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Résumé
1. Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé,
JO du 5 mars 2002.
2. Ce code édicte des devoirs moraux et les modalités matérielles d’exercice de la profession. Il s’agit d’un
texte réglementaire : décret n° 94-500 du 15 juin 1994.
Quelles sont alors les raisons de cette évolution ? Elles sont diverses : l’évo-
lution considérable des techniques d’investigation médicale et des traitements a
multiplié la survenance des accidents thérapeutiques et a rendu inacceptables les
coups du sort inhérents à tout acte médical car, face à une technique de plus en
plus pointue, on n’attend que des bienfaits.
Ceci étant précisé, il ne faut surtout pas confondre ici la volonté pure
d’infliger une souffrance (caractéristique morale de l’infraction pénale d’atteinte
volontaire à l’intégrité physique) et la conscience de celui qui effectue un acte
sur autrui (à une fin tout autre que faire du mal) de la douleur que cause malgré
tout cet acte. Par exemple, un tortionnaire arrachant une à une les dents de
sa victime pour la contraindre à révéler un secret, tombe sous coup de l’arti-
cle 222-1 du code pénal (actes de torture et barbarie, punis de 15 ans de réclu-
sion criminelle), ce qui n’est évidemment pas le cas du chirurgien dentiste qui
fait une extraction douloureuse, même si la souffrance est due à une maladresse
du praticien ou à la méconnaissance des règles de l’art par ce dernier.
mécontent du refus de paiement de ses honoraires par le patient et qui lui arrache
violemment les prothèses posées et commet le délit de blessures volontaires3.
12. Ex : CE, 28 mai 1999, Dal. 1999, IR, p.185/CA Paris, 13 mars 1996, JCP G 1997, 22894.
13. CE, section, 11 février 1972, Rec. 138.
14. Civ., 24 février 1993, Bull. civ. I, n° 87.
15. Cass. Crim., 13 février 1969, Bull. crim., n° 75.
16. Cass. Crim., 17 avril 1956, Bull. crim. n° 314, p. 576.
17. Cass. Crim., 13 février 1969, Bull. crim. n° 75.
Cela étant précisé, il est à noter, en termes de règle de cumul des poursuites,
que :
• les fautes susceptibles d’être amnistiées, comme par exemple : les man-
quements aux règles administratives (ouverture d’un cabinet secondaire sans
autorisation21), le manquement au devoir de confraternité (diffusion d’informa-
tions de nature à porter atteinte à la réputation d’un confrère22), le manquement
à l’égard d’un patient (utilisation d’une thérapeutique désavouée23).
– par le patient, à tout moment, s’il allègue d’un motif légitime (comme,
par exemple, la dégradation des relations contractuelles ou l’échec du traitement
prescrit) ;
– par le praticien, sous réserve qu’il respecte deux exigences incontourna-
bles, à savoir : répondre aux situations d’urgence et assurer la continuité des soins.
• Concernant l’obligation de moyen mise à la charge du praticien, l’arrêt
Mercier précisait que le praticien était obligé de donner des « soins conscien-
cieux, attentifs et, réserve faite de circonstances exceptionnelles, conformes aux
données acquises de la science ».
La transposition de cet arrêt du médecin au chirurgien dentiste daterait de
196028 et depuis lors, la notion de « données acquises de la science » n’a cessé
d’évoluer (on a parlé successivement de « données de la science », de « données
actuelles de la science », de « dernières données acquises », de « règles de l’art
eu égard aux données actuelles de la science »…).
Depuis un arrêt du 6 juin 2000, la Cour de cassation a jugé que « l’obli-
gation est de donner des soins conformes aux données acquises de la science à
la date de ces soins » ; l’important étant le caractère certain de ces données au
moment de l’acte ; le caractère « actuel » des données étant ainsi expressément
pris en compte.
Du côté du Conseil d’État, on estimait qu’il fallait préciser, au niveau des
faits soumis, la réelle portée de la notion de « données acquises » pour apprécier
la qualité des soins dispensés par le praticien29.
Avec la loi du 4 mars 2002 (actuel article L. 1110-5 du code de la santé
publique), on parle dorénavant de « connaissances médicales avérées ».
L’obligation de moyen est fondée sur le principe de l’aléa affectant le résul-
tat de tout acte médical. Par principe, le praticien doit ainsi tout mettre en œuvre
pour aboutir au résultat escompté mais n’a pas d’obligation d’assurer directe-
ment un résultat. Seule exception au principe : en matière de fourniture de pro-
duits de santé, il existe une responsabilité sans faute, c’est-à-dire qu’une
obligation dite de « sécurité-résultat » est mise à la charge du praticien (article
L. 1142-1-I du code de la santé publique).
• Concernant l’obligation de résultat mise à la charge du praticien, elle
suppose que la prestation réalisée exclut tout aléa. Par exemple, le praticien est
ainsi garant de l’absence de vice de la prothèse dentaire.
28. Arrêt « de principe » des chirurgiens dentistes : Civ. 1, 27 janvier 1960, Juris data n° 000059.
29. CE, 15 décembre 1993, Juris data n° 048355.
À l’égard des tiers, il peut notamment s’agir du cas de la victime d’un faux
certificat ou d’une fausse déclaration (une caisse de sécurité sociale, par exemple,
ou une mutuelle), ou du cas où l’acte du chirurgien dentiste a causé un dommage
au tiers (il s’agit essentiellement du cas des actions des ayants droit du patient-
victime qui agissent en leur nom personnel, en tant que victimes dites « par
ricochet »).
De façon générale, constitue une faute le fait pour un praticien d’avoir une
conduite qui s’écarte du standard de référence admis par la profession, c’est-à-
dire que n’aurait pas eu le praticien diligent, averti et compétent, placé dans les
mêmes conditions que l’agent du dommage. Toute faute, quelle que soit sa gra-
vité, engage la responsabilité du praticien.
ses droits les plus fondamentaux, et ce, quelles qu’en soient les conséquences,
celui de refuser toute atteinte à son intégrité physique. Dans le cas particulier
de la chirurgie dentaire, le consentement peut porter, soit sur l’accord du patient
à tout acte médical réalisé, recelant une atteinte à son intégrité physique, soit
sur l’aspect financier du contrat de soins, essentiellement en cas de dépassement
d’honoraires ou d’absence de prise en charge des soins par les caisses de sécurité
sociale.
– L’erreur de diagnostic : cette erreur devient fautive lorsque la dili-
gence indispensable à l’établissement d’un diagnostic exact n’a pas été appli-
quée par le praticien. Ainsi, le chirurgien dentiste qui, consulté pour la
première fois par un patient se plaignant de douleurs dentaires, a décidé
directement l’extraction d’une dent de sagesse, alors que des investigations
préalables auraient permis de déceler que la dent était saine et que les dou-
leurs provenaient d’une carie sous l’amalgame d’une autre dent, a vu sa res-
ponsabilité civile être engagée30.
– Le choix d’un traitement non conforme aux règles de l’art : tel est le cas,
par exemple, du chirurgien dentiste qui a choisi un système implantaire et des
prothèses fixes totalement inadaptés au cas de son patient31.
– Non délivrance d’un appareil apte à répondre aux attentes du patient :
c’est le cas classique d’obligation de résultat du praticien, ce qui suppose, en
principe, que le praticien, fournisseur de prothèses dentaires notamment, délivre
un appareil sans défaut. Même si le praticien fait appel à un prothésiste extérieur
pour réaliser sa prothèse, il conserve tout de même un devoir de surveillance de
la bonne exécution du travail commandé et conserve donc, par là même, cette
obligation de résultat sur le produit fourni, en qualité de garant de celui qui fait
agir un tiers « en ses lieux et place32 ». La responsabilité du praticien est ainsi
engagée du fait de la non conformité d’une chose et non plus de son seul fait
personnel.
Concernant la notion de « fait des choses », il faut savoir que le fait de
choses inanimées peut engager la responsabilité délictuelle du praticien sur le
fondement de l’article 1384 alinéa 1 du code civil, en qualité de gardien de la
chose ayant causé le dommage. Ce type de responsabilité sera recherchée si
aucun lien contractuel n’existe avec le patient ou si l’incident est survenu en
dehors de l’exécution d’un contrat existant (cas par exemple du patient qui chute
en se relevant du fauteuil du chirurgien dentiste33).
jugé que le praticien devait prouver, par tout moyen, qu’il a donné l’information
nécessaire pour obtenir le consentement éclairé du patient ; information portant
sur les risques prévisibles ou exceptionnels.
38. Arrêt de principe : Bianchi, CE, 9 avril 1993, AJDA 1993, p. 344.
39. CA Pau, 9 juin 1994, Juris data n° 045009.
Conclusion
Finalement, quels sont les grands principes à retenir en la matière ? Au vu
des termes de la loi du 4 mars 2002, il s’agit :
• Du droit fondamental du patient d’accéder aux soins (exigence de soins
de qualité ; interdiction des discriminations dans les conditions d’accès aux soins ;
obligation de formation continue des professionnels, réellement obligatoire pour
les seuls odontologistes des hôpitaux (article L. 6155-1 du code de la santé publi-
que) mais fortement conseillé aux praticiens libéraux également ; droit à des soins
consciencieux, attentifs et conformes aux données acquises de la science).
Sur ce dernier point, la responsabilité du praticien est retenue, si la notion
d’aléa est absente bien entendu, es qualité de débiteur de l’obligation contrac-
tuelle de résultat (cas, par exemple, d’une prothèse fournie défectueuse, alors
que les actes médicaux relatifs au traitement prothétique restent soumis à une
simple obligation de moyen).
La même règle de responsabilité sans faute sera applicable en cas de dom-
mage provoqué par l’utilisation d’un matériel, à condition que le caractère défec-
tueux dudit matériel soit à l’origine du dommage (concept d’obligation de
sécurité-résultat quant au matériel utilisé).
Cette procédure amiable pourra avoir une suite contentieuse en cas de refus
de l’offre faite par la commission pour la victime ou en cas de recours subro-
gatoire par l’Office national d’indemnisation qui serait intervenu en réparation
du dommage, en l’absence de prise en charge par l’assureur.