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UNIVERSITÉ MONTPELLIER I

FACULTÉ DE DROIT

2010 N° attribué par la bibliothèque


I_I_I_I_I_I_I_I_I_I_I

THÈSE
pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ MONTPELLIER I


Discipline : Droit Privé

Présentée et soutenue publiquement par


Irène RANDRIANJANAKA
Le 15 décembre 2010

LE CADRE JURIDIQUE DE L’EXERCICE DU


CHIRURGIEN-DENTISTE :
CONTRIBUTION À L’ÉTUDE DU CONTRAT DE SOINS

DIRECTEUR DE THÈSE

Monsieur François VIALLA, Maître de conférences à l’Université Montpellier I,


Directeur du Centre d’Études et de Recherches Droit et Santé (CEERDS)

JURY

Docteur Marie-Christine GOLDSMITH, Professeur à l’Université Montpellier I


M. Antoine LECA, Professeur à l’Université Paul Cézanne, Aix-Marseille III
M. Bruno PY, Maître de conférences à l’Université Nancy 2
Docteur Jean VALCARCEL, Maître de conférences à l’Université Montpellier I (Invité)
M. François VIALLA, Maître de conférences, à l’Université Montpellier I
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

« La Faculté n’entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises


dans cette thèse ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur. »

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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

in memoriam
Monsieur le Docteur Robert SAURY
et
Monsieur le Docteur Aubert –Charles RANDRIANJANAKA,
mes Maîtres,

À Monsieur François VIALLA


Qui m’a fait l’honneur d’accepter de diriger ce travail et que je remercie pour sa patience.

À Madame le Professeur Marie-Christine Goldsmith,


Monsieur le Professeur Antoine LECA et Monsieur Bruno PY, qui me font l’honneur de
participer à mon jury de thèse.
À Jean VALCARCEL, pour son amitié et son soutien.

À ma famille, sans laquelle je ne serais ce que je suis.


À tous ceux qui m’entourent et qui m’encouragent,
mes amis, mes collaborateurs, mes confrères,
À Sophie, la compagne de dernière heure.

À Jean-Luc.

À Kiki, pour les longues nuits blanches à l’ordinateur.

Et à ma fille Gabrielle, qui a tout supporté avec un amour sans faille.

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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE
SECTION I : L’EVOLUTION HISTORIQUE DE LA PRATIQUE DENTAIRE

SECTION II : L’EVOLUTION ACTUELLE DE LA PRATIQUE DU CHIRURGIEN-DENTISTE

1/ Le développement des techniques et des moyens


2/ Le développement des contraintes

PREMIÈRE PARTIE : LE CADRE JURIDIQUE DE LA RELATION


DE SOINS DENTAIRES

TITRE I : BANALITE ET ORIGINALITE DU CONTRAT DE SOINS

Chapitre 1 : La définition du contrat de soins


SECTION I : LE CONTRAT MEDICAL

SECTION II : LE CONTRAT MEDICAL EN MATIERE DE CHIRURGIE-DENTAIRE

Chapitre 2 : Les caractéristiques du contrat de soins


Chapitre 3 : La classification du contrat de soins

TITRE II : LES DEUX ACTEURS DE LA RELATION DE SOINS EN MATIERE


DE CHIRURGIE-DENTAIRE, LE CHIRURGIEN-DENTISTE ET SON PATIENT

Chapitre 1 : Capacité et compétences du chirurgien-dentiste


SECTION I : LA CAPACITE LEGALE PROFESSIONNELLE

SECTION II : NECESSITE, OUTRE CETTE CAPACITE, DE LA COMPETENCE

Chapitre 2 : Le patient
SECTION I : LA DEFINITION DU PATIENT

SECTION II : LA DEMANDE DE SOINS

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

SECONDE PARTIE : LA NATURE JURIDIQUE DE LA RELATION


DE SOINS DENTAIRES

TITRE I: LE CONTENU OBLIGATIONNEL

Chapitre 1 : Les obligations de conscience


SECTION I : L’INFORMATION

SECTION II : LE CONSENTEMENT L’ACTE DE SOINS

SECTION III: LE SECRET MEDICAL

Chapitre 2 : Les obligations de science


SECTION I : LES OBLIGATIONS DU CHIRURGIEN-DENTISTE

SECTION II : LES OBLIGATIONS DU PATIENT

TITRE II LES DROITS DES PARTIES

Chapitre 1 : Les droits des chirurgiens-dentistes


SECTION I: LA LIBERTE DE PRESCRIPTION

SECTION II : LE REFUS DE SOINS

Chapitre 2 : Les droits de patients


SECTION I: LE LIBRE CHOIX DU PRATICIEN
SECTION II : L’ACCES AUX SOINS

CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

CONCLUSION GÉNÉRALE

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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

TABLE DES PRINCIPALES ABRÉVIATIONS

A Arrêté
ADF Association dentaire française
A.D.S.P. Actualités du droit en santé publique
Aff. affaire
A.J.D.A. Actualité du droit administratif
al. alinéa
A.L.D. Actualités législatives Dalloz
ANAES Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé
ANDEM Agence nationale pour le développement de l’évaluation
AFSSAPS Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé
Arch. phil. droit Archives de philosophie du droit
Art. Article
ASIP Agence des systèmes d’informations de santé partagés
Ass. Plén. Assemblée plénière

B.L.D. Bulletin législatif Dalloz (jusqu’en 1982)


Bibl. dr. entr. Bibliothèque du droit de l’entreprise
Bibli. dr. Privé Bibliothèque du droit privé
BO Bulletin officiel
Bull. civ. Bulletin des arrêts de la Cour de cassation, chambre civile
Bull. crim. Bulletin des arrêts de la Cour de cassation, chambre criminelle
Bull. ord. méd. Bulletin national de l’ordre des médecins

CA Cour d’appel
CAA Cour administrative d’appel
Cah. dr. ent. Cahier du droit de l’entreprise
Cass. ass. plén. Cour de cassation, assemblée plénière
Cass. ch. mixtes Cour de cassation, chambres mixtes
Cass. civ. Cour de cassation, chambre civile
Cass. comm. Cour de cassation, chambre commerciale
Cass. crim. Cour de cassation, chambre criminelle
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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Cass. req. Cour de cassation, chambre des requêtes


Cass. soc. Cour de cassation, chambre sociale
C.civ. Code civil
C.com. Code du commerce
C. cons. Code de la consommation
CCAM Classification commune des actes médicaux
C.C.N.E. Comité consultatif national d’éthique
C.D.D Code de déontologie dentaire
C.D.M. Code de déontologie médicale
CE Conseil d’État
C.E.D.H. Cour européenne des droits de l’homme

ch. chambre
chrn. chronique
CIRFCO Conseils inter-régionaux de la formation continue odontologique
CMU Couverture Maladie Universelle
CNAMTS Caisse négionale d’assurance maladie et travailleurs salariés
CNFCO Conseil national de la formation continue odontologique
CNIL Conseil national de l’informatique et des libertés
C. const. Conseil constitutionnel
cf confer
C.J.C.E. cour de justice des communautés européennes
CNSD Confédération nationale des syndicats dentaires
col. Colonne
coll. collection
comm. commentaire
comp. comparer avec
concl. conclusions
Cons. Const. Conseil constitutionnel
Cons. conc. Conseil de la concurrence
contra Contrairement, solution contraire
CPAM Caisse primaire d’assurance maladie
CSP Code de la santé publique
CSS Code de la sécurité sociale

D. Recueil Dalloz

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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

D. aff. Recueil Dalloz affaires


Defrénois Répertoire du notariat Defrénois
D.G.C.C.R.F. Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la
répression des fraudes

D.H. Dalloz hebdomadaire


dir. Direction
doct. Doctrine
Doc. fr. Documentation française
D.P. Dalloz périodique
DPCO Développement professionnel continu odontologique
Dr. adm. Droit administratif
DREES Direction de la recherche des études de l’évaluation et des
statistiques
Dr. soc. Droit social
Dr. et pat. Droit et patrimoine
DU Diplôme d’Université
éd. Edition
EPP Évaluation des pratiques professionnelles
esp. Espèces

fasc. Fascicule
Gaz. pal. Gazette du Palais

HALDE Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité


HAS Haute autorité de santé
HSPT Hôpital, Santé, Patients, Territoires
Ibid Ibidem, au même endroit
ID Information dentaire
Infra voir ci-dessous
I.R. informations rapides
ISO Organisme international de normalisation

J.Cl. Juris-Classeur
J.-Cl. éd. E. Juris-Classeur périodique (semaine juridique) édition entreprise
J.-Cl. éd. G. Juris-Classeur périodique (semaine juridique) édition générale
J.-Cl. éd. N. Juris-Classeur périodique (semaine juridique) édition notariale et
8
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

immobilière

J.O. Journal officiel


J.O.C.E. Journal officiel des communautés européennes
J.S.O.P. Journal de la Société odontologique de Paris
Juris. Jurisprudence
L.G.D.J. Librairie générale de droit et jurisprudence
loc. cit. à l’endroit cité
L. Loi

Méd. et droit Médecine et droit

n° Numéro
not. Notamment
NGAP Nomenclature générale des actes professionnels

obs. Observation
ONCD Ordre national de chirurgiens-dentistes
ONDPS Observatoire national de la démographie des professions de
santé

Op. cit. Dans l’ouvrage précité

p. Page
P.A. Les Petites Affiches
préc. précité (e)
PUAM Presses Universitaires de l’Université Aix-Marseille
PUF Presses Universitaires de France

rapp. Rapport
RCP Responsabilité civile professionnelle
R.D.I.P. Revue de droit international privé
R.D.P. Revue de droit public et de science politique
R.D. sanit. soc. Revue de droit sanitaire et social
Rec. Cons. const. Recueil des décisions du Conseil constitutionnel
Rec. CE/ Rec.Leb. Recueil Lebon des décisions du Conseil d’État
Rép. Civ. Dalloz Répertoire civil Dalloz
Resp. civ. et assu. Responsabilité civile et assurance
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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Rev. Revue
Rev. fr. aff. soc. Revue française des affaires sociales
Rev. fr. domm. corp. Revue française du dommage corporel
Rev. jur. Thémis Revue juridique Thémis
Rev. sc. crim. Revue de science criminelle et de droit pénal comparé
R.F.D.Adm. Revue française de droit administratif
R.G.A.T. Revue générale des assurances terrestres
R.G.D.A. Revue générale de droit des assurances
R.G.D.M. Revue générale de droit médical
R.I.D.C. Revue internationale de droit comparé
R.J.D.A. Revue de jurisprudence de droit des affaires
R.R.J. Revue de la recherche juridique-droit prospectif
R.T.D.Civ. Revue trimestrielle de droit civil
R.T.D. Com. Revue trimestrielle de droit commercial

s Suivant
S Sirey (recueil)
SCM Société civile de moyens
SCP Société civile professionnelle
SEL Société d’exercice libéral
ss suivantes
sect. section
somm. sommaires commentés
spéc. spécialement
supra ci-dessus
suppr. suppression
suiv. suivant (es)

t. Tome
T.A. Tribunal administratif
T. civ. Tribunal civil
T. confl. Tribunal des conflits
T. corr. Tribunal correctionnel
TGI Tribunal de grande instance
TI Tribunal d’instance
th. Thèse

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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

th. droit Thèse de droit


th. méd. Thèse de médecine

UEE Union Économique Européenne


UFSBD Union française pour la santé bucco-dentaire
UJCD Union des jeunes chirurgiens-dentistes
UNCAM Union nationale des caisses d’assurances maladie

v. voir
V° verbo
vol. volume

11
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

INTRODUCTION GÉNÉRALE

«De l’inaptitude à s’abstenir dès lors qu’il n’y a rien à faire...


Du culte de l’innovation au mépris de l’expérience...
De la primauté de la technique sur la sagesse, de la science sur l’art, du savoir sur le
bon sens...
Du traitement de la maladie sans souci du malade...
Délivrez-nous Seigneur ! 1».

1. Le chirurgien-dentiste occupe une place à part, très autonome, dans le système de


santé français. Il exerce une profession médicale, au même titre que le médecin ou la sage-
femme2. Sa particularité est d’avoir un métier à la fois manuel, technique et technologique,
dans un contexte médical. Et c’est sans doute pour cet aspect manuel que l’appellation
d’art dentaire est encore aujourd’hui couramment utilisée.

2.Art et non pas science ? Le législateur a encore de nos jours opté pour le terme
d’«art», en définissant ainsi la profession, dans l’article L. 4141-1 du Code de la santé
publique : « La pratique de l’art dentaire comporte la prévention, le diagnostic et le
traitement des maladies congénitales ou acquises, réelles ou supposées, de la bouche, des
dents, des maxillaires et des tissus attenants, suivant les modalités fixées par le code de
déontologie de la profession mentionné à l'article L. 4127-1 ».

3. Déjà, en 1865, dans son Introduction à la médecine expérimentale, Claude


BERNARD s’insurge contre « une opinion fausse assez accréditée et même professée par
de grands médecins parisiens » qui « consiste à dire que la médecine n’est pas destinée à
devenir une science mais seulement un art ». Pour lui, un artiste est « un homme qui réalise

1
Prière du médecin, Sir HUTCHINSON R., in « Prières favorites, compilées par CASSIDI D. », Cassel,
1998, ISBN 70 315 0304 X.
2
Ces trois professions médicales sont régies par les dispositions du livre 1er de la quatrième partie du
Code de la santé publique (CSP).
12
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

dans une œuvre d’art une idée ou un sentiment qui lui est personnel ». Il indique également
que « la science est dans la recherche des lois et des phénomènes et dans la conception de
théories. L’art est dans l’application, c'est-à-dire une réalisation pratique en général utile
à l’homme, qui nécessite toujours l’action personnelle d’un individu isolé ». Il affirme
donc qu' « il ne peut y avoir d'artiste médecin parce qu'il ne peut y avoir d'oeuvres d'art
médical ; ceux qui se qualifient ainsi nuisent à l'avancement de la science médicale parce
qu'ils augmentent la personnalité du médecin en diminuant l'importance de la science3 ».

4. La chirurgie-dentaire, bien que profession médicale à part entière, diffèrerait-elle


de la médecine et serait-elle un art ? Certes, c’est un métier où « la valeur de l’acte est
dans l’application pratique d’un savoir scientifique4 » et qui requiert, de la part du
praticien, une grande habileté manuelle. Mais bien d'autres spécialités médicales
nécessitent aussi cette habileté. C’est certainement par habitude ou par tradition que ce
terme d’art dentaire, qui peut paraître désuet, est celui le plus souvent utilisé par les
instances professionnelles, dans les textes de loi ou dans les décisions de justice.

5.Ce terme « d’art dentaire » est appelé à disparaître avec la publication par l’ISO5
d’une norme bilingue (en anglais et en français) portant le titre « ISO 1942 Médecine
bucco-dentaire-Vocabulaire », le 15 décembre 2009. Les textes officiels concernant les
produits utilisés en chirurgie-dentaire ne devront plus faire référence à l’art dentaire mais à
la médecine bucco-dentaire. La commission de normalisation de terminologie de l’ISO TC
106 a reconnu l’obsolescence du terme « d’art dentaire » et a choisi celui de « médecine
bucco dentaire », plutôt que celui d’ « odonto-stomatologie », de « médecine dentaire » ou
de « chirurgie-dentaire 6». Nous voyons dans ce changement de terminologie, une
véritable reconnaissance de la chirurgie-dentaire comme une profession dont le « domaine
de compétence et d’activité est médical et concerne la bouche et les dents […]. Adapter la
terminologie à l’évolution des pratiques est naturel7 ». Nous pouvons souhaiter que

3
BERNARD C., Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, Tours : Garnier-Flammarion, 1966, p.
286 et suiv.
4
ONDPS, «Le métier de chirurgien-dentiste: caractéristiques actuelles et évolutions. Une étude qualitative»,
DREES, septembre 2007, p 90.
5
Organisation Internationale de Normalisation.
6
Terme employé en France.
7
CALFON P., « Art dentaire cède la place à médecine bucco-dentaire. », Entretien, L’information dentaire,
n° 2, 13 janvier 2010, p.16.
13
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

l’enseignement de la chirurgie-dentaire suive aussi cette évolution et que la profession


devienne une véritable spécialité médicale à part entière.

6. Technicien plutôt que médecin ? Le développement de la technicité contribue à la


disparition de la dimension médicale : l’acte de soins est souvent assimilé à un acte
technique. Le patient demande d’autant plus un résultat, qu’il a payé pour. La tendance de
la jurisprudence à évoluer de l’obligation de moyens vers l’obligation de résultat, montre
bien la difficulté à percevoir quelle est la dimension de l’acte thérapeutique en matière de
chirurgie-dentaire. Le Comité National Odontologique d’Éthique affirme que
« l’odontologie appartient désormais intrinsèquement à la médecine. Vouloir l’abaisser au
niveau d’une simple technique, aussi sophistiquée soit-elle, est une hérésie dangereuse
pour la santé de nos patients et néfaste pour la santé publique dont nous sommes
pleinement les acteurs et les garants. En étant exclue du contexte médical qui est le sien et
qui constitue à la fois notre vocation et notre raison d’être, notre profession se trouverait
diminuée au lieu d’être élevée8 ».

7. Certes, le geste technique demande de la précision et de la rigueur, mais il est


accompli dans un cadre physiologique et fonctionnel dans lequel le praticien ne peut
maîtriser tous les paramètres. Madame Marion GIRER écrit que « la médecine est et
restera toujours une science profondément aléatoire, s’exerçant sur un corps dont on ne
peut prévoir toutes les réactions et nécessitant une adaptation à chaque cas particulier9 ».
Dans le domaine de la chirurgie-dentaire, nous pouvons nuancer le terme d’« aléatoire » :
le praticien, comme nous le verrons plus tard, est tenu à donner des soins « éclairés et
conformes aux données acquises de la science10 » ; il a une obligation de « sécurité-
résultat » en ce qui concerne la fourniture d’appareillages et de prothèses11, ainsi qu’à une

8
Comité National Odontologique d’Éthique. « Du secret médical au clonage : 13 ans de réflexions
éthique.», La lettre, ONCD, mai 2008, n° 67, p. 39.
9
GIRER M., « Contribution à une analyse rénovée de la relation de soins- essai de remise en cause du
contrat médical. », Thèse de Doctorat en Droit, 6 décembre 2005, p. 2.
10
Article R. 4127-233 du CSP, alinéas 1 et 2 (ancien article 27 du Code de déontologie dentaire (CDD)
donnant la définition du contrat de soins.
11
Cass. civ. 1ère, 22 novembre 1994, n° 92-16.423, Juris-data, n° 002115.

14
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

« précision du geste chirurgical12 ». Mais ce n’est pas pour autant que le patient doit lui
imposer l’obligation de réussir13.

8. Sur environ 40 300 praticiens en exercice14/15 en France, 9 praticiens sur 10 ont


un exercice libéral16. La profession de chirurgien-dentiste a une tradition libérale et
indépendante très marquée. Le choix d’un exercice libéral permet au praticien de se sentir
libre dans son exercice, quant à son mode d’exercice, sa forme d’exercice (libéral ou
salarié), son lieu d’installation et ses orientations professionnelles17.

9. Le praticien qui choisit d’exercer en libéral a un cabinet dentaire privé ou libéral


qui se définit comme « le local professionnel où le praticien reçoit habituellement ses
malades et donne ses consultations, et non la clientèle à laquelle il dispense des soins18 ».
Ce cabinet dentaire constitue « l'entreprise primaire de soins19 ».

10. Monsieur G.érard MÉMETEAU souligne la dualité du système de santé


français20 qui est, selon lui, « le fruit de traditions historiques anciennes et de la
séparation entre l’État et ses organismes décentralisés, gérant les services publics (dont
celui de la Santé) et les particuliers ouvrant presque librement sous l’égide du principe de
la liberté de commerce et d’industrie, et relevant, eux, non du droit public mais du droit
civil et du droit commercial21 ».

12
Cass. Civ. 1ère, 9 octobre 2001, n° 99-20.826, Juris-data n° 011243.
13
KORNPROBST L., La responsabilité médicale. Origines, Fondements et Limites, Librairies J.B.
BAILLIERE et Fils, 1947, p.13.

14
Recensement du Conseil National de l’Ordre des chirurgiens-dentistes au 31 décembre 2006
15
41000 en 2010.
16
COLLET M. et SICART D., « Les chirurgiens-dentistes de France - situation et analyse des
comportements en 2006. », Étude démographique de la DREES, n° 594, septembre 2007.
17
Une enquête nationale par l’institut Imago Research en avril 2009 montre que sur un échantillon de 504
chirurgiens-dentistes issus de 89 départements de France, 93% ont un mode d’exercice libéral exclusif,
4% ont une activité libérale + une activité hospitalière à temps partiel, 3% ont une activité libérale + une
activité salariée autre qu’hospitalière.
18
Définition du Conseil d’État, C.E., 5 novembre 158, D, 1958, 751, conclusion GULDNER et LAUDE
A., fasc. 240, in Lamy-Droit de la santé, n° 240-24.
19
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, Bordeaux : 3ème éd. Les Études Hospitalières, 2006, p. 30.
20
Voir BONNICI B., La politique de santé en France, coll. «Que sais-je?», n° 2814, 3ème éd., 2003.
21
MÉMETEAU G., op. cité, p. 27.
15
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

11. La responsabilité professionnelle du chirurgien-dentiste qui travaille en


établissement de soins public dépend du droit hospitalier public, même s’il est tenu de
respecter les règles déontologiques liées à l’exercice de sa profession, et en cas de conflit,
c’est la juridiction administrative qui est compétente22. De ce fait, on considère que dans le
cadre hospitalier public, la relation de soins entre le praticien et le patient n’est pas une
relation contractuelle. L’étude présente se limitera à l’exercice en cabinet libéral de la
chirurgie-dentaire.

12. Pour analyser la relation de soins qui s’établit entre le chirurgien-dentiste et son
patient, les ressemblances et les différences qui peuvent exister par rapport à la relation de
soins entre un médecin et son patient, il faut au préalable, mettre en évidence en quoi la
chirurgie-dentaire est une profession médicale à part.

13. La chirurgie-dentaire est une discipline récente : ce n’est que depuis le siècle
dernier qu’elle devient indépendante par rapport à la profession de médecin. Le
développement historique de cette activité, longtemps indissociable de la pratique de la
médecine, montre pourquoi la profession a du mal à se faire reconnaître, même de nos
jours.

14. De plus, dans l’inconscient collectif, malgré les progrès de prise en charge du
patient, le chirurgien-dentiste a toujours mauvaise réputation. La peur du dentiste reste très
présente. La douleur, la phobie de la « roulette » et la cherté des soins prothétiques
contribuent à entretenir cette mauvaise image de la profession (mauvaise image que les
médias entretiennent volontiers). À tel point que le Conseil National de l’Ordre des
chirurgiens-dentistes a lancé, à l’automne 2009, en partenariat avec l’ADF23, une vaste
« campagne de communication ambitieuse dont l’objectif consiste à repositionner l’image
de l’ensemble de notre profession24 ». L’Ordre des chirurgiens -dentistes a voulu « réagir
par rapport à certains articles de presse et émissions de télévision dont la pertinence et la
sincérité nous semblaient en fort décalage par rapport à la réalité25 ». Nous pouvons nous

22
Deux jugements du tribunal des conflits précisent que l’activité sanitaire publique est jugée par le juge
administratif (Dalloz, 1957, 395, concl. CHARDEAU, J.C.P., 1957, 10.004, obs. SAVATIER R.).
23
L’Association Dentaire Française.
24
www.leschirugiensdentistes.com
25
cf. plaquette d’information sur www.leschirugiensdentistes.com
16
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

interroger sur la pertinence d’une telle campagne de communication organisée par le


Conseil de l’Ordre avec un « plan média puissant26 ».

15. Cette campagne semble mettre en évidence un décalage entre la réalité des
cabinets et la manière dont les instances dirigeantes perçoivent à la fois le ressenti des
patients et l’exercice de la profession : dans l’édito de la plaquette de présentation de cette
campagne nationale, le Président du Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes
et les secrétaires généraux de l’ADF écrivent qu’ « après une étude approfondie menée tant
auprès de la population française (patients et non patients) que de certains confrères, nous
connaissons la façon dont nous sommes perçus et les attentes de chacun. L’image du
chirurgien-dentiste se situe à un très haut niveau de confiance, de professionnalisme et
d’intégrité pour nos patients. Nous en étions convaincus. Nous en sommes désormais
certains. […] Par nos diagnostics, nos traitements et notre écoute, nous participons
activement à l’épanouissement personnel et à l’estime de soi de chacun de nos
patients 27 ».

16. Qui cette campagne cherche-t-elle à convaincre ? Le praticien de base sait bien
qu’une trop grande part de la population a encore peur du dentiste. Et que les polémiques
actuelles sur les prix des prothèses ont terni depuis quelques années son image de marque.
Cette campagne de communication, qui veut redorer le blason de la profession, induit un
certain malaise par l’emploi de termes ambigus : est-ce que l’Ordre, garant de la
profession, veut convaincre à la fois les patients, les non patients et les confrères qui ne
sont pas encore convaincus d’une telle image idyllique de la profession ? Et faut-il que le
rôle du chirurgien-dentiste dépasse largement le cadre de la relation de soins, vers une
dérive « new age », pour apporter au patient, tel un gourou, « l’épanouissement
personnel 28» et « l’estime de soi 29 » ? Ce programme nous paraît bien présomptueux : au
moment où s’instaure une véritable démocratie sanitaire qui veut rééquilibrer la relation de
soins et mettre fin au paternalisme médical, affirmer de tels propos semble revenir à un
désir de suprématie du praticien qui certes, veut le bonheur de son patient, mais qui en est
un peu trop convaincu.

26
cf. plaquette d’information sur www.leschirugiensdentistes.com
27
cf. plaquette d’information supra
28
Ibid.
29
Ibid.
17
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

17. L’évolution actuelle et les contraintes qui se multiplient influent très fortement
sur la pratique du chirurgien-dentiste en cabinet libéral et d’une manière plus globale, sur
le devenir de la profession toute entière.

18. Le rôle du patient dans la relation de soins a lui aussi bien évolué dans le temps.
D’acteur passif qui subit, il prend une part active à la décision thérapeutique et donne ou
non son consentement aux soins proposés.

19. La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système
de santé30, a véritablement marqué un tournant dans la relation médicale entre le praticien
et son patient, car elle a voulu instaurer une véritable « démocratie sanitaire » pour « la
recherche d'une transparence maximale dans la relation de soins, ainsi que l'égalité des
différents acteurs de cette relation31 ». En accordant des droits au patient, la volonté du
législateur a été de mettre fin au « paternalisme » médical.

20. La demande de soins de la part des patients a également changé avec un recours
plus systématique aux soins et à la prévention32, l’accès à des solutions de soins et des
solutions prothétiques nouvelles, comme les implants dentaires ainsi qu’une plus grande
demande esthétique33. C’est ainsi que l’activité du chirurgien-dentiste, longtemps confinée

30
V. not. MISTRETTA P., « La loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la
qualité du système de santé. Réflexions critiques sur un Droit en pleine mutation. », J.C.P., 2002, I, 141,
n° 10 et suiv.
31
PITCHO B., Le statut juridique du patient, Bordeaux : Les Études Hospitalières, coll. « Thèses », 2002,
p. 548.
32
DREES, « Données sur la situation sanitaire et sociale en France. », 2003, p. 28 :
« Les effets bénéfiques de la prévention ont tendance à s’éroder avec l’âge adulte. Dès l’adolescence, la
situation se dégrade: 80% des adolescents de 15 ans présentent des dents cariées ou obturées….
-ensuite, les besoins de soins parodontaux eux, ne baissent pas, notamment en raison de l’évolution des
habitudes alimentaires (alimentation plus molle induisant un faible effort masticatoire).
- en outre, avec le vieillissement de la population, on peut s’attendre à une augmentation de la demande
de soins spécifiques à cette tranche de population (prothèses et implantologie notamment).
On peut prévoir une poursuite de la tendance actuellement à la hausse concernant la demande de soins
dits «esthétiques» ou de confort. Une dent manquante est beaucoup moins tolérée qu’avant. En outre, les
patients souhaitent de plus en plus des solutions telles que l’implantologie plutôt que la pose d’une
prothèse amovible».
33
HESCOT P. et ROLAND E., « Le CAO des enfants de 12 ans. », Union Française pour la Santé Bucco-
Dentaire (UFSBD), 1998. Ainsi, le Dr HESCOT, Président de l’UFSBD définit trois catégories de
patients :
- « Les prévento-conscients» sont attentifs à leur santé comme ils le sont pour leur voiture ou pour tout
ce qui relève de leur vie courante. Ils représentent environ 2/3 de la population, soit plus de 25 millions
18
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

à l’extraction des dents, est maintenant tournée vers leur conservation, leur remplacement
et l’esthétique du sourire.

21. L’évolution des mentalités fait que la mise en cause de la responsabilité des
praticiens se développe de plus en plus dans notre société34. Le patient, conscient de ses
droits, a souvent du mal à accepter l’échec ou à comprendre l’aléa thérapeutique et ce
d’autant plus qu’il paie. Monsieur Jean PENNEAU explique l’évolution du contentieux
médical par « l’émergence dans la vie juridique des risques inhérents à l’efficacité
thérapeutique dans un contexte où l’homme ne se résigne plus à être une victime du fatum,
mais cherche au contraire un responsable à tous ses malheurs ; et où le patient, en
particulier, ne comprend pas que la technique médicale en laquelle il fondait tous ses
espoirs, loin de le soulager de ses maux, avait aggravé ceux-ci35». De plus,
l’indemnisation peut malheureusement être perçue comme une source de financement.

22. Le développement des techniques, ainsi que celui des progrès scientifiques a
véritablement transformé la chirurgie-dentaire qui est devenue une discipline médicale à
part entière, ce qui a nécessité le développement de sa règlementation. Le cadre juridique
de l’exercice de la chirurgie-dentaire a du s’adapter et se renforcer. Il est donc intéressant
de rappeler la définition classique et les caractéristiques du contrat médical s’appliquant à
la chirurgie-dentaire, puis d’analyser les spécificités de cette relation afin de définir si
cette relation est un véritable contrat médical s’appliquant à la chirurgie-dentaire.

23. Nous n’étudierons pas les différents contrats d’exercice professionnel sous
lesquels un chirurgien-dentiste peut exercer. Nous consacrerons ce travail uniquement à
l’étude de la relation singulière qui s’établit entre le chirurgien-dentiste et la personne qui

de français. Ils consultent d’abord pour rester en bonne santé et prévenir toute douleur ou soucis
éventuels.
- Le deuxième tiers consulte pour se faire soigner. Les patients viennent trouver la solution à un
problème dentaire plus ou moins grave. Pour eux, les rendez-vous chez le dentiste consistent uniquement
à bénéficier de la compétence «technique» d’un professionnel de santé capable de résoudre tous les maux
dentaires.
- Enfin et malheureusement, le dernier tiers de français correspond à ceux qui fréquentent trop peu,
voire, pas du tout les cabinets dentaires. Les vieux clichés sont pour eux bien présents: le dentiste fait
peur, le dentiste fait mal, le dentiste coûte cher….»
34
Conseil d'État, Rapport public. Jurisprudence et avis de 1997, Réflexions sur le droit de la santé, 1998,
La documentation française, p. 241.
35
PENNEAU J., La responsabilité du médecin, 3ème éd. Dalloz, coll. « Connaissances du droit », 2004, p. 2
19
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

le consulte et à essayer de répondre à la question suivante : peut-on de nos jours encore,


parler d’un contrat médical en ce qui concerne cette relation ?

24. La chirurgie-dentaire a connu des progrès considérables depuis ces vingt


dernières années, tant sur le plan des connaissances scientifiques, que sur les procédés
thérapeutiques et les matériaux employés. La gestion du cabinet a du et doit tous les jours
s’adapter à la fois aux progrès de la science, des techniques et de la technologie, mais aussi
aux contraintes administratives, économiques et règlementaires qui évoluent très
rapidement.

25. Pendant de nombreux siècles, la pratique de la chirurgie-dentaire a été


indissociable de celle de la médecine. En fait, ce n’est que depuis le siècle dernier que la
profession a commencé à prendre son indépendance, avec maints revirements, en essayant
de se démarquer à la fois du charlatanisme le plus délirant et de la médecine. Et ce, afin
devenir une spécialité indépendante et reconnue.

26. Auguste COMTE a dit qu’« on ne connaît bien une science que lorsque l’on en
connaît l’histoire36 ». Notre propos ne s’attardera pas sur l’évolution des techniques, mais
sur celle de la pratique au cours des siècles (Section1), jusqu’à l’émergence d’une
profession indépendante, telle qu’elle existe de nos jours (Section 2).

36
COMTE A., Cours de philosophie positive, Paris : Larousse, 1936.
20
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

SECTION I : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE DE LA PRATIQUE DE L’ART DENTAIRE

27. Les caries dentaires sont sans doute aussi anciennes que l’humanité. On
retrouve des traces de soins dentaires dans des sites néolithiques en Afghanistan37, en
Hongrie38, dans la vallée de l’Indus39, chez les momies égyptiennes de l’époque des
pharaons40. L’examen des dents est un élément primordial pour le paléontologue. Les
études anthropologiques et paléo-pathologiques peuvent mettre en évidence les rapports
qui existent entre les facteurs environnementaux, le mode de vie, la génétique et la
fréquence d’apparition des caries dentaires41.

1/ En Mésopotamie :

28. Les premières traces écrites de traitements dentaires datent du Code


d’HAMMURABI42, Roi de Babylone en Mésopotamie de 1728 à 1686 avant Jésus-Christ.
Ce Code43 est une stèle sur laquelle sont gravés différents articles qui fixent les règles de la
vie courante de l’époque. C’est également un inventaire des connaissances scientifiques et
techniques de l’époque. Mais il s’agit plus précisément, d’une compilation de décisions
jurisprudentielles du Roi HAMMURABI44 et qui représente donc une des premières
formes du Droit. Il renferme notamment les premières dispositions concernant la
responsabilité pénale du médecin (c’est la loi du « Talion » qui y est appliquée : la faute du

37
Les premiers signes connus de la pratique de la dentisterie datent de 9000 ans avant J-C : voir
http://museeguimet.fr/documents/mehrgarhpresse.pdf
38
MOLNAR S. et I., “Observations of dental diseases among prehistoric populations of Hungary. ”, J. Phys.
Anthropol. 1985, 67 : p. 51-63.
39
7000 ans avant JC : voir http://www.futura-sciences.com/news-dentistes-prehistoriques-utilisaient-fraises-
silex_8643.php
40
WENZ W., SPRAZ B. et KOSACK W., “ View of the past: Roentgenography of an Egyptian mummy.”
Radiologe, 1975, 15: 45-9.
41
KERR N., The prevalence and natural history of periodontal disease in Britain from prehistoric to
modern times, Br. Dent. J., 1998, vol. 185, p. 527-535.
42
Code d’HAMMURAPI, trad. Finet, La stèle originale se trouve au Musée du Louvre. HAMMURAPI
(HAMMU- qui- guérit) et HAMMURABI (HAMMU-le –Grand) sont deux appellations possibles parmi
d’autres.
43
FINET A., Le Code de Hammurapi, Paris : Le Cerf, 1973.
44
BOTTERO J., Le code d’Hammurabi, in « Mésopotamie, l’écriture, la raison et les Dieux », Paris :
GALLIMARD, 1987, pp. 191-223.
21
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

chirurgien y est sanctionnée par la mutilation de sa main45) et fixe aussi le montant des
honoraires médicaux. À chaque pathologie correspond des devoirs à respecter ou des
règles à suivre46. Il est à la fois texte de droit reconnu comme « la forme la plus aboutie de
la rédaction de type juridique de l’ancien Empire mésopotamien47 » et le « fondement de la
déontologie48 ».

29. Ce sont les « Gallub », ou barbiers, qui exercent leurs talents en matière de
soins dentaires. Des tablettes d’argiles datant du second millénaire avant Jésus.-Christ et
retrouvées lors de fouilles à Nippur mentionnent l’existence du « ver dentaire »,
responsable des caries. On retrouve cette théorie en Grèce, en Égypte, en Inde et jusqu’en
Amérique du Nord. Elle va être transmise par les arabes en Europe et usitée du Moyen Âge
jusqu’au XVIIème siècle. Elle est encore reconnue de nos jours dans certains pays
d’Afrique.

30. Les limites des connaissances de l’époque, l’inefficacité des remèdes et les
sanctions contre le praticien dont le traitement n’est point efficace, n’ont pas permis une
évolution favorable de la médecine. À cette époque, la pratique médicale est contrôlée par
les prêtres et l’influence du pouvoir religieux est considérable : la maladie est souvent
vécue comme une punition divine49.

45
Art. 218: « Si un médecin opère un homme pour une blessure grave avec une lancette de bronze et cause
la mort de l’homme, ou s’il ouvre un abcès à l’œil d’un homme avec une lancette de bronze et détruit
l’œil de l’homme, il aura les doigts coupés ». Le médecin est entièrement responsable de ses actes et doit
en répondre.
46
Trad. Finet XXV3, 19 « Si quelqu’un a assez de discernement pour tenir en ordre ce pays, qu’il prenne
garde à ce que j’ai marqué sur la présente stèle: celle-ci lui montrera la marche et la conduite à
suivre…»
47
GAUDEMET J., Les naissances du droit, Paris : Montchrestien, 1997, p. 4-5.
48
TERRIER E., Déontologie médicale et droit, Bordeaux : Les Études Hospitalières, coll. « Thèses », 2003,
p. 59.
49
Certains voient dans la maladie une vengeance du divin, en réponse d’une infraction à sa Loi. V. BYK
Ch. « Médecine et droit, le devoir de conscience », in « L’exercice médical dans la société: hier,
aujourd’hui et demain », Actes du colloque des 29 et 30 septembre 1995, Ordre National des Médecins,
Paris : Masson, 1995.
22
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

2/ En Égypte :

31. Le plus ancien dentiste connu en Égypte est l’égyptien HESIRE (3000 ans av.
J.-C.). Sa tombe a été découverte aux alentours du plateau de Gizeh en 1927. Le plus
ancien document médical égyptien connu est le papyrus datant de 3000 ans avant J.-C50 et
découvert par Edwin SMITH. Les papyrus datant de l’époque du règne d’AMENOTHEP
(1534 av. J.-C.51) et découverts par EBERS, en décrivent non seulement des traitements
dentaires préconisés pour lutter contre les caries et les douleurs dentaires, mais sont aussi
des traités chirurgicaux sur les blessures de la bouche, les fractures des maxillaires et les
moyens de les réduire.

32. Malgré l’efficacité de certains traitements52, la médecine reste encore sous


l’influence de la religion 53, parce que les prêtres fondent leur puissance et leur richesse
sur la crainte du peuple face à la maladie et à la mort. La santé est liée à la volonté des
dieux. C’est à juste titre que le Professeur Jean BERNARD explique que « La première
période de la médecine est magique. Le destin des hommes appartient aux dieux. Les
maladies appartiennent à ce destin54 ».

33. Ces textes contiennent également des incantations pour la protection et les
devoirs du médecin. Ces règles de devoirs sont donc « des règles de déontologie,
mais elles restent cantonnées à des morales fortement teintées de croyances
mystiques55 ». C’est le développement des civilisations de la partie occidentale de la
Méditerranée qui va permettre à la médecine et au droit de devenir des sciences
autonomes. La pratique de la chirurgie-dentaire est encore indissociable de celle de la
médecine.

50
Ce papyrus, dont l’original est au musée de Leipzig, est le principal traité de médecine pharaonique connu
de cette époque.
51
BARBINET T., Les papyrus médicaux de l’ancienne Egypte, Paris : A. Fayard, 1.
52
TUBIANA V., op. cité, p. 42: la levure de bière, le pavot et l’opium étaient largement utilisés.
53
BYK Ch., op. cité. Le Prof. J. BERNARD écrit que « La première période de la médecine est magique.
Le destin des hommes appartient aux dieux. Les maladies appartiennent à ce destin » (Vers la médecine
du XXIème siècle, progrès fondamentaux in « L’exercice médical dans la société: hier, aujourd’hui et
demain », Actes du colloque des 29 et 30 septembre 1995, Paris : Masson, 1995, p.13).
54
Supra.
55
TERRIER E., op. cité, p.68.
23
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

3/ En Grèce :

34. HIPPOCRATE de COS (460-377 av. J.-C.), est un grand nom de l’art dentaire
et médical en Grèce56. Se démarquant de la médecine incantatoire (il est fils d’un
asclépiade, c'est-à-dire d’un prêtre médecin célébrant le culte d’ESCULAPE), il fonde sa
pratique sur l’observation clinique. Pour lui, la maladie n’est pas d’essence divine, mais
résulte d’un dysfonctionnement du corps. La médecine se désacralise totalement. Il en
découle une certaine responsabilisation de l’individu, puisque le rejet de la fatalité et du
rôle des dieux rend désormais l’homme « maître de son destin57 ». Chacun devient
« responsable de sa santé58 ».

35. Cette nouvelle approche de la médecine a permis de faire d’immenses progrès59.


Certains auteurs parlent même du « miracle grec60 ». Le diagnostic résulte d’un
raisonnement qui tente de dégager de l’examen clinique, une « doctrine logique de la
maladie61». Mais comme à cette époque on ignore encore pratiquement tout du
fonctionnement de l’organisme, la connaissance des troubles et des affections causées
par les dents ne permet pas encore de proposer des moyens thérapeutiques efficaces.

36. HIPPOCRATE de COS est à l’origine de la naissance de l’éthique médicale,


fondée sur des règles de bonne conduite. Il propose à ses disciples la prestation d’un
serment dans lequel figurent à la fois l’obligation de respect des Maîtres, le secret
professionnel et la responsabilité du médecin62. Ce serment est un véritable code avec des
règles qui encadrent les actes médicaux. LITTRÉ, qui en a fait la traduction, souligne que

56
V. l’étude du Pr. MATTEI sur Hippocrate de Cos et sa pensée, in « Philosophie, éthique et droit de la
médecine », Paris : P.U.H., 1997, chap. XI, p. 101 et suiv.
57
TERRIER E., op. cité, p.74.
58
TUBIANA V., op. cité, p. 51
59
Elle a permis l’identification de plusieurs maladies dont le cancer, du grec cancros qui veut dire
«crabe», nom choisit à cause des douleurs de « pincement » décrites par les malades.
60
DOERFLINGER C et MARCOUX F. « Droit médical et déontologie. », Dossiers médico-chirurgicaux,
n° 34, Maloine, 1988, p. 48
61
ibid.
62
Le célèbre « serment d’HIPPOCRATE », voir annexe 1.
24
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

« les Grecs […] sont aussi les premiers, pour notre Occident du moins, qui aient agi sur
son avenir moral, en formulant tout d’abord les devoirs essentiels63 ».

37. Parallèlement à la désacralisation de la médecine, on assiste à Rome, à la même


époque, au phénomène de laïcisation du droit64. L’apparition de la loi des XXII Tables
marque une étape importante dans la modernisation du droit romain.

4/ Chez les Romains :

38. La bouche est considérée comme le « vestibule de l’âme ». Pour anecdote, on


peut noter que dans la loi des XII Tables, il est interdit d’enterrer les morts avec leurs
bijoux, exception faite des fils d’or qui servent à maintenir les dents.

39. CELSE65 est l’auteur de la plus importante encyclopédie de la médecine et de la


chirurgie rédigée en latin. Il y indique des thérapeutiques médicales et chirurgicales
propres aux douleurs dentaires. Il explique que le mal aux dents a une étiologie66 humorale,
théorie qui sera admise par les grands dentistes du XVIIIème siècle.

40. À l’époque, la profession est exercée par des esclaves affranchis qui travaillent
pour leur propre compte ou pour leurs maîtres. En effet, la médecine est méprisée, en
raison de son inefficacité. L’art de guérir est abandonné aux esclaves et aux étrangers. Il
n’existe aucune législation, aucune structure professionnelle, aucun diplôme. N’importe
qui peut pratiquer. CASOELLIUS est le premier dentiste romain connu (81-96 après J.-C.).

41. SCRIBONIUS LARGUS, médecin sous les règnes de TIBERE et de CLAUDE


est moins connu qu’HIPPOCRATE, CELSE et PLINE L’ANCIEN. Mais il est le premier à

63
LITTRÉ E., Oeuvres complètes d’Hippocrate, traduction nouvelle, Tome 1, Paris : Baillères, 1859-1861,
p. 15.
64
Phénomène complexe qui s’est étendu sur plus d’un siècle : V. ELLUL J., Histoire des institutions,
Tome I : l’Antiquité, Paris : 22ème éd. P.U.F., coll. «Thémis», 2002 et GAUDEMET J., Les naissances
du droit, Paris : Montchrestien, 1997.
65
Aurelius Cornelius Celsus, né sous le règne de Tibère, est un riche philosophe.
66
ou origine
25
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

avoir donné une explication originale sur l’étiologie67 de la carie dentaire, dans son unique
ouvrage qui s’intitule Compositiones. La carie serait due, d’après lui, à des petits vers qui
rongent la dent.

42. PLINE L’ANCIEN68 a écrit de nombreux ouvrages, dont son Histoire naturelle
en 37 volumes, qui représente une véritable encyclopédie des connaissances de l’époque
du début du christianisme. Il rassemble toutes les connaissances de son époque, ainsi que
toutes les traditions populaires de Rome, des Gaulles, des provinces d’Afrique, d’Espagne
et d’Orient. On y trouve une importante pharmacopée pour traiter les dents et même des
prédictions que l’on peut tirer à partir de la morphologie des dents !

43. GALIEN (131-201 après J.-C.), Empereur, philosophe et bon anatomiste, est le
premier à étudier l’anatomie des dents et des maxillaires. C’est le premier à défendre
l’origine interne de la carie. À cette époque, l’on sait que la prothèse dentaire se pratiquait
déjà par des ouvriers dentaires.

5/ Au Moyen Âge:

44. Le Moyen Âge fait la part belle à la médecine arabe, grâce à RHAZES (865-
932), ALBUCASSIS (mort en 1013) et AVICENNE (980-1037). À cette époque, en
Europe, les progrès sont très lents et l’obscurantisme règne. Tous les médecins relèvent de
la juridiction ecclésiastique.

45. AL RAZI dit RHAZES, d’origine perse, est à la fois un médecin, un alchimiste
et un philosophe. Il a écrit de nombreux ouvrages, a beaucoup voyagé et enseigné. Il s’est
intéressé à l’éthique médicale et c’est le premier médecin arabe qui se soit occupé des
dents. AVICENNE connaissait déjà la trépanation de la couronne69. Mais le livre le plus
important de l’époque est écrit par ALBUCASIS : le Serviteur sera utilisé pendant au
moins 400 ans. Il y traite des détartrages, de la cautérisation des dents et des gencives

67
Origine de la maladie.
68
Caius Plinius Secundus est né à Côme en 23 après J.-C, sous Tibère.
69
Percer la couronne dentaire permet de donner issue aux humeurs provenant d’une inflammation dentaire.
26
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

ramollies. Il y décrit les extractions, les soins post-opératoires et la conduite à tenir en cas
de complications.

Les médecins arabes vont permettre au monde occidental de connaître les textes
scientifiques d’origine grecque en les traduisant.

6/ Les chrétiens occidentaux :

46. Il n’y a pas de découvertes médicales majeures au Moyen Âge. On fait appel
aux croyances populaires ou religieuses, ainsi qu’à la sorcellerie.

47. C’est à cette époque que la médecine devient une science. Mais l’Église en a
bien vite le monopole. Ce sont les moines qui pratiquent la médecine, créent des hospices,
cultivent des plantes70 et recopient des textes. Au nom de la charité chrétienne et à travers
toute l’Europe, les fondations hospitalières se consacrent aux soins des malades. Les
premiers chirurgiens sont les moines de l’Ordre de St Benoît. La médecine se développe
avec les croisades, mais les moines n’ont pas vraiment les moyens ni les connaissances. À
la suite d’abus et de désordres financiers, plusieurs conciles vont finir par interdire au
XVIIème siècle, la pratique de la médecine par le clergé.

48. Au XIIIème siècle, seuls les docteurs de la Faculté de Médecine peuvent


pratiquer les extractions dentaires.

49. Il va se former deux corporations : celle des Docteurs de la Faculté de


Médecine et celle des Chirurgiens de St-Côme et St-Damien. En 1260, le futur ST-LOUIS
règlemente la corporation des Barbiers-Chirurgiens71. Cette corporation se scinde en 1268,
avec d’un côté, les barbiers et de l’autre, les chirurgiens. Ces derniers se rapprochent peu à
peu des médecins et laissent aux barbiers la petite chirurgie et les extractions dentaires.

70
Des « simples ».
71
Ils sont spécialisés dans la chirurgie, les saignées et… la coiffure, d’où leur nom.
27
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Les querelles entre les deux parties sont depuis lors, incessantes72. Et jusqu’en
1794, la chirurgie va rester différenciée de la médecine.

50. Le barbier est l’ancêtre du dentiste. Il exerce dans une boutique, dans les foires
et dans les marchés. Étant la plupart du temps ambulant, il ne se soucie pas d’assumer les
conséquences de ses actes.

51. Guy de CHAULIAC, médecin des Papes CLEMENT VI, INNOCENT VI et


URBAIN V, publie en 1390 un traité qui rassemble les connaissances d’HIPPOCRATE, de
GALIEN, d’AVICENNE et d’ALBUCASIS. C’est lui qui, le premier, donne au dentiste le
nom de « Dentarius medicus ».

7/ La Renaissance :

52. À la Renaissance, la recherche et les dissections jusqu’ici freinées par l’Église,


permettent aux scientifiques d’acquérir de meilleures connaissances en anatomie et donc
de faire des progrès en médecine et en chirurgie.

53. Léonard de VINCI (1452-1519) nous a laissé les premiers dessins exacts que
nous ayons des dents qu’il a essayé de classer. Il a également décrit les rapports des racines
dentaires avec les sinus.

54. L’avancée de la science n’est pas sans risque pour les chercheurs, car la limite
entre la médecine et la superstition n’est pas encore nette. Ainsi VESALE (1514-1564),
médecin de Charles QUINT, est poursuivi par l’inquisition pour s’être opposé aux idées
reçues. C’est lui qui a décrit la cavité pulpaire73. Il a émis l’hypothèse, en accord avec les
idées de CELSE, que les dents permanentes se développent sur les racines des dents de lait.
Il a voulu mettre en évidence les erreurs anciennes mais il est mort dans la misère.

72
En 1423, les chirurgiens obtiennent que les barbiers soient interdits de chirurgie et de soins dentaires.
En 1465, les barbiers réobtiennent leur autorisation.
73
La cavité à l’intérieur de la couronne dentaire qui contient la pulpe dentaire, plus communément appelé
le « nerf ».
28
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

55. Bartolomeo EUSTACHI (1520-1574) écrit le premier livre d’anatomie consacré


aux dents.

56. Ambroise PARÉ (1516-1590) est sans conteste, le personnage le plus important
de l’époque. D’abord barbier, puis Compagnon Chirurgien, il devient Maître Chirurgien
d’HENRI II et de CHARLES X. L’art dentaire est pour lui une vraie spécialité qu’il va
développer en inventant de nouvelles techniques.

57. Dès le début du XVIème siècle, le monopole de la médecine par l’Église


disparaît. Ce sont les municipalités, le Parlement et le pouvoir royal qui prennent le relais
et on passe ainsi de la charité à l’« assistance publique ».

8/ Le XVIIème siècle :

58. Le développement de la microscopie permet une meilleure connaissance des


dents. Mais malgré les progrès accomplis, cette période est aussi celle des charlatans dont
le plus célèbre à Paris, est le Grand THOMAS74. Les dentistes ont encore une activité
marginale de montreurs de foire !

59. En ce qui concerne la pratique de la médecine, il existe encore deux catégories


de praticiens :
Les médecins : peu nombreux et pour une clientèle de riches bourgeois. Ils sont
formés dans les Universités et sont considérés comme des savants.
Les chirurgiens : sont formés « sur le tas » et soignent tout le monde. Ils sont
installés un peu partout.

74
On dit de lui qu’« il paradait sur un char surmonté d’une toiture bombée. Grand et fort, avec une voix
de stentor, il se présentait à la foule, vêtu d’un habit rouge galonné d’or et coiffé d’un vaste tricorne
empanaché de plumes de paon, un énorme sabre pendant à sa ceinture, un chapelet de dents lui barrant
la poitrine comme un grand cordon. …Comme ses confrères, il promettait d’arracher les dents sans
douleur », ce qui s’avérait inexact d’où l’expression populaire: « mentir comme un arracheur de dent ».
In « La douleur dentaire », Boulogne Billancourt : Créafirst, 2002. p. 13.
29
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

9/ Le XVIIIème siècle :

60. Le XVIIIème siècle, « siècle des Lumières et de la Raison », constitue une étape
clé pour l’évolution de l’art dentaire75. Pierre FAUCHARD (1678-1761) est reconnu
comme le « père » de l’odontologie et de la stomatologie. Il est le premier dentiste, digne
de ce nom. Il publie en 1728 son célèbre Traité des Dents76 dans lequel il expose
l’ensemble des connaissances de l’époque et qui, longtemps après sa mort, enthousiasmera
ses nombreux disciples. FAUCHARD va œuvrer toute sa vie pour essayer de sortir l’art
dentaire du chaos où il se trouve. Ainsi, en 1941, un dentiste américain, WHEINBERGER,
dira de lui que « son livre a fait de la dentisterie une profession ». Le premier
stomatologiste, Anthelme JOURDAIN, grand admirateur de FAUCHARD, publiera en
1778 un « Traité des maladies et des opérations réellement chirurgicales de la bouche ».

61. C’est durant cette époque pré-révolutionnaire que la chirurgie-dentaire fait de


notables progrès en ce qui concerne la prothèse et l’instrumentation. La suprématie de la
Médecine sur la Chirurgie perdure toujours et il existe également une grande différence de
condition, tant dans la pratique, qu’au niveau des tarifs d’honoraires entre les praticiens
exerçant en ville et ceux exerçant à la campagne (ces derniers étant misérables).

62. C’est un problème de santé du Roi LOUIS XIV qui permet à son chirurgien,
FELIX, de lui demander la reconnaissance de sa profession77. En 1768, un Édit du Roi
différencie notamment, les « experts pour les dents ». Seuls ces experts dentistes sont
habilités à opérer en bouche. L’Académie Royale de Chirurgie est créée en 173178. Les
experts sont reconnus grâce au Doctorat en chirurgie, à partir de 177579 et aux Collèges de

75
ISRAEL Y. et Y., Le dentiste à la carte, Nice : La Buffa. 1993.
76
FAUCHARD P., Le Chirurgien dentiste ou Traité des dents, où l’«on enseigne les moyens de les
entretenir propres et saines, de les embellir, d’en réparer la perte & de remédier à leurs maladies, à
celle des gencives et aux accidents qui peuvent survenir aux autres parties voisines des dents. Avec
des observations de reflexions…» éd. Prélat, 1955.
77
Les chirurgiens spécialistes de yeux, de la vessie, des articulations des hernies, des dents, sont enfin
reconnus. Cette reconnaissance des capacités et le port du titre d’ « expert » exigent que le praticien ait
des connaissances et suive des règles.
78
VALMING, Recherches historiques sur la chirurgie et l’établissement des chirurgiens en France, et
particulièrement à Paris. Paris : Manuscrits de la BIM, 1750, cote Ms 2124.
79
BOYER A-M., Chirurgiens de terre et chirurgiens de mer à Amiens aux 17ème et 18ème siècles, Th.
méd. Nantes : 1989, 042M.
30
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

chirurgie l’année suivante80. C’est donc en quelques années seulement, que le « barbier »
est devenu un homme savant.

10/ La Révolution :

63. Malheureusement, la Révolution de 1789 et le décret du 18 août 179281


suppriment les Universités, les Facultés et d’une manière générale, toutes les corporations.
Ce qui permet au charlatanisme de réapparaître.

64. Elle marque un net tournant dans les mentalités en voulant que tous les citoyens
soient libres et égaux. Le médecin devient un citoyen comme les autres. Au nom de la
justice pour tous, la révolution consacre l’assistance publique82. Au nom de ces principes
d’égalité et de fraternité, la profession doit devenir accessible à tous83.

65. Elle voit aussi la naissance de la responsabilité médicale qui est plus tard
intégrée au Code civil de 1804, et au Code pénal de 1810.

11/ Le XIXème siècle :

66. L’enseignement de la médecine renaît avec la loi du 10 mars 180384 mais l’art
dentaire n’y est point mentionné. Durant tout le XIXème siècle, il existe encore des
« arracheurs de dents » qui exercent sans diplômes.

67. Les médecins du XIXème siècle héritent d’une tradition qui se perpétue depuis
l’Antiquité et qui oppose les « arts libéraux, pratiqués par les hommes libres et les arts

80
Histoire de l’académie royale de chirurgie depuis son origine et jusqu’en 1749, tirée des mémoires de
l’académie royale de chirurgie, 1768, Tome IV.
81
Dite loi LE CHAPELIER, faisant suite à la loi du 14 juin 1791 prescrivant la corporation des métiers.
82
Rapport La ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT.
83
Les candidats au titre d’Expert puis de Maître en chirurgie devaient acquitter des droits et faire des
cadeaux aux examinateurs : les études étaient donc réservées à une certaine élite.
84
Loi du 10 mars 1803 relative à l’exercice de la médecine
31
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

mécaniques ou techniques bons pour les esclaves et pratiqués par les esclaves85 ». Les
théoriciens sont honorés. Les praticiens travaillant de leurs mains sont méprisés. La
séparation entre chirurgiens et médecins perdure et c’est la raison pour laquelle, à cette
époque, les médecins ont abandonné la pratique de certaines activités médicales comme la
dentisterie.

68. Une question fondamentale se pose tout au long du début de ce siècle : faut-il
laisser la profession en dehors de la Médecine ? Ou bien faut-il l’y intégrer, en tant que
spécialité médicale, comme l’ophtalmologie ou l’oto-rhino-laryngologie ? La séparation va
se faire officiellement en 189286. Et il faut remarquer que cette question est à reposer de
nos jours : la chirurgie dentaire est une profession médicale, paradoxalement non intégrée à
la médecine. Elle a parfois, à tort, été classée comme profession paramédicale87. Mais les
connaissances actuelles et la pratique quotidienne du chirurgien-dentiste ne relèvent-elles
pas de la pratique médicale, dans une spécialité intéressant « la bouche, les dents et les
maxillaires » ?

69. La première école dentaire privée ouvre à Paris le 15 novembre 1880 : fondée
par Charles GODON (1854-1923), cette École Dentaire de Paris devient très vite une des
premières du monde. Il faudra attendre le décret du 22 septembre 196588 pour la création
d’Écoles Nationales de Chirurgie-Dentaire89.

70. La loi du 30 novembre 1892 sur « l’exercice de la médecine » est publiée au


Journal Officiel du 1er décembre 189290. Elle reconnaît l’Art dentaire et la nécessité d’un
enseignement autonome. Le diplôme de chirurgien-dentiste devient obligatoire pour
exercer cette profession. La durée du cycle des études est fixée initialement à trois ans.

85
CARON P., GRANIER D., MORGENSTERN H. et VIDAL F. De l’expert pour les dents au docteur
en chirurgie dentaire : Histoire d’un diplôme, Le CDF, 1992, p. 210.
86
Par la loi BROUARDEL sur l’exercice de la médecine, du 30 novembre 1992, parue au JO du 1er
décembre 1892, n° 326, 24 ème année.
87
MOREAU J. et TRUCHET D., « Structure des ordres des professions paramédicales: les ordres des
chirurgiens-dentistes, des sages-femmes…», Droit de la santé, 5ème éd. Dalloz, coll. « Mémentos »,
2000, p. 76.
88
Décret n° 65-801, relatif à la création des écoles nationales de chirurgie dentaire et des centres de soins,
d’enseignement et de recherche dentaire.
89
CRUET D., La Stomatologie, Paris : Steinheidt, 1907, p. 394.
www.bium-univ-paris5.fr
90
JO n° 326, 24ème année.
32
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Cette loi marque le début de l’indépendance de la profession de chirurgien-dentiste dans le


but de préserver l’intérêt des patients et celui des praticiens.

71. Au lendemain de la publication de cette loi, il reste à régler le problème des


praticiens non diplômés qui exercent la profession. Le décret du 26 juillet 1893 s’est voulut
assez conciliant pour régler tous les cas de figure91. De même, un décret du 31 décembre
1893 permet aux étudiants en médecine justifiant d’une formation spécifique suffisante,
d’exercer le métier de chirurgien-dentiste92.

72. Mais déjà se pose la question des limites de la capacité professionnelle du


chirurgien-dentiste. Il reste un « flou » concernant les anesthésies et le territoire
anatomique93. La loi de 189294, qui crée le diplôme de chirurgien-dentiste, est loin de
mettre fin au contentieux entre médecins et dentistes car « tout en semblant incorporer le
dentiste au corps médical et à la médecine, [elle] l’en a en réalité détaché et chassé 95 ».

73. Il reste un grand oubli, celle du droit à la prescription des chirurgiens-dentistes


dont la loi ne dit rien. Il faudra attendre 1972, avec la loi du 13 juillet 197296, pour que ce
droit soit reconnu légalement97.

91
Dans son article V, il précise que «les dentistes inscrits au rôle des patentes au 1er janvier 1893 peuvent
postuler au diplôme de chirurgien-dentiste à la seule condition de subir les examens prévus par l’article
III du présent décret (...).Les dentistes patentés ne sont pas soumis aux exigences de l’article deux qui
exige soit le baccalauréat, soit le certificat d’études primaires supérieures. Les dentistes inscrits à un
rôle antérieurement au 1er janvier 1889 sont dispensés du premier examen. Les dentistes pourvus
antérieurement au premier novembre 1893 d’un diplôme délivré par l’une des écoles d’enseignement
dentaire en France, peuvent postuler au diplôme de chirurgien-dentiste à la seule condition de subir le
deuxième examen. Les dentistes reçus à l’étranger et qui voudront exercer en France, seront tenus de
subir les examens prévus au présent décret. Ils pourront obtenir une dispense partielle ou totale de la
scolarité après avis du Comité consultatif de l’enseignement public».
92
Ce décret indique que «sont admis à subir les examens de chirurgien-dentiste, avec dispense du premier
de ces examens, les aspirants en médecine qui justifient d’une année de stage dans un service dentaire
hospitalier». Implicitement, le législateur cherche à corriger le fait que des médecins pouvaient exercer
la profession de chirurgien-dentiste sans avoir forcément de connaissances en la matière.
93
Où se situent donc les limites des régions gingivales et maxillaires ?
94
Loi Brouardel sur l’exercice de la médecine, du 30 novembre 1992, parue au JO du 1er décembre 1892,
n° 326, 24 ème année
95
CRUET.op cité, p. 94.
96
Loi n° 72-661, du 13 juillet 1972, relative à certaines conditions d’exercice des professions de médecin,
chirurgien-dentiste et sage-femme.
97
Loi du 13 juillet 1972.
33
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

74. La France est le pays qui a sans doute le plus œuvré pour la reconnaissance de
la profession. En 1887, Paul DUBOIS, dentiste français, obtient que les dentistes français
puissent participer au Congrès Médical Mondial de Washington, alors que les médecins
américains sont très critiques à l’encontre de l’art dentaire. La chirurgie dentaire prend
alors vraiment place parmi les professions de santé. Deux ans après, en 1889, le Premier
Congrès International Dentaire se réunit avec succès à Paris en 1889.

75. La loi du 17 novembre 194198, sur l’organisation de la profession dentaire, crée


un Ordre des chirurgiens-dentistes pour le contrôle du respect de la déontologie et le
règlement des litiges entre les praticiens. Tout praticien a l’obligation d’y être inscrit pour
pouvoir exercer.

12/ Le XXème siècle :

76. Le 3 janvier 1948, un premier Code de déontologie dentaire est élaboré99. Ce


Code sera repris ultérieurement dans le décret du 22 juillet 1967100, puis dans celui du 16
juillet 1975101 et ensuite en 1997102. Il est finalement intégré, en 2004, dans le Code de la
santé publique103.

77. L’arrêté POINSO-CHAPUIS, publié dans le JO du 22 mai 1948, définit la


capacité professionnelle du chirurgien-dentiste, tant sur le plan anatomique que sur celui de
la prescription thérapeutique. Mais cet arrêté a contribué à entretenir l’antagonisme entre
les médecins stomatologistes et les chirurgiens-dentistes.

78. En 1971, la création du Doctorat en chirurgie-dentaire, sépare réellement la


médecine de la chirurgie-dentaire104.

98
JO du 6 décembre 1941.
99
Décret n° 48-27 du 3 janvier 1948 portant Code de déontologie des chirurgiens-dentistes.
100
Décret n° 67 -671.
101
Décret n° 75-650.
102
Décret n° 97-88 du 31 janvier 1997.
103
Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004.
104
Loi n° 71-1026 du 24 décembre 1971.
34
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

79. La loi du 13 juillet 1972105 définit enfin la profession : « la pratique de l’art


dentaire comporte le diagnostic et le traitement des maladies de la bouche, des dents et des
maxillaires ».

80. L’histoire de la profession montre que, pendant longtemps, la profession de


chirurgien-dentiste a mal été considérée. L’antagonisme des dentistes et des médecins
stomatologistes trouve sa source dans cette évolution historique, il a longtemps perduré et
le rapprochement est encore parfois difficile106.

SECTION II : L’EVOLUTION ACTUELLE DE LA PRATIQUE DE LA CHIRURGIE-

DENTAIRE.

81. Pour la première fois à notre connaissance, faisant suite à la publication de trois
études démographiques publiées par la Direction de la Recherche des Études de
l'Évaluation et des Statistiques (DREES) concernant les chirurgiens-dentistes107, une vaste
enquête sociologique sur le métier de chirurgien-dentiste, publiée par l’ONDPS108, nous
permet de mieux connaître un des deux acteurs de la relation de soins que nous désirons
analyser109.

82. Ces deux dernières décennies ont entraîné un réel bouleversement de la pratique
professionnelle avec d’importants progrès scientifiques, techniques et technologiques. La

105
Loi n° 72-661 du 13 juillet 1972 relative à certaines conditions d’exercice des professions de médecin,
chirurgien-dentiste et sage-femme.
106
MICHEL J-C., « Le début d’une nouvelle ère. » in Livre blanc de la stomatologie et chirurgie
maxillo-faciale française, Stomatologie-CMF, 2007, p.13, je cite: «C’est souvent dans une
même famille qu’ont lieu les querelles les plus ardues et les blessures les plus délicates à
panser. Les stomatologistes et les chirurgiens-dentistes, soucieux de cette porte d’entrée
essentielle de l’organisme que sont la bouche et les dents, n’ont pas échappé à cette situation».
107
DREES. « Les revenus libéraux des chirurgiens-dentistes. », Études et Résultats, n° 501, juin
2006, p. 4.
DREES. « Les chirurgiens-dentistes en France: situation démographique et analyse des
comportements en 2006. », Études et Résultats, n° 594, septembre 2007, p. 8.
DREES. « La démographie des chirurgiens-dentistes à l’horizon 2030: un exercice de
projection au niveau national. », Études et Résultats, n° 595, septembre 2007, p. 8.
108
Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé.
109
RIGAL E. et MICHEAU J., « Le métier de chirurgien-dentiste: caractéristiques actuelles et
évolutions. Une étude qualitative. », Plein Sens, ONDPS, septembre 2007.
35
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

nature des actes a profondément évolué, avec la mise en œuvre de techniques et de


matériels de plus en plus sophistiqués. Parallèlement, les contraintes administratives et
règlementaires se sont multipliées. Il faut donc tenir compte à la fois des progrès
techniques, des raisons démographiques (vieillissement de la population et féminisation de
la profession), des politiques de santé et de prévention et des problèmes de rentabilité des
cabinets. Il faut sans doute se demander si une certaine mutation des modes d’exercice vers
une spécialisation des pratiques et un regroupement de moyens ne se fait pas au détriment
de l’accès aux soins pour tous.

1/ Le développement des techniques et des moyens.

83. Le cabinet dentaire, comme le cabinet médical, se définit comme « le local


professionnel où le praticien reçoit ses malades et donne ses consultations110 » et constitue
« l’entreprise primaire de soins 111 ». C’est devenu une entreprise qui doit être rentable. Le
développement des sociétés d’exercice est le reflet de cette problématique de rentabilité. Il
est regrettable que la formation initiale des praticiens ne les prépare pas à cette réalité.

84 Le problème de coût des plateaux techniques, des formations continues112 et le


développement de l’exercice de groupe ont pour conséquence l’émergence d’exercices
spécifiques tels que la parodontologie, qui consiste à traiter les pathologies concernant les
tissus de soutien de la dent, c'est-à-dire des tissus qui ont pour fonction d’attacher la dent à
l’os du maxillaire113 , la pédodontie ou soins des enfants, l’endodontie ou soins des racines
dentaires, la radiologie dentaire et l’implantologie. Ces exercices exclusifs voient surtout le
jour dans les grandes villes.

85. Le cas particulier de la chirurgie buccale, dont la reconnaissance comme


spécialité n’est pas reconnue légalement et qui serait nécessaire pour pallier à la disparition
de la spécialité de stomatologie, est toujours actuellement à l’étude. Il est évident que
l’omnipraticien ne peut progresser dans tous les domaines de sa profession et qu’il choisit

110
MÉMETEAU G. op. cité, p. 30.
111
Supra.
112
Stages, séminaires, diplômes d’université…
113
Du grec para : autour de et odontos : dent. Le parodonte comprend la gencive, le
desmodonte, le cément et l’os alvéolaire.
36
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

de se spécialiser plus ou moins114 dans les pratiques qu’il préfère ou dans lesquelles il
excelle. En effet, « il est dans la nature des progrès techniques de tendre à une
spécialisation de plus en plus poussée115 ».

86. Une seule spécialité dentaire est légalement reconnue, l’orthopédie-dento-


faciale, qui est l’art de prévenir et de corriger les malpositions dentaires et les
dysmorphoses (ou anomalies) des maxillaires, afin de rechercher et de maintenir un
équilibre dentaire harmonieux, c'est-à-dire une denture fonctionnelle et esthétique.

87. Une réelle volonté de développement de la politique de prévention dentaire se


traduit par la création d’un examen de prévention « M’T dents116 », mis en place depuis
janvier 2007, pour les enfants de 6, 9 et 12 ans et les adolescents de 15 et 18 ans. Il sera
progressivement étendu aux personnes âgées et aux femmes enceintes. Cet examen veut
promouvoir la prévention bucco-dentaire. Un de ses objectifs est de former des liens entre
les jeunes patients et le chirurgien-dentiste, afin de contribuer à améliorer l’image du
cabinet dentaire et de la profession.

88. Initié par l’Assurance Maladie en partenariat avec les syndicats dentaires et les
pouvoirs publics, il veut permettre l’accès aux soins pour tous et notamment, toute une
partie de la population en difficulté sanitaire et sociale : les soins dentaires nécessaires
dépistés lors de cet examen de prévention sont remboursés à 100% par la Caisse
d’Assurance Maladie, s’ils sont effectués dans les six mois suivants l’examen.

89. Une meilleure connaissance des processus pathologiques a permis d’évoluer


vers une médicalisation accrue de la pratique. L’apparition de nouveaux matériaux et la
fiabilité des techniques permettant une reproductibilité et une standardisation des
protocoles opératoires, conduisent à l’élaboration de recommandations de bonnes pratiques

114
« Spécialités » développées : endodontie (soins des racines dentaires) 86%, chirurgie 69%, pédodontie
(soins des enfants) 62%, parodontologie (soins des tissus de soutien des dents, prévention des
« déchaussements » 59%, implantologie 30%, orthodontie 7%. Source : enquête nationale Imago
research avril 2009.
115
SAVATIER R., « Les métamorphoses économiques et sociales du droit privé aujourd’hui. »,
in Seconde série : l’universalisme renouvelé des disciplines juridiques, n° 38.
116
www.mtdents.info : cet examen devient à caractère obligatoire et fait suite à l’examen de
prévention (EXP), qui n’a pas eu le succès escompté auprès de la population française.
37
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

par des groupes de travail et qui sont publiées par la HAS117. Ces recommandations sont
des référentiels de pratiques professionnelles, non obligatoires pour le moment, mais
considérées comme des données acquises de la science.

90. Il est bien évident que tous les praticiens n’auront pas les moyens, ni les
capacités d’appliquer ces recommandations dans leur pratique courante et que chacun doit
orienter ses choix professionnels en étant conscient du décalage avec « les règles de l’art »
et les problèmes de responsabilité professionnelle que cela peut engendrer.
Il faut aussi tenir compte du fait que la patientèle diffère selon l’endroit d’installation
(ville ou campagne, quartier défavorisé et banlieue résidentielle). Elle induit, par ses
caractéristiques, une certaine forme de pratique en fonction des revenus, de la couverture
sociale et des habitudes de soins des patients118.

2/ Le développement des contraintes :

91. Les contraintes qu’engendre l’évolution des techniques sont de plusieurs


ordres : celles liées aux matériels et celles administratives et règlementaires.

Les contraintes liées aux matériels :

92. Le praticien se doit de maintenir pour son exercice, non seulement un plateau
technique lui permettant un exercice fiable conforme aux données acquises de la science,
mais garantissant pour ses patients, ses employés et lui-même, la sécurité d’utilisation.

93. L’équipement du cabinet représente un investissement beaucoup plus lourd qu’il


y a trente ans. L’utilisation et la maintenance du matériel demandent une formation, puis
des remises à niveau régulières de la part du praticien et de son personnel.

94. L’obligation de télétransmission, amenant à l’informatisation du cabinet


nécessite, outre un apprentissage qui n’est pas facile (notamment pour les praticiens déjà
âgés), de repenser l’organisation du cabinet et les méthodes de travail, sans compter le

117
Haute Autorité de Santé.
118
DREES, p. 64.
38
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

temps (pris sur le temps de travail au fauteuil) passé à installer le matériel et à le


paramétrer.

Les contraintes administratives et règlementaires :

95. Au-delà de sa formation médicale et de son habileté manuelle, le chirurgien-


dentiste, tout comme le médecin, doit connaître le cadre juridique dans lequel il exerce.
Monsieur Henri PEQUIGNOT le précise bien en disant que « L’ignorance en matière de
législation, d’administration sanitaire et sociale et d’éthique médicale n’est pas permise
au médecin. Un médecin qui commence son exercice professionnel doit savoir avec
précision dans quel réseau d’obligations légales et règlementaires il devra exercer sa
profession. Ce réseau comporte non seulement des règlements professionnels, mais aussi,
j’allais dire surtout, les règlements d’assistance médicale ou de Sécurité sociale qui
permettent à la grande majorité des malades de recourir à des soins119 ».

96. Il doit également avoir des connaissances en matière d’odontologie légale et


dans le domaine de l’expertise, car, comme le médecin, il « doit avoir des connaissances
en droit médical et médecine légale nécessaires à l’exercice de la profession, qu’elle se
fasse dans un cadre libéral ou hospitalier. Cet enseignement doit être particulièrement
développé auprès du médecin généraliste qui va rencontrer tout seul de nombreuses
difficultés120 ».

97. Il faut également constater que la chirurgie-dentaire, tout comme la médecine,


évolue plus vite que ce que le droit peut règlementer, comme semble déplorer Monsieur Le
DEHAUT en disant qu’« à peine aurons-nous légiféré qu’une nouvelle découverte
scientifique viendra remettre en question certaines des solutions que nous aurons trouvées
au prix de longues réflexions121…».

119
PEQUIGNOT H., « L’enseignement clinique, au lit du malade, du droit et de l’éthique médicale à la
profession médicale. », rapport, Colloque de Genève, avril 1982, cité par G. MÉMETEAU, « Cours de
droit médical », Bordeaux : éd. LEH, 2006, p. 40.
120
ROCHE L., « Organisation de la médecine légale en France; son intégration hospitalière. »,
Introduction, Journ. méd. lég, Droit médical, 1982, 4, 415.
121
LE DEHAUT M. « JOAN », CR, 21 novembre 1992, p. 5797.
39
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

98. Le développement des connaissances médicales et techniques a influé sur


l’évolution du droit en général et plus particulièrement sur le droit médical122. Il a fallu
légiférer pour combler les vides juridiques à chaque étape de l’avancée de la science123.
L’encadrement règlementaire accru concerne notamment les points suivants : l’utilisation
de la nomenclature des actes professionnels, l’obligation de formation continue, la mise en
œuvre de l’évaluation des pratiques professionnelles, l’élaboration de référentiels et la
multiplication des normes techniques et sanitaires.

L’utilisation de la nomenclature des actes professionnels (N.G.A.P.124) :

99. Cette nomenclature est de l’avis général, insatisfaisante, voire, obsolète. Par
exemple, tous les actes concernant la parodontologie et l’implantologie (deux disciplines
en plein essor) n’y figurent pas. Une nouvelle codification des actes, la CCAM125, est en
voie de réalisation.

L’obligation de formation continue126 :

100. La formation continue a été mise en place en 2007, avec effet rétroactif. Le
Conseil National de la Formation Continue Odontologique (CNFCO) a été officiellement
créé le 20 juillet 2006 par les articles L. 4143 et R. 4143 et suivants, du CSP. Mais il n’est
pas précisé comment sera sanctionnée le praticien en cas de non-respect de cette formation
continue. La nouvelle loi HPST127 dans son article 19, « conforte les obligations de
formation continue et vise à réorganiser les différents acteurs de la formation ainsi que les

122
MICHEAUD J. La pénétration du droit par la science, in « Droit et économie de l’assurance
et de la santé », mélanges Lambert, Dalloz, 2002, p. 311.
123
« Droit pénal et techniques biomédicales modernes. », coll. « Fribourg-en Brisgau », sept.
1987, R.I.D.P., 1988, p. 549 et suiv.
124
La NGAP, nomenclature générale des actes professionnels, est une liste de libellés d’actes assortis de
cotations qui fixent les honoraires du praticien. Elle permet la tarification des actes pratiqués et
appartenants à la nomenclature.
125
La Classification Commune des Actes Médicaux (CCAM) est le catalogue de tous les actes techniques
médicaux réalisables en France. Elle a remplacé la NGAP à partir du 30 mars 2005, pour les médecins.
La nouvelle convention nationale de 2006 s’est fixée entrer autres objectifs, de mettre en place la
CCAM technique pour les chirurgiens-dentistes «dans les 2 ou 3 années à venir». Mais la mise en
place de la CCAM est actuellement remise en question en raison de son coût de mise en place, par
rapport à l’intérêt de sa mise en oeuvre.
126
Décret du 2 juin 2006.
127
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 « portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et
aux territoires », JO du 22 juillet 2009, art. 57, p. 12184.
40
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

fonds publics ». Cette loi modifie les dispositions prises antérieurement depuis 2006. Elle
est contestée par les syndicats, car elle risque de remettre en cause tous les efforts entrepris
par les organismes de formation continue agréés et parce que la façon dont la formation
continue conventionnelle a commencé à se mettre en place, sous l’égide d’un syndicat,
l’UJCD128, est contestable129. Le dispositif de formation continue est devenu le
Développement Professionnel Continu Odontologique (DPCO) : organisme qui va
regrouper la formation professionnelle continue, la formation continue conventionnelle et
l’évaluation des pratiques professionnelles.

La mise en œuvre de l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP)130 :

101. L’évaluation des pratiques professionnelles qui utilise les référentiels publiés par
la Haute Autorité de Santé (HAS), est encore à l’état expérimental pour les chirurgiens-
dentistes. Elle consiste en l’action « d’apprécier, de mesurer, de déterminer la valeur d’une
chose, d’un produit, d’un niveau de connaissances, de la qualité des pratiques etc. par
rapport à des repères connus (normes, référentiels, recommandations). Il peut s’agir
d’autoévaluation ou d’évaluation par un tiers131». Ce tiers peut être un organisme agréé
apte à délivrer un certificat attestant la qualité, soit une accréditation. Actuellement, cette
démarche se met en place pour les praticiens médecins qui travaillent en établissements de
soins publics.

L’élaboration de référentiels :

102. Le référentiel est « un document qui définit un système de repères par


rapport auxquels on peut se situer, comparer la qualité d’une action, de la réalisation
d’une technique, de la fabrication d’un produit132». Les référentiels élaborés par les

128
Union des Jeunes Chirurgiens-Dentistes.
129
La formation continue conventionnelle est décriée par toutes les associations de formation continue
indépendante car elle est un organisme financé par les caisses et administré par un syndicat, l’UJCD.
130
Article 14 de la Loi du 13 août 2004 : il s’agit d’évaluer les pratiques de chacun, dans un but
non normatif, mais d’amélioration continue de la qualité des soins.
131
REGARD R., «Petit lexique de l’accréditation, de la certification et autres normes.», La
Lettre,ONCD, n° 24, janv-fév. 2004, p. 26.
132
REGARD R. « Petit lexique de l’accréditation, de la certification et autres normes. », La
Lettre, ONCD, n° 24, janv-fév. 2004, p. 26.
41
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

autorités compétentes telles que l’ANAES133 ou la HAS134 peuvent être déclarés


opposables. Par contre, les recommandations qui sont des textes « qui fixent ce qui est
préconisé, ce qui est conseillé de faire », ne sont pas opposables.

La multiplication des normes :

103. On assiste aussi à une multiplication des normes135 : la norme est « un


document élaboré de façon consensuelle par un groupe d’experts dont le but est de
rassembler des règles d’usage, afin de définir ce qui est habituel, conforme à la
moyenne et ce qui doit être. Son objectif est de standardiser, de garantir des modes
d’actions, de fonctionnement de qualité permettant d’atteindre un objectif de résultat.
Une norme est une « repère », et non un document opposable136 ». Les normes
techniques et sanitaires à respecter sont continuellement renforcées pour une meilleure
sécurité. Elles concernent le matériel, les règles d’asepsie, la stérilisation, le traitement des
déchets et leur collecte, la traçabilité des actes et des produits, les normes d’appareillage et
notamment l’obligation de formation en matière de radioprotection.

104. Il faut bien se rendre compte de l’ampleur du travail que tout cela représente
en pratique : il faut savoir qu’un chirurgien-dentiste sur trois travaille sans personnel137. Il
faut donc se poser la question de l’avenir des petites structures, car le respect de toutes ces
procédures paraît incompatible avec l’exercice en solitaire.

105. La multiplication des contraintes qui pèsent sur l’exercice du chirurgien-


dentiste installé en libéral remet en cause sa liberté d’exercice. Le paramètre rentabilité fait
apparaître un mouvement dit ultralibéral, d’une partie de la profession. Cette dérive remet
en question l’accès des soins pour tous et renforce la mauvaise perception que bon nombre
de gens ont de cette profession en raison de clichés qui perdurent : aller chez le dentiste est

133
Agence Nationale d’Accréditation des Établissements de Santé.
134
Haute Autorité de Santé.
135
Le terme de « norme » s’inscrit ici dans le contexte de la «démarche qualité», à ne pas
confondre avec le terme juridique. V. la confusion possible des termes utilisés dans le langage
juridique et le langage médical.
136
REGARD R., op. cité, ibid.
137
DREES. « Les chirurgiens-dentistes en France : situation démographique et analyse des
comportements en 2006. », Études et Résultats, n° 594, septembre 2007, p. 8.
42
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

synonyme de douleur et engendre stress et anxiétés, voire même, des phobies. De plus, les
honoraires de prothèses sont perçus par beaucoup comme trop élevés, voire, abusifs.

106. Certains praticiens souffrent d’un mal de reconnaissance, en raison de la


séparation des médecins et des dentistes. La récente loi du 1er juillet 2008138 dans laquelle
l’UNCAM139 décide l’ouverture de la CCAM140 des médecins aux chirurgiens-dentistes,
pour 98 actes de chirurgie-buccale, est vécue comme une véritable avancée sur la voie de
la reconnaissance de la chirurgie-dentaire comme discipline médicale à part entière.

107. Il ressort aussi de l’étude sociologique consacrée aux chirurgiens-dentistes que


ce métier ne s’exercerait pas vraiment par vocation. Le chirurgien-dentiste aurait été
longtemps, et serait encore parfois, considéré comme un « médecin raté » : il semblerait
que le choix des études en dentaire soit encore majoritairement un choix par défaut, à
l’issue du classement du concours de première année des études médicales141.

108. C’est sûr que pour beaucoup de personnes, la douleur dentaire est parmi une
des douleurs les plus insupportables. Malgré les progrès de la dentisterie, beaucoup de gens
ont encore peur d’aller consulter ou se faire soigner. Le dentiste n’est pas un médecin
comme les autres : le patient doit s’allonger sur le fauteuil dentaire, ouvrir la bouche et
accepter que les instruments pénètrent dans sa bouche. Souvent, sa peur du dentiste lui a
fait repousser les soins et il ne prend rendez-vous que quand la douleur qu’il ressent n’est
plus supportable.

109. Pourtant, l’éducation et la prévention permettent au praticien d’être beaucoup


plus conservateur. Les soins évoluent vers une prise en charge plus globale du patient : les
soins ne se limitent plus à l’extraction ou à la « réparation » d’une dent : l’approche est
devenue vraiment médicale, avec le rétablissement des différentes fonctions du patient
(mastication, phonation, déglutition), de son esthétique (sourire) et peut-être rejoint-on par
ce biais, la définition de santé que donne l’OMS142.

138
JO du 3 octobre 2008.
139
Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie.
140
La CCAM est le «catalogue» exhaustif des actes techniques médicaux réalisables en France.
141
ONDPS p. 13.
142
L’OMS définit la santé comme un «état de complet bien-être physique, mental et social»,et non
pas seulement une absence de maladie et d’infirmité.
43
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Il est vrai qu’il faut reconnaître qu’au-delà du traitement de la douleur, le praticien a


véritablement le pouvoir d’améliorer la vie des patients qui le consultent143.

110. Le chirurgien-dentiste est soumis à des obligations de toutes sortes : la Loi, le


Code de déontologie, le Code de la santé publique, le Code de la sécurité sociale, la
Convention nationale et les normes internationales. Qu’il soit installé en libéral ou qu’il
soit salarié, ses contraintes d’exercice sont les mêmes. La seule différence tient au fait
qu’en établissement public, il n’existe pas de lien contractuel entre le chirurgien-dentiste
salarié et le patient qu’il soigne. Ce qui voudrait dire que l’acte de soins lui-même n’est pas
contractuel ! En France, environ 96 % des chirurgiens-dentistes ont un exercice libéral. Ce
travail se cantonnera à cette catégorie de praticiens.

111. C'est l'étude du cadre juridique de la relation entre le patient et le chirurgien-


dentiste, qui va essayer de déterminer dans quelle mesure toutes ces règles influent sur la
pratique de la chirurgie-dentaire et dans la relation qui lie le praticien à son patient
(Première partie). Les caractéristiques de cette relation de soins et les obligations qui
naissent de la rencontre des consentements des deux parties, permettent-elles d’affirmer
que de nos jours il existe encore un véritable de contrat de soins ? Et quelle en est la
nature ? (Seconde partie).

143
D’où l’essor de l’implantologie qui permet, par exemple, aux personnes ne supportant pas
leurs prothèses amovibles, de les stabiliser.
44
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

PREMIERE PARTIE : LE CADRE JURIDIQUE DE LA


RELATION DE SOINS DENTAIRES

TITRE I : BANALITE ET ORIGINALITE DU CONTRAT DE SOINS.

112. Existe-il un contrat de soins entre le chirurgien-dentiste et le patient qu’il


soigne ? Et s’il existe, qu’est ce qui en fait sa spécificité par rapport au contrat de soins
entre un médecin et son patient ?

113. Il faut étudier le cadre juridique de la relation de soins entre le chirurgien


dentiste et son patient pour mettre en évidence les particularités de ce contrat, s’il existe.
L’existence du contrat médical a été brillamment remise en cause par Madame Marion
GIRER, dans sa thèse de Doctorat en Droit144. À l’inverse, Madame Bérénice CAMHI lui
oppose l’existence de ce contrat médical et même, son renforcement145.

114. Le contrat de soins naît de la rencontre entre le patient et le praticien. C'est


l'analyse des paramètres de cette rencontre qui va permettre de définir ce qu'est le contrat
de soins, en partant de la définition générale du contrat (Chapitre1), de celle du contrat
médical (Section I), et plus spécialement, de celle du contrat médical en matière de
chirurgie-dentaire (Section II). Les caractéristiques qui sont classiquement attribuées au
contrat médical (Chapitre 2) peuvent être celles du contrat de soins en matière de chirurgie-
dentaire et les spécificités de cette profession permettent-elles de classer ce contrat dans
une catégorie définie par le droit des obligations ? (Chapitre 3).

144
GIRER M., Contribution à une analyse rénovée de la relation de soins – essai de remise en cause du
contrat médical, Thèse pour le Doctorat en droit, Université Lyon III, 6 décembre 2005.
145
Compte rendu séminaire du RISES (Réseau Interdisciplinaire « Santé, éthique et société » du 26 fé-
vrier 2004, p. 6.
45
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

115. Dans le cadre de l’exercice libéral de la chirurgie-dentaire, c’est le patient qui


choisit librement son praticien. Ce principe de libre choix est d’autant réaffirmé, que le
chirurgien-dentiste ne rentre pas dans le parcours de soins.

Le patient :

Lors de la première rencontre entre les deux acteurs de la relation de soins en matière de
chirurgie-dentaire, il est important de définir quelles sont les attentes du patient.

116. Le motif de la première consultation peut être très variable : une douleur à
soulager, un contrôle, une réparation fonctionnelle, une demande esthétique, une prise en
charge plus globale. Les soins sont donc de différentes sortes : des soins d’urgence, de
contrôle ou d’entretien. La prise en charge sera ponctuelle ou suivie, avec un nombre
variable de séances plus ou moins étalées dans le temps. Le patient peut parfois ne pas être
conscient des soins dont il a besoin.

117. Le patient ne connaît généralement pas le montant des honoraires, celui de la


prise en charge par la CPAM et les organismes complémentaires avant de consulter. Il peut
éventuellement « faire jouer la concurrence » en se renseignant sur les prix prothétiques
pratiqués. La CPAM a voulu améliorer l'information des patients en publiant sur son site
www.ameli.fr une information dite « objective » sur la prise en charge des soins dentaires.
Cette initiative s'est faite sans concertation préalable avec les représentants de la
profession, ni même, de manière individuelle avec les chirurgiens-dentistes. En réponse à
cet état de fait, un des syndicats les plus représentatif de la profession, la CNSD, a élaboré
un site à l'usage des patients, www.infosoins.fr, qui « dévoile, sans tabou, la réalité des
coûts des actes, donne les raisons structurelles responsables du reste à charge important
des patients pour les actes à entente directe, tout en proposant un volet pédagogique sur
les soins bucco-dentaires et notre profession146 ».

118. Le patient ne peut comparer la qualité des soins d’un praticien par rapport à un
autre. Son impression de la qualité d’un praticien est entièrement subjective : elle se base
sur des critères tels que la notoriété, le physique, l’aspect relationnel et l’aspect du cabinet
dentaire.

146
SOLETTA C., « Infosoins.fr : une information objective sur la prise en charge des soins dentaires. », Le
CDF, n° 1365 du 16 octobre 2008, p.1.
46
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Le praticien :

119. Lors de la première rencontre, le chirurgien-dentiste ne sait pas quels sont les
besoins du patient, sauf s’il est adressé par un confrère, pour un motif précis. Il ne sait pas
comment ce patient va se comporter pendant le déroulement des soins : s’il va être calme,
agressif ou phobique et s’il va être respectueux de ses engagements (comme venir aux
rendez-vous et observer ses traitements). Il ne connaît pas sa solvabilité, ni l’effort
financier qu’il est prêt à faire pour se soigner.

120. Au nom de l’accès aux soins pour tous, il ne devrait pas y avoir de sélection
dans le choix du praticien, et surtout, cette sélection ne devrait pas exister en ce qui
concerne le patient. La pratique montre que la patientèle peut en effet choisir (ainsi que le
veut la déontologie) mais « qu’elle induit par ses caractéristiques (revenus, couverture
sociale, habitudes de soins) une certaine forme de pratique »147. Le praticien le fait de
manière plus subtile : par le prix des honoraires non opposables, qu’il fixe avec tact,
mesure et en toute liberté, ainsi que par le choix d’une pratique plus spécialisée qui
sélectionne d’elle-même les patients.

121. De la rencontre des deux volontés (celle du patient et celle du chirurgien


dentiste) et en fonction de tous ces paramètres, peut alors se former la relation de soins. Le
cadre juridique qui régit cette relation permet-il de la définir comme un contrat de soins (1)
et de connaître dans quelle catégorie le classer (3) d’après ses caractéristiques (2) ?

Chapitre 1 : La définition du contrat de soins.

122. Ce contrat est d’un genre particulier que les juristes ont du mal à appréhender.
La relation médicale leur semble déséquilibrée, puisque a priori, les deux parties sont
inégales. Le praticien a la connaissance, le patient s’en remet à lui et subit les soins. Mais
de nos jours, cette attitude de « paternalisme » médical est révolue148 : la loi du 4 mars

147
Rapport ONDPS sur le métier de chirurgien-dentiste précité, p. 64.
148
C.C.N.E., rapport et recommandation n°58, 12 juin 1998.
47
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

2002 a voulu rééquilibrer cette relation en donnant des droits au patient pour qu’il participe
pleinement à la prise de décision149.

123. Du côté des professions médicales, la volonté d’entrer la relation de soins dans
un cadre juridique est souvent vécue comme une contrainte. Monsieur Gérard
MÉMETEAU cite, dans son Cours de droit médical Jean SAVATIER, qui écrivait que « le
médecin a plus de peine à saisir comment sa relation avec le malade lui impose des
obligations juridiques dont des magistrats, étrangers à la profession médicale et ignorants
de la technique médicale, contrôleront l’exécution150 ». Du coté des médecins, le Docteur
Bernard GUIRAUD-CHAUMEIL résume bien le ressentiment qu’éprouve souvent le
praticien face à l’augmentation des contraintes dans son exercice professionnel, en
interpellant ainsi les juristes : « pouvez-vous accepter que nous ayons besoin de protection
dans chacun de nos actes, que les décrets, les arrêtés, les circulaire décident pour
nous ? ». Et il rappelle dans ce même discours combien la démarche du juriste et celle du
médecin sont éloignés, car « La médecine est souvent incertaine et le doute intervient dans
chacune de nos décisions151 ».

124. Il est certain que le mode de raisonnement des juristes diffère énormément de
celui des médecins : la pratique de la médecine est souvent faite de doutes et d’incertitudes
en ce qui concerne la réponse de l’organisme humain à l’acte de soins. Monsieur André
DEMICHEL explique cette dualité par le fait que « le droit relève d’une dogmatique et
d’un impératif, la santé de l’aléatoire, ce qui, bien sûr, oppose les raisonnements et les
méthodes152 ».

125. Mais le praticien a besoin du droit dans maints domaines de son activité153,
même si la relation entre droit et médecine peut poser des difficultés154, le plus souvent par
incompréhension ou méconnaissance des systèmes de pensée155.

149
La loi du 4 mars 2002 a voulu instaurer une véritable « démocratie sanitaire », certes, elle donne des
droits au patient, mais elle instaure aussi des devoirs aux professionnels de santé, sans leur donner de
droits, V. LAMBERT-FAIVRE, Dalloz, 2002, chr. p. 1296.
150
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, op. cité p. 40
151
GUIRAUD-CHAUMEIL B., in « l’Évaluation médicale », 3<sup>e/sup> forum médical du groupe
Générale de santé 2004.
152
DEMICHEL A., Le Droit de la santé, Bordeaux : Les Études Hospitalières, 1998, p. 15.
153
Nous citons MÉMETEAU G. : « afin d’aider le patient dans la recherche de ses avantages sociaux (art.
50 du C de déontologie médicale), de comprendre les droits et devoirs respectifs d’eux-mêmes et des
48
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

126. La chirurgie dentaire a fait des progrès considérables ces vingt dernières années,
et parallèlement, les contraintes administratives et légales ont elles aussi beaucoup
augmenté. Le praticien a du lui aussi évoluer : il se trouve face à un patient qui ne subit
plus ses soins, qui a des droits et qui est informé. La relation de soins en est nécessairement
transformée par rapport à celle qui existait avant l’époque de l’arrêt MERCIER156, décision
à l’origine de la définition jurisprudentielle du contrat médical.

SECTION I : LE CONTRAT MEDICAL

127 Avant de définir le contrat médical, rappelons quelle est la définition du contrat
en général (1) :
Le contrat, du latin contractus, est « une convention juridique par laquelle une ou
plusieurs personnes s’engagent à faire ou à ne pas faire quelque chose157 ».

128. Ce sont deux articles du Code civil qui donnent la définition juridique du
contrat : l’article 1101, qui définit le contrat comme une « convention par laquelle une ou
plusieurs personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas
faire quelque chose » et l’article 1134 qui dit que « les conventions légalement formées
tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ».
Le contrat naît donc de la rencontre de deux volontés et de leur accord, mais à l’inverse, de
tout accord de deux volontés ne naît pas forcément un contrat158.

129. Le contrat est une véritable convention juridique qui lie les deux parties
contractantes, bien qu’elle ne soit le plus souvent non écrite. Sa particularité est de créer

malades dans leur colloque singulier (responsabilité, honoraires, information et consentement), de


mesurer leurs engagements sociaux (art. 223-6 de la médecine libérale, ordre, etc.) », op. cité, supra, p.
42.
154
DEKEUWER-DEFOSSEZ F., « De quelques difficultés dans les relations entre droit et médecine. », in
Mélanges offerts à LANGAVANT E., éd. L’Harmattan, 1999, p. 127.
155
LIPPEL K., « L’incertitude des probabilités en droit et médecine. », R.D.U.S., 1999, 22, n° 445.
156
Cass. civ. 20 mai 1936, D. 1936, I, p. 88, MATTER Cl., note E.P.
157
Définition du Petit Larousse, 2005, 100ème édition.
158
Voir en ce sens, à propos du droit administratif, TRUCHET D. « Le contrat administratif, qualification
juridique d’un accord de volontés. », p. 186 in Le droit contemporain des contrats, sous la dir. de
CADIET L., Economica, Travaux et recherches, Série Faculté des sciences juridiques de Rennes, Actes
du séminaire de l’année universitaire 1985-1986.
49
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

des effets de droit qui sont des obligations juridiques159. Le contrat une source
d’obligations acceptées et choisies par les parties. C’est la loi qui lui confère son caractère
obligatoire : la force obligatoire du contrat découle de la loi et non pas d’un quelconque
pouvoir des parties qui ne peuvent créer du droit ex nihilo.

130. La liberté contractuelle est un des fondements de notre société moderne. Elle est
exprimée dans l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.

131. La notion d’autonomie de la volonté est importante : elle intervient au moment


de la formation du contrat en ce sens que l’individu est entièrement libre de contracter ou
pas. Les parties sont également libres de définir les modalités du contrat et son contenu :
elles ne sont pas obligées de se référer à un modèle préexistant. Seules les règles d’ordre
public doivent être respectées.

132. Le principe du consensualisme fait qu’il n’existe pas de forme ou de solennité à


respecter pour la formation du contrat : l’échange des consentements suffit. Le contrat peut
donc tout à fait n’être que verbal. Mais même si l’écrit n’est pas obligatoire, il est parfois
nécessaire pour l’établissement de la preuve du contrat.

133. La définition du contrat médical est jurisprudentielle. La source en est l’arrêt


MERCIER du 20 mai 1936160 : « Il se forme entre le médecin et son client un véritable
contrat comportant, pour le praticien, l’engagement, si non bien évidemment de guérir le
malade (ce qui n’a d’ailleurs jamais été allégué), du moins, de lui donner des soins non
pas quelconques, mais consciencieux, attentifs et, réserve faite de circonstances
exceptionnelles, conformes aux données acquises de la science; que la violation, même
involontaire de cette obligation contractuelle est sanctionnée par une responsabilité de
même nature, également contractuelle ».

159
AUBERT J-L. et FLOUR Y., Droit civil. Les obligations, L’acte juridique, 5è éd. 1991; GHESTIN J.,
La notion de contrat, D. 1990.
160
Dr. NICOLAS c./ époux MERCIER, Cass. civ., 20 mai 1936, D.P. 1936, 1, 88, concl. MATTER, rapp.
JOSSERAND, note E.P.; S. 1937, I, 321, note BRETON A.; R.T.D.C.1936, 691, obs. DEMOGUE; Gaz.
Pal., 1936, 12, 41, concl. MATTER; Rev. ass. terr. 1936, 804.
50
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Cet arrêt est important pour trois raisons :

- Il reconnaît l’existence d’un contrat entre le médecin et son « client », mais le terme
de client n’est peut-être pas heureux.

- La notion d’obligation de moyens apparaît par les termes « sinon » et « du moins ».


Le praticien s’engage à « sinon » guérir le malade, « du moins » à lui donner de soins.

- Il définit la qualité des soins : ces soins doivent être non pas quelconques, mais
consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises de la science.

134. Voici un rappel des faits qui ont entraîné le basculement « officiel » de la
responsabilité médicale du domaine délictuel au domaine contractuel.

En août 1925, Mme. MERCIER s’adresse au Dr NICOLAS, radiologue à Marseille, pour


traiter une affection nasale par radiothérapie, sur les conseils de son médecin traitant. La
radiothérapie échoue et aggrave la situation de Mme. MERCIER en provoquant une
radiodermite des muqueuses de la face161.

Les époux MERCIER intentent, trois ans après la radiothérapie, une action en demande de
dommage et intérêts contre le Dr NICOLAS et ils basent leur demande sur le fondement
des articles 1382 et 1383 du Code civil (faute délictuelle et quasi-délictuelle162).

Le Docteur NICOLAS invoque la prescription de 3 ans, selon l’article 638 du Code


d’instruction criminelle163. Mme MERCIER modifie sa demande en abandonnant les
articles 1382 et 1383 du CC, pour invoquer l’article 1384 (responsabilité du gardien de la

161
C'est-à-dire des lésions provoquées par les rayons X au niveau de la peau et des muqueuses.
162
Deux arrêts célèbres de la Cour de cassation ont condamné des médecins sur le fondement des articles
1382 et 1383 du CC: le 18 juin 1835 et le 21 juillet 1862. Dans ce dernier, la Cour dit «qu’il était de la
sagesse du juge de ne pas s’ingérer témérairement dans l’examen des théories médicales et prétendre
discuter des questions de pure science […] mais que les médecins restent soumis au droit commun».
Cass. req. 18 juin 1835. THOURET-NOROY, D. jur. gén., T. 39, V. responsabilité n° 129, concl.
DUPIN;
Cass. req. 21 juillet 1862, D.P.,1862, I, 419. (cités par MÉMETEAU G., Le droit médical, pp. 35 et
412, éd. Litec, 1985.
163
L’unité de la prescription civile et de la prescription pénale n’existe plus depuis la loi du 23 décembre
1980 modifiant le Code de procédure pénale
51
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

chose) et les articles 1146 et suivants du CC (concernant la responsabilité contractuelle du


débiteur n’ayant pas exécuté son contrat164).

Le Tribunal civil de Marseille écarte la responsabilité fondée sur l’article 1384165 et retient
l’idée de la responsabilité contractuelle du fait des choses166 (décision confirmée par la
Cour d’Appel d’Aix en Provence)167. Le Dr NICOLAS se pourvoit en cassation. La
décision de la Cour de cassation est rendue le 20 mai 1936 par ce célèbre arrêt MERCIER
qui devient le fondement de la responsabilité médicale moderne en France168 et qui
reconnaît l’existence du contrat médical. La première publication du commentaire de cet
arrêt a, pour les juristes, une haute valeur historique, scientifique et doctrinale169.

135. Il faut souligner que cet arrêt de principe est la conséquence « de considérations
de droit aujourd’hui dépassées, à savoir : l’unité de la prescription civile et de la
prescription pénale, règle effacée par la loi du 23 décembre 1980170 ».

SECTION II: LE CONTRAT MEDICAL EN MATIERE DE CHIRURGIE-

DENTAIRE

136. Le contrat médical en matière de chirurgie-dentaire est tout à fait comparable au


contrat médical. Il repose sur les mêmes principes déontologiques et juridiques171. Il trouve
sa source dans un arrêt de la 1ère chambre civile de la Cour de cassation daté du 14 mars
1967, qui dit que « Le contrat qui se forme entre le chirurgien-dentiste et son client

164
Le délai de prescription de la responsabilité contractuelle était à l’époque de trente ans.
165
BELLISSENT J., « Contribution à l’analyse de la distinction des obligations de moyens et des
obligations de résultats. », L.G.D.J., 2001, préface CABRILLAC R., n° 804 et suiv.
166
Cass civ. 1ère, 9 novembre 1999, R.G.D.M., 3, 2000, 89, rapport SARGOS, note CAILLE C.
167
Décision du 16 juillet 1931. Les juges de la Cour d’appel ont considéré « l’action de la victime tenait
son origine non pas du délit de blessures involontaires, mais du contrat antérieurement conclu entre le
médecin et sa patiente » C. REY-SALMON et C. ADAMSBAUM, in Le compte rendu radiologique et
ses implications judiciaires.
168
BITOUT D. et HUREAU J., L’expertise médicale en responsabilité médicale et en réparation d’un
préjudice corporel, Paris : 2ème éd. Masson, 2005, p.147.
169
Rapport C de Cass. JOSSERAND L., synthèse faite par le Procureur général MATTER P.
170
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, 3ème éd. Les Etudes Hospitalières, 2006, p. 300.
171
LAUDE A., MATHIEU B. et TABUTEAU D., Le droit de la santé, PUF, coll « Thémis »,1981, p.
348.
52
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

entraîne une obligation pour le premier de donner au second des soins conformes aux
règles consacrées par la pratique dentaire et aux données de la science.
Le praticien est responsable des suites dommageables des dits soins si, eu égard à cette
obligation, il s’est rendu coupable d’une imprudence, d’une inattention ou d’une
négligence révélant une méconnaissance de ses devoirs ».

137. La première transposition de l’arrêt MERCIER pour les chirurgiens-dentistes est


une décision de la Cour de cassation du 27 janvier 1960172, retenant la responsabilité
fautive d’un chirurgien-dentiste pour « manquements aux données acquises de la science ».

138. Le Code de déontologie dentaire définit le contenu du contrat médical dans


l’article R. 4127-233 du CSP, alinéas 1 et 2173 : « Le chirurgien-dentiste qui a accepté de
donner des soins à un patient s’oblige :
1°) À lui assurer des soins éclairés et conformes aux données acquises de la science, soit
personnellement, soit lorsque sa conscience le lui commande, en faisant appel à un autre
chirurgien-dentiste ou à un médecin ;
2°) À agir toujours avec correction et aménité envers le patient et à se montrer
compatissant envers lui…».

139. Ce Code de déontologie dentaire a pris comme modèle le Code de déontologie


médicale. Monsieur Emmanuel TERRIER, dans sa thèse d’Université, explique que la
dernière version de ce code174 « a désormais pour ambition de fixer les règles de la
pratique d’une médecine de plus en plus complexe, technicisée et sophistiquée, tout en
maintenant les devoirs classiques – intemporels même - qui sont les fondements de la
relation entre l’homme qui souffre et celui qui peut le guérir… Sa déontologie se doit alors
de s’adapter à l’évolution de la science et de la société, tout en demeurant l’héritière d’une
certaine tradition175 ».

172
Cass. Civ. 1ère, 27 janvier 1960, B. c/ C., Juris-data n° 000059.
173
Ancien art. 27 du CDD.
174
C’est la cinquième version depuis le premier code de 1941 publié par le Conseil National de l’Ordre
des Médecins : décret n° 956-1000 du 6 septembre 1995 (J.O. du 8 sept.), modifié par le décret n° 97-
503 du 21 mai 1997 (J.O. du 22 mai).
175
TERRIER E., Déontologie médicale et droit, Thèse UFR Droit, Montpellier, 2002, n°14.
53
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Il s’agit là, en quelque sorte, d’une volonté de protection de la profession médicale, face à
une certaine banalisation apportée par la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002, qui rassemble
tous les acteurs de soins dans l’appellation plus générale de « professionnels de santé ».

140. Le contrat de soins, remis en question par certains auteurs176, doit s’adapter en
fonction des progrès de la science et des techniques et en tenant compte de l’évolution des
mentalités et de la société. La notion de confiance reste toujours indispensable à
l’établissement de cette relation. La célèbre citation du Professeur PORTES qui dit que
« Tout acte médical normal n’est, ne peut être et ne doit être qu’une confiance qui rejoint
librement une conscience177 », doit toujours rester d’actualité. Monsieur Gérard
MÉMETEAU considère le contrat de soins comme « le moule juridique de cette
confiance178 ».

141. Le contrat de soins est particulier, en ce sens qu’il a du mal à rentrer dans un
cadre juridique bien défini. Dès 1956, l’existence d’un tel contrat est contestée. Monsieur
Jean BELLISSENT critique l’insertion de la relation de soins dans le contrat, réalisée par
l’arrêt MERCIER, puisqu'elle est inutile et imprécise. En effet, pour cet auteur,
« l’existence d’un contrat ne rend compte qu’incomplètement des rapports juridiques entre
médecins et malades179 ».

142. Le contrat de soins est un contrat civil dont l’objet est particulier, puisque l’acte
médical se pratique sur le corps humain, avec l’obligation de préserver l’intégrité et la
dignité de la personne soignée.

143. L’existence du contrat médical peut être niée en ce sens qu’en amont, il existe de
nombreuses règles qui régissent la relation de soins. Se pose donc la question suivante : est
ce que cette relation de soins génère des obligations qui seraient encore contractuelles ?

176
V. la thèse de GIRER M.
177
Pr. PORTES., À la recherche d’une éthique médicale, Masson, PUF, 1964, p. 163.
178
MÉMETEAU G., op. cite, n°444.
179
BELLISSENT J., « Contribution à l’analyse de la distinction des obligations de moyens et des obliga-
tions de résultats. », préface CABRILLAC R., L.G.D.J, Bibli. dr. privé, t 354, n° 755 et suiv.
54
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

144. Outre le cadre juridique de la relation de soins, il faut aussi tenir compte de
nombreux paramètres psychologiques qui influent sur la relation proprement dite,
notamment, la douleur et la peur, voire, la phobie que peut éprouver le patient et qui sont
susceptibles d’altérer sa volonté180.

145. L’argent est aussi un paramètre non négligeable dans le choix de traitement en
matière de chirurgie-dentaire. Le peu de prise en charge, voire, la non prise en charge de
certains traitements, notamment prothétiques, par les caisses d’assurance maladie et les
assurances complémentaires, sont souvent la raison pour laquelle le patient ne se fait pas
soigner.

146. De nos jours, le praticien n’a plus tous les droits. Il ne peut plus imposer des
soins sans tenir compte de l’avis de son patient. Celui-ci a le choix de son plan de
traitement. Encore faut-il qu’il ait compris toutes les informations que le praticien lui aura
données, au sujet du diagnostic, des possibilités de traitement, des risques inhérents à ces
traitements, des résultats et des complications possibles. Le développement de la mise en
cause de la responsabilité professionnelle peut pousser ce praticien à la prudence, voire,
l’abstention thérapeutique. Les deux parties doivent donc trouver un accord, d’où l’intérêt
du maintien de l’existence du contrat de soins que la loi du 4 mars 2002181 a voulu
rééquilibrer, en accordant des droits au patient, face au savoir du professionnel.

147. Le contrat de soins est spécifique et sans équivalent juridique, parce qu’il a pour
fondement la confiance, « notion qu’aucune loi ne pourra réduire dans un cadre182 ».
La relation de soins entre le praticien et son patient est difficile à cerner pour le juriste.
Cette relation repose essentiellement sur la confiance réciproque. Cette confiance
représente, nous semble-t-il, un des piliers de la relation de soins. En effet, « la relation [du
médecin avec son patient] » est faite de confiance, y compris dans l’information et le
consentement183 ».

180
En effet, lorsque le patient souffre, il est prêt à tout faire, parfois, pour être soulagé.
181
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, dite
loi KOUCHNER
182
ROBERT A., La Lettre, ONCD, mars 2003, n° 15, p. 3.
183
GLORION B,. « Le consentement et ses aspects déontologiques. », in « Le consentement aux actes
médicaux », Gaz. pal., n° spécial du 1er au 5 janvier 1999, p. 5.
55
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

148. La notion de confiance est renforcée par la possibilité, pour le patient, de l’accès
direct à son dossier médical, grâce à la loi du 4 mars 2002. Cet accès a été facilité pour
améliorer la qualité de la relation médecin-patient car il « améliorera alors la confiance
qui existe entre le patient et le médecin184 ».

149. Mais certains considèrent que le patient n’a pas le choix et qu’il est bien obligé
de faire confiance : « l’ignorance du patient […] oblige le malade à faire confiance et à
croire le médecin185 ». Madame Armelle TREPPOZ insiste sur la nécessité du lien de
confiance légitime et sécurisé. Ce doit être une confiance qui « suppose la connaissance et
exclut la crédulité », et « pour que cette confiance s’épanouisse dans le temps, elle suppose
la sécurité, c'est-à-dire la certitude, la protection contre les aléa186 ». Nous voyons là que
ce sentiment de confiance légitime et sécurisé tel que le juriste voudrait le voir s’établir,
aura du mal à s’appliquer à l’art dentaire, ou d’une manière plus générale, à l’acte médical.
D’abord parce que la médecine n’est pas une science exacte, qu’elle s’applique au corps
humain et que l’aléa thérapeutique peut advenir à tout instant.

150. Pour monsieur Bernard KOUCHNER, la confiance n’est pas une


« conséquence » de la responsabilité du professionnel qui peut être mise en cause. Il écrit
qu’« en fin de compte, les trois mots caractérisant la philosophie et l’ambition de ce projet
de loi187 sont transparence, responsabilité et confiance […] parce que l’acte médical est
par nature un acte de responsabilité, pour le professionnel bien sûr, pour le malade
également, parce qu’il n’est pas de décision plus grave, plus personnelle et plus
responsable que celle concernant sa propre santé188 ». L’esprit de cette loi est d’impliquer
plus le malade dans la prise de décision : il n’est plus un patient passif, mais devient
responsable. Encore faut-il qu’il ait à la fois les outils et les facultés intellectuelles lui

184
Bull. de l’Ordre des médecins, mars 2002, p. 8.
185
LAUDE A., « Le consommateur de soins. », D. 2000, chron. p. 415. Pour lui, cette confiance trouve
sa source dans la création d’un déséquilibre très important de la relation médecin-malade.
186
TREPPOZ A., « La confiance légitime, notion introuvable du droit administratif français. », R.R.J.
2002, p. 406.
187
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.
188
in Rapport ann. n° 3263 fait au nom de la Commission des Affaires Culturelles Familiales et Sociales
sur le projet de loi relatif aux droits des malades et à la qualité du système de santé, vol. I, 26
septembre 21001, p.17, www.assemblée-nationale.fr
56
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

permettant de guider son choix. Un des objectifs de cette loi est de rétablir « la si précieuse
mais la si fragile confiance189 ».

151. Dans la pratique, le contrat reste la plus part du temps verbal. Mais l’évolution
de la société ne peut se contenter d’une telle relation, basée sur une parole donnée. Il faut
donc analyser quelle peut être la nature juridique du contrat de soins spécifique à la
pratique de la chirurgie-dentaire, en étudiant quelles sont les caractéristiques de ce contrat
(Chapitre 2) et quelle pourrait être sa classification (Chapitre 3).

Chapitre 2 : Les caractéristiques du contrat de soins.

152. Le contrat de soins en chirurgie-dentaire est semblable au contrat de soins en


médecine. La chirurgie-dentaire est, somme toute, une spécialité médicale qui se limite à
une partie du corps humain190.

C’est un contrat civil et non pas commercial :

153. Le contrat médical est un contrat civil, car la médecine est une profession
libérale191. Ce contrat concerne l’exercice en cabinet privé, en clinique ou en établissement
hospitalier, si le praticien y exerce en secteur privé192 . Lorsque le praticien exerce comme

189
GIRAUD F., DERIOT D. et LORRAIN J-L., Rapp. Sénat n°174, 16 janvier 2002, www.senat.fr : ils
écrivent, dans ce rapport fait au nom de la commission des affaires sociales sur le projet de loi adopté
par l’assemblée nationale, que «c’est la confiance mutuelle sur laquelle repose cette relation si
particulière qu’il importe avant tout de préserver, voire de rétablir».
190
L’article L4141-1 du CSP, modifié par Loi n°2004-806 du 9 août 2004 - art. 136 donne la définition
suivante: «La pratique de l'art dentaire comporte la prévention, le diagnostic et le traitement des
maladies congénitales ou acquises, réelles ou supposées, de la bouche, des dents, des maxillaires et
des tissus attenants, suivant les modalités fixées par le code de déontologie de la profession mentionné
à l'article L. 4127-1».
191
AUBY J-M et J., PEQUIGNOT H. et SAVATIER R., Traité de droit médical, Librairies Techniques,
1956, n° 237.
192
Cass. 1ère civ, 5 mars 1991: JCP G 1992, IV, 218356, note DORSNER-DOLIVET A.
57
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

salarié d’un établissement public, il n’existe pas de lien contractuel avec le patient qu’il
soigne, puisque celui-ci est un usager du service public193.

154. L’article 16-1 du Code civil pose le principe de non patrimonialité du corps
humain, à savoir que le corps humain et ses éléments sont hors commerce194. Le contrat de
soins ne peut donc être assimilé à un contrat commercial. L’exercice libéral de la chirurgie
dentaire n’est pas un commerce195. Le patient n’est pas un client. Le Code de déontologie
dentaire le précise bien dans les deux articles suivants: l’article R.4127-215 du CSP196 qui
dit que « la profession dentaire ne doit pas être pratiquée comme un commerce…», et
l’article R.4127-223 du CSP197 qui précise qu’« il est interdit au chirurgien-dentiste de
donner des consultations même à titre gratuit dans tous locaux commerciaux ou artisanaux
où sont exposés ou mis en vente des médicaments, produits ou appareils qui peuvent être
prescrits ou délivrés par un chirurgien-dentiste ou par un médecin ainsi que dans les
dépendances desdits locaux ».

155. Tout contentieux relève des juridictions de droit commun et non pas des
tribunaux de commerce. Le Docteur Marc SABEK conclut, à propos d’une décision de la
Cour d’Appel de Paris qualifiant la relation entre un chirurgien-dentiste et son
«consommateur-patient », de « contrat qui s’analyse en une prestation de service198 », que
« si l’intervention médicale sur le corps devait être assimilé à une prestation de service, le
corps lui-même et ses produits seraient alors des biens de consommation. Ce danger a-t-il
échappé aux magistrats199 ?».

156. Certes, la profession de chirurgien-dentiste ne doit pas se pratiquer comme un


commerce. Mais le chirurgien-dentiste est un véritable chef d’entreprise qui doit intégrer
dans sa pratique des paramètres économiques pour la gestion de son cabinet. Il est évident

193
CE, 9 janvier 1970, n° 73067.
194
Avis n° 21 du CCNE, 13 décembre 1990.
195
DE FORGES J-M., Le Droit de la santé, PUF, 4ème éd., 2000, p. 38: «L’exercice libéral dans un
cabinet exclut tout caractère commercial, bien que, dans certains cas, des actes de commerce puissent
être accomplis à titre accessoire (ex: vente d’appareils par les chirurgiens-dentistes).
196
Ancien article 12 du Code de déontologie dentaire.
197
Ancien article 19 du CDD.
198
Cour d’appel de paris, 13ème chambre correctionnelle, section A, 28 février 2006, n° 05/08230
199
SABEK M., « Patient-consommateur : une première! », L’information dentaire, n° 42, 6 décembre
2006, p. 2722.
58
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

que la santé n’est pas un commerce, mais le praticien doit quand même tirer un bénéfice de
son activité ! Le juge a consacré l’existence d’un fond libéral200, à rapprocher du fond de
commerce201. Ce fond comprend la patientèle, le matériel (de plus en plus important) et les
locaux, s’ils sont inscrits à l’actif du cabinet dentaire.

157. Pour aller en ce sens, la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008202


autorise les médecins et les chirurgiens-dentistes à louer leurs locaux professionnels avec
un bail commercial.

158. Même si l’on constate « des indices forts d’invasion du droit médical par cette
discipline » qu’est le droit de la consommation, Monsieur Gérard MÉMETEAU explique
que « la philosophie consumériste est impropre à recouvrir le « colloque singulier » car
elle est construite sur la méfiance aigrement entretenue entre partenaires, alors que la
relation thérapeutique s’appuie sur la confiance203 ». Le droit de la consommation ne peut
s’appliquer au contrat de soins204, même s’il existe une dérive commerciale et que certains
voudraient appliquer les règles de management pour augmenter la rentabilité du cabinet
dentaire. On constate en effet, une floraison de sociétés spécialisées en management et de
cabinets de consultants. Il s’agit de transformer l’exercice professionnel, parfois au
détriment de la déontologie205.

159. Il faut aussi constater l’augmentation de créations de sociétés d’exercice.


L’augmentation des charges financières et la mise en commun de plateaux techniques
encouragent les praticiens à se regrouper en Sociétés Civiles de Moyens206 ou en Sociétés
Civiles Professionnelles207. La loi du 31 décembre 1990208 a permis aux professions

200
JACOTOT D., « Entre consécration et rejet d’une dimension commerciale de la santé. » La lettre,
ONCD, janvier 2004, p. 28.
201
VIALLA F., « L’avènement du fond médical et droit positif français, note sur l’arrêt WOESSNER. »,
J.C.P.E, suppl. Cahier de droit des entreprises de santé, 2002, n° 1, p. 1.
202
Loi n° 2008-776 du 4 août 2008 de modernisation de l’économie, art. 43.
203
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, op. cité, p. 305.
204
V. rapports dans J. méd. légale, Droit médical, 42, nov- déc. 1999, p. 541.
205
Les stages proposés utilisent souvent des intitulés du style « augmenter la rentabilité dans le respect de
la déontologie ».
206
SCM.
207
SCP.
59
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

libérales de s’associer aux seins de sociétés d’exercice libéral209. Ces SEL sont hybrides,
car commerciales par leur forme et civiles par leur objet.

160. Il est primordial que le chirurgien-dentiste rejette toute approche commerciale


de son exercice et de ses choix : la loi du 4 mars 2002 a voulu consacrer le principe d’égal
accès aux soins, même si le cabinet dentaire doit être « rentable » pour permettre au
praticien de se donner les moyens d’avoir un exercice de qualité.

161. Le contrat de soins est tacite à partir du moment où le patient aura accepté le
plan de traitement et donné son consentement éclairé au praticien. Il est généralement
verbal. Il peut être formulé par écrit, notamment par un devis signé des deux parties. Les
écrits (devis, plans de traitement, courriers, et autres documents) peuvent être des preuves
de l’engagement réciproque des parties.

C’est un contrat à titre personnel :

162. Il est intuitu personae, c’est à dire propre individuellement au praticien et à la


personne soignée. Le praticien a l’obligation de fournir personnellement les soins
promis210.

Il doit respecter les principes du libre choix par le patient de son praticien (a), et le
praticien doit toujours répondre à la demande du malade (b).

- Le principe du libre choix par le patient de son praticien :

163. Le patient a le libre choix du praticien qu’il choisit en fonction de ses qualités
médicales, humaines et de la confiance qu’il lui inspire. C’est un des grands principes de la
médecine libérale. En contre partie, le praticien doit exécuter personnellement ses
obligations.

208
Loi n° 90-1258 du 31 décembre 1990. Le décret d’application n° 92-740 du 29 juillet 1992 impose
une limitation, dans son article 10, quant à la détention du capital, qui ne peut se faire que dans deux
SEL.
209
SEL.
210
Cass. civ., 1ère, 29 oct. 1963, D. 1964, somm. p. 56, Bull. cass., 1963, I, n° 392; Cass. civ. 1ère, 11 juillet
1978, D.S. 1978, I.R. 442.
60
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Ce principe du libre choix est illustré par les articles du Code de déontologie suivants :
- l’article R.4127-210 du CSP211 qui souligne le « libre choix du chirurgien- dentiste
par le patient…»
- l’article R.4127-264 du CSP212 qui indique que « Le chirurgien- dentiste peut
accueillir dans son cabinet, même en dehors de toute urgence, tous les patients relevant de
son art quel que soit leur chirurgien-dentiste traitant ».
- l’article R. 4127- 265 du CSP213 qui explique que « Lorsqu’un patient fait appel,
en l’absence de son chirurgien-dentiste traitant, à un second chirurgien-dentiste, celui-ci
peut assurer les soins nécessaires pendant cette absence ».

164. Ce principe est également énoncé dans l’article 162-2 du Code de la sécurité
sociale : « Dans l’intérêt des assurés sociaux et de la santé publique, le respect de la
liberté d’exercice et de l’indépendance professionnelle et morale des médecins, est assuré
conformément aux principes déontologiques fondamentaux que sont le libre choix du
médecin par le malade, la liberté de prescription du médecin, le secret professionnel, le
paiement direct des honoraires par le malade, la liberté d’installation du médecin, sauf
dispositions contraires en vigueur à la date de promulgation de la loi n° 71.525 du 3 juillet
1971 ».

165. La chirurgie-dentaire demeure hors du parcours de soins. Elle n’a donc pas été
concernée par le système du médecin référent214, qui remettait en cause la liberté totale de
libre choix du praticien par le patient215. Ce principe de libre choix est également reconnu
par les juridictions de droit commun216 et la loi du 4 mars 2002 réaffirme également le
principe de l’égal accès aux soins pour tous217.

211
Ancien article 7 du CDD.
212
Ancien art. 57 du CDD.
213
Ancien art. 58 du CDD.
214
Ordonnance du 24 avril 1996.
215
HARICHAUX M., « Le régime du médecin référent. », R.D.S.S., 1999, 1, 72.
216
C.E., 18 février 1999, R.F.D.A, 1999, 47, note JOYAU; CE., 30 avril 1997, R.F.D.A., 1997, 474, concl.
MAUGLIE. Cass. civ. ch. réunies, 16 mai 1963, Bull. 1963, 3, n°4 ; Dalloz, 1963, 437, note
LARGUIER.
217
Principe inséré par la loi du 4 mars 2002 dans le chapitre préliminaire du CSP
61
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

- Le chirurgien-dentiste doit toujours répondre à la demande du malade :

166. Le chirurgien-dentiste a, comme tout citoyen, l’obligation de secours, surtout


dans le cas de l’urgence, sous peine d’être accusé de non assistance à personne en danger.
C’est le Code pénal qui l’indique dans son article 223-6, en rapportant que « Quiconque
pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un
crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient volontairement
de le faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende.
Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne
en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit
par son action personnelle, soit en provoquant un secours. »

167. En tant que chirurgien-dentiste, il doit soigner tous ses patients, quels qu’ils
soient: l’article R. 4127-211 du Code de la santé publique dit que « Le chirurgien-dentiste
doit soigner avec la même conscience tous ses patients, quels que soit leur origine, leurs
mœurs, et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non appartenance à une
ethnie, une nation ou une religion déterminées, leur handicap ou leur état de santé, leur
réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard218».

168. Mais il a le droit de refuser de donner des soins, sauf dans le cas de l’urgence,
ainsi que l’y autorise le Code de déontologie dentaire dans son article R. 4127- 232 du
CSP219. En effet, « Hors le cas de l’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs
d’humanité, le chirurgien-dentiste a toujours le droit de refuser ses soins pour des raisons
personnelles ou professionnelles, à condition :
- de ne jamais nuire de ce fait à son patient.
- de s’assurer de la continuité des soins et de fournir à cet effet tous renseignements
utiles.
Le chirurgien-dentiste ne peut exercer ce droit que dans le respect de la règle énoncée à
l’article 8 ».

169. S’il n’est pas d’accord avec un plan de traitement préconisé par un confrère, il a
tout à fait le droit de refuser d’appliquer ce traitement, voire, de cesser de traiter le patient

218
Ancien art. 8 du CDD.
219
Ancien art. 26 du CDD.
62
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

comme l’indique l’article R. 4127-268 du CSP qui dit qu’« En cas de divergence de vue
importante et irréductible au cours d’une consultation, le chirurgien-dentiste traitant est
en droit de décliner toute responsabilité et de refuser d’appliquer le traitement préconisé
par le consultant. Si ce traitement est accepté par le patient, le chirurgien-dentiste peut
cesser ses soins220».

C’est un contrat synallagmatique (à base d’engagements réciproques) :

170. « Synallagma » signifie échange, en grec. Chacune des deux parties a


l’obligation de donner ou faire quelque chose221.
Le Professeur PORTES nous dit bien que « le patient demande, reçoit et donne ; le
médecin lui aussi demandera, recevra et donnera222 ».
On parle aussi de contrat bilatéral, car il existe une réciprocité entre les deux parties,
comme l’indique l’article 1102 du Code civil : « Le contrat est synallagmatique ou
bilatéral lorsque les contractants s’obligent réciproquement les uns envers les autres ».

171. L’arrêt du 20 Mai 1936223 définit l’obligation du praticien « de donner au


second des soins conformes aux règles consacrées par la pratique dentaire et aux données
de la science ». Le patient dispose, en retour, du droit d’accepter les soins proposés,
notamment, ceux à visée thérapeutique. En contre partie de ces soins, il s’engage à
rémunérer le praticien de la prestation de l’acte médical224/225.

172. La loi du 4 mars 2002 affirme la notion de participation du patient à la prise de


décision thérapeutique226, ce qui sous-entend qu’il doit donner au praticien toutes les

220
Ancien art.61 du CDD.
221
Comme le rappelle un arrêt en date du 16 juillet 1931de la Cour d’Appel d’Aix: «il se forme entre le
médecin et son client un véritable contrat comportant pour le praticien l’engagement…de donner de
soins… conformes aux données de la science, le client ayant bien évidemment l’obligation de payer les
honoraires». (DH 1932, II, 5 note NAST; même sens Cass ch. Réunies, 13 mai 1963: JCP G 1963, II,
note SAVATIER R. ; Gaz. Pal. 1963, I, 419).
222
Pr PORTES, in À la recherche de l’éthique médicale, op.cité.
223
Cass. Civ. 1ère, 20 mai 1936, D. P., 1936, I, 88, concl. MATTER, rapport JOSSERAND, note E. P.
224
HARICHAUX M., « La rémunération du médecin. », Economica, éd. 1979, préf. OPPETIT B.
225
Cass. ch. R., 13 mai 1963, J.C.P.,1963, 13267, obs. R. SAVATIER; Gaz. Pal., 1963, 1,419: «la dette
de celui-ci [le médecin] étant de faire, la dette de celui-là [le malade] essentiellement de servir une
somme d’argent».
226
Art. l. 1111-4, al. 1 du CSP.
63
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

informations nécessaires à l’établissement du diagnostic et du plan de traitement, et que ces


informations doivent être sincères227.

Le contrat de soins est consensuel :

173. Il existe un échange de consentements en vue de prestations bilatérales. Il faut


distinguer, comme nous le verrons un peu plus tard, dans le chapitre du consentement, le
consentement à la formation du contrat et l’assentiment à chaque acte de soins228.

174. Le contrat de soins est résiliable à tout moment : en effet, en cas d’inexécution
d’une des deux parties, l’autre partie peut refuser d’exécuter la sienne. De fait, le contrat
est résiliable le plus souvent par le patient, à tout instant, et parfois par le praticien, mais
après l’achèvement des soins en cours. Le praticien dispose du droit de cesser de donner
des soins, à condition de faire en sorte que leur continuité soit assurée229.

C’est un contrat à titre onéreux ou gratuit :

175. L’article 1106 du Code civil dit que « Le contrat à titre onéreux est celui qui
assujettit chacune des parties à donner ou à faire quelque chose », mais même s’il n’y a
pas de paiement d’honoraires, le contrat n’en existe pas moins car le patient a quand même
l’obligation de collaborer aux soins.

176. Lorsqu’il n’est pas payant, le contrat est un contrat dit de bienfaisance, défini
par l’article 1105 du Code civil dans les termes suivants : « Le contrat de bienfaisance est
celui dans lequel l’une des parties procure à l’autre un avantage purement gratuit. Ce
n’est pas un contrat à titre gratuit », contrat pour lequel une partie entend procurer à
l’autre un avantage sans contreparties.

177. Le praticien ne peut essayer d’attirer de la clientèle en proposant des prestations


« à prix réduits ». L’article R4127-240 du SCP230 spécifie que « Le chirurgien-dentiste est

227
CORMIER M., « Les droits du malade dans la loi du 4 mars 2002. », A.D.S.P., n° 40, septembre 2002,
p.7.
228
EVIN C., Thèse préc., p. 9.
229
Comme l’indique l’article R. 4127- 232 du CSP (ancien article 26 du CDD).
230
Ancien article 33 du CDD.
64
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

libre de donner gratuitement ses soins. Mais il lui est interdit d’abaisser ses honoraires
dans un but de détournement de clientèle ».

178. Nous pouvons nous interroger sur l’impact des informations publiées sur le site
www.ameli.fr des caisses primaires d’assurance maladie, au sujet des tarifs pratiqués par
les chirurgiens-dentistes. Est-ce qu’il n’y a pas là une restriction au libre choix du praticien
par le patient, ainsi qu’une atteinte à la liberté pour le praticien d’établir ses honoraires et
ses plans de traitement ? Cette pratique ne va-t-elle pas induire des comportements anti-
déontologiques de la part de certains praticiens ? La réponse de la CNSD, avec la création
d’un site internet, www.infosoins.fr, « qui veut dévoiler sans tabou la réalité du coût des
actes »231 soulève la question suivante : ces stratégies de communication peuvent-elles
annoncer une dérive qui peut transformer la publication des tarifs d’honoraires sur internet
en de la publicité déguisée ?

179. Toute ristourne est également prohibée dans l’article R. 4127-221 du CSP232 qui
dit que « Sont interdits […] 2° Toute ristourne en argent ou en nature faite à un patient ».

C’est un contrat d’exécution continue :

180. Le contrat de soins est un contrat unitaire : il n’y a pas formation d’un nouveau
contrat à chaque séance de soins, mais un seul contrat englobant plusieurs actes de soins.
Ce contrat est à caractère successif, quand il nécessite plusieurs rendez-vous. Le contrat de
soins n’est donc pas un contrat à exécution instantanée, car les obligations qui en découlent
s’échelonnent dans le temps.

181. Dans la pratique dentaire, il est fréquent que les soins dentaires se prolongent
plus ou moins dans le temps : le contrat de soins est alors à durée indéterminée, jusqu’au
terme du contrat, c'est-à-dire jusqu’à la fin des soins ou jusqu’à la rupture de ce contrat.

231
SOLETTER C., Tribune, in le CDF n° 1365 du 16 octobre 2008.
232
Ancien art. 17 du CDD.
65
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Chapitre 3 : La classification du contrat de soins.

Le contrat médical est difficile à classer, car, pour le juriste, il est très différent de tous les
autres contrats juridiques.

A/ La classification de la relation de soins :

182. C’est la Cour de cassation, dans son arrêt du 13 juillet1937, qui qualifie le
contrat médical de contrat innommé233/234, ou sui generis, en disant que « la convention qui
intervient entre le malade et le médecin qui lui apporte son assistance et ses soins constitue
un contrat sui generis : on ne saurait y voir un contrat de louage d’ouvrage ; pas
d’avantage les soins donnés ne peuvent être assimilés aux fournitures de travaux235 ».

183. Le contrat « innommé » est un contrat qui n’est pas décrit dans le Code civil, par
opposition au contrat nommé dont le régime juridique est fixé et organisé par ce code. Il
doit satisfaire aux quatre conditions de validité générales relatives à tout contrat, à savoir le
consentement, la capacité à contracter, l’objet du contrat et la cause licite obligatoire de ce
contrat. Mais il n’appartient à aucune classification légale. Jean SAVATIER écrit que « Ce
contrat original n’a pas été prévu et organisé par le code. Il ne reste qu’à en construire les
règles selon les besoins en respectant le droit commun des conventions. Les usages
professionnels tracent d’ailleurs le profil de la relation professionnelle et des obligations
qu’elle engendre »236.

184. Cette thèse a été admise par un important courant doctrinal237, bien qu’elle ne
semble pas être satisfaisante d’un point de vue strictement juridique : la notion de contrat

233
MÉMETEAU G,. Cours de droit médical, Les Etudes Hospitalières, 2001; p. 246.
234
SAVATIER J. cité par MEMETEAU G., op. cité p. 247: «Les usages professionnels tracent d’ailleurs le
profil de la relation professionnelle et des obligations qu’elle engendre».
235
Cass. Civ., 13 juill. 1937: Gaz. Pal. 1937, 2, 384; S. 1939, 1, 217, note Breton.
236
SAVATIER. J., op. cit., p 215
237
MATTER, sous Cass. Civ., 20 mai 1936, préc.; AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J.,
op. cit., p 238; J. SAVATIER, La profession libérale , p 215 ; L. KORNSPROBST, Contrat de soins
médicaux, Sirey, 1960, p 27; AUBY J.-M., Le Droit de la santé, PUF, 1981
66
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

« innommé » reste assez vague. Elle illustre bien le fait que la relation de soins est une
relation assez particulière. Cette classification traduirait ainsi l’originalité de la profession
médicale238. Mais le « flou » entourant la notion de contrat innommé, a entraîné une
évolution jurisprudentielle importante et un glissement de l’obligation de moyens vers une
obligation de résultat239.

185. Plusieurs théories ont été envisagées240 : dans l’Ancien Droit, la théorie du
mandat paraissait bien convenir à la relation médecin-malade qui était humaine et
désintéressée. Mais cette théorie est maintenant totalement abandonnée parce que la
gratuité inhérente au mandat n’existe pas et que le médecin qui assure des soins médicaux
n’accomplit pas d’actes juridiques au nom de son mandant241. Le contrat médical ne peut
être un contrat de mandat, dont la finalité, pour le mandataire, est une mission
essentiellement juridique.

186. Le contrat médical ne peut pas être un contrat de travail, puisqu’il n’existe pas
de lien de subordination entre les contractants, comme dans un contrat de travail.
Ce n’est pas non plus un contrat d’entreprise tel que le définit le Code civil dans son article
1708242. Le contrat d’entreprise est consensuel, synallagmatique, civil ou commercial, et il
est conclu intuitu personae. En rapprochant les obligations qui découlent de ce contrat et
du contrat médical, il en ressort que le médecin, comme l’entrepreneur, a une obligation de
« faire ». Il est aussi soumis à une obligation de suivi des soins, qui peut être assimilé au
devoir de surveillance243. L’entrepreneur est soumis à une obligation de résultat (quoique
cette obligation soit très variable) suivant qu’elle se rapporte à une chose, une personne ou
une tache intellectuelle244. Le chirurgien-dentiste, comme le médecin, n’est soumis qu’à
une obligation de moyens en ce qui concerne les soins245. Par contre, il a une obligation de

238
SAVATIER J., ibid.
239
HARICHAUX M., Le contrat médical, Litec, 7,1999, p 4.
240
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., op cité, p 38 et réf. Citée.
HARICHAUX M. « La rémunération du médecin. », préf. OPPETIT B., Economica, 1979, p 22 et s.
241
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., ibid.
242
COLLART-DUTILLEUL F. et DELEBECQUE P., Contrats civils et commerciaux, Précis Dalloz, 1991,
n° 697, 709, 711, 713.
243
Cass. 1ère civ., 22 nov. 1988: Bull. civ. I, n° 330.
244
COLLART-DUTILLEUL F. et DELEBECQUE Ph., op. Cité, p. 742.
245
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., ibid.
67
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

sécurité-résultat, en ce qui concerne la fourniture de prothèse246. Ce contrat d'entreprise


peut en outre, comporter une clause d’exonération qui ne peut exister dans un contrat
médical, ce qui exclut l’assimilation de ces deux contrats.

187. Le contrat cadre est un contrat « innommé » issu de la pratique commerciale. Il


permet d’organiser des relations sur une longue durée. Il se situe entre l’accord de principe
et le contrat unique à exécution successive. Il fixe le cadre des relations futures entre les
parties, ou bien les conditions dans lesquelles de futurs contrats entre les parties seront
établis. Monsieur Jean GATSI le considère comme « un contrat souple répondant aux
situations contractuelles complexes. Son originalité vient de ce qu’il laisse à d’autres
contrats le soins de réaliser enfin l’objectif des contractants247 ».

188. L’article 1102-6 de l’avant-projet de réforme du droit des obligations définit le


contrat cadre comme « un accord de base par lequel les parties conviennent de négocier,
nouer ou entretenir des relations contractuelles dont elles déterminent les caractéristiques
essentielles. Des conventions d’application en précisent les modalités d’exécution,
notamment la date et le volume des prestations, ainsi que, le cas échéant, le prix de celles-
ci ».

189. Dans la pratique de la chirurgie-dentaire, la relation de soins débute lors du


premier contact entre les deux parties (généralement, à la prise de rendez-vous). Les soins
peuvent durer plus ou moins longtemps, avec un nombre de séances de soins très variable.
Il semblerait que la définition du contrat cadre convienne tout à fait à la relation de soins
dentaires. Reste à savoir si les actes de soins eux-mêmes, effectués au cours des rendez-
vous suivants, sont ou non des contrats unitaires dont la somme rentrerait dans le contrat
cadre.

246
Cass. Civ. 1 ère, 15 novembre 1988, n° 86-16.443, Juris-data n° 002734; J.C.P., G, 1989, IV, 21;
G.P., 1989, 1, 12.
247
GATSI J., « Le contrat cadre. », L.J.D.G., Paris, 1996, 335.
68
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

B/ Limites de la relation contractuelle :

190. Le contrat de soins naît, comme tout contrat, de la rencontre de deux volontés. Il
nécessite l’expression du consentement des deux parties, consentement qui conditionne la
formation de ce contrat, puisqu’il représente une des quatre conditions de validité du
contrat. Mais d’après Madame Gildine CROIZÉ, « ce n’est donc pas le consentement qui a
permis la mise en exergue du contrat médical mais la reconnaissance d’un lien contractuel
qui implique inéluctablement l’exigence de la constatation d’un consentement à l’acte
médical248 ».

191. La loi du 4 mars 2002249 et la réforme de 2007250 permettent au mineur et au


majeur protégé de consentir à l’acte de soins, alors qu’ils n’ont pas la capacité de
contracter au regard de la Loi.

192. L’évolution historique de la pratique de la chirurgie-dentaire a montré comment,


peu à peu, la profession s’est organisée. L’émergence d’une profession médicale autonome
a nécessité la création de règles pour encadrer l’exercice professionnel des praticiens. Les
usages ont laissé la place aux règles de déontologie, du grec deon,-ontos , ce qu’il faut
faire et logos , le discours. La capacité légale du praticien a été légalement définie
(Chapitre 1).

193. Le Code civil et les lois de bioéthiques de 1994 ont répondu à la nécessité de
protéger le patient (Chapitre 2), au nom du principe de non patrimonialité du corps humain
et du respect de son intégrité physique. Le cadre juridique de la relation de soins dentaires
évolue constamment et se renforce de jour en jour. Parallèlement cette évolution de la
législation, la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 et celle HPST251 de 2009 ont voulu replacer
le patient au cœur de cette relation afin de lui donner un rôle actif dans la prise de décision.

248
CROIZÉ G., « Information et consentement. » in Les grandes décisions du droit médical, ss dir. VIALLA
F., L.G.D.J., Paris : Lextenso, 2009, p. 131.
249
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative au droit des malades et à la qualité du système de santé.
250
Loi n° 2007-308 du 5 mars 2007 portant réforme de la protection juridique des majeurs.
251
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires, JO du 22 juillet 2009.
69
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

TITRE II : LES DEUX ACTEURS DE LA RELATION DE SOINS : LE


CHIRURGIEN-DENTISTE ET SON PATIENT.

Chapitre 1 : capacité et compétence du chirurgien-dentiste.

SECTION I : LA CAPACITE LEGALE PROFESSIONNELLE DU CHIRURGIEN-DENTISTE.

1. DEFINITION DE « L’ART DENTAIRE ».

194. L’article L.373 de l’ancien Code de la santé publique définissait ainsi l’art
dentaire : « La pratique de l’art dentaire comporte le diagnostic et le traitement des
maladies de la bouche, des dents, des maxillaires, congénitales ou acquises, réelles ou
supposées, dans les conditions prévues par le Code de déontologie des chirurgiens-
dentistes. »

Cette définition ne précisait pas vraiment les limites, tant techniques qu’anatomiques, du
domaine d’action du chirurgien-dentiste.

195. L’arrêté du 21/04/69 avait voulu compléter cette définition en indiquant


« qu’appartiennent à l’art dentaire la prise d’empreintes, la prise d’articulé, les essais, la
pose et l’adaptation des dispositifs adjoints et conjoints, neufs, modifiés ou réparés. »,
mais cet arrêté a été cassé par le Conseil d’État pour vice de forme.

196. C’est un arrêt de la Cour de cassation en date du 14 mars 1967 qui définit les
obligations du chirurgien-dentiste : « Le contrat qui se forme entre le chirurgien-dentiste et
son client, entraîne l’obligation pour le premier de donner au second des soins conformes
aux règles consacrées par la pratique dentaire et aux données de la science. Le praticien
est responsable des suites dommageables des soins, si eu égard à cette obligation de
moyens, il s’est rendu coupable d’une imprudence, d’une inattention ou d’une négligence
révélant la méconnaissance de ses devoirs ».

70
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

197. La Loi consacre en 2004 la capacité pleine et entière de la profession de


chirurgien-dentiste dans l’article L.4141-1 du CSP : « La pratique de l’art dentaire
comporte la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies congénitales ou
acquises, réelles ou supposées, de la bouche, des dents, des maxillaires et des tissus
attenants, suivant les modalités fixées par le code de déontologie de la profession,
mentionné à l’article L. 4127-1 ».

198. Cette extension de la capacité professionnelle du chirurgien-dentiste aux tissus


« attenants » à la bouche, aux dents et aux maxillaires, et l’introduction de la prévention
dans la pratique dentaire, résultent de la transposition dans notre droit interne de la
directive européenne « Praticiens de l’art dentaire »252.

199. La loi relative à la politique de santé publique publiée au Journal Officiel du 11


août 2004 modifie l’article L. 4111-5 du Code de la santé publique en reconnaissant le titre
de chirurgien-dentiste à tout praticien exerçant en France, avec obligation de préciser le
lieu et l’établissement qui a délivré son diplôme. En effet, cet article dit, dans son alinéa 2,
que « Tout praticien de l’art dentaire porte le titre professionnel de chirurgien-dentiste et
est tenu, s’il fait état de son titre de formation de le libeller dans la langue du pays qui a
délivré le diplôme, titre ou certificat, accompagné du lieu et de l’établissement qui l’a
délivré ». Pour la bonne information des patients, le Conseil National de l’Ordre des
chirurgiens-dentistes a imposé que cette mention soit rédigée en français.

200. Le 1er juillet 2088, le collège des directeurs de l’UNCAM253 a pris la décision
d’ouvrir la CCAM254 aux chirurgiens-dentistes pour 98 actes de chirurgie buccale pouvant
nécessiter un plateau technique lourd. Depuis l’instauration de cette CCAM en 2005, les
chirurgiens-dentistes pratiquant ces actes, environ 150 en France255, ne pouvaient les coter
et leurs patients ne pouvaient donc pas être pris en charge, alors que ces mêmes actes
pratiqués par un chirurgien-stomatologiste, étaient pris en charge par les caisses
d’assurance maladie.

252
Directive 78/687/CEE.
253
Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie.
254
Classification Commune des Actes Médicaux.
255
CCAM : actes de chirurgie buccale au JO, « Un succès important pour notre capacité professionnelle. »,
Interview de Roland l’HERRON, Le CDF, n°1365 du 16/10/2008, pp. 4-8.
71
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Certains membres de la profession voyaient là un problème important « à la fois pour les


150 chirurgiens-dentistes concernés dans leur pratique mais aussi pour l’ensemble de la
profession qui se voyait amputée d’une partie de sa capacité professionnelle256 ».
Cette décision, parue au J.O. du 3 octobre 2008 , rétablit aussi une injustice qui perdurait
depuis 1998257, à savoir la différence de cotation des actes entre médecins et chirurgiens-
dentistes, un même acte coté en KCC par un médecin valait plus qu’en DC par un
chirurgien-dentiste. Désormais, les chirurgiens–dentistes utiliseront la CCAM des
médecins pour ces 98 actes, en attendant le passage éventuel de la profession à cette
CCAM.

201. Cette régularisation permet donc « aux quelques chirurgiens dentistes qui
pratiquent ces actes de le faire en toute transparence, au mieux des intérêts des patients
qu’ils traitent258 ». Mais le Professeur GOUDOT souligne aussi que « ces praticiens ont
tous suivi une formation supplémentaire à leur formation initiale, mais une formation non
qualifiante259 ».

202. Il écrit aussi dans son éditorial, que « le périmètre d’activité, l’UNCAM l’a en
quelque sorte défini [ …] la chirurgie buccale pourrait être toute la chirurgie qui se
pratique par l’orifice labial, entre celui-ci en avant et l’oropharynx (exclu) en arrière, et à
l’exception du traitement chirurgical des tumeurs malignes260 ». Il souligne le fait qu’avant
de règlementer, il aurait peut être fallu définir une vraie spécialité de chirurgie buccale (ou
orale), permettant aux stomatologistes de compléter leur formation en odontologie et aux
chirurgiens-dentistes de compléter leur formation en médecine et chirurgie-buccale.
Actuellement, pour pratiquer la chirurgie buccale, le chirurgien-dentiste n’est contraint
légalement qu’à être titulaire du diplôme d’État de chirurgie-dentaire, au terme de 6 ans
d’études. Le médecin voulant pratiquer la chirurgie buccale, doit être stomatologiste, donc
avoir fait 6 ans de médecine, plus 4 ans de DES de stomatologie, voire, 2 ans de plus pour
être chirurgien maxillo-facial, soit 12 ans d’études.

256
Supra p. 4.
257
La revalorisation de la lettre clé DC concernant la chirurgie, en DCC pour s’aligner sur la lettre KCC
des chirurgiens n’a jamais vu le jour.
258
GOUDOT P., « Deux poids, deux mesures. », L’Information dentaire, 2009, n°3, p. 115.
259
La spécialité de chirurgie buccale n’existe pas encore comme une spécialité reconnue, telle que l’est
l’orthopédie dento-faciale.
260
Qui peuvent être invasives et peuvent nécessiter de pratiquer des ablations beaucoup plus larges qu’au vu
de la tumeur clinique.
72
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

203. Le Professeur GOUDOT nous interpelle sur la crédibilité d’une telle situation
face à la communauté médicale. Et que penser de la dernière ligne de cette liste d’actes de
la CCAM qui permet au praticien de prélever un greffon osseux à distance du site
opératoire ? Aller chercher de l’os au niveau de la hanche, d’un tibia, d’une cote, du crâne
ou d’un autre endroit en dehors de la cavité buccale est autorisé mais sort complètement du
cadre de la compétence d’un chirurgien-dentiste qui n’est pas légalement médecin.

Outre le problème juridique que soulève cette situation, elle met bien en évidence la
nécessité pour le chirurgien-dentiste d’acquérir, au-delà de sa capacité professionnelle que
lui accorde la loi, d’une véritable compétence pour exercer son métier.

2. LES CONDITIONS LEGALES D’EXERCICE EN FRANCE.

204. Les conditions légales requises pour exercer en France sont définies par le Code
de la santé publique :

- être citoyen français, ou membre d’un des pays de la CEE (article L. 4111-1 du
Code de la santé publique) : « nul ne peut exercer la profession de médecin, de
chirurgien-dentiste ou de sage-femme en France s’il n’est :…de nationalité française,
de citoyenneté andorrane ou ressortissant d’un État membre de la Communauté
Européenne ou partie à accord sur l’Espace Économique Européen, du Maroc ou de
la Tunisie. »
- être titulaire d’un diplôme d’État de Docteur en chirurgie-dentaire ou d’un
diplôme d’un État membre de la CEE, si l’intéressé est ressortissant de cet état.
L’article L. 4111-1 du Code de la santé publique indique que « nul ne peut exercer la
profession de médecin, de chirurgien-dentiste ou de sage-femme en France s’il n’est:
titulaire d’un diplôme, certificat ou autre titre mentionné aux articles L4131-1,
L4141-3 ou L4151-5 ».

205. Le décret n° 2004-802 du 29juillet 2004 a modifié le Code de la santé


publique en ce qui concerne l’exercice en France des chirurgiens-dentistes de l’Union
Européenne. L’article L. 4141-3-1 est formulé comme suit : « Par dérogation aux
73
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

dispositions de l’article L. 4141-3, le ministre chargé de la Santé peut autoriser à


exercer l’art dentaire en France les ressortissants d’un État membre de l’Union
Européenne ou d’un autre état partie à l’accord sur l’Espace Économique Européen,
titulaires d’un diplôme, titre ou certificat délivré par l’un de ces États et ne
satisfaisant pas aux obligations communautaires, mais permettant néanmoins
d’exercer légalement la profession de chirurgien-dentiste dans le pays de délivrance,
si l’intéressé justifie avoir effectué en France au cours des cinq années précédant la
demande trois années de fonctions hospitalières en qualité d’attaché associé,
d’assistant associé, ou de fonctions universitaires en qualité d’assistant associé des
universités, à condition d’avoir été chargé de fonctions hospitalières dans le même
temps ».

206. Il faut également être inscrit au tableau de l’Ordre du département du lieu


d’exercice (article L 4111-1, 3 ème alinéa du CSP) : « Nul ne peut exercer la profession
de médecin, de chirurgien-dentiste ou de sage-femme s'il n'est :
3º Inscrit à un tableau de l'ordre des médecins, à un tableau de l'ordre des
chirurgiens-dentistes ou à un tableau de l'ordre des sages-femmes, sous réserve des
dispositions des articles L.4112-6 et L.4112-7 ».

207. La Conférence des Ordres et organismes assimilés des praticiens de l’art


dentaire européens261 a été créée afin de permettre l’établissement de relations entre les
différents organismes des états de l’UE et faciliter la reconnaissance des diplômes, ainsi
que l’harmonisation des pratiques. Un long chemin est encore à parcourir avant d’obtenir
une équivalence de niveau, une même durée d’études et une formation homogène. Sans
compter le problème d’exercice illégal et de fraudes au niveau des diplômes. Par exemple,
d’après le président de l’Ordre local, l’Italie compte 71 000 dentistes dont 1500 n’auraient
pas de diplôme262. Selon les mêmes sources263, il est possible d’acheter des diplômes en
Roumanie ainsi que dans certains pays d’Amérique du sud, pays ayant signé des
conventions ou des partenariats avec l’Espagne et l’Italie, qui deviennent ainsi des portes

261
C.O.D.E.
262
70% seraient des prothésistes. Source www.egora.fr. Tous les ans, mille personnes y sont poursuivies
pour exercice illégal, mais comme la pénalité n’est que de 516 €, les gens se réinstallent facilement
ailleurs.
263
www.egora.fr
74
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

d’entrées pour de faux praticiens qui pourront en toute impunité exercer dans les pays de
l’UE.

208. Il ne faut pas faire l’objet d’une suspension d’exercice pour les motifs suivants :

- une suspension temporaire d’ordre pénal ou disciplinaire, selon l’article 4111-16 du


CSP qui dit que « Le représentant de l’État dans le département refuse l’inscription si le
demandeur ne remplit pas les conditions légales exigées pour l'exercice de la profession ou
s'il est frappé soit d'une interdiction temporaire ou définitive d'exercer la profession en
France ou à l'étranger, soit d'une suspension prononcée en application des articles L.4311-
26, L.4393-1 ou L.4398-3.
Toutefois, lorsque le demandeur est frappé d'une interdiction d'exercer la profession dans
un autre pays qu'un État membre de la Communauté Européenne ou autre état partie à
l'accord sur l'Espace Économique Européen, il peut être autorisé à exercer cette profession
en France par décision du représentant de l'État dans le département ».

- une suspension pour cause d’infirmité ou d’état pathologique rendant dangereux


l’exercice de la profession (art. L. 4124-11 du CSP) :
« I. Le conseil régional ou interrégional, placé sous le contrôle du conseil national,
remplit, sur le plan régional, la mission définie à l'article L.4121-2. Il assure
notamment les fonctions de représentation de la profession dans la région ou l'inter
région ainsi que celle de coordination des conseils départementaux.
Il étudie ou délibère sur les projets, propositions ou demandes d'avis qui lui sont soumis
notamment par les instances compétentes en matière de santé sur le plan régional ou
interrégional.

Il exerce dans les régions ou les inter régions les attributions mentionnées à l'article
L.4112-4.

Il peut décider la suspension temporaire du droit d’exercer en cas d’infirmité du


professionnel ou d’état pathologique rendant dangereux l’exercice de sa profession. Le
conseil peut, en ce cas, se réunir en formation restreinte».

75
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

209. Les articles L.4161-4, L. 4161-5 et L. 4161-6 du CSP sanctionnent de dispositions


pénales, civiles et ordinales l’exercice illégal de la chirurgie dentaire pour toutes personnes
ne remplissant pas les conditions légales d’exercice :

• L’article L.4161-4 du CSP : « En ce qui concerne spécialement l'exercice


illégal de la médecine, de l'art dentaire ou de la profession de sage-femme, les
médecins, les chirurgiens-dentistes et les sages-femmes et les syndicats intéressés
peuvent saisir les tribunaux par voie de citations directes, données dans les termes de
l'article 388 du code de procédure pénale, sans préjudice de la faculté de se porter,
s'il y a lieu, partie civile dans toute poursuite intentée par le ministère public ».

• L’article L.4161-5 du CSP : « L’exercice illégal de la profession de médecin,


de chirurgien-dentiste ou de sage-femme est puni de deux ans d’emprisonnement et de
30 000 euros d’amende ».
• L’article L.4161-6 du CSP : « Les personnes morales peuvent être déclarées
pénalement responsables dans les conditions prévues par l'article 121-2 du code
pénal de l'infraction prévue à l'article L.4161-5.
Les peines encourues par les personnes morales sont :
a)L'amende, suivant les modalités prévues par l'article 131-38 du code pénal;
b)Les peines complémentaires mentionnées aux 2º à 9º de l'article 131-39 du code
pénal, dans les conditions prévues aux articles 131-46 à 131-48 de ce code.
L'interdiction mentionnée au 2º de l'article 131-39 du code pénal porte sur une ou
plusieurs professions régies par le présent code ou toute autre activité
professionnelle ou sociale à l'occasion de l'exercice de laquelle l'infraction a été
commise ».

76
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

SECTION II : NECESSITE, OUTRE CETTE CAPACITE, DE LA


COMPETENCE DU CHIRURGIEN-DENTISTE.

210. La capacité étant l’aptitude à jouir d’un droit, elle donne à toute personne ayant
terminé le cycle des études exigées par la loi « le droit de faire ». La compétence
correspond aux connaissances personnelles, à la dextérité et à l’expérience. C’est
l’ensemble des caractéristiques individuelles telles que les connaissances, les aptitudes et
les attitudes, qui permettent à une personne d’exercer son activité de manière autonome, de
perfectionner sans cesse sa pratique et de s’adapter à un environnement en mutation
rapide264.

211. L’article R.4127-204 du CSP265 précise que « sauf circonstances


exceptionnelles, il (le chirurgien-dentiste) ne doit pas effectuer des actes, donner des soins,
ou formuler des prescriptions dans les domaines qui dépassent sa compétence
professionnelle ou les possibilités matérielles dont il dispose».

212. Le défaut de compétence est fautif : la Cour de cassation a sanctionné la


maladresse d’un chirurgien-dentiste ayant provoqué des lésions labiales et neurologiques
au cours d’une extraction dentaire, lésions « qui n’étaient pas impliquées par la réalisation
des extractions266 ». Le praticien se doit de limiter les atteintes portées à son patient, à
celles qui sont strictement nécessaires à son intervention267.

213. Chaque praticien va donc prodiguer des soins en son âme et conscience et ce,
dans les limites de sa compétence. Mais ceci soulève plusieurs problèmes :
- en fonction de quels critères évaluer la compétence de chacun en cas de faute ?
- quelle peut-être la limite entre l’expérimentation personnelle et l’emploi de
techniques nouvelles sur nos patients ?

264
Définition du Comité consultatif pour la formation des praticiens de l’art dentaire, dans son «Rapport et
recommandations sur les compétences cliniques nécessaires à l’exercice de l’art dentaire dans l’Union
européenne».
265
Ancien article 3 al.1 du CDD.
266
Cass. Civ.1ère, 9 octobre 2001, Bull. civ.I, n°248.
267
Cass. Civ. 1ère, 20 mai 2000, Bull. civ. I, n° 153. : La qualification de faute est écartée dans le cas où il
est prouvé que l’atteinte était inévitable.
77
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

214. Le praticien a l’obligation d’adresser son patient à un spécialiste, lorsque le cas


dépasse la limite de sa compétence, et ce, dans les plus brefs délais, avant que la pathologie
ne s’aggrave. C’est pourquoi, la Cour de cassation a sanctionné un chirurgien-dentiste par
un arrêt rendu le 15 janvier 2002268 : le patient attaqua le praticien pour ne pas l’avoir
adressé plus tôt à un spécialiste et lui reprocha que cette mauvaise exécution du contrat de
soins provoqua une perte de chance de diagnostiquer et traiter plus tôt la pathologie dont il
souffrait, même si le chirurgien-dentiste continuait à le soigner pour essayer de soulager
ses souffrances.
De cette affaire, il faut conclure qu’être compétent, c’est parfois reconnaître que l’on ne
sait pas, et savoir adresser à un confrère.

215. L'article 46 de la loi n° 2002-303 du 4 Mars 2002 permet au Conseil de l'Ordre


des chirurgiens-dentistes, par modification de l'article L.4121-2 du CSP, de « veiller à la
compétence » des professionnels de santé, et par là même, jouer son rôle pour lequel il a
été crée, c'est-à-dire, le garant de la profession,

Chapitre 2 : le patient.

SECTION I : LA DEFINITION DU PATIENT.

216. Celui qui consulte au cabinet dentaire a malheureusement souvent mal et peur. Il
se trouve donc très vulnérable et en position d’infériorité. La relation de soins paraît
déséquilibrée, avec un patient qui souffre, qui est obligé de consulter et qui doit « subir »
des soins. Dispose–t-il d’une réelle autonomie de sa volonté ? C’est une des conditions
nécessaires à l’établissement d’un contrat de soins avec son chirurgien-dentiste et un
principe que la loi du 4 mars 2002 a voulu promouvoir269, pour rééquilibrer la relation de
soins et en finir avec un certain paternalisme médical.

268
Cass. civ. 1ère, 15 janvier 2002, n° 55 F-D, GUERLEE contre CHEVROLLIER.
269
CLERCK J., La loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du
système de santé- Démocratie sanitaire et reconnaissance des patients, in Interrogations sur
l’évolution des droits fondamentaux de la personne humaine en 2001 et 2002, ss dir. LEBRETON G,
éd. l’Harmattan, 2004, p.82.
78
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

217. Plusieurs noms sont employés pour désigner la personne qui se fait soigner : le
patient, le malade, le consommateur de soins, la personne soignée et l’usager du système
de soins, voire, le client. Le terme le plus usité est celui de patient, qu’il nous faudrait
essayer de définir.

218. Le patient est, à l’origine, quelqu’un de passif qui supporte, qui subit270 et qui
endure. En effet, la patience est définie comme « l’aptitude à supporter avec constance ou
résignation les maux les désagréments de l’existence271 ».

219. La plupart du temps, le patient consulte parce qu’il est malade et/ou parce qu’il
souffre. Il attend un soulagement, une amélioration de son état, voire la guérison, de la part
du praticien. Le patient est alors assimilé à « la personne souffrant d’une maladie et qui
consulte un médecin272 ». Monsieur Benjamin PITCHO le définit comme un « individu
affligé par la souffrance et subissant un acte médical afin de mettre un terme à sa douleur
et sa pathologie273 ». C’est « une personne passive qui souffre dans sa chair d’un
traitement reçu en silence274 ».

220. Mais cette définition du patient comme malade est trop restrictive, car la douleur
ou la maladie ne sont pas les seuls motifs de consultation. L’amélioration des conditions
d’hygiène, l’éducation et la prévention, ainsi que les progrès de prise en charge, tant sur le
plan médical que sur le plan technique, ont entraîné une amélioration globale de l’état
bucco-dentaire des patients.

221. La demande de soins s’est élargie et les motifs de consultation dépassent


largement le cadre de la pathologie. Les actes de prévention ne relèvent pas d’une maladie
et la demande esthétique s’accroît également. C’est pourquoi, la notion de patient ne peut
se restreindre avec la seule notion de malade. Il en ressort que la finalité de la relation de

270
REY A. (ss dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 2ème éd., 1998,
Tome II, vol. Patience.
271
Définition du Petit Larousse 2005, p. 795.
272
PITCHO B., Thèse préc, n° 14.
273
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., Traité de droit médical, Librairies techniques,
1956, n°1.
274
PITCHO B. id. n° 10.
79
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

soins n’est pas forcément la guérison du patient, car l’acte de soins n’est plus
systématiquement à visée curative.

222. La loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 parle du droit des malades à double titre : le
malade nécessite d’avoir recours à des soins pour guérir ou être soulagé et le patient reçoit
des actes en rapport avec un acte de soin ou de prévention. Mais elle n’aide pas à clarifier
la définition du patient, car elle multiplie les termes le désignant, ce qui prête parfois à
confusion. Elle parle de « la personne malade275 », de « toute personne276 », de « toute
personne prise en charge par un professionnel277 », et d'« usager du système de santé 278 »,
mais n’utilise jamais le terme de patient.

223. Cette appellation d’ « usager du système » de santé introduite par cette loi peut
gêner dans la mesure où elle sous entend que l’usager utilise des services. Elle renvoie
également à l’idée de prestation de service et « tend à établir entre le malade, et non pas
seulement le service public de la santé mais aussi les professionnels libéraux, une relation
fondée sur des droits plus que sur la manifestation d’une confiance279 ». L’usager du
système de santé est plus qu’un utilisateur. C’est un consommateur. L’emploi de ce terme
dans le cadre d’un contrat de soins, colloque singulier, ne paraît pas vraiment approprié. De
même, la relation de soins n’est pas et ne doit pas être un commerce. Le terme de client est
donc à bannir.

224. C’est le terme de patient qui semble le mieux adapté à être utiliser pour désigner
celui qui consulte le chirurgien-dentiste. Pour Monsieur Benjamin PITCHO, il « a
l’avantage de regrouper tous les bénéficiaires d’un acte médical280 ».

275
Art. L. 1110-2, L 1110-9 et L. 1110-10 du CSP.
276
Art. L. 1111-2 à L. 1111-8 du CSP.
277
Art. L. 1110-4 du CSP.
278
Art. L. 1111-1 du CSP.
279
MATHIEU B., « Les droits des personnes malades. », LPA, 19 juin 2002, n° 122, p.10.
280
PITCHO B., « La notion de malade, patient, citoyen. » in Droits des malades et qualité du système de
santé – la loi du 4 mars 2002, RGDM, n° spécial, p. 50.
80
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

SECTION II : LA DEMANDE DE SOINS.

1. LA CAPACITE DE CONTRACTER.

225. L’article 1123 du Code civil indique que « Toute personne peut contracter si elle
n’est pas déclarée incapable par la loi ».

A/ Le patient majeur :

226. Cette condition est suffisante, elle lui permet de conclure toute espèce de
contrat, et donc de consentir au contrat de soins. L’article 1124 du Code civil stipule que
« sont incapables de contracter dans la mesure définie par la loi :
- les mineurs non émancipés ;
- les majeurs protégés au sens de l’article 488 du présent code ».

227. En cas d’incapacité de fait, c’est-à-dire lorsque le patient majeur se trouve dans
l’impossibilité d’exprimer sa volonté, la jurisprudence admet que, sauf en cas d’urgence, le
consentement doit être demandé aux membres de la famille dont les liens de parenté
désignent comme protecteurs naturels de l’intéressé : conjoint, ascendants, descendants,
fratrie, voire collatéraux, concubins et amis.

228. Même dans le cadre de l’urgence, le refus de soins par un patient majeur,
jouissant de son intégrité intellectuelle, doit être respecté. Le praticien ne peut passer outre
ce refus s’il est clairement exprimé et quelle qu’en soit la cause, même en invoquant
l’intérêt ou la survie de ce patient. Son devoir est de l’informer des conséquences de ce
refus et d’essayer de le faire changer d’avis.

Les majeurs protégés :

Il existe trois régimes de protection concernant les majeurs protégés : la sauvegarde de


justice281, la curatelle282 et la tutelle283.

281
Articles 433 à 439 du CC : la sauvegarde de justice est « le régime de protection le plus léger sous lequel
peut être placé un majeur, qui, tout en conservant l’exercice de ses droits, a besoin d’être protégé dans
81
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Les majeurs sous sauvegarde de justice :

229. Les majeurs sous sauvegarde de justice conservent leur capacité à contracter en
vertu de l’article 491-2 du CC suivant : « Le majeur placé sous la sauvegarde de justice
conserve l'exercice de ses droits. Toutefois, les actes qu'il a passés et les engagements qu'il
a contractés pourront être rescindés pour simple lésion ou réduits en cas d'excès lors
même qu'ils ne pourraient être annulés en vertu de l'article 489. Les tribunaux prendront, à
ce sujet, en considération, la fortune de la personne protégée, la bonne ou mauvaise foi de
ceux qui auront traité avec elle, l'utilité ou l'inutilité de l'opération.
L'action en rescision ou en réduction peut être exercée, du vivant de la personne, par tous
ceux qui auraient qualité pour demander l'ouverture d'une tutelle, et après sa mort, par ses
héritiers. Elle s'éteint par le délai prévu à l'article 1304 ».

Les majeurs sous curatelle :

230. Les majeurs sous curatelle sont généralement des personnes « faibles d’esprit »
ou qui rencontrent de graves difficultés dans leur vie sociale « du fait de leur prodigalité,
de leur intempérance ou de leur oisiveté284 ». Ils ne peuvent disposer de leur patrimoine
mais peuvent contracter à condition qu’il n’y ait pas de contestation des honoraires par le
curateur en cas de travaux onéreux. Tout traitement grave nécessite l’accord du curateur.
C’est l’article 510 du CC qui indique que « Le majeur en curatelle ne peut, sans
l'assistance de son curateur, faire aucun acte qui sous le régime de la tutelle des majeurs,
requerrait une autorisation du conseil de famille. Il ne peut non plus, sans cette assistance,
recevoir des capitaux ni en faire emploi. Si le curateur refuse son assistance à un acte, la
personne en curatelle peut demander au juge des tutelles une autorisation supplétive ». Le
chirurgien-dentiste devra faire preuve de prudence dans le cas où un de ses patients est
sous curatelle.

les actes de la vie civile en raison d’une altération de ses facultés personnelles », définition de G.
CORNU, « Vocabulaire juridique », éd. 2009, PUF.
282
Art. 440 à 476 du CC : la curatelle est « le régime intermédiaire de protection sous lequel peut être placé
un majeur lorsque, sans être hors d’état d’agir lui-même, il a besoin d’être conseillé et contrôlé dans les
actes les plus graves de la vie civile, en raison d’une altération de ses facultés personnelles », définition
de G. CORNU, v. supra.
283
Art. 440à 476 du CC : la tutelle est « le régime de protection sous lequel peut être placé un majeur qui,
en raison d’une altération de ses facultés personnelles, a besoin d’être représenté de manière continue
dans les actes de la vie civile », définition de CORNU G., v. supra.
284
VASSAL J-P., « La protection des incapables majeurs : une réglementation à perfectionner. »,
L’Information dentaire, n° 35, 18 octobre 2006, p. 2156-2158.
82
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Les majeurs sous tutelle :

231. La tutelle concerne les personnes qui souffrent d’une altération durable qui rend
obligatoire le fait qu’elles doivent être représentées pour tous les actes de la vie civile.

Pour mémoire, voici les articles du Code civil qui traitent de la tutelle :
- l’article 492 du CC : « Une tutelle est ouverte quand un majeur, pour l'une des
causes prévues à l'article 490, a besoin d'être représenté d'une manière continue dans les
actes de la vie civile ».
- l’article 490 du CC : « Lorsque les facultés mentales sont altérées par une maladie,
une infirmité ou un affaiblissement dû à l'âge, il est pourvu aux intérêts de la personne par
l'un des régimes de protection prévus aux chapitres suivants.
Les mêmes régimes de protection sont applicables à l'altération des facultés corporelles, si
elle empêche l'expression de la volonté. L'altération des facultés mentales ou corporelles
doit être médicalement établie ».

232. Le Code de la santé publique précise la possibilité pour le majeur protégé,


comme pour le mineur, d’exprimer sa volonté s’il en est apte, dans son article L1111-4.285

233. Dans le cas où le tuteur refuse de donner son consentement à un acte et dans le
cas où se refus peut entraîner des conséquences graves pour la santé du majeur sous tutelle,
le praticien peut passer outre et délivrer les soins indispensables, en vertu de l’article L.
1111-4 al 4 du CSP.

B/ Le patient mineur :

234. L’appréhension du patient mineur en matière de droit et en matière de chirurgie


dentaire dépend de plusieurs facteurs : son âge, son degré de maturité et ses facultés de
compréhension. Le patient mineur a la possibilité de consentir. S’il doit être représenté par
ses parents, ou son tuteur, en cas de tutelle, la loi du 4 mars 2002 prévoit que son
consentement doit être recherché, s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la
décision. En effet, l’article L1111-4 du CSP énonce que « Le consentement du mineur ou

285
cf. supra.
83
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa
volonté et à participer à la décision. Dans le cas où le refus d'un traitement par la
personne titulaire de l'autorité parentale ou par le tuteur risque d'entraîner des
conséquences graves pour la santé du mineur ou du majeur sous tutelle, le médecin délivre
les soins indispensables ».

235. L’information doit être adapté à l’âge de l’enfant et à ses facultés de


compréhension286. Cette information sert avant tout à rassurer l’enfant en bas âge, ou
l’enfant craintif. C’est à partir de l’adolescence que se pose la question de savoir quand le
mineur va être capable de discernement concernant ses choix de traitements. L’article
1111-5 du CSP dispose que « par dérogation à l’article 371-2 du Code civil, le médecin
peut se dispenser d’obtenir le consentement du ou des titulaires de l’autorité parentale sur
les décisions médicales à prendre lorsque le traitement ou l’intervention s’impose pour
sauvegarder la santé d’une personne mineure, dans le cas où cette dernière s’oppose
expressément à la consultation du ou des titulaires de l’autorité parentale, afin de garder
le secret sur son état de santé. Toutefois, le médecin doit dans un premier temps s’efforcer
d’obtenir le consentement du mineur à cette consultation. Dans le cas où le mineur
maintient son opposition, le médecin peut mettre en œuvre le traitement ou l’intervention.
Dans ce cas, le mineur se fait accompagner d’une personne majeure de son choix ». En
matière de chirurgie-dentaire, cette situation peut se présenter dans le cas où l’adolescent
présente une maladie comme le SIDA. Le secret sur son état de santé peut concerner des
faits tels que l’addiction au tabac, à l’alcool ou à la drogue.

236. La jurisprudence considère que la plupart des actes d’odontologie conservatrice


et restauratrice sont des actes de soins usuels qui ne nécessitent l’autorisation que d’un seul
parent, si les deux parents détiennent l’autorité parentale, qu’ils soient mariés ou divorcés.
En cas d’intervention à risque, coûteuse ou de nature esthétique, le consentement des deux
parents doit être demandé.

286
DUPONT M. et REY C., « L’adolescent, la majorité médicale. », Actualités Juri-santé, janv. 2001.
84
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

237. Voici, en rappel, l’inventaire des différents articles du code civil concernant
l’autorité parentale :

- L’article 371-1 du CC : « L'autorité parentale est un ensemble de droits et de


devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant. Elle appartient aux père et mère jusqu'à la
majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa
moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à
sa personne. Les parents associent l'enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge
et son degré de maturité ».

- L’article 372 du CC : « Les père et mère exercent en commun l'autorité parentale».

- L’article 372-2 du CC : « À l'égard des tiers de bonne foi, chacun des parents est
réputé agir avec l'accord de l'autre, quand il fait seul un acte usuel de l'autorité parentale
relativement à la personne de l'enfant ».

- L’article 373-1 du CC : « Si l'un des père et mère décède ou se trouve privé de


l'exercice de l'autorité parentale, l'autre exerce seul cette autorité ».

- L’article 373-2 du CC : « La séparation des parents est sans incidence sur les
règles de dévolution de l'exercice de l'autorité parentale. Chacun des père et mère doit
maintenir des relations personnelles avec l'enfant et respecter les liens de celui-ci avec
l'autre parent ».

- L’article 373-4 du CC : « Lorsque l'enfant a été confié à un tiers, l'autorité


parentale continue d'être exercée par les père et mère; toutefois, la personne à qui l'enfant
a été confié accomplit tous les actes usuels relatifs à sa surveillance et à son éducation. Le
juge aux affaires familiales, en confiant l'enfant à titre provisoire à un tiers, peut décider
qu'il devra requérir l'ouverture d'une tutelle ».

- L’article 373-5 du CC : « S'il ne reste plus ni père ni mère en état d'exercer


l'autorité parentale, il y aura lieu à l'ouverture d'une tutelle ainsi qu'il est dit à l'article 390
ci-dessous ».

85
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

238. Il n’existe pas de détermination d’un âge spécifique à partir duquel on peut
considérer juridiquement qu’un enfant est capable de discernement, c'est-à-dire « d’une
aptitude à discerner le bien du mal ; ce que l’on dénomme également l’âge de raison287 ».
Au dessus de quinze ans, en principe, l’adolescent en est doté, mais pas en dessous de
quatre ans288. Entre quatre et quinze ans, chaque cas est à considérer en fonction de la
situation : l’information du mineur et de ses parents doit se faire dans tous les cas.

239. Il faut rappeler que dans l’exercice quotidien du chirurgien-dentiste, chaque acte
nécessite toujours l’acceptation ou assentiment du patient assis sur le fauteuil dentaire. En
effet, il doit ouvrir la bouche et se laisser faire. On ne peut pas le forcer à le faire et il ne
doit pas bouger. Il doit vraiment coopérer.
L’âge à partir duquel l’enfant accepte de se faire soigner est très variable selon l’enfant, la
nature des actes et surtout la relation qui s’établit entre le praticien, l’enfant et ses
parents289. La pédodontie290 nécessite beaucoup de psychologie et de patience de la part du
praticien. Si l’article L. 1111-4 al. 6 prévoit que « le consentement du mineur doit être
systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la
décision », le Code de déontologie médicale indique, dans son article R. 4127-42, que « si
l’avis de l’intéressé peut être recueilli, le médecin doit en tenir compte dans la mesure du
possible ».

240. Lorsque le mineur bénéficie « à titre personnel du remboursement des


prestations en nature de l’assurance maladie et maternité et de la couverture
complémentaire mise en place par la loi n° 99-641 du 27 juillet 1999 portant création
d’une couverture maladie universelle », il est apte à consentir lui-même et il n’a pas besoin
qu’une personne majeure l’accompagne.

241. L’exécution des soins en plusieurs séances pose le problème de l’accord pour ses
soins : faut–il à chaque rendez-vous, la présence d’une personne responsable de l’enfant

287
JACOTOT D., « Patients mineurs : la nécessité de réduire les risques juridiques en amont. », La Lettre,
ONCD, décembre 2006, n° 53, p. 27.
288
MALLAURIE P., « Les Incapables. », Defrénois, n° 604, p. 233.
289
COURSON F. et LANDRU M-M. Odontologie pédiatrique au quotidien, Guide clinique, Paris : CDP,
2001, p.3 et suiv.
290
Concerne les soins chez les enfants.
86
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

mineur ? Et que faire si l’enfant, apte à exprimer sa volonté et participer à la décision,


refuse les soins ? (Cas de figure relativement fréquent dans la pratique dentaire.)

242. La question des soins chez les enfants difficiles est aussi à considérer :
l’expérience montre que la plupart du temps, les soins se passent mieux hors de la présence
des parents. L’enfant coopère souvent beaucoup mieux hors la présence d’un parent
anxieux. Parent qui transmet son anxiété et qui va interférer dans la relation qui s’établit
entre le petit patient et son praticien. Bon nombre de cabinets, dont majoritairement des
cabinets d’orthodontie291, choisissent donc d’interdire la salle de soins aux parents.

Le cas de l’urgence :

243. En cas d’urgence, l’article R.4127-236 du CSP292 dit que « Lorsqu’il est
impossible de recueillir en temps utile le consentement du représentant légal d’un mineur
ou autre incapable, le chirurgien-dentiste doit néanmoins, en cas d’urgence, donner les
soins qu’il estime nécessaire ».

244. À noter, qu'il faudrait préciser le terme d'urgence en matière de chirurgie-


dentaire. L'urgence médicale est vitale, ce qui n'arrive que très exceptionnellement dans le
cadre de l'exercice du cabinet dentaire. Le pronostic vital peut être mis en jeu en cas de
complication d'intervention chirurgicale le plus souvent, en cas d’allergie ou quand les
patients sont fragilisés par une pathologie ou un traitement médicamenteux. Il peut
également découler d'un accident tel qu’une chute, un bris d'instruments ou de machine,
ou d'une maladresse de l'opérateur ou de ses aides opératoires.

245. Il peut y avoir conflit possible entre la nécessité d’intervenir en urgence, dans
l’intérêt du patient et le refus ou le désaccord de la famille. L’article L 1111-4 du CSP
autorise le médecin à pratiquer les soins indispensables dans le cas où le refus de soins par
les détenteurs de l’autorité parentale risque d’entraîner des conséquences graves pour le
mineur. Le Code de déontologie des médecins précise bien que « Le médecin doit être le

291
L’orthodontie et l’orthopédie dento-faciale servent à traiter les anomalies de position des dents et de
croissance des mâchoires.
292
Article 29.1 du CDD.
87
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

défenseur de l’enfant lorsqu’il estime que l’intérêt de sa santé est mal compris ou mal
préservé par son entourage293 ».

246. Il faut savoir que la responsabilité du praticien sera retenue en cas de non-
intervention, comme l’indique l’article 223-6 du Code pénal : « Quiconque pouvant
empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime,
soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient volontairement de le
faire, est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne
en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit
par son action personnelle, soit en provoquant un secours ».

247. L’urgence peut être un mobile de l’acte de soins, elle n’est qu’un des éléments
du devoir de porter secours. Le préalable du consentement de l’intéressé n’est pas
nécessaire. Il faut différencier l’urgence vitale de l’urgence en pratique courante dans un
cabinet dentaire. La douleur est le principal motif de consultation et comme elle peut être
très aiguë, le patient estime que c’est un motif d’urgence, mais qui ne répond pas à la
définition de l’urgence médicale, situation où les pronostics vitaux sont en jeu.

2. LE MOTIF DE CONSULTATION ET LA DEMANDE DE SOINS.

Le motif de consultation :

248. La demande de soins peut être très variable. Elle peut être à visée thérapeutique,
comme une douleur à soulager, ou la nécessité de faire des soins. Elle peut être à visée
préventive, comme un contrôle. À ce moment là, le patient ne sait pas s’il présente une
pathologie ou pas. La demande peut être esthétique : et dans ce cas, il peut ne pas y avoir
de pathologie. Le patient peut venir pour un problème ponctuel ou bien une réhabilitation
globale.

293
Art. 4127-43 du CSP.
88
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

249. Lorsque le patient ne présente aucune pathologie, il n’est plus un malade.


Comment peut-on alors le qualifier ? Certes, il attend de la part du praticien une
amélioration de son état ou du bien-être. Et dans ce cas, ce n’est pas parce qu’il n’est pas
malade qu’il ne souffre pas. Et l’on rejoint là la définition de l’OMS concernant la santé,
état de « complet bien-être physique, mental et social294 ».

250. Monsieur Benjamin PITCHO insiste sur le fait « qu’il existe ainsi une pluralité
de nature pour les actes médicaux reflétée dans la pluralité de la définition du patient295 ».
Il conclut dans sa thèse d’université sur le statut juridique du patient qu’«il n’existe pas de
statut applicable au patient […] puisqu’ aucune définition des personnes en bénéficiant ne
peut être fournie296 ».

251. On ne peut nier le lien économique qui découle de la relation de soins puisque le
patient doit payer ses soins, hors les cas où le système de tiers payant est utilisé. Le patient
semble alors assimilé à un consommateur de soins, bien que le Code de déontologie
interdise que la chirurgie-dentaire soit pratiquée comme un commerce297. Mais le cabinet
libéral est une entreprise qui doit être rentable, même si la santé n’est pas un commerce. De
plus, la doctrine a consacré l’émergence d’un « fonds libéral » 298 en accordant au titulaire
d’un cabinet le droit de cession de sa patientèle qui acquiert là une valeur en devenant objet
de cession299.

252. Comme dans de nombreux domaines, l’exercice de la chirurgie-dentaire a fait


des progrès considérables sur le plan scientifique et sur le plan technique. Mais pour
respecter les normes et maintenir un plateau technique performant, le chirurgien-dentiste

294
Préambule de la Constitution de l’OMS, adoptée par la Conférence internationale sur la santé, New
York, 19-22 juin 1946, signée par 61 Etats et entrée en vigueur le 7 avril 1948, Official Records of the
World Health Organisation, n°2, p. 100,
295
PITCHO B., Le statut juridique du patient, Bordeaux : Les Études Hospitalières, coll. « Thèses »,
2004, n° 35.
296
PITCHO B., op. cité, n° 832.
297
Article R. 4127-215 du CSP.
298
Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001, inf. rap. p. 290; J.C.P.
2001, II, 10452 note VIALLA F. ; D. aff. 2001, p. 2400, note AUGUET Y.; J.C.P. 2001, I, 301, n° 16,
obs. J. ROCHFELD; J.C.P. 2001, éd. E, 419, note G. LOISEAU; Rép. Def. 2001, p.431, note
LIBCHABER R. ; RD sanit. soc. 2001, p. 317, chron. MEMETEAU G. ;
299
Le contrat de cession de clientèle n’est valide que si la condition du respect du libre choix du patient
est maintenue, principe fondamental de la médecine libérale, voir à ce sujet, note crit. VIALLA F.,
« avènement du fonds libéral. », J.C.P. 2001, éd. E, suppl. Cah. dr. entre 200/1, p. 10.
89
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

doit faire un effort financier non négligeable. Ce qui l’oblige à tenir compte de la
rentabilité de son cabinet.

253. De l’avis commun, avec une nomenclature obsolète, un praticien qui ne fait que
des soins de base dits conservateurs, ne peut pas rentabiliser son cabinet300, malgré la
revalorisation de certains tarifs en 2006301.

254. Tous les patients ne peuvent avoir accès aux actes hors nomenclature et le
risque d’avoir une dentisterie à deux vitesses est réel. Le Docteur Marc SABEK
relève le paradoxe entre les moyens techniques dont dispose le praticien et toutes les
contraintes qui lui sont imposées302 : « le paradoxe est saillant : jamais l’exercice
odontologique n’a connu autant de moyens techniques et thérapeutiques permettant
de mieux soigner de mieux prévenir et d’assurer une prise en charge médicale
efficace de nos patients. Mais en même temps, les conditions d’exercice n’ont jamais
été aussi pénibles au praticien qui doit être à la fois un excellent technicien, un
gestionnaire efficace, un humaniste tourné vers l’économie du système de santé et
solidaire des plus démunis et un communicant capable de convaincre pour vaincre
une méfiance de plus en plus présente chez le patients et les décideurs ».

255. Et par exemple, pour illustrer la formidable progression de l’implantologie,


le Docteur Gérard ZUCK écrit que « les praticiens de l’art dentaire moderne peuvent
revendiquer le privilège de vivre un rêve devenu réalité. En effet, les humains
bénéficient à ce jour d’une troisième chance… Après la denture lactéale et la denture
permanente, les implants dentaires sont là pour redonner à nos patients l’espérance
ancestrale de l’arrêt du vieillissement303 ».

256. L’attitude décriée du « paternalisme médical » face au patient disparaît et la


relation entre le patient et le praticien s’en trouve considérablement modifiée. Les patients

300
UJCD-Union dentaire. « Enquête sur le déficit des actes opposables : les résultats. », Convergences,
juin 2010, p.31.Une enquête menée par l’UJCD en 2009, a conclu que « la moyenne des praticiens
ayant répondu subit donc une perte financière de 8 € par heure passée à réaliser des actes
opposables ».
301
ONDPS p. 26.
302
SABEK M., « Dentisterie de demain, libérale ou salariée? », Table ronde, Information dentaire, n° 17
du 25/04/2007, p. 903.
303
ZUCK G., « Le défi psychologique. », Information dentaire, 2009, vol. 91, n° 131, p. 686.
90
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

ont peu à peu acquis une place de plus en plus active notamment, grâce aux associations de
malades et aux associations de consommateurs. L’année 2002 a marqué un tournant
important dans la relation patient/praticien : la loi du 4 mars 2002304 a voulu rééquilibrer
cette relation entre le « sachant » et le soigné. Elle a donné des droits aux usagers du
système de santé en instaurant une « démocratie sanitaire ». Le patient a un véritable rôle
dans la décision à prendre, tant à l’échelon individuel qu’à l’échelon collectif. Et cette
évolution nous oblige à redéfinir quelles sont les attentes du patient dans le cadre du
contrat de soins, en terme de qualité de soins, d’information et de coût.

257. La source des droits du patient est antérieure à cette loi. On la trouve dans le
Code de la santé publique, qui comporte une partie législative et une partie règlementaire
et qui intègre désormais les Codes de déontologie médicale et dentaire qui sont eux aussi
sources de normes positives.

258. Des années 1930 aux années 1980, le patient n’est considéré par la loi que sous
l’angle de l’indemnisation des préjudices qu’il peut subir après une faute médicale. Le
développement des règles éthiques et bioéthiques et l’informatisation ont entraîné la
nécessité de repenser la protection des droits de ce patient.

259. Le rapport « ÉVIN » de 1996305, les États généraux de la Santé en juin 1999306
et le rapport « CANIARD » en 2000307 sont des étapes importantes pour la reconnaissance
du rôle du patient (acteur dans la relation de soins) consacré par les ordonnances de 1996,
puis véritablement, par la Loi KOUCHNER de 2002308, qui inscrit cette dimension dans le
Code de la santé publique.

304
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. JO
du 5 mars 2002.
305
Rapport ÉVIN sur les droits de la personne malade (Conseil Économique et Social).
306
CANIARD E., Synthèse thématique des Etats généraux de la santé sur « Les droits des usagers du
système de santé ». 1999.
307
CANIARD E., « La place des usagers dans le système de santé : rapport et propositions du groupe de
travail animé par Étienne CANIARD », Paris, secrétariat d’Etat à la santé et aux handicapés, janvier
2000.
308
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. JO du
5 mars 2002, 4118-4158.
91
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

260. La loi « Hôpital, patients, santé et territoire »309 a l’ambition d’aller plus loin
dans la protection du patient car elle veut réorganiser le système de santé autour de ce
patient310. L’idée est de placer le patient au centre du système de santé français.

261. La loi de réforme de l’assurance maladie du 13 août 2004311 a, elle aussi,


introduit la notion de responsabilité collective de tous les professionnels de santé. Les trois
objectifs qu’elle s’est fixé créent des obligations nouvelles : celle de réduire les écarts de
consommation de soins et de prestations non expliquées par l’état sanitaire de la
population, celle de respecter les référentiels et la réglementation et celle de mieux
organiser le recours aux soins.

A/ La nécessité médicale :

262. Les principes d’inviolabilité312 et d’intégrité du corps humain313 ont été insérés
dans le Code civil par les lois de bioéthiques314. Seule la nécessité médicale peut justifier
l’atteinte à l’intégrité du corps humain, « ou à titre exceptionnel, dans l’intérêt
thérapeutique d’autrui ». La définition de la santé par l’OMS étend cette nécessité au-delà
de l’intérêt médical ou thérapeutique pour la personne et tolère des soins dits « de
confort ». La loi HPST315 renforce la nécessité de développer la prévention.

309
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires, JO du 22 juillet 2009.
310
La lettre, 30 octobre 2008, CNOD, p. 32.
311
Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie, JO du 17 août 2004.
312
Art. 16-1 du CC.
313
Art. 16-3 du CC.
314
Loi de la santé et modifiant la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux
libertés (JO du 2 juillet 1994), Loi n° 94-653 relative au respect du corps humain et loi n° 94-654 relative
au don et à l’utilisation des éléments et produits du corps humain, à l’assistance médicale, à la
procréation et au diagnostic prénatal (JO du 30 juillet 1994).
315
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires, JO du 22 juillet 2009.
92
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

La cause du contrat de soins :

263. Tout contrat doit obligatoirement avoir une cause. Cette cause doit être licite.
Elle est une des quatre conditions nécessaires pour que le contrat soit valide316. La notion
de cause est essentielle pour établir l’existence juridique du contrat de soins. Elle
« représente la motivation thérapeutique de l’acte permettant l’intervention licite du
praticien sur le corps317 ».

L’analyse juridique :

264. La cause est une notion qui couvre deux éléments : le mobile (cause finale318 ou
cause subjective), c'est-à-dire, la raison pour laquelle le contrat a été passé et la cause elle-
même (cause de l’obligation319 ou cause objective) qui est la contrepartie attendue de
l’exécution du contrat. Ces deux notions sont bien loin de s’exclure.

265. Concernant la prestation de soins, la cause objective est la fourniture de soins et


le paiement des honoraires. La cause subjective, ou mobile, soulève juridiquement des
difficultés en ce sens que l’acte médical ne devrait être qu’à vocation thérapeutique.
L’objectif du praticien ne devrait être que la guérison, ou tout au moins, le soulagement ou
le bien être du patient. Il faudrait sanctionner le praticien dont l’objectif ne serait que
gagner de l’argent ! Il faut donc que cette cause subjective soit conforme « aux bonnes
mœurs et à l’ordre public320 ».

Le mobile (cause finale ou cause subjective) :

266. C’est le motif qui a entraîné les contractants à contracter.


Pour le patient, c’est par exemple, la douleur, un problème pathologique, esthétique ou
fonctionnel et le désir d’y remédier. Il faut souligner qu’il existe une différence entre le

316
Art. 1108 du CC. Les articles 1131 à 1133 du CC sanctionnent les contrats fondés sur une cause illicite,
ou sans cause.
317
CAPITANT H. « De la cause des obligations. », Dalloz, 3ème éd., 1927, n° 120 et suiv.
318
C. de Cass, 1 Ch civ, 30 décembre 1941, DA, 1942, p. 98.
319
SIMLER P. « Cause. Notion. Preuve. Sanctions. », J.-Cl. Civil, art. 1131 à 1133, fasc. 10, Litec, 2002, n°
9.
320
PLANIOL M., Traité élémentaire de droit civil, 1899, Tome II, n° 1037 et s.; THOUVENIN D., « De la
qualification de l’acte thérapeutique à son contrôle. », D. 1991, chron., p. 22l.
93
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

motif thérapeutique et le motif médical. Le motif thérapeutique étant dépendant de la


subjectivité du patient.

Pour le praticien, c’est le devoir d’assistance et de soins qui figure dans le Code de
déontologie dentaire, à l’article R.4127-233, alinéa 1 et 2 du CSP321 : « Le chirurgien-
dentiste qui a accepté de donner des soins à un patient s’oblige :
- À lui assurer des soins éclairés et conformes aux données acquises de la science,
soit personnellement, soit, lorsque sa conscience le lui commande, en faisant appel à un
autre chirurgien- dentiste ou à un médecin ;
- À agir toujours avec correction et aménité envers le patient et à se montrer
compatissant envers lui ».

267. En ce qui concerne le contrat de soins, le motif thérapeutique devrait être


nécessairement présent, sauf dans les cas d’exceptions légales. En effet, comme l’a précisé
le Conseil Constitutionnel dans sa décision relative aux législations bioéthiques, « il ne faut
pas s’éloigner du principe du droit au respect de la dignité du patient » car « le respect de
l’être humain dès le commencement de sa vie, l’inviolabilité, l’intégrité et l’absence de
caractère patrimonial du corps humain ainsi que l’intégrité de l’espèce humaine […]
tendent à assurer le principe constitutionnel de sauvegarde de la dignité de la personne
humaine322 ».

268. Mais de plus en plus d’actes sont finalement sans motif thérapeutique,
notamment les actes de confort et d’esthétique, où le praticien agit sur un sujet « sain ». La
loi a du s’adapter à cette évolution des pratiques. C’est ainsi que l’article 16-3 du Code
civil n’exige plus la présence d’un motif thérapeutique. Cet article est complété par la loi
n° 2002-303 du 4 mars 2002, avec l’article L. 1110-2 du CSP qui garantit à « la personne
malade (le) droit au respect de sa dignité ». Ce droit au respect de la dignité est un des
principes fondateurs de la législation bioéthique.

321
Article 27 du CDD
322
C. constit., 27 juillet 1994, n° 94-343/344 DC, Loi relative au respect du corps humain et loi relative au
don et à l’utilisation des éléments et produits du corps humain, à l’assistance médicale à la procréation
et au diagnostic prénatal, JO du 29 juillet 1994; D. 1995, p. 237, note B. MATHIEU; D.1995, somm. p.
299, obs. L. FAVOREU.
94
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

269. Le consentement à l’acte médical est le lien entre le droit à l’intégrité et la


sauvegarde de la dignité. L’article 3 de la Charte des Droits Fondamentaux insiste aussi sur
le fait que « toute personne a droit à son intégrité physique et mentale» et que « dans le
cadre de la médecine et de la biologie, doivent notamment être respectés le consentement
libre et éclairé de la personne concernée, selon les modalités définies par la loi323 ».

La cause (cause de l’obligation ou cause objective324) : c’est la prestation de soins.

270. C’est la contre partie résultante de l’exécution du contrat. Pour le patient, c’est
le désir d’être soulagé rapidement s’il souffre, la disparition des symptômes qu’il ressent,
l’espoir d’une guérison en cas de pathologie, une amélioration esthétique et fonctionnelle.
Pour le praticien, c’est la mise en oeuvre des moyens les plus adéquats, afin de répondre à
la demande du patient et une juste rémunération, au regard des moyens intellectuels et
matériels employés.

L’appréciation de la cause objective n’est utilisée par les juges que pour les besoins de
l’existence de la cause325/326. Cet échange d’obligations réciproques constitue le contrat
synallagmatique, contrat où chacun s’attend à bénéficier de la prestation de l’autre partie
car « la cause de l’obligation de l’une des parties réside dans la contre-prestation
constitutive de l’obligation de l’autre partie327 ».

271. Si la cause vient à manquer, le contrat n’a plus de raison d’être. En effet, « la
cause de l’obligation d’une partie résidant dans l’obligation de l‘autre, la nullité doit être
prononcée pour absence de cause chaque fois que l’obligation du cocontractant a elle-
même un objet nul ou inexistant328 ».

323
RAYNARD J. obs., sous « Charte des droits fondamentaux. », R.T.D.C, 2000, p. 947, de l’appropriation
des droits fondamentaux par le droit communautaire.
324
C de cass, 1ère civ., 30 déc. 1941, DA, 1942, p. 98.
325
GHESTIN J., « Traité de droit civil, La formation du contrat. », L.G.D.J., 3ème éd., 1993, n° 833.
326
Cass. civ. 1ère, 30 décembre 1941, DA 1942, p. 98
327
SIMLER P., « Cause. Notion. Preuve. Sanctions. », J.-Cl. Civil, art1131 à 1133, fasc. 10, Litec, 2002, n°
14.
328
Comm., 23 oct. 1990, Bull., IV, n° 245, p. 170.
95
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

272. La notion d’état de nécessité est essentielle pour la licéité de la cause : en cas
d’urgence, elle seule dicte la conduite d’urgence. C’est la seule dérogation à l’absence de
consentement du patient.

273. Les différents champs d’action de la chirurgie dentaire :

La radiographie dentaire :
Numérique ou argentique, elle est indispensable pour l’étude diagnostique et la vérification
des soins entrepris.

L’odontologie conservatrice :
Comme elle l’indique par son nom, l’odontologie conservatrice concerne les soins dits
« conservateurs » des dents. Après éviction des lésions carieuses, la couronne dentaire est
reconstituée par une obturation étanche.

L’endodontie :
Le Docteur Pierre MACHTOU la définit comme « la discipline de la Dentisterie qui
concerne la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies de la pulpe329 et du
périapex330/331 ».

Les traitements se situent à quatre niveaux différents :

Le coiffage pulpaire permet de conserver la dent vitale en recouvrant d’un pansement


protecteur la pulpe d’une dent, après nettoyage d’une carie profonde.

La pulpotomie consiste à amputer une partie de la pulpe dentaire pour préserver la vitalité
de la dent : on l’utilise pour traiter les dents temporaires332, les dents définitives immatures
qui n’ont pas fini leur édification radiculaire et dans le cadre d’une urgence333.

329
La dent est constituée d’une couronne, visible dans la cavité buccale, et d’une ou plusieurs racines qui
permettent son implantation dans l’os de la mâchoire. A l’intérieur de la couronne se trouve une chambre
pulpaire qui se prolonge dans les racines par des canaux, et qui contiennent des vaisseaux et des nerfs qui
constituent «la pulpe» dentaire. Cette «pulpe» dentaire «nourrit» la dent, mais c’est son atteinte qui est
responsable des phénomènes inflammatoires et infectieux qui peuvent être particulièrement douloureux.
330
L’apex est l’extrémité de la racine dentaire, le périapex est la zone anatomique qui entoure cet apex
331
MACHTOU P., Endodontie. Paris : CDP, coll. « Guides cliniques », 1994, p. 5.
332
Ou dents de lait.
96
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Le traitement radiculaire est « le traitement chimio-mécanique, biologiquement fondé, du


système canalaire des dents afin d’éliminer les maladies pulpaires et périapicales et
favoriser la guérison et la réparation des tissus périapicaux334 ». C’est ce qu’on appelle
plus communément la « dévitalisation » de la dent.

La chirurgie endodontique permet l’élimination des tissus infectés de la région apicale


d’une dent qui a déjà été dépulpée et traitée. L’apex, ou extrémité de la racine, peut être
éliminée : c’est la résection apicale. Dans le cas de dents à plusieurs racines ou
pluriradiculées, une des racines peut même être amputée.

La chirurgie buccale concerne l’avulsion des dents, ainsi que toutes les interventions au
niveau de la sphère bucco-dentaire : chirurgie des gencives, chirurgie des muqueuses,
chirurgie osseuse, des glandes salivaires, greffes des tissus mous et des tissus durs. Ce n’est
pas une spécialité reconnue, mais elle mériterait de l’être.

La pédodontie : concerne les soins des enfants.

La prothèse :
La prothèse fixée a un rôle préventif fonctionnel et esthétique. Elle redonne un sourire
harmonieux en corrigeant l’édentation, la teinte et la forme des dents. Elle recouvre
partiellement ou totalement une dent existante. Elle est scellée sur une ou plusieurs dents
existantes préalablement préparées renforcées et/ou reconstituées. Une prothèse peut
remplacer des dents manquantes et permet de retrouver une fonction masticatoire efficace,
une bonne élocution et un joli sourire.

La prothèse amovible est réalisée lorsqu’il n’y a plus d’appuis dentaires suffisants pour
réaliser une prothèse fixée. Les prothèses amovibles partielles sont retenues aux dents
restantes par des crochets ou des attachements. Les prothèses complètes utilisent le
principe de la juxtaposition entre deux surfaces identiques séparées par un film liquide : la
salive interposée entre la gencive et l’appareil crée un phénomène de succion adhésive.

333
Les traitements endodontiques, c'est-à-dire des racines dentaires nécessitent du temps. La pulpotomie
est un moyen de soulager la douleur en urgence, en cas de «rage de dent».
334
Définition de MACHTOU P., préc. p. 6.
97
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

L’implantologie :
C’est une discipline en plein essor qui permet de remplacer les dents manquantes. Elle a
modifié radicalement les comportements par l’apport d’options thérapeutiques nouvelles.
La formation en implantologie est malheureusement très disparate et mériterait une
harmonisation.
Le principe est de remplacer les racines dentaires par des vis en titane implantées dans l’os
des mâchoires. Après un temps nécessaire à l’intégration osseuse des implants, une
prothèse supra implantaire peut être réalisée pour remplacer les dents manquantes.

L’orthodontie :
C’est l’art de prévenir et corriger les malpositions dentaires et les dysmorphoses
maxillaires pour recherche et maintenir un équilibre dentaire harmonieux.

L’orthopédie dento-faciale :
Elle a pour but de redonner une denture fonctionnelle et esthétique. Elle a un rôle préventif
pour une bonne croissance, une bonne hygiène et des dents bien alignées (limite les caries
et les problèmes parodontaux. Un bon articulé dentaire permettra une bonne mastication,
une élocution correcte et une bonne santé. Les traitements précoces permettent d’empêcher
l’apparition d’anomalies de développement des bases osseuses et de corriger les
conséquences d’habitudes néfastes, telles la succion du pouce, la déglutition atypique et le
bruxisme335.
Les appareils peuvent être fixes ou amovibles pour obtenir la correction des dysmorphoses,
la modification des fonctions et la rééducation des muscles.
Utilisée aussi avant reconstruction prothétique (égression ou ingression des dents,
ouverture ou fermeture des espaces interdentaires, redressement des axes des dents et
déplacements). Les traitements de réhabilitation concernent le plus souvent les adultes et
les cas particuliers tels que les troubles de l’articulé, les préparations prothétiques et les
problèmes parodontaux.

La parodontie :
Elle regroupe l’ensemble des moyens pour le diagnostic, le traitement, le contrôle et la
prévention des maladies parodontales. Le parodonte du grec para (autour), et odontos
(dent), comprend la gencive qui recouvre l’os alvéolaire et le desmodonte ou ligament

335
Appelé plus communément « grincement des dents ».
98
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

alvéolo-dentaire, qui s’insère entre le cément et l’os alvéolaire entourant les racines
dentaires. Le cément recouvre la totalité des racines et l’os alvéolaire. Il a pour fonction
d’attacher la dent à l’os maxillaire (aussi appelé tissu de soutien des dents) et maintenir
l’intégrité des surfaces fibromuqueuses de la cavité buccale. Les maladies parodontales
entraînent la destruction des tissus de soutien des dents et la perte de celles-ci.

La prévention :
Elle permet de maintenir l’individu en bonne santé ou d’empêcher la progression de la
maladie. La prévention primaire s’adresse au patient sain, par information sur la santé et
les maladies parodontales et sur les mesures de protection plus spécifiques avec
l’enseignement personnalisé du contrôle de plaque et le dépistage des sujets à risque.

La dentisterie esthétique et cosmétique :


Le Code de déontologie dentaire (inclus dans le Code de la santé publique) interdit de faire
courir un risque au patient336, selon Monsieur Gérard MÉMETEAU, « la raison
proportionnée » est la règle d’or de l’activité médicale. Elle exige de limiter les actes au
strict nécessaire337.
Il ne faut pas non plus négliger la souffrance psychique du patient qui demande une
intervention pour améliorer son image. Cette souffrance ne peut être mesurée338.

La demande de soins en dentisterie esthétique concerne souvent le blanchiment des dents,


ainsi que tout acte à visée esthétique sans pathologie sous jacente.

274. Le praticien met en œuvre les moyens les plus adaptés dont il dispose, dans
l’intérêt du malade. Mais pour le juriste, il est difficile d’évaluer si une thérapeutique
habituelle chez un praticien rentre dans le cadre d’usage reconnu. Monsieur Gérard
MÉMETEAU déclare que les usages médicaux sont des « standards, par définition flous,
dont le contenu est à évolutions successives, dans une dialectique de définitions par le juge
et par les experts (donc, les professionnels), et dont les sources mêmes deviennent

336
Article R. 4127-204 du CSP, ancien article 3-1 du CDD.
337
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R et J., Traité de droit médical, op. cité, n° 1089 et suiv.
338
ASQUINAZI-BAILLEUX D., « Un regard sur la prestation de chirurgie esthétique. », P.A, 31 juillet
1996, p. 14.
99
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

multiples339 ». Monsieur Jean PENNEAU parle même de « pratique d’opinions340 ». La


notion de donnée acquise de la science, ne peut l’être qu’à un moment donné. L’évolution
des connaissances peut la rendre obsolète et c’est tout le problème du suivi des références
médicales opposables ou des recommandations de bonne pratique qui ne sont pas
forcément mises à jour, faute de suivi par une commission adéquate.

275. Le praticien doit également évaluer les bénéfices escomptés par rapport aux
risques encourus : en effet, l’article R.4127-238 du CSP341 stipule qu’« il doit limiter ses
prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité et à l’efficacité des soins » et
l’article 1110-5 du CSP prohibe « les risques disproportionnés par rapport aux bénéfices ».

276. L’état de nécessité médicale est le seul état de fait qui autorise le praticien à
porter atteinte à l’intégrité physique de son patient. L’acte médical devrait, sous peine de
sanction, rester un acte essentiellement à vocation thérapeutique. Dans le Traité de droit
médical par Jean SAVATIER et al., il est défini comme « celui qu’un homme qualifié pose
en vue de guérir autrui342 ». Mais la demande du patient sort parfois de ce cadre,
notamment dans le domaine de la dentisterie esthétique et cosmétique. Il faut mesurer le
rapport risques/bénéfices, c’est la règle de la « raison proportionnée343 » que Monsieur
Gérard MÉMETEAU édicte comme « règle d’or de l’activité médicale344 ».

277. Les actes de prévention aussi ne sont pas, par définition, des actes curatifs345. La
volonté de développer la politique de prévention bucco-dentaire va entraîner une
augmentation de ces actes.

339
MÉMETEAU G., op. cité , p. 100.
340
PENNEAU J., « Faute et erreur en matière de responsabilité médicale. », L.G.D.J., 1973, préface TUNC
A., n° 101 et suiv.
341
Art 31, alinéa 2 du CDD
342
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER J. et R., Traité de droit médical, op, cité, n° 1.
343
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., op cité, n° 274 .
344
MÉMETEAU G., «Notes sur le principe de la proportionnalité en droit médical», Médecine et droit,
1994, p. 40
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, 3ème éd. Les Études Hospitalières, 2006, n° 551.
PRIEUR S., « La disposition par l’individu de son corps. », 3ème éd. Les Études Hospitalières, coll.
« Thèses », 1998, n° 488 et suiv.
345
Par exemple, des extractions dentaires peuvent être décidées pour prévenir un manque de place, dans le
cadre d’un traitement orthodontique (pour aligner les dents). Peut-on qualifier ce geste de mutilation
volontaire ? Surtout si le patient ne se fait plus suivre après, ce qui peut avoir des conséquences non
négligeables.
100
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

278. Il ne faut pas oublier que le droit maintient comme principe absolu le droit à
l’homme, de son intangibilité corporelle. Nul ne peut être contraint à subir une atteinte de
son corps sans son consentement, et ce, uniquement en cas de nécessité346.

279. On ne peut imposer à quelqu’un un acte médical susceptible d’améliorer son état
de santé, sans son consentement, ou celui de ses ayants droit. Par contre, l’acceptation de
l’intervention donne au praticien le droit de faire tout ce que lui estime utile, concernant la
pathologie concernée.

280. Mais cette intervention est strictement encadrée : la prestation de soins est
assurée dans l’intérêt exclusif du malade ; le droit de tout faire est limité par le devoir de ne
faire que ce qui est justifié par l’état du patient.

281. Une nouvelle finalité de l’acte médical apparaît : cet acte peut ne pas être justifié
par une pathologie mais peut être considéré comme nécessaire, en fonction de l’état du
patient ou de sa demande. La santé n’est plus « la véritable fin de la médecine347 ».

282. Il faut alors apprécier le rapport risques/ avantages escomptés comme l’énonce
l’article R. 4127-238 du CSP348 : « Le chirurgien-dentiste…doit limiter ses prescriptions et
ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité et à l’efficacité des soins ». Il faut toujours
avoir à l’esprit que la relation de soins donne au praticien un « droit d’atteinte en toute
licéité à l’intégrité physique du patient et une dépénalisation de ces atteintes, malgré
l’absence de but thérapeutique349 ».

L’intérêt du patient :

283. La cause du contrat médical est donc l’intérêt du patient. Le but ou l’objectif du
contrat ne peuvent être détournés de cette finalité, sinon la cause du contrat n’est plus
légitime. D’un point de vue juridique, le patient donne son consentement à l’atteinte portée

346
En application de l’article 16-3 du Code civil.
347
FOLSCHEILD D. et WUNENBERG J-J., La finalité de l’action médicale, in Philosophie, éthique et
droit de la médecine, (ss dir.) FOLSCHEILD D., FEUILLET-LE-MINTIER B. et MATTEI J-F., éd.
PUF, coll. « Thémis », 1997, p. 146.
348
Ancien art. 31 du CDD
349
LEVASSEUR G., La responsabilité pénale du médecin, in Le médecin face aux risques et à la
responsabilité, éd. Fayard, 1968, P. 133 et suiv.
101
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

à son intégrité physique. Il accepte de subir un moindre mal pour un plus grand bien
éventuel.

284. L’intérêt légitime de l’acte de soins est essentiellement thérapeutique, comme le


souligne l’article16-3 du Code civil et la loi du 29 Juillet 1994 relative au respect du corps
humain350 en précisant qu’« il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain
qu’en cas de nécessité thérapeutique pour la personne.
Le consentement de l’intéressé doit être recueilli préalablement hors le cas où son état
rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de
consentir ».

285. Le cas particulier de l’expérimentation ou des essais cliniques thérapeutiques


chez le sujet sain, confirme que la cause du contrat doit être non seulement légitime, mais
également licite. D’une manière générale, l’article 6 du Code civil précise qu’« on ne peut
déroger par des conventions particulières aux lois qui intéressent l’ordre public et les
bonnes mœurs ». La validité du contrat médical nécessite une fin à la fois légitime et licite.

B/ La volonté du patient :

286. Il faut rappeler qu’au nom de la dignité de la personne humaine, le patient n’a
pas le droit de disposer de son corps comme il l’entend, « comme il disposerait d’une
chose351 », et qu’il ne peut accepter n’importe quel soin. Par exemple, la dévitalisation de
dents saines pour poser un bridge est considérée comme une mutilation volontaire et
passible de mettre en cause la responsabilité du praticien.

350
Loi n° 94-653 du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain (JO du 30 juillet 1994).
351
PRIEUR S., La disposition par l’individu de son corps, Bordeaux : Les Études Hospitalières, coll.
« Thèses », 1999, p. 100.
102
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE.

287. La relation de soins entre le chirurgien-dentiste exerçant en libéral et le patient


qui le consulte s’établit dès lors que ce patient prend rendez-vous, par tout moyen à sa
convenance. De la rencontre des deux volontés, celle du patient qui prend rendez-vous, et
celle du chirurgien-dentiste qui donne rendez-vous, directement ou par l’intermédiaire de
son secrétariat, naît un contrat que beaucoup de juristes nient en raison de ses faiblesses.

288. Au nom du principe de dignité de la personne humaine et du respect de son


intégrité, l’acte de soins doit être licite et nécessite l’assentiment352 du patient. Mais pour
autant, cela ne l’autorise pas à disposer de son corps comme il l’entend. Et son assentiment
n’autorise pas le praticien à pratiquer tout acte pour lequel le patient aurait consenti, car
« c’est toujours la loi qui fonde la licéité de l’intervention353 ».

352
Ou consentement à l’acte de soins.
353
GIRER M., op. cité, p. 50.
103
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

SECONDE PARTIE : LE CONTENU DU CONTRAT


DE SOINS DENTAIRES

289. L'exécution du contrat de soins a pour effet de créer des obligations réciproques
entre les deux parties (Titre I). Ces obligations sont de deux ordres : les obligations de
conscience et les obligations de science. Les obligations de conscience (Chapitre 1) sont le
devoir d’information (Section I) et son corollaire le consentement (Section II) et
l’obligation au secret professionnel (Section III). Les obligations de science (Chapitre 2)
sont, pour le chirurgien-dentiste (Section I), l’obligation de qualité des soins (1), celle de
résultat et de sécurité (2) et celle de suivi thérapeutique (3). Le patient est lui aussi soumis
à des obligations (Section II) telles que l'obligation de collaborer aux soins (2) et celle de
rémunérer le praticien (1).

290. La rééquilibration de la relation de soins qu’a voulue la loi du 4 mars 2002 a


créé des droits pour les patients. Mais la pérennité de cette relation passe par la
conservation des principes de la médecine libérale, et principalement, de la liberté de
prescription pour le praticien. Les droits des deux parties (Titre II) qui doivent être
renforcés pour que le contrat de soins subsiste sont essentiellement, pour le chirurgien-
dentiste (Chapitre1), la liberté de prescription (Section II) qui subit maintes limitations, la
possibilité de refus de soins (Section II) et pour le patient (Chapitre 2), le libre choix du
praticien (Section I) et le droit aux soins (Section II), avec l’accès aux soins (1) et à son
dossier médical (2).

TITRE I : LE CONTENU OBLIGATIONNEL.

L’objet du contrat de soins :


L’objet du contrat de soins, ce sont les obligations réciproques du chirurgien-dentiste et de

104
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

son patient qui découlent de la rencontre de leurs deux volontés.

291. Le contrat de soins est régi par les principes fondamentaux de la médecine
libérale, comme l’énonce l’article R.4127-210 du CSP354 à savoir :
- Le libre choix du chirurgien-dentiste par son patient.
- La liberté des prescriptions par le chirurgien-dentiste.
- L’entente directe entre les deux parties en matière d’honoraires et le paiement direct
des honoraires par le patient à son praticien.

292. Pour que ce contrat soit valide, il faut qu’il ait un objet « certain », qui forme la
matière de l’engagement. L’objet est ce à quoi les contractants sont tenus. C’est l’article
1126 du CC qui le définit ainsi : « Tout contrat a pour objet une chose qu'une partie
s'oblige à donner, ou qu'une partie s'oblige à faire ou à ne pas faire ». Ce contrat de soins
est synallagmatique : il existe des obligations réciproques entre le chirurgien-dentiste et de
son patient. Ces obligations constituent l’objet du contrat.

293. Les prestations, objet du contrat, doivent respecter quatre conditions :

- exister ;
- être déterminées ;
- être possibles ;
- être licites355.

294. Une partie de la doctrine soutient l'idée que dans le contrat médical, il coexiste
deux obligations : une obligation principale de soins, et une obligation accessoire de
sécurité356. Mais l'évolution de l'exercice des professions médicales a entraîné la
multiplication de bien plus d'obligations pour le praticien.

354
Ancien art. 7 du CDD.
355
Art. 1172 du CC: « Toute condition d’une chose impossible, ou contraire aux bonnes mœurs, ou
prohibéepar la loi est nulle, et rend nulle la convention qui en dépend ».
356
HOCQUET-BERG S., Obligation de moyens ou obligation de résultat ? A propos de la responsabilité
civile du médecin, Thèse, Paris XII, 1995.

105
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

295. En effet, le contrat de soins est particulier, en ce sens, que le chirurgien-dentiste


est tenu de respecter, en plus de l’obligation de soins, les obligations professionnelles
imposées par le Code de déontologie dentaire, le Code de la sécurité sociale, le Code de la
santé publique et la convention actuelle357.

L’obligation de soins du chirurgien-dentiste :

Le chirurgien-dentiste est tenu de donner des soins : cette obligation de soins est à la fois
d’ordre technique et d’ordre éthique358.

L’obligation de soins d’ordre technique :

296. Il existe une obligation de qualité des soins. L’arrêt MERCIER du 20 Mai
1936359 dit que les soins doivent être « non pas quelconques, mais consciencieux, attentifs
et conformes aux données acquises de la science ».

297. Il en ressort également que le praticien n’est tenu qu’à une obligation de
moyens360 et non de résultat. Il n’a pas obligation de guérir le malade. Le praticien doit
faire preuve de diligence et de prudence, et l’absence de résultat ou de guérison ne peut
engager sa responsabilité.

298. La Cour de cassation ne reconnaît pas la notion de « données actuelles » de la


science, « mais, attendu, d’abord, que l’obligation pesant sur un médecin est de donner à
son patient des soins conformes aux données acquises de la science à la date des soins ;
que la troisième branche du moyen, qui se réfère à la notion, erronée, de données actuelles
est dès lors inopérante […]361 ».

357
Convention nationale des chirurgiens-dentistes du 11 mai 2006 destinée à régir les rapports entre les
chirurgiens-dentistes et les caisses d’assurance maladie
358
HOCQUET-BERG S., « Essai de synthèse sur la question de la responsabilité médicale ». Doctrine
juridique (blog)/ Civil/ Contrat & Responsabilité, 30 janvier 2001
359
Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936, concl. MATTER, rapport JOSSERAND, note E.P; S. 1937, I,
321.
360
Cass. civ. 1ère, 25 février 1997, Bull. civ., I, n° 72.
361
C. de Cass civ, 1 ère , 27 janvier 1960, B.c./ C., Juris-data n° 000059.
106
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

299. Le Conseil d’État, lui, retient la notion de « données actuelles » de la science en


« Considérant que s’il appartient à la section des assurances sociales d’apprécier
souverainement les faits qu’elle retient à l’encontre d’un praticien, elle doit relever les
faits avec suffisamment de précision pour permettre au Conseil d’État, juge de cassation,
d’exercer le contrôle de légalité qui lui appartient […]. Qu’en se bornant à indiquer, en ce
qui concerne l’une de ces fautes, qu’il résulte de l’instruction que le docteur B. a exécuté
des actes de qualité non conformes aux données actuelles de la science sans se référer
expressément à aucun des cas précis soumis à son examen, la section des assurances
sociales n’a pas suffisamment motivé sa décision […]362 ».

300. La loi du 4 mars 2002363 parle de « connaissances médicales avérées » dans la


nouvelle rédaction de l’article L. 1110-5 du CSP : « Toute personne a, compte tenu de son
état de santé et de l’urgence des interventions que celui-ci requiert, le droit de recevoir les
soins les plus appropriés et de bénéficier des thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue
et qui garantissent la meilleure sécurité sanitaire au regard des connaissances médicales
avérées […] ».

301. La jurisprudence plus récente reprend les termes de l’arrêt MERCIER364 en


écartant la notion de données actuelles365 , trop vague, et en précisant que les « données
acquises de la science » sont les données acquises à la date des soins.

L’obligation de soins d’ordre éthique :

302. L’obligation de donner des soins est générale :


Le chirurgien-dentiste doit soigner tout le monde, selon l’article R. 4127-211 du CSP366.
En effet, « Le chirurgien-dentiste doit soigner avec la même conscience tous ses patients,
quels que soit leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou

362
C.E., 15 décembre 1993, B., req. n° 129277, Juris-data n° 048355.
363
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé
364
Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936, concl. MATTER, rapport JOSSERAND, note E.P; S. 1937, I,
321.
365
Cass. civ. 1ère, 6 juin 2000, J.C.P., 2000, II, 10447, note MÉMETEAU G, L’obligation pesant sur un
médecin est de donner à son patient des soins conformes aux données acquises de la science à la date
des soins.
366
Ancien art. 8 du CDD.
107
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

leur non appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminées, leur handicap
ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard ».

303. Tout le monde a le droit de recevoir des soins, selon l’article L. 1110-5 du CSP
qui dit que « toute personne a, compte tenu de son état de santé et de l’urgence des
interventions que celui-ci requiert, le droit de recevoir des soins les plus appropriés et de
bénéficier des thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure
sécurité sanitaire au regard des connaissances médicales avérées. Les actes de prévention,
d’investigation ou de soins ne doivent pas, en l’état des connaissances médicales, lui faire
courir des risques disproportionnés par rapport au bénéfice escompté ».
Le patient a le droit d’exiger des soins de qualité, selon les articles R. 4127-204367 et R.
4127- 238368 du CSP. Les connaissances avérées que demande le législateur sont corrélées
par l’obligation de formation continue du praticien. Et il faut supposer que le praticien les
connaît et les pratique de manière courante.

304. De même, toute ségrégation pour motif économique doit être écartée et le
chirurgien-dentiste ne doit pas tenir compte des critères sociaux économiques pour le choix
d’un traitement : il doit s’en tenir aux soins conformes aux données acquises de la science.
Il ne doit pas choisir un traitement en fonction des possibilités financières de son patient :
une décision de la Cour de cassation réprouve le fait qu’un chirurgien-dentiste a adapté son
traitement aux possibilités de sa patiente, en concluant « […] que, se fondant sur un
rapport d’expertise judiciaire concluant à un manquement aux règles de l’art, le tribunal
de grande instance a retenu la responsabilité du praticien au motif que l’extraction des
trois dents était contre-indiquée et qu’il aurait fallu réaliser une prothèse fixe ; que l’arrêt
attaqué, tout en admettant que les conclusions de l’expert judiciaires étaient exactes, a
néanmoins infirmé le jugement et écarté toute faute du chirurgien-dentiste au motif que
l’expert avait occulté le problème de la prise en charge financière de la prothèse fixe et
qu’il avait donné des soins adaptés aux possibilités financières de Mme M.;

367
Ancien art. 3-1 du CDD.
368
Ancien art. 31 du CDD.
108
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Attendu qu’en statuant ainsi alors que de telles considérations ne pouvaient autoriser un
praticien à dispenser des soins non conformes aux données acquises de la science, la Cour
d’Appel a violé les textes susvisés369 ».

Chapitre 1 : Les obligations de conscience.

SECTION I : L’INFORMATION.

305. Le devoir de soigner est la prestation caractéristique du contrat de soins. Dans


cette obligation générale de devoir médical, sont incluses l’obligation d’information et
celle de conseil. En français, le terme de « soin » paraît restrictif, si on le réduit au seul acte
thérapeutique. Il faut le comprendre de manière plus globale. La langue anglaise utilise
deux termes distincts, « cure »370 et « care »371, qui s’appliquent mieux à la relation de
soins telle qu’elle s’établit entre le patient et le praticien.

306. L’obligation d’information prend une place de plus en plus importante dans la
mise en cause de la responsabilité professionnelle du praticien. La dernière décision de la
Cour de cassation en date du 3 juin 2010372 le montre tout à fait, en admettant l’existence
d’un préjudice moral spécifique et indemnisable lié au défaut d’information, en vertu de
l’article 1382 du Code civil. Cette décision marque un renversement de la jurisprudence
relative à l’indemnisation du défaut d’information qui ne représentait jusqu’ici, qu’une
perte de chance373. Le défaut d’information deviendrait-il une faute, en relevant de la
responsabilité délictuelle, en vertu de l’article 1382 du Code civil ? Il faut espérer un

369
Cass. Civ. 1 ère , 19 décembre 2000, n° 99-12.403, Juris-data n° 007494; Bull. civ., I, n° 331; Droit
et patrimoine, n° 366, 31 janvier 2001.
370
To cure (angl.) : soigner dans sa dimension thérapeutique.
371
To care (angl.) : prendre soin.
372
Cass. civ. 1ère, 3 juin 2010, n° 09.13. 591
373
Cass. civ. 1ère, 3 décembre 2007, n° 6-19301 : « le seul préjudice indemnisable à la suite du non respect
de l’obligation d’information du médecin, laquelle a pour but d’obtenir le consentement éclairé du
patient, est la perte de chance d’échapper au risque qui s’est finalement réalisé ». D 2008. jur. 192, note
P. SARGOS, pan. 2894, et obs. P. BRUN et P. JOURDAIN ; RTD civ. 2008 . 303, obs. P. JOURDAIN,
et 272, obs. J. HAUSER.
109
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

revirement de la Cour de cassation, afin de maintenir l’obligation d’information dans une


relation de soins d’ordre contractuelle.

1. LE PRATICIEN.

307. L'exécution du contrat de soins nécessite de la part du praticien d'informer son


patient, afin d’obtenir son consentement à l’acte de soins. C’est l’arrêt TEYSSIER du 28
janvier 1942374 qui met en avant cette obligation d’information pour le praticien.

A/ Les caractères de l’information375 :

308. L’obligation d’information du patient est une obligation professionnelle inscrite


dans le Code de déontologie376, et largement illustrée par la jurisprudence377. Le praticien a
le devoir d’informer son patient sur sa maladie, sur la ou les thérapeutiques proposées et
sur les risques encourus378.

309. L’arrêt de la Cour de cassation du 20 janvier 1987379 définit les qualités de cette
information, le contenu et la façon de la délivrer et de s’assurer qu’elle a bien été comprise

374
Cass. req. 28 janvier 1942, TEYSSIER, Gaz. Pal ., 1942, 1, p. 177 ; D. 1942, p.63
375
FABRE-MAGNAN M., « De l’obligation d’information dans les contrats, Essai d’une théorie. »,
L.G.D.J., 1992, préface GHESTIN J.
376
L’article R. 4127 du CSP (ancien art. 33 du CDD) prévoit l’établissement préalable d’un devis écrit
que le chirurgien-dentiste remet, lorsque le traitement proposé est d’un coût élevé.
377
Arrêt HOFFMANN 17/11/90 «l’avertissement préalable constitue une obligation professionnelle
d’ordre général, antérieure à l’intervention médicale ou chirurgicale et distincte de celle-ci: étant
ajouté que l’information «est d’autant plus impérieuse que l’intervention chirurgicale proposée n’a
pour objet que de remédier à une légère imperfection physique»;
Arrêt du 4 Mai 1970 «Connaissant les conséquences graves pouvant découler d’un tel traitement (le
praticien) avait l’obligation de prévenir son patient et de le mettre à même d’accepter ou non de
courir les risques».
Arrêt GUIDI du 20 Janvier 1987: «Il y a lieu de distinguer entre les risques qui sont inhérents à une
intervention chirurgicale ou à une anesthésie – et que le praticien quoique tenu de recueillir le
consentement éclairé du malade, n’est pas obligé de porter à sa connaissance s’ils ont encourus par le
malade du fait de l’affection elle-même dont il souffre, risques qu’il importe au contraire de signaler,
en particulier dans le cas où il s’agit de mettre tout en œuvre pour éviter leur réalisation et même si
cette réalisation n’est pas fréquente».
378
REBECQ G., « L’information médicale du patient à la lumière de la loi du 4 mars 2002. », J. méd. lég.
dr. médical, juillet 2004, p. 83.
379
Cass. civ. 1ère du 20 janvier 1987, Bull. civ. I, n° 19
110
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

par le patient : « le praticien doit à la personne qu’il examine une information loyale,
claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Ainsi, tout
au long de sa maladie, le praticien doit tenir compte de la personnalité de son patient et
doit veiller à la bonne compréhension de ses explications ».

310. L’arrêt de la Cour de cassation du 9 octobre 2001380 affirme que « la nécessité


d’informer le patient trouve son fondement dans l’exigence du respect du principe
constitutionnel de sauvegarde de la dignité de la personne humaine381 ».

311. L’information du patient a valeur légale depuis la loi du 4 Mars 2002. Cette loi
transforme l’obligation du praticien en un droit du patient. L’article L. 1111-3 du CSP, issu
de cette loi, stipule que « toute personne a droit, à sa demande, à une information, délivrée
par les établissements et services de santé publics et privés, sur les frais auxquels elle
pourrait être exposée à l’occasion d’activités de prévention, de diagnostic et de soins et les
conditions de leur prise en charge. Les professionnels de santé d’exercice libéral doivent,
avant l’exécution d’un acte, informer le patient de son coût et des conditions de son
remboursement par les régimes obligatoires d’assurance maladie ».

La loi du 4 mars 2002 crée aussi la notion d’information a posteriori.

312. La convention nationale des chirurgiens-dentistes (titre IV, article 4.2.1-2)


mentionne l’obligation, pour les chirurgiens-dentistes, d’établir un devis descriptif écrit,
avant l’élaboration d’un traitement pouvant faire l’objet d’une entente directe sur les
honoraires.

313. L’ANAES a publié des règles de bonnes pratiques d’information des patients.
Nous citons qu’ « il est donc impératif que l’information du patient, en tant qu’elle permet
une prise de décision partagée, soit envisagée comme un élément d’une pratique médicale
normale et non pas pensée comme un élément contentieux permettant de produire des
arguments contre un patient qui se plaindrait de ne pas avoir été informé ou d’avoir été
mal informé382 ».

380
Cass civ. 1ère, 9 octobre 2001, Bull. civ., I, n° 249
381
C. de cass., 1ère civ, préc.
382
ANAES : Information des patients – Recommandations destinées aux médecins, p. 53.
111
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

314. Auparavant, l’information devait être « simple, approximative, intelligible et


loyale383 ».

a) L’information « simple ».

Le langage doit être compréhensible par le patient, en employant un vocabulaire adapté,


sans termes scientifiques trop spécialisés.

b) L’information « approximative».

Ce terme n’est pas employé comme synonyme d’imprécis, mais signifie la manière la plus
proche possible de la réalité, parce que les explications données ne sont pas complètes ou
exhaustives.

c) L’information « intelligible ».

Les mots employés doivent être adaptés au niveau intellectuel du patient auquel ils
s’adressent, pour que celui-ci comprenne bien ces informations.

d) L’information « loyale ».

L’information doit être faite sans tromperie. Le mensonge, source de dol, est juridiquement
source de nullité du contrat. Le praticien est tenu de dire la vérité à son patient, sauf
quand elle est dangereuse ou qu’elle peut avoir un effet préjudiciable, ainsi que l’indique
l’article R. 4127-242 du CSP384.

315. Pour des raisons purement humanitaires, on considère que le mensonge


« pieux » est parfois nécessaire, mais ce n’est pas une notion juridique, le mensonge par
omission non plus. Il y a là un conflit entre le devoir d’humanisme ou d’humanité, et le
droit.

383
Cass 1er civ. 21 fév 1961 arrêt de principe (Dame ROUSSELIN, veuve AUGAMASSE). , Dal., 1961,
534 ; J.C.P., 1961, 12129, 2è esp., obs. SAVATIER R.
384
Ancien article 35 du CDD.
112
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

C’est là que la notion de confiance prend toute son importance, dans la relation humaine
qui s’établit entre le praticien et son patient. Et c’est ce paramètre qui n’est ni quantifiable,
ni analysable pour le juriste, dans l’établissement du contrat de soins que certains préfèrent
nier385.

316. Elle doit maintenant être loyale, claire et appropriée386, selon l’article R. 4127-
35 du CSP387/388.

317. Lorsque le geste opératoire peut entraîner des conséquences graves pour la santé
du patient, elle doit être totale389. Un pourcentage de risques de l’ordre de 2 à 3% est
suffisant pour que l’information soit nécessaire390.

B/ Le contenu de l’information391 :

318. L’information se situe sur plusieurs plans : médical, technique, financier et


administratif.

319. Les recommandations de l’ANAES en matière d’information sont les suivantes :


« - Fixer un contenu à l’information du patient ;
- garantir au patient des informations validées ;
- réfléchir à la manière de présenter les risques et à leur prise en charge ;
- veiller à la compréhension de l’information par les patients ;
- veiller à ce que les documents d’information aient une fonction strictement
informative ;

385
GIRER M., op. cité.
386
Cass. civ. 1ère, 1er février 1961, JCP, 191, II, 12129, note SAVATIER R.
387
Ancien article 35 du Code de déontologie des médecins
388
Cass. civ. 1ère, 7 octobre 1998: l’information doit être loyale, claire et appropriée sur les risques graves
afférents aux investigations et aux soins proposés.
389
Cass. civ. 1re, arrêt du 14 janvier 1992 dit Le Quang : « En l’espèce « (le chirurgien) n’a commis
aucune faute opératoire et de tels accidents ne sont pas rares, mais il a commis la faute de ne pas
informer sa patiente des risques prévisibles que lui faisait courir cette intervention».
390
Cass. Civ. 1ère, arrêt du 5 mai 1981 GADINI-MORANT.
391
Cass civ. 1ère, 18 décembre 2002, Dalloz, 2003,I.R.253.
113
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

- veiller à ce que l’information soit envisagée comme un élément du système de


soins.
L’information est un élément indispensable dans l établissement du contrat de soins. Elle
est devenue un élément essentiel de la relation entre le praticien et le patient : c’est le
préalable indispensable à l’obtention du consentement du patient. Elle doit être adaptée à
chaque patient. Les conditions dans lesquelles elle est délivrée, sa présentation ont une
grande importance ».

320. Mais l’ANAES conclue ainsi son rapport : « l’information doit être construite
non pas de manière individuelle par rapport à chaque intervenant professionnel de santé,
mais comme un élément d’un système de soins mis à la disposition du patient pour le
traitement dans des conditions optimales. Il serait donc nécessaire d’envisager
l’information du patient en termes d’organisation pour tenir compte du fait que cette
dernière émane de plusieurs sources et faire en sorte que ses différents éléments fassent
l’objet d’une synthèse392». Que devient alors la relation unique, le « colloque » singulier
entre le praticien et son patient ? La création d’un DMP393 favorisera sans doute une
meilleure prise en charge, ou une meilleure coordination entre les différents praticiens
et/ou spécialistes qui s’occupent d’un même patient. Le suivi dans le temps sera également
sans doute meilleur, mais il faudra veiller à ce que la somme des éléments contenus dans le
dossier ne nuise pas à la partie importante d’une consultation, à savoir l’interrogatoire du
patient, et le dialogue qui s’établit entre le patient et le praticien, moment privilégié qui
permet à une relation de confiance de s’établir. Aucun examen complémentaire, aucun
résultat d’analyse ne peut remplacer le fameux « sens clinique » du praticien, qui peut
parfois être faussé par toute une batterie d’examens complémentaires parfois inutiles et
coûteux.

a) L’information de nature médicale.

321. Avant d’informer le patient, tous ses problèmes médicaux doivent être pris en
compte en amont, sinon on accroît les facteurs de risques qui peuvent aggraver le
pronostic.

392
ANAES : Information des patients – Recommandations destinées aux médecins
393
Le Dossier Médical Personnel.
114
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

La collecte des données médicales :

322. Cette information doit permettre de regrouper un certain nombre de données qui
à leur tour permettent au praticien d’informer son patient, c'est-à-dire :
- de lui donner des explications sur sa maladie ou ses pathologies.
- de lui expliquer quelle peut être l’évolution habituelle, avec ou sans traitement.
- de lui dire ce que sont et comment se déroulent les examens nécessaires aux
investigations et les soins (thérapeutiques, interventions chirurgicales ou autres
alternatives).
- de définir l’objectif des traitements, leur utilité, les bénéfices escomptés.
- de lui indiquer quelles peuvent être les alternatives ou autres techniques possibles,
leurs conséquences et leurs inconvénients.
- de lui expliquer quelles sont les complications susceptibles d’apparaître, quels sont
les risques éventuels, y compris les risques exceptionnels394.

Le problème de l’évaluation des risques :

323. Le risque thérapeutique, c’est l’incident ou l’accident qui survient au cours, ou à


cause des traitements.

Il n’est pas facile d’avertir le patient de son état et de le prévenir de l’existence de ces
risques. Cela nécessite une adaptation, de la part du praticien, aux capacités intellectuelles
et psychologiques du patient395 ! Ce, d’autant plus que « le refus du risque médical est
devenu l’une des caractéristiques principales de la relation de soins contemporaine396 ».
Ce dernier devrait être averti de tous les risques prévisibles397, même si leur survenance est
exceptionnelle. Le chirurgien-dentiste doit donc être en mesure d’apprécier à sa juste
valeur l’équilibre entre risques et avantages, s’abstenir en cas de risque majeur, dissuader
son patient si le bienfait escompté est minime par rapport aux risques encourus.

394
Cass. civ. 1ère, 9 octobre 2001, n° 00-14564 .
395
Cass. civ. Ière, 23 mai 2000, JCP 2000 II 10343, rapp. SARGOS, décision pour laquelle la Cour de
cassation approuve la décision de la Cour d’appel d’avoir écarté la responsabilité du médecin qui
n’avait pas informé son patient d’une psychose maniaco-dépressive, en estimant que la limitation de
l’information avait été faite dans l’intérêt du malade.
396
GIRER M., Contribution à une analyse rénovée de la relation de soins- Essai de remise en cause du
contrat médical , Thèse de Droit, Lyon, 2005, p. 17.
397
Cass. Civ. 1ère, 3 janvier 1991, n° 89-19.544, Juris-data, n° 7000033.
115
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

On distingue :
- Les risques normalement prévisibles ;
- Les risques rares ;
- Les risques exceptionnels.

Les risques graves :

324. Une décision de la Cour de cassation sur les risques graves, en date du 7 octobre
1998, souligne l’importance de l’ « information claire loyale et appropriée sur les risques
graves afférents aux investigations et soins proposés ». L’information doit également porter
sur les risques inhérents à l’intervention et « l’obligation d’information ne concerne que
les risques liés à l’intervention qu’il préconise398.

Les risques normalement prévisibles :

325. L’article L 1111-2 du CSP traite des « risques fréquents ou graves, normalement
prévisibles », repris par une décision de la Cour de cassation en date du 20 juin 2000399
ayant jugé que l’information n’empêche pas la réalisation du risque. L’indemnisation d’une
partie du préjudice a été accordé, celui d’une perte de chance d’échapper au risque qui s’est
finalement matérialisé.

Les risques exceptionnels :

326. L’information sur les risques exceptionnels a été le second revirement de


jurisprudence important en matière d’information du patient. Avant 1998, le chirurgien-
dentiste devait informer son patient sur les risques et les inconvénients inhérents à un
traitement ou une intervention : « Dès lors, d’une part, que la Cour d’appel a mis en
évidence la nécessité de l’association médicamenteuse de l’anesthésique et d’un
vasoconstricteur en retenant qu’une telle association était systématiquement utilisée et
qu’il aurait pu être reproché au chirurgien-dentiste de ne pas l’avoir utilisée, et, dès lors,
d’autre part, qu’elle a retenu que le praticien, quoique tenu de recueillir le consentement

398
Cass. civ. 1ère, 17 février 1998, D.1998, J, 2 ; B. I n° 67 ; D 1998 IR 81 ; JCP 1998 IV note VINEY ;
RTD Civ 1998, 681 obs. JOURDAIN;
399
Cass civ. 1ère, 20 juin 2000, n° 98-23.046
116
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

éclairé du malade, n’est pas obligé de porter à sa connaissance les risques inhérents à une
intervention chirurgicale ou à une anesthésie si ces risques sont ceux qui ne se réalisent
qu’exceptionnellement […]400 ».

Depuis la décision de la Cour de cassation du 7 octobre 1998, le praticien a l’obligation


d’informer son patient, même dans le cas de risque exceptionnel car « le seul fait qu’un
risque inhérent à une intervention chirurgicale ne se réalise qu’exceptionnellement ne
dispense pas un médecin de l’obligation d’informer son patient401 ».

L’aléa thérapeutique :

327. Les risques anormaux relèvent du domaine de l’aléa thérapeutique. L’aléa


thérapeutique se définit comme « la réalisation, en dehors de toute faute, d’un risque
accidentel inhérent à l’acte médical et qui ne peut être maîtrisé ». Cette définition de la
Cour de cassation, en date du 8 novembre 2000, rappelle que « la réparation des
conséquences de l’aléa thérapeutique n’entre pas dans le champ des obligations dont un
médecin est contractuellement tenu à l’égard de son patient402 ».

328. Un arrêt du Conseil d’État du 05 janvier 2000403 précise que tout risque
susceptible d’entraîner 0,5 % à 1% d’invalidité doit être signalé.

b) L’information de nature technique.

329. Le patient doit pouvoir comprendre les techniques utilisées et le choix des
matériaux employés. Le praticien est tenu d’adapter ses explications et son vocabulaire aux
capacités intellectuelles de son interlocuteur. Il doit s’assurer que ses explications ont bien
été comprises.

400
Cass. civ. 1ère. 7 octobre 1998. n° pourvoi 97-10267; JCP 1998 II 10179 concl. SAINTE-ROSE, note
SARGOS ; Somm. 259 obs. .MAZEAUD ; RTD Civ. 1999, 111 obs. JOURDAIN.
401
Supra.
402
Cass. civ. 1ère, 8 novembre 2000, n° 99-11.735, Juris-data n° 2000-006741 ; Les Petites Affiches, 2000,
n° 241, p. 14, note PRIEUR S ; Bull. 2000, I, n° 287, p. 186 ; JCP G 2001, II, 10493, rapp. P SARGOS,
note F. CHABAS.
403
CE, 5 janvier 2000, « CONSORTS TELLE », et « AP-HP de Paris », D 2000, I.R., p. 28
117
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

c) L’information de nature financière.

La signature du plan de traitement ou du devis :

330. 90% des conflits se situent sur un plan financier. Il est indispensable d’établir le
plan de traitement en y intégrant l’enveloppe financière et faire signer le devis par le
patient pour acceptation404. Ainsi, la Cour de cassation a sanctionné un chirurgien-dentiste
pour ses honoraires « spécialement élevés pour lesquels le patient n’avait pas reçu
d’information405 ».

331. Cette exigence est insérée dans le Code de la santé publique, dans son article L.
1111-3, et figure dans un arrêté du 17 octobre 1996 qui dit que « l’obligation de remettre
un devis détaillé conformément à l’article L 113-3 du Code de la consommation406 ».

Le dépassement d'honoraires :

332. L’arrêté du 2 octobre 2008407 fixe le seuil du montant du dépassement


d’honoraires à partir duquel le professionnel de santé doit obligatoirement remettre une
information écrite préalable au patient. Cette disposition est prévue par l’article L.1111-3
du CSP : « dès lors qu’ils comportent un dépassement, les honoraires totaux des actes et
prestations facturés lors de la consultation sont supérieurs ou égaux à 70 €, le
professionnel de santé remet au patient une information écrite préalable408 ».

404
HARICHAUX M., « Sur l’existence d’une obligation de renseignement sur les honoraires dans le
contrat medical. », RD sanit.soc., 1986, p. 220: l’auteur indique que la théorie des vices du
consentement lui apparaît adaptée à la sanction du défaut d’information sur les honoraires médicaux,
en l’absence d’établissement d’un devis sur les coûts de prestations de soins et de leurs conditions de
prise en charge par les caisses d’assurance maladie. La jurisprudence refuse néanmoins cette
interprétation, et considère le défaut d’information comme une faute professionnelle.
405
Cass. civ. 1ère, 18 juin 1970, Bull. civ. I, n° 210; J.C.P. 1970, IV, 211.
406
Pour le Code de la consommation, le patient est assimilé à un consommateur en matière de chirurgie-
esthétique. Le praticien a l’obligation de fournir un devis si ses honoraires dépassent 300 euros, ou si
l’intervention nécessite une anesthésie générale. Le Code de la santé publique instaure l’obligation de
fournir un devis, sans distinction de l’importance de l’acte.
407
Arrêté du 2 octobre 2008 fixant le seuil prévu à l’art. L. 1111-3 du CSP du montant du dépassement
d’honoraires à partir duquel le professionnel de santé doit obligatoirement remettre une information
écrite préalable au patient, JO du 11 octobre 2008
408
NOR SJSS0822741A.
118
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

L'information tarifaire par les caisses d'assurance maladie :

333. Les caisses de sécurité sociale ont mis en place des systèmes afin de faciliter
l’information des usagers. Après le système « info soins » par téléphone, les caisses ont
mis en ligne les tarifs moyens pratiqués par les praticiens. C’est l’article L. 162 – I-II, 3ème
al, du Code de la sécurité sociale qui permet aux caisses de mettre en œuvre « des services
de conseils administratifs ou d’orientation» lesquels fournissent « tous éléments
d’information sur les tarifs d’honoraires habituellement demandés ».

334. En janvier 2007, la CNATMS avait lancé un service téléphonique qui permettait
aux assurés d’obtenir auprès de conseillers téléphoniques, les coordonnées des
professionnels de santé, des précisions sur leur secteur d’exercice409, une fourchette de
tarifs les plus pratiqués et le tarif moyen observé, le niveau de remboursement et de savoir
si le praticien prenait ou non la carte vitale.

La Loi HPST et la facture de prothèse :

335. L'article 18 quater A de la loi HPST410 introduit dans l'article L.IIII-3 du CSP
l'obligation pour le praticien de délivrer à son patient, de manière dissociée, le prix d'achat
de la prothèse qu'il lui pose. Cette obligation s'ajoute à celles qui existent déjà: la
convention nationale impose au praticien de fournir au patient un devis détaillé de l'acte
prothétique envisagé, la traçabilité qu'il doit effectuer, permet d'informer le patient au sujet
de la composition des matériaux et de l'origine de la prothèse, et les honoraires
prothétiques doivent être fixés avec « tact et mesure ».

336. L'acte prothétique est un acte global, d'ailleurs, cette notion de globalité des
actes est voulue par les caisses elles mêmes, dans l'application de la nomenclature des actes
prothétiques. Ces honoraires doivent tenir compte du travail de diagnostic, de celui de la
réflexion et de la conception de la prothèse, ainsi que du coût des matériaux utilisés, du
prix facturé par le prothésiste, ainsi que du prix horaires du cabinet.

409
Secteur I, secteur II, non conventionné.
410
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires, JO du 22 juillet 2009.
119
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

337. En ce qui concerne la réalisation de la prothèse, les différentes étapes telles que
la préparation des dents, les empreintes, les essayages, les ajustages, la pose et l'adaptation,
prennent plus ou moins de temps, en fonction non seulement de la complexité du travail,
mais aussi de la disponibilité du praticien et de son patient.

338. Le fait de devoir faire figurer à part la facture du prothésiste assimilerait-il le


praticien à un revendeur ? Il n'est pas un marchand de prothèse, ni un revendeur. Faire
connaître au patient le coût de la prothèse facturée par le prothésiste au chirurgien-dentiste
n'apporte pas, à notre sens, plus de transparence ou plus de confiance dans la relation de
soins qui les lie. En distinguant la part matérielle de l'acte prothétique, une dérive possible
du droit de la consommation peut apparaître, à l'instar de l'industrie automobile :
l'apparition d'un « package » incluant le financement, l'entretien, la garantie et l'assurance.
Cette dérive met en péril la déontologie professionnelle. Nous sommes attachés, en tant
que praticiens, aux notions de traitement global et d'acte global, mais, « la globalisation,
dans le domaine économique, prend un tout autre sens, celui des externalisations et de la
financiarisation de l'industrie411 ».

339. La notion de confiance dans la relation soignant/soigné, risque de se retrouver


entachée d'une certaine méfiance, voire, de la défiance, en transformant le praticien en un
commerçant revendeur de prothèse.

d) L’information de nature administrative.

340. Elle comprend la prise en charge par les organismes d’assurances sociales et
éventuellement, la part de participation de la mutuelle du patient.
Certaines mutuelles demandent au patient que celui-ci leur communique le devis pour
acceptation, avant d’entreprendre un travail prothétique. On assiste là à une substitution du
rôle de contrôle de la caisse primaire d’assurance maladie, vers un droit de regard des
organismes complémentaires, parfois même, au mépris du secret médical.

341. Le praticien doit bien informer son patient du coût total des actes de soins et de
prothèses, et sur leur prise en charge ou non par la Caisse d’Assurance Maladie. Deux

411
ROCHÉ M., « Vente à la découpe. », éditorial, J.S.O.P., n° 9, novembre 2009, p. 5.
120
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

arrêts de la Cour de cassation, le premier du 15 juin 2004412, et l’autre du 29 juin 2004413,


concernant le remboursement d’implants dentaires, confirment cette position en rappelant
que « les implants ne figurent pas à la NGAP, laquelle ne vise que les appareils de
prothèse ».

C/ Les moyens et supports de l’information :

Comment l’information doit elle être donnée, et avec quel support ?

a) Les modalités de mise en œuvre de l’information.

L’entretien individuel :

342. L’information orale est primordiale. Elle doit s’adapter à chaque cas qui est
personnel. Elle se fait en fonction des capacités intellectuelles du patient, et dans un climat
propice. Le praticien doit être très clair dans ses explications. Il doit s’assurer que le patient
l’a bien compris.

L'affichage d'honoraires :

343. Par décret du 12 février 2009414, l'affichage des honoraires est obligatoire pour
tous les professionnels de santé. Il concerne l'affichage des honoraires et des tarifs de
remboursement par l'assurance maladie. Il doit être visible et lisible dans la salle d'attente,
ou à défaut, dans le lieu d'exercice. Le chirurgien-dentiste doit communiquer le tarif de la
consultation, c'est-à-dire « au moins cinq des prestations de soins conservateurs,
chirurgicaux et de prévention les plus pratiqués ;
Et au moins cinq des traitements prothétiques et d'orthopédie dento-faciale les plus
pratiqués. »

412
Cass. civ. 1ère, 15 juin 2004, n° 02-12.539
413
Cass civ ; 1ère, 29 juin 2004, n° 02-19.445
414
Décret n° 2009-160 du 10 février 2009 paru au JO n° 0036 du 12 février 2009, relatif à l’information sur
les tarifs d’honoraires pratiqués par les professionnels de santé, pris en application de la loi de
financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2008 qui vise à améliorer l’information sur les honoraires
par une information préalable délivrée aux patients précisant le tarif des actes effectués ainsi que le
montant du dépassement facturé. Le praticien doit ainsi afficher de façon visible et lisible dans sa salle
d’attente ou à défaut dans son lieu d’exercice les informations relatives à ses honoraires y compris les
dépassements facturés.
121
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

344. C'est la DGCCRF415 qui est chargée de contrôler dans les cabinets dentaires, la
bonne application de ce décret. L’absence d’affiche ou un affichage déficient peut donner
lieu à des sanctions administratives pouvant aboutir à une amende de 3000€. Il faut sans
doute regretter que l’Ordre, garant de la profession, ne soit pas responsable ou au moins,
organisateur de ce contrôle.

La fiche d’information :

345. L’information écrite peut être un complément de l’information orale. C’est un


support que le patient utilise pour réfléchir, et éventuellement en discuter avec d’autres
personnes. C’est une trace indispensable dans le dossier médical, car il peut être un moyen
efficace pour apporter la preuve que l’information a bien été donnée. Mais l’écrit n’est pas
obligatoire416 : la loi du 4 mars 2002417 n’exige pas la preuve écrite de l’information418.
Une décision de la Cour de cassation, en date du 18 mars 2003 confirme l’absence
d’obligation d’informer le patient par écrit, et insiste sur l’échange oral, « seul capable
d’instaurer la relation de confiance419 ».

346. Comment prouver que le patient a été capable de bien comprendre les risques
possibles ou les suites éventuelles de l’intervention qu’il va subir, surtout si les termes
techniques ne lui sont pas familiers ou peu compréhensibles ? Le praticien a le devoir
d’adapter son vocabulaire en fonction du niveau intellectuel de son patient, afin que celui-
ci puisse comprendre ses explications. Les fiches standardisées ou documents « types » ne
sont pas toujours compréhensibles par tous.

347. La signature systématique d’un document n’est pas souhaitable : elle peut
engendrer une certaine suspicion, voire, un doute dans la relation entre les deux parties. Et
ce n’est qu’une preuve relative de son consentement. D’ailleurs, la Cour de cassation a

415
Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes
416
Arrêt Cour de cass; 29 mai 1984: «Sauf circonstances particulières dont l’existence n’est pas constatée
en l’espèce, il ne saurait être exigé d’un médecin qu’il remplisse par écrit son devoir de conseil».
417
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé, Journal
Officiel de la République française, 5 mars 2002
418
Art. L 1111-2 du CSP.
419
Cass. civ. 1ère, 18 mars 2003, n° 01-15711
122
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

jugé conforme, dans un arrêt du 18 mars 2003, l’absence d’obligation d’information par
écrit420.

348. L’information semble détournée de sa vocation pédagogique pour servir de


preuve en cas d’un litige ultérieur.

Le site en ligne :

349. La création d’un site Internet doit répondre à plusieurs critères, dont, le strict
respect du Code de déontologie dentaire. À savoir que ce site ne peut être un site
publicitaire. Un site ne peut donc être que la transposition sur Internet des articles R. 4127-
216 et R. 4127-218 du CSP421, permettant la communication de renseignements sur
l’activité du chirurgien-dentiste, sans que ces renseignements ne puissent être considérés
comme des éléments publicitaires. Le chirurgien-dentiste est pleinement responsable de
toutes les informations qu’il publie sur son site professionnel422.

420
Cass. civ. 1ère, 18 mars 2003, n° 00- 115.196, n° 427 F-D.
421
13 et 14 du Code de déontologie dentaire
422
Les principales règles contenues dans la charte pour la composition du site :
Présentation du chirurgien-dentiste :
• Nom, prénom du propriétaire du cabinet ou de chaque praticien en cas d’exercice en
société, du ou des collaborateurs en cas d’exercice libéral
• Adresse du cabinet dentaire
• Adresse mail du titulaire du site, avec avertissement sur l’absence de confidentialité ; elle
sera obligatoirement libellée de la façon suivante : « dr.dupont.jean@chirurgiens-dentistes.fr » ou
dupont.jean@chirurgiens-dentistes.fr, (telle que délivrée par le CNO) ;
• Numéro d’inscription à l’ordre.
Sont autorisées :
• la date de naissance
• la photo d’identité récente, prise selon les normes en vigueur pour les papiers d’identité
officiels ;
Titres et qualifications professionnels :
• Qualité et spécialité éventuelle (ODF>)
• Titres et fonctions reconnus par le Conseil national de l’Ordre
• Lien renvoyant sur le site public du Conseil national
Présentation du cabinet :
• L’accès (plan, moyens d’accès tels que parkings, accès handicapés, ascenseur)
• Les n° de téléphone et de fax,
• Les jours et heures de consultation
123
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

350. Le site doit également respecter la charte de qualité du Conseil National de


l’Ordre423 et le praticien ne peut employer de pseudonyme car « il est interdit d’exercer la
médecine, l’art dentaire ou la profession de sage femme sous un pseudonyme », comme
l’indique l’article L. 4113-3 de l’ordonnance n° 2000-548 du 15 juin 2000.

351. Le Conseil de l’Ordre des chirurgiens-dentistes demande aux praticiens


d’obtenir la certification de leur site auprès de la fondation « Health On the Net424 »,
fondation reconnue par la HAS comme l’organisme officiel de certification des sites de
santé.

Les plateformes d’information de la SS :

352. L’article L. 162-1-11 du Code de la sécurité sociale indique que « Les


organismes gestionnaires des régimes obligatoires de base de l’assurance maladie
assurent, par tous moyens adaptés, une mission générale d’information des assurés
sociaux, en vue notamment de faciliter l’accès aux soins et à la protection sociale et de
leur permettre de connaître les conditions dans lesquelles les actes de prévention, de
diagnostic ou de soins qu’ils reçoivent sont pris en charge. Les assurés sociaux peuvent
obtenir toutes informations utiles portant notamment sur les tarifs applicables, les taux de
remboursement et les conditions de prise en charge des services et produits de santé, ainsi
que sur le bon usage des soins ou de ces produits ». Pour ce faire, un site Internet a été créé

Présentation de l’exercice :
• Situation en regard de la convention nationale avec les organismes de l’assurance maladie
• Le droit à dépassement
• la mention du non conventionnement, si besoin est,
• la mention d’une adhésion à une association de gestion agréée

Les seuls liens autorisés:.
• Le site du conseil national de l’Ordre : www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr
• l’annuaire des chirurgiens-dentistes, mis en ligne par le conseil national de l’Ordre,
consultable à www.annuaire .chirurgiens-dentistes .fr
423
www.oncd.org lettre du 1er octobre 2004, ou sur le site www.promopixel.com
424
La HON, créée en 1995, est l’organisation non gouvernementale de référence en matière de promotion
et de mise à disposition de l’information en ligne sur la santé et la médecine, accréditée par le conseil
économique et social des Nations Unies. Son but est de protéger les citoyens, d’informations de santé
trompeuses.
124
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

et mis en place en juin 2007 : le site www.ameli.fr de la Sécurité Sociale a voulu informer
le grand public des tarifs les plus courants pratiqués par les chirurgiens-dentistes. Mais il
faut savoir que le site a été mis en place sans consultation préalable des praticiens
concernés.

353. En réponse à ce site, la CNSD425 a créé à son tour un site Internet, le site
www.infosoins.fr. Ce site est mis à la disposition des patients pour leur donner toutes les
informations utiles au sujet des soins dentaires : des informations administratives, ainsi que
des moyennes statistiques personnalisées des honoraires pratiqués sur certains actes
prothétiques et d’orthodonties. La page d’accueil du site insiste sur l’importance de la
notion de confiance, car « la confiance est assurément un pilier déterminant du contrat de
soins et de la relation personnelle, médicale et humaine entre le chirurgien-dentiste et ses
patients, encore libres de leur choix426 ».

Mais il est à craindre que le choix du patient soit plus influencé par des critères
économiques que des critères médicaux.

b) La preuve de l’information.

354. Auparavant, illustré par un arrêt rendu en 1951, la Cour de cassation estimait
que c’était au patient de « rapporter la preuve » que le médecin ne l’avait pas informé des
risques inhérents à l’intervention subie427. Elle se basait sur l’article 1315, alinéa 1 du Code
civil qui disait que « quiconque réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver ». Il
est évident qu’il était quasiment impossible au patient de rapporter cette preuve, puisque la
plupart du temps, il était ignorant en matière médicale428.

355. Un arrêt important de la Cour de cassation, l’arrêt HÉDREUL, du 25 février


1997429, a entraîné le renversement de la charge de la preuve d’information : il précise que

425
La Confédération Nationale des Syndicats Dentaires.
426
infosoins.fr
427
Cass. 1reciv., 29 mai 1951, Bull. civ. I,n° 162; D. 1952, 53, note SAVATIER R. ; S. 1953, 41, note
NERSON R.
428
PORTES L., « Du consentement à l’acte médical. », in À la recherche d’une éthique médicale : il y
écrit qu’«il apparaît que le patient en tant que tel n’arrive jamais à la connaissance claire et distincte
de sa maladie», p. 163.
429
Cass. 1re civ., 25 févr. 1997, HEDREUL, JCP 1997, éd. G., I, 4025, n°7, obs. VINEY G. ; JCP 1997,
éd. G. II, 22492, rapport SARGOS P. Contrats, c. consom. 1997, chrn. 5, LEVENEUR L. ; Resp. civ.
125
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

« le médecin est tenu d’une obligation particulière d’une information vis-à-vis de son
patient et qu’il lui incombe de prouver qu’il a exécuté cette obligation ». C’est désormais
au praticien d’apporter la preuve qu’il a bien donné les informations nécessaires. Cet arrêt
a profondément bouleversé le droit médical en matière de responsabilité professionnelle.
La relation de confiance s’en trouve parfois tachée de défiance et lorsque la situation se
dégrade entre le praticien et son patient, il est difficile de revenir en arrière.

356. Deux arrêts de la Cour de cassation430 précisent que cette preuve peut être
rapportée par tous moyens :
- par des écrits, mais le praticien n’est pas tenu de faire par écrit son devoir
d’information431. L’écrit est encore le moyen le plus efficace pour garder une trace de
l’information donnée et servir de preuve.
- par des témoignages de l’assistante, des proches présents pendant les entretiens et
les soins, des patients qui peuvent se trouver dans le cabinet dentaire ou d’autres personnes
(livreurs, prothésiste, femme de ménage, etc.)
- grâce au dossier médical qui rassemble tous les éléments tels que la fiche du
patient, les certificats, les devis, l’interrogatoire, les comptes rendus d’examens
complémentaires, les courriers aux confrères432, les facturations, les plans de traitements et
éventuellement, les décharges et les refus de soins.
- par un faisceau de présomptions que sont le nombre de rendez-vous, la durée de ces
rendez-vous, notés sur le carnet de rendez-vous que le praticien a intérêt à conserver durant
le temps de son exercice professionnel. En effet, en croisant toutes ces données, il est
possible de mettre en évidence l’adhésion du patient à un traitement plus ou moins
complexe et il paraîtrait bien étrange qu’il nie ne pas avoir été informé.

et assur. 1997, chron. 8, LAPOAYDE-DESCHAMPS C. ; SARGOS P., « Modalités, preuve et


contenu de l’information que le médecin doit donner à son patient ». Méd. Droit Info. Ethique
Juridique Prat. 1997; 27: 1-3; MEMETEAU G. « Devoir d’information, renversement de la charge de
la preuve ». Méd. Droit 1997; 24- ; DUBOUIS L. Dr. San. et soc. 1997, 288.
430
Cass. Civ. 1ère, 14 octobre 1997, Bull. civ. I, n° 278 ; J.C.P., G, 1997, II, 22942, rapport SARGOS ;
R.D.S.S., 1998, note HARICHAUX.
431
Cass. civ. 1ère, 29 mai 1984, D. 1985, 281, note DURRY G. ; Cass. civ. 1ère, 1er octobre 1997, J.P.G.,
n° 1564.
432
GLORION B., intervention au Colloque du S.I.R.I.F., sur «La responsabilité médicale», le 23
septembre 1998, Gaz. Pal., n° Droit de la Santé, 23-24 octobre 1998, p. 93.
126
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Le devoir d’information du patient préalable à tout acte médical soulève quelques


difficultés :

Une difficulté de caractère juridique :

357. La nécessité de la charge de la preuve en matière de droit nécessite un support ;


le contrat médical, généralement oral et tacite, doit-il devenir écrit ? Et qu’advient-il de la
relation de confiance qui doit s’établir entre le praticien et son patient ?

Une difficulté de nature médicale :

358. Du point de vue juridique, le praticien doit la vérité à son patient. Mais dans la
pratique médicale, il n’est pas toujours possible de lui dire toute la vérité. Le devoir
d’humanité, défini dans le Code de déontologie, est parfois incompatible au devoir
juridique d’information. En effet, le défaut d’information constitue une faute juridique, car
il prive le patient d’un choix et peut perdre la chance d’éviter un risque dont il n’a pas été
prévenu. La Cour de cassation le rappelle, dans un arrêt du 7 décembre 2004433 en disant
que « la violation d’une obligation d’information ne peut être sanctionnée qu’au titre
d’une perte de chance subie par le patient d’échapper par une décision peut-être plus
judicieuse au risque qui s’est finalement réalisé : le dommage correspond alors à une
fraction des différents chefs de préjudice subis qui est déterminée en mesurant la chance
perdue et ne peut être égale aux atteintes corporelles résultant de l’acte médical ».

2. LE PATIENT.

359. Lorsqu’il dispose de l’information donnée par le chirurgien-dentiste, le patient a


la possibilité de réfléchir à ce qui lui a été proposé. Dans la pratique courante, plus les
soins sont onéreux ou complexes, plus le temps de réflexion va être allongé.

433
Cass. civ. 1ère, 7 décembre 2004, n° 02-10957.
127
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

A/ Le délai de réflexion :

360. Le délai de réflexion est emprunté au droit de la consommation, dans les articles
L. 311-8 et suiv. qui imposent au marchand de maintenir son offre pendant le délai de
réflexion dont dispose l’acheteur. Il est assorti du droit de rétractation grâce auquel la
responsabilité du consommateur ne peut être mise en cause. Ce droit de rétractation est
unilatéral.

361. Dans le domaine de la santé, le Code de la santé publique prévoit cette notion de
délai de réflexion dans les cas de l’interruption de grossesse434, de la procréation
médicalement assistée435 et de la stérilisation contraceptive436, domaines forts éloignés de
celui de la chirurgie-dentaire.

362. Comme le coût des soins dentaires peut être élevé, surtout dans le domaine
prothétique, et parce que la prise en charge des caisses d’assurance maladie et des
assurances complémentaires est souvent insuffisante, les usages veulent qu’un délai de
réflexion soit nécessaire entre l’établissement du devis et l’accomplissement des soins. Il
devrait être proportionnel à l’importance du traitement mis en œuvre. Ce délai de réflexion
est d’ailleurs nécessaire pour une autre raison que la raison financière : il permet au patient
de réfléchir au sujet de son plan de traitement, afin de pouvoir donner son consentement
libre et éclairé.
Mais il faut savoir que l’arrêt du Conseil d’État du 27 avril 1998 a estimé que l’obligation
du délai de réflexion viole le principe de liberté contractuelle437.

434
Article L. 2212-5 du CSP.
435
Article 2141-10 du CSP.
436
Articles L. 2123-1 et L. 2123-2 du CSP.
437
CE, 27 avril 1998, « CORNETTE de ST CYR », n° 184473, LEBON, comm., n° 15, p 22, note G.
RAYMOND ; Contrats conc. consomm, 1999, chron., p .4, n. A CATHELINEAU
128
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

B/ Les limites de l’information :

Le cas de l’urgence :

363. L’information peut parfois ne pas pouvoir se faire dans les cas d’urgence. Cette
situation peut se rencontrer en cas d’incident ou d’accident peropératoire, lorsque le patient
n’est plus conscient438.

C/ Le refus d’information :

364. Le patient est parfois amené à refuser l’information, soit dans la crainte d’un
diagnostic ou d’un pronostic péjoratif, soit par un certain désintéressement ou soit parce
qu’il fait entièrement confiance au praticien.

365. La possibilité de refuser l’information médicale n’est apparue dans les textes
règlementaires qu’à partir de la loi du 4 mars 2002. C’est le nouvel article L. 1111-2 du
CSP qui permet au patient de refuser d’être informé, car « la volonté d’une personne d’être
tenue dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic doit être respectée ». Il faut noter
que ce texte ne parle pas des conséquences, ni des risques de ce refus, même en cas de
grave pathologie. « Tout le monde peut renoncer à être informé », et cela ne concerne pas
que le malade.

D/ Le suivi de l’information :

366. L’information est une étape fondamentale pour l’établissement du contrat de


soins. Elle est indispensable pour obtenir le consentement du patient. Elle doit être adaptée
à chaque patient. La manière dont elle est faite a toute son importance ainsi que
l’environnement dans lequel se déroule l’entretien. Il faut également préciser que
l’information doit être actualisée pendant tout le temps que dure le traitement.

438
CHABRUN-ROBERT C., « De la nécessité thérapeutique à la nécessité médicale : le nouvel article
16-3 du code civil. », Responsabilité. 2001, n° 1, p. 29.
129
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

367. L’information a posteriori est une notion qui apparaît dans la loi n° 2002-303 du
4 Mars 2002. Lorsqu’un risque apparaît postérieurement à un acte ou une intervention,
« l’information doit lui [le patient, ou ses ayants droit en cas de décès] être délivrée dans
un délai de 15 jours à compter de la découverte du dommage ou de la demande
expresse439 ».

368. En fait, il suffit légalement que le patient « s'estime » victime, pour qu'il ait droit
à un entretien dans ces délais impartis. Le législateur a voulu par là, mettre fin à la fois au
paternalisme médical, mais aussi au « mur du silence » parfois confraternel, entre deux ou
plusieurs praticiens. Cette obligation d'information a posteriori est renforcée par l'article
L.1413-14 du CSP440 qui dit que « Tout professionnel [...] ayant constaté ou suspecté la
survenue d'un accident médical, d'une infection iatrogène, d'une infection nosocomiale ou
d'un événement indésirable associé à un produit de santé doit en faire la déclaration à
l'autorité administrative compétente ».

369. Cette information a posteriori est également facilitée, pour le patient, par la
possibilité d’accès direct à son dossier médical. En effet, l’article L.1111-7 du CSP permet
au patient de consulter directement, ou par l’intermédiaire d’un médecin, son dossier
médical. Le contenu de ce dossier est précisé dans l’article R. 710-2, al.2 du CSP.441

370. Le chirurgien-dentiste dispose d’outils fournis par l’ANAES pour lui permettre
de s’auto-évaluer. Ce sont des référentiels d’évaluations qu’il peut trouver sur le site de la
HAS et utiliser pour valider sa pratique, s’il le désire442.

439
Article L. 1142-4 du CSP.
440
Issu de la loi du 4 mars 2002.
441
Issu du décret n° 2002-637 du 29 avril 2002 relatif à l’accès aux informations personnelles détenues par
les professionnels et les établissements de santé en application des articles L. 1111-7 et L. 112-1 du CSP,
JO du 30 avril 2002.
442
ANAES : Information et consentement du patient majeur et non sous tutelle dans le cadre de l’exercice
libéral. Rapport 2004
ANAES: Information et consentement du patient majeur et non sous tutelle dans le cadre de l’exercice
libéral. Référentiel 2004.
ANAES: Information et consentement du patient majeur et non sous tutelle dans le cadre de l’exercice
libéral. Application informatique.
130
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

SECTION II : LE CONSENTEMENT A L’ACTE DE SOINS.

371. Le consentement ou accord des parties, est indispensable à l’établissement de la


relation de soins. Il est le corollaire de l’information préalable nécessaire à l’acte de soins.
Il existe une certaine confusion entre le terme de consentement et celui d’assentiment443.
Le patient donne son consentement au contrat de soins lorsqu’il prend rendez vous chez le
chirurgien-dentiste. C’est une démarche volontaire. Et le praticien, en acceptant de donner
ce rendez-vous, donne son consentement également

L’assentiment correspond au consentement à l’acte de soins, donné après information du


patient. Il sera à renouveler pour chaque nouvel acte pendant toute la période de soins.

1. LE CONSENTEMENT DU PRATICIEN.

372. En dehors des cas d’urgence, le Code de déontologie confère au praticien le


droit de refuser ses soins, pour des raisons personnelles ou professionnelles, à condition de
ne jamais nuire au patient et de s’assurer de la continuité des soins.

Ce sont les trois articles suivants, du Code de déontologie dentaire, qui octroient cette
possibilité au praticien :
1. l’article R.4127-232 du CSP444 qui indique qu’ «Hors le cas d’urgence et celui où il
manquerait à ses devoirs d’humanité, le chirurgien-dentiste a toujours le droit de
refuser ses soins pour des raisons personnelles ou professionnelles, à condition:
1°) De ne jamais nuire de ce fait à son patient ;
2° De s’assurer de la continuité des soins et de fournir à cet effet tous renseignements
utiles.
Le chirurgien-dentiste ne peut exercer ce droit que dans le respect de la règle énoncée à
l’article R.4127-211 ».
2. l’article R.4127-211 du CSP445 qui dit que « Le chirurgien-dentiste doit soigner
avec la même conscience tous ses patients, quels que soient leurs origine, leurs

443
CROIZÉ G., « Information et consentement » in Les grandes décisions du droit médical, ss dir. VIALLA
F. L.G.D.J., Paris : Lextenso, 2009, p. 130.
444
Ancien art. 26 du CDD.
131
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non appartenance à


une ethnie, une nation ou une religion déterminées, leur handicap ou leur état de
santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard ».
3. et l’article R.4127-266 du CSP446 qui précise que « Le chirurgien-dentiste doit, en
principe, accepter de rencontrer en consultation tout autre chirurgien-dentiste ou
médecin quand cette consultation lui est demandée par le patient ou sa famille ».

373. Cependant, le contrat de soins est un contrat particulier au service du patient, ce


qui peut restreindre la liberté de consentement du praticien, en cas d’urgence par exemple.
Il faut faire attention à l’appréciation de cette notion d’urgence. L’urgence peut sortir du
cadre des soins en cabinet-dentaire et peut alors concerner la non assistance à personne en
péril447, c'est l' « omission de porter secours », ainsi que du simple fait de l’appel448.

374. La notion d’urgence est relative. La vraie urgence médicale, c’est quand le
patient est en état de détresse et que ses fonctions vitales sont atteintes. Si l’on se base sur
cette définition, il n’y a pratiquement pas d’urgence en dentaire, sauf accident survenant au
cours d’un soin. Mais les douleurs dentaires sont parmi les douleurs les plus insupportables
et le patient vit parfois très mal le fait de ne pas être reçu « en urgence » alors qu’il souffre.
S’il ne peut être pris rapidement, il considère parfois que le praticien a refusé de le soigner.

2. LE CONSENTEMENT DU PATIENT.

375. La notion de consentement apparaît dans la jurisprudence en 1951, par une


décision de la Cour de cassation du 29 mai 1951 qui énonce « l’obligation pour le
praticien de ne procéder à une telle opération chirurgicale déterminée, par lui jugée utile,
qu’après avoir au préalable obtenu l’assentiment du malade449 ».

445
Ancien art. 8 du CDD.
446
Ancien art ; 59 du CDD.
447
Article 223-6, alinéa 2 du Code Pénal.
448
Cour de Cass., Chambre Criminelle, arrêt du 15 Mars 1961.
449
Cass. Civ., 29 mai 1951; Dal., 1952, 43, note SAVATIER R. ; J.C.P., 1951,6421, obs. PERROT;
R.T.D.C., 1951, 508, obs. MAZEAUD H. et L. ; G.P., 1951, II, 114.
132
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

376. Cette notion réapparaît dans la loi n° 94-629 du 25 juillet 1994, qui intègre
l’article 16-3 al.2 du Code civil et qui dit que « le consentement de l’intéressé doit être
recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention
thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir ».

377. L’article 16-3 du CC réaffirme le droit à la protection de l’intégrité physique et


celui d’inviolabilité du corps humain énoncé dans l’article 16-1 du même code450,
exception faite du cas où le patient est hors d’état de consentir. Mais le chirurgien-dentiste
n’est pratiquement pas concerné par ces cas de figures. Hors les cas accidentels de perte de
connaissance, qui relèvent de l’urgence médicale et qui obligent le praticien à interrompre
les soins, le patient est toujours conscient pendant les soins en cabinet dentaire privé.

378. Le patient hors d’état de consentir est celui sur lequel le praticien intervient sous
anesthésie générale. La découverte, au cours d’une intervention banale, d’une affection
grave ou d’un pronostic mauvais, n’exonère pas le praticien de la nécessité d’informer son
patient, lequel est alors réanimé.

379. La notion de consentement du patient a été renforcée par son droit à


l’information. En effet, ce n’est qu’après avoir été correctement informé, qu’il peut
accepter ou refuser le traitement que le praticien lui propose. On passe ainsi de l’attitude
paternaliste à la notion de consentement dit « éclairé ».

380. La relation soignant/soigné s’est trouvée bouleversée par la loi du 4 mars


2002451. C’est un texte majeur en ce qui concerne l’évolution de cette relation. Non
seulement, le patient à l’accès à son dossier médical, mais grâce à la vulgarisation
scientifique, l’évolution des supports et des moyens d’information et la multiplication des
associations de consommateurs, il a accès à de nombreuses données (trop parfois, car noyé
par un trop plein d’informations. Il lui est souvent difficile de faire le tri et donc de faire un
choix). Ce patient ne subit plus son traitement, mais est acteur, à part entière, de la relation
de soins. Il n’est plus passif mais a le droit de décider.

450
Qui dit que « chacun a droit au respect de son corps »et que « le corps humain est inviolable ».
451
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé, JO du 5
mars 2002
133
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

381. Le consentement est un droit du patient, consacré dans le CSP, dans son article
L. 1111-4 qui affirme qu’ « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué
sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à
tout moment ». Il est indissociable de tout projet de soins. Le contrat ne peut se former que
lorsqu’il y a échange de consentements. Ce consentement a une double fonction: il est
indispensable à la formation du contrat de soins et il conditionne l’exécution de ce
contrat452.

A/ La réalité du consentement :

382. Ce sont le Code civil et le Code de la santé publique qui définissent la valeur du
consentement, dans le cadre du contrat de soins. Tout acte de soins suppose le
consentement de la personne concernée, ainsi que le stipule l’article 16.3 du Code civil qui
dit qu’« Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité
médicale pour la personne. Le consentement de l’intéressé doit être recueilli
préalablement, hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à
laquelle il n’est pas à même de consentir ».

383. Le patient n’est pas libre de disposer de son corps comme il l’entend, au nom du
principe d’indisponibilité du corps humain, et son consentement aux soins est encadré par
la réglementation, car « ce n’est (…) pas le consentement du malade qui justifie l’atteinte à
l’intégrité corporelle mais l’autorisation de la loi453 ».

384. Ce consentement doit être valable sous peine de nullité du contrat454. L’article
L.1111-4 du CSP reprend cette exigence de consentement en disant qu’« aucun acte
médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de
la personne, et ce consentement peut être retiré à tout moment », exigence qu’illustre la
jurisprudence455.

452
ARCHER F., Le consentement en droit pénal de la vie humaine, Éd. L’Harmattan, 2003, n° 264 et suiv.
453
NEIRINCK C., « Consentement à l’acte médical, analyse juridique. », in L’acte médical et les droits du
malade, ss dir. Claire NEIRINCK, coll. « Droit et médecine », Presse de l’université des sciences
sociales de Toulouse, p. 99.
454
V. fasc. spécial Droit de la santé : «Le consentement aux actes médicaux. », 1, 5 janv. 1999.
455
C. de cass., 1ère, 22 mai 2002, R.D.S.S., 2002, 483, obs. L. DEBOUIS.
134
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

385. Il faut noter qu’une certaine confusion existe quand à ce que représente le
consentement. L’existence du contrat de soins nécessite la rencontre de deux volontés,
celle du chirurgien-dentiste et celle du patient qui vient le consulter. Le consentement des
deux parties au contrat est une des conditions de validités de ce contrat456. Le contrat de
soins trouve donc sa formation dès lors que le patient prend contact avec le cabinet
dentaire pour prendre rendez-vous. Il marque ainsi son consentement au contrat de soins457.
Lorsque le praticien, ou tout autre membre de personnel du cabinet, accepte de donner un
rendez-vous, c’est l’expression du consentement du praticien au contrat de soins.

386. Le « consentement à l’acte de soins », que certains nomment « assentiment »


intervient ultérieurement. Il est la réponse à l’information reçue et autorise l’atteinte à
l’intégrité physique « dans l’intérêt médical de la personne458 ». Ce consentement à l’acte
de soins intervient à chaque fois que le praticien va effectuer un acte dans la bouche de son
patient.

387. Le praticien n’a pas tout pouvoir pendant toute la durée du traitement. Il doit
rechercher l’assentiment du patient à chaque étape du traitement. Il doit également
entretenir la confiance du patient qui donne son consentement en gage de cette confiance.
L’assentiment aux soins est donc lié à l’exécution du contrat de soins, et non pas à sa
formation.

B/ Qualité du consentement :

Pour que ce consentement soit valable, il doit remplir trois conditions : il doit être
libre, éclairé et conscient.

456
Art. 1108 du CC
457
NEIRINCK C., « Consentement à l’acte médical, analyse juridique. », in L’acte médical et les droits du
malade, ss dir. Claire NEIRINCK, coll. « Droit et médecine », Presse de l’université des sciences
sociales de Toulouse, p. 132.
458
Art. 16 du CC.
135
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Le consentement « libre » :

388. Le consentement doit être donné librement, sans aucune contrainte, comme
l’indique l’article 1109 du Code civil qui dit qu’« Il n’y a point de consentement valable, si
le consentement n’a été donné que par erreur, ou s’il a été extorqué par violence ou surpris
par dol ». La responsabilité du praticien peut être mise en cause en cas de pression
anormale, mensonges et violences morales459.

389. La violence ou la contrainte ne sont pas forcément physiques, mais peuvent être
aussi morales, ainsi que l’énonce le Code civil dans son article 1112, alinéa 1 : « il y a
violence lorsqu’elle est de nature à faire impression sur une personne raisonnable et
qu’elle peut lui inspirer la crainte d’exposer sa personne ou sa fortune à un mal
considérable et présent ».

390. Dans quelle mesure certains paramètres comme « la phobie » du dentiste, la


douleur ou même l’ambiance du cabinet, ou encore le fait d’être assis sur un fauteuil
dentaire peuvent-ils fausser la réalité du consentement ? Madame Claire NEIRINCK
souligne justement, dans son analyse juridique du consentement à l’acte médical, le fait
qu’ « aucune place n’y est faite à la douleur et à la peur. La mort qui rode, l’informité, le
cancer ou l’infection qui rongent le corps, ne sont pas perçus comme autant de facteurs
qui déforment l’assentiment du malade, qui le privent de la maîtrise de lui-même460 ».

Le consentement « éclairé » :

391. Pour donner son consentement, le patient doit comprendre les explications que
le praticien lui donne : c’est ce que l’on appelle le consentement « éclairé » ; ce que
l’article L.1111-4 du SCP indique en disant qu’ « aucun acte médical ni aucun traitement
ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne, et ce
consentement peut être retiré à tout moment ».

459
C. de Cass., 1 ère, Arrêt du 28 Décembre 1954.
460
NEIRINCK C., « Consentement à l’acte médical, analyse juridique. », in L’acte médical et les droits du
malade, ss dir. Claire NEIRINCK, coll. « Droit et médecine », Presse de l’université des sciences
sociales de Toulouse, p. 91.
136
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

La Cour de cassation précise que « le praticien doit employer une expression simple
approximative, intelligible et loyale, permettant au malade de prendre la décision qu’il
estime s’imposer461 ».

392. L'exigence d'un consentement éclairé trouve sa source dans les textes ci-après :
- la Convention des droits de l'Homme et de la biomédecine462 ;
- les déclarations de l'OMS ;
- la déclaration de 1994 sur la promotion des droits des patients en Europe463 ;
- les Codes de déontologie médicale et dentaire, inclus dans le CSP ;
- les recommandations de l'ANAES et de la HAS ;
- l'article 16-3, al.2 du CC.

Ce consentement éclairé sous entend la possibilité pour le patient de refuser un soin ou une
intervention464.

Le consentement conscient :

393. Le consentement doit être conscient. Dans le cas où le patient est hors d’état
d’exprimer sa volonté du fait, par exemple, d’une anesthésie ou d’une perte de
connaissance, seule la présence d’un péril grave et imminent nécessitant une décision
d’urgence ne pouvant être différée, peut être de nature à excuser l’absence de
consentement.

394. L’article L.1111-4 du CSP énonce que : « Lorsque la personne est hors d'état
d'exprimer sa volonté, aucune intervention ou investigation ne peut être réalisée, sauf
urgence ou impossibilité, sans que la personne de confiance prévue à l'article L.1111-6, ou
la famille, ou à défaut, un de ses proches ait été consulté. Lorsque la personne est hors
d'état d'exprimer sa volonté, la limitation ou l'arrêt de traitement susceptible de mettre sa

461
Cass. civ. 1ère, 21 février 1961, JCP 1961, II, n° 12229
462
Dans son art. 5
463
BENMANSOUR N. et MICHELET H., « Le consentement éclairé et le droit international de la santé.
», La lettre, n°22, décembre 2000, pp. 30-31.
464
Mais un arrêt du CE du 26 octobre 2001 a jugé que le médecin n'a pas commis de faute en ne
respectant pas la volonté du patient, pour lui avoir administré une transfusion sanguine contre sa
volonté, car «l'obligation faite au médecin de toujours respecter la volonté du malade en l'état de
l’exprimer (...) trouve sa limite dans l'obligation du médecin de protéger la santé, c'est à dire, en
dernier ressort, la vie de l'individu ».
137
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

vie en danger ne peut être réalisé sans avoir respecté la procédure collégiale définie par le
code de déontologie médicale et sans que la personne de confiance prévue à
l'article L.1111-6 ou la famille ou, à défaut, un de ses proches et, le cas échéant, les
directives anticipées de la personne, aient été consultés. La décision motivée de limitation
ou d'arrêt de traitement est inscrite dans le dossier médical ».

L’intégrité du consentement :

395. La notion de l’intégrité du consentement est importante : il doit être exclusif de


tout vice, d’erreur, de dol et de violence, comme l’indiquent les deux articles du Code civil
suivants : l’article 1113 du CC qui dit que « La violence est une cause de nullité du contrat,
non seulement lorsqu'elle a été exercée sur la partie contractante, mais encore lorsqu'elle
l'a été sur son époux ou sur son épouse, sur ses descendants ou ses ascendants », et
l’article 1116 du CC qui précise que « Le dol est cause de nullité de la convention lorsque
les manoeuvres pratiquées par l’une des parties sont telles, qu’il est évident que, sans ces
manœuvres, l’autre partie n’aurait pas contracté ».

La sincérité du consentement à l’acte de soins :

396. Il semble difficile d’évaluer dans quelle mesure le consentement d’une personne
peut être réel. En effet, il présente une limite qui n’est pas des moindres en cas de litige,
celle de la sincérité du patient.

La sincérité du consentement à l’acte de soins ne devrait pas pouvoir être mise en doute.
Certains éléments peuvent permettre de l’apprécier. Ce sont, entre autres, l’information
détaillée sur les prix, les prestations, le délai de réflexion et la possibilité de rétractation
même si les soins ont commencé.

Le refus de consentement à l’acte de soins :

397. Lorsque le patient est capable d’exprimer sa volonté, il peut tout à fait refuser
les soins qui lui sont proposés465. Monsieur Gérard MÉMETEAU rappelle qu’au nom du
principe d’intégrité de la personne humaine, « chacun a le droit de décider de ce qu’on

465
Art. L 1111-4 du CSP, al.2.
138
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

pourra faire à son corps et, partant, de refuser un traitement médical auquel il n’a pu
consentir466». Le praticien doit respecter ce refus, même si ce choix met la vie du patient
en danger. Mais cependant, il doit tout mettre en œuvre pour le faire changer d’avis, et
insister sur les conséquences de ce choix.

398. Le patient peut également retirer « à tout moment » son consentement467.


L’article L. 1111-4 al.3 du Code de la santé publique prévoit qu’ « aucun acte médical ne
peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne, et ce consentement
peut être retiré à tout moment ». C’est là un écueil dans l’établissement d’un véritable
contrat de soins. La possibilité d’une des parties de se retirer à tout moment compromet
l’établissement d’un contrat qui se caractérise par « la pérennité de la volonté et le respect
des engagements 468».

399. Le fait de donner ou non le consentement aux soins est un des droits
fondamental du patient qui lui permet d’être un véritable acteur dans la relation de soins469.

400. Dans le cas ou le refus de consentement met en jeu le pronostic vital du patient,
le médecin peut passer outre ce consentement, si les trois conditions suivantes sont
respectées :
- il faut que la vie du patient soit en danger.
- il ne faut pas qu’il existe une ou plusieurs autres alternatives thérapeutiques.
- il faut que les soins soient indispensables à la survie du patient, et proportionnés à
son état, c'est-à-dire que le praticien prenne en compte les bénéfices escomptés par rapport
aux risques encourus470.

401. Le contrat de soins est consensuel et il n’est soumis à aucune condition de


forme. Les relations entre les deux parties sont basées sur des rapports de confiance. La loi
n° 2002-303 du 4 mars 2002 a voulu pallier à l’insuffisance de la relation médicale en

466
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, op. cité, n° 502.
467
Art. L 1111-4 du CSP, al.3.
468
DREIFUSS-NETTER F., « Feue la responsabilité contractuelle du médecin ? », Resp. civ. et assurance,
oct. 2002, chrn. n°17, p.4
469
HERVE C. et MOUTEL G., « Accès aux soins, accès aux droits et éducation à la santé : les enjeux de la
prise en charge globale des patients. », Presse Méd., 2001, 30, 15 : 740-744.
470
CE, ass., 26 octobre 2001, Mme X, req. , n° 198546, JCP G 2002, II, 10025, note J. MOREAU ; JCP G
N° 15, 10 avril 2002, I, 128, jurisprudence constitutionnelle, par MATHIEU B. et VERPEAUX M.
139
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

autorisant « la personne malade » à désigner une « personne de confiance471 ». Cette


personne ne peut consentir à la place du malade. Son rôle est d’aider ce dernier et de veiller
à la bonne marche des soins. La loi a voulu la présence d’un tiers qui s’impose dans la
relation de soins et qui surtout, la surveille. Cette présence qui au départ veut rééquilibrer
la relation entre le patient et le praticien, pour rendre la position du patient plus forte, n’est-
elle pas le signe d’une perte de confiance, ou d’un affaiblissement de la confiance
indispensable à l’établissement du contrat de soins ? Monsieur Benjamin PITCHO va
même jusqu’à écrire que « la confiance qui s’exprimait dans le respect inconditionnel de
l’avis médical et de la compétence de son praticien a disparu au profit d’une confiance
consumériste qui nécessite la présence d’un médiateur dans les relations sanitaires472 :
seul un tiers extérieur à l’équipe médicale bénéficie de la confiance de la personne
malade, les professionnels étant, par nature, trop prompts à tromper le patient. Leur
probité est mise en doute préalablement à toute intervention 473».

402. Il semble que, dans une certaine mesure, la relation de confiance soit souvent
entachée de défiance, voire, de méfiance. Ce qui peut compromettre la relation de soins.
Normalement, c’est le patient qui choisit le praticien en fonction de la confiance qu’il lui
inspire474. Il est difficile de se dire que le patient pourrait choisir ce praticien uniquement
en raison de ses compétences techniques. Ce serait abonder dans le sens de ceux qui
veulent voir dans une attitude de consumérisme médical, l’abandon des valeurs
d’humanisme dans la relation de soins.

La preuve du consentement à l’acte de soins :

403. La preuve de l’existence du consentement à l’acte de soins peut se faire par tous
moyens, comme la production des notes d’honoraires, le carnet de rendez-vous, les
témoignages, les devis, le livre de comptabilité et les feuilles de soins475.

471
Art. L. 1111-6 du Csp.
472
Ce médiateur est la « personne de confiance ».
473
PITCHO B., op. cité, n° 324
474
AUBY J-M., PÉQUIGNOT H., SAVATIER R., Traité de droit médical, op. cit. n° 237.
475
Cass. civ. 1ère 20 décembre 2000, Dalloz, 2001, 407 : au sujet de la preuve du paiement par la signature
de la feuille de soins.
140
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

404. Une décision de la Cour de cassation en date du 24 janvier 2006476 a tenu


compte de la longueur des travaux prothétiques, dans ce cas donné, d’avril 1994 à
novembre 1995477, pour en déduire le consentement du patient. Elle a considéré que le
patient a suffisamment été averti des conséquences de son choix et que le praticien n’était
pas en faute. Ce cas illustre bien l’importance, pour le praticien, d’informer son patient des
limites et des risques du traitement choisi. Monsieur Marc SABEK pose la question de
savoir s’il faut « à l’avenir, recourir à un document écrit, précis, personnalisé,
mentionnant toutes les options thérapeutiques possibles, leurs risques et limites respectifs,
et indiquant in fine, le choix du patient ?[…] Il faudra, dans ce cas, personnaliser le
document qui prouve le consentement éclairé : diagnostic détaillé, objectifs
thérapeutiques, options techniquement et scientifiquement possibles avec le volet financier
de chacune et choix du patient après une période de réflexion d’autant plus longue que le
traitement envisagé est complexe478».

405. Le consentement à l’acte de soins ne doit pas être que l’expression de la


justification de l’atteinte à l’intégrité du corps humain. Il doit représenter le libre choix du
patient, suite à l’information qu’il aura reçu, à condition que cette information ait été
adaptée à sa situation et à sa compréhension. Ce n’est qu’à cette condition que ce
consentement à l’acte de soins sera valable, et permettra d’instaurer, outre la relation de
soins, une réelle relation de confiance qui facilitera grandement les soins.

406. L’article 16-3 du Code civil pose le consentement comme la condition préalable
à l’atteinte au corps humain. L’article L. 1111-4 al. 1er du CSP va beaucoup plus loin dans
le rôle décisionnaire du patient : non seulement, celui-ci consent, mais il décide lors d’un
dialogue qui « présume la présence de deux experts dans la consultation, le médecin qui en
connaît plus sur les médicaments, sur les traitements, et le patient qui est l’expert de ses
priorités, seul en mesure de se prononcer sur ce qui est décisif pour lui entre, notamment,
la qualité de sa vie et la quantité de vie479 ». Le patient acquiert alors un rôle beaucoup

476
Cass. 1ère civ. 24 janvier 2006, n° 04-16837
477
Les travaux ont été interrompus à l’initiative du patient: le praticien avait prévu un bridge complet, le
patient, en cours de réalisation, a voulu 4 bridges séparés, ce que le praticien a finalement fait, et une des
molaires en céramique s’est fracturée. Le patient a donc interrompu les soins et mis en cause la
responsabilité du praticien.
478
SABEK M., « Conception prothétique et devoir d’information. », Le CDF, 2006, n°9, p. 454.
479
LAUDE A. et al., Droit de la santé, PUF, coll. « Thémis Droit », 2007, p. 352.
141
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

plus important et devient véritablement responsable de ses choix de traitements. Le


législateur le promeut au rang d’expert, ce qui pourrait exonérer le praticien des
conséquences négatives de ses choix, à savoir les risques encourus, les suites opératoires et
les séquelles éventuelles, à condition que toutes les informations aient été échangées lors
du dialogue des deux parties.

SECTION III : LE SECRET MEDICAL.

407. Le secret médical, en chirurgie dentaire, n’est que le cas particulier du secret
professionnel. Il tient sa spécificité, par rapport au secret médical et au secret en général,
du Code de déontologie dentaire, inclus dans le Code de la santé publique et qui lui est
propre.

1. GENERALITES.

408. Le secret est l’ensemble des connaissances et des informations qui doivent être
réservées à quelques uns et que le détenteur ne doit pas révéler480.

Le secret médical est l’un des fondements de l’exercice de la médecine en France. Il


intervient comme une valeur fondamentale dans la relation entre le praticien et son patient.
Le praticien ne doit pas révéler des confidences et des faits appris dans l’exercice de sa
profession, sauf dans les cas prévus par la Loi.

409. Le secret médical est un droit du patient qui a été réaffirmé par la loi du 4 mars
2002. En effet, l’article L. 1110-4 du CSP, issu de la loi du 4 mars 2002, indique que
« Toute personne prise en charge par un professionnel, un établissement, un réseau de
santé ou tout autre organisme participant à la prévention et aux soins, a droit au respect de
sa vie privée et du secret des informations la concernant ».

480
Définition du Larousse 2010.
142
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

410. C’est aussi un symbole, « le symbole du respect que le médecin doit avoir pour
son malade. Il appartient à une certaine idée de la médecine qui suppose la liberté du
malade, l’indépendance du médecin dans ces décisions, la responsabilité personnelle481».

A/ L’origine du secret médical :

411. Sa nature relève de l’éthique (de ethicos qui signifie en grec, ce qui est moral).
Sa première formulation apparaît dans le célèbre Serment d’HIPPOCRATE, rédigé cinq
siècles avant l’ère chrétienne : « Quoi que je voie ou entende dans la société pendant
l’exercice ou même hors de l’exercice de ma profession, je tairai ce qui n’a jamais besoin
d’être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas ».

412. Cette contrainte morale a évolué vers une contrainte d’ordre juridique, avec la
rédaction du premier Code pénal de 1810, qui officialise le secret en le liant au corps
médical. L’obligation au secret se retrouve dans les articles 226-13 et 226-14 du nouveau
Code pénal, refondu par les lois du 22 juillet 1992482. Les modalités du secret médical sont
précisées dans les versions successives des Codes de déontologie médicale et dentaire.

B/ Sa nécessité :

413. Le secret médical est indispensable pour trois raisons. C’est d’abord le gage de
la confiance que le patient va accorder au praticien dans la relation de soins. Il est
nécessaire au-delà de la relation de soins, pour des raisons d’ordre privé ainsi que pour le
respect de l’ordre public.

Le secret médical, gage de la relation de confiance entre le patient et le praticien :

414. Tout d’abord, il permet d’établir une relation de confiance mutuelle entre le
praticien et son patient, en astreignant le premier à la confidentialité des soins dispensés au

481
VILLEY R., Histoire du secret médical, éd. Seghers, 1986, p. 163.
482
Loi n° 99-684 ; loi n° 99-686, loi n° 99-685, loi n° 99-683, du 22 juillet 1992, lois réformant le Code
pénal, JO du 23 juillet 1999
143
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

second. Ce fait est illustré par une décision de la Cour de cassation du 7 décembre 1955 qui
affirme qu’ « en imposant à certaines personnes, sous une sanction pénale, l’obligation du
secret comme un devoir de leur état, le législateur a entendu assurer la confiance qui
s’impose dans l’exercice de certaines professions483 ».

415. La confiance est nécessaire à la relation de soins. Le devoir de se taire qui


devient tacitement un devoir de silence, confère à cette relation une dimension mystique,
qui dépasse le cadre juridique contractuel. Le serment d’HIPPOCRATE parle même de
« mystères », dans son cinquième paragraphe que nous citons : « Les choses que, dans
l’exercice ou même hors de l’exercice de mon art, je pourrai voir ou entendre sur
l’existence des hommes et qui ne doivent pas être divulguées ou au dehors, je les tairai,
estimant que ces choses là ont droit au respect des Mystères484 ».

416. Le Professeur Louis PORTES485, Premier Président élu du Conseil National de


l’Ordre des Médecins, rappelle l’importance de la notion de confiance dans la relation de
soins lorsqu’il écrit que « Le secret professionnel est, en France du moins, la pierre
angulaire de l’édifice médical et il doit le rester parce qu’il n’y a pas de médecine sans
confiance, de confiance sans confidences et de confidences sans secret ».

Le secret médical, nécessité d’ordre privé :

417. Le secret est aussi nécessaire pour des raisons d’ordre privé, parce que « chacun
a droit au respect de sa vie privée486 ».

Le secret médical, pour le respect de l’ordre public :

418. Le secret est nécessaire pour des raisons d’ordre public : le secret est en effet
indispensable au maintien de l’ordre social, c'est-à-dire dans l’intérêt de tous car « Le bon
fonctionnement de la société veut que le malade trouve un médecin, le plaideur un

483
Cass. civ ; 1ère, 7 décembre 1955, JCP éd. G, 1956, II, 9246
484
Serment d’Hippocrate, ligne 23 à 26.Il y est fait allusion aux «Mystères d’Eleusis», culte religieux très
fermé de l’époque auquel beaucoup de philosophes dont Platon et Aristote, avaient été initiés, annexe 1.
485
PORTES L., À la recherche d’une éthique médicale, Paris : PUF, Masson, 1954, p. 131. Cf. Bruno PY,
« Le secret professionnel », l’Harmattan, La justice au quotidien n° 28, 2005.
486
Art. 9 du Code Civil.
144
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

défenseur, le catholique un confesseur mais ni le médecin ni l’avocat, ni le prêtre ne


pourraient accomplir leur mission si les confidences qui leur sont faites n’étaient assurées
d’un secret inviolable. Il importe donc à l’ordre social que ces confidents nécessaires
soient astreints à la discrétion et que le silence leur soit imposé sans conditions ni réserves
car personne n’oserait plus s’adresser à eux si l’on pouvait craindre la divulgation du
secret confié487.

C/ Les caractères du secret médical :

Il est général et absolu :

419. L’arrêt de la Cour de cassation du 8 Mai 1947 définit juridiquement le secret


professionnel médical comme étant général et absolu : « l’obligation au secret
professionnel…établie pour assurer la confiance nécessaire à l’exercice de certaines
professions ou de certaines fonctions, s’impose aux médecins comme un devoir de leur
état. Elle est générale et absolue et il n’appartient à personne de les en affranchir. Ils sont
dès lors fondés à s’en prévaloir pour refuser de déposer en justice sur des faits dont ils
n’ont eu connaissance qu’à l’occasion de l’exercice de leur profession488».

Le secret est général, c’est à dire à l’égard de toute personne autre que le malade lui-
même.

Il est absolu : il couvre la totalité des informations concernant le patient.

420. Il est la propriété du patient : lui seul a le droit d’en disposer, ainsi que le précise
l’arrêt du Conseil d’État du 11 Février 1972489: « Les secrets que les médecins ne peuvent
révéler sont ceux qu’en raison de leur état, de leur profession ou des fonctions qu’ils
exercent, on leur confie. C’est du malade seul que dépend le sort des secrets qu’il a confiés
à un médecin et que celui-ci a pu déduire de son examen et par suite le sort des documents
médicaux concernant ledit malade ».

487
GARCON E., Code pénal annoté, Sirey, art. 78
488
Cass. crim. 8 mai 1947, Dalloz 1948, jp, p. 109, arrêt DEGRAENE.
489
CE, 11 février 1972, n° 76799.
145
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

421. Il n’est pas opposable au patient : le malade a droit à l’information sur son état.
L’arrêt du Conseil d’État du 12 avril1957 précise bien que « L’obligation de respecter le
secret professionnel qui est imposée au médecin…n’a pas pour objet et ne peut avoir pour
effet d’interdire au médecin de faire connaître à son client lui-même les constatations
médicales qu’il est en mesure de faire sur sa personne ; que par suite, cette obligation
n’interdit pas d’avantage au médecin, lorsqu’il est spécialement requis par son client, de
délivrer à celui-ci des certificats, attestations ou documents destinés à exprimer les dites
constatations490».

Le secret professionnel est inviolable, sauf en cas d’autorisation par la loi, c’est à dire dans
le cadre des différentes dérogations légales, « dans trois cas principaux : l’exercice de la
défense, les mécanismes de déclarations et le signalement de certaines maltraitances491».

2. LES TEXTES.

A/ Le texte fondateur:

422. L’article 378 du Code pénal de 1810 en est le texte fondateur: il y est dit que
« Les médecins, chirurgiens ou autres officiers de santé, ainsi que les pharmaciens les
sages-femmes et toutes autres personnes dépositaires par état ou par profession ou par
fonctions temporaires ou permanentes, des secrets qu’on leur confie, qui, hors les cas où la
loi les oblige à se porter dénonciateurs, auront révélé ces secrets, seront punis d’une
amende de 100 à 500 frs ».

490
CE, ass. pleinière, 12 avril 1957, Dalloz 1957, jp. p. 336, concl. GAZIER ; JCP 1957, II, 10146 ; Gaz.
Pal. 1957, 2, 84.
491
PY B., « Le secret professionnel », in « Les grandes décisions du droit médical », ss dir. VIALLA F.,
L.G.D.J.,éd. Lextenso, Paris, 2009, n° 317.
146
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

B/ Les textes actuels :

423. Ce sont les articles 226.13 et 223.14 du nouveau Code pénal de 1994 qui traitent
« de l’atteinte au secret professionnel » :
- l’article 226.13 dit que : « la révélation d’une information à caractère secret par
une personne qui en est dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d’une
fonction ou d’une mission temporaire, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000
euros d’amende »,
- l’article 226.14 précise que « L’article 226.13 n’est pas applicable dans les cas où
la loi impose ou autorise la révélation du secret. En outre, il n’est pas applicable:
À celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives de privations ou
de sévices, y compris lorsqu’il s’agit d’atteintes sexuelles, dont il a eu connaissance et qui
ont été infligées à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en
raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique ;
Au médecin qui, avec l’accord de la victime, porte à la connaissance du Procureur de la
République les sévices ou privations qu’il a constatés, sur le plan physique ou psychique,
dans l’exercice de sa profession et qui lui permettent de présumer que les violences
physiques, sexuelles ou psychiques de toute nature ont été commises. Lorsque la victime est
mineure, son accord n’est pas nécessaire…
Le signalement aux autorités compétentes, effectué dans les conditions prévues au présent
article, ne peut faire l’objet d’aucune sanction disciplinaire. »

424. Les dispositions concernant le secret médical se retrouvent dans la loi du 4 mars
2002492, le Code de déontologie dentaire et le Code de déontologie médicale. Dans la loi
du 4 mars 2002, la notion de secret professionnel est renforcée par l’article L 1110.4 du
Code de la santé publique : « Toute personne prise en charge par un professionnel, un
établissement, un réseau de santé ou tout autre organisme participant à la prévention ou
aux soins a droit au respect de sa vie privée et du secret des informations la concernant ».

425. Dans ce même article, l’obligation au secret professionnel est élargie et concerne
toutes les personnes impliquées dans le domaine de la santé : « le secret s’impose à tout

492
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé,
Journal Officiel de la République française, 5 mars 2002.
147
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

professionnel de santé, ainsi qu’à tous les professionnels intervenant dans le domaine de la
santé ».

426. Dans le Code de déontologie dentaire désormais inclus dans le Code de la santé
publique493, l’obligation au secret professionnel est affirmée par l’article R.4127-207 du
CSP494, en ce sens que « Le secret médical s’impose à tout chirurgien-dentiste sauf
dérogations prévues par la loi.
Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du chirurgien-dentiste dans
l’exercice de sa profession, c’est à dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce
qu’il a vu, entendu ou compris ».

427. En matière de secret professionnel, le chirurgien-dentiste est également


responsable de son personnel, des locaux et du matériel qu’il emploie. Deux articles du
Code de déontologie l’expriment de manière formelle :
• L’article R.4127-207 du CSP495, au sujet des personnes, qui précise que « Le
chirurgien-dentiste doit veiller à ce que les personnes qui l’assistent dans son travail
soient instruites de leurs obligations en matière de secret professionnel et s’y conforment ».
• L’article R.4127-208 du CSP496, au sujet des documents, qui énonce qu’ « En vue
de respecter le secret professionnel, tout chirurgien-dentiste doit veiller à la protection
contre toute indiscrétion des fiches cliniques, ces documents et des supports informatiques
qu’il peut détenir ou utiliser concernant des patients.
Lorsqu’il utilise ses observations médicales pour des publications scientifiques, il doit
faire en sorte que l’identification des patients soit impossible ».

428. Il existe trois cas particuliers au sujet du secret professionnel en chirurgie


dentaire :

Ils concernent les chirurgiens-dentistes contrôleurs des organismes de sécurité sociale,


les chirurgiens-dentistes experts dans le cadre de leur mission juridique et les
praticiens salariés.

493
Décret du 29 juillet 2004.
494
Ancien art. 5-1 du CDD
495
Ancien art.5-1 du CDD.
496
Ancien art.5-2 du CDD.
148
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

À propos des chirurgiens-dentistes contrôleurs, il est dit, dans l’article 4127-255 du


CSP497, que « le chirurgien-dentiste chargé du contrôle est tenu au secret professionnel vis
à vis de l’administration ou de l’organisme qui l’emploie. Les conclusions qu’il lui fournit
ne doivent être que d’ordre administratif sans indiquer les raisons d’ordre médical qui les
motivent.
Les renseignements d’ordre médical contenus dans les dossiers établis par le praticien ne
peuvent être communiqués ni aux personnes étrangères au service médical ni à une autre
administration ».

Pour ce qui est des chirurgiens-dentistes experts, l’article 4127-258 du CSP498 précise que
« Dans la rédaction de son rapport, le chirurgien-dentiste expert ne doit révéler que les
éléments de nature à fournir les réponses aux questions posées dans la décision qui l’a
nommé.
Hors ces limites, le chirurgien-dentiste expert doit taire ce qu’il a pu apprendre à
l’occasion de sa mission ».

Et en ce qui concerne les chirurgiens-dentistes salariés, il faut savoir que le contrat qui lie
le praticien et son employeur est tenu de respecter les règles du Code de déontologie
dentaire. En conséquence, c’est implicitement que le chirurgien-dentiste salarié est tenu au
secret professionnel.

429. L’article 4127-255, dernier alinéa du CSP499, indique que « Le Conseil de


l’Ordre veille à ce que les dispositions du contrat respectent les principes édictés par la loi
et le présent code ». Le Conseil de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes est le garant de la
profession et du respect des dispositions du Code de déontologie dentaire.

430. Certains articles du Code de déontologie médicale ne sont pas retranscrits pour
le moment dans le CDD actuel, mais leur signification est applicable aux chirurgiens-
dentistes.

497
Ancien art. 48 du CDD.
498
Ancien art. 51 du CDD, alinéas 2 et 3.
499
Ancien art. 48 du CDD.
149
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Ainsi, l’article R4127-4 du CSP500 note que « le secret professionnel, institué dans l’intérêt
des patients, s’impose à tout médecin dans les conditions établies par la loi.
Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin dans l’exercice de sa
profession, c'est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu’il a vu,
entendu ou compris ».

L’article R4127-71 du CSP501 précise que « Le médecin doit disposer, au lieu de son
exercice professionnel, d’une installation convenable, de locaux adéquats pour permettre
le respect du secret professionnel...»

Et l’article R4127-72502 dit que « Le médecin doit veiller à ce que les personnes qui
l’assistent dans son exercice soient instruites de leurs obligations en matière de secret
professionnel et s’y conforment.
Il doit veiller à ce qu’aucune atteinte ne soit portée par son entourage au secret qui
s’attache à sa correspondance professionnelle ».

Dans l’article R4127-73503, « Le médecin doit protéger contre toute indiscrétion les
documents médicaux concernant les personnes qu’il a soignées ou examinées, quels que
soient le contenu et le support de ces documents. Il en va de même pour les informations
médicales dont il peut être le détenteur ».

Et dans l’article R4127-95504, « Le fait pour un médecin d’être lié dans son exercice
professionnel par un contrat ou un statut à une administration, une collectivité ou tout
autre organisme public ou privé n’enlève rien à ses devoirs professionnels et en particulier
à ses obligations concernant le secret professionnel et l’indépendance de ses décisions ».

500
Ancien art. 4 du CDM.
501
Ancien art. 71 du CDM.
502
Ancien article 72 du CDM.
503
Ancien article 73 du CDM.
504
Ancien article 95 du CDM.
150
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

431. Dans le Code de la sécurité sociale:

L’article L. 161-36, al.1 du Code de la sécurité sociale, créé par la loi n° 2004-810 du 13
août 2004, pose les mêmes règles que l’article L. 1110-4 du Code de la santé publique505.

3. LES ASPECTS JURIDIQUES DU SECRET PROFESSIONNEL.

432. Le secret médical couvre l’ensemble des informations concernant le patient et


venues à la connaissance des débiteurs de l’obligation de se taire. Ces informations sont de
nature médicale ou non. La révélation du secret, hors les dérogations légales, constitue une
faute.

A/ La violation du secret professionnel :

433. La révélation d’une information à caractère secret est une infraction pénale.
L’article 378 du Code pénal de 1810 concernait en premier les médecins et praticiens de
santé. L’article 226.13 du Code pénal actuel vise toute personne à qui un secret a été
confié, de par son état ou sa profession. Et l’article L.1110 - 4 du Code de la santé publique
ajoute que « le fait d’obtenir ou tenter d’obtenir la communication de ces informations en
violation du présent article est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros
d’amende ».

B/ Les personnes assujetties au secret :

434. Selon l’article L. 1110-4 du CSP, le secret professionnel s’impose à toutes les
personnes impliquées dans l’acte médical.

La loi du 4 mars 2002506 précise qui sont ces personnes :


- tout professionnel de santé ;

505
Voir supra n° 422.
506
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002, parue au JO du 5 mars 2002.
151
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

- tout membre du personnel de l’établissement de soins ;


- tous les organismes participant à la prévention et aux soins.

Il ne doit en aucun cas être révélé à un tiers : seul l’intéressé peut en disposer. De plus, il
est général et absolu.

C/ L’objet du délit :

435. Il faut qu’il y ait un secret, c’est à dire une information confidentielle. Mais il
peut simplement s’agir « de faits susceptibles d’être connus », comme l’a indiqué la Cour
de cassation, dans une décision déjà ancienne, de 1947507.

Ce secret est soit à caractère professionnel, soit découvert fortuitement par le praticien au
cours de l’exercice de sa profession.

Le délit :

436. Il est constitué par la révélation du secret. Qu’elle soit malveillante ou non, cette
divulgation est coupable, quelle qu’en soit la raison. La révélation d’une information à
caractère secret est pénalement sanctionnée, selon l’article 226-13 du Code pénal, par un
an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.

D/ Les dérogations :

437. Elles concernent essentiellement l’exercice de la profession médicale. Mais il est


peut être intéressant de les citer de manière exhaustive, certaines pouvant concerner le
chirurgien-dentiste dans l’exercice de sa profession.

a) Les dérogations légales.

507
Cass. ch. crim., 8 mai 1947,II, Bull. crim. , n° 124 D 1948.109, note GULPHE.
152
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

438. Les déclarations obligatoires :

- la déclaration des naissances (art. 56 du Code civ.) ;


- la déclaration des décès (art. L. 2223-42 du Code pénal) ;
- les maladies contagieuses à déclaration obligatoire (art. L. 3113-12 du CSP), car
« Font l'objet d'une transmission obligatoire de données individuelles à l'autorité sanitaire
par les médecins et les responsables des services et laboratoires d'analyses de biologie
médicale publics et privés :
1º/Les maladies qui nécessitent une intervention urgente locale, nationale ou
internationale ;
2º/Les maladies dont la surveillance est nécessaire à la conduite et à
l'évaluation de la politique de santé publique.
Un décret pris après avis du Haut Conseil de la santé publique définit la liste des maladies
correspondant aux 1ºet 2º. Les modalités de la transmission des données à l'autorité
sanitaire dans les deux cas, en particulier la manière dont l'anonymat est protégé, sont
fixées par décret en Conseil d'Etat ».
- les toxicomanies, dans certaines circonstances ;
- les alcooliques présumés dangereux (art. L. 355-2 du CSP) ;
- l’I.V.G. pour motif thérapeutique (loi du 23 Mars 1999, article 7) ;
- les certificats médicaux d’accident du travail et de maladie professionnelle (art. L.
441-6 et l. 461-5 du Code de la sécurité sociale) ;
- l’internement pour raison psychiatrique : hospitalisation à la demande d’un tiers,
hospitalisation d’office (art. L. 3212-1 à L. 3213-10 du CSP) ;
- les pensions militaires d’invalidité (loi n° 55-360 du 3 avril 1955) ;
- les pensions civiles et militaires de retraite (art. L. 31 du Code des pensions
militaires d’invalidité et des victimes de guerre) ;
- les certificats de santé des enfants ;
- les certificats de vaccination ;
- les incapables majeurs (art. 490 du Code civ. et art. L. 3211 – 6 du CSP) ;
- la lutte contre le dopage (loi n° 99-223 du 23 mars 1999) ;
- la contamination transfusionnelle par le virus d’immunodéficience humaine (VIH),
dans un cadre précis ayant pour but l’indemnisation de la victime ;
- la prévention et la maîtrise des risques graves pour la santé humaine (art. L. 1413-5
du CSP) ;

153
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

- la communication de toute information à l’Institut de veille sanitaire ;


- le signalement de grève de la faim chez un détenu, dans des conditions
particulières ;
- l’obligation d’indiquer les pathologies contre-indiquant le retour au pays d’origine
au centre de rétentions administratives, concernant les immigrés en situation irrégulière ;
- le médecin requis (pour garde à vue, constat de décès) est tenu de déférer à
réquisition (art. R. 642-1 du CSP) : il devra rédiger un certificat médical sur la
compatibilité de l’état de santé de l’intéressé avec la garde à vue dans les locaux de police
ou de gendarmerie en émettant éventuellement des réserves sans révéler d’informations de
nature médicale ;
- le médecin contrôleur est tenu au secret envers l’administration ou l’organisme qui
fait appel à ses services (art. R.1427-104 du CSP508) ;
- le médecin expert, comme le médecin requis, n’est délié du secret que dans le cadre
de sa mission (art. R. 4127-108 du CSP).

439. Les permissions de la Loi :

Les certificats de coups et blessures volontaires, dans les articles 222.19 et 222.20 du
Code pénal :
- L’article 222.19 du CP dit que « Le fait de causer à autrui, dans les conditions et
selon les distinctions prévues à l'article121-3, par maladresse, imprudence, inattention,
négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi
ou le règlement, une incapacité totale de travail pendant plus de trois mois est puni de
deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
En cas de violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à trois ans
d'emprisonnement et à 45 000 euros d'amende »,
- L’article 222-20 du CP précise que « Le fait de causer à autrui, par la violation
manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée
par la loi ou le règlement, une incapacité totale de travail d'une durée inférieure ou égale
à trois mois, est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende »,

508
Ses conclusions sont sur le plan administratif. Il ne peut, en aucun cas indiquer les raisons d’ordre
médical qui les motivent.
154
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Les certificats de coups et blessures involontaires, dans les articles 222-11, 222-13 et
222-14 du Code pénal :
- les mauvais traitements infligés à un mineur de moins de 15 ans ou à une personne
incapable de se protéger (article 226.14 du Code pénal), compte tenu de l’article 434.1 du
Code pénal sur la non dénonciation de crime : « Le fait, pour quiconque ayant
connaissance d'un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets, ou
dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être
empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de
trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ».
- L’article 236-6 du Code pénal sur la « non assistance à personne en péril ».
- La suspicion de violences physiques, sexuelles ou psychiques, dans l’article 226.14
du Code pénal.
- Les toxicomanies qui entrent dans le cadre des dérogations obligatoires et
facultatives.
- Les recherches dans le domaine de la santé, loi n° 94-548 du 1er Juillet 1994.509
- L’ évaluation d’activité dans les établissements de santé, dans la loi n° 94-548 du 1er
juillet 1994, dans l’article L 6113.7 du Code de la santé publique, qui dit que « les
établissements de santé, publics ou privés, procèdent à l'analyse de leur activité.
Dans le respect du secret médical et des droits des malades, ils mettent en oeuvre des
systèmes d'information qui tiennent compte notamment des pathologies et des modes de
prise en charge en vue d'améliorer la connaissance et l'évaluation de l'activité et des coûts
et de favoriser l'optimisation de l'offre de soins ».

Le droit d’accès au dossier hospitalier des médecins membres de l’Inspection Générale


des Affaires Sociales510, des médecins inspecteurs de la santé publique et des médecins
conseils des organismes sociaux d’assurance maladie, lorsque leur mission le nécessite, par
l’ordonnance du 24 avril 1996511 (dans les articles L315-1 et R166-1 du Code de la sécurité
sociale) :
- L’article L315-1 du CDSS note que « V. Les praticiens-conseils du service du
contrôle médical et les personnes placées sous leur autorité n'ont accès aux données de

509
Art. L 710.6 du Code de la santé publique.
510
IGAS.
511
Ordonnance n° 96-346, relative à la réforme de l’hospitalisation publique et privée
155
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

santé à caractère personnel que si elles sont strictement nécessaires à l'exercice de leur
mission, dans le respect du secret médical ».
- L’article R166-1 du CDSS indique que « Pour effectuer les contrôles prévus
respectivement par les articles L.162-29, L.162-30 et R.162-23, les praticiens conseils
mentionnés à l'article R.166-8 ont librement accès à tout établissement, service ou
institution sanitaire ou médico-sociale recevant des bénéficiaires de l'assurance maladie.
Tous renseignements et tous documents administratifs d'ordre individuel ou général utiles à
leur mission sont tenus à leur disposition par le directeur de l'établissement, du service ou
de l'institution dans le respect des règles du secret professionnel.
Tous renseignements et tous documents d'ordre médical, individuel ou général sont tenus à
leur disposition par les praticiens de l'établissement, du service ou de l'institution dans le
respect des règles du secret professionnel et de la déontologie médicale ».
- Le traitement automatisé des données nominatives dans la recherche, dans le
domaine de la santé, par la loi n° 94-548 du 1er juillet 1994.
- Le droit à la défense dans la mise en cause de la responsabilité professionnelle du
praticien.
- La rente viagère dans les articles 1968 à 1976 du Code civil qui autorisent le
médecin à délivrer un certificat pour dire si l’affection qui a entraîné le décès existait déjà à
la signature du contrat.
- L’assurance vie envers laquelle le médecin est strictement tenu au secret, mais qui
peut délivrer un certificat médical aux ayants droit de la personne décédée attestant que la
cause de la mort ne fait pas partie des clauses d’exclusion du contrat.
- Le testament, en ce qui concerne les facultés mentales du testateur : en cas de
procès, le secret est strictement encadré par la loi et il est absolu. Théoriquement, le
médecin devrait se retrancher derrière le secret dont il est le dépositaire.

440. Les dérogations issues de la loi du 4 mars 2002 :

- L’article L. 1110-4, al. 2 et 3 du CSP admet le secret partagé par une équipe
soignante.
- L’article L. 1111-6 du CSP introduit la notion de la personne de confiance, et
l’article l. 1110-4, al.6 permet à cette personne de confiance de recevoir les informations
concernant le malade, notamment en cas de diagnostic ou de pronostic grave.
- L’article L. 1110-4, al. 7 concerne le cas de la personne décédée. En principe, le

156
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

secret médical persiste après le décès. Mais trois motifs de dérogations sont possibles vis-
à-vis des ayants droits, sauf volonté expresse du défunt : lorsque les ayants droit désirent
connaître les causes de la mort lorsqu’ils désirent défendre la mémoire du défunt, et quand
ils veulent faire valoir leurs droits.

441. Les dérogations déontologiques en matière de chirurgie-dentaire :

Elles concernent notamment l’établissement de certificats en matière de traumatismes


bucco-dentaires volontaires (coups et blessures) ou involontaires (accidents). Ces
certificats, remis en main propre à l’intéressé, sont établis de manière détaillée pour lui
permettre de faire valoir ses droits. C’est l’article R.4127-229 du CSP512 qui indique que
« L’exercice de l’art dentaire comporte normalement l’établissement par le chirurgien-
dentiste, conformément aux constatations qu’il est en mesure de faire dans l’exercice de
son art, des certificats, attestations ou documents dont la production est prescrite par la
réglementation en vigueur…»

Le chirurgien-dentiste peut être amené, dans son exercice, à constater des sévices à
l’enfant, et l’article 4127- 235 du CSP513 dispose que « Lorsqu’un chirurgien-dentiste
discerne, dans le cadre de son exercice, qu’un mineur paraît être victime de sévices ou de
privations, il doit, en faisant preuve de prudence et de circonspection, mettre en œuvre les
moyens les plus adéquats pour le protéger et, le cas échéant, alerter les autorités
compétentes s’il s’agit d’un mineur de quinze ans, conformément aux dispositions du Code
pénal relatives au secret professionnel ».

512
Ancien art.25, alinéa 1 du CDD.
513
Ancien art. 29 du CDD.
157
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

4. LE ROLE DU CHIRURGIEN-DENTISTE.

A/ Dans le cas des accidents du travail et des maladies professionnelles :

442. Lorsqu’il existe des manifestations bucco-dentaires survenues dans le cadre


d’accident de travail ou de maladie professionnelle, le chirurgien-dentiste doit établir en
double exemplaire un certificat décrivant l’état de la victime, quelles sont les conséquences
de l’accident, ainsi que les suites éventuelles. Un exemplaire est envoyé à la Caisse
Primaire d’Assurance Maladie, l’autre est remis à la victime.

B/ Pour ce qui est des maladies contagieuses à déclaration obligatoire :

443. La déclaration est obligatoire par « toute personne donnant des soins » au
malade.514 L’affection est désignée par un numéro d’ordre car cette déclaration est
anonyme.

Le cas des maladies vénériennes :

Leur déclaration est obligatoire, notamment pour le V.I.H. Mais l’anonymat du patient doit
toujours être respecté.

C/ L’évolution jurisprudentielle :

a) Le secret médical partagé.

444. Les progrès de la médecine, la modification des rapports entre le praticien et son
patient et la multiplication des outils de communications nécessitent une évolution de la
notion de secret médical. L’article L 1110-4 du Code de la santé publique est ainsi une
consécration légale du secret médical partagé : le secret « collectif » est admis entre tous
les praticiens qui concourent au diagnostic et au traitement du patient : « sauf opposition de

514
Article L. 3113-1 du CSP et décret 86-771du 10 juin 1986 modifié par le décret n° 96-838 du 19
septembre 1996.
158
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

la personne dûment avertie, deux ou plusieurs professionnels de santé peuvent échanger


des informations relatives à une même personne prise en charge, afin d’assurer la
continuité des soins ou de déterminer la meilleure prise en charge sanitaire possible515 ».

445. Lorsqu’il est pris en charge au sein d’un établissement de santé, l’accord du
patient est présumé acquis en ce qui concerne le partage des informations par l’ensemble
de l’équipe soignante : « lorsque la personne est prise en charge par une équipe de soins
dans un établissement de santé, les informations la concernant sont réputées confiées par
le malade à l’ensemble de l’équipe516».

Mais ne doivent être divulguées que les informations nécessaires aux soins et à leur suivi et
ce, uniquement si le patient donne son accord.

b) La transmission des informations.

Le cadre légal :

446. Avant la loi du 4 Mars 2002517, hors du cadre de l’hospitalisation, il n’y avait pas
d’obligation pour le praticien de communiquer directement au patient le dossier concernant
sa santé. De plus, ce dossier médical ne pouvait être transmis que par l’intermédiaire d’un
médecin désigné à cet effet. C’est la loi du 31 juillet 1991518 et le décret du 30 mars 1992
qui régissaient les modalités de transmission des dossiers médicaux : « Les établissements
de santé publics ou privés sont tenus de communiquer aux patients recevant ou ayant reçu
des soins, sur leur demande et par l’intermédiaire du praticien qu’ils désignent, les
informations médicales contenues dans leur dossier médical (art. L712-2) ».

515
Art. L. 1110-4, al. 3.
516
ibid.
517
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé, JO du 5
mars 2002
518
Loi n° 91-748 du 31 juillet 1991 portant réforme hospitalière
159
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

447. Actuellement, ce sont la loi du 4 mars 2002, dans ses articles L.1111-7 et
suivants et le décret du 29 avril 2002519, qui organisent « l’accès du patient aux
informations personnelles détenues par les professionnels de la santé ».

448. Le principe de la médiation obligatoire est supprimé, le patient a un droit


d’accès direct à son dossier : « Toute personne […] peut accéder à ces informations
[concernant sa santé] directement ou par l’intermédiaire d’un médecin qu’elle désigne ».

Toutefois, dans le cadre d’hospitalisation d’office, ou sur demande d’un tiers, c'est-à-dire
en matière psychiatrique, ou en cas de risque d’une gravité particulière, cette médiation
peut être imposée : « La consultation des informations recueillies, dans le cadre de
l’hospitalisation sur demande d’un tiers ou d’une hospitalisation d’office, peut être
subordonnée à la présence d’un médecin désigné par le demandeur en cas de risque d’une
gravité particulière. En cas de refus du demandeur, la commission départementale des
hospitalisations psychiatriques est saisie. Son avis s’impose au détenteur des informations
comme au demandeur520 ».

Les propriétaires de l’information :

449. En ce qui concerne le sujet vivant, le droit direct d’accès est un droit
personnel, celui du patient, et le secret est restrictif en ce qui concerne l’information de la
famille, ainsi que l’énonce l’article L. 1112-1 du CSP : « En cas de diagnostic ou pronostic
grave, le secret médical ne s’oppose pas à ce que la famille, les proches de la personne
malade ou la personne de confiance définie à l’article L.1111-6 reçoivent les informations
nécessaires destinées à leur permettre d’apporter un soutien direct à celle-ci, sauf
opposition de sa part ».

450. Le législateur ne définit pas quel est le lien familial requis : ascendants,
descendants, collatéraux ? Il introduit cependant une notion nouvelle, la personne de
confiance.

519
Décret n° 2002-637 du 29 avril 2002 relatif à l’accès aux informations personnelles détenues par les
professionnels et les établissements de santé, en application des articles L. 1111-7 et 1112-1 du Code
de la santé publique.
520
Article L 1111-7 du CSP
160
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

La personne de confiance est désignée par écrit, par le patient majeur521. Cette décision est
révocable à tout moment. Cette personne a un double rôle: elle peut accompagner le patient
« dans ses démarches » et assister « aux entretiens médicaux afin de l’aider dans ses
décisions » ; elle sera « consultée au cas où [le patient] serait hors d’état d’exprimer sa
volonté ».

451. Le patient peut toujours s’opposer à ce que le praticien informe les proches ou la
personne de confiance.

Pour le défunt :

452. Le secret est autorisé aux ayants droit si le patient est décédé et s’il n’a pas
exprimé de son vivant sa volonté contraire. L’article L. 1110-a alinéa 7 indique que « le
secret médical ne fait pas obstacle à ce que les informations concernant une personne
décédée soient délivrées à ses ayants droit, dans la mesure où elles leurs sont nécessaires
[…] sauf volonté contraire exprimée par le défunt ».

Les autres titulaires du droit d’accès au secret médical :

Les praticiens–conseils 522:

453. L’article R. 4127-255 du CSP523 stipule que « le chirurgien-dentiste chargé du


contrôle est tenu au secret professionnel vis-à-vis de l’administration ou de l’organisme
qui l’emploie. Les conclusions qu’il lui fournit ne doivent être que d’ordre administratif
sans indiquer les raisons d’ordre médical qui les motivent. Les renseignements d’ordre
médical contenus dans les dossiers établis par le praticien ne peuvent être communiqués ni
aux personnes étrangères au service médical, ni à une autre personne ».
La loi du 4 mars 2002 complète cet article en disant que « V. Les praticiens conseils du
service du contrôle médical et les personnes placées sous leur autorité n’ont accès aux

521
L’article L. 1110-4, al. 6 du CSP introduit la notion de personne de confiance ou des proches, dans le
cas de diagnostic ou pronostic grave.
522
Article L.315-1 du Code de la sécurité sociale.
523
Ancien art. 48 du CDD
161
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

données de santé à caractère personnel que si elles sont strictement nécessaires à


l’exercice de leur mission, dans le respect du secret médical ».

Les chirurgiens-dentistes experts :

454. Dans le cadre de leur mission d’expertise, les chirurgiens-dentistes experts sont
tenus de prendre connaissance de tous les éléments nécessaires à la conduite de l’expertise.
Mais ils doivent taire ce qu’ils auront pu apprendre aux cours des opérations d’expertise, et
ne concernant pas le cadre de leur mission524.

Les membres de l’IGAS :

455. Les membres de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (article 42 de


la loi du 28 mai 1996) n’ont eux aussi « accès aux données de santé à caractère
personnel que si elles sont strictement nécessaires à l’exercice de leur mission lors de
la visite sur les lieux, dans le respect du secret médical ».

Les membres de la HAS :

456. « Les médecins expert des deux dernières catégories n’ont accès aux données de
santé à caractère personnel que si ces données sont strictement nécessaires à l’exercice de
leur mission, et ce, dans le respect du secret médical525 ».
Toutes les personnes collaborant au traitement des données et à l’élaboration des
recommandations sont tenues au secret et à la discrétion professionnelle.

D/ Secret médical et exercice de la chirurgie dentaire :

a) Le secret professionnel et les compagnies d’assurance.

457. L’arrêt de la Cour de cassation du 17 mai 1973526 considère que toute personne
dépourvue d’un intérêt légitime pour le malade est exclue de toute information couverte

524
Ancien art 51 du CDD.
525
Art. L. 1414-4 du CSP
526
Cass. ch. crim. ; 1ère, 17 mai 1973, D. 1976, 583, note DOLL
162
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

par le secret professionnel, en particulier le médecin conseil de compagnie d’assurance.


Celui-ci ne peut avoir accès au dossier du patient que s’il a une autorisation écrite de celui-
ci ou de ses ayants droits, en cas de décès. De même, la transmission de certificats ne se
fait que par l’intermédiaire dudit patient ou de ses ayants droits.

458. La suppression des demandes d’entente préalable par le régime général de la


sécurité sociale entraîne actuellement une conséquence particulière : certaines mutuelles et
assurances complémentaires ont leurs propres praticiens « contrôleurs » qui se
substitueraient au praticien conseil de la Caisse d’Assurance Maladie, en statuant sur
l’octroi d’un accord ou d’un refus de prestations, au vu des devis que le patient doit fournir
avant de commencer les soins.

459. La demande de tout renseignement, directement du praticien d’assurance au


praticien traitant ne peut se faire qu’avec l’accord du patient.

460. De même, au moment de la facturation, la plupart des mutuelles demandent les


numéros de dents, les schémas dentaires et les descriptions détaillées des prothèses
dentaires effectuées. Qu’en est-il du secret médical puisque ces données sont traitées
nominativement et par du personnel administratif parfois non qualifié ?

461. Il est vrai que les supports actuels posent le problème de confidentialité des
données à stocker et à transmettre.

b) Le secret médical et l’informatique.

462. La transmission des informations contenues dans le dossier médical est à la fois
plus aisée, mais pose le problème de la sécurité des réseaux de transmission. Les mesures
de protection destinées « à garantir la sécurité des informations, leur conservation sur
support informatique, comme leur transmission par voie électronique entre
professionnels », comme l’ « utilisation de la CSP (Carte de Santé Professionnelle), sont
soumises à des règles définies par décret en Conseil d’État, après « avis public et motivé »
de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés527».

527
La CNIL a élaboré des fiches pratiques pour aider les professionnels de santé à être vigilants sur les
problèmes de sécurité et de confidentialité des données informatiques : wwww.cnil.fr, dans la rubrique
163
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

463. Le projet de l’article R. 1110-1 du CSP permettra de garantir la confidentialité


des échanges informatiques. Il prévoit que tout professionnel de santé devra définir une
politique de confidentialité pour la conservation des supports informatiques et la
transmission par voie électronique des informations médicales.

464. Des mesures de sécurisation physique devront être prises en ce qui concerne les
modalités d’accès, les dispositifs d’identification (carte de professionnel de santé pour le
titulaire du cabinet et le personnel), le contrôle, l’habilitation, la traçabilité, le codage, etc.
Une réflexion s’impose quand au problème de conservation des données informatiques
dans le temps, la maintenance par une société de maintenance extérieure, les moyens de
conservation et leur mise en œuvre.

465. L’avenir du dossier médical partagé passe par la transmission électronique.


Certes les avantages de l’informatique sont nombreux, mais le maintien du secret médical
doit rester absolu, ce qui peut poser des problèmes de confidentialité des données528.

466. L'article L. 1111-8 de la loi du 4 mars 2002 impose que les « hébergeurs » de
site soient soumis à un agrément pris après avis de la CNIL et des Conseils de l'Ordre des
professions de santé.

c) Le secret professionnel et le téléphone.

467. Le téléphone est un moyen de communication indispensable dans la pratique


quotidienne, tant pour la relation avec le patient ainsi que sa famille, que celle avec les
confrères. Mais il peut être un outil dangereux pour la sauvegarde du secret professionnel :
en effet, l’interlocuteur n’est pas identifiable de manière certaine, et d’autre part, on ne fait
pas toujours attention à ce que les autres patients présents peuvent comprendre lors d’une
conversation téléphonique.

« Approfondir », cliquer « Dossiers », puis « Santé » et enfin « Fiches thématiques santé ». Source : La
Lettre, ONCD, Juin 2007, n°58, p.13
528
DAVER C., « La télémédecine, entre intérêt des patients et responsabilités. », Médecine et Droit, 41,
mars-avril 2000, 21.
164
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

468. Le décret n° 2010-1229 du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine autorise


« un professionnel médical à donner une consultation à distance à un patient529 ». Les
modalités de mise en œuvre de telles consultations restent à définir, d’autant plus, qu’en
cas de problème, c’est le praticien qui est responsable530. La sécurité et la confidentialité
des communications par Internet sont également à prendre en compte.

d) Le secret professionnel et l’isolation acoustique.

469. Le secret professionnel impose qu’aucune information ne transpire, que ce soit


vers l’extérieur des locaux, qu’entre les différentes pièces du cabinet dentaire531. Une
isolation phonique adaptée doit être prévue.

470. L’arrêté du 25 avril 2003532 relatif à la limitation du bruit dans les établissements
de santé s’applique aux bâtiments neufs des établissements de soins, ou aux parties
nouvelles des bâtiments existants et dont le permis de construire a été déposé après le 29
novembre 2003.
471. Cette règle générale peut donc s’appliquer aussi aux cabinets dentaires : des
niveaux d’isolation acoustique minimaux sont déterminés par la loi. Le bruit ne doit pas
excéder 42 décibels (dB) entre le local de soins et la salle d’attente ou les autres pièces
pouvant accueillir des patients. Il ne doit pas excéder 27 dB entre les voies de circulation
interne et toutes les pièces d’accueil du patient.

472. Cette isolation permet le respect de l’obligation de secret professionnel en


évitant que toute information concernant un patient soit entendue par un tiers, dans le
cadre de la relation de soins, ou lorsque le praticien s’adresse à son personnel.

473. Le secret médical est la propriété du patient. Lui seul peut décider de sa
divulgation. Hors le cadre des dérogations légales, le chirurgien-dentiste n’a pas à fournir
des informations concernant un de ses patient à un tiers quel qu’il soit.

529
Article R. 6316-1 du CSP
530
Ibid.
531
La Lettre, Ordre national des chirurgiens-dentistes, juin 2006, n° 48, p. 11.
532
Arrêté du 25 avril 2003 relatif à la limitation du bruit dans les établissements de santé, NOR :
DEVP0320067A.
165
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Le fait d’avoir le consentement du patient ne justifie pas la violation du secret


professionnel. Quelles que soient les dérogations prévues, sauf si la loi l’y oblige, le
praticien peut choisir de se taire, s’il estime en son âme et conscience qu’il doit le faire
dans l’intérêt de son patient.

474. Le secret médical est une notion complexe. La loi du 4 Mars 2002 renforce cette
notion en l’étendant « à tous les professionnels intervenant dans le domaine de la santé ».
Les dérogations légales et jurisprudentielles sont très nombreuses : le chirurgien-dentiste
doit toujours être vigilant, pour ne pas se trouver, lui ou les personnes qui travaillent avec
lui, en situation d’infraction, même s’il est « de bonne foi ».

475. Le partage du secret médical entraîne sa dilution, d’où de possibles difficultés


d’attribution de responsabilités individuelles en cas de violation de ce secret. Les
problèmes de sécurité et de confidentialité des supports des informations, ainsi que leur
transmission, sont aussi à prendre en compte.

476. L’obligation du secret, telle que la définit la Cour de cassation, demeure


« générale et absolue533 ». C’est une valeur fondamentale de la relation entre le chirurgien-
dentiste et son patient. C’est le praticien qui détient le secret, mais seul le patient a le droit
d’en disposer.

Chapitre 2 : Les obligations de science.

477. De la rencontre des deux volontés, celle du chirurgien-dentiste et celle de son patient,
naissent, outre les obligations de conscience, des obligations de science pour le chirurgien-
dentiste (Section I) comme pour le patient (Section II).

533
Cass. ch. crim., 8 mai 1947,II, Bull. crim. , n° 124 D 1948.109, note GULPHE.

166
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

SECTION I : LES OBLIGATIONS DU CHIRURGIEN-DENTISTE.

Les connaissances médicales, techniques et technologiques sont en perpétuelle évolution.


Le législateur impose au praticien de pratiquer son métier en fonction des « données
acquises de la science » et des « connaissances médicales avérées534 ». Les obligations de
science sont principalement l’obligation de qualité des soins (1), l’obligation de résultat et
de sécurité (2) et l’obligation de suivi thérapeutique (3). D’autres obligations comme
l’obligation d’assurance en responsabilité professionnelle, celle de conseil pour le choix
thérapeutique et celle d’assistance en cas de danger représente également des obligations
complémentaires de science (4), découlant du contrat de soins.

1. L’OBLIGATION DE QUALITE DES SOINS.

478. Le Conseil de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes défend l’obligation d’un


exercice professionnel de qualité. Cette obligation figure dans deux articles du Code de la
santé publique
- l’article R. 4127-204535, qui dit que « Le chirurgien-dentiste ne doit en aucun cas
exercer sa profession dans des conditions susceptibles de compromettre la qualité des
soins et des actes dispensés ainsi que la sécurité des patients » ;
- l’article R. 4127-238536, qui précise que le chirurgien-dentiste « doit limiter ses
prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité et à l’efficacité des soins ».

479. La publication de guides de recommandations ou de référentiels élaborés par les


autorités sanitaires officielles permet au chirurgien-dentiste d’exercer sa profession dans le
respect de critères bien définis537.

534
VIALLA F., « Données acquises de la science, connaissances médicales avérées » in « Les grandes
décisions du droit médical », ss dir. VIALLA F., LGDL, éd. Lextenso, Paris, 2009, p. 211 et suiv.
535
Ancien art.3-1 du CDD.
536
Ancien art. 31 du CDD.
537
La lettre, ONCD, mars 2003, n°15.
167
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

A/ Les recommandations de bonne pratique :

480. Le praticien doit toujours être au courant et actualiser ses connaissances : « tout
se passe comme s’il appartenait au professionnel, forcément « averti » ou « avisé »,…de
faire le nécessaire pour recueillir en permanence la documentation indispensable à son
activité, quel que soit le mode de diffusion dont elle ait fait l’objet538».

481. Jusqu’à la réforme des assurances sociales par la loi du 13 août 2004539, seule la
mise en cause de la responsabilité d’un praticien pouvait éventuellement mettre en doute sa
compétence professionnelle.

482. La volonté de mettre en place des outils d’évaluations de pratiques individuelles


par les caisses d’assurance maladie, pour les actes et les prescriptions, a pour but de
permettre de mieux observer le comportement des praticiens. Les caisses d’assurance
maladie et le service du contrôle médical peuvent désormais vérifier «…que les actes
pratiqués ou les traitements prescrits… respectent les recommandations de bonne pratique
clinique540...»

Différents outils ont été créés pour permettre aux praticiens de mieux respecter leurs
obligations, ce sont les Recommandations de Bonne Pratique (RBP).

a) Définition des RBP.

483. Les Recommandations de Bonne Pratique constituent une synthèse des données
scientifiques disponibles sur un sujet médical au moment de leur rédaction541. Elles
proposent une méthodologie adaptée à une situation donnée, pour aider le praticien dans
son exercice. Leur but est d’amener le praticien et le patient à rechercher les soins les plus
appropriés à une situation clinique donnée, en supprimant les attitudes « non-conformes »
et en gommant les disparités ou les variations de pratiques pouvant exister d’un praticien à
un autre.

538
SABLIERE P., « Les « documents référents », une nouvelle source du droit ? », AJDA, 2007, p. 66.
539
Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’Assurance Maladie, J.O. n° 190 du 17 août 2004.
540
SABLIERE P., op. cité, p. 66
541
Lettre du Collège Odontologie et Droit (COD), mèl : odontologie.droit@free.fr
168
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

C’est la HAS, ou Haute Autorité de Santé, qui est chargée d’élaborer ces
recommandations, en ce qui concerne la pratique clinique. Pour les produits de santé, dont
les médicaments, c’est l’AFSSAPS ou Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits
de Santé.

b) La HAS.

484. C’est une autorité indépendante à caractère scientifique, créée le 30 décembre


2004542. Elle a succédé à l’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en
Santé). Elle délivre des avis à valeur consultative mais qui ne peuvent pas être remis en
cause par une autre instance. Elle est composée de huit membres nommés pour 6 ans543 par
les Présidents de la République, du Sénat, de l’Assemblée Nationale et du Conseil
économique et social. Le Président de ce collège est nommé par le Président de la
République.

485. La HAS a pour mission544:

- D’évaluer et hiérarchiser le service attendu ou rendu des actes, prestations et produits


de santé.

- D’élaborer des recommandations545 sur les conditions de prise en charge du processus de


soins globaux dans le cadre du traitement de certaines pathologies, notamment les
affections de longue durée.

- De contribuer par son expertise médicale et de santé publique au bien-fondé et à la


pertinence des décisions dans le domaine du remboursement.

- De veiller à la diffusion de référentiels546 de bonne pratique et de bon usage des soins


auprès des professionnels de santé et à l’information du public dans ses domaines.

542
Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’Assurance Maladie, J.O. n° 190 du 17 août 2004.
543
Et renouvelable une fois.
544
La Lettre, ONCD, mars 2005, n° 35, p. 19.
545
Une recommandation est «un texte qui fixe ce qui est préconisé, ce qui est conseillé avec insistance de
faire», définition : REGARD R., «Petit lexique de l’accréditation, de la certification et autres
normes.», La Lettre, ONCD, janv-fév. 2004, n° 24, p. 26.
169
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

- D’établir et mettre en œuvre les procédures de certification547 des établissements de


santé.

486. Pour un thème donné, il existe trois niveaux de preuve scientifique qui
permettent la classification de ses recommandations :
- grade A : la preuve scientifique est établie.
- grade B : il y a présomption scientifique.
- grade C : il n’existe qu’un faible niveau de preuve scientifique.

487. Lorsqu’il y a absence de preuves, la HAS peut éventuellement proposer des


recommandations qui s’appuient sur « un accord professionnel fort » et/ou, sur les
conclusions d’une « conférence de consensus ».

488. Le chirurgien-dentiste est donc tenu de respecter ces RBP dans sa pratique
professionnelle, lorsqu’elles existent, puisqu’elles sont considérées comme des données
acquises de la science. Monsieur Pierre SARGOS a démontré que « les RMO, comme les
Recommandations de Bonne Pratique, ne peuvent être par principe, que la traduction des
données acquises de la science548 ».

489. Le non respect de ces recommandations peut être passible d’une sanction,
comme l’a considéré, pour un médecin, l’arrêt du Conseil d’État en date du 12 janvier
2005 : « la section des assurances sociales du Conseil National de l’Ordre des médecins a
pu, sans commettre d’erreur de droit, estimer que M. X. n’avait pas tenu compte pour
dispenser des soins à ses patients des données acquises de la science telles qu’elles

546
Une référence «consiste en l’énoncé d’une attente ou exigence permettant de satisfaire la délivrance
d’une prestation de qualité» définition op. cité ci-dessus.
547
La certification est une «attestation écrite délivrée, par un organisme certificateur indépendant et
agréé, à la suite d’un audit basé sur des normes, des références bien définies, établissant la
conformité de l’entité à ces références, à ces normes».
La norme est un document élaboré de façon consensuelle par un groupe d’experts, dont le but est de
rassembler des règles d’usage afin de définir ce qui est habituel, conforme à la moyenne et ce qui doit
être. Son but est de standardiser, de garantir des modes d’actions, de fonctionnement de qualité
permettant d’atteindre un objectif de résultat». Ce document est un repère, il n’est pas opposable. op.
cité ci-dessus.
548
SARGOS P., « Références Médicales Opposables (RMO) et responsabilité des médecins. », Médecine
et Droit, janv. 1998.
170
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

résultent notamment des recommandations de bonnes pratiques élaborées par l’ANAES


[…] et qu’il avait alors méconnu les dispositions du Code de déontologie549 ».
Cette décision montre bien que les recommandations éditées par l’ANAES, devenue la
HAS sont, pour le juge, des données acquises de la science.

490. Dans le même sens, une décision du Conseil d’État en date du 26 septembre
2005, dans une affaire opposant le ministre de la Santé et de la Protection Sociale au
Conseil National de l’Ordre des médecins, au sujet d’un arrêté du 5 mars 2004, affirme que
les recommandations sont édictées dans un sens qui les rend obligatoires, et elles ont de ce
fait, une valeur normative550.

491. Au départ, l’objectif de ces recommandations était de « proposer au médecin


une aide dans la manière de dispenser à chaque patient une information pertinente et de
qualité, tout au long du processus de soins, en tenant compte des besoins propres de ce
dernier551». Ces recommandations deviennent de nouvelles obligations, sont sources de
droit et de responsabilité. Monsieur Jean-Pierre MARKUS le dit bien, les
recommandations « entrent dans le raisonnement du juge, pour devenir source de
responsabilité médicale552».

492. Mais il faut se poser la question suivante : lorsqu’une recommandation est


publiée, qu’en est-il de son suivi ? Une donnée acquise de la science ne l’est qu’à un
moment donné ou pour un certain temps. L’évolution des moyens et des techniques ainsi
que celle des connaissances médicales peuvent la rendre rapidement obsolète. C’est
d’ailleurs là tout le problème de la mise sur le marché de médicaments dont on ne connaît
les effets secondaires à long terme qu’au bout de quelques années d’utilisation. Cette
Autorisation de Mise sur le Marché, ou AMM, peut ne pas être remise en question avant
qu’il y ait un certain nombre de déclarations d’accidents graves voire mortels, ou avant que
la corrélation soit faite entre des évènements indésirables et la prise de ces molécules .

549
CE, 12 janvier 2005, KERKERIAN M., n° 256001, RDSS 2005- 497, obs. MORET-BAILLY J.
550
CZUWAK S., « Chroniques de jurisprudence. », Jurisanté actualités, n°52, déc. 2005.
551
MARKUS J-P., « La faute du médecin et les bonnes pratiques médicales. », AJDA 2005, p. 1008.
552
Supra.
171
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

B/ Les conférences de consensus :

493. Monsieur Gérard MÉMETEAU souligne le danger du fruit des conférences de


consensus: il se demande si elles « auront la valeur d’usages techniques, ce qui aura une
incidence en droit de la responsabilité civile. La mise au point de ces conférences de
consensus par des sociétés scientifiques ou des instances officielles seront-elles des normes
à valeur scientifique553 ?».

Il s’interroge aussi pour savoir si « leur normativité scientifique, à la supposer certaine


d’abord, est-elle, ensuite, transformée de plein droit en normativité juridique, ce qui
constituerait une confusion entre deux ordres impératifs554 ?».

C/ Les usages :

494. En Droit, l’usage est qualifié d’ « espèce de source de droit ». Les usages
professionnels sont « une pratique particulière à une profession […] et dont la force
obligatoire est variable555 ».
Les usages peuvent être, à défaut d’autres éléments, consacrés par les parties d’un
contrat556 et ce, en vertu de l’article 1135 du CC qui stipule que « les conventions obligent
non seulement à ce qui est exprimé, mais encore pour toutes les suites que l’équité, l’usage
ou la loi donnent à l’obligation d’après sa nature ». Mais Monsieur Gérard MÉMETEAU
nous incite à la prudence, en écrivant que « ce n’est qu’avec une certaine prudence que ces
pratiques habituelles doivent être suivies557 ».

495. La chirurgie-dentaire est une spécialité en évolution constante et le praticien est


sans cesse amené à mettre en oeuvre de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques. Il
lui faut donc évaluer, pour un cas donné, s’il lui faut respecter les RBP quand elles

553
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, Bordeaux : Les Études Hospitalières, 2003, n°323
554
Ibid.
555
CORNU G., Vocabulaire juridique, association CAPITANT H., PUF, 7è éd., août 2005 p. 930.
556
Poitiers, 1ère section 28 oct. 1981 : «attendu que les usages professionnels consacrés par le contrat type
publié au JO s’imposaient à défaut de convention contraire ».
557
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, Les Études Hospitalières, 3ème éd., avril 2006, p.100.
172
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

existent, et dans le cas où elles lui paraissent dépassées ou obsolètes, il faudra qu’il justifie
l’existence de nouvelles connaissances médicales ayant un niveau de preuve supérieure, en
cas de mise en cause de sa responsabilité professionnelle.

D/ Nouvelles techniques :

496. Dans le cas où le chirurgien-dentiste utilise une nouvelle technique, il doit


mesurer quel peut être le bénéfice escompté pour le risque encouru, ce d’autant plus que
l’acte s’éloigne de la thérapeutique (par exemple, dans le domaine de la dentisterie
esthétique et cosmétique). L’information exhaustive du patient prend alors toute son
importance.

497. La pratique quotidienne du chirurgien-dentiste lui impose cette adaptation


constante à de nouvelles approches préventives, diagnostiques et thérapeutiques. Il est
obligé de se tenir informé des évolutions de sa profession pour respecter son obligation de
qualité de soins. Le cadre juridique de son exercice évoluera en même temps car « Le droit
évolue sans cesse mais l’essentiel demeure. Il n’est presque rien d’équitable et
d’inéquitable, de licite et d’illicite qui ne varie dans l’espace et surtout dans le temps558 ».

E/ Certifications et démarches qualité :

498. Le praticien est incité à faire des démarches de certification et des « démarches
qualité » : l’Association Dentaire Française et le Conseil National de l’Ordre des
chirurgiens-dentistes ont élaboré des référentiels permettant au praticien de s’auto-évaluer,
dans le cadre d’une démarche qualité.

499. Des officines de consultants proposent des « audits » de cabinets dentaires, pour
acquérir une certification de qualité ISO559 9001. Les normes ISO 9000 sont une série de
normes qui définissent « les dispositions à prendre dans une entité, relatives à

558
LECA A., la genèse du droit, Librairie de l’Université d’Aix en Provence et PU d’Aix-Marseille, Aix en
Provence, 1998, n° 199.
559
ISO = International Standardization Organization.
173
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

l’organisation, la formalisation, les actions pré-établies, afin que le client (ou le patient)
soit assuré de recevoir un produit conforme à ses exigences560».

500. Il ne faut pas confondre la qualité des soins et les systèmes de conditions de
service que concerne cette norme ISO 9001. La recherche d’une certification de service
risque de transformer le praticien en prestataire de service. Il ne faut pas oublier que seul le
Conseil de l’Ordre est le garant de la profession, et est seul habilité à juger de la qualité de
l’exercice professionnel d’un chirurgien-dentiste.

F/ Qualité des soins et choix thérapeutiques :

Le choix de la qualité de soins :

501. L’article L.1110-5 du CSP consacre ce droit à la qualité des soins : en effet,
« Toute personne a, compte tenu de son état de santé et de l’urgence des interventions que
celui-ci requiert, le droit de recevoir des soins les plus appropriés et de bénéficier des
thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure sécurité
sanitaire au regard des connaissances médicales avérées. Les actes de prévention,
d’investigation ou de soins ne doivent pas, en l’état des connaissances médicales, lui faire
courir des risques disproportionnés par rapport au bénéfice escompté ».

Le problème financier :

502. Cet article soulève quelques points litigieux : d’un point de vue financier, que
faire si le patient n’a pas les moyens d’opter pour une thérapeutique qui dépasse ses
moyens financiers, alors qu’elle est la plus adaptée, et que la loi n° 2002-303 du 4 mars
2002 lui donne le droit de recevoir les soins « les plus appropriés?». Entre plusieurs plans
de traitements, le praticien a le devoir de proposer celui qui est le plus efficace et le moins
risqué, mais ce n’est pas forcément celui qui sera abordable financièrement par le patient.

560
REGARD R., La Lettre, ONCD, janvier-février 2004, n°24, p. 26.
174
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Les autres choix possibles :

503. Le praticien a également l’obligation d’informer le patient sur « les autres choix
possibles561 ». Par une décision en date du 5 juillet 2005, la Cour de cassation considère
que l’insuffisance d’information, à savoir que le chirurgien-dentiste n’a pas indiqué à sa
patiente toutes les solutions prothétiques possibles – il ne lui avait pas proposé la solution
de prothèses totales amovibles haut et bas, constitue une faute. Mais pour obtenir une
indemnisation, la patiente devait prouver qu’elle avait subi un dommage. Dans ce cas, les
prothèses réalisées, qui n’étaient pas des prothèses totales amovibles haut et bas, ayant été
correctement réalisées, la Cour a considéré qu’il n’y avait pas de dommage. Le praticien,
pourtant fautif, n’a pas engagé sa responsabilité, puisque sa faute n’a pas occasionné de
dommage562 ;

La conception prothétique :

504. Le praticien a une obligation de résultat en ce qui concerne la fourniture d’une


prothèse dentaire. Une mauvaise conception peut entraîner la mise en cause de sa
responsabilité. Telle en a décidé une décision de la Cour de cassation en date du 23
novembre 2004 : « Mais attendu que, contrairement à ce que soutient le moyen, le
chirurgien-dentiste est, en vertu du contrat le liant à son patient, tenu de lui fournir un
appareillage apte à rendre le service qu’il peut légitimement en attendre, une telle
obligation, incluant, la conception et la confection de l’appareillage, étant de résultat ;
que la cour d’appel a relevé que l’une des prothèses présentait d’emblée par sa conception
même une fragilité intrinsèque en raison des données physiologiques présentées par la
patiente que le praticien devait intégrer dans les choix opérés pour mener à terme la
construction dentaire, qu’un résistance plus grande aurait pu, selon l’expert, être obtenue
en réalisant un bridge haut de dix éléments soudés plutôt que deux bridges séparés et en ne
faisant pas d’extension à but esthétique au niveau d’une des dents...563 » . Cette décision
est la première décision, à notre connaissance, allant dans le sens d’une obligation de

561
CC, 1èreciv., pourvoi n° 04-14524 du 5 juillet 2005.
562
Supra.
563
Cass. civ. 1ère, 23 novembre 2004, n° pourvoi : 03-12146 ; Juris-data n° 025790.
175
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

résultat en matière de conception de prothèse. Jusqu’à cette date, la conception prothétique


relevait de la seule obligation de moyens564.

Les données avérées :

505. Le respect de l’obligation de qualité suppose que le praticien connaisse les


données « avérées » de la science565 et les utilise. La notion de données acquises, donc
reconnues, se transforme en celle de données avérées, c'est-à-dire certaines. Or il ne faut
pas que le législateur oublie que rien ne peut être certain dans le domaine de la santé.

506. Garantir « la meilleure sécurité sanitaire, au regard des connaissances


avérées566 », paraît incompatible avec une attitude de prudence dictée par le principe de
précaution : avant de proposer un traitement, le praticien en étudie les avantages et les
inconvénients. Le législateur raisonne en comparant les risques et le bénéfice escompté.

La décision thérapeutique :

Il existe, de nos jours, des techniques d’aide à la décision.

507. L’ « Evidence Based Medecine », ou médecine basée sur les faits démontrés,
privilégie une médecine basée sur le plus haut niveau de preuve scientifique, en opposition
avec l’ « Emotion Based Medecine », ou médecine basée sur l’émotion.
L’« Evidence Based Dentistry » s’appuie sur la synthèse des connaissances pour une
question donnée en matière de chirurgie-dentaire que constitue la revue systématique de la

564
Cass. civ. 1ère, 3 avril 1979, n° 77-16069, Jurisdata n° 000107 : « qu’elle [la Cour d’appel] a pu en
déduire l’existence d’une erreur de conception d’une exécution défectueuse, et qu’ainsi, sans mettre à
la charge de X une obligation de résultat, elle a caractérisé un manquement de ce praticien à son
obligation de donner des soins consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises de son
art ».
Cass. civ. 1ère, 10 juillet 1996, n° 94-17342, Jurisdata n° 003123 : « …que l’obligation liée aux soins
nécessaires à la pose de prothèses est une obligations de moyens ; que la Cour d’appel a
constaté…que la conception des bridges est conforme aux données de la technique… ».
Source : BERY A,. « Prothèse et obligation de résultat.», L’Information dentaire, n° 9, 2 mars 2005,
p.516.
565
Selon l’article L. 1110-5 du CSP
566
Ibid.
176
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

littérature, ou méta-analyse. Le concept d’« Evidence Based Medecine » représente


« l’intégration des données avérées de la science dans la prise de décision médicale 567».

508. Une seconde approche assimile l’« Evidence Based Medecine » à « une
réflexion plus fine sur la prise de décision médicale, en se basant sur trois piliers :
l’analyse critique de la littérature bien évidemment, mais aussi le patient avec sa demande
et ses besoins, et le praticien avec son expérience et ses compétences568 ».

509. Le chirurgien-dentiste peut trouver ces méta-analyses sur les bases de données
telle que la base de données Medline569 ou la base de données Cochrane570, les sites
spécialisées en odontologie571, les périodiques, les revues d’Evidence Based Dentistry572.

510. Les méta-analyses ne doivent être que des outils à utiliser avec précaution. Les
sens cliniques et critiques du praticien priment avant tout. De plus, une donnée actuelle ne
l’est que pour un temps et peut devenir rapidement obsolète.

511. Certains auteurs remettent en question la compilation des articles utilisés dans
la revue de la littérature : l’analyse des méthodes scientifiques et des protocoles employés
dans certains articles montre que parfois la valeur scientifique de ces articles peut être
discutable573.

567
VERGNES J.-N., BLAIZOT Alessandra, DARRÉ L. et ATTAL J.-P., « Revues systématiques de la
littérature et méta-analyses », Information dentaire, n°10, 11 mars 2009, p. 458.
568
Ibid.
569
Accessible via l’interface gratuite en ligne Pubmed : www.pubmed.gov.
570
La base de données Cochrane est un réseau international de chercheurs volontaires qui réalisent,
tiennent à jour et diffusent des méta-analyses. Pour le domaine bucco-dentaire, l’adresse Internet est la
suivante : http://ohg.cochrane.org/ rubrique « Reviews ».
571
Le site de l’Association Dentaire Américaine, par exemple, à la page
www.ada.org/prof/resources/ebd/index/asp.
572
Journal of Evidence Based Dental Practice et Evidence Based Dentistry
573
ZEILIG Germain, BOUCHARD Philippe, BORGHETTI Alain et UNGER François, « Progrès et
revue de littérature », L’Information dentaire, n° 20, 19 mai 2010, p. 34-36
177
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

G/ Qualité des soins et compétence : la formation continue :

512. Le droit à la qualité en matière de chirurgie-dentaire dépend de la compétence


la plus étendue du chirurgien-dentiste. Non seulement, il acquiert cette compétence lors de
sa formation initiale, mais il est tenu de rester compétent tout au long de son exercice
professionnel574. La formation continue est un des moyens qui permet au praticien de se
maintenir à un niveau de compétence compatible avec un exercice de qualité575. Le décret
2006-652 du 02 juin 2006576 a rendu cette formation continue obligatoire.

513. L’article L. 4143-1 (Chapitre 3) de la loi du 9 août 2004577 indique que « la


formation continue a pour finalité le perfectionnement des connaissances et l’amélioration
de la qualité des soins. La formation continue est obligatoire pour tout chirurgien-dentiste
en exercice. L’obligation de formation est satisfaite notamment par tout moyen permettant
d’évaluer les compétences et les pratiques professionnelles ».
Un Conseil National de la Formation Continue en Odontologie (CNFCO)578 est
actuellement responsable de l’évaluation des formations validantes pour la FOC579
(Formation Odontologie Continue) qui s’est progressivement mise en place depuis 2005.
Mais le projet de loi HPST, tout en confortant « les obligations de formation continue », a
l’intention de viser à «réorganiser les différents acteurs de la formation ainsi que les fonds
publics580».

574
L’emploi du terme « compétence » diffère en droit et en médecine. Pour le juriste, la compétence est le
« droit de faire » acquis par le diplôme. En médecine, on considère que le diplôme donne une capacité
professionnelle, la compétence, plus limitée, représente ce que le praticien sait faire, de par sa pratique
professionnelle, son expérience et ses formations.
575
JACOTOT D., « Droit des patients : vers une obligation de qualité des soins. », La lettre, ONCD,
janvier-février 2004, n° 24, p. 35.
576
Décret du 2 juin 2006 définissant les dispositions règlementaires de la loi du 9 août 2004.
577
Loi n° 2004-803 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, JO du 12 août 2004.
578
Nommé par Arrêté du 12 juillet 2006.
579
La CNFOC avait anciennement été mise en place par les instances professionnelles et ses représen-
tants: l’Ordre, les syndicats, l’Université et les sociétés de formation continue. Le décret du 2/06/2006
l’incorpore dans la loi en rendant la formation continue obligatoire.
580
Article 19 de la loi HPST n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux
patients, à la santé et aux territoires, JO22 juillet 2009.
178
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

514. La Loi HPST581, adoptée en été 2009, vise actuellement à associer la Formation
Médicale Continue (FMC) et la démarche d'Évaluation des Pratiques Professionnelles
(EPP), dans un concept unique de « développement professionnel continu ».

515. Pourquoi cela ? La formation continue permet au praticien de faire évoluer ses
connaissances et d'acquérir de nouvelles compétences, lors de cours, congrès, journées ou
soirées de formations. Mais ce qu'il apprend ainsi n'est pas forcément applicable ou
intégrable dans sa pratique quotidienne. L'Évaluation des Pratiques Professionnelles (EPP)
va lui permettre d'analyser, par une démarche d'autoévaluation à partir d'un questionnaire,
l'écart qui existe entre la pratique dite « de référence » et sa pratique individuelle. Le but de
l'EPP est d'améliorer la qualité de cette pratique. Le référentiel est établi par un groupe
d'analyse constitué d'une dizaine de praticiens qui se réunissent plusieurs fois par an et qui
« échangent sur des problèmes rencontrés sur un sujet donné, à l'aide d'articles
scientifiques, de références professionnelles ou d'expertise externe582 ».

516. Il est important que cette démarche demeure une démarche personnelle du
praticien, afin de préserver sa liberté de prescription thérapeutique. L’individualisation de
la prise en charge du patient et de son plan de traitement ne doit pas être tributaire des
enjeux de santé publique et de la politique de gestion des organismes sociaux.

2. L’OBLIGATION DE RESULTAT ET DE SECURITE.

A/ En matière de protection de la santé :

517. Il existe un lien entre la sécurité et la protection de la santé. Le Traité sur


l’Union Européenne de Maastricht du 7 février 1992, dans son article 129-A, consacre les
notions de sécurité et de protection de la santé. Le patient y est assimilé à un
consommateur. Un des objectifs de l’Union consiste en la protection de la sécurité du
consommateur, afin notamment, de protéger sa santé : « la Communauté contribue à la
réalisation d’un niveau élevé de protection des consommateurs par des actions spécifiques

581
Supra.
582
DE ST PIERRE F. « Savoir se former, s'évaluer» éditorial. », ID, n° 35, 4 octobre 2009, p. 1995.
179
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

qui appuient et complètent la politique menée par les Etats membres en vue de protéger la
santé583».

B/ L’obligation de sécurité et la fourniture de prothèses ou


d’appareillages :

518. Les prothèses dentaires sont des Dispositifs Médicaux (DM) invasifs à long
terme, de type chirurgical584 ou non chirurgical, et faites sur mesure. Elles font partie de la
catégorie IIa, c'est-à-dire à risque limité, des Dispositifs Médicaux. Tout en étant soumises
aux règles de marquage CE, elles n’ont pas l’obligation d’en être marquées physiquement.
Le prothésiste doit établir un dossier complet de marquage de la prothèse et son laboratoire
doit satisfaire aux exigences de la directive 93/42 CE et des certifications ISO 9001 et ISO
13485. Les fiches de prescription du dispositif, ainsi que de sa traçabilité, doivent être
conservées dans le dossier médical, avec la déclaration selon laquelle le DM est destiné à
l’usage exclusif du patient et qu’il est conforme aux exigences essentielles.

519. Il existe une obligation de résultat pour le fournisseur de prothèse: cette


obligation est illustrée par deux arrêts de la Cour de cassation en matière de prothèse
dentaire :
- Le premier arrêt, en date du 29 octobre 1985, concerne la rupture d’un bridge :
« Attendu que M. B., chirurgien-dentiste, reproche à l’arrêt attaqué de l’avoir condamné à
indemniser Mme D., sa patiente, des conséquences de la rupture d’un bridge confectionné
et scellé par lui, alors que, selon le moyen, ayant constaté l’origine purement accidentelle
de cette rupture et écarté l’existence d’une faute du praticien, la cour d’appel a fait pesé
sur lui une obligation de résultat bien qu’il ne fût tenu qu’à une obligation de moyens; et
alors que, subsidiairement à supposer qu’il fût tenu à une obligation de résultat en matière
d’appareillage, la cour d’appel a constaté que la rupture, due à une défectuosité du
matériau qui ne pouvait être décelée, devait être considérée comme un accident, admettant
dès lors « nécessairement » son caractère imprévisible et irrésistible, et, par suite,

583
Cité par LAUDE A., in « Le consommateur de soins », préc., p. 417.
584
Par exemple, les implants sont comme des « fausses racines » en titane qui sont vissés dans l’os de la
mâchoire, et qui vont servir de support à une dent prothétique, en remplacement d’une dent ou plusieurs
dents perdues.
180
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

l’existence d’un cas fortuit propre à dégager le praticien de sa responsabilité


contractuelle ;
Mais attendu que si M. B. était tenu à une simple obligation de moyens non seulement
quant aux soins proprement dits par lui prodigués à Mme D., mais aussi en ce qui
concerne les améliorations de son état que celle-ci pouvait espérer grâce à l’acquisition et
à la pose d’un bridge sans défaut, il n’en reste pas moins qu’en tant que fournisseur de la
prothèse, il devait délivrer un appareil apte à rendre le service que sa patiente pouvait
légitimement en attendre, c’est-à-dire un appareil sans défaut, et qu’il doit dès lors réparer
le préjudice dû à la défectuosité de celui qu’il a posé, puisque selon l’arrêt attaqué, «sans
qu’il soit allégué que Mme D. ait fait un usage anormal de son bridge ni que celui-ci ait
été endommagé par une cause extérieure, il est constant qu’il avait présenté une fracture
dès le 5 février 1979, alors qu’il avait été posé fin mai 1978585 ».

La seconde décision date du 15 novembre 1988 : elle dit qu’ « Attendu que si un
chirurgien-dentiste est tenu à une simple obligation de moyens quant aux soins qu’il
prodigue, il est tenu à une obligation de résultat comme fournisseur de prothèse, devant
délivrer un appareil sans défaut586 ».

Obligation de résultat et utilisation d’appareillage :

520. Non seulement, le chirurgien-dentiste est tenu de fournir une prothèse exempte
de défaut quand à sa fabrication587, mais cette prothèse doit être apte à rendre le service
auquel s’attend le patient588.
C’est ainsi qu’en matière d’orthodontie, le praticien doit s’assurer que le port et la
manipulation des appareils ne comportent aucun danger. Cette décision de la Cour de
cassation en date du 22 novembre 1994, concernant le cas d’un enfant ayant perdu un œil
lors de la manipulation de son appareil orthodontique, rappelle que, « Procédant à un acte
de fourniture d’un appareil, le chirurgien-dentiste orthodontiste est tenu à une obligation

585
Cass. Civ. 1 ère, 29 octobre 1985, « BISMUTH », n° 83-17.091, Juris-data n° 00265; Bull. civ.,
I, n° 273; Dal., 1986, 417, note PENNEAU; R.T.D.C., 1986, 762, obs. HUET
586
Cass. Civ. 1ère, 15 novembre 1988, n° 86-16.443, Juris-data n° 002734; J.C.P., G, 1989, IV, 21; G.P.,
1989, 1, 12.
587
CAILLE C., « La consécration d’une responsabilité médicale du fait des choses en droit médical. »,
Revue générale de droit médical, n° 3, p. 95.
588
MANSART B., « La responsabilité médicale dans la fourniture de prothèse. », Petites affiches, 1er
octobre 1999, p. 4.
181
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

de résultat concernant la sécurité tenant tant à la conception de l’appareil qu’à ses


conditions d’utilisation589 ».

Obligation de résultat dans le cas d’appareillage non défectueux :

521. L’obligation de résultat en matière de prothèse semble se confirmer, même


lorsque cette prothèse ne présente aucun défaut. Un arrêt du 23 novembre 2004, de la Cour
de cassation note, à propos de la fracture d’un bridge, « la fragilité intrinsèque [de ce
bridge] en raison des données physiologiques de la patiente. Le praticien devait intégrer
dans les choix opérés [ces données physiologiques] pour mener à terme la reconstruction
dentaire. L’expert a indiqué dans son rapport que la réalisation prothétique aurait été plus
solide « en réalisant un bridge haut de 10 éléments soudés plutôt que deux bridges séparés
et ne faisant pas d’extension à but esthétique au niveau de l’une des dents ». La Cour a
conclu que « le praticien a manqué à son obligation de résultat590».

522. Cette obligation de résultat pose un problème: en effet, la prothèse la mieux faite
ne remplacera jamais des dents saines. Il semble à David JACOTOT que « la Cour de
cassation considère que le chirurgien-dentiste est lié par l’obligation de fournir une
prothèse naturellement exempte de défaut intrinsèque, mais également apte à rendre le
service auquel s’attend le patient. Or très souvent, le patient souhaite que la prothèse lui
apporte le confort et l’usage que lui procureraient de vraies dents saines. Et là point la
teneur de cette obligation de résultat : l’artificiel se substitue totalement au naturel. Est-ce
réaliste ?». Il conclut son propos de manière alarmiste, en disant « vous seuls, chirurgiens-
dentistes, détenez la réponse et pouvez mesurer la crainte qui en découle591».

523. Le législateur ignore ou oublie parfois, que cette prothèse doit s’intégrer dans un
système biologique et fonctionnel complexe, où bien des facteurs entrent en considération.
On ne peut considérer une prothèse que sous son seul aspect mécanique.

589
Cass. Civ. 1 ère , 22 novembre 1994, n° 92-16.423, Juris-data n° 002115 ; Bull. civ., I, n° 340;
J.C.P., G, 1995, IV, 204; Dal. 1995, I.R. 12 ; R.T.D.C., 1995, 375, obs. JOURDAIN.
590
Cass. civ. 1ère, 23 novembre 2004, Bull. 2004, I, n° 286, p. 240.
591
JACOTOT D., « La cour de cassation impitoyable sur la prothèse, mais compréhensive pour les actes
médicaux. », La lettre, ONCD, n°35, Mars 2005.
182
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

La réalisation d’une prothèse dentaire :

524. La réalisation d’une prothèse dentaire se fait en deux temps : celui de la


conception, puis celui de la réalisation, qui comprend la fabrication, généralement confiée
à un prothésiste et l’adaptation en bouche, qui peut demander plusieurs séances.

La conception de la prothèse :
En cas de mauvaise conception d’une prothèse, même si elle ne présente aucun défaut
technique, la faute de soins peut être retenue592.

La fabrication de la prothèse :
La prothèse est réalisée par le prothésiste dentaire, conformément à la prescription du
chirurgien-dentiste qui veille à la bonne réalisation de celle-ci, avec autant d’essayages et
de retouches que nécessaire. Dans le cas où cette prothèse présenterait un défaut de
fabrication, la responsabilité du prothésiste593 est susceptible d’être engagée, en même
temps que celle du chirurgien-dentiste594.

L’adaptation de la prothèse :
Il faut également distinguer la phase de réalisation de la prothèse, de celle de son
adaptation. L’adaptation de la prothèse est soumise à l’obligation de moyens : «ces
difficultés d’adaptation pouvaient être corrigées à l’occasion d’une consultation du
praticien que le patient n’avait pas sollicitée, en sorte que l’adaptation relevait de l’acte
de soins […]595».

592
MÉMETEAU G., « Prothèse et responsabilité du médecin. », D. 1979, chron. p. 9; MEMETEAU G.,
Utilisation du matériel médical et dentaire : vers l’obligation de résultat, Gaz. pal. 24 février 1987;
LE MASSON A., « L’art dentaire et la jurisprudence. », Gaz. pal. 1995, doct. p. 948.
593
OLIVIER M., « La responsabilité des fabricants de matériels prothétiques. », Rev. franç. domm. corp.
1997, 85.
594
DOUSSAN., « La dualité de la responsabilité des dentistes-prothésistes : une singularité persis-
tante. », Petites Affiches, 15 juin 1998, n° 71, p. 16.
595
Cass. Civ. 1 ère, 10 décembre 1996, n° 95-13.154, Juris-data n° 004778; Bull. civ., I, n° 445;
P.A., 15 juin 1998, n° 71, p. 16, note DOUSSAN; G.P., 5-9 septembre 1997, n° 248-252,
panorama p. 200.
183
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

C/ L’obligation de précision du geste de chirurgie dentaire :

525. Elle se retrouve dans la décision suivante : « Attendu que la Cour d’Appel (Aix
en Provence, 9 septembre 1999) statuant par motifs propres et adoptés, a constaté qu’à
l’occasion de l’extraction de dents de sagesse, M. D., chirurgien-dentiste, avait provoqué
chez sa patiente, Mme D., des cicatrices labiales importantes ainsi qu’une altération du
nerf mentonnier droit, que dès lors que la réalisation des extractions n’impliquait pas ces
atteintes labiales et neurologiques, la Cour d’Appel, qui n’encourt pas les griefs du moyen,
a pu décider que le praticien, tenu d’une obligation de précision du geste de chirurgie
dentaire, avait commis une faute dans l’exécution du contrat le liant à sa patiente596 ».

La maladresse :

526. La maladresse est fautive lorsqu’elle entraîne des suites autres que celles
qu’impliquerait la réalisation de l’acte597, sauf s’il est prouvé qu’il existe une anomalie
rendant l’atteinte inévitable598. Par exemple, le chirurgien-dentiste qui fracture le
maxillaire en extrayant une dent de sagesse commet une maladresse599. La lésion d’un nerf
au cours d’une avulsion de dent de sagesse mandibulaire est également fautive, si la lésion
n’est pas due à une anomalie du trajet du nerf600.

527. Mais dans le cas où le chirurgien peut prouver que le patient avait une anatomie
particulière et insoupçonnable, sa maladresse n'est pas considérée comme une faute601. De
même, s’il est prouvé que le dommage était inévitable, la responsabilité du praticien ne
sera pas retenue602.

596
Cass. Civ. 1ère, 9 octobre 2001, n° 99-20.826, Juris-data n° 011243.
597
Cass.civ. 1ère, 30 novembre 1997, n° pourvoi 95-16500 : le praticien avait laissé échapper un tire nerf
avalé par le patient, et la Cour avait conclu que « toute maladresse d’un praticien engage sa
responsabilité et est par la même exclusive de la notion de risque inhérent à un risque médical ».
J.C.P.1997, IV, 2224 ; Resp. civ. et ass. 1997, n° 373 ; rev. dr. san. soc. 1998-288, obs. DUBOUIS L.
598
Cass. civ. 1ère, 20 mai 2000, Bull. civ., I, n°153
599
Cass. Civ. 1ère 3 février 1998, Bull. Civ. I, n°46, p.31 ; JCP 1998, IV, 1687 ; Resp. civ. et ass. 1998, n°
165; JCP, 1998, I, 187, n° 33, obs VINEY.
600
Cass. civ. 1ère. 17 janvier 2008, n. 06-20.258.
601
Cass. Civ. 1ère, 7 janvier 1997, D 1997.146, rapp. SARGOS P. et note THOUVENIN D.
602
Cass. civ. 1ère, 23 mai 2000, Resp. civ. et ass., septembre 2000 n° 272.
184
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

La négligence :

528. Une négligence peut être fautive : la Cour d’Appel de Paris a sanctionné un
praticien dont la patiente a avalé une couronne, ce qui lui a occasionné d’importants
troubles digestifs et a abouti à une éventration abdominale nécessitant une ablation d’une
partie du colon et la pose d’une plaque abdominale. Les juges ont reproché au chirurgien-
dentiste, non pas une faute technique, ni de diagnostic, ni de traitement, mais des
« négligences » : il aurait du faire faire une radio à la patiente et l’adresser à un spécialiste
compétent, au lieu de lui conseiller de « boire beaucoup d’eau et de manger du pain603».
La négligence du praticien a provoqué chez cette patiente, une perte de chance d’avoir été
traitée à temps, évaluée à 70%.

La fiabilité du matériel :

529. Le praticien a l’obligation d’employer un matériel fiable, en effet, « Le contrat


formé entre un patient et son médecin met à la charge de ce dernier une obligation de
sécurité-résultat en ce qui concerne le matériel qu’il emploie pour l’exécution d’un acte
médical604 ». Même s’il n’y pas d’acte fautif, le fait d’employer du matériel défectueux
peut entraîner la mise en cause de la responsabilité du chirurgien-dentiste. À charge pour
lui, de se retourner contre le fournisseur de ce matériel.

530. Un produit défectueux se définit comme n’offrant pas « la sécurité à laquelle on


peut légitimement s’attendre, il doit être tenu compte de toutes les circonstances et
notamment de la présentation du produit, de l’usage qui peut en être fait raisonnablement
attendu au moment de sa circulation ».605

603
Cour d’appel de Paris, chambre 1, section B, 10 mars 2006, Juris-data n° 2006-295552.
604
Cass., Civ. 1ère, 4 février 2003, Bull. civ., n° 4.0
605
Article 1386-4 du CC.
185
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

D/ L’obligation de sécurité en matière d’asepsie :

531. Depuis le 20 octobre 1997, une circulaire du Ministre de la Santé a institué une
obligation de résultat pour les matériels employés en matière d’asepsie et de
stérilisation606.

532. En 1999, un médecin a été condamné à indemniser une victime qui se plaignait
d'avoir contracté une infection nosocomiale, sur le fondement de l'obligation de sécurité-
résultat607. Les circonstances dans lesquelles se déroulent les soins peuvent être jugées
fautives608 en cas de présomption de contamination, sauf si le praticien peut prouver qu’il
n’y a pas eu de faute de sa part609.

533. La Direction Générale de la Santé (DGS) a publié en 2006 un « Guide de


prévention des infections liées aux soins en chirurgie-dentaire et en stomatologie »,
rendant ainsi incontournable la traçabilité des procédés de stérilisation610.

E/ L’obligation de formation aux premiers secours :

534. Un arrêté du 3 mars 2006 relatif à l’attestation de formation aux gestes et soins
d’urgence611 est paru au Journal Officiel du 10 mars 2006. Il concerne tout professionnel
de santé inscrit dans la quatrième partie du Code de la santé publique. La formation permet
d’acquérir les connaissances permettant « la prise en charge d’une personne en situation
d’urgence mettant en jeu un pronostic vital ou fonctionnel [et] l’application des mesures et
l’utilisation des moyens individuels et collectifs face à un risque à conséquences
sanitaires ».

606
Circ. DGS/VS2-DH/EM1.EMO1.
607
Civ.1ère, 29 juin 1999, JCP 1999, II, 10138
608
Cass. civ. 1ère, 29 novembre 1989, Bull. civ., I, n° 366.
609
Cass. civ. 1ère, 21 mai 1996, «Clinique BOUCHARD », Bull . civ. I, n° 424
610
www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/infect_chirdentaire/sommaire/htm
611
Arrêté du 3 mars 2006 relatif à l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence, NOR
SANP0620923A, JO 10 mars 2006.
186
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Pour le moment, seul le cursus initial des études de chirurgie-dentaire comprend cette
formation obligatoire aux gestes et soins d’urgence.

3. L’OBLIGATION DE SUIVI THERAPEUTIQUE.

A/ Les soins post opératoires :

535. L’acte thérapeutique entraîne parfois des complications douloureuses,


inflammatoires ou infectieuses. Le praticien doit mettre en oeuvre tous les moyens et les
investigations nécessaires à la recherche de la cause douloureuse et appliquer le traitement
adéquat. Le défaut de soins post-opératoires et/ou le défaut de surveillance, constituent des
fautes de négligence.

536. On ne peut retenir la responsabilité du praticien, lorsqu’il ne commet pas de


faute dans les actes de soins et leur suivi thérapeutique, ainsi que l’illustre cette décision de
la Cour de cassation dans l’arrêt du 4 janvier 2005. Elle concerne un chirurgien-dentiste
dont le patient présente une infection une semaine après une extraction dentaire. Il est
hospitalisé et soigné par un médecin stomatologue, mais décède peu après. La Cour de
cassation décide que la responsabilité du chirurgien-dentiste ne saurait être engagée, car
« La prescription de l’anti-inflammatoire Apranax était conforme aux données acquises de
la science. Il a été attentif à l‘évolution de l’état de santé du patient et l’avait adressé dès
l’aggravation à son confrère ;
Aucune faute dans le diagnostic d’une infection exceptionnelle, très insidieuse et
extrêmement rapide ne peut lui être reproché612».

B/ La traçabilité et la matério-vigilance :

537. La norme internationale ISO 9000:2000 définit la traçabilité comme « l’aptitude


à retrouver l’historique, la mise en oeuvre ou l’emplacement de ce qui est examiné613.

612
Cass. civ. 1ère, 4 janvier 2005, n° 03-14206 ; D 2005, IR, p. 170 ; JCP 2005, II n° 10061.
613
BOURGEOIS D. et COMTE B., « Guide de lecture ISO 9001 :2008- Hygiène et aseptie à l’usage des
cabinets dentaires », AFSSAPS, Mars 2009, p. 10.
187
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Cette obligation de traçabilité est effective depuis le 14 juin 1998. Elle doit permettre de
suivre les dispositifs médicaux depuis leur fabrication jusqu'à leur mise en service, ainsi
que pendant leur période d’utilisation.

538. De nombreuses directives européennes, transposées en droit français, traitent des


obligations de traçabilité :

- l’arrêté du 20 avril 2006, basé sur la directive 93/42/CE, fixe les règles de
classification des dispositifs médicaux pris en application de l'article R. 5211-7 du CSP.

- l’arrêté du 26 janvier 2007, basé sur la directive 2007/47/CE et relatif aux règles
particulières de la matério-vigilance exercée sur certains dispositifs médicaux, pris en
application de l'article R. 5212-3 du CSP, concernant l'instrumentation chirurgicale
invasive (dont les implants) qui impose au praticien l’ obligation de reporter dans le
dossier médical du patient614 le numéro de la trousse de chirurgie utilisée, avec la date de
sa stérilisation, le numéro de lot et de la charge, ainsi que le numéro de la trousse
d'implantologie avec le numéro de stérilisation, la date et la charge, ainsi que les références
des implants utilisés (on utilise généralement les étiquettes fournies par le fabriquant) , leur
marque, le type, le diamètre, la longueur, ainsi que les références exactes des composants
prothétiques615.

539. Une déclaration de conformité aux exigences essentielles est obligatoire, selon
l’article R. 5211-39 du CSP. Elle doit être classée dans le dossier du patient616 ainsi que
dans un dossier « traçabilité des prothèses et/ou appareillages orthodontiques ». Les
données doivent être conservées 10 ans pour les prothèses617.

Le décret n° 96-32 du 15 janvier 1996 impose à tout chirurgien-dentiste de signaler tout


incident ou accident relatif aux dispositifs ou aux produits médicaux qu’il utilise, et ce,
quel que soit le degré de gravité.

614
MISSIKA P., « Quelle traçabilité des implants dentaires ? », J.S.O.P., n° 4, avril 2009, p. 18.
615
Le patient reçoit toutes ces informations ce qui permet à un autre praticien de pouvoir intervenir
ultérieurement, en cas de nécessité.
616
Art. R. 5212-41 du CSP.
617
Une fiche de traçabilité doit être établie pour chaque prothèse. Voir www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr
188
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Suite à la création de comités de vigilances, « les incidents ou risques d’incidents à


signaler à l’AFSSAPS, sont décrits aux articles L. 5212-2 et R. 5212-15 du CSP. Il faut
distinguer :
- les signalements obligatoires, par exemple : la chute d’un dispositif de radiologie,
d’éclairage, l’explosion d’un autoclave, les réactions anormales à un matériau ou à un
produit ;
- les signalements facultatifs concernent les incidents mineurs non susceptibles
d’entraîner la mort ou la dégradation grave de l’état du patient618 ».

Le dossier médical se révèle donc l’outil idéal pour la traçabilité des soins dentaires. Il doit
contenir :
- la nature et la composition de tous les produits utilisés en bouche ;
- les fiches de prothèses et de liaison avec le laboratoire de prothèse (de la
conception à la mise en bouche de cette prothèse619), la déclaration de conformité
de la prothèse ;
- et bien entendu, les devis, plans de traitement et tout document pouvant justifier de
l’information donnée au patient.

4. LES OBLIGATIONS COMPLEMENTAIRES.

A/ L’obligation d’assurance en responsabilité professionnelle :

540. La loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 a rendu obligatoire l’assurance en


responsabilité civile professionnelle des médecins et des chirurgiens-dentistes, obligation
incluse dans le CSP, par l’article l. 1142-2. Elle a été modifiée et complétée par la loi du 30
décembre 2002, loi intitulée « Responsabilité civile médicale620». En cas de mise en cause
de la responsabilité civile professionnelle du praticien, c’est normalement l’assurance qui
prend en charge l’indemnisation du dommage.

618
LEPAGE Brigitte, « Comment assurer la traçabilité », JSOP, n° 9, nov 2008, p.19.
619
Depuis mars 2010, les patients peuvent obtenir la déclaration de conformité de leur prothèse dentaire,
ainsi que le nom et les coordonnées du fabriquant de cette prothèse : cf « guide sur les dispositifs
médicaux sur mesure appliqués au secteur dentaire » AFSSAPS, 12 avril 2010.
620
Loi ABOUT du 30 décembre 2002, n° 2002-1577, loi intitulée «Responsabilité civile médicale,
189
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

541. Il faut s’interroger sur la pratique de certaines compagnies d’assurances qui


exigent de préciser dans le contrat d’assurance civile professionnelle si le praticien pratique
l’implantologie ou la prothèse sur implant. Ce peut être considéré comme une restriction à
la capacité du diplôme du chirurgien-dentiste qui est omnipraticien, de part sa formation
initiale621. Monsieur Gérard MÉMETEAU considère que c’est une atteinte indirecte au
principe d’ « omnivalence » du diplôme622.

Le délai de prescription de la responsabilité médicale :

542. La loi du 4 mars 2002 a modifié le délai de prescription qui n’est plus de 30 ans,
mais de 10 ans à partir de la consolidation de la victime623. Ce qui n’est pas sans poser
quelques problèmes. La date de consolidation est parfois difficile à déterminer parce que
les suites d’un trauma ou d’une pathologie imputables à un dommage peuvent évoluer
pendant des années. Elle est considérée par certains comme « inconnue, fuyante et
instable624».

543. Le simple fait de déclaration de prudence d’un praticien à son assurance, ne peut
être considéré comme une reconnaissance de responsabilité.

B/ L’obligation de conseil pour le choix thérapeutique :

544. Le choix thérapeutique résulte de la rencontre de trois séries de paramètres625 :


les traitements possibles qui tiennent compte des données acquises de la science, les
compétences ainsi que l’expérience clinique du chirurgien-dentiste, la demande du patient
et ses moyens financiers.

621
Une seule spécialité est légalement reconnue, l’orthopédie dento-faciale.
622
MÉMETEAU G., op. cité, n° 155.
623
La date de consolidation est définie comme « le moment où les lésions se fixent et prennent un caractère
permanent tel qu’un traitement n’est plus nécessaire, si ce n’est pour éviter une aggravation, et qu’il est
possible d’apprécier un certain degré d’incapacité permanente réalisant un préjudice définitif ».
Définition de LAMBERT-FAIVRE Y, « Droit du dommage corporel, systèmes d’indemnisation », 4ème
éd., Dalloz, 2000, n° 57, p. 128.
624
LAMBERT-FAIVRE Y., « La responsabilité médicale: la loi du 30 décembre 2002 modifiant la loi du 4
mars. », D, 2003, chronique, p. 361.
625
SABEK M., « Conception prothétique, quel résultat. », L’information dentaire n° 6, p. 327-330, 2005.
190
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

545. Le praticien ne peut se plier aux exigences du patient, lorsqu’elles ne sont pas
conformes aux règles de l’art, même pour des raisons financières626. Il doit soigner « avec
conscience tous ses patients627 ».

546. La décision doit être prise par les deux parties628 : le praticien ne peut imposer
son choix au patient, et réciproquement, le patient ne peut demander au praticien de
réaliser un acte techniquement non conforme, ou hors de sa compétence.

547. Si le patient s’écarte d’une solution thérapeutique proposée par le chirurgien-


dentiste, celui-ci peut refuser de réaliser l’acte, si celui-ci n’est pas conforme629. Le
praticien doit alors mettre en garde le patient sur les risques encourus. Ce refus de soins ne
peut être opposé à certaines catégories de patient selon leur appartenance ethnique, raciale,
religieuse ou leur situation sociale, car selon l’article L. 1110-3 du CSP, « aucune personne
ne peut faire l’objet de discrimination dans l’accès de la prévention aux soins ».

548. Dans le cas de multiples choix possibles, le patient doit être informé du coût, des
bénéfices, des risques et des limites de chaque option. Le praticien se doit de présenter
toutes les alternatives possibles, même celles concernant des techniques qu’il ne pratique
pas, et le cas échéant, adresser le patient à un confrère. Il est important de pouvoir justifier
qu’il a bien informé le patient des différentes options possibles, par la conservation des
devis clairement rédigés et la notation, dans le dossier du patient, du plan de traitement
retenu. Le devis doit être signé avant le début des travaux.

626
Arrêt CC 19/12.00 1ère chambre civile, n°99-12; Bulletin civil I n°331: le CD avait réalisé une prothèse
amovible après avoir extrait 3 dents réduites à l’état de racines. Les possibilités financières de la
patiente ne permettaient pas leur restauration par prothèses fixées: «les considérations financières de
la patiente ne pouvaient autoriser le chirurgien-dentiste à dispenser des soins non conformes aux
données acquises de la science».
627
Art. R. 4127-211 du CSP, anciennement art. 8 du CDD.
628
TGI Caen : un jugement du 3 février 2003 a retenu la responsabilité du chirurgien-dentiste en raison
« tant de son manquement au devoir de conseil que d’une conception inadaptée aux soins auxquels il
s’est obligé en la pratiquant ». Source : BLANC C. « Ne pas céder aux exigences du patient », JSOP,
n° 5, mai 2010, p. 23.
629
Cass. civ. 1ère, 27 mai 1998, JCP 1998, IV 2626 ; D. 1998, j, 530 note LAROCHE-GISSEROT ; p.
comm. 276 : à propos de l’obligation de conseil, le médecin doit refuser l’intervention si elle comporte
des dangers disproportionnés par rapport au bienfait thérapeutique.
191
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

L’erreur de diagnostic :

549. L’erreur de diagnostic n’est pas une faute en elle-même, si tous les moyens ont
été mis en œuvre ainsi que l’indique le jugement de la Cour de cassation en date du 17
février 1998 : « attendu que la Cour d’appel, se fondant sur les éléments de preuve soumis
à son appréciation, et notamment sur le rapport d’expertise, a constaté que le diagnostic
d’abcès parodontal posé par M. G. était exact, qu’il n’y avait aucune raison qu’il ait pu à
l’époque évoquer un autre diagnostic et qu’il n’était pas possible d’affirmer que des
investigations complémentaires lui aurait permis de diagnostiquer l’existence d’une
tumeur630 ».

C/ L’obligation de recueillir l’accord pour les soins :

550. L’accord pour les soins ou assentiment, ou consentement à l’acte de soins, est
bien distinct du consentement précontractuel. C’est ce consentement à l’acte de soins qui
est le corollaire de l’information du patient.

551. Le consentement est la condition nécessaire pour que le contrat de soins soit
valide. L’assentiment aux soins est indispensable, surtout en matière de chirurgie-dentaire,
où l’on imagine mal comment le praticien pourrait soigner son patient si celui–ci refuse
d’ouvrir la bouche631. Nous ne reviendrons pas sur cette notion de consentement, déjà traité
plus haut, sa validité et son recueil. Sans ce consentement et son corollaire, l’information
donnée au préalable, le contrat de soins ne peut s’établir632.

630
Cass. Civ. 1 ère , 17 février 1998, n°96-10.339, Juris-data n° 000774.
631
Hors cas d’anesthésie générale.
632
SARGOS P., « Les contestations en matière d’information et de consentement. » in « Plaquette,
Information et consentement en gynécologie-obstrétique », Paris : Entreprise Médicale, 1998, pp. 25-34.
192
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

D/ L’obligation d’assistance en cas de péril collectif :

552. Elle est donnée dans le Code de la santé publique, dans l’article R.4127-212 du
CSP633 qui dit que « Le chirurgien-dentiste ne doit pas abandonner ses patients en cas de
danger public, si ce n’est sur ordre formel et donné par écrit des autorités qualifiées ».

SECTION II : LES OBLIGATIONS DU PATIENT.

Le patient a, lui aussi, des obligations qui naissent de l’établissement de la relation de


soins. Ces obligations sont de deux ordres :
- le paiement des honoraires (1).
- l’obligation de collaborer aux soins (2).

1. LE PAIEMENT DES HONORAIRES DU PRATICIEN.

A/ Les honoraires du praticien :

a) Le montant des honoraires du praticien.

553. L’article 1131 du Code civil indique que l’ « exécution de la prestation du


professionnel trouve sa contrepartie dans le paiement des honoraires par le malade.» En
contrepartie de l’acte de soins, le patient a l’obligation de rémunérer le praticien634. Celui-
ci établira, soit une feuille de soins lorsque les soins sont remboursables, soit une facture,
lorsque les soins sont hors nomenclature, c'est-à-dire, non pris en charge par la CPAM. Le
patient a la liberté de refuser les soins. S’il donne son consentement, il a alors l’obligation
de collaborer aux soins. Et en échange des prestations de soins, il doit régler des
honoraires.

633
Ancien art. 9 du CDD
634
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, Bordeaux : 3ème éd. Les Études Hospitalières, 2006, p.329.
193
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

554. Le montant des honoraires est libre, pour tous les soins qui ne sont pas
opposables.

555. L’article R.4127- 240 du CSP635 dit que : « Le chirurgien-dentiste doit toujours
déterminer le montant de ses honoraires avec tact et mesure.
Les éléments d’appréciation sont, indépendamment de l’importance et de la difficulté des
soins, la situation matérielle du patient, la notoriété du praticien et les circonstances
particulières.
Le chirurgien-dentiste est libre de donner gratuitement ses soins […] Il n’est jamais en
droit de refuser à son patient des explications sur le montant de ses honoraires ».

556. L’arrêté du 11 juin 1996636 relatif à l’information sur les tarifs d’honoraires
pratiqués par les médecins libéraux, et par extension, les chirurgiens-dentistes, paraissait
peu applicable dans la pratique. En effet, chaque patient est un cas particulier et se voit
établir des plans de traitement personnalisés et personnels.

557. La loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2008637a introduit dans le


Code de la santé publique, par son article L. 1111-3, l’obligation d’affichage des
honoraires, conformément aux dispositions du Code de la consommation. Le décret n°
2009-152 en précise les conditions d’application.

b) Les dépassements d’honoraires.

558. Les dépassements d’honoraires illicites sont prohibés638. Les honoraires sont
fixés en fonction de plusieurs critères : la nature de l’acte, la difficulté de l’acte, le coût
horaire du cabinet, la notoriété du praticien. Les abus peuvent être sanctionnés639.

635
Ancien art. 33 du CDD
636
Arrêté du 11 juin 1996 relatif à l’information sur les tarifs d’honoraires pratiqués par les médecins
libéraux, NOR RCEC 9600107A
637
Loi n° 2007-1786 du 19 décembre 2007.
638
Crim. 7 janvier 2001, 1980, D. 1980, rap p. 468.
639
Crim, 6 juillet 1994, Gaz. Pal. 1995, Somm. juris. p. 305 : extorsion de fond par un praticien.
194
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

c) Le forfait.

559. La Loi interdit le forfait pour l'efficacité du traitement, mais ce principe est
remis en cause par la discussion, pour les médecins, du mode de rémunération à l'acte.

d) La gratuité.

560. La gratuité ne doit pas être un moyen déguisé d’attirer la clientèle.

e) Le refus de paiement.

561. Comme en cas d’inexécution d’une partie, l’autre partie peut refuser d’exécuter
la sienne, il peut arriver que le patient considère que le chirurgien-dentiste n’a pas rempli
ses obligations et qu’il refuse de le rémunérer. Face au refus d’une patiente de payer les
honoraires d’une prothèse inadaptée au bout de trois retouches, la responsabilité du
praticien est retenue parce qu’ « il n’avait pas respecté son obligation de livrer un dentier
donnant satisfaction à sa cliente640 ».

562. Lorsqu’il y a contestation sur un paiement, c’est celui qui dit avoir payé qui doit
le prouver. Il existe un délai de prescription qui est, pour les chirurgiens-dentistes, de deux
ans à compter de la consultation ou de la fin du traitement641. Ce délai de prescription
concerne les soins dentaires, et non pas les prothèses dentaires642.

B/ Le devis :

563. Le chirurgien-dentiste a l’obligation de fournir à son patient toutes les


informations pour que celui-ci puisse obtenir les remboursements auxquels il a droit, tant
des caisses de sécurité sociale que de sa mutuelle. Mais le praticien n’a pas à répondre à

640
Cass.civ. 1ère, 15 novembre 1972, Juris-data n° 000241; Bull. civ.,I, n° 241; R.T.D.C., 1974, p. 160, obs.
DURRY,Dal., 1973, II, 243.
641
Art. 2272 du CC (Loi n° 71-586 du 16 juillet 1971, JO du 17 juillet 1971) : « l’action des médecins,
chirurgiens-dentistes sages-femmes et pharmaciens, pour leurs visites, opérations et médicaments, se
prescrit par deux ans ».
642
CA Paris, 30 septembre 1998, D. 1998, IR 254.
195
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

des demandes qui dépassent le strict champ de ses obligations déontologiques. Le devis est
le document grâce auquel il peut remplir ces obligations643.

564. Les fonctions de ce devis :

- informer ;
- permettre au patient de donner son consentement ;
- formaliser le contrat de soins ;
- protéger le patient et son praticien ;
- permettre les démarches en vue de l’obtention de prise en charge financière et de
remboursement ultérieur ;
- permettre le calcul par les organismes complémentaires de la part à la charge du
patient.

En effet, le CSP, par son article R. 4127-234, dit que le patient doit être « en mesure
d’obtenir les avantages sociaux auxquels son état lui donne droit, sans céder à aucune
demande abusive ».

565. Dans la Convention nationale de juin 2006644 destinée à organiser les rapports
entre les chirurgiens-dentistes et les caisses d’assurance maladie, il est dit dans l’article 7
de l’avenant n° 6, qu’ « avant l’élaboration d’un traitement pouvant faire l’objet d’un
dépassement d’honoraires par entente directe telle que prévu dans la présente convention
article 7645, le chirurgien-dentiste remet à l’assuré un devis descriptif écrit, établi
conformément aux dispositions de l’annexe II […] ».

De même, l’article R. 4127 240 du CSP646 exige que « lorsque le chirurgien-dentiste est
conduit à proposer un traitement d’un coût élevé, il établit au préalable un devis écrit qu’il
remet à son patient ».

643
Art. L. 1111-3 du CSP : «Les professionnels de santé d’exercice libéral doivent, avant l’exécution d’un
acte, informer le patient de son coût et des conditions de son remboursement par les régimes
obligatoires d’assurance maladie ».
644
Parue au JO du 18 juin 2006.
645
Ou faisant l’objet d’un dépassement d’honoraires dans les limites fixées par les arrêtés du 31 décembre
1999 et du 15 janvier 2000 modifiés par l’arrêté du 10 avril 2002.
646
Ancien article 33 du CDD.
196
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

566. Les éléments obligatoires devant figurer dans le devis :

Ce sont les éléments suivants :

- La date d’établissement du devis ;


- L’identification du praticien traitant ;
- L’identification du patient ;
- La durée de validité du devis ;
- La description du traitement proposé ;
- La description précise et détaillée des actes : la nature de l’acte, sa localisation, les
matériaux utilisée (leur nature et leur norme) et le montant des honoraires ;
- La cotation des actes selon la nomenclature ;
- Le montant total des honoraires ;
- La base de remboursement pour l’assurance maladie obligatoire ;
- La mention : « le patient reconnaît avoir eu la possibilité du choix de son
traitement » ;
- La signature du praticien; la signature du patient ou du (des) responsables légal
(légaux) ;
- Toute mention légale obligatoire.

2. LE PATIENT DOIT COLLABORER AUX SOINS.

567. L’interrogatoire du patient sur son passé médical demande son entière
collaboration. Il se doit d’informer le chirurgien-dentiste de tout fait pouvant intéresser la
conduite du traitement. La non révélation d’allergies ou d’affection grave, peut en cas
d’accident, dégager la responsabilité du praticien.

568. Le patient doit donner un consentement aux soins sincère, il doit respecter les
prescriptions qui lui sont faites et coopérer aux soins. Il doit également participer
activement aux actes de prévention, de maintenance, d’adaptation de ses prothèses, etc. Il
n’est pas un acteur passif dans la relation de soins et n’est pas « livré à la seule science et
conscience du praticien647».

647
SARGOS P., « Réflexions sur les accidents médicaux et la doctrine jurisprudentielle de la cour
de cassation en matière de responsabilité médicale.», Dal., 1996, jur. p. 3654.
197
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

3. LE REFUS DE SOINS.

569. À tout moment, le patient a la liberté de refuser les soins. Il n’est possible de
donner des soins qu’à celui qui les accepte, en vertu du principe fondamental du droit des
personnes qui veut que chacun est libre de refuser toute intervention portant atteinte à son
intégrité corporelle. Ce principe peut parfois être en contradiction avec le devoir de soins
du médecin.

570. Le patient capable et conscient est libre de refuser l’acte médical, quitte à
souffrir, voire, mourir. Le droit de l’individu à disposer de son propre corps implique le
respect de sa non acceptation. En cas de « refus obstiné et même agressif » de la part d’un
patient, le praticien n’est pas passible ni de poursuite pénales pour non assistance pour
personne en danger648, ni de poursuite disciplinaire649.

571. Le praticien devra tout mettre en œuvre pour convaincre le patient d’accepter les
soins indispensables. Il devra l’informer sur les conséquences de son choix. Il peut
éventuellement, lui proposer de l’adresser à un autre praticien. Seule l’obligation de tenter
de convaincre650 autorise à outrepasser le dissentiment à l’acte de soins, si le pronostic vital
est menacé651. Le médecin doit « tout mettre en oeuvre pour le convaincre d’accepter les
soins indispensables » en cas de pronostic vital652.

572. Il faut que ce refus soit noté dans le dossier. L’idéal étant de faire signer au
patient une attestation de refus de soins comprenant la description des soins proposés, la
confirmation du refus du patient et les conséquences possibles de ce refus.
Toutefois, ce refus ne peut être pris en considération qu’à une double condition : il faut que
le patient soit majeur et lucide et il faut qu’il soit suffisamment informé des risques
encourus.

648
Crim., 3 janvier 1973, D. 1974, p. 591, note G. LEVASSEUR; Crim., 30 octobre 1974, D. 1975, note
SAVATIER R. (refus de transfusion sanguine).
649
CE, 6 mars 1981, Puech, R.D.Sanit. Soc., 1981, p. 413, note LABETOULLE, note DUBOUIS L.
650
Art. L. 1111-4 al. 2 du CSP.
651
CE, ordonnance du 26 août 2002, Feuillatey, préc. rappo. Crim., 30 octobre 1974, D. 1975, p. 178, note
SAVATIER R. pour licéité du respect de l’interdiction d’une transfusion sanguine.
652
Cass. civ. 1ère, 10 janvier 2000, J.C.P. 2001, II, 10473, note A. DORSNER-DOLIVET
198
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Les exceptions légales :

573. Ce sont celles pour lesquelles le patient n’est pas en état de fournir un
consentement valable653 ou en cas d’urgence.

574. Les obligations réciproques des deux parties naissent de la relation de soins qui
doit conserver son caractère synallagmatique pour préserver l'équilibre de cette relation,
avec un patient qui a de plus en plus de droits et qui devient responsable de ses choix de
traitement. Non seulement, il doit collaborer aux soins mais aussi rémunérer le praticien. Il
doit en plus, être motivé pour se soigner, préserver sa santé, la maintenir dans le meilleur
état possible. Il doit également suivre les conseils qui lui sont prodigués et prendre les
traitements qui lui sont prescrits.

575. L'article L. 1111-4, al.1 du CSP dit que « toute personne prend, avec le
professionnel de santé et compte tenu des informations et des préconisations qu’il lui
fournit, les décisions concernant sa santé ». Le patient serait donc libre d'accepter ou de
refuser un traitement ou bien d'influer sur la décision thérapeutique. Sa décision ferait
qu'en fin de compte, il serait responsable de sa santé, en fonction de ses choix de se faire
soigner mais aussi de quelle manière654. Mais la possibilité d’interrompre les soins et donc
de rompre à tout moment le contrat atténue la force de l’obligation de collaboration aux
soins.

653
L’incapacité du patient :
Cas du malade mental interné sous le régime du placement volontaire (art L 327 du CSP).
Cas du malade mental interné sous le régime du placement d’office (art L 342).
Cas des porteurs de maladies vénériennes refusant tout traitement (anciens art L 254 du CSP).
Les alcooliques dangereux (anciens art. L 355.1 à 13 du CSP).
Les toxicomanes (art L 353.14 à 21 du CSP).
Cas des mineurs (privation de soins par les parents), article R.4127- du CSP, art. 29 du CDD, art 226.14
du Code Pénal; art 375 et suivant Code Civil.

654
« Information et participation du patient à la décision en matière de santé : vers une prise de décision
partagée. », Congrès A.C.F.A.S., Montréal, U.G.A.M., 11 Mai 2004.
199
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

TITRE II : LES DROITS DES PARTIES.

576. La relation de soins n’engendre pas que des devoirs. Elle confère aussi aux deux
parties en présence des droits : ceux du chirurgien-dentiste (Chapitre 1) qui sont la liberté
de prescription (Section I) et le droit au refus de soins (Section II), ceux du patient
(Chapitre 2), le libre choix du praticien (Section I) et l’accès aux soins (Section II).

Chapitre 1 : les droits des chirurgiens-dentistes.

577. La liberté de prescription constitue un des principes fondamentaux de la


médecine et de la chirurgie-dentaire. C’est « la caractéristique et l’expression même de
l’exercice libéral655 ».

Le Code de déontologie, dans son article R.4127-233 alinéa 1 et 2 du CSP656, explicite


ainsi l’acte médical : « le chirurgien-dentiste qui a accepté de donner des soins à un
patient s’oblige :
- À lui assurer des soins éclairés et conformes aux données acquises de la science,
soit personnellement, soit, lorsque sa conscience le lui commande, en faisant appel à un
autre chirurgien- dentiste ou à un médecin ;
- À agir toujours avec correction et aménité envers le patient et à se montrer
compatissant envers lui ».

578. L’acte médical comporte deux temps : le diagnostic et la thérapeutique. La


prescription concerne ces deux temps.

655
« Le droit de prescription. », in Guide d’exercice professionnel, ONCD, juin 1997, p. 142.
656
Ancien article 26 du CDD.
200
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

SECTION I : LA LIBERTE DE PRESCRIPTION.

1. LA LIBERTE DE PRESCRIPTION THERAPEUTIQUE.

579. En ce qui concerne la thérapeutique, la liberté de prescription est un principe


fondamental de la médecine libérale, en vertu de la loi du 3 Juillet 1971657 et des articles L.
162-2 du CSS et R. 4127-210 du CSP.

Ce principe est consacré dans les articles suivants du CDD :


• l’article R.-4127-210 du CSP 658 qui note la « liberté de prescription du chirurgien-
dentiste ».
• l’article R.4127-238 du CSP659 qui dit que « Le chirurgien-dentiste est libre de ses
prescriptions, qui seront celles qu’il estime les plus appropriées en la circonstances. Il doit
limiter ses prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité et à l’efficacité des
soins ».
• ainsi que dans l’article L 162.2 du Code de la sécurité sociale qui informe que
« dans l’intérêt des assurés sociaux et de la santé publique, le respect de la liberté
d’exercice et de l’indépendance professionnelle et morale des médecins, est assuré,
conformément aux principes déontologiques fondamentaux qui sont le libre choix du
médecin par le malade, la liberté de prescription du médecin, le secret professionnel, le
paiement direct des honoraires par le malade, la liberté d’installation du médecin ».

580. Il est essentiel de ne prescrire que dans le cadre de la capacité professionnelle du


chirurgien-dentiste et avec discernement660. Certes, le droit de prescription concerne tous
les actes de prévention, de diagnostic et de traitement dentaire que le praticien estime utile.
Mais ce droit n’est pas absolu. En effet, la prescription doit se faire dans le respect « de
l’intérêt du patient avec en matières de prescriptions médicamenteuses l’aide, l’assistance
et le contrôle des pharmaciens et de l’intérêt de la Santé publique661 ».

657
Loi n° 71-525 du 3 juillet 1971.
658
Ancien art. 7 du CDD.
659
Ancien art. 31 du CDD.
660
REGARD R., « Ordonnances ou prescription : une liberté très encadrée. », La Lettre, ONCD, avril
2005, n° 36.
661
« Le droit de prescription » in Guide d’exercice professionnel, ONCD, juin 1997, p. 142.
201
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

581. Le contrôle médical se réserve le droit de procéder à des analyses d’activité et


des contrôles pour détecter tout abus de prescription662. Il peut convoquer le praticien, si
besoin est, afin de procéder à une évaluation de l’intérêt thérapeutique d’une
prescription663.

2. LA PRESCRIPTION MEDICAMENTEUSE.

582. « Les chirurgiens-dentistes peuvent prescrire tous les médicaments nécessaires à


l’exercice de l’art dentaire664 ». Mais ils ne doivent pas dépasser les limites de leur
compétence.

583. La prescription médicamenteuse doit se faire par écrit. La rédaction de


l’ordonnance doit être claire et précise et respecter les conditions de forme prévues aux
articles R. 5132-3 du Code de la santé publique qui sont les suivantes : « La prescription
de médicaments ou produits mentionnés à la présente section est rédigée, après examen du
malade, sur une ordonnance et indique lisiblement :
- le nom, la qualité et, le cas échéant, la qualification, le titre, ou la spécialité du
prescripteur telle que définie à l’article R. 5121-91, son identifiant lorsqu’il existe, son
adresse, sa signature, la date à laquelle l’ordonnance est rédigée et, pour les médicaments
à prescription hospitalière ou pour les médicaments à prescription initiale hospitalière, le
nom de l’établissement ou du service de santé ;
- la dénomination du médicament ou du produit prescrit, ou le principe actif du
médicament désigné par sa dénomination commune, la posologie et le mode d’emploi et,
s’il s’agit d’une préparation, la formule détaillée ;
- la durée du traitement ou, lorsque la prescription comporte la dénomination du
médicament au sens de l’article R. 5121-2, le nombre d’unités de conditionnement et, le
cas échéant, le nombre de renouvellements de la prescription ».

662
Art. L 315-1 du CSS.
663
Art. L. 315-2-1 du CSS.
664
Loi du 3 juillet 1971: articles L. 162-2 du code de la sécurité sociale et R. 4127-210 du Code de la santé
publique.
202
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

584. L’article R. 161-45 du Code de la sécurité sociale complète ces obligations en


matière de rédaction des ordonnances, en indiquant que « l’ordonnance, lorsqu’elle existe,
doit comporter les éléments suivants. Le prescripteur y fait mention, quel que soit le
support :
1°. Des nom et prénoms du bénéficiaire des actes ou prestations ;
2°. De son propre identifiant ;
3°. De la date à laquelle elle est faite et de la référence permettant son rapprochement
avec ma feuille de soins ;
4°. Le cas échéant, de l’indication prévue à l’article L. 162-4 ;
5°. Le cas échéant, la mention de la disposition législative en vertu de laquelle la
participation financière de l’assuré est limitée ou supprimée ».

De plus, « L’ordonnance est signée du prescripteur. Ce dernier indique en outre, s’il y a


lieu, sur l’ordonnance écrite remise au bénéficiaire des soins, que la prescription soit
transmise électroniquement à l’organisme d’assurance maladie, conformément aux
dispositions du 1° de l’article R. 161-48 ».

585. Cette liberté de prescription est finalement très encadrée, avec des limitations
qui la restreignent de manière non négligeable. Déjà, dans son bulletin d’avril 2007,
l’Ordre National des Médecins publie qu’« il faut désormais distinguer deux concepts:
l’indépendance matérielle du médecin bornée par les nouvelles modalités d’exercice et
l’autonomie de la décision médicale encadrée par les contraintes règlementaires et/ou
économiques665».

586. Monsieur François VIALLA explique que « La liberté thérapeutique offre au


médecin l’assurance qu’il sera libre dans le choix de ses prescriptions, de ses actes, selon
sa science et sa conscience666». Les restrictions de cette liberté risquent de ne pas offrir au
patient tous les choix de traitement possibles. Et le développement des actions en
responsabilité va-t-il influer sur les comportements des praticiens vers une attitude
d’abstention thérapeutique ?

665
« Le patient, le médecin et la société. Dix principes pour une confiance partagée. », Bull. de l’Ordre
national des médecins, n°4, avril 2007. www.conseil-national.medecin.fr
666
VIALLA F., « Indépendance du médecin, liberté thérapeutique, liberté de prescription. », in François
VIALLA (ss. dir.), Les grandes décisions du droit médical, L.G.D.J., éd. Lextenso, 2009, p. 94.
203
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

3. LES CERTIFICATS MEDICAUX667.

587. Le certificat médical est à la fois une pièce administrative et juridique. C’est un
document qui peut faire valoir un droit ou une demande légitime. Sa rédaction doit obéir à
certaines règles édictées dans le code de déontologie dentaire.
Il doit notamment comporter la signature manuscrite du praticien, ainsi que l’indique
l’article R. 4127-229 du CSP668 : « l’exercice de l’art dentaire comporte normalement
l’établissement par le chirurgien-dentiste, conformément aux constatations qu’il est en
mesure de faire dans l’exercice de son art, des certificats, attestations ou documents dont
la production est prescrite par la réglementation en vigueur. Tout certificat, attestation ou
document doit comporter sa signature manuscrite ».

588. Le praticien est obligé de rédiger un certificat, lorsque son patient le lui
demande, de par l’article R. 4127-234 du CSP669 qui précise que « le chirurgien-dentiste
doit mettre son patient en mesure d’obtenir les avantages sociaux auxquels son état lui
donne droit, sans céder à aucune demande abusive. Délivrer un certificat médical est une
obligation déontologique pour le praticien si la rédaction d’un certificat entre dans le
cadre d’obtention d’avantages sociaux ».

589. Mais la rédaction de faux ou de certificats de complaisance est prohibé par


l’article R. 4127- 221 du CSP670 qui énonce que « Sont interdits : tout acte de nature à
procurer à un patient un avantage matériel injustifié ou illicite », ainsi que par l’article R.
4127- 213 du CSP671 où « Il est interdit d’établir un rapport tendancieux ou de délivrer un
certificat de complaisance ».

590. Le certificat médical doit respecter le secret professionnel : il doit être remis en
mains propres et doit préciser qu’il a été fait à la demande de la personne examinée et

667
ANGLARS A., « Les certificats médicaux en odontologie. », Information dentaire, n° 20 du 17 mai
2000, pp. 1483-1488.
668
Ancien art 25 du CDD.
669
Ancien art. 28 du CDD.
670
Ancien art. 17 du CDD.
671
Ancien art. 10 du CDD.
204
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

remis en mains propres à celle-ci, ou à son représentant légal, comme l’indique l’article R.
4127- 206 du CSP672 .

Le certificat médical est un document médical qui décrit les éléments médicaux constatés.

4. LES LIMITATIONS A LA LIBERTE DE PRESCRIPTION.

Elles sont de trois ordres : les limitations déontologiques, les limitations économiques et
celles induites par la création du parcours de soins.

A/ Les limitations déontologiques :

591. L’article R. 4127- 204, al. 1 du CSP673 insiste sur le fait que le chirurgien-
dentiste doit se donner les moyens matériels d’exercer sa profession dans de bonnes
conditions, ce, pour garantir la qualité des soins et la sécurité de son patient.

592. Il doit également connaître ses limites. À capacité égale, tous les praticiens n’ont
pas la même compétence. L’article R.4127-204 du CSP674 indique bien que « le chirurgien-
dentiste ne doit en aucun cas exercer sa profession dans des conditions susceptibles de
compromettre la qualité des soins et des actes dispensés ainsi que la sécurité des
patients… Sauf circonstances exceptionnelles, il ne doit pas effectuer des actes, donner des
soins ou formuler des prescriptions dans les domaines qui dépassent sa compétence
professionnelle ou les possibilités matérielles dont il dispose ».

593. L’article R 4127- 226675 est important dans le sens où apparaissent sans cesse
des procédés et des matériaux nouveaux. Il indique que « divulguer prématurément dans le

672
Ancien art. 5 du CDD.
673
Ancien art. 3-1 du CDD.
674
Dans La lettre, le Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes, juillet-août 2002, n° 9, le
Conseil National de l’Ordre a reconnu à un praticien hospitalier titulaire d’un CES de chirurgie buccale
la capacité de traiter des fractures maxillaires, mais a rappelé que face à un acte aussi délicat, le praticien
devait se demander s’il possédait la compétence pour le faire.
675
Ancien art. 22 du CDD.
205
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

public médical et dentaire en vue d’une application immédiate un procédé de diagnostic ou


de traitement nouveau insuffisamment éprouvé constitue de la part du praticien une
imprudence répréhensible s’il n’a pas pris le soin de mettre le public en garde contre les
dangers éventuels du procédé. Divulguer ce même procédé dans le grand public quand sa
valeur et son innocuité ne sont pas démontrées constitue une faute. Tromper la bonne foi
des praticiens ou de leurs patients en leur présentant comme salutaire et sans danger un
procédé insuffisamment éprouvé constitue une faute grave ».

594. Dans sa pratique quotidienne, le chirurgien-dentiste est fréquemment amené à


essayer des nouveautés, parfois après avoir suivi des stages ou des formations, après
lecture de publications, le plus souvent après lecture du seul mode d’emploi ou une
présentation par un commercial.
Où se situe parfois la frontière entre l’expérimentation individuelle et l’utilisation
raisonnée ? Bien des produits finissent au fond des tiroirs, heureusement, sans conséquence
pour les patients.
Dans le domaine de l’implantologie par exemple, où la formation des praticiens
n’est pour le moment pas règlementée, seule la compétence que s’accorde le praticien sert
de limite676. De nombreux systèmes implantaires se sont développés et le marché étant en
pleine expansion, il faut s’attendre à une augmentation du contentieux dans les années à
venir.

B/ Les limitations économiques :

a) Les honoraires :

595. Le praticien doit informer son patient du caractère remboursable ou non des
médicaments qu’il prescrit. En effet, « lorsqu’il prescrit une spécialité pharmaceutique, un
produit, un acte ou une prestation non remboursable, le chirurgien-dentiste en informe son
patient et porte la mention « NR » sur l’ordonnance, en face de la spécialité ou produit

676
À tel point que, par exemple, lorsqu’un praticien désire s’assurer en responsabilité civile professionnelle
pour la pose d’implants, la MACSF (Mutuelle d’Assurance des Professions Médicales) demande les
justificatifs de formation du praticien, et la demande est examinée par une commission de juristes et de
chirurgiens-dentistes.
206
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

concerné677 ». C’est un facteur limitant, car beaucoup de patients refusent d’acheter des
médicaments ou de prendre des traitements qui ne sont pas remboursés.

596. Les honoraires doivent être fixés avec tact et mesure. Les critères d’appréciation
sont en fonction de la notoriété du praticien, l’emplacement du cabinet, les prestations de
soins…

597. La modification de l’article L. 162-1-14 par la « loi financement » de la sécurité


sociale de 2007678 a donné aux directeurs des caisses d’assurance maladie la possibilité de
sanctionner les praticiens dont l’inobservation des règles du Code de la sécurité sociale
aboutit à des prise en charge d’indus, mais aussi ceux « ayant exposé les assurés à des
dépassements d’honoraires dépassant le tact et la mesure679 ».

598. Cette appréciation du tact et de la mesure a provoqué la protestation de la


CNSD680 qui a déposé un amendement, au prétexte que c’est à l’Ordre des chirurgiens-
dentistes de faire cette appréciation. Mais le Parlement a rejeté la demande de ce syndicat.
L’organisme de sécurité sociale ne peut néanmoins recourir à la fois au dispositif des
pénalités prévu par l’article R.147-1-6681 et aux procédures conventionnelles visant à
sanctionner la même inobservation des règles de tact et de mesure édictées dans le Code de
déontologie dentaire.

599. Le juge, quant à lui, se réfère au procédé de calcul de l’administration fiscale,


afin de déterminer « la juste mesure » des honoraires de prothèse dentaire en concluant
ainsi : « mais attendu qu’aucune disposition légale, applicable au contrat médical, ne fait
dépendre, dans son principe, le droit du praticien à une rémunération d’une détermination
préalable de celle-ci; que le tribunal d’instance a justement considéré qu’en l’absence
d’un devis accepté par le patient il appartient aux juges de déterminer le montant des

677
Art. L. 162 – 4 et L. 162-8 du Code de la sécurité sociale.
678
Loi 2006-1640 du 21 décembre 2006 de financement de la sécurité sociale pour 2007, NOR :
SANXO600163L
679
Article L. 162-1-14 du Code de la sécurité sociale.
680
Un des syndicats représentatifs de la profession.
681
L’article R. 147-1-6 dit que «l’organisme local d’assurance maladie compétent pour prononcer la
pénalité financière mentionnée à l’article L. 612-1-14 est celui qui a ou aurait supporté l’indu de la
cause».
207
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

honoraires dus au praticien eu égard à l’étendue des services fournis et à sa qualification


professionnelle […]. Que l’un des procédés employés par l’Administration fiscale pour
reconstituer les revenus des chirurgiens-dentistes et stomatologues consiste à appliquer
selon leur qualification et leur standing professionnel au montant des factures de prothèse
un coefficient multiplicateur de 4.5 à 6 […].
Et attendu que, par une appréciation souveraine du rapport d’expertise et des éléments de
la cause, le tribunal d’instance a estimé, que la «juste mesure» de l’honoraire dû au
stomatologue pour la pose de la prothèse correspondait au coût des pièces affecté du
«coefficient en usage le plus élevé», soit le coefficient 6; que, par ces seuls motifs, sans
caractère dubitatif ou hypothétique, le tribunal a légalement justifié sa décision […]682».

b) Les limitations imposées par les caisses d’assurance maladie.

600. Les rapports entre les caisses primaires d’assurance maladie et les chirurgiens-
dentistes sont régis par des conventions nationales qui sont conclues entre la Caisse
Nationale d’Assurance Maladie et Travailleurs Salariés (CNAMTS) et les principaux
syndicats représentant la profession. La Convention nationale qui intéresse les chirurgiens-
dentistes date de la loi du 13 août 2004. Le Code de la sécurité sociale la définit comme
« le cadre des relations entre les professionnels de santé et les caisses ».

601. Cette convention détermine les conditions dans lesquelles le praticien a recours
au tiers payant683. Elle fixe également quels sont les cas pour lesquels les dépassements
sont autorisés, et les plafonds de dépassement autorisés pour les bénéficiaires de la CMU.
Elle décide des mesures à prendre, afin de garantir la qualité des soins que le chirurgien-
dentiste dispense aux assurés sociaux684.

682
Cass. Civ.1 ère, 30 juin 1992, n° 89-21.970, Juris-data n° 001867; Bull. civ. n° 212; Dal., 1992,
n° 30, I.R. p. 211; J.C.P., G, 1992, n° 41, IV, p 277, n° 2538; G.P., 1 er -3 novembre 1992, n°
306-608, panorama p. 249.
683
C’est le tiers payant conventionnel, qui est à différentier du tiers payant légal fixé par la loi (dans le
cas des CMU, des victimes d’accidents du travail et des maladies professionnelles) et du tiers payant
délégué, dans le cadre de protocole, et qui fait intervenir un autre acteur, comme les mutuelles de
fonctionnaires (protocole CNSD-MGEN) ou les compagnies d’assurance.
684
Par la sélection de thèmes des références professionnelles, l’opposabilité de ces références, et leurs
conditions d’application.
208
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

602. La liberté thérapeutique du praticien se trouve donc limitée, lorsqu’il exerce


dans le cadre conventionnel, à la fois pour des raisons d’ordre économique et par
l’obligation de se référer aux recommandations de bonne pratique qui existent. Il y a là une
véritable ingérence d’un tiers que représentent l’Assurance Maladie et les assurances
complémentaires685, dans la relation de soins entre le chirurgien-dentiste et son patient.

c) Les limitations dues à l’analyse d’activité du praticien.

603. La dernière réforme de l’Assurance Maladie a entraîné une limitation à la liberté


de prescription du chirurgien dentiste. Une nouvelle disposition du Code de la sécurité
sociale autorise les caisses d’assurance maladie et le contrôle médical à procéder à
l’analyse de l’activité du professionnel de santé686. Ces caisses peuvent même, si elles
l’estiment nécessaire, au vu des dépenses de remboursement du patient, procéder à
l’évaluation de l’intérêt thérapeutique d’une prescription, et convoquer le praticien687.
Elles peuvent donc vérifier « que les actes pratiqués ou les traitements prescrits respectent
les recommandations de bonne pratique cliniques…»
Le praticien devra se justifier, dans le cas où il aura utilisé une technique plus innovante,
s’il estime que les recommandations sont obsolètes ou inapplicables dans un cas donné688.

604. Mais l’analyse d’activité du praticien ne tient pas compte des particularités de
son exercice: en effet, il existe de fortes disparités en fonction du lieu d’installation du
cabinet dentaire. Il est évident qu’un cabinet en bord de mer recevra plus d’urgences en été
et la prescription d’antibiotiques sera plus importante, puisque la plupart des patients
consulteront au stade de l’infection. L’orientation de l’exercice professionnel, par exemple
vers la chirurgie ou la prothèse, va également fausser les statistiques : le ratio restauration

685
Dans le cadre des protocoles, on assiste à une véritable dérive, en matière prothétique: la formalité
d’entente préalable a été supprimée par la CPAM, mais la plupart des mutuelles exigent de recevoir un
devis préalablement à la réalisation de la prothèse. C’est l’assurance complémentaire qui se substitue-
rait au rôle du chirurgien-dentiste conseil pour décider de la prise en charge de la prothèse !
686
Art. L. 315 -1 du CSS.
687
Art. L. 315-2-1 du CSS.
688
Pour exemple : dans le cas de traitement pour «dévitaliser» une dent, il est reconnu que la technique
d’obturation canalaire des dents employée par 40% des chirurgiens-dentistes en exercice, n’est pas une
technique valable. Mais les arguments avancés (cherté du plateau technique, coût de revient élevé de
l’acte, différence de temps nécessaire entre les méthodes non négligeable, cotation et prise en charge
par l’assurance maladie très bas par rapport à la valeur réelle de l’acte) font que l’usage de cette
technique demeure largement répandue, alors que toutes les publications reconnaissent unanimement
son insuffisance.
209
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

foulée/restauration coulée689 n’a pas la même signification chez un praticien qui réalise un
grand nombre de prothèses par an par rapport à celui qui en fait très peu.

d) Les limitations entraînées par l’objectif de maîtrise des dépenses.

605. La nouvelle convention dentaire signée en août 2004 concerne deux axes de
maîtrise des dépenses : la baisse de prescription des antibiotiques et la diminution du ratio
entre deux techniques de restauration particulières690. L’engagement de maîtrise des
dépenses existe à la fois sur le plan individuel et sur le plan collectif. Le problème, c’est
qu’il vise des objectifs chiffrés691 mais qui ne reposent sur aucune base scientifique. Il
paraît difficile de demander à un praticien de tenir compte d’objectifs à atteindre ou de
quotas à respecter pour l’établissement de ses plans de traitements et de ses choix
thérapeutiques.

606. La liberté de prescription est entravée par l’objectif de maîtrise des dépenses de
santé, avec la forte incitation à ne prescrire que des médicaments génériques et la
limitation des indications de l’antibiothérapie.

607. L’élaboration de recommandations, concernant la prescription des


antibiotiques692 par l’ANDEM (Agence Nationale pour le Développement de l’Évaluation
Médicale) en 1996, revue693 en 2001 par l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité
Sanitaire des Produits de Santé) a pour but d’établir une stratégie médicale optimale en
fonction de l’état actuel des connaissances scientifiques. Ces recommandations précisent
ce qu’il est utile, inutile, voire, dangereux de faire dans une situation clinique donnée.

689
Il est demandé au chirurgien-dentiste de privilégier une restauration dentaire «foulée» plutôt que
coulée, donc plus chère, avant de couronner une dent. Mais cet objectif, purement économique, ne
tient pas compte des critères bien définis pour utiliser une technique plutôt qu’une autre, sous peine de
voir la pérennité de la prothèse compromise.
690
Il est demandé au chirurgien-dentiste de privilégier une restauration dentaire «foulée» plutôt que
coulée, donc plus chère, avant de couronner une dent. Mais cet objectif, purement économique, ne
tient pas compte des critères bien définis pour utiliser une technique plutôt qu’une autre, sous peine de
voir la pérennité de la prothèse compromise.
691
Il faut, par exemple, obtenir une augmentation « de 8 points du ratio foulée/coulée » en ce qui concerne
une technique de restauration d’une dent délabrée.
692
« Prescription d’antibiotiques en odontologie et stomatologie. », in « Recommandations et références
dentaires ». ANDEM, avril 1996.
693
Recommandations pour la prescription des antibiotiques en odontologie et stomatologie. Afssaps,
juillet 2001.
210
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Compte tenu des données scientifiques, une attitude thérapeutique à adopter est définie en
fonction du terrain et de la pathologie du patient.

608. L’article L 162-5 -6 du Code de la sécurité sociale définit les Références


Médicales Opposables ou RMO. Les RMO représentent ce qu’il faut éviter de faire et les
recommandations de bonne pratique, ce qu’il faut faire. Les RMO ont un rôle économique,
en vue de faire des économies en matière de santé. Les Recommandations de Bonne
Pratique ont un rôle qualitatif. L’association des deux vise à améliorer la qualité des
pratiques, donc améliorer l’état et la sécurité des patients, ainsi que maîtriser les dépenses
de santé.

609. Comme les RMO sont opposables par les caisses aux médecins, elles entraînent
une diminution des choix thérapeutiques et ont été vivement critiquées par les praticiens,
notamment en ce qui concerne la mise à jour de ces RMO. L’art L. 612-12-15 du CSS dit
que « la liste des références opposables est régulièrement actualisée par les parties
conventionnelles dans les conditions prévues au présent article, en fonction notamment des
données de la science. A défaut d’actualisation, les ministres chargés de la santé et de la
sécurité sociales peuvent, dans l’intérêt de la santé publique, après consultation de la
Haute Autorité de Santé ou de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de
Santé dans leur domaine de compétence respectif, demander aux parties à la convention
concernée d’abroger une référence opposable dont le maintien en l’état n’est plus justifié ;
en l’absence d’accord des parties, constaté deux mois après leur saisine, un arrêté des
mêmes ministres peut procéder à cette abrogation ».

En restreignant le choix thérapeutique, les RMO ont forcément une « incidence sur les
malades, et plus précisément même sur le contrat médical qui les lie à leur médecin694».

610. Les objectifs chiffrés demandés par la CPAM sont également contestables, parce
que les engagements des praticiens sont à la fois collectifs et individuels, et surtout parce

694
LAUDE A., « La force juridique des références médicales opposables. », Médecine et Droit, 1998,
n°28, p. 1.
211
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

qu’ils ne reposent sur aucune base scientifique. Il y a bien une maîtrise des dépenses,
« mais certainement pas médicalisée695 ».

e) Les limitations induites par le parcours de soins.

611. En créant le parcours de soins et le choix d’un médecin traitant696, la liberté de


prescription du chirurgien-dentiste s’est trouvé, de facto, limitée. Est-ce un oubli ou bien
une méconnaissance de la part du législateur697 ? L’interprétation stricte de la loi a fait que
le chirurgien-dentiste ne pouvait plus adresser directement son patient à un spécialiste
stomatologue, radiologue ou oto-rhino-laryngologiste (ORL), comme il le faisait
auparavant, dans sa pratique courante. Le patient devait s’adresser à son médecin traitant
pour ne pas être pénalisé financièrement. La CNAM (Caisse Nationale d’Assurance
Maladie) a modifié sa position en ce qui concerne l’orientation directe du patient par son
chirurgien-dentiste vers le radiologue et le stomatologue698. Le problème n’est pas réglé en
ce qui concerne les autres spécialistes de la sphère oro-faciale comme les ORL, les
laboratoires d’analyses ou tout autre spécialiste.

f) Une limitation particulière.

612. Le contrat est conclu intuitu personae : le praticien peut refuser de pratiquer
une intervention si les risques sont disproportionnés, par rapport au bénéfice escompté,
même si la décision d’accepter ou non les soins appartient au patient699, hors les cas
d’urgence.

695
SABEK M., « Nouvelle convention : ouvrir le débat. », Information dentaire, n° 21, 24 mai 2006,
p.1233.
696
Dispositif créé par la Loi de réforme de l’assurance maladie du 13 août 2004.
697
En fait, le parcours de soins a été élaboré en fonction de la convention de médecins et n’a pas tenu
compte de celle des chirurgiens-dentistes.
698
Un courrier de sa mission de conciliation adressé à un patient le 11 avril 2006 (La lettre, ordre national
des chirurgiens-dentistes, juin 2006, n° 48, p. 6) précise «qu’un chirurgien-dentiste peut donc orienter
son patient vers un stomatologue ou vers un radiologue sans crainte de le voir pénalisé». Mais en ce
qui concerne le stomatologue, comme «la réforme de l’assurance maladie a prévu qu’il est nécessaire
de passer par [un] médecin traitant avant de [se] rendre chez un médecin spécialiste, afin d’assurer
la coordination, la qualité et la continuité des soins», le patient «doit avoir déclaré [son] médecin
traitant à [sa] caisse, même s’il est orienté par un chirurgien-dentiste. A défaut de cette déclaration,
l’assuré est systématiquement considéré comme ne respectant pas le parcours de soins».
699
ASQUINAZI-BAILLEUX D., « Un regard sur la prestation de chirurgie esthétique. », P. A, 31 juillet
1996, p. 14, où l’auteur explique que le désir de changer d’apparence n’appartient qu’au patient.
212
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

613. Le praticien n’est pas tenu de convaincre son patient des dangers inhérents à un
acte, mais il peut refuser de pratiquer cet acte si celui-ci fait courir des risques au patient700.

SECTION II : LE REFUS DE SOINS.

614. Le refus de soins de la part du praticien peut être sanctionné: pour exemple, la
Cour de cassation a condamné un refus « d’apporter au bridge les retouches esthétiques
souhaitées par la patiente701 ».
Il peut être autorisé dans certains cas, lorsque la demande du patient n’est pas conforme
aux règles de l’art ou lorsque les soins ne remplissent pas les critères de qualité, sécurité et
efficacité.

615. Le refus de soins pour demande, par le patient, de soins non conformes aux
règles de l’art :

Dans le cas où la demande du patient n’est pas conforme aux règles de l’art, le praticien ne
doit pas y répondre, sous peine d’être sanctionné, comme le montre cette décision de la
Cour de cassation du 31 janvier 1996 : « mais attendu que la cour d’appel a retenu qu’en
acceptant d’apporter aux bridges initialement bien conçus les modifications voulues par
Mme D. à des fins esthétiques et consistant à boucher tous les espaces inter dentaires,
alors qu’il savait que l’état parodontal exigeait l’existence d’embrasures larges, M. F.
n’avait pas donné tous les soins attentifs et conformes aux règles de l’art ; qu’elle a
également retenu qu’en ne procédant pas au recouvrement immédiat des dents traitées
pour s’occuper du problème esthétique voulu par sa cliente, ce praticien n’avait pas
encore exécuté ses travaux selon ces mêmes règles en toute sécurité ; qu’ayant ainsi
caractérisé les fautes non en fonction d’une obligation de résultat , mais en fonction d’une
obligation de moyens, la Cour d’appel, qui n’avait pas à se prononcer sur un partage de

700
Cass. civ. 1ère, 18 janvier 2000, note A. DORSET-DOLIVET: «lorsque le patient manifeste sa
préférence pour un mode d’anesthésie plutôt qu’un autre, le chirurgien ou l’anesthésiste certes, n’est
pas tenu à convaincre le patient des dangers de cet acte, mais il doit cependant refuser de la pratiquer
si ces dangers excèdent ceux du type d’anesthésie proposé par ses soins».
701
Cass. civ. 1 ère, 28 juin 1988, n° 87-11.898, Juris-data n° 001232.
213
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

responsabilité qui ne lui était pas demandé, a considéré à bon droit que le fait que Mme D.
ait été informée des risques ne pouvait exonérer le praticien de sa responsabilité702 ».

Le refus de soins pour exigence professionnelle :

616. Le refus de soins peut être fondé, d’après l’alinéa 7 de l’article L. 1110-3 du
Code de la santé publique sur « une exigence professionnelle, essentielle et déterminante
de la qualité, de la sécurité et de l’efficacité de soins ».

Ce refus de soins l’est pour clause de conscience703 de la part du praticien qui n’a pas les
moyens de mettre en œuvre des soins qui dépassent sa compétence ou qui ne dispose pas
d’un plateau technique permettant la réalisation de ces soins. En cas d’acte que le praticien
juge inutile, dans le domaine esthétique notamment, ou en cas d’acte où le rapport
risques/bénéfices n’est pas satisfaisant, le refus de soins est justifié par l’application de
l’article 16-3 du Code civil qui ne permet l’intervention médicale et l’atteinte à l’intégrité
physique que par le fait de la nécessité médicale.

617. Ce refus inclut également le motif d’ordre personnel de refus de soins, admis par
l’article L. 1110-3, al. 7 du Code de la santé publique, traduit par « l’exigence
personnelle ». Ce même article rejoint le Code de déontologie médicale qui permet le refus
de soins, dans son article R. 4127-47 du Code de la santé publique704, en stipulant
qu’ « hors le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, un médecin
a le droit de refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou personnelle », ce que
reprend le Code de la santé publique, dans son article R. 4127-211705 : « Hors le cas
d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, le chirurgien-dentiste a
toujours le droit de refuser ses soins pour des raisons personnelles ou professionnelles, à
conditions :
1- de ne jamais nuire de ce fait à son patient ;

702
Cass. Civ. 1 ère, 30 janvier 1996, n° 93-21.769, Juris-data n° 000320.
703
NEIRINCK C. « Consentement à l’acte médical, analyse juridique. », in L’acte médical et les droits du
malade, ss dir. Claire NEIRINCK, coll. « Droit et médecine », Presse de l’université des sciences
sociales de Toulouse, p. 93.
704
Ancien art. 47 du CDM
705
Ancien art. 8 du CDD.
214
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

2- de s’assurer de la continuité des soins et de fournir à cet effets tous renseignements


utiles ».

618. Le refus de soins pour raisons économiques :

Certes, l’article L. 162-2-1 du Code de la sécurité sociale indique que « les médecins sont
tenus, dans tous leurs actes et prescriptions, d’observer, dans le cadre de la législation et
de la réglementation en vigueur, la plus stricte économie compatible avec la qualité, la
sécurité et l’efficacité des soins ». Dans le domaine de la chirurgie-dentaire, une telle
attitude ne peut guider le choix du plan de traitement. Par exemple, la meilleure solution
pour le remplacement d’une dent perdue entre deux dents saines est la pose d’un
implant706, lorsqu’elle est possible707 mais c’est une solution beaucoup plus coûteuse qu’un
bridge de trois dents qui nécessiterait la taille des dents piliers saines, acte qui peut être
qualifiée de mutilation volontaire708.

La sanction du refus de soins peut dépendre du Code pénal ou du Code de la santé


publique, voire, du Code de la consommation.

619. La sanction du Code pénal :

L’article 221-6 du Code pénal traite de l’homicide involontaire, en effet, « le fait de causer,
dans les conditions et selon les distinctions prévues à l’article 121-3 par maladresse,
imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement, la mort d’autrui constitue un homicide
involontaire puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
En cas de violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à 5 ans
d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende ».

706
Fausse racine en titane vissée dans l’os de la mâchoire et qui va supporter la dent prothétique de
remplacement.
707
Si l’état général du patient le permet.
708
Article 222-9 du code pénal : infraction de violences ayant entraîné une mutilation.
215
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

L’article 223-6 du Code pénal concerne le délit d’omission de porter assistance :


« Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les
tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient
volontairement de le faire, est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros
d’amende. Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à
une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui
prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours ».

L’article 225-1 du Code pénal, interdit le refus discriminatoire d’un service : « Constitue
une discrimination, toute distinction opérée entre les personnes physiques en raison de
leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille ».

. 620. La sanction du Code de la santé publique :

L’article L. 1110-3, al. 3 du Code de la santé publique, issu de la loi n° 2009-879 du 21


juillet 2009 renforce cette interdiction de refuser de donner de soins pour des motifs qui
relèvent de la discrimination : « un professionnel de santé ne peut refuser de soigner une
personne pour l’un des motifs visés au premier alinéa de l’article 225-1 du Code pénal au
motif qu’elle est bénéficiaire de la protection complémentaire et aux droits à l’aide prévus
aux articles L. 861-1 et L. 863-1 du code de la sécurité sociale, ou du droit à l’aide prévue
à l’article 251-1 du Code de l’action sociale et des familles ».

621. La sanction du Code de la consommation :

Dans l’hypothèse où le praticien est considéré comme un prestataire de service, il pourrait


être soumis au Code de la consommation qui énonce, dans son article L. 122-1, qu’ « Il est
interdit de refuser à un consommateur la vente d’un produit ou la prestation d’un service,
sauf motif légitime ».

La polémique du refus de soins et les patients bénéficiaires de la CMU709 :

622. Le chirurgien-dentiste a le devoir de soigner « avec la même conscience tous ses


patients, quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur

709
Couverture Maladie Universelle complémentaire
216
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

appartenance ou leur non appartenance à une ethnie, une nation ou une religion
déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il
peut éprouver à leur égard710 ».

623. Le Code de la santé publique précise également, dans son article l. 1110-3,
qu’ « Aucune personne ne peut faire l’objet de discriminations dans l’accès à la prévention
et aux soins ». Ce principe est repris dans les délibérations du 6 novembre 2006 de la
HALDE711.

624. Le Code pénal, de par son article 225-1, sanctionne aussi « toute distinction
opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur
situation de famille, de leur grossesse , de leur apparence physique, de leur patronyme, de
leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs,
de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités
syndicales, de leur appartenance ou de leur non appartenance, vraie ou supposée, à une
ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée… ».

625. Le refus de soins opposé par un médecin ou un chirurgien-dentiste est


assimilable à un refus de vente sanctionné sur la base du Code de la consommation, dans
les articles L. 122-1 et R. 121-13 dudit Code. Ce refus est sanctionné par une contravention
de 5ème classe prescrite dans un délai de un an.

626. La raison du refus de soins par les praticiens est principalement liée au
problème de l’absentéisme, du retard et de la non observance des traitements de la part des
bénéficiaires de la CMU. Il existe un réel problème d’éducation de cette population au
sujet des devoirs et des obligations envers les soignants. De plus, il faut aussi constater que
la dispense d’avance de frais entraîne la déresponsabilisation de l’assuré social.

La circulaire de la CNAMTS712 en date du 30 juin 2008713 met en place la procédure de


médiation locale entre les patients bénéficiaires de la CMU et les praticiens.

710
Ancien art. 8 du CDD, art R. 4127-211 du CSP
711
Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité, délibérations du 6 novembre 2006,
n° 2006-232 à 234
712
Caisse Nationale d’Assurance Maladie et Travailleurs Salariés
217
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Chapitre 2 : Les droits des patients.

En octroyant de nouveaux droits à l’ « usager du système de santé », la loi n° 2002-303 du


4 mars 2002 a voulu rééquilibrer la relation de soins714. Le patient devient un véritable
acteur de cette relation de soins. Il dispose du libre choix de son chirurgien-dentiste
(Section I) et la loi consacre son droit d’accès aux soins (Section II).

SECTION I: LE LIBRE CHOIX DU PRATICIEN.

627. En ce qui concerne la chirurgie-dentaire, le patient a entièrement le libre choix


du praticien. Il ne dépend pas du système de parcours de soins.
Certaines mutuelles incitent leurs adhérents à choisir des praticiens ayant signé des
conventions avec elles, mais de telles pratiques sont contraires à ce principe de libre choix
du praticien conféré par le CSP à l’article R. 4127-20715.

SECTION II: L’ACCES AUX SOINS

1. LE DROIT AUX SOINS.

628. La loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité
du système de santé716 a consacré le principe du droit d’accès aux soins pour tous. Le titre
1er du livre 1er de la première partie du Code de la santé publique généralise le droit d’accès
aux soins pour « toute personne » « égale et sans discrimination ». Le Code pénal, dans

713
Circulaire du 30 juin 2008, CNAMTS, CIR-33/2008
714
CATZ J., « La loi du 4 mars 2002 : de nouveaux droits pour les malades, de nouveaux devoirs pour les
médecins. Vers une médecine plus humaine. », Responsabilité, 2002, n° 6, p. 24.
715
Ancien art ; 20 du CDM
716
Loi n0 2002-303 du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, JO
du 5 mars 2002, p. 4118.
218
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

son article 225-1, dénonce également toute discrimination717, en rejoignant ainsi la position
du Code de déontologie médicale718, ainsi que celle du Code de déontologie dentaire719.

629. Selon l’article L. 1110-1 du CSP, les soins du patient sont « nécessités par son
état de santé ». L’article 1110-5 précise que « toute personne a, compte tenu de son état de
santé et de l’urgence des interventions que celui-ci requiert, le droit de recevoir les soins
les plus appropriés », et l’article L. 1110-5 rajoute le fait que « les actes […] de soins ne
doivent pas, en l’état des connaissances médicales, lui faire courir de risques
disproportionnés par rapport au bénéfice escompté ».

630. Le droit de soins sous entend que le patient doit coopérer. Ne pas accepter les
soins appropriés peut nuire à l’intérêt d’autrui, « et plus généralement l’intérêt collectif720»,
car « la personne qui « choisit » de rester malade en négligeant la thérapie devient un
agent de propagation de la maladie, dangereux pour la santé d’autrui. Il peut donc être
légitime de restreindre la liberté thérapeutique afin de préserver la liberté des autres… ».

631. La loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux
patients, à la santé et aux territoires, loi dite « hôpital, patient, santé, territoire »721 a
approfondi la reconnaissance juridique du droit d’accès aux soins722.

717
Art. 225-1 du C pénal, modifié par la loi n° 2006-340 du 23 mars 2006- art. 13 JORF 24 mars 2006 :
« Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques en raison de leur
origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur
patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs
moeurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités
syndicales, de leur appartenance ou de leur non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une
nation, une race ou une religion déterminée ».
718
« Le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les
personnes, quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance
ou leur non appartenance à une ethnie, une nation, ou une religion déterminée, leur handicap ou leur
état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard ».
719
Art 4127-211, ancien art ; 8 du CDD.
720
VIALLA F. (ss. dir.), « Les grandes décisions du droit médical. », L.G.D.J., éd. Lextenso, 2009, p. 94.
721
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et
aux territoires, JO du 22 juillet 2009, p. 12184.
722
MOURGUES A., L’accès aux soins, Thèse, Montpellier I, 2009, p. 103.
219
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

2. LE DOSSIER MEDICAL : LE CADRE LEGAL723.

632. Le dossier médical, « enjeux de transparence de la qualité des soins »724, est
obligatoire pour les professionnels de santé dans les établissements de soins, comme en
cabinet privé725. Le chirurgien-dentiste n’est pas le propriétaire du dossier médical, il n’en
n’est que le dépositaire légal726. Il est responsable de sa conservation et de sa protection727.

633. Le rôle du dossier médical est important: la loi du 4 mars 2002 consacre le droit
du patient à l’information, et c’est ce dossier qui en devient le vecteur, en permettant le
stockage et la communication des informations. Pour Étienne DESEHU, membre de la
section éthique du conseil de l’ordre des médecins, certes, son rôle d’outil de
communication entre professionnels et entre praticiens et patients doit s’imposer, mais
c’est son contenu qui compte avant tout. Il ne doit pas être une archive mais « le lieu
commun d’une histoire pathologique d’une personne et de la valeur ajoutée par les soins
des professionnels de santé728 ».

Quelles sont les obligations légales du chirurgien-dentiste en matière de tenue d’un dossier
médical ?

A/ La tenue d’un dossier médical :

634. La tenue d’un dossier médical n’est pas en elle-même, une obligation légale. De
même, il n’existe pas de règle définissant son contenu. Cependant, l’ANAES a édité, en
mai 2000, un référentiel sur le « Dossier du Patient en Odontologie729 ». Ces
recommandations sont des recommandations de bonne pratique, et peuvent être

723
« Dossier du patient en odontologie. », ANAES, mai 2000.
724
Thème de la conférence inaugurale du MEDEC 2002.
725
La lettre, ONCD, avril 2002, n°6, p. 24.
726
La loi du 4 mars 2002 précise que les informations sont «détenues» par les soignants: ils en sont les
dépositaires et non pas les propriétaires.
727
Art. R. 4127-259 du CSP, ancien art. 52 du CDD.
728
La Lettre, ONCD, avril 2002, n°6, p. 24.
729
ANAES. «Le dossier du patient : amélioration de la qualité de la tenue et du contenu,
réglementation et recommandations. », 2000.
220
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

considérées comme des données acquises de la science730. Il faut donc considérer que la
tenue d’un dossier médical est obligatoire. D’ailleurs, l’article L. 162-1-14 du Code de la
sécurité sociale mentionne que « le refus par les professionnels de santé de reporter dans
le dossier médical personnel, les éléments issus de chaque acte ou consultation, peuvent
également faire l’objet d’une pénalité ».

635. Avant la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002, la responsabilité médicale pouvait être
engagée durant 30 ans (article 2260 du CC). Le praticien devrait donc conserver ce dossier
durant cette période. Et s’il s’agissait d’un patient mineur, le délai était augmenté du
nombre séparant les faits, de celle de la majorité du patient, ce qui veut dire que ce délai
pouvait aller jusqu’à maximum 48 ans. La loi du 4 mars 2002 a ramené ce délai de
prescription à 10 ans, à partir de la date de consolidation des lésions731.

Et en cas de décès du praticien, les héritiers acceptant la succession sont tenus de réparer
les conséquences dommageables du fait des actes du praticien, dans les limites de la
prescription.

a) L’obligation de confidentialité.

636. L’obligation de confidentialité figure dans le Code de la santé publique, à


l’article R. 4127-208, au sujet du respect du secret professionnel.
Le praticien est soumis à l’obligation de veiller à la confidentialité des dossiers médicaux
selon l’article 29 de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique aux fichiers
et aux libertés qui prévoit que le responsable du fichier s’engage « vis-à-vis de toutes les
personnes concernées, à prendre toutes précautions utiles afin de préserver la sécurité des
informations, et notamment d’empêcher qu’elles soient déformées, endommagées ou
communiquées à des tiers non autorisées ».

En pratique, la sécurité des données demande que celles-ci soient gardées dans un local
non accessible au public, dans un meuble fermant à clef.

730
Arrêt CE 12/01, La lettre, ONCD, n°43 déc. 2005).
731
La date de consolidation d’une lésion correspond au jour où le praticien qui fixe cette date estime que
la lésion ne va ni s’aggraver, ni s’améliorer, en l’absence de traitement.
221
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

637. En cas d’utilisation informatique, les données doivent être sécurisées par des
dispositifs adéquats. L’article 16 de La loi n°78-17 du 6 Janvier 1978 rend obligatoire la
déclaration à la CNIL de tout fichier informatique nominatif.

b) Les obligations déontologiques.

638. Il n’existe pas dans le Code de déontologie dentaire, de mention d’obligation


de tenue d’un dossier médical. C’est à propos du secret médical qu’est définie la notion de
protection des dossiers, papier ou informatique, dans l’article R. 4127-206732, qui dit que
« tout chirurgien-dentiste doit veiller à la protection contre toute indiscrétion des fiches
cliniques, des documents et des supports informatiques qu’il peut détenir ou utiliser
concernant des patients ».

639. L’obligation d’établir un devis apparaît dans l’article R. 4127-240 du CSP733,


où il est énoncé que « lorsque le chirurgien-dentiste est conduit à proposer un traitement
d’un coût élevé, il établit au préalable un devis écrit qu’il remet à son patient ».

640. En cas de changement de praticien, il y a obligation de transmettre les


informations nécessaires, dans l’article R. 4127-264 du CSP734, qui indique que « si le
patient fait connaître son intention de changer de chirurgien-dentiste, celui-ci doit lui
remettre les informations nécessaires pour assurer la continuité et la qualité des soins ».

c) Les obligations vis-à-vis de l’administration.

641. Les praticiens conventionnés ont, envers les caisses de sécurité sociale, les
obligations suivantes :

- L’obligation de dater et d’identifier les radiographies des patients.


- L’obligation de les interpréter par écrit, de dater et de signer ces observations.

732
Ancien art. 5 du CDD.
733
Ancien art. 33 du CDD.
734
Ancien art. 57 du CDD.
222
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

- En cas de radiographie numérique, l’obligation d’imprimer au moins un cliché


correspondant à la facturation de la radiographie de la séance735.

B/ Les droits d’accès du patient :

a) L’accès au dossier médical.

642. Les articles L. 1111-7 et suiv. de la loi du 4 mars 2002 et le décret du 29 avril
736
2002 organisent « l’accès du patient aux informations personnelles détenues par les
professionnels de la santé737 ».
De même, l’arrêté du 5 mars 2004738 homologue les « recommandations de bonnes
pratiques relatives à l’accès aux informations concernant la santé d’une personne
et…l’accompagnement de cet accès », élaborées par l’ANAES739.

643. L’accès au dossier médical est un droit personnel, celui du patient. Il peut
désormais être direct, comme le permet l’article L.1111-7 du CSP qui indique que « toute
personne…peut accéder à ces informations [concernant sa santé] directement ou par
l’intermédiaire d’un médecin qu’elle désigne ». Avant la loi du 4 mars 2002, aussi bien
dans le cadre de la médecine hospitalière que dans le cadre de la médecine libérale, l’accès
au dossier médical ne pouvait se faire que par l’intermédiaire du médecin traitant. C’était
le principe de la médiation obligatoire.

644. Le médecin détenteur des informations médicales peut inviter le patient à se


faire accompagner lors de la consultation, lorsque les informations détenues pourraient
heurter le malade. La loi du 4 mars 2002 a créé ce rôle de personne de confiance. En aucun
cas, cette personne n’a de pouvoir de décision, tant à la place du praticien, qu’à celle du

735
Nomenclature des actes professionnels des médecins, chirurgiens-dentistes, sage-femme et auxiliaires
médicaux.)
736
Décret n° 2002-637 du 29 avril 2002 relatif à l’accès aux informations personnelles détenues par les
professionnels et les établissements de santé en application des articles L. 1111-7 et L. 1112-1 du CSP.
737
« Accès au dossier médical : des recommandations pour les professions de santé. », Le Quotidien du
médecin, 22 mars 2004.
738
JORF n° 65 du 17 mars 2004, p. 5206, texte n° 16.
739
« Accès aux informations concernant la santé d’une personne. Modalités pratiques et
accompagnement. », ANAES, février 2004.
223
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

patient. Il se contente d’assister ce dernier, de le conseiller, et de l’aider dans sa prise de


décision740. Grâce à elle, la loi du 4 mars 2002 espère rééquilibrer les «pouvoirs» des deux
parties et par la même, ne voit-on pas dans ce désir, la volonté de recadrer la relation de
soins en renforçant le lien contractuel ?

b) Le cas du patient mineur ou du majeur protégé.

645. « Les titulaires de l’autorité parentale disposent d’un droit d’accès direct et
non le mineur lui-même. Simplement, le mineur pourra exiger la présence d’un médecin :
la médiation devient obligatoire sur demande du mineur. Celui-ci peut s’opposer à ce que
le praticien communique certaines informations médicales aux titulaires de l’autorité
parentale conformément à l’article L.1111-5 du CSP ».

c) Le cas des ayants droit.

646. Les conditions d’accès au dossier médical des ayants droit sont définies dans
les articles L. 1110-4 et L.1111-7 du CSP. Il faut être vigilant car les « intérêts » des ayants
droit peuvent être contradictoires et générer des conflits. Le motif de leur demande doit
être fait par écrit.

d) Les autres titulaires du droit d’accès.

647. Ce sont les praticiens-conseils des caisses primaires d’assurance maladie741,


les experts judiciaires742, les membres de l’IGAS743 et de la HAS744. Cependant, ils n’ont
accès aux données de santé à caractère personnel que si elles sont strictement nécessaires à
l’exercice de leur mission.

648. Tout praticien qui ne participe pas au diagnostic et au traitement n’a pas droit
d’accès au dossier médical. Se pose donc la question de l’information des praticiens des

740
ESPER C., « La personne de confiance. », Gaz. Pal., 15-17 décembre 2002 : 13.
741
Article L. 315.1 du CSS.
742
Article R. 4127-258 du CSP
743
Art. 42 de la loi du 28 mai 1996.
744
Art. L. 1414-4 du CSP.
224
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

compagnies d’assurance et de mutuelles, en cas de demande d’étude de devis prothétique


par exemple. C’est le patient qui choisit de révéler à ces praticiens «conseils» les
informations médicales le concernant. En aucun cas, le praticien traitant ne doit délivrer
directement ces informations.

649. Ce qui soulève aussi le problème de la facturation qui ne doit comporter aucun
élément relevant du secret médical, car bien souvent, ces organismes exigent de connaître
la nature exacte des actes qui ont été dispensés et quelles ont été les dents soignées ou
remplacées, sinon, ils refusent de régler leur participation.

Les modalités d’accès :

La HAS a émis des recommandations concernant les modalités d’accès au dossier


médical745.

650. L’accès peut se faire soit sur rendez-vous, directement par le patient ou par
l’intermédiaire d’un praticien de son choix, soit par une demande de copie. Dans ce dernier
cas, seuls les coûts de reproduction selon le type de support et les frais d’envoi sont
facturés, car « il convient de limiter au coût du consommable et de l’amortissement du
matériel746 ».

651. Le CSP permet au patient d’accéder à toutes les informations de nature


médicale, c'est-à-dire, toutes les données qui permettent l’élaboration et le suivi du
diagnostic, du traitement, ou d’une action de prévention. Ce sont les radiographies, les
moulages, les comptes rendus opératoires, les certificats médicaux, les doubles des
ordonnances et des feuilles de sécurités sociales, les devis signés, l’historique des soins
réalisés, etc. (cette liste n’est évidemment pas exhaustive).

652. En ce qui concerne les radiographies, il est impératif de garder des copies dans
le dossier. En cas de remise des originaux, une décharge signée du patient doit indiquer le

745
HAS. « Recommandations pour la pratique clinique. Accès aux informations concernant la santé d’une
personne. Modalités pratiques et accompagnement. », décembre 2005.
http://has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/ Acces_Info_sante_Dec_2005.pdf
746
ANAES. « Accès aux informations concernant la santé d’une personne. Modalités pratiques et
accompagnement. », février 2004.
225
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

détail des documents communiqués, le type et le nombre de radiographies. Il faut noter que
la HAS précise que la communication des éléments non reproductibles, comme les
radiographies argentiques, doivent être conservées sur place par le praticien747.

653. Le praticien doit communiquer les documents demandés dans un délai de 8


jours, s’ils remontent à moins de 5 ans, et de deux mois, s’ils sont plus anciens, après un
délai de 48 heures.

654. Le refus du praticien de fournir au patient son dossier médical, ou


l’impossibilité de le faire, en cas de perte, vol, détérioration ou destruction du support, peut
engager la responsabilité de celui-ci. Le patient peut perdre un moyen de preuve dans le
cadre d’une action en responsabilité.

C/ Le contenu du dossier médical :

655. L’article R. 710-2-1 du CSP précise le contenu minimum du dossier médical


hospitalier. La seule obligation du médecin libéral figure dans l’article R. 4127-45 du Code
de la santé publique748 qui impose la tenue d’une fiche d’observation personnelle. Le
dossier médical n’est pas une obligation, mais la loi du 4 mars 2002 permettant au patient
l’accès aux informations le concernant induit la nécessité, pour le praticien, de tenir un
dossier médical renfermant toutes ces informations. C’est l’article l. 1111-6 du CSP, qui est
applicable aussi bien pour les établissements publics ou privés qu’aux médecins ou aux
chirurgiens-dentistes libéraux.

656. Le dossier médical a pour objectif de recueillir toutes les données cliniques,
administratives et comptables nécessaires au bon déroulement des soins et permettre un
exercice de qualité.

747
HAS. « Recommandations pour la pratique clinique. Accès aux informations concernant la santé d’une
personne. Modalités pratiques et accompagnement. », décembre 2005.
http://has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/ Acces_Info_sante_Dec_2005.pdf

748
Ancien art 45 du CDM
226
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Il comporte trois volets :

- le volet médical, qui comprend la fiche clinique avec les antécédents médicaux, la
chronologie des actes effectués lors des différents rendez-vous, les radiographies,
les certificats médicaux, les moulages et les photographies ;
- le volet administratif, qui recueille tous les renseignements administratifs, les devis,
les fiches de traçabilité, les déclarations de pharmacovigilance ;
- le volet comptable où figurent les renseignements relatifs aux paiements.

Les données administratives :

657. Elles contiennent tous les identifiants du patient. Le classement peut se faire
par ordre alphabétique ou numérique. Dans le cas d’un classement numérique, il faut tenir
une liste de correspondance entre les noms et les numéros identifiant les patients.

Le nom : il faut noter le nom marital, le nom de jeune fille et le cas échéant, le nom usuel
pour les femmes.

Le prénom : il permet de différencier les différents membre d’une même famille. En cas
d’homonymie, un symbole ou un signe distinctif placé en haut du dossier, permettra de
différencier les deux personnes.

Le sexe : il est à préciser car le prénom ne permet pas toujours de le mettre en évidence.

La date de naissance : il est indispensable de connaître l’âge du patient pour le soigner.

Le lieu de naissance : il peut donner des indications sur l’origine du patient. Dans le cadre
de certaines pathologies comme les maladies parodontales ou les fluoroses, par exemple,
ce peut être une aide au diagnostic.

L’adresse complète.

Le téléphone : c’est un outil de communication incontournable pour la bonne gestion du


cabinet. Lorsque numéro est sur liste rouge, il faut penser à le noter sur le dossier, et

227
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

assurer le patient qu’il ne sera en aucun cas communiqué à un tiers.

Le numéro de sécurité sociale et la codification de l’organisme de


remboursement sont nécessaires pour les relations avec les caisses de sécurité sociale, et
notamment, pour la télétransmission.

La profession : il est parfois utile de connaître quelle est l’activité professionnelle du


patient, voire ses professions passées, son statut actuel (actif, chômeur, retraité, etc.)

La date du premier rendez-vous.

Les coordonnées du tuteur, du curateur ou du tiers payeur, le cas échéant.

Les correspondants.

Les données cliniques.

Le motif de la consultation. C’est un élément à prendre en compte, pour répondre à


l’attente du patient.

L’anamnèse749 médicale :

658. Elle permet de connaître les éventuelles contre-indications à un traitement, et


de diminuer les risques médicaux. Elle permet aussi de mettre en évidence les interférences
ou les relations possibles entre l’état de santé actuel, une maladie ancienne et une
pathologie bucco dentaire.

659. Les examens médicaux, leurs résultats, les diagnostics, soins et traitements
entrepris antérieurement au jour de la consultation, sont répertoriés.

Dans le cas d’une utilisation d’un questionnaire écrit, à remplir par le patient, le praticien
le complètera par un questionnaire oral. Cela lui permettra d’en vérifier les réponses.

749
L’anamnèse médicale est l’ensemble des informations que le médecin recueille en interrogeant son
malade sur l’histoire de sa maladie.
228
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Dans le cas de l’urgence, il faut faire au minimum l’anamnèse médicale. Cette anamnèse
médicale doit être régulièrement mise à jour.

L’anamnèse odontologique :

660. C’est l’historique de l’ensemble des traitements effectués chez le patient avant
sa venue. Il est important de noter la date de la dernière consultation, les habitudes
d’hygiène bucco-dentaire, d’éventuelles para fonctions (tics, bruxisme, succion de doigt ou
autre…)

Les données de l’examen clinique exobuccal et endobuccal :

Il est indispensable d’établir le schéma dentaire avant et après traitement. Dans le cadre de
l’identification en odontologie légale, il est important de maintenir ce schéma à jour.

Le diagnostic.

Les courriers échangés avec les correspondants.

Les plans de traitement.

Les traitements effectués.

Le suivi thérapeutique (les modalités seront précisées avec le patient: on peut définir, par
exemple, la fréquence des examens de contrôle).

Les documents à conserver :


- les résultats d’examens complémentaires (analyses biologiques)
- le consentement éclairé aux soins des parents ou du responsable légal, si le
patient est un mineur ou une personne sous tutelle
- les devis
- les radiographies. Si le patient reprend ses radiographies, il faut en conserver un
double ou lui faire signer un reçu précisant la date de restitution.

229
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

- les doubles de certificats médicaux


- les modèles d’étude et les moulages, identifiés, numérotés et datés, se pose le
problème de stockage de ces pièces qui représentent un volume certain)
- les photographies identifiées et numérotées.
- les courriers aux différents correspondants

661. La Loi ne précise pas quel devrait être le délai de conservation750 de toutes ses
pièces. Il est possible de se référer au délai de prescription de la responsabilité civile
professionnelle du chirurgien-dentiste. Mais en pratique, il vaut mieux tout conserver, tout
le temps de l’exercice professionnel. Se pose le problème de la cessation d’activité et de
l’hébergement de ces données ou de leur destruction, lorsqu’il n’y a aucun chirurgien-
dentiste qui reprend le cabinet dentaire.

Il faut établir un dossier par patient. Si ce dossier est informatique, la déclaration à la


Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés est obligatoire

662. La CPAM peut sanctionner le refus de reporter dans le dossier médical les
éléments concernant chaque acte ou chaque consultation, en vertu de l’article L. 132-1-14
du Code de la sécurité sociale.

D/ Les qualités du dossier médical :

663. Il doit être clair, lisible, actualisé, écrit de manière indélébile avec les
corrections qui doivent être identifiables, quel que soit le support utilisé, papier ou
informatique. Les commentaires personnels ainsi que les données comptables, doivent être
séparées des données médicales .Ce dossier doit pouvoir être mis à jour et évoluer sans
problème.

La HAS a publié un référentiel permettant d'auto évaluer la tenue du dossier médical.

750
MOUTARDE A., « Cessation d’activité et conservation du dossier médical. », La Lettre, ONCD, n° 38,
juin 2005, p. 14.
230
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

E/ Le dossier médical partagé ou DMP :

664. Le dossier médical sera à l’avenir amené à être partagé entre différents acteurs
de santé. Le dossier dentaire y sera intégré. L’informatique permettra la tenue et la
transmission d’un tel dossier.

665. Le dossier médical partagé ou DMP devait en principe voir le jour avec la
réforme de l’assurance maladie de 2004. Le projet de loi de financement de la sécurité
sociale de 2009 voudrait le concrétiser. Pour ce faire, l’ASIP ou Agence des Systèmes
d’Informations de Santé Partagés a été créée.

F/ Le dossier médical : ses fonctions.

666. Le dossier médical du patient en odontologie a plusieurs fonctions


importantes. Il contient tous les renseignements nécessaires au chirurgien-dentiste: les
identifiants du patient, son état, les traitements qu’il a eus, le suivi thérapeutique, etc.

667. Un dossier complet et actualisé permet une approche globale du patient, c’est
la base de travail du praticien, le support pour la transmission des informations à un ou
plusieurs autres praticiens et peut servir pour une éventuelle recherche scientifique.

668. Un bon dossier va permettre un exercice de qualité: il rassemble à la fois des


informations sociales, administratives, médicales, biologiques, cliniques, et para
médicales. À partir de ce dossier, l’histoire médicale du patient pourra être reconstituée, ce
qui permettra d’établir des diagnostics et des pronostics. Le dossier médical constitue « la
mémoire de la santé de chacun ».

669. Le praticien doit pouvoir le communiquer au patient ou sur demande de toute


instance officielle étant en droit de le faire. C’est un élément de responsabilité en cas de
litige. En effet, l’existence d’écrits facilite les affaires judiciaires, il doit donc être clair et
lisible.
C’est également un élément d’identification.

231
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Le dossier médical sur l’Internet :

670. Depuis le 20 mai 2008, Google Health propose aux internautes américains de
constituer gratuitement leur dossier médical sur internet751. Leurs données médicales,
celles concernant leur assurance maladie et leur assurance complémentaire peuvent être
partagées avec les établissements et les professionnels de santé qu’ils choisissent. Des
services sont proposés par Google, comme la recherche de spécialistes en fonction des
maladies déclarées et des alertes en cas d’incompatibilité entre les médicaments prescrits.
Malgré la promesse de Google de prendre toutes les précautions nécessaires, il est évident
que la protection de ses données n’est que relative, et qu’il peut être dangereux de
concentrer ainsi des informations personnelles et confidentielles.

3. LE RENFORCEMENT DES DROITS DU PATIENTS.

671. La loi du 4 mars 2002 a voulu donner plus de droits aux patients afin de
rééquilibrer la relation de soins. La démocratie sanitaire qu’elle a voulu instaurer a
consacré légalement les droits des usagers du système de santé, à savoir, le droit au respect
et à la dignité, le droit des personnes, le principe de non discrimination, et la protection de
la santé.

672. Dans cette continuité, la loi HPST a voulu renforcer la position du patient en
voulant le placer au coeur du système de soins. Le patient acquiert une véritable autonomie
dans sa décision de soins, ainsi que des droits nouveaux tels que le droit de participer à la
décision médicale, droit qui découle de l'information du patient, le droit d'accès direct au
dossier médical et le droit à l'intégrité physique.

751
http://www.google.com/health/htlm/about/
232
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

A/ Le droit à l’intégrité physique :

673. C'est un droit fondamental qui est consacré par l'article 1 de la Convention des
droits de l'Homme et de la bio-médecine752, les déclarations de l’OMS, la Déclaration de
1994 sur la promotion des droits des patients en Europe753, les recommandations de
l’ANAES et l’article 16-3 al. 2 du Code civil.

Il regroupe le droit à la sécurité et le droit à la qualité des soins.

Le droit à la sécurité et à la qualité des soins :

674. Il ne doit pas y avoir d'autres atteintes que celles nécessaire à le soigner , ainsi
que l’indique l’art 16-3 du CC qui dit qu’ « il ne peut être porté atteinte à l'intégrité du
corps humain qu'en cas de nécessité médicale pour la personne ».

675. Les normes de sécurité, pour la prévention des dommages, se sont multipliées.
Ce sont, entre autres, les AMM754 pour les médicaments et les marquages CE pour les
dispositifs médicaux, ce, afin d'éviter l'apparition ou de limiter les effets indésirables
pouvant porter atteinte à l'intégrité physique du patient.

676. La notion de contrat sous entend qu'il y ait égalité entre les deux parties
contractantes. Le contrat médical gênait, en ce sens, que la relation entre les deux parties
était déséquilibrée. En créant des droits pour le patient, le législateur a voulu rééquilibrer
cette relation.

677. Pour David JACOTOT, « utiliser les termes de protection du patient implique
la reconnaissance du pouvoir médical dans le cadre duquel les professionnels de santé
prennent la panoplie du plus fort et les patients celle du faible 755 ».

752
Dans son article 5.
753
BENSAMMOUR N. et MICHELET H., « Le consentement éclairé et le droit international de la santé. »,
La Lettre, n° 22, déc. 2000, pp. 30-31.
754
Autorisation de mise sur le marché.
755
JACOTOT D., « Les droits des professionnels de santé ? Seulement des obligations...», La Lettre, p. 4,
ONCD, janvier-février 2002, n° 4, p. 9.
233
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

678. En multipliant les obligations du professionnel de santé, en matière de loi, de


normes internationales, de démarches qualité, de traçabilité, etc..., on assiste à un véritable
affaiblissement de ce pouvoir médical. Le problème, c'est que cet affaiblissement touche à
la fois les rapports médecins-patients et les rapports médecins-État.

B/ Le droit de rompre le contrat :

679. Le patient est libre de rompre ce contrat à tout moment. Le praticien peut aussi
rompre le contrat, mais à certaines conditions. La réciprocité des parties n'est point vraie en
ce qui concerne cette rupture de contrat.

C/ Le refus de soins.

680. L’article L. 1111-4 du Code de la santé publique consacre le droit du patient


au refus de soins en stipulant que « le médecin doit respecter la volonté de la personne
après l'avoir informée des conséquences de ses choix. Aucun acte médical ni aucun
traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce
consentement peut être retiré à tout moment ». Désormais, « le malade, maître de son
corps et acteur de sa santé, jouit d'une liberté décisionnelle quant aux soins et
interventions proposés qu'il peut refuser, en toute connaissance de cause, quelles qu'en
soient les conséquences756 ». Deux exceptions sont prévues par le législateur : lorsque le
malade est hors d’état d’exprimer sa volonté757, ou dans le cas d’un mineur ou d’un majeur
sous tutelle758.

681. Le chirurgien-dentiste a intérêt de faire signer un formulaire d’information et


de refus de soins indiquant que le patient a bien reçu toute information appropriée à son

756
AUZERIC David, « Le refus de soins par le patient », Dossier, MACSF, 10 février 2009, www.macsf.fr
757
Art. L. 1111-4 al. 4 du CSP : la famille ou les proches doivent être consultés, sauf urgence ou
impossibilité
758
Art. L. 1114-1, al. 5 du CSP, lorsque le refus de soins par le tuteur ou le titulaire de l’autorité parentale
risque d’entraîner des conséquences « graves » pour sa santé.
234
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

état, tant au niveau du diagnostic établi que sur les traitements proposés, ainsi que sur les
risques liés à son refus.

682. Le praticien ne peut passer outre de ce refus de soins, qu’en cas de danger
immédiat pour la vie du patient, l’urgence se définissant comme un danger grave et
immédiat, imminent pour la survie du patient.

683. Il faut noter l’importance de l’information préalable donnée au patient. Le


praticien a le devoir d’insister pour le convaincre, mais ne peut que s’incliner devant sa
décision de refus. Il y a parfois conflit entre le devoir de soigner et le refus du patient
d’accepter les soins.

4. VERS DES DEVOIRS DU PATIENT.

684. Le patient a le devoir de fournir au chirurgien-dentiste tous les éléments


nécessaires à l’établissement de son dossier médical, du diagnostic, du ou des plans de
traitement.
Il a le devoir de respecter les rendez-vous et d’être ponctuel.
Il doit également respecter les prescriptions et les conseils qui lui sont prodigués.
Il doit coopérer aux soins.
Lorsque les soins sont terminés, il doit suivre les conseils de maintenance d’entretien et
d’hygiène qui lui sont prodigués.

685. Le contrat de soins prend fin lorsqu’il a été exécuté, ou pour des causes
naturelles telles que le décès du patient, le décès ou l’incapacité d’exercice du praticien. Le
contrat peut être rompu par le patient, qui peut choisir d’arrêter ses soins ou changer de
praticien. Le chirurgien-dentiste a aussi le droit de rompre le contrat, mais dans des
conditions bien définies et hors cas d’urgence. A la fin du contrat de soins, le patient a le
droit de récupérer son dossier médical. Le praticien ne peut exercer de rétention au prétexte
qu’il n’aurait pas été rémunéré759.

759
KORNSPROBST L., Contrat de soins médicaux, éd. Sirey, 1960, p. 307 ; AUBY J-M., SAVATIER R.
et J., op. cité, n° 301.
235
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

686. Lorsqu’il n’a pas rempli ses obligations contractuelles, le chirurgien-dentiste


peut voir sa responsabilité mise en cause. Cette mise en cause peut être à la fois le motif de
rupture du contrat, et/ou la conséquence de cette rupture et elle est la sanction du non
respect des obligations contractuelles.

687. Quelles sont les différentes responsabilités qui peuvent être engagées ? Elles
se situent sur différents plans: civil, pénal, ordinal, la responsabilité sur le plan
administratif ne concernant que les praticiens qui exercent en établissement public.

688. Le Droit civil règle les litiges entre particuliers. C’est lui qui va régir les
fondements de la responsabilité médicale, dans le cadre du contrat de soins. La mise en
cause de la responsabilité civile impose de réparer le dommage que l’on a causé à autrui.
Le tribunal dit qui a raison, et le but est l’indemnisation de la victime.

689. Le Droit pénal définit les infractions dont on s’est rendu coupable : le Code
pénal est un catalogue limitatif de ces infractions punissables et des sanctions
correspondantes. Le but est la répression du coupable, le rôle du Tribunal est de dire qui est
coupable.

690. Comme pour tout citoyen, le chirurgien-dentiste peut être mis en examen pour
des infractions contre la paix publique, des infractions contre les personnes, un homicide,
des coups et blessures involontaires, des infractions contre les biens et des infractions
volontaires correctionnelles.

691. Il peut également être mis en examen pour des infractions dans le cadre de
l’exercice de la chirurgie dentaire, par exemple, des infractions aux règles légales de la
profession, la mise en jeu de sa responsabilité civile pour atteintes involontaires à la vie ou
atteintes involontaires à l’intégrité de la personne.

692. De même, il peut être coupable d’infractions générales appliquées à l’acte

236
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

médical, comme un manque de soins, un défaut de surveillance, la non assistance à


personne en péril, ou encore des infractions au Code de la sécurité sociale.
Le chirurgien-dentiste a également l’obligation de respecter les dispositions du Code de
déontologie dentaire. L’Ordre a une compétence réglementaire, administrative760 et
disciplinaire.

693. Nous ne traiterons point ici de la mise en cause de la responsabilité


professionnelle du chirurgien-dentiste, qui est déjà un sujet sur lequel nombre d'auteurs se
sont déjà penchés761/762. La rupture du contrat de soins a lieu par le fait de la mise en cause
de cette responsabilité.

694. Le contrat peut être rompu à tout moment par le patient, sans que celui-ci n'ait
à fournir de raisons. Le praticien peut également rompre le contrat à condition d'assurer la
continuité des soins.

695. La relation de confiance qui s'établit entre les deux parties est importante.
Même si la prestation de soins est en définitive réalisée, la perte de confiance peut altérer
la relation de soins, voire, entraîner la rupture du contrat.

696. L’emploi du terme « protection du patient » implique la reconnaissance d’un


pouvoir médical. Le droit veut limiter ce pouvoir en créant des règles pour protéger763celui
qui est le plus faible dans la relation de soins, c'est-à-dire le patient. Il va donc créer des
obligations au professionnel de santé.

697. La réduction du pouvoir touche aussi bien la relation praticien-patient, que


celle praticien/État. La protection du système de santé se faisant par la maîtrise des
dépenses de santé, la liberté de prescription du praticien trouve ses limites dans le fait que

760
Il règlemente l’accès à la profession.
761
HOCQUET-BERG S. et PY B., « La responsabilité du médecin », éd. Heures de France, coll. « Droit
professionnel », juillet 2006.
762
SABEK M., « Les responsabilités du chirurgien-dentiste », Bordeaux : LEH, 2003
763
JACOTOT D., « Les droits des professionnels de santé ? Seulement des obligations… », La Lettre,
ONCD, n° 4, janv-fév. 2002, p. 9.
237
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

l’intérêt général prime sur l’intérêt individuel. Le point d’équilibre de la relation de soins
entre le chirurgien-dentiste et son patient paraît difficile à atteindre entre les obligations et
les droits de chacun. .

238
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

CONCLUSION GENERALE

L’étude de la relation de soins qui s’établit entre le chirurgien-dentiste et le patient qui le


consulte, montre des évolutions importantes, à plusieurs niveaux.

Le renforcement du cadre juridique de l’exercice du chirurgien dentiste :

698. Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste est de plus en plus


renforcé, tant dans sa relation soignant - soigné, que par rapport aux pouvoirs publics. Le
praticien est soumis à des obligations de toutes sortes : la Loi, le Code de déontologie
désormais inclus dans le Code de la santé publique, le Code de la sécurité sociale, la
Convention nationale et les normes internationales.

Le désir de rééquilibration de la relation de soins: du paternalisme aux droits des patients :

699. Le droit entend rééquilibrer la relation du praticien et du patient en octroyant


plus de droits à celui-ci. La loi du 4 mars 2002764 consacre cette notion de droit du patient
en voulant restaurer une véritable « démocratie sanitaire ».

700. L’information du patient est le préalable indispensable à l’acte de soins, la loi


du 4 Mars 2002 a voulu lutter contre un certain paternalisme médical en donnant au patient
le droit de savoir. En étant informé, il devient un véritable acteur de la relation soignant
soigné et peut décider de ses traitements et donner son consentement. La loi HPST765 veut
aller plus loin en plaçant le patient au cœur du système de santé. « Le patient n’est plus

764
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé,
Journal Officiel de la République française, 5 mars 2002
765
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et
aux territoires, JO du 22 juillet 2009, p. 12184.
239
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

celui qui, informé, donne son assentiment aux soins 766» : il « devient un « co-acteur » dans
la décision médicale, il n’en est plus seulement spectateur767». Le législateur a voulu
rééquilibrer la relation de soins, la notion de contrat exigeant que les deux parties
contractantes soient de même force.

701. La loi du 4 mars 2002 consacre le droit à l’information du patient et son droit
d’accès à son dossier médical. La possibilité, pour ce patient, d’accéder à toutes les
données médicales le concernant est saluée par le Conseil National de l’Ordre des
Médecins, comme un « enjeu de transparence768 ». Il faut espérer que la confiance
nécessaire à l’établissement de la relation de soins s’en trouve renforcée.

702. Le rapport public du Conseil d’État de 1998769 et certaines décisions de la


jurisprudence telle que l’arrêt PERRUCHE de 2002770 montrent une évolution de
l’appréhension de la notion de « santé » vers un droit, le « droit à la santé », ou droit
individuel à vivre en bonne santé. Le contrat de soins se verrait renforcé par le fait que le
patient acquiert plus de droits, dont celui du « droit au soins », au nom du « droit à la santé
pour chacun ». Mais l’augmentation des droits du patient crée plus de devoirs pour le
praticien et l’augmentation de ces contraintes pourrait inciter ce dernier à adopter, comme
c’est le cas aux USA, une attitude d’abstention thérapeutique.

La dérive de la santé vers un commerce :

703. La dérive de la santé vers le commerce se fait, de par l’attitude du patient


réceptif aux médias et aux messages publicitaires.
La multiplication de contraintes et l’augmentation des charges font que le cabinet doit être
rentable et géré comme une entreprise. Mais il ne faudrait pas le transformer véritablement
en une entreprise de soins dans un unique but de rentabilité. Ce serait l’éloigner de sa
dimension médicale et de sa mission première, soigner. Le cabinet dentaire libéral ne doit
pas devenir une entreprise de santé, et le praticien, un prestataire de services.

766
HARICHAUX M., «Les droits à l’information et consentement de l’usager du système de santé après
la loi n° 2002-313 du 4 mars 2002. », R.D. Sanit. et Soc., 38 (4), oct.-déc. 2002, p. 682.
767
MOREL K., La dignité du patient à l’épreuve du droit privé, Thèse, Montpellier, 2007, p. 188.
768
CHABROL A., « Un enjeu de transparence. », Bull. Nat. Conseil de l’Ordre, mars 2002, p. 8.
769
CE, Réflexions sur le droit de la santé, Rapport public, 1998.
770
Cass. ass. plénière, 17 novembre 2000, Bull. 2000, n° 9, p. 15.
240
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

704. Il faut sans doute s’inquiéter, d’un point de vue éthique, de la transformation
de la relation patient-praticien, avec un patient fort de ses droits, « consommateur de
soins ». L’attitude de certains praticiens face à l’engouement pour de nouvelles techniques
(complaisance, marketing concurrence) contribue à cette transformation des mentalités.
Cette dérive comportementale occulte le fait qu’au nom de la protection de la personne
humaine, le patient ne peut disposer de son corps comme il l’entend, et que le praticien doit
rester dans les limites de son devoir de soins.

Ce changement est illustré par le décret 2010-1229 du 19 octobre 2010 qui donne au
patient la possibilité de consulter en ligne tout médecin autorisé à exercer en France.
D’aucun pourrait y voir l’accession du patient à une véritable « majorité » dans la relation
de soins, car « les actes de télémédecine sont réalisés avec le consentement libre et éclairé
de la personne 771 ». Certes, l’existence du contrat de soins se trouve renforcée par la
rééquilibration du pouvoir des deux parties. Mais l’entretien par webcams interposées ne
remplacera jamais, dans la consultation, l’examen clinique. Ce décret peut laisser perplexe
bien des membres du corps médical, ce, d’autant plus, qu’en cas de problème, c’est la
responsabilité du médecin qui peut être mise en cause.

La surmédiatisation fait oublier que la médecine n’est pas une science exacte. L’insuccès
est vécu comme un échec du praticien et non plus comme une fatalité.

La remise en cause par la multiplication de la réglementation et des contraintes :

705. L’abondance de lois, de recommandations de bonne pratique, de référentiels,


de démarches « qualité », rend difficile leur application en cabinet libéral. Le risque est que
le praticien ne devienne un technicien qui n’applique plus que les référentiels. Encore faut-
il que cela soit réalisable dans sa pratique quotidienne, et qu’il en ait les moyens matériels
et financiers. Et il ne faut surtout pas oublier que ces recommandations peuvent devenir
obsolètes, vu la vitesse des progrès réalisés par la science, sans qu’il n’y ait eu de suivi
dans leur application.

771
Article R. 6316-2 du CSP
241
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

La remise en cause par les caisses d’assurance maladie :

706. La volonté de plafonnement des honoraires par les caisses d’assurance maladie
est de plus en plus d’actualité. Le praticien devient prestataire de service, et comme c’est la
caisse qui finance en partie ce service, elle a donc un droit de regard et un droit
d’intervention accrus. Il en est de même pour les mutuelles et les assurances
complémentaires, avec la suppression des ententes préalables: elles se substituent au
contrôle médical, ce qui constitue une dérive très discutable772.
La maîtrise médicalisée limite les choix thérapeutiques pour le praticien, ce qui peut
engendrer une perte de chance pour le patient.

La mise en cause des principes fondamentaux de la médecine libérale :

707. Le renforcement du cadre juridique de la relation de soins dentaires marque


peut être la fin des libertés du chirurgien-dentiste dans son exercice libéral. Il existe une
certaine remise en cause des fondements de l’exercice libéral que sont la liberté
d'installation, la liberté de prescription, le libre choix du praticien, la liberté des honoraires
et le paiement à l'acte.

- La fin de la liberté des honoraires limitée par les conventions, par le panier CMU et
certains accords avec des mutuelles qui sont parfois discutables, voire, illégales.

- La liberté de prescription limitée par les caisses, avec la publication de références,


de préconisations, et d’objectifs médicalisés dont le non respect peut entraîner des
sanctions.

- La liberté d'installation qui risque aussi de disparaître en raison des disparités


régionales et de la pénurie de praticiens, conséquence de la politique du numerus clausus
instauré en 1971 et inscrite dans la loi en 1979.

772
Postée par courrier, ce n’est pas toujours le praticien conseil de la mutuelle qui ouvre le courrier. Et c’est
souvent qu’une personne autre que ce praticien traite la demande au mépris du secret médical.
242
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

- La liberté du praticien qui est remise en cause par l’instauration du parcours de


soins qui oblige le patient à repasser par le médecin traitant pour certaines prescriptions ou
le recours à certains spécialistes.

Le contexte social et juridique :

708. Le contexte social et juridique rend de plus en plus difficile le fait de concilier
éthique et économie. Face aux efforts demandés au praticien, celui-ci n’a d’autre choix que
de se transformer en un véritable gestionnaire de son entreprise.

Le développement du Droit de la santé :

709. Madame Marion GIRER explique dans sa thèse que « La recherche doit être
guidée à la fois par la volonté de transcender les clivages traditionnels entre droit public
et droit privé, droit contractuel et droit délictuel, et par l’adoption d’un cadre qui, bien
qu’uniforme, ne soit pas un carcan rigide à l’intérieur duquel la relation de soins se
trouverait enserrée et à l’étroit773 ».

710. Même s’il faut le repenser entièrement, il serait nécessaire de préserver le


contrat de soins pour un exercice humain et de qualité, en renforçant la relation de
confiance, dans un environnement de soins plus sûr, avec des prestations de qualité, car il
restera toujours une part d’impondérable que le juriste ne pourra jamais appréhender du
fait que les soins dentaires sont des soins complexes, dans un contexte parfois difficile.

711. L’information prend une place dont l’importance s’accroît à tout point de vue :
elle est la condition nécessaire au consentement à l’acte de soins, elle permet au patient
d’être acteur de la relation de soins et responsable de ses choix de traitement, elle peut être
pour le juge le motif de mise en cause de la responsabilité du praticien lorsqu’il n’y a pas
de faute prouvée.

712. La relation de soins en matière de chirurgie-dentaire pourrait être une relation


de type contractuelle, très encadrée d’un point de vue juridique. C’est le contrat cadre qui
paraît le mieux convenir à l’exercice libéral de la chirurgie dentaire.

773
GIRER M. op. cité, p. 489.
243
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Les actes de soins dentaires eux mêmes ne sont pas d’ordre contractuel et peuvent être
réalisés en dehors ce mode d’exercice, en milieu hospitalier par exemple.

Ce contrat médical resterait la garantie contre le retour vers une responsabilité médicale
délictuelle d’avant le célèbre et contesté arrêt MERCIER774.

La confiance réciproque entre les deux parties en est la clef de voûte.

774
GIRER M., « Relation de soin et lien contractuel », in « Les grandes décision du droit médical », ss. dir.
VIALLA F., L.G.D.J., éd. Lextenso, Paris, 2009, n° 479 et s.
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«Enseignement et organisation de la médecine et de la chirurgie sous l’Ancien
régime.», Le chirurgien-dentiste de France, Tome 5, 1982, p.25.
ZUCK Gérard.
« Le défi psychologique. », Information dentaire, 2009, voL 91, n° 131, p. 686.

277
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

RAPPORTS ET ACTES :

CADIET Loïc.
Travaux et recherches, Série Faculté des Sciences Juridiques de Rennes,
Economica, actes du séminaire de l’année univ. 1985-1986.
CHADELAT Jean-François.
« Le refus de soins aux bénéficiaires de la CMU. », www.sante-sports.gouv.fr,
rapport à M. le Ministre de la Santé et de la Solidarité, 30 nov. 2006.
FASSIN Didier.
« Un traitement inégal. Les discriminations dans l’accès aux soins. », Centre de
Recherche sur les Enjeux Contemporains en Santé Publique (CRECSP), rapport
2001.
PEQUIGNOT Henri.
« L’enseignement clinique, au lit du malade, du droit et de l’éthique médicale à la
profession médicale. », rapport, Colloque de Genève, avril 1982.
SAURY Robert.
« L’aléa médical et son indemnisation. », décembre 1998.

MELANGES ET ÉTUDES :

COLLET Marc et SICART Daniel.


« Les chirurgiens-dentistes de France. Situation et analyse des comportements en
2006 », Étude démographique de la DRESS, sept. 2007, n° 594.
DEMICHEL André.
Médecine et droit : bilan provisoire d’une cohabitation problématique, in
Mélanges, Jean-Marie AUBY, Paris : Dalloz, 1992.

DEKEUWER-DEFOSSEZ Françoise.
« De quelques difficultés dans les relations entre droit et médecine. », in Mélanges
offerts à LANGAVANT E., éd. L’Harmattan, 1999, p. 127.

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DRESS.
- « Les revenus libéraux des chirurgiens-dentistes. », Études et résultats, juin
2006, n° 501, p. 4.
- « La démographie des chirurgiens-dentistes à l’horizon 2030 : un exercice de
projection au niveau national. », Études et résultats, sept. 2007, n° 595, p. 8.
MÉMETEAU Gérard.
« Droit médical et déontologie : suggestions prudentes en faveur d’un
rapprochement », in « Mélanges », Jean-Marie AUBY, Paris : Dalloz, 1994, p. 747.

MICHEAU Julie.
La pénétration du droit par la science, in Droit et économie de l’assurance
et de la santé, mélanges Lambert, Dalloz, 2002, p. 311.
MICHEAU Julie et RIGAL Elsa.
« Le métier de chirurgien-dentiste : caractéristiques actuelles et évolutions. », Étude
qualitative, Plein sens, ONDPS, sept. 2007.
MOLINARI Patrick. A.
« La prestation des soins de santé et le respect des droits fondamentaux : esquisses
d’une problématique », in « Mélanges », Jean-Marie AUBY, Paris : Dalloz, 1992,
p. 771.

CONCLUSIONS, NOTES, OBSERVATIONS ET RAPPORTS :

CHABAS.
CE, 5 janvier 2000, « CONSORTS TELLE », et « AP-HP de Paris », D 2000, I.R.,
p. 28.
DEGUERGUE.
Note CE, 26 octobre 2001, AJDA, mars 2002.
DUBOUIS.
Note C.E, 6 mars 1981, Puech, Revue de Droit Sanitaire et Social, 1981, p. 413.
GULDNER.
Conclusion C.E, 5 novembre 1958, D., 1958, 751.

279
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

JOYAU.
C.E., 18 février 1999, R.F.D.A, 1999, 47.
MORET-BAILLY.
Obs. C.E, 12 janvier 2005, «M. KERKERIAN», n° 256001, R.D.S.S, 2005-497.
PAIN-MASBRENIER.
Note C.E section, 26 octobre 2001, Revue Générale de Droit Médical, 2002, n° 8.
SEGUI.
Note C.E section, 26 octobre 2001, Actualités Jurisanté, 2001-janv déc. 2002, n°
34.
SAVATIER.
Note C.E, ordonnance du 26 août 2002, Feuillatey.
AUGUET.
Note Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001,
inf. rap. p. 290; D. aff. 2001, p. 2400.
BRETON.
Note Cass. civ. 1ère, 13 juillet 1937, Gazette du Palais, 1937, 2, 384; S. 1939, 1,
217.
Note Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936, concl. MATTER, rapport
JOSSERAND ; S. 1937, I, 321
CAILLE.
Note Cass. civ. 1ère, 9 novembre 1999, R.G.D.M, 3, 2000, 89, rapport SARGOS.
CHABAS.
Note Cass. civ. 1ère, 8 novembre 2000, n° 99-11.735, Juris-data n° 2000-006741 ;
Bull. 2000, I, n° 287, p. 186 ; JCP G 2001, II, 10493, rapp. SARGOS.
DEMOGUE.
Obs. Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936.
DORSNER-DOLIVET.
Note Cass. civ. 1ère, 5 mars 1991, J.C.P, G, 1992, IV, n° 218356.
DORSNER-DOLIVET, SARGOS, DUBOUIS, GUIGNE, JOURDAIN, MÉMETEAU.
Cass. civ. 1ère, 25 février 1997, HEDREUL c. / COUSIN et autres, n° 94-19.685;
Gazette du Palais, 27-29 avril 1997, rapport SARGOS ; R.T.D.C, 1997,434;
Médecine et Droit, 1997, n° 24; P.A, 16 juillet 1997, 17, note; R.D.S.S, 1997, n° 2,
288; J.C.P, G., 1997, II, 22492.
Cass. civ. 1ère, 10 janvier 2000, J.C.P. 2001, II, 10473.

280
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

DOUSSAN.
Note Cass. civ. 1ère, 10 décembre 1996, n° 95-13.154, Juris-data n° 004778 ; Bull.
civ. I, n° 445 ; P.A, 15 juin 1998, n° 71, p. 16 ; G.P, 5-9 septembre 1997, n° 248-
252, panorama p. 200.
DURRY.
Obs Cass. civ. 1ère, 15 novembre 1972, Juris-data n° 000241; Bull. civ, I, n° 241;
R.T.D.C, 1974, p. 160 ; Dalloz., 1973, II, 243.
Note Cass. civ. 1ère, 29 mai 1984, Dalloz 1985, 281.
HUET.
Obs. Cass. civ. 1ère, 29 octobre 1985, n° 83-17.091, Juris-data n° 002650.
HARICHAUX.
Note Cass. civ. 1ère, 14 octobre 1997, Bull. civ. I, 1997, n° 278.
JOSSERAND.
Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936, concl. MATTER, rapport JOSSERAND,
note E.P ; S. 1937, I, 321.
JOURDAIN.
Obs. Cass. civ. 1ère, 22 novembre 1994, n° 92-16.423, Juris-data n° 002115; Bull.
civ. I, n° 340, J.C.P, G, 1995, IV, 204; Dalloz. 1995, I.R. 12 ; R.T.D.C, 1995, 375.
Obs. Cass. civ. 1ère. 7 octobre 1998. n° pourvoi 97-10267; RTD Civ. 1999, 111.
Obs. Cass. civ. 1ère, 17 février 1998, D.1998 ; RTD Civ 1998, 681.
Obs. Cass. civ. 1ère, 23 novembre 2004, Bull. civ. I, n° 286, p. 240, R.T.D.C,
janvier-mars 2005, n° 1, pp. 139-140.
LARGUIER.
Note Cass. civ. ch. réunies, 16 mai 1963, Bull. 1963, 3, n°4 ; Dalloz, 1963, 437.
LEVENEUR.
Comm. Cass. civ. 1ère, 30 juin 2004, Contrat, Concurrence et Consommation, oct.
2004, n° 135.
LEVENEUR, ROCHFELD, VIALLA.
Note Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, J.C.P, 2001, II, 10452 ; J.C.P, 2001, I, 301,
p. 432 ; Contrat, Concurrence et Consommation, 2001, n° 2, p. 12,
LIBCHABER, LOISEAU et VIALLA.
Note Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ, I, n° 283 ; Dalloz,
2001, inf. rap. p. 290 ; J.C.P, 2001, II, 10452; Dalloz aff. 2001, p. 2400 ; Rép. Def.
2001, p. 431 ; Revue de Droit Sanitaire et Social, 2001, p. 317.

281
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

LOISEAU.
Note Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001,
inf. rap. p. 290; J.C.P. 2001, éd. E, 419.
MAZEAUD.
Obs. Cass. civ. 1ère 7 octobre 1998, n° pourvoi 97-10267; Somm. 259.
Obs. Cass. Civ., 29 mai 1951; Dal., 1952, 43 ; R.T.D.C., 1951, 508.
NERSON.
Note Cass. civ. 1ère, 29 mai 1951, Bull. civ. I, n° 162 ;
NERSON et SAVATIER.
Note Cass. civ. 1ère, 29 mai 1951, Bull. civ. I, 1952, n° 162 ; Recueil Dalloz 1952 ;
S. 1953, 41.
PENNEAU.
Note Obs. Cass. civ. 1ère, 29 octobre 1985, n° 83-17.091, Juris-data n° 002650;
Bull. civ ; I, n° 273 ; Dalloz, 1986, 417; R.T.D.C, 1986, 762.
PERROT.
Obs. Cass. Civ., 29 mai 1951; D., 1952, 43 ; J.C.P., 1951,6421.
PRIEUR.
Note Cass. civ. 1ère, 8 novembre 2000, n° 99-11.735, Juris-data n° 2000-006741 ;
Les Petites Affiches, 2000, n° 241, p. 14.
ROCHFELD.
Obs. Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001,
inf. rap. p. 290; J.C.P. 2001, I, 301, n° 16.
SARGOS.
Note Cass. civ. 1ère. 7 octobre 1998. n° pourvoi 97-10267 ; JCP 1998 II 10179
concl. SAINTE-ROSE.
Rapport Cass. civ. 1ère, 23 mai 2000, J.C.P, 2000, II, 10343.
SAVATIER.
Obs. Cass. civ. 21 février 1961, arrêt de principe, D. 1961, 534 ; J.C.P, 1961,
12129.
Note Cass. civ. 1ère, 29 mai 1951, Bull. civ. I, n° 162 ; D. 1952, 53 ; S. 1953, 41.
THOURET-NOROY.
Cass. req. 18 juin 1835, D. jur. gén., T. 39, V. responsabilité n° 129, concl.
DUPIN.

282
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

THOUVENIN.
Note Cass. Civ. 1ère, 7 janvier 1997, D 1997.146, rapp. SARGOS.
VIALLA.
Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001, inf. rap.
p. 290; J.C.P. 2001, II, 10452.
VINEY.
Note Cass. civ. 1ère, 17 février 1998, D.1998, J, 2 ; JCP 1998 IV.
Obs. Cass. civ. 25 février 1997, HEDREUL, J.C.P, 1997, G., I, 4025, n° 27 ; J.C.P,
1997, G., II, 22492, rapport SARGOS, Contrat, Concurrence et Consommation.
1997, chrn. 5, LEVENEUR ; Responsabilité Civile et Assurance, 1997, chrn. 8,
LAPOYADE-DESCHAMPS.

DECISIONS NON COMMENTEES :

C.E, 15 décembre 1993, B., req. N° 129277, Juris-data, n° 048355.


Cass. civ. 1ère, 30 décembre 1941, DA 1942, p. 98
Cass. civ. 1ère, 27 janvier 1960, B. c/ C, Juris-data n° 000059.
Cass. civ. 1ère, 18 juin 1970, Bull. civ. I, 1970, n° 210, J.C.P, IV, 211.
Cass. Civ. 1ère, arrêt du 5 mai 1981 GADINI-MORANT.
Cass. civ. 1ère, 15 novembre 1988, n° 86-16.443, Juris-data n° 002734 ; J.C.P, G, 1989,
IV, 21 ; G.P, 1989, 1, 12.
Cass. civ. 1 ère, 28 juin 1988, n° 87-11.898, Juris-data n° 001232.
Cass. civ. 1ère, 22 novembre 1988, Bull. civ. I, n° 330.
Cass. Civ. 1ère, 3 janvier 1991, n° 89-19.544, Juris-data, n° 7000033.
Cass. civ. 1ère, 22 novembre 1994, n° 92-16.423, Juris-data, n° 002115.
Cass. Civ. 1 ère, 30 janvier 1996, n° 93-21.769, Juris-data n° 000320.
Cass. civ. 1ère, 25 février 1997, Bull. civ, I, n° 72.
Cass. civ. 1ère, 1er octobre 1997, J.P.G, n° 1564.
Cass. civ. 1ère, 20 mai 2000, Bull. civ, I, n° 153.

283
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Cass. civ. 1ère, 6 juin 2000, J.C.P., II, 10447.

Cass civ. 1ère, 20 juin 2000, n° 98-23.046.


Cass. civ. 1ère, 18 juillet 2000, B.I, n° 227 ; J.C.P, 2000, IV, 2528.
Cass. Civ. 1 ère, 19 décembre 2000, n° 99-12.403, Juris-data n° 007494; Bull. civ., I,
n° 331; Droit et patrimoine, n° 366, 31 janvier 2001Cass. civ. 1ère ,9 octobre 2001, Bull.
civ. I, n°248.
Cass. Civ. 1ère, 9 octobre 2001, n° 99-20.826, Juris-data n° 011243.
Cass. civ. 1ère, 22 mai 2002, B.I, n° 142 ; J.C.P, 2003, I, 152 ; Responsabilité Civile et
Assurance, 2002, comm. 266.
Cass civ. 1ère, 18 décembre 2002, Dalloz , 2003,I.R.253.
Cass. civ. 1ère, 18 mars 2003, n° 00- 115.196, n° 427 F-D.
Cass. civ. 1ère, 15 juin 2004, n° 02-12.539.
Cass civ ; 1ère, 29 juin 2004, n° 02-19.445.
Cass. civ. 1ère, 23 novembre 2004, n° pourvoi : 03-12146 ; Juris-data n° 025790.
Cass. civ. 1ère, 7 décembre 2004, n° 02-10957.
Cass. civ. 1ère, 4 janvier 2005, n° 03-14206 ; D 2005, IR, p. 170 ; JCP 2005, II n° 10061.
Crim, 6 juillet 1994, Gaz. Pal. 1995.
Crim. 7 janvier 2001, 1980, D. 1980, rap p. 468.

Cass. req. 21 juillet 1862, D.P.,1862, I, 419.

CODES :

- Code civil 2011, Dalloz, 110ème édition


- Code de la santé publique, Dalloz, 24ème édition, 2010
- Code de la sécurité sociale, Dalloz, 29ème édition, 2005.
- Code Pénal 2011, 108ème édition
- Nouveau Code de Procédure Civile, Dalloz, 1992.

284
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

LOIS :

- Loi n° 71-525 du 3 juillet 1971.

- Loi n° 71-1026 du 24 décembre 1971.

- Loi n° 94-548 du 1 juillet 1994, relative au traitement des données nominatives


ayant pour fin la recherche dans le domaine de la santé et modifiant la loi n° 78-
17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (JO
du 2 juillet 1994)

- Loi n° 88-1138 du 20 décembre 1988, dite « loi HURIET ».- J.O., 22 décembre
1988.

- Loi n° 91-748 du 31 juillet 1991 portant réforme hospitalière.

- Loi n° 94-653 du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain (JO du 30


juillet 1994).

- Loi n° 94-654 du 29 juillet 1994 relative au don et à l’utilisation des éléments et


produits du corps humain, à l’assistance médicale à la procréation et au
diagnostic prénatal (JO du 30 juillet 1994)

- Loi n° 98-389, du 19 mai 1998 (responsabilité du fait des produits défectueux).

- Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité
du système santé, Journal Officiel de la République française, 5 mars 2002, pp.
4118-4158.

- Loi ABOUT du 30 décembre 2002, n° 2002-1577, loi intitulée «Responsabilité


civile médicale.

- Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie, J.O 17/08/04

285
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

- Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux


patients, à la santé et aux territoires, JO du 22 juillet 2009, p. 12184.

DIVERS:

ANAES.
- Information des patients. Recommandations destinées aux médecins, mars
2000, p. 59.
- Le dossier du patient en odontologie, mai 2000, p. 66.

- Recommandations et références dentaires, 1996, p.167.

- Accès aux informations concernant la santé d’une personne. Modalités


pratiques et accompagnement, Recommandations pour la pratique clinique,
février 2004.
AUZERIC David
« Le refus de soins par le patient », Dossier, MACSF, 10 février 2009,
BOURGEOIS D. et COMTE B.
« Guide de lecture ISO 9001 :2008- Hygiène et aseptie à l’usage des cabinets
dentaires », AFSSAPS, Mars 2009
BULLETIN DE L’ORDRE DES MÉDECINS DE L’HÉRAULT, automne 1998, n° 70.

CANIARD Étienne.
Synthèse thématique des États généraux de la santé sur « Les droits des usagers du
système de santé. », 1999.
COMITÉ NATIONAL ODOTONLOGIQUE D’ÉTHIQUE.
« Du secret médical au clonage, 13 ans de réflexions éthiques. », La lettre, ONCD,
mai 2008, n°67, p. 39.
EVIN Claude.
« Les droits de la personne malade », rapport du Conseil économique et social, J.O.
18 juin 1996.
ONDPS.
«Le métier de chirurgien-dentiste: caractéristiques actuelles et évolutions. Une
étude qualitative», DREES, septembre 2007, p. 90.

286
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

ORDRE NATIONAL DES CHIRURGIENS-DENTISTES.


Guide d’exercice professionnel, 1997.
PEQUIGNOT Henri.
«L’enseignement clinique, au lit du malade, du droit et de l’éthique médicale à la
profession médicale», rapport, Colloque de Genève, avril 1982.
SAURY Robert.
« Le refus du consentement aux soins par le malade. La conduite à tenir pour le
médecine (étude déontologique et réflexion éthique) », 18ème journée de
gynécologie de Nice et de la Côte d’Azur, 25 au 27 mai 2OOO.
SOURNIA Jean-Charles.
Histoire de la médecine et des médecins, Éditions Larousse, 1991, pp. 59-201.

SITOLOGIE :

http://www.adf.asso.fr
Site de l'Association Dentaire Française, qui présente des informations et des
conseils pour les chirurgiens-dentistes (plaquettes, fiches pratiques, publications de
l'ADF téléchargeables, etc…)

htpp://www.ameli.fr
Site de l'Assurance maladie.
http://www.assemblée-nationale.fr

www.bium-univ-paris5.fr

htpp://www.bossons-fute.com
Site animé bénévolement par des médecins du travail et qui diffuse plus
particulièrement des fiches de risques et des fiches d'activités professionnelles.

http://www.card.tm.fr
Site de la Caisse Autonome de Retraite des chirurgiens-dentistes.

http://www.cnil.fr/index.php?id=1613

287
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

http://www.d-m-p.org/aide_memoire_4/
Dossier médical personnel info.

http://www.egora.fr

http://www.futura-sciences.com/news-dentistes-prehistoriques-utilisaient-fraises-
silex_8643.php

https://www.google.com/health/html/about/
Google health.

http://www.has-sante.fr
Site de la Haute Autorité de Santé.

http://www.healthvault.com

http://homeoint.org/seror/odonto/lalanneart.htm

htpp://www.hscp.ensp.fr
Site du Haut Comité de la Santé Publique.

http://www.leschirugiensdentistes.com

htpp://www.legifrance.gouv.fr
Site de service public de la diffusion du droit.

htpp://www.macsf.fr

htpp://www.minefi.gouv.fr
Site dans lequel on trouve quantité d'informations pratiques et utiles au quotidien
(textes de loi, démarches administratives, fiches).

www.mtdents.info

http://museeguimet.fr/documents/mehrgarhpresse.pdf

288
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

http://www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr
Site du Conseil National de l'Ordre des chirurgiens-dentistes de France.

http://www.oncd.org

http://www.promopixel.com

http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/infect_chirdentaire/sommaire/htm

http://www.senat.fr

http://www.inpes.sante.fr

289
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

INDEX

A
Abstention thérapeutique : 145
Accès aux soins : 120, 628 et s.
Aléa thérapeutique : 149, 327
Assentiment : 173,239, 288, 366, 384, 385, 388

C
Capacité : 72, 77, 194, 197, 210, 580
Cause : 263, 264, 270, 283
Certificat : 439, 587 et s
Code de déontologie dentaire : 76, 138, 139, 257
Commerce : 154 et s., 223, 251,703
Compétence : 210 et s., 512
Confiance : 140, 148 et s., 339, 414 et s 710
Personne de --- : 401, 440, 450, 644
Contrat cadre : 187, 712
Contrat de soins : 122 et s., 190, 685, 710, 712
---- dentaire : 136
Définition du ---- : 128, 133
Objet du --- : 142, 291 et s.
Rupture du --- : 694
Consentement : 173, 190, 371 et s., 385
---- à l’acte de soins : 269, 366, 551
---- éclairé : 161, 568
---- du patient : 375 et s.
Echange de ---- : 173, 132
Preuve du ---- : 403 et s
Refus de ---- : 397 et s
Valeur du ---- : 382

290
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

D
Démocratie sanitaire : 256, 699
Décision: 507, 546, 575
Prise de ---- : 122
Déontologie : 28
Devis : 330, 335, 548,563 et s639
Diagnostic :
Erreur de --- : 549
Dignité humaine : v. droits fondamentaux
Dossier médical : 369, 629, 446,632 et s
Droit des patients : 381,670
Droits fondamentaux :
Dignité humaine : 284,286, 267 et s., 286, 288
Non patrimonialité du corps humain : 154, 193

E
Ethique : 36
Evaluation des pratiques : 101

F
Formation continue : 101, 512 et s.

H
HAS : 382, 484
Hippocrate : 34, 36, 410, 415, annexe
Honoraires : 330, 332, 553 et s., 596 et s.
Affichages de--- :343
Humanisme : 315,402

I
Information : 309
Défaut d’---- : 367, 306, 333, 359, 700
Obligation d’---- : 306 et s., 326
Preuve de l’---- : 354

291
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Refus d’---- : 364 et s.

L
Liberté de prescription : 579 et s., 606
Libre choix du patient : 163, 179,405
Libre choix du praticien : 115

M
Majeur : 226, 645
---- protégé : 229, 232
Mineur : 234, 236, 645
Consentement du ----- : 238et s.
Motif thérapeutique : 267 et s.

N
Nécessité médicale : 262, 276
Norme : 103, 499, 675

O
Obligation d’information, v. information
Obligation :
----de moyens : 186, 297,524
---- de résultat : 186, 504, 518 et s.
---- de sécurité : 7, 92, 531
---- de soins : 295
Ordre des chirurgiens-dentistes : 77

P
Parcours de soins : 115, 165, 611
Paternalisme médical : 19, 122, 216, 256, 368
Perte de chance : 306, 325
Prévention : 87, 109, 221, 277

292
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Q
Qualité des soins : 133, 296, 501,673
Droit à la ---- : 512

R
Raison proportionnée : 280, 495
Recommandations de bonne pratique : 91, 272, 478 et s., 493, 481
Refus de soins :
--- de la part du patient : 228, 569 et s., 680
--- de la part du praticien : 168, 372, et s., 547, 613 et s.
Responsabilité : 36, 137, 150, 246, 388, 504, 567, 686 et s.
---- médicale : 67, 134
---- professionnelle : 150, 481,540
Risques : 323 et s.,

S
Santé
Définition de la ------- 262
Droit à la -------- 702
Protection de la ---- : 517, 671
Secret médical : 36, 407 et s., 471 et s.473 et s
Science :
Données actuelles de la --- : 299
Données acquises de la --- : 92, 138,301, 486, 488,492
Données avérées de la --- : 300, 505
Soins :
Accès aux ---- : 90, 120, 628
Sécurité : 93, 103, 518, 531,673

T
Traçabilité : 537 et s.

U
Urgence : 168, 228, 243, 244, 372,

293
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Usages : 272 ,494

V
Volonté : 680
Autonomie de la ---- 131, 216

294
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

ANNEXE
Serment d’Hippocrate
Traduction d’Émile LITTRÉ (1819-1861)

« Je jure par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et
toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité,
le serment et l'engagement suivants :

Je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je
partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses
enfants pour des frères, et, s'ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans
salaire ni engagement. Je ferai part de mes préceptes, des leçons orales et du reste de
l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un
serment suivant la loi médicale, mais à nul autre. »

« Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement,
et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si
on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ; semblablement, je
ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j'exercerai mon art
dans l'innocence et la pureté.

Je ne pratiquerai pas l'opération de la taille1.

Dans quelque maison que je rentre, j'y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de
tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons,
libres ou esclaves.

Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même hors de l'exercice de ma
profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme
un devoir en pareil cas. »

« Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de la


vie et de ma profession, honoré à jamais des hommes ; si je le viole et que je me parjure,
puissè-je avoir un sort contraire. »

1. Ouverture chirurgicale de la vessie ou cystostomie.

295
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES

SOMMAIRE .................................................................................................................................................... 4

INTRODUCTION GÉNÉRALE.................................................................................................................. 12

SECTION I : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE DE LA PRATIQUE DE L’ART DENTAIRE ................. 21


1/ En Mésopotamie : .............................................................................................................................. 21
2/ En Égypte :......................................................................................................................................... 23
3/ En Grèce :........................................................................................................................................... 24
4/ Chez les Romains :............................................................................................................................. 25
5/ Au Moyen Âge: .................................................................................................................................. 26
6/ Les chrétiens occidentaux : ............................................................................................................... 27
7/ La Renaissance : ................................................................................................................................ 28
8/ Le XVIIème siècle : .............................................................................................................................. 29
9/ Le XVIIIème siècle : ............................................................................................................................ 30
10/ La Révolution :................................................................................................................................. 31
11/ Le XIXème siècle : ............................................................................................................................. 31
12/ Le XXème siècle : ............................................................................................................................... 34
SECTION II : L’ÉVOLUTION ACTUELLE DE LA PRATIQUE DE LA CHIRURGIE-DENTAIRE. 35
1/ le développement des techniques et des moyens............................................................................. 36
2/ le développement des contraintes : ................................................................................................... 38

PREMIERE PARTIE : LE CADRE JURIDIQUE DE LA RELATION DE SOINS DENTAIRES...... 45

TITRE I : BANALITE ET ORIGINALITE DU CONTRAT DE SOINS......................................................................... 45

Chapitre 1 : La définition du contrat de soins. .................................................................................... 47


SECTION I : LE CONTRAT MEDICAL ..................................................................................................................... 49
SECTION II: LE CONTRAT MEDICAL EN MATIERE DE CHIRURGIE-DENTAIRE ....................................................... 52

Chapitre 2 : Les caractéristiques du contrat de soins. ......................................................................... 57


A/ C’est un contrat civil et non pas commercial : ............................................................................... 57
B/ C’est un contrat à titre personnel :.................................................................................................. 60
C/ C’est un contrat synallagmatique (à base d’engagements réciproques) : .................................... 63
D/ Le contrat de soins est consensuel : ................................................................................................. 64
E/ C’est un contrat à titre onéreux ou gratuit : ................................................................................... 64
F/ C’est un contrat d’exécution continue :........................................................................................... 65
Chapitre 3 : La classification du contrat de soins................................................................................ 66
A/ La classification de la relation de soins : ......................................................................................... 66
B/ Limites de la relation contractuelle : ............................................................................................... 69
TITRE II : LES DEUX ACTEURS DE LA RELATIONDE SOINS : LE CHIRURGIEN-DENTISTE ET SON PATIENT. ...... 70

Chapitre 1 : capacité et compétence du chirurgie-dentiste. ................................................................. 70


SECTION I : LA CAPACITE LEGALE PROFESSIONNELLE DU CHIRURGIEN-DENTISTE ............................................ 70
1. Définition de « l’art dentaire ». ......................................................................................................... 70

296
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

2. les conditions legales d’exercice en france. ..................................................................................... 73


SECTION II : NECESSITE, OUTRE CETTE CAPACITE, DE LA COMPETENCE DU CHIRURGIEN-DENTISTE................. 77

Chapitre 2 : le patient............................................................................................................................ 78
SECTION I : LA DEFINITION DU PATIENT. ............................................................................................................ 78
SECTION II : LA DEMANDE DE SOINS.................................................................................................................... 81

1. la capacite de contracter. .................................................................................................................... 81


A/ Le patient majeur : ........................................................................................................................... 81

IL EXISTE TROIS REGIMES DE PROTECTION CONCERNANT LES MAJEURS PROTEGES :


LA SAUVEGARDE DE JUSTICE, LA CURATELLE ET LA TUTELLE............................................. 81

B/ Le patient mineur : ........................................................................................................................... 83


2. le motif de consultation et la demande de soins. ............................................................................ 88
A/ La nécessité médicale : ..................................................................................................................... 92
B/ La volonté du patient :.................................................................................................................... 102
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE. ........................................................................................ 103

SECONDE PARTIE : LE CONTENU DU CONTRAT DE SOINS DENTAIRES ............................... 104

TITRE I : LE CONTENU OBLIGATIONNEL........................................................................................................ 104


Chapitre 1 : Les obligations de conscience. ....................................................................................... 109
SECTION I : L’INFORMATION. ........................................................................................................................... 109
1. le praticien. ............................................................................................................................................ 110
A/ Les caractères de l’information : ................................................................................................... 110
B/ Le contenu de l’information :......................................................................................................... 113
C/ Les moyens et supports de l’information :.................................................................................... 121
2. Le patient. .............................................................................................................................................. 127
A/ Le délai de réflexion : ..................................................................................................................... 128
B/ Les limites de l’information : ......................................................................................................... 129
C/ Le refus d’information : ................................................................................................................. 129
D/ Le suivi de l’information :.............................................................................................................. 129
SECTION II : LE CONSENTEMENT A L’ACTE DE SOINS. ....................................................................................... 131

1. le consentement du praticien................................................................................................................ 131


2. le consentement du patient. .................................................................................................................. 132
A/ La réalité du consentement : .......................................................................................................... 134
B/ Qualité du consentement : .............................................................................................................. 135
SECTION III : LE SECRET MEDICAL. .................................................................................................................. 142
1. généralités. ............................................................................................................................................. 142
A/ L’origine du secret médical :.......................................................................................................... 143
B/ Sa nécessité : .................................................................................................................................... 143
C/ Les caractères du secret médical : ................................................................................................. 145
2. les textes. ................................................................................................................................................ 146
A/ Le texte fondateur:.......................................................................................................................... 146
B/ Les textes actuels :........................................................................................................................... 147
3. les aspects juridiques du secret professionnel. .................................................................................... 151
A/ La violation du secret professionnel :............................................................................................ 151
B/ Les personnes assujetties au secret :.............................................................................................. 151

297
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

C/ L’objet du délit : ............................................................................................................................. 152


D/ Les dérogations : ............................................................................................................................. 152
4. le rôle du chirurgien-dentiste. .............................................................................................................. 158
A/ Dans le cas des accidents du travail et des maladies professionnelles : ...................................... 158
B/ Pour ce qui est des maladies contagieuses à déclaration obligatoire : ........................................ 158
C/ L’évolution jurisprudentielle :....................................................................................................... 158
D/ Secret médical et exercice de la chirurgie dentaire :.................................................................... 162
Chapitre 2 : Les obligations de science. ............................................................................................. 166
SECTION I : LES OBLIGATIONS DU CHIRURGIEN-DENTISTE. .............................................................................. 167
1. l’obligation de qualité des soins............................................................................................................ 167
A/ Les recommandations de bonne pratique :................................................................................... 168
B/ Les conférences de consensus :....................................................................................................... 172
C/ Les usages :...................................................................................................................................... 172
D/ Nouvelles techniques : .................................................................................................................... 173
E/ Certifications et démarches qualité : ............................................................................................. 173
F/ Qualité des soins et choix thérapeutiques :.................................................................................... 174
G/ Qualité des soins et compétence : la formation continue :........................................................... 178
2. L’obligation de résultat et de sécurité. ................................................................................................ 179
A/ En matière de protection de la santé : ........................................................................................... 179
B/ L’obligation de sécurité et la fourniture de prothèses ou d’appareillages : ............................... 180
C/ L’obligation de précision du geste de chirurgie dentaire : .......................................................... 184
D/ L’obligation de sécurité en matière d’asepsie :............................................................................. 186
E/ L’obligation de formation aux premiers secours : ....................................................................... 186
3. L’obligation de suivi thérapeutique. .................................................................................................... 187
A/ Les soins post opératoires : ............................................................................................................ 187
B/ La traçabilité et la matériovigilance :............................................................................................ 187
4. les obligations complémentaires........................................................................................................... 189
A/ L’obligation d’assurance en responsabilité professionnelle : ...................................................... 189
B/ L’obligation de conseil pour le choix thérapeutique : .................................................................. 190
C/ L’obligation de recueillir l’accord pour les soins : ....................................................................... 192
D/ L’obligation d’assistance en cas de péril collectif :....................................................................... 193
SECTION II : LES OBLIGATIONS DU PATIENT...................................................................................................... 193

1. le paiement des honoraires du praticien.............................................................................................. 193


A/ Les honoraires du praticien : ......................................................................................................... 193
B/ Le devis : .......................................................................................................................................... 195
2. le patient doit collaborer aux soins. ..................................................................................................... 197
3. le refus de soins...................................................................................................................................... 198
TITRE II : LES DROITS DES PARTIES.............................................................................................................. 200
Chapitre 1 : les droits des chirurgiens-dentistes. ............................................................................... 200
SECTION I : LA LIBERTE DE PRESCRIPTION ....................................................................................................... 201

1. la liberté de prescription thérapeutique ........................................................................................ 201


2. La prescription médicamenteuse.................................................................................................... 202
3. les certificats médicaux. .................................................................................................................... 204
4. les limitations a la liberté de prescription. .................................................................................... 205
A/ Les limitations déontologiques :..................................................................................................... 205

298
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

B/ Les limitations économiques : ........................................................................................................ 206


SECTION II : LE REFUS DE SOINS. ...................................................................................................................... 213
Chapitre 2 : Les droits des patients..................................................................................................... 218
SECTION I: LE LIBRE CHOIX DU PRATICIEN....................................................................................................... 218

SECTION II: L’ACCES AUX SOINS ....................................................................................................................... 218

1. le droit aux soins................................................................................................................................. 218


2. le dossier médical : le cadre legal. ........................................................................................................ 220
A/ La tenue d’un dossier médical : ..................................................................................................... 220
B/ Les droits d’accès du patient :........................................................................................................ 223
C/ Le contenu du dossier médical :..................................................................................................... 226
D/ Les qualités du dossier médical : ................................................................................................... 230
E/ Le dossier médical partagé ou DMP : ........................................................................................... 231
F/ Le dossier médical : ses fonctions................................................................................................... 231
3. le renforcement des droits du patients................................................................................................. 232
A/ Le droit à l’intégrité physique : ..................................................................................................... 233
B/ Le droit de rompre le contrat : ...................................................................................................... 234
C/ Le refus de soins.............................................................................................................................. 234
4. vers des devoirs du patient. .............................................................................................................. 235
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE ............................................................................................. 236

CONCLUSION GENERALE..................................................................................................................... 239

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 245

INDEX .......................................................................................................................................................... 290

ANNEXE ...................................................................................................................................................... 295

TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES............................................................................................... 296

299
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

Vu et permis d’imprimer
Montpellier, le …………………………...

Le Président de l’Université Montpellier I


Philippe AUGE

300
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.

RÉSUMÉ en français :
Ces deux dernières décennies ont connu un réel bouleversement de l’exercice professionnel du chirurgien-
dentiste. D’importants progrès scientifiques, techniques et technologiques ont été réalisés. La nature des actes
de soins a elle aussi évolué, avec la mise en œuvre de techniques et de matériels de plus en plus sophistiqués.
La chirurgie-dentaire, qualifiée communément d’« art dentaire » est maintenant reconnue comme une
véritable spécialité médicale, la « médecine bucco-dentaire ». Parallèlement à cette évolution, les contraintes
administratives et règlementaires se sont multipliées, et le cadre juridique de l’exercice en du chirurgien-
dentiste en cabinet libéral, s’est renforcé. Le patient lui- même, est passé du statut de celui qui subit, à celui
d’un réel acteur dans la relation de soins, grâce à la volonté du législateur d’instaurer une véritable
démocratie sanitaire. Mais le praticien voit sa liberté de prescription, ainsi que sa liberté thérapeutique, se
restreindre, notamment, par l’apparition de recommandations de bonnes pratiques et de références médicales
opposables. Le « colloque singulier » qui caractérisait autrefois le contrat médical, s’est éloigné du
paternalisme décrié, vers une relation de soins créant des devoirs mais aussi des droits, pour les deux parties.
La question se pose de savoir si de nos jours, cette relation de soins entre le chirurgien-dentiste et le patient
qu’il soigne, est encore d’ordre contractuel.

TITLE and ABSTRACT in english:


Legal background of the exercise of dental surgeon (contribution to the study of the health contract).
During the last two decades, there has been a real upheaval in the profession of dental surgery. Important
scientific and technological progress has been achieved. The nature of surgical procedure has also evolved,
with the implementation of more and more sophisticated techniques and instruments. Dental surgery,
commonly known as « dental art », has at last been recognised as a real medical speciality. Together with this
evolution, administrative and regulatory constraints have been multiplied, and the legal background of the
exercise of dental surgery in private practice has been reenforced. The patient himself has changed from the
status of the one who incurs to that of a real actor with regards to healthcare, thanks to the wish of the
legislator to establish a true healthcare democracy. But the practitioner is seeing his freedom of prescription
as well as his therapeutic freedom restricted, especially by the publication of recommended good practice and
binding medical references. The « special relationship », which previously caracterised the medical contract,
has receded from the much decried paternalistic approach to a healthcare relationship creating duties but also
rights for both parties. We can ask ourselves if nowadays, this healthcare relationship between the dental
surgeon and the patient he cares for is still a form of contract.

Discipline:

Droit privé et fondamental.

Mots-clés :

Contrat de soins, chirurgie-dentaire, information, consentement, obligation de science,


obligation de conscience, confiance.

Intitulé et adresse de l’U.F.R. ou du Laboratoire :

Faculté de Droit de l’Université Montpellier I


Centre Européen d’Études et de Recherches de Droit et Santé
39, rue de l’Université
34060 Montpellier Cedex

301

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