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JEMEP-128; No. of Pages 5 ARTICLE IN PRESS


Ethics, Medicine and Public Health (2016) xxx, xxx—xxx

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DOSSIER « VALEURS FONDAMENTALES ET BIOÉTHIQUE » /Réflexions

Médecine bucco-dentaire et valeurs


éthiques : quelles spécificités ?夽
Dentistry and ethical values: Which particularities?

H. Denost a,e, A. Blaizot a,c, T. Trentesaux a,d,


O. Hamel a,b,∗

a
EA 4569, laboratoire d’éthique médicale et de médecine légale, faculté de médecine,
université Paris Descartes, 45, rue des Saints-Pères, 75006 Paris, France
b
Département de santé publique, faculté de chirurgie dentaire, université Toulouse 3, 3,
chemin des Maraîchers, 31400 Toulouse, France
c
Département de santé publique, faculté de chirurgie dentaire, université de Lille, place de
Verdun, 59000 Lille, France
d
Département d’odontologie pédiatrique, faculté de chirurgie dentaire, université de Lille,
place de Verdun, 59000 Lille, France
e
Département de santé publique, faculté de chirurgie dentaire, université de Bordeaux, 16,
cours de la Marne, 33082 Bordeaux, France

Reçu le 10 janvier 2016 ; accepté le 8 mars 2016

MOTS CLÉS Résumé L’interrogation conduit dans un premier temps à considérer les évolutions de la rela-
Odontologie ; tion soignant—soigné dans les dernières décennies. Ces changements tracent les perspectives
Enjeux éthiques ; de réflexions multiples sur les pratiques odontologiques et interpellent sur les engagements
Évolution individuels et collectifs nécessaires.
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

夽 Rédigé en collaboration avec les membres du diplôme d’université d’odontologie légale et d’éthique 2015—2016, faculté de chirurgie

dentaire de Toulouse. Docteurs S. Baron, A. Durand, K. Del Puerto, A.-M. Gerwig, O. Girard de Pindray, M. Merzouk, P. Trebosc.
∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : olivier.hamel@univ-tlse3.fr (O. Hamel).

http://dx.doi.org/10.1016/j.jemep.2016.04.008
2352-5525/© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Denost H, et al. Médecine bucco-dentaire et valeurs éthiques : quelles spécificités ? Ethics, Medicine
and Public Health (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.jemep.2016.04.008
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2 H. Denost et al.

KEYWORDS Summary The authors first consider changes in the doctor—patient relationship in recent
Dentistry; decades. These changes draw multiple reflections on dental practices and challenge on the
Ethical stakes; necessary individual and collective commitments.
Evolution © 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Avant-propos — introduction autres. Cependant, la spécificité de l’exercice dentaire en


France peut être résumée ainsi :
Depuis plusieurs années, la sous-section de santé publique • 95 % d’activité libérale (le reste, très marginal, étant
de la faculté de chirurgie dentaire de Toulouse propose consacré à l’exercice salarié et/ou hospitalier) [2] ;
un diplôme d’université orienté vers l’expertise et le • un désengagement progressif de l’État et une part de plus
droit médical. En 2007, le « DUOLE », diplôme d’université en plus importante de la prise en charge des soins bucco-
d’odontologie légale et d’expertise est devenu le « DUOLE », dentaires assumée par les organismes complémentaires et
diplôme d’université d’odontologie légale et d’éthique. les ménages [3].
Quel est le sens de ce changement ?
Alors. . .
Il s’agit d’une volonté affichée des responsables locaux
de mettre en avant les sciences humaines et sociales
dans le cursus en général, ainsi qu’une réflexion éthique
basée sur l’analyse des pratiques en particulier. C’est aussi Une réflexion éthique en dentisterie :
l’illustration, en formation continue, de ce qui est mis en pourquoi faire ?
place dans le programme de formation initiale avec le ren-
forcement des enseignements d’éthique. À quoi cela peut-il bien servir ? L’odontologie ne se
L’ensemble des connaissances acquises doit permettre consacre-t-elle pas essentiellement à répondre aux ques-
à l’odontologiste d’aborder son exercice professionnel de tions fonctionnelles, douloureuses et esthétiques posées par
manière sereine face à l’évolution rapide, au cours de ces les patients ? Quelle est la place pour des arguments profes-
dernières années, de la relation patient—praticien, tant sionnels dans un débat quasi philosophique ?
d’un point de vue juridique, que déontologique et humain. Nous tenterons d’affirmer l’implication des profession-
C’est, nous l’espérons, une occasion privilégiée de nels odontologistes dans cette démarche ; la réponse passe
s’interroger sur les valeurs d’un corps professionnel. Par par une éthique des pratiques et par l’affirmation de
le mot « valeurs », nous entendons les engagements qui valeurs.
expriment tout ce qui peut réunir les odontologistes. Au- Plusieurs points de réflexion sont proposés.
delà, ces engagements déterminent nos modes de décision,
d’action. De Paul Ricœur [1], nous avons appris que la visée Le renversement de la nature de la relation
éthique a pour lieu propre l’interaction patient—praticien. de soins, l’accroissement de la technicité
Cette visée éthique, dans la totalité de son exigence, n’est
pas que dans la sollicitude envers l’autre. L’institution au Le paternalisme médical a vécu. Il n’est plus d’actualité de
sein de laquelle nous travaillons a toute son influence sur considérer la relation de soins comme la rencontre entre la
nos pratiques. Pour la chirurgie dentaire dite « de ville », il conscience du soignant et la confiance du soigné. Le concept
est admis que l’institution concernée est la sécurité sociale, de décision partagée est retenu et présente une justification
représentante de l’État, des citoyens. Il convient alors de légale [4].
se demander si les valeurs les plus présentes chez les Le recueil du consentement du patient, devenu une véri-
chirurgiens-dentistes, considérées individuellement, sont table négociation, demeure un élément important. Mais
partagées par l’institution ; et réciproquement, si les valeurs l’essentiel réside dans la possibilité pour le soignant de
affichées collectivement depuis les ordonnances d’après- prouver qu’il a délivré l’information. Les éléments qui
guerre, qui ont instauré la protection sociale généralisée, ont été présentés au patient pour le convaincre de suivre
sont partagées par le professionnel de santé concerné ? tel ou tel traitement doivent pouvoir être produits si
La chirurgie dentaire se revendique comme une spécialité nécessaire, y compris ceux qui ont trait à d’éventuelles
médicale à part entière et il serait logique de prime abord conséquences négatives. Parallèlement, la technicité de
de se demander si elle justifie une interrogation différente l’art dentaire a progressé spectaculairement ces dernières
de celle qui anime ou devrait animer le monde médical en années. Comment le chirurgien-dentiste, tenu de délivrer
général. une information claire et complète, peut-il assumer cet
En effet, les discours sur les valeurs comme la enjeu ?
bienfaisance, le respect de l’autre ou le principe de non- La signature par le soigné d’un document formalisé
discrimination s’appliquent conjointement aux uns et aux n’apporte rien de particulièrement probant. L’outil majeur,

Pour citer cet article : Denost H, et al. Médecine bucco-dentaire et valeurs éthiques : quelles spécificités ? Ethics, Medicine
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incontournable, qui répond à cet enjeu existe : il s’agit du s’impose. Cette attitude, fondée sur la réalité de nos pra-
dossier médical. tiques et l’explication de la complexité de nos actes, doit
Le contenu du dossier constitue, dans une logique nou- compléter la discussion individuelle praticien/patient pour
velle de démocratie sanitaire, un moyen de suivre les efforts passer à un mode collectif. Concernant les affaires médi-
du chirurgien-dentiste dans la compréhension de ce qu’il cales traitées dans les juridictions, les litiges « dentaires »
explique et des décisions qui sont à prendre. arrivent en bonne position après les questions d’infections
Par ailleurs, les intervenants se multiplient. Divers nosocomiales et les complications post-chirurgicales [6]. La
professionnels sont amenés à collaborer pour un même particularité de ces dossiers odontologiques est de traiter
patient : biologiste, radiologue, orthodontiste, implantolo- rarement d’erreurs ou de fautes techniques mais de porter le
giste, parodontologiste et bien sûr, le médecin généraliste. plus souvent sur des questions d’information, de consente-
Les données contenues dans le dossier sont ainsi partagées, ment et de coût. Le besoin de transparence s’exprime aussi,
a priori pour une meilleure prise en charge. Le patient, à travers le système juridique, comme la valeur « phare »
confronté à ces « spécialistes », détenteur à sa demande de dans le cadre d’une vision de la personne en pleine pos-
son dossier, peut se retrouver perdu. Il est parfois écar- session de son autonomie. Cependant, toutes les personnes
telé entre les propositions de soins et les commentaires consultant dans un cabinet dentaire possèdent-elles cette
des organismes payeurs. Ces derniers, unis par convention autonomie ? Toute la discussion sur une légère, voire égale
avec certains praticiens, auront tendance à orienter leurs dimension de bienfaisance (autrefois condamnée car exclu-
adhérents vers des offres de soins plus « encadrées ». Le sive, le paternalisme) est alors posée.
rôle du chirurgien-dentiste traitant ou référent devient alors La médecine bucco-dentaire, comme la psychiatrie, véhi-
central : un dossier médical et/ou odontologique person- cule encore toute une série de représentations, de concepts
nalisé permet la coordination des différents intervenants imaginaires chez nos concitoyens.
médicaux et paramédicaux autour de l’élément central, le
patient. Convaincre les praticiens qu’ils sont des
cliniciens de santé publique
La nécessaire réflexion éthique des
odontologistes Ceci doit se réaliser dans une action d’appropriation de son
propre corps professionnel.
Réflexion éthique et réflexion sociale sont imbriquées avec Les odontologistes exercent pour la plupart sur le mode
le mouvement humanitaire de ces 30 dernières années. La libéral. Seuls et peu informés, ils ne pourront pas tou-
réponse technique et compétente des chirurgiens-dentistes, jours dans ces conditions répondre à divers enjeux de santé
professionnels de santé, aux besoins de nos concitoyens est publique (accès aux soins des personnes handicapées ou
une évidence. âgées, prise en charge multidisciplinaire — cardiologie et
Au-delà, ne convient-il pas de s’assurer que nos pra- odontologie par exemple). Le chirurgien-dentiste est un co-
tiques apportent les réponses adéquates face aux exigences acteur véritable de tous les personnels médicaux.
d’accueil et de respect de la personne ? Répondons-nous à Dans cette nouvelle manière d’appréhender ce lien entre
la demande de nos patients ou de ceux qui souhaiteraient le différents métiers de santé, l’élément unificateur, au centre
devenir ? de la relation, est la personne souffrante. Cette dernière a
N’avons-nous par ailleurs qu’à répondre à leur demande choisi, elle, de se confier à nous !
et pourquoi la prévention n’apparaît pas plus souvent
comme un objectif éthique majeur ? La prévention ne peut Éviter le professionnalisme impersonnel
être effectuée qu’en ayant réfléchi aux valeurs qui légiti-
ment la profession de chirurgien-dentiste, aux valeurs qui La réflexion éthique en médecine est apparue alors que
fondent les comportements (dont l’observance aux trai- celle-ci devenait de plus en plus technique. L’odontologie
tements des patients) et au lien social, notamment de n’échappe pas à ce risque de technicité dominante avec
solidarité, qui a pour rôle le remboursement de tous types une forme d’hyperspécialisation. Il paraît certes primordial
de soins [5]. de maintenir la réalité d’un chirurgien-dentiste bon tech-
Par son action dans ce débat démocratique, le praticien, nicien, mais également de promouvoir celle d’un praticien
animé d’une réflexion d’éthique médicale, dans le cadre de plus en plus humain, ayant acquis une formation initiale
de l’odontologie, participe pleinement à la qualité de ce puis continue qui insiste sur les aspects psychologiques et
lien. Pour réunir les conditions d’un tel débat démocratique, existentiels inhérents à la relation de soins d’une personne
le professionnel de santé ne peut pas agir seul. Il se doit souffrante.
de construire sa réflexion éthique sur ses pratiques avec Comme les médecins l’ont découvert, peut-être à leurs
les représentants des autres disciplines : économie, droit, dépens, il s’agit en fait de former les chirurgiens-dentistes
sociologie, psychologie, philosophie, etc. à une nouvelle conception de la profession. C’est-à-dire
Odontologie et médecine s’enrichissent alors de l’apport de considérer que l’odontologie est une pratique sociale
de ces disciplines dans la référence à une réflexion éthique comme une autre. À ce titre, elle rentre dans le concert
sur leurs pratiques. de ces pratiques et ne saurait exister pour elle seule. Ainsi,
apparaît l’intérêt de son intégration au sein des pratiques
Le besoin de transparence sociales qui charpentent notre société, la régulation des
dites pratiques étant démocratique. C’est dans cette accep-
Face aux médias qui relaient parfois bruyamment une cer- tion que le concept de démocratie sanitaire repris dans
taine image de la profession, une attitude d’ouverture le sous-titre de la loi du 4 mars 2002 prend un sens : le

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4 H. Denost et al.

professionnel de santé participe à l’évolution des droits • la question du « juste soin » : les difficultés de prise en
sociaux qui fondent la justice sociale d’une nation. charge des soins proposés, les influences d’une ancienne
Ainsi, l’ensemble du contenu de cette réflexion éthique nomenclature sur les remboursements, la démographie
comprend la question de la finalité professionnelle de professionnelle irrégulière ont-elles eu un impact sur
chacun : c’est l’essence même d’une réflexion de nature l’offre de soin ? Il est à craindre tout autant une « sous-
éthique. réalisation » de soins nécessaires et, a contrario, une
probable « sur-activité » dans certains cas ;
Les perspectives • la place et le rôle des institutions (hôpital, orga-
nismes payeurs, syndicats professionnels. . .) : quelles sont
La sensibilisation des odontologistes au questionnement les capacités de chacun pour promouvoir une discus-
éthique suppose une réflexion sur le recensement, jamais sion basée sur les évaluations objectives des pratiques
exhaustif, des thématiques abordées. odontologiques sans tomber dans une vision corpora-
Parmi les sujets « d’éthique odontologique » qui inter- tiste ? La question de l’évolution de ces pratiques reste
rogent nos valeurs, citons : pertinente, tenant compte d’une nécessaire recherche
• l’exclusion ou l’accès aux soins : quelle est la réponse clinique de haut niveau. Selon les modalités et les enjeux,
proposée par le système de santé ? Quelle est celle du l’évaluation peut répondre à différentes logiques (ges-
chirurgien-dentiste confronté à la nécessité d’une action tionnaire, technique, scientifique, voire de contrôle) ; ces
préventive ou curative ? Cela concerne la population en finalités ont toutes une légitimité mais leur articulation
général mais plus souvent encore, spécifiquement, les questionne ;
enfants handicapés, les personnes âgées dépendantes, • la prévention : représente-t-elle bien un enjeu éthique
etc. [7—9]. Ce point reflète les écarts qui peuvent être majeur, comme nous le pensons, pour l’ensemble des
constatés entre le discours institutionnel et la réalité du partenaires ? La culture quasi unique du soin reste bien
terrain qui fait le constat d’une « dentisterie » à plusieurs présente. L’évolution de la profession, l’éventuelle créa-
vitesses. Il est en prise directe avec. . . ; tion d’un nouveau métier de santé bucco-dentaire, le
• les honoraires : ils posent la question de la qualité du rôle de l’éducation thérapeutique [12], les « hygiénistes »
statut du chirurgien-dentiste. Il n’est pas étonnant que, (personnels paramédicaux orientés en grande partie vers
comme chacun, il ait à les justifier. Mais, il est licite la prévention) sont des sujets récurrents, jamais aboutis,
de maintenir ces honoraires individuels correspondant à qui interrogent tout à fait nos valeurs ;
un acte lui-même justifié (préventif ou curatif) pour une • les implications sociales des professionnels : elles
nécessité d’équilibre budgétaire du système de rembour- questionnent la part du chirurgien-dentiste dans la déter-
sement des soins. Cependant, en France, en négligeant mination des politiques de santé ? Est-il prêt à considérer,
trop longtemps les soins utiles, en particulier en dentiste- en plus de l’aspect strictement technique dentaire,
rie et en optique, on en est arrivé à cautionner un système le volet « denturo-social » de son activité ? Cela
devenu inique [10] ; questionne. . . ;
• la douleur : en quoi résulte-t-elle d’une seule prise en • la visée éthique de l’odontologiste : elle demande à
charge technique ou médicamenteuse alors qu’il existe ce que son action se situe entre le refus de médicali-
un lien fort entre la reconnaissance de la personne et ser des problèmes de nature sociale et l’obligation de
la perception de la douleur ? Les avancées des dernières soigner.
décennies en matière d’anesthésie locale ont permis
d’indéniables progrès pour accompagner les gestes opéra-
toires. Mais qu’en est-il en amont et en aval de ce temps
d’intervention ? Quelle est la place accordée pour la séda- Conclusion
tion consciente, encore peu développée en France, alors
que les prises en charge de la douleur et de l’anxiété sont Pour tenter de répondre à ces nombreux questionnements,
très liées ? est-il alors nécessaire d’imaginer une « charte éthique » qui
• la relation de soin : dans celle-ci, le chirurgien-dentiste a- réveillerait les engagements professionnels et la responsabi-
t-il intégré la nouvelle dimension du patient, conscient, lité des chirurgiens-dentistes ? Nous pensons que le serment
autonome et ainsi co-acteur lui-aussi ? Pour autant, il d’Hippocrate prêté en fin de cursus initial devrait suffire à
est nécessaire d’appréhender les limites de l’autonomie réaffirmer l’engagement d’un jeune soignant, à le question-
de chaque patient, de l’encourager au maximum, par la ner sur sa finalité professionnelle.
confiance, le respect mutuel, parfois par un volet éducatif Individuellement, le chirurgien-dentiste trouvera sans
qui participe à sa protection [11]. La notion d’autonomie doute dans le concept encore récent d’approche centrée sur
conduit à. . . ; la personne un moyen efficace d’évoluer vers une relation
• l’information et le consentement : quelle est la réalité en patient—praticien sereine, confiante et responsable.
termes humains d’un consentement qui peut très rapide- Collectivement, l’odontologie, spécialité médicale à part
ment devenir administratif ? L’interrogation sur la réalité entière, ne peut pas se dispenser d’une telle démarche de
du consentement, sa valeur, est-elle une pratique cou- réflexion qui doit animer tous les acteurs du champ de la
rante ? Le praticien cherche-t-il à comprendre la demande santé, y compris les personnes souffrantes ou leurs repré-
de son patient ? Face à plusieurs solutions thérapeutiques sentants.
possibles, quels critères orientent le choix : la préférence Et si la valeur la plus essentielle n’était pas finalement
du praticien, aussi sincère soit-t-elle, ou bien celle du la défense de la spécificité d’un modèle français de prise en
patient ? charge des soins, juste et solidaire ?

Pour citer cet article : Denost H, et al. Médecine bucco-dentaire et valeurs éthiques : quelles spécificités ? Ethics, Medicine
and Public Health (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.jemep.2016.04.008
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Déclaration de liens d’intérêts [6] Fronty Y, Jordana F, Colat-Parros J, Fronty P, Sapenet M. Acti-
vités des experts judiciaires en odontologie, stomatologie,
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. chirurgie maxillo-faciale. EMC Med Buccale 2012 [28-965-F-10].
[7] Azogui-Lévy S, Bourdillon F, Ittah-Desmeulles H, Rosenheim M,
Souames M, Azerad. Dental status, access to care and preca-
riousness. Article in French. J Rev Epidemiol Sante Publique
Références 2006;54(3):203—11.
[8] Hennequin M, Moysan M, Jourdan D, Dorin M, Nicolas E. Inequa-
[1] Ricoeur P. Soi-même comme un autre. Paris: Ed Seuil; 1990, lities in oral health for children with disabilities: a French
424 p. national survey in special schools. PLoS One 2008;3.(6).
[2] Observatoire national de la démographie des professions [9] Pirnay P, Folliguet M. Soins dentaires aux personnes âgées
de santé. Le métier de chirurgien-dentiste : caracté- dépendantes. Soins Gerontol 2013;16(4):195—201.
ristiques actuelles et évolution; 2007. Disponible sur [10] Azogui-Lévy S, Rochereau T. Comportements de recours aux
http://social-sante.gouv.fr. soins et santé bucco-dentaire. Exploitation de l’enquête
[3] Cour des comptes. Rapport sécurité sociale, Chapitre XIII Les « Santé et protection sociale » 2000. Bull Inf Econ Sante
soins dentaires; 2010. Disponible sur http://www.ccomptes.fr. 2005;94:1—8.
[4] Loi no 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades [11] Le Coz P. Petit traité de la décision médicale : un nouveau
et à la qualité du système de santé; 2015. Disponible sur cheminement au service des patients. Paris: Ed Seuil; 2007,
http://legifrance.gouv.fr. 195 p.
[5] Rousset MM, Trentesaux T, Ternois M. Un projet inter- [12] Trentesaux T, Delfosse C, Ternois M, Rousset MM, Hervé C,
professionnel pour un programme de santé publique : la Hamel O. L’éducation thérapeutique du patient, un concept
prise en charge bucco-dentaire de l’enfant. ADSP 2010;70: applicable en odontologie pédiatrique ? Rev Fr Odontol Pediatr
55—7. 2010;5(2):52—6.

Pour citer cet article : Denost H, et al. Médecine bucco-dentaire et valeurs éthiques : quelles spécificités ? Ethics, Medicine
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