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RADIOACTIVITE

Pr Kokou Fofo Toussaint ADAMBOUNOU (MD, PhD)


Biophysicien, Médecin Radiologue et Nucléaire
LS1-LS2 / 2022-2023

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Cours de Biophysique/FSS
OBJECTIFS

 Définir la radioactivité

 Décrire les phénomènes primaires de la radioactivité

 Décrire les phénomènes secondaires de la radioactivité

 Calculer les paramètres caractéristiques de la cinétique des

transformations radioactives

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PLAN
INTRODUCTION

1-RAPPELS

1.1-STRUCTURE DE L’ATOME

1.2-STABILITE DES NOYAUX

2-MODES DE TRANSFORMATIONS RADIOACTIVES

2.1- PHENOMENES PRIMAIRES

2.2-PHENOMENES SECONDAIRES

3-CINETIQUE DES TRANSFORMATIONS RADIOACTIVES

3.1- LOIS DE LA RADIOACTIVITES

3.2- FILIATIONS RADIOACTIVES

CONCLUSION

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INTRODUCTION
DEFINITION

La radioactivité est un phénomène spontané au cours duquel des noyaux instables deviennent
stables en émettant des particules et / ou photons.

HISTORIQUE

La radioactivité a deux origines : naturelle et artificielle.

Celle naturelle a été découverte par Henry BECQUEREL en l’an 1898, et plus tard les
recherches se sont approfondies grâce aux travaux du couple Français Pierre et Marie CURIE
en 1898. Quant à la radioactivité artificielle, elle fût découverte par Irène et Frédéric Joliot
CURIE en 1934.

INTERET

La radioactivité a de multiples applications aussi bien médicales que non médicales.Elle est
potentiellement dangereuse même dans ses applications médicales, d’où la nécessité
d’encadrer ses applications médicales par des mesures de radioprotection. Son étude est donc
également très importante en médecine du travail

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1-RAPPELS
1.1-STRUCTURE DE L’ATOME

L’atome est pris comme un ensemble de nucléons (protons et neutrons) formant le noyau
autour duquel gravitent des électrons.

ATOME

NOYAU

Z PROTONS

N NEUTRONS

Figure 1

1.2-STABILITE DES NOYAUX


1.2.1-Défaut de masse ; énergie de liaison

La masse M d’un noyau n’est pas égale à la somme des masses des protons et des neutrons
qu’elle contient, du fait de l’existence d’énergies de liaisons entre les nucléons. Il existe un
défaut de masse ΔM défini ainsi :

ΔM = Zmp + (A-Z)mn - M

L’énergie de liaison totale du noyau est par définition : ΔE = ΔMc²

L’énergie de liaison moyenne L par nucléon est donc : L = ΔE / A = (ΔMc²) / A

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La courbe de variation de L en fonction de A (courbe d’Aston : figure 2) montre l’existence
de 3 régions :

Figure 2

o Pour les éléments légers (A< 40), la croissance de Len fonction de A est globalement
rapide. La fusion éventuelle de deux noyaux légers (par exemple le deutérium) donne
ainsi un noyau dont l’énergie de liaison par nucléon est plus grande. Il y’a alors
libération d’énergie.
o Pour les éléments dont le nombre de masse A est compris entre 40 et 100, la variation
de L est faible. Le maximum de L se situe autour de A = 60.
o Pour les éléments lourds (A> 100), la courbe de variation de L décroît lentement. La
fission d’un noyau lourd donne ainsi naissance à deux noyaux plus légers avec une
libération d’énergie : la fission est exo-énergétique. Elle est utilisée pour la production
d’énergie dans les centrales nucléaires.

1.2.2-Noyaux stables, noyaux instables


- Les noyaux stables sont ceux qui sont situés dans la vallée de stabilité. Pour les
éléments légers stables, N ≈ Z ; quant aux éléments lourds N ≈ 1,5Z +– 10.

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- Les noyaux instables représentent la grande majorité des nucléides de la nature. Ils
sont situés en dehors de la vallée de stabilité. Ils sont appelés noyaux radioactifs ou
radionucléides.

Ces noyaux tels que (N / Z)instable> (N / Z)stable sont excédentaires en neutrons. Ils évoluent
spontanément vers des noyaux stables en transformant les neutrons en surplus en protons. Le
nombre de masse restant inchangé.

Ces noyaux tels que (N / Z)instable< (N / Z)stable sont excédentaires en protons. Ils évoluent
vers la stabilité en transformant les protons en surplus en neutrons. Le nombre de masse est le
même.

NB : il y’a aussi des noyaux excédentaires en protons et en neutrons ; la fission pourra leur
permettre de revenir à la stabilité.

Examinons un diagramme (diagramme de stabilité N-Z : figure 3) dans lequel pour chaque
noyau existant dans la nature, la valeur du nombre de neutrons N est portée en ordonnée
tandis que celle du nombre de protons Z est portée en abscisse.

Figure 3

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2- MODES DE TRANSFORMATIONS RADIOACTIVES

Les transformations radioactives peuvent être répartis en deux principaux phénomènes :

 Phénomènes primaires :
Transformations isobariques (β+, β- , capture électronique CE)
Transformation par partition (α et fission)

 Phénomènes secondaires
Transformations isomériques (γ et conversion interne CI)

2.1-PHENOMENES PRIMAIRES
2.1.1-TRANSFORMATIONS ISOBARIQUES

a. L’émission bêta – (β-)


 Équation de la transition

Le nombre de protons du noyau fils est supérieur d’une unité à celui du noyau père. Cette
réaction s’accompagne de l’émission de 2 particules : un électron appelé particule β-, et un
antineutrino. Le noyau fils peut être stable ou non (état excité).

Dans le cas où le noyau fils est dans un état excité ou métastable, l’excès d’énergie donne lieu
à un ou plusieurs types de photons γ, soit à un mécanisme de conversion interne CI.

 Condition énergétique

La réaction n’est possible que si la masse du noyau père est supérieure à la masse des noyaux
M et des particules créées :

 Énergie de réaction

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L’énergie Q libérée se répartit aléatoirement entre la particule β- créée et l’antineutrino. Le
spectre d’émission des particules β- est alors continu. L’énergie cinétique de cette particule
varie en effet continûment de 0, quand l’antineutrino emporte toute l’énergie, à Eβ- (max),
quand l’antineutrino n’emporte aucune énergie :

Les 2 dernières relations peuvent être écrites en fonction des masses atomiques
correspondantes, en négligeant les énergies de liaison des électrons atomiques :

La valeur moyenne de l’énergie cinétique des particules β- est approximativement donnée


par :

 Exemples
- Exemple 1 : cas du Molybdène 99 (figure 6)

Figure 6

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Le radioélément fils (technétium 99m) est couramment utilisé dans les examens de médecine
nucléaire (scintigraphies). La flèche de désintégration est ici orientée vers la droite signifiante
donc que le Z augmente quand on passe du noyau père au noyau fils.

- Exemple 2 : cas de l’iode 131

Plusieurs types d’émissions γ et d’émissions β sont en compétition (figure7)

Figure 7

b. L’émission Bêta + (β+)


 Équation de la transition
L’équation de la réaction est la suivante :

Le nombre de protons du noyau fils Y est inférieur d’une unité par rapport à celui du
noyau père X. Cette transition s’accompagne de l’émission de 2 particules : un positon
(électron de charge positive) ou particule β+ , et une autre particule de masse et de
charge toutes nulles : c’est le neutrino. Le positon ou positron est l’antiparticule de
l’électron, c’est – à – dire qu’ils sont de masse identique mais de charge opposée. Le
neutrino est l’antiparticule de l’antineutrino. Le noyau fils Y peut-être dans un état
stable ou excité.

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 Condition énergétique

La réaction n’est possible que si la masse du noyau père est supérieure à la masse des
noyaux et particules crées :

Cette relation peut aussi être écrite en fonction des masses atomiques Mat correspondantes :

 Énergie libérée au cours de la réaction

L’énergie libérée Q se répartie aléatoirement entre les énergies cinétiques emportées par la
particule β+ et par le neutrino. Le spectre d’émission de la particule β+ est tel que son énergie
cinétique varie continûment de 0, quand le neutrino emporte toute l’énergie, à Eβ+ (max),
quand le neutrino n’emporte aucune énergie.

En négligeant les énergies de liaison des électrons atomiques, on a :

La valeur moyenne de l’énergie cinétique des particules β+ est approximativement donnée


par :

 Devenir de la particule β+

Lors de la traversée d’un matériau, le positon épuise progressivement son énergie cinétique
sous forme de collisions multiples. En fin de parcours, il se combine à un électron. Il y’a alors
une réaction d’annihilation des 2 particules qui donne naissance à 2 photons γ de 511 keV
chacun qui partent dans la même direction mais dans des sens opposés (figures 4 et 5). C’est

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ce mécanisme d’annihilation qui est à la base d’une nouvelle technique d’imagerie médicale :
la tomographie par émission de positons (TEP).

Figure 4 figure5

c. La capture électronique (CE)

 Équation de la transition

Ce mécanisme correspond à la capture par le noyau, d’un électron appartenant à une couche
profonde de l’atome, qui est K : on parle alors de capture K. par ailleurs, il existe aussi des
captures L ou M.

 Condition énergétique

La réaction n’est possible que si la masse initiale est supérieure à la masse des noyaux M
créés :

L’écriture de cette relation en fonction des masses atomiques nécessite de tenir compte de
l’énergie de liaison W de l’électron capturé :

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 Énergie de réaction

L’énergie Q libérée est emportée par le neutrino.

 Effets secondaires

Les effets secondaires consécutifs à une capture électronique sont identiques à ceux d’une
conversion interne. Suite à la capture d’électron atomique, la place laissée vacante dans la
couche électronique correspondante provoque un réarrangement du cortège électronique
donnant naissance simultanément à des photons de fluorescence et à des électrons Auger.

2.1.2-TRANSFORMATIONS PAR PARTITION

a. L’émission alpha
 Équation de la transition

Au cours de cette réaction, les valeurs de A et Z varient. Le noyau père instable donne
naissance au noyau fils stable ou non. Le noyau d’Hélium est la particule α. Les valeurs de
l’énergie cinétique des particules α sont caractéristiques du type du noyau émetteur.

 Énergie de réaction

M est la masse des noyaux. Cette énergie est essentiellement emportée sous forme d’énergie
cinétique Par la particule alpha, l’énergie de recul du noyau étant négligeable.

 Le spectre d’émission

Par définition, c’est le nombre N de particules α émises en fonction de leur énergie. Il est
discret (non continu) et composé d’une ou plusieurs raies, comme le montre la figure 8 :

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Figure 8

 Exemples
- Exemple 1 : cas du polonium 210

Le schéma de la transition est représenté sur la figure 9

Figure 9

L’orientation de la flèche de désintégration vers la gauche indique que le Z diminue quand on


passe du noyau père au noyau fils.

- Exemple 2 : cas du radium 226

Deux émissions sont possibles :

Le radium 226 peut se désexciter, soit directement vers l’état fondamental du radon Rn, soit
vers un état excité du radon. Le spectre d’émission du radium est donc composé de 2 raies. Le
radon, dans son état excité, se désintègre ensuite vers son état stable, par émission de photons
γ.

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Figure 10

b. La fission nucléaire

C’est la fragmentation spontanée d’un noyau instable. Elle ne se produit que dans le cas de
noyaux pères très lourds. Elle est souvent accompagnée par une émission de neutrons et est
utilisée dans les réacteurs nucléaires, pour la production d’énergie.

2.2-PHENOMENES SECONDAIRES

Les phénomènes secondaires sont des transformations radioactives isomériques. Ils


comprennent l’émission gamma et la conversion interne

a. L’émission gamma

b. Conversion interne (CI)

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3-CINETIQUE DES TRANSFORMATIONS RADIOACTIVES
3.1-LES LOIS DE LA RADIOACTIVITE

3.1.1-Loi de variation du nombre de noyaux pères

Soit N(t) le nombre de noyaux radioactifs pères X présents à l’instant t. leur nombre diminue
de dN pendant un intervalle de temps dt :

N obéît donc à l’équation différentielle suivante :

𝐝𝐍
= −λdt
𝐍
λ est la constante radioactive c’est-à-dire la probabilité de désintégration d’un noyau par unité
de temps.

Si le nombre de noyaux X présents à l’instant t = 0 est N0 , l’intégration de l’équation


différentielle nous donne :

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La résolution nous conduit à ce résultat :

3.1.2-Période T, et vie moyenne ԏ du radioélément :

3.1.3-Relation entre période et constante radioactives

3.1.4- Nombre de noyaux pères restant au bout de n périodes (n entier ou


fractionnaire)

Par exemple, à la fin de 10 périodes :

Figure 12
3.1.5-Activité

C’est le nombre moyen de noyaux qui se désintègrent par unité de temps (seconde).

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Elle s’exprime en Becquerel (Bq), elle admet aussi le Curie (Ci) comme unité :

Au bout de n périodes :

Évolution de la masse en fonction du temps :

Soit N(t) le nombre de noyaux radioactifs contenus dans un ensemble de masse m(t). SiMmol
est la masse molaire d’un noyau et NAV le nombre d’Avogadro, nous avons :

Ou mieux encore :

3.2-FILIATIONS RADIOACTIVES

Ce sont des désintégrations successives de noyaux instables jusqu’à l’obtention de noyaux


stables.

La figure 13 nous montre les courbes de variation de noyaux père et fils en fonction du
temps :

Figure 13

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 Exemple du générateur molybdène-technétium 99m dans les services de
médecine nucléaire :

T1 (β- ) ≈ 67 h et T2 (γ) ≈ 6h

La quantité de technétium formée est prélevée toutes les 24h, pendant plusieurs jours
successifs (figure 14). Cette technique permet d’effectuer les examens scintigraphiques
utilisant du technétium 99m, pendant plusieurs jours à partir d’une seule livraison de
molybdène.

Figure 14

 Courbe de variation des activités des noyaux X1 et X2

Figure 15

 Cas particuliers
- Équilibre de régime :

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C’est le cas où T1 > T2 ou encore λ1 < λ2

Si t est suffisamment grand, exp (-λ2t) tend plus vite vers 0 que exp (-λ1t), on a un équilibre de
régime.

- Équilibre séculaire :

C’est le cas où T1 >> T2 ou encore λ1 << λ2, les activités sont alors égales à tout instant.

Exemple d’équilibre séculaire :

- Cas où T1 << T2

Le terme exp (-λ1t) tend très vite vers 0. Le noyau fils, très vite formé, se désintègre ensuite
selon sa propre période.

CONCLUSION

Les transformations radioactives comprennent des phénomènes primaires représentés par les
transformations isobariques et par partition et les phénomènes secondaires représentés par des
transformations isomériques.

Les sources radioactives émettent des particules ou des photons qui constituent des
rayonnements et qui sont ionisants et donc dangereux.

La radioactivité a pour application médicale la médecine nucléaire et la radiothérapie qui


doivent être encadrées par des mesures de radioprotection rigoureuses.

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