚ\{0}, tel
que ‖𝑥‖ ≠ 1. Si ‖. ‖ est archimédienne il existe 𝜏 ∈ ]0, 1] tel que ‖𝑥‖ = |𝑥| . Dans le cas contraire il existe un nombre premier 𝑝
et un nombre 𝜏 > 0 tel que ‖𝑥‖ = |𝑥| .
b. Distance p-adique
L’ensemble ℚ muni de la distance associée à la norme 𝑝 −adique |. | est un espace métrique. Soit 𝑑 la distance ainsi
définie, elle est appelée distance 𝑝 − 𝑎𝑑𝑖𝑞𝑢𝑒, i.e.
𝑑 (𝑟 , 𝑟 ) = |𝑟 − 𝑟 |
- 𝑑 (𝑟 , 𝑟 ) = 𝑑 (𝑟 , 𝑟 )
- 𝑑 (𝑟 , 𝑟 ) ≤ max 𝑑 (𝑟 , 𝑟 ), 𝑑 (𝑟 , 𝑟 )
L’espace métrique ℚ, 𝑑 n’est pas complet [4,5,7]. La complétion de ℚ par rapport à cette métrique est appelée l’ensemble des
nombres 𝑝 −adiques et sera noté ℚ (première fois considéré par Hensel en 1907). [1][5][17]
𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟐.- Tout élément 𝑥 ∈ ℚ s’écrit d’une manière unique sous la forme
𝑥= 𝑎 .𝑝 , 𝑛 ∈ ℕ, 0 ≤ 𝑎 ≤ 𝑝 − 1
Remarquons d’abord que pour tout entier 𝑛 ∈ ℤ non divisible par 𝑝, |𝑛| = 1 et si 𝑛 est divisible par 𝑝, |𝑛| < 1. Ainsi quel que
soit 𝑛 ∈ ℤ, |𝑛| ≤ 1. On désigne par ℤ la fermeture de l’anneau des nombres entiers ℤ dans le corps des
nombres 𝑝 −adiques ℚ , ℤ est donc égal au disque 𝐷(0, 1] = 𝑧 ∈ ℚ ; |𝑧| ≤ 1 de centre 0 et de rayon 1. On démontre
que ℤ est compact, [5,6,7, 8, 17]. Le développement de Hensel de chaque élément de ℤ s’écrit donc sous la forme ∑ 𝑎 . 𝑝 ,
( )
avec 0 ≤ 𝑎 ≤ 𝑝 − 1 [4, 5]. De plus si une suite d’éléments de ℤ , {𝑥 } converge, avec 𝑥 = ∑ 𝑎 𝑝 , les coefficients se
( )
stabilisent, i.e. à partir d’un certain rang 𝑖 les coefficients 𝑎 sont constants. A noter que pour tout 𝑥 ∈ ℤ , lim ⟶ 𝑥
existe, cette fonction est appelée « la fonction 𝑠𝑖𝑔𝑛 𝑝 −adique » notée 𝑠𝑖𝑔𝑛 (𝑥) prenant 𝑝 valeurs différentes à savoir 0
et 𝑝 − 1 racines de l’unité [6, 7].
Le corps ℚ n’est autre que le corps des fractions de l’anneau ℤ [1][9][17].
- L’anneau ℤ a un unique idéal maximal 𝑝ℤ et le corps résiduel ℤ ⁄𝑝ℤ est le corps des 𝑝 éléments 𝐹 = ℤ⁄𝑝. ℤ. Dans ℚ les
autres disques de centre 0 sont :
𝑝 ℤ = 𝑧 ∈ℚ ; 𝑧 =𝑎 𝑝 +𝑎 𝑝 +⋯ , 𝑚 ∈ ℤ [4][5]
- Il y a 𝑝 − 1 nombres dans ℤ∗ qui jouent un rôle très important, les 𝑝 − 1 racines de l’unité. Pour chaque 𝑎 ∈ {1, 2, … , 𝑝 − 1}
il existe une unique racine de l’unité telle que le premier coefficient de développement est égal à 𝑎 . La représentation de cette
racine est appelée « représentation de Techmüller ». [5][7][10]
On désigne par ℚ la clôture algébrique du corps ℚ [1,4,5] de degré d’extension ℚ ∶ ℚ = +∞ on peut prolonger la
norme 𝑝 −adique dans Q p . La complétion de ℚ est notée ℂ [7][10][11].
L’espace des fonctions continues sur le groupe compact des entiers p-adiques ℤ noté 𝐶 ℤ ; 𝕂 , est un espace de Banach
ultramétrique. Un système de fonctions {𝑒 (𝑧)} de 𝐶 ℤ ; 𝕂 est dit base orthonormée si et seulement si pour toute
fonction 𝑓 ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 on a
Considérons l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 muni de la norme ‖. ‖ , c’est un espace de Banach ultramétrique. [6, 12]. Une suite de
fonctions (𝑒 (𝑧)) de l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 forme une base orthonormée [1, 4, 6, 7] de l’espace de banach 𝐶 ℤ ; 𝕂 si pour
tout 𝑓 ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 on a le développement 𝑓(𝑧) = ∑ 𝑓 . 𝑒 (𝑧) , 𝑓 ∈ 𝕂, lim → |𝑓 | = 0 et ‖𝑓(𝑧)‖ = sup{|𝑓 | ; 𝑛 ≥ 0}.
𝑧
Soit le polynôme d’interpolation de Newton
𝑛
𝑧 𝑧(𝑧 − 1)(𝑧 − 2) … (𝑧 − 𝑛 + 1)
= (1)
𝑛 𝑛!
que l’on peut considérer comme une fonction de l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 .
𝑧
D’après le théorème de Mahler [6, 7] le système forme une base orthonormée de l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 . Les
𝑛
coefficients de développement de toute fonction 𝑓 ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 dans cette base
𝑧
𝑓(𝑧) = 𝑓. (2)
𝑛
1 𝑧
Χ , (𝑧) = 𝜍 𝜍 −1 (4)
𝑝 𝑛
n n 1 n 1
1 k n , (5)
k k k 1
n n
1 (5’)
0 n
n n! n
Notons que lorsque 𝑐ℎ𝑎𝑟 𝐾 = 0, . De plus on pose 0 pour n k ou n 0 ou k 0 . Pour cette nouvelle
k
k !( n k )! k
définition la formule de Newton
n
n
X 1 .X k
n
(6)
k 0 k
𝛼+𝛽 𝛼 𝛽
=
𝑛 𝑖 𝑗
et l’on a :
𝛼
(1 + 𝑋) = 𝑋
𝑛
Les développements
𝑛
(𝑋 − 1) = (−1) 𝑋 (𝑛 ≥ 0) (8)
𝑚
𝑛
𝑋 = (𝑋 − 1) (𝑛 ≥ 0) (9)
𝑚
définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre
𝑛 𝑛
𝐶 = (−1) et 𝐷 = (10)
𝑚 , 𝑚 ,
Dans le cas, où ord , parallèlement avec les polynômes (12) on considère les polynômes d’interpolation de Gauss
( )
( ) 𝑃 (𝑋)
𝑄 (𝑋) = ( )
(𝑛 ≥ 0) (13)
𝑃 (𝜃 )
Dans [article 1, formule (10)] on a démontré la relation
𝑛 ( )
=𝑄 (𝜃 ) (14)
𝑚
et les développements
n k
n n k
P ( X ) (1)
n
( ) n k
. 2
X (15)
k 0 k
n
n
X n .Pk( ) ( X ) , (16)
k 0 k
par suite,
nm
n
(1) nm
2
m m
n
Qn( ) ( X ) X (n 0) (17)
m 0 Pn ( )
( ) n
n
n
X n .Pm( ) ( m ).Qm( ) ( X ) (n 0) (18)
m 0 m
Les relations (15) et (16) définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre
n
nm
n
C1( ) (1) nm et D1( )
2
, (19)
m m,n0 m
m , n 0
De même (17) et (18) définissent les deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre
nm
n
(1) n m 2
m n
S1( ) et T1( ) .Pm( ) ( m ) (20)
Pn ( )
( ) n m
m ,n 0
m ,n 0
Les développements
n
X 1 c ( ) (m, n).Pm( ) ( X ) ( n 0 )
n
(21)
m 0
n
Pn( ) ( X ) d ( ) (m, n).( X 1)m ( n 0 ) (22)
m 0
définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre
C2( ) c ( ) (m, n) m , n 0
et D2( ) d ( ) ( m, n) m ,n 0
. (23)
D m ( ) n 1
d ( ) ( m, n) Pn (1) 1 i (24)
m! J 0,1,,n 1 i 0
iJ
card J m
qui, sous la forme matricielle, s’écrit D2( ) D0 C1( ) . En passant à la matrice inverse on obtient C2( ) D1( ) C0 , d’où
n
n k
c ( ) (m, n) ( 1) nk . (26)
k m k m
Donnons une autre forme de l’expression (26), lorsque ord , en utilisant les relations (16), (17) et (8)
m i
m
(1) mi
2
n
n m
i ik
c ( ) ( m, n) (1) k . .
k m k i 0 Pm ( )
( ) m
m i
1 m
m
m
n
( )
(1)mi 2
1
i
(27)
Pm ( ) i 0 i
lim c ( ) ( m, n) 0 (28)
n
n1
n 1
D’après (24) on a d ( ) (m, n) max 1 i , J 0,1, , n 1 , card J m , or 1
nm
i
1 q nm , d’où le
iJ
i 0 i 0
iJ
résultat.
n
d ( ) ( m , n )
Qn( ) ( X ) ( )
( X 1)m (n 0) (30)
m 0 Pn ( n )
n
X 1 c ( ) (m, n) Pm( ) ( m ).Qm( ) ( X ) (n 0)
n
(31)
m 0
définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre.
d ( ) (m, n)
S2( ) ( ) n
et T2( ) c( ) (m, n).Pm( ) ( m ) m, n 0 (32)
Pn ( ) m,n0
définissant les deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre
C ( , ) c ( , ) (m, n) m ,n 0
et C ( , ) c ( , ) (m, n) m ,n 0
. (34)
On obtient la relation matricielle suivante à partir de (15), (16), (19) et (34) : D1( ) C1( ) C ( , ) , d’où la forme concrète des
coefficients c ( , ) ( m, n) est
n k
n n k
c ( , )
(m, n) (1) n k
2
, (35)
k m k m
en particulier
n k
n n k 1 Pn( ) ( ) Pn( ) (1) Pn( ) ( )
c ( , ) (1, n) (1)nk 2
n 1 (36)
k 0 k 1 1 1
n
w
Pn( ) ( X ) X w 1
.Prw(( n) ) ( X ) , (37)
n
w rw (n)
n
. , (38)
m m rw (m)
w
n n n
où est la partie entière de et n .w rw (n) , 0 rw (n) w , il résulte de (24) que d ( ) (m, n ) 0 si n (m 1).w .
w
w w
Considérons maintenant les deux paramètres 𝛼, 𝜍 ∈ 𝕂, tels que 1 , 1 , ord et ord w . Il est
évident que c ( , ) (m, n) 1 , c ( , ) (m, n) 1 . Démontrons les deux lemmes suivants :
Preuve :
Transformons l’expression (35), pour n k .w (0 w) en tenant compte des formules (14), (15) et (37)
n j
n n Pm( ) ( j )
c ( , ) ( m, n) (1) n j 2
( ) m
j o j Pm ( )
m i
m
(1) mi
2
i
m
Pn( ) ( i )
i 0 Pm( ) ( m )
m i
m
(1) m i
2
i
m
k
wi 1 .P( ) ( i ) .
i 0 Pm ( )
( ) m
k
Il suffit de démontrer, que lim w.i 1 0 . Or ceci résulte de l’inégalité w.i 1 w 1 1 . ∎
n
Preuve :
Pour l’expression (35) on peut obtenir une représentation indépendante de n à l’aide des coefficients hj ,
D i ( ) s
c ( , ) (m, n) hiws Pn [article 1] . Ainsi pour démontrer le lemme 2 il suffit de démontrer pour n ,
0iw s m
0 s w
i!
D i ( ) s n 1
i !
Pn
s j 0 , or ceci est analogue à la démonstration de (29) en tenant compte des inégalités
J 0,1,, n 1 j 0
jJ
card J i
max s , s j max , w 1 1 pour j s (mod w) . ∎
s j s
d. Relations matricielles
Pour ord les deux développements
n
c ( , ) ( m, n ) ( )
Qn( ) ( X ) ( )
Pm ( X ) (39)
m 0 Pn ( )
n
n
Pn( ) ( X ) c ( , ) (m, n).Pm( ) ( m ).Qm( ) ( X ) (40)
m 0
définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre.
c ( , ) (m, n)
S ( ; ) ( ) n
P ( )
et T ( , ) c ( , ) ( m, n ).Pm( ) ( m ) m ,n 0
, (41)
n m ,n 0
e. Exemples
k
Akn ,m k ( n m ) , Akn ,m k ,n . k ,m , Akn ,m . k ,( n m ) où i , j est le symbole de Kronecker,
n
n, m k n n, m m ( )
Akn ,m . , Ak .Pn m k ( ) ,
n,m n
k n k m k k n
n, m k n
Akn,m ( k n )( k m ) .
k n k m
Soit G ,* un groupe commutatif, compact dans la topologie définie par une distance ultramétrique. Une suite linéairement
indépendante un ( z) n0 de fonctions continues, appartenant à 𝐶(𝐺 ; 𝕂) est dite « suite triangulaire dissociable » par rapport
Notons que la famille de fonctions un ( z1 ).um ( z2 ) m ,n0 est linéairement indépendante dans 𝐶(𝐺 × 𝐺; 𝕂).
Si « * », la suite est dite « suite additive triangulaire issociable », et si « * » la suite est dite « suite multiplicative
triangulaire dissociable ».
𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟑 − Soient données deux suites de fonctions continues en ( z ) n0 et un ( z) n0 telles que
n
un ( z ) tm ,n .em ( z ) (n 0) , (44)
m 0
où T tm,n m ,n0 est triangulaire supérieure et triangulaire dissociable par rapport à mk ,n . Dans ce cas est
triangulaire dissociable par rapport à B Bkm,n , si et seulement si,
min n m , i , j
k max m ,n
Akn ,m tk t
i j
t Bi , j
ni mj . (45)
Preuve :
Par définition on a
n ,m k
u z1 * z 2 tk .ek ( z1 * z 2 ) tk Akn ,m en ( z1 ).em ( z2 )
k 0 k 0 n m k
min( ,nm )
n ,m 0 k max( n ,m )
Akn ,mtk en ( z1 ).em ( z 2 ) . (46)
De l’autre côté
i , j i , j
i
j
B u ( z1 ).u ( z2 )
i, j
i B t i, j
e ( z1 ) . t mj .em ( z 2 )
ni n
i j i j n 0 m 0
i , j
t ni .tmj .Bi , j .en ( z1 ).em ( z2 ) (47)
n ,m 0 i j
En comparant (46) et (47), et en remarquant que en ( z1 ).em ( z 2 ) n ,m0 est linéairement indépendante, on obtient le résultat (45). ∎
Si la matrice T est non dégénérée, d’inverse S sm ,n m,n0 , la relation (45) est équivalente à la relation duale
min n m , i , j
k max m , n
Bkn ,m sk s
i j
s Ai , j
ni mj . (48)
Etudions les fonctions continues sur le groupe additif ℤ .Le groupe additif ℤ est compact, une base orthonormée standard
z
dans 𝐶 ℤ ; 𝕂 , d’après le théorème de Mahler, est la suite des polynômes binomiaux 0 [4,6,7]. Dans ce cas pour
n n 0
z
toute fonction 𝑓 ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 les coefficients de 𝑓 dans le développement f ( z ) f n . sont donnés par :
n 0 n
n
n
f n ( 1) ni f (i ) (n 0) (49)
i 0 i
z z n z z
La relation connue 1 2 1 . 2 [8] signifie que 0 est une suite additive triangulaire dissociable par rapport au
n i 0 i n i
système triangulaire A k ,nm n,m ,k 0 .
k
au système triangulaire A . k ,( n m ) .
n
n ,m , k 0
- Soit 𝛽 ∈ 𝕂 un scalaire fixé vérifiant 1 1 et ord . On définit une fonction puissance z sur Z p par le
développement
z
z 1
n
(50)
n 0 n
triangulaire A k ,n . k ,m n,m ,k 0
-
Soit ,1 ( z 1) n n 0
, un calcul facile montre que
i , j n
i, j
n i j
. 1 . 1
z1 z2
1 z1 z2
(51)
i j n n
n, m
ce qui signifie que ,1 est une suite additive triangulaire décomposable par rapport à A .
k n ,m ,k 0
z
- Introduisons une suite de fonctions continues sur ℤ en la définissant par le développement
n
n 0
z z
c (n, m). ,
( )
(52)
n
m n m
z z
d (n, m). ,
( )
(53)
n m n m
z k
k k
c ( ) ( n, m ) . (54)
n z k
m n m n
z k z
Ceci signifie que la fonction interpole le coefficient de Gauss comme la fonction interpole le coefficient
n n n
k
binomial .
n
z
Démontrons un analogue du théorème de Mahler pour la suite .
n
n 0
z
Analogue du théorème de Mahler - La suite forme une base orthonormée de l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 et telle que les
n
n 0
coefficients du développement
z
f ( z ) f n( ) . (55)
n 0 n
Preuve :
z
Soit f ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 de (52) et du développement de f dans 0 il résulte (54) et
n n 0
n
f n( ) d ( ) (i, n). fi (n 0) . (57)
i 0
n
sup f n
( )
; n 0 sup d ( ) (i, n) fi , n 0 sup f n ; n 0 f
i 0
sup
z
Ainsi est une base orthonormée de 𝐶 ℤ ; 𝕂 .
n
n 0
n n n k i
nk
n i
f n( ) d ( ) (i, n). f i ( 1) nk 2 . ( 1)i m . f ( m)
i 0 i 0 k i k i m 0 m
n n n k
n k
k i
(1) 2 . ( 1)i m . . f ( m)
nk
m 0 k m k
i m i m
n n
nk nm
n n n
(1) nk 2 . k ,m . f (m) (1) nm 2 f (m ) . ∎
m 0 k m k m
m0
Donnons quelques exemples de développement de fonction continue sur ℤ dans cette base .
n
n z
nz Pm( ) ( m ). , (58)
m 0 m m
n
- Pour la fonction z 1 on a le développement
n
z
1 c ( ) (m, n).Pm( ) ( m ).
n
z
(59)
m 0 m
p 1 tj ( ) j z
s
1
t ,s ( z )
ps
s .Pn s . n , (60)
n 0 j 0
En appliquant les matrices inverses on obtient les développements suivants dual respectif de (58) et (59)
n m
n
(1) nm . 2
z n
m mz
. , exprimé à l’aide de la matrice S1( )
n m 0 Pn ( )
( ) n
z n
d ( ) (m, n) z
n
P ( )
( n
)
.( 1) m , exprimé à l’aide de la matrice S 2( )
m 0 n
z z z i , j n
i, j z z
Notons que Qn( ) z et que 1 2 . 1 . 2 , c'est-à-dire est une suite additive triangulaire
n n i j n n i j
i, j
décomposable par rapport au système triangulaire A .
n
n ,i , j 0
Soit 𝛼 ∈ 𝕂 , 1 , ord , ord w 𝑝 ne divise pas w) , (ici désigne la classe de dans le corps
résiduel 𝕂) autrement dit w est le plus petit entier naturel, tel que w 1 1 . On désigne par G( ) la fermeture du semi groupe
n
; n 0 dans l’espace ultramétrique 𝕂. G( ) est aussi un espace ultramétrique. On a démontré dans [4][7][12][15], que
G( ) est un groupe compact. Une base orthonormée standard de l’espace 𝐶(𝐺(𝛼) ; 𝕂) est la suite de fonctions continues
Qn( ) n0
[8][13]. Les coefficients du développement f ( z ) f n( ) .Qn( ) ( z ) sont donnés par la formule :
n 0
n i
n n
f n( ) (1) ni 2
f ( ) .
i
(61)
i 0 i
n, m
c'est-à-dire est une suite multiplicative triangulaire dissociable par rapport à A
k
.
n , m , k 0
Donnons quelques exemples de développement dans cette base et montrons que ces suites sont des suites multiplicatives
triangulaires dissociables.
z1 z2
n
z1n .z2n signifie que 0 est une suite de fonctions multiplicative triangulaire décomposable par rapport à A n,i . m , j .
- La formule (31) donne le développement de 1 z 1
n
n 0
dans la base , à l’aide de la matrice T2( ) . 1 est une suite
n, m
multiplicative triangulaire décomposable par rapport à A
k .
n ,m ,k 0
n, m
est une suite multiplicative triangulaire décomposable par rapport à A , c'est-à-dire :
k n ,m ,k 0
n ,m k
n, m ( )
Pk( ) ( z1 z2 )
( )
Pn ( z1 ).Pm ( z2 ) k 0 (63)
n m k k
Preuve :
Si ord , on l’a démontrée dans [13]. Supposons que ord w . Pour k w , n, m w cette relation a été
démontré dans [13]. Pour démontrer cette formule dans le cas général on a besoin du lemme suivant :
n, m i, j s, t
k . r (64)
n, m
Preuve du Lemme 4 : D’après le lemme3 [13] et la définition de on a :
k
n, m ( k n )( k m ) k n
k
n k m
w r iw s
( i ).w r s . ( j ).w r t
iw s ( j ) w r t
r s . r t r i s i , j s, t
. . . .
i s j r t r
Soit k .w r , alors d’après la relation Pk( ) ( X ) P(w)r ( X ) X w 1 Pr( ) ( X ) et (64) on a :
Pk( ) ( X .Y ) P(w)r ( X .Y ) X wY w 1 Pr( ) ( X .Y )
i , j
i, j w j s ,t r s , t
Y
1 . Ps( ) ( X ).Pt ( ) (Y )
i
X 1
w
i j s t r r
n ,m k
n, m ( )
Pn X .Pm Y
( )
n m k k
d’où le résultat. ∎
n1 n1 i 1
log ( z ) d ( ) (1, n).Qn( ) ( z ) i 1 .Qn( ) ( z ) . (65)
Ce développement montre que la fonction log est une fonction continue sur G ( ) , grâce à (29). On montre que pour tout m 0
log ( z )
, log ( m ) m et que log ( z1 z2 ) log ( z1 ) log ( z2 ) . Pour G ( ) , avec log 0 , on pose log ( z ) . Dans [9]
log ( )
kh
on montre, si p h 1 (mod w) , que pour le groupe G ( ) il existe un unique élément G ( ) , tel que lim p et
k
Le groupe quotient G ( ) est isomorphe au groupe quotient ℤ ( w) . Comme les classes (66) sont des ensembles ouverts
G
fermés (clopen), leurs fonctions caractéristiques k Gk ( ) sont continues. On introduit un analogue d’une fonction logarithme
de base sur G ( ) en posant :
w1
log : G ( ) 0,1, , w 1 , log ( z ) k . k ( z ) (67)
k 0
La fonction log est continue comme somme de fonctions continues et notons que log z k z Gk ( ) . Il résulte de cette
définition que :
log n rw (n) (68)
log n rw ( n) , (69)
n
où n .w rw (n) , 0 rw (n) w (70)
w
𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟓 – On a la relation :
Preuve :
Supposons que z1 z2 Gk ( ) (0 k w) , ce qui est équivalent à :
log z log z
w
L(n , ) ( z ) .Qr(()n ) ( ( z )) (72)
n w
w
n
où n .w rw (n) , 0 rw (n) w , c’est une fonction continue, comme polynôme de fonctions continues.
w
m
𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟔
L(n , ) m (73)
n
Preuve :
n
Soit n a.w b , 0 b w , i.e. a , b rw (n) . D’après les définitions (67) et (72), et d’après 𝑙𝑒 𝑙𝑒𝑚𝑚𝑒 3 [8][14]
w
log m log m
L ( , )
n L
m ( , )
awb ( )
m
w
.Q ( ) ( m )
b
a
m rw (m)
w . rw ( m) m m . ∎
b
aw b n
a
k z
Ceci signifie que la fonction L(n , ) interpole le coefficient de Gauss comme la fonction interpole le coefficient
n n
k
binomial .
n
𝑪𝒐𝒓𝒐𝒍𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 – On a le développement :
Preuve :
En effet d’après la formule (61) les coefficients de développement sont
m i m i
m m ( , ) i m m i
f m( ) (1) mi 2
Ln ( ) (1)mi 2
. c
( , )
( n, m) . ∎
i 0 i i 0 i n
, L(n , ) ( z ) n 0
.
Analogue du théorème de Mahler.- La suite , forme une base orthonormée de l’espace 𝐶(𝐺(𝛼); 𝕂) et telle que les
coefficients du développement
f ( z ) f n( , ) L(n , ) ( z )
n 0
Preuve :
z
La démonstration est analogue à la démonstration du même théorème pour la suite dans l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 . ∎
n
n 0
, L(n , ) ( z ) n 0
est appelée base orthonormée logarithmique.
Donnons deux exemples de développement dans cette base (très importants pour les applications dans le calcul des moments).
et
La proposition suivante démontre que la suite , est multiplicative triangulaire dissociable par rapport au système triangulaire
i, j
A .
n
i , j , n 0
i, j ( , )
i , j n
L(n , ) ( z1 z2 )
i jn n
( , )
Li ( z1 ).L j ( z2 ) (79)
Preuve :
Il suffit de vérifier cette formule sur le sous ensemble { ( m , n ), m, n ℕ} qui est dense dans G ( ) G ( ) , i.e. démontrer
m k i , jn
i, j m k
l’égalité . Or ceci se démontre par récurrence sur k en utilisant la relation de récurrence
n i j n n i j
i, j i, j i, j 1
n 1
n j
. n . [13] ∎
n
RÉFÉRENCES
[1] Y. Amice, Les nombres p-adiques, Presses Universitaires de France, 192p, 1975.
[2] Y. Amice, "Duals.-Proceedings of the conference on p-adic analysis", Nijmegen , pp. 1-15, 1975.
[3] Z.I. Borevitch, I.P. Charafevitch, Teoria tchisel (théorie des nombres), Nauka, 294p, 1972. (en russe)
[4] A.M. Robert, A course in p-adic analysis, Éd. Springer, 457p, 2000.
[5] W.A. Coppel, "Number theory. An introduction to mathematics : Part A", Springer, pp.305-340, 2006.
[6] A.D. Gvichiani, S.M. Agaïan, A.V. Trousov, Elementy nearchemedova analysa (éléments d’analyse non archimédienne),
Éd. Université de Moscou, pp.65, 1979. (en russe)
[7] A.C.M. Roij, Non archimedean functional analysis, New York. Marcel Dekker, 404p, 1978.
[8] J. Riordan, Introduction to combinatorial analysis, Dover publications, 252p, 2002.
[9] Y. Amice, "Interpolation p-adique", Bull. Soc. Math. France, t.92, pp.117-180, 1964.
[10] N. Koblitz, "p-adic analysis, a short course on recent work", London Math soc. Lect. Note 163p, 1980.
[11] N. Koblitz, p-adic numbers, p-adic analysis, and zeta-functions, Springer, 1996.
[12] A.F. Monna, Analyse non archimédienne, Berlin, Springer, 119p, 1970.
[13] F. Randimbindrainibe, T.B. Ravaliminoarimalalason, "Coefficients triangulaires et algèbre des polynômes dissociables et
multipliables", IJPSAT, Vol.29, N°2, 2021.
[14] K. Iwasawa, Lectures on p-adic L-Functions, Princeton University. Press, 144p, 1972.
[15] R. Hewitt, E. Hewitt, K. Ross, Abstract Harmonic Analysis. Volume 1-2, Springer, 2002.
[16] A. Deitmar, S. Echterhoff, Principles of Harmonic Analysis, Springer, 2014.
[17] A.Y. Khrennikov, V. M. Shelkovich, Analyse p-adique moderne et physique-Mathématique. Théorie et applications,
Edition Fizmatlit, 2012. (en russe)