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CHAPITRE3 : INITIATION A LA DOSIMETRIE ET A LA RADIOPROTECTION

1 Notion de Dosimétrie

1.1 Définition de quelques concepts


Que la radioactivité soit naturelle ou artificielle, elle peut produit des rayonnements ionisants (RI) qui
peuvent etre bénéfiques ou non pour l’humanité. Il est du devoir de l’Homme de tout mettre en œuvre pour
se protéger contre ces rayonnements.

L'exposition : Lorsqu’un individu est sous à l’action de ces RI, on dit qu’il est exposé ; on distingue
l’exposition externe où la source d’exposition est à l’extérieur de sujet et l’exposition interne où la source
d’exposition est à l’intérieur de sujet.

La dose absorbée : Lorsque le rayonnement traverse le sujet, il y dépose une énergie ; l’énergie déposée
(dE) dans une unité de masse (dm) est la dose absorbée notée D. On a :

ⅆE
D = ⅆm son unité est le Gray (symbole : Gy) et par définition : 1 Gray (Gy) = 1 Joule par kilogramme

(J.kg-1).

Le KERMA K : le Kerma (Kinetic energy released per unit mass) est une grandeur physique tout comme
la dose absorbée ; il s’agit de l’énergie moyenne radioactive transmise par les rayonnements ionisants non
chargés aux électrons d’un milieu

Le débit de dose absorbée : la Dose absorbée par unité de temps est le Débit de dose. Elle mesure la
diminution de la dose ; dans le SI d’unités, il se mesurer en Gray par seconde (Gy.s-1). Dans le pratique on
utilise souvent des sous-multiples comme le milli Gray par heure (mGy.h-1).

Les grandeurs que nous venons d’explorer sont appelées grandeur dosimétriques. On peut directement la
mesurer contrairement à la dose équivalente et à la dose efficace ; l’intérêt d’introduit ces deux dernières
est qu’elles sont des grandeurs de protection contre les rayonnements ionisants. En princes la dose reçue
dépend non seulement de l’énergie du rayonnement mais aussi du type de rayonnement (plus ou moins
pénétrant) et du tissu sur lequel se dépose l’énergie

Dose équivalente HT : elle s’exprime elle s’exprime en J/kg dans le SI et en Sievert (Sv) dans la pratique.
Le Roentgen R fut la toute première unité (1R = 0,01Sv = 0.00877 µGy). On a :

H T  WR DTR
R

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DTR est la dose moyenne absorbée pour tout tissu ou organe T provenant du rayonnement R et W R le facteur

de pondération du rayonnement. Le tableau II.1 suivant résume les différents facteurs de pondération
radiologique à chaque type de radiation

Facteurs de pondération radiologique : photons X,  et radioactivité  : WR=1 ; protons : WR= 2 ;


neutrons : WR= 2,5 à 20 ; particules  et lourdes : WR= 20

Dose Efficace E : elle s’exprime dans le SI en joule par kilogramme (J.kg-1), et son unité usuelle est le
sievert (Sv). La dose efficace est la seule qui permette d’estimer la dose totale reçue par un patient en
radiologie et donc le risque qui est lié à cette dose. Elle est donnée par :

E   WRWT DTR   WT HT
R T T

WT est le facteur de pondération tissulaire ; les valeurs correspondantes sont données dans le tableau suivant

Facteurs de pondération tissulaire : Gonades : WT = 0.08 ; Moelle osseuse, colon, poumons, estomac,
(Autres organe*) : WT = 0,12 ; Vessie, foie, œsophage, thyroïde : WT = 0,04 : Peau, Surface osseuse,
cerveau, glandes salivaires : WT = 0,01 ; Organisme total : WT = 1

* surrénales, région extra thoracique, vésicule biliaire, cœur, reins, ganglions lymphatiques, muscles,
muqueuse buccale, pancréas, prostate (♂), intestin grêle, rate, thymus, utérus/col de l’utérus (♀) ; le
facteur de pondération est 0,12 pour l’ensemble de ces autres organes.

Pour les grandeurs dosimétriques, le débit de dose est donné en Sv/s mais dans la pratique

Mesure de la dose en médecine : médecine nucléaire (radiothérapie interne) Activité A en Bq ;


radiothérapie externe : D en Gy ; radiologie : D/m² en Gy/m² ; scanographie : D.m en Gy.m ;
mammographie : D en Gy

1.2. Effets des RI sur un organisme humain


Les RI sont d’origine naturelle (tellurique et cosmique) et artificielle (activités de l’Homme). Lorsque
l’énergie ionisante est déposée sur une partie d’un sujet, les effets qui peuvent résulter sont généralement
classés en deux catégories : les effets déterministes et les effets aléatoires ou stochastiques.

Les effets déterministes : ce sont des effets qui surgissent immédiatement après l’irradiation (brulures par
exemple) ; Leur gravité augmente avec la dose absorbée. Pour une exposition partielle, le seuil est de 0.3
Gy et pour une exposition globale, il est de 0.5G ; Pour une forte dose absorbée (environ
2 gray) il y a un risque de décès. Lorsque le risque de décédé 60 jours après l’irradiation est de 50%, on
parle de Dose létale (DL50). Elle vaut environ de 4,5 Gy.

Les effets stochastiques : ce sont des effets qui surgissent des semaines ou des mois ou même des années
après l’irradiation (cancers et mutations génétiques).
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2. Notion de radioprotection
2.1. Principes de la radioprotection
La radioprotection est l’ensemble des mesures prises pour assurer la protection de l’homme contre les effets
néfastes des rayonnements ionisants. Elle est gouvernée par 3 grands principes qui sont :

 Justification : l’utilisation des rayonnements ionisants n’a lieu que si autre moyen pouvant apporter
les résultats satisfaisants n’existe pas. On doit se rassurer que le bénéfice est au-dessus du risque.
 Optimisation : On doit se rassurer que la dose administrer est plus basse que possible pour
l’obtention du résultat satisfaisant ; d’où le principe ALARA (As Low As Reasonably Achievable c’est à
dire Aussi Bas que Raisonnablement Possible)
 Limitation : excepter les patients, l’on est tenu de limiter la dose reçue par tout individu. Pour les
travailleurs, la dose limite (dose efficace) est en générale de 20 mSv par an et 1 mSv pour la population.

Exercice : Définir Radioprotection et Expliquer les principes de la radioprotection

2.2. Les limites d'exposition et classification des travailleurs

Autour d’une installation de RI, on distingue généralement trois catégories de travailleurs à savoir :
catégorie A, catégorie B et Non Exposés (NE) selon la quantité de dose reçue par chacun.
Si la dose efficace sur 12 mois est en dessous de 1 mSv, le travail est supposé NE ; si elle est comprise
entre 1 mSv et 6 mSv, il est classé en catégorie B ; elle est au-delà de 6mSv (limite 20mSv), le personnel
est classé en catégorie A.
On peut également s’en servir de la dose équivalente pour classifier les travailleurs ; dans ce cas, on doit
soit tenir compte de la dose aux extrémités ou à la peau, soit de la dose au cristallin.

 Dose aux extrémités ou à la peau : si elle est inférieure à 1mSv, le personnel est NE, et entre 1 mSv
et 150 mSv, il est de catégorie B et au-delà de 150mSv (limite 500mSv), le travailleur est de catégorie A
 Dose au cristallin : entre 150 mSv et 45mSv, on est en catégorie A et entre 45 mSv et 1mSv, on est
en catégorie B.

NB : les femmes enceintes et les femmes allaitantes doivent être affectées aux poste qui leurs classent en NE
alors que les jeunes travailleurs (moins de 18 ans) doivent être affectés aux taches qui requièrent un
classement en catégorie B automatiquement.

2.3. Délimitation des zones de travail

Les différentes zones de travail sont représentées ci-dessous

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Exercice : Identifier les symboles suivants

(a) (b) (c) (d)

2.4. Les moyens de protection

Les moyens de protection nécessaires sont :

 Distance : s’éloigner des sources de rayonnement


 Activité : réduire l’activité de la source
 Temps : minimiser la durée d’exposition aux rayonnements
 Ecran : les rayons  sont arrêtés par une feuille de papier,
les rayons  sont arrêtés par quelques millimètres d’aluminium; les
rayons  sont qualifiés de négligeables
après 10 CDA.
NB : une feuille de papier arrête les  ; 1 cm de plexiglas pour le rayonnement  ; les photons ne peuvent
pas etre complètement arrêtés

2.5. Importance des écrans de protection

Loi d’atténuation exponentielle : intéressons-nous à


 µx
l’interaction d’un ensemble de photons on a : N ( x)  N 0 e
 µx
ou I ( x)  I 0 e où I est l’intensité après atténuation, I o est
l’intensité incidente, μ est le coefficient d’atténuation linéaire
(cm -1 ) , Page 4
N0 le nombre de rayons initial, N le nombre de rayons émergent de I0 I
la barrière et l’épaisseur physique de l’absorbeur (cm). Si le
faisceau traverse plusieurs milieux de coefficients d’atténuation
différents µ1 , µ2 , µ3 , …, µn sur des épaisseurs x1 , x 2 , x3 , … , x n
n

 µi xi
x
, le nombre de rayons émergeants sera : N ( x)  N 0 e
1

Couche de demi-atténuation : on appelle couche de demi-atténuation CDA ou épaisseur moitié,


l'épaisseur de matériau nécessaire pour atténuer d'un facteur 2 (diminuer de moitié) le nombre initial de
photons initial. CDA=ln2/µ

Exercice

1. Exprimer le nombre de rayons émergent d’un matériau de masse volumique  peut en fonction de
son coefficient d’atténuation massique 

2. Exprimer le nombre de rayons émergent d’un matériau d’épaisseur x en fonction de la CDA de ce


matériau

3. Considérons un faisceau rayons X ayant une énergie de 100 keV. L’on souhaite réduire son
intensité à 1% de son intensité incidente. Pour ce on dispose de l’eau comme matériau atténuant. Dans
l’eau, la CDA est de 4,15 cm et le coefficient d’atténuation linéaire est de 0,167 cm -1. Déterminer
l’épaisseur nécessaire à la réalisation de cette tâche.

2.6. Les organismes internationaux de radioprotection


 Commission Internationale de Protection Radiologique : CIPR (1928)
 Comité Scientifique des Nations Unies pour l’Etude des effets des rayonnements ionisants ou
United Nations · Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation : UNSCEAR (1955)
 Agence Internationale de l’Energie Atomique ou International Atomic Energy Agency : AIEA
(1957).
 International Commission Radiation Units and Measurement ou Commission internationale des
unités et mesures radiologiques : ICRU (1925).
NB : Au Cameroun, l’organe chargé de mise en œuvre des normes en matière de radioprotection est
l’Agence Nation de Radio-Protection : l’ANRP

3.2.7. Gestion des sources et déchets radioactifs

Les produits radioactifs (sources ou déchets) ne doivent pas etre stockés pas stocké dans les lieux de
travail à séjour permanent.

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Les sources radioactives non scellées doivent être stockées dans des récipients appropriés (étanchéité
blindage)
Les déchets radioactifs peuvent etre classés les déchets en plusieurs catégories : Haute activité, Déchets
alpha, Faible activité et Très faible activité . Pour ce qui concerne les déchets issus des installations
nucléaires, les déchets ne font pas l'objet de remise en circulation dans des filières dites classiques.

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