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INTRODUIRE LE DIALOGUE
SANTÉ-JUSTICE
L
a médecine légale est une En pathologie forensique, les médecins
discipline médicale qui se légistes peuvent utiliser des techniques
situe à l’interface entre le différentes pour investiguer un corps afin
droit et la médecine. Elle d’établir la cause du décès et de recons-
sert à répondre des questions truire les dernières minutes de sa vie.
médicales de la justice afin qu’elle puisse Dernièrement, grâce au développement
comprendre les éléments autour d’un de nouvelles technologies d’imagerie
décès ou des lésions subies lors d’une forensique, le corps humain peut égale-
violence. Ces éléments sont importants ment être entièrement digitalisé afin de
afin que la justice puisse évaluer correc- sauvegarder cette preuve importante. En
tement des situations et prendre une médecine légale clinique, le médecin
décision adéquate. légiste se trouve confronté à un individu
qui est soit devenu victime d’un crime ou
Dans le monde, il existe de nombreux qui est susceptible d’avoir commis un
systèmes médico-légaux mais certains crime.
pays n’ont même pas de médecine légale.
En Afrique, une pénurie importante de Son rôle est de confronter les dires de la
médecins légistes peut être constatée et personne à des signes et traces visibles
les différents pays se tournent régulière- sur son corps afin de trouver la vérité
ment vers des pays européens afin de concernant les faits en question.
développer un système médico-légal Cette présentation va amener des éclair-
fonctionnel. En Suisse, la médecine cissements sur le rôle que joue la méde-
légale est une discipline spécifique, cine légale dans la chaîne juridique.
enseignée après les études de médecine Grâce à des explications et des exemples,
sous forme d’une formation postgrade. ses avantages mais également ses limites
Elle se divise en deux branches princi- seront soulevées afin de mieux
pales : la médecine légale post mortem comprendre pourquoi la collaboration
ou la pathologie forensique et la méde- entre médecin, police et justice est
cine légale clinique. primordiale.
L
a présentation a pour but notamment à l'aide d'exemples tirés de la
d'exposer le système légal pratique quotidienne des tribunaux
suisse en manière de respon- suisses.
sabilité médicale. Les trois
composantes – pénale, civile Dans le cadre de ces exemples, les
et administrative – seront discutées, tant notions de violation de règle de l'art, de
s'agissant de leurs conditions de fond que préjudice et de lien de causalité seront
des aspects procéduraux. Les interactions étudiées de manière plus approfondie.
entre ces composantes seront mises en
exergue. Une attention particulière sera accordée
au concept de consentement libre et
Le rôle de l'expert et les synergies néces- éclairé, sur lequel le Tribunal fédéral
saires entre les médecins légistes et les suisse se montre intransigeant et dont la
autorités judicaires seront détaillées, violation rend tout acte médical illicite.
D
ans la conduite d’un processus judiciaire se nouent et se dénouent enjeux
et intérêts multiformes qui s’entrelacent : le Peuple au nom de qui la Loi
est appliquée, la société qui subit le tort de l’acte infractionnel et redoute
une récidive éventuelle, l’État, sentinelle de l’Ordre public et débiteur
régalien des soins de santé publique, la personne du délinquant dont il
faut préserver les droits et à travers celui-ci, l’Homme au nom de qui les Normes sont
édictées.
Problématiques :
• Les soins dus à un individu, fut-il privé de sa liberté, peuvent-ils être suspendus,
différés ou simplement ajournés au motif que ce dernier serait en conflit avec la Loi ?
• Quelle place accorder au consentement d’un délinquant à la dangerosité avérée et
éligible à une prise en charge, mais qui oppose une résistance ?
• Le système judiciaire camerounais peut-il se mettre en marge de la mouvance
innovante et novatrice de la justice contemporaine ?
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L
e système judiciaire came- Common Law. Chacune de ces
rounais est très largement puissances a donc imposé son mode
tributaire de son histoire. d’administration de la justice dans le
Autrefois colonie segment de territoire placé sous sa
allemande, le Cameroun gérance. Ces deux logiques, toujours en
s’est vu, à la faveur de la première guerre vigueur ont, lors des indépendances et
mondiale, puis de la seconde guerre plus tard avec l’avènement de la démo-
mondiale, attribuer tour à tour le statut de cratie, paradoxalement donné lieu à une
pays sous mandat de la Société des tentative d’unification de l’appareil
Nations et sous tutelle de l’Organisation judiciaire camerounais autour de la
des Nations Unies. Ce placement sous magistrature, régie par un décret unique,
gérance a été confié, en même temps à la applicable à l’ensemble du territoire
France, dans sa partie orientale et à national.
l’Angleterre dans sa partie occidentale.
A côté de ces éléments historiques, mis
Ce partitionnement ne va pas sans consé- en exergue ces dernières années par la
quence au plan judiciaire en raison de la crise dite « anglophone » au Cameroun,
disparité des régimes juridiques appli- l’édifice de la magistrature présente de
cables dans chacune de ces métropoles. nombreuses scories qui laissent entrevoir
La France est depuis longtemps, un pays une fissuration de l’appareil et par voie
de tradition romano – germanique où la de conséquence une absence de vitalité et
loi, expression de la volonté générale d’indépendance. Les classements sur la
selon les rousseauistes, régit et codifie perception de la justice camerounaise,
les rapports sociaux. Le juge est donc tournent généralement autour de la
tenu d’appliquer prioritairement la loi. corruption que l’on indique y avoir établi
Certains auteurs disent même qu’il est son lit. Mais, celle – ci, ne saurait consti-
esclave de la loi. S’agissant de l’Angle- tuer une cause du malaise ambiant dans la
terre, elle est reconnue au plan juridique justice, mais simplement la conséquence
comme faisant usage d’une doctrine des du système de gouvernance et plus spéci-
précédents, usuellement dénommée fiquement de gestion du personnel.
Elle place donc l’homme, qu’il soit professionnel ou demandeur de justice, au centre
de l’action publique déployée au travers des politiques publiques dans le secteur de la
justice.
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L
Le droit est fils de son d’exemple et permettra d’accomplir la
temps. Si par caractérisation dissuasion recherchée. En faisant une
il doit être permanent afin de exégèse de l’ensemble des peines appli-
stabiliser les rapports cables au délinquant, personne physique
humains, par pragmatisme, au Cameroun, tel peut être la conclusion
il ne doit pas être sourd aux secousses formelle et téléologique. Cependant, ce
sociales nouvelles qui le bousculent. paradigme de coercition doit progressi-
Cette ouverture lui permet d’ailleurs de vement céder la place à celui de la
faire naitre et d’entretenir des relations resocialisation, de la guérison du délin-
de bon voisinage avec les autres sciences quant-malade. Il faut basculer de la
sociales. De façon étymologique, le droit stigmatisation individuelle du délinquant
pénal est un droit de puissance publique ; au recyclage holistique de la société. Au
le truchement par lequel l’Etat, dans Cameroun, une alternative pour y arriver.
l’expression de sa souveraineté, va Soit, l’évolution de l’existant. Soit la
définir le catalogue des infractions et révolution en imaginant de nouvelles
décliner l’éventail des sanctions respec- peines. Une analyse comparative et
tives afin de préserver l’ordre public. prospective nous y mènera.
Le délinquant, être asocial ou même para
social, danger public, doit être isolé et Mots clés : Plaidoyer -Pénologie - Cura-
sévèrement puni. Il servira ainsi tive - Droit camerounais
D
et en Régulation des télécommunications, Agence de Régulation des Télécommunications
E
st-il fou, est-il méchant ? La problématique dont on se propose ici de
question hante les prétoires faire l’histoire.
et l’on pourrait en multiplier
presque à l’infini les décli- Cette communication propose un
naisons, tant le thème des éclairage historique à la question du
rapports du crime à la folie a fait couler traitement judiciaire des malades
d’encre depuis le début du XIXe siècle. mentaux. En se focalisant sur le XIXe
En effet, punir n’est pas simple. D’autant siècle, il s’agit de montrer comment
qu’au XIXe siècle, si le droit se codifie et l’ancien principe de l’irresponsabilité
se systématise, la justice se drape de pénale des furieux et des déments
morale et aspire à punir des fautes qu’elle achoppe sur les nouvelles conceptions de
prétend mesurer avec la plus grande la subjectivité qui insistent sur l’intériori-
rigueur. D’autant plus aussi que la té morale, qui brouillent les frontières
psychiatrie naissante propose de entre criminalité et maladie, qui initient
nouvelles définitions de l’aliénation de nouvelles collaborations entre magis-
mentale qui brouillent la frontière entre trats et médecins experts et qui
crime et folie. C’est en effet sur les annoncent les difficultés ultérieures.
limites de la raison des criminels que la
pensée juridique vient achopper et que la Mots clés : Irresponsabilité pénale -
folie des criminels devient une question Expert - Peine judiciaire - Dangerosité
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D
La preuve constitue un des judiciaire ; la place des pratiques coutu-
éléments majeurs pour une mières dans de la vérité devant le juge
bonne administration de la judiciaire.
justice au Cameroun, que Pour y répondre, il faut constater que les
l’on se place dans le secteur pratiques coutumières ont été pendant
civil, commercial, pénal, administratif longtemps des éléments justificatifs de la
etc. Dans la majorité de ces secteurs, la vérité. Les colons les ont cantonnés
preuve se fait par tous moyens, y compris comme éléments résiduels de preuve, ce
aujourd’hui par voie électronique. Faire qui appelle aujourd’hui à leur prise en
le parallèle entre les pratiques coutu- compte véritable par le juge judiciaire.
mières et la preuve dans le système
judiciaire camerounais devrait permettre Mots clés : Pratiques - Coutumes -
de répondre à une pléthore de questions : Pratiques coutumières - Système
l’admissibilité des pratiques coutumières judiciaire
comme mode de preuve dans le système
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L
e droit à la santé est un droit paramédicaux) que la ligne budgétaire
fondamental de l’être créée au niveau de chaque prison.
humain, en tout temps et en
tout lieu. Ainsi, bien que Tous ces efforts ont permis d’améliorer
privée de la liberté d’aller et les indicateurs de la santé carcérale au
venir, la personne incarcérée a droit à la Cameroun. Néanmoins, de nombreux
santé. Il s’agit d’un droit inaliénable de défis restent à relever tant au plan de la
l’être humain. C’est pour cette raison que santé qu’au plan de la collaboration avec
le Cameroun, partie prenante à diverses divers services impliqués dans la gestion
conventions internationales, s’est engagé des détenus, en l’occurrence les services
dans le développement de la santé judiciaires. De l’incarcération à la libéra-
pénitentiaire, à travers un long processus tion, les questions de santé physique et
amorcé depuis le lendemain de la décolo- mentale se posent et peuvent sembler
nisation. Ce long processus a permis interférer avec la procédure judiciaire.
d’organiser progressivement les services Les différents acteurs sont appelés à
de santé à tous les niveaux hiérarchiques, collaborer dans l’espoir d’une plus
pour que les soins offerts aux personnes grande efficacité de la justice dans tous
détenues soient des soins de qualité. Les ses démembrements.
changements se sont également opérés à
travers l’accroissement progressif des Mots-clés : Santé pénitentiaire - Santé
moyens alloués à la santé, tant en ce qui physique - Santé mentale - Collaboration
concerne les ressources humaines (recru- - Justice
tement de médecins set personnels
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E
Chef de Service de Psychopathologie Légale, Université de Mons, Belgique
D
Coordinateur général honoraire de la fondation Mohammed VI de réinsertion des détenus
L
’emprisonnement augmente condamnés pour agression sexuelle à la
le risque de récidive par ce prison centrale de Douala, ils seront
qu’il accroit les facteurs de soumis au SVR-20, QICAAICS, et d’un
délinquance recensés, les guide d’entretien. Les principaux résul-
personnes détenues sont tats révèlent que l’absence d’un parte-
confortées dans leur « identité de délin- naire intime les problèmes sur le plan de
quants » en raison de l’environnement l’intimité, les influences sociales
carcéral et le traitement qui leur est réser- négatives, les distorsions cognitives
vé ce qui a une incidence sur le taux de tolérantes à l’agression sexuelle, l’auto-
récidive après une condamnation a de la régulation sexuelle déficitaire, les
prison ferme. Selon l’association GRE- attitudes positives envers la délinquance
DEVEL (2016) le taux de récidive des sexuelle, les attitudes pro-criminelles, les
jeunes à la prison de Garoua est de 25% préférences sexuelles déviantes, les
soit un quart des détenus sont des récidi- préoccupations sexuelles, un mode de vie
vistes. Nous traiterons donc dans cette instable et antisocial caractérisé par des
étude des facteurs qui sous-tendent la violations des règles, ainsi que le manque
récidive chez le détenu auteur d’agres- de coopération au sein de la prison sont
sion sexuelle. Cependant la principale caractéristiques de cette catégorie de
question à explorer dans ce travail est de détenu. Quelques pistes d’intervention à
savoir comment les facteurs de vulnéra- l’instar des thérapies forensiques centrée
bilité participent à la récidive des adoles- sur les délits sont recommandées.
cents auteurs d’agression sexuelle.
Pour répondre à cette question nous Mots clés : Evaluation clinique –
avons opté pour la technique d’échantil- Adolescents - Auteurs d’agression
lonnage à choix raisonné. Nous allons sexuelle - Prison centrale de Douala.
recruter dix (15) détenus des deux sexes,
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L
Psychologue clinicienne, étudiante en master de psychotraumatologie et psychocriminologie, Université de Douala
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L
Etudiant de Master I Psychocriminologie et psychotraumatologie, Université de Douala
N
étudiant en psychopathologie et clinique, Université de Yaoundé I
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Dunod.
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Magistrat, Juge d'instruction au tribunal de grande instance du wouri
L
Juge et Juge d'instruction aux Tribunaux de Mokolo au ministère de la Justice, Cameroun
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médicaux-légaux. HAL.
D
ans une expertise mandatée condamné.
par la justice, « le rôle qui L’objectif de la présente étude est de faire
incombe à l’expert consiste à l’état de lieu des expertises psychiatriques
aider le tribunal en lui fournis- à l’hôpital Laquintinie de Douala Came-
sant un avis indépendant et roun pendant les 5 dernières années. Il est
impartial au sujet des questions qui relèvent question de produire à partir d’une étude de
de son expertise ». En d’autres mots, le rôle dossiers d’expertises, les données épidé-
des experts est « d’éclaire le tribunal dans sa miologiques de l’hôpital renseignant sur les
prise de décision et le but est d’éclairer le facteurs sociodémographiques et cliniques
tribunal et de l’aider dans l’appréciation de des expertisés et par ailleurs de montrer
la preuve ». l’impact de ces expertises sur le traitement
Depuis le XIXème siècle, les expertises judiciaire. L’analyse statistique des
psychiatriques ont une fonction de régula- données recueillies met en exergue la
tion de l’équilibre entre santé et justice. Il présence de troubles mentaux avérés dans
s’agit pour l’expert de reconnaitre une la quasi-totalité des cas.
éventuelle pathologie psychiatrique, de
discuter une abolition ou altération de la Mots clés : L’expertise psychiatrique -
responsabilité pénale et éventuellement, Expert - Justice - Etat de lieu – Données
d’évaluer les risques de récidive du épidémiologiques
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L
es rapports entre troubles avancent qu’il n’y a pas de rapports entre
psychiques et actes violents trouble psychique et violence ou, à l’oppo-
ont toujours fait l’objet de sé, ceux pour qui les troubles psychiques
vives controverses dans le sont fortement associées à un risque plus
système judiciaire et pénal de grand d’acte violente. Cette question
par le monde. Chez les professionnels, quoique relative d’un secteur à un autre,
deux positions contradictoires se sont d’un domaine à un autre reste tout de même
toujours opposées ; d’un côté ceux qui préoccupante (Appelbaum, 2006).
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L
PhD en Science politique, Assistant à l’Université de Buea, Chercheur associé au GREPDA
e terrorisme contemporain est savoir : quels sont les différentes phases qui
devenu depuis quelques structurent le processus de la radicalisation
décennies l’un des problèmes qui fait d’un individu un radicalisé et plus
de sécurité majeur. Ce phéno- tard un terroriste ? En clair, il sera question
mène qui se caractérise par pour nous de démontrer que, de la radicali-
une extrême violence, marquée par des sation au terrorisme, il se dégage la
actes de terreurs d’envergure, sont perpétrés rencontre de trois éléments à savoir : une
contre des cibles bien définies par des personnalité (profil spécifique), une idéolo-
individus qualifiés de terroristes. Comme gie et une opportunité. Si l’un des trois
tous les autres phénomènes sociaux, le éléments manque, l’on ne peut parler de
terrorisme se construit sur des « normes » et terroriste, mais plutôt d’un simple
des « valeurs » fixées et suivies par ses extrémiste (si l’individu radicalisé ne passe
adeptes. Il est dès lors judicieux de s’inter- pas à l’acte) ou encore d’un délinquant
roger sur la façon dont se construisent les ordinaire (s’il passe à l’acte sans y être
différentes phases du processus qui conduit poussé par une raison idéologique,
à terme les terroristes à l’utilisation de la religieuse ou politique). A cet effet, trois
violence comme unique moyen de leur phases se succèdent dans ce cheminent : il
combat. s’agit de la base stimulant la radicalisation ;
du glissement dans les opinions radicales
A partir d’une approche théorique basée sur vers l’extrémisme et enfin du passage de
le constructivisme structuraliste, l’on l’extrémisme au terrorisme.
cherchera à comprendre comment un
individu à priori non violent, décide de Mots clés : Radicalisation - Extrémisme -
devenir un agent de la terreur. La question Terrorisme
centrale qui nous préoccupe est celle de
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Politologue, Expert de FrancoPrev (Réseau de la Francophonie sur la prévention
de la radicalisation et l'extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme)
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L
a sanctuarisation du Cameroun ment migrants vulnérables à
comme îlot de paix et excep- l’Extrême-Nord Cameroun.
tionnalité pacifiste en Afrique
Centrale est désormais contes- En procurant des vertiges et insomnies à la
tée par les activités de Boko communauté humaine, les violences de
Haram. La sécurité du Cameroun n’a jamais Boko Haram et les désenchantements
aussi émaillé depuis son indépendance en populaires, invitent à reconsidérer la
1960. Suite à des dynamiques plurielles, on question de la sécurité humaine à l’ère de
assiste aujourd’hui à l’émergence de ces turbulences protéiformes. Dès lors,
nouveaux problèmes : le terrorisme et quelles ont-été les réactions des communau-
l’inconfort identitaire. Au Cameroun, tés locales face aux mutations et crises
l’épiphanie de Boko Haram et son irruption sécuritaires ? Comment s’organisent les
dans le débat public gagne en ampleur : acteurs pour construire des réponses
violences protéiformes et lot d’effets endogènes et exogènes à partir de ces
socio-économiques et en implications terroirs locaux ? De ce questionnement,
politico-sécuritaires à l’Extrême-Nord nous formulons l’hypothèse que l’interna-
depuis au moins cinq années consécutives. tionalisation terrorisme et la prolifération
Aujourd’hui la circulation transnationale et des activités de Boko Haram constitue
l’expansion des activités de ce groupuscule champ de compréhension et d’analyse de la
déstabilisent la souveraineté de l’Etat came- résilience communautaire à l’œuvre au Sud
rounais. Avec la mondialisation du du Lac Tchad. L’objectif de cette communi-
terrorisme et de son imposition dans l’agen- cation est d’analyser les facteurs contribu-
da géopolitique, stratégico-sécuritaire et tifs et mécanismes de construction d’une
géoéconomique des politiques, il y a résilience éco-systémique chez communau-
urgence d’ouvrir la réflexion sur un enjeu tés locales du sud du Bassin du Tchad.
sécuritaire régional : construire une paix Enrichie des données de terrain collectées
durable (ODD 16) à l’ère du diktat de Boko dans la partie camerounaise du Lac Tchad,
Haram. La vitalité de Boko Haram à cette contribution en privilégiant l’approche
l’Extrême-Nord Cameroun a contraint les et les techniques qualitatives permet d’iden-
autorités de l’Etat à réactiver la coopération tifier et surtout d’analyser les logiques et
armée-populations pour penser la nouvelle actions publiques de renforcement de la
vie des communautés locales et assurer ses résilience communautaire dans un contexte
missions régaliennes. Ainsi, l’irruption de de conflits et de violences en vue de
ces acteurs dans le Bassin Lac Tchad construire une paix durable au Sahel.
impose qu’un regard nouveau se jette sur les
politiques et pratiques de développement se Mots clés : Crises sécuritaires - Commu-
sécurité humaine à l’œuvre et spécifique- nautés locales – Résilience - Sud du bassin
ment celles de délivrance et d’accompagne- du Lac Tchad -Extrême-Nord Cameroun
S
Doctorant en psychologie, Université de Yaoundé I, Cameroun
LA JUSTICE ET LA PROTECTION
DES MINEURS
D
Observateur KIP-School UNOPS FAO UN Rome, Ministère de la justice France
A
Psychologue clinicien au Service Protection- Médiation-Prévention de l’Œuvre du Secours aux Enfants-Paris
Références bibliographiques
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l’enfant au Cameroun. In http://www.cpcnetwork.org/wp- content/uploads/2015/03/Cameroon-Map-
ping-National-System-of-Child-Protection-2013.pdf.
A
u fil des années, la prévention mineurs volontaires sélectionnés à la prison
de la délinquance des mineurs centrale de Kondengui.
s’est imposée comme le
complément indispensable de Il en résulte que la prison centrale de Yaoun-
la répression. En l’absence dé offre des programmes d’éducation,
d’une stratégie de prévention, les risques de d’apprentissage et des activités sociocultu-
récidive sont probables. Au niveau indivi- relles aux mineurs détenus. Cependant, il
duel, la récidive est évitée quand un n’existe pas un cadre d’évaluation de
délinquant renonce à la criminalité. Cet l’efficacité de ces mesures. Des interven-
article souligne l’importance cruciale des tions de prévention qui tiennent compte de
programmes et des mesures efficaces en la situation et des besoins individuels des
contexte d’emprisonnement, permettant de mineurs auteurs de crimes et détenus,
surveiller et d’aider la réinsertion sociale augmenteraient leurs chances de renoncer à
des mineurs auteurs de crime, afin de préve- un comportement criminel. La réduction de
nir la récidive. L’objectif était d’évaluer les la récidive criminelle étant l’ultime indica-
éléments pris en compte dans le dispositif teur de la réussite d’un programme de
de réinsertion sociale des mineurs à la réinsertion sociale, la création d’un cadre
prison centrale de Yaoundé. d’évaluation des mesures est nécessaire à la
prison centrale de Yaoundé.
Il s’agit d’une étude mixte, transversale et
descriptive réalisée en Février 2020. La Mots-clés : Prévention - Récidive - Mineurs
population d’étude était les responsables de détenus - Cadre d’évaluation - Prison
l’administration pénitentiaire en charge des centrale de Yaoundé
activités de réinsertion et les détenus
Références bibliographiques
1. Bailleau, F. & Milburn, P. (2014). Éduquer les mineurs en milieu carcéral en France : Innovations
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L
Infirmière Supérieure, Cheffe de la maladie mentale, Direction de l’administration Pénitentiaire, Ministère de la justice
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4. Meoïn, H., (2017). Santé publique L’hépatite C et la prison : une opportunité de soins ? vol.9, p. 563.
I
ntroduction : La tuberculose est cas de tuberculose (TB) comparativement à
une maladie infectieuse qui est celle de Douala, non bénéficiaire et choisie
causée par le microbe de la comme témoin.
tuberculose appelés BK (Bacille de
koch). Elle est très contagieuse Matériels et Méthodes : Sur les 975 et 3300
dans sa forme pulmonaire, qui reste dans personnes incarcérées en moyenne sur la
toutes les prisons du monde un problème période du 1er Janvier au 31 Décembre 2018
majeur de santé publique (PRI,2007). Un dans les prisons de Bertoua et Douala, 27 et
diagnostic tardif, un traitement mal adapté, 79 cas de TB dont 23 et 51 nouveaux cas ont
une mauvaise alimentation, le manque été identifiés et diagnostiqués selon les
d’accès aux soins médicaux, le surpeuple- bonnes pratiques cliniques recommandées
ment, le manque d’aération et des transferts par le Programme National de Lutte contre
répétés entre établissements favorisent la la TB (PNLT). Son dépistage à l’entrée était
transmission de la tuberculose (M. symptomatique dans les deux sites. De
Wanlin.,2006). manière exhaustive les cas de TB+ ont été
extraits des registres du diagnostic médical
L’infection par le VIH et d’autres patholo- d’incarcération et de traitement de la TB.
gies plus fréquentes en prison (par exemple
la malnutrition, la toxicomanie) encou- Résultats : Nous avons recensé respective-
ragent l’apparition de la maladie évolutive ment dans les prisons de Bertoua et de
et la transmission de l’infection (Stop TB Douala parmi les détenus tuberculeux 92%
partenership, 2015). La réapparition de la et 100% de nationalité Camerounaise ;
tuberculose (TB) et la propagation rapide de 100% et 97,5% de sexe masculin ; 29 ans et
la TB-MR (tuberculose multi résistante) 31 ans de moyenne d’âge ; 85,20% et
dans les prisons à travers le monde a récem- 64,55% de nouveaux cas (p< 0,05) ;
ment amené plusieurs organes des droits de 5,23% contre 2,39% de taux de dépistage (p
l’homme à exprimer leur vive préoccupa- <0,05); 37,0% contre seulement 6,6% de
tion devant l’état des prisons du monde et à patients diagnostiqués mis sous traitement
se demander si la santé des détenus est le même jour (p <0.05); pour des taux de
conforme aux normes internationales des succès thérapeutique 85.7% contre 70.2%.
droits de l’homme. Le fait que ces normes Parmi les cas d’échec thérapeutique l’on a
ne soient pas respectées est l’un des princi- noté environ 10% de patients libérés qui
paux moteurs de l’épidémie de TB dans les n’ont pas fini leur traitement preuves de
prisons et les communautés du monde entier référence. Faute d’accès suffisant aux soins
(HRW,1997). médicaux, les détenus se soignent
eux-mêmes grâce aux médicaments antitu-
La présente étude rétrospective a été berculeux apportés par des visiteurs ou
réalisée dans la prison centrale de Bertoua disponibles à l’intérieur des établissements.
qui bénéficie du programme médical et Toutefois, cet approvisionnement est
nutritionnel du Comité International de la généralement irrégulier et non contrôlé et
Croix Rouge (CICR) depuis 2015. Ici nous favorise encore la propagation de la
avons voulu comprendre l’effet dudit tuberculose MR de l’entrée du détenu à sa
programme dans la réduction de nouveaux sortie.
L
DEA en psychologie, Psychologue, Université de Douala
Références bibliographiques
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Paris, France : Dunod.
D
epuis plus d’une décennie, les Nous soulignerons l’intérêt de l’implémen-
délinquants violents font la tation de l’évaluation structurée auprès de
une de l’actualité judiciaire et patients psychiatriques violents. Sans être
confrontent les professionnels antinomiques des approches traditionnelles,
de terrain à des défis de taille. les approches structurées permettent de
D’une part, nos sociétés veulent se protéger réduire les faux positifs, Les idées reçues
contre la récidive, et des dispositions légales fausses auprès de délinquants violents. Une
ont été prises dans de nombreux pays pour illustration à partir de l’hôpital psychia-
encadrer le suivi de ces délinquants particu- trique sécurisé de Tournai, en Belgique sera
liers. D’autre part, l’hétérogénéité des présentée dans les domaines du risque, des
agresseurs sur les plans criminologique et troubles mentaux mais aussi de la qualité de
clinique est évidente. Elle implique une vie.
réactualisation de leur évaluation clinique à
la lueur des recherches récentes. Mots clés : Evaluation structurée – Délin-
quance – Violence – Troubles mentaux -
Risque
D
ès le début du XIXe siècle, la négatives sur la vie professionnelle, sociale
présence de personnes et familiale. Leur prise en charge repose sur
souffrant de troubles psychia- certains traitements médicamenteux mais
triques en milieu pénitentiaire aussi surtout sur des psychothérapies. La
a particulièrement mobilisé les dépression est un trouble de l’humeur qui
psychiatres aliénistes européens notamment influence la capacité d’une personne à
français qui ont contribués au fondement de penser en termes clairs, amoindrit son envie
la psychiatrie générale. Les études récentes d’agir, perturbe son fonctionnement corpo-
de la prévalence de ces troubles ont montré rel, tel que son sommeil ou son alimenta-
que le champ de l’épidémiologie des tion, et qui plonge cette personne dans une
troubles psychiatriques en milieu péniten- situation de grandes douleurs et souffrances
tiaire est vaste avec une prévalence mentales à laquelle elle se sent incapable de
largement supérieure à celle retrouvée en réagir (Segal, Williams, & Teasdale, 2019).
population générale. Dans le cadre de ce L’anxiété est une émotion normale qui se
travail de recherche, nous avons ainsi fait le manifeste lorsqu’on se sent menacé. Elle
choix de nous intéresser aux troubles devient pathologique lorsqu’elle est exces-
dépressifs et anxieux considérés comme des sive en intensité ou dans sa durée et ses
troubles fréquents chez les personnes manifestations cliniques sont physiques ou
incarcérées. Une étude récente réalisée en somatiques (accélération du rythme
France sur un échantillon de 267 arrivants cardiaque, souffle court, tremblements, etc.)
en maison d’arrêt a permis de mettre en et mentales (inquiétude, peur, difficulté de
évidence une prévalence de 24,7 % pour concentration, etc.).
l’épisode dépressif caractérisé, 27,7 % pour
les troubles anxieux (Fovet, Planck, & Au Cameroun, les études portant sur l’état
Thomas, 2018). de santé de la population carcérale sont
presque inexistantes. La présente étude
Les épisodes dépressifs et anxieux (trouble évalue la prévalence des troubles dépressifs
panique, anxiété généralisée, phobie, et anxieux chez un échantillon de 100
phobie sociale), font partie des pathologies détenus incarcérés à la prison centrale de
psychiatriques les plus fréquentes en Yaoundé.
population générale. Souvent associées
chez des personnes en souffrance Mots clés : Dépression - Anxiété - Troubles
psychique, elles ont des répercussions de l’humeur – Détenu - Incarcération
D
ans le monde, 30 millions pour objectif d’estimer la prévalence des
d’individus passent par la troubles de la personnalité en s’assurant de
prison au cours d’une année, la représentativité de l’échantillon par
pour des peines d’une durée rapport à la population carcérale à la prison
moyenne de quelques mois centrale de Douala. Nous avons recruté 300
(Debray & Nollet, 2009). Plusieurs personnes détenues, dont plus de 250
enquêtes sur les troubles de la personnalité hommes ont été évalués grâce au question-
chez les détenus ont révélé que la santé naire de diagnostic de la personnalité
mentale est en voie de devenir l'un des (PDQ-4+). Puis un questionnaire pour
principaux défis qui se posent aux autorités relever les données sociodémographiques,
correctionnelles d'aujourd’hui. Plusieurs personnelles, familiales et judiciaires. Les
études révèlent les prévalences des troubles données recueillies ont été traitées à l’aide
de la personnalité dans la population le logiciel SPSS. Et révèlent une présence
générale ainsi de 13,5% pour Zimmerman élevée des troubles de la personnalité du
et Coryell (1990), de 10% pour Maier cluster B.
(1992), entre 5,9 et 9,3%.
Mots clés : Troubles de la personnalité –
Nous avons donc effectué une étude Épidémiologie – Prévalence – Détenu -
transversale de nature quantitative qui a Prison centrale de Douala
Références bibliographiques
1. Debray, Q., & Nollet, d. (2009). Les personnalités pathologiques : Approche cognitive et thérapeutique.
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de France.
L
e développement de collabora- : « Promouvoir l’avènement de sociétés
tions interdisciplinaires, pacifiques et ouvertes aux fins du dévelop-
favorisant des zones de pement durable, assurer l’accès de tous à la
dialogue entre la psycholo- justice et mettre en place, à tous les niveaux,
gie/psychiatrie et le droit, des institutions efficaces, responsables et
l’éducation, la défense, la médecine ouvertes ».
générale et la co-construction de pratiques
est un sujet qui intéresse de plus en plus les Tout en s'inscrivant globalement dans la
Etats. Dans cette perspective l’association coopération internationale en matière de
Soins Psy Sans Frontières dont la mission santé des personnes en conflit avec la loi,
est de fédérer des échanges internationaux cette conférence a pour objectif général de
d’étudiants, de professionnels et de mettre en place un cadre de collaboration
chercheurs en psychologie et psychiatrie santé-justice en conformité avec les lois et
entre l’Europe et l’Afrique, organise en règlements du Cameroun notamment sur
partenariat avec le ministère de la justice du trois axes : Les pratiques expertales, la prise
Cameroun, une conférence de consensus charge des victimes et les auteurs d’infrac-
Santé-justice avec pour finalité d’établir un tions, exécution des peines et réinsertion
cadre logique à la collaboration interprofes- sociale.
sionnelle santé et justice au Cameroun.
De façon plus spécifique il s’agira d’évaluer
De manière générale, cette activité s’inscrit les besoins des professionnels exerçant à
dans la perspective de la réalisation des l’interface de la santé et la justice et définir
objectifs mondiaux de développement les grands axes stratégiques pour dévelop-
durable (ODD) pour éradiquer la pauvreté, per cette collaboration.
protéger la planète et garantir la prospérité
pour tous, adopté par les états membres des A la fin de cette session les résultats
Nations Unis dans le cadre d'un nouveau attendus seront connus : les grands axes
programme de développement durable. stratégiques qui serviront de base à la
collaboration santé-justice seront définis de
Conformément à l’ODD 16, cette session de manière consensuelle.
travail contribuera, de manière spécifique, à
C
ette étude est menée dans un c’est-à-dire âgés d’au moins 18 ans soumis
contexte judicaire camerou- aux outils tels qu’un guide d’entretien semi
nais où la prise en compte de structuré, l’échelle de la détresse psycholo-
la dimension psychologique gique de Kessler (K6+), Symptom Check
n’est généralement pas List 90. Après dépouillement de nos
intégrée dans les auditions dans les unités résultats il en ressort que des individus
de Police. Malgré le fait qu’il ne soit pas confrontés à l’exercice d’une procédure
assez outillé, le personnel de l’action social judiciaire peut manifester : inquiétude, peur
tente néanmoins de prendre en compte la intense, pensées intrusives, détresse
vulnérabilité psychologique des personnes émotionnelle, stress, pessimisme. En défini-
entendues, cependant seuls les mineurs y tive, il serait important que les policiers
sont prioritaires en termes de population soient sensibilisés aux différentes
cible. souffrances psychologiques donc pourrait
souffrir des personnes mise en examen.
Cette étude est menée au sein de la direction
de la police judiciaire du Littoral, avec dix Mots clés : Souffrance psychologique -
(10) individus pénalement responsables Auditions - Unités de police - Cameroun
Références bibliographiques
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A
et psychocriminologie, Université de Douala
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criminelles, Université de Ngaoundéré.
2. Journalducameroun.com. (17.11.2015)
C
et psychocriminologie, Université de Douala
omme tous les crimes, ceux d’un enfant victime d’abus est donc primor-
qui sont commis sur les diale. Dans le contexte camerounais,
mineurs sont particulièrement l’enfant auditionné est généralement
intolérables surtout lorsqu’ils. accompagné d’un parent ou du conseil dans
Les auteurs de ces actes sont les unités de police ou de gendarmerie et
pour la plupart du temps poursuivis pénale- devant le juge.
ment dès qu’ils sont identifiés. Cependant,
cela n’est pas chose aisée dans la mesure où Les questions qui nous viennent dès lors à
seules les victimes et les auteurs ont l’esprit sont les suivantes : Quelles sont les
connaissance du déroulement des faits. En dispositions prises pour faciliter l’expres-
général, les auteurs nient les fait qui leurs sion chez les mineurs victimes d’abus ou de
sont reprochés. Il ne reste que le témoignage maltraitances ? Qu’elle influence peut
de la victime. Celui-ci est d’une importance exercer la famille ou un proche sur la portée
capitale dans le cadre des procédures du discours du mineur au cours de cette
pénales car il représente l’une des preuves à audition.
présenter devant le juge. Ainsi, l’audition
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Mémoire numéro CIDE 2017/MIDE 15-17/17.
D
ans les représentations collec- récidive a été abordée dès le XIX siècle en
tives, la criminalité commise France. La hausse des détenus et plus
par les femmes est statistique- encore la récurrence des personnes soit pour
ment faible par rapport à celle des motifs différents ou des motifs
des hommes. Pourtant, on sait identiques à leur incarcération a fait l’objet
bien que les femmes peuvent être agres- de débats entre pénalistes et aliénistes. Au
sives, mais leur violence est toujours traitée Cameroun, la réitération des infractions
différemment, comme une surprise, voire criminelles commence à poser questions au
comme un oxymore, écrit Valentine Faure personnel pénitencier qui depuis peu s’inté-
(2018). Les femmes sont en effet suscep- resse aux questions liées à l’augmentation
tibles de commettre la même palette de de la population carcérale.
crimes et de délits que les hommes. En
milieu carcéral, on retrouve des femmes Dans le cadre de cette communication, il est
criminelles, des gangs de filles, des mères question pour nous d’évaluer le risque de
infanticides, des infirmières tueuses, etc... récidives chez les femmes incarcérés afin de
prédire et de prévenir la récidive dans ce
A travers le monde, ce sont les femmes cette population de criminelles bien que
victimes notamment de violences conju- minoritaire dans les prisons. Pour ce travail,
gales qui ont avant tout fait l’objet de nous avons fait une recherche exploratoire.
recherches scientifiques ces dernières Nous avons utilisé un guide d’évaluation du
décennies. En revanche, les connaissances risque, notamment le HCR-20 qui permet
sur la délinquance des femmes et la récidive de mesurer le risque de récidive que
dans la criminalité des femmes restent présentent des personnes potentiellement
encore trop lacunaires. La question de la dangereuses pour la collectivité.
Références bibliographiques
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L
Association Soins Psy Sans Frontières, Suisse
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https://doi.org/10.3917/ep.023.0037
L
a criminalité est un fait social dans les pays en développement.
qui n’épargne aucune société Face à la recrudescence de la criminalité, la
humaine. Elle a considérable- justice est dans une situation paradoxale :
ment augmenté au cours des d'une part, elle fait l'objet de critiques
dernières décennies et ses récurrentes, souvent accusée d'être corrom-
coûts ont suivi. Les Etats dépensent des pue et laxiste ; d'autre part, on attend qu'elle
sommes de plus en plus importantes pour la remplisse des attentes sociales toujours plus
santé et la propriété, ainsi que pour la nombreuses et ambitieuses. De fait, il paraît
police, les procédures d'enquêtes, les important de définir les différents défis
tribunaux et les prisons. Selon une étude actuels de la justice et la santé dont la
récente, le contrôle de la criminalité absorbe collaboration est sans cesse mise à
près de 5% du produit national brut (PNB) l’épreuve.
dans les pays développés et près de 14%