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FACULTÉ DE DROIT
THÈSE
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DIRECTEUR DE THÈSE
JURY
2
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
in memoriam
Monsieur le Docteur Robert SAURY
et
Monsieur le Docteur Aubert –Charles RANDRIANJANAKA,
mes Maîtres,
À Jean-Luc.
3
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
SECTION I : L’EVOLUTION HISTORIQUE DE LA PRATIQUE DENTAIRE
Chapitre 2 : Le patient
SECTION I : LA DEFINITION DU PATIENT
4
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
CONCLUSION GÉNÉRALE
5
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
A Arrêté
ADF Association dentaire française
A.D.S.P. Actualités du droit en santé publique
Aff. affaire
A.J.D.A. Actualité du droit administratif
al. alinéa
A.L.D. Actualités législatives Dalloz
ANAES Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé
ANDEM Agence nationale pour le développement de l’évaluation
AFSSAPS Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé
Arch. phil. droit Archives de philosophie du droit
Art. Article
ASIP Agence des systèmes d’informations de santé partagés
Ass. Plén. Assemblée plénière
CA Cour d’appel
CAA Cour administrative d’appel
Cah. dr. ent. Cahier du droit de l’entreprise
Cass. ass. plén. Cour de cassation, assemblée plénière
Cass. ch. mixtes Cour de cassation, chambres mixtes
Cass. civ. Cour de cassation, chambre civile
Cass. comm. Cour de cassation, chambre commerciale
Cass. crim. Cour de cassation, chambre criminelle
6
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
ch. chambre
chrn. chronique
CIRFCO Conseils inter-régionaux de la formation continue odontologique
CMU Couverture Maladie Universelle
CNAMTS Caisse négionale d’assurance maladie et travailleurs salariés
CNFCO Conseil national de la formation continue odontologique
CNIL Conseil national de l’informatique et des libertés
C. const. Conseil constitutionnel
cf confer
C.J.C.E. cour de justice des communautés européennes
CNSD Confédération nationale des syndicats dentaires
col. Colonne
coll. collection
comm. commentaire
comp. comparer avec
concl. conclusions
Cons. Const. Conseil constitutionnel
Cons. conc. Conseil de la concurrence
contra Contrairement, solution contraire
CPAM Caisse primaire d’assurance maladie
CSP Code de la santé publique
CSS Code de la sécurité sociale
D. Recueil Dalloz
7
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
fasc. Fascicule
Gaz. pal. Gazette du Palais
J.Cl. Juris-Classeur
J.-Cl. éd. E. Juris-Classeur périodique (semaine juridique) édition entreprise
J.-Cl. éd. G. Juris-Classeur périodique (semaine juridique) édition générale
J.-Cl. éd. N. Juris-Classeur périodique (semaine juridique) édition notariale et
8
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
immobilière
n° Numéro
not. Notamment
NGAP Nomenclature générale des actes professionnels
obs. Observation
ONCD Ordre national de chirurgiens-dentistes
ONDPS Observatoire national de la démographie des professions de
santé
p. Page
P.A. Les Petites Affiches
préc. précité (e)
PUAM Presses Universitaires de l’Université Aix-Marseille
PUF Presses Universitaires de France
rapp. Rapport
RCP Responsabilité civile professionnelle
R.D.I.P. Revue de droit international privé
R.D.P. Revue de droit public et de science politique
R.D. sanit. soc. Revue de droit sanitaire et social
Rec. Cons. const. Recueil des décisions du Conseil constitutionnel
Rec. CE/ Rec.Leb. Recueil Lebon des décisions du Conseil d’État
Rép. Civ. Dalloz Répertoire civil Dalloz
Resp. civ. et assu. Responsabilité civile et assurance
9
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Rev. Revue
Rev. fr. aff. soc. Revue française des affaires sociales
Rev. fr. domm. corp. Revue française du dommage corporel
Rev. jur. Thémis Revue juridique Thémis
Rev. sc. crim. Revue de science criminelle et de droit pénal comparé
R.F.D.Adm. Revue française de droit administratif
R.G.A.T. Revue générale des assurances terrestres
R.G.D.A. Revue générale de droit des assurances
R.G.D.M. Revue générale de droit médical
R.I.D.C. Revue internationale de droit comparé
R.J.D.A. Revue de jurisprudence de droit des affaires
R.R.J. Revue de la recherche juridique-droit prospectif
R.T.D.Civ. Revue trimestrielle de droit civil
R.T.D. Com. Revue trimestrielle de droit commercial
s Suivant
S Sirey (recueil)
SCM Société civile de moyens
SCP Société civile professionnelle
SEL Société d’exercice libéral
ss suivantes
sect. section
somm. sommaires commentés
spéc. spécialement
supra ci-dessus
suppr. suppression
suiv. suivant (es)
t. Tome
T.A. Tribunal administratif
T. civ. Tribunal civil
T. confl. Tribunal des conflits
T. corr. Tribunal correctionnel
TGI Tribunal de grande instance
TI Tribunal d’instance
th. Thèse
10
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
v. voir
V° verbo
vol. volume
11
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
2.Art et non pas science ? Le législateur a encore de nos jours opté pour le terme
d’«art», en définissant ainsi la profession, dans l’article L. 4141-1 du Code de la santé
publique : « La pratique de l’art dentaire comporte la prévention, le diagnostic et le
traitement des maladies congénitales ou acquises, réelles ou supposées, de la bouche, des
dents, des maxillaires et des tissus attenants, suivant les modalités fixées par le code de
déontologie de la profession mentionné à l'article L. 4127-1 ».
1
Prière du médecin, Sir HUTCHINSON R., in « Prières favorites, compilées par CASSIDI D. », Cassel,
1998, ISBN 70 315 0304 X.
2
Ces trois professions médicales sont régies par les dispositions du livre 1er de la quatrième partie du
Code de la santé publique (CSP).
12
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
dans une œuvre d’art une idée ou un sentiment qui lui est personnel ». Il indique également
que « la science est dans la recherche des lois et des phénomènes et dans la conception de
théories. L’art est dans l’application, c'est-à-dire une réalisation pratique en général utile
à l’homme, qui nécessite toujours l’action personnelle d’un individu isolé ». Il affirme
donc qu' « il ne peut y avoir d'artiste médecin parce qu'il ne peut y avoir d'oeuvres d'art
médical ; ceux qui se qualifient ainsi nuisent à l'avancement de la science médicale parce
qu'ils augmentent la personnalité du médecin en diminuant l'importance de la science3 ».
5.Ce terme « d’art dentaire » est appelé à disparaître avec la publication par l’ISO5
d’une norme bilingue (en anglais et en français) portant le titre « ISO 1942 Médecine
bucco-dentaire-Vocabulaire », le 15 décembre 2009. Les textes officiels concernant les
produits utilisés en chirurgie-dentaire ne devront plus faire référence à l’art dentaire mais à
la médecine bucco-dentaire. La commission de normalisation de terminologie de l’ISO TC
106 a reconnu l’obsolescence du terme « d’art dentaire » et a choisi celui de « médecine
bucco dentaire », plutôt que celui d’ « odonto-stomatologie », de « médecine dentaire » ou
de « chirurgie-dentaire 6». Nous voyons dans ce changement de terminologie, une
véritable reconnaissance de la chirurgie-dentaire comme une profession dont le « domaine
de compétence et d’activité est médical et concerne la bouche et les dents […]. Adapter la
terminologie à l’évolution des pratiques est naturel7 ». Nous pouvons souhaiter que
3
BERNARD C., Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, Tours : Garnier-Flammarion, 1966, p.
286 et suiv.
4
ONDPS, «Le métier de chirurgien-dentiste: caractéristiques actuelles et évolutions. Une étude qualitative»,
DREES, septembre 2007, p 90.
5
Organisation Internationale de Normalisation.
6
Terme employé en France.
7
CALFON P., « Art dentaire cède la place à médecine bucco-dentaire. », Entretien, L’information dentaire,
n° 2, 13 janvier 2010, p.16.
13
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
8
Comité National Odontologique d’Éthique. « Du secret médical au clonage : 13 ans de réflexions
éthique.», La lettre, ONCD, mai 2008, n° 67, p. 39.
9
GIRER M., « Contribution à une analyse rénovée de la relation de soins- essai de remise en cause du
contrat médical. », Thèse de Doctorat en Droit, 6 décembre 2005, p. 2.
10
Article R. 4127-233 du CSP, alinéas 1 et 2 (ancien article 27 du Code de déontologie dentaire (CDD)
donnant la définition du contrat de soins.
11
Cass. civ. 1ère, 22 novembre 1994, n° 92-16.423, Juris-data, n° 002115.
14
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
« précision du geste chirurgical12 ». Mais ce n’est pas pour autant que le patient doit lui
imposer l’obligation de réussir13.
12
Cass. Civ. 1ère, 9 octobre 2001, n° 99-20.826, Juris-data n° 011243.
13
KORNPROBST L., La responsabilité médicale. Origines, Fondements et Limites, Librairies J.B.
BAILLIERE et Fils, 1947, p.13.
14
Recensement du Conseil National de l’Ordre des chirurgiens-dentistes au 31 décembre 2006
15
41000 en 2010.
16
COLLET M. et SICART D., « Les chirurgiens-dentistes de France - situation et analyse des
comportements en 2006. », Étude démographique de la DREES, n° 594, septembre 2007.
17
Une enquête nationale par l’institut Imago Research en avril 2009 montre que sur un échantillon de 504
chirurgiens-dentistes issus de 89 départements de France, 93% ont un mode d’exercice libéral exclusif,
4% ont une activité libérale + une activité hospitalière à temps partiel, 3% ont une activité libérale + une
activité salariée autre qu’hospitalière.
18
Définition du Conseil d’État, C.E., 5 novembre 158, D, 1958, 751, conclusion GULDNER et LAUDE
A., fasc. 240, in Lamy-Droit de la santé, n° 240-24.
19
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, Bordeaux : 3ème éd. Les Études Hospitalières, 2006, p. 30.
20
Voir BONNICI B., La politique de santé en France, coll. «Que sais-je?», n° 2814, 3ème éd., 2003.
21
MÉMETEAU G., op. cité, p. 27.
15
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
12. Pour analyser la relation de soins qui s’établit entre le chirurgien-dentiste et son
patient, les ressemblances et les différences qui peuvent exister par rapport à la relation de
soins entre un médecin et son patient, il faut au préalable, mettre en évidence en quoi la
chirurgie-dentaire est une profession médicale à part.
13. La chirurgie-dentaire est une discipline récente : ce n’est que depuis le siècle
dernier qu’elle devient indépendante par rapport à la profession de médecin. Le
développement historique de cette activité, longtemps indissociable de la pratique de la
médecine, montre pourquoi la profession a du mal à se faire reconnaître, même de nos
jours.
14. De plus, dans l’inconscient collectif, malgré les progrès de prise en charge du
patient, le chirurgien-dentiste a toujours mauvaise réputation. La peur du dentiste reste très
présente. La douleur, la phobie de la « roulette » et la cherté des soins prothétiques
contribuent à entretenir cette mauvaise image de la profession (mauvaise image que les
médias entretiennent volontiers). À tel point que le Conseil National de l’Ordre des
chirurgiens-dentistes a lancé, à l’automne 2009, en partenariat avec l’ADF23, une vaste
« campagne de communication ambitieuse dont l’objectif consiste à repositionner l’image
de l’ensemble de notre profession24 ». L’Ordre des chirurgiens -dentistes a voulu « réagir
par rapport à certains articles de presse et émissions de télévision dont la pertinence et la
sincérité nous semblaient en fort décalage par rapport à la réalité25 ». Nous pouvons nous
22
Deux jugements du tribunal des conflits précisent que l’activité sanitaire publique est jugée par le juge
administratif (Dalloz, 1957, 395, concl. CHARDEAU, J.C.P., 1957, 10.004, obs. SAVATIER R.).
23
L’Association Dentaire Française.
24
www.leschirugiensdentistes.com
25
cf. plaquette d’information sur www.leschirugiensdentistes.com
16
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
15. Cette campagne semble mettre en évidence un décalage entre la réalité des
cabinets et la manière dont les instances dirigeantes perçoivent à la fois le ressenti des
patients et l’exercice de la profession : dans l’édito de la plaquette de présentation de cette
campagne nationale, le Président du Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes
et les secrétaires généraux de l’ADF écrivent qu’ « après une étude approfondie menée tant
auprès de la population française (patients et non patients) que de certains confrères, nous
connaissons la façon dont nous sommes perçus et les attentes de chacun. L’image du
chirurgien-dentiste se situe à un très haut niveau de confiance, de professionnalisme et
d’intégrité pour nos patients. Nous en étions convaincus. Nous en sommes désormais
certains. […] Par nos diagnostics, nos traitements et notre écoute, nous participons
activement à l’épanouissement personnel et à l’estime de soi de chacun de nos
patients 27 ».
16. Qui cette campagne cherche-t-elle à convaincre ? Le praticien de base sait bien
qu’une trop grande part de la population a encore peur du dentiste. Et que les polémiques
actuelles sur les prix des prothèses ont terni depuis quelques années son image de marque.
Cette campagne de communication, qui veut redorer le blason de la profession, induit un
certain malaise par l’emploi de termes ambigus : est-ce que l’Ordre, garant de la
profession, veut convaincre à la fois les patients, les non patients et les confrères qui ne
sont pas encore convaincus d’une telle image idyllique de la profession ? Et faut-il que le
rôle du chirurgien-dentiste dépasse largement le cadre de la relation de soins, vers une
dérive « new age », pour apporter au patient, tel un gourou, « l’épanouissement
personnel 28» et « l’estime de soi 29 » ? Ce programme nous paraît bien présomptueux : au
moment où s’instaure une véritable démocratie sanitaire qui veut rééquilibrer la relation de
soins et mettre fin au paternalisme médical, affirmer de tels propos semble revenir à un
désir de suprématie du praticien qui certes, veut le bonheur de son patient, mais qui en est
un peu trop convaincu.
26
cf. plaquette d’information sur www.leschirugiensdentistes.com
27
cf. plaquette d’information supra
28
Ibid.
29
Ibid.
17
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
17. L’évolution actuelle et les contraintes qui se multiplient influent très fortement
sur la pratique du chirurgien-dentiste en cabinet libéral et d’une manière plus globale, sur
le devenir de la profession toute entière.
18. Le rôle du patient dans la relation de soins a lui aussi bien évolué dans le temps.
D’acteur passif qui subit, il prend une part active à la décision thérapeutique et donne ou
non son consentement aux soins proposés.
19. La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système
de santé30, a véritablement marqué un tournant dans la relation médicale entre le praticien
et son patient, car elle a voulu instaurer une véritable « démocratie sanitaire » pour « la
recherche d'une transparence maximale dans la relation de soins, ainsi que l'égalité des
différents acteurs de cette relation31 ». En accordant des droits au patient, la volonté du
législateur a été de mettre fin au « paternalisme » médical.
20. La demande de soins de la part des patients a également changé avec un recours
plus systématique aux soins et à la prévention32, l’accès à des solutions de soins et des
solutions prothétiques nouvelles, comme les implants dentaires ainsi qu’une plus grande
demande esthétique33. C’est ainsi que l’activité du chirurgien-dentiste, longtemps confinée
30
V. not. MISTRETTA P., « La loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la
qualité du système de santé. Réflexions critiques sur un Droit en pleine mutation. », J.C.P., 2002, I, 141,
n° 10 et suiv.
31
PITCHO B., Le statut juridique du patient, Bordeaux : Les Études Hospitalières, coll. « Thèses », 2002,
p. 548.
32
DREES, « Données sur la situation sanitaire et sociale en France. », 2003, p. 28 :
« Les effets bénéfiques de la prévention ont tendance à s’éroder avec l’âge adulte. Dès l’adolescence, la
situation se dégrade: 80% des adolescents de 15 ans présentent des dents cariées ou obturées….
-ensuite, les besoins de soins parodontaux eux, ne baissent pas, notamment en raison de l’évolution des
habitudes alimentaires (alimentation plus molle induisant un faible effort masticatoire).
- en outre, avec le vieillissement de la population, on peut s’attendre à une augmentation de la demande
de soins spécifiques à cette tranche de population (prothèses et implantologie notamment).
On peut prévoir une poursuite de la tendance actuellement à la hausse concernant la demande de soins
dits «esthétiques» ou de confort. Une dent manquante est beaucoup moins tolérée qu’avant. En outre, les
patients souhaitent de plus en plus des solutions telles que l’implantologie plutôt que la pose d’une
prothèse amovible».
33
HESCOT P. et ROLAND E., « Le CAO des enfants de 12 ans. », Union Française pour la Santé Bucco-
Dentaire (UFSBD), 1998. Ainsi, le Dr HESCOT, Président de l’UFSBD définit trois catégories de
patients :
- « Les prévento-conscients» sont attentifs à leur santé comme ils le sont pour leur voiture ou pour tout
ce qui relève de leur vie courante. Ils représentent environ 2/3 de la population, soit plus de 25 millions
18
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
à l’extraction des dents, est maintenant tournée vers leur conservation, leur remplacement
et l’esthétique du sourire.
21. L’évolution des mentalités fait que la mise en cause de la responsabilité des
praticiens se développe de plus en plus dans notre société34. Le patient, conscient de ses
droits, a souvent du mal à accepter l’échec ou à comprendre l’aléa thérapeutique et ce
d’autant plus qu’il paie. Monsieur Jean PENNEAU explique l’évolution du contentieux
médical par « l’émergence dans la vie juridique des risques inhérents à l’efficacité
thérapeutique dans un contexte où l’homme ne se résigne plus à être une victime du fatum,
mais cherche au contraire un responsable à tous ses malheurs ; et où le patient, en
particulier, ne comprend pas que la technique médicale en laquelle il fondait tous ses
espoirs, loin de le soulager de ses maux, avait aggravé ceux-ci35». De plus,
l’indemnisation peut malheureusement être perçue comme une source de financement.
22. Le développement des techniques, ainsi que celui des progrès scientifiques a
véritablement transformé la chirurgie-dentaire qui est devenue une discipline médicale à
part entière, ce qui a nécessité le développement de sa règlementation. Le cadre juridique
de l’exercice de la chirurgie-dentaire a du s’adapter et se renforcer. Il est donc intéressant
de rappeler la définition classique et les caractéristiques du contrat médical s’appliquant à
la chirurgie-dentaire, puis d’analyser les spécificités de cette relation afin de définir si
cette relation est un véritable contrat médical s’appliquant à la chirurgie-dentaire.
23. Nous n’étudierons pas les différents contrats d’exercice professionnel sous
lesquels un chirurgien-dentiste peut exercer. Nous consacrerons ce travail uniquement à
l’étude de la relation singulière qui s’établit entre le chirurgien-dentiste et la personne qui
de français. Ils consultent d’abord pour rester en bonne santé et prévenir toute douleur ou soucis
éventuels.
- Le deuxième tiers consulte pour se faire soigner. Les patients viennent trouver la solution à un
problème dentaire plus ou moins grave. Pour eux, les rendez-vous chez le dentiste consistent uniquement
à bénéficier de la compétence «technique» d’un professionnel de santé capable de résoudre tous les maux
dentaires.
- Enfin et malheureusement, le dernier tiers de français correspond à ceux qui fréquentent trop peu,
voire, pas du tout les cabinets dentaires. Les vieux clichés sont pour eux bien présents: le dentiste fait
peur, le dentiste fait mal, le dentiste coûte cher….»
34
Conseil d'État, Rapport public. Jurisprudence et avis de 1997, Réflexions sur le droit de la santé, 1998,
La documentation française, p. 241.
35
PENNEAU J., La responsabilité du médecin, 3ème éd. Dalloz, coll. « Connaissances du droit », 2004, p. 2
19
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
26. Auguste COMTE a dit qu’« on ne connaît bien une science que lorsque l’on en
connaît l’histoire36 ». Notre propos ne s’attardera pas sur l’évolution des techniques, mais
sur celle de la pratique au cours des siècles (Section1), jusqu’à l’émergence d’une
profession indépendante, telle qu’elle existe de nos jours (Section 2).
36
COMTE A., Cours de philosophie positive, Paris : Larousse, 1936.
20
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
27. Les caries dentaires sont sans doute aussi anciennes que l’humanité. On
retrouve des traces de soins dentaires dans des sites néolithiques en Afghanistan37, en
Hongrie38, dans la vallée de l’Indus39, chez les momies égyptiennes de l’époque des
pharaons40. L’examen des dents est un élément primordial pour le paléontologue. Les
études anthropologiques et paléo-pathologiques peuvent mettre en évidence les rapports
qui existent entre les facteurs environnementaux, le mode de vie, la génétique et la
fréquence d’apparition des caries dentaires41.
1/ En Mésopotamie :
37
Les premiers signes connus de la pratique de la dentisterie datent de 9000 ans avant J-C : voir
http://museeguimet.fr/documents/mehrgarhpresse.pdf
38
MOLNAR S. et I., “Observations of dental diseases among prehistoric populations of Hungary. ”, J. Phys.
Anthropol. 1985, 67 : p. 51-63.
39
7000 ans avant JC : voir http://www.futura-sciences.com/news-dentistes-prehistoriques-utilisaient-fraises-
silex_8643.php
40
WENZ W., SPRAZ B. et KOSACK W., “ View of the past: Roentgenography of an Egyptian mummy.”
Radiologe, 1975, 15: 45-9.
41
KERR N., The prevalence and natural history of periodontal disease in Britain from prehistoric to
modern times, Br. Dent. J., 1998, vol. 185, p. 527-535.
42
Code d’HAMMURAPI, trad. Finet, La stèle originale se trouve au Musée du Louvre. HAMMURAPI
(HAMMU- qui- guérit) et HAMMURABI (HAMMU-le –Grand) sont deux appellations possibles parmi
d’autres.
43
FINET A., Le Code de Hammurapi, Paris : Le Cerf, 1973.
44
BOTTERO J., Le code d’Hammurabi, in « Mésopotamie, l’écriture, la raison et les Dieux », Paris :
GALLIMARD, 1987, pp. 191-223.
21
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
chirurgien y est sanctionnée par la mutilation de sa main45) et fixe aussi le montant des
honoraires médicaux. À chaque pathologie correspond des devoirs à respecter ou des
règles à suivre46. Il est à la fois texte de droit reconnu comme « la forme la plus aboutie de
la rédaction de type juridique de l’ancien Empire mésopotamien47 » et le « fondement de la
déontologie48 ».
29. Ce sont les « Gallub », ou barbiers, qui exercent leurs talents en matière de
soins dentaires. Des tablettes d’argiles datant du second millénaire avant Jésus.-Christ et
retrouvées lors de fouilles à Nippur mentionnent l’existence du « ver dentaire »,
responsable des caries. On retrouve cette théorie en Grèce, en Égypte, en Inde et jusqu’en
Amérique du Nord. Elle va être transmise par les arabes en Europe et usitée du Moyen Âge
jusqu’au XVIIème siècle. Elle est encore reconnue de nos jours dans certains pays
d’Afrique.
30. Les limites des connaissances de l’époque, l’inefficacité des remèdes et les
sanctions contre le praticien dont le traitement n’est point efficace, n’ont pas permis une
évolution favorable de la médecine. À cette époque, la pratique médicale est contrôlée par
les prêtres et l’influence du pouvoir religieux est considérable : la maladie est souvent
vécue comme une punition divine49.
45
Art. 218: « Si un médecin opère un homme pour une blessure grave avec une lancette de bronze et cause
la mort de l’homme, ou s’il ouvre un abcès à l’œil d’un homme avec une lancette de bronze et détruit
l’œil de l’homme, il aura les doigts coupés ». Le médecin est entièrement responsable de ses actes et doit
en répondre.
46
Trad. Finet XXV3, 19 « Si quelqu’un a assez de discernement pour tenir en ordre ce pays, qu’il prenne
garde à ce que j’ai marqué sur la présente stèle: celle-ci lui montrera la marche et la conduite à
suivre…»
47
GAUDEMET J., Les naissances du droit, Paris : Montchrestien, 1997, p. 4-5.
48
TERRIER E., Déontologie médicale et droit, Bordeaux : Les Études Hospitalières, coll. « Thèses », 2003,
p. 59.
49
Certains voient dans la maladie une vengeance du divin, en réponse d’une infraction à sa Loi. V. BYK
Ch. « Médecine et droit, le devoir de conscience », in « L’exercice médical dans la société: hier,
aujourd’hui et demain », Actes du colloque des 29 et 30 septembre 1995, Ordre National des Médecins,
Paris : Masson, 1995.
22
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
2/ En Égypte :
31. Le plus ancien dentiste connu en Égypte est l’égyptien HESIRE (3000 ans av.
J.-C.). Sa tombe a été découverte aux alentours du plateau de Gizeh en 1927. Le plus
ancien document médical égyptien connu est le papyrus datant de 3000 ans avant J.-C50 et
découvert par Edwin SMITH. Les papyrus datant de l’époque du règne d’AMENOTHEP
(1534 av. J.-C.51) et découverts par EBERS, en décrivent non seulement des traitements
dentaires préconisés pour lutter contre les caries et les douleurs dentaires, mais sont aussi
des traités chirurgicaux sur les blessures de la bouche, les fractures des maxillaires et les
moyens de les réduire.
33. Ces textes contiennent également des incantations pour la protection et les
devoirs du médecin. Ces règles de devoirs sont donc « des règles de déontologie,
mais elles restent cantonnées à des morales fortement teintées de croyances
mystiques55 ». C’est le développement des civilisations de la partie occidentale de la
Méditerranée qui va permettre à la médecine et au droit de devenir des sciences
autonomes. La pratique de la chirurgie-dentaire est encore indissociable de celle de la
médecine.
50
Ce papyrus, dont l’original est au musée de Leipzig, est le principal traité de médecine pharaonique connu
de cette époque.
51
BARBINET T., Les papyrus médicaux de l’ancienne Egypte, Paris : A. Fayard, 1.
52
TUBIANA V., op. cité, p. 42: la levure de bière, le pavot et l’opium étaient largement utilisés.
53
BYK Ch., op. cité. Le Prof. J. BERNARD écrit que « La première période de la médecine est magique.
Le destin des hommes appartient aux dieux. Les maladies appartiennent à ce destin » (Vers la médecine
du XXIème siècle, progrès fondamentaux in « L’exercice médical dans la société: hier, aujourd’hui et
demain », Actes du colloque des 29 et 30 septembre 1995, Paris : Masson, 1995, p.13).
54
Supra.
55
TERRIER E., op. cité, p.68.
23
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
3/ En Grèce :
34. HIPPOCRATE de COS (460-377 av. J.-C.), est un grand nom de l’art dentaire
et médical en Grèce56. Se démarquant de la médecine incantatoire (il est fils d’un
asclépiade, c'est-à-dire d’un prêtre médecin célébrant le culte d’ESCULAPE), il fonde sa
pratique sur l’observation clinique. Pour lui, la maladie n’est pas d’essence divine, mais
résulte d’un dysfonctionnement du corps. La médecine se désacralise totalement. Il en
découle une certaine responsabilisation de l’individu, puisque le rejet de la fatalité et du
rôle des dieux rend désormais l’homme « maître de son destin57 ». Chacun devient
« responsable de sa santé58 ».
56
V. l’étude du Pr. MATTEI sur Hippocrate de Cos et sa pensée, in « Philosophie, éthique et droit de la
médecine », Paris : P.U.H., 1997, chap. XI, p. 101 et suiv.
57
TERRIER E., op. cité, p.74.
58
TUBIANA V., op. cité, p. 51
59
Elle a permis l’identification de plusieurs maladies dont le cancer, du grec cancros qui veut dire
«crabe», nom choisit à cause des douleurs de « pincement » décrites par les malades.
60
DOERFLINGER C et MARCOUX F. « Droit médical et déontologie. », Dossiers médico-chirurgicaux,
n° 34, Maloine, 1988, p. 48
61
ibid.
62
Le célèbre « serment d’HIPPOCRATE », voir annexe 1.
24
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
« les Grecs […] sont aussi les premiers, pour notre Occident du moins, qui aient agi sur
son avenir moral, en formulant tout d’abord les devoirs essentiels63 ».
40. À l’époque, la profession est exercée par des esclaves affranchis qui travaillent
pour leur propre compte ou pour leurs maîtres. En effet, la médecine est méprisée, en
raison de son inefficacité. L’art de guérir est abandonné aux esclaves et aux étrangers. Il
n’existe aucune législation, aucune structure professionnelle, aucun diplôme. N’importe
qui peut pratiquer. CASOELLIUS est le premier dentiste romain connu (81-96 après J.-C.).
63
LITTRÉ E., Oeuvres complètes d’Hippocrate, traduction nouvelle, Tome 1, Paris : Baillères, 1859-1861,
p. 15.
64
Phénomène complexe qui s’est étendu sur plus d’un siècle : V. ELLUL J., Histoire des institutions,
Tome I : l’Antiquité, Paris : 22ème éd. P.U.F., coll. «Thémis», 2002 et GAUDEMET J., Les naissances
du droit, Paris : Montchrestien, 1997.
65
Aurelius Cornelius Celsus, né sous le règne de Tibère, est un riche philosophe.
66
ou origine
25
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
avoir donné une explication originale sur l’étiologie67 de la carie dentaire, dans son unique
ouvrage qui s’intitule Compositiones. La carie serait due, d’après lui, à des petits vers qui
rongent la dent.
42. PLINE L’ANCIEN68 a écrit de nombreux ouvrages, dont son Histoire naturelle
en 37 volumes, qui représente une véritable encyclopédie des connaissances de l’époque
du début du christianisme. Il rassemble toutes les connaissances de son époque, ainsi que
toutes les traditions populaires de Rome, des Gaulles, des provinces d’Afrique, d’Espagne
et d’Orient. On y trouve une importante pharmacopée pour traiter les dents et même des
prédictions que l’on peut tirer à partir de la morphologie des dents !
43. GALIEN (131-201 après J.-C.), Empereur, philosophe et bon anatomiste, est le
premier à étudier l’anatomie des dents et des maxillaires. C’est le premier à défendre
l’origine interne de la carie. À cette époque, l’on sait que la prothèse dentaire se pratiquait
déjà par des ouvriers dentaires.
5/ Au Moyen Âge:
44. Le Moyen Âge fait la part belle à la médecine arabe, grâce à RHAZES (865-
932), ALBUCASSIS (mort en 1013) et AVICENNE (980-1037). À cette époque, en
Europe, les progrès sont très lents et l’obscurantisme règne. Tous les médecins relèvent de
la juridiction ecclésiastique.
45. AL RAZI dit RHAZES, d’origine perse, est à la fois un médecin, un alchimiste
et un philosophe. Il a écrit de nombreux ouvrages, a beaucoup voyagé et enseigné. Il s’est
intéressé à l’éthique médicale et c’est le premier médecin arabe qui se soit occupé des
dents. AVICENNE connaissait déjà la trépanation de la couronne69. Mais le livre le plus
important de l’époque est écrit par ALBUCASIS : le Serviteur sera utilisé pendant au
moins 400 ans. Il y traite des détartrages, de la cautérisation des dents et des gencives
67
Origine de la maladie.
68
Caius Plinius Secundus est né à Côme en 23 après J.-C, sous Tibère.
69
Percer la couronne dentaire permet de donner issue aux humeurs provenant d’une inflammation dentaire.
26
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
ramollies. Il y décrit les extractions, les soins post-opératoires et la conduite à tenir en cas
de complications.
Les médecins arabes vont permettre au monde occidental de connaître les textes
scientifiques d’origine grecque en les traduisant.
46. Il n’y a pas de découvertes médicales majeures au Moyen Âge. On fait appel
aux croyances populaires ou religieuses, ainsi qu’à la sorcellerie.
47. C’est à cette époque que la médecine devient une science. Mais l’Église en a
bien vite le monopole. Ce sont les moines qui pratiquent la médecine, créent des hospices,
cultivent des plantes70 et recopient des textes. Au nom de la charité chrétienne et à travers
toute l’Europe, les fondations hospitalières se consacrent aux soins des malades. Les
premiers chirurgiens sont les moines de l’Ordre de St Benoît. La médecine se développe
avec les croisades, mais les moines n’ont pas vraiment les moyens ni les connaissances. À
la suite d’abus et de désordres financiers, plusieurs conciles vont finir par interdire au
XVIIème siècle, la pratique de la médecine par le clergé.
70
Des « simples ».
71
Ils sont spécialisés dans la chirurgie, les saignées et… la coiffure, d’où leur nom.
27
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Les querelles entre les deux parties sont depuis lors, incessantes72. Et jusqu’en
1794, la chirurgie va rester différenciée de la médecine.
50. Le barbier est l’ancêtre du dentiste. Il exerce dans une boutique, dans les foires
et dans les marchés. Étant la plupart du temps ambulant, il ne se soucie pas d’assumer les
conséquences de ses actes.
7/ La Renaissance :
53. Léonard de VINCI (1452-1519) nous a laissé les premiers dessins exacts que
nous ayons des dents qu’il a essayé de classer. Il a également décrit les rapports des racines
dentaires avec les sinus.
54. L’avancée de la science n’est pas sans risque pour les chercheurs, car la limite
entre la médecine et la superstition n’est pas encore nette. Ainsi VESALE (1514-1564),
médecin de Charles QUINT, est poursuivi par l’inquisition pour s’être opposé aux idées
reçues. C’est lui qui a décrit la cavité pulpaire73. Il a émis l’hypothèse, en accord avec les
idées de CELSE, que les dents permanentes se développent sur les racines des dents de lait.
Il a voulu mettre en évidence les erreurs anciennes mais il est mort dans la misère.
72
En 1423, les chirurgiens obtiennent que les barbiers soient interdits de chirurgie et de soins dentaires.
En 1465, les barbiers réobtiennent leur autorisation.
73
La cavité à l’intérieur de la couronne dentaire qui contient la pulpe dentaire, plus communément appelé
le « nerf ».
28
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
56. Ambroise PARÉ (1516-1590) est sans conteste, le personnage le plus important
de l’époque. D’abord barbier, puis Compagnon Chirurgien, il devient Maître Chirurgien
d’HENRI II et de CHARLES X. L’art dentaire est pour lui une vraie spécialité qu’il va
développer en inventant de nouvelles techniques.
8/ Le XVIIème siècle :
74
On dit de lui qu’« il paradait sur un char surmonté d’une toiture bombée. Grand et fort, avec une voix
de stentor, il se présentait à la foule, vêtu d’un habit rouge galonné d’or et coiffé d’un vaste tricorne
empanaché de plumes de paon, un énorme sabre pendant à sa ceinture, un chapelet de dents lui barrant
la poitrine comme un grand cordon. …Comme ses confrères, il promettait d’arracher les dents sans
douleur », ce qui s’avérait inexact d’où l’expression populaire: « mentir comme un arracheur de dent ».
In « La douleur dentaire », Boulogne Billancourt : Créafirst, 2002. p. 13.
29
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
9/ Le XVIIIème siècle :
60. Le XVIIIème siècle, « siècle des Lumières et de la Raison », constitue une étape
clé pour l’évolution de l’art dentaire75. Pierre FAUCHARD (1678-1761) est reconnu
comme le « père » de l’odontologie et de la stomatologie. Il est le premier dentiste, digne
de ce nom. Il publie en 1728 son célèbre Traité des Dents76 dans lequel il expose
l’ensemble des connaissances de l’époque et qui, longtemps après sa mort, enthousiasmera
ses nombreux disciples. FAUCHARD va œuvrer toute sa vie pour essayer de sortir l’art
dentaire du chaos où il se trouve. Ainsi, en 1941, un dentiste américain, WHEINBERGER,
dira de lui que « son livre a fait de la dentisterie une profession ». Le premier
stomatologiste, Anthelme JOURDAIN, grand admirateur de FAUCHARD, publiera en
1778 un « Traité des maladies et des opérations réellement chirurgicales de la bouche ».
62. C’est un problème de santé du Roi LOUIS XIV qui permet à son chirurgien,
FELIX, de lui demander la reconnaissance de sa profession77. En 1768, un Édit du Roi
différencie notamment, les « experts pour les dents ». Seuls ces experts dentistes sont
habilités à opérer en bouche. L’Académie Royale de Chirurgie est créée en 173178. Les
experts sont reconnus grâce au Doctorat en chirurgie, à partir de 177579 et aux Collèges de
75
ISRAEL Y. et Y., Le dentiste à la carte, Nice : La Buffa. 1993.
76
FAUCHARD P., Le Chirurgien dentiste ou Traité des dents, où l’«on enseigne les moyens de les
entretenir propres et saines, de les embellir, d’en réparer la perte & de remédier à leurs maladies, à
celle des gencives et aux accidents qui peuvent survenir aux autres parties voisines des dents. Avec
des observations de reflexions…» éd. Prélat, 1955.
77
Les chirurgiens spécialistes de yeux, de la vessie, des articulations des hernies, des dents, sont enfin
reconnus. Cette reconnaissance des capacités et le port du titre d’ « expert » exigent que le praticien ait
des connaissances et suive des règles.
78
VALMING, Recherches historiques sur la chirurgie et l’établissement des chirurgiens en France, et
particulièrement à Paris. Paris : Manuscrits de la BIM, 1750, cote Ms 2124.
79
BOYER A-M., Chirurgiens de terre et chirurgiens de mer à Amiens aux 17ème et 18ème siècles, Th.
méd. Nantes : 1989, 042M.
30
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
chirurgie l’année suivante80. C’est donc en quelques années seulement, que le « barbier »
est devenu un homme savant.
10/ La Révolution :
64. Elle marque un net tournant dans les mentalités en voulant que tous les citoyens
soient libres et égaux. Le médecin devient un citoyen comme les autres. Au nom de la
justice pour tous, la révolution consacre l’assistance publique82. Au nom de ces principes
d’égalité et de fraternité, la profession doit devenir accessible à tous83.
65. Elle voit aussi la naissance de la responsabilité médicale qui est plus tard
intégrée au Code civil de 1804, et au Code pénal de 1810.
66. L’enseignement de la médecine renaît avec la loi du 10 mars 180384 mais l’art
dentaire n’y est point mentionné. Durant tout le XIXème siècle, il existe encore des
« arracheurs de dents » qui exercent sans diplômes.
67. Les médecins du XIXème siècle héritent d’une tradition qui se perpétue depuis
l’Antiquité et qui oppose les « arts libéraux, pratiqués par les hommes libres et les arts
80
Histoire de l’académie royale de chirurgie depuis son origine et jusqu’en 1749, tirée des mémoires de
l’académie royale de chirurgie, 1768, Tome IV.
81
Dite loi LE CHAPELIER, faisant suite à la loi du 14 juin 1791 prescrivant la corporation des métiers.
82
Rapport La ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT.
83
Les candidats au titre d’Expert puis de Maître en chirurgie devaient acquitter des droits et faire des
cadeaux aux examinateurs : les études étaient donc réservées à une certaine élite.
84
Loi du 10 mars 1803 relative à l’exercice de la médecine
31
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
mécaniques ou techniques bons pour les esclaves et pratiqués par les esclaves85 ». Les
théoriciens sont honorés. Les praticiens travaillant de leurs mains sont méprisés. La
séparation entre chirurgiens et médecins perdure et c’est la raison pour laquelle, à cette
époque, les médecins ont abandonné la pratique de certaines activités médicales comme la
dentisterie.
68. Une question fondamentale se pose tout au long du début de ce siècle : faut-il
laisser la profession en dehors de la Médecine ? Ou bien faut-il l’y intégrer, en tant que
spécialité médicale, comme l’ophtalmologie ou l’oto-rhino-laryngologie ? La séparation va
se faire officiellement en 189286. Et il faut remarquer que cette question est à reposer de
nos jours : la chirurgie dentaire est une profession médicale, paradoxalement non intégrée à
la médecine. Elle a parfois, à tort, été classée comme profession paramédicale87. Mais les
connaissances actuelles et la pratique quotidienne du chirurgien-dentiste ne relèvent-elles
pas de la pratique médicale, dans une spécialité intéressant « la bouche, les dents et les
maxillaires » ?
69. La première école dentaire privée ouvre à Paris le 15 novembre 1880 : fondée
par Charles GODON (1854-1923), cette École Dentaire de Paris devient très vite une des
premières du monde. Il faudra attendre le décret du 22 septembre 196588 pour la création
d’Écoles Nationales de Chirurgie-Dentaire89.
85
CARON P., GRANIER D., MORGENSTERN H. et VIDAL F. De l’expert pour les dents au docteur
en chirurgie dentaire : Histoire d’un diplôme, Le CDF, 1992, p. 210.
86
Par la loi BROUARDEL sur l’exercice de la médecine, du 30 novembre 1992, parue au JO du 1er
décembre 1892, n° 326, 24 ème année.
87
MOREAU J. et TRUCHET D., « Structure des ordres des professions paramédicales: les ordres des
chirurgiens-dentistes, des sages-femmes…», Droit de la santé, 5ème éd. Dalloz, coll. « Mémentos »,
2000, p. 76.
88
Décret n° 65-801, relatif à la création des écoles nationales de chirurgie dentaire et des centres de soins,
d’enseignement et de recherche dentaire.
89
CRUET D., La Stomatologie, Paris : Steinheidt, 1907, p. 394.
www.bium-univ-paris5.fr
90
JO n° 326, 24ème année.
32
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
91
Dans son article V, il précise que «les dentistes inscrits au rôle des patentes au 1er janvier 1893 peuvent
postuler au diplôme de chirurgien-dentiste à la seule condition de subir les examens prévus par l’article
III du présent décret (...).Les dentistes patentés ne sont pas soumis aux exigences de l’article deux qui
exige soit le baccalauréat, soit le certificat d’études primaires supérieures. Les dentistes inscrits à un
rôle antérieurement au 1er janvier 1889 sont dispensés du premier examen. Les dentistes pourvus
antérieurement au premier novembre 1893 d’un diplôme délivré par l’une des écoles d’enseignement
dentaire en France, peuvent postuler au diplôme de chirurgien-dentiste à la seule condition de subir le
deuxième examen. Les dentistes reçus à l’étranger et qui voudront exercer en France, seront tenus de
subir les examens prévus au présent décret. Ils pourront obtenir une dispense partielle ou totale de la
scolarité après avis du Comité consultatif de l’enseignement public».
92
Ce décret indique que «sont admis à subir les examens de chirurgien-dentiste, avec dispense du premier
de ces examens, les aspirants en médecine qui justifient d’une année de stage dans un service dentaire
hospitalier». Implicitement, le législateur cherche à corriger le fait que des médecins pouvaient exercer
la profession de chirurgien-dentiste sans avoir forcément de connaissances en la matière.
93
Où se situent donc les limites des régions gingivales et maxillaires ?
94
Loi Brouardel sur l’exercice de la médecine, du 30 novembre 1992, parue au JO du 1er décembre 1892,
n° 326, 24 ème année
95
CRUET.op cité, p. 94.
96
Loi n° 72-661, du 13 juillet 1972, relative à certaines conditions d’exercice des professions de médecin,
chirurgien-dentiste et sage-femme.
97
Loi du 13 juillet 1972.
33
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
74. La France est le pays qui a sans doute le plus œuvré pour la reconnaissance de
la profession. En 1887, Paul DUBOIS, dentiste français, obtient que les dentistes français
puissent participer au Congrès Médical Mondial de Washington, alors que les médecins
américains sont très critiques à l’encontre de l’art dentaire. La chirurgie dentaire prend
alors vraiment place parmi les professions de santé. Deux ans après, en 1889, le Premier
Congrès International Dentaire se réunit avec succès à Paris en 1889.
98
JO du 6 décembre 1941.
99
Décret n° 48-27 du 3 janvier 1948 portant Code de déontologie des chirurgiens-dentistes.
100
Décret n° 67 -671.
101
Décret n° 75-650.
102
Décret n° 97-88 du 31 janvier 1997.
103
Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004.
104
Loi n° 71-1026 du 24 décembre 1971.
34
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
DENTAIRE.
81. Pour la première fois à notre connaissance, faisant suite à la publication de trois
études démographiques publiées par la Direction de la Recherche des Études de
l'Évaluation et des Statistiques (DREES) concernant les chirurgiens-dentistes107, une vaste
enquête sociologique sur le métier de chirurgien-dentiste, publiée par l’ONDPS108, nous
permet de mieux connaître un des deux acteurs de la relation de soins que nous désirons
analyser109.
82. Ces deux dernières décennies ont entraîné un réel bouleversement de la pratique
professionnelle avec d’importants progrès scientifiques, techniques et technologiques. La
105
Loi n° 72-661 du 13 juillet 1972 relative à certaines conditions d’exercice des professions de médecin,
chirurgien-dentiste et sage-femme.
106
MICHEL J-C., « Le début d’une nouvelle ère. » in Livre blanc de la stomatologie et chirurgie
maxillo-faciale française, Stomatologie-CMF, 2007, p.13, je cite: «C’est souvent dans une
même famille qu’ont lieu les querelles les plus ardues et les blessures les plus délicates à
panser. Les stomatologistes et les chirurgiens-dentistes, soucieux de cette porte d’entrée
essentielle de l’organisme que sont la bouche et les dents, n’ont pas échappé à cette situation».
107
DREES. « Les revenus libéraux des chirurgiens-dentistes. », Études et Résultats, n° 501, juin
2006, p. 4.
DREES. « Les chirurgiens-dentistes en France: situation démographique et analyse des
comportements en 2006. », Études et Résultats, n° 594, septembre 2007, p. 8.
DREES. « La démographie des chirurgiens-dentistes à l’horizon 2030: un exercice de
projection au niveau national. », Études et Résultats, n° 595, septembre 2007, p. 8.
108
Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé.
109
RIGAL E. et MICHEAU J., « Le métier de chirurgien-dentiste: caractéristiques actuelles et
évolutions. Une étude qualitative. », Plein Sens, ONDPS, septembre 2007.
35
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
110
MÉMETEAU G. op. cité, p. 30.
111
Supra.
112
Stages, séminaires, diplômes d’université…
113
Du grec para : autour de et odontos : dent. Le parodonte comprend la gencive, le
desmodonte, le cément et l’os alvéolaire.
36
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
de se spécialiser plus ou moins114 dans les pratiques qu’il préfère ou dans lesquelles il
excelle. En effet, « il est dans la nature des progrès techniques de tendre à une
spécialisation de plus en plus poussée115 ».
88. Initié par l’Assurance Maladie en partenariat avec les syndicats dentaires et les
pouvoirs publics, il veut permettre l’accès aux soins pour tous et notamment, toute une
partie de la population en difficulté sanitaire et sociale : les soins dentaires nécessaires
dépistés lors de cet examen de prévention sont remboursés à 100% par la Caisse
d’Assurance Maladie, s’ils sont effectués dans les six mois suivants l’examen.
114
« Spécialités » développées : endodontie (soins des racines dentaires) 86%, chirurgie 69%, pédodontie
(soins des enfants) 62%, parodontologie (soins des tissus de soutien des dents, prévention des
« déchaussements » 59%, implantologie 30%, orthodontie 7%. Source : enquête nationale Imago
research avril 2009.
115
SAVATIER R., « Les métamorphoses économiques et sociales du droit privé aujourd’hui. »,
in Seconde série : l’universalisme renouvelé des disciplines juridiques, n° 38.
116
www.mtdents.info : cet examen devient à caractère obligatoire et fait suite à l’examen de
prévention (EXP), qui n’a pas eu le succès escompté auprès de la population française.
37
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
par des groupes de travail et qui sont publiées par la HAS117. Ces recommandations sont
des référentiels de pratiques professionnelles, non obligatoires pour le moment, mais
considérées comme des données acquises de la science.
90. Il est bien évident que tous les praticiens n’auront pas les moyens, ni les
capacités d’appliquer ces recommandations dans leur pratique courante et que chacun doit
orienter ses choix professionnels en étant conscient du décalage avec « les règles de l’art »
et les problèmes de responsabilité professionnelle que cela peut engendrer.
Il faut aussi tenir compte du fait que la patientèle diffère selon l’endroit d’installation
(ville ou campagne, quartier défavorisé et banlieue résidentielle). Elle induit, par ses
caractéristiques, une certaine forme de pratique en fonction des revenus, de la couverture
sociale et des habitudes de soins des patients118.
92. Le praticien se doit de maintenir pour son exercice, non seulement un plateau
technique lui permettant un exercice fiable conforme aux données acquises de la science,
mais garantissant pour ses patients, ses employés et lui-même, la sécurité d’utilisation.
117
Haute Autorité de Santé.
118
DREES, p. 64.
38
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
119
PEQUIGNOT H., « L’enseignement clinique, au lit du malade, du droit et de l’éthique médicale à la
profession médicale. », rapport, Colloque de Genève, avril 1982, cité par G. MÉMETEAU, « Cours de
droit médical », Bordeaux : éd. LEH, 2006, p. 40.
120
ROCHE L., « Organisation de la médecine légale en France; son intégration hospitalière. »,
Introduction, Journ. méd. lég, Droit médical, 1982, 4, 415.
121
LE DEHAUT M. « JOAN », CR, 21 novembre 1992, p. 5797.
39
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
99. Cette nomenclature est de l’avis général, insatisfaisante, voire, obsolète. Par
exemple, tous les actes concernant la parodontologie et l’implantologie (deux disciplines
en plein essor) n’y figurent pas. Une nouvelle codification des actes, la CCAM125, est en
voie de réalisation.
100. La formation continue a été mise en place en 2007, avec effet rétroactif. Le
Conseil National de la Formation Continue Odontologique (CNFCO) a été officiellement
créé le 20 juillet 2006 par les articles L. 4143 et R. 4143 et suivants, du CSP. Mais il n’est
pas précisé comment sera sanctionnée le praticien en cas de non-respect de cette formation
continue. La nouvelle loi HPST127 dans son article 19, « conforte les obligations de
formation continue et vise à réorganiser les différents acteurs de la formation ainsi que les
122
MICHEAUD J. La pénétration du droit par la science, in « Droit et économie de l’assurance
et de la santé », mélanges Lambert, Dalloz, 2002, p. 311.
123
« Droit pénal et techniques biomédicales modernes. », coll. « Fribourg-en Brisgau », sept.
1987, R.I.D.P., 1988, p. 549 et suiv.
124
La NGAP, nomenclature générale des actes professionnels, est une liste de libellés d’actes assortis de
cotations qui fixent les honoraires du praticien. Elle permet la tarification des actes pratiqués et
appartenants à la nomenclature.
125
La Classification Commune des Actes Médicaux (CCAM) est le catalogue de tous les actes techniques
médicaux réalisables en France. Elle a remplacé la NGAP à partir du 30 mars 2005, pour les médecins.
La nouvelle convention nationale de 2006 s’est fixée entrer autres objectifs, de mettre en place la
CCAM technique pour les chirurgiens-dentistes «dans les 2 ou 3 années à venir». Mais la mise en
place de la CCAM est actuellement remise en question en raison de son coût de mise en place, par
rapport à l’intérêt de sa mise en oeuvre.
126
Décret du 2 juin 2006.
127
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 « portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et
aux territoires », JO du 22 juillet 2009, art. 57, p. 12184.
40
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
fonds publics ». Cette loi modifie les dispositions prises antérieurement depuis 2006. Elle
est contestée par les syndicats, car elle risque de remettre en cause tous les efforts entrepris
par les organismes de formation continue agréés et parce que la façon dont la formation
continue conventionnelle a commencé à se mettre en place, sous l’égide d’un syndicat,
l’UJCD128, est contestable129. Le dispositif de formation continue est devenu le
Développement Professionnel Continu Odontologique (DPCO) : organisme qui va
regrouper la formation professionnelle continue, la formation continue conventionnelle et
l’évaluation des pratiques professionnelles.
101. L’évaluation des pratiques professionnelles qui utilise les référentiels publiés par
la Haute Autorité de Santé (HAS), est encore à l’état expérimental pour les chirurgiens-
dentistes. Elle consiste en l’action « d’apprécier, de mesurer, de déterminer la valeur d’une
chose, d’un produit, d’un niveau de connaissances, de la qualité des pratiques etc. par
rapport à des repères connus (normes, référentiels, recommandations). Il peut s’agir
d’autoévaluation ou d’évaluation par un tiers131». Ce tiers peut être un organisme agréé
apte à délivrer un certificat attestant la qualité, soit une accréditation. Actuellement, cette
démarche se met en place pour les praticiens médecins qui travaillent en établissements de
soins publics.
L’élaboration de référentiels :
128
Union des Jeunes Chirurgiens-Dentistes.
129
La formation continue conventionnelle est décriée par toutes les associations de formation continue
indépendante car elle est un organisme financé par les caisses et administré par un syndicat, l’UJCD.
130
Article 14 de la Loi du 13 août 2004 : il s’agit d’évaluer les pratiques de chacun, dans un but
non normatif, mais d’amélioration continue de la qualité des soins.
131
REGARD R., «Petit lexique de l’accréditation, de la certification et autres normes.», La
Lettre,ONCD, n° 24, janv-fév. 2004, p. 26.
132
REGARD R. « Petit lexique de l’accréditation, de la certification et autres normes. », La
Lettre, ONCD, n° 24, janv-fév. 2004, p. 26.
41
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
104. Il faut bien se rendre compte de l’ampleur du travail que tout cela représente
en pratique : il faut savoir qu’un chirurgien-dentiste sur trois travaille sans personnel137. Il
faut donc se poser la question de l’avenir des petites structures, car le respect de toutes ces
procédures paraît incompatible avec l’exercice en solitaire.
133
Agence Nationale d’Accréditation des Établissements de Santé.
134
Haute Autorité de Santé.
135
Le terme de « norme » s’inscrit ici dans le contexte de la «démarche qualité», à ne pas
confondre avec le terme juridique. V. la confusion possible des termes utilisés dans le langage
juridique et le langage médical.
136
REGARD R., op. cité, ibid.
137
DREES. « Les chirurgiens-dentistes en France : situation démographique et analyse des
comportements en 2006. », Études et Résultats, n° 594, septembre 2007, p. 8.
42
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
synonyme de douleur et engendre stress et anxiétés, voire même, des phobies. De plus, les
honoraires de prothèses sont perçus par beaucoup comme trop élevés, voire, abusifs.
108. C’est sûr que pour beaucoup de personnes, la douleur dentaire est parmi une
des douleurs les plus insupportables. Malgré les progrès de la dentisterie, beaucoup de gens
ont encore peur d’aller consulter ou se faire soigner. Le dentiste n’est pas un médecin
comme les autres : le patient doit s’allonger sur le fauteuil dentaire, ouvrir la bouche et
accepter que les instruments pénètrent dans sa bouche. Souvent, sa peur du dentiste lui a
fait repousser les soins et il ne prend rendez-vous que quand la douleur qu’il ressent n’est
plus supportable.
138
JO du 3 octobre 2008.
139
Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie.
140
La CCAM est le «catalogue» exhaustif des actes techniques médicaux réalisables en France.
141
ONDPS p. 13.
142
L’OMS définit la santé comme un «état de complet bien-être physique, mental et social»,et non
pas seulement une absence de maladie et d’infirmité.
43
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
143
D’où l’essor de l’implantologie qui permet, par exemple, aux personnes ne supportant pas
leurs prothèses amovibles, de les stabiliser.
44
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
144
GIRER M., Contribution à une analyse rénovée de la relation de soins – essai de remise en cause du
contrat médical, Thèse pour le Doctorat en droit, Université Lyon III, 6 décembre 2005.
145
Compte rendu séminaire du RISES (Réseau Interdisciplinaire « Santé, éthique et société » du 26 fé-
vrier 2004, p. 6.
45
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Le patient :
Lors de la première rencontre entre les deux acteurs de la relation de soins en matière de
chirurgie-dentaire, il est important de définir quelles sont les attentes du patient.
116. Le motif de la première consultation peut être très variable : une douleur à
soulager, un contrôle, une réparation fonctionnelle, une demande esthétique, une prise en
charge plus globale. Les soins sont donc de différentes sortes : des soins d’urgence, de
contrôle ou d’entretien. La prise en charge sera ponctuelle ou suivie, avec un nombre
variable de séances plus ou moins étalées dans le temps. Le patient peut parfois ne pas être
conscient des soins dont il a besoin.
118. Le patient ne peut comparer la qualité des soins d’un praticien par rapport à un
autre. Son impression de la qualité d’un praticien est entièrement subjective : elle se base
sur des critères tels que la notoriété, le physique, l’aspect relationnel et l’aspect du cabinet
dentaire.
146
SOLETTA C., « Infosoins.fr : une information objective sur la prise en charge des soins dentaires. », Le
CDF, n° 1365 du 16 octobre 2008, p.1.
46
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Le praticien :
119. Lors de la première rencontre, le chirurgien-dentiste ne sait pas quels sont les
besoins du patient, sauf s’il est adressé par un confrère, pour un motif précis. Il ne sait pas
comment ce patient va se comporter pendant le déroulement des soins : s’il va être calme,
agressif ou phobique et s’il va être respectueux de ses engagements (comme venir aux
rendez-vous et observer ses traitements). Il ne connaît pas sa solvabilité, ni l’effort
financier qu’il est prêt à faire pour se soigner.
120. Au nom de l’accès aux soins pour tous, il ne devrait pas y avoir de sélection
dans le choix du praticien, et surtout, cette sélection ne devrait pas exister en ce qui
concerne le patient. La pratique montre que la patientèle peut en effet choisir (ainsi que le
veut la déontologie) mais « qu’elle induit par ses caractéristiques (revenus, couverture
sociale, habitudes de soins) une certaine forme de pratique »147. Le praticien le fait de
manière plus subtile : par le prix des honoraires non opposables, qu’il fixe avec tact,
mesure et en toute liberté, ainsi que par le choix d’une pratique plus spécialisée qui
sélectionne d’elle-même les patients.
122. Ce contrat est d’un genre particulier que les juristes ont du mal à appréhender.
La relation médicale leur semble déséquilibrée, puisque a priori, les deux parties sont
inégales. Le praticien a la connaissance, le patient s’en remet à lui et subit les soins. Mais
de nos jours, cette attitude de « paternalisme » médical est révolue148 : la loi du 4 mars
147
Rapport ONDPS sur le métier de chirurgien-dentiste précité, p. 64.
148
C.C.N.E., rapport et recommandation n°58, 12 juin 1998.
47
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
2002 a voulu rééquilibrer cette relation en donnant des droits au patient pour qu’il participe
pleinement à la prise de décision149.
123. Du côté des professions médicales, la volonté d’entrer la relation de soins dans
un cadre juridique est souvent vécue comme une contrainte. Monsieur Gérard
MÉMETEAU cite, dans son Cours de droit médical Jean SAVATIER, qui écrivait que « le
médecin a plus de peine à saisir comment sa relation avec le malade lui impose des
obligations juridiques dont des magistrats, étrangers à la profession médicale et ignorants
de la technique médicale, contrôleront l’exécution150 ». Du coté des médecins, le Docteur
Bernard GUIRAUD-CHAUMEIL résume bien le ressentiment qu’éprouve souvent le
praticien face à l’augmentation des contraintes dans son exercice professionnel, en
interpellant ainsi les juristes : « pouvez-vous accepter que nous ayons besoin de protection
dans chacun de nos actes, que les décrets, les arrêtés, les circulaire décident pour
nous ? ». Et il rappelle dans ce même discours combien la démarche du juriste et celle du
médecin sont éloignés, car « La médecine est souvent incertaine et le doute intervient dans
chacune de nos décisions151 ».
124. Il est certain que le mode de raisonnement des juristes diffère énormément de
celui des médecins : la pratique de la médecine est souvent faite de doutes et d’incertitudes
en ce qui concerne la réponse de l’organisme humain à l’acte de soins. Monsieur André
DEMICHEL explique cette dualité par le fait que « le droit relève d’une dogmatique et
d’un impératif, la santé de l’aléatoire, ce qui, bien sûr, oppose les raisonnements et les
méthodes152 ».
125. Mais le praticien a besoin du droit dans maints domaines de son activité153,
même si la relation entre droit et médecine peut poser des difficultés154, le plus souvent par
incompréhension ou méconnaissance des systèmes de pensée155.
149
La loi du 4 mars 2002 a voulu instaurer une véritable « démocratie sanitaire », certes, elle donne des
droits au patient, mais elle instaure aussi des devoirs aux professionnels de santé, sans leur donner de
droits, V. LAMBERT-FAIVRE, Dalloz, 2002, chr. p. 1296.
150
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, op. cité p. 40
151
GUIRAUD-CHAUMEIL B., in « l’Évaluation médicale », 3<sup>e/sup> forum médical du groupe
Générale de santé 2004.
152
DEMICHEL A., Le Droit de la santé, Bordeaux : Les Études Hospitalières, 1998, p. 15.
153
Nous citons MÉMETEAU G. : « afin d’aider le patient dans la recherche de ses avantages sociaux (art.
50 du C de déontologie médicale), de comprendre les droits et devoirs respectifs d’eux-mêmes et des
48
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
126. La chirurgie dentaire a fait des progrès considérables ces vingt dernières années,
et parallèlement, les contraintes administratives et légales ont elles aussi beaucoup
augmenté. Le praticien a du lui aussi évoluer : il se trouve face à un patient qui ne subit
plus ses soins, qui a des droits et qui est informé. La relation de soins en est nécessairement
transformée par rapport à celle qui existait avant l’époque de l’arrêt MERCIER156, décision
à l’origine de la définition jurisprudentielle du contrat médical.
127 Avant de définir le contrat médical, rappelons quelle est la définition du contrat
en général (1) :
Le contrat, du latin contractus, est « une convention juridique par laquelle une ou
plusieurs personnes s’engagent à faire ou à ne pas faire quelque chose157 ».
128. Ce sont deux articles du Code civil qui donnent la définition juridique du
contrat : l’article 1101, qui définit le contrat comme une « convention par laquelle une ou
plusieurs personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas
faire quelque chose » et l’article 1134 qui dit que « les conventions légalement formées
tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ».
Le contrat naît donc de la rencontre de deux volontés et de leur accord, mais à l’inverse, de
tout accord de deux volontés ne naît pas forcément un contrat158.
129. Le contrat est une véritable convention juridique qui lie les deux parties
contractantes, bien qu’elle ne soit le plus souvent non écrite. Sa particularité est de créer
des effets de droit qui sont des obligations juridiques159. Le contrat une source
d’obligations acceptées et choisies par les parties. C’est la loi qui lui confère son caractère
obligatoire : la force obligatoire du contrat découle de la loi et non pas d’un quelconque
pouvoir des parties qui ne peuvent créer du droit ex nihilo.
130. La liberté contractuelle est un des fondements de notre société moderne. Elle est
exprimée dans l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.
159
AUBERT J-L. et FLOUR Y., Droit civil. Les obligations, L’acte juridique, 5è éd. 1991; GHESTIN J.,
La notion de contrat, D. 1990.
160
Dr. NICOLAS c./ époux MERCIER, Cass. civ., 20 mai 1936, D.P. 1936, 1, 88, concl. MATTER, rapp.
JOSSERAND, note E.P.; S. 1937, I, 321, note BRETON A.; R.T.D.C.1936, 691, obs. DEMOGUE; Gaz.
Pal., 1936, 12, 41, concl. MATTER; Rev. ass. terr. 1936, 804.
50
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
- Il reconnaît l’existence d’un contrat entre le médecin et son « client », mais le terme
de client n’est peut-être pas heureux.
- Il définit la qualité des soins : ces soins doivent être non pas quelconques, mais
consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises de la science.
134. Voici un rappel des faits qui ont entraîné le basculement « officiel » de la
responsabilité médicale du domaine délictuel au domaine contractuel.
Les époux MERCIER intentent, trois ans après la radiothérapie, une action en demande de
dommage et intérêts contre le Dr NICOLAS et ils basent leur demande sur le fondement
des articles 1382 et 1383 du Code civil (faute délictuelle et quasi-délictuelle162).
161
C'est-à-dire des lésions provoquées par les rayons X au niveau de la peau et des muqueuses.
162
Deux arrêts célèbres de la Cour de cassation ont condamné des médecins sur le fondement des articles
1382 et 1383 du CC: le 18 juin 1835 et le 21 juillet 1862. Dans ce dernier, la Cour dit «qu’il était de la
sagesse du juge de ne pas s’ingérer témérairement dans l’examen des théories médicales et prétendre
discuter des questions de pure science […] mais que les médecins restent soumis au droit commun».
Cass. req. 18 juin 1835. THOURET-NOROY, D. jur. gén., T. 39, V. responsabilité n° 129, concl.
DUPIN;
Cass. req. 21 juillet 1862, D.P.,1862, I, 419. (cités par MÉMETEAU G., Le droit médical, pp. 35 et
412, éd. Litec, 1985.
163
L’unité de la prescription civile et de la prescription pénale n’existe plus depuis la loi du 23 décembre
1980 modifiant le Code de procédure pénale
51
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Le Tribunal civil de Marseille écarte la responsabilité fondée sur l’article 1384165 et retient
l’idée de la responsabilité contractuelle du fait des choses166 (décision confirmée par la
Cour d’Appel d’Aix en Provence)167. Le Dr NICOLAS se pourvoit en cassation. La
décision de la Cour de cassation est rendue le 20 mai 1936 par ce célèbre arrêt MERCIER
qui devient le fondement de la responsabilité médicale moderne en France168 et qui
reconnaît l’existence du contrat médical. La première publication du commentaire de cet
arrêt a, pour les juristes, une haute valeur historique, scientifique et doctrinale169.
135. Il faut souligner que cet arrêt de principe est la conséquence « de considérations
de droit aujourd’hui dépassées, à savoir : l’unité de la prescription civile et de la
prescription pénale, règle effacée par la loi du 23 décembre 1980170 ».
DENTAIRE
164
Le délai de prescription de la responsabilité contractuelle était à l’époque de trente ans.
165
BELLISSENT J., « Contribution à l’analyse de la distinction des obligations de moyens et des
obligations de résultats. », L.G.D.J., 2001, préface CABRILLAC R., n° 804 et suiv.
166
Cass civ. 1ère, 9 novembre 1999, R.G.D.M., 3, 2000, 89, rapport SARGOS, note CAILLE C.
167
Décision du 16 juillet 1931. Les juges de la Cour d’appel ont considéré « l’action de la victime tenait
son origine non pas du délit de blessures involontaires, mais du contrat antérieurement conclu entre le
médecin et sa patiente » C. REY-SALMON et C. ADAMSBAUM, in Le compte rendu radiologique et
ses implications judiciaires.
168
BITOUT D. et HUREAU J., L’expertise médicale en responsabilité médicale et en réparation d’un
préjudice corporel, Paris : 2ème éd. Masson, 2005, p.147.
169
Rapport C de Cass. JOSSERAND L., synthèse faite par le Procureur général MATTER P.
170
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, 3ème éd. Les Etudes Hospitalières, 2006, p. 300.
171
LAUDE A., MATHIEU B. et TABUTEAU D., Le droit de la santé, PUF, coll « Thémis »,1981, p.
348.
52
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
entraîne une obligation pour le premier de donner au second des soins conformes aux
règles consacrées par la pratique dentaire et aux données de la science.
Le praticien est responsable des suites dommageables des dits soins si, eu égard à cette
obligation, il s’est rendu coupable d’une imprudence, d’une inattention ou d’une
négligence révélant une méconnaissance de ses devoirs ».
172
Cass. Civ. 1ère, 27 janvier 1960, B. c/ C., Juris-data n° 000059.
173
Ancien art. 27 du CDD.
174
C’est la cinquième version depuis le premier code de 1941 publié par le Conseil National de l’Ordre
des Médecins : décret n° 956-1000 du 6 septembre 1995 (J.O. du 8 sept.), modifié par le décret n° 97-
503 du 21 mai 1997 (J.O. du 22 mai).
175
TERRIER E., Déontologie médicale et droit, Thèse UFR Droit, Montpellier, 2002, n°14.
53
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Il s’agit là, en quelque sorte, d’une volonté de protection de la profession médicale, face à
une certaine banalisation apportée par la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002, qui rassemble
tous les acteurs de soins dans l’appellation plus générale de « professionnels de santé ».
140. Le contrat de soins, remis en question par certains auteurs176, doit s’adapter en
fonction des progrès de la science et des techniques et en tenant compte de l’évolution des
mentalités et de la société. La notion de confiance reste toujours indispensable à
l’établissement de cette relation. La célèbre citation du Professeur PORTES qui dit que
« Tout acte médical normal n’est, ne peut être et ne doit être qu’une confiance qui rejoint
librement une conscience177 », doit toujours rester d’actualité. Monsieur Gérard
MÉMETEAU considère le contrat de soins comme « le moule juridique de cette
confiance178 ».
141. Le contrat de soins est particulier, en ce sens qu’il a du mal à rentrer dans un
cadre juridique bien défini. Dès 1956, l’existence d’un tel contrat est contestée. Monsieur
Jean BELLISSENT critique l’insertion de la relation de soins dans le contrat, réalisée par
l’arrêt MERCIER, puisqu'elle est inutile et imprécise. En effet, pour cet auteur,
« l’existence d’un contrat ne rend compte qu’incomplètement des rapports juridiques entre
médecins et malades179 ».
142. Le contrat de soins est un contrat civil dont l’objet est particulier, puisque l’acte
médical se pratique sur le corps humain, avec l’obligation de préserver l’intégrité et la
dignité de la personne soignée.
143. L’existence du contrat médical peut être niée en ce sens qu’en amont, il existe de
nombreuses règles qui régissent la relation de soins. Se pose donc la question suivante : est
ce que cette relation de soins génère des obligations qui seraient encore contractuelles ?
176
V. la thèse de GIRER M.
177
Pr. PORTES., À la recherche d’une éthique médicale, Masson, PUF, 1964, p. 163.
178
MÉMETEAU G., op. cite, n°444.
179
BELLISSENT J., « Contribution à l’analyse de la distinction des obligations de moyens et des obliga-
tions de résultats. », préface CABRILLAC R., L.G.D.J, Bibli. dr. privé, t 354, n° 755 et suiv.
54
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
144. Outre le cadre juridique de la relation de soins, il faut aussi tenir compte de
nombreux paramètres psychologiques qui influent sur la relation proprement dite,
notamment, la douleur et la peur, voire, la phobie que peut éprouver le patient et qui sont
susceptibles d’altérer sa volonté180.
145. L’argent est aussi un paramètre non négligeable dans le choix de traitement en
matière de chirurgie-dentaire. Le peu de prise en charge, voire, la non prise en charge de
certains traitements, notamment prothétiques, par les caisses d’assurance maladie et les
assurances complémentaires, sont souvent la raison pour laquelle le patient ne se fait pas
soigner.
146. De nos jours, le praticien n’a plus tous les droits. Il ne peut plus imposer des
soins sans tenir compte de l’avis de son patient. Celui-ci a le choix de son plan de
traitement. Encore faut-il qu’il ait compris toutes les informations que le praticien lui aura
données, au sujet du diagnostic, des possibilités de traitement, des risques inhérents à ces
traitements, des résultats et des complications possibles. Le développement de la mise en
cause de la responsabilité professionnelle peut pousser ce praticien à la prudence, voire,
l’abstention thérapeutique. Les deux parties doivent donc trouver un accord, d’où l’intérêt
du maintien de l’existence du contrat de soins que la loi du 4 mars 2002181 a voulu
rééquilibrer, en accordant des droits au patient, face au savoir du professionnel.
147. Le contrat de soins est spécifique et sans équivalent juridique, parce qu’il a pour
fondement la confiance, « notion qu’aucune loi ne pourra réduire dans un cadre182 ».
La relation de soins entre le praticien et son patient est difficile à cerner pour le juriste.
Cette relation repose essentiellement sur la confiance réciproque. Cette confiance
représente, nous semble-t-il, un des piliers de la relation de soins. En effet, « la relation [du
médecin avec son patient] » est faite de confiance, y compris dans l’information et le
consentement183 ».
180
En effet, lorsque le patient souffre, il est prêt à tout faire, parfois, pour être soulagé.
181
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, dite
loi KOUCHNER
182
ROBERT A., La Lettre, ONCD, mars 2003, n° 15, p. 3.
183
GLORION B,. « Le consentement et ses aspects déontologiques. », in « Le consentement aux actes
médicaux », Gaz. pal., n° spécial du 1er au 5 janvier 1999, p. 5.
55
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
148. La notion de confiance est renforcée par la possibilité, pour le patient, de l’accès
direct à son dossier médical, grâce à la loi du 4 mars 2002. Cet accès a été facilité pour
améliorer la qualité de la relation médecin-patient car il « améliorera alors la confiance
qui existe entre le patient et le médecin184 ».
149. Mais certains considèrent que le patient n’a pas le choix et qu’il est bien obligé
de faire confiance : « l’ignorance du patient […] oblige le malade à faire confiance et à
croire le médecin185 ». Madame Armelle TREPPOZ insiste sur la nécessité du lien de
confiance légitime et sécurisé. Ce doit être une confiance qui « suppose la connaissance et
exclut la crédulité », et « pour que cette confiance s’épanouisse dans le temps, elle suppose
la sécurité, c'est-à-dire la certitude, la protection contre les aléa186 ». Nous voyons là que
ce sentiment de confiance légitime et sécurisé tel que le juriste voudrait le voir s’établir,
aura du mal à s’appliquer à l’art dentaire, ou d’une manière plus générale, à l’acte médical.
D’abord parce que la médecine n’est pas une science exacte, qu’elle s’applique au corps
humain et que l’aléa thérapeutique peut advenir à tout instant.
184
Bull. de l’Ordre des médecins, mars 2002, p. 8.
185
LAUDE A., « Le consommateur de soins. », D. 2000, chron. p. 415. Pour lui, cette confiance trouve
sa source dans la création d’un déséquilibre très important de la relation médecin-malade.
186
TREPPOZ A., « La confiance légitime, notion introuvable du droit administratif français. », R.R.J.
2002, p. 406.
187
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.
188
in Rapport ann. n° 3263 fait au nom de la Commission des Affaires Culturelles Familiales et Sociales
sur le projet de loi relatif aux droits des malades et à la qualité du système de santé, vol. I, 26
septembre 21001, p.17, www.assemblée-nationale.fr
56
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
permettant de guider son choix. Un des objectifs de cette loi est de rétablir « la si précieuse
mais la si fragile confiance189 ».
151. Dans la pratique, le contrat reste la plus part du temps verbal. Mais l’évolution
de la société ne peut se contenter d’une telle relation, basée sur une parole donnée. Il faut
donc analyser quelle peut être la nature juridique du contrat de soins spécifique à la
pratique de la chirurgie-dentaire, en étudiant quelles sont les caractéristiques de ce contrat
(Chapitre 2) et quelle pourrait être sa classification (Chapitre 3).
153. Le contrat médical est un contrat civil, car la médecine est une profession
libérale191. Ce contrat concerne l’exercice en cabinet privé, en clinique ou en établissement
hospitalier, si le praticien y exerce en secteur privé192 . Lorsque le praticien exerce comme
189
GIRAUD F., DERIOT D. et LORRAIN J-L., Rapp. Sénat n°174, 16 janvier 2002, www.senat.fr : ils
écrivent, dans ce rapport fait au nom de la commission des affaires sociales sur le projet de loi adopté
par l’assemblée nationale, que «c’est la confiance mutuelle sur laquelle repose cette relation si
particulière qu’il importe avant tout de préserver, voire de rétablir».
190
L’article L4141-1 du CSP, modifié par Loi n°2004-806 du 9 août 2004 - art. 136 donne la définition
suivante: «La pratique de l'art dentaire comporte la prévention, le diagnostic et le traitement des
maladies congénitales ou acquises, réelles ou supposées, de la bouche, des dents, des maxillaires et
des tissus attenants, suivant les modalités fixées par le code de déontologie de la profession mentionné
à l'article L. 4127-1».
191
AUBY J-M et J., PEQUIGNOT H. et SAVATIER R., Traité de droit médical, Librairies Techniques,
1956, n° 237.
192
Cass. 1ère civ, 5 mars 1991: JCP G 1992, IV, 218356, note DORSNER-DOLIVET A.
57
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
salarié d’un établissement public, il n’existe pas de lien contractuel avec le patient qu’il
soigne, puisque celui-ci est un usager du service public193.
154. L’article 16-1 du Code civil pose le principe de non patrimonialité du corps
humain, à savoir que le corps humain et ses éléments sont hors commerce194. Le contrat de
soins ne peut donc être assimilé à un contrat commercial. L’exercice libéral de la chirurgie
dentaire n’est pas un commerce195. Le patient n’est pas un client. Le Code de déontologie
dentaire le précise bien dans les deux articles suivants: l’article R.4127-215 du CSP196 qui
dit que « la profession dentaire ne doit pas être pratiquée comme un commerce…», et
l’article R.4127-223 du CSP197 qui précise qu’« il est interdit au chirurgien-dentiste de
donner des consultations même à titre gratuit dans tous locaux commerciaux ou artisanaux
où sont exposés ou mis en vente des médicaments, produits ou appareils qui peuvent être
prescrits ou délivrés par un chirurgien-dentiste ou par un médecin ainsi que dans les
dépendances desdits locaux ».
155. Tout contentieux relève des juridictions de droit commun et non pas des
tribunaux de commerce. Le Docteur Marc SABEK conclut, à propos d’une décision de la
Cour d’Appel de Paris qualifiant la relation entre un chirurgien-dentiste et son
«consommateur-patient », de « contrat qui s’analyse en une prestation de service198 », que
« si l’intervention médicale sur le corps devait être assimilé à une prestation de service, le
corps lui-même et ses produits seraient alors des biens de consommation. Ce danger a-t-il
échappé aux magistrats199 ?».
193
CE, 9 janvier 1970, n° 73067.
194
Avis n° 21 du CCNE, 13 décembre 1990.
195
DE FORGES J-M., Le Droit de la santé, PUF, 4ème éd., 2000, p. 38: «L’exercice libéral dans un
cabinet exclut tout caractère commercial, bien que, dans certains cas, des actes de commerce puissent
être accomplis à titre accessoire (ex: vente d’appareils par les chirurgiens-dentistes).
196
Ancien article 12 du Code de déontologie dentaire.
197
Ancien article 19 du CDD.
198
Cour d’appel de paris, 13ème chambre correctionnelle, section A, 28 février 2006, n° 05/08230
199
SABEK M., « Patient-consommateur : une première! », L’information dentaire, n° 42, 6 décembre
2006, p. 2722.
58
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
que la santé n’est pas un commerce, mais le praticien doit quand même tirer un bénéfice de
son activité ! Le juge a consacré l’existence d’un fond libéral200, à rapprocher du fond de
commerce201. Ce fond comprend la patientèle, le matériel (de plus en plus important) et les
locaux, s’ils sont inscrits à l’actif du cabinet dentaire.
158. Même si l’on constate « des indices forts d’invasion du droit médical par cette
discipline » qu’est le droit de la consommation, Monsieur Gérard MÉMETEAU explique
que « la philosophie consumériste est impropre à recouvrir le « colloque singulier » car
elle est construite sur la méfiance aigrement entretenue entre partenaires, alors que la
relation thérapeutique s’appuie sur la confiance203 ». Le droit de la consommation ne peut
s’appliquer au contrat de soins204, même s’il existe une dérive commerciale et que certains
voudraient appliquer les règles de management pour augmenter la rentabilité du cabinet
dentaire. On constate en effet, une floraison de sociétés spécialisées en management et de
cabinets de consultants. Il s’agit de transformer l’exercice professionnel, parfois au
détriment de la déontologie205.
200
JACOTOT D., « Entre consécration et rejet d’une dimension commerciale de la santé. » La lettre,
ONCD, janvier 2004, p. 28.
201
VIALLA F., « L’avènement du fond médical et droit positif français, note sur l’arrêt WOESSNER. »,
J.C.P.E, suppl. Cahier de droit des entreprises de santé, 2002, n° 1, p. 1.
202
Loi n° 2008-776 du 4 août 2008 de modernisation de l’économie, art. 43.
203
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, op. cité, p. 305.
204
V. rapports dans J. méd. légale, Droit médical, 42, nov- déc. 1999, p. 541.
205
Les stages proposés utilisent souvent des intitulés du style « augmenter la rentabilité dans le respect de
la déontologie ».
206
SCM.
207
SCP.
59
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
libérales de s’associer aux seins de sociétés d’exercice libéral209. Ces SEL sont hybrides,
car commerciales par leur forme et civiles par leur objet.
161. Le contrat de soins est tacite à partir du moment où le patient aura accepté le
plan de traitement et donné son consentement éclairé au praticien. Il est généralement
verbal. Il peut être formulé par écrit, notamment par un devis signé des deux parties. Les
écrits (devis, plans de traitement, courriers, et autres documents) peuvent être des preuves
de l’engagement réciproque des parties.
Il doit respecter les principes du libre choix par le patient de son praticien (a), et le
praticien doit toujours répondre à la demande du malade (b).
163. Le patient a le libre choix du praticien qu’il choisit en fonction de ses qualités
médicales, humaines et de la confiance qu’il lui inspire. C’est un des grands principes de la
médecine libérale. En contre partie, le praticien doit exécuter personnellement ses
obligations.
208
Loi n° 90-1258 du 31 décembre 1990. Le décret d’application n° 92-740 du 29 juillet 1992 impose
une limitation, dans son article 10, quant à la détention du capital, qui ne peut se faire que dans deux
SEL.
209
SEL.
210
Cass. civ., 1ère, 29 oct. 1963, D. 1964, somm. p. 56, Bull. cass., 1963, I, n° 392; Cass. civ. 1ère, 11 juillet
1978, D.S. 1978, I.R. 442.
60
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Ce principe du libre choix est illustré par les articles du Code de déontologie suivants :
- l’article R.4127-210 du CSP211 qui souligne le « libre choix du chirurgien- dentiste
par le patient…»
- l’article R.4127-264 du CSP212 qui indique que « Le chirurgien- dentiste peut
accueillir dans son cabinet, même en dehors de toute urgence, tous les patients relevant de
son art quel que soit leur chirurgien-dentiste traitant ».
- l’article R. 4127- 265 du CSP213 qui explique que « Lorsqu’un patient fait appel,
en l’absence de son chirurgien-dentiste traitant, à un second chirurgien-dentiste, celui-ci
peut assurer les soins nécessaires pendant cette absence ».
164. Ce principe est également énoncé dans l’article 162-2 du Code de la sécurité
sociale : « Dans l’intérêt des assurés sociaux et de la santé publique, le respect de la
liberté d’exercice et de l’indépendance professionnelle et morale des médecins, est assuré
conformément aux principes déontologiques fondamentaux que sont le libre choix du
médecin par le malade, la liberté de prescription du médecin, le secret professionnel, le
paiement direct des honoraires par le malade, la liberté d’installation du médecin, sauf
dispositions contraires en vigueur à la date de promulgation de la loi n° 71.525 du 3 juillet
1971 ».
165. La chirurgie-dentaire demeure hors du parcours de soins. Elle n’a donc pas été
concernée par le système du médecin référent214, qui remettait en cause la liberté totale de
libre choix du praticien par le patient215. Ce principe de libre choix est également reconnu
par les juridictions de droit commun216 et la loi du 4 mars 2002 réaffirme également le
principe de l’égal accès aux soins pour tous217.
211
Ancien article 7 du CDD.
212
Ancien art. 57 du CDD.
213
Ancien art. 58 du CDD.
214
Ordonnance du 24 avril 1996.
215
HARICHAUX M., « Le régime du médecin référent. », R.D.S.S., 1999, 1, 72.
216
C.E., 18 février 1999, R.F.D.A, 1999, 47, note JOYAU; CE., 30 avril 1997, R.F.D.A., 1997, 474, concl.
MAUGLIE. Cass. civ. ch. réunies, 16 mai 1963, Bull. 1963, 3, n°4 ; Dalloz, 1963, 437, note
LARGUIER.
217
Principe inséré par la loi du 4 mars 2002 dans le chapitre préliminaire du CSP
61
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
167. En tant que chirurgien-dentiste, il doit soigner tous ses patients, quels qu’ils
soient: l’article R. 4127-211 du Code de la santé publique dit que « Le chirurgien-dentiste
doit soigner avec la même conscience tous ses patients, quels que soit leur origine, leurs
mœurs, et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non appartenance à une
ethnie, une nation ou une religion déterminées, leur handicap ou leur état de santé, leur
réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard218».
168. Mais il a le droit de refuser de donner des soins, sauf dans le cas de l’urgence,
ainsi que l’y autorise le Code de déontologie dentaire dans son article R. 4127- 232 du
CSP219. En effet, « Hors le cas de l’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs
d’humanité, le chirurgien-dentiste a toujours le droit de refuser ses soins pour des raisons
personnelles ou professionnelles, à condition :
- de ne jamais nuire de ce fait à son patient.
- de s’assurer de la continuité des soins et de fournir à cet effet tous renseignements
utiles.
Le chirurgien-dentiste ne peut exercer ce droit que dans le respect de la règle énoncée à
l’article 8 ».
169. S’il n’est pas d’accord avec un plan de traitement préconisé par un confrère, il a
tout à fait le droit de refuser d’appliquer ce traitement, voire, de cesser de traiter le patient
218
Ancien art. 8 du CDD.
219
Ancien art. 26 du CDD.
62
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
comme l’indique l’article R. 4127-268 du CSP qui dit qu’« En cas de divergence de vue
importante et irréductible au cours d’une consultation, le chirurgien-dentiste traitant est
en droit de décliner toute responsabilité et de refuser d’appliquer le traitement préconisé
par le consultant. Si ce traitement est accepté par le patient, le chirurgien-dentiste peut
cesser ses soins220».
220
Ancien art.61 du CDD.
221
Comme le rappelle un arrêt en date du 16 juillet 1931de la Cour d’Appel d’Aix: «il se forme entre le
médecin et son client un véritable contrat comportant pour le praticien l’engagement…de donner de
soins… conformes aux données de la science, le client ayant bien évidemment l’obligation de payer les
honoraires». (DH 1932, II, 5 note NAST; même sens Cass ch. Réunies, 13 mai 1963: JCP G 1963, II,
note SAVATIER R. ; Gaz. Pal. 1963, I, 419).
222
Pr PORTES, in À la recherche de l’éthique médicale, op.cité.
223
Cass. Civ. 1ère, 20 mai 1936, D. P., 1936, I, 88, concl. MATTER, rapport JOSSERAND, note E. P.
224
HARICHAUX M., « La rémunération du médecin. », Economica, éd. 1979, préf. OPPETIT B.
225
Cass. ch. R., 13 mai 1963, J.C.P.,1963, 13267, obs. R. SAVATIER; Gaz. Pal., 1963, 1,419: «la dette
de celui-ci [le médecin] étant de faire, la dette de celui-là [le malade] essentiellement de servir une
somme d’argent».
226
Art. l. 1111-4, al. 1 du CSP.
63
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
174. Le contrat de soins est résiliable à tout moment : en effet, en cas d’inexécution
d’une des deux parties, l’autre partie peut refuser d’exécuter la sienne. De fait, le contrat
est résiliable le plus souvent par le patient, à tout instant, et parfois par le praticien, mais
après l’achèvement des soins en cours. Le praticien dispose du droit de cesser de donner
des soins, à condition de faire en sorte que leur continuité soit assurée229.
175. L’article 1106 du Code civil dit que « Le contrat à titre onéreux est celui qui
assujettit chacune des parties à donner ou à faire quelque chose », mais même s’il n’y a
pas de paiement d’honoraires, le contrat n’en existe pas moins car le patient a quand même
l’obligation de collaborer aux soins.
176. Lorsqu’il n’est pas payant, le contrat est un contrat dit de bienfaisance, défini
par l’article 1105 du Code civil dans les termes suivants : « Le contrat de bienfaisance est
celui dans lequel l’une des parties procure à l’autre un avantage purement gratuit. Ce
n’est pas un contrat à titre gratuit », contrat pour lequel une partie entend procurer à
l’autre un avantage sans contreparties.
227
CORMIER M., « Les droits du malade dans la loi du 4 mars 2002. », A.D.S.P., n° 40, septembre 2002,
p.7.
228
EVIN C., Thèse préc., p. 9.
229
Comme l’indique l’article R. 4127- 232 du CSP (ancien article 26 du CDD).
230
Ancien article 33 du CDD.
64
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
libre de donner gratuitement ses soins. Mais il lui est interdit d’abaisser ses honoraires
dans un but de détournement de clientèle ».
178. Nous pouvons nous interroger sur l’impact des informations publiées sur le site
www.ameli.fr des caisses primaires d’assurance maladie, au sujet des tarifs pratiqués par
les chirurgiens-dentistes. Est-ce qu’il n’y a pas là une restriction au libre choix du praticien
par le patient, ainsi qu’une atteinte à la liberté pour le praticien d’établir ses honoraires et
ses plans de traitement ? Cette pratique ne va-t-elle pas induire des comportements anti-
déontologiques de la part de certains praticiens ? La réponse de la CNSD, avec la création
d’un site internet, www.infosoins.fr, « qui veut dévoiler sans tabou la réalité du coût des
actes »231 soulève la question suivante : ces stratégies de communication peuvent-elles
annoncer une dérive qui peut transformer la publication des tarifs d’honoraires sur internet
en de la publicité déguisée ?
179. Toute ristourne est également prohibée dans l’article R. 4127-221 du CSP232 qui
dit que « Sont interdits […] 2° Toute ristourne en argent ou en nature faite à un patient ».
180. Le contrat de soins est un contrat unitaire : il n’y a pas formation d’un nouveau
contrat à chaque séance de soins, mais un seul contrat englobant plusieurs actes de soins.
Ce contrat est à caractère successif, quand il nécessite plusieurs rendez-vous. Le contrat de
soins n’est donc pas un contrat à exécution instantanée, car les obligations qui en découlent
s’échelonnent dans le temps.
181. Dans la pratique dentaire, il est fréquent que les soins dentaires se prolongent
plus ou moins dans le temps : le contrat de soins est alors à durée indéterminée, jusqu’au
terme du contrat, c'est-à-dire jusqu’à la fin des soins ou jusqu’à la rupture de ce contrat.
231
SOLETTER C., Tribune, in le CDF n° 1365 du 16 octobre 2008.
232
Ancien art. 17 du CDD.
65
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Le contrat médical est difficile à classer, car, pour le juriste, il est très différent de tous les
autres contrats juridiques.
182. C’est la Cour de cassation, dans son arrêt du 13 juillet1937, qui qualifie le
contrat médical de contrat innommé233/234, ou sui generis, en disant que « la convention qui
intervient entre le malade et le médecin qui lui apporte son assistance et ses soins constitue
un contrat sui generis : on ne saurait y voir un contrat de louage d’ouvrage ; pas
d’avantage les soins donnés ne peuvent être assimilés aux fournitures de travaux235 ».
183. Le contrat « innommé » est un contrat qui n’est pas décrit dans le Code civil, par
opposition au contrat nommé dont le régime juridique est fixé et organisé par ce code. Il
doit satisfaire aux quatre conditions de validité générales relatives à tout contrat, à savoir le
consentement, la capacité à contracter, l’objet du contrat et la cause licite obligatoire de ce
contrat. Mais il n’appartient à aucune classification légale. Jean SAVATIER écrit que « Ce
contrat original n’a pas été prévu et organisé par le code. Il ne reste qu’à en construire les
règles selon les besoins en respectant le droit commun des conventions. Les usages
professionnels tracent d’ailleurs le profil de la relation professionnelle et des obligations
qu’elle engendre »236.
184. Cette thèse a été admise par un important courant doctrinal237, bien qu’elle ne
semble pas être satisfaisante d’un point de vue strictement juridique : la notion de contrat
233
MÉMETEAU G,. Cours de droit médical, Les Etudes Hospitalières, 2001; p. 246.
234
SAVATIER J. cité par MEMETEAU G., op. cité p. 247: «Les usages professionnels tracent d’ailleurs le
profil de la relation professionnelle et des obligations qu’elle engendre».
235
Cass. Civ., 13 juill. 1937: Gaz. Pal. 1937, 2, 384; S. 1939, 1, 217, note Breton.
236
SAVATIER. J., op. cit., p 215
237
MATTER, sous Cass. Civ., 20 mai 1936, préc.; AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J.,
op. cit., p 238; J. SAVATIER, La profession libérale , p 215 ; L. KORNSPROBST, Contrat de soins
médicaux, Sirey, 1960, p 27; AUBY J.-M., Le Droit de la santé, PUF, 1981
66
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
« innommé » reste assez vague. Elle illustre bien le fait que la relation de soins est une
relation assez particulière. Cette classification traduirait ainsi l’originalité de la profession
médicale238. Mais le « flou » entourant la notion de contrat innommé, a entraîné une
évolution jurisprudentielle importante et un glissement de l’obligation de moyens vers une
obligation de résultat239.
185. Plusieurs théories ont été envisagées240 : dans l’Ancien Droit, la théorie du
mandat paraissait bien convenir à la relation médecin-malade qui était humaine et
désintéressée. Mais cette théorie est maintenant totalement abandonnée parce que la
gratuité inhérente au mandat n’existe pas et que le médecin qui assure des soins médicaux
n’accomplit pas d’actes juridiques au nom de son mandant241. Le contrat médical ne peut
être un contrat de mandat, dont la finalité, pour le mandataire, est une mission
essentiellement juridique.
186. Le contrat médical ne peut pas être un contrat de travail, puisqu’il n’existe pas
de lien de subordination entre les contractants, comme dans un contrat de travail.
Ce n’est pas non plus un contrat d’entreprise tel que le définit le Code civil dans son article
1708242. Le contrat d’entreprise est consensuel, synallagmatique, civil ou commercial, et il
est conclu intuitu personae. En rapprochant les obligations qui découlent de ce contrat et
du contrat médical, il en ressort que le médecin, comme l’entrepreneur, a une obligation de
« faire ». Il est aussi soumis à une obligation de suivi des soins, qui peut être assimilé au
devoir de surveillance243. L’entrepreneur est soumis à une obligation de résultat (quoique
cette obligation soit très variable) suivant qu’elle se rapporte à une chose, une personne ou
une tache intellectuelle244. Le chirurgien-dentiste, comme le médecin, n’est soumis qu’à
une obligation de moyens en ce qui concerne les soins245. Par contre, il a une obligation de
238
SAVATIER J., ibid.
239
HARICHAUX M., Le contrat médical, Litec, 7,1999, p 4.
240
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., op cité, p 38 et réf. Citée.
HARICHAUX M. « La rémunération du médecin. », préf. OPPETIT B., Economica, 1979, p 22 et s.
241
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., ibid.
242
COLLART-DUTILLEUL F. et DELEBECQUE P., Contrats civils et commerciaux, Précis Dalloz, 1991,
n° 697, 709, 711, 713.
243
Cass. 1ère civ., 22 nov. 1988: Bull. civ. I, n° 330.
244
COLLART-DUTILLEUL F. et DELEBECQUE Ph., op. Cité, p. 742.
245
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., ibid.
67
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
246
Cass. Civ. 1 ère, 15 novembre 1988, n° 86-16.443, Juris-data n° 002734; J.C.P., G, 1989, IV, 21;
G.P., 1989, 1, 12.
247
GATSI J., « Le contrat cadre. », L.J.D.G., Paris, 1996, 335.
68
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
190. Le contrat de soins naît, comme tout contrat, de la rencontre de deux volontés. Il
nécessite l’expression du consentement des deux parties, consentement qui conditionne la
formation de ce contrat, puisqu’il représente une des quatre conditions de validité du
contrat. Mais d’après Madame Gildine CROIZÉ, « ce n’est donc pas le consentement qui a
permis la mise en exergue du contrat médical mais la reconnaissance d’un lien contractuel
qui implique inéluctablement l’exigence de la constatation d’un consentement à l’acte
médical248 ».
193. Le Code civil et les lois de bioéthiques de 1994 ont répondu à la nécessité de
protéger le patient (Chapitre 2), au nom du principe de non patrimonialité du corps humain
et du respect de son intégrité physique. Le cadre juridique de la relation de soins dentaires
évolue constamment et se renforce de jour en jour. Parallèlement cette évolution de la
législation, la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 et celle HPST251 de 2009 ont voulu replacer
le patient au cœur de cette relation afin de lui donner un rôle actif dans la prise de décision.
248
CROIZÉ G., « Information et consentement. » in Les grandes décisions du droit médical, ss dir. VIALLA
F., L.G.D.J., Paris : Lextenso, 2009, p. 131.
249
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative au droit des malades et à la qualité du système de santé.
250
Loi n° 2007-308 du 5 mars 2007 portant réforme de la protection juridique des majeurs.
251
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires, JO du 22 juillet 2009.
69
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
194. L’article L.373 de l’ancien Code de la santé publique définissait ainsi l’art
dentaire : « La pratique de l’art dentaire comporte le diagnostic et le traitement des
maladies de la bouche, des dents, des maxillaires, congénitales ou acquises, réelles ou
supposées, dans les conditions prévues par le Code de déontologie des chirurgiens-
dentistes. »
Cette définition ne précisait pas vraiment les limites, tant techniques qu’anatomiques, du
domaine d’action du chirurgien-dentiste.
196. C’est un arrêt de la Cour de cassation en date du 14 mars 1967 qui définit les
obligations du chirurgien-dentiste : « Le contrat qui se forme entre le chirurgien-dentiste et
son client, entraîne l’obligation pour le premier de donner au second des soins conformes
aux règles consacrées par la pratique dentaire et aux données de la science. Le praticien
est responsable des suites dommageables des soins, si eu égard à cette obligation de
moyens, il s’est rendu coupable d’une imprudence, d’une inattention ou d’une négligence
révélant la méconnaissance de ses devoirs ».
70
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
200. Le 1er juillet 2088, le collège des directeurs de l’UNCAM253 a pris la décision
d’ouvrir la CCAM254 aux chirurgiens-dentistes pour 98 actes de chirurgie buccale pouvant
nécessiter un plateau technique lourd. Depuis l’instauration de cette CCAM en 2005, les
chirurgiens-dentistes pratiquant ces actes, environ 150 en France255, ne pouvaient les coter
et leurs patients ne pouvaient donc pas être pris en charge, alors que ces mêmes actes
pratiqués par un chirurgien-stomatologiste, étaient pris en charge par les caisses
d’assurance maladie.
252
Directive 78/687/CEE.
253
Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie.
254
Classification Commune des Actes Médicaux.
255
CCAM : actes de chirurgie buccale au JO, « Un succès important pour notre capacité professionnelle. »,
Interview de Roland l’HERRON, Le CDF, n°1365 du 16/10/2008, pp. 4-8.
71
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
201. Cette régularisation permet donc « aux quelques chirurgiens dentistes qui
pratiquent ces actes de le faire en toute transparence, au mieux des intérêts des patients
qu’ils traitent258 ». Mais le Professeur GOUDOT souligne aussi que « ces praticiens ont
tous suivi une formation supplémentaire à leur formation initiale, mais une formation non
qualifiante259 ».
202. Il écrit aussi dans son éditorial, que « le périmètre d’activité, l’UNCAM l’a en
quelque sorte défini [ …] la chirurgie buccale pourrait être toute la chirurgie qui se
pratique par l’orifice labial, entre celui-ci en avant et l’oropharynx (exclu) en arrière, et à
l’exception du traitement chirurgical des tumeurs malignes260 ». Il souligne le fait qu’avant
de règlementer, il aurait peut être fallu définir une vraie spécialité de chirurgie buccale (ou
orale), permettant aux stomatologistes de compléter leur formation en odontologie et aux
chirurgiens-dentistes de compléter leur formation en médecine et chirurgie-buccale.
Actuellement, pour pratiquer la chirurgie buccale, le chirurgien-dentiste n’est contraint
légalement qu’à être titulaire du diplôme d’État de chirurgie-dentaire, au terme de 6 ans
d’études. Le médecin voulant pratiquer la chirurgie buccale, doit être stomatologiste, donc
avoir fait 6 ans de médecine, plus 4 ans de DES de stomatologie, voire, 2 ans de plus pour
être chirurgien maxillo-facial, soit 12 ans d’études.
256
Supra p. 4.
257
La revalorisation de la lettre clé DC concernant la chirurgie, en DCC pour s’aligner sur la lettre KCC
des chirurgiens n’a jamais vu le jour.
258
GOUDOT P., « Deux poids, deux mesures. », L’Information dentaire, 2009, n°3, p. 115.
259
La spécialité de chirurgie buccale n’existe pas encore comme une spécialité reconnue, telle que l’est
l’orthopédie dento-faciale.
260
Qui peuvent être invasives et peuvent nécessiter de pratiquer des ablations beaucoup plus larges qu’au vu
de la tumeur clinique.
72
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
203. Le Professeur GOUDOT nous interpelle sur la crédibilité d’une telle situation
face à la communauté médicale. Et que penser de la dernière ligne de cette liste d’actes de
la CCAM qui permet au praticien de prélever un greffon osseux à distance du site
opératoire ? Aller chercher de l’os au niveau de la hanche, d’un tibia, d’une cote, du crâne
ou d’un autre endroit en dehors de la cavité buccale est autorisé mais sort complètement du
cadre de la compétence d’un chirurgien-dentiste qui n’est pas légalement médecin.
Outre le problème juridique que soulève cette situation, elle met bien en évidence la
nécessité pour le chirurgien-dentiste d’acquérir, au-delà de sa capacité professionnelle que
lui accorde la loi, d’une véritable compétence pour exercer son métier.
204. Les conditions légales requises pour exercer en France sont définies par le Code
de la santé publique :
- être citoyen français, ou membre d’un des pays de la CEE (article L. 4111-1 du
Code de la santé publique) : « nul ne peut exercer la profession de médecin, de
chirurgien-dentiste ou de sage-femme en France s’il n’est :…de nationalité française,
de citoyenneté andorrane ou ressortissant d’un État membre de la Communauté
Européenne ou partie à accord sur l’Espace Économique Européen, du Maroc ou de
la Tunisie. »
- être titulaire d’un diplôme d’État de Docteur en chirurgie-dentaire ou d’un
diplôme d’un État membre de la CEE, si l’intéressé est ressortissant de cet état.
L’article L. 4111-1 du Code de la santé publique indique que « nul ne peut exercer la
profession de médecin, de chirurgien-dentiste ou de sage-femme en France s’il n’est:
titulaire d’un diplôme, certificat ou autre titre mentionné aux articles L4131-1,
L4141-3 ou L4151-5 ».
261
C.O.D.E.
262
70% seraient des prothésistes. Source www.egora.fr. Tous les ans, mille personnes y sont poursuivies
pour exercice illégal, mais comme la pénalité n’est que de 516 €, les gens se réinstallent facilement
ailleurs.
263
www.egora.fr
74
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
d’entrées pour de faux praticiens qui pourront en toute impunité exercer dans les pays de
l’UE.
208. Il ne faut pas faire l’objet d’une suspension d’exercice pour les motifs suivants :
Il exerce dans les régions ou les inter régions les attributions mentionnées à l'article
L.4112-4.
75
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
76
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
210. La capacité étant l’aptitude à jouir d’un droit, elle donne à toute personne ayant
terminé le cycle des études exigées par la loi « le droit de faire ». La compétence
correspond aux connaissances personnelles, à la dextérité et à l’expérience. C’est
l’ensemble des caractéristiques individuelles telles que les connaissances, les aptitudes et
les attitudes, qui permettent à une personne d’exercer son activité de manière autonome, de
perfectionner sans cesse sa pratique et de s’adapter à un environnement en mutation
rapide264.
213. Chaque praticien va donc prodiguer des soins en son âme et conscience et ce,
dans les limites de sa compétence. Mais ceci soulève plusieurs problèmes :
- en fonction de quels critères évaluer la compétence de chacun en cas de faute ?
- quelle peut-être la limite entre l’expérimentation personnelle et l’emploi de
techniques nouvelles sur nos patients ?
264
Définition du Comité consultatif pour la formation des praticiens de l’art dentaire, dans son «Rapport et
recommandations sur les compétences cliniques nécessaires à l’exercice de l’art dentaire dans l’Union
européenne».
265
Ancien article 3 al.1 du CDD.
266
Cass. Civ.1ère, 9 octobre 2001, Bull. civ.I, n°248.
267
Cass. Civ. 1ère, 20 mai 2000, Bull. civ. I, n° 153. : La qualification de faute est écartée dans le cas où il
est prouvé que l’atteinte était inévitable.
77
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Chapitre 2 : le patient.
216. Celui qui consulte au cabinet dentaire a malheureusement souvent mal et peur. Il
se trouve donc très vulnérable et en position d’infériorité. La relation de soins paraît
déséquilibrée, avec un patient qui souffre, qui est obligé de consulter et qui doit « subir »
des soins. Dispose–t-il d’une réelle autonomie de sa volonté ? C’est une des conditions
nécessaires à l’établissement d’un contrat de soins avec son chirurgien-dentiste et un
principe que la loi du 4 mars 2002 a voulu promouvoir269, pour rééquilibrer la relation de
soins et en finir avec un certain paternalisme médical.
268
Cass. civ. 1ère, 15 janvier 2002, n° 55 F-D, GUERLEE contre CHEVROLLIER.
269
CLERCK J., La loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du
système de santé- Démocratie sanitaire et reconnaissance des patients, in Interrogations sur
l’évolution des droits fondamentaux de la personne humaine en 2001 et 2002, ss dir. LEBRETON G,
éd. l’Harmattan, 2004, p.82.
78
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
217. Plusieurs noms sont employés pour désigner la personne qui se fait soigner : le
patient, le malade, le consommateur de soins, la personne soignée et l’usager du système
de soins, voire, le client. Le terme le plus usité est celui de patient, qu’il nous faudrait
essayer de définir.
218. Le patient est, à l’origine, quelqu’un de passif qui supporte, qui subit270 et qui
endure. En effet, la patience est définie comme « l’aptitude à supporter avec constance ou
résignation les maux les désagréments de l’existence271 ».
219. La plupart du temps, le patient consulte parce qu’il est malade et/ou parce qu’il
souffre. Il attend un soulagement, une amélioration de son état, voire la guérison, de la part
du praticien. Le patient est alors assimilé à « la personne souffrant d’une maladie et qui
consulte un médecin272 ». Monsieur Benjamin PITCHO le définit comme un « individu
affligé par la souffrance et subissant un acte médical afin de mettre un terme à sa douleur
et sa pathologie273 ». C’est « une personne passive qui souffre dans sa chair d’un
traitement reçu en silence274 ».
220. Mais cette définition du patient comme malade est trop restrictive, car la douleur
ou la maladie ne sont pas les seuls motifs de consultation. L’amélioration des conditions
d’hygiène, l’éducation et la prévention, ainsi que les progrès de prise en charge, tant sur le
plan médical que sur le plan technique, ont entraîné une amélioration globale de l’état
bucco-dentaire des patients.
270
REY A. (ss dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 2ème éd., 1998,
Tome II, vol. Patience.
271
Définition du Petit Larousse 2005, p. 795.
272
PITCHO B., Thèse préc, n° 14.
273
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., Traité de droit médical, Librairies techniques,
1956, n°1.
274
PITCHO B. id. n° 10.
79
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
soins n’est pas forcément la guérison du patient, car l’acte de soins n’est plus
systématiquement à visée curative.
222. La loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 parle du droit des malades à double titre : le
malade nécessite d’avoir recours à des soins pour guérir ou être soulagé et le patient reçoit
des actes en rapport avec un acte de soin ou de prévention. Mais elle n’aide pas à clarifier
la définition du patient, car elle multiplie les termes le désignant, ce qui prête parfois à
confusion. Elle parle de « la personne malade275 », de « toute personne276 », de « toute
personne prise en charge par un professionnel277 », et d'« usager du système de santé 278 »,
mais n’utilise jamais le terme de patient.
223. Cette appellation d’ « usager du système » de santé introduite par cette loi peut
gêner dans la mesure où elle sous entend que l’usager utilise des services. Elle renvoie
également à l’idée de prestation de service et « tend à établir entre le malade, et non pas
seulement le service public de la santé mais aussi les professionnels libéraux, une relation
fondée sur des droits plus que sur la manifestation d’une confiance279 ». L’usager du
système de santé est plus qu’un utilisateur. C’est un consommateur. L’emploi de ce terme
dans le cadre d’un contrat de soins, colloque singulier, ne paraît pas vraiment approprié. De
même, la relation de soins n’est pas et ne doit pas être un commerce. Le terme de client est
donc à bannir.
224. C’est le terme de patient qui semble le mieux adapté à être utiliser pour désigner
celui qui consulte le chirurgien-dentiste. Pour Monsieur Benjamin PITCHO, il « a
l’avantage de regrouper tous les bénéficiaires d’un acte médical280 ».
275
Art. L. 1110-2, L 1110-9 et L. 1110-10 du CSP.
276
Art. L. 1111-2 à L. 1111-8 du CSP.
277
Art. L. 1110-4 du CSP.
278
Art. L. 1111-1 du CSP.
279
MATHIEU B., « Les droits des personnes malades. », LPA, 19 juin 2002, n° 122, p.10.
280
PITCHO B., « La notion de malade, patient, citoyen. » in Droits des malades et qualité du système de
santé – la loi du 4 mars 2002, RGDM, n° spécial, p. 50.
80
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
1. LA CAPACITE DE CONTRACTER.
225. L’article 1123 du Code civil indique que « Toute personne peut contracter si elle
n’est pas déclarée incapable par la loi ».
A/ Le patient majeur :
226. Cette condition est suffisante, elle lui permet de conclure toute espèce de
contrat, et donc de consentir au contrat de soins. L’article 1124 du Code civil stipule que
« sont incapables de contracter dans la mesure définie par la loi :
- les mineurs non émancipés ;
- les majeurs protégés au sens de l’article 488 du présent code ».
227. En cas d’incapacité de fait, c’est-à-dire lorsque le patient majeur se trouve dans
l’impossibilité d’exprimer sa volonté, la jurisprudence admet que, sauf en cas d’urgence, le
consentement doit être demandé aux membres de la famille dont les liens de parenté
désignent comme protecteurs naturels de l’intéressé : conjoint, ascendants, descendants,
fratrie, voire collatéraux, concubins et amis.
228. Même dans le cadre de l’urgence, le refus de soins par un patient majeur,
jouissant de son intégrité intellectuelle, doit être respecté. Le praticien ne peut passer outre
ce refus s’il est clairement exprimé et quelle qu’en soit la cause, même en invoquant
l’intérêt ou la survie de ce patient. Son devoir est de l’informer des conséquences de ce
refus et d’essayer de le faire changer d’avis.
281
Articles 433 à 439 du CC : la sauvegarde de justice est « le régime de protection le plus léger sous lequel
peut être placé un majeur, qui, tout en conservant l’exercice de ses droits, a besoin d’être protégé dans
81
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
229. Les majeurs sous sauvegarde de justice conservent leur capacité à contracter en
vertu de l’article 491-2 du CC suivant : « Le majeur placé sous la sauvegarde de justice
conserve l'exercice de ses droits. Toutefois, les actes qu'il a passés et les engagements qu'il
a contractés pourront être rescindés pour simple lésion ou réduits en cas d'excès lors
même qu'ils ne pourraient être annulés en vertu de l'article 489. Les tribunaux prendront, à
ce sujet, en considération, la fortune de la personne protégée, la bonne ou mauvaise foi de
ceux qui auront traité avec elle, l'utilité ou l'inutilité de l'opération.
L'action en rescision ou en réduction peut être exercée, du vivant de la personne, par tous
ceux qui auraient qualité pour demander l'ouverture d'une tutelle, et après sa mort, par ses
héritiers. Elle s'éteint par le délai prévu à l'article 1304 ».
230. Les majeurs sous curatelle sont généralement des personnes « faibles d’esprit »
ou qui rencontrent de graves difficultés dans leur vie sociale « du fait de leur prodigalité,
de leur intempérance ou de leur oisiveté284 ». Ils ne peuvent disposer de leur patrimoine
mais peuvent contracter à condition qu’il n’y ait pas de contestation des honoraires par le
curateur en cas de travaux onéreux. Tout traitement grave nécessite l’accord du curateur.
C’est l’article 510 du CC qui indique que « Le majeur en curatelle ne peut, sans
l'assistance de son curateur, faire aucun acte qui sous le régime de la tutelle des majeurs,
requerrait une autorisation du conseil de famille. Il ne peut non plus, sans cette assistance,
recevoir des capitaux ni en faire emploi. Si le curateur refuse son assistance à un acte, la
personne en curatelle peut demander au juge des tutelles une autorisation supplétive ». Le
chirurgien-dentiste devra faire preuve de prudence dans le cas où un de ses patients est
sous curatelle.
les actes de la vie civile en raison d’une altération de ses facultés personnelles », définition de G.
CORNU, « Vocabulaire juridique », éd. 2009, PUF.
282
Art. 440 à 476 du CC : la curatelle est « le régime intermédiaire de protection sous lequel peut être placé
un majeur lorsque, sans être hors d’état d’agir lui-même, il a besoin d’être conseillé et contrôlé dans les
actes les plus graves de la vie civile, en raison d’une altération de ses facultés personnelles », définition
de G. CORNU, v. supra.
283
Art. 440à 476 du CC : la tutelle est « le régime de protection sous lequel peut être placé un majeur qui,
en raison d’une altération de ses facultés personnelles, a besoin d’être représenté de manière continue
dans les actes de la vie civile », définition de CORNU G., v. supra.
284
VASSAL J-P., « La protection des incapables majeurs : une réglementation à perfectionner. »,
L’Information dentaire, n° 35, 18 octobre 2006, p. 2156-2158.
82
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
231. La tutelle concerne les personnes qui souffrent d’une altération durable qui rend
obligatoire le fait qu’elles doivent être représentées pour tous les actes de la vie civile.
Pour mémoire, voici les articles du Code civil qui traitent de la tutelle :
- l’article 492 du CC : « Une tutelle est ouverte quand un majeur, pour l'une des
causes prévues à l'article 490, a besoin d'être représenté d'une manière continue dans les
actes de la vie civile ».
- l’article 490 du CC : « Lorsque les facultés mentales sont altérées par une maladie,
une infirmité ou un affaiblissement dû à l'âge, il est pourvu aux intérêts de la personne par
l'un des régimes de protection prévus aux chapitres suivants.
Les mêmes régimes de protection sont applicables à l'altération des facultés corporelles, si
elle empêche l'expression de la volonté. L'altération des facultés mentales ou corporelles
doit être médicalement établie ».
233. Dans le cas où le tuteur refuse de donner son consentement à un acte et dans le
cas où se refus peut entraîner des conséquences graves pour la santé du majeur sous tutelle,
le praticien peut passer outre et délivrer les soins indispensables, en vertu de l’article L.
1111-4 al 4 du CSP.
B/ Le patient mineur :
285
cf. supra.
83
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa
volonté et à participer à la décision. Dans le cas où le refus d'un traitement par la
personne titulaire de l'autorité parentale ou par le tuteur risque d'entraîner des
conséquences graves pour la santé du mineur ou du majeur sous tutelle, le médecin délivre
les soins indispensables ».
286
DUPONT M. et REY C., « L’adolescent, la majorité médicale. », Actualités Juri-santé, janv. 2001.
84
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
237. Voici, en rappel, l’inventaire des différents articles du code civil concernant
l’autorité parentale :
- L’article 372-2 du CC : « À l'égard des tiers de bonne foi, chacun des parents est
réputé agir avec l'accord de l'autre, quand il fait seul un acte usuel de l'autorité parentale
relativement à la personne de l'enfant ».
- L’article 373-2 du CC : « La séparation des parents est sans incidence sur les
règles de dévolution de l'exercice de l'autorité parentale. Chacun des père et mère doit
maintenir des relations personnelles avec l'enfant et respecter les liens de celui-ci avec
l'autre parent ».
85
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
238. Il n’existe pas de détermination d’un âge spécifique à partir duquel on peut
considérer juridiquement qu’un enfant est capable de discernement, c'est-à-dire « d’une
aptitude à discerner le bien du mal ; ce que l’on dénomme également l’âge de raison287 ».
Au dessus de quinze ans, en principe, l’adolescent en est doté, mais pas en dessous de
quatre ans288. Entre quatre et quinze ans, chaque cas est à considérer en fonction de la
situation : l’information du mineur et de ses parents doit se faire dans tous les cas.
239. Il faut rappeler que dans l’exercice quotidien du chirurgien-dentiste, chaque acte
nécessite toujours l’acceptation ou assentiment du patient assis sur le fauteuil dentaire. En
effet, il doit ouvrir la bouche et se laisser faire. On ne peut pas le forcer à le faire et il ne
doit pas bouger. Il doit vraiment coopérer.
L’âge à partir duquel l’enfant accepte de se faire soigner est très variable selon l’enfant, la
nature des actes et surtout la relation qui s’établit entre le praticien, l’enfant et ses
parents289. La pédodontie290 nécessite beaucoup de psychologie et de patience de la part du
praticien. Si l’article L. 1111-4 al. 6 prévoit que « le consentement du mineur doit être
systématiquement recherché s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la
décision », le Code de déontologie médicale indique, dans son article R. 4127-42, que « si
l’avis de l’intéressé peut être recueilli, le médecin doit en tenir compte dans la mesure du
possible ».
241. L’exécution des soins en plusieurs séances pose le problème de l’accord pour ses
soins : faut–il à chaque rendez-vous, la présence d’une personne responsable de l’enfant
287
JACOTOT D., « Patients mineurs : la nécessité de réduire les risques juridiques en amont. », La Lettre,
ONCD, décembre 2006, n° 53, p. 27.
288
MALLAURIE P., « Les Incapables. », Defrénois, n° 604, p. 233.
289
COURSON F. et LANDRU M-M. Odontologie pédiatrique au quotidien, Guide clinique, Paris : CDP,
2001, p.3 et suiv.
290
Concerne les soins chez les enfants.
86
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
242. La question des soins chez les enfants difficiles est aussi à considérer :
l’expérience montre que la plupart du temps, les soins se passent mieux hors de la présence
des parents. L’enfant coopère souvent beaucoup mieux hors la présence d’un parent
anxieux. Parent qui transmet son anxiété et qui va interférer dans la relation qui s’établit
entre le petit patient et son praticien. Bon nombre de cabinets, dont majoritairement des
cabinets d’orthodontie291, choisissent donc d’interdire la salle de soins aux parents.
Le cas de l’urgence :
243. En cas d’urgence, l’article R.4127-236 du CSP292 dit que « Lorsqu’il est
impossible de recueillir en temps utile le consentement du représentant légal d’un mineur
ou autre incapable, le chirurgien-dentiste doit néanmoins, en cas d’urgence, donner les
soins qu’il estime nécessaire ».
245. Il peut y avoir conflit possible entre la nécessité d’intervenir en urgence, dans
l’intérêt du patient et le refus ou le désaccord de la famille. L’article L 1111-4 du CSP
autorise le médecin à pratiquer les soins indispensables dans le cas où le refus de soins par
les détenteurs de l’autorité parentale risque d’entraîner des conséquences graves pour le
mineur. Le Code de déontologie des médecins précise bien que « Le médecin doit être le
291
L’orthodontie et l’orthopédie dento-faciale servent à traiter les anomalies de position des dents et de
croissance des mâchoires.
292
Article 29.1 du CDD.
87
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
défenseur de l’enfant lorsqu’il estime que l’intérêt de sa santé est mal compris ou mal
préservé par son entourage293 ».
246. Il faut savoir que la responsabilité du praticien sera retenue en cas de non-
intervention, comme l’indique l’article 223-6 du Code pénal : « Quiconque pouvant
empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime,
soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient volontairement de le
faire, est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne
en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit
par son action personnelle, soit en provoquant un secours ».
247. L’urgence peut être un mobile de l’acte de soins, elle n’est qu’un des éléments
du devoir de porter secours. Le préalable du consentement de l’intéressé n’est pas
nécessaire. Il faut différencier l’urgence vitale de l’urgence en pratique courante dans un
cabinet dentaire. La douleur est le principal motif de consultation et comme elle peut être
très aiguë, le patient estime que c’est un motif d’urgence, mais qui ne répond pas à la
définition de l’urgence médicale, situation où les pronostics vitaux sont en jeu.
Le motif de consultation :
248. La demande de soins peut être très variable. Elle peut être à visée thérapeutique,
comme une douleur à soulager, ou la nécessité de faire des soins. Elle peut être à visée
préventive, comme un contrôle. À ce moment là, le patient ne sait pas s’il présente une
pathologie ou pas. La demande peut être esthétique : et dans ce cas, il peut ne pas y avoir
de pathologie. Le patient peut venir pour un problème ponctuel ou bien une réhabilitation
globale.
293
Art. 4127-43 du CSP.
88
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
250. Monsieur Benjamin PITCHO insiste sur le fait « qu’il existe ainsi une pluralité
de nature pour les actes médicaux reflétée dans la pluralité de la définition du patient295 ».
Il conclut dans sa thèse d’université sur le statut juridique du patient qu’«il n’existe pas de
statut applicable au patient […] puisqu’ aucune définition des personnes en bénéficiant ne
peut être fournie296 ».
251. On ne peut nier le lien économique qui découle de la relation de soins puisque le
patient doit payer ses soins, hors les cas où le système de tiers payant est utilisé. Le patient
semble alors assimilé à un consommateur de soins, bien que le Code de déontologie
interdise que la chirurgie-dentaire soit pratiquée comme un commerce297. Mais le cabinet
libéral est une entreprise qui doit être rentable, même si la santé n’est pas un commerce. De
plus, la doctrine a consacré l’émergence d’un « fonds libéral » 298 en accordant au titulaire
d’un cabinet le droit de cession de sa patientèle qui acquiert là une valeur en devenant objet
de cession299.
294
Préambule de la Constitution de l’OMS, adoptée par la Conférence internationale sur la santé, New
York, 19-22 juin 1946, signée par 61 Etats et entrée en vigueur le 7 avril 1948, Official Records of the
World Health Organisation, n°2, p. 100,
295
PITCHO B., Le statut juridique du patient, Bordeaux : Les Études Hospitalières, coll. « Thèses »,
2004, n° 35.
296
PITCHO B., op. cité, n° 832.
297
Article R. 4127-215 du CSP.
298
Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001, inf. rap. p. 290; J.C.P.
2001, II, 10452 note VIALLA F. ; D. aff. 2001, p. 2400, note AUGUET Y.; J.C.P. 2001, I, 301, n° 16,
obs. J. ROCHFELD; J.C.P. 2001, éd. E, 419, note G. LOISEAU; Rép. Def. 2001, p.431, note
LIBCHABER R. ; RD sanit. soc. 2001, p. 317, chron. MEMETEAU G. ;
299
Le contrat de cession de clientèle n’est valide que si la condition du respect du libre choix du patient
est maintenue, principe fondamental de la médecine libérale, voir à ce sujet, note crit. VIALLA F.,
« avènement du fonds libéral. », J.C.P. 2001, éd. E, suppl. Cah. dr. entre 200/1, p. 10.
89
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
doit faire un effort financier non négligeable. Ce qui l’oblige à tenir compte de la
rentabilité de son cabinet.
253. De l’avis commun, avec une nomenclature obsolète, un praticien qui ne fait que
des soins de base dits conservateurs, ne peut pas rentabiliser son cabinet300, malgré la
revalorisation de certains tarifs en 2006301.
254. Tous les patients ne peuvent avoir accès aux actes hors nomenclature et le
risque d’avoir une dentisterie à deux vitesses est réel. Le Docteur Marc SABEK
relève le paradoxe entre les moyens techniques dont dispose le praticien et toutes les
contraintes qui lui sont imposées302 : « le paradoxe est saillant : jamais l’exercice
odontologique n’a connu autant de moyens techniques et thérapeutiques permettant
de mieux soigner de mieux prévenir et d’assurer une prise en charge médicale
efficace de nos patients. Mais en même temps, les conditions d’exercice n’ont jamais
été aussi pénibles au praticien qui doit être à la fois un excellent technicien, un
gestionnaire efficace, un humaniste tourné vers l’économie du système de santé et
solidaire des plus démunis et un communicant capable de convaincre pour vaincre
une méfiance de plus en plus présente chez le patients et les décideurs ».
300
UJCD-Union dentaire. « Enquête sur le déficit des actes opposables : les résultats. », Convergences,
juin 2010, p.31.Une enquête menée par l’UJCD en 2009, a conclu que « la moyenne des praticiens
ayant répondu subit donc une perte financière de 8 € par heure passée à réaliser des actes
opposables ».
301
ONDPS p. 26.
302
SABEK M., « Dentisterie de demain, libérale ou salariée? », Table ronde, Information dentaire, n° 17
du 25/04/2007, p. 903.
303
ZUCK G., « Le défi psychologique. », Information dentaire, 2009, vol. 91, n° 131, p. 686.
90
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
ont peu à peu acquis une place de plus en plus active notamment, grâce aux associations de
malades et aux associations de consommateurs. L’année 2002 a marqué un tournant
important dans la relation patient/praticien : la loi du 4 mars 2002304 a voulu rééquilibrer
cette relation entre le « sachant » et le soigné. Elle a donné des droits aux usagers du
système de santé en instaurant une « démocratie sanitaire ». Le patient a un véritable rôle
dans la décision à prendre, tant à l’échelon individuel qu’à l’échelon collectif. Et cette
évolution nous oblige à redéfinir quelles sont les attentes du patient dans le cadre du
contrat de soins, en terme de qualité de soins, d’information et de coût.
257. La source des droits du patient est antérieure à cette loi. On la trouve dans le
Code de la santé publique, qui comporte une partie législative et une partie règlementaire
et qui intègre désormais les Codes de déontologie médicale et dentaire qui sont eux aussi
sources de normes positives.
258. Des années 1930 aux années 1980, le patient n’est considéré par la loi que sous
l’angle de l’indemnisation des préjudices qu’il peut subir après une faute médicale. Le
développement des règles éthiques et bioéthiques et l’informatisation ont entraîné la
nécessité de repenser la protection des droits de ce patient.
259. Le rapport « ÉVIN » de 1996305, les États généraux de la Santé en juin 1999306
et le rapport « CANIARD » en 2000307 sont des étapes importantes pour la reconnaissance
du rôle du patient (acteur dans la relation de soins) consacré par les ordonnances de 1996,
puis véritablement, par la Loi KOUCHNER de 2002308, qui inscrit cette dimension dans le
Code de la santé publique.
304
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. JO
du 5 mars 2002.
305
Rapport ÉVIN sur les droits de la personne malade (Conseil Économique et Social).
306
CANIARD E., Synthèse thématique des Etats généraux de la santé sur « Les droits des usagers du
système de santé ». 1999.
307
CANIARD E., « La place des usagers dans le système de santé : rapport et propositions du groupe de
travail animé par Étienne CANIARD », Paris, secrétariat d’Etat à la santé et aux handicapés, janvier
2000.
308
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. JO du
5 mars 2002, 4118-4158.
91
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
260. La loi « Hôpital, patients, santé et territoire »309 a l’ambition d’aller plus loin
dans la protection du patient car elle veut réorganiser le système de santé autour de ce
patient310. L’idée est de placer le patient au centre du système de santé français.
A/ La nécessité médicale :
262. Les principes d’inviolabilité312 et d’intégrité du corps humain313 ont été insérés
dans le Code civil par les lois de bioéthiques314. Seule la nécessité médicale peut justifier
l’atteinte à l’intégrité du corps humain, « ou à titre exceptionnel, dans l’intérêt
thérapeutique d’autrui ». La définition de la santé par l’OMS étend cette nécessité au-delà
de l’intérêt médical ou thérapeutique pour la personne et tolère des soins dits « de
confort ». La loi HPST315 renforce la nécessité de développer la prévention.
309
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires, JO du 22 juillet 2009.
310
La lettre, 30 octobre 2008, CNOD, p. 32.
311
Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie, JO du 17 août 2004.
312
Art. 16-1 du CC.
313
Art. 16-3 du CC.
314
Loi de la santé et modifiant la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux
libertés (JO du 2 juillet 1994), Loi n° 94-653 relative au respect du corps humain et loi n° 94-654 relative
au don et à l’utilisation des éléments et produits du corps humain, à l’assistance médicale, à la
procréation et au diagnostic prénatal (JO du 30 juillet 1994).
315
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires, JO du 22 juillet 2009.
92
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
263. Tout contrat doit obligatoirement avoir une cause. Cette cause doit être licite.
Elle est une des quatre conditions nécessaires pour que le contrat soit valide316. La notion
de cause est essentielle pour établir l’existence juridique du contrat de soins. Elle
« représente la motivation thérapeutique de l’acte permettant l’intervention licite du
praticien sur le corps317 ».
L’analyse juridique :
264. La cause est une notion qui couvre deux éléments : le mobile (cause finale318 ou
cause subjective), c'est-à-dire, la raison pour laquelle le contrat a été passé et la cause elle-
même (cause de l’obligation319 ou cause objective) qui est la contrepartie attendue de
l’exécution du contrat. Ces deux notions sont bien loin de s’exclure.
316
Art. 1108 du CC. Les articles 1131 à 1133 du CC sanctionnent les contrats fondés sur une cause illicite,
ou sans cause.
317
CAPITANT H. « De la cause des obligations. », Dalloz, 3ème éd., 1927, n° 120 et suiv.
318
C. de Cass, 1 Ch civ, 30 décembre 1941, DA, 1942, p. 98.
319
SIMLER P. « Cause. Notion. Preuve. Sanctions. », J.-Cl. Civil, art. 1131 à 1133, fasc. 10, Litec, 2002, n°
9.
320
PLANIOL M., Traité élémentaire de droit civil, 1899, Tome II, n° 1037 et s.; THOUVENIN D., « De la
qualification de l’acte thérapeutique à son contrôle. », D. 1991, chron., p. 22l.
93
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Pour le praticien, c’est le devoir d’assistance et de soins qui figure dans le Code de
déontologie dentaire, à l’article R.4127-233, alinéa 1 et 2 du CSP321 : « Le chirurgien-
dentiste qui a accepté de donner des soins à un patient s’oblige :
- À lui assurer des soins éclairés et conformes aux données acquises de la science,
soit personnellement, soit, lorsque sa conscience le lui commande, en faisant appel à un
autre chirurgien- dentiste ou à un médecin ;
- À agir toujours avec correction et aménité envers le patient et à se montrer
compatissant envers lui ».
268. Mais de plus en plus d’actes sont finalement sans motif thérapeutique,
notamment les actes de confort et d’esthétique, où le praticien agit sur un sujet « sain ». La
loi a du s’adapter à cette évolution des pratiques. C’est ainsi que l’article 16-3 du Code
civil n’exige plus la présence d’un motif thérapeutique. Cet article est complété par la loi
n° 2002-303 du 4 mars 2002, avec l’article L. 1110-2 du CSP qui garantit à « la personne
malade (le) droit au respect de sa dignité ». Ce droit au respect de la dignité est un des
principes fondateurs de la législation bioéthique.
321
Article 27 du CDD
322
C. constit., 27 juillet 1994, n° 94-343/344 DC, Loi relative au respect du corps humain et loi relative au
don et à l’utilisation des éléments et produits du corps humain, à l’assistance médicale à la procréation
et au diagnostic prénatal, JO du 29 juillet 1994; D. 1995, p. 237, note B. MATHIEU; D.1995, somm. p.
299, obs. L. FAVOREU.
94
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
270. C’est la contre partie résultante de l’exécution du contrat. Pour le patient, c’est
le désir d’être soulagé rapidement s’il souffre, la disparition des symptômes qu’il ressent,
l’espoir d’une guérison en cas de pathologie, une amélioration esthétique et fonctionnelle.
Pour le praticien, c’est la mise en oeuvre des moyens les plus adéquats, afin de répondre à
la demande du patient et une juste rémunération, au regard des moyens intellectuels et
matériels employés.
L’appréciation de la cause objective n’est utilisée par les juges que pour les besoins de
l’existence de la cause325/326. Cet échange d’obligations réciproques constitue le contrat
synallagmatique, contrat où chacun s’attend à bénéficier de la prestation de l’autre partie
car « la cause de l’obligation de l’une des parties réside dans la contre-prestation
constitutive de l’obligation de l’autre partie327 ».
271. Si la cause vient à manquer, le contrat n’a plus de raison d’être. En effet, « la
cause de l’obligation d’une partie résidant dans l’obligation de l‘autre, la nullité doit être
prononcée pour absence de cause chaque fois que l’obligation du cocontractant a elle-
même un objet nul ou inexistant328 ».
323
RAYNARD J. obs., sous « Charte des droits fondamentaux. », R.T.D.C, 2000, p. 947, de l’appropriation
des droits fondamentaux par le droit communautaire.
324
C de cass, 1ère civ., 30 déc. 1941, DA, 1942, p. 98.
325
GHESTIN J., « Traité de droit civil, La formation du contrat. », L.G.D.J., 3ème éd., 1993, n° 833.
326
Cass. civ. 1ère, 30 décembre 1941, DA 1942, p. 98
327
SIMLER P., « Cause. Notion. Preuve. Sanctions. », J.-Cl. Civil, art1131 à 1133, fasc. 10, Litec, 2002, n°
14.
328
Comm., 23 oct. 1990, Bull., IV, n° 245, p. 170.
95
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
272. La notion d’état de nécessité est essentielle pour la licéité de la cause : en cas
d’urgence, elle seule dicte la conduite d’urgence. C’est la seule dérogation à l’absence de
consentement du patient.
La radiographie dentaire :
Numérique ou argentique, elle est indispensable pour l’étude diagnostique et la vérification
des soins entrepris.
L’odontologie conservatrice :
Comme elle l’indique par son nom, l’odontologie conservatrice concerne les soins dits
« conservateurs » des dents. Après éviction des lésions carieuses, la couronne dentaire est
reconstituée par une obturation étanche.
L’endodontie :
Le Docteur Pierre MACHTOU la définit comme « la discipline de la Dentisterie qui
concerne la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies de la pulpe329 et du
périapex330/331 ».
La pulpotomie consiste à amputer une partie de la pulpe dentaire pour préserver la vitalité
de la dent : on l’utilise pour traiter les dents temporaires332, les dents définitives immatures
qui n’ont pas fini leur édification radiculaire et dans le cadre d’une urgence333.
329
La dent est constituée d’une couronne, visible dans la cavité buccale, et d’une ou plusieurs racines qui
permettent son implantation dans l’os de la mâchoire. A l’intérieur de la couronne se trouve une chambre
pulpaire qui se prolonge dans les racines par des canaux, et qui contiennent des vaisseaux et des nerfs qui
constituent «la pulpe» dentaire. Cette «pulpe» dentaire «nourrit» la dent, mais c’est son atteinte qui est
responsable des phénomènes inflammatoires et infectieux qui peuvent être particulièrement douloureux.
330
L’apex est l’extrémité de la racine dentaire, le périapex est la zone anatomique qui entoure cet apex
331
MACHTOU P., Endodontie. Paris : CDP, coll. « Guides cliniques », 1994, p. 5.
332
Ou dents de lait.
96
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
La chirurgie buccale concerne l’avulsion des dents, ainsi que toutes les interventions au
niveau de la sphère bucco-dentaire : chirurgie des gencives, chirurgie des muqueuses,
chirurgie osseuse, des glandes salivaires, greffes des tissus mous et des tissus durs. Ce n’est
pas une spécialité reconnue, mais elle mériterait de l’être.
La prothèse :
La prothèse fixée a un rôle préventif fonctionnel et esthétique. Elle redonne un sourire
harmonieux en corrigeant l’édentation, la teinte et la forme des dents. Elle recouvre
partiellement ou totalement une dent existante. Elle est scellée sur une ou plusieurs dents
existantes préalablement préparées renforcées et/ou reconstituées. Une prothèse peut
remplacer des dents manquantes et permet de retrouver une fonction masticatoire efficace,
une bonne élocution et un joli sourire.
La prothèse amovible est réalisée lorsqu’il n’y a plus d’appuis dentaires suffisants pour
réaliser une prothèse fixée. Les prothèses amovibles partielles sont retenues aux dents
restantes par des crochets ou des attachements. Les prothèses complètes utilisent le
principe de la juxtaposition entre deux surfaces identiques séparées par un film liquide : la
salive interposée entre la gencive et l’appareil crée un phénomène de succion adhésive.
333
Les traitements endodontiques, c'est-à-dire des racines dentaires nécessitent du temps. La pulpotomie
est un moyen de soulager la douleur en urgence, en cas de «rage de dent».
334
Définition de MACHTOU P., préc. p. 6.
97
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
L’implantologie :
C’est une discipline en plein essor qui permet de remplacer les dents manquantes. Elle a
modifié radicalement les comportements par l’apport d’options thérapeutiques nouvelles.
La formation en implantologie est malheureusement très disparate et mériterait une
harmonisation.
Le principe est de remplacer les racines dentaires par des vis en titane implantées dans l’os
des mâchoires. Après un temps nécessaire à l’intégration osseuse des implants, une
prothèse supra implantaire peut être réalisée pour remplacer les dents manquantes.
L’orthodontie :
C’est l’art de prévenir et corriger les malpositions dentaires et les dysmorphoses
maxillaires pour recherche et maintenir un équilibre dentaire harmonieux.
L’orthopédie dento-faciale :
Elle a pour but de redonner une denture fonctionnelle et esthétique. Elle a un rôle préventif
pour une bonne croissance, une bonne hygiène et des dents bien alignées (limite les caries
et les problèmes parodontaux. Un bon articulé dentaire permettra une bonne mastication,
une élocution correcte et une bonne santé. Les traitements précoces permettent d’empêcher
l’apparition d’anomalies de développement des bases osseuses et de corriger les
conséquences d’habitudes néfastes, telles la succion du pouce, la déglutition atypique et le
bruxisme335.
Les appareils peuvent être fixes ou amovibles pour obtenir la correction des dysmorphoses,
la modification des fonctions et la rééducation des muscles.
Utilisée aussi avant reconstruction prothétique (égression ou ingression des dents,
ouverture ou fermeture des espaces interdentaires, redressement des axes des dents et
déplacements). Les traitements de réhabilitation concernent le plus souvent les adultes et
les cas particuliers tels que les troubles de l’articulé, les préparations prothétiques et les
problèmes parodontaux.
La parodontie :
Elle regroupe l’ensemble des moyens pour le diagnostic, le traitement, le contrôle et la
prévention des maladies parodontales. Le parodonte du grec para (autour), et odontos
(dent), comprend la gencive qui recouvre l’os alvéolaire et le desmodonte ou ligament
335
Appelé plus communément « grincement des dents ».
98
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
alvéolo-dentaire, qui s’insère entre le cément et l’os alvéolaire entourant les racines
dentaires. Le cément recouvre la totalité des racines et l’os alvéolaire. Il a pour fonction
d’attacher la dent à l’os maxillaire (aussi appelé tissu de soutien des dents) et maintenir
l’intégrité des surfaces fibromuqueuses de la cavité buccale. Les maladies parodontales
entraînent la destruction des tissus de soutien des dents et la perte de celles-ci.
La prévention :
Elle permet de maintenir l’individu en bonne santé ou d’empêcher la progression de la
maladie. La prévention primaire s’adresse au patient sain, par information sur la santé et
les maladies parodontales et sur les mesures de protection plus spécifiques avec
l’enseignement personnalisé du contrôle de plaque et le dépistage des sujets à risque.
274. Le praticien met en œuvre les moyens les plus adaptés dont il dispose, dans
l’intérêt du malade. Mais pour le juriste, il est difficile d’évaluer si une thérapeutique
habituelle chez un praticien rentre dans le cadre d’usage reconnu. Monsieur Gérard
MÉMETEAU déclare que les usages médicaux sont des « standards, par définition flous,
dont le contenu est à évolutions successives, dans une dialectique de définitions par le juge
et par les experts (donc, les professionnels), et dont les sources mêmes deviennent
336
Article R. 4127-204 du CSP, ancien article 3-1 du CDD.
337
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R et J., Traité de droit médical, op. cité, n° 1089 et suiv.
338
ASQUINAZI-BAILLEUX D., « Un regard sur la prestation de chirurgie esthétique. », P.A, 31 juillet
1996, p. 14.
99
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
275. Le praticien doit également évaluer les bénéfices escomptés par rapport aux
risques encourus : en effet, l’article R.4127-238 du CSP341 stipule qu’« il doit limiter ses
prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité et à l’efficacité des soins » et
l’article 1110-5 du CSP prohibe « les risques disproportionnés par rapport aux bénéfices ».
276. L’état de nécessité médicale est le seul état de fait qui autorise le praticien à
porter atteinte à l’intégrité physique de son patient. L’acte médical devrait, sous peine de
sanction, rester un acte essentiellement à vocation thérapeutique. Dans le Traité de droit
médical par Jean SAVATIER et al., il est défini comme « celui qu’un homme qualifié pose
en vue de guérir autrui342 ». Mais la demande du patient sort parfois de ce cadre,
notamment dans le domaine de la dentisterie esthétique et cosmétique. Il faut mesurer le
rapport risques/bénéfices, c’est la règle de la « raison proportionnée343 » que Monsieur
Gérard MÉMETEAU édicte comme « règle d’or de l’activité médicale344 ».
277. Les actes de prévention aussi ne sont pas, par définition, des actes curatifs345. La
volonté de développer la politique de prévention bucco-dentaire va entraîner une
augmentation de ces actes.
339
MÉMETEAU G., op. cité , p. 100.
340
PENNEAU J., « Faute et erreur en matière de responsabilité médicale. », L.G.D.J., 1973, préface TUNC
A., n° 101 et suiv.
341
Art 31, alinéa 2 du CDD
342
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER J. et R., Traité de droit médical, op, cité, n° 1.
343
AUBY J-M., PEQUIGNOT H., SAVATIER R. et J., op cité, n° 274 .
344
MÉMETEAU G., «Notes sur le principe de la proportionnalité en droit médical», Médecine et droit,
1994, p. 40
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, 3ème éd. Les Études Hospitalières, 2006, n° 551.
PRIEUR S., « La disposition par l’individu de son corps. », 3ème éd. Les Études Hospitalières, coll.
« Thèses », 1998, n° 488 et suiv.
345
Par exemple, des extractions dentaires peuvent être décidées pour prévenir un manque de place, dans le
cadre d’un traitement orthodontique (pour aligner les dents). Peut-on qualifier ce geste de mutilation
volontaire ? Surtout si le patient ne se fait plus suivre après, ce qui peut avoir des conséquences non
négligeables.
100
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
278. Il ne faut pas oublier que le droit maintient comme principe absolu le droit à
l’homme, de son intangibilité corporelle. Nul ne peut être contraint à subir une atteinte de
son corps sans son consentement, et ce, uniquement en cas de nécessité346.
279. On ne peut imposer à quelqu’un un acte médical susceptible d’améliorer son état
de santé, sans son consentement, ou celui de ses ayants droit. Par contre, l’acceptation de
l’intervention donne au praticien le droit de faire tout ce que lui estime utile, concernant la
pathologie concernée.
280. Mais cette intervention est strictement encadrée : la prestation de soins est
assurée dans l’intérêt exclusif du malade ; le droit de tout faire est limité par le devoir de ne
faire que ce qui est justifié par l’état du patient.
281. Une nouvelle finalité de l’acte médical apparaît : cet acte peut ne pas être justifié
par une pathologie mais peut être considéré comme nécessaire, en fonction de l’état du
patient ou de sa demande. La santé n’est plus « la véritable fin de la médecine347 ».
282. Il faut alors apprécier le rapport risques/ avantages escomptés comme l’énonce
l’article R. 4127-238 du CSP348 : « Le chirurgien-dentiste…doit limiter ses prescriptions et
ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité et à l’efficacité des soins ». Il faut toujours
avoir à l’esprit que la relation de soins donne au praticien un « droit d’atteinte en toute
licéité à l’intégrité physique du patient et une dépénalisation de ces atteintes, malgré
l’absence de but thérapeutique349 ».
L’intérêt du patient :
283. La cause du contrat médical est donc l’intérêt du patient. Le but ou l’objectif du
contrat ne peuvent être détournés de cette finalité, sinon la cause du contrat n’est plus
légitime. D’un point de vue juridique, le patient donne son consentement à l’atteinte portée
346
En application de l’article 16-3 du Code civil.
347
FOLSCHEILD D. et WUNENBERG J-J., La finalité de l’action médicale, in Philosophie, éthique et
droit de la médecine, (ss dir.) FOLSCHEILD D., FEUILLET-LE-MINTIER B. et MATTEI J-F., éd.
PUF, coll. « Thémis », 1997, p. 146.
348
Ancien art. 31 du CDD
349
LEVASSEUR G., La responsabilité pénale du médecin, in Le médecin face aux risques et à la
responsabilité, éd. Fayard, 1968, P. 133 et suiv.
101
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
à son intégrité physique. Il accepte de subir un moindre mal pour un plus grand bien
éventuel.
B/ La volonté du patient :
286. Il faut rappeler qu’au nom de la dignité de la personne humaine, le patient n’a
pas le droit de disposer de son corps comme il l’entend, « comme il disposerait d’une
chose351 », et qu’il ne peut accepter n’importe quel soin. Par exemple, la dévitalisation de
dents saines pour poser un bridge est considérée comme une mutilation volontaire et
passible de mettre en cause la responsabilité du praticien.
350
Loi n° 94-653 du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain (JO du 30 juillet 1994).
351
PRIEUR S., La disposition par l’individu de son corps, Bordeaux : Les Études Hospitalières, coll.
« Thèses », 1999, p. 100.
102
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
352
Ou consentement à l’acte de soins.
353
GIRER M., op. cité, p. 50.
103
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
289. L'exécution du contrat de soins a pour effet de créer des obligations réciproques
entre les deux parties (Titre I). Ces obligations sont de deux ordres : les obligations de
conscience et les obligations de science. Les obligations de conscience (Chapitre 1) sont le
devoir d’information (Section I) et son corollaire le consentement (Section II) et
l’obligation au secret professionnel (Section III). Les obligations de science (Chapitre 2)
sont, pour le chirurgien-dentiste (Section I), l’obligation de qualité des soins (1), celle de
résultat et de sécurité (2) et celle de suivi thérapeutique (3). Le patient est lui aussi soumis
à des obligations (Section II) telles que l'obligation de collaborer aux soins (2) et celle de
rémunérer le praticien (1).
104
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
291. Le contrat de soins est régi par les principes fondamentaux de la médecine
libérale, comme l’énonce l’article R.4127-210 du CSP354 à savoir :
- Le libre choix du chirurgien-dentiste par son patient.
- La liberté des prescriptions par le chirurgien-dentiste.
- L’entente directe entre les deux parties en matière d’honoraires et le paiement direct
des honoraires par le patient à son praticien.
292. Pour que ce contrat soit valide, il faut qu’il ait un objet « certain », qui forme la
matière de l’engagement. L’objet est ce à quoi les contractants sont tenus. C’est l’article
1126 du CC qui le définit ainsi : « Tout contrat a pour objet une chose qu'une partie
s'oblige à donner, ou qu'une partie s'oblige à faire ou à ne pas faire ». Ce contrat de soins
est synallagmatique : il existe des obligations réciproques entre le chirurgien-dentiste et de
son patient. Ces obligations constituent l’objet du contrat.
- exister ;
- être déterminées ;
- être possibles ;
- être licites355.
294. Une partie de la doctrine soutient l'idée que dans le contrat médical, il coexiste
deux obligations : une obligation principale de soins, et une obligation accessoire de
sécurité356. Mais l'évolution de l'exercice des professions médicales a entraîné la
multiplication de bien plus d'obligations pour le praticien.
354
Ancien art. 7 du CDD.
355
Art. 1172 du CC: « Toute condition d’une chose impossible, ou contraire aux bonnes mœurs, ou
prohibéepar la loi est nulle, et rend nulle la convention qui en dépend ».
356
HOCQUET-BERG S., Obligation de moyens ou obligation de résultat ? A propos de la responsabilité
civile du médecin, Thèse, Paris XII, 1995.
105
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Le chirurgien-dentiste est tenu de donner des soins : cette obligation de soins est à la fois
d’ordre technique et d’ordre éthique358.
296. Il existe une obligation de qualité des soins. L’arrêt MERCIER du 20 Mai
1936359 dit que les soins doivent être « non pas quelconques, mais consciencieux, attentifs
et conformes aux données acquises de la science ».
297. Il en ressort également que le praticien n’est tenu qu’à une obligation de
moyens360 et non de résultat. Il n’a pas obligation de guérir le malade. Le praticien doit
faire preuve de diligence et de prudence, et l’absence de résultat ou de guérison ne peut
engager sa responsabilité.
357
Convention nationale des chirurgiens-dentistes du 11 mai 2006 destinée à régir les rapports entre les
chirurgiens-dentistes et les caisses d’assurance maladie
358
HOCQUET-BERG S., « Essai de synthèse sur la question de la responsabilité médicale ». Doctrine
juridique (blog)/ Civil/ Contrat & Responsabilité, 30 janvier 2001
359
Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936, concl. MATTER, rapport JOSSERAND, note E.P; S. 1937, I,
321.
360
Cass. civ. 1ère, 25 février 1997, Bull. civ., I, n° 72.
361
C. de Cass civ, 1 ère , 27 janvier 1960, B.c./ C., Juris-data n° 000059.
106
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
362
C.E., 15 décembre 1993, B., req. n° 129277, Juris-data n° 048355.
363
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé
364
Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936, concl. MATTER, rapport JOSSERAND, note E.P; S. 1937, I,
321.
365
Cass. civ. 1ère, 6 juin 2000, J.C.P., 2000, II, 10447, note MÉMETEAU G, L’obligation pesant sur un
médecin est de donner à son patient des soins conformes aux données acquises de la science à la date
des soins.
366
Ancien art. 8 du CDD.
107
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
leur non appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminées, leur handicap
ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard ».
303. Tout le monde a le droit de recevoir des soins, selon l’article L. 1110-5 du CSP
qui dit que « toute personne a, compte tenu de son état de santé et de l’urgence des
interventions que celui-ci requiert, le droit de recevoir des soins les plus appropriés et de
bénéficier des thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure
sécurité sanitaire au regard des connaissances médicales avérées. Les actes de prévention,
d’investigation ou de soins ne doivent pas, en l’état des connaissances médicales, lui faire
courir des risques disproportionnés par rapport au bénéfice escompté ».
Le patient a le droit d’exiger des soins de qualité, selon les articles R. 4127-204367 et R.
4127- 238368 du CSP. Les connaissances avérées que demande le législateur sont corrélées
par l’obligation de formation continue du praticien. Et il faut supposer que le praticien les
connaît et les pratique de manière courante.
304. De même, toute ségrégation pour motif économique doit être écartée et le
chirurgien-dentiste ne doit pas tenir compte des critères sociaux économiques pour le choix
d’un traitement : il doit s’en tenir aux soins conformes aux données acquises de la science.
Il ne doit pas choisir un traitement en fonction des possibilités financières de son patient :
une décision de la Cour de cassation réprouve le fait qu’un chirurgien-dentiste a adapté son
traitement aux possibilités de sa patiente, en concluant « […] que, se fondant sur un
rapport d’expertise judiciaire concluant à un manquement aux règles de l’art, le tribunal
de grande instance a retenu la responsabilité du praticien au motif que l’extraction des
trois dents était contre-indiquée et qu’il aurait fallu réaliser une prothèse fixe ; que l’arrêt
attaqué, tout en admettant que les conclusions de l’expert judiciaires étaient exactes, a
néanmoins infirmé le jugement et écarté toute faute du chirurgien-dentiste au motif que
l’expert avait occulté le problème de la prise en charge financière de la prothèse fixe et
qu’il avait donné des soins adaptés aux possibilités financières de Mme M.;
367
Ancien art. 3-1 du CDD.
368
Ancien art. 31 du CDD.
108
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Attendu qu’en statuant ainsi alors que de telles considérations ne pouvaient autoriser un
praticien à dispenser des soins non conformes aux données acquises de la science, la Cour
d’Appel a violé les textes susvisés369 ».
SECTION I : L’INFORMATION.
306. L’obligation d’information prend une place de plus en plus importante dans la
mise en cause de la responsabilité professionnelle du praticien. La dernière décision de la
Cour de cassation en date du 3 juin 2010372 le montre tout à fait, en admettant l’existence
d’un préjudice moral spécifique et indemnisable lié au défaut d’information, en vertu de
l’article 1382 du Code civil. Cette décision marque un renversement de la jurisprudence
relative à l’indemnisation du défaut d’information qui ne représentait jusqu’ici, qu’une
perte de chance373. Le défaut d’information deviendrait-il une faute, en relevant de la
responsabilité délictuelle, en vertu de l’article 1382 du Code civil ? Il faut espérer un
369
Cass. Civ. 1 ère , 19 décembre 2000, n° 99-12.403, Juris-data n° 007494; Bull. civ., I, n° 331; Droit
et patrimoine, n° 366, 31 janvier 2001.
370
To cure (angl.) : soigner dans sa dimension thérapeutique.
371
To care (angl.) : prendre soin.
372
Cass. civ. 1ère, 3 juin 2010, n° 09.13. 591
373
Cass. civ. 1ère, 3 décembre 2007, n° 6-19301 : « le seul préjudice indemnisable à la suite du non respect
de l’obligation d’information du médecin, laquelle a pour but d’obtenir le consentement éclairé du
patient, est la perte de chance d’échapper au risque qui s’est finalement réalisé ». D 2008. jur. 192, note
P. SARGOS, pan. 2894, et obs. P. BRUN et P. JOURDAIN ; RTD civ. 2008 . 303, obs. P. JOURDAIN,
et 272, obs. J. HAUSER.
109
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
1. LE PRATICIEN.
309. L’arrêt de la Cour de cassation du 20 janvier 1987379 définit les qualités de cette
information, le contenu et la façon de la délivrer et de s’assurer qu’elle a bien été comprise
374
Cass. req. 28 janvier 1942, TEYSSIER, Gaz. Pal ., 1942, 1, p. 177 ; D. 1942, p.63
375
FABRE-MAGNAN M., « De l’obligation d’information dans les contrats, Essai d’une théorie. »,
L.G.D.J., 1992, préface GHESTIN J.
376
L’article R. 4127 du CSP (ancien art. 33 du CDD) prévoit l’établissement préalable d’un devis écrit
que le chirurgien-dentiste remet, lorsque le traitement proposé est d’un coût élevé.
377
Arrêt HOFFMANN 17/11/90 «l’avertissement préalable constitue une obligation professionnelle
d’ordre général, antérieure à l’intervention médicale ou chirurgicale et distincte de celle-ci: étant
ajouté que l’information «est d’autant plus impérieuse que l’intervention chirurgicale proposée n’a
pour objet que de remédier à une légère imperfection physique»;
Arrêt du 4 Mai 1970 «Connaissant les conséquences graves pouvant découler d’un tel traitement (le
praticien) avait l’obligation de prévenir son patient et de le mettre à même d’accepter ou non de
courir les risques».
Arrêt GUIDI du 20 Janvier 1987: «Il y a lieu de distinguer entre les risques qui sont inhérents à une
intervention chirurgicale ou à une anesthésie – et que le praticien quoique tenu de recueillir le
consentement éclairé du malade, n’est pas obligé de porter à sa connaissance s’ils ont encourus par le
malade du fait de l’affection elle-même dont il souffre, risques qu’il importe au contraire de signaler,
en particulier dans le cas où il s’agit de mettre tout en œuvre pour éviter leur réalisation et même si
cette réalisation n’est pas fréquente».
378
REBECQ G., « L’information médicale du patient à la lumière de la loi du 4 mars 2002. », J. méd. lég.
dr. médical, juillet 2004, p. 83.
379
Cass. civ. 1ère du 20 janvier 1987, Bull. civ. I, n° 19
110
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
par le patient : « le praticien doit à la personne qu’il examine une information loyale,
claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Ainsi, tout
au long de sa maladie, le praticien doit tenir compte de la personnalité de son patient et
doit veiller à la bonne compréhension de ses explications ».
311. L’information du patient a valeur légale depuis la loi du 4 Mars 2002. Cette loi
transforme l’obligation du praticien en un droit du patient. L’article L. 1111-3 du CSP, issu
de cette loi, stipule que « toute personne a droit, à sa demande, à une information, délivrée
par les établissements et services de santé publics et privés, sur les frais auxquels elle
pourrait être exposée à l’occasion d’activités de prévention, de diagnostic et de soins et les
conditions de leur prise en charge. Les professionnels de santé d’exercice libéral doivent,
avant l’exécution d’un acte, informer le patient de son coût et des conditions de son
remboursement par les régimes obligatoires d’assurance maladie ».
313. L’ANAES a publié des règles de bonnes pratiques d’information des patients.
Nous citons qu’ « il est donc impératif que l’information du patient, en tant qu’elle permet
une prise de décision partagée, soit envisagée comme un élément d’une pratique médicale
normale et non pas pensée comme un élément contentieux permettant de produire des
arguments contre un patient qui se plaindrait de ne pas avoir été informé ou d’avoir été
mal informé382 ».
380
Cass civ. 1ère, 9 octobre 2001, Bull. civ., I, n° 249
381
C. de cass., 1ère civ, préc.
382
ANAES : Information des patients – Recommandations destinées aux médecins, p. 53.
111
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
a) L’information « simple ».
b) L’information « approximative».
Ce terme n’est pas employé comme synonyme d’imprécis, mais signifie la manière la plus
proche possible de la réalité, parce que les explications données ne sont pas complètes ou
exhaustives.
c) L’information « intelligible ».
Les mots employés doivent être adaptés au niveau intellectuel du patient auquel ils
s’adressent, pour que celui-ci comprenne bien ces informations.
d) L’information « loyale ».
L’information doit être faite sans tromperie. Le mensonge, source de dol, est juridiquement
source de nullité du contrat. Le praticien est tenu de dire la vérité à son patient, sauf
quand elle est dangereuse ou qu’elle peut avoir un effet préjudiciable, ainsi que l’indique
l’article R. 4127-242 du CSP384.
383
Cass 1er civ. 21 fév 1961 arrêt de principe (Dame ROUSSELIN, veuve AUGAMASSE). , Dal., 1961,
534 ; J.C.P., 1961, 12129, 2è esp., obs. SAVATIER R.
384
Ancien article 35 du CDD.
112
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
C’est là que la notion de confiance prend toute son importance, dans la relation humaine
qui s’établit entre le praticien et son patient. Et c’est ce paramètre qui n’est ni quantifiable,
ni analysable pour le juriste, dans l’établissement du contrat de soins que certains préfèrent
nier385.
316. Elle doit maintenant être loyale, claire et appropriée386, selon l’article R. 4127-
35 du CSP387/388.
317. Lorsque le geste opératoire peut entraîner des conséquences graves pour la santé
du patient, elle doit être totale389. Un pourcentage de risques de l’ordre de 2 à 3% est
suffisant pour que l’information soit nécessaire390.
B/ Le contenu de l’information391 :
385
GIRER M., op. cité.
386
Cass. civ. 1ère, 1er février 1961, JCP, 191, II, 12129, note SAVATIER R.
387
Ancien article 35 du Code de déontologie des médecins
388
Cass. civ. 1ère, 7 octobre 1998: l’information doit être loyale, claire et appropriée sur les risques graves
afférents aux investigations et aux soins proposés.
389
Cass. civ. 1re, arrêt du 14 janvier 1992 dit Le Quang : « En l’espèce « (le chirurgien) n’a commis
aucune faute opératoire et de tels accidents ne sont pas rares, mais il a commis la faute de ne pas
informer sa patiente des risques prévisibles que lui faisait courir cette intervention».
390
Cass. Civ. 1ère, arrêt du 5 mai 1981 GADINI-MORANT.
391
Cass civ. 1ère, 18 décembre 2002, Dalloz, 2003,I.R.253.
113
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
320. Mais l’ANAES conclue ainsi son rapport : « l’information doit être construite
non pas de manière individuelle par rapport à chaque intervenant professionnel de santé,
mais comme un élément d’un système de soins mis à la disposition du patient pour le
traitement dans des conditions optimales. Il serait donc nécessaire d’envisager
l’information du patient en termes d’organisation pour tenir compte du fait que cette
dernière émane de plusieurs sources et faire en sorte que ses différents éléments fassent
l’objet d’une synthèse392». Que devient alors la relation unique, le « colloque » singulier
entre le praticien et son patient ? La création d’un DMP393 favorisera sans doute une
meilleure prise en charge, ou une meilleure coordination entre les différents praticiens
et/ou spécialistes qui s’occupent d’un même patient. Le suivi dans le temps sera également
sans doute meilleur, mais il faudra veiller à ce que la somme des éléments contenus dans le
dossier ne nuise pas à la partie importante d’une consultation, à savoir l’interrogatoire du
patient, et le dialogue qui s’établit entre le patient et le praticien, moment privilégié qui
permet à une relation de confiance de s’établir. Aucun examen complémentaire, aucun
résultat d’analyse ne peut remplacer le fameux « sens clinique » du praticien, qui peut
parfois être faussé par toute une batterie d’examens complémentaires parfois inutiles et
coûteux.
321. Avant d’informer le patient, tous ses problèmes médicaux doivent être pris en
compte en amont, sinon on accroît les facteurs de risques qui peuvent aggraver le
pronostic.
392
ANAES : Information des patients – Recommandations destinées aux médecins
393
Le Dossier Médical Personnel.
114
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
322. Cette information doit permettre de regrouper un certain nombre de données qui
à leur tour permettent au praticien d’informer son patient, c'est-à-dire :
- de lui donner des explications sur sa maladie ou ses pathologies.
- de lui expliquer quelle peut être l’évolution habituelle, avec ou sans traitement.
- de lui dire ce que sont et comment se déroulent les examens nécessaires aux
investigations et les soins (thérapeutiques, interventions chirurgicales ou autres
alternatives).
- de définir l’objectif des traitements, leur utilité, les bénéfices escomptés.
- de lui indiquer quelles peuvent être les alternatives ou autres techniques possibles,
leurs conséquences et leurs inconvénients.
- de lui expliquer quelles sont les complications susceptibles d’apparaître, quels sont
les risques éventuels, y compris les risques exceptionnels394.
Il n’est pas facile d’avertir le patient de son état et de le prévenir de l’existence de ces
risques. Cela nécessite une adaptation, de la part du praticien, aux capacités intellectuelles
et psychologiques du patient395 ! Ce, d’autant plus que « le refus du risque médical est
devenu l’une des caractéristiques principales de la relation de soins contemporaine396 ».
Ce dernier devrait être averti de tous les risques prévisibles397, même si leur survenance est
exceptionnelle. Le chirurgien-dentiste doit donc être en mesure d’apprécier à sa juste
valeur l’équilibre entre risques et avantages, s’abstenir en cas de risque majeur, dissuader
son patient si le bienfait escompté est minime par rapport aux risques encourus.
394
Cass. civ. 1ère, 9 octobre 2001, n° 00-14564 .
395
Cass. civ. Ière, 23 mai 2000, JCP 2000 II 10343, rapp. SARGOS, décision pour laquelle la Cour de
cassation approuve la décision de la Cour d’appel d’avoir écarté la responsabilité du médecin qui
n’avait pas informé son patient d’une psychose maniaco-dépressive, en estimant que la limitation de
l’information avait été faite dans l’intérêt du malade.
396
GIRER M., Contribution à une analyse rénovée de la relation de soins- Essai de remise en cause du
contrat médical , Thèse de Droit, Lyon, 2005, p. 17.
397
Cass. Civ. 1ère, 3 janvier 1991, n° 89-19.544, Juris-data, n° 7000033.
115
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
On distingue :
- Les risques normalement prévisibles ;
- Les risques rares ;
- Les risques exceptionnels.
324. Une décision de la Cour de cassation sur les risques graves, en date du 7 octobre
1998, souligne l’importance de l’ « information claire loyale et appropriée sur les risques
graves afférents aux investigations et soins proposés ». L’information doit également porter
sur les risques inhérents à l’intervention et « l’obligation d’information ne concerne que
les risques liés à l’intervention qu’il préconise398.
325. L’article L 1111-2 du CSP traite des « risques fréquents ou graves, normalement
prévisibles », repris par une décision de la Cour de cassation en date du 20 juin 2000399
ayant jugé que l’information n’empêche pas la réalisation du risque. L’indemnisation d’une
partie du préjudice a été accordé, celui d’une perte de chance d’échapper au risque qui s’est
finalement matérialisé.
398
Cass. civ. 1ère, 17 février 1998, D.1998, J, 2 ; B. I n° 67 ; D 1998 IR 81 ; JCP 1998 IV note VINEY ;
RTD Civ 1998, 681 obs. JOURDAIN;
399
Cass civ. 1ère, 20 juin 2000, n° 98-23.046
116
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
éclairé du malade, n’est pas obligé de porter à sa connaissance les risques inhérents à une
intervention chirurgicale ou à une anesthésie si ces risques sont ceux qui ne se réalisent
qu’exceptionnellement […]400 ».
L’aléa thérapeutique :
328. Un arrêt du Conseil d’État du 05 janvier 2000403 précise que tout risque
susceptible d’entraîner 0,5 % à 1% d’invalidité doit être signalé.
329. Le patient doit pouvoir comprendre les techniques utilisées et le choix des
matériaux employés. Le praticien est tenu d’adapter ses explications et son vocabulaire aux
capacités intellectuelles de son interlocuteur. Il doit s’assurer que ses explications ont bien
été comprises.
400
Cass. civ. 1ère. 7 octobre 1998. n° pourvoi 97-10267; JCP 1998 II 10179 concl. SAINTE-ROSE, note
SARGOS ; Somm. 259 obs. .MAZEAUD ; RTD Civ. 1999, 111 obs. JOURDAIN.
401
Supra.
402
Cass. civ. 1ère, 8 novembre 2000, n° 99-11.735, Juris-data n° 2000-006741 ; Les Petites Affiches, 2000,
n° 241, p. 14, note PRIEUR S ; Bull. 2000, I, n° 287, p. 186 ; JCP G 2001, II, 10493, rapp. P SARGOS,
note F. CHABAS.
403
CE, 5 janvier 2000, « CONSORTS TELLE », et « AP-HP de Paris », D 2000, I.R., p. 28
117
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
330. 90% des conflits se situent sur un plan financier. Il est indispensable d’établir le
plan de traitement en y intégrant l’enveloppe financière et faire signer le devis par le
patient pour acceptation404. Ainsi, la Cour de cassation a sanctionné un chirurgien-dentiste
pour ses honoraires « spécialement élevés pour lesquels le patient n’avait pas reçu
d’information405 ».
331. Cette exigence est insérée dans le Code de la santé publique, dans son article L.
1111-3, et figure dans un arrêté du 17 octobre 1996 qui dit que « l’obligation de remettre
un devis détaillé conformément à l’article L 113-3 du Code de la consommation406 ».
Le dépassement d'honoraires :
404
HARICHAUX M., « Sur l’existence d’une obligation de renseignement sur les honoraires dans le
contrat medical. », RD sanit.soc., 1986, p. 220: l’auteur indique que la théorie des vices du
consentement lui apparaît adaptée à la sanction du défaut d’information sur les honoraires médicaux,
en l’absence d’établissement d’un devis sur les coûts de prestations de soins et de leurs conditions de
prise en charge par les caisses d’assurance maladie. La jurisprudence refuse néanmoins cette
interprétation, et considère le défaut d’information comme une faute professionnelle.
405
Cass. civ. 1ère, 18 juin 1970, Bull. civ. I, n° 210; J.C.P. 1970, IV, 211.
406
Pour le Code de la consommation, le patient est assimilé à un consommateur en matière de chirurgie-
esthétique. Le praticien a l’obligation de fournir un devis si ses honoraires dépassent 300 euros, ou si
l’intervention nécessite une anesthésie générale. Le Code de la santé publique instaure l’obligation de
fournir un devis, sans distinction de l’importance de l’acte.
407
Arrêté du 2 octobre 2008 fixant le seuil prévu à l’art. L. 1111-3 du CSP du montant du dépassement
d’honoraires à partir duquel le professionnel de santé doit obligatoirement remettre une information
écrite préalable au patient, JO du 11 octobre 2008
408
NOR SJSS0822741A.
118
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
333. Les caisses de sécurité sociale ont mis en place des systèmes afin de faciliter
l’information des usagers. Après le système « info soins » par téléphone, les caisses ont
mis en ligne les tarifs moyens pratiqués par les praticiens. C’est l’article L. 162 – I-II, 3ème
al, du Code de la sécurité sociale qui permet aux caisses de mettre en œuvre « des services
de conseils administratifs ou d’orientation» lesquels fournissent « tous éléments
d’information sur les tarifs d’honoraires habituellement demandés ».
334. En janvier 2007, la CNATMS avait lancé un service téléphonique qui permettait
aux assurés d’obtenir auprès de conseillers téléphoniques, les coordonnées des
professionnels de santé, des précisions sur leur secteur d’exercice409, une fourchette de
tarifs les plus pratiqués et le tarif moyen observé, le niveau de remboursement et de savoir
si le praticien prenait ou non la carte vitale.
335. L'article 18 quater A de la loi HPST410 introduit dans l'article L.IIII-3 du CSP
l'obligation pour le praticien de délivrer à son patient, de manière dissociée, le prix d'achat
de la prothèse qu'il lui pose. Cette obligation s'ajoute à celles qui existent déjà: la
convention nationale impose au praticien de fournir au patient un devis détaillé de l'acte
prothétique envisagé, la traçabilité qu'il doit effectuer, permet d'informer le patient au sujet
de la composition des matériaux et de l'origine de la prothèse, et les honoraires
prothétiques doivent être fixés avec « tact et mesure ».
336. L'acte prothétique est un acte global, d'ailleurs, cette notion de globalité des
actes est voulue par les caisses elles mêmes, dans l'application de la nomenclature des actes
prothétiques. Ces honoraires doivent tenir compte du travail de diagnostic, de celui de la
réflexion et de la conception de la prothèse, ainsi que du coût des matériaux utilisés, du
prix facturé par le prothésiste, ainsi que du prix horaires du cabinet.
409
Secteur I, secteur II, non conventionné.
410
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires, JO du 22 juillet 2009.
119
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
337. En ce qui concerne la réalisation de la prothèse, les différentes étapes telles que
la préparation des dents, les empreintes, les essayages, les ajustages, la pose et l'adaptation,
prennent plus ou moins de temps, en fonction non seulement de la complexité du travail,
mais aussi de la disponibilité du praticien et de son patient.
340. Elle comprend la prise en charge par les organismes d’assurances sociales et
éventuellement, la part de participation de la mutuelle du patient.
Certaines mutuelles demandent au patient que celui-ci leur communique le devis pour
acceptation, avant d’entreprendre un travail prothétique. On assiste là à une substitution du
rôle de contrôle de la caisse primaire d’assurance maladie, vers un droit de regard des
organismes complémentaires, parfois même, au mépris du secret médical.
341. Le praticien doit bien informer son patient du coût total des actes de soins et de
prothèses, et sur leur prise en charge ou non par la Caisse d’Assurance Maladie. Deux
411
ROCHÉ M., « Vente à la découpe. », éditorial, J.S.O.P., n° 9, novembre 2009, p. 5.
120
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
L’entretien individuel :
342. L’information orale est primordiale. Elle doit s’adapter à chaque cas qui est
personnel. Elle se fait en fonction des capacités intellectuelles du patient, et dans un climat
propice. Le praticien doit être très clair dans ses explications. Il doit s’assurer que le patient
l’a bien compris.
L'affichage d'honoraires :
343. Par décret du 12 février 2009414, l'affichage des honoraires est obligatoire pour
tous les professionnels de santé. Il concerne l'affichage des honoraires et des tarifs de
remboursement par l'assurance maladie. Il doit être visible et lisible dans la salle d'attente,
ou à défaut, dans le lieu d'exercice. Le chirurgien-dentiste doit communiquer le tarif de la
consultation, c'est-à-dire « au moins cinq des prestations de soins conservateurs,
chirurgicaux et de prévention les plus pratiqués ;
Et au moins cinq des traitements prothétiques et d'orthopédie dento-faciale les plus
pratiqués. »
412
Cass. civ. 1ère, 15 juin 2004, n° 02-12.539
413
Cass civ ; 1ère, 29 juin 2004, n° 02-19.445
414
Décret n° 2009-160 du 10 février 2009 paru au JO n° 0036 du 12 février 2009, relatif à l’information sur
les tarifs d’honoraires pratiqués par les professionnels de santé, pris en application de la loi de
financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2008 qui vise à améliorer l’information sur les honoraires
par une information préalable délivrée aux patients précisant le tarif des actes effectués ainsi que le
montant du dépassement facturé. Le praticien doit ainsi afficher de façon visible et lisible dans sa salle
d’attente ou à défaut dans son lieu d’exercice les informations relatives à ses honoraires y compris les
dépassements facturés.
121
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
344. C'est la DGCCRF415 qui est chargée de contrôler dans les cabinets dentaires, la
bonne application de ce décret. L’absence d’affiche ou un affichage déficient peut donner
lieu à des sanctions administratives pouvant aboutir à une amende de 3000€. Il faut sans
doute regretter que l’Ordre, garant de la profession, ne soit pas responsable ou au moins,
organisateur de ce contrôle.
La fiche d’information :
346. Comment prouver que le patient a été capable de bien comprendre les risques
possibles ou les suites éventuelles de l’intervention qu’il va subir, surtout si les termes
techniques ne lui sont pas familiers ou peu compréhensibles ? Le praticien a le devoir
d’adapter son vocabulaire en fonction du niveau intellectuel de son patient, afin que celui-
ci puisse comprendre ses explications. Les fiches standardisées ou documents « types » ne
sont pas toujours compréhensibles par tous.
347. La signature systématique d’un document n’est pas souhaitable : elle peut
engendrer une certaine suspicion, voire, un doute dans la relation entre les deux parties. Et
ce n’est qu’une preuve relative de son consentement. D’ailleurs, la Cour de cassation a
415
Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes
416
Arrêt Cour de cass; 29 mai 1984: «Sauf circonstances particulières dont l’existence n’est pas constatée
en l’espèce, il ne saurait être exigé d’un médecin qu’il remplisse par écrit son devoir de conseil».
417
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé, Journal
Officiel de la République française, 5 mars 2002
418
Art. L 1111-2 du CSP.
419
Cass. civ. 1ère, 18 mars 2003, n° 01-15711
122
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
jugé conforme, dans un arrêt du 18 mars 2003, l’absence d’obligation d’information par
écrit420.
Le site en ligne :
349. La création d’un site Internet doit répondre à plusieurs critères, dont, le strict
respect du Code de déontologie dentaire. À savoir que ce site ne peut être un site
publicitaire. Un site ne peut donc être que la transposition sur Internet des articles R. 4127-
216 et R. 4127-218 du CSP421, permettant la communication de renseignements sur
l’activité du chirurgien-dentiste, sans que ces renseignements ne puissent être considérés
comme des éléments publicitaires. Le chirurgien-dentiste est pleinement responsable de
toutes les informations qu’il publie sur son site professionnel422.
420
Cass. civ. 1ère, 18 mars 2003, n° 00- 115.196, n° 427 F-D.
421
13 et 14 du Code de déontologie dentaire
422
Les principales règles contenues dans la charte pour la composition du site :
Présentation du chirurgien-dentiste :
• Nom, prénom du propriétaire du cabinet ou de chaque praticien en cas d’exercice en
société, du ou des collaborateurs en cas d’exercice libéral
• Adresse du cabinet dentaire
• Adresse mail du titulaire du site, avec avertissement sur l’absence de confidentialité ; elle
sera obligatoirement libellée de la façon suivante : « dr.dupont.jean@chirurgiens-dentistes.fr » ou
dupont.jean@chirurgiens-dentistes.fr, (telle que délivrée par le CNO) ;
• Numéro d’inscription à l’ordre.
Sont autorisées :
• la date de naissance
• la photo d’identité récente, prise selon les normes en vigueur pour les papiers d’identité
officiels ;
Titres et qualifications professionnels :
• Qualité et spécialité éventuelle (ODF>)
• Titres et fonctions reconnus par le Conseil national de l’Ordre
• Lien renvoyant sur le site public du Conseil national
Présentation du cabinet :
• L’accès (plan, moyens d’accès tels que parkings, accès handicapés, ascenseur)
• Les n° de téléphone et de fax,
• Les jours et heures de consultation
123
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Présentation de l’exercice :
• Situation en regard de la convention nationale avec les organismes de l’assurance maladie
• Le droit à dépassement
• la mention du non conventionnement, si besoin est,
• la mention d’une adhésion à une association de gestion agréée
•
Les seuls liens autorisés:.
• Le site du conseil national de l’Ordre : www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr
• l’annuaire des chirurgiens-dentistes, mis en ligne par le conseil national de l’Ordre,
consultable à www.annuaire .chirurgiens-dentistes .fr
423
www.oncd.org lettre du 1er octobre 2004, ou sur le site www.promopixel.com
424
La HON, créée en 1995, est l’organisation non gouvernementale de référence en matière de promotion
et de mise à disposition de l’information en ligne sur la santé et la médecine, accréditée par le conseil
économique et social des Nations Unies. Son but est de protéger les citoyens, d’informations de santé
trompeuses.
124
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
et mis en place en juin 2007 : le site www.ameli.fr de la Sécurité Sociale a voulu informer
le grand public des tarifs les plus courants pratiqués par les chirurgiens-dentistes. Mais il
faut savoir que le site a été mis en place sans consultation préalable des praticiens
concernés.
353. En réponse à ce site, la CNSD425 a créé à son tour un site Internet, le site
www.infosoins.fr. Ce site est mis à la disposition des patients pour leur donner toutes les
informations utiles au sujet des soins dentaires : des informations administratives, ainsi que
des moyennes statistiques personnalisées des honoraires pratiqués sur certains actes
prothétiques et d’orthodonties. La page d’accueil du site insiste sur l’importance de la
notion de confiance, car « la confiance est assurément un pilier déterminant du contrat de
soins et de la relation personnelle, médicale et humaine entre le chirurgien-dentiste et ses
patients, encore libres de leur choix426 ».
Mais il est à craindre que le choix du patient soit plus influencé par des critères
économiques que des critères médicaux.
b) La preuve de l’information.
354. Auparavant, illustré par un arrêt rendu en 1951, la Cour de cassation estimait
que c’était au patient de « rapporter la preuve » que le médecin ne l’avait pas informé des
risques inhérents à l’intervention subie427. Elle se basait sur l’article 1315, alinéa 1 du Code
civil qui disait que « quiconque réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver ». Il
est évident qu’il était quasiment impossible au patient de rapporter cette preuve, puisque la
plupart du temps, il était ignorant en matière médicale428.
425
La Confédération Nationale des Syndicats Dentaires.
426
infosoins.fr
427
Cass. 1reciv., 29 mai 1951, Bull. civ. I,n° 162; D. 1952, 53, note SAVATIER R. ; S. 1953, 41, note
NERSON R.
428
PORTES L., « Du consentement à l’acte médical. », in À la recherche d’une éthique médicale : il y
écrit qu’«il apparaît que le patient en tant que tel n’arrive jamais à la connaissance claire et distincte
de sa maladie», p. 163.
429
Cass. 1re civ., 25 févr. 1997, HEDREUL, JCP 1997, éd. G., I, 4025, n°7, obs. VINEY G. ; JCP 1997,
éd. G. II, 22492, rapport SARGOS P. Contrats, c. consom. 1997, chrn. 5, LEVENEUR L. ; Resp. civ.
125
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
« le médecin est tenu d’une obligation particulière d’une information vis-à-vis de son
patient et qu’il lui incombe de prouver qu’il a exécuté cette obligation ». C’est désormais
au praticien d’apporter la preuve qu’il a bien donné les informations nécessaires. Cet arrêt
a profondément bouleversé le droit médical en matière de responsabilité professionnelle.
La relation de confiance s’en trouve parfois tachée de défiance et lorsque la situation se
dégrade entre le praticien et son patient, il est difficile de revenir en arrière.
356. Deux arrêts de la Cour de cassation430 précisent que cette preuve peut être
rapportée par tous moyens :
- par des écrits, mais le praticien n’est pas tenu de faire par écrit son devoir
d’information431. L’écrit est encore le moyen le plus efficace pour garder une trace de
l’information donnée et servir de preuve.
- par des témoignages de l’assistante, des proches présents pendant les entretiens et
les soins, des patients qui peuvent se trouver dans le cabinet dentaire ou d’autres personnes
(livreurs, prothésiste, femme de ménage, etc.)
- grâce au dossier médical qui rassemble tous les éléments tels que la fiche du
patient, les certificats, les devis, l’interrogatoire, les comptes rendus d’examens
complémentaires, les courriers aux confrères432, les facturations, les plans de traitements et
éventuellement, les décharges et les refus de soins.
- par un faisceau de présomptions que sont le nombre de rendez-vous, la durée de ces
rendez-vous, notés sur le carnet de rendez-vous que le praticien a intérêt à conserver durant
le temps de son exercice professionnel. En effet, en croisant toutes ces données, il est
possible de mettre en évidence l’adhésion du patient à un traitement plus ou moins
complexe et il paraîtrait bien étrange qu’il nie ne pas avoir été informé.
358. Du point de vue juridique, le praticien doit la vérité à son patient. Mais dans la
pratique médicale, il n’est pas toujours possible de lui dire toute la vérité. Le devoir
d’humanité, défini dans le Code de déontologie, est parfois incompatible au devoir
juridique d’information. En effet, le défaut d’information constitue une faute juridique, car
il prive le patient d’un choix et peut perdre la chance d’éviter un risque dont il n’a pas été
prévenu. La Cour de cassation le rappelle, dans un arrêt du 7 décembre 2004433 en disant
que « la violation d’une obligation d’information ne peut être sanctionnée qu’au titre
d’une perte de chance subie par le patient d’échapper par une décision peut-être plus
judicieuse au risque qui s’est finalement réalisé : le dommage correspond alors à une
fraction des différents chefs de préjudice subis qui est déterminée en mesurant la chance
perdue et ne peut être égale aux atteintes corporelles résultant de l’acte médical ».
2. LE PATIENT.
433
Cass. civ. 1ère, 7 décembre 2004, n° 02-10957.
127
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
A/ Le délai de réflexion :
360. Le délai de réflexion est emprunté au droit de la consommation, dans les articles
L. 311-8 et suiv. qui imposent au marchand de maintenir son offre pendant le délai de
réflexion dont dispose l’acheteur. Il est assorti du droit de rétractation grâce auquel la
responsabilité du consommateur ne peut être mise en cause. Ce droit de rétractation est
unilatéral.
361. Dans le domaine de la santé, le Code de la santé publique prévoit cette notion de
délai de réflexion dans les cas de l’interruption de grossesse434, de la procréation
médicalement assistée435 et de la stérilisation contraceptive436, domaines forts éloignés de
celui de la chirurgie-dentaire.
362. Comme le coût des soins dentaires peut être élevé, surtout dans le domaine
prothétique, et parce que la prise en charge des caisses d’assurance maladie et des
assurances complémentaires est souvent insuffisante, les usages veulent qu’un délai de
réflexion soit nécessaire entre l’établissement du devis et l’accomplissement des soins. Il
devrait être proportionnel à l’importance du traitement mis en œuvre. Ce délai de réflexion
est d’ailleurs nécessaire pour une autre raison que la raison financière : il permet au patient
de réfléchir au sujet de son plan de traitement, afin de pouvoir donner son consentement
libre et éclairé.
Mais il faut savoir que l’arrêt du Conseil d’État du 27 avril 1998 a estimé que l’obligation
du délai de réflexion viole le principe de liberté contractuelle437.
434
Article L. 2212-5 du CSP.
435
Article 2141-10 du CSP.
436
Articles L. 2123-1 et L. 2123-2 du CSP.
437
CE, 27 avril 1998, « CORNETTE de ST CYR », n° 184473, LEBON, comm., n° 15, p 22, note G.
RAYMOND ; Contrats conc. consomm, 1999, chron., p .4, n. A CATHELINEAU
128
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Le cas de l’urgence :
363. L’information peut parfois ne pas pouvoir se faire dans les cas d’urgence. Cette
situation peut se rencontrer en cas d’incident ou d’accident peropératoire, lorsque le patient
n’est plus conscient438.
C/ Le refus d’information :
364. Le patient est parfois amené à refuser l’information, soit dans la crainte d’un
diagnostic ou d’un pronostic péjoratif, soit par un certain désintéressement ou soit parce
qu’il fait entièrement confiance au praticien.
365. La possibilité de refuser l’information médicale n’est apparue dans les textes
règlementaires qu’à partir de la loi du 4 mars 2002. C’est le nouvel article L. 1111-2 du
CSP qui permet au patient de refuser d’être informé, car « la volonté d’une personne d’être
tenue dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic doit être respectée ». Il faut noter
que ce texte ne parle pas des conséquences, ni des risques de ce refus, même en cas de
grave pathologie. « Tout le monde peut renoncer à être informé », et cela ne concerne pas
que le malade.
D/ Le suivi de l’information :
438
CHABRUN-ROBERT C., « De la nécessité thérapeutique à la nécessité médicale : le nouvel article
16-3 du code civil. », Responsabilité. 2001, n° 1, p. 29.
129
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
367. L’information a posteriori est une notion qui apparaît dans la loi n° 2002-303 du
4 Mars 2002. Lorsqu’un risque apparaît postérieurement à un acte ou une intervention,
« l’information doit lui [le patient, ou ses ayants droit en cas de décès] être délivrée dans
un délai de 15 jours à compter de la découverte du dommage ou de la demande
expresse439 ».
368. En fait, il suffit légalement que le patient « s'estime » victime, pour qu'il ait droit
à un entretien dans ces délais impartis. Le législateur a voulu par là, mettre fin à la fois au
paternalisme médical, mais aussi au « mur du silence » parfois confraternel, entre deux ou
plusieurs praticiens. Cette obligation d'information a posteriori est renforcée par l'article
L.1413-14 du CSP440 qui dit que « Tout professionnel [...] ayant constaté ou suspecté la
survenue d'un accident médical, d'une infection iatrogène, d'une infection nosocomiale ou
d'un événement indésirable associé à un produit de santé doit en faire la déclaration à
l'autorité administrative compétente ».
369. Cette information a posteriori est également facilitée, pour le patient, par la
possibilité d’accès direct à son dossier médical. En effet, l’article L.1111-7 du CSP permet
au patient de consulter directement, ou par l’intermédiaire d’un médecin, son dossier
médical. Le contenu de ce dossier est précisé dans l’article R. 710-2, al.2 du CSP.441
370. Le chirurgien-dentiste dispose d’outils fournis par l’ANAES pour lui permettre
de s’auto-évaluer. Ce sont des référentiels d’évaluations qu’il peut trouver sur le site de la
HAS et utiliser pour valider sa pratique, s’il le désire442.
439
Article L. 1142-4 du CSP.
440
Issu de la loi du 4 mars 2002.
441
Issu du décret n° 2002-637 du 29 avril 2002 relatif à l’accès aux informations personnelles détenues par
les professionnels et les établissements de santé en application des articles L. 1111-7 et L. 112-1 du CSP,
JO du 30 avril 2002.
442
ANAES : Information et consentement du patient majeur et non sous tutelle dans le cadre de l’exercice
libéral. Rapport 2004
ANAES: Information et consentement du patient majeur et non sous tutelle dans le cadre de l’exercice
libéral. Référentiel 2004.
ANAES: Information et consentement du patient majeur et non sous tutelle dans le cadre de l’exercice
libéral. Application informatique.
130
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
1. LE CONSENTEMENT DU PRATICIEN.
Ce sont les trois articles suivants, du Code de déontologie dentaire, qui octroient cette
possibilité au praticien :
1. l’article R.4127-232 du CSP444 qui indique qu’ «Hors le cas d’urgence et celui où il
manquerait à ses devoirs d’humanité, le chirurgien-dentiste a toujours le droit de
refuser ses soins pour des raisons personnelles ou professionnelles, à condition:
1°) De ne jamais nuire de ce fait à son patient ;
2° De s’assurer de la continuité des soins et de fournir à cet effet tous renseignements
utiles.
Le chirurgien-dentiste ne peut exercer ce droit que dans le respect de la règle énoncée à
l’article R.4127-211 ».
2. l’article R.4127-211 du CSP445 qui dit que « Le chirurgien-dentiste doit soigner
avec la même conscience tous ses patients, quels que soient leurs origine, leurs
443
CROIZÉ G., « Information et consentement » in Les grandes décisions du droit médical, ss dir. VIALLA
F. L.G.D.J., Paris : Lextenso, 2009, p. 130.
444
Ancien art. 26 du CDD.
131
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
374. La notion d’urgence est relative. La vraie urgence médicale, c’est quand le
patient est en état de détresse et que ses fonctions vitales sont atteintes. Si l’on se base sur
cette définition, il n’y a pratiquement pas d’urgence en dentaire, sauf accident survenant au
cours d’un soin. Mais les douleurs dentaires sont parmi les douleurs les plus insupportables
et le patient vit parfois très mal le fait de ne pas être reçu « en urgence » alors qu’il souffre.
S’il ne peut être pris rapidement, il considère parfois que le praticien a refusé de le soigner.
2. LE CONSENTEMENT DU PATIENT.
445
Ancien art. 8 du CDD.
446
Ancien art ; 59 du CDD.
447
Article 223-6, alinéa 2 du Code Pénal.
448
Cour de Cass., Chambre Criminelle, arrêt du 15 Mars 1961.
449
Cass. Civ., 29 mai 1951; Dal., 1952, 43, note SAVATIER R. ; J.C.P., 1951,6421, obs. PERROT;
R.T.D.C., 1951, 508, obs. MAZEAUD H. et L. ; G.P., 1951, II, 114.
132
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
376. Cette notion réapparaît dans la loi n° 94-629 du 25 juillet 1994, qui intègre
l’article 16-3 al.2 du Code civil et qui dit que « le consentement de l’intéressé doit être
recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention
thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir ».
378. Le patient hors d’état de consentir est celui sur lequel le praticien intervient sous
anesthésie générale. La découverte, au cours d’une intervention banale, d’une affection
grave ou d’un pronostic mauvais, n’exonère pas le praticien de la nécessité d’informer son
patient, lequel est alors réanimé.
450
Qui dit que « chacun a droit au respect de son corps »et que « le corps humain est inviolable ».
451
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé, JO du 5
mars 2002
133
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
381. Le consentement est un droit du patient, consacré dans le CSP, dans son article
L. 1111-4 qui affirme qu’ « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué
sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à
tout moment ». Il est indissociable de tout projet de soins. Le contrat ne peut se former que
lorsqu’il y a échange de consentements. Ce consentement a une double fonction: il est
indispensable à la formation du contrat de soins et il conditionne l’exécution de ce
contrat452.
A/ La réalité du consentement :
382. Ce sont le Code civil et le Code de la santé publique qui définissent la valeur du
consentement, dans le cadre du contrat de soins. Tout acte de soins suppose le
consentement de la personne concernée, ainsi que le stipule l’article 16.3 du Code civil qui
dit qu’« Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité
médicale pour la personne. Le consentement de l’intéressé doit être recueilli
préalablement, hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à
laquelle il n’est pas à même de consentir ».
383. Le patient n’est pas libre de disposer de son corps comme il l’entend, au nom du
principe d’indisponibilité du corps humain, et son consentement aux soins est encadré par
la réglementation, car « ce n’est (…) pas le consentement du malade qui justifie l’atteinte à
l’intégrité corporelle mais l’autorisation de la loi453 ».
384. Ce consentement doit être valable sous peine de nullité du contrat454. L’article
L.1111-4 du CSP reprend cette exigence de consentement en disant qu’« aucun acte
médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de
la personne, et ce consentement peut être retiré à tout moment », exigence qu’illustre la
jurisprudence455.
452
ARCHER F., Le consentement en droit pénal de la vie humaine, Éd. L’Harmattan, 2003, n° 264 et suiv.
453
NEIRINCK C., « Consentement à l’acte médical, analyse juridique. », in L’acte médical et les droits du
malade, ss dir. Claire NEIRINCK, coll. « Droit et médecine », Presse de l’université des sciences
sociales de Toulouse, p. 99.
454
V. fasc. spécial Droit de la santé : «Le consentement aux actes médicaux. », 1, 5 janv. 1999.
455
C. de cass., 1ère, 22 mai 2002, R.D.S.S., 2002, 483, obs. L. DEBOUIS.
134
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
385. Il faut noter qu’une certaine confusion existe quand à ce que représente le
consentement. L’existence du contrat de soins nécessite la rencontre de deux volontés,
celle du chirurgien-dentiste et celle du patient qui vient le consulter. Le consentement des
deux parties au contrat est une des conditions de validités de ce contrat456. Le contrat de
soins trouve donc sa formation dès lors que le patient prend contact avec le cabinet
dentaire pour prendre rendez-vous. Il marque ainsi son consentement au contrat de soins457.
Lorsque le praticien, ou tout autre membre de personnel du cabinet, accepte de donner un
rendez-vous, c’est l’expression du consentement du praticien au contrat de soins.
387. Le praticien n’a pas tout pouvoir pendant toute la durée du traitement. Il doit
rechercher l’assentiment du patient à chaque étape du traitement. Il doit également
entretenir la confiance du patient qui donne son consentement en gage de cette confiance.
L’assentiment aux soins est donc lié à l’exécution du contrat de soins, et non pas à sa
formation.
B/ Qualité du consentement :
Pour que ce consentement soit valable, il doit remplir trois conditions : il doit être
libre, éclairé et conscient.
456
Art. 1108 du CC
457
NEIRINCK C., « Consentement à l’acte médical, analyse juridique. », in L’acte médical et les droits du
malade, ss dir. Claire NEIRINCK, coll. « Droit et médecine », Presse de l’université des sciences
sociales de Toulouse, p. 132.
458
Art. 16 du CC.
135
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Le consentement « libre » :
388. Le consentement doit être donné librement, sans aucune contrainte, comme
l’indique l’article 1109 du Code civil qui dit qu’« Il n’y a point de consentement valable, si
le consentement n’a été donné que par erreur, ou s’il a été extorqué par violence ou surpris
par dol ». La responsabilité du praticien peut être mise en cause en cas de pression
anormale, mensonges et violences morales459.
389. La violence ou la contrainte ne sont pas forcément physiques, mais peuvent être
aussi morales, ainsi que l’énonce le Code civil dans son article 1112, alinéa 1 : « il y a
violence lorsqu’elle est de nature à faire impression sur une personne raisonnable et
qu’elle peut lui inspirer la crainte d’exposer sa personne ou sa fortune à un mal
considérable et présent ».
Le consentement « éclairé » :
391. Pour donner son consentement, le patient doit comprendre les explications que
le praticien lui donne : c’est ce que l’on appelle le consentement « éclairé » ; ce que
l’article L.1111-4 du SCP indique en disant qu’ « aucun acte médical ni aucun traitement
ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne, et ce
consentement peut être retiré à tout moment ».
459
C. de Cass., 1 ère, Arrêt du 28 Décembre 1954.
460
NEIRINCK C., « Consentement à l’acte médical, analyse juridique. », in L’acte médical et les droits du
malade, ss dir. Claire NEIRINCK, coll. « Droit et médecine », Presse de l’université des sciences
sociales de Toulouse, p. 91.
136
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
La Cour de cassation précise que « le praticien doit employer une expression simple
approximative, intelligible et loyale, permettant au malade de prendre la décision qu’il
estime s’imposer461 ».
392. L'exigence d'un consentement éclairé trouve sa source dans les textes ci-après :
- la Convention des droits de l'Homme et de la biomédecine462 ;
- les déclarations de l'OMS ;
- la déclaration de 1994 sur la promotion des droits des patients en Europe463 ;
- les Codes de déontologie médicale et dentaire, inclus dans le CSP ;
- les recommandations de l'ANAES et de la HAS ;
- l'article 16-3, al.2 du CC.
Ce consentement éclairé sous entend la possibilité pour le patient de refuser un soin ou une
intervention464.
Le consentement conscient :
393. Le consentement doit être conscient. Dans le cas où le patient est hors d’état
d’exprimer sa volonté du fait, par exemple, d’une anesthésie ou d’une perte de
connaissance, seule la présence d’un péril grave et imminent nécessitant une décision
d’urgence ne pouvant être différée, peut être de nature à excuser l’absence de
consentement.
394. L’article L.1111-4 du CSP énonce que : « Lorsque la personne est hors d'état
d'exprimer sa volonté, aucune intervention ou investigation ne peut être réalisée, sauf
urgence ou impossibilité, sans que la personne de confiance prévue à l'article L.1111-6, ou
la famille, ou à défaut, un de ses proches ait été consulté. Lorsque la personne est hors
d'état d'exprimer sa volonté, la limitation ou l'arrêt de traitement susceptible de mettre sa
461
Cass. civ. 1ère, 21 février 1961, JCP 1961, II, n° 12229
462
Dans son art. 5
463
BENMANSOUR N. et MICHELET H., « Le consentement éclairé et le droit international de la santé.
», La lettre, n°22, décembre 2000, pp. 30-31.
464
Mais un arrêt du CE du 26 octobre 2001 a jugé que le médecin n'a pas commis de faute en ne
respectant pas la volonté du patient, pour lui avoir administré une transfusion sanguine contre sa
volonté, car «l'obligation faite au médecin de toujours respecter la volonté du malade en l'état de
l’exprimer (...) trouve sa limite dans l'obligation du médecin de protéger la santé, c'est à dire, en
dernier ressort, la vie de l'individu ».
137
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
vie en danger ne peut être réalisé sans avoir respecté la procédure collégiale définie par le
code de déontologie médicale et sans que la personne de confiance prévue à
l'article L.1111-6 ou la famille ou, à défaut, un de ses proches et, le cas échéant, les
directives anticipées de la personne, aient été consultés. La décision motivée de limitation
ou d'arrêt de traitement est inscrite dans le dossier médical ».
L’intégrité du consentement :
396. Il semble difficile d’évaluer dans quelle mesure le consentement d’une personne
peut être réel. En effet, il présente une limite qui n’est pas des moindres en cas de litige,
celle de la sincérité du patient.
La sincérité du consentement à l’acte de soins ne devrait pas pouvoir être mise en doute.
Certains éléments peuvent permettre de l’apprécier. Ce sont, entre autres, l’information
détaillée sur les prix, les prestations, le délai de réflexion et la possibilité de rétractation
même si les soins ont commencé.
397. Lorsque le patient est capable d’exprimer sa volonté, il peut tout à fait refuser
les soins qui lui sont proposés465. Monsieur Gérard MÉMETEAU rappelle qu’au nom du
principe d’intégrité de la personne humaine, « chacun a le droit de décider de ce qu’on
465
Art. L 1111-4 du CSP, al.2.
138
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
pourra faire à son corps et, partant, de refuser un traitement médical auquel il n’a pu
consentir466». Le praticien doit respecter ce refus, même si ce choix met la vie du patient
en danger. Mais cependant, il doit tout mettre en œuvre pour le faire changer d’avis, et
insister sur les conséquences de ce choix.
399. Le fait de donner ou non le consentement aux soins est un des droits
fondamental du patient qui lui permet d’être un véritable acteur dans la relation de soins469.
400. Dans le cas ou le refus de consentement met en jeu le pronostic vital du patient,
le médecin peut passer outre ce consentement, si les trois conditions suivantes sont
respectées :
- il faut que la vie du patient soit en danger.
- il ne faut pas qu’il existe une ou plusieurs autres alternatives thérapeutiques.
- il faut que les soins soient indispensables à la survie du patient, et proportionnés à
son état, c'est-à-dire que le praticien prenne en compte les bénéfices escomptés par rapport
aux risques encourus470.
466
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, op. cité, n° 502.
467
Art. L 1111-4 du CSP, al.3.
468
DREIFUSS-NETTER F., « Feue la responsabilité contractuelle du médecin ? », Resp. civ. et assurance,
oct. 2002, chrn. n°17, p.4
469
HERVE C. et MOUTEL G., « Accès aux soins, accès aux droits et éducation à la santé : les enjeux de la
prise en charge globale des patients. », Presse Méd., 2001, 30, 15 : 740-744.
470
CE, ass., 26 octobre 2001, Mme X, req. , n° 198546, JCP G 2002, II, 10025, note J. MOREAU ; JCP G
N° 15, 10 avril 2002, I, 128, jurisprudence constitutionnelle, par MATHIEU B. et VERPEAUX M.
139
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
402. Il semble que, dans une certaine mesure, la relation de confiance soit souvent
entachée de défiance, voire, de méfiance. Ce qui peut compromettre la relation de soins.
Normalement, c’est le patient qui choisit le praticien en fonction de la confiance qu’il lui
inspire474. Il est difficile de se dire que le patient pourrait choisir ce praticien uniquement
en raison de ses compétences techniques. Ce serait abonder dans le sens de ceux qui
veulent voir dans une attitude de consumérisme médical, l’abandon des valeurs
d’humanisme dans la relation de soins.
403. La preuve de l’existence du consentement à l’acte de soins peut se faire par tous
moyens, comme la production des notes d’honoraires, le carnet de rendez-vous, les
témoignages, les devis, le livre de comptabilité et les feuilles de soins475.
471
Art. L. 1111-6 du Csp.
472
Ce médiateur est la « personne de confiance ».
473
PITCHO B., op. cité, n° 324
474
AUBY J-M., PÉQUIGNOT H., SAVATIER R., Traité de droit médical, op. cit. n° 237.
475
Cass. civ. 1ère 20 décembre 2000, Dalloz, 2001, 407 : au sujet de la preuve du paiement par la signature
de la feuille de soins.
140
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
406. L’article 16-3 du Code civil pose le consentement comme la condition préalable
à l’atteinte au corps humain. L’article L. 1111-4 al. 1er du CSP va beaucoup plus loin dans
le rôle décisionnaire du patient : non seulement, celui-ci consent, mais il décide lors d’un
dialogue qui « présume la présence de deux experts dans la consultation, le médecin qui en
connaît plus sur les médicaments, sur les traitements, et le patient qui est l’expert de ses
priorités, seul en mesure de se prononcer sur ce qui est décisif pour lui entre, notamment,
la qualité de sa vie et la quantité de vie479 ». Le patient acquiert alors un rôle beaucoup
476
Cass. 1ère civ. 24 janvier 2006, n° 04-16837
477
Les travaux ont été interrompus à l’initiative du patient: le praticien avait prévu un bridge complet, le
patient, en cours de réalisation, a voulu 4 bridges séparés, ce que le praticien a finalement fait, et une des
molaires en céramique s’est fracturée. Le patient a donc interrompu les soins et mis en cause la
responsabilité du praticien.
478
SABEK M., « Conception prothétique et devoir d’information. », Le CDF, 2006, n°9, p. 454.
479
LAUDE A. et al., Droit de la santé, PUF, coll. « Thémis Droit », 2007, p. 352.
141
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
407. Le secret médical, en chirurgie dentaire, n’est que le cas particulier du secret
professionnel. Il tient sa spécificité, par rapport au secret médical et au secret en général,
du Code de déontologie dentaire, inclus dans le Code de la santé publique et qui lui est
propre.
1. GENERALITES.
408. Le secret est l’ensemble des connaissances et des informations qui doivent être
réservées à quelques uns et que le détenteur ne doit pas révéler480.
409. Le secret médical est un droit du patient qui a été réaffirmé par la loi du 4 mars
2002. En effet, l’article L. 1110-4 du CSP, issu de la loi du 4 mars 2002, indique que
« Toute personne prise en charge par un professionnel, un établissement, un réseau de
santé ou tout autre organisme participant à la prévention et aux soins, a droit au respect de
sa vie privée et du secret des informations la concernant ».
480
Définition du Larousse 2010.
142
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
410. C’est aussi un symbole, « le symbole du respect que le médecin doit avoir pour
son malade. Il appartient à une certaine idée de la médecine qui suppose la liberté du
malade, l’indépendance du médecin dans ces décisions, la responsabilité personnelle481».
411. Sa nature relève de l’éthique (de ethicos qui signifie en grec, ce qui est moral).
Sa première formulation apparaît dans le célèbre Serment d’HIPPOCRATE, rédigé cinq
siècles avant l’ère chrétienne : « Quoi que je voie ou entende dans la société pendant
l’exercice ou même hors de l’exercice de ma profession, je tairai ce qui n’a jamais besoin
d’être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas ».
412. Cette contrainte morale a évolué vers une contrainte d’ordre juridique, avec la
rédaction du premier Code pénal de 1810, qui officialise le secret en le liant au corps
médical. L’obligation au secret se retrouve dans les articles 226-13 et 226-14 du nouveau
Code pénal, refondu par les lois du 22 juillet 1992482. Les modalités du secret médical sont
précisées dans les versions successives des Codes de déontologie médicale et dentaire.
B/ Sa nécessité :
413. Le secret médical est indispensable pour trois raisons. C’est d’abord le gage de
la confiance que le patient va accorder au praticien dans la relation de soins. Il est
nécessaire au-delà de la relation de soins, pour des raisons d’ordre privé ainsi que pour le
respect de l’ordre public.
414. Tout d’abord, il permet d’établir une relation de confiance mutuelle entre le
praticien et son patient, en astreignant le premier à la confidentialité des soins dispensés au
481
VILLEY R., Histoire du secret médical, éd. Seghers, 1986, p. 163.
482
Loi n° 99-684 ; loi n° 99-686, loi n° 99-685, loi n° 99-683, du 22 juillet 1992, lois réformant le Code
pénal, JO du 23 juillet 1999
143
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
second. Ce fait est illustré par une décision de la Cour de cassation du 7 décembre 1955 qui
affirme qu’ « en imposant à certaines personnes, sous une sanction pénale, l’obligation du
secret comme un devoir de leur état, le législateur a entendu assurer la confiance qui
s’impose dans l’exercice de certaines professions483 ».
417. Le secret est aussi nécessaire pour des raisons d’ordre privé, parce que « chacun
a droit au respect de sa vie privée486 ».
418. Le secret est nécessaire pour des raisons d’ordre public : le secret est en effet
indispensable au maintien de l’ordre social, c'est-à-dire dans l’intérêt de tous car « Le bon
fonctionnement de la société veut que le malade trouve un médecin, le plaideur un
483
Cass. civ ; 1ère, 7 décembre 1955, JCP éd. G, 1956, II, 9246
484
Serment d’Hippocrate, ligne 23 à 26.Il y est fait allusion aux «Mystères d’Eleusis», culte religieux très
fermé de l’époque auquel beaucoup de philosophes dont Platon et Aristote, avaient été initiés, annexe 1.
485
PORTES L., À la recherche d’une éthique médicale, Paris : PUF, Masson, 1954, p. 131. Cf. Bruno PY,
« Le secret professionnel », l’Harmattan, La justice au quotidien n° 28, 2005.
486
Art. 9 du Code Civil.
144
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Le secret est général, c’est à dire à l’égard de toute personne autre que le malade lui-
même.
420. Il est la propriété du patient : lui seul a le droit d’en disposer, ainsi que le précise
l’arrêt du Conseil d’État du 11 Février 1972489: « Les secrets que les médecins ne peuvent
révéler sont ceux qu’en raison de leur état, de leur profession ou des fonctions qu’ils
exercent, on leur confie. C’est du malade seul que dépend le sort des secrets qu’il a confiés
à un médecin et que celui-ci a pu déduire de son examen et par suite le sort des documents
médicaux concernant ledit malade ».
487
GARCON E., Code pénal annoté, Sirey, art. 78
488
Cass. crim. 8 mai 1947, Dalloz 1948, jp, p. 109, arrêt DEGRAENE.
489
CE, 11 février 1972, n° 76799.
145
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
421. Il n’est pas opposable au patient : le malade a droit à l’information sur son état.
L’arrêt du Conseil d’État du 12 avril1957 précise bien que « L’obligation de respecter le
secret professionnel qui est imposée au médecin…n’a pas pour objet et ne peut avoir pour
effet d’interdire au médecin de faire connaître à son client lui-même les constatations
médicales qu’il est en mesure de faire sur sa personne ; que par suite, cette obligation
n’interdit pas d’avantage au médecin, lorsqu’il est spécialement requis par son client, de
délivrer à celui-ci des certificats, attestations ou documents destinés à exprimer les dites
constatations490».
Le secret professionnel est inviolable, sauf en cas d’autorisation par la loi, c’est à dire dans
le cadre des différentes dérogations légales, « dans trois cas principaux : l’exercice de la
défense, les mécanismes de déclarations et le signalement de certaines maltraitances491».
2. LES TEXTES.
A/ Le texte fondateur:
422. L’article 378 du Code pénal de 1810 en est le texte fondateur: il y est dit que
« Les médecins, chirurgiens ou autres officiers de santé, ainsi que les pharmaciens les
sages-femmes et toutes autres personnes dépositaires par état ou par profession ou par
fonctions temporaires ou permanentes, des secrets qu’on leur confie, qui, hors les cas où la
loi les oblige à se porter dénonciateurs, auront révélé ces secrets, seront punis d’une
amende de 100 à 500 frs ».
490
CE, ass. pleinière, 12 avril 1957, Dalloz 1957, jp. p. 336, concl. GAZIER ; JCP 1957, II, 10146 ; Gaz.
Pal. 1957, 2, 84.
491
PY B., « Le secret professionnel », in « Les grandes décisions du droit médical », ss dir. VIALLA F.,
L.G.D.J.,éd. Lextenso, Paris, 2009, n° 317.
146
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
423. Ce sont les articles 226.13 et 223.14 du nouveau Code pénal de 1994 qui traitent
« de l’atteinte au secret professionnel » :
- l’article 226.13 dit que : « la révélation d’une information à caractère secret par
une personne qui en est dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d’une
fonction ou d’une mission temporaire, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000
euros d’amende »,
- l’article 226.14 précise que « L’article 226.13 n’est pas applicable dans les cas où
la loi impose ou autorise la révélation du secret. En outre, il n’est pas applicable:
À celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives de privations ou
de sévices, y compris lorsqu’il s’agit d’atteintes sexuelles, dont il a eu connaissance et qui
ont été infligées à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en
raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique ;
Au médecin qui, avec l’accord de la victime, porte à la connaissance du Procureur de la
République les sévices ou privations qu’il a constatés, sur le plan physique ou psychique,
dans l’exercice de sa profession et qui lui permettent de présumer que les violences
physiques, sexuelles ou psychiques de toute nature ont été commises. Lorsque la victime est
mineure, son accord n’est pas nécessaire…
Le signalement aux autorités compétentes, effectué dans les conditions prévues au présent
article, ne peut faire l’objet d’aucune sanction disciplinaire. »
424. Les dispositions concernant le secret médical se retrouvent dans la loi du 4 mars
2002492, le Code de déontologie dentaire et le Code de déontologie médicale. Dans la loi
du 4 mars 2002, la notion de secret professionnel est renforcée par l’article L 1110.4 du
Code de la santé publique : « Toute personne prise en charge par un professionnel, un
établissement, un réseau de santé ou tout autre organisme participant à la prévention ou
aux soins a droit au respect de sa vie privée et du secret des informations la concernant ».
425. Dans ce même article, l’obligation au secret professionnel est élargie et concerne
toutes les personnes impliquées dans le domaine de la santé : « le secret s’impose à tout
492
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé,
Journal Officiel de la République française, 5 mars 2002.
147
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
professionnel de santé, ainsi qu’à tous les professionnels intervenant dans le domaine de la
santé ».
426. Dans le Code de déontologie dentaire désormais inclus dans le Code de la santé
publique493, l’obligation au secret professionnel est affirmée par l’article R.4127-207 du
CSP494, en ce sens que « Le secret médical s’impose à tout chirurgien-dentiste sauf
dérogations prévues par la loi.
Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du chirurgien-dentiste dans
l’exercice de sa profession, c’est à dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce
qu’il a vu, entendu ou compris ».
493
Décret du 29 juillet 2004.
494
Ancien art. 5-1 du CDD
495
Ancien art.5-1 du CDD.
496
Ancien art.5-2 du CDD.
148
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Pour ce qui est des chirurgiens-dentistes experts, l’article 4127-258 du CSP498 précise que
« Dans la rédaction de son rapport, le chirurgien-dentiste expert ne doit révéler que les
éléments de nature à fournir les réponses aux questions posées dans la décision qui l’a
nommé.
Hors ces limites, le chirurgien-dentiste expert doit taire ce qu’il a pu apprendre à
l’occasion de sa mission ».
Et en ce qui concerne les chirurgiens-dentistes salariés, il faut savoir que le contrat qui lie
le praticien et son employeur est tenu de respecter les règles du Code de déontologie
dentaire. En conséquence, c’est implicitement que le chirurgien-dentiste salarié est tenu au
secret professionnel.
430. Certains articles du Code de déontologie médicale ne sont pas retranscrits pour
le moment dans le CDD actuel, mais leur signification est applicable aux chirurgiens-
dentistes.
497
Ancien art. 48 du CDD.
498
Ancien art. 51 du CDD, alinéas 2 et 3.
499
Ancien art. 48 du CDD.
149
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Ainsi, l’article R4127-4 du CSP500 note que « le secret professionnel, institué dans l’intérêt
des patients, s’impose à tout médecin dans les conditions établies par la loi.
Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin dans l’exercice de sa
profession, c'est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu’il a vu,
entendu ou compris ».
L’article R4127-71 du CSP501 précise que « Le médecin doit disposer, au lieu de son
exercice professionnel, d’une installation convenable, de locaux adéquats pour permettre
le respect du secret professionnel...»
Et l’article R4127-72502 dit que « Le médecin doit veiller à ce que les personnes qui
l’assistent dans son exercice soient instruites de leurs obligations en matière de secret
professionnel et s’y conforment.
Il doit veiller à ce qu’aucune atteinte ne soit portée par son entourage au secret qui
s’attache à sa correspondance professionnelle ».
Dans l’article R4127-73503, « Le médecin doit protéger contre toute indiscrétion les
documents médicaux concernant les personnes qu’il a soignées ou examinées, quels que
soient le contenu et le support de ces documents. Il en va de même pour les informations
médicales dont il peut être le détenteur ».
Et dans l’article R4127-95504, « Le fait pour un médecin d’être lié dans son exercice
professionnel par un contrat ou un statut à une administration, une collectivité ou tout
autre organisme public ou privé n’enlève rien à ses devoirs professionnels et en particulier
à ses obligations concernant le secret professionnel et l’indépendance de ses décisions ».
500
Ancien art. 4 du CDM.
501
Ancien art. 71 du CDM.
502
Ancien article 72 du CDM.
503
Ancien article 73 du CDM.
504
Ancien article 95 du CDM.
150
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
L’article L. 161-36, al.1 du Code de la sécurité sociale, créé par la loi n° 2004-810 du 13
août 2004, pose les mêmes règles que l’article L. 1110-4 du Code de la santé publique505.
433. La révélation d’une information à caractère secret est une infraction pénale.
L’article 378 du Code pénal de 1810 concernait en premier les médecins et praticiens de
santé. L’article 226.13 du Code pénal actuel vise toute personne à qui un secret a été
confié, de par son état ou sa profession. Et l’article L.1110 - 4 du Code de la santé publique
ajoute que « le fait d’obtenir ou tenter d’obtenir la communication de ces informations en
violation du présent article est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros
d’amende ».
434. Selon l’article L. 1110-4 du CSP, le secret professionnel s’impose à toutes les
personnes impliquées dans l’acte médical.
505
Voir supra n° 422.
506
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002, parue au JO du 5 mars 2002.
151
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Il ne doit en aucun cas être révélé à un tiers : seul l’intéressé peut en disposer. De plus, il
est général et absolu.
C/ L’objet du délit :
435. Il faut qu’il y ait un secret, c’est à dire une information confidentielle. Mais il
peut simplement s’agir « de faits susceptibles d’être connus », comme l’a indiqué la Cour
de cassation, dans une décision déjà ancienne, de 1947507.
Ce secret est soit à caractère professionnel, soit découvert fortuitement par le praticien au
cours de l’exercice de sa profession.
Le délit :
436. Il est constitué par la révélation du secret. Qu’elle soit malveillante ou non, cette
divulgation est coupable, quelle qu’en soit la raison. La révélation d’une information à
caractère secret est pénalement sanctionnée, selon l’article 226-13 du Code pénal, par un
an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.
D/ Les dérogations :
507
Cass. ch. crim., 8 mai 1947,II, Bull. crim. , n° 124 D 1948.109, note GULPHE.
152
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
153
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Les certificats de coups et blessures volontaires, dans les articles 222.19 et 222.20 du
Code pénal :
- L’article 222.19 du CP dit que « Le fait de causer à autrui, dans les conditions et
selon les distinctions prévues à l'article121-3, par maladresse, imprudence, inattention,
négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi
ou le règlement, une incapacité totale de travail pendant plus de trois mois est puni de
deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
En cas de violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à trois ans
d'emprisonnement et à 45 000 euros d'amende »,
- L’article 222-20 du CP précise que « Le fait de causer à autrui, par la violation
manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée
par la loi ou le règlement, une incapacité totale de travail d'une durée inférieure ou égale
à trois mois, est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende »,
508
Ses conclusions sont sur le plan administratif. Il ne peut, en aucun cas indiquer les raisons d’ordre
médical qui les motivent.
154
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Les certificats de coups et blessures involontaires, dans les articles 222-11, 222-13 et
222-14 du Code pénal :
- les mauvais traitements infligés à un mineur de moins de 15 ans ou à une personne
incapable de se protéger (article 226.14 du Code pénal), compte tenu de l’article 434.1 du
Code pénal sur la non dénonciation de crime : « Le fait, pour quiconque ayant
connaissance d'un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets, ou
dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être
empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de
trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ».
- L’article 236-6 du Code pénal sur la « non assistance à personne en péril ».
- La suspicion de violences physiques, sexuelles ou psychiques, dans l’article 226.14
du Code pénal.
- Les toxicomanies qui entrent dans le cadre des dérogations obligatoires et
facultatives.
- Les recherches dans le domaine de la santé, loi n° 94-548 du 1er Juillet 1994.509
- L’ évaluation d’activité dans les établissements de santé, dans la loi n° 94-548 du 1er
juillet 1994, dans l’article L 6113.7 du Code de la santé publique, qui dit que « les
établissements de santé, publics ou privés, procèdent à l'analyse de leur activité.
Dans le respect du secret médical et des droits des malades, ils mettent en oeuvre des
systèmes d'information qui tiennent compte notamment des pathologies et des modes de
prise en charge en vue d'améliorer la connaissance et l'évaluation de l'activité et des coûts
et de favoriser l'optimisation de l'offre de soins ».
509
Art. L 710.6 du Code de la santé publique.
510
IGAS.
511
Ordonnance n° 96-346, relative à la réforme de l’hospitalisation publique et privée
155
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
santé à caractère personnel que si elles sont strictement nécessaires à l'exercice de leur
mission, dans le respect du secret médical ».
- L’article R166-1 du CDSS indique que « Pour effectuer les contrôles prévus
respectivement par les articles L.162-29, L.162-30 et R.162-23, les praticiens conseils
mentionnés à l'article R.166-8 ont librement accès à tout établissement, service ou
institution sanitaire ou médico-sociale recevant des bénéficiaires de l'assurance maladie.
Tous renseignements et tous documents administratifs d'ordre individuel ou général utiles à
leur mission sont tenus à leur disposition par le directeur de l'établissement, du service ou
de l'institution dans le respect des règles du secret professionnel.
Tous renseignements et tous documents d'ordre médical, individuel ou général sont tenus à
leur disposition par les praticiens de l'établissement, du service ou de l'institution dans le
respect des règles du secret professionnel et de la déontologie médicale ».
- Le traitement automatisé des données nominatives dans la recherche, dans le
domaine de la santé, par la loi n° 94-548 du 1er juillet 1994.
- Le droit à la défense dans la mise en cause de la responsabilité professionnelle du
praticien.
- La rente viagère dans les articles 1968 à 1976 du Code civil qui autorisent le
médecin à délivrer un certificat pour dire si l’affection qui a entraîné le décès existait déjà à
la signature du contrat.
- L’assurance vie envers laquelle le médecin est strictement tenu au secret, mais qui
peut délivrer un certificat médical aux ayants droit de la personne décédée attestant que la
cause de la mort ne fait pas partie des clauses d’exclusion du contrat.
- Le testament, en ce qui concerne les facultés mentales du testateur : en cas de
procès, le secret est strictement encadré par la loi et il est absolu. Théoriquement, le
médecin devrait se retrancher derrière le secret dont il est le dépositaire.
- L’article L. 1110-4, al. 2 et 3 du CSP admet le secret partagé par une équipe
soignante.
- L’article L. 1111-6 du CSP introduit la notion de la personne de confiance, et
l’article l. 1110-4, al.6 permet à cette personne de confiance de recevoir les informations
concernant le malade, notamment en cas de diagnostic ou de pronostic grave.
- L’article L. 1110-4, al. 7 concerne le cas de la personne décédée. En principe, le
156
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
secret médical persiste après le décès. Mais trois motifs de dérogations sont possibles vis-
à-vis des ayants droits, sauf volonté expresse du défunt : lorsque les ayants droit désirent
connaître les causes de la mort lorsqu’ils désirent défendre la mémoire du défunt, et quand
ils veulent faire valoir leurs droits.
Le chirurgien-dentiste peut être amené, dans son exercice, à constater des sévices à
l’enfant, et l’article 4127- 235 du CSP513 dispose que « Lorsqu’un chirurgien-dentiste
discerne, dans le cadre de son exercice, qu’un mineur paraît être victime de sévices ou de
privations, il doit, en faisant preuve de prudence et de circonspection, mettre en œuvre les
moyens les plus adéquats pour le protéger et, le cas échéant, alerter les autorités
compétentes s’il s’agit d’un mineur de quinze ans, conformément aux dispositions du Code
pénal relatives au secret professionnel ».
512
Ancien art.25, alinéa 1 du CDD.
513
Ancien art. 29 du CDD.
157
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
4. LE ROLE DU CHIRURGIEN-DENTISTE.
443. La déclaration est obligatoire par « toute personne donnant des soins » au
malade.514 L’affection est désignée par un numéro d’ordre car cette déclaration est
anonyme.
Leur déclaration est obligatoire, notamment pour le V.I.H. Mais l’anonymat du patient doit
toujours être respecté.
C/ L’évolution jurisprudentielle :
444. Les progrès de la médecine, la modification des rapports entre le praticien et son
patient et la multiplication des outils de communications nécessitent une évolution de la
notion de secret médical. L’article L 1110-4 du Code de la santé publique est ainsi une
consécration légale du secret médical partagé : le secret « collectif » est admis entre tous
les praticiens qui concourent au diagnostic et au traitement du patient : « sauf opposition de
514
Article L. 3113-1 du CSP et décret 86-771du 10 juin 1986 modifié par le décret n° 96-838 du 19
septembre 1996.
158
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
445. Lorsqu’il est pris en charge au sein d’un établissement de santé, l’accord du
patient est présumé acquis en ce qui concerne le partage des informations par l’ensemble
de l’équipe soignante : « lorsque la personne est prise en charge par une équipe de soins
dans un établissement de santé, les informations la concernant sont réputées confiées par
le malade à l’ensemble de l’équipe516».
Mais ne doivent être divulguées que les informations nécessaires aux soins et à leur suivi et
ce, uniquement si le patient donne son accord.
Le cadre légal :
446. Avant la loi du 4 Mars 2002517, hors du cadre de l’hospitalisation, il n’y avait pas
d’obligation pour le praticien de communiquer directement au patient le dossier concernant
sa santé. De plus, ce dossier médical ne pouvait être transmis que par l’intermédiaire d’un
médecin désigné à cet effet. C’est la loi du 31 juillet 1991518 et le décret du 30 mars 1992
qui régissaient les modalités de transmission des dossiers médicaux : « Les établissements
de santé publics ou privés sont tenus de communiquer aux patients recevant ou ayant reçu
des soins, sur leur demande et par l’intermédiaire du praticien qu’ils désignent, les
informations médicales contenues dans leur dossier médical (art. L712-2) ».
515
Art. L. 1110-4, al. 3.
516
ibid.
517
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé, JO du 5
mars 2002
518
Loi n° 91-748 du 31 juillet 1991 portant réforme hospitalière
159
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
447. Actuellement, ce sont la loi du 4 mars 2002, dans ses articles L.1111-7 et
suivants et le décret du 29 avril 2002519, qui organisent « l’accès du patient aux
informations personnelles détenues par les professionnels de la santé ».
Toutefois, dans le cadre d’hospitalisation d’office, ou sur demande d’un tiers, c'est-à-dire
en matière psychiatrique, ou en cas de risque d’une gravité particulière, cette médiation
peut être imposée : « La consultation des informations recueillies, dans le cadre de
l’hospitalisation sur demande d’un tiers ou d’une hospitalisation d’office, peut être
subordonnée à la présence d’un médecin désigné par le demandeur en cas de risque d’une
gravité particulière. En cas de refus du demandeur, la commission départementale des
hospitalisations psychiatriques est saisie. Son avis s’impose au détenteur des informations
comme au demandeur520 ».
449. En ce qui concerne le sujet vivant, le droit direct d’accès est un droit
personnel, celui du patient, et le secret est restrictif en ce qui concerne l’information de la
famille, ainsi que l’énonce l’article L. 1112-1 du CSP : « En cas de diagnostic ou pronostic
grave, le secret médical ne s’oppose pas à ce que la famille, les proches de la personne
malade ou la personne de confiance définie à l’article L.1111-6 reçoivent les informations
nécessaires destinées à leur permettre d’apporter un soutien direct à celle-ci, sauf
opposition de sa part ».
450. Le législateur ne définit pas quel est le lien familial requis : ascendants,
descendants, collatéraux ? Il introduit cependant une notion nouvelle, la personne de
confiance.
519
Décret n° 2002-637 du 29 avril 2002 relatif à l’accès aux informations personnelles détenues par les
professionnels et les établissements de santé, en application des articles L. 1111-7 et 1112-1 du Code
de la santé publique.
520
Article L 1111-7 du CSP
160
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
La personne de confiance est désignée par écrit, par le patient majeur521. Cette décision est
révocable à tout moment. Cette personne a un double rôle: elle peut accompagner le patient
« dans ses démarches » et assister « aux entretiens médicaux afin de l’aider dans ses
décisions » ; elle sera « consultée au cas où [le patient] serait hors d’état d’exprimer sa
volonté ».
451. Le patient peut toujours s’opposer à ce que le praticien informe les proches ou la
personne de confiance.
Pour le défunt :
452. Le secret est autorisé aux ayants droit si le patient est décédé et s’il n’a pas
exprimé de son vivant sa volonté contraire. L’article L. 1110-a alinéa 7 indique que « le
secret médical ne fait pas obstacle à ce que les informations concernant une personne
décédée soient délivrées à ses ayants droit, dans la mesure où elles leurs sont nécessaires
[…] sauf volonté contraire exprimée par le défunt ».
521
L’article L. 1110-4, al. 6 du CSP introduit la notion de personne de confiance ou des proches, dans le
cas de diagnostic ou pronostic grave.
522
Article L.315-1 du Code de la sécurité sociale.
523
Ancien art. 48 du CDD
161
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
454. Dans le cadre de leur mission d’expertise, les chirurgiens-dentistes experts sont
tenus de prendre connaissance de tous les éléments nécessaires à la conduite de l’expertise.
Mais ils doivent taire ce qu’ils auront pu apprendre aux cours des opérations d’expertise, et
ne concernant pas le cadre de leur mission524.
456. « Les médecins expert des deux dernières catégories n’ont accès aux données de
santé à caractère personnel que si ces données sont strictement nécessaires à l’exercice de
leur mission, et ce, dans le respect du secret médical525 ».
Toutes les personnes collaborant au traitement des données et à l’élaboration des
recommandations sont tenues au secret et à la discrétion professionnelle.
457. L’arrêt de la Cour de cassation du 17 mai 1973526 considère que toute personne
dépourvue d’un intérêt légitime pour le malade est exclue de toute information couverte
524
Ancien art 51 du CDD.
525
Art. L. 1414-4 du CSP
526
Cass. ch. crim. ; 1ère, 17 mai 1973, D. 1976, 583, note DOLL
162
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
461. Il est vrai que les supports actuels posent le problème de confidentialité des
données à stocker et à transmettre.
462. La transmission des informations contenues dans le dossier médical est à la fois
plus aisée, mais pose le problème de la sécurité des réseaux de transmission. Les mesures
de protection destinées « à garantir la sécurité des informations, leur conservation sur
support informatique, comme leur transmission par voie électronique entre
professionnels », comme l’ « utilisation de la CSP (Carte de Santé Professionnelle), sont
soumises à des règles définies par décret en Conseil d’État, après « avis public et motivé »
de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés527».
527
La CNIL a élaboré des fiches pratiques pour aider les professionnels de santé à être vigilants sur les
problèmes de sécurité et de confidentialité des données informatiques : wwww.cnil.fr, dans la rubrique
163
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
464. Des mesures de sécurisation physique devront être prises en ce qui concerne les
modalités d’accès, les dispositifs d’identification (carte de professionnel de santé pour le
titulaire du cabinet et le personnel), le contrôle, l’habilitation, la traçabilité, le codage, etc.
Une réflexion s’impose quand au problème de conservation des données informatiques
dans le temps, la maintenance par une société de maintenance extérieure, les moyens de
conservation et leur mise en œuvre.
466. L'article L. 1111-8 de la loi du 4 mars 2002 impose que les « hébergeurs » de
site soient soumis à un agrément pris après avis de la CNIL et des Conseils de l'Ordre des
professions de santé.
« Approfondir », cliquer « Dossiers », puis « Santé » et enfin « Fiches thématiques santé ». Source : La
Lettre, ONCD, Juin 2007, n°58, p.13
528
DAVER C., « La télémédecine, entre intérêt des patients et responsabilités. », Médecine et Droit, 41,
mars-avril 2000, 21.
164
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
470. L’arrêté du 25 avril 2003532 relatif à la limitation du bruit dans les établissements
de santé s’applique aux bâtiments neufs des établissements de soins, ou aux parties
nouvelles des bâtiments existants et dont le permis de construire a été déposé après le 29
novembre 2003.
471. Cette règle générale peut donc s’appliquer aussi aux cabinets dentaires : des
niveaux d’isolation acoustique minimaux sont déterminés par la loi. Le bruit ne doit pas
excéder 42 décibels (dB) entre le local de soins et la salle d’attente ou les autres pièces
pouvant accueillir des patients. Il ne doit pas excéder 27 dB entre les voies de circulation
interne et toutes les pièces d’accueil du patient.
473. Le secret médical est la propriété du patient. Lui seul peut décider de sa
divulgation. Hors le cadre des dérogations légales, le chirurgien-dentiste n’a pas à fournir
des informations concernant un de ses patient à un tiers quel qu’il soit.
529
Article R. 6316-1 du CSP
530
Ibid.
531
La Lettre, Ordre national des chirurgiens-dentistes, juin 2006, n° 48, p. 11.
532
Arrêté du 25 avril 2003 relatif à la limitation du bruit dans les établissements de santé, NOR :
DEVP0320067A.
165
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
474. Le secret médical est une notion complexe. La loi du 4 Mars 2002 renforce cette
notion en l’étendant « à tous les professionnels intervenant dans le domaine de la santé ».
Les dérogations légales et jurisprudentielles sont très nombreuses : le chirurgien-dentiste
doit toujours être vigilant, pour ne pas se trouver, lui ou les personnes qui travaillent avec
lui, en situation d’infraction, même s’il est « de bonne foi ».
477. De la rencontre des deux volontés, celle du chirurgien-dentiste et celle de son patient,
naissent, outre les obligations de conscience, des obligations de science pour le chirurgien-
dentiste (Section I) comme pour le patient (Section II).
533
Cass. ch. crim., 8 mai 1947,II, Bull. crim. , n° 124 D 1948.109, note GULPHE.
166
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
534
VIALLA F., « Données acquises de la science, connaissances médicales avérées » in « Les grandes
décisions du droit médical », ss dir. VIALLA F., LGDL, éd. Lextenso, Paris, 2009, p. 211 et suiv.
535
Ancien art.3-1 du CDD.
536
Ancien art. 31 du CDD.
537
La lettre, ONCD, mars 2003, n°15.
167
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
480. Le praticien doit toujours être au courant et actualiser ses connaissances : « tout
se passe comme s’il appartenait au professionnel, forcément « averti » ou « avisé »,…de
faire le nécessaire pour recueillir en permanence la documentation indispensable à son
activité, quel que soit le mode de diffusion dont elle ait fait l’objet538».
481. Jusqu’à la réforme des assurances sociales par la loi du 13 août 2004539, seule la
mise en cause de la responsabilité d’un praticien pouvait éventuellement mettre en doute sa
compétence professionnelle.
Différents outils ont été créés pour permettre aux praticiens de mieux respecter leurs
obligations, ce sont les Recommandations de Bonne Pratique (RBP).
483. Les Recommandations de Bonne Pratique constituent une synthèse des données
scientifiques disponibles sur un sujet médical au moment de leur rédaction541. Elles
proposent une méthodologie adaptée à une situation donnée, pour aider le praticien dans
son exercice. Leur but est d’amener le praticien et le patient à rechercher les soins les plus
appropriés à une situation clinique donnée, en supprimant les attitudes « non-conformes »
et en gommant les disparités ou les variations de pratiques pouvant exister d’un praticien à
un autre.
538
SABLIERE P., « Les « documents référents », une nouvelle source du droit ? », AJDA, 2007, p. 66.
539
Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’Assurance Maladie, J.O. n° 190 du 17 août 2004.
540
SABLIERE P., op. cité, p. 66
541
Lettre du Collège Odontologie et Droit (COD), mèl : odontologie.droit@free.fr
168
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
C’est la HAS, ou Haute Autorité de Santé, qui est chargée d’élaborer ces
recommandations, en ce qui concerne la pratique clinique. Pour les produits de santé, dont
les médicaments, c’est l’AFSSAPS ou Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits
de Santé.
b) La HAS.
542
Loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’Assurance Maladie, J.O. n° 190 du 17 août 2004.
543
Et renouvelable une fois.
544
La Lettre, ONCD, mars 2005, n° 35, p. 19.
545
Une recommandation est «un texte qui fixe ce qui est préconisé, ce qui est conseillé avec insistance de
faire», définition : REGARD R., «Petit lexique de l’accréditation, de la certification et autres
normes.», La Lettre, ONCD, janv-fév. 2004, n° 24, p. 26.
169
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
486. Pour un thème donné, il existe trois niveaux de preuve scientifique qui
permettent la classification de ses recommandations :
- grade A : la preuve scientifique est établie.
- grade B : il y a présomption scientifique.
- grade C : il n’existe qu’un faible niveau de preuve scientifique.
488. Le chirurgien-dentiste est donc tenu de respecter ces RBP dans sa pratique
professionnelle, lorsqu’elles existent, puisqu’elles sont considérées comme des données
acquises de la science. Monsieur Pierre SARGOS a démontré que « les RMO, comme les
Recommandations de Bonne Pratique, ne peuvent être par principe, que la traduction des
données acquises de la science548 ».
489. Le non respect de ces recommandations peut être passible d’une sanction,
comme l’a considéré, pour un médecin, l’arrêt du Conseil d’État en date du 12 janvier
2005 : « la section des assurances sociales du Conseil National de l’Ordre des médecins a
pu, sans commettre d’erreur de droit, estimer que M. X. n’avait pas tenu compte pour
dispenser des soins à ses patients des données acquises de la science telles qu’elles
546
Une référence «consiste en l’énoncé d’une attente ou exigence permettant de satisfaire la délivrance
d’une prestation de qualité» définition op. cité ci-dessus.
547
La certification est une «attestation écrite délivrée, par un organisme certificateur indépendant et
agréé, à la suite d’un audit basé sur des normes, des références bien définies, établissant la
conformité de l’entité à ces références, à ces normes».
La norme est un document élaboré de façon consensuelle par un groupe d’experts, dont le but est de
rassembler des règles d’usage afin de définir ce qui est habituel, conforme à la moyenne et ce qui doit
être. Son but est de standardiser, de garantir des modes d’actions, de fonctionnement de qualité
permettant d’atteindre un objectif de résultat». Ce document est un repère, il n’est pas opposable. op.
cité ci-dessus.
548
SARGOS P., « Références Médicales Opposables (RMO) et responsabilité des médecins. », Médecine
et Droit, janv. 1998.
170
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
490. Dans le même sens, une décision du Conseil d’État en date du 26 septembre
2005, dans une affaire opposant le ministre de la Santé et de la Protection Sociale au
Conseil National de l’Ordre des médecins, au sujet d’un arrêté du 5 mars 2004, affirme que
les recommandations sont édictées dans un sens qui les rend obligatoires, et elles ont de ce
fait, une valeur normative550.
549
CE, 12 janvier 2005, KERKERIAN M., n° 256001, RDSS 2005- 497, obs. MORET-BAILLY J.
550
CZUWAK S., « Chroniques de jurisprudence. », Jurisanté actualités, n°52, déc. 2005.
551
MARKUS J-P., « La faute du médecin et les bonnes pratiques médicales. », AJDA 2005, p. 1008.
552
Supra.
171
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
C/ Les usages :
494. En Droit, l’usage est qualifié d’ « espèce de source de droit ». Les usages
professionnels sont « une pratique particulière à une profession […] et dont la force
obligatoire est variable555 ».
Les usages peuvent être, à défaut d’autres éléments, consacrés par les parties d’un
contrat556 et ce, en vertu de l’article 1135 du CC qui stipule que « les conventions obligent
non seulement à ce qui est exprimé, mais encore pour toutes les suites que l’équité, l’usage
ou la loi donnent à l’obligation d’après sa nature ». Mais Monsieur Gérard MÉMETEAU
nous incite à la prudence, en écrivant que « ce n’est qu’avec une certaine prudence que ces
pratiques habituelles doivent être suivies557 ».
553
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, Bordeaux : Les Études Hospitalières, 2003, n°323
554
Ibid.
555
CORNU G., Vocabulaire juridique, association CAPITANT H., PUF, 7è éd., août 2005 p. 930.
556
Poitiers, 1ère section 28 oct. 1981 : «attendu que les usages professionnels consacrés par le contrat type
publié au JO s’imposaient à défaut de convention contraire ».
557
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, Les Études Hospitalières, 3ème éd., avril 2006, p.100.
172
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
existent, et dans le cas où elles lui paraissent dépassées ou obsolètes, il faudra qu’il justifie
l’existence de nouvelles connaissances médicales ayant un niveau de preuve supérieure, en
cas de mise en cause de sa responsabilité professionnelle.
D/ Nouvelles techniques :
498. Le praticien est incité à faire des démarches de certification et des « démarches
qualité » : l’Association Dentaire Française et le Conseil National de l’Ordre des
chirurgiens-dentistes ont élaboré des référentiels permettant au praticien de s’auto-évaluer,
dans le cadre d’une démarche qualité.
499. Des officines de consultants proposent des « audits » de cabinets dentaires, pour
acquérir une certification de qualité ISO559 9001. Les normes ISO 9000 sont une série de
normes qui définissent « les dispositions à prendre dans une entité, relatives à
558
LECA A., la genèse du droit, Librairie de l’Université d’Aix en Provence et PU d’Aix-Marseille, Aix en
Provence, 1998, n° 199.
559
ISO = International Standardization Organization.
173
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
l’organisation, la formalisation, les actions pré-établies, afin que le client (ou le patient)
soit assuré de recevoir un produit conforme à ses exigences560».
500. Il ne faut pas confondre la qualité des soins et les systèmes de conditions de
service que concerne cette norme ISO 9001. La recherche d’une certification de service
risque de transformer le praticien en prestataire de service. Il ne faut pas oublier que seul le
Conseil de l’Ordre est le garant de la profession, et est seul habilité à juger de la qualité de
l’exercice professionnel d’un chirurgien-dentiste.
501. L’article L.1110-5 du CSP consacre ce droit à la qualité des soins : en effet,
« Toute personne a, compte tenu de son état de santé et de l’urgence des interventions que
celui-ci requiert, le droit de recevoir des soins les plus appropriés et de bénéficier des
thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure sécurité
sanitaire au regard des connaissances médicales avérées. Les actes de prévention,
d’investigation ou de soins ne doivent pas, en l’état des connaissances médicales, lui faire
courir des risques disproportionnés par rapport au bénéfice escompté ».
Le problème financier :
502. Cet article soulève quelques points litigieux : d’un point de vue financier, que
faire si le patient n’a pas les moyens d’opter pour une thérapeutique qui dépasse ses
moyens financiers, alors qu’elle est la plus adaptée, et que la loi n° 2002-303 du 4 mars
2002 lui donne le droit de recevoir les soins « les plus appropriés?». Entre plusieurs plans
de traitements, le praticien a le devoir de proposer celui qui est le plus efficace et le moins
risqué, mais ce n’est pas forcément celui qui sera abordable financièrement par le patient.
560
REGARD R., La Lettre, ONCD, janvier-février 2004, n°24, p. 26.
174
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
503. Le praticien a également l’obligation d’informer le patient sur « les autres choix
possibles561 ». Par une décision en date du 5 juillet 2005, la Cour de cassation considère
que l’insuffisance d’information, à savoir que le chirurgien-dentiste n’a pas indiqué à sa
patiente toutes les solutions prothétiques possibles – il ne lui avait pas proposé la solution
de prothèses totales amovibles haut et bas, constitue une faute. Mais pour obtenir une
indemnisation, la patiente devait prouver qu’elle avait subi un dommage. Dans ce cas, les
prothèses réalisées, qui n’étaient pas des prothèses totales amovibles haut et bas, ayant été
correctement réalisées, la Cour a considéré qu’il n’y avait pas de dommage. Le praticien,
pourtant fautif, n’a pas engagé sa responsabilité, puisque sa faute n’a pas occasionné de
dommage562 ;
La conception prothétique :
561
CC, 1èreciv., pourvoi n° 04-14524 du 5 juillet 2005.
562
Supra.
563
Cass. civ. 1ère, 23 novembre 2004, n° pourvoi : 03-12146 ; Juris-data n° 025790.
175
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
La décision thérapeutique :
507. L’ « Evidence Based Medecine », ou médecine basée sur les faits démontrés,
privilégie une médecine basée sur le plus haut niveau de preuve scientifique, en opposition
avec l’ « Emotion Based Medecine », ou médecine basée sur l’émotion.
L’« Evidence Based Dentistry » s’appuie sur la synthèse des connaissances pour une
question donnée en matière de chirurgie-dentaire que constitue la revue systématique de la
564
Cass. civ. 1ère, 3 avril 1979, n° 77-16069, Jurisdata n° 000107 : « qu’elle [la Cour d’appel] a pu en
déduire l’existence d’une erreur de conception d’une exécution défectueuse, et qu’ainsi, sans mettre à
la charge de X une obligation de résultat, elle a caractérisé un manquement de ce praticien à son
obligation de donner des soins consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises de son
art ».
Cass. civ. 1ère, 10 juillet 1996, n° 94-17342, Jurisdata n° 003123 : « …que l’obligation liée aux soins
nécessaires à la pose de prothèses est une obligations de moyens ; que la Cour d’appel a
constaté…que la conception des bridges est conforme aux données de la technique… ».
Source : BERY A,. « Prothèse et obligation de résultat.», L’Information dentaire, n° 9, 2 mars 2005,
p.516.
565
Selon l’article L. 1110-5 du CSP
566
Ibid.
176
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
508. Une seconde approche assimile l’« Evidence Based Medecine » à « une
réflexion plus fine sur la prise de décision médicale, en se basant sur trois piliers :
l’analyse critique de la littérature bien évidemment, mais aussi le patient avec sa demande
et ses besoins, et le praticien avec son expérience et ses compétences568 ».
509. Le chirurgien-dentiste peut trouver ces méta-analyses sur les bases de données
telle que la base de données Medline569 ou la base de données Cochrane570, les sites
spécialisées en odontologie571, les périodiques, les revues d’Evidence Based Dentistry572.
510. Les méta-analyses ne doivent être que des outils à utiliser avec précaution. Les
sens cliniques et critiques du praticien priment avant tout. De plus, une donnée actuelle ne
l’est que pour un temps et peut devenir rapidement obsolète.
511. Certains auteurs remettent en question la compilation des articles utilisés dans
la revue de la littérature : l’analyse des méthodes scientifiques et des protocoles employés
dans certains articles montre que parfois la valeur scientifique de ces articles peut être
discutable573.
567
VERGNES J.-N., BLAIZOT Alessandra, DARRÉ L. et ATTAL J.-P., « Revues systématiques de la
littérature et méta-analyses », Information dentaire, n°10, 11 mars 2009, p. 458.
568
Ibid.
569
Accessible via l’interface gratuite en ligne Pubmed : www.pubmed.gov.
570
La base de données Cochrane est un réseau international de chercheurs volontaires qui réalisent,
tiennent à jour et diffusent des méta-analyses. Pour le domaine bucco-dentaire, l’adresse Internet est la
suivante : http://ohg.cochrane.org/ rubrique « Reviews ».
571
Le site de l’Association Dentaire Américaine, par exemple, à la page
www.ada.org/prof/resources/ebd/index/asp.
572
Journal of Evidence Based Dental Practice et Evidence Based Dentistry
573
ZEILIG Germain, BOUCHARD Philippe, BORGHETTI Alain et UNGER François, « Progrès et
revue de littérature », L’Information dentaire, n° 20, 19 mai 2010, p. 34-36
177
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
574
L’emploi du terme « compétence » diffère en droit et en médecine. Pour le juriste, la compétence est le
« droit de faire » acquis par le diplôme. En médecine, on considère que le diplôme donne une capacité
professionnelle, la compétence, plus limitée, représente ce que le praticien sait faire, de par sa pratique
professionnelle, son expérience et ses formations.
575
JACOTOT D., « Droit des patients : vers une obligation de qualité des soins. », La lettre, ONCD,
janvier-février 2004, n° 24, p. 35.
576
Décret du 2 juin 2006 définissant les dispositions règlementaires de la loi du 9 août 2004.
577
Loi n° 2004-803 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, JO du 12 août 2004.
578
Nommé par Arrêté du 12 juillet 2006.
579
La CNFOC avait anciennement été mise en place par les instances professionnelles et ses représen-
tants: l’Ordre, les syndicats, l’Université et les sociétés de formation continue. Le décret du 2/06/2006
l’incorpore dans la loi en rendant la formation continue obligatoire.
580
Article 19 de la loi HPST n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux
patients, à la santé et aux territoires, JO22 juillet 2009.
178
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
514. La Loi HPST581, adoptée en été 2009, vise actuellement à associer la Formation
Médicale Continue (FMC) et la démarche d'Évaluation des Pratiques Professionnelles
(EPP), dans un concept unique de « développement professionnel continu ».
515. Pourquoi cela ? La formation continue permet au praticien de faire évoluer ses
connaissances et d'acquérir de nouvelles compétences, lors de cours, congrès, journées ou
soirées de formations. Mais ce qu'il apprend ainsi n'est pas forcément applicable ou
intégrable dans sa pratique quotidienne. L'Évaluation des Pratiques Professionnelles (EPP)
va lui permettre d'analyser, par une démarche d'autoévaluation à partir d'un questionnaire,
l'écart qui existe entre la pratique dite « de référence » et sa pratique individuelle. Le but de
l'EPP est d'améliorer la qualité de cette pratique. Le référentiel est établi par un groupe
d'analyse constitué d'une dizaine de praticiens qui se réunissent plusieurs fois par an et qui
« échangent sur des problèmes rencontrés sur un sujet donné, à l'aide d'articles
scientifiques, de références professionnelles ou d'expertise externe582 ».
516. Il est important que cette démarche demeure une démarche personnelle du
praticien, afin de préserver sa liberté de prescription thérapeutique. L’individualisation de
la prise en charge du patient et de son plan de traitement ne doit pas être tributaire des
enjeux de santé publique et de la politique de gestion des organismes sociaux.
581
Supra.
582
DE ST PIERRE F. « Savoir se former, s'évaluer» éditorial. », ID, n° 35, 4 octobre 2009, p. 1995.
179
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
qui appuient et complètent la politique menée par les Etats membres en vue de protéger la
santé583».
518. Les prothèses dentaires sont des Dispositifs Médicaux (DM) invasifs à long
terme, de type chirurgical584 ou non chirurgical, et faites sur mesure. Elles font partie de la
catégorie IIa, c'est-à-dire à risque limité, des Dispositifs Médicaux. Tout en étant soumises
aux règles de marquage CE, elles n’ont pas l’obligation d’en être marquées physiquement.
Le prothésiste doit établir un dossier complet de marquage de la prothèse et son laboratoire
doit satisfaire aux exigences de la directive 93/42 CE et des certifications ISO 9001 et ISO
13485. Les fiches de prescription du dispositif, ainsi que de sa traçabilité, doivent être
conservées dans le dossier médical, avec la déclaration selon laquelle le DM est destiné à
l’usage exclusif du patient et qu’il est conforme aux exigences essentielles.
583
Cité par LAUDE A., in « Le consommateur de soins », préc., p. 417.
584
Par exemple, les implants sont comme des « fausses racines » en titane qui sont vissés dans l’os de la
mâchoire, et qui vont servir de support à une dent prothétique, en remplacement d’une dent ou plusieurs
dents perdues.
180
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
La seconde décision date du 15 novembre 1988 : elle dit qu’ « Attendu que si un
chirurgien-dentiste est tenu à une simple obligation de moyens quant aux soins qu’il
prodigue, il est tenu à une obligation de résultat comme fournisseur de prothèse, devant
délivrer un appareil sans défaut586 ».
520. Non seulement, le chirurgien-dentiste est tenu de fournir une prothèse exempte
de défaut quand à sa fabrication587, mais cette prothèse doit être apte à rendre le service
auquel s’attend le patient588.
C’est ainsi qu’en matière d’orthodontie, le praticien doit s’assurer que le port et la
manipulation des appareils ne comportent aucun danger. Cette décision de la Cour de
cassation en date du 22 novembre 1994, concernant le cas d’un enfant ayant perdu un œil
lors de la manipulation de son appareil orthodontique, rappelle que, « Procédant à un acte
de fourniture d’un appareil, le chirurgien-dentiste orthodontiste est tenu à une obligation
585
Cass. Civ. 1 ère, 29 octobre 1985, « BISMUTH », n° 83-17.091, Juris-data n° 00265; Bull. civ.,
I, n° 273; Dal., 1986, 417, note PENNEAU; R.T.D.C., 1986, 762, obs. HUET
586
Cass. Civ. 1ère, 15 novembre 1988, n° 86-16.443, Juris-data n° 002734; J.C.P., G, 1989, IV, 21; G.P.,
1989, 1, 12.
587
CAILLE C., « La consécration d’une responsabilité médicale du fait des choses en droit médical. »,
Revue générale de droit médical, n° 3, p. 95.
588
MANSART B., « La responsabilité médicale dans la fourniture de prothèse. », Petites affiches, 1er
octobre 1999, p. 4.
181
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
522. Cette obligation de résultat pose un problème: en effet, la prothèse la mieux faite
ne remplacera jamais des dents saines. Il semble à David JACOTOT que « la Cour de
cassation considère que le chirurgien-dentiste est lié par l’obligation de fournir une
prothèse naturellement exempte de défaut intrinsèque, mais également apte à rendre le
service auquel s’attend le patient. Or très souvent, le patient souhaite que la prothèse lui
apporte le confort et l’usage que lui procureraient de vraies dents saines. Et là point la
teneur de cette obligation de résultat : l’artificiel se substitue totalement au naturel. Est-ce
réaliste ?». Il conclut son propos de manière alarmiste, en disant « vous seuls, chirurgiens-
dentistes, détenez la réponse et pouvez mesurer la crainte qui en découle591».
523. Le législateur ignore ou oublie parfois, que cette prothèse doit s’intégrer dans un
système biologique et fonctionnel complexe, où bien des facteurs entrent en considération.
On ne peut considérer une prothèse que sous son seul aspect mécanique.
589
Cass. Civ. 1 ère , 22 novembre 1994, n° 92-16.423, Juris-data n° 002115 ; Bull. civ., I, n° 340;
J.C.P., G, 1995, IV, 204; Dal. 1995, I.R. 12 ; R.T.D.C., 1995, 375, obs. JOURDAIN.
590
Cass. civ. 1ère, 23 novembre 2004, Bull. 2004, I, n° 286, p. 240.
591
JACOTOT D., « La cour de cassation impitoyable sur la prothèse, mais compréhensive pour les actes
médicaux. », La lettre, ONCD, n°35, Mars 2005.
182
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
La conception de la prothèse :
En cas de mauvaise conception d’une prothèse, même si elle ne présente aucun défaut
technique, la faute de soins peut être retenue592.
La fabrication de la prothèse :
La prothèse est réalisée par le prothésiste dentaire, conformément à la prescription du
chirurgien-dentiste qui veille à la bonne réalisation de celle-ci, avec autant d’essayages et
de retouches que nécessaire. Dans le cas où cette prothèse présenterait un défaut de
fabrication, la responsabilité du prothésiste593 est susceptible d’être engagée, en même
temps que celle du chirurgien-dentiste594.
L’adaptation de la prothèse :
Il faut également distinguer la phase de réalisation de la prothèse, de celle de son
adaptation. L’adaptation de la prothèse est soumise à l’obligation de moyens : «ces
difficultés d’adaptation pouvaient être corrigées à l’occasion d’une consultation du
praticien que le patient n’avait pas sollicitée, en sorte que l’adaptation relevait de l’acte
de soins […]595».
592
MÉMETEAU G., « Prothèse et responsabilité du médecin. », D. 1979, chron. p. 9; MEMETEAU G.,
Utilisation du matériel médical et dentaire : vers l’obligation de résultat, Gaz. pal. 24 février 1987;
LE MASSON A., « L’art dentaire et la jurisprudence. », Gaz. pal. 1995, doct. p. 948.
593
OLIVIER M., « La responsabilité des fabricants de matériels prothétiques. », Rev. franç. domm. corp.
1997, 85.
594
DOUSSAN., « La dualité de la responsabilité des dentistes-prothésistes : une singularité persis-
tante. », Petites Affiches, 15 juin 1998, n° 71, p. 16.
595
Cass. Civ. 1 ère, 10 décembre 1996, n° 95-13.154, Juris-data n° 004778; Bull. civ., I, n° 445;
P.A., 15 juin 1998, n° 71, p. 16, note DOUSSAN; G.P., 5-9 septembre 1997, n° 248-252,
panorama p. 200.
183
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
525. Elle se retrouve dans la décision suivante : « Attendu que la Cour d’Appel (Aix
en Provence, 9 septembre 1999) statuant par motifs propres et adoptés, a constaté qu’à
l’occasion de l’extraction de dents de sagesse, M. D., chirurgien-dentiste, avait provoqué
chez sa patiente, Mme D., des cicatrices labiales importantes ainsi qu’une altération du
nerf mentonnier droit, que dès lors que la réalisation des extractions n’impliquait pas ces
atteintes labiales et neurologiques, la Cour d’Appel, qui n’encourt pas les griefs du moyen,
a pu décider que le praticien, tenu d’une obligation de précision du geste de chirurgie
dentaire, avait commis une faute dans l’exécution du contrat le liant à sa patiente596 ».
La maladresse :
526. La maladresse est fautive lorsqu’elle entraîne des suites autres que celles
qu’impliquerait la réalisation de l’acte597, sauf s’il est prouvé qu’il existe une anomalie
rendant l’atteinte inévitable598. Par exemple, le chirurgien-dentiste qui fracture le
maxillaire en extrayant une dent de sagesse commet une maladresse599. La lésion d’un nerf
au cours d’une avulsion de dent de sagesse mandibulaire est également fautive, si la lésion
n’est pas due à une anomalie du trajet du nerf600.
527. Mais dans le cas où le chirurgien peut prouver que le patient avait une anatomie
particulière et insoupçonnable, sa maladresse n'est pas considérée comme une faute601. De
même, s’il est prouvé que le dommage était inévitable, la responsabilité du praticien ne
sera pas retenue602.
596
Cass. Civ. 1ère, 9 octobre 2001, n° 99-20.826, Juris-data n° 011243.
597
Cass.civ. 1ère, 30 novembre 1997, n° pourvoi 95-16500 : le praticien avait laissé échapper un tire nerf
avalé par le patient, et la Cour avait conclu que « toute maladresse d’un praticien engage sa
responsabilité et est par la même exclusive de la notion de risque inhérent à un risque médical ».
J.C.P.1997, IV, 2224 ; Resp. civ. et ass. 1997, n° 373 ; rev. dr. san. soc. 1998-288, obs. DUBOUIS L.
598
Cass. civ. 1ère, 20 mai 2000, Bull. civ., I, n°153
599
Cass. Civ. 1ère 3 février 1998, Bull. Civ. I, n°46, p.31 ; JCP 1998, IV, 1687 ; Resp. civ. et ass. 1998, n°
165; JCP, 1998, I, 187, n° 33, obs VINEY.
600
Cass. civ. 1ère. 17 janvier 2008, n. 06-20.258.
601
Cass. Civ. 1ère, 7 janvier 1997, D 1997.146, rapp. SARGOS P. et note THOUVENIN D.
602
Cass. civ. 1ère, 23 mai 2000, Resp. civ. et ass., septembre 2000 n° 272.
184
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
La négligence :
528. Une négligence peut être fautive : la Cour d’Appel de Paris a sanctionné un
praticien dont la patiente a avalé une couronne, ce qui lui a occasionné d’importants
troubles digestifs et a abouti à une éventration abdominale nécessitant une ablation d’une
partie du colon et la pose d’une plaque abdominale. Les juges ont reproché au chirurgien-
dentiste, non pas une faute technique, ni de diagnostic, ni de traitement, mais des
« négligences » : il aurait du faire faire une radio à la patiente et l’adresser à un spécialiste
compétent, au lieu de lui conseiller de « boire beaucoup d’eau et de manger du pain603».
La négligence du praticien a provoqué chez cette patiente, une perte de chance d’avoir été
traitée à temps, évaluée à 70%.
La fiabilité du matériel :
603
Cour d’appel de Paris, chambre 1, section B, 10 mars 2006, Juris-data n° 2006-295552.
604
Cass., Civ. 1ère, 4 février 2003, Bull. civ., n° 4.0
605
Article 1386-4 du CC.
185
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
531. Depuis le 20 octobre 1997, une circulaire du Ministre de la Santé a institué une
obligation de résultat pour les matériels employés en matière d’asepsie et de
stérilisation606.
532. En 1999, un médecin a été condamné à indemniser une victime qui se plaignait
d'avoir contracté une infection nosocomiale, sur le fondement de l'obligation de sécurité-
résultat607. Les circonstances dans lesquelles se déroulent les soins peuvent être jugées
fautives608 en cas de présomption de contamination, sauf si le praticien peut prouver qu’il
n’y a pas eu de faute de sa part609.
534. Un arrêté du 3 mars 2006 relatif à l’attestation de formation aux gestes et soins
d’urgence611 est paru au Journal Officiel du 10 mars 2006. Il concerne tout professionnel
de santé inscrit dans la quatrième partie du Code de la santé publique. La formation permet
d’acquérir les connaissances permettant « la prise en charge d’une personne en situation
d’urgence mettant en jeu un pronostic vital ou fonctionnel [et] l’application des mesures et
l’utilisation des moyens individuels et collectifs face à un risque à conséquences
sanitaires ».
606
Circ. DGS/VS2-DH/EM1.EMO1.
607
Civ.1ère, 29 juin 1999, JCP 1999, II, 10138
608
Cass. civ. 1ère, 29 novembre 1989, Bull. civ., I, n° 366.
609
Cass. civ. 1ère, 21 mai 1996, «Clinique BOUCHARD », Bull . civ. I, n° 424
610
www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/infect_chirdentaire/sommaire/htm
611
Arrêté du 3 mars 2006 relatif à l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence, NOR
SANP0620923A, JO 10 mars 2006.
186
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Pour le moment, seul le cursus initial des études de chirurgie-dentaire comprend cette
formation obligatoire aux gestes et soins d’urgence.
B/ La traçabilité et la matério-vigilance :
612
Cass. civ. 1ère, 4 janvier 2005, n° 03-14206 ; D 2005, IR, p. 170 ; JCP 2005, II n° 10061.
613
BOURGEOIS D. et COMTE B., « Guide de lecture ISO 9001 :2008- Hygiène et aseptie à l’usage des
cabinets dentaires », AFSSAPS, Mars 2009, p. 10.
187
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Cette obligation de traçabilité est effective depuis le 14 juin 1998. Elle doit permettre de
suivre les dispositifs médicaux depuis leur fabrication jusqu'à leur mise en service, ainsi
que pendant leur période d’utilisation.
- l’arrêté du 20 avril 2006, basé sur la directive 93/42/CE, fixe les règles de
classification des dispositifs médicaux pris en application de l'article R. 5211-7 du CSP.
- l’arrêté du 26 janvier 2007, basé sur la directive 2007/47/CE et relatif aux règles
particulières de la matério-vigilance exercée sur certains dispositifs médicaux, pris en
application de l'article R. 5212-3 du CSP, concernant l'instrumentation chirurgicale
invasive (dont les implants) qui impose au praticien l’ obligation de reporter dans le
dossier médical du patient614 le numéro de la trousse de chirurgie utilisée, avec la date de
sa stérilisation, le numéro de lot et de la charge, ainsi que le numéro de la trousse
d'implantologie avec le numéro de stérilisation, la date et la charge, ainsi que les références
des implants utilisés (on utilise généralement les étiquettes fournies par le fabriquant) , leur
marque, le type, le diamètre, la longueur, ainsi que les références exactes des composants
prothétiques615.
539. Une déclaration de conformité aux exigences essentielles est obligatoire, selon
l’article R. 5211-39 du CSP. Elle doit être classée dans le dossier du patient616 ainsi que
dans un dossier « traçabilité des prothèses et/ou appareillages orthodontiques ». Les
données doivent être conservées 10 ans pour les prothèses617.
614
MISSIKA P., « Quelle traçabilité des implants dentaires ? », J.S.O.P., n° 4, avril 2009, p. 18.
615
Le patient reçoit toutes ces informations ce qui permet à un autre praticien de pouvoir intervenir
ultérieurement, en cas de nécessité.
616
Art. R. 5212-41 du CSP.
617
Une fiche de traçabilité doit être établie pour chaque prothèse. Voir www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr
188
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Le dossier médical se révèle donc l’outil idéal pour la traçabilité des soins dentaires. Il doit
contenir :
- la nature et la composition de tous les produits utilisés en bouche ;
- les fiches de prothèses et de liaison avec le laboratoire de prothèse (de la
conception à la mise en bouche de cette prothèse619), la déclaration de conformité
de la prothèse ;
- et bien entendu, les devis, plans de traitement et tout document pouvant justifier de
l’information donnée au patient.
618
LEPAGE Brigitte, « Comment assurer la traçabilité », JSOP, n° 9, nov 2008, p.19.
619
Depuis mars 2010, les patients peuvent obtenir la déclaration de conformité de leur prothèse dentaire,
ainsi que le nom et les coordonnées du fabriquant de cette prothèse : cf « guide sur les dispositifs
médicaux sur mesure appliqués au secteur dentaire » AFSSAPS, 12 avril 2010.
620
Loi ABOUT du 30 décembre 2002, n° 2002-1577, loi intitulée «Responsabilité civile médicale,
189
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
542. La loi du 4 mars 2002 a modifié le délai de prescription qui n’est plus de 30 ans,
mais de 10 ans à partir de la consolidation de la victime623. Ce qui n’est pas sans poser
quelques problèmes. La date de consolidation est parfois difficile à déterminer parce que
les suites d’un trauma ou d’une pathologie imputables à un dommage peuvent évoluer
pendant des années. Elle est considérée par certains comme « inconnue, fuyante et
instable624».
543. Le simple fait de déclaration de prudence d’un praticien à son assurance, ne peut
être considéré comme une reconnaissance de responsabilité.
621
Une seule spécialité est légalement reconnue, l’orthopédie dento-faciale.
622
MÉMETEAU G., op. cité, n° 155.
623
La date de consolidation est définie comme « le moment où les lésions se fixent et prennent un caractère
permanent tel qu’un traitement n’est plus nécessaire, si ce n’est pour éviter une aggravation, et qu’il est
possible d’apprécier un certain degré d’incapacité permanente réalisant un préjudice définitif ».
Définition de LAMBERT-FAIVRE Y, « Droit du dommage corporel, systèmes d’indemnisation », 4ème
éd., Dalloz, 2000, n° 57, p. 128.
624
LAMBERT-FAIVRE Y., « La responsabilité médicale: la loi du 30 décembre 2002 modifiant la loi du 4
mars. », D, 2003, chronique, p. 361.
625
SABEK M., « Conception prothétique, quel résultat. », L’information dentaire n° 6, p. 327-330, 2005.
190
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
545. Le praticien ne peut se plier aux exigences du patient, lorsqu’elles ne sont pas
conformes aux règles de l’art, même pour des raisons financières626. Il doit soigner « avec
conscience tous ses patients627 ».
546. La décision doit être prise par les deux parties628 : le praticien ne peut imposer
son choix au patient, et réciproquement, le patient ne peut demander au praticien de
réaliser un acte techniquement non conforme, ou hors de sa compétence.
548. Dans le cas de multiples choix possibles, le patient doit être informé du coût, des
bénéfices, des risques et des limites de chaque option. Le praticien se doit de présenter
toutes les alternatives possibles, même celles concernant des techniques qu’il ne pratique
pas, et le cas échéant, adresser le patient à un confrère. Il est important de pouvoir justifier
qu’il a bien informé le patient des différentes options possibles, par la conservation des
devis clairement rédigés et la notation, dans le dossier du patient, du plan de traitement
retenu. Le devis doit être signé avant le début des travaux.
626
Arrêt CC 19/12.00 1ère chambre civile, n°99-12; Bulletin civil I n°331: le CD avait réalisé une prothèse
amovible après avoir extrait 3 dents réduites à l’état de racines. Les possibilités financières de la
patiente ne permettaient pas leur restauration par prothèses fixées: «les considérations financières de
la patiente ne pouvaient autoriser le chirurgien-dentiste à dispenser des soins non conformes aux
données acquises de la science».
627
Art. R. 4127-211 du CSP, anciennement art. 8 du CDD.
628
TGI Caen : un jugement du 3 février 2003 a retenu la responsabilité du chirurgien-dentiste en raison
« tant de son manquement au devoir de conseil que d’une conception inadaptée aux soins auxquels il
s’est obligé en la pratiquant ». Source : BLANC C. « Ne pas céder aux exigences du patient », JSOP,
n° 5, mai 2010, p. 23.
629
Cass. civ. 1ère, 27 mai 1998, JCP 1998, IV 2626 ; D. 1998, j, 530 note LAROCHE-GISSEROT ; p.
comm. 276 : à propos de l’obligation de conseil, le médecin doit refuser l’intervention si elle comporte
des dangers disproportionnés par rapport au bienfait thérapeutique.
191
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
L’erreur de diagnostic :
549. L’erreur de diagnostic n’est pas une faute en elle-même, si tous les moyens ont
été mis en œuvre ainsi que l’indique le jugement de la Cour de cassation en date du 17
février 1998 : « attendu que la Cour d’appel, se fondant sur les éléments de preuve soumis
à son appréciation, et notamment sur le rapport d’expertise, a constaté que le diagnostic
d’abcès parodontal posé par M. G. était exact, qu’il n’y avait aucune raison qu’il ait pu à
l’époque évoquer un autre diagnostic et qu’il n’était pas possible d’affirmer que des
investigations complémentaires lui aurait permis de diagnostiquer l’existence d’une
tumeur630 ».
550. L’accord pour les soins ou assentiment, ou consentement à l’acte de soins, est
bien distinct du consentement précontractuel. C’est ce consentement à l’acte de soins qui
est le corollaire de l’information du patient.
551. Le consentement est la condition nécessaire pour que le contrat de soins soit
valide. L’assentiment aux soins est indispensable, surtout en matière de chirurgie-dentaire,
où l’on imagine mal comment le praticien pourrait soigner son patient si celui–ci refuse
d’ouvrir la bouche631. Nous ne reviendrons pas sur cette notion de consentement, déjà traité
plus haut, sa validité et son recueil. Sans ce consentement et son corollaire, l’information
donnée au préalable, le contrat de soins ne peut s’établir632.
630
Cass. Civ. 1 ère , 17 février 1998, n°96-10.339, Juris-data n° 000774.
631
Hors cas d’anesthésie générale.
632
SARGOS P., « Les contestations en matière d’information et de consentement. » in « Plaquette,
Information et consentement en gynécologie-obstrétique », Paris : Entreprise Médicale, 1998, pp. 25-34.
192
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
552. Elle est donnée dans le Code de la santé publique, dans l’article R.4127-212 du
CSP633 qui dit que « Le chirurgien-dentiste ne doit pas abandonner ses patients en cas de
danger public, si ce n’est sur ordre formel et donné par écrit des autorités qualifiées ».
633
Ancien art. 9 du CDD
634
MÉMETEAU G., Cours de droit médical, Bordeaux : 3ème éd. Les Études Hospitalières, 2006, p.329.
193
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
554. Le montant des honoraires est libre, pour tous les soins qui ne sont pas
opposables.
555. L’article R.4127- 240 du CSP635 dit que : « Le chirurgien-dentiste doit toujours
déterminer le montant de ses honoraires avec tact et mesure.
Les éléments d’appréciation sont, indépendamment de l’importance et de la difficulté des
soins, la situation matérielle du patient, la notoriété du praticien et les circonstances
particulières.
Le chirurgien-dentiste est libre de donner gratuitement ses soins […] Il n’est jamais en
droit de refuser à son patient des explications sur le montant de ses honoraires ».
556. L’arrêté du 11 juin 1996636 relatif à l’information sur les tarifs d’honoraires
pratiqués par les médecins libéraux, et par extension, les chirurgiens-dentistes, paraissait
peu applicable dans la pratique. En effet, chaque patient est un cas particulier et se voit
établir des plans de traitement personnalisés et personnels.
558. Les dépassements d’honoraires illicites sont prohibés638. Les honoraires sont
fixés en fonction de plusieurs critères : la nature de l’acte, la difficulté de l’acte, le coût
horaire du cabinet, la notoriété du praticien. Les abus peuvent être sanctionnés639.
635
Ancien art. 33 du CDD
636
Arrêté du 11 juin 1996 relatif à l’information sur les tarifs d’honoraires pratiqués par les médecins
libéraux, NOR RCEC 9600107A
637
Loi n° 2007-1786 du 19 décembre 2007.
638
Crim. 7 janvier 2001, 1980, D. 1980, rap p. 468.
639
Crim, 6 juillet 1994, Gaz. Pal. 1995, Somm. juris. p. 305 : extorsion de fond par un praticien.
194
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
c) Le forfait.
559. La Loi interdit le forfait pour l'efficacité du traitement, mais ce principe est
remis en cause par la discussion, pour les médecins, du mode de rémunération à l'acte.
d) La gratuité.
e) Le refus de paiement.
561. Comme en cas d’inexécution d’une partie, l’autre partie peut refuser d’exécuter
la sienne, il peut arriver que le patient considère que le chirurgien-dentiste n’a pas rempli
ses obligations et qu’il refuse de le rémunérer. Face au refus d’une patiente de payer les
honoraires d’une prothèse inadaptée au bout de trois retouches, la responsabilité du
praticien est retenue parce qu’ « il n’avait pas respecté son obligation de livrer un dentier
donnant satisfaction à sa cliente640 ».
562. Lorsqu’il y a contestation sur un paiement, c’est celui qui dit avoir payé qui doit
le prouver. Il existe un délai de prescription qui est, pour les chirurgiens-dentistes, de deux
ans à compter de la consultation ou de la fin du traitement641. Ce délai de prescription
concerne les soins dentaires, et non pas les prothèses dentaires642.
B/ Le devis :
640
Cass.civ. 1ère, 15 novembre 1972, Juris-data n° 000241; Bull. civ.,I, n° 241; R.T.D.C., 1974, p. 160, obs.
DURRY,Dal., 1973, II, 243.
641
Art. 2272 du CC (Loi n° 71-586 du 16 juillet 1971, JO du 17 juillet 1971) : « l’action des médecins,
chirurgiens-dentistes sages-femmes et pharmaciens, pour leurs visites, opérations et médicaments, se
prescrit par deux ans ».
642
CA Paris, 30 septembre 1998, D. 1998, IR 254.
195
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
des demandes qui dépassent le strict champ de ses obligations déontologiques. Le devis est
le document grâce auquel il peut remplir ces obligations643.
- informer ;
- permettre au patient de donner son consentement ;
- formaliser le contrat de soins ;
- protéger le patient et son praticien ;
- permettre les démarches en vue de l’obtention de prise en charge financière et de
remboursement ultérieur ;
- permettre le calcul par les organismes complémentaires de la part à la charge du
patient.
En effet, le CSP, par son article R. 4127-234, dit que le patient doit être « en mesure
d’obtenir les avantages sociaux auxquels son état lui donne droit, sans céder à aucune
demande abusive ».
565. Dans la Convention nationale de juin 2006644 destinée à organiser les rapports
entre les chirurgiens-dentistes et les caisses d’assurance maladie, il est dit dans l’article 7
de l’avenant n° 6, qu’ « avant l’élaboration d’un traitement pouvant faire l’objet d’un
dépassement d’honoraires par entente directe telle que prévu dans la présente convention
article 7645, le chirurgien-dentiste remet à l’assuré un devis descriptif écrit, établi
conformément aux dispositions de l’annexe II […] ».
De même, l’article R. 4127 240 du CSP646 exige que « lorsque le chirurgien-dentiste est
conduit à proposer un traitement d’un coût élevé, il établit au préalable un devis écrit qu’il
remet à son patient ».
643
Art. L. 1111-3 du CSP : «Les professionnels de santé d’exercice libéral doivent, avant l’exécution d’un
acte, informer le patient de son coût et des conditions de son remboursement par les régimes
obligatoires d’assurance maladie ».
644
Parue au JO du 18 juin 2006.
645
Ou faisant l’objet d’un dépassement d’honoraires dans les limites fixées par les arrêtés du 31 décembre
1999 et du 15 janvier 2000 modifiés par l’arrêté du 10 avril 2002.
646
Ancien article 33 du CDD.
196
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
567. L’interrogatoire du patient sur son passé médical demande son entière
collaboration. Il se doit d’informer le chirurgien-dentiste de tout fait pouvant intéresser la
conduite du traitement. La non révélation d’allergies ou d’affection grave, peut en cas
d’accident, dégager la responsabilité du praticien.
568. Le patient doit donner un consentement aux soins sincère, il doit respecter les
prescriptions qui lui sont faites et coopérer aux soins. Il doit également participer
activement aux actes de prévention, de maintenance, d’adaptation de ses prothèses, etc. Il
n’est pas un acteur passif dans la relation de soins et n’est pas « livré à la seule science et
conscience du praticien647».
647
SARGOS P., « Réflexions sur les accidents médicaux et la doctrine jurisprudentielle de la cour
de cassation en matière de responsabilité médicale.», Dal., 1996, jur. p. 3654.
197
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
3. LE REFUS DE SOINS.
569. À tout moment, le patient a la liberté de refuser les soins. Il n’est possible de
donner des soins qu’à celui qui les accepte, en vertu du principe fondamental du droit des
personnes qui veut que chacun est libre de refuser toute intervention portant atteinte à son
intégrité corporelle. Ce principe peut parfois être en contradiction avec le devoir de soins
du médecin.
570. Le patient capable et conscient est libre de refuser l’acte médical, quitte à
souffrir, voire, mourir. Le droit de l’individu à disposer de son propre corps implique le
respect de sa non acceptation. En cas de « refus obstiné et même agressif » de la part d’un
patient, le praticien n’est pas passible ni de poursuite pénales pour non assistance pour
personne en danger648, ni de poursuite disciplinaire649.
571. Le praticien devra tout mettre en œuvre pour convaincre le patient d’accepter les
soins indispensables. Il devra l’informer sur les conséquences de son choix. Il peut
éventuellement, lui proposer de l’adresser à un autre praticien. Seule l’obligation de tenter
de convaincre650 autorise à outrepasser le dissentiment à l’acte de soins, si le pronostic vital
est menacé651. Le médecin doit « tout mettre en oeuvre pour le convaincre d’accepter les
soins indispensables » en cas de pronostic vital652.
572. Il faut que ce refus soit noté dans le dossier. L’idéal étant de faire signer au
patient une attestation de refus de soins comprenant la description des soins proposés, la
confirmation du refus du patient et les conséquences possibles de ce refus.
Toutefois, ce refus ne peut être pris en considération qu’à une double condition : il faut que
le patient soit majeur et lucide et il faut qu’il soit suffisamment informé des risques
encourus.
648
Crim., 3 janvier 1973, D. 1974, p. 591, note G. LEVASSEUR; Crim., 30 octobre 1974, D. 1975, note
SAVATIER R. (refus de transfusion sanguine).
649
CE, 6 mars 1981, Puech, R.D.Sanit. Soc., 1981, p. 413, note LABETOULLE, note DUBOUIS L.
650
Art. L. 1111-4 al. 2 du CSP.
651
CE, ordonnance du 26 août 2002, Feuillatey, préc. rappo. Crim., 30 octobre 1974, D. 1975, p. 178, note
SAVATIER R. pour licéité du respect de l’interdiction d’une transfusion sanguine.
652
Cass. civ. 1ère, 10 janvier 2000, J.C.P. 2001, II, 10473, note A. DORSNER-DOLIVET
198
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
573. Ce sont celles pour lesquelles le patient n’est pas en état de fournir un
consentement valable653 ou en cas d’urgence.
574. Les obligations réciproques des deux parties naissent de la relation de soins qui
doit conserver son caractère synallagmatique pour préserver l'équilibre de cette relation,
avec un patient qui a de plus en plus de droits et qui devient responsable de ses choix de
traitement. Non seulement, il doit collaborer aux soins mais aussi rémunérer le praticien. Il
doit en plus, être motivé pour se soigner, préserver sa santé, la maintenir dans le meilleur
état possible. Il doit également suivre les conseils qui lui sont prodigués et prendre les
traitements qui lui sont prescrits.
575. L'article L. 1111-4, al.1 du CSP dit que « toute personne prend, avec le
professionnel de santé et compte tenu des informations et des préconisations qu’il lui
fournit, les décisions concernant sa santé ». Le patient serait donc libre d'accepter ou de
refuser un traitement ou bien d'influer sur la décision thérapeutique. Sa décision ferait
qu'en fin de compte, il serait responsable de sa santé, en fonction de ses choix de se faire
soigner mais aussi de quelle manière654. Mais la possibilité d’interrompre les soins et donc
de rompre à tout moment le contrat atténue la force de l’obligation de collaboration aux
soins.
653
L’incapacité du patient :
Cas du malade mental interné sous le régime du placement volontaire (art L 327 du CSP).
Cas du malade mental interné sous le régime du placement d’office (art L 342).
Cas des porteurs de maladies vénériennes refusant tout traitement (anciens art L 254 du CSP).
Les alcooliques dangereux (anciens art. L 355.1 à 13 du CSP).
Les toxicomanes (art L 353.14 à 21 du CSP).
Cas des mineurs (privation de soins par les parents), article R.4127- du CSP, art. 29 du CDD, art 226.14
du Code Pénal; art 375 et suivant Code Civil.
654
« Information et participation du patient à la décision en matière de santé : vers une prise de décision
partagée. », Congrès A.C.F.A.S., Montréal, U.G.A.M., 11 Mai 2004.
199
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
576. La relation de soins n’engendre pas que des devoirs. Elle confère aussi aux deux
parties en présence des droits : ceux du chirurgien-dentiste (Chapitre 1) qui sont la liberté
de prescription (Section I) et le droit au refus de soins (Section II), ceux du patient
(Chapitre 2), le libre choix du praticien (Section I) et l’accès aux soins (Section II).
655
« Le droit de prescription. », in Guide d’exercice professionnel, ONCD, juin 1997, p. 142.
656
Ancien article 26 du CDD.
200
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
657
Loi n° 71-525 du 3 juillet 1971.
658
Ancien art. 7 du CDD.
659
Ancien art. 31 du CDD.
660
REGARD R., « Ordonnances ou prescription : une liberté très encadrée. », La Lettre, ONCD, avril
2005, n° 36.
661
« Le droit de prescription » in Guide d’exercice professionnel, ONCD, juin 1997, p. 142.
201
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
2. LA PRESCRIPTION MEDICAMENTEUSE.
662
Art. L 315-1 du CSS.
663
Art. L. 315-2-1 du CSS.
664
Loi du 3 juillet 1971: articles L. 162-2 du code de la sécurité sociale et R. 4127-210 du Code de la santé
publique.
202
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
585. Cette liberté de prescription est finalement très encadrée, avec des limitations
qui la restreignent de manière non négligeable. Déjà, dans son bulletin d’avril 2007,
l’Ordre National des Médecins publie qu’« il faut désormais distinguer deux concepts:
l’indépendance matérielle du médecin bornée par les nouvelles modalités d’exercice et
l’autonomie de la décision médicale encadrée par les contraintes règlementaires et/ou
économiques665».
665
« Le patient, le médecin et la société. Dix principes pour une confiance partagée. », Bull. de l’Ordre
national des médecins, n°4, avril 2007. www.conseil-national.medecin.fr
666
VIALLA F., « Indépendance du médecin, liberté thérapeutique, liberté de prescription. », in François
VIALLA (ss. dir.), Les grandes décisions du droit médical, L.G.D.J., éd. Lextenso, 2009, p. 94.
203
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
587. Le certificat médical est à la fois une pièce administrative et juridique. C’est un
document qui peut faire valoir un droit ou une demande légitime. Sa rédaction doit obéir à
certaines règles édictées dans le code de déontologie dentaire.
Il doit notamment comporter la signature manuscrite du praticien, ainsi que l’indique
l’article R. 4127-229 du CSP668 : « l’exercice de l’art dentaire comporte normalement
l’établissement par le chirurgien-dentiste, conformément aux constatations qu’il est en
mesure de faire dans l’exercice de son art, des certificats, attestations ou documents dont
la production est prescrite par la réglementation en vigueur. Tout certificat, attestation ou
document doit comporter sa signature manuscrite ».
588. Le praticien est obligé de rédiger un certificat, lorsque son patient le lui
demande, de par l’article R. 4127-234 du CSP669 qui précise que « le chirurgien-dentiste
doit mettre son patient en mesure d’obtenir les avantages sociaux auxquels son état lui
donne droit, sans céder à aucune demande abusive. Délivrer un certificat médical est une
obligation déontologique pour le praticien si la rédaction d’un certificat entre dans le
cadre d’obtention d’avantages sociaux ».
590. Le certificat médical doit respecter le secret professionnel : il doit être remis en
mains propres et doit préciser qu’il a été fait à la demande de la personne examinée et
667
ANGLARS A., « Les certificats médicaux en odontologie. », Information dentaire, n° 20 du 17 mai
2000, pp. 1483-1488.
668
Ancien art 25 du CDD.
669
Ancien art. 28 du CDD.
670
Ancien art. 17 du CDD.
671
Ancien art. 10 du CDD.
204
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
remis en mains propres à celle-ci, ou à son représentant légal, comme l’indique l’article R.
4127- 206 du CSP672 .
Le certificat médical est un document médical qui décrit les éléments médicaux constatés.
Elles sont de trois ordres : les limitations déontologiques, les limitations économiques et
celles induites par la création du parcours de soins.
591. L’article R. 4127- 204, al. 1 du CSP673 insiste sur le fait que le chirurgien-
dentiste doit se donner les moyens matériels d’exercer sa profession dans de bonnes
conditions, ce, pour garantir la qualité des soins et la sécurité de son patient.
592. Il doit également connaître ses limites. À capacité égale, tous les praticiens n’ont
pas la même compétence. L’article R.4127-204 du CSP674 indique bien que « le chirurgien-
dentiste ne doit en aucun cas exercer sa profession dans des conditions susceptibles de
compromettre la qualité des soins et des actes dispensés ainsi que la sécurité des
patients… Sauf circonstances exceptionnelles, il ne doit pas effectuer des actes, donner des
soins ou formuler des prescriptions dans les domaines qui dépassent sa compétence
professionnelle ou les possibilités matérielles dont il dispose ».
593. L’article R 4127- 226675 est important dans le sens où apparaissent sans cesse
des procédés et des matériaux nouveaux. Il indique que « divulguer prématurément dans le
672
Ancien art. 5 du CDD.
673
Ancien art. 3-1 du CDD.
674
Dans La lettre, le Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes, juillet-août 2002, n° 9, le
Conseil National de l’Ordre a reconnu à un praticien hospitalier titulaire d’un CES de chirurgie buccale
la capacité de traiter des fractures maxillaires, mais a rappelé que face à un acte aussi délicat, le praticien
devait se demander s’il possédait la compétence pour le faire.
675
Ancien art. 22 du CDD.
205
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
a) Les honoraires :
595. Le praticien doit informer son patient du caractère remboursable ou non des
médicaments qu’il prescrit. En effet, « lorsqu’il prescrit une spécialité pharmaceutique, un
produit, un acte ou une prestation non remboursable, le chirurgien-dentiste en informe son
patient et porte la mention « NR » sur l’ordonnance, en face de la spécialité ou produit
676
À tel point que, par exemple, lorsqu’un praticien désire s’assurer en responsabilité civile professionnelle
pour la pose d’implants, la MACSF (Mutuelle d’Assurance des Professions Médicales) demande les
justificatifs de formation du praticien, et la demande est examinée par une commission de juristes et de
chirurgiens-dentistes.
206
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
concerné677 ». C’est un facteur limitant, car beaucoup de patients refusent d’acheter des
médicaments ou de prendre des traitements qui ne sont pas remboursés.
596. Les honoraires doivent être fixés avec tact et mesure. Les critères d’appréciation
sont en fonction de la notoriété du praticien, l’emplacement du cabinet, les prestations de
soins…
677
Art. L. 162 – 4 et L. 162-8 du Code de la sécurité sociale.
678
Loi 2006-1640 du 21 décembre 2006 de financement de la sécurité sociale pour 2007, NOR :
SANXO600163L
679
Article L. 162-1-14 du Code de la sécurité sociale.
680
Un des syndicats représentatifs de la profession.
681
L’article R. 147-1-6 dit que «l’organisme local d’assurance maladie compétent pour prononcer la
pénalité financière mentionnée à l’article L. 612-1-14 est celui qui a ou aurait supporté l’indu de la
cause».
207
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
600. Les rapports entre les caisses primaires d’assurance maladie et les chirurgiens-
dentistes sont régis par des conventions nationales qui sont conclues entre la Caisse
Nationale d’Assurance Maladie et Travailleurs Salariés (CNAMTS) et les principaux
syndicats représentant la profession. La Convention nationale qui intéresse les chirurgiens-
dentistes date de la loi du 13 août 2004. Le Code de la sécurité sociale la définit comme
« le cadre des relations entre les professionnels de santé et les caisses ».
601. Cette convention détermine les conditions dans lesquelles le praticien a recours
au tiers payant683. Elle fixe également quels sont les cas pour lesquels les dépassements
sont autorisés, et les plafonds de dépassement autorisés pour les bénéficiaires de la CMU.
Elle décide des mesures à prendre, afin de garantir la qualité des soins que le chirurgien-
dentiste dispense aux assurés sociaux684.
682
Cass. Civ.1 ère, 30 juin 1992, n° 89-21.970, Juris-data n° 001867; Bull. civ. n° 212; Dal., 1992,
n° 30, I.R. p. 211; J.C.P., G, 1992, n° 41, IV, p 277, n° 2538; G.P., 1 er -3 novembre 1992, n°
306-608, panorama p. 249.
683
C’est le tiers payant conventionnel, qui est à différentier du tiers payant légal fixé par la loi (dans le
cas des CMU, des victimes d’accidents du travail et des maladies professionnelles) et du tiers payant
délégué, dans le cadre de protocole, et qui fait intervenir un autre acteur, comme les mutuelles de
fonctionnaires (protocole CNSD-MGEN) ou les compagnies d’assurance.
684
Par la sélection de thèmes des références professionnelles, l’opposabilité de ces références, et leurs
conditions d’application.
208
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
604. Mais l’analyse d’activité du praticien ne tient pas compte des particularités de
son exercice: en effet, il existe de fortes disparités en fonction du lieu d’installation du
cabinet dentaire. Il est évident qu’un cabinet en bord de mer recevra plus d’urgences en été
et la prescription d’antibiotiques sera plus importante, puisque la plupart des patients
consulteront au stade de l’infection. L’orientation de l’exercice professionnel, par exemple
vers la chirurgie ou la prothèse, va également fausser les statistiques : le ratio restauration
685
Dans le cadre des protocoles, on assiste à une véritable dérive, en matière prothétique: la formalité
d’entente préalable a été supprimée par la CPAM, mais la plupart des mutuelles exigent de recevoir un
devis préalablement à la réalisation de la prothèse. C’est l’assurance complémentaire qui se substitue-
rait au rôle du chirurgien-dentiste conseil pour décider de la prise en charge de la prothèse !
686
Art. L. 315 -1 du CSS.
687
Art. L. 315-2-1 du CSS.
688
Pour exemple : dans le cas de traitement pour «dévitaliser» une dent, il est reconnu que la technique
d’obturation canalaire des dents employée par 40% des chirurgiens-dentistes en exercice, n’est pas une
technique valable. Mais les arguments avancés (cherté du plateau technique, coût de revient élevé de
l’acte, différence de temps nécessaire entre les méthodes non négligeable, cotation et prise en charge
par l’assurance maladie très bas par rapport à la valeur réelle de l’acte) font que l’usage de cette
technique demeure largement répandue, alors que toutes les publications reconnaissent unanimement
son insuffisance.
209
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
foulée/restauration coulée689 n’a pas la même signification chez un praticien qui réalise un
grand nombre de prothèses par an par rapport à celui qui en fait très peu.
605. La nouvelle convention dentaire signée en août 2004 concerne deux axes de
maîtrise des dépenses : la baisse de prescription des antibiotiques et la diminution du ratio
entre deux techniques de restauration particulières690. L’engagement de maîtrise des
dépenses existe à la fois sur le plan individuel et sur le plan collectif. Le problème, c’est
qu’il vise des objectifs chiffrés691 mais qui ne reposent sur aucune base scientifique. Il
paraît difficile de demander à un praticien de tenir compte d’objectifs à atteindre ou de
quotas à respecter pour l’établissement de ses plans de traitements et de ses choix
thérapeutiques.
606. La liberté de prescription est entravée par l’objectif de maîtrise des dépenses de
santé, avec la forte incitation à ne prescrire que des médicaments génériques et la
limitation des indications de l’antibiothérapie.
689
Il est demandé au chirurgien-dentiste de privilégier une restauration dentaire «foulée» plutôt que
coulée, donc plus chère, avant de couronner une dent. Mais cet objectif, purement économique, ne
tient pas compte des critères bien définis pour utiliser une technique plutôt qu’une autre, sous peine de
voir la pérennité de la prothèse compromise.
690
Il est demandé au chirurgien-dentiste de privilégier une restauration dentaire «foulée» plutôt que
coulée, donc plus chère, avant de couronner une dent. Mais cet objectif, purement économique, ne
tient pas compte des critères bien définis pour utiliser une technique plutôt qu’une autre, sous peine de
voir la pérennité de la prothèse compromise.
691
Il faut, par exemple, obtenir une augmentation « de 8 points du ratio foulée/coulée » en ce qui concerne
une technique de restauration d’une dent délabrée.
692
« Prescription d’antibiotiques en odontologie et stomatologie. », in « Recommandations et références
dentaires ». ANDEM, avril 1996.
693
Recommandations pour la prescription des antibiotiques en odontologie et stomatologie. Afssaps,
juillet 2001.
210
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Compte tenu des données scientifiques, une attitude thérapeutique à adopter est définie en
fonction du terrain et de la pathologie du patient.
609. Comme les RMO sont opposables par les caisses aux médecins, elles entraînent
une diminution des choix thérapeutiques et ont été vivement critiquées par les praticiens,
notamment en ce qui concerne la mise à jour de ces RMO. L’art L. 612-12-15 du CSS dit
que « la liste des références opposables est régulièrement actualisée par les parties
conventionnelles dans les conditions prévues au présent article, en fonction notamment des
données de la science. A défaut d’actualisation, les ministres chargés de la santé et de la
sécurité sociales peuvent, dans l’intérêt de la santé publique, après consultation de la
Haute Autorité de Santé ou de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de
Santé dans leur domaine de compétence respectif, demander aux parties à la convention
concernée d’abroger une référence opposable dont le maintien en l’état n’est plus justifié ;
en l’absence d’accord des parties, constaté deux mois après leur saisine, un arrêté des
mêmes ministres peut procéder à cette abrogation ».
En restreignant le choix thérapeutique, les RMO ont forcément une « incidence sur les
malades, et plus précisément même sur le contrat médical qui les lie à leur médecin694».
610. Les objectifs chiffrés demandés par la CPAM sont également contestables, parce
que les engagements des praticiens sont à la fois collectifs et individuels, et surtout parce
694
LAUDE A., « La force juridique des références médicales opposables. », Médecine et Droit, 1998,
n°28, p. 1.
211
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
qu’ils ne reposent sur aucune base scientifique. Il y a bien une maîtrise des dépenses,
« mais certainement pas médicalisée695 ».
612. Le contrat est conclu intuitu personae : le praticien peut refuser de pratiquer
une intervention si les risques sont disproportionnés, par rapport au bénéfice escompté,
même si la décision d’accepter ou non les soins appartient au patient699, hors les cas
d’urgence.
695
SABEK M., « Nouvelle convention : ouvrir le débat. », Information dentaire, n° 21, 24 mai 2006,
p.1233.
696
Dispositif créé par la Loi de réforme de l’assurance maladie du 13 août 2004.
697
En fait, le parcours de soins a été élaboré en fonction de la convention de médecins et n’a pas tenu
compte de celle des chirurgiens-dentistes.
698
Un courrier de sa mission de conciliation adressé à un patient le 11 avril 2006 (La lettre, ordre national
des chirurgiens-dentistes, juin 2006, n° 48, p. 6) précise «qu’un chirurgien-dentiste peut donc orienter
son patient vers un stomatologue ou vers un radiologue sans crainte de le voir pénalisé». Mais en ce
qui concerne le stomatologue, comme «la réforme de l’assurance maladie a prévu qu’il est nécessaire
de passer par [un] médecin traitant avant de [se] rendre chez un médecin spécialiste, afin d’assurer
la coordination, la qualité et la continuité des soins», le patient «doit avoir déclaré [son] médecin
traitant à [sa] caisse, même s’il est orienté par un chirurgien-dentiste. A défaut de cette déclaration,
l’assuré est systématiquement considéré comme ne respectant pas le parcours de soins».
699
ASQUINAZI-BAILLEUX D., « Un regard sur la prestation de chirurgie esthétique. », P. A, 31 juillet
1996, p. 14, où l’auteur explique que le désir de changer d’apparence n’appartient qu’au patient.
212
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
613. Le praticien n’est pas tenu de convaincre son patient des dangers inhérents à un
acte, mais il peut refuser de pratiquer cet acte si celui-ci fait courir des risques au patient700.
614. Le refus de soins de la part du praticien peut être sanctionné: pour exemple, la
Cour de cassation a condamné un refus « d’apporter au bridge les retouches esthétiques
souhaitées par la patiente701 ».
Il peut être autorisé dans certains cas, lorsque la demande du patient n’est pas conforme
aux règles de l’art ou lorsque les soins ne remplissent pas les critères de qualité, sécurité et
efficacité.
615. Le refus de soins pour demande, par le patient, de soins non conformes aux
règles de l’art :
Dans le cas où la demande du patient n’est pas conforme aux règles de l’art, le praticien ne
doit pas y répondre, sous peine d’être sanctionné, comme le montre cette décision de la
Cour de cassation du 31 janvier 1996 : « mais attendu que la cour d’appel a retenu qu’en
acceptant d’apporter aux bridges initialement bien conçus les modifications voulues par
Mme D. à des fins esthétiques et consistant à boucher tous les espaces inter dentaires,
alors qu’il savait que l’état parodontal exigeait l’existence d’embrasures larges, M. F.
n’avait pas donné tous les soins attentifs et conformes aux règles de l’art ; qu’elle a
également retenu qu’en ne procédant pas au recouvrement immédiat des dents traitées
pour s’occuper du problème esthétique voulu par sa cliente, ce praticien n’avait pas
encore exécuté ses travaux selon ces mêmes règles en toute sécurité ; qu’ayant ainsi
caractérisé les fautes non en fonction d’une obligation de résultat , mais en fonction d’une
obligation de moyens, la Cour d’appel, qui n’avait pas à se prononcer sur un partage de
700
Cass. civ. 1ère, 18 janvier 2000, note A. DORSET-DOLIVET: «lorsque le patient manifeste sa
préférence pour un mode d’anesthésie plutôt qu’un autre, le chirurgien ou l’anesthésiste certes, n’est
pas tenu à convaincre le patient des dangers de cet acte, mais il doit cependant refuser de la pratiquer
si ces dangers excèdent ceux du type d’anesthésie proposé par ses soins».
701
Cass. civ. 1 ère, 28 juin 1988, n° 87-11.898, Juris-data n° 001232.
213
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
responsabilité qui ne lui était pas demandé, a considéré à bon droit que le fait que Mme D.
ait été informée des risques ne pouvait exonérer le praticien de sa responsabilité702 ».
616. Le refus de soins peut être fondé, d’après l’alinéa 7 de l’article L. 1110-3 du
Code de la santé publique sur « une exigence professionnelle, essentielle et déterminante
de la qualité, de la sécurité et de l’efficacité de soins ».
Ce refus de soins l’est pour clause de conscience703 de la part du praticien qui n’a pas les
moyens de mettre en œuvre des soins qui dépassent sa compétence ou qui ne dispose pas
d’un plateau technique permettant la réalisation de ces soins. En cas d’acte que le praticien
juge inutile, dans le domaine esthétique notamment, ou en cas d’acte où le rapport
risques/bénéfices n’est pas satisfaisant, le refus de soins est justifié par l’application de
l’article 16-3 du Code civil qui ne permet l’intervention médicale et l’atteinte à l’intégrité
physique que par le fait de la nécessité médicale.
617. Ce refus inclut également le motif d’ordre personnel de refus de soins, admis par
l’article L. 1110-3, al. 7 du Code de la santé publique, traduit par « l’exigence
personnelle ». Ce même article rejoint le Code de déontologie médicale qui permet le refus
de soins, dans son article R. 4127-47 du Code de la santé publique704, en stipulant
qu’ « hors le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, un médecin
a le droit de refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou personnelle », ce que
reprend le Code de la santé publique, dans son article R. 4127-211705 : « Hors le cas
d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, le chirurgien-dentiste a
toujours le droit de refuser ses soins pour des raisons personnelles ou professionnelles, à
conditions :
1- de ne jamais nuire de ce fait à son patient ;
702
Cass. Civ. 1 ère, 30 janvier 1996, n° 93-21.769, Juris-data n° 000320.
703
NEIRINCK C. « Consentement à l’acte médical, analyse juridique. », in L’acte médical et les droits du
malade, ss dir. Claire NEIRINCK, coll. « Droit et médecine », Presse de l’université des sciences
sociales de Toulouse, p. 93.
704
Ancien art. 47 du CDM
705
Ancien art. 8 du CDD.
214
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Certes, l’article L. 162-2-1 du Code de la sécurité sociale indique que « les médecins sont
tenus, dans tous leurs actes et prescriptions, d’observer, dans le cadre de la législation et
de la réglementation en vigueur, la plus stricte économie compatible avec la qualité, la
sécurité et l’efficacité des soins ». Dans le domaine de la chirurgie-dentaire, une telle
attitude ne peut guider le choix du plan de traitement. Par exemple, la meilleure solution
pour le remplacement d’une dent perdue entre deux dents saines est la pose d’un
implant706, lorsqu’elle est possible707 mais c’est une solution beaucoup plus coûteuse qu’un
bridge de trois dents qui nécessiterait la taille des dents piliers saines, acte qui peut être
qualifiée de mutilation volontaire708.
L’article 221-6 du Code pénal traite de l’homicide involontaire, en effet, « le fait de causer,
dans les conditions et selon les distinctions prévues à l’article 121-3 par maladresse,
imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement, la mort d’autrui constitue un homicide
involontaire puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
En cas de violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à 5 ans
d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende ».
706
Fausse racine en titane vissée dans l’os de la mâchoire et qui va supporter la dent prothétique de
remplacement.
707
Si l’état général du patient le permet.
708
Article 222-9 du code pénal : infraction de violences ayant entraîné une mutilation.
215
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
L’article 225-1 du Code pénal, interdit le refus discriminatoire d’un service : « Constitue
une discrimination, toute distinction opérée entre les personnes physiques en raison de
leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille ».
709
Couverture Maladie Universelle complémentaire
216
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
appartenance ou leur non appartenance à une ethnie, une nation ou une religion
déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il
peut éprouver à leur égard710 ».
623. Le Code de la santé publique précise également, dans son article l. 1110-3,
qu’ « Aucune personne ne peut faire l’objet de discriminations dans l’accès à la prévention
et aux soins ». Ce principe est repris dans les délibérations du 6 novembre 2006 de la
HALDE711.
624. Le Code pénal, de par son article 225-1, sanctionne aussi « toute distinction
opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur
situation de famille, de leur grossesse , de leur apparence physique, de leur patronyme, de
leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs,
de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités
syndicales, de leur appartenance ou de leur non appartenance, vraie ou supposée, à une
ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée… ».
626. La raison du refus de soins par les praticiens est principalement liée au
problème de l’absentéisme, du retard et de la non observance des traitements de la part des
bénéficiaires de la CMU. Il existe un réel problème d’éducation de cette population au
sujet des devoirs et des obligations envers les soignants. De plus, il faut aussi constater que
la dispense d’avance de frais entraîne la déresponsabilisation de l’assuré social.
710
Ancien art. 8 du CDD, art R. 4127-211 du CSP
711
Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité, délibérations du 6 novembre 2006,
n° 2006-232 à 234
712
Caisse Nationale d’Assurance Maladie et Travailleurs Salariés
217
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
628. La loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité
du système de santé716 a consacré le principe du droit d’accès aux soins pour tous. Le titre
1er du livre 1er de la première partie du Code de la santé publique généralise le droit d’accès
aux soins pour « toute personne » « égale et sans discrimination ». Le Code pénal, dans
713
Circulaire du 30 juin 2008, CNAMTS, CIR-33/2008
714
CATZ J., « La loi du 4 mars 2002 : de nouveaux droits pour les malades, de nouveaux devoirs pour les
médecins. Vers une médecine plus humaine. », Responsabilité, 2002, n° 6, p. 24.
715
Ancien art ; 20 du CDM
716
Loi n0 2002-303 du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, JO
du 5 mars 2002, p. 4118.
218
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
son article 225-1, dénonce également toute discrimination717, en rejoignant ainsi la position
du Code de déontologie médicale718, ainsi que celle du Code de déontologie dentaire719.
629. Selon l’article L. 1110-1 du CSP, les soins du patient sont « nécessités par son
état de santé ». L’article 1110-5 précise que « toute personne a, compte tenu de son état de
santé et de l’urgence des interventions que celui-ci requiert, le droit de recevoir les soins
les plus appropriés », et l’article L. 1110-5 rajoute le fait que « les actes […] de soins ne
doivent pas, en l’état des connaissances médicales, lui faire courir de risques
disproportionnés par rapport au bénéfice escompté ».
630. Le droit de soins sous entend que le patient doit coopérer. Ne pas accepter les
soins appropriés peut nuire à l’intérêt d’autrui, « et plus généralement l’intérêt collectif720»,
car « la personne qui « choisit » de rester malade en négligeant la thérapie devient un
agent de propagation de la maladie, dangereux pour la santé d’autrui. Il peut donc être
légitime de restreindre la liberté thérapeutique afin de préserver la liberté des autres… ».
631. La loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux
patients, à la santé et aux territoires, loi dite « hôpital, patient, santé, territoire »721 a
approfondi la reconnaissance juridique du droit d’accès aux soins722.
717
Art. 225-1 du C pénal, modifié par la loi n° 2006-340 du 23 mars 2006- art. 13 JORF 24 mars 2006 :
« Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques en raison de leur
origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur
patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs
moeurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités
syndicales, de leur appartenance ou de leur non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une
nation, une race ou une religion déterminée ».
718
« Le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les
personnes, quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance
ou leur non appartenance à une ethnie, une nation, ou une religion déterminée, leur handicap ou leur
état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard ».
719
Art 4127-211, ancien art ; 8 du CDD.
720
VIALLA F. (ss. dir.), « Les grandes décisions du droit médical. », L.G.D.J., éd. Lextenso, 2009, p. 94.
721
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et
aux territoires, JO du 22 juillet 2009, p. 12184.
722
MOURGUES A., L’accès aux soins, Thèse, Montpellier I, 2009, p. 103.
219
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
632. Le dossier médical, « enjeux de transparence de la qualité des soins »724, est
obligatoire pour les professionnels de santé dans les établissements de soins, comme en
cabinet privé725. Le chirurgien-dentiste n’est pas le propriétaire du dossier médical, il n’en
n’est que le dépositaire légal726. Il est responsable de sa conservation et de sa protection727.
633. Le rôle du dossier médical est important: la loi du 4 mars 2002 consacre le droit
du patient à l’information, et c’est ce dossier qui en devient le vecteur, en permettant le
stockage et la communication des informations. Pour Étienne DESEHU, membre de la
section éthique du conseil de l’ordre des médecins, certes, son rôle d’outil de
communication entre professionnels et entre praticiens et patients doit s’imposer, mais
c’est son contenu qui compte avant tout. Il ne doit pas être une archive mais « le lieu
commun d’une histoire pathologique d’une personne et de la valeur ajoutée par les soins
des professionnels de santé728 ».
Quelles sont les obligations légales du chirurgien-dentiste en matière de tenue d’un dossier
médical ?
634. La tenue d’un dossier médical n’est pas en elle-même, une obligation légale. De
même, il n’existe pas de règle définissant son contenu. Cependant, l’ANAES a édité, en
mai 2000, un référentiel sur le « Dossier du Patient en Odontologie729 ». Ces
recommandations sont des recommandations de bonne pratique, et peuvent être
723
« Dossier du patient en odontologie. », ANAES, mai 2000.
724
Thème de la conférence inaugurale du MEDEC 2002.
725
La lettre, ONCD, avril 2002, n°6, p. 24.
726
La loi du 4 mars 2002 précise que les informations sont «détenues» par les soignants: ils en sont les
dépositaires et non pas les propriétaires.
727
Art. R. 4127-259 du CSP, ancien art. 52 du CDD.
728
La Lettre, ONCD, avril 2002, n°6, p. 24.
729
ANAES. «Le dossier du patient : amélioration de la qualité de la tenue et du contenu,
réglementation et recommandations. », 2000.
220
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
considérées comme des données acquises de la science730. Il faut donc considérer que la
tenue d’un dossier médical est obligatoire. D’ailleurs, l’article L. 162-1-14 du Code de la
sécurité sociale mentionne que « le refus par les professionnels de santé de reporter dans
le dossier médical personnel, les éléments issus de chaque acte ou consultation, peuvent
également faire l’objet d’une pénalité ».
635. Avant la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002, la responsabilité médicale pouvait être
engagée durant 30 ans (article 2260 du CC). Le praticien devrait donc conserver ce dossier
durant cette période. Et s’il s’agissait d’un patient mineur, le délai était augmenté du
nombre séparant les faits, de celle de la majorité du patient, ce qui veut dire que ce délai
pouvait aller jusqu’à maximum 48 ans. La loi du 4 mars 2002 a ramené ce délai de
prescription à 10 ans, à partir de la date de consolidation des lésions731.
Et en cas de décès du praticien, les héritiers acceptant la succession sont tenus de réparer
les conséquences dommageables du fait des actes du praticien, dans les limites de la
prescription.
a) L’obligation de confidentialité.
En pratique, la sécurité des données demande que celles-ci soient gardées dans un local
non accessible au public, dans un meuble fermant à clef.
730
Arrêt CE 12/01, La lettre, ONCD, n°43 déc. 2005).
731
La date de consolidation d’une lésion correspond au jour où le praticien qui fixe cette date estime que
la lésion ne va ni s’aggraver, ni s’améliorer, en l’absence de traitement.
221
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
637. En cas d’utilisation informatique, les données doivent être sécurisées par des
dispositifs adéquats. L’article 16 de La loi n°78-17 du 6 Janvier 1978 rend obligatoire la
déclaration à la CNIL de tout fichier informatique nominatif.
641. Les praticiens conventionnés ont, envers les caisses de sécurité sociale, les
obligations suivantes :
732
Ancien art. 5 du CDD.
733
Ancien art. 33 du CDD.
734
Ancien art. 57 du CDD.
222
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
642. Les articles L. 1111-7 et suiv. de la loi du 4 mars 2002 et le décret du 29 avril
736
2002 organisent « l’accès du patient aux informations personnelles détenues par les
professionnels de la santé737 ».
De même, l’arrêté du 5 mars 2004738 homologue les « recommandations de bonnes
pratiques relatives à l’accès aux informations concernant la santé d’une personne
et…l’accompagnement de cet accès », élaborées par l’ANAES739.
643. L’accès au dossier médical est un droit personnel, celui du patient. Il peut
désormais être direct, comme le permet l’article L.1111-7 du CSP qui indique que « toute
personne…peut accéder à ces informations [concernant sa santé] directement ou par
l’intermédiaire d’un médecin qu’elle désigne ». Avant la loi du 4 mars 2002, aussi bien
dans le cadre de la médecine hospitalière que dans le cadre de la médecine libérale, l’accès
au dossier médical ne pouvait se faire que par l’intermédiaire du médecin traitant. C’était
le principe de la médiation obligatoire.
735
Nomenclature des actes professionnels des médecins, chirurgiens-dentistes, sage-femme et auxiliaires
médicaux.)
736
Décret n° 2002-637 du 29 avril 2002 relatif à l’accès aux informations personnelles détenues par les
professionnels et les établissements de santé en application des articles L. 1111-7 et L. 1112-1 du CSP.
737
« Accès au dossier médical : des recommandations pour les professions de santé. », Le Quotidien du
médecin, 22 mars 2004.
738
JORF n° 65 du 17 mars 2004, p. 5206, texte n° 16.
739
« Accès aux informations concernant la santé d’une personne. Modalités pratiques et
accompagnement. », ANAES, février 2004.
223
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
645. « Les titulaires de l’autorité parentale disposent d’un droit d’accès direct et
non le mineur lui-même. Simplement, le mineur pourra exiger la présence d’un médecin :
la médiation devient obligatoire sur demande du mineur. Celui-ci peut s’opposer à ce que
le praticien communique certaines informations médicales aux titulaires de l’autorité
parentale conformément à l’article L.1111-5 du CSP ».
646. Les conditions d’accès au dossier médical des ayants droit sont définies dans
les articles L. 1110-4 et L.1111-7 du CSP. Il faut être vigilant car les « intérêts » des ayants
droit peuvent être contradictoires et générer des conflits. Le motif de leur demande doit
être fait par écrit.
648. Tout praticien qui ne participe pas au diagnostic et au traitement n’a pas droit
d’accès au dossier médical. Se pose donc la question de l’information des praticiens des
740
ESPER C., « La personne de confiance. », Gaz. Pal., 15-17 décembre 2002 : 13.
741
Article L. 315.1 du CSS.
742
Article R. 4127-258 du CSP
743
Art. 42 de la loi du 28 mai 1996.
744
Art. L. 1414-4 du CSP.
224
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
649. Ce qui soulève aussi le problème de la facturation qui ne doit comporter aucun
élément relevant du secret médical, car bien souvent, ces organismes exigent de connaître
la nature exacte des actes qui ont été dispensés et quelles ont été les dents soignées ou
remplacées, sinon, ils refusent de régler leur participation.
650. L’accès peut se faire soit sur rendez-vous, directement par le patient ou par
l’intermédiaire d’un praticien de son choix, soit par une demande de copie. Dans ce dernier
cas, seuls les coûts de reproduction selon le type de support et les frais d’envoi sont
facturés, car « il convient de limiter au coût du consommable et de l’amortissement du
matériel746 ».
652. En ce qui concerne les radiographies, il est impératif de garder des copies dans
le dossier. En cas de remise des originaux, une décharge signée du patient doit indiquer le
745
HAS. « Recommandations pour la pratique clinique. Accès aux informations concernant la santé d’une
personne. Modalités pratiques et accompagnement. », décembre 2005.
http://has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/ Acces_Info_sante_Dec_2005.pdf
746
ANAES. « Accès aux informations concernant la santé d’une personne. Modalités pratiques et
accompagnement. », février 2004.
225
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
détail des documents communiqués, le type et le nombre de radiographies. Il faut noter que
la HAS précise que la communication des éléments non reproductibles, comme les
radiographies argentiques, doivent être conservées sur place par le praticien747.
656. Le dossier médical a pour objectif de recueillir toutes les données cliniques,
administratives et comptables nécessaires au bon déroulement des soins et permettre un
exercice de qualité.
747
HAS. « Recommandations pour la pratique clinique. Accès aux informations concernant la santé d’une
personne. Modalités pratiques et accompagnement. », décembre 2005.
http://has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/ Acces_Info_sante_Dec_2005.pdf
748
Ancien art 45 du CDM
226
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
- le volet médical, qui comprend la fiche clinique avec les antécédents médicaux, la
chronologie des actes effectués lors des différents rendez-vous, les radiographies,
les certificats médicaux, les moulages et les photographies ;
- le volet administratif, qui recueille tous les renseignements administratifs, les devis,
les fiches de traçabilité, les déclarations de pharmacovigilance ;
- le volet comptable où figurent les renseignements relatifs aux paiements.
657. Elles contiennent tous les identifiants du patient. Le classement peut se faire
par ordre alphabétique ou numérique. Dans le cas d’un classement numérique, il faut tenir
une liste de correspondance entre les noms et les numéros identifiant les patients.
Le nom : il faut noter le nom marital, le nom de jeune fille et le cas échéant, le nom usuel
pour les femmes.
Le prénom : il permet de différencier les différents membre d’une même famille. En cas
d’homonymie, un symbole ou un signe distinctif placé en haut du dossier, permettra de
différencier les deux personnes.
Le sexe : il est à préciser car le prénom ne permet pas toujours de le mettre en évidence.
Le lieu de naissance : il peut donner des indications sur l’origine du patient. Dans le cadre
de certaines pathologies comme les maladies parodontales ou les fluoroses, par exemple,
ce peut être une aide au diagnostic.
L’adresse complète.
227
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Les correspondants.
L’anamnèse749 médicale :
659. Les examens médicaux, leurs résultats, les diagnostics, soins et traitements
entrepris antérieurement au jour de la consultation, sont répertoriés.
Dans le cas d’une utilisation d’un questionnaire écrit, à remplir par le patient, le praticien
le complètera par un questionnaire oral. Cela lui permettra d’en vérifier les réponses.
749
L’anamnèse médicale est l’ensemble des informations que le médecin recueille en interrogeant son
malade sur l’histoire de sa maladie.
228
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Dans le cas de l’urgence, il faut faire au minimum l’anamnèse médicale. Cette anamnèse
médicale doit être régulièrement mise à jour.
L’anamnèse odontologique :
660. C’est l’historique de l’ensemble des traitements effectués chez le patient avant
sa venue. Il est important de noter la date de la dernière consultation, les habitudes
d’hygiène bucco-dentaire, d’éventuelles para fonctions (tics, bruxisme, succion de doigt ou
autre…)
Il est indispensable d’établir le schéma dentaire avant et après traitement. Dans le cadre de
l’identification en odontologie légale, il est important de maintenir ce schéma à jour.
Le diagnostic.
Le suivi thérapeutique (les modalités seront précisées avec le patient: on peut définir, par
exemple, la fréquence des examens de contrôle).
229
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
661. La Loi ne précise pas quel devrait être le délai de conservation750 de toutes ses
pièces. Il est possible de se référer au délai de prescription de la responsabilité civile
professionnelle du chirurgien-dentiste. Mais en pratique, il vaut mieux tout conserver, tout
le temps de l’exercice professionnel. Se pose le problème de la cessation d’activité et de
l’hébergement de ces données ou de leur destruction, lorsqu’il n’y a aucun chirurgien-
dentiste qui reprend le cabinet dentaire.
662. La CPAM peut sanctionner le refus de reporter dans le dossier médical les
éléments concernant chaque acte ou chaque consultation, en vertu de l’article L. 132-1-14
du Code de la sécurité sociale.
663. Il doit être clair, lisible, actualisé, écrit de manière indélébile avec les
corrections qui doivent être identifiables, quel que soit le support utilisé, papier ou
informatique. Les commentaires personnels ainsi que les données comptables, doivent être
séparées des données médicales .Ce dossier doit pouvoir être mis à jour et évoluer sans
problème.
750
MOUTARDE A., « Cessation d’activité et conservation du dossier médical. », La Lettre, ONCD, n° 38,
juin 2005, p. 14.
230
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
664. Le dossier médical sera à l’avenir amené à être partagé entre différents acteurs
de santé. Le dossier dentaire y sera intégré. L’informatique permettra la tenue et la
transmission d’un tel dossier.
665. Le dossier médical partagé ou DMP devait en principe voir le jour avec la
réforme de l’assurance maladie de 2004. Le projet de loi de financement de la sécurité
sociale de 2009 voudrait le concrétiser. Pour ce faire, l’ASIP ou Agence des Systèmes
d’Informations de Santé Partagés a été créée.
667. Un dossier complet et actualisé permet une approche globale du patient, c’est
la base de travail du praticien, le support pour la transmission des informations à un ou
plusieurs autres praticiens et peut servir pour une éventuelle recherche scientifique.
231
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
670. Depuis le 20 mai 2008, Google Health propose aux internautes américains de
constituer gratuitement leur dossier médical sur internet751. Leurs données médicales,
celles concernant leur assurance maladie et leur assurance complémentaire peuvent être
partagées avec les établissements et les professionnels de santé qu’ils choisissent. Des
services sont proposés par Google, comme la recherche de spécialistes en fonction des
maladies déclarées et des alertes en cas d’incompatibilité entre les médicaments prescrits.
Malgré la promesse de Google de prendre toutes les précautions nécessaires, il est évident
que la protection de ses données n’est que relative, et qu’il peut être dangereux de
concentrer ainsi des informations personnelles et confidentielles.
671. La loi du 4 mars 2002 a voulu donner plus de droits aux patients afin de
rééquilibrer la relation de soins. La démocratie sanitaire qu’elle a voulu instaurer a
consacré légalement les droits des usagers du système de santé, à savoir, le droit au respect
et à la dignité, le droit des personnes, le principe de non discrimination, et la protection de
la santé.
672. Dans cette continuité, la loi HPST a voulu renforcer la position du patient en
voulant le placer au coeur du système de soins. Le patient acquiert une véritable autonomie
dans sa décision de soins, ainsi que des droits nouveaux tels que le droit de participer à la
décision médicale, droit qui découle de l'information du patient, le droit d'accès direct au
dossier médical et le droit à l'intégrité physique.
751
http://www.google.com/health/htlm/about/
232
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
673. C'est un droit fondamental qui est consacré par l'article 1 de la Convention des
droits de l'Homme et de la bio-médecine752, les déclarations de l’OMS, la Déclaration de
1994 sur la promotion des droits des patients en Europe753, les recommandations de
l’ANAES et l’article 16-3 al. 2 du Code civil.
674. Il ne doit pas y avoir d'autres atteintes que celles nécessaire à le soigner , ainsi
que l’indique l’art 16-3 du CC qui dit qu’ « il ne peut être porté atteinte à l'intégrité du
corps humain qu'en cas de nécessité médicale pour la personne ».
675. Les normes de sécurité, pour la prévention des dommages, se sont multipliées.
Ce sont, entre autres, les AMM754 pour les médicaments et les marquages CE pour les
dispositifs médicaux, ce, afin d'éviter l'apparition ou de limiter les effets indésirables
pouvant porter atteinte à l'intégrité physique du patient.
676. La notion de contrat sous entend qu'il y ait égalité entre les deux parties
contractantes. Le contrat médical gênait, en ce sens, que la relation entre les deux parties
était déséquilibrée. En créant des droits pour le patient, le législateur a voulu rééquilibrer
cette relation.
677. Pour David JACOTOT, « utiliser les termes de protection du patient implique
la reconnaissance du pouvoir médical dans le cadre duquel les professionnels de santé
prennent la panoplie du plus fort et les patients celle du faible 755 ».
752
Dans son article 5.
753
BENSAMMOUR N. et MICHELET H., « Le consentement éclairé et le droit international de la santé. »,
La Lettre, n° 22, déc. 2000, pp. 30-31.
754
Autorisation de mise sur le marché.
755
JACOTOT D., « Les droits des professionnels de santé ? Seulement des obligations...», La Lettre, p. 4,
ONCD, janvier-février 2002, n° 4, p. 9.
233
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
679. Le patient est libre de rompre ce contrat à tout moment. Le praticien peut aussi
rompre le contrat, mais à certaines conditions. La réciprocité des parties n'est point vraie en
ce qui concerne cette rupture de contrat.
C/ Le refus de soins.
756
AUZERIC David, « Le refus de soins par le patient », Dossier, MACSF, 10 février 2009, www.macsf.fr
757
Art. L. 1111-4 al. 4 du CSP : la famille ou les proches doivent être consultés, sauf urgence ou
impossibilité
758
Art. L. 1114-1, al. 5 du CSP, lorsque le refus de soins par le tuteur ou le titulaire de l’autorité parentale
risque d’entraîner des conséquences « graves » pour sa santé.
234
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
état, tant au niveau du diagnostic établi que sur les traitements proposés, ainsi que sur les
risques liés à son refus.
682. Le praticien ne peut passer outre de ce refus de soins, qu’en cas de danger
immédiat pour la vie du patient, l’urgence se définissant comme un danger grave et
immédiat, imminent pour la survie du patient.
685. Le contrat de soins prend fin lorsqu’il a été exécuté, ou pour des causes
naturelles telles que le décès du patient, le décès ou l’incapacité d’exercice du praticien. Le
contrat peut être rompu par le patient, qui peut choisir d’arrêter ses soins ou changer de
praticien. Le chirurgien-dentiste a aussi le droit de rompre le contrat, mais dans des
conditions bien définies et hors cas d’urgence. A la fin du contrat de soins, le patient a le
droit de récupérer son dossier médical. Le praticien ne peut exercer de rétention au prétexte
qu’il n’aurait pas été rémunéré759.
759
KORNSPROBST L., Contrat de soins médicaux, éd. Sirey, 1960, p. 307 ; AUBY J-M., SAVATIER R.
et J., op. cité, n° 301.
235
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
687. Quelles sont les différentes responsabilités qui peuvent être engagées ? Elles
se situent sur différents plans: civil, pénal, ordinal, la responsabilité sur le plan
administratif ne concernant que les praticiens qui exercent en établissement public.
688. Le Droit civil règle les litiges entre particuliers. C’est lui qui va régir les
fondements de la responsabilité médicale, dans le cadre du contrat de soins. La mise en
cause de la responsabilité civile impose de réparer le dommage que l’on a causé à autrui.
Le tribunal dit qui a raison, et le but est l’indemnisation de la victime.
689. Le Droit pénal définit les infractions dont on s’est rendu coupable : le Code
pénal est un catalogue limitatif de ces infractions punissables et des sanctions
correspondantes. Le but est la répression du coupable, le rôle du Tribunal est de dire qui est
coupable.
690. Comme pour tout citoyen, le chirurgien-dentiste peut être mis en examen pour
des infractions contre la paix publique, des infractions contre les personnes, un homicide,
des coups et blessures involontaires, des infractions contre les biens et des infractions
volontaires correctionnelles.
691. Il peut également être mis en examen pour des infractions dans le cadre de
l’exercice de la chirurgie dentaire, par exemple, des infractions aux règles légales de la
profession, la mise en jeu de sa responsabilité civile pour atteintes involontaires à la vie ou
atteintes involontaires à l’intégrité de la personne.
236
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
694. Le contrat peut être rompu à tout moment par le patient, sans que celui-ci n'ait
à fournir de raisons. Le praticien peut également rompre le contrat à condition d'assurer la
continuité des soins.
695. La relation de confiance qui s'établit entre les deux parties est importante.
Même si la prestation de soins est en définitive réalisée, la perte de confiance peut altérer
la relation de soins, voire, entraîner la rupture du contrat.
760
Il règlemente l’accès à la profession.
761
HOCQUET-BERG S. et PY B., « La responsabilité du médecin », éd. Heures de France, coll. « Droit
professionnel », juillet 2006.
762
SABEK M., « Les responsabilités du chirurgien-dentiste », Bordeaux : LEH, 2003
763
JACOTOT D., « Les droits des professionnels de santé ? Seulement des obligations… », La Lettre,
ONCD, n° 4, janv-fév. 2002, p. 9.
237
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
l’intérêt général prime sur l’intérêt individuel. Le point d’équilibre de la relation de soins
entre le chirurgien-dentiste et son patient paraît difficile à atteindre entre les obligations et
les droits de chacun. .
238
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
CONCLUSION GENERALE
764
Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système santé,
Journal Officiel de la République française, 5 mars 2002
765
Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et
aux territoires, JO du 22 juillet 2009, p. 12184.
239
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
celui qui, informé, donne son assentiment aux soins 766» : il « devient un « co-acteur » dans
la décision médicale, il n’en est plus seulement spectateur767». Le législateur a voulu
rééquilibrer la relation de soins, la notion de contrat exigeant que les deux parties
contractantes soient de même force.
701. La loi du 4 mars 2002 consacre le droit à l’information du patient et son droit
d’accès à son dossier médical. La possibilité, pour ce patient, d’accéder à toutes les
données médicales le concernant est saluée par le Conseil National de l’Ordre des
Médecins, comme un « enjeu de transparence768 ». Il faut espérer que la confiance
nécessaire à l’établissement de la relation de soins s’en trouve renforcée.
766
HARICHAUX M., «Les droits à l’information et consentement de l’usager du système de santé après
la loi n° 2002-313 du 4 mars 2002. », R.D. Sanit. et Soc., 38 (4), oct.-déc. 2002, p. 682.
767
MOREL K., La dignité du patient à l’épreuve du droit privé, Thèse, Montpellier, 2007, p. 188.
768
CHABROL A., « Un enjeu de transparence. », Bull. Nat. Conseil de l’Ordre, mars 2002, p. 8.
769
CE, Réflexions sur le droit de la santé, Rapport public, 1998.
770
Cass. ass. plénière, 17 novembre 2000, Bull. 2000, n° 9, p. 15.
240
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
704. Il faut sans doute s’inquiéter, d’un point de vue éthique, de la transformation
de la relation patient-praticien, avec un patient fort de ses droits, « consommateur de
soins ». L’attitude de certains praticiens face à l’engouement pour de nouvelles techniques
(complaisance, marketing concurrence) contribue à cette transformation des mentalités.
Cette dérive comportementale occulte le fait qu’au nom de la protection de la personne
humaine, le patient ne peut disposer de son corps comme il l’entend, et que le praticien doit
rester dans les limites de son devoir de soins.
Ce changement est illustré par le décret 2010-1229 du 19 octobre 2010 qui donne au
patient la possibilité de consulter en ligne tout médecin autorisé à exercer en France.
D’aucun pourrait y voir l’accession du patient à une véritable « majorité » dans la relation
de soins, car « les actes de télémédecine sont réalisés avec le consentement libre et éclairé
de la personne 771 ». Certes, l’existence du contrat de soins se trouve renforcée par la
rééquilibration du pouvoir des deux parties. Mais l’entretien par webcams interposées ne
remplacera jamais, dans la consultation, l’examen clinique. Ce décret peut laisser perplexe
bien des membres du corps médical, ce, d’autant plus, qu’en cas de problème, c’est la
responsabilité du médecin qui peut être mise en cause.
La surmédiatisation fait oublier que la médecine n’est pas une science exacte. L’insuccès
est vécu comme un échec du praticien et non plus comme une fatalité.
771
Article R. 6316-2 du CSP
241
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
706. La volonté de plafonnement des honoraires par les caisses d’assurance maladie
est de plus en plus d’actualité. Le praticien devient prestataire de service, et comme c’est la
caisse qui finance en partie ce service, elle a donc un droit de regard et un droit
d’intervention accrus. Il en est de même pour les mutuelles et les assurances
complémentaires, avec la suppression des ententes préalables: elles se substituent au
contrôle médical, ce qui constitue une dérive très discutable772.
La maîtrise médicalisée limite les choix thérapeutiques pour le praticien, ce qui peut
engendrer une perte de chance pour le patient.
- La fin de la liberté des honoraires limitée par les conventions, par le panier CMU et
certains accords avec des mutuelles qui sont parfois discutables, voire, illégales.
772
Postée par courrier, ce n’est pas toujours le praticien conseil de la mutuelle qui ouvre le courrier. Et c’est
souvent qu’une personne autre que ce praticien traite la demande au mépris du secret médical.
242
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
708. Le contexte social et juridique rend de plus en plus difficile le fait de concilier
éthique et économie. Face aux efforts demandés au praticien, celui-ci n’a d’autre choix que
de se transformer en un véritable gestionnaire de son entreprise.
709. Madame Marion GIRER explique dans sa thèse que « La recherche doit être
guidée à la fois par la volonté de transcender les clivages traditionnels entre droit public
et droit privé, droit contractuel et droit délictuel, et par l’adoption d’un cadre qui, bien
qu’uniforme, ne soit pas un carcan rigide à l’intérieur duquel la relation de soins se
trouverait enserrée et à l’étroit773 ».
711. L’information prend une place dont l’importance s’accroît à tout point de vue :
elle est la condition nécessaire au consentement à l’acte de soins, elle permet au patient
d’être acteur de la relation de soins et responsable de ses choix de traitement, elle peut être
pour le juge le motif de mise en cause de la responsabilité du praticien lorsqu’il n’y a pas
de faute prouvée.
773
GIRER M. op. cité, p. 489.
243
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Les actes de soins dentaires eux mêmes ne sont pas d’ordre contractuel et peuvent être
réalisés en dehors ce mode d’exercice, en milieu hospitalier par exemple.
Ce contrat médical resterait la garantie contre le retour vers une responsabilité médicale
délictuelle d’avant le célèbre et contesté arrêt MERCIER774.
774
GIRER M., « Relation de soin et lien contractuel », in « Les grandes décision du droit médical », ss. dir.
VIALLA F., L.G.D.J., éd. Lextenso, Paris, 2009, n° 479 et s.
244
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
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Note CE, 26 octobre 2001, AJDA, mars 2002.
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Note C.E, 6 mars 1981, Puech, Revue de Droit Sanitaire et Social, 1981, p. 413.
GULDNER.
Conclusion C.E, 5 novembre 1958, D., 1958, 751.
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MORET-BAILLY.
Obs. C.E, 12 janvier 2005, «M. KERKERIAN», n° 256001, R.D.S.S, 2005-497.
PAIN-MASBRENIER.
Note C.E section, 26 octobre 2001, Revue Générale de Droit Médical, 2002, n° 8.
SEGUI.
Note C.E section, 26 octobre 2001, Actualités Jurisanté, 2001-janv déc. 2002, n°
34.
SAVATIER.
Note C.E, ordonnance du 26 août 2002, Feuillatey.
AUGUET.
Note Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001,
inf. rap. p. 290; D. aff. 2001, p. 2400.
BRETON.
Note Cass. civ. 1ère, 13 juillet 1937, Gazette du Palais, 1937, 2, 384; S. 1939, 1,
217.
Note Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936, concl. MATTER, rapport
JOSSERAND ; S. 1937, I, 321
CAILLE.
Note Cass. civ. 1ère, 9 novembre 1999, R.G.D.M, 3, 2000, 89, rapport SARGOS.
CHABAS.
Note Cass. civ. 1ère, 8 novembre 2000, n° 99-11.735, Juris-data n° 2000-006741 ;
Bull. 2000, I, n° 287, p. 186 ; JCP G 2001, II, 10493, rapp. SARGOS.
DEMOGUE.
Obs. Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936.
DORSNER-DOLIVET.
Note Cass. civ. 1ère, 5 mars 1991, J.C.P, G, 1992, IV, n° 218356.
DORSNER-DOLIVET, SARGOS, DUBOUIS, GUIGNE, JOURDAIN, MÉMETEAU.
Cass. civ. 1ère, 25 février 1997, HEDREUL c. / COUSIN et autres, n° 94-19.685;
Gazette du Palais, 27-29 avril 1997, rapport SARGOS ; R.T.D.C, 1997,434;
Médecine et Droit, 1997, n° 24; P.A, 16 juillet 1997, 17, note; R.D.S.S, 1997, n° 2,
288; J.C.P, G., 1997, II, 22492.
Cass. civ. 1ère, 10 janvier 2000, J.C.P. 2001, II, 10473.
280
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DOUSSAN.
Note Cass. civ. 1ère, 10 décembre 1996, n° 95-13.154, Juris-data n° 004778 ; Bull.
civ. I, n° 445 ; P.A, 15 juin 1998, n° 71, p. 16 ; G.P, 5-9 septembre 1997, n° 248-
252, panorama p. 200.
DURRY.
Obs Cass. civ. 1ère, 15 novembre 1972, Juris-data n° 000241; Bull. civ, I, n° 241;
R.T.D.C, 1974, p. 160 ; Dalloz., 1973, II, 243.
Note Cass. civ. 1ère, 29 mai 1984, Dalloz 1985, 281.
HUET.
Obs. Cass. civ. 1ère, 29 octobre 1985, n° 83-17.091, Juris-data n° 002650.
HARICHAUX.
Note Cass. civ. 1ère, 14 octobre 1997, Bull. civ. I, 1997, n° 278.
JOSSERAND.
Cass. civ. 1ère, 20 mai 1936, D.P, 1936, concl. MATTER, rapport JOSSERAND,
note E.P ; S. 1937, I, 321.
JOURDAIN.
Obs. Cass. civ. 1ère, 22 novembre 1994, n° 92-16.423, Juris-data n° 002115; Bull.
civ. I, n° 340, J.C.P, G, 1995, IV, 204; Dalloz. 1995, I.R. 12 ; R.T.D.C, 1995, 375.
Obs. Cass. civ. 1ère. 7 octobre 1998. n° pourvoi 97-10267; RTD Civ. 1999, 111.
Obs. Cass. civ. 1ère, 17 février 1998, D.1998 ; RTD Civ 1998, 681.
Obs. Cass. civ. 1ère, 23 novembre 2004, Bull. civ. I, n° 286, p. 240, R.T.D.C,
janvier-mars 2005, n° 1, pp. 139-140.
LARGUIER.
Note Cass. civ. ch. réunies, 16 mai 1963, Bull. 1963, 3, n°4 ; Dalloz, 1963, 437.
LEVENEUR.
Comm. Cass. civ. 1ère, 30 juin 2004, Contrat, Concurrence et Consommation, oct.
2004, n° 135.
LEVENEUR, ROCHFELD, VIALLA.
Note Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, J.C.P, 2001, II, 10452 ; J.C.P, 2001, I, 301,
p. 432 ; Contrat, Concurrence et Consommation, 2001, n° 2, p. 12,
LIBCHABER, LOISEAU et VIALLA.
Note Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ, I, n° 283 ; Dalloz,
2001, inf. rap. p. 290 ; J.C.P, 2001, II, 10452; Dalloz aff. 2001, p. 2400 ; Rép. Def.
2001, p. 431 ; Revue de Droit Sanitaire et Social, 2001, p. 317.
281
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
LOISEAU.
Note Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001,
inf. rap. p. 290; J.C.P. 2001, éd. E, 419.
MAZEAUD.
Obs. Cass. civ. 1ère 7 octobre 1998, n° pourvoi 97-10267; Somm. 259.
Obs. Cass. Civ., 29 mai 1951; Dal., 1952, 43 ; R.T.D.C., 1951, 508.
NERSON.
Note Cass. civ. 1ère, 29 mai 1951, Bull. civ. I, n° 162 ;
NERSON et SAVATIER.
Note Cass. civ. 1ère, 29 mai 1951, Bull. civ. I, 1952, n° 162 ; Recueil Dalloz 1952 ;
S. 1953, 41.
PENNEAU.
Note Obs. Cass. civ. 1ère, 29 octobre 1985, n° 83-17.091, Juris-data n° 002650;
Bull. civ ; I, n° 273 ; Dalloz, 1986, 417; R.T.D.C, 1986, 762.
PERROT.
Obs. Cass. Civ., 29 mai 1951; D., 1952, 43 ; J.C.P., 1951,6421.
PRIEUR.
Note Cass. civ. 1ère, 8 novembre 2000, n° 99-11.735, Juris-data n° 2000-006741 ;
Les Petites Affiches, 2000, n° 241, p. 14.
ROCHFELD.
Obs. Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001,
inf. rap. p. 290; J.C.P. 2001, I, 301, n° 16.
SARGOS.
Note Cass. civ. 1ère. 7 octobre 1998. n° pourvoi 97-10267 ; JCP 1998 II 10179
concl. SAINTE-ROSE.
Rapport Cass. civ. 1ère, 23 mai 2000, J.C.P, 2000, II, 10343.
SAVATIER.
Obs. Cass. civ. 21 février 1961, arrêt de principe, D. 1961, 534 ; J.C.P, 1961,
12129.
Note Cass. civ. 1ère, 29 mai 1951, Bull. civ. I, n° 162 ; D. 1952, 53 ; S. 1953, 41.
THOURET-NOROY.
Cass. req. 18 juin 1835, D. jur. gén., T. 39, V. responsabilité n° 129, concl.
DUPIN.
282
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
THOUVENIN.
Note Cass. Civ. 1ère, 7 janvier 1997, D 1997.146, rapp. SARGOS.
VIALLA.
Cass. civ. 1ère, 7 novembre 2000, WOESNER, Bull. civ. I, n° 283; D. 2001, inf. rap.
p. 290; J.C.P. 2001, II, 10452.
VINEY.
Note Cass. civ. 1ère, 17 février 1998, D.1998, J, 2 ; JCP 1998 IV.
Obs. Cass. civ. 25 février 1997, HEDREUL, J.C.P, 1997, G., I, 4025, n° 27 ; J.C.P,
1997, G., II, 22492, rapport SARGOS, Contrat, Concurrence et Consommation.
1997, chrn. 5, LEVENEUR ; Responsabilité Civile et Assurance, 1997, chrn. 8,
LAPOYADE-DESCHAMPS.
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SITOLOGIE :
http://www.adf.asso.fr
Site de l'Association Dentaire Française, qui présente des informations et des
conseils pour les chirurgiens-dentistes (plaquettes, fiches pratiques, publications de
l'ADF téléchargeables, etc…)
htpp://www.ameli.fr
Site de l'Assurance maladie.
http://www.assemblée-nationale.fr
www.bium-univ-paris5.fr
htpp://www.bossons-fute.com
Site animé bénévolement par des médecins du travail et qui diffuse plus
particulièrement des fiches de risques et des fiches d'activités professionnelles.
http://www.card.tm.fr
Site de la Caisse Autonome de Retraite des chirurgiens-dentistes.
http://www.cnil.fr/index.php?id=1613
287
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
http://www.d-m-p.org/aide_memoire_4/
Dossier médical personnel info.
http://www.egora.fr
http://www.futura-sciences.com/news-dentistes-prehistoriques-utilisaient-fraises-
silex_8643.php
https://www.google.com/health/html/about/
Google health.
http://www.has-sante.fr
Site de la Haute Autorité de Santé.
http://www.healthvault.com
http://homeoint.org/seror/odonto/lalanneart.htm
htpp://www.hscp.ensp.fr
Site du Haut Comité de la Santé Publique.
http://www.leschirugiensdentistes.com
htpp://www.legifrance.gouv.fr
Site de service public de la diffusion du droit.
htpp://www.macsf.fr
htpp://www.minefi.gouv.fr
Site dans lequel on trouve quantité d'informations pratiques et utiles au quotidien
(textes de loi, démarches administratives, fiches).
www.mtdents.info
http://museeguimet.fr/documents/mehrgarhpresse.pdf
288
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
http://www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr
Site du Conseil National de l'Ordre des chirurgiens-dentistes de France.
http://www.oncd.org
http://www.promopixel.com
http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/infect_chirdentaire/sommaire/htm
http://www.senat.fr
http://www.inpes.sante.fr
289
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
INDEX
A
Abstention thérapeutique : 145
Accès aux soins : 120, 628 et s.
Aléa thérapeutique : 149, 327
Assentiment : 173,239, 288, 366, 384, 385, 388
C
Capacité : 72, 77, 194, 197, 210, 580
Cause : 263, 264, 270, 283
Certificat : 439, 587 et s
Code de déontologie dentaire : 76, 138, 139, 257
Commerce : 154 et s., 223, 251,703
Compétence : 210 et s., 512
Confiance : 140, 148 et s., 339, 414 et s 710
Personne de --- : 401, 440, 450, 644
Contrat cadre : 187, 712
Contrat de soins : 122 et s., 190, 685, 710, 712
---- dentaire : 136
Définition du ---- : 128, 133
Objet du --- : 142, 291 et s.
Rupture du --- : 694
Consentement : 173, 190, 371 et s., 385
---- à l’acte de soins : 269, 366, 551
---- éclairé : 161, 568
---- du patient : 375 et s.
Echange de ---- : 173, 132
Preuve du ---- : 403 et s
Refus de ---- : 397 et s
Valeur du ---- : 382
290
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
D
Démocratie sanitaire : 256, 699
Décision: 507, 546, 575
Prise de ---- : 122
Déontologie : 28
Devis : 330, 335, 548,563 et s639
Diagnostic :
Erreur de --- : 549
Dignité humaine : v. droits fondamentaux
Dossier médical : 369, 629, 446,632 et s
Droit des patients : 381,670
Droits fondamentaux :
Dignité humaine : 284,286, 267 et s., 286, 288
Non patrimonialité du corps humain : 154, 193
E
Ethique : 36
Evaluation des pratiques : 101
F
Formation continue : 101, 512 et s.
H
HAS : 382, 484
Hippocrate : 34, 36, 410, 415, annexe
Honoraires : 330, 332, 553 et s., 596 et s.
Affichages de--- :343
Humanisme : 315,402
I
Information : 309
Défaut d’---- : 367, 306, 333, 359, 700
Obligation d’---- : 306 et s., 326
Preuve de l’---- : 354
291
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
L
Liberté de prescription : 579 et s., 606
Libre choix du patient : 163, 179,405
Libre choix du praticien : 115
M
Majeur : 226, 645
---- protégé : 229, 232
Mineur : 234, 236, 645
Consentement du ----- : 238et s.
Motif thérapeutique : 267 et s.
N
Nécessité médicale : 262, 276
Norme : 103, 499, 675
O
Obligation d’information, v. information
Obligation :
----de moyens : 186, 297,524
---- de résultat : 186, 504, 518 et s.
---- de sécurité : 7, 92, 531
---- de soins : 295
Ordre des chirurgiens-dentistes : 77
P
Parcours de soins : 115, 165, 611
Paternalisme médical : 19, 122, 216, 256, 368
Perte de chance : 306, 325
Prévention : 87, 109, 221, 277
292
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Q
Qualité des soins : 133, 296, 501,673
Droit à la ---- : 512
R
Raison proportionnée : 280, 495
Recommandations de bonne pratique : 91, 272, 478 et s., 493, 481
Refus de soins :
--- de la part du patient : 228, 569 et s., 680
--- de la part du praticien : 168, 372, et s., 547, 613 et s.
Responsabilité : 36, 137, 150, 246, 388, 504, 567, 686 et s.
---- médicale : 67, 134
---- professionnelle : 150, 481,540
Risques : 323 et s.,
S
Santé
Définition de la ------- 262
Droit à la -------- 702
Protection de la ---- : 517, 671
Secret médical : 36, 407 et s., 471 et s.473 et s
Science :
Données actuelles de la --- : 299
Données acquises de la --- : 92, 138,301, 486, 488,492
Données avérées de la --- : 300, 505
Soins :
Accès aux ---- : 90, 120, 628
Sécurité : 93, 103, 518, 531,673
T
Traçabilité : 537 et s.
U
Urgence : 168, 228, 243, 244, 372,
293
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
V
Volonté : 680
Autonomie de la ---- 131, 216
294
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
ANNEXE
Serment d’Hippocrate
Traduction d’Émile LITTRÉ (1819-1861)
« Je jure par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et
toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité,
le serment et l'engagement suivants :
Je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je
partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses
enfants pour des frères, et, s'ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans
salaire ni engagement. Je ferai part de mes préceptes, des leçons orales et du reste de
l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un
serment suivant la loi médicale, mais à nul autre. »
« Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement,
et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si
on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ; semblablement, je
ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j'exercerai mon art
dans l'innocence et la pureté.
Dans quelque maison que je rentre, j'y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de
tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons,
libres ou esclaves.
Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même hors de l'exercice de ma
profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme
un devoir en pareil cas. »
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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
SOMMAIRE .................................................................................................................................................... 4
INTRODUCTION GÉNÉRALE.................................................................................................................. 12
296
Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Chapitre 2 : le patient............................................................................................................................ 78
SECTION I : LA DEFINITION DU PATIENT. ............................................................................................................ 78
SECTION II : LA DEMANDE DE SOINS.................................................................................................................... 81
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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
Vu et permis d’imprimer
Montpellier, le …………………………...
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Le cadre juridique de l’exercice du chirurgien-dentiste : contribution à l’étude du contrat de soins.
RÉSUMÉ en français :
Ces deux dernières décennies ont connu un réel bouleversement de l’exercice professionnel du chirurgien-
dentiste. D’importants progrès scientifiques, techniques et technologiques ont été réalisés. La nature des actes
de soins a elle aussi évolué, avec la mise en œuvre de techniques et de matériels de plus en plus sophistiqués.
La chirurgie-dentaire, qualifiée communément d’« art dentaire » est maintenant reconnue comme une
véritable spécialité médicale, la « médecine bucco-dentaire ». Parallèlement à cette évolution, les contraintes
administratives et règlementaires se sont multipliées, et le cadre juridique de l’exercice en du chirurgien-
dentiste en cabinet libéral, s’est renforcé. Le patient lui- même, est passé du statut de celui qui subit, à celui
d’un réel acteur dans la relation de soins, grâce à la volonté du législateur d’instaurer une véritable
démocratie sanitaire. Mais le praticien voit sa liberté de prescription, ainsi que sa liberté thérapeutique, se
restreindre, notamment, par l’apparition de recommandations de bonnes pratiques et de références médicales
opposables. Le « colloque singulier » qui caractérisait autrefois le contrat médical, s’est éloigné du
paternalisme décrié, vers une relation de soins créant des devoirs mais aussi des droits, pour les deux parties.
La question se pose de savoir si de nos jours, cette relation de soins entre le chirurgien-dentiste et le patient
qu’il soigne, est encore d’ordre contractuel.
Discipline:
Mots-clés :
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