Vous êtes sur la page 1sur 19

769 International Journal of Progressive Sciences and Technologies (IJPSAT)

ISSN: 2509-0119.
© 2021 International Journals of Sciences and High Technologies
http://ijpsat.ijsht-journals.org Vol. 30 No. 1 December 2021, pp.603-621

Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des


Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique
Falimanana RANDIMBINDRAINIBE1, Toky Basilide RAVALIMINOARIMALALASON2
Ecole doctorale en Sciences et Techniques de l'Ingénierie et de l'Innovation
Ecole Supérieure Polytechnique d'Antananarivo - Université d’Antananarivo - Madagascar

Résumé – Dans cet article on construit une base orthonormée de l’espace des fonctions continues sur un groupe compact
ultramétrique 𝑮 concret à valeurs dans un corps commutatif 𝕂 ultramétrique ℚ𝒑 ⊂ 𝕂 ⊂ ℂ𝒑 , que l’on notera 𝑪(𝑮 ; 𝕂).
Cette base orthonormée possède la « 𝒑𝒓𝒐𝒑𝒓𝒊é𝒕é 𝒕𝒓𝒊𝒂𝒏𝒈𝒖𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 », ce qui donne une généralisation du théorème de
𝒛
Mahler: La suite des polynômes est une base orthonormée de l’espace des fonctions continues sur le groupe
𝒏 𝒏 𝟎
compact des entiers p-adiques ℤ𝒑 à valeurs dans le corps 𝕂, noté 𝑪 ℤ𝒑 ; 𝕂 , où 𝕂 est une extension de ℚ𝒑 complet par
rapport à la valeur absolue prolongeant la valeur absolue 𝒑 − adique |. |𝒑 , avec 𝒑 ≠ 𝟐. Pour cela on introduit la notion de
« suite des coefficients triangulaires ». Ensuite on étudie la base orthonormée de 𝑪(𝑮 ; 𝕂), ayant « propriété triangulaire ».
Enfin on construit deux exemples concrets de bases orthonormées ayant la propriété précédente pour chacun des
espaces 𝑪 ℤ𝒑 ; 𝕂 et 𝑪(𝑮(𝜶) ; 𝕂).

Mots-clés – 𝒑 −adique, valuation, ultramétrique, non archimédien, suite des coefficients triangulaires, suite de fonctions
triangulaires dissociables, compact, complet, non dégénéré, ouvert et fermé.

I. INTRODUCTION
A. Notations
Comme notations dans cet article on désigne par ℚ ⊂ 𝒦 un corps commutatif quelconque de caractéristique 0 contenant le
corps des rationnels ℚ, par 𝕂 ⊃ ℚ une extension de ℚ complet par rapport à la valeur absolue |. | prolongeant la valeur
absolue 𝑝 − 𝑎𝑑𝑖𝑞𝑢𝑒 |. | , où 𝑝 est un nombre premier (𝑝 ≠ 2). Les ensembles ℕ, ℤ, ℚ, ℤ( ) = ℤ⁄𝑝ℤ, où 𝑝ℤ est l’ensemble des
multiples de 𝑝, ℝ désignent respectivement l’ensemble des entiers naturels ou nul, l’ensemble des nombres entiers, l’ensemble des
nombres rationnels, le corps résiduel des nombres congrus modulo 𝑝, le corps des nombres réels. De plus si 𝕂 est un corps
complet non archimédien, l’ensemble 𝐴 = {𝑧 ∈ 𝕂 ; |𝑧| ≤ 1} est appelé l’anneau de normalisation, ℑ = {𝑧 ∈ 𝕂 ; |𝑧| < 1} est un
idéal maximal de 𝐴 et est appelé l’idéal de normalisation, 𝕂 = 𝐴⁄ℑ est le corps résiduel de 𝕂. On désigne par [𝑥] la partie entière
du nombre réel 𝑥.

Corresponding Author: Falimanana RANDIMBINDRAINIBE 603


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

B. Le corps ℚ𝒑 et l'anneau ℤ𝒑 .

a. Valeur absolue p-adique


Soit 𝑝 un nombre premier. Pour tout nombre rationnel 𝑟 = 𝑝 . 𝑚⁄𝑛 ∈ ℚ, où 𝑚 et 𝑛 sont premiers avec 𝑝, on note 𝑣 (𝑟) = 𝑘
ou bien 𝑜𝑟𝑑 (𝑟) = 𝑘 pour 𝑟 ≠ 0, et par convention 𝑣 (0) = +∞. On définit « 𝑙𝑎 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑎𝑏𝑠𝑜𝑙𝑢𝑒 𝑝 − 𝑎𝑑𝑖𝑞𝑢𝑒 » dans ℚ comme
l’application de ℚ vers ℝ = [0, +∞[, notée |. | , [1][5], [17], par

|𝑟| = 𝑝 ( )

L’application 𝑣 de ℚ dans ℤ est appelée 𝑣𝑎𝑙𝑢𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛.

Notons quelques propriétés de cette « 𝑣𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑎𝑏𝑠𝑜𝑙𝑢𝑒 𝑝 − 𝑎𝑑𝑖𝑞𝑢𝑒» :


- Pour tout nombre rationnel 𝑟 et 𝑟 , |𝑟 . 𝑟 | = |𝑟 | . |𝑟 | ;

- Pour tout nombre rationnel 𝑟 et 𝑟 , |𝑟 + 𝑟 | ≤ max |𝑟 | , |𝑟 | ;

- Si |𝑟 | < |𝑟 | , alors |𝑟 + 𝑟 | = |𝑟 | .

Comme 𝑣 (0) = +∞, ces trois propriétés montrent que |. | définit une norme sur l’ensemble des nombres rationnels ℚ . La
deuxième propriété est appelée l’inégalité triangulaire forte. Une norme vérifiant l’inégalité forte est dite norme non
archimédienne ou norme ultramétrique. Une norme vérifiant l’inégalité triangulaire habituelle est appelée norme archimédienne.
Deux normes ‖. ‖ et ‖. ‖ définies sur ℚ sont dites équivalentes, si pour tout 𝑟 ∈ ℚ on a ‖𝑟‖ = ( ‖𝑟‖ ) , où 𝑐 > 0. Toutes les
normes sur ℚ sont décrites par le théorème d’Ostrowsky. [4][7]
Théorème d’Ostrowsky.- [1, 2] Soit ‖. ‖ une norme sur ℚ non triviale (i.e. il existe au moins un élément 𝑥 ∈ ℚ∗ = ℚ\{0}, tel
que ‖𝑥‖ ≠ 1. Si ‖. ‖ est archimédienne il existe 𝜏 ∈ ]0, 1] tel que ‖𝑥‖ = |𝑥| . Dans le cas contraire il existe un nombre premier 𝑝
et un nombre 𝜏 > 0 tel que ‖𝑥‖ = |𝑥| .

b. Distance p-adique
L’ensemble ℚ muni de la distance associée à la norme 𝑝 −adique |. | est un espace métrique. Soit 𝑑 la distance ainsi
définie, elle est appelée distance 𝑝 − 𝑎𝑑𝑖𝑞𝑢𝑒, i.e.
𝑑 (𝑟 , 𝑟 ) = |𝑟 − 𝑟 |

Cette distance vérifie les propriétés suivantes :


- 𝑑 (𝑟 , 𝑟 ) = 0 ⇔ 𝑟 = 𝑟

- 𝑑 (𝑟 , 𝑟 ) = 𝑑 (𝑟 , 𝑟 )

- 𝑑 (𝑟 , 𝑟 ) ≤ max 𝑑 (𝑟 , 𝑟 ), 𝑑 (𝑟 , 𝑟 )

c. Ensemble des nombres p-adiques

L’espace métrique ℚ, 𝑑 n’est pas complet [4,5,7]. La complétion de ℚ par rapport à cette métrique est appelée l’ensemble des
nombres 𝑝 −adiques et sera noté ℚ (première fois considéré par Hensel en 1907). [1][5][17]

Notons les deux lemmes suivants.


𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟏.- Toute opération interne (addition et multiplication) sur ℚ se prolonge d’une manière continue sur ℚ [4][5][7][17].

𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟐.- Tout élément 𝑥 ∈ ℚ s’écrit d’une manière unique sous la forme

𝑥= 𝑎 .𝑝 , 𝑛 ∈ ℕ, 0 ≤ 𝑎 ≤ 𝑝 − 1

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 604


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

appelée développement de Hensel de l’élément 𝑥 ∈ ℚ [1][4][5][17]

d. Anneau des nombres p-adiques


Donnons la définition de l’anneau des nombres entiers p-adiques ℤ (à ne pas confondre avec l’anneau des congruences
modulo 𝑝, que l’on désigne par 𝐹 = ℤ⁄𝑝ℤ..

Remarquons d’abord que pour tout entier 𝑛 ∈ ℤ non divisible par 𝑝, |𝑛| = 1 et si 𝑛 est divisible par 𝑝, |𝑛| < 1. Ainsi quel que
soit 𝑛 ∈ ℤ, |𝑛| ≤ 1. On désigne par ℤ la fermeture de l’anneau des nombres entiers ℤ dans le corps des
nombres 𝑝 −adiques ℚ , ℤ est donc égal au disque 𝐷(0, 1] = 𝑧 ∈ ℚ ; |𝑧| ≤ 1 de centre 0 et de rayon 1. On démontre
que ℤ est compact, [5,6,7, 8, 17]. Le développement de Hensel de chaque élément de ℤ s’écrit donc sous la forme ∑ 𝑎 . 𝑝 ,
( )
avec 0 ≤ 𝑎 ≤ 𝑝 − 1 [4, 5]. De plus si une suite d’éléments de ℤ , {𝑥 } converge, avec 𝑥 = ∑ 𝑎 𝑝 , les coefficients se
( )
stabilisent, i.e. à partir d’un certain rang 𝑖 les coefficients 𝑎 sont constants. A noter que pour tout 𝑥 ∈ ℤ , lim ⟶ 𝑥
existe, cette fonction est appelée « la fonction 𝑠𝑖𝑔𝑛 𝑝 −adique » notée 𝑠𝑖𝑔𝑛 (𝑥) prenant 𝑝 valeurs différentes à savoir 0
et 𝑝 − 1 racines de l’unité [6, 7].
Le corps ℚ n’est autre que le corps des fractions de l’anneau ℤ [1][9][17].

Considérons quelques sous ensembles particuliers de l’anneau ℤ

- L’anneau ℤ a un unique idéal maximal 𝑝ℤ et le corps résiduel ℤ ⁄𝑝ℤ est le corps des 𝑝 éléments 𝐹 = ℤ⁄𝑝. ℤ. Dans ℚ les
autres disques de centre 0 sont :

𝑝 ℤ = 𝑧 ∈ℚ ; 𝑧 =𝑎 𝑝 +𝑎 𝑝 +⋯ , 𝑚 ∈ ℤ [4][5]

- L’ensemble des éléments inversibles de l’anneau ℤ est ℤ∗ = ℤ \𝑝ℤ = 𝑧 ∈ ℤ ; |𝑧| = 1

- Il y a 𝑝 − 1 nombres dans ℤ∗ qui jouent un rôle très important, les 𝑝 − 1 racines de l’unité. Pour chaque 𝑎 ∈ {1, 2, … , 𝑝 − 1}
il existe une unique racine de l’unité telle que le premier coefficient de développement est égal à 𝑎 . La représentation de cette
racine est appelée « représentation de Techmüller ». [5][7][10]

- Les disques 𝑡 + 𝑝 ℤ = 𝑡 + 𝑝 ; 𝑧 ∈ ℤ , avec 0 ≤ 𝑡 < 𝑝 , 𝑠 ≥ 0.

On désigne par ℚ la clôture algébrique du corps ℚ [1,4,5] de degré d’extension ℚ ∶ ℚ = +∞ on peut prolonger la
norme 𝑝 −adique dans Q p . La complétion de ℚ est notée ℂ [7][10][11].

e. Espace de Banach ultramétrique

L’espace des fonctions continues sur le groupe compact des entiers p-adiques ℤ noté 𝐶 ℤ ; 𝕂 , est un espace de Banach
ultramétrique. Un système de fonctions {𝑒 (𝑧)} de 𝐶 ℤ ; 𝕂 est dit base orthonormée si et seulement si pour toute
fonction 𝑓 ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 on a

𝑓(𝑧) = 𝑓 . 𝑒 (𝑧) , avec ‖𝑓(𝑧)‖ = sup|𝑓 | et lim |𝑓 | = 0 [1,2]


C. L'espace des fonctions continues sur ℤ𝒑

Considérons l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 muni de la norme ‖. ‖ , c’est un espace de Banach ultramétrique. [6, 12]. Une suite de
fonctions (𝑒 (𝑧)) de l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 forme une base orthonormée [1, 4, 6, 7] de l’espace de banach 𝐶 ℤ ; 𝕂 si pour
tout 𝑓 ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 on a le développement 𝑓(𝑧) = ∑ 𝑓 . 𝑒 (𝑧) , 𝑓 ∈ 𝕂, lim → |𝑓 | = 0 et ‖𝑓(𝑧)‖ = sup{|𝑓 | ; 𝑛 ≥ 0}.
𝑧
Soit le polynôme d’interpolation de Newton
𝑛

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 605


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

𝑧 𝑧(𝑧 − 1)(𝑧 − 2) … (𝑧 − 𝑛 + 1)
= (1)
𝑛 𝑛!
que l’on peut considérer comme une fonction de l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 .
𝑧
D’après le théorème de Mahler [6, 7] le système forme une base orthonormée de l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 . Les
𝑛
coefficients de développement de toute fonction 𝑓 ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 dans cette base
𝑧
𝑓(𝑧) = 𝑓. (2)
𝑛

sont définis par


𝑛
𝑓 = (∆ 𝑓)(0) = (−1) 𝑓(𝑘) (3)
𝑘

où ∆ est l’opérateur de différence dans 𝐶 ℤ ; 𝕂 , ∆𝑓(𝑧) = 𝑓(𝑧 + 1) − 𝑓(𝑧), autrement dit

∆= 𝜏 − 𝑖𝑑, 𝑜ù 𝜏 𝑓(𝑧) = 𝑓(𝑧 + ℎ) − 𝑓(𝑧), 𝑖𝑑𝑓(𝑧) = 𝑓(𝑧)


Par exemple soit Χ , la fonction caractéristique du disque 𝑡 + 𝑝 ℤ , 0 ≤ 𝑡 < 𝑝 , alors

1 𝑧
Χ , (𝑧) = 𝜍 𝜍 −1 (4)
𝑝 𝑛

où 𝜍 est une racine primitive d’ordre 𝑝 dans 𝕂.

II. FONCTIONS CONTINUES SUR UN GROUPE COMPACT ULTRAMÉTRIQUE


A. Système de coefficients triangulaire
Un système 𝐴 = (𝐴 , ) (𝑚, 𝑛, 𝑘 ≥ 0) d’éléments de 𝒦 est dit triangulaire, si 𝐴 , = 0 lorsque 𝑛 + 𝑚 < 𝑘 ou bien 𝑘 <
max(𝑚, 𝑛). Tout système de scalaires 𝐴 = (𝐴 , ) défini pour 𝑚 + 𝑛 ≥ 𝑘 ≥ max(𝑚, 𝑛) peut être prolongé en un système
triangulaire par des éléments nuls.
B. Systèmes triangulaires et coefficients spéciaux
a. Définitions
On appelle coefficient binomial de Newton toute suite d’éléments d’un corps 𝒦 de caractéristique quelconque vérifiant la
relation de récurrence [1][13]

 n   n  1  n  1 
    1  k  n  , (5)
 k   k   k  1

et les conditions aux bornes

n n
     1 (5’)
0 n

n n! n
Notons que lorsque 𝑐ℎ𝑎𝑟 𝐾 = 0,    . De plus on pose    0 pour n  k ou n  0 ou k  0 . Pour cette nouvelle
k
  k !( n  k )! k 
définition la formule de Newton
n
n
 X  1     .X k
n
(6)
k 0  k 

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 606


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

reste valable, ce qui entraîne pour tout 𝑎, 𝑏 ∈ ℕ [13]


𝑎+𝑏 𝑎 𝑏
= (7)
𝑘 𝑖 𝑗

De même pour tout 𝛼, 𝛽 ∈ ℚ ∩ ℤ ,

𝛼+𝛽 𝛼 𝛽
=
𝑛 𝑖 𝑗

et l’on a :
𝛼
(1 + 𝑋) = 𝑋
𝑛

Les développements
𝑛
(𝑋 − 1) = (−1) 𝑋 (𝑛 ≥ 0) (8)
𝑚
𝑛
𝑋 = (𝑋 − 1) (𝑛 ≥ 0) (9)
𝑚

définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre
𝑛 𝑛
𝐶 = (−1) et 𝐷 = (10)
𝑚 , 𝑚 ,

i.e. 𝐶 et 𝐷 sont inversibles et (𝐶 ) =𝐷 .


b. Coefficients de Gauss généralisés
Pour 𝜃 ∈ 𝒦 ∗ = 𝒦\{0}, considérons les polynômes de Gauss [13]
( )
𝑃 (𝑋) = (𝑋 − 1)(𝑋 − 𝜃) … (𝑋 − 𝜃 ), (𝑛 ≥ 1) et 𝑃( ) (𝑋) = 1 (11)
Ces polynômes sont étroitement liés avec les coefficients généralisés de Gauss, définis dans [1, 9] par la relation de récurrence
𝑛 𝑛−1 𝑛−1
=𝜃 + ,𝑚 ≥ 1 (12)
𝑚 𝑚 𝑚−1
et les conditions aux bornes
𝑛 𝑛
= =1 (12 )
0 𝑛
Soit maintenant 𝛼 ∈ 𝒦 un élément du corps 𝒦 d’ordre 𝑤 < +∞, on définit le coefficient de Gauss généralisé par la relation de
𝑛
récurrence (12) et les conditions initiales (12’), en posant = 0 si 𝑛 < 𝑚, 𝑛 < 0 ou 𝑚 < 0. Si 𝑛 = 𝑎𝑤 + 𝑟, 𝑚 = 𝑏𝑤 + 𝑠,
𝑚
𝑛 𝑎 𝑟 𝑛 𝑛
0 ≤ 𝑟 < 𝑤, 0 ≤ 𝑠 < 𝑤, = . Notons que lim ⟶ = .
𝑚 𝑏 𝑠 𝑚 𝑚

Dans le cas, où ord    , parallèlement avec les polynômes (12) on considère les polynômes d’interpolation de Gauss
( )
( ) 𝑃 (𝑋)
𝑄 (𝑋) = ( )
(𝑛 ≥ 0) (13)
𝑃 (𝜃 )
Dans [article 1, formule (10)] on a démontré la relation

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 607


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

𝑛 ( )
=𝑄 (𝜃 ) (14)
𝑚
et les développements
 n k 
n    n k
P ( X )   (1)
n
( ) n k
.  2 
  X (15)
k 0  k 
n
 n
X n     .Pk( ) ( X ) , (16)
k  0  k 

par suite,
 nm 
 n

(1) nm  
2 
 
 m  m
n
Qn( ) ( X )   X (n  0) (17)
m 0 Pn ( )
( ) n

n
n
X n     .Pm( ) ( m ).Qm( ) ( X ) (n  0) (18)
m  0  m 

Les relations (15) et (16) définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre

  n 
 nm 
  n  
C1( )   (1) nm       et D1( )     
2
, (19)
  m   m,n0 m 
    m , n 0

De même (17) et (18) définissent les deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre

  nm 
   n 
 (1) n m   2    
  m    n  
S1( )   et T1( )     .Pm( ) ( m )  (20)
Pn ( )
( ) n m 
     m ,n 0
 
  m ,n  0

Les développements
n
 X  1   c ( ) (m, n).Pm( ) ( X ) ( n  0 )
n
(21)
m 0

n
Pn( ) ( X )   d ( ) (m, n).( X  1)m ( n  0 ) (22)
m 0

définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre


C2( )  c ( ) (m, n)  m , n 0

et D2( )  d ( ) ( m, n)  m ,n 0
. (23)

Il est évident que c ( ) ( n, n)  d ( ) ( n, n)  1 .

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 608


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

c. Forme concrète de ces coefficients


Donnons la forme concrète de ces coefficients. De la relation (22) on trouve

 D m ( )  n 1
d ( ) ( m, n)   Pn  (1)    1   i   (24)
 m!  J 0,1,,n 1 i 0
iJ
card J  m

De l’autre côté en appliquant la même dérivation à la formule (15) on trouve


 n k 
n   n k
d ( ) (m, n)   (1) nk   2 
   , (25)
k m  k  m

qui, sous la forme matricielle, s’écrit D2( )  D0  C1( ) . En passant à la matrice inverse on obtient C2( )  D1( )  C0 , d’où

n
n  k 
c ( ) (m, n)   ( 1) nk   .   (26)
k m  k   m 

Donnons une autre forme de l’expression (26), lorsque ord    , en utilisant les relations (16), (17) et (8)

 m i 
 m
 
(1) mi  
2 
 
n
n m
 i  ik
c ( ) ( m, n)   (1) k   . . 
k m  k  i 0 Pm ( )
( ) m

 m i 
1 m
m
 
 

m 
n
 ( )
(1)mi   2 
   1
i
(27)
Pm ( ) i 0 i
 

Si   K ,   1  q  1 (dans ce cas   1 et ord    ), alors  i  1    1  1 et

lim c (  ) ( m, n)  0 (28)
n

Démontrons de même que dans ce cas d (  ) (m, n)  q nm (0  m  n) , ce qui signifie

lim d (  ) (m, n)  0 (29)


n

 n1 
  n 1
 D’après (24) on a d (  ) (m, n)  max  1   i , J  0,1, , n  1 , card J  m  , or  1 
nm
i
 1   q nm , d’où le
 iJ
i  0  i 0
iJ

résultat. 

Dans le cas où ord    les développements

n
d ( ) ( m , n )
Qn( ) ( X )   ( )
( X  1)m (n  0) (30)
m 0 Pn ( n )

n
 X  1   c ( ) (m, n) Pm( ) ( m ).Qm( ) ( X ) (n  0)
n
(31)
m 0

définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre.

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 609


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

 d ( ) (m, n) 
S2( )   ( ) n  
et T2( )  c( ) (m, n).Pm( ) ( m ) m, n  0  (32)
 Pn ( )  m,n0

Soient  ,   k * , considérons le développement


n
Pn( ) ( X )   c ( , ) (m, n).Pm( ) ( X ) (33)
m 0

définissant les deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre


C ( , )  c ( , ) (m, n)  m ,n  0

et C ( , )  c ( , ) (m, n)  m ,n  0
. (34)

Il est évident que c ( , ) ( n, n)  c ( , ) ( n, n)  1 .

On obtient la relation matricielle suivante à partir de (15), (16), (19) et (34) : D1( )  C1( )  C ( , ) , d’où la forme concrète des
coefficients c ( , ) ( m, n) est

 n k 
n    n  k 
c ( , )
(m, n)   (1) n k
  2 
    , (35)
k m  k   m 

en particulier
 n k 
n    n   k  1 Pn( ) ( )  Pn( ) (1) Pn( ) ( )
c ( , ) (1, n)   (1)nk   2 
     n  1 (36)
k 0  k    1  1  1

Dans [9][13] on a démontré que, si ord   w ,

n

 
w
Pn( ) ( X )  X w  1  
.Prw(( n) ) ( X ) , (37)

n 
 
    w    rw (n) 
n
    .  , (38)
 m   m    rw (m) 
 
 w

n n n
où   est la partie entière de et n    .w  rw (n) ,  0  rw (n)  w  , il résulte de (24) que d ( ) (m, n )  0 si n  (m  1).w .
w
  w  w

Considérons maintenant les deux paramètres 𝛼, 𝜍 ∈ 𝕂, tels que     1 ,     1 , ord    et ord   w . Il est
évident que c ( , ) (m, n)  1 , c ( , ) (m, n)  1 . Démontrons les deux lemmes suivants :

𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆𝟏. − lim c ( , ) (m, n)  0 .


n 

Preuve :
Transformons l’expression (35), pour n  k .w   (0    w) en tenant compte des formules (14), (15) et (37)

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 610


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

 n j 
n    n  Pm( ) ( j )
c ( , ) ( m, n)   (1) n j   2 
  ( ) m
j o  j  Pm ( )
 m i 
  m
(1) mi  
2 
 
 i 
m
 Pn( ) ( i )
i 0 Pm( ) ( m )

 m i 
m
 
(1) m i
  2 
 
 i 
m
  
k
 wi  1 .P( ) ( i ) .
i 0 Pm ( )
( ) m

 
k
Il suffit de démontrer, que lim  w.i  1  0 . Or ceci résulte de l’inégalité  w.i  1   w  1      1 . ∎
n 

𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆𝟐. − lim c ( , ) (m, n)  0


n 

Preuve :
Pour l’expression (35) on peut obtenir une représentation indépendante de n à l’aide des coefficients hj ,

 D i ( )  s
c ( , ) (m, n)   hiws  Pn     [article 1] . Ainsi pour démontrer le lemme 2 il suffit de démontrer pour n   ,
0iw s m
0 s  w
 i! 
 D i ( )  s n 1


i !
Pn        
 s   j  0 , or ceci est analogue à la démonstration de (29) en tenant compte des inégalités
  J 0,1,, n 1 j 0
jJ
card J i

  
    max    s ,  s   j  max    ,  w  1  1 pour j  s (mod w) . ∎
s j s

d. Relations matricielles
Pour ord    les deux développements

n
c ( , ) ( m, n ) ( )
Qn( ) ( X )   ( )
Pm ( X ) (39)
m 0 Pn ( )
n

n
Pn( ) ( X )   c ( , ) (m, n).Pm( ) ( m ).Qm( ) ( X ) (40)
m 0

définissent deux matrices triangulaires supérieures non dégénérées inverses l’une de l’autre.

 c ( , ) (m, n) 
S ( ; )   ( ) n 
P ( )

et T ( , )  c ( , ) ( m, n ).Pm( ) ( m )  m ,n 0
, (41)
 n  m ,n 0

d’où l’on obtient les relations matricielles

C2( )  S 2( )  S ( , ) et C ( , )  S ( , )  S ( , ) (42)

e. Exemples

Donnons quelques exemples concrets de systèmes triangulaires ( k , m, n  0 ).

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 611


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

k 
Akn ,m   k ( n m ) , Akn ,m   k ,n . k ,m , Akn ,m    . k ,( n m ) où  i , j est le symbole de Kronecker,
n

 n, m   k   n   n, m   m  ( )
Akn ,m       .  , Ak      .Pn m k ( ) ,
n,m n

 k   n k  m  k   k  n 

 n, m  k  n 
Akn,m      ( k n )( k  m )     .
 k   n   k  m 

C. Suites triangulaires dissociables de fonctions continues sur un groupe compact


a. Suite triangulaire dissociable

Soit  G ,* un groupe commutatif, compact dans la topologie définie par une distance ultramétrique. Une suite linéairement
indépendante    un ( z) n0 de fonctions continues, appartenant à 𝐶(𝐺 ; 𝕂) est dite « suite triangulaire dissociable » par rapport

au système de coefficients triangulaires    mk ,n , si  


n , m k
uk ( z1 * z2 )  
n  m k
Akn ,mun ( z1 ).um ( z2 )  z1 , z2  G, k  0  (43)

Notons que la famille de fonctions  un ( z1 ).um ( z2 ) m ,n0 est linéairement indépendante dans 𝐶(𝐺 × 𝐺; 𝕂).

Si « *   », la suite est dite « suite additive triangulaire issociable », et si « *   » la suite est dite « suite multiplicative
triangulaire dissociable ».

𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟑 − Soient données deux suites de fonctions continues    en ( z ) n0 et    un ( z) n0 telles que

n
un ( z )   tm ,n .em ( z ) (n  0) , (44)
m 0

où T   tm,n m ,n0 est triangulaire supérieure et  triangulaire dissociable par rapport à    mk ,n . Dans ce cas  est  

triangulaire dissociable par rapport à B  Bkm,n , si et seulement si, 
min  n  m ,  i , j 


k max m ,n 
Akn ,m tk  t
i  j 
t Bi , j
ni mj . (45)

Preuve :
Par définition on a
 
 n ,m  k 
u  z1 * z 2    tk  .ek ( z1 * z 2 )   tk    Akn ,m en ( z1 ).em ( z2 ) 
k 0 k 0  n  m k 

  min(  ,nm ) 
  
n ,m 0  k  max( n ,m )
Akn ,mtk en ( z1 ).em ( z 2 ) . (46)

De l’autre côté
i , j  i , j 
 i
  j 
B  u ( z1 ).u ( z2 ) 
i, j
i  B t i, j
 e ( z1 )  .   t mj .em ( z 2 ) 
ni n
i  j  i  j   n 0   m 0 

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 612


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

  i , j  
 t ni .tmj .Bi , j .en ( z1 ).em ( z2 ) (47)
n ,m  0  i  j  

En comparant (46) et (47), et en remarquant que  en ( z1 ).em ( z 2 )  n ,m0 est linéairement indépendante, on obtient le résultat (45). ∎

Si la matrice T est non dégénérée, d’inverse S   sm ,n m,n0 , la relation (45) est équivalente à la relation duale

min  n  m ,  i , j 


k max m , n 
Bkn ,m sk   s
i  j 
s Ai , j
ni mj . (48)

b. Fonctions continues sur ℤ

Etudions les fonctions continues sur le groupe additif ℤ .Le groupe additif ℤ est compact, une base orthonormée standard
 z 
dans 𝐶 ℤ ; 𝕂 , d’après le théorème de Mahler, est la suite des polynômes binomiaux  0      [4,6,7]. Dans ce cas pour
  n   n 0
z
toute fonction 𝑓 ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 les coefficients de 𝑓 dans le développement f ( z )   f n .   sont donnés par :
n 0 n
n
n
f n   ( 1) ni   f (i ) (n  0) (49)
i 0 i

z  z  n z   z 
La relation connue  1 2     1 .  2  [8] signifie que  0 est une suite additive triangulaire dissociable par rapport au
 n  i 0  i   n  i 
système triangulaire A   k ,nm  n,m ,k 0 .

Donnons d’autres exemples de suites additives triangulaires dissociables dans 𝐶 ℤ ; 𝕂 .

- La formule de binôme de Newton montre que la suite  0  z n   n 0


est une suite additive triangulaire décomposable par rapport

k  
au système triangulaire A     . k ,( n m )  .
n
   n ,m , k  0

- Soit 𝛽 ∈ 𝕂 un scalaire fixé vérifiant   1  1 et ord    . On définit une fonction puissance  z sur Z p par le
développement

z
 z      1  
n
(50)
n 0 n

Notons que  z1  z2   z1  z2 . La suite     nz   n 0


est une suite additive triangulaire décomposable par rapport à au système

triangulaire A   k ,n . k ,m  n,m ,k 0

- 
Soit   ,1  (  z  1) n  n 0
, un calcul facile montre que

i , j n
 i, j 
      
n i j
.  1 .  1
z1  z2
1  z1 z2
(51)
i  j n  n 

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 613


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

  n, m  
ce qui signifie que   ,1 est une suite additive triangulaire décomposable par rapport à A      .
  k   n ,m ,k  0

 z  
- Introduisons une suite de fonctions        continues sur ℤ en la définissant par le développement
  n  
  n 0

z z
    c (n, m).   ,
( )
(52)
n
   m n m

à l’aide de la matrice non dégénérée triangulaire inférieure t


C 
( )
2 transposée de la matrice (23) C 2(  ) , d’où d’après la formule
d’inversion, on trouve le développement

z z
    d (n, m).   ,
( )
(53)
 n  m n  m 

à l’aide de la matrice non dégénérée triangulaire inférieure t


D  ( )
2 transposée de la matrice (23) D2(  ) . D’après la définition (52)
et (26)

z k
 k  k 
    c (  ) ( n, m )      . (54)
 n  z k
m n  m   n 

z k  z
Ceci signifie que la fonction   interpole le coefficient de Gauss   comme la fonction   interpole le coefficient
 n   n  n
k 
binomial   .
n

 z  
Démontrons un analogue du théorème de Mahler pour la suite        .
  n  
  n 0

 z  
Analogue du théorème de Mahler - La suite        forme une base orthonormée de l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 et telle que les
  n  
  n 0
coefficients du développement

z
f ( z )   f n(  ) .   (55)
n 0  n 

sont donnés par :


 n i 
n   n
f n(  )   (1)ni   2 
  f (i ) (56)
i 0  i 

Preuve :

 z 
Soit f ∈ 𝐶 ℤ ; 𝕂 de (52) et du développement de f dans  0      il résulte (54) et
  n   n 0

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 614


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

n
f n(  )   d (  ) (i, n). fi (n  0) . (57)
i 0

Premièrement d’après (29) lim f n(  )  0 , ensuite puisque d (  ) (m, n)  1 , alors


n 

 n 
sup f n
( )

; n  0  sup   d (  ) (i, n) fi , n  0   sup  f n ; n  0  f
 i 0 
sup

 z  
Ainsi        est une base orthonormée de 𝐶 ℤ ; 𝕂 .
  n  
  n 0

Etablissons la formule (55). D’après la formule (3) et (25)

n  n   n k   i
 nk 
n  i 
f n(  )   d (  ) (i, n). f i     ( 1) nk   2      .   ( 1)i m   . f ( m) 
i 0 i 0  k i  k    i    m 0 m 

n  n   n   k
 n k 
k   i 
   (1)   2    .   ( 1)i  m   .    . f ( m)
 nk


m 0 k  m k 
     i m  i  m

n  n 
 nk   nm 
  n n    n
    (1) nk   2    . k ,m . f (m)   (1) nm   2    f (m ) . ∎
m 0  k  m  k    m 
  m0

Donnons quelques exemples de développement de fonction continue sur ℤ dans cette base   .

- Pour la fonction puissance  nz on a le développement

n
n z
 nz     Pm(  ) (  m ).   , (58)
m 0  m    m 

exprimé à l’aide de la matrice triangulaire supérieure non dégénérée T1(  )

 
n
- Pour la fonction  z  1 on a le développement

n
z
 
 1   c (  ) (m, n).Pm(  ) (  m ).  
n
z
(59)
m 0  m 

exprimé à l’aide de la matrice triangulaire supérieure non dégénérée T2(  ) .

- Pour la fonction indicatrice du disque t  p s Z p 0  t  p  ,  s


t ,s , on a

 p 1 tj (  ) j  z
s
1
t ,s ( z ) 
ps
    s .Pn  s   .  n  , (60)
n 0  j 0   

où  ps est la racine primitive d’ordre p s de l’unité dans le corps 𝕂.

En appliquant les matrices inverses on obtient les développements suivants dual respectif de (58) et (59)

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 615


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

 n m 
 n
(1) nm .  2 
 
z n
 m   mz
   . , exprimé à l’aide de la matrice S1(  )
 n   m 0 Pn (  )
( ) n

z n
d (  ) (m, n) z
 
n
  P ( )
(  n
)
.(   1) m , exprimé à l’aide de la matrice S 2(  )
  m  0 n

z z  z  i , j n
 i, j   z   z 
Notons que    Qn(  )  z   et que  1 2      .  1  .  2  , c'est-à-dire   est une suite additive triangulaire
 n   n   i  j n  n    i    j  
  i, j  
décomposable par rapport au système triangulaire A      .
  n  
  n ,i , j 0

c. Fonctions continues sur le groupe multiplicatif 𝑮(𝜶).

Soit 𝛼 ∈ 𝕂 ,   1 , ord    , ord   w   𝑝 ne divise pas w) , (ici  désigne la classe de  dans le corps
résiduel 𝕂) autrement dit w est le plus petit entier naturel, tel que  w  1  1 . On désigne par G( ) la fermeture du semi groupe

 n

; n  0 dans l’espace ultramétrique 𝕂. G( ) est aussi un espace ultramétrique. On a démontré dans [4][7][12][15], que
G( ) est un groupe compact. Une base orthonormée standard de l’espace 𝐶(𝐺(𝛼) ; 𝕂) est la suite de fonctions continues

   Qn( )  n0
[8][13]. Les coefficients du développement f ( z )   f n( ) .Qn( ) ( z ) sont donnés par la formule :
n 0

 n i 
n    n
f n( )   (1) ni   2 
  f ( ) .
i
(61)
i 0 i
 

C’est un analogue du théorème de Mahler. De plus dans [9] on a démontré que


n ,m  k
 n, m  ( )
Qk( ) ( z1.z2 )   
n  m k  k 
( )
 Qn ( z1 ).Qm ( z2 ) , (62)

  n, m  
c'est-à-dire  est une suite multiplicative triangulaire dissociable par rapport à A   
  k  
.
   n , m , k 0

Donnons quelques exemples de développement dans cette base et montrons que ces suites sont des suites multiplicatives
triangulaires dissociables.

- D’après la formule (18) on a le développement de  0  z n   n 0


dans la base  , à l’aide de la matrice T1( ) . La formule

 z1 z2 
n
 z1n .z2n signifie que  0 est une suite de fonctions multiplicative triangulaire décomposable par rapport à A   n,i . m , j .  
- La formule (31) donne le développement de 1   z  1 
n

n 0
dans la base  , à l’aide de la matrice T2( ) . 1 est une suite

  n, m  
multiplicative triangulaire décomposable par rapport à A   
 k   .
   n ,m ,k  0

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 616


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

- La formule (40) donne le développement de   Pn( ) ( z )   n 0


dans la base  , à l’aide de la matrice T
( , )
. Démontrons que

  n, m  
 est une suite multiplicative triangulaire décomposable par rapport à A      , c'est-à-dire :
  k   n ,m ,k  0

n ,m  k
 n, m  ( )
Pk( ) ( z1 z2 )   
( )
 Pn ( z1 ).Pm ( z2 )  k  0 (63)
n  m k  k  

Preuve :
Si ord    , on l’a démontrée dans [13]. Supposons que ord   w   . Pour k  w , n, m  w cette relation a été
démontré dans [13]. Pour démontrer cette formule dans le cas général on a besoin du lemme suivant :

𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟒 − Si n  i.w  s , m  j.w  t , k  .w  r , (0  r , s, t  w) , alors

 n, m   i, j   s, t 
 k     . r  (64)
     

 n, m 
Preuve du Lemme 4 : D’après le lemme3 [13] et la définition de   on a :
 k 

 n, m  ( k  n )( k  m )  k   n 
 k      
   n   k  m 

 w  r   iw  s 

(  i ).w r  s . (   j ).w r t 
   
 iw  s   (  j ) w  r  t 

r  s . r t     r   i   s   i , j   s, t 
       .   .   .    . 
 i   s     j   r  t      r 

Démontrons maintenant (63) dans le cas général.

 

Soit k  .w  r , alors d’après la relation Pk( ) ( X )  P(w)r ( X )  X w  1 Pr( ) ( X ) et (64) on a :

 

Pk( ) ( X .Y )  P(w)r ( X .Y )  X wY w  1 Pr( ) ( X .Y )

i , j 
 i, j  w j s ,t  r  s , t 
   Y 
 1 .    Ps( ) ( X ).Pt ( ) (Y )
i
  X 1
w

i  j     s  t  r  r 

iw s , jwt  w r


 i, j   s , t 
    
i j
( ) ( )
   .   . X  1 Ps ( X ). Y  1 .Pt (Y )
w w

iw s  jw t  w r     r 

n ,m  k
 n, m  ( )
  Pn  X  .Pm Y 
( )
 
n  m k  k 

d’où le résultat. ∎

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 617


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

- La fonction logarithme sur G ( ) est définie par le développement


n 1

n1 n1 i 1
 
log ( z )   d ( ) (1, n).Qn( ) ( z )    i  1 .Qn( ) ( z ) . (65)

Ce développement montre que la fonction log est une fonction continue sur G ( ) , grâce à (29). On montre que pour tout m  0
log ( z )
, log ( m )  m et que log ( z1 z2 )  log ( z1 )  log ( z2 ) . Pour   G ( ) , avec log   0 , on pose log  ( z )  . Dans [9]
log ( )
kh
on montre, si p h  1 (mod w) , que pour le groupe G ( ) il existe un unique élément   G ( ) , tel que   lim  p et
k 

    1 , ord   w . Le groupe G ( ) se décompose comme le produit direct G ( )  G (  )  G ( ) , où    . 1 ,   1  1 ,


ord    . Pour cela G ( ) est le groupe cyclique engendré par  . Soit  : G ( )  G ( ) la projection canonique sur le
premier facteur du produit cartésien. Posons z  z.( ( z )) 1 . Une telle fonction est continue. On a alors    ( ) ,    et
notons que log   0 , log   1 .

Considérons les classes d’équivalence du groupe par rapport au sous-groupe G   :


Gk ( )   k .G      G     k  0,1, , w  1
k
(66)

Le groupe quotient G ( ) est isomorphe au groupe quotient ℤ ( w) . Comme les classes (66) sont des ensembles ouverts
G  
fermés (clopen), leurs fonctions caractéristiques  k   Gk ( ) sont continues. On introduit un analogue d’une fonction logarithme
de base  sur G ( ) en posant :
w1
log : G ( )  0,1, , w  1 , log ( z )   k . k ( z ) (67)
k 0

La fonction log est continue comme somme de fonctions continues et notons que log z  k  z  Gk ( ) . Il résulte de cette
définition que :

 
log  n  rw (n) (68)

 
log  n  rw ( n) , (69)

n
où n    .w  rw (n) ,  0  rw (n)  w  (70)
 w
𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟓 – On a la relation :

log ( z1 )  log ( z2 ) si (log ( z1 )  log ( z 2 )  w)



log  z1 z2    (71)
 log ( z )  log ( z )  w si (log ( z )  log ( z )  w
  1  2  1  2

Preuve :
Supposons que z1 z2  Gk ( ) (0  k  w) , ce qui est équivalent à :

 i, j  0,1, , w  1 , (i  j  k (mod w)) , z1  Gi ( ) , z2  G j ( ) .

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 618


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

Si i  j  k , alors log ( z1 z2 )  k  i  j  log ( z1 )  log ( z2 ) .

Si i  j  k  w , alors log ( z1 z2 )  k  i  j  w  log ( z1 )  log ( z2 )  w ∎

- Considérons maintenant la suite de fonctions  ,  L(n , ) ( z )   n 0


, définies par les égalités

 log z  log z 
 
w
L(n , ) ( z )    .Qr(()n ) ( ( z )) (72)
 n  w
 w 
   

n
où n    .w  rw (n) ,  0  rw (n)  w  , c’est une fonction continue, comme polynôme de fonctions continues.
 w

 m
𝑳𝒆𝒎𝒎𝒆 𝟔  
L(n , )  m    (73)
 n 

Preuve :

n
Soit n  a.w  b ,  0  b  w  , i.e. a    , b  rw (n) . D’après les définitions (67) et (72), et d’après 𝑙𝑒 𝑙𝑒𝑚𝑚𝑒 3 [8][14]
 w

 log  m  log  m 
L ( , )
n    L
m ( , )
awb ( )  
m
w
 .Q ( )  ( m )
 b  
 a 
 

 m  rw (m) 
 w  .  rw ( m)    m    m  . ∎
   b     
 aw  b   n 
 a  

k  z
Ceci signifie que la fonction L(n , ) interpole le coefficient de Gauss   comme la fonction   interpole le coefficient
 n  n
k 
binomial   .
n

𝑪𝒐𝒓𝒐𝒍𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 – On a le développement :

L(n , ) ( z )   c ( , ) (n, m).Qm( ) ( z ) (74)


m n

exprimé à l’aide de la matrice non dégénérée triangulaire inférieure t


C ( , )
 transposée de la matrice C ( , )
.

Preuve :
En effet d’après la formule (61) les coefficients de développement sont
 m i   m i 
m    m  ( , ) i m   m  i 
f m( )   (1) mi   2 
  Ln ( )   (1)mi   2 
  .   c
( , )
( n, m) . ∎
i 0  i  i 0 i n
   

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 619


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

En appliquant la formule d’inversion on obtient le développement dual :

Qn( ) ( z )   c ( , ) ( n, m).L(m , ) ( z ) (75)


m n

exprimé à l’aide de la matrice t


C ( , )
 transposée de la matrice C ( , )
.

Démontrons un analogue du théorème de Mahler pour la suite de fonctions


 ,  L(n , ) ( z )  n 0
.

Analogue du théorème de Mahler.- La suite  , forme une base orthonormée de l’espace 𝐶(𝐺(𝛼); 𝕂) et telle que les
coefficients du développement

f ( z )   f n( , ) L(n , ) ( z )
n 0

sont donnés par la formule


 n i 
n   n
f n( , )   (1) ni   2 
  f ( )
i
(76)
i 0 i
 

Preuve :

 z  
La démonstration est analogue à la démonstration du même théorème pour la suite        dans l’espace 𝐶 ℤ ; 𝕂 . ∎
  n  
  n 0

D. Base orthonormée logarithmique


𝑫é𝒇𝒊𝒏𝒊𝒕𝒊𝒐𝒏.


 ,  L(n , ) ( z )  n 0
est appelée base orthonormée logarithmique.

Donnons deux exemples de développement dans cette base (très importants pour les applications dans le calcul des moments).

z k   Pn( ) ( k ).L(n , ) ( z ) (77)


n 0

et

log ( z )   d ( ) (1, n).L(n , ) ( z ) (78)


n1

La proposition suivante démontre que la suite  , est multiplicative triangulaire dissociable par rapport au système triangulaire
  i, j  
A     .
  n  
  i , j , n 0

𝑷𝒓𝒐𝒑𝒐𝒔𝒊𝒕𝒊𝒐𝒏. − Les éléments de la suite de  , vérifient l’égalité suivante

 i, j  ( , )
i , j n
L(n , ) ( z1 z2 )  
i jn  n
( , )
 Li ( z1 ).L j ( z2 ) (79)


Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 620


Construction Des Bases Orthonormées De L'espace Des Fonctions Continues Sur Un Groupe Compact Ultramétrique

Preuve :

Il suffit de vérifier cette formule sur le sous ensemble { ( m ,  n ), m, n  ℕ} qui est dense dans G ( )  G ( ) , i.e. démontrer
m  k  i , jn
 i, j   m   k 
l’égalité           . Or ceci se démontre par récurrence sur k en utilisant la relation de récurrence
 n  i  j n  n   i   j 
 i, j   i, j   i, j  1

n  1

   
n j
 . n    . [13] ∎
     n 

RÉFÉRENCES
[1] Y. Amice, Les nombres p-adiques, Presses Universitaires de France, 192p, 1975.
[2] Y. Amice, "Duals.-Proceedings of the conference on p-adic analysis", Nijmegen , pp. 1-15, 1975.
[3] Z.I. Borevitch, I.P. Charafevitch, Teoria tchisel (théorie des nombres), Nauka, 294p, 1972. (en russe)
[4] A.M. Robert, A course in p-adic analysis, Éd. Springer, 457p, 2000.
[5] W.A. Coppel, "Number theory. An introduction to mathematics : Part A", Springer, pp.305-340, 2006.
[6] A.D. Gvichiani, S.M. Agaïan, A.V. Trousov, Elementy nearchemedova analysa (éléments d’analyse non archimédienne),
Éd. Université de Moscou, pp.65, 1979. (en russe)
[7] A.C.M. Roij, Non archimedean functional analysis, New York. Marcel Dekker, 404p, 1978.
[8] J. Riordan, Introduction to combinatorial analysis, Dover publications, 252p, 2002.
[9] Y. Amice, "Interpolation p-adique", Bull. Soc. Math. France, t.92, pp.117-180, 1964.
[10] N. Koblitz, "p-adic analysis, a short course on recent work", London Math soc. Lect. Note 163p, 1980.
[11] N. Koblitz, p-adic numbers, p-adic analysis, and zeta-functions, Springer, 1996.
[12] A.F. Monna, Analyse non archimédienne, Berlin, Springer, 119p, 1970.
[13] F. Randimbindrainibe, T.B. Ravaliminoarimalalason, "Coefficients triangulaires et algèbre des polynômes dissociables et
multipliables", IJPSAT, Vol.29, N°2, 2021.
[14] K. Iwasawa, Lectures on p-adic L-Functions, Princeton University. Press, 144p, 1972.
[15] R. Hewitt, E. Hewitt, K. Ross, Abstract Harmonic Analysis. Volume 1-2, Springer, 2002.
[16] A. Deitmar, S. Echterhoff, Principles of Harmonic Analysis, Springer, 2014.
[17] A.Y. Khrennikov, V. M. Shelkovich, Analyse p-adique moderne et physique-Mathématique. Théorie et applications,
Edition Fizmatlit, 2012. (en russe)

Vol.30 No. 1 December 2021 ISSN: 2509-0119 621

Vous aimerez peut-être aussi