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Dans un précédent article, paru en 2012 (cf. [9]) dans sentant le facteur unitaire de variance
MOTS-CLÉS et Q la matrice de covariance, aussi
la revue XYZ n°132, nous avions réalisé une validation
Moindres carrés, appelée matrice des cofacteurs, sur les
du logiciel CoMeT par comparaison à d’autres logiciels génération observations (i.e. les précisions a priori
d’ajustement de mesures topographiques faisant d‘observations, sur les mesures et les covariances entre
usage de la méthode des moindres carrés. Pour réaliser comparaison/ les mesures).
ces comparaisons, nous avions simulé différents jeux validation de logiciels
d’observations dans des réseaux de tailles variables, Cette hypothèse de comportement
normal des erreurs accidentelles
et comparé les résultats obtenus en termes de coordonnées ajustées
confère des propriétés statistiques
et d’estimateur du facteur unitaire de variance. Dans le présent article, intéressantes à la solution des moin-
nous allons rappeler et discuter quelques méthodes classiques de génération dres carrés, permettant de construire
d’observations et surtout, présenter plus en détails la méthode que nous avions différents tests d’hypothèse pour véri-
exploitée à l’époque, qui possède quelques propriétés particulières. fier le bon déroulement du traitement,
mais également de déterminer des
régions de fiabilité et de confiance. De
Introduction mesure et inconnues, aussi appelé
nombreux ouvrages traitent de ces
Dans les sciences de la mesure, et plus l’équation d’observation, et repré-
notions, et le lecteur intéressé pourra
particulièrement dans les sciences sente la valeur de l’erreur associée
se reporter par exemple à [6] ou [14].
associées au métier du topographe, la à la mesure, inhérente au processus
méthode d’ajustement la plus large- de mesure utilisé. En regroupant l’en- Pour juger de la qualité d’un traitement
ment employée est la méthode des semble des erreurs de mesures dans par moindres carrés, deux quantités
moindres carrés. un vecteur E, on obtient la relation sont particulièrement utilisées. Si
matricielle suivante : désigne la solution des moindres
De manière synthétique, il s’agit
carrés, le vecteur des résidus de
de déterminer un ensemble de m (éq. 1)
mesures correspond à une estimation
paramètres inconnus, à partir d’un
Étant donnée une valeur approchée X0 des valeurs des erreurs accidentelles
ensemble de n observations sura-
des paramètres, l’équation 1 est linéa- sur les mesures, et se définit par :
bondantes. Formellement, on peut
risée au premier ordre sous la forme :
regrouper les m inconnues du
(éq. 3)
problème dans un vecteur X et les n (éq. 2)
observations dans un vecteur L : Le second indicateur de la qualité
Expression dans laquelle B correspond
d’un traitement par moindres carrés
à la différence entre les observations
est l’estimateur du facteur unitaire de
L et leurs valeurs approchées ,
variance, défini par :
calculées à partir des valeurs appro-
chées de X et du modèle fonctionnel
utilisé, et A correspond à la jacobienne
Dans la méthode classique des
en X0 de la fonction .
moindres carrés, chaque mesure Comme indiqué par exemple dans
est liée au vecteur X des inconnues Le modèle stochastique classiquement [6], il est courant de réaliser, à l’issue
par la relation : utilisé consiste à considérer que le vec- d’un traitement par moindres carrés,
teur E des erreurs sur les mesures est un test global de validation du traite-
uniquement constitué d’erreurs acci- ment comme première étape dans un
Expression dans laquelle repré- dentelles et suit une loi normale centrée, processus de recherche de fautes ou
sente le modèle fonctionnel, liant de matrice de covariance , repré- d’erreurs de pondération éventuelles q
q dans les mesures. Ce test est basé sur Vérifier / comparer / ceront
pas des valeurs réelles acquises
la quantité : tester des logiciels sur le terrain. Mais la génération
Si le vecteur E appartient au noyau de sur les résidus, autrement dit les quan- définie
positive, ce problème est
q K1 alors le vecteur appartient tités de l’équation 3c. En supposant les de type NP-Difficile (cf. [12]) et est
au noyau de K. Comme la matrice K conditions (a) et (b) satisfaites, et en appelé un problème d’optimisation
est de taille n x m et de rang m par utilisant les équations 5 et 6, il vient : quadratique non convexe. La diffi-
construction, la dimension du noyau culté dans la recherche d’une solution
(éq. 8)
de K est n - m. En considérant b une de ce problème est qu’un maximum
base orthogonale du noyau de K, pour Notre recherche d’un vecteur d’erreur local ne correspond pas forcément
tout vecteur y de dimension n - m, la E satisfaisant aux conditions (a), (b) et à un maximum global. Dans [13],
quantité by appartient au noyau de K. (c), est ainsi équivalente à trouver un plusieurs méthodes pour résoudre un
Nous pouvons donc construire facile- vecteur réel y de taille n-m, satisfaisant problème QP dans le cas non convexe
ment un vecteur d’erreurs E répondant aux équations 7 et 8. sont décrites. Les méthodes les plus
à l’équation 4 en choisissant un vecteur Une possibilité est alors de considérer récentes utilisent des techniques de
réel y de taille n-m et en formant : la solution du problème de program- séparation et évaluation (Branch and
mation quadratique (QP) : Bound - B&B), où la partie séparation
(éq. 5)
est basée sur les conditions du premier
Pour répondre à la condition (b), rappe- (éq. 9) ordre de Karush-Kuhn-Tucker (cf. [11])
lons que le test du chi-deux est basé et où des relaxations polyédrales semi-
sur la quantité s de l’équation 3b qui Dans ce problème, l’ensemble des définies sont résolues à chaque nœud
suit une loi du chi-deux à n-m degrés solutions admissibles correspond au du processus B&B (cf. [5] et [7]).
de liberté si le vecteur des erreurs de polyèdre : Une autre méthode, plus simple et plus
mesures suit la loi N(0, Q) . En consi- adaptée à notre cas, est d’utiliser une
(éq. 10)
dérant la condition (a) réalisée, i.e. méthode d’énumération de sommets
telles que celles décrites dans [1] et [4].
= , le vecteur des résidus obtenu
L’objectif des méthodes d’énumération
correspond, d’après l’équation 3, au Considérons également la sphère de
est de fournir l’ensemble des sommets
vecteur : rayon r en dimension n-m définie par :
d’un polyèdre. Sachant que la solution
(éq. 6) du problème de l’équation 9 se trouve
forcément sur un sommet du polyèdre
La valeur centrale pour la loi du chi- Par définition, toute solution du
U, on peut alors pour chaque sommet
deux étant son degré de liberté, on problème de l’équation 9 remplit les
calculer la valeur de la fonction objectif
peut assurer que le test du chi-deux conditions (a) et (c). Si cette solution est
et déduire la solution du problème de
sera validé quel que soit le seuil de telle que , alors il
l’équation 9.
confiance choisi dès lors que l’on peut suffit de projeter la solution sur la
trouver E tel que : sphère , orthogonalement à la Le point de départ des méthodes d’énu-
sphère, pour trouver une valeur satis- mération est de partir du fait que pour
faisant à la condition (b). Certes, un polyèdre tel que défini dans l’équa-
n’est plus la solution du problème tion 10, un point u est un sommet du
La condition (a) étant supposée satis-
de l’équation 9, mais comme il se polyèdre U, si et seulement si, il est
faite, on peut utiliser l’équation 5
trouve à l’intérieur du polyèdre U, l’unique solution d’un sous-ensemble
pour exprimer la condition (b) sous la
il remplit les conditions (a) à (c). Si de n-m inéquations indépendantes
forme :
alors il n’est pas résolues comme des équations. Les
(éq. 7) possible de trouver un vecteur y satis- avantages de telles méthodes sont
faisant les conditions (a) à (c) et la d’une part leur simplicité de mise en
Pour répondre à la condition (c), il faut solution est celle qui remplit au plus œuvre par rapport aux méthodes de
fixer un seuil de probabilité p, et en près la condition (b). Il peut être alors résolution d’un problème QP non
déduire les bornes de la région d’ac- intéressant de remplacer la condition convexe, et d’autre part, le fait que, pour
ceptation du test de Baarda par (b) par la condition (b’) suivante : (b’) notre besoin, elles peuvent être stop-
lecture dans la table inverse de la fonc- Au seuil de confiance p choisi, le test pées dès lors que l’on trouve un sommet
tion de répartition de la loi normale du chi-deux est validé. tel que .
centrée réduite. D’après la définition La condition (b’) permet ainsi de consi-
Afin d’illustrer la méthode, nous avons
du résidu normé de l’équation 3c, la dérer la région d’acceptation du
généré, avec un seuil de confiance de
condition (c) peut s’écrire : test du chi-deux au seuil p, et de cher-
87 %, pour chacun des réseaux, 10 jeux
cher la projection de sur la sphère
d’observations, en prenant soin à
plutôt que sa projection sur la
chaque fois d’utiliser un sommet diffé-
Expression dans laquelle est un sphère .
rent du polyèdre U, afin d’obtenir des
vecteur réel de taille n contenant les Étant donné que la fonction quadra- vecteurs d’erreurs différents, même
racines carrées des éléments diago- tique présente dans la fonction objectif si, du fait de la forme du polyèdre, les
naux de la matrice des cofacteurs est la matrice identité, donc symétrique coordonnées des différents sommets
peuvent parfois être très semblables. à ceux de la Figure 2, où l’on considé- des réseaux de géométrie particu-
Ces jeux d’observations générées rait un vecteur d’erreurs nul. Ainsi, les lière. Après avoir présenté et illustré
ont été ajustés en utilisant le modèle écarts constatés sont uniquement liés quelques méthodes classiques permet-
fonctionnel 3D Géodésique ainsi que à la différence de modèle fonctionnel. tant de générer un vecteur d’erreurs à
le modèle 3D Locale de CoMeT. La ajouter aux mesures théoriques (issues
La Figure 5 (bas) présente les valeurs
figure 5 présente les résultats obtenus d’un modèle fonctionnel particulier),
de l’estimateur du facteur unitaire de
en termes d’écarts aux coordonnées nous avons détaillé notre méthodolo-
variance pour chaque jeu de mesures
théoriques planes et verticales mais gie particulière de génération.
ajusté, pour chacun des modèles
également de valeurs de l’estimateur
fonctionnels, avec en vert les valeurs Cette méthode, dont l’idée était déjà
du facteur unitaire de variance.
moyennes sur les 10 jeux par taille de présente dans l’article de 2012, s’est
Le premier constat que l’on peut
réseau. On constate que pour le modèle surtout développée d’un point de
faire sur cette figure 5 est que pour
fonctionnel 3D Géodésique (courbe vue théorique entre 2013 et 2015.
le modèle 3D Géodésique qui a servi
rouge), la valeur de l’estimateur est Elle permet d’assurer que le vecteur
à générer les observations, les écarts
toujours égale à 1, conformément au d’erreurs E ajouté aux mesures théo-
obtenus entre coordonnées ajustées
critère (b). Pour le modèle fonctionnel riques conduira, lors de l’ajustement
et théoriques sont nuls. Les mesures
3D locale, les valeurs obtenues sont avec le même modèle fonctionnel,
générées respectent bien la condition
en moyenne égales à 1, mais avec à valider les deux tests classiques
(a). On remarque également avec ce
étendues pouvant atteindre 0.2 pour réalisés à l’issue d’un traitement par
modèle fonctionnel que les valeurs
le réseau à 50 m. Cela nous permet moindres carrés : test du chi-deux et
de l’estimateur du facteur unitaire
là encore de juger la présence de test de Baarda. Notre méthodologie
de variance sont toutes identiques
modèles fonctionnels différents. assure également dans ce cas que
et égales à 1. Les mesures générées
la solution ajustée correspond exac-
respectent donc bien la condition (b).
tement à la solution théorique pour
Le second constat est que lors de l’ajus- Conclusion les paramètres. Ces caractéristiques
tement des mesures avec le modèle Cet article fait suite à celui publié dans permettent de faciliter l’analyse des
fonctionnel 3D Locale, les résultats la revue en 2012, sur la validation du résultats de comparaisons sur des
obtenus pour chaque réseau sont logiciel CoMeT par comparaison à jeux de données où l’on fait varier
identiques pour chacun des 10 jeux de d’autres logiciels d’ajustement, sur un ou plusieurs paramètres (taille du
mesures. Ces résultats sont identiques la base d’observations générées sur réseau, hauteur de point…).
q
Revue XYZ • N° 157 – 4e trimestre 2018
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