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Droit pharmaceutique

Chez le même éditeur

Dans la même collection


Bases fondamentales en pharmacologie, par S. Faure, M. Guerriaud, N. Clère, 2014.
Du mécanisme d'action des médicaments à la thérapeutique, par S. Faure, N. Etienne-Selloum, 2015.
Pathologies et thérapeutiques commentées, par J.-P. Belon, S. Faure, F. Pillon, 2013.
Physiologie, par B. Lacour, J.-P. Belon, 2015.

Autres ouvrages
Atlas d'anatomie humaine, par F. Netter. 2015, 6e édition.
Conseils à l'officine. Aide au suivi pharmaceutique et à l'éducation thérapeutique du patient, par J.-P. Belon, 7e édition, 2009.
Dictionnaire médical, par J. Quevauvilliers. 2009, 6e édition.
Gray's Anatomie pour les étudiants, par R.L. Drake et coll., 2015, 3e édition.
Guide de thérapeutique 2015, par L. Perlemuter, G. Perlemuter, 2014, 8e édition.
Lexique médical anglais-français/français-anglais, par D. Duizabo, 2015, 9e édition.
Les cours de L2-M2 Pharma

Droit pharmaceutique
Mathieu Guerriaud
Docteur en pharmacie et docteur en sciences
Qualifié aux fonctions de maître de conférences
UFR des Sciences de Santé de Dijon, Laboratoire CREDIMI
Université de Bourgogne-Franche Comté
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ISBN : 978-2-294-74756-4
e-ISBN : 978-2-294-74838-7

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www.elsevier-masson.fr
Préface

La réglementation pharmaceutique répond essentielle- son expérience d'enseignant acquise au sein de la faculté de
ment à un besoin de sécurité et à une exigence de qualité. pharmacie de l'Université de Bourgogne, où il s'est distin-
Elle vise à garantir à la Société un commerce des produits gué par ses nombreuses initiatives pédagogiques, l'auteur
de santé. Or, dans un domaine scientifique et technique en se livre en 300 pages à un large survol des principales règles
perpétuelle évolution, cette réglementation doit s'adap- du droit pharmaceutique. Outre les notions médicales,
ter continuellement. Elle évolue : les statuts et les normes l'auteur prend soin de rappeler des notions essentielles de
applicables se complexifient tandis que l'origine même de droit général et de retracer l'histoire de la réglementation
la règle de droit puise désormais ses sources dans le droit pharmaceutique pour montrer que, même si celle-ci évo-
communautaire, voire international. La norme, dès lors, lue, les valeurs fondamentales sur lesquelles elle s'appuie
se trouve remise en cause. On lui reproche d'être inadap- demeurent. Enfin, qu'il aborde les différents produits de
tée, trop contraignante : les pharmaciens, confrontés à santé et leurs vigilances associées, les institutions sanitaires
une règlementation technique de plus en plus sévère, la ou les principaux modes d'exercice professionnel, Monsieur
tiennent pour oppressive. Guerriaud le fait toujours avec une louable concision et un
Pourtant la réglementation conserve sa fonction sécuri- souci didactique constant.
sante. Elle guide les pharmaciens et leur permet, quel que Véritable vademecum de droit pharmaceutique, le
soit leur domaine d'activité, de conformer leur exercice présent ouvrage apparaît comme l'héritier du fameux
quotidien à l'intérêt supérieur de la santé publique. Et pour Abrégé de législation et de déontologie pharmaceutiques
continuer à tenir ce rôle, la règle doit être connue, comprise de Madame le Professeur Monique Tisseyre-Berry dont les
et acceptée. L'enseignement du droit pharmaceutique au multiples éditions ont contribué à former tant de futurs
sein des Unités de Formation et de Recherche en pharma- pharmaciens aux arcanes de la réglementation. Souhaitons-
cie prend ainsi une place toujours plus importante. lui de rencontrer le même succès !
Toutefois, depuis la dernière réforme des études pharma-
ceutiques (mise en place entre 2009 et 2013), aucun ouvrage
Pr Eric FOUASSIER,
de référence n'a été publié dans le domaine pour traiter
Université Paris-Sud, COMUE «Université Paris-Saclay»
l'essentiel des connaissances réglementaires attendues d'un Académie nationale de pharmacie
étudiant en pharmacie de fin de cursus. C'est ce manque Président de l'association des enseignants
que vient combler aujourd'hui l'ouvrage écrit par Monsieur de droit et économie pharmaceutiques
Mathieu Guerriaud aux éditions Elsevier-Masson. Fort de

IX
Abréviations

ADDFMS Aliments diététiques destinés à des fins DGCCRF Direction générale de la concurrence, de la
médicales spéciales consommation et de la répression des fraudes
ADME Absorption, distribution, métabolisme et DGS Direction générale de la Santé
excrétion DIU Dispositif intra-utérin
ADPIC Aspects des droits de propriété intellectuelle qui DM Dispositif médical
touchent au commerce DMDIV Dispositif médical de diagnostic in vitro
Afssaps Agence française de sécurité sanitaire des DP Dossier pharmaceutique
produits de santé (prédécesseur de l'ANSM) DPC Développement professionnel continu
AMM Autorisation de mise sur le marché EMA European Medicines Agency
ANSES Agence nationale de sécurité sanitaire de HAS Haute Autorité de Santé
l'alimentation, de l'environnement et du travail HPST Loi hôpital-patient-santé-territoire
ANSM Agence nationale de sécurité du médicament et INPI Institut national de la propriété industrielle
des produits de santé IRM Imagerie par résonance magnétique
APSI Allergènes préparés spécialement pour un seul LPP Liste des produits et prestations remboursables
individu MEDDEV Medical Device Guidance
ARC Attaché de recherche clinique OEB Office européen des brevets
ARS Agence régionale de santé OHMI Office de l'harmonisation dans le marché
ASMR Amélioration du service médical rendu intérieur
ATU Autorisation temporaire d'utilisation OMPI Organisation mondiale de la propriété
BPP Bonnes pratiques de préparation intellectuelle
CCP Certificat complémentaire de protection PACES Première année commune des études de santé
CE Communauté européenne PAES Post-Authorisation Efficacy Studies
CEC Circulation extracorporelle PASS Post-Authorisation Safety Study
CEDH Cour européenne des droits de l'homme PET-Scan Positron Emission Tomography
CEE Communauté économique européenne PLFSS Projet de loi de financement de la Sécurité sociale
(prédécesseur de l'Union européenne) PMF Prescription médicale facultative
CEPS Comité économique de produits de santé PMO Prescription médicale obligatoire
CHMP Committee for Medicinal Products for Human Use PRAC Pharmacovigilance Risk Assessment Committee
CJCE Cour de justice des Communautés européennes PSMF Pharmacovigilance System Master File
(prédécesseur de la CJUE) PUI Pharmacie à usage intérieur
CJUE Cour de justice de l'Union européenne PUMA Paediatric Use Marketing Authorisation
CMU Couverture maladie universelle QPPV Qualified Person Of Pharmacovigilance
CNOP Conseil national de l'Ordre des pharmaciens RCP Résumé des caractéristiques du produit
COFRAC Comité français d'accréditation RTU Recommandations temporaires d'utilisation
CPI Code de la propriété intellectuelle SDIS Services départementaux d'incendie et de secours
CPP Comité de protection des personnes (Comité SMR Service médical rendu
d'éthique) SUSAR Suspected Unexpected Severe Adverse Reaction
CRPV Centre régional de pharmacovigilance TEC Technicien d'étude ou de recherche clinique
CSP Code de la santé publique TFR Tarif forfaitaire de responsabilité
CSS Code de la sécurité sociale TFUE Traité de fonctionnement de l'Union
DASRI Déchets d'activités de soins à risques infectieux européenne
perforants UNCAM Union nationale des caisses d'assurances
DCI Dénomination commune internationale maladies
XI
I. Rappels historiques et juridiques

Prérequis et objectifs Des universités aux constitutions



Prérequis : Un peu plus tard, en Europe, sont fondées entre le xiie
– notions d'histoire de la santé (PACES) ; et le xiiie siècle les premières universités et, dès lors,
– notions de droit pharmaceutique (PACES). commence la séparation du médecin et du pharmacien.

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant Dès le 4 décembre 1093, le comte d'Anjou Foulque IV
sera capable de : instituait à Angers un monopole d'exercice : les apo-
– citer et dater l'origine de la réglementation thicaires ne pourront pratiquer leur métier que dans la
pharmaceutique, dans le monde et en Europe ; cour du chapitre de la cathédrale [8]. Cependant, c'est
– définir la notion de communauté ou corpora- avec Frédéric II (1194-1250), empereur du Saint-Empire
tion et citer les droits et devoirs s'y rattachant ; romain germanique (figure 1.1), qu'apparaissent les pre-
– citer et dater l'acte de création de la réglemen- mières réglementations pharmaceutiques européennes
tation des substances vénéneuses et en en expli- dans le recueil de lois Liber augustalis (dénommé
quant le contexte d'apparition ; Constitutions de Melfi) de 1231 qui sera complété et
– citer et définir les apports de la déclaration rebaptisé Novae constitutiones en 1241. C'est dans ce
royale de 1777 ; recueil que l'on distingue pour la première fois médecins
– citer et définir les apports de la loi du 21 germi- et apothicaires [9] (figure 1.2).
nal de l'an XI ;
– citer et définir les apports du décret-loi de 1941.

Si l'histoire du médicament est presque aussi ancienne


que l'histoire de l'humanité [1], celle de la réglementation
pharmaceutique est, quant à elle, plus récente.

La réglementation
pharmaceutique : naissance
à Bagdad
C'est à Bagdad, dans l'Irak de la dynastie des califes abbas-
sides (750-1258) qu'il faut chercher les origines d'une
réglementation pharmaceutique. C'est à une époque
contemporaine de Charlemagne que cette lignée, dirigée
par un oncle du prophète Mahomet, renverse le califat
omeyyade et institue Bagdad comme capitale, en lieu et
place de Damas [2]. C'est donc à Bagdad qu'est créée la
profession des sayadila, les ancêtres des pharmaciens, les-
quels se distinguent parfois difficilement des simples épi-
ciers, les attār [1, 3]. Pourtant, les sayadila sont soumis,
eux, à des inspections ; ainsi, la première mention d'un
tel contrôle se fit sous le règne du calife Al-Ma'Moun et
les recherches de fraudes s'intensifient avec le temps [4].
Ces inspections sont réalisées par le muhtasib, véritable
gardien de la santé publique [5]. Une autre réglementa-
tion pharmaceutique issue de cette époque est la créa- Figure 1.1
tion des premières pharmacopées, appelées Grabadins Frédéric II de Hohenstaufen.
(Source : De arte venandi cum avibus. Redactio Manfredi regis filii Friderici II,
ou Krabadins [6]. 1258-1266 [7].)

4
1. Histoire de la réglementation pharmaceutique

les apothicaires au Moyen Âge avaient pris l'habitude de


se regrouper entre membres au sein d'une même ville [11].
On parlait alors de communautés, car le terme corporation
n'apparaît en français qu'au xvie siècle [12].
Il arrivait que, dans certaines villes, la communauté des
apothicaires soit trop frêle pour être indépendante en tant
que telle, et il n'était pas rare de la voir associée aux méde-
cins ou aux chirurgiens, mais l'association la plus fréquente
sera celle avec les épiciers. Il faut entendre épiciers au sens
ancien : le marchand d'épices — épices qui, souvent, étaient
rares et exotiques et entraient dans la composition des
médicaments (cacao, poivre, thé, tabac, cannelle…).
Les corporations d'apothicaires étaient ce qu'on appelle
des métiers «jurés» ou encore des «jurandes». Le terme de
juré s'explique par le fait que ce corps de métier est consti-
tué par un serment mutuel que se prêtaient ses membres.
Parmi ceux-ci étaient choisis des jurés (soit par élection
Figure 1.2 soit par tirage au sort) qui avaient pour rôle la défense et la
La séparation du médecin, à gauche mirant les urines, représentation de la profession. Cependant, leur charge pre-
de l'apothicaire, à droite préparant les remèdes.
(Source : Barthélemy de Glanville dit Barthélémy l'Anglais. Illustrations de Le Propriétaire mière était d'appliquer et de faire respecter des règlements
des choses, 1482 [10].) et d'arbitrer les litiges au sein de la communauté [13].
Ces règlements minutieux étaient propres à chaque
Attention communauté : ceux-ci étaient soit imposés, comme ce
fut le cas à Paris, par la Faculté de médecine, soit rédigés
par la communauté elle-même comme ce fut le cas en
Le sens ancien de «constitutions»
province [4]. Ces règlements étaient d'autant plus impor-
Les constitutions, au sens historique, ne désignent tants que les apothicaires faisaient partie des métiers dits
pas la loi fondamentale mais des actes législatifs de danger car manipulant des produits vénéneux, au
promulgués par des dirigeants (rois, empereurs) même titre que les serruriers garants de la sécurité des
sous forme de décrets, édits, mandats ou rescrits. demeures, ou encore les orfèvres garants de l'authenticité
des alliages [14, 15].
Remarque
La Novae consitutiones
Les Règlements : la longue
La Novae consitutiones :
● instaurera la distinction entre les médecins et les pharma- marche vers la déontologie
ciens : un médecin ne peut être pharmacien et vice versa ;
● créera les apotheca : le lieu de dépôt des médicaments ; La première mention officielle du terme «apothicaire» dans
ceux-ci seront fixes (stationarius) ; un ouvrage réglementaire français oscille entre 1258 et 1268
● imposera la limitation des points de vente des médica- et nous vient d'un recueil rédigé par Étienne Boileau, prévôt
ments ; cela préfigure le numerus clausus d'installation ; de Paris, sur ordre de Saint-Louis (figure 1.3, tableau 1.1).
● interdira le compérage. Le titre et la date de l'œuvre varient selon les auteurs : on
parle du Règlement général sur les Arts et Métiers de Paris
et sur les droits dus au Roy de 1258 [16–19] ou encore des
Les communautés et corporations : Établissements des Métiers de Paris plus connu sous le nom
les prémices des Ordres de Livre des métiers de 1268 [11, 20–22]. La seule mention
découverte dans ces textes est : «tuit cirier, tuit pévrier, et
La corporation est une association d'artisans ou de mar- tuit apotecaire» s'acquittent d'un droit de pesage, payant, à
chands qui s'unissent pour réglementer leur profession et la balance du roi et qu'ils se placent le samedi sur les halles
défendre leurs intérêts. Ainsi, à l'instar des guildes nordiques, ou les marchés.
5
I. Rappels historiques et juridiques

Mandement
de Philippe VI de Valois
1336

Ordonnance royale
de Charles IV
1322
Livre des Édit
métiers de Charles VIII
d’Étienne 1484
Ordonnance royale
Boileau
de Philippe le Bel
1258
1312
1268

1250 1260 1270 1280 1290 1300 1310 1320 1330 1340 1350 1360 1480 1490 1500

Statuts de la
Faculté de médecine Ordonnance royale (1)
1271 de Jean le Bon
1352

Ordonnance royale (2)


de Jean le Bon
1353

Figure 1.3
Frise chronologique des principaux textes en matière de réglementation pharmaceutique française.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Tableau 1.1. Récapitulatifs des mesures apportées par les différents textes
Date Textes Apports
1258–1268 Livre des métiers Première mention des apothicaires
1271 Statuts de la faculté de Médecine Limitation des missions des apothicaires
1312 Ordonnance royale de Philippe le Bel Garde des poids par les apothicaires
1322 Ordonnance royale de Charles IV Garde des poids par les apothicaires
Première notion de visite des boutiques
Laxatifs et abortifs sur ordonnance, non renouvelable
Interdiction d'employer des drogues corrompues ou de diminuer la
quantité des produits coûteux dans les préparations
Détention obligatoire de l'Antidotaire de Nicolas
1336 Mandement de Philippe VI de Valois Contrôle des droguiers (laxatifs et opiats) par les médecins et serment
prêté devant la faculté de Médecine
1352 Ordonnance royale de Jean le Bon (1) Véritable Règlement des Apothicaires et esquisse de monopole
1353 Ordonnance royale de Jean le Bon (2) Précision du régime des visites des boutiques : périodicité
1484 Édit royal de Charles VIII Métier juré obligatoire
Création des Apothicaires-espiciers

Par la suite, on retrouve une ordonnance de Philippe le renouveler. Il est interdit à l'apothicaire d'employer des dro-
Bel (1268–1314) concernant la vérification et la garde des gues corrompues ou de diminuer la quantité des produits
poids par les apothicaires dès 1312. coûteux dans ses préparations. Cette ordonnance de 1322
Cette notion de garde des poids sera reprise dans l'or- impose également pour la première fois la détention d'un
donnance de Charles IV (1292-1328) en 1322. Cette der- formulaire : l'Antidotaire de Nicolas [23].
nière aborde pour la première fois la notion de visite des En 1336, Philippe de Valois rédige un mandement au
boutiques d'apothicaires et défend à ce dernier de délivrer prévôt de Paris qui ordonne aux Apothiquaire & leurs Valets
laxatifs et abortifs sans ordonnance, qu'il ne pourra pas & les Herbiers de faire vérifier leurs droguiers, en particu-
6
1. Histoire de la réglementation pharmaceutique

lier les stocks d'opiats et de laxatifs [24]. Ce mandement redéfinit les conditions de l'apprentissage puis du compagnon-
commande aux apothicaires et à leurs employés de prêter nage chez un maître qui sera ensuite sanctionné par un exa-
serment devant la Faculté de médecine de Paris. men comportant notamment la réalisation d'un chef-d'œuvre,
C'est surtout par l'ordonnance de décembre 1352, établie qui consistait en la confection de préparations et remèdes tels
par Jean le Bon (1319–1364), qu'un véritable règlement des que ceux préparer sur la figure 1.4 [4, 11, 23, 28–30].
apothicaires de Paris est créé. Celui-ci esquisse la naissance
d'un monopole en réservant la fabrication des médicaments
aux apothicaires : «Il est défendu à tous ceux qui ne sont pas
Obligations pour les futurs apothicaires
apothicaires de composer ou d'administrer aucune médecine
alternative, aucun sirop, élixir, aucun clystère dans les maladies Exemples d'obligations incombant aux membres de la
mortelles dont les symptômes présentent un caractère de gra- corporation des apothicaires :
vité… Idem toutes pièces et médecines que ce soit même de

prêter serment ;
nous des conseils de médecine [27].» Ce même Jean le Bon,

apprentissage et compagnonnage ;

passage d'un examen portant sur :
en août 1353, précise le règlement de la visite des boutiques
– la lecture et le commentaire d'ordonnance ;
d'apothicaires, sorte de prémices à l'inspection des pharma- – la connaissance du latin ;
cies, par une notion de périodicité, au minimum deux fois par – la reconnaissance de plantes fraîches et de drogues
an : «environ à la feste de Pasques et celle de Toussainz [24, 28]». (Acte des Herbes) ;
Charles VIII, en 1484, par un Édit, crée le métier d'apothicaire- – la réalisation du chef-d'œuvre, consistant en la pré-
espicier et impose que ce métier soit juré, c'est-à-dire qu'il est paration de plusieurs médicaments.
organisé sous le régime de la corporation. Par ailleurs, cet édit

Remarque
Le serment des apothicaires et des pharmaciens [11, 31–33]
L'origine du serment en matière de santé remonte à Hippocrate ● l'interdiction des quid pro quo non autorisés (substitution
(Horkos) et s'appliquait à tous les praticiens de santé, d'autant d'une drogue par une autre, cf. infra «Le quid pro quo : un
qu'à cette époque, médecin et pharmacien ne faisaient qu'un. ancêtre pour les génériques ?») ;
Cependant, le serment au Moyen Âge a un autre sens, c'est un ● la pratique d'un prix juste.
des apanages des Jurandes. Ainsi, dès le début des métiers jurés, À partir de 1608 apparaît un nouveau serment : Le serment des
les apothicaires prêtaient serment au moment où ils étaient reçus apothicaires chrétiens et craignants Dieu rédigé par Jean de Renou.
Maistres. Il s'agissait plus d'un acte d'engagement vis-à-vis de l'au- Ce serment se rapproche sans conteste du serment d'Hippocrate
torité de Dieu que de celle des Hommes. La crainte de Dieu et la et est empreint d'une moralité générale, mais est très incomplet
crainte de l'Enfer étaient des raisons suffisantes pour contraindre et très subordonné aux médecins, ce qui explique que seulement
les hommes de l'époque, très croyants, à respecter leurs devoirs quatre villes de province l'utiliseront et pour une courte période.
et à ne point se livrer à de basses manœuvres. Mais, si ce serment Sous la révolution, avec la suppression des corporations, le ser-
était usuellement prêté, il n'était pas obligatoire à Paris jusqu'à ce ment devient de lui-même inutile, jusqu'à ce que les corporations
que le roi Philippe de Valois, en 1336, impose aux apothicaires de pharmaciens soient très vite rétablies. Et la loi de germinal de
parisiens de prêter serment devant la Faculté de médecine. En l'an XI dans son article 16 impose à tous les futurs pharmaciens de
province, le serment pouvait être prêté devant d'autres apothi- prêter serment d'exercer son art avec probité et fidélité, devant le
caires jurés de la communauté ou encore devant le prévôt. préfet du département ou le préfet de police à Paris.
Ces serments ressemblaient à un véritable code de déon- Tombé en désuétude à la fin du xixe siècle, le serment est sup-
tologie, dans le sens où ils reprenaient généralement tous les primé par l'article unique de la loi du 30 juin 1906 avant d'être
devoirs auxquels se soumettaient les apothicaires. On peut citer remis au goût du jour à la moitié du xxe siècle sous l'intitulé de
quelques exemples de ces obligations, qui variaient d'une ville Serment de Galien :
à l'autre : «Je jure, en présence des maîtres de la faculté, des conseillers de
● la bonne préparation des remèdes selon la pharmacopée l'Ordre des pharmaciens et de mes condisciples :
locale ; ● d'honorer ceux qui m'ont instruit dans les préceptes de mon
● la bonne conservation des matières premières ; art et de leur témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à
● l'interdiction de délivrer des poisons ; leur enseignement ;
u
7
I. Rappels historiques et juridiques

u ● d'exercer, dans l'intérêt de la santé publique, ma profession En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et
avec conscience et de respecter non seulement la législation en mon état pour corrompre les mœurs et favoriser des actes
vigueur, mais aussi les règles de l'honneur, de la probité et du criminels.
désintéressement ; Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes
● de ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers promesses. Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes
le malade et sa dignité humaine. confrères si j'y manque.»

Le quid pro quo : un ancêtre opposant aux quid pro quo : «Les apothicaires m'en veulent-
ils, parce que je n'admets pas qu'ils donnent Quid pro quo,
pour les génériques ? Merdum (sic) pro musco.»
L'ordonnance royale de 1514 fixera une liste de succé-
Dès Galien, on savait pertinemment que certaines matières danés autorisés, liste destinée à mettre fin aux «fraudes et
premières nécessaires à la fabrication d'un médicament tricheries [34]». Ainsi, le pouvoir donnera le détail des pro-
pouvaient venir à manquer ; c'est pourquoi, parfois, le méde- duits qui pourront se substituer à un autre ; on peut entre-
cin autorisait la substitution d'un composé par un autre. voir ici un ancêtre, certes très imparfait, de nos génériques
L'utilisation de ces succédanés en pharmacie est appelée actuels.
quid pro quo (aliquid stat pro aliquo). Malheureusement,
certains apothicaires peu scrupuleux utilisaient des quid
pro quo pour ne pas employer une substance fort coû-
teuse, tout en maintenant le prix final élevé… Ainsi, depuis L'affaire des poisons : naissance
longtemps les quid pro quo sont interdits dans un but d'évi- sanglante de la réglementation
ter des accidents médicamenteux, du moins sans l'avis du
prescripteur. D'ailleurs, le célèbre Paracelse fut un fervent des substances vénéneuses
Sous Louis XIV, une série d'empoisonnements ébranle le
royaume et la cour du roi. L'histoire, dit-on, commence
avec Marie-Madeleine Dreux d'Aubray, qui deviendra la
Marquise de Brinvilliers en 1648 par son mariage (arrangé
par son père) avec le Marquis de Brinvilliers ; elle sera
plus tristement connue sous le nom de « la Brinvilliers »
(figure 1.5). Peu de temps après ses noces, elle rencontre
son amant, le chevalier Gaudin de Sainte-Croix. Son père,
pieux et austère, ne voyant pas d'un bon œil cette liaison,
fit, de par ses pouvoirs de police — il est le premier magis-
trat et officier de police de Paris — arrêter et embastiller
le chevalier, à la suite de quoi, sa fille lui en voulut cruel-
lement. C'est pendant son emprisonnement à la Bastille
que le chevalier apprendra auprès d'un certain Exili (ou
Eggidio), les arts alchimiques qui conduisent à la prépa-
ration des poisons les plus subtils. Six semaines après ce
séjour dans les geôles de Paris, de Sainte-Croix ressort libre
et rejoint immédiatement sa marquise… Pour lui enseigner
à son tour les arts noirs de l'empoisonnement. Pour arri-
ver à leur fin, les deux comparses et néanmoins amants,
se fournissaient, semble-t-il, chez le célèbre chimiste apo-
thicaire Christophle Glaser, titulaire de la chaire de Chimie
aux Jardins du roi et auteur du Traité de Chymie. Ils se ser-
Figure 1.4
vaient vraisemblablement de l'arsenic, le maître-poison,
Un apothicaire au xvie siècle. qui, administré quotidiennement à petite dose, pouvait
(Source : d'après Jost Amman [25, 26].) faire croire à une mort naturelle.
8
1. Histoire de la réglementation pharmaceutique

de Colbert, Pennautier, étant impliqué dans l'affaire, le ministre


essaye de faire extrader la marquise par voie diplomatique. Elle
quitte la Grande-Bretagne pour se cacher dans un couvent à
Liège où elle sera retrouvée en 1676 avec une autre cassette,
renfermant les confessions de ses meurtres par écrit…
Elle sera enfermée à la Conciergerie, passera à la ques-
tion (torture pour obtenir des aveux) et sera exécutée en
public comme en témoignent les Lettres de Madame de
Sévigné [35–37].

Extrait
Madame de Sévigné écrit à propos de la
Brinvilliers, le vendredi 17 juillet 1676 [38]
«Enfin c'en est fait, la Brinvilliers est en l'air. Son pauvre petit
corps a été jeté, après l'exécution, dans un fort grand feu, et les
cendres au vent, de sorte que nous la respirerons, et par la com-
munication des petits esprits, il nous prendra quelque humeur
empoisonnante, dont nous serons tous étonnés. Elle fut jugée
dès hier ; ce matin, on lui a lu son arrêt, qui était de faire amende
honorable à Notre-Dame et d'avoir la tête coupée, son corps
brûlé, les cendres au vent.
«On l'a présentée à la question ; elle a dit qu'il n'en était pas
besoin, et qu'elle dirait tout. En effet, jusqu'à cinq heures du soir
elle a conté sa vie, encore plus épouvantable qu'on ne le pen-
sait. Elle a empoisonné dix fois de suite son père (elle ne pou-
vait en venir à bout), ses frères et plusieurs autres ; et toujours
Figure 1.5
l'amour et les confidences mêlés partout. Elle n'a rien dit contre
La marquise de Brinvilliers.
(Source : collection BIU Santé Médecine.) Pennautier.»

L'un des premiers meurtres que la Brinvilliers commit fut


celui de son père, peut-être pour se venger, sûrement pour Mais cette affaire ne va pas en rester là, car les forces
hériter. Puis elle ira s'entraîner sur des malades, dans les hos- de l'ordre, par les aveux de la suppliciée, ont découvert un
pices et autres hôtels-Dieu, en se déguisant en religieuse. réseau au-delà de leur imagination ; il est alors décidé d'ou-
Elle tentera d'éliminer son mari, mais Madame de Sévigné vrir une cellule spéciale d'enquête : la Chambre ardente.
nous apprend que Sainte-Croix, ne voulant point de femme La Chambre ardente mettra au jour des sorcières, des
aussi méchante, donnait du contrepoison au mari de la empoisonneuses, des envoûteuses, des faiseuses d'ange
Brinvilliers de sorte que ce malheureux se fit empoisonner qui se livraient à des sacrifices rituels, des messes noires,
et contre-empoisonner cinq à six fois de suite ! Entre-temps, des avortements, des philtres… Les plus célèbres de ces
afin de toucher une succession entière, elle fait assassiner femmes furent Catherine Deshayes, dite la Voisin (1640–
ses deux frères en empoisonnant une tourte. Dès lors, on 1680), la Grange et La Bosse, mais d'autres sévirent comme
ne parlait plus de poison, mais de «poudre de succession» la Filastre, la Trianon, la Vigoureux. Mais très vite, les soup-
ou d'«élixir d'hérédité». Hélas ! l'argent manquait toujours : çons se portent aussi sur des proches du roi, en particulier
le marquis ne lui donne plus rien et elle s'est par ailleurs Madame de Montespan, dont on se demande si elle n'aurait
séparée de Sainte-Croix qui, craignant pour sa vie, fait pla- pas empoisonné ses rivales, Mademoiselle de la Vallière, pre-
cer dans une cassette des lettres de la marquise très com- mière favorite du roi, et Mademoiselle de Fontange. Dans
promettante ainsi que des échantillons de poisons. un premier temps, le roi demande que les documents de
Sainte-Croix meurt de maladie en 1672 et la cassette et son ses proches soient mis de côté puis, très vite, le monarque
contenu sont découverts. La Brinvilliers s'exile alors de l'autre suspend le travail de la Chambre ardente et fait détruire les
côté de la Manche pour fuir la justice du roi. Un des proches documents compromettants [39].
9
I. Rappels historiques et juridiques

À retenir Il s'agit d'une autorisation administrative : «une sorte


de reconnaissance officielle [41]», à l'instar de nos actuelles
L'édit des poisons AMM. Il existait alors de nombreux brevets dont l'un des
Pour calmer les esprits et faire revenir l'ordre dans plus célèbres fut celui de l'orviétan — l'orviétan était un
le royaume, le roi fait paraître l'édit sur les poisons électuaire, un remède pâteux, originaire d'Orvieto en Italie
de juillet 1682 [40]. Cet édit limite l'usage et la inventée par Girolamo Ferrante et auquel on donnait des
détention de l'arsenic, du réalgar, de l'orpiment aux vertus miraculeuses, très en vogue au xviie siècle ; l'orviétan
médecins, chirurgiens, apothicaires, et à quelques est à l'origine de l'expression un «marchand d'orviétan» qui
autres professions mais, surtout, dans son article XI, signifie un charlatan.
interdit la création de laboratoires de fabrication Par la suite, dès le xviiie siècle, les autorités, par la voix de
de médicaments : «Faisons très expresses défenses à Louis XV, vont imposer de nouvelles règles de qualité ; en
toutes personnes, de quelque profession et condition effet, à l'époque malgré la réglementation, «n'importe quel
qu'elles soient, excepté aux Médecins approuvés, et artisan peut prétendre à de tels bénéfices et à de telles gloires.
dans le lieu de leur résidence, aux Professeurs en Le diplôme d'apothicaire est tout à fait inutile pour créer une
Chimie, et aux maîtres Apothicaires, d'avoir aucuns spécialité pharmaceutique […], un horloger, un général, des
laboratoires, et d'y travailler à aucunes préparations religieuses… fabriquent et vendent impunément des remèdes
de drogues ou distillations […].» de leur invention [42]». Par ailleurs, un autre édit du 17 mars
Certaines substances, particulièrement nocives et 1731 fixa à trois ans la durée de validité des brevets et inter-
sans usage thérapeutique, sont formellement pro- dit la vente des remèdes non autorisés ; il y a, ici encore,
hibées : «Défendons à toutes sortes de personnes, à une certaine analogie avec l'autorisation d'AMM qui était
peine de vie, même aux Médecins, Apothicaires et renouvelable par période de cinq ans.
chirurgiens, à peine de punition corporelle, d'avoir Ce n'est qu'en 1778 que l'Académie royale de médecine
et de garder de tels poisons simples ou préparés, sera la seule à pouvoir délivrer des brevets de vente aux
qui retiennent toujours leur qualité de venin, et inventeurs de nouveaux remèdes (par ailleurs pas toujours
n'entrant dans aucune composition ordinaire, ne des apothicaires). On entendait ici par remède une formule
peuvent servir qu'à nuire, et sont de leur nature per- ou composition influant sur la santé et permettant de sou-
nicieux et mortels.» lager le malade de symptômes spécifiques (douleur, fièvre,
Cet édit prévoit également la tenue d'un registre, etc.) ou d'améliorer son confort. Le remède s'apparente à
ancêtre de l'ordonnancier : «Nous leur enjoignons une recette et ne nécessite pas forcément le recours à des
d'écrire sur un Registre particulier la quantité des produits pharmaceutiques : un bouillon de légumes peut
remèdes où ils auront employés [les poisons], les être présenté comme un remède par son prescripteur [43].
noms de ceux pour qui ils auront été faits […].»
Ainsi, naquit la réglementation des substances
vénéneuses. La déclaration royale de 1777 :
Dehors les épiciers, Adieux
Les brevets aux XVIIe les apothicaires, Bienvenue
et XVIIIe siècles : un pas vers aux pharmaciens !
l'autorisation de mise La déclaration royale du 25 avril 1777 sépare les métiers de la
sur le marché pharmacie de ceux de l'épicerie et affirme ainsi le monopole
de la fabrication et de la vente des médicaments. On remar-
Durant le xviie siècle seront délivrés des brevets. Il faut bien quera que le mot «pharmacie» est ici employé et, en effet,
comprendre que le terme «brevet» ne recouvre pas la défi- les temps changent : à Paris, la corporation des apothicaires
nition actuelle du brevet d'invention — encore aujourd'hui, prend le nom de «Collège de pharmacie». Pour s'assurer
le brevet est trop souvent entendu par le consommateur que ses professionnels aient les compétences pour préparer
moyennement avisé comme une attestation officielle les remèdes, on instaure une maîtrise de pharmacie ; ainsi,
d'efficacité, alors qu'il s'agit d'une disposition du droit de la les apothicaires deviennent «maîtres en pharmacie» et sont
propriété intellectuelle. seuls à pouvoir avoir une «officine» [4, 11].
10
1. Histoire de la réglementation pharmaceutique

L'époque révolutionnaire : à l'exercice et à l'enseignement de la pharmacie […] continue-


ront d'être exécutés selon leurs formes et teneurs [45, 46]».
la santé publique mise à mal ? Ce décret devint la loi du 17 avril 1791 relative à la pratique
de la pharmacie et à la vente et distribution des drogues et
Avec l'esprit de liberté propre à la révolution, l'Assemblée médicaments. Ainsi, tout rentra dans l'ordre.
législative supprima les corporations — et, de fait, la sur-
veillance des drogues — au nom de la liberté de commerce,
par le décret du 2 mars 1791, dit du baron d'Allarde [4] : «À
compter du 1er avril prochain, il sera libre à toute personne de La loi du 21 germinal de l'an XI
faire négoce ou d'exercer telle profession, art ou métier qu'elle (1803)
trouvera bon.» De ce fait, la profession pharmaceutique,
comme les autres, cessait d'être organisée et échappait à
peu près à toute réglementation. Ce décret, reprenant À retenir
les idées de Turgot, abolit «les maîtrises et les jurandes»,
cette expression signifiant «corporation». Turgot, nommé La loi du 21 germinal de l'an XI
contrôleur général des finances en 1774, ancien intendant C'est la loi du 21 germinal de l'an XI, applicable à
du Limousin, considérait que les communautés de métiers tout le territoire français, qui, entre autres :
constituaient un frein au développement de l'économie. ■
rétablit complètement le monopole de la
Alors que les charlatans existaient depuis longue date en pharmacie ;
France (figure 1.6), leur nombre risquait d'exploser et, cette ■
établit les conditions d'exercice de la pharmacie ;
situation pouvant devenir très vite anarchique, le Comité ■
interdit les remèdes secrets ;
de salubrité avertit l'Assemblée nationale, qui, par le décret ■
interdit de se livrer dans l'officine à un autre
dit «d'Eustache Livré» du 14 avril 1791, décida que «les lois, commerce que celui des drogues ou prépara-
statuts et règlements existants au 2 mars 1791 dernier, relatifs tions médicinales, prohibe les ventes sur la place
publique ;

réglemente la détention et la vente des subs-
tances vénéneuses et institue une « police de la
pharmacie » qui visitait les officines (visites par
des membres des écoles de médecine et de phar-
macie assistés d'un commissaire de police) pour
veiller à la bonne qualité des drogues et médica-
ments [46, 47].

Cette loi fut l'un des fondements majeurs de la régle-


mentation pharmaceutique, à travers ces différentes exi-
gences, elle renforce la notion de sécurité sanitaire, instaure
de véritables contrôles tant sur la qualité des personnes que
sur la qualité des produits.
Elle instaure également une «police des remèdes», mais
il faut bien avouer que cette dernière ne sera pas vraiment
efficace : elle relève plus de la déclaration d'intention, voire
de l'effet d'annonce, de la part des pouvoirs publics de
l'époque, que d'une véritable chasse aux remèdes secrets et
charlatans [48]. Malgré l'interdiction de vente, les remèdes
secrets continuèrent à s'échanger sous le manteau. Devant
le fait accompli, le décret du 25 prairial de l'an XIII vint atté-
nuer la loi du 21 germinal de l'an XI. Puis leur vente fut régle-
Figure 1.6
mentée par le décret impérial du 18 août 1810 et, enfin,
Charlatan sur la place publique.
(Source : gravure de la BNF. Duplessi-Bertaux J. Le Charlatan françois, 1777 [44].) le décret du 3 mai 1850 plaça l'évaluation de ces remèdes
11
I. Rappels historiques et juridiques

secrets sous le contrôle de la jeune Académie royale de Le texte fixe pour la première fois le cadre du médi-
médecine (créée par l'ordonnance royale du 20 décembre cament et grave dans le marbre la notion de monopole
1820). pharmaceutique. Il crée les prémices de l'Ordre des phar-
maciens : les chambres des pharmaciens — l'Ordre des
pharmaciens sera créé par l'ordonnance du 5 mai 1945 — et
Le décret-loi de 1941 : première réglemente la publicité du médicament (instauration d'un
visa publicitaire). Il dispose que les établissements pharma-
définition légale du médicament ceutiques ne peuvent être détenus que par des pharma-
ciens ou des sociétés dans lesquelles les pharmaciens sont
Depuis la loi du 21 germinal de l'an XI, peu de lois vinrent associés majoritaires et que seul un pharmacien peut être
modifier la législation pharmaceutique. Et malgré quelques le directeur technique de l'entreprise : ainsi, la loi consacre
progrès, la législation ne convenait plus à la réalité de les débuts de la notion de personne qualifiée, élément
l'époque. Les syndicats de pharmaciens réclamaient un nécessaire au respect de la bonne pratique de fabrication
profond changement afin de prendre en compte la pro- du médicament.
duction industrielle de médicaments [49]. C'est pourquoi Mais la disposition phare qui aura le plus d'impact quant
Serge Huard, secrétaire d'État à la Santé de Pétain écrivait à la sécurité sanitaire sera la création du visa administratif :
dans l'introduction du décret-loi du 11 septembre 1941 : une autorisation de vente subordonnée à une étude com-
«Celle-ci [la législation] n'est plus adaptée à l'état actuel plète du produit. Le visa pourra être accordé après avis du
de la profession pharmaceutique. Sa partie industrielle et Comité technique des spécialités. Le visa est censé attester
le développement à la fois commercial et scientifique de la de la qualité de la spécialité, les procédures de fabrication se
profession ne trouvent plus leur place dans le cadre ancien. faisant beaucoup plus strictes et rigoureuses. Ce visa s'appli-
Ainsi, la nécessité d'une réforme se faisait sentir depuis bien quera aux nouvelles spécialités, mais aussi aux anciennes, ce
longtemps et de nombreux projets de loi ont été préparés au qui permettra de faire disparaître, en principe, les produits
cours des dernières années.» insolites, inefficaces, voire dangereux, qui existaient sur le
Le décret-loi sera à l'origine d'évolutions profondes, à marché. Il s'agit ni plus ni moins que de l'ancêtre de
commencer par la création de la première définition légale l'AMM.
du médicament. Le décret-loi retouchera aussi la définition Une autre grande mesure sera la création du Service cen-
légale de la spécialité. tral de la pharmacie (SCP), ancêtre lointain de l'ANSM, et
qui aura trait à tout ce qui touche au monde de la pharma-
cie. Le SCP aura notamment la lourde tâche de rédiger les
Première définition légale du médicament textes d'application du décret-loi de 1941.
La première définition légale du médicament, issue du
décret-loi de 1941, se présentait ainsi : «Médicament, c'est-
à-dire toute drogue, substance ou composition présentée
L'essentiel à retenir
comme possédant des propriétés curatives ou préventives
à l'égard des maladies humaines et conditionnée en vue
de la vente au poids médicinal. Sont considérés comme

La réglementation pharmaceutique naît à
médicaments les produits diététiques qui renferment dans Bagdad au viiie siècle.
leur composition des substances chimiques ou biologiques ■
La première réglementation occidentale pro-
ne constituant pas elles-mêmes des aliments, mais dont la vient des Constitutions de Melfi au xiiie siècle.
présence confère à ces produits soit des propriétés spéciales ■
Au Moyen Âge, la profession d'apothicaire est
recherchées en thérapeutique diététique, soit des propriétés de regroupée en communautés ou corporations. Il
repas d'épreuve. Les produits hygiéniques, s'ils ne contiennent s'agit d'un métier juré, ou jurande, soumis à des
pas de substance soumise à la loi du 12 juillet 1916 relative à règlements qui dépendent de chaque ville. Les apo-
la vente de substances vénéneuses, les produits utilisés pour
thicaires sont en outre soumis à des inspections.
la désinfection des locaux et pour la prothèse dentaire ne
sont pas considérés comme des médicaments.»

Sous Louis XIV, l'affaire des poisons, qui débute avec
En ce qui concerne l'expression «conditionnée en vue de la l'arrestation de la marquise de Brinvilliers, secoue le
vente au poids médicinal», elle signifie en réalité vente au royaume. Afin d'endiguer le phénomène, l'édit des
détail pour un patient, par opposition avec vente en gros. poisons est promulgué : il instaurera les bases de la
réglementation des substances vénéneuses.
12
1. Histoire de la réglementation pharmaceutique


La déclaration royale de 1777 sépare les épiciers – la première définition légale du médicament ;
des apothicaires, qui deviennent des pharmaciens. – un renforcement de la notion de spécialité ;

La loi du 21 germinal de l'an XI est la première – la notion de pharmacien propriétaire ;
réglementation pharmaceutique s'appliquant à – la création de la Chambre des pharmaciens
tout le territoire français. Elle s'attache particu- (ancêtre de l'Ordre des pharmaciens) ;
lièrement à définir les conditions d'exercice de la – la création du visa publicitaire ;
pharmacie et son enseignement. – la création du visa administratif (ancêtre de l'AMM) ;

Le décret-loi de 1941 fait rentrer la pharmacie – la création du Service central de la pharmacie
dans le monde moderne avec : (ancêtre lointain de l'ANSM).

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Firme.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le lieu de nais- D Congrégation.
sance de la réglementation pharmaceutique au viiie siècle ? E Ligue.
A À Constantinople.
QCM 4
B À Bagdad.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt)
C À Jérusalem.
la réglementation des substances vénéneuses ?
D À Babylone.
A Elle naît suite à l'affaire des poisons.
E À Carthage.
B Elle naît avec l'affaire du masque de fer.
QCM 2 C L'acte fondateur est l'édit des poisons.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le texte où D L'acte fondateur est l'édit de Nantes.
étaient distingués pour la première fois en Europe, les méde- E Elle interdit aux apothicaires de détenir des poisons.
cins et les apothicaires ?
QCM 5
A Le plan de Saint-Gall.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt)
B La Lex salica carolina.
la réglementation du 21 germinal de l'an XI ?
C La Magna Carta Libertatum.
A Elle s'applique sur tout le territoire français.
D L'ordonnance de Villers-Cotterêts.
B Elle crée l'Ordre des pharmaciens.
E La Novae Constitutiones.
C Elle définit les conditions d'exercice de la profession.
QCM 3 D Elle définit les modalités d'enseignement.
Parmi les réponses suivantes, quel terme désignait le regroupe- E Elle autorise les charlatans à vendre des médicaments.
ment de la profession d'apothicaire au Moyen Âge ?
A Syndicat.
B Corporation.

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne :


pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://
www.em-consulte/e-complement/474756 et suivez les
instructions.

13
Chapitre 2
Rappels sur l'organisation
du droit

PLA N D U C HA PI T RE
Les sources du droit français 15
Les sources du droit européen 18

Droit pharmaceutique
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2. Rappels sur l'organisation du droit

Prérequis et objectifs quelques rappels succincts concernant l'organisation


du droit français et du droit européen.

Prérequis : Le mot «droit» peut revêtir beaucoup de sens ; nous en
– notions de droit pharmaceutique (PACES). détaillerons deux fondamentaux ici :

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant l le droit : c'est un ensemble de règles sociales, morales,
sera capable de : de conduite [50]. Ce terme peut être suivi d'un adjec-
– classer les différentes sources du droit dans la tif, par exemple le droit pénal ou, dans notre cas, le droit
hiérarchie des normes ; pharmaceutique ;
– définir et donner les propriétés de la Constitution ; l un droit : c'est la faculté reconnue par la loi à une per-
– définir et donner les propriétés des lois, ordon- sonne pour lui permettre de faire des actes déterminés [50] :
nances et règlements autonomes ; par exemple, le droit de vote ; c'est le sens qu'on oppose
– définir et donner les propriétés de la vulgairement à un devoir : «des droits et des devoirs».
jurisprudence ; Il faut également distinguer différents types de droits
– définir et donner les propriétés des décrets et (figure 2.1) [51] :
arrêtés ; l le droit privé : c'est le droit, l'ensemble de règles qui régit
– énumérer et expliquer les différentes sources du les interactions entre des particuliers entre eux ou avec
droit européen ; des collectivités privées telles que les associations ou les
– différencier le droit primaire et le droit secondaire ; sociétés ;
– expliquer le fonctionnement de l'Union l le droit public : c'est le droit, l'ensemble de règles qui
européenne ; régit les interactions entre les particuliers ou les collectivités
– délimiter le champ de compétence de l'Union privées et l'État. C'est aussi le droit qui définit l'organisation
européenne. de l'État.

Les sources du droit français


Comprendre le droit pharmaceutique sans com-
prendre les bases du droit français et européen est une Le droit français est organisé selon une hiérarchie des
chose vaine ; il apparaît donc nécessaire de proposer ici normes (figure 2.2).

RF

Société État

Particulier Société

Particulier Particulier

Droit privé Droit public

Droit des
Droit Droit Droit
Droit civil Droit du travail Droit pénal finances
commercial administratif constitutionnel
publiques

Figure 2.1
Distinction entre le droit privé et le droit public.
(Illustration par M. Guerriaud.)

15
I. Rappels historiques et juridiques

Constitution
de 1958

Préambule Bloc de constitutionnalité


Principes fondamentaux
reconnus par les lois de la
République

Traités et accords internationaux


dont le droit de l’Union européenne Bloc de conventionalité

Lois organiques

Lois ordinaires

Bloc de légalité
Ordonnances

Règlements autonomes

Jurisprudence Principes généraux du droit

Décrets

Règlements
Arrêtés

Circulaires

Actes administratifs
Directives

Figure 2.2
La hiérarchie des normes.
(Illustration par M. Guerriaud.)

La Constitution française Remarque


Il s'agit de la source mère du droit français, la norme La composition de la constitution
suprême du droit. Elle régit l'organisation des pouvoirs du 4 octobre 1958
publics français et organise leurs rôles et leurs relations
Préambule et article 1er
respectives ; elle énonce les grands principes fonda-
Titre Ier : De la Souveraineté (articles 2 à 4)
teurs de notre République. Il existe uniquement deux Titre II : Le Président de la République (articles 5 à 19)
moyens de ratifier la modification de la Constitution : Titre III : Le Gouvernement (articles 20 à 23)
soit par l'expression directe du peuple français, c'est- Titre IV : Le Parlement (articles 24 à 33)
à-dire le référendum, soit par un vote de l'Assemblée Titre V : Des rapports entre le Gouvernement et le
nationale et du Sénat réuni en Congrès, à Versailles, à la Parlement (articles 34 à 51-2)
majorité des trois cinquièmes. Titre VI : Des traités et accords internationaux (articles 52
Actuellement, il s'agit de la Constitution de la V e République à 55)
du 4 octobre 1958 qui fut adoptée par référendum. Titre VII : Le Conseil constitutionnel (articles 56 à 63)
Elle se compose : Titre VIII : De l'autorité judiciaire (articles 64 à 66-1)
Titre IX : La Haute Cour (articles 67 et 68)
l d'un préambule, qui renvoie à la «Déclaration des droits
Titre X : De la responsabilité pénale des membres du
de l'homme et du citoyen» de 1789 et au «Préambule de Gouvernement (articles 68-1 à 68-3)
la Constitution» de 1946, à cela s'adosse la Charte de l'envi- Titre XI : Le Conseil économique, social et environne-
ronnement de 2004 ; mental (articles 69 à 71)
l d'un corps de texte, composé d'articles classés en diffé- Titre XIbis : Le défenseur des droits (article 71-1)
rents titres. Titre XII : Des Collectivités Territoriales (articles 72 à 75-1)
L'ensemble du préambule de la Constitution, les Titre XIII : Dispositions transitoires relatives à la Nouvelle-
articles de cette dernière et les principes fondamen- Calédonie (articles 76 et 77)
taux reconnus par les lois de la République (PFRLR) Titre XIV : De la Francophonie et des accords d'associa-
composent ce que l'on dénomme « le bloc de tion (articles 87 et 88)
Titre XV : De l'Union européenne (articles 88-1 à 88-7)
constitutionnalité ».
Titre XVI : De la révision (article 89)

16
2. Rappels sur l'organisation du droit

Point de vue Cette initiative peut être déposée aussi bien à l'Assem-
blée nationale qu'au Sénat en première lecture — pour
Comment situer le droit européen par mémoire, l'Assemblée nationale et le Sénat sont appelés
rapport à la Constitution ? des «chambres» qui sont réunies en Parlement ; on parle
d'un système «bicaméral» — ; néanmoins, certaines lois
Il est complexe de situer le droit européen comme
doivent être déposées obligatoirement dans une chambre
supérieur ou inférieur à la Constitution dans le
particulière : par exemple, le projet de loi de financement
cadre de la hiérarchie des normes.
de la Sécurité sociale (PLFSS) est soumis en premier lieu
La Constitution dans son article 54 pose le prin-
à l'Assemblée nationale (article 39 de la Constitution)
cipe de la prééminence de la Constitution sur les
(figure 2.3) [52].
traités internationaux : «Si […] un engagement
international comporte une clause contraire à la
Constitution, l'autorisation de ratifier ou d'approu- L'ordonnance
ver l'engagement international en cause ne peut
intervenir qu'après la révision de la Constitution.» Une ordonnance est une norme juridique prévue à l'article
Ainsi, normalement, les traités européens et le 38 de la Constitution [52], à mi-chemin entre la loi et le
droit qui en découle (droit dérivé) devraient être règlement, elle est souvent utilisée pour des raisons de rapi-
inférieurs à la Constitution ; mais la Cour de jus- dité de procédure, notamment pour transposer des textes
tice des Communautés européennes n'accepte européens.
pas cette interprétation (CJCE, 15 juillet 1964, L'ordonnance émane du gouvernement. Elle est ensuite
Costa, aff. 6/64 ; CJCE, 22 juin 1965, San Michele, ratifiée de façon expresse par le Parlement ; elle acquiert à
aff. 9/65 ; CJCE, 9 mars 1978, Simmenthal, aff. ce moment sa nature législative.
106/77) et fait du droit européen la norme la
plus élevée.
Le droit européen et les traités internationaux Les règlements autonomes
font partie de ce que l'on dénomme le «bloc de
Ce sont des actes du pouvoir exécutif (prévus à l'article
conventionalité».
37 de la Constitution) qui portent sur des matières autres
que celles réservées à la loi (prévues à l'article 34 de la
Les lois parlementaires Constitution) [52].
Il existe deux types de lois parlementaires : la loi organique
et la loi ordinaire. La jurisprudence
La loi organique C'est un ensemble de décisions de justice qui apporte des
solutions dans le cadre de l'application des lois. La jurispru-
Elle découle de la Constitution pour en préciser les moda- dence montre la tendance, l'habitude de jugement qui est
lités, elle sert à l'organisation des pouvoirs publics. On peut consacrée. Lorsque la tendance de jugement change, on
citer par exemple la Loi relative à l'élection du président de la parle d'un revirement de la jurisprudence [53].
République au suffrage universel. Ces lois ont des règles parti-
culières dont la plus notable est le fait qu'elle doit être contrô-
lée par le Conseil constitutionnel avant sa promulgation. Point clé
La loi ordinaire Jurisprudence appliquée en santé
La loi ordinaire est la loi telle qu'on l'entend au sens formel. En matière de médicament, la jurisprudence a
L'initiative d'une loi ordinaire peut être à l'origine d'un une grande importance, qu'il ne faut en aucun cas
parlementaire (on parle d'une «proposition de loi») ou du négliger. Elle a permis de préciser, par exemple, les
Premier ministre après délibération en Conseil des ministres modalités d'application pratiques de la définition
et avis du Conseil d'État (on parle alors d'un « ­ projet du médicament, dans des cas où le choix entre
de loi»). Aujourd'hui, la majorité des initiatives sont le fait deux statuts faisait l'objet d'un contentieux.
du gouvernement. Exemple : Arrêt Upjohn, CJCE, 16 avril 1991 [54].
17
I. Rappels historiques et juridiques

Dernière lecture avec lecture


oui
définitive pour l’Assemblée
nationale

non
Étude en commission mixte
paritaire (7 députés ,
oui
7 sénateurs) puis texte
adopté par les deux
chambres

non Promulgation par


oui le président de la
Texte adopté par les deux République
chambres en deuxième
lecture
Premier ministre

non

Texte adopté par les deux


oui
chambres en première
PLFSS lecture

Navette
parlementaire
Assemblée nationale Sénat

Figure 2.3
Naissance d'une loi parlementaire : exemple du PLFSS.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Les décrets Remarque


Les décrets font partie des règlements ; ce sont les plus
hauts actes de l'exécutif puisqu'ils ne peuvent être pris Les circulaires
que par le président de la République ou le Premier La circulaire est un texte émanant d'une autorité
ministre. administrative, le plus souvent d'un ministre, à
En général, on entend par décret, les décrets d'applica- l'attention des personnes placées sous son auto-
tion d'une loi, c'est-à-dire les textes qui précisent les moda- rité [53]. On distingue :
lités d'application de cette dernière. ■
les circulaires non impératives, qui ont une
vocation d'explication et d'interprétation d'un
texte (loi, décret…) afin de guider les fonction-
Les arrêtés naires dans son application ;

les circulaires impératives, qui sont des disposi-
Les arrêtés font aussi partie des règlements, mais sont de tions juridiques à part entière ; elles sont suscep-
rang inférieur aux décrets. Ils peuvent être pris notamment tibles de recours.
par des ministres, des préfets ou des maires.

Les sources du droit européen


Les actes administratifs
Le droit européen, appelé aussi droit de l'Union (ancien-
Parmi ces actes, on peut trouver les réponses minis- nement droit communautaire), est le droit issu de l'Union
térielles, les circulaires ou encore les décisions de européenne. Cette dernière est une organisation internatio-
l'administration. nale sui generis, c'est-à-dire, propre en son genre, unique. En
18
2. Rappels sur l'organisation du droit

effet, cette organisation économique et politique a reçu de Le Conseil de l'Union européenne (Conseil
ses États membres de très grandes délégations de pouvoir, des ministres)
si bien que cette entité ressemble plus à une confédération
qu'à une simple instance internationale. Le Conseil de l'Union européenne, ou Conseil des ministres,
est composé des ministres des États membres d'un domaine
de compétence précis. Il adopte la législation de l'Union
Rappel du fonctionnement européenne avec le Parlement européen et, toujours avec
de l'Union européenne (figure 2.4) ce dernier, il approuve le budget de l'Union [51, 55].

Le Conseil européen
La Commission européenne
Le Conseil européen est l'organe suprême de l'Union européenne
qui regroupe l'ensemble des chefs d'États ou de gouvernement Il s'agit d'un organe clef de l'Union européenne composé de
de l'Union. Cet organe est dirigé par un président élu pour un commissaires (un pour chaque grand domaine). Elle a l'initia-
mandat de deux ans et demi renouvelable une seule fois. tive des lois : elle propose les lois au Parlement ou au Conseil
Le Conseil européen donne les impulsions à l'ensemble de des ministres. C'est aussi la gardienne des traités : elle veille à
l'Union. Il définit les priorités politiques. Il choisit les membres la bonne application de la législation de l'Union [51, 55].
de la Commission européenne avant que cette composition
soit approuvée par le Parlement européen [51, 55].
Le Parlement européen
C'est le seul organe de l'Union européenne dont les
Attention membres sont élus au suffrage universel direct, et ce tous
les cinq ans.
Différencier Conseil européen Contrairement au Parlement français tel que nous le
et Conseil de l'Europe connaissons, le Parlement européen n'a pas l'initiative des
Il faut distinguer le Conseil européen du Conseil lois : il adopte les textes avec le Conseil des ministres. En
de l'Europe, qui est une institution internationale revanche, il a un puissant rôle de contrôle sur l'ensemble du
indépendante de l'Union européenne. fonctionnement de l'Union européenne [51, 55].

Un président élu pour 2 ans et demi


Conseil européen
(chefs d’États)

No Parlement européen
m ôle
m
e ontr
et etc
im tit
pu Un président élu pour 5 ans es
lse Inv
Ordonne

Commission européenne

s
s loi
de Haut représentant pour
e
ia tiv la politique étrangère et
Init de sécurité commune
Présidé par un État pour 6 mois
Co-adopte la législation
Conseil de l’Union européenne
(Conseil des ministres)

Cour des Cour de justice


comptes Banque centrale
de l’Union
européenne européenne
européenne

Figure 2.4
Fonctionnement schématique de l'Union européenne.
(Illustration par M. Guerriaud.)

19
I. Rappels historiques et juridiques

La Cour de justice de l'Union Point clé


européenne (CJUE)
C'est l'organe qui incarne le pouvoir judiciaire de l'Union. Différences entre directive et règlement
Elle est composée d'un juge pour chaque État membre et Les normes les plus importantes sont le règlement
de huit avocats généraux. et la directive :
La CJUE se compose de plusieurs entités : ■
les règlements sont des actes contraignants, qui
l la Cour de justice à proprement parler, organe de doivent être mis en œuvre dans leur intégralité
contrôle de l'application des textes européens (contrôle dans toute l'Union européenne ;
du respect par les États membres du droit de l'Union) ■
les directives, bien qu'elles aussi contraignantes,
et de leur conformité aux traités. Elle permet d'interpré- fixent des objectifs à tous les pays de l'UE, mais laissent
ter les textes européens, notamment en répondant aux à chacun le choix des moyens pour les atteindre [56].
questions préjudicielles des tribunaux nationaux, et elle
juge les pourvois contre les décisions du tribunal ; Le champ de compétence de l'Union
le Tribunal de l'Union européenne, dit simplement
européenne
l

Tribunal, permet les recours directs introduits et dirigés


contre les actes de l'Union, les recours formés par les États L'Union européenne n'est pas qualifiée pour légiférer dans
membres contre la Commission européenne et contre le tous les domaines. S'il est bien un domaine complexe, c'est
Conseil, les recours en matière de marque communautaire celui de la Santé. En effet, depuis le traité de Lisbonne de
et, enfin, les pourvois contre les décisions du Tribunal de la 2009, on distingue trois types de compétence avec une liste,
fonction publique de l'UE ; non exhaustive, des domaines concernés [57, 58] :
l le Tribunal de la fonction publique statue (en première l les compétences exclusives (article 3 du TFUE) : l'UE est
instance) sur les litiges entre l'UE et ses agents. la seule à pouvoir légiférer et adopter des actes contrai-
gnants dans ces domaines. Le rôle des États membres se
Attention limite donc à appliquer ces actes, sauf si l'Union les autorise
à en adopter eux-mêmes certains ;
Différencier CJUE et CEDH l les compétences partagées (article 4 du TFUE) : l'UE et les
États membres sont habilités à adopter des actes contrai-
Il faut distinguer la Cour de justice de l'Union
gnants dans ces domaines. Cependant, les États membres
européenne de la Cour européenne des droits de
ne peuvent exercer leur compétence que dans la mesure où
l'homme (CEDH) qui ne dépend pas de l'Union
l'UE a décidé de ne pas exercer la sienne ;
mais du Conseil de l'Europe. l les compétences d'appui (article 6 du TFUE) : l'UE ne
peut intervenir que pour soutenir, coordonner ou complé-
Le droit primaire (les traités) ter l'action des États membres. Elle ne dispose donc pas de
Le droit primaire se compose des traités européens. Le traité pouvoir législatif dans ces domaines et n'interfère pas dans
fondateur fut le traité de Rome en 1958 ; il sera remanié à l'exercice de ces compétences réservées aux États membres.
plusieurs reprises, dont la dernière par le traité de Lisbonne Ainsi, en fonction des compétences fixées, l'Union
en 2009. On donne désormais à ce traité de Rome modifié européenne a plus ou moins de marges de manœuvre.
le nom de traité de fonctionnement de l'Union européenne Dans le domaine de la santé, cela est particulièrement
(TFUE) [56]. difficile puisque la santé relève à la fois des compétences
partagées au titre des « enjeux communs de sécurité en
Le droit dérivé matière de santé publique » et des compétences d'appui
au titre de « la protection et l'amélioration de la santé
Le droit dérivé est une série d'actes dont la liste figure humaine » [56, 57].
aujourd'hui à l'article 288 du TFUE : Traditionnellement, on considère la santé comme rele-
l règlement ; vant du droit de subsidiarité, donc des compétences
l directive ; d'appui [56]. À ce titre, il faut noter que l'article 36 du TFUE
l décision ; donne à chaque État membre la possibilité, avec des condi-
l recommandation ; tions strictes, de réglementer certains produits pour des
l avis. raisons inhérentes à la santé publique.
20
2. Rappels sur l'organisation du droit

L'essentiel à retenir ■
La jurisprudence correspond à la tendance
actuelle de jugement.

Le droit français est organisé et classé dans la ■
Les décrets et arrêtés sont de rang inférieur à
hiérarchie des normes. la loi.

La Constitution est le texte fondateur du droit ■
Le droit primaire de l'Union européenne corres-
français. pond aux traités.

La place des traités internationaux est sujette à ■
Le droit dérivé est notamment constitué des
controverse. directives et des règlements.

La loi ordinaire fait l'objet d'une navette parle- ■
La santé est un des champs de compétences de
mentaire qui permet de l'amender. l'Union européenne dans lequel elle peut légiférer

L'ordonnance est un outil pour légiférer rapidement. en partie.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 D Le passage parlementaire.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le texte le plus E La navette parlementaire.
élevé dans la hiérarchie des normes ?
QCM 4
A Le décret.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'avantage prin-
B La constitution.
cipal de l'ordonnance ?
C La loi.
A Elle permet de prendre le temps de consulter les deux
D L'arrêté.
chambres du Parlement.
E La jurisprudence.
B Elle permet de se passer de l'avis du Parlement.
QCM 2 C Elle permet de légiférer rapidement.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le rédacteur D Elle permet de se passer de la promulgation par le pré-
d'un projet de loi ? sident de la République.
A Le président du Sénat. E Elle permet de légiférer à l'encontre du droit européen.
B Le président de la République.
C Le Conseil constitutionnel. QCM 5
D Le Parlement. Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le texte euro-
E Le gouvernement. péen d'application immédiate dans son ensemble ?
A La directive.
QCM 3 B Le règlement.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le passage d'un C Le traité.
texte entre l'Assemblée nationale et le Sénat ? D L'avis.
A L'échange parlementaire. E La recommandation.
B La conciliation parlementaire.
C Le consortium parlementaire.

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21
Chapitre 3
Les médicaments

PLAN DU C HAPITRE
Définitions 26
Différents types de médicaments 30
Le cycle de vie du médicament 42

Droit pharmaceutique
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II. Les produits de santé

Prérequis et objectifs L'évolution d'une définition



Prérequis : Une première définition
– notions d'histoire de la santé (PACES) ; La première définition du médicament en France a été
– notions de droit pharmaceutique (PACES). abordée dans la loi du 11 septembre 1941 ; elle remplace

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant l'ordonnance royale de 1777 et la loi du 21 germinal
sera capable de : de l'an XI. Serge Huard, chirurgien, secrétaire d'État à la
– définir le médicament ; Famille et à la Santé de Pétain écrivait alors : «Celle-ci [la
– citer les différentes définitions du médicament législation] n'est plus adaptée à l'état actuel de la profession
et les utiliser ; pharmaceutique. Sa partie industrielle et le développement à
– catégoriser un produit, en fonction de la défini- la fois commercial et scientifique de la profession ne trouvent
tion, comme médicament ou non ; plus leur place dans le cadre ancien. Ainsi, la nécessité
– énumérer et définir tous les types de médica- d'une réforme se faisait sentir depuis bien longtemps et
ments existants ; de nombreux projets de loi ont été préparés au cours des
– catégoriser les médicaments en fonction de leur dernières années [59].»
type. La définition prenait alors cette forme : «Médicament,
c'est-à-dire toute drogue, substance ou composition présen-
tée comme possédant des propriétés curatives ou préven-
tives à l'égard des maladies humaines et conditionnée en
Définitions vue de la vente au poids médicinal. Sont considérés comme
médicaments les produits diététiques qui renferment dans
La notion de médicament est très complexe (figure 3.1) leur composition des substances chimiques ou biologiques
et, si la définition scientifique du médicament explique ce ne constituant pas elles-mêmes des aliments, mais dont la
qu'est ce produit, la définition juridique (celle qui fait foi) présence confère à ces produits soit des propriétés spéciales
essaie plutôt de définir des limites, un champ d'application, recherchées en thérapeutique diététique, soit des propriétés de
plutôt que d'expliquer ce qu'est le médicament de façon repas d'épreuve. Les produits hygiéniques, s'ils ne contiennent
intrinsèque. Ainsi, la définition juridique du médicament pas de substance soumise à la loi du 12 juillet 1916 relative à
a été créée par petites étapes, au gré de l'évolution des la vente de substances vénéneuses, les produits utilisés pour
pratiques médicales et pharmaceutiques et en fonction la désinfection des locaux et pour la prothèse dentaire ne
de l'évolution scientifique, ce qui nous conduit à une sont pas considérés comme des médicaments.»
définition complexe, en plusieurs parties ou à plusieurs Malgré cette définition et les mesures qui l'accompagnaient,
branches. le secteur de la pharmacie et du médicament continue inexo-
De cette définition juridique découlent des consé- rablement de changer comme le rappelle l'ordonnance du
quences très importantes quant à la qualification ou non 23 mai 1945 : «Faites à une époque où le pharmacien dans son
d'un produit comme médicament. officine préparait lui-même des drogues prescrites par le méde-
cin, elles ne permettaient pas de résoudre convenablement

Par présentation
Par destination
Par fonction
Définition du
médicament
Par la loi

Par composition

Figure 3.1
Les différentes branches de la définition du médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.)

26
3. Les médicaments

les multiples problèmes posés par l'utilisation de plus en plus Point clé
importante des spécialités pharmaceutiques [60].»
Définition du médicament (article
L'affaire du Stalinon® L. 5111-1 du Code de la santé publique)
En 1959, suite à l'affaire du Stalinon® — dérivé d'étain employé «On entend par médicament toute substance ou
comme topique pour le traitement de la furonculose ayant composition :
provoqué plus de cent décès par encéphalite —, une grande ■
présentée comme possédant des propriétés
réforme de la législation pharmaceutique sera opérée curatives ou préventives à l'égard des maladies
avec l'ordonnance 59-250 du 4 février 1959 [61], surtout humaines ou animales ;
en ce qui concerne le dépôt de visa (ancêtre de l'AMM), ■
ainsi que toute substance ou composition pouvant
la sécurité sanitaire et la notion de responsabilité, sans être utilisée chez l'homme ou chez l'animal ou pou­
oublier la définition du médicament. Elle va premièrement vant leur être administrée, en vue d'établir un dia­
être séparée de la notion de monopole : «La définition du gnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier
médicament est séparée de l'énumération des matières dont leurs fonctions physiologiques en exerçant une action
la vente est réservée aux pharmaciens, afin de faire ressortir pharmacologique, immunologique ou métabolique.
sans ambiguïté que cette définition est valable dans tout le Sont notamment considérés comme des médica­
code et non seulement dans cette énumération.» Ensuite, on ments les produits diététiques qui renferment dans
va voir apparaître les prémices de définition par fonction : leur composition des substances chimiques ou bio­
la mention «en vue du diagnostic médical». logiques ne constituant pas elles-mêmes des aliments,
mais dont la présence confère à ces produits, soit des
L'Europe en marche propriétés spéciales recherchées en thérapeutique
L'ordonnance 67-827 du 23 septembre 1967 est une diététique, soit des propriétés de repas d'épreuve.
transposition en droit national de la directive 65/65/CEE Les produits utilisés pour la désinfection des locaux
du 26 janvier 1965 ; elle modifie à nouveau la définition du et pour la prothèse dentaire ne sont pas considérés
médicament pour compléter la notion de fonction et permettre comme des médicaments.
la prise en compte de l'arrivée de la pilule contraceptive. Cette Lorsque, eu égard à l'ensemble de ses caractéristiques,
définition européenne s'inspire, pour partie, de la conception un produit est susceptible de répondre à la fois à la
allemande de «définition par fonction» et de la conception définition du médicament prévue au premier alinéa
française de «définition par présentation». et à celle d'autres catégories de produits régies par
Le médicament y est défini comme «toute substance le droit communautaire ou national, il est, en cas de
ou composition présentée comme possédant des propriétés doute, considéré comme un médicament [63].»
curatives ou préventives à l'égard des maladies humaines
ou animales» ainsi que «toute substance ou composition
Il est à noter que le concept de médicament par
pouvant être administrée à l'homme ou à l'animal en vue
composition décrit dans l'article L. 5111-1 est issu d'une
d'établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger, ou
survivance de textes français antérieurs à la définition
modifier leurs fonctions organiques».
européenne.
Les lois du 31 décembre 1971, du 10 juillet 1975 et du
1 juillet 1998 ont légèrement modifié cette dernière défini-
er

tion, notamment en limitant puis supprimant la notion de Un médicament par présentation


produit d'hygiène, jusqu'alors liée au médicament.
«Toute substance ou composition présentée comme
possédant des propriétés curatives ou préventives à
Une définition actuelle l'égard des maladies humaines [63].»
La dernière modification a eu lieu avec la transposition Dans cette définition par présentation, il faut préciser trois
de la directive 2004/27/CE du 31 mars 2004 par la loi du notions : «substances», «composition» et «maladies» :
26 février 2007 [62] et est énoncée dans l'article L. 5111-1 l «substance» : c'est une matière ou encore un produit
du Code de la santé publique [63]. La définition actuelle simple issu du règne animal y compris de l'humain, du règne
du médicament se décline en trois axes : la définition par végétal ou encore du règne minéral (matière chimique
présentation, par fonction et par composition. naturelle ou de synthèse) ;
27
II. Les produits de santé

l «composition» : cette notion est relativement floue, Il faut noter que cette présentation ou cette revendica-
elle peut désigner un mélange de substances ou d'éléments tion d'indications thérapeutiques n'a pas à être systéma-
qui entrent dans un composé. Il peut s'agir aussi de la juxta- tiquement écrite sur le médicament : elles peuvent être
position de plusieurs composés ; vantées oralement, par diffusion dans les médias ou encore
l « maladie » : la notion de maladie n'est pas définie par le biais d'un livre ou d'un prospectus [68–70].
par le législateur ; en conséquence, seule la jurisprudence
apporte des réponses. Il est nécessaire et important de dis-
tinguer un réel état pathologique d'un symptôme issu d'un Point clé
état physiologique naturel : l'asthénie est une pathologie,
alors que la fatigue est un état physiologique naturel résul- Lutte contre le charlatanisme
tat d'une activité physique ou cérébrale. L'affection n'a par Toujours dans le but de lutter contre le charla-
ailleurs pas besoin d'être considérée comme grave pour tanisme, le concept de présentation permet de
être une maladie : la couperose, les verrues, etc. sont des reconnaître comme médicament des produits
maladies. qui revendiquent une action même si celle-ci
Le simple fait de présenter une substance ou une com- n'existe pas ou si elle est juste supposée [71]. Dès
position comme ayant des propriétés curatives ou pré- lors, ce produit devient soumis à un dépôt d'AMM
ventives à l'égard des maladies en fait un médicament. Ce et à des contraintes qu'il ne peut tenir puisqu'il n'a
concept est très vaste et a été largement décrit. pas les qualités exigées. La législation «tend ainsi
En effet, un patient peut prendre pour médicament un à préserver les consommateurs non seulement des
produit vendu au public dans un conditionnement créant médicaments nocifs ou toxiques en tant que tels,
une apparence de médicament. Ainsi, la définition par mais aussi de divers produits utilisés en lieu et place
présentation a pour but de protéger la santé publique et des remèdes adéquats [71].»
les patients en luttant contre le charlatanisme et, en consé-
quence, ce concept de médicament par présentation doit
être interprété de façon très large. La présentation recouvre À retenir
ainsi ce que le vendeur transmet et ce que le consomma-
teur moyennement avisé perçoit (figure 3.2) [54, 64]. Le médicament par présentation
Ainsi, par présentation, on peut entendre le simple Si un produit est présenté comme médicament,
fait de mentionner une propriété thérapeutique à l'égard si l'on revendique pour celui-ci des propriétés
d'une maladie de façon claire sur l'emballage (« antistress », permettant de prévenir ou guérir une mala-
« antirhumatismal »), mais aussi d'une façon détournée die, et même s'il ne contient aucune substance
avec l'usage d'un nom commercial qui rappellerait une active, il devient un médicament avec toutes les
pathologie (Artrolistic®) [65]… En revanche, la forme galé- contraintes afférentes (AMM, établissement phar-
nique — le fait que la forme soit un comprimé ou une maceutique déclaré…).
gélule, par exemple — ne suffit pas, à elle seule tout du
moins, à en faire un médicament par présentation. Mais
le fait d'avoir un visuel ressemblant à la croix ou au cadu- Un médicament par fonction
cée des pharmaciens, d'avoir la mention « contrôle phar-
maceutique [66] », ou « laboratoire » peut être considéré «En vue d'établir un diagnostic médical ou de restaurer,
comme une forme de présentation [67]. corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en
exerçant une action pharmacologique, immunologique
ou métabolique [63].»
La fonction se fonde sur les qualités intrinsèques du
médicament, alors que la présentation le définit par des
allégations de ce dernier. Elle permet d'inclure dans le
Ce qui est perçu Préventif
Curatif
champ du médicament des produits qui ne sont pas pré-
sentés comme tels, mais qui sont à la fois actifs et toxiques
Figure 3.2
(figure 3.3), ainsi cette notion est un véritable «filet de sau-
Le principe de la définition par présentation.
vetage [71]» : elle permet de qualifier de médicament des
(Illustration par M. Guerriaud.) produits dangereux.
28
3. Les médicaments

Propriétés intrinsèques

Action pharmacologique
Action immunologique
Action métabolique Restaure Une fonction
Modifie
Corrige physiologique

Figure 3.3
Le principe de la définition par fonction.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Premièrement, la définition inclut dans le champ du


Point clé
médicament les produits servant à établir un diagnostic
médical. Il faut entendre par là essentiellement les produits
administrés à l'homme in vivo, comme les produits de Action
contrastes par exemple. La définition du médicament par fonction permet
Deuxièmement, le législateur a souhaité historiquement de qualifier un produit de médicament même
protéger les contraceptifs oraux, mais ceux-ci ne présentent si aucune action n'est revendiquée. C'est par
pas de propriété curative ou préventive à l'égard d'une mala- exemple le cas de la DHEA, dont les fournisseurs
die humaine, la grossesse n'étant pas une pathologie en soi ; ne revendiquaient pas d'action, mais se servaient
ces produits, dès lors, ne pouvaient être des médicaments juste de sa «réputation médiatique». Il n'en
par présentation. Il fut nécessaire d'introduire la notion de demeure pas moins que la DHEA est une hor-
«fonction» ayant pour propriété de restaurer, corriger ou mone (androgène) restaurant certaines fonctions
modifier une fonction physiologique. Ainsi, la pilule contra- biologiques dégradées par l'âge.
ceptive, modifiant les fonctions reproductrices, est à ce titre
un médicament par fonction.
Dans cette définition par fonction, les propriétés sont les
suivantes : À retenir
l «restaurer une fonction physiologique» : une fonc-
tion physiologique peut être anormalement basse ; par Le médicament par fonction
exemple, taux d'hémoglobine bas au cours d'une anémie : Le produit n'a pas besoin d'être présenté
un produit comme l'érythropoïétine (EPO) permet de res- comme médicament, seules ses actions sur la phy-
taurer le niveau normal de l'hémoglobine qui a une fonc- siologie lui confèrent ce titre. Cette notion a été
tion physiologique ; introduite en particulier pour les contraceptifs
l «corriger une fonction physiologique» : une fonction oraux ; elle permet de sécuriser les produits actifs
physiologique peut être altérée ; par exemple, le diabète et/ou toxiques.
de type 1 : l'administration d'insuline permet de corriger
la non-production d'insuline, impossible après destruction
des îlots de Langerhans ;
l «modifier une fonction physiologique» : une fonc-
Un médicament par composition
tion physiologique peut nécessiter d'être augmentée ou «Sont notamment considérés comme des médicaments
abaissée ; par exemple, la tachycardie : un bêtabloquant les produits diététiques qui renferment dans leur
permet de modifier le rythme cardiaque à la baisse ; composition des substances chimiques ou biologiques
l «pharmacologique, immunologique, métabo- ne constituant pas elles-mêmes des aliments, mais dont
lique» : respectivement par action d'un ligand sur son la présence confère à ces produits, soit des propriétés
récepteur, par actions sur le système immunitaire, par spéciales recherchées en thérapeutique diététique, soit
action sur le métabolisme. des propriétés de repas d'épreuve [63].»

29
II. Les produits de santé

En réalité, ce concept de «médicament par composition» reux, du fait de sa toxicité ou de ses allégations.
n'existe pas en droit européen, c'est un artefact issu des Ainsi, les produits à la limite du médicament ou
anciennes définitions françaises. La composition peut être les produits relevant du charlatanisme deviennent
considérée comme un critère supplémentaire en faveur de des médicaments et, en conséquence, la législation
la qualification d'un produit diététique comme médicament. propre au médicament s'applique : il faut obtenir
le statut d'établissement pharmaceutique pour
être autorisé à les produire et avoir une AMM
Un médicament de par la loi pour les commercialiser.
Certains produits, bien que ne répondant pas stricto sensu Cela se traduit bien souvent par l'arrêt de la com-
à la définition du médicament, ont été catégorisés comme mercialisation du produit qui ne peut répondre
tel en raison de leur dangerosité. Ainsi, les substituts aux critères d'exigence du médicament et par une
nicotiniques ou encore les produits stables dérivés du sang condamnation pour exercice illégal de la pharmacie.
(respectivement article L. 5111-2 et L. 5111-3 du Code de la
santé publique) sont des médicaments de par la loi. Il en va
de même pour les antidotes militaires. Différents types de médicaments

Un médicament par d'autres concepts La spécialité pharmaceutique


Plusieurs autres concepts peuvent être ou ont pu être avancés
pour définir un médicament ; certains ne sont plus utilisés car ils Point clé
sont devenus obsolètes. Cependant, un concept mérite d'être
détaillé : le concept de médicament par destination. Il s'agit Définition de la spécialité pharmaceutique
d'une construction consistant à coupler la présentation et la La spécialité pharmaceutique est définie à l'article
fonction : «présenté» + «en vue d'établir un diagnostic médical L. 5111-2 du Code de la santé publique comme
ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physio­logiques «tout médicament préparé à l'avance, présenté
en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou sous un conditionnement particulier et caractérisé
métabolique». Ainsi, on n'a pas besoin de prouver l'action sur la par une dénomination spéciale [72]».
physiologie, il suffit de présenter cette action.

Remarque
En cas de doute…
« Lorsque, eu égard à l'ensemble de ses caractéristiques, «Spécialité» et droit de l'Union
un produit est susceptible de répondre à la fois à la Au niveau européen, la notion de spécialité
définition du médicament prévue au premier alinéa pharmaceutique a été supprimée par la directive
et à celle d'autres catégories de produits régies par 2004/27/CE [73]. Cependant, cette dernière intro-
le droit communautaire ou national, il est, en cas de duit une nouvelle notion, celle de «médicaments
doute, considéré comme un médicament [63]. » à usage humain destinés à être mis sur le marché
Ainsi, on applique la définition la plus stricte, c'est-à-dire, dans les États membres et préparés industrielle­
celle du médicament, afin de protéger l'intérêt des patients ment ou fabriqués selon une méthode dans laquelle
et de la santé publique. intervient un processus industriel.»

À retenir Ainsi, une spécialité pharmaceutique doit être :


l «préparée à l'avance» : ce qui fait écho au texte euro-
Conséquences de la définition péen qui précise «préparé industriellement» ; en ce sens, la
du médicament spécialité pharmaceutique se différencie des préparations
La définition du médicament est extensive : elle a magistrale et hospitalière qui sont préparées extempo-
des frontières volontairement floues afin de pou- ranément, c'est-à-dire sur le moment, au moment d'être
voir intégrer dans son champ tout produit dange- pris [50] ;
30
3. Les médicaments

l «présentée sous un conditionnement particulier» :


ce terme englobe le conditionnement primaire, c'est-à-dire Sous-traitance de préparation
le récipient ou toute autre forme de conditionnement avec Une officine peut sous-traiter ses préparations magis-
lequel le médicament se trouve en contact direct (flacon, blis- trales et/ou officinales à une autre officine, cela est permis
ter, seringue préremplie, etc.), et le conditionnement extérieur, par l'article L. 5125-1 : «Une officine peut confier l'exécu­
c'est-à-dire l'emballage dans lequel est placé le conditionne- tion d'une préparation, par un contrat écrit, à une autre
ment primaire. Ce conditionnement inclut nécessairement officine qui est soumise, pour l'exercice de cette activité de
la notice du médicament et son étiquetage (définis à l'article sous-traitance, à une autorisation préalable délivrée par le
R. 5121-1 du Code de la santé publique) [74] ; directeur général de l'agence régionale de santé.»
Cette sous-traitance est matérialisée par un contrat res-
l « caractérisée par une dénomination spéciale » : on
pectant les dispositions du chapitre 5 des bonnes pra-
entend par là que le médicament doit disposer d'un nom tiques de préparation.
de fantaisie ou d'une dénomination commune ou scien- Cette sous-traitance n'exonère pas la pharmacie dispen-
tifique assortie d'une marque ou du nom du titulaire de satrice de ses responsabilités et devoirs propres.
l'AMM. Le nom de fantaisie ne peut se confondre avec la
dénomination commune et ne doit pas porter à confusion
avec d'autres médicaments et ne pas induire en erreur sur la Préparation officinale
qualité ou les propriétés de la spécialité. (articles R. 5121-2
et R. 5121-3 du Code de la santé publique) [75, 76].
Point clé
Exemples :
l nom de fantaisie : Dafalgan®, Victoza®, Trinordiol®… ;
Définition de la préparation officinale
l dénomination commune assortie d'une marque :
digoxine Nativelle®, paracétamol Mylan®… Ce type de préparation est défini à l'article
En ligne L. 5121-1 du Code de la santé publique comme
La notice et l'étiquetage d'une spécialité : «tout médicament préparé en pharmacie, inscrit à
l L'étiquetage : article R. 5121-138, version en vigueur au la pharmacopée ou au formulaire national et des­
24 août 2014 : tiné à être dispensé directement aux patients appro­
l La notice : article R. 5121-149, version en vigueur au visionnés par cette pharmacie [78]» (figure 3.4).
24 août 2014 :
En réalité, cette préparation se fait de plus en plus rare :
elle date d'un temps où les spécialités de médicaments-
Les préparations conseils n'existaient pas et où le pharmacien les fabriquait
Pour toutes les préparations, il est nécessaire, selon l'article pour sa patientèle. Il est ainsi logique que ce type de médi-
L. 5121-5 du Code de la santé publique, de respecter les cament soit préparé à l'avance et en assez grande quantité
bonnes pratiques de préparation : « La préparation [doit (par exemple, un sirop contre la toux). Afin d'éviter toute
être réalisée] en conformité avec des bonnes pratiques dont dérive dans la composition de ces préparations, seules sont
les principes sont définis par décision de l'ANSM [77]. » autorisées les compositions inscrites à la pharmacopée ou
En ligne au formulaire national.
Les bonnes pratiques de préparation (http://ansm.sante.fr/ En ligne
var/ansm_site/storage/original/application/ Le formulaire national (http://ansm.sante.fr/Mediatheque/
a5d6ae4b3d5fdee013ca463462b7b296.pdf) : Publications/Pharmacopee-francaise-Formulaire-national) :

Pharmacopée
ou
Formulaire national

Figure 3.4
Points clefs d'une préparation officinale.
(Illustration par M. Guerriaud.)

31
II. Les produits de santé

Exemple
Préparation du formulaire national : le cérat de Galien [79]
La préparation satisfait à la monographie Préparations semi- Caractères
solides pour application cutanée, Pommades hydrophobes (0132). Aspect : pommade blanche à sensiblement blanche, homogène.
Odeur caractéristique de rose.
Définition
Solubilité : non miscible à l'eau.
Formule :
Identification
Composants Quantité Fonction Référentiel
Dispersez 2 g de cérat de Galien dans 5 mL de méthanol R.
Cire d'abeille blanche 13,00 g Épaississant Ph. Eur. Ajoutez 1 mL d'acide sulfurique R. Mélangez avec précaution et
Huile d'amande 53,50 g Adoucissant Ph. Eur. enflammez. Le mélange brûle en donnant une flamme bordée
raffinée de vert.
Le cérat de Galien satisfait à l'essai de perte à la dessiccation
Borax 0,50 g Conservateur Ph. Eur.
(voir Essai).
Eau aromatisée de 33,00 g Solvant et Ph. Fr.
rose aromatisant Essai
Homogénéité : Étalez 0,2 g environ de cérat de Galien entre deux
Préparation lames de verre ; aucune particule n'est visible.
Précautions : ne pas chauffer à une température supérieure à Perte à la dessiccation (2.2.32) : 28,0 pour cent à 38,0 pour cent,
50 °C. déterminé à 105 °C pendant 4 heures.
Dans une capsule, faites fondre au bain-marie à 50 °C la cire
Étiquetage
d'abeille blanche dans l'huile d'amande. Versez dans un mortier,
L'étiquette indique le ou les excipients à effet notoire présents
préalablement chauffé à la température appropriée, puis agitez
figurant sur la liste en vigueur. Le cérat de Galien est contre-
avec un pilon préalablement chauffé à la même température.
indiqué chez l'enfant de moins de 3 ans.
Dissolvez le borax dans l'eau aromatisée de rose. Incorporez
cette dernière solution par petites fractions au mélange huileux Classe thérapeutique
précédent en agitant énergiquement jusqu'à obtention d'une Usage dermatologique : émollient et protecteur. Classe ATC :
masse homogène. Conditionnez en tube ou en pot. D02A C (paraffine et produits gras).

Préparation magistrale «Magister» [80] ; en ce sens, elle s'oppose à la préparation


officinale qui ne requiert pas d'ordonnance ;
l «à un malade déterminé» : il s'agit d'une préparation
Point clé
pour une personne, ce qui correspond à la conception nomi-
native d'une ordonnance ; là encore, il y a opposition avec la
Définition de la préparation magistrale
préparation officinale qui se fait en quantité pour la patien-
Ce type de préparation est défini à l'article L. 5121-1 tèle de l'officine ;
du Code de la santé publique comme «tout médi­ l « en raison de l'absence de spécialité pharma-
cament préparé selon une prescription médicale des­ ceutique » : la préparation magistrale est autorisée si
tinée à un malade déterminé en raison de l'absence aucune spécialité existant sur le marché ne peut être
de spécialité pharmaceutique disponible disposant utilisée ; en ce sens, il s'agit d'une solution de secours.
d'une autorisation de mise sur le marché […] extem­ En revanche, il est interdit de reproduire, par une prépa-
poranément en pharmacie [78]» (figure 3.5). ration, une spécialité dont l'AMM aurait été retirée ou
suspendue ;
Les points essentiels concernant ce type de préparation sont : l «extemporanément» : c'est-à-dire sur le moment,
l «sur prescription médicale» : l'expression magis- au moment d'être pris [50] : elle ne peut pas être faite à
trale renvoie à la notion médiévale de «Maître», le l'avance.

32
3. Les médicaments

Dr X le X/X/X

Monsieur, Madame

Figure 3.5
Points clefs d'une préparation magistrale.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Point de vue cette spécialité n'existe pas, la préparation


d'une forme pharmaceutique appropriée, issue du
Peut-on utiliser une spécialité pour faire déconditionnement d'une spécialité pharmaceu­
une préparation ? tique […], peut être réalisée, après avoir évalué
A-t-on le droit de déconditionner une spécialité les conséquences d'une telle opération sur la
pour l'incorporer dans une préparation ? Eh bien, qualité, la stabilité, la sécurité et l'efficacité de
oui et non… : l'article R. 5132-8 du Code de la la préparation.»
santé publique répond de façon ambiguë [81]. Elles mentionnent en annexe une «Liste non
Si la spécialité est listée (cf. «Notions de subs- exhaustive de situations difficiles d'utilisation de
tances vénéneuses et de médicaments listés» au spécialités pharmaceutiques déconditionnées».
chapitre 21), cela sera non : «Une spécialité phar­
maceutique relevant de la réglementation des
substances vénéneuses ne peut faire l'objet d'un Attention
déconditionnement par le pharmacien d'officine
en vue de son incorporation dans une préparation Préparations interdites [82]
magistrale.» Il existe un certain nombre de préparations inter-
Sauf si la spécialité que l'on déconditionne est dites, dont les plus célèbres sont celles relevant
applicable sur la peau : «Cette interdiction n'est de la loi Talon (loi n° 80-512 du 7 juillet 1980)
pas applicable aux spécialités destinées à être appli­ codifiées à l'article R. 5132-40 et à l'annexe 51-1
quées sur la peau.» du Code de la santé publique qui vise à interdire
Alors que globalement il est interdit d'utiliser des préparations magistrales à visée amaigrissante.
une spécialité listée, un décret de 2009 (décret Ainsi, il est interdit de mélanger des substances
n° 2009-1283 du 22 octobre 2009) rajoute : appartenant à ces groupes :
«À titre exceptionnel, une préparation magistrale ■
groupe 1 : diurétiques ;
peut être réalisée à partir d'une spécialité pharma­ ■
groupe 2 : psychotropes ;
ceutique dans le respect des conditions prévues par ■
groupe 3 : anorexigènes ;
les bonnes pratiques de préparation […].» ■
groupe 4 : dérivés thyroïdiens.
Les bonnes pratiques énoncent dès lors dans Il existe ensuite un certain nombre d'interdic-
quelles situations le déconditionnement est per- tions d'incorporation qui se sont rajoutées à celles
mis : «Lorsqu'il est envisagé, à titre exceptionnel, en de la loi Talon :
lien avec le prescripteur, dans le cas où il n'existe ■
germandrée petit chêne, Teuchrium chamaedrys
pas de spécialité pharmaceutique permettant (décision du 12 mai 1992) ;
l'ajustement du dosage ou de la forme galénique ■
substances anorexigènes (arrêté du 10 mai 1995,
et dans le cadre d'une pathologie pour laquelle arrêté du 25 octobre 1995) ;

33
II. Les produits de santé


aristoloches (décret n° 98-397 du 20 mai 1998, L'étiquetage des préparations est réglementé (figure 3.6) ;
décision du 29 janvier 2001) ; il est prévu par le décret n° 2012-1201 du 29 octobre 2012

phénylpropanolamine (décision du 31 août codifié à l'article R. 5121-146-2 et par l'article R. 5132-15.
2001) ;

kava, Piper methysticum (décision 26 mars 2003) ;

tiratricol (décision du 8 octobre 2003) ; Remarque

éphédrine, Ephedra sp. ou Ma Huang (décision
du 8 octobre 2003) ; Importance de l'étiquetage et remède secret

poudre ou extraits de thyroïde, hormones thy- L'étiquetage est important pour le patient, mais il
roïdiennes ou dérivés d'hormones thyroïdiennes revêt aussi un caractère de protection vis-à-vis de
(décision du 17 mai 2006) ; la qualification de remède secret.

rimonabant (décision du 2 mai 2007) ; Le remède secret est une pratique interdite défi-

sibutramine (décision du 20 juillet 2007) ; nie, selon l'article R. 5125-57, comme un médica-

Garcinia cambodgia, Hoodia gordonii, Citrus ment, simple ou composé, détenu en vue de la
aurantium L. spp. amara (décision du 12 avril 2012). vente, mise en vente ou vendu, alors qu'une ou
plusieurs des mentions ont été omises sur un des
En ligne éléments de son conditionnement comme le nom
Exemple d'étiquetage réalisé par l'ANSM (http://ansm. et l'adresse du pharmacien et/ou le nom et la dose
sante.fr/content/download/47587/613925/version/1/file/ de chacune des substances actives contenues dans
Etiquetage_LogigrammeA_Mars2013.pdf) : le produit préparé.

Sans substance vénéneuse Avec substances vénéneuses


ou à dose exonérée sans exonération

Pharmacie Elsevier-Masson Pharmacie Elsevier-Masson


62, rue Camille-Desmoulins 62, rue Camille-Desmoulins
92442 Issy-les-Moulineaux 92442 Issy-les-Moulineaux

Voie orale,
sublinguale ou
perlinguale
UNIQUEMENT SUR ORDONNANCES
RESPECTER LES DOSES PRESCRITES

Pharmacie Elsevier-Masson Pharmacie Elsevier-Masson


62, rue Camille-Desmoulins 62, rue Camille-Desmoulins
92442 Issy-les-Moulineaux 92442 Issy-les-Moulineaux

Autres voies
d’administration
NE PAS AVALER NE PAS AVALER
UNIQUEMENT SUR ORDONNANCES
RESPECTER LES DOSES PRESCRITES

Figure 3.6
Étiquetage des préparations.
Les encarts «Respecter les doses prescrites» et «Ne pas avaler» sont imprimés en caractère gras et noirs sur fond rouge, comme prévu
aux articles R. 5121-146-2 et R. 5132-15 du code de la santé publique.
(Illustration par M. Guerriaud.)

34
3. Les médicaments

Préparation hospitalière l «par une pharmacie à usage intérieur» : seule une


pharmacie à usage intérieur (PUI) peut exécuter une prépa-
ration hospitalière.
Point clé
Préparation de thérapie génique ou
Définition de la préparation hospitalière cellulaire xénogénique
Les préparations hospitalières sont définies au
même article que les autres préparations, c'est- Ce type de préparation est relativement récent ; il a été
à-dire à l'article L. 5121-1, comme « tout médi­ instauré avec la loi de bioéthique de 2004 [83] et codifié à
cament, à l'exception des produits de thérapies l'article L. 5121-1.
génique ou cellulaire, préparé selon les indications Les points essentiels concernant ce type de préparation
de la pharmacopée et en conformité avec les sont :
bonnes pratiques […], en raison de l'absence de
l il est clairement établi qu'il s'agit bien d'une préparation
spécialité pharmaceutique disponible ou adap­ et non pas d'une spécialité, et qui a les propriétés de trans-
tée […], par une pharmacie à usage intérieur […]. férer du matériel génétique ;
Les préparations hospitalières sont dispensées sur
l préparée à l'avance ;
prescription médicale à un ou plusieurs patients
l dispensée sur prescription médicale ;
par une pharmacie à usage intérieur […] [78] »
l à un ou plusieurs patients.
(figure 3.7). Préparation de thérapie génique
«Tout médicament autre que les spécialités
Les points essentiels concernant ce type de préparation pharmaceutiques […], servant à transférer du matériel
sont : génétique et ne consistant pas en des cellules d'origine
l «sur prescription médicale» : tout comme la prépa- humaine ou animale. Ces préparations sont préparées à
ration magistrale, la préparation hospitalière nécessite une l'avance et dispensées sur prescription médicale à un ou
prescription médicale ; plusieurs patients. Elles font l'objet d'une autorisation de
l «en raison de l'absence de spécialité pharmaceu- l'ANSM pour une indication thérapeutique donnée […] [78].»
tique» : tout comme la préparation magistrale, la prépa-
ration hospitalière est possible si aucune spécialité existant Préparation de thérapie cellulaire xénogénique
sur le marché ne peut être utilisée. Toujours comme la «Tout médicament autre que les spécialités
préparation magistrale, il est exclu de reproduire, par une pharmaceutiques […], consistant en des cellules d'origine
préparation, une spécialité dont l'AMM aurait été retirée animale et leurs dérivés utilisés à des fins thérapeutiques, y
ou suspendue ; compris les cellules servant à transférer du matériel génétique,
l «un ou plusieurs patients» : contrairement à la pré- quel que soit leur niveau de transformation. Ces préparations
paration magistrale, la préparation hospitalière peut être sont préparées à l'avance et dispensées sur prescription médicale
exécutée pour plusieurs patients, du fait du nombre de à un ou plusieurs patients. Elles font l'objet d'une autorisation de
patients desservis par l'hôpital ; l'ANSM pour une indication thérapeutique donnée […] [78].»

Dr X le X/X/X

Monsieur, Madame

PUI

Figure 3.7
Points clefs d'une préparation hospitalière.
(Illustration par M. Guerriaud.)

35
II. Les produits de santé

Récapitulatif l il s'agit d'une «spécialité» : en effet, le médicament


générique reprend les caractéristiques d'une spécialité
Cf. tableau 3.1.
pharmaceutique : préparée à l'avance, présentée sous un
conditionnement particulier, caractérisée par une dénomi-
Les médicaments génériques nation spéciale. Concernant ce dernier point, très souvent
on pense que le générique doit avoir comme dénomina-
Définition tion spéciale la DCI et le nom de l'exploitant, or il est tout à
Le médicament générique est un médicament de moindre coût fait possible d'avoir un nom de fantaisie ; cela se vérifie avec
en matière de recherche et développement ; en conséquence, le l'exemple des contraceptifs oraux génériques ;
prix du médicament est plus bas que celui du princeps, ce qui l «la même composition qualitative et quantitative
entraîne une économie pour la Sécurité sociale. en principes actifs» :
– le médicament générique possède le même principe
actif que le médicament princeps (on comprend implici-
Point clé tement que le générique n'a pas forcément la même com-
position en termes d'excipients). Cette même composition
Définition du médicament générique en termes de principe actif doit toutefois être nuancée :
La notion de médicament générique est définie à l'article précise en effet que l'on considère comme même
l'article L. 5121-1 : «Spécialité générique d'une spé­ composition qualitative en principe actif les différents sels,
cialité de référence, celle qui a la même composition esters, éthers, isomères, mélanges d'isomères, complexes ou
qualitative et quantitative en principes actifs, la dérivés d'un principe actif. Cette disposition a été instaurée
même forme pharmaceutique et dont la bioéquiva­ pour éviter qu'un laboratoire de médicament princeps ne
lence avec la spécialité de référence est démontrée modifie les sels et dépose un nouveau brevet ;
par des études de biodisponibilité appropriées […].» – en matière de quantité, le médicament princeps et le géné-
rique doivent avoir la même quantité de principe actif par
Les points essentiels concernant ce type de préparation unité de prise. Ainsi, il a été jugé que Troxérutine Merck® 3,5 g
sont (figure 3.8) : ne pouvait pas prétendre être le générique de Veinamitol®
1 000 mg (Conseil d'État 26 novembre 2001, Negma) ;

Tableau 3.1. Principales caractéristiques des préparations, en gras les contraintes


Prescription médicale Un ou plusieurs malades Temporalité
Préparation officinale Non Plusieurs Non précisée
Préparation magistrale Oui Un seul Extemporanée

Préparation hospitalière Oui Plusieurs Non précisée


Préparation de thérapie génique Oui Plusieurs À l'avance
Préparation de thérapie cellulaire Oui Plusieurs À l'avance
xénogénique

Même composition Même forme Bioéquivalence


pharmaceutique
qualitative Une même biodisponibilité
Formes orales à libération
Un même principe actif X
immédiate équivalentes
= sel de X, ester de X…
Spécialité
quantitative
100 mg

Figure 3.8
Les caractéristiques d'un médicament générique.
(Illustration par M. Guerriaud.)

36
3. Les médicaments

l « la même forme pharmaceutique » : le médicament ■


allergène, défini comme tout produit destiné à
générique doit en effet avoir la même forme galénique identifier ou provoquer une modification spécifique
(par exemple, un princeps sous forme de spray nasal et acquise de la réponse immunologique à un agent
ne peut avoir un générique sous une forme injectable), allergisant ;
mais l'article du code nuance là encore en assimilant ■
vaccin, toxine ou sérum, définis comme tous
toutes les formes pharmaceutiques orales à libération agents utilisés en vue de provoquer une immunité
immédiate comme une même forme pharmaceutique, active ou passive ou en vue de diagnostiquer l'état
autrement dit un princeps sous forme de comprimé d'immunité. »
peut avoir son générique sous forme de gélules ;
l «la bioéquivalence avec la spécialité de référence est
Sont donc des médicaments immunologiques, d'une
démontrée par des études de biodisponibilité» : la bioé-
part les allergènes, d'autre part les vaccins, toxines et
quivalence, qui est l'équivalence des biodisponibilités [74],
sérums :
doit être prouvée : le médicament princeps et le médica- l «allergène» : la définition de l'allergène permet de lui
ment générique doivent posséder la même biodisponibilité.
donner plusieurs rôles :
Propriété industrielle – «identifier une modification spécifique et acquise de
la réponse immunologique» : c'est donc un possible test
L'apparition du médicament générique sur un marché diagnostique ;
ne peut se faire que lorsque le ou les brevets du – « provoquer une modification spécifique et acquise
médicament princeps ont expiré — on dit aussi que le de la réponse immunologique » : cela peut être com-
brevet est tombé dans le domaine public. Il est possible pris comme une action curative (comme dans la
néanmoins pour le laboratoire fabricant des génériques désensibilisation) ;
de produire le médicament avant la fin du brevet, mais la l «vaccin, toxine ou sérum» : la définition est très
commercialisation ne se fera qu'à l'expiration. concise du fait d'avoir voulu regrouper ces trois termes
ensemble ; là encore, on retrouve la notion de diagnostic,
Procédure d'AMM abrégée clairement mentionnée, et une action prophylactique et/
La procédure d'AMM concernant le médicament ou curative (tableau 3.2).
générique est une procédure dite abrégée définie à l'article
R. 5121-29. Dans ce cas, on se passe de nouveaux essais
pharmacologiques, toxicologiques et cliniques, et on opère Point clé
des essais de bioéquivalence.
Publicité et vaccins
Droit de substitution Alors que normalement il est interdit de faire de
la publicité au public pour un produit listé et/ou
Tout l'intérêt réside dans la possibilité pour un pharmacien
remboursé, les vaccins échappent à cette règle
d'officine de substituer un médicament princeps par
selon l'article L. 5122-6.
un médicament générique. Ceci est prévu à l'article
L. 5125-23.
Tableau 3.2. Vaccin, toxine et sérum
Les médicaments immunologiques «En vue de «Provoquer «Provoquer
diagnostiquer l'état une immunité une immunité
d'immunité» active» passive»
Point clé But de diagnostic But But curatif
prophylactique
Définition du médicament immunologique Exemples : certains Exemples : Exemples :
Ces médicaments particuliers ont été définis tests comme celui de la certains vaccins des sérums
en 2007 par la loi n° 2007-248 [62] et codifiés tuberculine qui permet comme le BCG comme le sérum
à l'article L. 5121-1. Ainsi, on entend par médi- de vérifier l'immunité antitétanique
cament immunologique « tout médicament contre la tuberculose
consistant en : humaine

37
II. Les produits de santé

Allergènes préparés spécialement l la trousse comme «toute préparation qui doit être
pour un seul individu reconstituée ou combinée avec des radionucléides dans le
produit radiopharmaceutique final». Il s'agit d'une façon
Il existe une catégorie spéciale d'allergènes appelés
schématique d'un vecteur.
APSI («Allergènes préparés spécialement pour un seul
En pratique, on distinguera la spécialité radiopharma-
individu»), ces allergènes étant utilisables notamment
ceutique de la préparation radiopharmaceutique.
pour la désensibilisation. Ils se fabriquent à partir d'une
préparation mère après extraction de l'allergène, sur
La « spécialité radiopharmaceutique »
prescription médicale et pour un patient donné.
La spécialité radiopharmaceutique, comme la spécialité
Les médicaments «classique», est préparée à l'avance par l'industriel qui la
commercialise ; elle est prête à l'emploi.
radiopharmaceutiques
Remarque
Point clé
Exemple de spécialité radiopharmaceutique
Définition du médicament
radiopharmaceutique Flucis® ([18F]-fludésoxyglucose ou FDG) est
destiné à la tomographie par émission de posi-
Le médicament radiopharmaceutique est défini tons (PET-scan) en cancérologie. Dans ce médi-
à l'article L. 5121-1 du Code de la santé publique cament, le précurseur est le fluor 18 produit
comme «tout médicament qui, lorsqu'il est prêt à par cyclotron et le vecteur un hexose qui, après
l'emploi, contient un ou plusieurs isotopes radio­ une série de réactions chimiques, produit le
actifs, dénommés radionucléides, incorporés à des FDG. L'industriel fait le marquage et envoie au
fins médicales [78]». Il faut comprendre donc qu'il service de médecine nucléaire concerné le pro-
s'agit d'un produit radioactif de qualité pharma- duit prêt à l'emploi, injecté ensuite au patient à
ceutique utilisé à des fins médicales. Ce produit une heure H (en fonction des date et heure de
est radioactif du fait qu'il contient un isotope calibration).
radioactif ou radionucléide d'origine naturelle ou
artificielle [84].
La « préparation radiopharmaceutique »
Ces médicaments radiopharmaceutiques font partie
La préparation radiopharmaceutique est une préparation
intégrante du monopole pharmaceutique au titre de l'ar-
qui est créée soit avec un générateur produisant un
ticle L. 4211-1 et peuvent être des spécialités ou des pré-
précurseur (par exemple, sous forme d'un éluat) qu'on
parations. Concernant les préparations, l'article L. 5125-1-1
associe à une trousse, soit avec un précurseur acheté prêt à
interdit aux officines de les réaliser ; en effet, seules des PUI
l'emploi qu'on associe à une trousse.
autorisées par l'Autorité de sûreté nucléaire le peuvent.
Pour pouvoir créer ces radio-médicaments, il est nécessaire
de disposer de trois éléments que l'on peut combiner entre
eux : un générateur, une trousse, un précurseur. Ainsi, on définit : Remarque
l le générateur comme «tout système contenant un
radionucléide parent déterminé […] servant à la production Exemple de préparation
d'un radionucléide de filiation obtenu par élution ou par radiopharmaceutique
toute autre méthode et utilisé dans un médicament radio- Un générateur contenant du 99Mo va produire
pharmaceutique». Il s'agit d'un dispositif qui, à partir d'un un précurseur 99mTc (sous la forme d'une solution
radionucléide père, génère un radionucléide fils ; de pertechnétate de sodium) qui, associé à une
l le précurseur comme «tout autre radionucléide produit trousse contenant des agrégats d'albumine, va
pour le marquage radioactif d'une autre substance avant produire une préparation radiopharmaceutique
administration». Il s'agit d'une façon schématique d'un qui sera un agent scintigraphique pour l'évalua-
marqueur ; tion de la perfusion pulmonaire.
38
3. Les médicaments

Les médicaments biologiques un princeps. En ce sens, le médicament biologique simi-


laire a la même composition et la même forme phar-
Point clé maceutique, mais — et toute la différence est là — il n'a
pas les mêmes matières premières et surtout il ne peut
pas avoir le même procédé de fabrication : en effet, les
Définition du médicament biologique
sources de production sont différentes biologiquement
Selon l'article L. 5121-1, un médicament bio­ parlant (par exemple, il peut s'agir d'une autre lignée cel-
logique est un médicament «dont la substance lulaire initiale) et le procédé est pratiquement unique, avec
active est produite à partir d'une source biologique une méthodologie propre à chaque laboratoire. Ainsi, il y
ou en est extraite et dont la caractérisation et la a nécessairement des variations sur les propriétés cliniques
détermination de la qualité nécessitent une combi­ du produit ; c'est pourquoi on demande (ce qui n'est pas le
naison d'essais physiques, chimiques et biologiques cas du médicament générique) des compléments de don-
ainsi que la connaissance de son procédé de fabri­ nées précliniques et cliniques.
cation et de son contrôle». Exemple de médicaments autorisés comme biologique
similaire :
L'expression la plus importante ici est «produite à par- l époïétine ;
tir d'une source biologique» : autrement dit, elle est issue l filgrastim ;
du vivant. De fait, cette catégorie englobe de nombreux l somatropine ;
types de médicaments. l infliximab.
Depuis 2013, avec la loi n° 2013-1203 [84] codifiée à l'ar-
ticle L. 5125-23-3, le pharmacien peut substituer, sous cer-
Remarque
taines conditions, un médicament biologique de référence
par un médicament biologique similaire.
Quelques exemples

Héparine : extraite de l'intestin de porc.

Pénicilline : extraite du champignon Penicillium. Les médicaments homéopathiques

Vaccin : certains sont obtenus par atténuation
de la pathogénicité d'un virus. La définition actuelle a été initiée avec la directive

Insuline : obtenue par le biais d'une bactérie par 92/73, pour la première fois, en Europe. Néanmoins dès
recombinaison génétique. le xix e siècle, la justice s'est intéressée au médicament

Médicament anti-allo-immunisation fœtoma- homéopathique : ainsi, un arrêt du 4 mars 1858
ternelle : immunoglobuline humaine anti-D, qui de la Cour de cassation reconnaît le médicament
fait partie des dérivés du sang. homéopathique comme médicament à part entière et
donc reconnaît aussi son appartenance au monopole
pharmaceutique.
Médicaments biologiques similaires (vulgairement
« bio-similaires »)
Selon l'article L. 5121-1, un médicament biologique similaire Point clé
est un « médicament biologique de même composition
qualitative et quantitative en substance active et de même Définition du médicament homéopathique
forme pharmaceutique qu'un médicament biologique de Aujourd'hui, le médicament homéopathique est
référence, mais qui ne remplit pas les conditions […] pour défini à l'article L. 5121-1 comme «tout médi­
être regardé comme une spécialité générique en raison de cament obtenu à partir de substances appelées
différences liées notamment à la variabilité de la matière souches homéopathiques, selon un procédé de
première ou aux procédés de fabrication et nécessitant fabrication homéopathique décrit par la pharma­
que soient produites des données précliniques et cliniques copée européenne, la pharmacopée française ou
supplémentaires dans des conditions déterminées par voie à défaut, par les pharmacopées utilisées de façon
réglementaire ». officielle dans un autre État membre de l'Union
On a tendance à comparer les génériques et les médica- européenne. Un médicament homéopathique peut
ments biologiques similaires, dans le sens où l'on «copie» aussi contenir plusieurs principes [78]».
39
II. Les produits de santé

Le texte ne définit pas à quoi correspond la notion Les médicaments à base de plante
de « souche homéopathique » mais celle-ci est définie
par la pharmacopée européenne dans sa huitième édi-
Point clé
tion comme « des substances, produits ou préparations
utilisés comme matières premières pour la fabrication des
Définition du médicament à base de plante
préparations homéopathiques. Dans le cas de matières
premières d'origine végétale, animale ou humaine, il s'agit Les médicaments à base de plantes sont définis
généralement d'une teinture mère ou d'un macérat glycé- comme «tout médicament dont les substances
riné ; dans le cas de matières premières d'origine chimique actives sont exclusivement une ou plusieurs subs­
ou minérale, il s'agit généralement de la substance tances végétales ou préparations à base de plantes
elle-même [85] ». ou une association de plusieurs substances végétales
ou préparations à base de plantes [78]».
Procédures
Il faut distinguer le «médicament homéopathique» (par Il faut se reporter à l'article R. 5121-1 pour comprendre
exemple, Arnica 9CH) de la «spécialité pharmaceutique certaines notions [74] :
homéopathique» (par exemple, Stodal®). l «substance végétale» : «L'ensemble des plantes, par-
ties de plantes, algues, champignons, lichens, principalement
Le médicament homéopathique : l'enregistrement entiers, fragmentés ou coupés, utilisés en l'état, desséchés ou
simplifié frais, ainsi que certains exsudats n'ayant pas subi de traite-
Il n'y a pas besoin d'AMM pour le médicament ments spécifiques ; les substances végétales sont précisément
homéopathique, mais besoin d'un enregistrement simplifié. définies par la partie de la plante utilisée et la dénomination
Cette procédure est définie à l'article L. 5121-13. Cependant, botanique selon le système à deux mots — genre, espèce,
il faut respecter un certain nombre de dispositions pour variété et auteur.»
bénéficier de ce statut : l «préparation à base de plantes» : «Les préparations
l il faut que le médicament soit d'administration par voie obtenues par traitement de substances végétales, tel que
orale ou externe ; l'extraction, la distillation, l'expression, le fractionnement, la
l il ne faut pas que l'indication thérapeutique soit men- purification, la concentration ou la fermentation ; elles com-
tionnée ni sur l'étiquetage ni dans toute information rela- prennent les substances végétales concassées ou pulvérisées,
tive au médicament ; les teintures, les extraits, les huiles essentielles, les jus obtenus
l il faut que le degré de dilution garantisse l'innocuité du par pression et les exsudats traités.»
médicament. Il existe par ailleurs une distinction entre le «médica-
Si ces conditions sont respectées, alors il faut procéder à ment à base de plante» et le «médicament traditionnel à
un enregistrement auprès de l'ANSM. base de plante».
Le médicament traditionnel à base de plantes doit
La spécialité pharmaceutique homéopathique : répondre à un certain nombre de critères qui lui permettent,
procédure d'AMM simplifiée entre autres, d'avoir une procédure d'AMM simplifiée que
Dans le cas de figure où l'on a une spécialité l'on appelle «enregistrement de l'usage traditionnel [86]» :
pharmaceutique homéopathique, il existe une procédure l ils sont conçus pour être utilisés sans l'intervention d'un
d'AMM dite simplifiée. Cette procédure, décrite à médecin à des fins de diagnostic, de prescription ou de
l'article R. 5121-28 5° et précisée à l'article R. 5121-31, suivi du traitement ;
permet de se passer d'essais précliniques et cliniques l ils sont exclusivement destinés à être administrés selon
si le demandeur peut « démontrer par référence détaillée un dosage et une posologie spécifiés ;
à la littérature publiée et reconnue dans la tradition de l ils sont administrés par voie orale, externe ou par
la médecine homéopathique pratiquée en France que inhalation ;
l'usage homéopathique du médicament ou des souches l la durée d'usage traditionnel est écoulée (trente ans) ;
homéopathiques le composant est bien établi et présente l les données sur l'usage traditionnel du médicament sont
toutes garanties d'innocuité ». suffisantes.

40
3. Les médicaments

Remarque Point clé

Différences entre plantes médicinales Définition du médicament orphelin


et médicaments à base de plantes Un médicament orphelin peut être défini soit en
Il convient de distinguer les plantes médicinales fonction d'un critère épidémiologique (nombre de
des médicaments à base de plantes : les plantes patients de 5 sur 10 000) soit en fonction d'un critère
médicinales (entières ou divisées) sont à utiliser économique (rentabilité). Il faut également prouver
en l'état, sans mise en forme galénique, donc sans qu'il n'existe pas d'alternative thérapeutique ou que
excipient, tandis que les médicaments à base de le médicament produira un bénéfice notable.
plantes, eux, ont une mise en forme galénique.
Au sein des médicaments à base de plante, on C'est pour répondre à un manque de motivation des
peut distinguer plusieurs types de médicaments : industries pharmaceutiques devant une rentabilité aléa-

les médicaments à base d'un totum d'une ou toire que le règlement européen a créé un régime d'incita-
plusieurs plantes médicinales : par exemple Ginkor tion avec notamment :
fort® constitué de Ginkgo biloba ; l une assistance à l'élaboration de protocoles pour le

les médicaments avec une substance active promoteur ;
d'origine végétale : il ne s'agit plus d'un totum l une exclusivité commerciale de 10 ans (indépendante
mais d'un extrait hautement purifié de la plante du brevet ou d'un certificat complémentaire de pro-
visant à extraire une seule molécule ; par exemple, tection), extensible à 12 ans s'il s'agit d'un médicament
Digoxine nativelle® ou Colchicine opocalcium®. orphelin pédiatrique ; cette exclusivité peut en revanche
Il faut aussi expliciter le terme de «phytothérapie» être rabaissée à 6 ans si le médicament devient rentable
dans ce contexte légal : le dictionnaire de l'Acadé- ou ne correspond plus aux critères épidémiologiques
mie de pharmacie nous explique qu'il s'agit d'une ou encore si un autre traitement s'avère qualitativement
thérapeutique par les plantes. Ainsi, il peut s'agir supérieur ;
d'une utilisation telle quelle de plantes médicinales l une exonération partielle ou totale de différentes taxes
ou de médicament à base de plante, mais la phy- et contributions versées aux agences.
tothérapie exclut l'usage de plantes d'activité puis-
sante et/ou toxique (digitale, colchique, Datura…).
Jurisprudence

Les médicaments orphelins À noter que ce statut ne peut être accordé que
pour un médicament nouveau dont l'AMM n'a pas
La notion de médicament orphelin dépend directement de encore été accordée (arrêt du Tribunal de l'Union
l'existence de maladies rares. La question est de savoir à partir européenne du 9 septembre 2010, affaire T-264/07,
de combien de patients une maladie devient rare. L'Union CSL Behring GmbH c/Commission.) [88].
européenne a fixé dans le règlement (CE) 141/2000 [87]
qu'un médicament orphelin est un médicament permettant
de diagnostiquer, prévenir ou traiter une maladie dont le
Maladies rares ou orphelines
nombre de patients atteint est inférieur à un seuil de cinq
personnes sur dix mille : une «affection entraînant une À ce jour, on compte environ 7 000 maladies rares (définies
menace pour la vie ou une invalidité chronique ne touchant en Europe comme ayant un nombre de patients inférieur à
5 patients sur 10 000 à un moment donné) qui touchent 4
pas plus de cinq personnes sur dix mille [87]». Mais comme
à 6 % des individus, soit environ 3 millions de Français [89].
ce nombre est arbitraire, le règlement précise que sont
Si la quasi-totalité des maladies génétiques est classifiée
aussi des médicaments orphelins les médicaments qui comme maladies rares, l'inverse n'est pas vrai : une maladie
diagnostiquent, préviennent ou traitent «une maladie rare n'est pas forcément génétique [90]. À titre d'exemple
mettant la vie en danger, une maladie très invalidante ou une (site officiel de référence sur les maladies orphelines : www.
affection grave et chronique, et qu'il est peu probable que, orpha.net), on peut citer quelques maladies rares comme
en l'absence de mesures d'incitation, la commercialisation de les maladies lysosomales (maladie de Pompe, de Fabry, de
ce médicament dans la Communauté génère des bénéfices Gaucher), les amyloses, les cancers rares, la progéria, etc.
suffisants pour justifier l'investissement nécessaire [87]».
41
II. Les produits de santé

Les médicaments pédiatriques permettent d'adapter à la population pédiatrique une


substance qui ne serait plus protégée par un brevet. En
Les enfants ont un métabolisme, une physiologie et donc contrepartie de cette AMM est délivrée, notamment,
une pharmacocinétique différente de celle des adultes ; de une exclusivité commerciale de 10 ans. Pour autant, ce
plus, certaines voies d'administration utilisées chez l'adulte ne type d'AMM n'a pour ainsi dire pas été utilisé.
peuvent l'être chez l'enfant. En conséquence, il est nécessaire
d'avoir des thérapies spécifiques pour la population pédiatrique
(définie comme allant de la naissance jusqu'à dix-huit ans) [91]. Le cycle de vie du médicament
Pourtant, très longtemps, ces médicaments spécifiques
n'ont pas existé et de nombreux médicaments utilisés en Le médicament est un produit qui suit un cycle de vie, avec
pédiatrie n'ont pas été étudiés à cet effet. Ainsi, l'Union une naissance et parfois une mort (figure 3.9).
européenne, avec le règlement 1901/2006, a souhaité faci-
liter le développement et l'accessibilité de médicaments à
usage pédiatrique. Pour encourager les industries du médi-
La phase de préparation
cament dans cette voie, le règlement européen prévoit des Tout commence par une phase de préparation qui dure
incitations, notamment une diminution de la redevance environ 8 à 10 ans et comporte plusieurs étapes importantes :
due à l'Agence et la prorogation de six mois du certificat l l'étape de recherche peut commencer par la décou-
complémentaire de protection (CCP) (cf. « Certificat com- verte fortuite d'une molécule, la découverte orientée d'une
plémentaire de protection » au chapitre 11) [91]. molécule d'intérêt dans une plante par un screening, par un
besoin médical, etc. Les molécules peuvent être modifiées
Point clé pour augmenter leur efficacité ou diminuer leur toxicité.
Les premiers tests sont réalisés in vitro ou in silico (simula-
Définition du médicament pédiatrique tion informatique) ;
Un médicament autorisé avec une indication pédia-
l s'ensuit le dépôt d'un brevet une fois la substance active
trique est un «médicament dont l'utilisation est découverte ;
autorisée sur une partie ou la totalité de la population
l peuvent alors commencer les essais précliniques
pédiatrique, et pour lequel des informations détaillées sur animaux (in vivo) pour obtenir le premier profil du
concernant l'indication autorisée figurent dans le médicament ;
résumé des caractéristiques du produit […] [91]».
l enfin est lancé l'essai clinique, l'essai sur l'homme.

Remarque La phase des autorisations


La deuxième phase est celle des autorisations, elle dure
Les PUMA environ 1 à 3 ans.
Le règlement a créé un nouveau type d'AMM : les Durant cette phase, l'industriel dépose un dossier en vue d'ob-
AMM en vue d'un usage pédiatrique, ou PUMA tenir une autorisation de mise sur le marché. Ce dossier repose
(Paediatric use Marketing Autorisation). Ces AMM sur trois critères fondamentaux : qualité, efficacité, sécurité.

Préparation Autorisations Vie du médicament


8 à 10 ans 1 à 3 ans 10 à 20 ans

1 2 € 3 TV
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clin ssais

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Figure 3.9
Le cycle de vie du médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.)

42
3. Les médicaments

Une fois l'AMM obtenue, l'industriel peut demander à la ■


Le médicament par fonction permet de qualifier
commission de transparence à la HAS de définir un taux de un produit comme étant un médicament même si
remboursement et la fixation d'un prix par le CEPS (Comité celui-ci ne revendique aucune action. Ce sont ses
économique des produits de santé). actions sur la physiologie qui lui confèrent le sta-
tut de médicament. Cette notion a été introduite
La phase de vie effective en particulier pour les contraceptifs oraux.
du médicament ■
Certains produits sont des médicaments de par
la loi, comme les médicaments du sevrage taba-
Dès lors, le médicament entre dans sa phase de vie effective : gique et les produits stables dérivés du sang.
l la production peut commencer ; ■
Lorsqu'un produit est susceptible de répondre
l l'industriel peut diffuser une information contrôlée ; à la fois à la définition du médicament et à celle
l le médicament peut être prescrit et dispensé. d'autres catégories de produits, il est, en cas de
Bien évidemment, la surveillance de ce dernier est doute, considéré comme un médicament.
constante grâce à la pharmacovigilance (cf. chapitre 7). ■
Il existe un grand nombre de catégories régle-
mentaires de médicaments : la spécialité, les
L'essentiel à retenir préparations, les médicaments génériques, les
médicaments immunologiques, les médica-

La définition du médicament est complexe et ments radio-pharmaceutiques, les médicaments
comporte plusieurs branches. biologiques, les médicaments homéopathiques,

La notion de médicament par présentation les médicaments à base de plante, les médica-
permet de reconnaître comme médicament des ments orphelins, les médicaments pédiatriques.
produits qui revendiquent une action même si elle ■
Le cycle de vie du médicament se compose
n'existe pas. Ainsi, toutes les contraintes afférentes de nombreuses étapes réparties en trois grandes
(AMM…) s'appliquent et cette notion permet, in phases : une phase de préparation, une phase
fine, de lutter contre le charlatanisme. d'autorisation, une phase de vie effective.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 3
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
correspond(ent) à un type de définition du médicament ? correspond(ent) à la spécialité pharmaceutique ?
A Présentation. A Préparée à l'avance.
B Structuration. B Conditionnement particulier.
C Dénomination. C Dénomination spéciale.
D Construction. D Pour un patient donné.
E Fonction. E Nécessite une AMM.
QCM 2 QCM 4
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond(ent) à Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
(aux) action(s) issue(s) du concept de médicament par présentation ? correspond(ent) à au médicament générique ?
A Action pharmacologique. A Les formes orales sont équivalentes entre elles.
B Action mécanique. B La composition quantitative n'est pas la même.
C Action immunologique. C Il ne peut pas avoir de nom de fantaisie.
D Action métabolique. D La bioéquivalence doit être démontrée.
E Action neurologique. E C'est une spécialité pharmaceutique.

43
II. Les produits de santé

QCM 5 C L'AMM.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond(ent) D Les brevets.
à la phase de préparation dans le cycle de vie du médicament ? E L'information.
A Recherche.
B Essais cliniques.

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne :


pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://
www.em-consulte/e-complement/474756 et suivez les
instructions.

44
Chapitre 4
Les dispositifs médicaux

PLAN DU C HAPITRE
Définition 46
Différents types de dispositifs médicaux 48
Classification des dispositifs médicaux 49
Le marquage CE 51
Remboursement des dispositifs médicaux 56

Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
II. Les produits de santé

Prérequis et objectifs Point clé



Prérequis : Dispositif médical
– notions de droit pharmaceutique (PACES). Définition du dispositif médical (article L. 5211-1

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant du Code de la santé publique) : «On entend par
sera capable de : dispositif médical tout instrument, appareil, équi-
– définir le dispositif médical ; pement, matière, produit, à l'exception des produits
– énumérer les formes que peuvent prendre les d'origine humaine, ou autre article utilisé seul ou
dispositifs médicaux ; en association, y compris les accessoires et logiciels
– énumérer les «fins médicales» que peuvent ser- nécessaires au bon fonctionnement de celui-ci, des-
vir les dispositifs médicaux ; tiné par le fabricant à être utilisé chez l'homme à des
– citer les différents types de dispositifs médicaux ; fins médicales et dont l'action principale voulue n'est
– lister les classes de dispositifs médicaux ; pas obtenue par des moyens pharmacologiques ou
– expliquer les tenants et aboutissants du mar- immunologiques ni par métabolisme, mais dont
quage CE ; la fonction peut être assistée par de tels moyens.
– décrire le remboursement des dispositifs Constitue également un dispositif médical le logiciel
médicaux. destiné par le fabricant à être utilisé spécifiquement
à des fins diagnostiques ou thérapeutiques [92].»
Définition
La dernière définition concernant les dispositifs médicaux Plusieurs natures
(DM) a été introduite avec la directive 93/42/CEE (modifiée Un dispositif médical peut donc revêtir plusieurs formes :
par la directive 2007/47/CE) et est codifiée à l'article l « un instrument » : « Objet fabriqué en vue d'une utili-
L. 5211-1 du Code de la santé publique (figure 4.1). sation particulière pour faire ou créer quelque chose, pour

Maladie
Logiciels • Prévention
• Diagnostic
• Contrôle
• Traitement
Accessoires • Atténuation

Blessure, handicap
• Diagnostic
• Contrôle
• Traitement
Matière ou • Atténuation
produit • Compensation
tio n
u e n a s s o ci a

Un destiné par le À des fins


dispositif fabricant médicales
ul o

Contraception
Se

Équipement • Maîtrise

Anatomie, processus
Appareil physiologique
• Étude
• Remplacement
Instrument • Modification

Figure 4.1
Définition d'un dispositif médical.
(Illustration par M. Guerriaud.)

46
4. Les dispositifs médicaux

exécuter ou favoriser une opération (dans une technique, La notion de «fins médicales» est définie à l'article
un art, une science) [93].» On pensera bien sûr à un instru- R. 5211-1 : «Ces dispositifs sont destinés à être utilisés à des
ment chirurgical comme un bistouri ou à un instrument de fins :
mesure comme un tensiomètre ; 1 De diagnostic, de prévention, de contrôle, de traitement ou
l « un appareil » : on considère qu'un appareil est plus d'atténuation d'une maladie ;
complexe qu'un instrument puisqu'un appareil peut être 2 De diagnostic, de contrôle, de traitement, d'atténuation ou
constitué d'instruments : «Ensemble d'instruments, d'outils, de compensation d'une blessure ou d'un handicap ;
de dispositifs employés pour mener à bien une tâche ; machine 3 D'étude, de remplacement ou de modification de l'anato-
complexe [93].» On pensera bien sûr aux appareils de cor- mie ou d'un processus physiologique ;
rection auditive, mais cela est bien plus vaste, puisqu'un 4 De maîtrise de la conception [92].»
appareil est synonyme de machine complexe, ainsi une Ainsi, le dispositif médical peut agir sur :
IRM, un scanner, un échographe sont des appareils ; l « une maladie » : cette notion complexe aux contours

l «un équipement» : c'est un morceau d'un instrument flous a déjà été abordée dans la partie médicament (cf. «Un
ou d'un appareil : «Ensemble des accessoires ou des dispositifs médicament par présentation» au chapitre 3). On constate
auxiliaires nécessaires au bon fonctionnement d'un instrument que le dispositif médical peut permettre :
ou d'une machine [93].» Il peut s'agir aussi bien de la batterie – le diagnostic d'une maladie : un tensiomètre, qui peut
d'un lecteur de glycémie que de l'aiguille d'une seringue ; permettre la détection d'une hypertension artérielle, une
l « une matière, un produit » : la matière est une « subs- sonde-cathéter de Swan-Ganz qui permet le diagnostic
tance particulière» et le produit est une «substance issue de d'une insuffisance cardiaque ;
la nature» [93]. Ces deux termes désignent par exemple les – la prévention d'une maladie : des gants, un masque, qui
alliages dentaires ; peuvent éviter la contraction d'une maladie contagieuse
l «un accessoire» : l'accessoire est désigné à l'article ou nosocomiale, mais aussi les préservatifs qui peuvent évi-
R. 5211-4 comme «tout article qui est destiné spécifiquement ter de contracter une infection sexuellement transmissible ;
par son fabricant à être utilisé avec un dispositif médical afin – le contrôle d'une maladie : un thermomètre pour
de permettre l'utilisation de ce dispositif, conformément aux suivre l'évolution de la fièvre, un lecteur de glycémie
intentions de son fabricant». Il s'agit par exemple du matériel pour le contrôle de l'évolution d'un diabète ;
d'entretien qui est spécifique au dispositif médical, ou d'une – le traitement d'une maladie : un lithotripteur qui per-
pièce changeable du dispositif médical, comme une lame ; met de traiter des lithiases, certains neurostimulateurs
l « un logiciel » : « Ensemble des programmes, procédés qui permettent de traiter la maladie de Parkinson ;
et règles, et éventuellement de la documentation, relatifs – l'atténuation d'une maladie : des lentilles de contact
au fonctionnement d'un ensemble de traitement de don- qui permettent d'atténuer une myopie ;
nées [93].» Il s'agit par exemple des logiciels d'imagerie l « une blessure ou un handicap » : une blessure peut

médicale, des logiciels de conception des prothèses, des être une «lésion faite volontairement ou par accident à
logiciels d'analyse du rythme cardiaque. un organisme vivant à la suite d'un coup, d'un choc, d'une
brûlure, au moyen d'une arme, d'un instrument tranchant
ou contondant» ou une «souffrance morale» [93] ; le han-
La destination dicap, quant à lui, est défini dans la loi du 11 février 2005
Le dispositif médical est destiné par le fabricant à des fins comme «toute limitation d'activité ou restriction de partici-
médicales. Cette notion de destination est définie à l'article pation à la vie en société subie dans son environnement par
R. 5211-4 comme «l'utilisation à laquelle un dispositif médical une personne en raison d'une altération substantielle, durable
est destiné d'après les indications fournies par le fabricant ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, senso-
dans l'étiquetage, la notice d'instruction ou les matériels rielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap
promotionnels». Autrement dit, il s'agit de son utilisation ou d'un trouble de santé invalidant [94]» :
médicale, à l'instar des médicaments et de leur indication. – le diagnostic d'une blessure ou d'un handicap : un
appareil de radiographie permet le diagnostic d'une
Les fins médicales fracture ;
– le contrôle d'une blessure ou d'un handicap : une IRM
La notion de fins médicales est là pour définir le champ cérébrale permet le contrôle de l'évolution de certaines
d'action du dispositif médical, il s'agit d'une utilisation dans pathologies neurodégénératives, un PET-scan permet de
le cadre de la santé. vérifier l'étendue de la dissémination des métastases ;
47
II. Les produits de santé

– le traitement d'une blessure ou d'un handicap : typi- «compte tout particulièrement du mode d'action principal
quement, un pansement permet le traitement d'une du produit» :
petite blessure ; l ainsi, si on utilise un dispositif médical servant à l'admi-

– l'atténuation d'une blessure ou d'un handicap : une nistration d'un médicament et que celui-ci est lié au médi-
bombe de froid atténue les blessures à type de douleurs cament au sein d'un même conditionnement, c'est le statut
musculaires ; du médicament qui s'impose. Par exemple, une seringue
– la compensation d'une blessure ou d'un handicap : préremplie d'héparine a le statut global de médicament
une canne anglaise permet la compensation d'un déficit (figure 4.2) ;
moteur ; l en revanche, si un dispositif incorpore une substance

l « l'anatomie ou un processus physiologique » : l'ana- qui, si elle est utilisée séparément, est un composant de
tomie est définie comme «le corps tel qu'il est analysé» médicament, mais qui a une action accessoire, alors il s'agit
ou comme «la structure des organes», tandis qu'un pro- d'un dispositif médical. Par exemple, dans un ciment de
cessus physiologique pourrait se définir comme «la suite prothèse incorporant un antibiotique, l'action principale
continue de phénomènes présentant une certaine unité ou est celle du ciment, l'antibiotique n'a qu'une action acces-
une certaine régularité dans leur déroulement», dans le soire, il s'agit donc d'un dispositif médical. Il en va de même
corps humain [93] : avec un stent à libération de principe actif : en effet, certains
– l'étude de l'anatomie ou un processus physiologique : stents sont enrobés d'antimitotiques dans le but de réduire
par exemple, un appareil à fibroscopie qui permet l'étude de façon considérable le taux de resténose par rapport à un
du tractus digestif ou un Holter qui permet l'enregistre- stent normal ; l'utilisation de l'antimitotique est accessoire
ment en continu de l'électrocardiogramme pendant au par rapport à l'utilité propre du stent (figure 4.3).
moins 24 heures ;
– le remplacement de l'anatomie ou d'un processus
physiologique : le remplacement d'un os ou d'une valve Différents types de dispositifs
cardiaque par une prothèse ou l'utilisation d'un respira-
teur artificiel en remplacement de la respiration ; médicaux
– la modification de l'anatomie ou d'un processus phy-
siologique : une poche de stomie modifie le processus Les dispositifs médicaux actifs
digestif naturel, un anneau gastrique modifie l'anatomie
de l'estomac ; D'une façon schématique, ce sont les dispositifs médicaux
l « la conception » : la maîtrise de la conception, de « l'ac-
nécessitant une source d'énergie. De façon plus précise :
tion de former un enfant» [93], peut se faire par le biais de «Tout dispositif médical dépendant pour son fonctionnement
divers dispositifs médicaux comme le préservatif, les DIU au d'une source d'énergie électrique ou de toute source d'énergie
cuivre, les diaphragmes. autre que celle générée directement par le corps humain ou
par la pesanteur et agissant par conversion de cette énergie.

Frontière avec le médicament


Si la finalité des dispositifs médicaux peut sembler très Dispositif médical Dispositif médical
proche des médicaments, l'action du dispositif se veut
en opposition avec celle du médicament. En effet, la
définition précise bien : «dont l'action principale voulue
n'est pas obtenue par des moyens pharmacologiques ou Médicament

immunologiques ni par métabolisme» [92].


Il n'est, cependant, parfois pas facile de faire la distinction Médicament
entre le médicament et le dispositif médical, notamment
dans certains cas où le dispositif médical est assisté par un
moyen pharmacologique. Figure 4.2
Afin de savoir si l'on relève du dispositif médical ou du Ensemble médicament et dispositif médical relevant du statut
du médicament : une seringue préremplie, un ensemble dans
médicament, la directive 93/42/CEE modifiée notamment un même conditionnement.
par la directive 2007/47/CE nous informe qu'il faut tenir (Illustration par M. Guerriaud.)

48
4. Les dispositifs médicaux

Les dispositifs médicaux invasifs


Dispositif médical Il s'agit d'un «dispositif qui pénètre partiellement ou
entièrement à l'intérieur du corps, soit par un orifice du corps,
soit à travers la surface du corps» [95].
C'est le cas d'une sonde urinaire (orifice) ou d'un scalpel
Médicament
Dispositif médical (à travers).
On distingue aussi les dispositifs médicaux invasifs de
Médicament type chirurgical : «dispositif invasif qui pénètre à l'intérieur
du corps à travers la surface du corps, à l'aide ou dans le
cadre d'un acte chirurgical» [95].
Figure 4.3
Ensemble dispositif médical et médicament à fonction accessoire
relevant du statut du dispositif médical : un stent à libération de
principe actif et un ciment de prothèse avec antibiotique. Les dispositifs médicaux
(Illustration par M. Guerriaud.)
de diagnostic in vitro (DMDIV)
Les dispositifs médicaux destinés à transmettre de l'énergie, Ces dispositifs spéciaux sont définis à l'article L. 5221-1 :
des substances ou d'autres éléments, sans modification «Constituent des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro
significative, entre un dispositif médical actif et le patient ne les produits, réactifs, matériaux, instruments et systèmes,
sont pas considérés comme des dispositifs médicaux actifs. leurs composants et accessoires, ainsi que les récipients pour
Tout logiciel autonome est considéré comme un dispositif échantillons, destinés spécifiquement à être utilisés in vitro, seuls
médical actif [95].» ou en combinaison, dans l'examen d'échantillons provenant
Il peut s'agir par exemple d'un laser dermatologique, du corps humain, afin de fournir une information concernant
d'un otoscope. un état physiologique ou pathologique, avéré ou potentiel,
ou une anomalie congénitale, pour contrôler des mesures
thérapeutiques, ou pour déterminer la sécurité d'un prélèvement
Les dispositifs médicaux d'éléments du corps humain ou sa compatibilité avec des
implantables receveurs potentiels [96].»
Ce sont des dispositifs «destinés :
l soit à être implanté en totalité dans le corps humain ;

l soit à remplacer une surface épithéliale ou la surface de


Les dispositifs médicaux sur mesure
l'œil ; L'article R. 5211-6 définit un dispositif médical sur mesure
grâce à une intervention chirurgicale et à demeurer en comme «tout dispositif médical fabriqué spécifiquement
place après l'intervention» [95]. suivant la prescription écrite d'un praticien dûment qualifié,
On peut citer par exemple une prothèse de genoux ou ou de toute autre personne qui y est autorisée en vertu de ses
un implant oculaire. qualifications professionnelles, et destiné à n'être utilisé que
pour un patient déterminé» [97].
Il peut s'agir d'une semelle orthopédique, d'un appareil
Les dispositifs médicaux dentaire.
implantables actifs
Ce sont des dispositifs médicaux particuliers définis à
l'article L. 5211-1, qui «sont conçus pour être implantés Classification des dispositifs
en totalité ou en partie dans le corps humain ou placés médicaux
dans un orifice naturel, et qui dépendent pour leur bon
fonctionnement d'une source d'énergie électrique ou de toute Les dispositifs médicaux, en dehors des dispositifs médicaux
source d'énergie autre que celle qui est générée directement implantables actifs et des dispositifs médicaux de diagnostic
par le corps humain ou la pesanteur […].» [92]. in vitro, sont rangés dans des classes en fonction de leur
On peut citer par exemple les pacemakers et autres sti- risque [98–100] ; la classe conditionne en conséquence les
mulateurs cardiaques ou encore les pompes à insuline. procédures d'évaluation de conformité. On tiendra compte
49
II. Les produits de santé

aussi de la durée de leur utilisation — temporaire si l'utilisation l dispositifs médicaux stériles : compresse stérile, panse-
est inférieure à une heure, court terme si l'utilisation est ment stérile ;
inférieure à un mois, long terme si l'utilisation est supérieure l dispositifs médicaux avec fonction de mesurage : ther-

à un mois. momètre, pèse-personne.

À retenir Dispositifs médicaux de classe IIa


La classe IIa correspond aux dispositifs médicaux à potentiel
Les quatre classes modéré de risque, qui nécessitent une intervention obligatoire
Ainsi, il existe quatre classes prévues à l'article d'un organisme notifié pour le contrôle des stades de la
R. 5211-7 et qui vont en termes de dangerosité conception et de la fabrication.
croissante : classe I, classe IIa, classe IIb et classe III Exemples de dispositifs de classe IIa : tubulures double
(figure 4.4). débit, sets à perfusions, lentilles de contact, échographes,
pompe à nutrition.

Dispositifs médicaux de classe IIb


Les quatre classes
La classe IIb correspond aux dispositifs médicaux à potentiel
Dispositifs médicaux de classe I élevé de risque, qui nécessitent une intervention obligatoire
d'un organisme notifié pour le contrôle des stades de la
La classe I correspond aux dispositifs médicaux à faible
conception et de la fabrication.
risque et, en conséquence, les procédures d'évaluation de
Exemples de dispositifs de classe IIb : générateurs de dia-
la conformité sont en principe sous la seule responsabilité
lyse, pompe à CEC, pansement hydrocolloïde, bistouri élec-
des fabricants.
trique, scanner.
La classe I renferme cependant deux sous-classes néces-
sitant un contrôle plus poussé dans l'assurance qualité de
la production : Dispositifs médicaux de classe III
l les dispositifs médicaux de classe I stériles (Is) ; La classe III correspond aux dispositifs médicaux au potentiel
l les dispositifs médicaux de classe I avec fonction de le plus critique de risque, qui nécessitent une intervention
mesurage (Im). obligatoire d'un organisme notifié pour le contrôle des stades
Exemples de dispositifs de classe I : de la conception et de la fabrication et qui présupposent
l dispositifs médicaux (non stériles et n'ayant pas fonction une autorisation préalable explicite sur la conformité.
de mesurage) : lit médical, fauteuil roulant, gants d'examen, Exemples de dispositifs de classe III : certains stérilets,
corps de seringue (sans aiguille), lunettes correctrices ; les dispositifs en contact avec le système cardiovasculaire

Classe III
• Potentiel le plus critique de
Classe IIa risques
• Intervention obligatoire d'un
• Potentiel modéré de risques organisme notifié
• Intervention obligatoire d'un • Contrôle des stades de la
organisme notifié conception et de la
• Contrôle du stade de la fabrication
fabrication • Présuppose une autorisation
préalable explicite
sur la conformité

Classe IIb
Classe I
• Potentiel élevé de risques
• Potentiel faible de risques • Intervention obligatoire d'un
• Sous la seule responsabilité des organisme notifié
fabricants (en principe) • Contrôle des stades de la
conception et de la fabrication

Figure 4.4
Les différentes classes de dispositifs médicaux.
(Illustration par M. Guerriaud.)

50
4. Les dispositifs médicaux

comme les stents, les valves porcines, ou le système ner- de balance bénéfice-risque. Cependant, contrairement aux
veux comme les aiguilles de stéréotaxie. médicaments, les dispositifs médicaux n'ont pas besoin d'une
autorisation de mise sur le marché préalable. Néanmoins,
ces produits, au vu du danger potentiel pour la santé qu'ils
Les règles de classifications (d'après représentent, nécessitent des contrôles appropriés.
les Guidelines MEDDEV) Ainsi, l'article L. 5211-3 du Code de la santé publique
prévoit : «Les dispositifs médicaux ne peuvent être importés,
Les règles de classifications des dispositifs médicaux sont
mis sur le marché, mis en service ou utilisés, s'ils n'ont reçu,
expliquées dans les guidelines pour les dispositifs médicaux
au préalable, un certificat attestant leurs performances ainsi
(MEDDEV) [101] (figures 4.5 à 4.9).
que leur conformité à des exigences essentielles concernant la
sécurité et la santé des patients, des utilisateurs et des tiers.»
Le marquage CE
À retenir
Pourquoi un marquage CE (figure 4.10)
À l'instar des médicaments, un dispositif médical peut Marquage CE
engendrer un effet indésirable, mais il «n'est admis que s'il Article R. 5211-12 du Code de la santé publique :
présente un risque acceptable au regard des performances du «Tout dispositif médical mis sur le marché ou mis
dispositif» selon l'article R. 5211-21. On retrouve ainsi la notion en service en France est revêtu du marquage CE.»

Pas de contact ave le patient ou


sinon avec une peau intacte
Classe I

Classe I (par défaut)

Conduire ou stocker en vue


Dispositifs non invasifs

d’une utilisation éventuelle

Si utilisation avec le sang, les


Classe IIa liquides corporels, organes et tissus

Classe IIa (par défaut)


Modification de la composition
chimique ou biologique du sang, des
liquides corporels ou d’autres
liquides destinés à être perfusés
Seulement filtration, centrifugation,
Classe IIb échange de gaz ou chaleur

Classe I (par défaut)

En contact avec une peau lésée


(action de barrière mécanique, de Si action sur le micro-
compression d’absorption
Classe IIa environnementde la plaie
d’exsudat)

Si plaies avec destruction du derme


Classe IIb ou à utiliser comme cicatrisant de
seconde intention

Figure 4.5
DM non invasifs.

51
II. Les produits de santé

Usage temporaire Classe I


Dispositif invasif dans les orifices

Seulement pour la cavité bucco-


Classe I
nasale et le conduit auditif

Usage à court terme


mais non chirurgical

Classe IIa (par défaut)

Seulement pour la cavité bucco-


nasale et le conduit auditif, et non
Classe IIa
susceptible d’être absorbé par une
muqueuse
Usage à long terme

Classe IIb (par défaut)

Connecté à un dispositif médical actif


Classe IIa
de classe IIa ou supérieur

Figure 4.6
DM invasifs dans les orifices mais non chirurgicaux.

Seuls sont exonérés de cette obligation les dispositifs Autrement dit, deux possibilités :
médicaux sur mesure et ceux destinés à la recherche bio- l soit le dispositif est à faible risque et alors le fabricant
médicale ou aux investigations cliniques. peut lui-même établir le certificat de conformité ;
l soit le dispositif présente un degré certain de risque et alors il

faut avoir recours à un organisme habilité (ou organisme notifié).


Le marquage
Qui procède à la certification ? La certification
Encore une fois, c'est l'article L. 5211-3 du Code de la Il existe sept procédures de certifications différentes
santé publique qui fixe les règles du jeu : « La certification (figure 4.11).
de conformité est établie, selon la classe dont relève le
dispositif, soit par le fabricant lui-même, soit par un
La déclaration CE de conformité
organisme désigné à cet effet par l'Agence nationale de
sécurité du médicament et des produits de santé ou par Article R. 5211-39
l'autorité compétente d'un autre État membre de l'Union «Le fabricant établit une documentation technique
européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique permettant d'évaluer la conformité du dispositif médical aux
européen. » exigences essentielles.»

52
4. Les dispositifs médicaux

Classe I Si instrument chirurgical réutilisable

Si fournit de l’énergie ou des rayonnements


Classe IIa (par défaut)
ionisants

Usage temporaire Classe IIb Si effet biologique et/ou absorption

Si destiné à administrer des médicaments


selon d’un mode d’administration
potentiellement dangereux

Spécifiquement destiné au diagnostic, à la


surveillance ou à la correction d’une
Classe III
défaillance cardiaque ou du système
circulatoire central, par contact direct

Classe IIa (par défaut)


Dispositif invasif chirurgical

Si fournit de l’énergie ou des rayonnements


ionisants

Classe IIb

Si subit une transformation chimique dans le


corps ou sert à administrer des médicaments
(sauf dans les dents)
Usage à court terme

Si utilisation en contact direct avec le système


nerveux central

Spécifiquement destiné au diagnostic, à la


surveillance ou à la correction d’une
Classe III
défaillance cardiaque ou du système
circulatoire central, par contact direct

Si effet biologique et/ou absorption

Classe IIa Si placé dans les dents

Si utilisation en contact direct avec le système


Usage à long terme et dispositifs implantables Classe IIb (par défaut) nerveux central ou le système circulatoire
central

Classe III Si effet biologique et/ou absorption

Si subit une transformation chimique dans le


corps ou sert à administrer des médicaments
(sauf dans les dents)

Figure 4.7
DM invasifs chirurgicaux.

53
II. Les produits de santé

Classe IIa (par défaut)

Dispositifs actifs thérapeutiques destinés à échanger Si administration d’énergie ou échange d’énergie,


ou à fournir de l’énergie de façon dangereuse

Classe IIb

Si destiné à contrôler ou surveiller ou agir


directement sur les performances des dispositifs
actifs thérapeutiques de classe IIb

Classe IIa (par défaut)

Dispositifs actifs destinés au diagnostic, s’ils sont


destinés à fournir l’énergie, à visualiser la distribution, Spécifiquement destinés à surveiller les paramètres
in vivo, des produits radiopharmaceutiques, ou faire vitaux dont une variations serait susceptible
Dispositifs actifs

un diagnostic ou un monitorage des processus d’entraîner un danger immédiat


physiologiques vitaux

Classe IIb

Tous les dispositifs émettant des rayonnements


ionisants et destinés au diagnostic ou à une
intervention thérapeutique sous suivi radiologique

Classe IIa (par défaut)

Dispositifs actifs destinés à administrer ou enlever, du


corps, des médicaments ou d’autres substances

Classe IIb Sauf si cette opération est dangereuse

Tous les dispositifs actifs autres. Classe I

Figure 4.8
DM actifs.

Dispositifs incorporant comme partie


intégrante une substance médicamenteuse
qui est susceptible d’agir sur le corps par une
Classe III
action accessoire

Classe IIb (par défaut)

Dispositifs utilisés pour la contraception ou


pour la prévention d’infection sexuellement
transmissibles

Classe III Si implantable ou invasifs à long terme


Règles spéciales

Classe IIa (par défaut)

Dispositifs destinés spécifiquement à


désinfecter les dispositifs médicaux

Si destinés spécifiquement à désinfecter,


Classe IIb nettoyer, rincer ou hydrater les lentilles de
contact

Dispositifs destinés à enregistrer les images


Classe IIa
de radiodiagnostic

Dispositifs fabriqués à partir de tissus


animaux ou de dérivés non viables (ne
Classe III
concerne pas les dispositifs destinés à être
en contact avec une peau saine)

Poche pour le sang Classe IIb

Figure 4.9
Règles spéciales.
54
4. Les dispositifs médicaux

La déclaration relative aux dispositifs médicaux La déclaration CE de conformité, système complet


fabriqués sur mesure d'assurance de la qualité
Article R. 5211-51 Article R. 5211-40
«Le fabricant établit une documentation comportant le «Le fabricant soumet à la vérification d'un organisme habilité
nom et l'adresse du fabricant, le ou les lieux de fabrication, les le système de qualité qu'il a mis en place pour la conception,
informations permettant d'identifier le dispositif concerné, le la fabrication et le contrôle final des dispositifs médicaux.»
prescripteur de ce dispositif et, le cas échéant, l'établissement
de soins concerné ainsi que les caractéristiques indiquées dans La déclaration CE de conformité, assurance
la prescription médicale. Cette documentation comprend de la qualité de la production
également une déclaration indiquant que le dispositif est
destiné à l'usage exclusif d'un patient déterminé et comprenant Article R. 5211-45
les indications permettant d'identifier ce patient. En outre, le «Le fabricant soumet à la vérification d'un organisme habilité
fabricant certifie que le dispositif est conforme aux exigences le système de qualité qu'il a mis en place pour la fabrication
essentielles et indique, le cas échéant, les exigences essentielles de ses dispositifs médicaux.»
auxquelles il n'a pas été entièrement satisfait, avec mention des
La déclaration CE de conformité, assurance
motifs.»
de la qualité des produits
Article R. 5211-48
«Le fabricant soumet à la vérification d'un organisme habilité
le système de qualité qu'il a mis en place pour l'inspection
finale des dispositifs médicaux et notamment les essais
appropriés qui s'y rapporte.»

Figure 4.10
Le marquage CE, tel que prévu par la directive 93/42/CEE [100].

Organisme habilité Organisme habilité


Organisme habilité
Échantillon

Document du fabricant Totalité de la production


Système de qualité Document du fabricant

La déclaration CE de La déclaration relative


La déclaration CE de
conformité, système L'examen CE de type La vérification CE aux dispositifs médicaux
conformité
d'assurance de la qualité fabriqués sur mesure

• Le fabricant établit • Le fabricant soumet • Le fabricant soumet • Le fabricant soumet • Le fabricant établit
une documentation à la vérification d'un au contrôle d'un les dispositifs une documentation
technique organisme habilité le organisme habilité fabriqués au contrôle spécifique
permettant d'évaluer système de qualité un échantillon d'un organisme
la conformité du qu'il a mis en place représentatif, habilité
dispositif médical pour la conception dénommé type, de la
aux exigences et/ou la fabrication production envisagée
essentielles et/ou le contrôle afin que celui-ci
final des dispositifs vérifie que cet
médicaux échantillon satisfait
aux exigences
essentielles

Figure 4.11
Procédures de marquage CE.
(Illustration par M. Guerriaud.)

55
II. Les produits de santé

L'examen CE de type des volumes de vente prévus ou constatés et des conditions


prévisibles et réelles d'utilisation.»
Article R. 5211-41
Ce tarif peut être remboursé à 100 % par la Sécurité
«Le fabricant soumet au contrôle d'un organisme habilité un
sociale ou bien être soumis à un ticket modérateur (à la
échantillon représentatif, dénommé type, de la production
charge du patient ou de sa complémentaire).
envisagée afin que celui-ci vérifie que cet échantillon satisfait
aux exigences essentielles.»
Remarque
La vérification CE
Article R. 5211-42
Prix limite de vente
«Le fabricant soumet les dispositifs fabriqués au contrôle Il existe des dispositifs médicaux avec un prix
d'un organisme habilité.» limite de vente imposé :

soit le prix limite de vente est égal au tarif de
Évaluation clinique des dispositifs responsabilité1 ;

soit le prix limite de vente est supérieur au tarif
médicaux de remboursement, en conséquence la différence
Avec la directive 2007/47/CE, la notion d'évaluation clinique entre le tarif remboursable et le prix limite est à la
des dispositifs médicaux est grandement améliorée. Ces charge du patient.
évaluations doivent notamment permettre de vérifier le respect Dans tous les cas, le pharmacien ne peut dépasser ce
des exigences essentielles et en particulier les performances du prix limite de vente sous peine de pénalité financière
dispositif et les effets secondaires indésirables éventuels. (article L. 165-3-1 du Code de la sécurité sociale).
Ces investigations peuvent prendre plusieurs formes : À l'inverse, certains des dispositifs n'ont pas de
l analyse de la littérature : évaluation critique de la littérature
prix limite ; dès lors le prix est libre.
scientifique pertinente actuellement disponible concernant Pour les patients victimes d'un accident du tra-
la sécurité, les performances, les caractéristiques de concep- vail ou d'une maladie professionnelle, la prise en
tion et de la destination du dispositif démontrant l'équiva- charge des dispositifs médicaux — qui ne sont
lence du dispositif avec le dispositif auquel se rapportent les pas soumis à un prix limite de vente ou qui sont
données, et le respect des exigences essentielles concernées ; soumis à un prix limite de vente supérieur au tarif
l étude clinique : évaluation critique des résultats de
de responsabilité — est portée à 150 % du tarif de
toutes les investigations cliniques réalisées ; responsabilité, au lieu de 100 %, dans la limite des
l analyse de la littérature combinée à une étude clinique :
frais réels [102, 103].
évaluation critique de la combinaison des données cli- Pour les patients bénéficiant de la CMU-C, les
niques de la littérature et des investigations. pharmaciens sont tenus de proposer des disposi-
tifs médicaux listés dans l'arrêté du 14 août 2002 à
des tarifs n'excédant pas les tarifs maximums fixés
Remboursement des dispositifs par l'assurance maladie.
médicaux
Conditions nécessaires
Fixation du prix des dispositifs pour le remboursement
médicaux remboursables À retenir
Le prix des dispositifs médicaux remboursables est fixé,
comme pour les médicaments, par le CEPS (Comité Conditions de remboursement
économique des produits de santé) par convention avec le d'un dispositif médical
fabricant ou, à défaut, par décision. Le remboursement est subordonné à une pres-
L'article L. 165-2 du Code de la sécurité sociale précise : cription médicale ou une prescription d'un auxi-
«La fixation de ce tarif tient compte principalement du liaire médical (paramédical).
service rendu, de l'amélioration éventuelle de celui-ci, le cas
échéant, des résultats de l'évaluation médico-économique 1
Le tarif de responsabilité est la base de remboursement du dispo-
des tarifs et des prix des produits ou prestations comparables, sitif médical définie par l'assurance maladie.

56
4. Les dispositifs médicaux

Mais surtout, ce remboursement par l'assurance Remarque


maladie des dispositifs médicaux est subordonné
à leur inscription sur une liste que l'on dénomme Cas particulier
LPP : liste des produits et prestations rembour-
Dans le cas de dispositifs médicaux coûteux, une
sables par l'assurance maladie.
procédure similaire à celle des médicaments coûteux
s'applique, à savoir la nécessité d'une prescription sur
une ordonnance d'exception (Ordonnance de médi-
caments ou de produits et prestations d'exception).
La liste LPP prévue à l'article L. 165-1 du Code de la
sécurité sociale est fixée par arrêté du ministre chargé de L'essentiel à retenir
la Sécurité sociale et du ministre chargé de la Santé après
avis de la commission spécialisée de la Haute Autorité de ■
Il existe différentes formes et différents types de
santé dénommée «Commission nationale d'évaluation dispositifs médicaux.
des dispositifs médicaux et des technologies de santé» ■
Tous doivent avoir une ou des fins médicales dont
(CNEDiMTS). Cette inscription sur la LPP se fait pour une l'action principale n'est pas obtenue par des moyens
durée maximale de cinq ans renouvelable (article R. 165-3 pharmacologiques ou immunologiques ni par méta-
du Code de la sécurité sociale). bolisme — ce qui le différencie du médicament.
Cette commission évalue (article R. 165-2 du Code de la ■
La frontière avec le médicament est parfois
sécurité sociale) : complexe à définir, car le dispositif médical a le
l l'effet thérapeutique, diagnostique ou de compensation
droit d'intégrer un médicament, mais la fonction
du handicap au regard des effets indésirables ou des risques de celui-ci doit rester accessoire.
liés à son utilisation ; ■
Il existe quatre classes de dispositifs médicaux
l la place dans la stratégie thérapeutique, diagnostique
(classe I, classe IIa, classe IIb et classe III), définissant
ou de compensation du handicap compte tenu des autres schématiquement leur niveau de dangerosité et
thérapies ou moyens de diagnostic ou de compensation donc le niveau d'exigence des contrôles à effectuer.
disponibles ; ■
Le marquage CE garantit le contrôle du disposi-
l son intérêt de santé publique attendu : impact en termes
tif médical et sa conformité aux exigences essen-
de mortalité, de morbidité et de qualité de vie, sa capacité tielles, en particulier les performances du dispositif
à répondre à un besoin thérapeutique, diagnostique ou de et les effets secondaires indésirables éventuels.
compensation du handicap non couvert, eu égard à la gra- ■
Le remboursement du dispositif médical se fait
vité de la pathologie ou du handicap ; sur prescription et sur inscription sur la liste des
l son impact sur le système de soins et son impact sur les
produits et prestations remboursables (LPP) par
politiques et programmes de santé publique. l'assurance maladie.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 2
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt)
correspond(ent) à la définition d'un dispositif médical ? le dispositif médical ?
A La destination est faite par le fabricant. A Il a une AMM.
B L'action est obtenue par des moyens pharmacologiques. B Le remboursement se fait sur inscription de la liste LPP.
C Il est utilisé à des fins médicales. C Il existe cinq classes de dispositifs médicaux en fonction de
D Un logiciel peut être un dispositif médical. leur dangerosité.
E Un produit d'origine humaine peut être un dispositif médical. D Le marquage CE est facultatif.
E Le patient peut avoir un dépassement à payer sur certains
dispositifs médicaux.

57
II. Les produits de santé

QCM 3 C Dispositif médical implantable actif.


Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne la catégorie de D Dispositif médical invasif.
dispositif médical d'un stent ? E Dispositif médical sur mesure.
A Dispositif médical actif.
QCM 5
B Dispositif médical implantable.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne la catégorie de
C Dispositif médical implantable actif.
dispositif médical des lunettes de vue ?
D Dispositif médical invasif.
A Dispositif médical actif.
E Dispositif médical sur mesure.
B Dispositif médical implantable.
QCM 4 C Dispositif médical implantable actif.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne la catégorie de D Dispositif médical invasif.
dispositif médical d'un tensiomètre électronique ? E Dispositif médical sur mesure.
A Dispositif médical actif.
B Dispositif médical implantable.

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne :


pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://www.
em-consulte/e-complement/474756 et suivez les instructions.

58
Chapitre 5
Les compléments alimentaires

PLAN DU C HAPITRE
Définition 60
Composition 60
Étiquetage 61

Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
II. Les produits de santé

Prérequis et objectifs Plusieurs points sont à détailler :


 « compléter le régime alimentaire normal » : en


Prérequis : effet, il ne s'agit pas de compléter le régime alimentaire
– notions de droit pharmaceutique (PACES). d'un malade ; pour cela, il existe les «aliments diététiques

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant destinés à des fins médicales spéciales» (ADDFMS, cf.
sera capable de : chapitre 20) ;
 « constituent une source concentrée de nutriments
– définir le complément alimentaire ;
– énumérer les types d'ingrédients composant les ou d'autres substances» : les nutriments regroupent les
compléments alimentaires ; vitamines et les minéraux ; quant aux autres substances,
– décrire les critères de qualité et de sécurité des elles sont chimiquement définies et possèdent des proprié-
ingrédients ; tés nutritionnelles ou physiologiques.
– décrire l'étiquetage et les mentions obligatoires
y figurant.
Les compléments alimentaires ne sont pas des produits de Composition (figure 5.2)
santé du point de vue juridique ; pourtant, dans les faits,
ils se situent à la frontière entre la denrée alimentaire et le
médicament (figure 5.1). À ce titre, il est parfois difficile de
Les nutriments
faire la différence entre un complément alimentaire et un En ce qui concerne les nutriments, l'Union européenne a
médicament, voire un autre produit de santé. établi une liste positive (tableau 5.1) ; autrement dit, seuls
ceux inscrits sur cette liste sont autorisés.
Définition Pour que d'autres ingrédients soient inscrits sur la liste
positive, il y a deux possibilités :
Point clé  soit faire une demande par lettre recommandée à la

Direction générale de la concurrence, de la consommation


Définition du complément alimentaire et de la répression des fraudes (DGCCRF) en lui transmet-
Les compléments alimentaires sont définis dans le tant un modèle de son étiquetage ;
 soit l'ingrédient est utilisé dans un autre État membre de
décret 2006-352 du 20 mars 2006 (modifié par les
décrets n° 2011-385 et n° 2011-329) comme «les l'Union et on peut dès lors utiliser une sorte de procédure
denrées alimentaires dont le but est de compléter le de reconnaissance mutuelle.
régime alimentaire normal et qui constituent une source
concentrée de nutriments ou d'autres substances ayant
un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, Plantes et préparations
commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de plantes
de présentation telles que les gélules, les pastilles, les
comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi Les plantes et les préparations de plantes sont définies
que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les comme «les ingrédients composés de végétaux ou isolés à
flacons munis d'un compte-gouttes et les autres formes partir de ceux-ci et possédant des propriétés nutritionnelles
analogues de préparations liquides ou en poudre desti- ou physiologiques». Elles peuvent entrer dans la compo-
nées à être prises en unités mesurées de faible quantité». sition des compléments alimentaires. Cependant sont

Denrée alimentaire Complément alimentaire Médicament

Figure 5.1
De la denrée alimentaire au médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.)

60
5. Les compléments alimentaires

exclues celles possédant des propriétés pharmacologiques Qualité et sécurité des ingrédients
et destinées à un usage exclusivement thérapeutique.
Seules les plantes libéralisées (cf. «Plantes médicinales» Les ingrédients ne peuvent être employés dans la fabrica-
au chapitre 20) peuvent être incorporées. tion des compléments alimentaires que s'ils conduisent à
la fabrication de produits sûrs, non préjudiciables à la santé
des consommateurs, comme cela est établi par des don-
nées scientifiques généralement acceptées.
Les nutriments et
autres substances Pureté
Ces ingrédients doivent répondre à des critères d'identité
et de pureté (tableau 5.2). Ces critères sont fixés soit par
l'arrêté du 2 octobre 1997 susvisé soit par la pharmacopée
Les additifs, les
arômes et les
soit aux normes suivantes (arrêté du 9 mai 2006).
auxiliaires Les plantes et les
technologiques Ingrédients préparations de
dont l'emploi est plantes Teneur maximale admissible :
autorisé en
alimentation dose journalière
L'utilisation des substances vitaminiques et minérales ne
doit pas conduire à un dépassement des doses journalières
Les autres
ingrédients (tableau 5.3), compte tenu de la portion journalière de pro-
d'utilisation en
alimentation
duit recommandée par le fabricant telle qu'elle est indiquée
humaine dans l'étiquetage.

Figure 5.2
Les ingrédients des compléments alimentaires. Étiquetage
(Illustration par M. Guerriaud.)

Pas de confusion
Tableau 5.1. Les nutriments (vitamines et minéraux)
avec le médicament
pouvant être utilisés pour la fabrication de compléments Pour le consommateur, aucune confusion avec le médica-
alimentaires selon la directive 2002/46/CE modifiée ment ne doit être possible. Ainsi, l'étiquetage des complé-
par la directive 2006/37/CE
ments alimentaires, leur présentation et la publicité qui en
Vitamines Minéraux est faite ne doivent pas faire état de propriétés de préven-
Vitamine A (μg ER) Calcium (mg) tion, de traitement ou de guérison d'une maladie humaine.
Vitamine D (μg) Magnésium (mg)
Vitamine E (mg Εα-T) Fer (mg)
Vitamine K (μg) Cuivre (μg)
Vitamine B1 (mg) Iode (μg) Tableau 5.2. Teneurs maximales en impuretés selon l'arrêté
Vitamine B2 (mg) Zinc (mg) du 9 mai 2006
Niacine (mg NE) Manganèse (mg)
Impuretés Teneurs maximales
Acide pantothénique (mg) Sodium (mg)
Vitamine B6 (mg) Potassium (mg) Arsenic 2 milligrammes par
Acide folique (μg) Sélénium (μg) kilogramme
Vitamine B12 (μg) Chrome (μg) Plomb 5 milligrammes par
Biotine (μg) Molybdène (μg) kilogramme
Vitamine C (mg) Fluorure (mg)
Chlorure (mg) Mercure 1 milligramme par
Phosphore (mg) kilogramme
Bore (mg) Cadmium 1 milligramme par
Silicium (mg) kilogramme

61
II. Les produits de santé

Tableau 5.3. Doses journalières maximales selon l'arrêté  la quantité des nutriments ou des autres substances sous
du 9 mai 2006 forme numérique (avec un pourcentage par rapport à la
Vitamines et minéraux Doses journalières maximales valeur recommandée) ;
 la portion journalière de produit dont la consommation
Vitamine A 800 μg
est recommandée ;
Vitamine D 5 μg  un avertissement indiquant qu'il est déconseillé de

Vitamine E 30 mg (mg ET) dépasser la dose journalière indiquée ;


 une déclaration visant à éviter que les compléments ali-
Nicotinamide 54 mg
Acide nicotinique 8 mg (mg NE) mentaires ne soient utilisés comme substituts d'un régime
alimentaire varié ;
Vitamine B6 2 mg  un avertissement indiquant que les produits doivent

Folates 200 μg être tenus hors de la portée des jeunes enfants.


Vitamine C 180 mg Ces étiquetages ne portent aucune mention affirmant
Calcium 800 mg ou suggérant «qu'un régime alimentaire équilibré et varié
ne constitue pas une source suffisante de nutriments en
Magnésium 300 mg
général».
Fer 14 mg
Cuivre 2 000 μg
Iode 150 μg
Zinc 15 mg
L'essentiel à retenir
Manganèse 3,5 mg
Sodium QS en fonction de la quantité ■
Un complément alimentaire est une denrée ali-
apportée par les anions mentaire dont le but est de compléter le régime
Potassium 80 mg alimentaire.

Il peut être constitué de nutriments ou d'autres
Sélénium 50 μg
substances, les nutriments désignant les vitamines
Chrome 25 μg et minéraux et les autres substances désignant
Molybdène 150 μg notamment certaines plantes.
Fluor 0 mg ■
La liste des nutriments et des autres substances
Chlore QS en fonction de la quantité
est une liste positive : seuls les produits inscrits
apportée par les cations dessus peuvent entrer dans la composition du
complément alimentaire.
Phosphore 450 mg ■
Les compléments alimentaires doivent respec-
ter des critères de pureté.
Mentions obligatoires ■
Les compléments alimentaires doivent respec-
ter des teneurs maximales admissibles.
Un certain nombre de mentions doit apparaître sur l'éti- ■
L'étiquetage ne doit pas être de nature à entraî-
quetage des compléments alimentaires : ner de confusion avec le statut de médicament. Il
 le nom des catégories de nutriments ou autres subs-
doit comporter un certain nombre de mentions
tances ; obligatoires.

62
5. Les compléments alimentaires

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Le plomb.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond D Le cadmium.
(ent) à un nutriment ? E L'aluminium.
A La vitamine B1.
QCM 4
B La vitamine A.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
C Le ginseng.
correspond(ent) à une mention obligatoire sur un complé-
D Le chrome.
ment alimentaire ?
E La gelée royale.
A Les effets indésirables.
QCM 2 B La quantité de nutriments sous forme de pourcentage.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond C Un avertissement indiquant qu'il est déconseillé de dépas-
(ent) à une autre substance ? ser la dose journalière indiquée.
A Le gingembre. D Un avertissement indiquant que les produits doivent être
B La niacine. tenus hors de la portée des jeunes enfants.
C Le Ginkgo biloba. E La pathologie traitée.
D Le cuivre.
QCM 5
E Le fer.
Un complément alimentaire peut-il mentionner des proprié-
QCM 3 tés de prévention ou de guérison d'une maladie ?
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) A Oui.
correspond(ent) à une impureté surveillée ? B Non.
A L'arsenic.
B Le palladium.

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63
Chapitre 6
Les cosmétiques

P LAN D U CHA PI T RE
Définition 65
Composition 65
Mise sur le marché et exploitation 66
Étiquetage 66
Sécurité des cosmétiques 66

Droit pharmaceutique
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6. Les cosmétiques

Prérequis et objectifs Tableau 6.1. Liste des catégories des produits cosmétiques
fixée par l'arrêté du 30 juin 2000

Prérequis : – Crèmes, émulsions, lotions, gels et huiles pour la peau
– notions de droit pharmaceutique (PACES). (mains, visage, pieds, notamment)

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant – Masques de beauté, à l'exclusion des produits d'abrasion
sera capable de : superficielle de la peau par voie chimique
– définir les cosmétiques ; – Fonds de teint (liquides, pâtes, poudres)
– Poudres pour maquillage, poudres à appliquer après le bain,
– énumérer les types d'ingrédients composant les
poudres pour l'hygiène corporelle et autres poudres
cosmétiques ;
– Savons de toilette, savons déodorants et autres savons
– décrire le mode de mise sur le marché de ces – Parfums, eaux de toilette et eaux de Cologne
produits ; – Préparations pour le bain et la douche (sels, mousses, huiles,
– décrire l'étiquetage et les mentions obligatoires gel et autres préparations)
y figurant. – Dépilatoires
– Déodorants et antisudoraux
– Produits de soins capillaires
Définition – Teintures capillaires et décolorants
– Produits pour l'ondulation, le défrisage et la fixation
– Produits de mise en plis
Point clé – Produits de nettoyage (lotions, poudres, shampooings)
– Produits d'entretien pour la chevelure (lotions, crèmes,
huiles)
Définition des cosmétiques – Produits de coiffage (lotions, laques, brillantines)
Les produits cosmétiques (figure 6.1, tableau 6.1) – Produits pour le rasage (savons, mousses, lotions et autres
sont définis à l'article L. 5131-1 du Code de la santé produits)
publique comme «toute substance ou mélange – Produits de maquillage et démaquillage du visage et des
destiné à être mis en contact avec les diverses par- yeux
ties superficielles du corps humain, notamment – Produits destinés à être appliqués sur les lèvres
– Produits pour soins dentaires et buccaux
l'épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les
– Produits pour les soins et le maquillage des ongles
ongles, les lèvres et les organes génitaux externes, ou – Produits pour les soins intimes externes
avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, – Produits solaires
exclusivement ou principalement, de les nettoyer, – Produits de bronzage sans soleil
de les parfumer, d'en modifier l'aspect, de les proté- – Produits permettant de blanchir la peau
ger, de les maintenir en bon état ou de corriger les – Produits antirides
odeurs corporelles».
Composition
Plusieurs points sont à détailler :
l une « substance » est « un élément chimique et ses La composition des cosmétiques est réglementée par un
composés à l'état naturel ou obtenus par un processus de certain nombre de listes positives ou négatives (article
fabrication, y compris tout additif nécessaire pour en pré- R. 5131-3 du Code de la santé publique) :
server la stabilité et toute impureté résultant du processus l liste des substances qui ne peuvent entrer dans la com-

mis en œuvre, mais à l'exclusion de tout solvant qui peut être position des produits cosmétiques ;
séparé sans affecter la stabilité de la substance ou modifier sa l liste des substances qui ne peuvent être utilisées dans les

composition» ; produits cosmétiques en dehors des restrictions et condi-


l un « mélange » est un mélange ou une solution com- tions fixées par cette liste ;
posé de deux substances ou plus ; l liste des colorants que peuvent contenir les produits

l par « parties superficielles », il faut comprendre certes cosmétiques ;


celles citées dans le texte, mais ce dernier utilise le terme l liste des agents conservateurs que peuvent contenir les

«notamment», ce qui signifie que d'autres parties sont pos- produits cosmétiques ;
sibles ; le terme superficiel exclut classiquement le risque l liste des filtres ultraviolets que peuvent contenir les pro-

d'avoir un passage systémique. duits cosmétiques.


65
II. Les produits de santé

Parties superficielles
du corps humain notamment :

les
systèmes
l'épiderme
pileux et
capillaire

• Nettoyer
• Parfumer
• Modifier l'aspect
Substances • Protéger
les ongles les lèvres • Maintenir en bon état
• Corriger les odeurs
corporelles

les les dents et


organes les
génitaux muqueuses
externes buccales

Figure 6.1
Les cosmétiques en images.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Mise sur le marché l le contenu indiqué en masse ou en volume (sauf si


moins de cinq grammes ou moins de cinq millilitres) ;
et exploitation l la date de durabilité minimale (« À utiliser de préférence

avant fin») ;
L'ouverture et l'exploitation de tout établissement de fabri- l les précautions particulières d'emploi ;
cation ou de conditionnement de produits cosmétiques l le numéro de lot de fabrication ;
sont subordonnées à une déclaration auprès de l'ANSM l la fonction du produit, sauf si cela ressort de la présenta-
(article L. 5131-2 du Code de la santé publique). tion du produit ;
Le fabricant doit bénéficier d'une « personne res- l la liste des ingrédients dans l'ordre décroissant de leur
ponsable » qui garantit, pour chaque produit cosmé- importance pondérale (en dénomination commune).
tique mis sur le marché, la conformité aux obligations
réglementaires.
Cette personne responsable veille à ce que soient établis
un rapport sur la sécurité du produit cosmétique et un rap- Sécurité des cosmétiques
port d'information sur le même produit.
Un produit cosmétique est considéré comme sûr pour la
santé humaine lorsqu'il est utilisé dans des conditions d'uti-
lisation normales ou raisonnablement prévisibles, compte
Étiquetage tenu notamment des éléments suivants : sa présentation,
son étiquetage, les instructions concernant l'utilisation et
Le récipient et l'emballage de chaque unité de produits cos- l'élimination ; et toute autre indication ou information éma-
métiques comportent les indications suivantes, inscrites de nant de la personne responsable.
manière à être facilement lisibles, clairement compréhen- L'Agence nationale de sécurité du médicament et des
sibles et indélébiles : produits de santé publie les principes de bonnes pratiques
l le nom et l'adresse du fabricant ;
de laboratoire concernant les cosmétiques (L. 5131-4 du
l l'indication du pays d'origine (si hors UE) ;
Code de la santé publique).
66
6. Les cosmétiques

L'essentiel à retenir ■
L'ouverture et l'exploitation d'un établissement
fabriquant ou conditionnant des produits cos-

Un cosmétique est destiné à être mis en contact métiques nécessitent une déclaration préalable
avec les diverses parties superficielles du corps auprès de l'ANSM.
humain en vue, exclusivement ou principalement, ■
Le fabricant doit bénéficier d'une «personne
de les nettoyer, de les parfumer, d'en modifier responsable».
l'aspect, de les protéger, de les maintenir en bon ■
L'étiquetage des produits cosmétiques com-
état ou de corriger les odeurs corporelles. porte des mentions obligatoires.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Il faut une personne avec le diplôme d'État de docteur en
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond pharmacie.
(ent) à une partie superficielle du corps humain ? D Il faut une déclaration d'ouverture préalable.
A Les ongles. E Il faut une personne «responsable».
B Les lèvres.
QCM 4
C L'hypoderme.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) ne corres-
D Les gencives.
pond (ent) pas à des produits cosmétiques ?
E Les amygdales.
A Démaquillant.
QCM 2 B Déodorant.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond C Capsules solaires.
(ent) à des produits cosmétiques ? D Mousse à raser.
A Un shampooing. E Savons intimes.
B Une crème antirides.
QCM 5
C Une crème anti-acné.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne
D Un autobronzant.
(nt) l'étiquetage des produits cosmétiques ?
E Un antiseptique.
A Il doit mentionner le contenu en masse ou volume.
QCM 3 B Il doit mentionner les précautions d'emploi.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond C Il doit mentionner le nom de la personne responsable.
(ent) à la production des produits cosmétiques ? D Le numéro de lot est facultatif.
A Il faut une personne «qualifiée». E Il doit être indélébile.
B Il faut une AMM.

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67
Chapitre 7
La pharmacovigilance

PLAN DU C HAPITRE
Vue d'ensemble des vigilances sanitaires 72
Étude particulière de la pharmacovigilance 72

Droit pharmaceutique
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III. Les vigilances

Prérequis et objectifs des actions d'alerte et de prévention ; elle a été instaurée par
la loi de modernisation de notre système de santé de 2016.

Prérequis :
– notions de droit pharmaceutique (PACES).
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant
Étude particulière

sera capable de :
– citer les différents types de vigilances sanitaires
en France ;
de la pharmacovigilance
– donner la définition de la pharmacovigilance ;
– décrire les différents acteurs de la pharmacovi- Création de la pharmacovigilance
gilance, les rôles respectifs et les obligations de ces
derniers. C'est la succession des crises concernant le médicament
(Stalinon®, thalidomide, Distilbène®, sels de bismuth…)2
qui va inciter à la création de la pharmacovigilance.
Vue d'ensemble Dès janvier 1963, l'OMS encourageait ses États
membres à faire remonter des informations sur des
des vigilances sanitaires médicaments ayant provoqué des réactions fâcheuses.
En 1965, l'OMS lance un projet expérimental d'un centre
Afin d'assurer la sécurité du patient ont été créées de nom- mondial qui fut installé en 1968 à Washington DC puis
breuses vigilances sanitaires, celles-ci sont coordonnées par qui sera transféré en 1970 à Genève et enfin installé dans
l'ANSM : la ville d'Uppsala en Suède.
l la pharmacovigilance (médicaments) ; En France seront créés, fin 1972, les six premiers centres
l l'hémovigilance (produits sanguins labiles) ; hospitaliers de pharmacovigilance (CHP) à la demande de
l la matériovigilance (dispositifs médicaux) ; la DGS sur les recommandations de l'OMS.
l la réactovigilance (dispositifs médicaux de diagnostic En 1973, le Centre national de pharmacovigilance voit
in vitro) ; le jour sous l'impulsion conjointe de l'Ordre des pharma-
l la pharmacodépendance (stupéfiants et psychotropes) ; ciens, de l'Ordre des médecins, des centres antipoison et du
l la cosmétovigilance (produits cosmétiques ou d'hygiène Syndicat national de l'industrie pharmaceutique.
corporelle). Ces structures pilotes seront officialisées par l'arrêté du
Très récemment, la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de 2 décembre 1976 du ministère de la Santé, mais il faudra
modernisation de notre système de santé a attribué la bio- attendre la loi du 7 juin 1980, dite «loi Talon», pour voir appa-
vigilance (le lait maternel, les organes, les tissus, les cellules raître pour la première fois le terme de pharmacovigilance
et les préparations de thérapie cellulaire) non plus à l'ANSM dans une loi en tant que tel. Par le décret du 30 juillet 1982
mais à l'Agence de biomédecine. sera créée la Commission nationale de pharmacovigilance, et
Il existe deux autres vigilances, très récentes, qui sont les centres hospitaliers de pharmacovigilance disparaissent
pilotées par l'ANSES (Agence nationale de sécurité sani- au profit des centres régionaux de pharmacovigilance.
taire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, Le décret n° 95-278 du 13 mars 1995 a permis de préciser
ex-AFSSA) : le rôle de la pharmacovigilance et comment elle doit être
l la nutrivigilance, ou vigilance alimentaire, qui a été insti- organisée. Ce décret tient compte de l'ensemble des textes
tuée par le décret n° 2010-688 du 23 juin 2010 et est codi- européens : directive 93/39/CEE et règlement CEE 2309/93.
fiée sous l'article R. 1323-1 du Code de la santé publique ; C'est la directive 93/39/CEE qui, en Europe, consacrera pour
elle s'occupe tout particulièrement de la vigilance des com- la première fois la pharmacovigilance.
pléments alimentaires ;
l la toxicovigilance, qui a pour objet la surveillance et l'éva-

luation des effets toxiques pour l'homme, aigus ou chro-


niques, de l'exposition à un article, à un mélange ou à une 2
Cf. dans la même collection : Faure S, Guerriaud M, Clère N. Bases
substance, naturelle ou de synthèse, disponibles sur le mar- fondamentales en pharmacologie. Sciences du médicament. Issy-les-
ché ou présents dans l'environnement, aux fins de mener Moulineaux : Elsevier-Masson ; 2014.

72
7. La pharmacovigilance

Les derniers rebondissements de l'affaire dite du ben- l le recueil, l'enregistrement, l'évaluation et l'exploita-
fluorex (Médiator®) ont incité les autorités à renforcer le tion de ces informations dans un but de prévention ou
système de pharmacovigilance. de réduction des risques et au besoin pour prendre des
mesures appropriées ;
l la réalisation de toutes études et de tous travaux concer-

Structure et fonctionnement nant la sécurité d'emploi des médicaments.


de la pharmacovigilance
Champ d'application
Définition de la pharmacovigilance de la pharmacovigilance
L'OMS l'a définie en 1969 comme «la notification, l'enregistre- L'article R. 5121-150 précise les produits sur lesquels s'exerce
ment et l'évaluation systématique des réactions adverses des la pharmacovigilance, à savoir :
l les médicaments et produits après la délivrance d'une
médicaments délivrés avec ou sans ordonnances» et ajoute :
«Les renseignements sur ces réactions peuvent être obtenus, soit AMM ;
l les médicaments après la délivrance de l'autorisation
par des notifications volontaires de médecins praticiens et d'hô-
pitaux à des centres préalablement désignés (pharmacovigilance temporaire d'utilisation (ATU) ;
l les médicaments homéopathiques ;
spontanée), soit par l'application de techniques épidémiologiques
l les médicaments traditionnels à base de plantes ;
permettant de recueillir systématiquement des informations à
l les autres produits mentionnés à l'article L. 5121-1 après leur
certaines sources : hôpitaux, échantillons représentatifs du corps
médical, etc. (pharmacovigilance intensive) [104].» délivrance, à savoir : les préparations magistrales, les préparations
Cette même organisation ajoute en 1972 qu'il s'agit hospitalières, les préparations officinales, les produits officinaux
de «toute activité tendant à obtenir des indications systéma- divisés, les spécialités génériques, les médicaments immunolo-
tiques sur les liens de causalité probables entre médicaments giques (vaccins sérums, toxines, allergènes non spécifiques), les
et réactions adverses dans une population [105]». produits radio-pharmaceutiques, les préparations de thérapies
géniques, préparation de thérapie cellulaire xénogénique, les
Point clé médicaments biologiques et médicaments biologiques similaires ;
l les allergènes préparés spécialement pour un seul

La pharmacovigilance individu ;
l pour les médicaments dérivés du sang et pour les autres
«La pharmacovigilance a pour objet la surveil-
lance, l'évaluation, la prévention et la gestion du médicaments d'origine humaine, sous réserve des règles
risque d'effet indésirable résultant de l'utilisation particulières prévues pour ces médicaments par le 14° de
des médicaments et produits mentionnés à l'article l'article L. 5121-20 ;
l pour les médicaments mentionnés à l'article L. 5121-9-1
L. 5121-1.» Cette définition, apportée par la loi du
29 décembre 2011, s'insère dans un nouveau cha- après la délivrance de l'autorisation prévue à ce même article.
pitre dédié à la pharmacovigilance : chapitre Ibis
du titre II du livre 1er de la cinquième partie dans le
Code de la santé publique [106]. Les acteurs
À cette définition, il est utile d'ajouter la définition d'un
de la pharmacovigilance
système de pharmacovigilance : un système mis en place
La pharmacovigilance est un système qui repose sur de
afin de s'acquitter des obligations en matière de pharmaco-
nombreux acteurs interconnectés (figure 7.1) : les patients,
vigilance et visant à surveiller la sécurité des médicaments
les professionnels de santé, les industries du médicament, les
et à repérer toute modification du rapport entre leurs
centres régionaux de pharmacovigilance, l'ANSM et l'EMA.
bénéfices et leurs risques [107].
Les missions de la pharmacovigilance sont expliquées à
l'article R. 5121-151 du Code de la santé publique :
L'ANSM
l le signalement des effets indésirables suspectés d'être
L'ANSM assure la mise en place du système de pharmaco-
dus à un médicament, y compris en cas de surdosage, de vigilance en France (article L. 5121-23 du Code de la santé
mésusage, d'abus et d'erreur médicamenteuse ; publique) ; pour faire respecter ses décisions, l'Agence

73
III. Les vigilances

Les industries du médicament


EMA Chaque entreprise (ou organisme) qui exploite un médi-
cament doit avoir mis en place un système de pharma-
nce
v i gila covigilance. Ce système de pharmacovigilance peut être
dra
Eu sous-traité à une entreprise spécialisée (R. 5121-162 du

Eudravigilance
ANSM Code de la santé publique). En plus de ce système, le labo-
RF ratoire doit mettre en place un système de gestion des
risques (article R. 5121-163 du Code de la santé publique).
Lorsqu'une déclaration est faite à un industriel, l'article
R. 5121-166 du Code de la santé publique prévoit que
Centres régionaux celui-ci a l'obligation de déclarer, par voie électronique, à la
Industries du
de base de données européenne Eudravigilance. Cette décla-
médicament
pharmacovigilance ration immédiate se fait à l'aide du dictionnaire MedDRA®
qui permet une harmonisation internationale des termes
médicaux.
L'entreprise doit avoir une «personne qualifiée» (QPPV)
Professionnels de santé au sens entendu par l'Union européenne, en permanence dis-
ponible, et une «personne référence» soit médecin soit phar-
macien. Ces deux types de personnes doivent résider dans
Patients
l'Union européenne ou dans l'Espace économique européen.
Ces personnes collaborent entre elles pour gérer le sys-
tème de pharmacovigilance, préparer les déclarations, suivre
Figure 7.1
Organisation de la pharmacovigilance en France.
les études post-AMM, se tenir à la disposition de l'ANSM et
(Illustration par M. Guerriaud.) fournir toutes les informations nécessaires.
Le laboratoire a également l'obligation de tenir un dos-
dispose de pouvoir très important, notamment celui de la sier permanent de pharmacovigilance que l'on appelle
prise de mesures de police sanitaire. Pharmacovigilance system master file (PSMF).
L'ANSM doit donc (articles L. 5311-1, L. 5311-2 et
R. 5121-154 du Code de la santé publique) :
l assurer la mise en œuvre du système de pharmacovigilance ;
Pharmacovigilance system master file
l recueillir les informations en provenance d'Eudravigi- Le PMSF se présente sous la forme d'un document (pou-
lance (cf. infra), des centres régionaux de pharmacovigi- vant être électronique) en anglais. Il regroupera tous les
lance, des industries du médicament ; documents relatifs aux activités de vigilance, les audits et
l surveiller la gestion de risque avec l'EMA. les données clefs du médicament :

données sur la personne qualifiée ;

données sur l'organisation structurelle du titulaire
Les CRPV (centres régionaux d'AMM ;
de pharmacovigilance) ■
données concernant les sources de données de
sécurité ;
Les centres régionaux de pharmacovigilance ont pour mis- ■
données sur les systèmes informatiques employés ;
sions de recueillir les informations et notifications en prove- ■
données sur les types de processus employés ;
nance (R. 5121-158 du Code de la santé publique) : ■
donnée sur les performances du système ;
l des professionnels de santé ;

données sur la qualité du système.
l des patients et associations de patients ;

l des établissements de santé, publics et privés.

Ces informations sont ensuite traitées et envoyées à Il doit être actualisé, disponible en permanence en parti-
l'ANSM. culier pour les inspections ; un résumé de ce PSMF doit être
Les CRPV assurent également des missions d'expertises intégré dans chaque dossier d'AMM.
et de perfectionnement de la pharmacovigilance. Ce dossier est en quelque sorte une photographie du sys-
Il existe actuellement trente et un CRPV en France. tème de surveillance du médicament à disposition des autorités
74
7. La pharmacovigilance

de santé. Ce dossier est particulièrement important et utile si le Les professionnels de santé


système de pharmacovigilance est sous-traité. Sa mise en place
n'est pas sans contrainte, puisque le titulaire de l'AMM doit le Les professionnels de santé forment le pilier de la pharma-
maintenir à jour et le mettre à disposition en permanence [108]. covigilance : sans leurs notifications d'effets indésirables,
rien ne serait possible et, pour garantir l'approvisionnement
en notifications, le législateur a rendu celles-ci obligatoires :
L'Union européenne «Le médecin, le chirurgien-dentiste, la sage-femme ou le
L'Agence européenne du médicament (EMA, European pharmacien déclare immédiatement tout effet indési-
Medicines Agency) a un rôle de centralisation des notifica- rable suspecté d'être dû à un médicament ou à un produit
tions et de toutes les informations concernant les médi- mentionné à l'article R. 5121-150, dont il a connaissance, au
caments. Elle interagit régulièrement avec la Commission centre régional de pharmacovigilance.» (article R. 5121-161
européenne, car c'est cette dernière qui prend les décisions du Code de la santé publique).
de suspension d'AMM ou de retrait du produit. Cet article a été modifié en décembre 2011 puis
La structure de l'Agence est similaire à l'organisation natio- novembre 2012 pour insérer que la déclaration doit être
nale, puisqu'elle fonctionne sur un système décentralisé : les immédiate et qu'elle concerne tout effet indésirable et
États membres recueillent les notifications, les valident et les pas seulement les effets indésirables graves comme cela
notifient par le réseau électronique Eudravigilance au sys- était le cas par le passé.
tème central qui fait les évaluations et prend les décisions.
Les deux organes de l'EMA aux manœuvres sont Les patients
(figure 7.2) :
l le Committee for Medicinal Products for Human Use Avec la loi Hôpital-Patient-Santé-Territoire (HPST), les
(CHMP) ; patients et les associations agréées de patients se sont vus
l le Pharmacovigilance Risk Assessment Committee offrir la possibilité de déclarer un effet indésirable au centre
(PRAC). régional de pharmacovigilance.

L’EMA EMA

Recommandation
à la commission européenne

CHMP PRAC

• Préparation des avis de l’Agence sur toutes • Couvre tous les aspects de la gestion de
les questions concernant les médicaments risque de l’utilisation de médicaments
à usage humain • La détection, l’évaluation, minimisation et
• L’octroi, la modification, la suspension ou le la communication touchant aux effets
retrait d'une autorisation de mise sur le indésirables
marché d'un médicament à usage humain • Étudie la conception et l’évaluation de la
sécurité de post-autorisation et participe à
l’audit de pharmacovigilance

Recommandation du PRAC pour


préconiser la suspension,
le retrait ou le non-renouvellement de l’AMM
Figure 7.2
Relation entre le PRAC, le CHMP et la Commission européenne.
(Illustration par M. Guerriaud.)

75
III. Les vigilances

L'essentiel à retenir ■
Chaque entreprise (ou organisme) qui exploite
un médicament doit avoir mis en place un sys-

Il existe aujourd'hui un certain nombre de tème de pharmacovigilance.
vigilances sanitaires, dont la plus connue est la ■
La déclaration des industriels se fait directement
pharmacovigilance. dans une base de données de pharmacovigilance

C'est la succession de crises sanitaires, du milieu européenne appelée Eudravigilance.
du xxe siècle, concernant le médicament qui va ■
Une «personne qualifiée» (QPPV) et une «per-
inciter à la création de la pharmacovigilance. sonne référence» (médecin ou pharmacien) sont

La pharmacovigilance a pour objet la surveillance, obligatoirement embauchées au sein des indus-
l'évaluation, la prévention et la gestion du risque d'effet tries du médicament.
indésirable résultant de l'utilisation des médicaments. ■
Le médecin, le chirurgien-dentiste, la sage-femme

Les principaux acteurs de la pharmacovigilance ou le pharmacien déclare immédiatement tout effet
sont : l'EMA, l'ANSM, les CRPV, les industries du indésirable suspecté d'être dû à un médicament.
médicament, les professionnels de santé, les patients.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Eurofor.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à une vigi- D Eudrafor.
lance gérée par l'ANSES et non pas par l'ANSM ? E Poussefor.
A La pharmacovigilance.
QCM 4
B L'hémovigilance.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond
C La biovigilance.
(ent) à une possibilité de déclaration pour un patient ?
D La cosmétovigilance.
A Aux professionnels de santé.
E La nutrivigilance.
B Aux CRPV.
QCM 2 C Aux industries.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à un D À l'ANSM.
«médicament catastrophe» qui va pousser à la création de la E À l'EMA.
pharmacovigilance ?
QCM 5
A Le magnésium.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) corres-
B Le bismuth.
pond (ent) au (x) professionnel (s) ayant une obligation de
C L'antimoine.
déclaration ?
D Le molybdène.
A Les pharmaciens.
E Le vanadium.
B Les masseurs-kinesithérapeutes.
QCM 3 C Les infirmières.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond la base de D Les médecins.
données européenne de pharmacovigilance ? E Les sages-femmes.
A Eurovigilance.
B Eudravigilance.

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76
Chapitre 8
Les instances administratives
et ordinales

PLAN DU C HAPITRE
L'ANSM 80
Les Agences Régionales de Santé (ARS) 83
La Haute Autorité de Santé (HAS) 83
L'Ordre des pharmaciens 84

Droit pharmaceutique
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IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

Prérequis et objectifs Champs de compétences,



Prérequis :
missions et prérogatives
– notions de droit pharmaceutique (PACES). Champs de compétences

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant
sera capable de : L'ANSM est l'agence compétente pour les produits à fina-
– citer les missions de l'ANSM, définir le champ lité sanitaire destinés à l'homme et les produits à finalité
d'action de l'ANSM, décrire l'organisation de cosmétique. Ces produits sont listés à l'article L. 5311-1 du
l'ANSM, énoncer les pouvoirs de police sanitaire Code de la santé publique (tableau 8.1).
de l'ANSM ;
– citer les missions des ARS, décrire l'organisation Missions de l'ANSM
des ARS ; Ses missions sont fixées à l'article L. 5311-1 du Code de
– citer les missions de la HAS, décrire l'organisa- la santé publique (cinquième partie : Produits de santé,
tion de la HAS, décrire le rôle de la commission de livre III).
transparence ;
– citer les missions de l'Ordre des pharmaciens, Tableau 8.1. Produits à finalité sanitaire destinés à
décrire l'organisation de l'Ordre des pharmaciens, l'homme et les produits à finalité cosmétique (L. 5311-1
décomposer la procédure de discipline. du Code de la santé publique)
– Les médicaments, y compris les insecticides, acaricides et
antiparasitaires à usage humain, les préparations magistrales,
L'ANSM hospitalières et officinales, les substances stupéfiantes,
psychotropes ou autres substances vénéneuses utilisées en
Création médecine, les huiles essentielles et plantes médicinales, les
matières premières à usage pharmaceutique
Les agences sanitaires ont été créées après les épisodes de – Les produits contraceptifs et contragestifs
l'«hormone de croissance» et du «sang contaminé». Bien – Les biomatériaux et les dispositifs médicaux
loin de se limiter à de simples structures administratives, ces – Les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro
agences, d'après le sociologue Daniel Benamouzig, «consti- – Les produits sanguins labiles
tuent des dispositifs politiques originaux, cherchant à articu- – Les organes, tissus, cellules et produits d'origine humaine ou
animale, y compris lorsqu'ils sont prélevés à l'occasion d'une
ler une double exigence administrative et scientifique […].
intervention chirurgicale
Dans un contexte de renouvellement des exigences démo- – Les produits cellulaires à finalité thérapeutique
cratiques, la création d'agences s'inscrit dans un triple mou- – Le lait maternel collecté, qualifié, préparé et conservé par les
vement d'ouverture des espaces administratif, scientifique et lactariums
médical [109]». – Les produits destinés à l'entretien ou à l'application des
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des lentilles de contact
produits de santé (ANSM) est un établissement public de – Les procédés et appareils destinés à la désinfection des
l'État, placé sous la tutelle du ministre chargé de la Santé, locaux et des véhicules
créé par la loi du 29 décembre 2011. Elle succède à l'AFSSaPS – Les lentilles oculaires non correctrices
créée par la loi du 1er juillet 1998 [110], elle-même héritière – Les produits cosmétiques
– Les micro-organismes et toxines
des compétences de l'Agence du médicament (créée par la
– Les produits de tatouage
loi du 4 janvier 1993 [111]), mais reçut des missions élargies – Les logiciels qui ne sont pas des dispositifs médicaux et
à l'ensemble des produits de santé en vue de garantir leur qui sont utilisés par les laboratoires de biologie médicale,
efficacité, leur innocuité et leur bon usage. pour la gestion des examens de biologie médicale et lors
L'ANSM se veut : «portée par des valeurs fondatrices de la validation, de l'interprétation, de la communication
d'indépendance (déclarations publiques d'intérêts, service appropriée
de déontologie de l'expertise…), de transparence (traça- – Les dispositifs à finalité non strictement médicale utilisés
bilité des travaux qui précèdent une prise de décision, enre- dans les laboratoires de biologie médicale pour la réalisation
gistrement des séances, publications des comptes rendus des examens de biologie médicale
avec expression des opinions minoritaires) et de partage de – Les logiciels d'aide à la prescription et les logiciels d'aide à la
dispensation
l'information [112]».
80
8. Les instances administratives et ordinales

Missions générales Le conseil d'administration est composé, outre son pré-


sident, des membres suivants : des représentants de l'État,
L'Agence procède à l'évaluation des bénéfices et des risques
de trois députés, de trois sénateurs, des représentants
liés à l'utilisation des produits à finalité sanitaire destinés à
des régimes obligatoires de base d'assurance maladie,
l'homme et des produits à finalité cosmétique. Elle surveille
des représentants des professionnels de santé autorisés
le risque lié à ces produits et effectue des réévaluations des
à prescrire et à dispenser des produits, des représentants
bénéfices et des risques.
d'associations d'usagers du système de santé agréées, des
L'Agence participe à l'application des lois et règlements
personnalités qualifiées, des représentants du personnel
et prend, dans les cas prévus par des dispositions particu-
de l'Agence.
lières, des décisions relatives à l'évaluation, aux essais, à la
fabrication, à la préparation, à l'importation, à l'exportation,
à la distribution en gros, au courtage, au conditionnement, à Directeur général
la conservation, à l'exploitation, à la mise sur le marché, à la Le directeur général de l'Agence est nommé pour une
publicité, à la mise en service ou à l'utilisation des produits à durée de trois ans renouvelable une fois. Il prend, au nom
finalité sanitaire destinés à l'homme et des produits à finalité de l'État, les décisions qui relèvent du champ de compé-
cosmétique. Parmi ces mesures particulières, citons aussi la tences de l'Agence. Les décisions prises par le directeur
possibilité de suspendre ou retirer un produit de santé. général ne sont susceptibles d'aucun recours hiérarchique,
Elle assure la mise en œuvre des systèmes de vigilance et sauf menace grave pour la santé publique.
prépare la pharmacopée (française).

Missions spécifiques aux essais cliniques Le conseil scientifique


L'Agence peut demander que les essais cliniques portant Le conseil scientifique a pour mission :
l de veiller à la cohérence de la stratégie scientifique
sur des médicaments soient effectués sous forme d'essais
contre comparateurs actifs et contre placebo. Si la per- de l'Agence, prenant en compte les développements
sonne produisant ou exploitant un médicament s'oppose récents tant en matière de méthodologie que de
aux essais contre comparateurs actifs, elle doit le justifier. connaissance de l'efficacité et de la sécurité des pro-
L'Agence participe à l'application des lois et règlements duits de santé, dans le contexte national, européen et
relatifs aux recherches biomédicales et prend, dans les cas international ;
l de donner un avis sur les orientations de recherche ainsi
prévus par des dispositions particulières, des décisions rela-
tives aux recherches biomédicales. que sur la politique de partenariat et de programmation
scientifique de l'Agence ;
l d'assister le directeur général de l'Agence dans l'élabora-
Nouvelles missions
tion de la procédure d'appels à projets de recherche ;
L'ANSM, par rapport à l'AFSSaPS, dispose de prérogatives nou- l de formuler un avis au directeur général de l'Agence et
velles en matière d'encadrement des prescriptions (limitation au conseil d'administration sur l'étendue et la durée des
des prescriptions hors AMM via la mise en place de recomman- missions, la composition et les modalités de consultation
dations temporaires d'utilisation [RTU], réduction du nombre des commissions, comités et groupes de travail.
des autorisations temporaires d'utilisation [ATU] nominatives Il peut formuler des recommandations sur toute ques-
au profit d'ATU de cohorte), d'encadrement de la publicité tion scientifique et technique entrant dans le champ de
(contrôle a priori des publicités destinées aux professionnels de compétence de l'établissement. Celles-ci sont transmises
santé pour les médicaments à usage humain, nouvelles disposi- au directeur général.
tions pour les dispositifs médicaux), de police sanitaire (renfor- Le conseil scientifique est consulté sur les dispositions du
cement des sanctions financières à l'égard des industriels) [112]. règlement intérieur de l'Agence qui le concernent.

Organisation
Directions métiers et directions produits
Conseil d'administration En rupture avec l'AFSSaPS, l'ANSM a mis en place une
L'article L. 5322-1 du Code de la santé publique prévoit que structure à plusieurs dimensions avec des interactions
l'Agence est administrée par un conseil d'administration et entre les directions métiers et les directions produits
dirigée par un directeur général. (figure 8.1).
81
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

Directions Métiers

juridiques et réglementaires
Direction de la surveillance

Direction de l’évaluation
Direction de l’inspection
Direction des contrôles

Direction des affaires

Direction des médicaments en oncologie,


hématologie, immunologie, néphrologie
Direction des médicaments en cardiologie,
endocrinologie, gynécologie, urologie
Direction des médicaments en neurologie,
psychiatrie, antalgie, rhumatologie,
pneumologie, ORL, ophtalmologie,
stupéfiants

Direction des médicaments anti-infectieux,

Directions Produits
en hépato-gastroentérologie, en
dermatologie, et des maladies
métaboliques rares

Direction des médicaments génériques,


homéopathiques, à base de plantes et des
préparations

Direction des thérapies innovantes, des


produits issus du corps humain et des
vaccins

Direction des dispositifs médicaux de


diagnostics et des plateaux techniques
Direction des dispositifs médicaux
thérapeutiques et des cosmétiques
Figure 8.1
Interface entre directions métiers et directions produits.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Police sanitaire conditions prévues au présent code ou par toute autre dis-
position législative ou réglementaire visant à préserver la
L'ANSM dispose des moyens de faire appliquer ses déci- santé humaine.» Pour fonder ses décisions, l'Agence peut
sions : «Elle prend ou demande aux autorités compétentes procéder ou faire procéder à toute expertise et à tout
de prendre les mesures de police sanitaire nécessaires contrôle technique et recueillir les données scientifiques
lorsque la santé de la population est menacée, dans les et techniques nécessaires à l'exercice de ses missions. Elle
82
8. Les instances administratives et ordinales

dispose d'inspecteurs qui contrôlent l'application des lois et La Haute Autorité de Santé (HAS)
règlements, notamment l'application des règles de bonnes
pratiques.
Création
C'est avec la loi du 13 août 2004 [113] relative à la réforme
Les Agences Régionales de Santé de l'assurance maladie que la Haute Autorité de santé
(ARS) (HAS) sera créée ; elle reprend les missions et les moyens
de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en
santé (ANAES) et d'une partie de l'Agence française de
Création sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSaPS). La HAS
Les agences régionales de santé (ARS) sont des établisse- est une autorité publique indépendante à caractère scien-
ments publics de l'État à caractère administratif prévus par tifique dotée de la personnalité morale.
la loi n° 2009-879, dite HPST, et créés par le décret n° 2010-
336. Elles remplacent, pour tout ou partie, les DDASS,
DRASS, CRAM et ARH. Missions
Elles sont placées sous la tutelle des ministres chargés Ses missions prévues à l'article L. 161-37 du Code de la sécu-
de la Santé, de l'Assurance maladie, des Personnes âgées et rité sociale sont les suivantes :
des Personnes handicapées (article L. 1432-1 du Code de la l procéder à l'évaluation périodique du service attendu des
santé publique). produits, actes ou prestations de santé et du service qu'ils
rendent, et contribuer par ses avis à l'élaboration des déci-
Missions sions relatives à l'inscription, au remboursement et à la prise
en charge par l'assurance maladie des produits, actes ou
Ces agences locales sont chargées (articles L. 1431-1 et prestations de santé ainsi qu'aux conditions particulières de
L. 1431-2 du Code de la santé publique), en tenant compte prise en charge des soins dispensés aux personnes atteintes
des spécificités de chaque région, de mettre en œuvre au d'affections de longue durée. À cet effet, elle émet également
niveau régional la politique de santé publique nationale un avis sur les conditions de prescription, de réalisation ou
notamment en matière de veille sanitaire. Elles régulent, d'emploi des actes, produits ou prestations de santé ainsi
orientent et organisent l'offre de services de santé, de que sur leur efficience. Elle réalise ou valide notamment les
manière à répondre aux besoins en matière de soins et de études médico-économiques nécessaires à l'évaluation des
services médico-sociaux, et à garantir l'efficacité du système actes et des produits et technologies de santé ;
de santé. l élaborer ou mettre à jour des fiches sur le bon usage de

certains médicaments, permettant notamment de définir


Organisation leur place dans la stratégie thérapeutique, à l'exclusion des
médicaments anticancéreux pour lesquels l'Institut natio-
Les agences régionales de santé sont dotées d'un conseil de nal du cancer élabore ou met à jour les fiches de bon usage ;
surveillance et dirigées par un directeur général. l élaborer les guides de bon usage des soins ou les recom-

Le directeur exerce ses missions au nom de l'État ; pour mandations de bonne pratique, procéder à leur diffusion
cette raison, il est souvent comparé à un préfet de santé. et contribuer à l'information des professionnels de santé et
En effet, c'est le directeur qui arrête le projet régional de du public dans ces domaines, sans préjudice des mesures
santé et surtout délivre les autorisations de création de tout prises par l'Agence nationale de sécurité du médicament
établissement de santé et des pharmacies. et des produits de santé dans le cadre de ses missions de
En plus du conseil de surveillance et du directeur, il sécurité sanitaire. Elle élabore ou valide également, à desti-
existe une conférence régionale de la santé et de l'auto- nation des professionnels de santé, un guide des stratégies
nomie et deux commissions de coordination des poli- diagnostiques et thérapeutiques les plus efficientes ainsi
tiques publiques de santé : l'une est chargée des domaines que des listes de médicaments à utiliser préférentiellement,
de la prévention, de la santé scolaire, de la santé au tra- après avis de l'Institut national du cancer s'agissant des
vail et de la protection maternelle et infantile ; l'autre du médicaments anticancéreux ;
domaine des prises en charge et des accompagnements l établir et mettre en œuvre des procédures d'accrédita-

médico-sociaux. tion des professionnels et des équipes médicales ;


83
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

l établir et mettre en œuvre les procédures de certifica- L'ASMR


tion des établissements de santé ;
l participer au développement de l'évaluation de la qua-
L'amélioration du service médical rendu (ASMR) correspond
au progrès thérapeutique apporté par un médicament. La
lité de la prise en charge sanitaire de la population par
commission de la transparence de la Haute Autorité de
le système de santé et élaborer des référentiels de com-
santé évalue le niveau d'ASMR, cotée de I, majeure, à IV,
pétences, de formation et de bonnes pratiques dans le
mineure. Une amélioration de niveau V (équivalent à «pas
domaine de la médiation sanitaire et de l'interprétariat
d'ASMR») signifie «absence de progrès thérapeutique».
linguistique ;
l rendre un avis sur tout projet de loi ou de décret ins-
Le SMR
tituant des modes particuliers de soins préventifs ou
curatifs ; Le service médical rendu (SMR) prend en compte l'efficacité et
l rendre un avis sur les références aux normes harmoni- les effets indésirables du médicament, sa place dans la straté-
sées prévues pour l'accréditation des laboratoires de biolo- gie thérapeutique, notamment au regard des autres thérapies
gie médicale ; disponibles, la gravité de l'affection à laquelle il est destiné, le
l coordonner l'élaboration et assurer la diffusion d'une caractère préventif, curatif ou symptomatique du traitement
information adaptée sur la qualité des prises en charge dans médicamenteux et son intérêt pour la santé publique.
les établissements de santé à destination des usagers et de En fonction de l'appréciation de ces critères, plusieurs
leurs représentants ; niveaux de SMR ont été définis :
l rendre un avis sur les protocoles de coopération trans- l SMR majeur ou important ;

l SMR modéré ou faible, mais justifiant cependant le


mis par les ARS ;
l organiser des consultations précoces avec ses services remboursement ;
l SMR insuffisant pour justifier une prise en charge.
à la demande des entreprises développant des spécialités
pharmaceutiques, des produits ou prestations innovants
du fait de leur nouveau mécanisme d'action et d'un besoin
médical insuffisamment couvert, avant la mise en œuvre L'Ordre des pharmaciens
des essais cliniques nécessaires à l'évaluation.
L'Ordre des pharmaciens a été en 1945 et regroupe les
pharmaciens exerçant leur art en France. C'est une struc-
Organisation ture de droit privé qui a reçu une délégation de pouvoir
pour assurer un service public.
Organisation générale
La Haute Autorité de santé comprend un collège et des
commissions spécialisées présidées par un membre du
Missions de l'Ordre
collège. Missions générales
Le collège est composé de huit membres choisis en
raison de leur qualification et de leur expérience dans Ces missions sont définies dans le Code de la santé publique
les domaines de compétence de la Haute Autorité de à l'article L. 4231-1 :
l d'assurer le respect des devoirs professionnels ;
santé : deux membres désignés par le président de la
l d'assurer la défense de l'honneur et de l'indépendance
République, deux membres désignés par le président de
l'Assemblée nationale, deux membres désignés par le de la profession ;
l de veiller à la compétence des pharmaciens ;
président du Sénat, deux membres désignés par le pré-
l de contribuer à promouvoir la santé publique et la qualité
sident du Conseil économique et social. Les membres
du collège sont nommés par décret du président de la des soins, notamment la sécurité des actes professionnels.
République.
Mission particulière de surveillance
du développement professionnel continu
Commission de la transparence L'Ordre a un rôle particulier dans la surveillance du suivi du
Cette commission est chargée de générer deux indicateurs DPC (cf. article R. 4235-11 du Code de la santé publique :
par médicament souhaitant être remboursable. «Formation continue» au chapitre 10) prévu à l'article
84
8. Les instances administratives et ordinales

L. 4021-5 : «Le contrôle du respect par les professionnels Tableau 8.2. Les sept sections de l'Ordre
de santé de leur obligation de développement professionnel Sections Pharmaciens
continu est réalisé par les instances ordinales, les employeurs
Section A Pharmaciens titulaires d'une officine
et les autorités compétentes.»
Pour mémoire, l'article R. 4236-1 du Code de la santé Section B Pharmaciens responsables industriels
publique prévoit : «Le développement professionnel Section C Pharmaciens responsables grossistes-répartiteurs
continu […] constitue une obligation individuelle qui s'inscrit Section D Pharmaciens adjoints exerçant en officine
dans une démarche permanente.»
Section E Pharmaciens des DOM et de
Saint-Pierre-et-Miquelon

Organisation Section G Pharmaciens biologistes


Section H Pharmaciens hospitaliers
Un Conseil national
Le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens
(CNOP) est le défenseur de la légalité et de la moralité Discipline
professionnelle.
Il se réunit au moins quatre fois par an et effectue les
Une plainte
missions suivantes (article L. 4231-2 du Code de la santé Une plainte peut être déposée par (article R. 4234-1 du
publique) : Code de la santé publique) :
l il coordonne l'action des conseils centraux des sections l le ministre chargé de la Santé ;

de l'ordre et joue un rôle d'arbitrage entre les différentes l le ministre chargé de la Sécurité sociale ;

branches de la profession ; l le directeur général de l'ANSM ou de l'ANSES ;

l il délibère sur les affaires soumises à son examen par le l le directeur général de l'ARS ;

ministre chargé de la Santé et par les conseils centraux ; l le procureur de la République ;

l il accueille toutes les communications et suggestions des l le président du Conseil national, d'un conseil central ou

conseils centraux et leur donne les suites qui concilient au d'un conseil régional de l'Ordre des pharmaciens ;
mieux les intérêts normaux de la profession et les intérêts l un pharmacien inscrit à l'un des tableaux de l'Ordre ;

supérieurs de la santé publique ; l un particulier.

l il est qualifié pour représenter, dans son domaine d'acti- La plainte est adressée au président du Conseil central
vité, la pharmacie auprès des autorités publiques et auprès ou régional auprès duquel le pharmacien mis en cause est
des organismes d'assistance ; inscrit. L'auteur de la plainte doit clairement décrire les faits
l il peut s'occuper sur le plan national de toutes les ques- dénoncés et le moment où ils ont été commis.
tions d'entraide et de solidarité professionnelle et notam- À noter que si l'auteur de la plainte est un pharmacien
ment des sinistres et des retraites ; ou un particulier, une procédure de conciliation doit être
l il peut, devant toutes les juridictions, exercer tous les mise en place avant de saisir la chambre de discipline.
droits réservés à la partie civile relativement aux faits por-
tant un préjudice direct ou indirect à l'intérêt collectif de la Une faute
profession pharmaceutique ;
l il organise la mise en œuvre du dossier pharmaceutique
En cas de faute disciplinaire, un pharmacien est jugé par
la section compétente dont relève la faute commise. Le
mentionné à l'article L. 161-36-4-2 du code de la Sécurité
Conseil de l'Ordre des pharmaciens rappelle que la notion
sociale.
de faute disciplinaire «est plus large que celle de faute déon-
tologique. La faute disciplinaire recouvre aussi les manque-
Des sections ments aux principales règles d'exercice professionnel (comme
L'Ordre national des pharmaciens comporte sept sections le non-respect de la réglementation des substances véné-
dans lesquelles les pharmaciens sont répartis de la manière neuses par exemple) [114]» (cf. «La responsabilité discipli-
suivante : tableau 8.2. naire» au chapitre 24).
Chacune de ces sections est administrée par un conseil La faute doit avoir été commise pendant que le phar-
central, dont le siège est à Paris. Seule la section A bénéficie macien est inscrit à l'ordre ou pour des faits non connus ou
de conseils régionaux. dissimulés au moment de son inscription.
85
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

Une sanction Les sanctions prononcées sont susceptibles d'appel


devant le CNOP et, dans ce cas, l'appel est suspensif — la
Les sanctions possibles sont (article L. 4234-6 du Code de
sanction n'est pas appliquée, mais suspendue le temps que
la santé publique) :
l l'avertissement ;
le CNOP se prononce.
l le blâme avec inscription au dossier ;
Le CNOP dans sa chambre de discipline constitue la juri-
l l'interdiction temporaire ou définitive de servir une ou
diction d'appel.
Les décisions juridictionnelles du CNOP peuvent être
la totalité des fournitures faites, à quelque titre que ce soit,
portées devant le Conseil d'État par la voie du recours en
aux établissements publics ou reconnus d'utilité publique,
cassation. Cependant, contrairement à l'appel, les décisions
aux communes, aux départements ou à l'État ;
l l'interdiction, pour une durée maximum de cinq ans
prononcées par ce Conseil ont force exécutoire, le pourvoi
en cassation n'étant pas suspensif.
avec ou sans sursis, d'exercer la pharmacie ;
l l'interdiction définitive d'exercer la pharmacie.

L'essentiel à retenir
Organisation de la juridiction ■
L'ANSM est un établissement public de l'État
La juridiction ordinale (figure 8.2) est une juridiction spécia- compétent pour les produits à finalité sanitaire
lisée rattachée à l'ordre juridictionnel administratif. destinés à l'homme et les produits à finalité cos-
Il existe deux types de contentieux pouvant être instruits métique. Elle assure notamment un rôle d'évalua-
par l'Ordre : ceux relevant de la chambre de discipline et tion des bénéfices et des risques de ces produits et
ceux relevant de la section des assurances sociales. dispose d'un pouvoir de police sanitaire pour faire
Il existe une juridiction de premier degré constitué pour appliquer ses décisions.
la section A des chambres de discipline des conseils régio- ■
Les ARS sont des établissements publics de l'État à
naux, et pour les sections B, C, D, E, G, H des chambres de caractère administratif chargés de mettre en œuvre
discipline des conseils centraux (articles L. 4234-7 à 10 du au niveau régional la politique de santé publique
Code de la santé publique). nationale notamment en matière de veille sanitaire.

Juridiction de cassation Conseil d’État

Juridiction d’appel Chambre de discipline


du Conseil national

Centralisé
Chambre de
discipline des
conseils centraux
B, C, D, E, G, H

Juridiction de premier degré


Chambre de
discipline des
conseils
régionaux de la Décentralisé
section A

Figure 8.2
Les juridictions.
(Illustration par M. Guerriaud.)

86
8. Les instances administratives et ordinales


La HAS est une autorité publique indépendante ■
L'Ordre des pharmaciens est une structure de
à caractère scientifique dotée d'une personnalité droit privé qui a reçu une délégation de pouvoir
morale. Elle procède par le biais de sa commission de pour assurer un service public. L'Ordre veille
transparence à l'évaluation du service médical rendu notamment au respect des devoirs professionnels
(SMR) et de l'amélioration du service médical rendu et assure la défense de l'honneur et de l'indépen-
(ASMR). Elle rédige en outre des guides de bon usage. dance de la profession.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C L'AFSA.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond(ent) D L'AFSET.
à (aux) produit(s) géré(s) par l'ANSM ? E L'Agence du médicament.
A Les cosmétiques.
QCM 4
B Les compléments alimentaires.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la date de
C Les médicaments.
création de l'Ordre des pharmaciens ?
D Les dispositifs médicaux.
A 21 germinal de l'an XI.
E Les produits phytosanitaires.
B 1941.
QCM 2 C 1945.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt) D 1965.
les ARS ? E 2009.
A Elles sont des structures de droit privé.
QCM 5
B Elles mettent en œuvre une politique au plan national.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à l'ultime
C Elles ont un directeur avec des pouvoirs équivalents à un
recours dans la juridiction ordinale ?
préfet.
A La Cour de justice de la République.
D Elles sont issues de la loi HPST.
B Le conseil des prud'hommes.
E Elles sont sous la tutelle du ministère de l'Intérieur.
C La Cour de cassation.
QCM 3 D La cour d'assises.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à l'ancêtre E Le Conseil d'État.
de la HAS ?
A L'AFSSaPS.
B L'ANAES.

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne :


pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://
www.em-consulte/e-complement/474756 et suivez les
instructions.

87
Chapitre 9
Le Code de déontologie

P LAN D U CHA PI T RE
Qu'est-ce que la déontologie 89
Un Code de déontologie 89
Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
9. Le Code de déontologie

Prérequis et objectifs ciens. Il sera remanié à maintes reprises et figure désormais


au sein de la partie réglementaire du Code de la santé

Prérequis : publique, à la quatrième partie : Professions de santé,
– notions de droit pharmaceutique (PACES). Livre II : Professions de la pharmacie, Titre III : Organisation

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant de la profession de pharmacien, Chapitre V : Déontologie.
sera capable de : Ce Code de déontologie (figure 9.1) engage les pharma-
– définir la déontologie ; ciens qui sont inscrits au tableau de l'Ordre.
– distinguer la déontologie de l'éthique ; Article R. 4235-1 du Code de la santé publique :
– citer les devoirs communs à tous les pharmaciens ; introduction
– citer les devoirs propres à certains modes Article 1
d'exercice ; «Les dispositions du présent chapitre constituent le code de
– illustrer par des exemples ces devoirs. déontologie des pharmaciens prévu à l'article L. 4235-1.
Les dispositions du code de déontologie s'imposent à tous
Qu'est-ce que la déontologie les pharmaciens et sociétés d'exercice libéral inscrits à l'un des
tableaux de l'ordre.
D'un point de vue étymologique, déontologie vient du grec Elles s'imposent également aux étudiants en pharmacie
deontos «devoir» ou «ce qu'il convient de faire» et logos autorisés à faire des remplacements dans les conditions fixées
«le discours, la doctrine» [50, 93]. par [la loi].
La déontologie est considérée comme la théorie des Les infractions à ces dispositions relèvent de la juridiction
devoirs, plus précisément comme l'ensemble des règles disciplinaire de l'ordre, sans préjudice des poursuites pénales
morales qui régissent l'exercice d'une profession ou les rap- qu'elles seraient susceptibles d'entraîner.
ports sociaux de ses membres [50, 93]. Quelles que soient les personnes morales au sein des-
quelles ils exercent, les pharmaciens ne sauraient considérer
cette circonstance comme les dispensant à titre personnel de
Attention leurs obligations.
Les pharmaciens qui exercent une mission de service public,
Différence entre déontologie et éthique notamment dans un établissement public de santé ou dans
À la différence de la déontologie, qui est un un laboratoire d'analyses de biologie médicale public, et qui
ensemble de normes établies par une commu- sont inscrits à ce titre à l'un des tableaux de l'ordre, ne peuvent
nauté, l'éthique est une exigence morale d'abord être traduits en chambre de discipline que sur la demande ou
issue d'une source intérieure à l'individu «qui avec l'accord de l'autorité administrative dont ils relèvent.»
ressent en son esprit l'injonction d'un devoir». Bien
évidemment, cette exigence est influencée par la
société dans laquelle l'individu évolue [115, 116]. Dispositions communes
à tous les pharmaciens
Un Code de déontologie
Devoirs généraux
Dans le cadre de la profession de pharmacien, le Code de
Article R. 4235-2 du Code de la santé publique :
déontologie est une sorte de code de conduite qui régit
respect de la vie, éducation sanitaire et lutte
les relations entre les pharmaciens et les patients et entre
contre le dopage
les pharmaciens eux-mêmes. Ce code à un double rôle,
comme l'explique Éric Fouassier : «Il détermine le comporte- Article 2
ment général d'un professionnel averti qui veille à conformer «Le pharmacien exerce sa mission dans le respect de la vie et
chacun de ses actes à l'intérêt général et à la dignité de sa pro- de la personne humaine.
fession [117].» En outre, la déontologie revêt un caractère Il doit contribuer à l'information et à l'éducation du public
obligatoire qui peut faire l'objet de sanctions disciplinaires. en matière sanitaire et sociale. Il contribue notamment à la
Le premier code français fut rédigé en 1953, soit très lutte contre la toxicomanie, les maladies sexuellement trans-
peu de temps après la création de l'Ordre des pharma- missibles et le dopage.»

89
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

Sous-section 1 : Devoirs généraux

Sous-section 2 : Interdictions de
certains procédés de recherche de la
Section 1 : Dispositions générales
clientèle et prohibition de certaines
conventions ou ententes

Sous-section 3 : Relations avec les


Section 2 : Dispositions communes à
autres professions de santé et les
tous les pharmaciens
vétérinaires

Sous-section 4 : Devoirs de
confraternité

Paragraphe 1 : Participation à la
Code de déontologie des pharmaciens
protection de la santé

Sous-section 5 : Relations entre


maîtres de stage et stagiaires

Paragraphe 2 : De la tenue des


officines

Sous-section 1 : Pharmaciens
exerçant dans les officines et les
pharmacies à usage intérieur

Paragraphe 3 : Information et publicité

Sous-section 2 : Devoirs des pharmaciens


Section 3 : Dispositions propres à exerçant dans les entreprises et les
différents modes d'exercice établissements pharmaceutiques de
fabrication et de distribution en gros
Paragraphe 4 : Règles à observer
dans les relations avec le public

Sous-section 3 : Devoirs des


pharmaciens biologistes

Figure 9.1
Organisation du Code de déontologie des pharmaciens.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Le premier alinéa du texte fait écho à l'article 16 du Code Le deuxième alinéa conforte la place du pharmacien
civil : «La loi assure la primauté de la personne, interdit toute dans l'éducation en matière de santé, et surtout en fait un
atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l'être fer de lance de la lutte contre le dopage.
humain dès le commencement de sa vie.»
À l'heure actuelle, cet alinéa n'a pas été interprété dans le
sens d'une clause de conscience ; en effet la notion de «res-
pect de la vie» n'est pas de nature à empêcher la délivrance Jurisprudence
de produit contraceptif par exemple.
Sanction disciplinaire, décision n° 588-D du Conseil
Jurisprudence national de l'Ordre des pharmaciens en date
du 20 novembre 2007
Chambre criminelle de la Cour de cassation Condamnation d'une pharmacienne à un an
en date du 21 octobre 1998 d'interdiction à exercer avec six mois de sur-
«Les convictions personnelles ne constituent pas pour sis : « Mme C. avait accepté de délivrer un ana-
le pharmacien, titulaire du monopole de vente de bolisant à des posologies 8 fois supérieures à la
médicaments, un motif légitime du refus de vendre, posologie moyenne préconisée par le RCP, et avait
à un consommateur, des contraceptifs hormonaux 404 inscriptions de délivrance de ces produits à
faisant l'objet d'une prescription médicale [118].» l'ordonnancier. »
90
9. Le Code de déontologie

Article R. 4235-3 du Code de la santé publique : Mission impossible” ou annonçant “Les jolis petits
indépendance, dignité et probité prix de mars”, “Prix très bas sur toute la ligne” ; […]
Ainsi, cet affichage par son caractère excessif n'était
Article 3
pas conforme à la dignité de la profession.»
«Le pharmacien doit veiller à préserver la liberté de son juge-
ment professionnel dans l'exercice de ses fonctions. Il ne peut Sanction disciplinaire, décision n° 374-D du Conseil
aliéner son indépendance sous quelque forme que ce soit. national de l'Ordre des pharmaciens en date du
Il doit avoir en toutes circonstances un comportement 10 mars 2008
conforme à ce qu'exigent la probité et la dignité de la profession. Condamnation d'un pharmacien responsable indus-
Il doit s'abstenir de tout fait ou manifestation de nature à décon- triel à 2 ans d'interdiction d'exercer la pharmacie :
sidérer la profession, même en dehors de l'exercice de celle-ci. «des opérations de surétiquetage visant à masquer
Le pharmacien doit se refuser à établir toute facture ou les mentions relatives au numéro de lot et à la date
attestation de complaisance.» de sur 20 120 boîtes de la spécialité à visée anticancé-
Le premier alinéa traite de l'indépendance du pharma- reuse arrivées à péremption» ; ainsi, il a «lourdement
cien : ce dernier ne doit subir aucune pression, quelle qu'elle manqué aux règles professionnelles qui imposent aux
soit et notamment économique, pour prendre une décision. pharmaciens un comportement conforme à ceux
qu'exigent la probité et la dignité de la profession, l'obli-
Jurisprudence gation d'accomplir tout acte professionnel avec soin et
attention selon les règles des bonnes pratiques et le res-
Sanction disciplinaire, décision n° 482-D du Conseil pect de l'éthique professionnelle ainsi de toutes les pres-
national de l'Ordre des pharmaciens en date du criptions édictées dans l'intérêt de la santé publique».
15 décembre 2008 Sanction disciplinaire, décision n° 112-D du Conseil
Condamnation d'une pharmacienne à une national de l'Ordre des pharmaciens en date du
semaine d'interdiction d'exercer : «Le pharmacien 15 décembre 2009
qui se borne à appliquer la politique promotionnelle Sanction d'un avertissement à un pharmacien
décidée par le groupement auquel il appartient «M. X, pharmacien, a endommagé, le 5 octobre
aliène son indépendance professionnelle» (entre 2005, la vitrine, les vitres et le volet roulant de la
autres, les affiches promotionnelles figurant dans pharmacie exploitée par Mme Y en y projetant
la vitrine portaient la mention «Pour vous, Univers le contenu d'un flacon d'éosine» ; cet acte est
Pharmacie s'engage sur des prix justes»). contraire aux dispositions de l'article R 4235-3.

Le deuxième alinéa fait référence à la dignité et à la pro- Enfin, le dernier alinéa nous rappelle que le pharmacien
bité de la profession, autrement dit un pharmacien ne doit ne doit pas établir des factures ou attestations de complai-
pas avoir un comportement qui est de nature à jeter un sance. Ces factures ne doivent pas être établies même s'il
discrédit sur l'ensemble de la profession. Cette notion est n'y a pas d'enrichissement personnel du pharmacien. En
volontairement très large pour pouvoir sanctionner une plus des sanctions disciplinaires, le pharmacien s'expose à
grande variété de comportements : publicité, prix indé- des sanctions pénales pour faux et usage de faux prévues à
cents, fraudes… l'article 441-1 du Code pénal.

Jurisprudence Jurisprudence

Sanction disciplinaire, décision n° 220-D du Conseil Sanction disciplinaire, décision n° 968-D du Conseil
national de l'Ordre des pharmaciens en date du national de l'Ordre des pharmaciens en date du
10 mars 2009 19 mars 2010
Condamnation d'une pharmacienne à un mois Condamnation d'un pharmacien à quinze jours
d'interdiction d'exercer la pharmacie dont trois d'interdiction de servir des prestations aux assu-
semaines avec sursis : «Cette dernière a apposé sur rés sociaux dont huit avec sursis : «facturations
sa vitrine à plusieurs reprises des affiches recouvrant frauduleuses, en l'absence de tout enrichissement
presque entièrement la surface de celle-ci et com- personnel, mais en vue d'une aide apportée à une
portant des slogans tels que : “Trouver moins cher ? famille dans la nécessité».
91
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

Article R. 4235-4 du Code de la santé publique : Article R. 4235-7 du Code de la santé publique :
exercice exclusif secours
Article 4 Article 7
«Un pharmacien ne peut exercer une autre activité que si ce «Tout pharmacien doit, quelle que soit sa fonction et dans la
cumul n'est pas exclu par la réglementation en vigueur et s'il limite de ses connaissances et de ses moyens, porter secours
est compatible avec la dignité professionnelle et avec l'obliga- à toute personne en danger immédiat, hors le cas de force
tion d'exercice personnel.» majeure.»
Cet article énonce les principes de l'exercice exclusif de la Ce devoir de secours fait parfaitement écho à l'article
profession de pharmacien. Cette notion est détaillée dans la 223-6 du Code pénal : «Quiconque […] s'abstient volontaire­
section «Exercice exclusif» au chapitre 18. ment de porter à une personne en péril l'assistance que, sans
risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par
son action personnelle, soit en provoquant un secours»
Article R. 4235-5 du Code de la santé publique :
est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 €
secret professionnel
d'amende.
Article 5 En aucun cas, il ne saurait être reproché au pharmacien,
«Le secret professionnel s'impose à tous les pharmaciens qui apporte son secours à une personne en péril, un exer-
dans les conditions établies par la loi. cice illégal de la médecine.
Tout pharmacien doit en outre veiller à ce que ses colla-
borateurs soient informés de leurs obligations en matière de Article R. 4235-8 du Code de la santé publique :
secret professionnel et à ce qu'ils s'y conforment.» actions de santé publique
Cet article énonce les principes du secret professionnel. Article 8
Cette notion est détaillée dans le chapitre 19 «Le secret «Les pharmaciens sont tenus de prêter leur concours aux
professionnel». actions entreprises par les autorités compétentes en vue de
la protection de la santé.»
Article R. 4235-6 du Code de la santé publique :
Lors des campagnes de dépistages, lors des plans d'ur-
dévouement
gence et toutes autres actions de santé publique, le phar-
Article 6 macien se doit d'être un professionnel promouvant.
«Le pharmacien doit faire preuve du même dévouement
envers toutes les personnes qui ont recours à son art.» Article R. 4235-9 du Code de la santé publique :
Cet article indique au pharmacien qu'il ne peut pas Sécurité sociale
faire de discrimination concernant les patients qui solli- Article 9
citent ses compétences. Cet article a souvent été utilisé «Dans l'intérêt du public, le pharmacien doit veiller à ne
pour sanctionner des pharmaciens refusant de délivrer des pas compromettre le bon fonctionnement des institutions et
médicaments (sans motif valable) lors de garde. régimes de protection sociale. Il se conforme, dans l'exercice
de son activité professionnelle, aux règles qui régissent ces ins-
titutions et régimes.»
Le pharmacien doit se conformer aux politiques des
Jurisprudence régimes de Sécurité sociale et ne doit bien évidemment
pas les abuser ; il rejoint en ce sens l'article 3 qui lui interdit
d'établir des factures de complaisance.
Sanction disciplinaire, décision n° 570-D du Conseil
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
24 septembre 2007 Jurisprudence
Condamnation d'un pharmacien à six jours d'in-
terdiction d'exercer la pharmacie : «M. A a refusé Sanction disciplinaire, décision n° 898-D du Conseil
de délivrer, sans prescription médicale, à un client national de l'Ordre des pharmaciens en date
des spécialités Catalgine et Efferalgan, alors que du 7 juin 2012
cette demande ne présentait aucun caractère mani- Sanction de blâme : il est reproché au pharmacien
festement anormal.» d'avoir facturé des prestations indues à l'assurance
92
9. Le Code de déontologie

maladie, en l'espèce des «facturations irrégulières développement professionnel continu (DPC) prévue dans
de préparations magistrales à base de plantes (fac- la loi HPST de 2009 [119]. Le DPC, d'après l'article L. 4021-1
turation de 192 préparations magistrales pour 67 du Code de la santé publique, «a pour objectifs le main-
patients) ou facturation de préparations magis- tien et l'actualisation des connaissances et des compétences
trales en l'absence de mention manuscrite du pres- ainsi que l'amélioration des pratiques. Il constitue une obliga-
cripteur (17 facturations pour 9 patients)». tion pour les professionnels de santé. Chaque professionnel
de santé doit justifier, sur une période de trois ans, de son
Article R. 4235-10 du Code de la santé publique : engage­ment dans une démarche de développement profes-
charlatanisme sionnel continu comportant des actions de formation conti-
nue, d'analyse, d'évaluation et d'amélioration de ses pratiques
Article 10
et de gestion des risques. L'engagement dans une démarche
«Le pharmacien doit veiller à ne jamais favoriser, ni par ses
d'accréditation vaut engagement dans une démarche de
conseils ni par ses actes, des pratiques contraires à la préser-
développement professionnel continu».
vation de la santé publique.
Il doit contribuer à la lutte contre le charlatanisme, notam- Article R. 4235-12 du Code de la santé publique :
ment en s'abstenant de fabriquer, distribuer ou vendre tous bonnes pratiques et locaux adaptés
objets ou produits ayant ce caractère.»
Le pharmacien est un professionnel de santé et un scien- Article 12
tifique, ses six années d'étude et son diplôme lui confèrent «Tout acte professionnel doit être accompli avec soin et
une autorité en matière de médicaments, il est donc incon- attention, selon les règles de bonnes pratiques correspondant
cevable qu'il puisse se livrer à des activités relevant de l'éso- à l'activité considérée.
térisme ou du charlatanisme. Les officines, les pharmacies à usage intérieur, les établis-
sements pharmaceutiques et les laboratoires d'analyses de
Jurisprudence biologie médicale doivent être installés dans des locaux spé-
cifiques, adaptés aux activités qui s'y exercent et convenable-
Sanction disciplinaire, décision n° 70-D du Conseil ment équipés et tenus.
national de l'Ordre des pharmaciens en date du Dans le cas d'un désaccord portant sur l'application des
13 mars 2011 dispositions de l'alinéa qui précède et opposant un pharma-
Condamnation d'une pharmacienne à trois mois cien à un organe de gestion ou de surveillance, le pharmacien
d'interdiction d'exercer la pharmacie dont un en avertit sans délai le président du conseil central compétent
mois avec sursis : «La mise en vente de gélules à de l'ordre.»
base d'huile de chimère, accompagnées d'alléga- Le pharmacien se doit de respecter les règles bonnes
tions thérapeutiques, constitue des pratiques char- pratiques en vigueur et travailler dans des conditions
latanesques qui méconnaissent les dispositions de compatibles avec le niveau d'exigence attendu pour une
l'article R. 4235-10 du Code de la santé publique.» pharmacie.
Il doit en outre disposer de locaux adaptés à son activité
Sanction disciplinaire, décision n° 667-D du Conseil et tenus correctement.
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
12 décembre 2011
Jurisprudence
Avertissement : «Mme A a proposé à la vente des
produits ayant un caractère charlatanesque, en l'oc-
currence des produits de la marque Fleurs de Bach.» Sanction disciplinaire, décision n° 467-D du Conseil
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
17 novembre 2008
Article R. 4235-11 du Code de la santé publique :
Condamnation d'une pharmacienne à 1 an d'inter-
formation continue
diction d'exercer la pharmacie : «Le seul fait de
Article 11 conserver à l'officine des centaines de boîtes de médi-
«Les pharmaciens ont le devoir d'actualiser leurs caments non neuves, source de confusion potentielle,
connaissances.» est contraire aux dispositions de l'article R 4235-12
Outre cette obligation déontologique, la formation selon lequel les officines doivent être installées dans
continue a été rendue obligatoire avec la mise en place du des locaux convenablement équipés et tenus.»
93
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

«M. A dispose d'un réfrigérateur de type ménager Article R. 4235-16 du Code de la santé publique :
contenant, à la date de l'inspection, notamment des responsabilité disciplinaire
biscuits et des boissons diverses ; que ce réfrigérateur est
Article 16
équipé d'un thermomètre à la fiabilité insuffisante qui
«Les instances disciplinaires de l'ordre apprécient dans quelle
donne la température instantanée et ne permet pas
mesure un pharmacien est responsable disciplinairement
de suivre les variations des températures minimales
des actes professionnels accomplis par un autre pharmacien
et maximales ; qu'il résulte des constats dressés par le
placé sous son autorité.
pharmacien inspecteur que des relevés de température
Les responsabilités disciplinaires respectives de l'un et de
effectués antérieurement révélaient des températures
l'autre peuvent être simultanément engagées.»
de + 1 °C ne permettant pas une bonne conservation
Cet article évoque la responsabilité du fait d'autrui en
des médicaments thermolabiles ; que la mauvaise tenue
matière disciplinaire, autrement dit, un pharmacien peut
du réfrigérateur de l'officine avait pu être déjà constatée
être considéré comme responsable d'une faute commise
lors des inspections des 10 août 1993 et 27 avril 2000.»
par un de ses collaborateurs. En effet, le titulaire de l'offi-
cine, puisqu'il doit exercer personnellement son métier,
Article R. 4235-13 du Code de la santé publique : doit «surveiller attentivement l'exécution [des actes qu'il n']
exercice personnel accomplit pas lui-même».
Article 13 Article R. 4235-17 du Code de la santé publique :
«L'exercice personnel auquel est tenu le pharmacien consiste déclaration à l'Ordre
pour celui-ci à exécuter lui-même les actes professionnels ou
à en surveiller attentivement l'exécution s'il ne les accomplit Article 17
pas lui-même.» «Toute cessation d'activité professionnelle, tout transfert des
Cet article énonce les principes de l'exercice personnel. locaux professionnels ainsi que toute modification interve-
Cette notion est détaillée dans la section «Exercice person- nant dans la propriété, la direction pharmaceutique ou la
nel» au chapitre 18. structure sociale d'une officine, d'une entreprise pharmaceu-
tique, de la gérance d'une pharmacie à usage intérieur ou
Article R. 4235-14 du Code de la santé publique : d'un laboratoire d'analyses de biologie médicale, doit faire
délégation l'objet d'une déclaration au conseil compétent de l'ordre.»
Cet article permet à l'Ordre de maintenir à jour ses
Article 14
tableaux et le suivi de l'activité professionnelle.
«Tout pharmacien doit définir par écrit les attributions des
pharmaciens qui l'assistent ou auxquels il donne délégation.» Article R. 4235-18 du Code de la santé publique :
Cet article énonce les principes de la délégation. Cette indépendance
notion est détaillée dans la section «Relations avec le titu-
laire» au chapitre 18. Article 18
«Le pharmacien ne doit se soumettre à aucune contrainte
Article R. 4235-15 du Code de la santé publique : financière, commerciale, technique ou morale, de quelque
inscriptions des adjoints et remplacements nature que ce soit, qui serait susceptible de porter atteinte
à son indépendance dans l'exercice de sa profession, notam-
Article 15
ment à l'occasion de la conclusion de contrats, conventions
«Tout pharmacien doit s'assurer de l'inscription de ses assis-
ou avenants à objet professionnel.»
tants, délégués ou directeurs adjoints au tableau de l'ordre.
Cet article est à rapprocher de l'article R. 4235-3, car tous
Tout pharmacien qui se fait remplacer dans ses fonctions
les deux traitent de l'indépendance professionnelle.
doit veiller à ce que son remplaçant satisfasse aux conditions
requises pour ce faire.»
Cet article énonce deux principes :
 celui de la vérification de l'inscription à l'Ordre de ses Jurisprudence
adjoints ; cette notion est détaillée au chapitre 18 dans la
section «Le pharmacien adjoint» ; Sanction disciplinaire, décision n° 90-D du Conseil
 celui du remplacement du titulaire ; cette notion est détail- national de l'Ordre des pharmaciens en date du
lée au chapitre 18 dans la section «Remplacement du titulaire». 25 janvier 2010
94
9. Le Code de déontologie

Condamnation d'un pharmacien à un mois d'inter- Un pharmacien ne doit pas faire obstacle à une inspec-
diction d'exercer la pharmacie dont quinze jours tion et doit participer à toutes les déclarations requises
avec sursis : «La convention signée par [le pharma- auprès des administrations.
cien] l'obligeait à avoir recours au système X, pour
réaliser la préparation des doses à administrer ; qu'il Jurisprudence
s'agit là d'une contrainte technique illicite […] ; en
outre, en acceptant la convention de partenariat,
Sanction disciplinaire, décision n° 464-D du Conseil
M. X s'est obligé à verser à la société Résidence Y une
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
rémunération trimestrielle hors taxes d'un montant de
17 novembre 2008
1 250 € […] ; la somme que s'est engagé à verser M. X
Condamnation d'une pharmacienne à quinze mois
doit être regardée comme une contrainte financière.»
d'interdiction d'exercer : «Mme A [a proféré des
menaces de mort] à l'encontre de l'un des pharmaciens
Article R. 4235-19 du Code de la santé publique :
inspecteurs en lui déclarant : “Lorsque je serai morte,
rémunération adéquate
ce sera à cause de vous. Mes enfants vous tueront” ;
Article 19 Mme A a […] manqué à son devoir de maintenir des
«Il est interdit à tout pharmacien d'accepter, ou de proposer relations confiantes avec les autorités administratives.»
à un confrère, une rémunération qui ne soit pas proportion-
née, compte tenu des usages, avec les fonctions et les respon-
sabilités assumées.» Interdictions de certains procédés
Cet article empêche un pharmacien de proposer à un de recherche de la clientèle
collaborateur un salaire inférieur non seulement à ce que et prohibition de certaines
prévoit la convention collective, mais également inférieur
au regard de ses compétences (possession d'un ou plu- conventions ou ententes
sieurs diplômes d'université) et responsabilités (gérances, Article R. 4235-21 du Code de la santé publique :
gestion du site internet…). publicité
Article 21
Jurisprudence «Il est interdit aux pharmaciens de porter atteinte au libre
choix du pharmacien par la clientèle. Ils doivent s'abstenir de
Sanction disciplinaire, décision n° 534-D du Conseil tout acte de concurrence déloyale.»
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
21 mai 2007 Article R. 4235-22 du Code de la santé publique :
Condamnation d'un pharmacien à un blâme avec ins- publicité et dignité
cription au dossier : «En soumettant à l'approbation [de
Article 22
sa consœur] un projet de statut ménageant la possibi-
«Il est interdit aux pharmaciens de solliciter la clientèle
lité de ne pas rémunérer son activité de pharmacienne
par des procédés et moyens contraires à la dignité de la
gérante, puis en faisant un usage abusif de sa minorité de
profession.»
blocage pour faire obstacle […] à la fixation d'une rémuné-
ration conforme aux usages de la profession […] [la phar-
macienne] a violé les dispositions de l'article R 4235-19 et Jurisprudence
manqué à ses obligations déontologiques.»
Sanction disciplinaire, décision n° 551-D du Conseil
Article R. 4235-20 du Code de la santé publique :
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
relation avec les administrations
3 juillet 2007
Article 20 Condamnation de trois cotitulaires à un mois d'in-
«Les pharmaciens doivent veiller à maintenir des relations terdiction d'exercer dont trois semaines avec sursis :
confiantes avec les autorités administratives. Ils doivent don- «Si rien n'interdit au pharmacien d'employer au sein
ner aux membres des corps d'inspection compétents toutes de son officine une diététicienne dans le but de déli-
facultés pour l'accomplissement de leurs missions.» vrer des conseils à la clientèle en matière de nutrition,
95
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

la démarche consistant à visiter des cabinets médi- Cet article fait écho au serment de Galien (cf. chapitre 1)
caux afin de diffuser une information publicitaire sur en ce qui concerne le désintéressement.
le nouveau service offert, constitue un acte de concur-
rence déloyale et une sollicitation illicite de clientèle.» Jurisprudence
La sollicitation de la clientèle est une notion très large qui
englobe le fait de faire de la réclame ostensible en vitrine Sanction disciplinaire, décision n° 551-D du Conseil
pour une «braderie», le fait d'instaurer un système de fidé- national de l'Ordre des pharmaciens en date du
lisation, que cela soit par le biais de carte de fidélité ou par 3 juillet 2007
un système informatique, de la distribution de prospectus Condamnation du pharmacien à deux mois
promotionnels, etc. [117]. d'interdiction d'exercer dont un mois et deux
semaines avec sursis pour le «reconditionnement
Article R. 4235-23 du Code de la santé publique : d'échantillons gratuits d'un produit […] dans une
mandats boîte qu'il a, ensuite, vendue à [la patiente]».
Article 23
«Les pharmaciens investis de mandats électifs, administra- Article R. 4235-26 du Code de la santé publique :
tifs ou de fonctions honorifiques ne doivent pas en user pour exercice illégal
accroître leur clientèle.»
Cet article est à lire dans les deux sens ; par exemple : un Article 26
pharmacien ne peut pas user de sa notoriété d'élu pour «Il est interdit aux pharmaciens de consentir des facilités à
développer sa patientèle et, à l'inverse, ne peut utiliser sa quiconque se livre à l'exercice illégal de la pharmacie, de la
fonction de pharmacien pour privilégier son mandat électif. médecine ou de toute autre profession de santé.»

Article R. 4235-24 du Code de la santé publique : Article R. 4235-27 du Code de la santé publique :
papier à en-têtes compérage
Article 24 Article 27
«Outre celles qu'impose la législation commerciale ou indus- «Tout compérage entre pharmaciens et médecins, membres
trielle, les seules indications que les pharmaciens peuvent faire des autres professions de santé ou toutes autres personnes
figurer sur leurs en-têtes de lettres et papiers d'affaires sont : est interdit.
1 Celles qui facilitent leurs relations avec leurs clients ou fournis- On entend par compérage l'intelligence entre deux ou plu-
seurs, telles que : adresses, jours et heures d'ouverture, numéros sieurs personnes en vue d'avantages obtenus au détriment
de téléphone et de télécopie, numéros de comptes de chèques ; du patient ou de tiers.»
2 L'énoncé des différentes activités qu'ils exercent ;
3 Le cas échéant, le nom ou le sigle de l'association, du grou- Jurisprudence
pement ou du réseau professionnel dont ils sont membres ;
en ce qui concerne les officines et les laboratoires d'analyses Sanction disciplinaire, décision n° 675-D du Conseil
de biologie médicale, ce nom ou ce sigle ne peut prévaloir sur national de l'Ordre des pharmaciens en date du
la dénomination de l'officine ou du laboratoire ; 12 décembre 2011
4 Les titres et fonctions retenus à cet effet par le conseil Condamnation du pharmacien à 5 ans d'interdic-
national de l'ordre ; tion d'exercer : «Il convient de relever que le Dr. D est
5 Les distinctions honorifiques reconnues par la République le prescripteur de la quasi-totalité des gélules amai-
française.» grissantes dispensées en très grandes quantités par la
pharmacie A et qu'il a confirmé par écrit “l'efficacité
Article R. 4235-25 du Code de la santé publique : supérieure” des gélules préparées par cette dernière ;
désintéressement que ces éléments suffisent à établir qu'il existait bien
Article 25 une entente entre le prescripteur et le dispensateur
«Est strictement interdit comme contraire à la moralité pro- visant à favoriser la vente de ces traitements pour
fessionnelle tout acte ou toute convention ayant pour objet l'amaigrissement ; que cette entente constituait bien
ou pour effet de permettre au pharmacien de tirer indûment un compérage illicite au sens de l'article R. 4235-27
profit de l'état de santé d'un patient.» du Code de la santé publique.»
96
9. Le Code de déontologie

Le compérage entre deux professionnels de santé Article R. 4235-30 du Code de la santé publique :
consiste à une entente en vue de générer un profit. publicité
Cependant les actions pluridisciplinaires comme les
Article 30
actions en réseau, les actions de pharmacien correspon-
«Toute information ou publicité, lorsqu'elle est autorisée, doit
dant, etc. ne rentrent pas dans le champ du compérage.
être véridique, loyale et formulée avec tact et mesure.»
Pour l'officine, les règles sont très strictes et définies à l'ar-
Article R. 4235-28 du Code de la santé publique : ticle R. 4235-57. La publicité faisant état de promotion, rabais,
avantages prix bas est notamment prohibée. Elle ne peut se faire que
si elle apporte une information de santé utile aux patients et
Article 28
en aucun cas dans un but de captation de clientèle. Elle ne
«Les pharmaciens doivent s'abstenir d'organiser ou de par-
doit par ailleurs pas porter atteinte à ses confrères.
ticiper à des manifestations touchant à la pharmacie ou à
la biologie médicale qui ne répondraient pas à des objectifs Jurisprudence
scientifiques, techniques ou d'enseignement et qui leur pro-
cureraient des avantages matériels, à moins que ceux-ci ne
Sanction disciplinaire, décision n° 826-D du Conseil
soient négligeables.»
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
Cet article du Code de déontologie fait parfaitement
19 mars 2012
écho aux principes de la loi DMOS (dites loi «anti-
Condamnation du pharmacien à un avertissement :
cadeaux») et de la loi Bertrand.
des affiches «occupaient les deux principales vitrines,
La loi DMOS du 23 janvier 1993 [120] institue l'inter-
situées de part et d'autre de la porte d'entrée ; que l'une
diction pour les professionnels de santé de recevoir des
des deux vitrines, situées à gauche de la porte d'entrée
avantages en nature ou en espèces, sous quelque forme
vue de la rue, comportait 20 affiches de taille A4 qui
que ce soit, d'une façon directe ou indirecte, procurés par
occupaient la quasi-totalité de la surface disponible […] ;
des entreprises assurant des prestations, produisant ou
sa prépondérance sur tout autre message de type sani-
commercialisant des produits pris en charge par les régimes
taire manquait en l'occurrence de tact et de mesure et
obligatoires de Sécurité sociale.
n'était pas conforme à la dignité de la profession».
La loi Bertrand du 29 décembre 2011, parfois dénom-
mée le «sunshine act à la française [106]», instaure dans un
Si les affiches occupent un espace limité, la notion de
souci de transparence et de clarté dans les liens entre les
tact et mesure peut être considérée comme respectée.
entreprises des produits de santé et les professionnels de
santé, les étudiants ou les autres acteurs de santé, la publi-
cation des avantages consentis par les entreprises produi- Jurisprudence
sant ou exploitant des produits de santé ou des organismes
de conseil intervenant sur ces produits. Rejet de la plainte, Décision n° 1047-D du Conseil
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
17 décembre 2013
Article R. 4235-29 du Code de la santé publique : Absence de condamnation : les dispositions du Code
recherche et invention de la santé publique «n'ont pas pour objet d'interdire
Article 29 toute forme de publicité ou d'affichage sur les prix dans
«Sont autorisées les conventions afférentes au versement de les vitrines des officines ; qu'en l'espèce, il résulte des pièces
droits d'auteur ou d'inventeur. du dossier, et notamment des photographies de l'offi-
Sous réserve des dispositions de l'article R. 4235-26, les cine de M. A, que ce dernier a apposé sur deux vitrines
pharmaciens peuvent recevoir des redevances pour leur de son officine des affiches relatives aux prix pratiqués
contribution à l'invention, l'étude ou à la mise au point de sur certains produits ; que ces affiches ne figuraient pas
médicaments, dispositifs médicaux, appareils de laboratoire, sur toutes les vitrines de l'officine, occupaient une sur-
techniques ou méthodes. face limitée (6 m2 sur un total de 33 m2), tandis que les
Ils peuvent verser, pour de telles inventions, études ou autres surfaces vitrées étaient consacrées notamment à
mises au point, les redevances convenues aux personnes aux- des informations à caractère sanitaire ; que ces affiches
quelles ils sont liés par contrat ou par convention.» de taille limitée ne comportaient aucune mention déni-

97
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

grante pour les autres pharmaciens ; que cet affichage Si le pharmacien adjoint est placé sous l'autorité du titu-
ne peut donc être considéré comme manquant mani- laire de par son contrat de travail, il bénéficie néanmoins
festement de tact et de mesure ou présentant un carac- d'une indépendance dans les décisions pharmaceutiques
tère contraire à la dignité de la profession». qu'il prend.

Relations avec les autres professions Article R. 4235-36 du Code de la santé publique :
de santé et les vétérinaires débauchage

Article R. 4235-31 du Code de la santé publique : Article 36


relations interprofessionnelles «Il est interdit aux pharmaciens d'inciter tout collaborateur
d'un confrère à rompre son contrat de travail.»
Article 31
«Les pharmaciens doivent entretenir de bons rapports avec
les membres du corps médical, les membres des autres pro- Article R. 4235-37 du Code de la santé publique :
fessions de santé et les vétérinaires et respecter leur indépen- non-concurrence déontologique
dance professionnelle.»
Article 37
Article R. 4235-32 du Code de la santé publique : «Un pharmacien qui, soit pendant, soit après ses études, a
publication scientifique remplacé, assisté ou secondé un de ses confrères durant une
période d'au moins six mois consécutifs ne peut, à l'issue de
Article 32
cette période et pendant deux ans, entreprendre l'exploitation
«La citation de travaux scientifiques dans une publication, de
d'une officine ou d'un laboratoire d'analyses de biologie médi-
quelque nature qu'elle soit, doit être fidèle et scrupuleusement
cale où sa présence permette de concurrencer directement le
loyale.»
confrère remplacé, assisté ou secondé, sauf accord exprès de
Article R. 4235-33 du Code de la santé publique : ce dernier.»
ne pas nuire aux autres professionnels Cet article vise spécialement les pharmaciens et les sta-
giaires futurs pharmaciens et ne semble pas concerner les
Article 33 préparateurs.
«Les pharmaciens doivent éviter tous agissements tendant à Un point est complexe à apprécier dans cet article, il
nuire aux praticiens mentionnés à l'article R. 4235-31, vis-à-vis s'agit de la «concurrence directe» : l'article ne fixe pas de
de leur clientèle.» règle de distance minimale ; cependant une telle distance
peut être fixée par une clause de non-concurrence dans le
Devoirs de confraternité contrat de travail et usuellement se distingue entre le milieu
rural et le milieu urbain [121].
Article R. 4235-34 du Code de la santé publique :
solidarité
Article 34 Article R. 4235-38 du Code de la santé publique :
«Tous les pharmaciens inscrits à l'ordre se doivent mutuelle­ non-concurrence déontologique
ment aide et assistance pour l'accomplissement de leurs Article 38
devoirs professionnels. En toutes circonstances, ils doivent faire «Un pharmacien ne peut faire usage de documents ou
preuve de loyauté et de solidarité les uns envers les autres.» d'informations à caractère interne dont il a eu connaissance
Cet article fonde le principe de confraternité et ne peut dans l'exercice de ses fonctions chez son ancien employeur ou
être invoqué qu'en cas d'infraction de nature ordinale [117]. maître de stage, sauf accord exprès de ce dernier.»

Article R. 4235-35 du Code de la santé publique :


indépendance de l'adjoint Article R. 4235-39 du Code de la santé publique :
dénonciation
Article 35
«Les pharmaciens doivent traiter en confrères les pharma- Article 39
ciens placés sous leur autorité et ne doivent pas faire obstacle «Un pharmacien doit s'abstenir de toute dénonciation injus-
à l'exercice de leurs mandats professionnels.» tifiée ou faite dans le dessein de nuire à un confrère.»
98
9. Le Code de déontologie

Article R. 4235-40 du Code de la santé publique : Article R. 4235-45 du Code de la santé publique :
différends entre confrères non-concurrence
Article 40 Article 45
«Les pharmaciens qui ont entre eux un différend d'ordre pro- «Les dispositions de l'article R. 4235-37 sont applicables aux
fessionnel doivent tenter de le résoudre. S'ils n'y parviennent anciens stagiaires devenus pharmaciens.»
pas, ils en avisent le président du conseil régional ou central
compétent de l'ordre.»
Dispositions propres à différents
modes d'exercice
Relations entre maîtres de stage
et stagiaires Pharmaciens exerçant dans
Article R. 4235-41 du Code de la santé publique : les officines et les pharmacies
devoir du maître de stage à usage intérieur
Article 41
Participation à la protection de la santé
«Les pharmaciens concernés ont le devoir de se préparer
à leur fonction de maître de stage en perfectionnant leurs Article R. 4235-46 du Code de la santé publique
connaissances et en se dotant des moyens adéquats. Nul Article 46
pharmacien ne peut prétendre former un stagiaire s'il n'est «Les dispositions de la présente sous-section s'appliquent aux
pas en mesure d'assurer lui-même cette formation.» pharmaciens d'officine et, en tant qu'elles les concernent, aux
pharmaciens exerçant dans les pharmacies à usage intérieur
Article R. 4235-42 du Code de la santé publique : ainsi qu'à ceux qui exercent dans tous les autres organismes
montrer l'exemple habilités à dispenser des médicaments.»
Article 42 Article R. 4235-47 du Code de la santé publique :
«Le pharmacien maître de stage s'engage à dispenser au sta- médicament non autorisé
giaire une formation pratique en l'associant à l'ensemble des
activités qu'il exerce. Article 47
Il doit s'efforcer de lui montrer l'exemple des qualités pro- «Il est interdit au pharmacien de délivrer un médicament
fessionnelles et du respect de la déontologie.» non autorisé.»

Jurisprudence
Article R. 4235-43 du Code de la santé publique :
obligations des stagiaires
Sanction disciplinaire, décision n° 667-D du Conseil
Article 43 national de l'Ordre des pharmaciens en date du
« Les maîtres de stage rappellent à leurs stagiaires les obli- 12 décembre 2011
gations auxquelles ils sont tenus, notamment le respect Avertissement : «Mme A a proposé à la vente […]
du secret professionnel pour les faits connus durant les des gélules de plantes pouvant être qualifiées de
stages. » médicaments non autorisés.»

Article R. 4235-44 du Code de la santé publique : Article R. 4235-48 du Code de la santé publique :
différends entre les deux parties acte de dispensation
Article 44 Article 48
« Le maître de stage a autorité sur son stagiaire. Les dif- «Le pharmacien doit assurer dans son intégralité l'acte de
férends entre maîtres de stage et stagiaires sont portés à dispensation du médicament, associant à sa délivrance :
la connaissance du président du conseil de l'ordre com- 1 L'analyse pharmaceutique de l'ordonnance médicale si elle
pétent, exception faite de ceux relatifs à l'enseignement existe ;
universitaire. » 2 La préparation éventuelle des doses à administrer ;
99
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

3 La mise à disposition des informations et les conseils Article R. 4235-50 du Code de la santé publique :
nécessaires au bon usage du médicament. exercice personnel
Il a un devoir particulier de conseil lorsqu'il est amené à
Article 50
délivrer un médicament qui ne requiert pas une prescription
«Aucun pharmacien ne peut maintenir une officine ouverte,
médicale.
ou une pharmacie à usage intérieur en fonctionnement, s'il
Il doit, par des conseils appropriés et dans le domaine
n'est pas en mesure d'exercer personnellement ou s'il ne se
de ses compétences, participer au soutien apporté au
fait pas effectivement et régulièrement remplacer.»
patient. »
Cette notion est détaillée dans la section «Exercice per-
Cet article est expliqué dans la section «La dispensa-
sonnel» au chapitre 18.
tion» au chapitre 21.

Article R. 4235-49 du Code de la santé publique : Article R. 4235-51 du Code de la santé publique :
service de garde et d'urgence gérance après décès
Article 49 Article 51
«Les pharmaciens sont tenus de participer aux services de «Le pharmacien chargé de la gérance d'une officine après
garde et d'urgence prévus à l'article L. 5125-22 ou organisés décès du titulaire doit, tout en tenant compte des intérêts
par les autorités compétentes pour les soins aux personnes légitimes des ayants droit, exiger de ceux-ci qu'ils respectent
hospitalisées. son indépendance professionnelle.»
Les pharmaciens titulaires veillent à ce que leur officine Cette notion est détaillée dans la section «Décès du titu-
satisfasse aux obligations imposées par ce service. laire» au chapitre 18.
Le pharmacien d'officine porte à la connaissance du
public soit les noms et adresses de ses proches confrères
en mesure de procurer aux malades les médicaments
De la tenue des officines
et secours dont ils pourraient avoir besoin, soit ceux Article R. 4235-52 du Code de la santé publique :
des autorités publiques habilitées à communiquer ces nom du propriétaire
renseignements. »
Article 52
«Toute officine doit porter de façon lisible de l'extérieur le
nom du ou des pharmaciens propriétaires, copropriétaires
ou associés en exercice. Les noms des pharmaciens assistants
Service de garde et d'urgence
peuvent être également mentionnés.
Le service de garde est défini à l'article L. 5125-22 du Ces inscriptions ne peuvent être accompagnées que
Code de la santé publique comme «un service organisé des seuls titres universitaires, hospitaliers et scientifiques
pour répondre aux besoins du public en dehors des jours dont la liste est établie par le conseil national de l'ordre des
d'ouverture généralement pratiqués par les officines dans
pharmaciens.»
une zone déterminée».
Le service d'urgence est défini à l'article L. 5125-22 du
Code de la santé publique comme «un service organisé Article R. 4235-53 du Code de la santé publique :
pour répondre aux demandes urgentes en dehors des présentation de l'officine
heures d'ouverture généralement pratiquées par ces
officines». Article 53
L'obligation d'assurer un service de garde et d'urgence «La présentation intérieure et extérieure de l'officine doit être
est une contrepartie du monopole pharmaceutique ; conforme à la dignité professionnelle.
seul un pharmacien peut assurer ce service. La signalisation extérieure de l'officine ne peut compor-
L'organisation des services de garde et d'urgence est ter, outre sa dénomination, que les emblèmes et indications
réglée par les organisations représentatives de la profes-
ci-après :
sion dans le département. En cas de désaccord, le direc-
teur de l'ARS fixe par arrêté les modalités des services de
1° Croix grecque de couleur verte, lumineuse ou non ;
garde et d'urgence. 2° Caducée pharmaceutique de couleur verte, lumineux
Dans tous les cas, les collectivités locales sont informées ou non, tel que reconnu par le ministère chargé de la Santé en
des services de garde et d'urgence mis en place. tant qu'emblème officiel des pharmaciens français et consti-
tué par une coupe d'Hygie et un serpent d'Épidaure ;
100
9. Le Code de déontologie

3° Le cas échéant, le nom ou le sigle de l'association, du Le pharmacien veille à ce que le public ne puisse accéder
groupement ou du réseau dont le pharmacien est membre ; directement aux médicaments et à ce que ceux-ci soient
ce nom ou ce sigle ne saurait prévaloir sur la dénomination dispensés avec la discrétion que requiert le respect du secret
ou l'identité de l'officine.» professionnel.
On retrouve dans cet article la notion de dignité, déjà vue Toutefois, le pharmacien titulaire ou le pharmacien gérant
avec l'article R. 4235-3 du Code de la santé publique et avec une officine peut rendre directement accessibles au public les
l'article R. 4235-22 du Code de la santé publique (cf. supra). médicaments de médication officinale mentionnés à l'article
Cet article énumère les éléments extérieurs autorisés pour R. 5121-202. Ces médicaments doivent être présentés dans un
identifier une pharmacie, c'est-à-dire la croix verte (croix verte espace dédié, clairement identifié et situé à proximité immédiate
avec des branches de longueurs égales et perpendiculaires des postes de dispensation des médicaments et d'alimentation
entre elles), le caducée des pharmaciens (il se compose de la du dossier pharmaceutique mentionné à l'article L. 161-36-4-2
coupe d'Hygie, déesse de la santé, et du serpent d'Épidaure, du code de la sécurité sociale, de façon à permettre un contrôle
lieu de culte d'Asclépios). L'article précise que si un nom de effectif du pharmacien. Ce dernier met à la disposition du public
groupement ou de réseau figure sur la devanture de l'officine, les informations émanant des autorités de santé relatives au
celui-ci ne doit pas être plus gros que la dénomination de bon usage des médicaments de médication officinale.»
l'officine.
Article R. 4235-56 du Code de la santé publique :
Jurisprudence marque et emblème
Article 56
Sanction disciplinaire, décision n° 536-D du Conseil «Les activités spécialisées de l'officine entrant dans le champ
national de l'Ordre des pharmaciens en date du professionnel du pharmacien doivent être exercées conformé-
21 mai 2007 ment aux réglementations qui leur sont propres.»
Condamnation à un blâme : «Mme A [a] violé l'article
R. 4235-53 du Code de la santé publique en donnant,
sur la façade de sa pharmacie, une place prépondé- Information et publicité
rante à la mention…, enseigne du groupement d'offi- Article R. 4235-57 du Code de la santé publique :
cines auquel elle est adhérente […] ; qu'il résulte de publicité et annuaire
l'examen des photographies figurant au dossier que les
termes… étaient inscrits au-dessus de la dénomination Article 57
de l'officine, à savoir “Pharmacie A”, et dans une police «L'information en faveur d'une officine de pharmacie dans les
de caractères pratiquement deux fois plus importante ; annuaires ou supports équivalents est limitée comme suit :
qu'ainsi, la violation de l'article R. 4235-53 du Code de 1 À la rubrique “Pharmacie”, sont seules autorisées les men-
la santé publique est manifeste.» tions des noms et adresses et des numéros de téléphone et de
télécopie ;
Article R. 4235-54 du Code de la santé publique : 2 À toute autre rubrique, ne peuvent figurer que les annonces
marque et emblème relatives aux activités spécialisées autorisées dans l'officine.
Les mentions prévues aux 1° et 2° ci-dessus ne peuvent
Article 54 revêtir, par leur présentation et leur dimension, une impor-
«Les pharmaciens ne doivent pas aliéner leur indépendance tance telle qu'elle leur confère un caractère publicitaire.
et leur identité professionnelles à l'occasion de l'utilisation de La publicité pour les médicaments, produits et articles
marques ou d'emblèmes collectifs.» dont la vente est réservée aux pharmaciens ne peut s'effec-
Cet article fait écho à l'article précédent en matière tuer que conformément à la réglementation en vigueur.»
d'emblème et de marque de réseau ou groupement. Il faut préciser que pour les activités spécialisées de l'offi-
cine (par exemple, l'orthopédie, l'aromathérapie), il est pos-
Article R. 4235-55 du Code de la santé publique :
sible de les mentionner, c'est-à-dire de les énumérer, mais en
organisation de l'officine
aucun cas de les décrire. L'article R. 5125-26 du Code de la
Article 55 santé publique limite la taille de cette annonce à 100 cm2 :
«L'organisation de l'officine ou de la pharmacie à usage «d'une dimension maximale de 100 cm2, comportant leur
intérieur doit assurer la qualité de tous les actes qui y sont nom et adresse ainsi que les numéros de téléphone et de télé-
pratiqués. copie et les heures d'ouverture des officines».
101
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

Le même article R. 5125-26 du Code de la santé publique tant un caractère manifestement publicitaire, M. X
prévoit que la publicité est très strictement encadrée et ne a bien commis une faute susceptible de sanction
peut se faire, en outre, que dans le cas de la création, d'un disciplinaire […].»
transfert, d'un changement de titulaire d'une officine. Cela Sanction, décision n° 58-D du Conseil national de
peut donner lieu à un communiqué dans la presse écrite l'Ordre des pharmaciens en date du 16 mars 2011
limitée à l'indication du nom du pharmacien, de ses titres Condamnation à trois mois d'interdiction d'exercer :
universitaires, hospitaliers et scientifiques (comme les «L'article paru dans l'édition du quotidien N du 28 jan-
diplômes d'État ou d'université, par exemple), le nom du vier 2009, sous le titre “Le concept lowcost débarque
prédécesseur, l'adresse de l'officine avec, le cas échéant, la en ville”, est illustré par une photo prise dans le local
mention d'activités liées aux produits autorisés à la vente de l'officine et sur laquelle figure M. X ; que ce dernier
en officine. Il est précisé : «Cette annonce est préalablement n'est pas crédible lorsqu'il affirme que cette photo a
communiquée au conseil régional de l'ordre des pharmaciens. été prise sans son autorisation et à son insu, alors que
Elle ne saurait excéder la dimension de 100 cm2.» l'officine n'était pas encore ouverte au public et que
Dans tous les cas, il s'agit plus d'une information que le photographe se tenait manifestement à l'intérieur
d'une véritable «publicité». des locaux et à proximité immédiate du pharmacien ;
Il faut également être prudent lors de la participation à que la participation active de la pharmacie X à l'éla-
la rédaction d'un article de presse ; en effet, un pharmacien boration de l'article est aussi révélée par le fait que le
qui apporte son concours à l'écriture d'un article sur son rédacteur a reproduit les propos d'un des associés de
officine, s'il déborde du simple caractère informatif — ce M. X ; que d'ailleurs si la journaliste de N a attesté que
qui est souvent le cas —, rentre de fait dans le champ, l'article relevait d'une initiative purement journalistique
interdit, de la véritable publicité commerciale comme en et n'avait pas été commandé par M. X, elle s'est bien
témoigne l'abondante jurisprudence. gardée, contrairement à son collègue, d'affirmer que la
pharmacie X n'avait pas participé à son élaboration ;
Jurisprudence qu'en ce qui concerne l'article paru dans l'édition du
quotidien O du 31 janvier 2009, sous le titre “La phar-
Sanction, décision n° 273-D du Conseil national de macie discount fait déjà parler d'elle”, il convient de rele-
l'Ordre des pharmaciens en date du 18 mai 2010 ver qu'il se trouve lui aussi illustré par une photographie
Condamnation à un avertissement : «Le maga- prise à l'intérieur de l'officine et que son auteur cite entre
zine “H” de la chambre de commerce et d'industrie guillemets les propos suivants de M. X : “J'étais assistant
de… a fait paraître, dans la rubrique “Talents” de à… et on pratiquait déjà ce genre de tarifs. Nous avons
son numéro du mois de novembre 2007, un article décidé de baisser les prix de tout ce qui est en libre accès
portant sur le parcours de M. X, pharmacien exer- ou de la parapharmacie. Nous ne trouvons pas normal
çant à… ; que cette revue bimestrielle, tirée à 14 500 que les gens paient le prix fort pour certains produits” ;
exemplaires […] ; si M. X ne se trouve pas à l'origine que dans la mesure où il est donc établi que M. X a
dudit article puisqu'il a été sollicité par le journaliste apporté son concours actif à la rédaction de deux des
rédacteur, il a apporté un concours actif à son élabo- trois articles litigieux, ceux-ci constituent bien une publi-
ration en recevant ce dernier dans son officine pour cité illicite contraire aux dispositions de l'article R. 5125-
une interview, en posant pour des photos destinées 26 du Code de la santé publique.
à servir d'illustration et en relisant l'article avant sa Qu'il appartenait à M. X d'informer le journaliste
parution […] ; cet article déborde du simple cadre des contraintes déontologiques et réglementaires qui
informatif et constitue bien une publicité illicite en s'imposaient à lui et lui interdisaient de fournir des
faveur d'un réseau d'officines et en faveur de l'offi- détails sur sa politique commerciale ; qu'en contour-
cine de M. X ; que ce dernier ayant eu connaissance nant ainsi les dispositions réglementaires encadrant
de l'article avant sa parution, il lui appartenait d'in- la publicité pouvant être faite en faveur d'une offi-
former le journaliste des contraintes déontologiques cine et en laissant entendre que les autres pharma-
réglementaires qui s'imposaient à lui et de s'opposer ciens faisaient payer “le prix fort” à leurs clients, M. X
à la parution en l'état dudit article ; qu'en s'abste- a également manqué à son obligation de loyauté
nant d'une telle démarche après avoir apporté son envers ses confrères ; qu'il a donc bien commis une
concours actif à la rédaction d'un article présen- faute susceptible de sanction disciplinaire.»

102
9. Le Code de déontologie

Article R. 4235-58 du Code de la santé publique : vitrines de l'officine, en occupaient toute la largeur
publicité des produits de santé et couvraient plus de la moitié de la surface vitrée ;
que le caractère excessif de cet affichage et le recours
Article 58
à l'expression “Marre de payer…” constituent un
«La publicité pour les produits ou articles dont la vente n'est
défaut de tact et de mesure, et une sollicitation de la
pas réservée aux pharmaciens est admise à condition de :
clientèle non conforme à la dignité de la profession.»
1 Demeurer loyale ;
2 Se présenter sur un support compatible avec la dignité de
la profession ; Article R. 4235-60 du Code de la santé publique :
3 Observer tact et mesure dans sa forme et son contenu ; contrats
4 Ne pas être trompeuse pour le consommateur.» Article 60
Cet article traite des produits de parapharmacie pour «Les pharmaciens doivent tenir informé le conseil de l'ordre
laquelle une certaine forme de publicité est possible. Elle dont ils relèvent des contrats ou accords de fournitures ou de
l'est notamment si la publicité ne revêt pas un caractère prestations de services qu'ils ont conclus avec les établisse-
outrancier. ments tant publics que privés ainsi qu'avec les établissements
de santé ou de protection sociale. Il en est de même pour les
Article R. 4235-59 du Code de la santé publique : conventions de délégation de paiement conclues avec les orga-
vitrines et publicité des produits de santé nismes de sécurité sociale, les mutuelles ou les assureurs.»
Article 59 Cette obligation de déclaration d'un contrat ou accord
«Les vitrines des officines et les emplacements aménagés pour de fourniture vise à ce que l'Ordre vérifie la compatibilité
être visibles de l'extérieur ne peuvent servir à présenter que les du contrat signé avec les règles déontologiques. L'exemple
activités dont l'exercice en pharmacie est licite. Sous réserve typique de contrat à déclarer est le contrat de fourniture
de la réglementation en vigueur en matière de concurrence de médicaments et autres produits de santé aux EPHAD
et de publicité et des obligations légales en matière d'infor- (maisons de retraite).
mation sur les prix pratiqués, ces vitrines et emplacements ne
sauraient être utilisés aux fins de solliciter la clientèle par des Règles à observer dans les relations
procédés et moyens contraires à la dignité de la profession.» avec le public
Article R. 4235-61 du Code de la santé publique :
Jurisprudence refus de dispensation
Article 61
Sanction, décision n° 1055-D du Conseil national
«Lorsque l'intérêt de la santé du patient lui paraît l'exiger, le
de l'Ordre des pharmaciens en date du 27 janvier
pharmacien doit refuser de dispenser un médicament. Si ce
2014
médicament est prescrit sur une ordonnance, le pharmacien
Condamnation à quinze jours d'interdiction d'exer-
doit informer immédiatement le prescripteur de son refus et
cer dont huit avec sursis : «M. A a, durant le mois
le mentionner sur l'ordonnance.»
de juillet 2010, exposé sur les vitrines de son officine
Cette notion de refus de délivrance d'un traitement est
des affiches promotionnelles indiquant : “Opération
traitée en détail dans la section «Le refus de délivrance» au
coup de poing, 2 produits achetés* = 10 % de remise
chapitre 21.
sur les 2, 3 produits achetés* = 25 % de remise sur
les 3”, avec, en plus petits caractères, la précision
suivante : “* Ne concerne que les produits visibles Article R. 4235-62 du Code de la santé publique :
dans l'espace de vente et hors promotions complé- orientation des patients
mentaires. Les laits infantiles et chaussures Scholl Article 62
et produits vignetés ne sont pas concernés par «Chaque fois qu'il lui paraît nécessaire, le pharmacien doit
cette opération” ; qu'étaient également apposés inciter ses patients à consulter un praticien qualifié.»
sur les vitrines de l'officine des bandeaux portant En effet, le pharmacien doit se limiter à l'art pharmaceu-
la mention suivante : “Marre de payer votre pilule tique : il a un rôle de conseil en matière de santé et d'aiguil-
contraceptive trop chère ? Venez nous voir…” ; que lage vers le bon praticien dès lors que le cas dépasse les
ces affiches et bandeaux figuraient sur toutes les limites du cadre pharmaceutique.
103
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

Article R. 4235-63 du Code de la santé publique : Article R. 4235-66 du Code de la santé publique :
diagnostic exercice exclusif
Article 63 Article 66
«Le pharmacien doit s'abstenir de formuler un diagnos- «Aucune consultation médicale ou vétérinaire ne peut être
tic sur la maladie au traitement de laquelle il est appelé à donnée dans l'officine. Cette interdiction s'applique aussi aux
collaborer.» pharmaciens qui sont en même temps médecin, chirurgien-
dentiste, sage-femme ou vétérinaire.»
Cet article confirme l'exclusivité de l'exercice du métier
Le pharmacien et le diagnostic de pharmacien dans le cadre de l'exercice personnel du
métier (cf. «Exercice exclusif» au chapitre 18).
Dans le cas d'une prescription («traitement [auquel]
il est appelé à collaborer»), le pharmacien doit impé-
rativement s'abstenir de formuler un diagnostic ou de Article R. 4235-67 du Code de la santé publique :
contredire le diagnostic du praticien. Cela pourrait en mise à disposition des locaux
effet nuire à l'alliance thérapeutique conclue entre le Article 67
médecin et le patient de même qu'entre le pharmacien
«Il est interdit au pharmacien de mettre à la disposition de
et le patient en semant le doute. Cela entache la relation
personnes étrangères à l'officine, à quelque titre que ce soit,
entre le pharmacien et le médecin. Cette abstention ne
dispense pas le pharmacien d'appliquer si nécessaire un onéreux ou gratuit, tout ou partie de ses locaux professionnels
refus de délivrance s'il estime que le traitement met en pour l'exercice de toute autre profession. Seules les activités
jeu la sécurité du patient. spécialisées réglementairement prévues sont autorisées.»
En revanche, lors d'une demande spontanée d'un patient
(donc en dehors du cadre de l'ordonnance), le pharma-
cien est amené à effectuer un raisonnement diagnostique Devoirs des pharmaciens exerçant
concernant des soins de premiers recours, et ce, dans le dans les entreprises et les
but de pouvoir conseiller le meilleur traitement possible
(ou au besoin, comme énoncé dans l'article précédent, établissements pharmaceutiques de
orienter le patient vers un médecin si le cas dépasse le fabrication et de distribution en gros
cadre pharmaceutique).
Article R. 4235-68 du Code de la santé publique :
généralités
Article 68
Article R. 4235-64 du Code de la santé publique : «Le pharmacien responsable mentionné aux articles L. 5124-2,
consommation abusive L. 5124-7 et L. 5142-1 doit veiller au respect de l'éthique pro-
Article 64 fessionnelle ainsi que de toutes les prescriptions édictées dans
«Le pharmacien ne doit pas, par quelque procédé ou moyen l'intérêt de la santé publique.
que ce soit, inciter ses patients à une consommation abusive Il doit en outre veiller à définir avec précision les attribu-
de médicaments.» tions des pharmaciens et du personnel placé sous son auto-
rité. Il doit former ce dernier aux règles de bonnes pratiques.
Le pharmacien délégué est tenu, dans les limites de sa
Article R. 4235-65 du Code de la santé publique : délégation, aux mêmes obligations.»
prix des médicaments Cet article assez généraliste reprend plusieurs points.
Article 65 Le pharmacien responsable est le garant de l'éthique
«Tous les prix doivent être portés à la connaissance du public professionnelle et le garant du respect des bonnes pra-
conformément à la réglementation économique en vigueur. tiques afférentes au secteur d'activité dans lequel il travaille.
Lorsque le pharmacien est, en vertu de la réglementation Il est fréquent, dans les entreprises pharmaceutiques qu'il
en vigueur, appelé à fixer librement les prix pratiqués dans y ait plusieurs sites. Ainsi, il y a un pharmacien responsable
son officine, il doit y procéder avec tact et mesure.» pour toute l'entreprise et des pharmaciens délégués pour
Il est nécessaire de se reporter à la section «L'affichage les sites annexes. Dans ce cadre, c'est le pharmacien res-
des prix à l'officine» au chapitre 20 pour connaître les règles ponsable qui veille à ce que chaque pharmacien délégué
en matière d'affichage de prix des médicaments. (et chaque personnel sous son autorité) fasse respecter

104
9. Le Code de déontologie

l'éthique et les bonnes pratiques (cf. «Le pharmacien res- Article R. 4235-73 du Code de la santé publique :
ponsable et les pharmaciens délégués» au chapitre 10.) indications autorisées
Article 73
Article R. 4235-69 du Code de la santé publique :
« Outre les indications qui doivent figurer en vertu de la régle-
pharmacien responsable et publicité
mentation en vigueur sur tous documents émanant de son
Article 69 laboratoire, le pharmacien biologiste ne peut faire figurer sur
«Le pharmacien responsable et les pharmaciens placés sous ces documents que tout ou partie des indications suivantes :
son autorité doivent s'interdire de discréditer un confrère ou 1 Le numéro de téléphone et de télécopie ;
une entreprise concurrente. 2 Le numéro de compte bancaire ;
Le pharmacien responsable est tenu de veiller à l'exac- 3 Les activités exercées figurant dans l'autorisation préfectorale ;
titude de l'information scientifique, médicale et pharma- 4 Le cas échéant, le nom ou le sigle de l'association, du grou-
ceutique et de la publicité, ainsi qu'à la loyauté de leur pement ou du réseau dont le laboratoire est membre, ladite
utilisation. Il s'assure que la publicité faite à l'égard des mention ne pouvant cependant prévaloir sur l'identification
médicaments est réalisée de façon objective et qu'elle n'est du laboratoire ;
pas trompeuse. » 5 Les titres et fonctions reconnus par le conseil national de
l'ordre des pharmaciens ;
Article R. 4235-70 du Code de la santé publique : 6 Les distinctions honorifiques reconnues par la République
remplacement du pharmacien responsable française.
Article 70 Le pharmacien biologiste peut également faire figurer ces
«Le pharmacien responsable doit vérifier que toutes disposi- indications dans un annuaire professionnel.
tions sont prises pour son remplacement en cas d'absence. Il Ces indications, comme celles qui sont inscrites, selon les
doit veiller à ce que son remplaçant satisfasse aux conditions dispositions réglementaires en vigueur, sur la plaque profes-
requises.» sionnelle apposée à la porte des locaux du laboratoire ou de
l'immeuble dans lequel ce dernier est installé, doivent être
présentées avec discrétion selon les usages des professions
Devoirs des pharmaciens libérales.»
biologistes
Article R. 4235-74 du Code de la santé publique :
Article R. 4235-71 du Code de la santé publique : refus d'examen
généralités
Article 74
Article 71 «Le pharmacien biologiste peut refuser d'exécuter un prélève­
«Le pharmacien biologiste doit veiller au respect de l'éthique ment ou une analyse pour des motifs tirés de l'intérêt du
professionnelle ainsi que de toutes les prescriptions édictées patient ou du caractère illicite de la demande.
dans l'intérêt de la santé publique. Il accomplit sa mission en S'il refuse pour d'autres motifs, il doit fournir au patient
mettant en œuvre des méthodes scientifiques appropriées et, tous renseignements utiles pour lui permettre de faire exécu-
s'il y a lieu, en se faisant aider de conseils éclairés. ter ce prélèvement ou cette analyse.»
Il doit surveiller avec soin l'exécution des examens qu'il ne Le biologiste dispose d'une possibilité — et non pas d'un
pratique pas lui-même. Il doit, dans le cas d'un contrat de devoir comme cela est le cas avec le refus de dispensation
collaboration entre laboratoires, s'assurer que les analyses d'un médicament par un officinal — de refus de pratiquer
confiées au laboratoire sont exécutées avec la plus grande un examen si cela est contraire à l'intérêt de la santé du
sécurité pour le patient.» patient.

Article R. 4235-72 du Code de la santé publique : Article R. 4235-75 du Code de la santé publique :
informations prix, tact et mesure
Article 72 Article 75
«L'information scientifique auprès du corps médical ou phar- «Le pharmacien biologiste ne doit pas réduire ses honoraires
maceutique mentionnée à l'article L. 6211-7 ne saurait être dans une intention de concurrence déloyale ou au détriment
détournée à des fins publicitaires.» de la qualité des prestations qu'il fournit. Dans le cas de contrat

105
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie

de collaboration entre laboratoires, les honoraires concernant L'essentiel à retenir


les transmissions doivent être fixés avec tact et mesure.
Il doit s'interdire de collecter les prélèvements aux fins Voici quelques-unes des règles les plus importantes
d'analyses dès lors que cette pratique constituerait une issues du code de déontologie pharmaceutique :
concurrence déloyale au détriment de ses confrères. » ■
Le pharmacien ne peut pas exercer de clause de
conscience.
Article R. 4235-76 du Code de la santé publique : ■
Le pharmacien ne doit pas aliéner son indépendance.
installation ■
Le pharmacien doit avoir un comportement
Article 76 conforme à la dignité et la probité de la profession.
« Un pharmacien biologiste ne peut ouvrir un laboratoire ■
L'exercice du pharmacien est personnel et exclusif.
d'analyses de biologie médicale dans un immeuble où est ■
Le pharmacien respecte le secret professionnel.
déjà installé un autre laboratoire d'analyses de biologie ■
Le pharmacien est un des garants de la santé publique,
médicale sans l'accord du ou des directeurs et directeurs notamment en luttant contre le charlatanisme.
adjoints et, à défaut, sans l'autorisation du conseil de la sec- ■
Le pharmacien a le devoir d'actualiser ses
tion compétente de l'ordre des pharmaciens. L'autorisation connaissances.
ne peut être refusée que pour des motifs tirés d'un risque ■
Le pharmacien ne peut pas faire de sollicitation
de confusion pour le public ou de l'intérêt des malades. » de clientèle.

Le compérage est interdit entre pharmacien et
Article R. 4235-77 du Code de la santé publique : médecin.
gérance après décès ■
La publicité est très encadrée.
Article 77 ■
Le pharmacien a un devoir de confraternité.
«Le pharmacien chargé de la gérance d'un laboratoire après ■
La présentation intérieure et extérieure de l'offi-
décès du titulaire doit, tout en tenant compte des intérêts cine est réglementée.
légitimes des ayants droit, exiger de ceux-ci qu'ils respectent ■
Le refus de dispensation est un devoir.
son indépendance professionnelle.» ■
Le remplacement du pharmacien est réglementé.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 A Vrai.
Le pharmacien peut faire une fausse facture dans l'intérêt du B Faux.
patient : QCM 4
A Vrai. Le pharmacien peut vendre des «Fleurs de Bach» :
B Faux. A Vrai.
QCM 2 B Faux.
Le pharmacien peut être pompier volontaire : QCM 5
A Vrai. Le pharmacien a le droit de stocker de la nourriture dans une
B Faux. armoire frigorifique stockant les médicaments de la chaîne du
QCM 3 froid :
Le pharmacien qui porte secours à quelqu'un n'encourt pas le A Vrai.
risque d'une condamnation pour exercice illégal de la médecine : B Faux.

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne : pour


voir ces compléments, connectez-vous sur http://www.em-
consulte/e-complement/474756 et suivez les instructions.

106
Chapitre 10
Entreprise et établissement
pharmaceutiques

PLAN DU C HAPITRE
Définitions 110
Les activités des établissements
pharmaceutiques 110
Le pharmacien responsable
et les pharmaciens délégués 111

Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
V. L'industrie du médicament et son activité

Prérequis et objectifs Le fabricant



Prérequis : Le fabricant est l'organisme ou l'entreprise qui fabrique des
– notions de droit pharmaceutique (PACES). médicaments en vue de leur vente en gros.

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant La fabrication comprend les opérations suivantes (article
sera capable de : R. 5124-2 du Code de la santé publique) :
l l'achat des matières premières ;
– définir le concept d'établissement pharmaceutique ;
l l'achat des conditionnements ;
– définir le concept d'entreprise pharmaceutique ;
l les opérations de production ;
– distinguer le concept d'établissement pharma-
l le contrôle de la qualité ;
ceutique de celui d'entreprise pharmaceutique ;
l la libération des lots ;
– citer les différentes activités des établissements
l les opérations de stockage.
pharmaceutiques ;
– décrire le rôle du pharmacien responsable et ses
prérogatives. L'importateur
C'est l'entreprise qui se livre, en vue de la vente en gros des
Définitions médicaments (article R. 5124-2 du Code de la santé publique) :
l à l'importation ;

l au stockage ;
Point clé l au contrôle de la qualité ;

l à la libération des lots.

Définition de l'entreprise pharmaceutique


et de l'établissement pharmaceutique L'exploitant
Il est nécessaire de faire la distinction entre une
«entreprise pharmaceutique» et un «établisse- L'exploitation comprend (article R. 5124-2 du Code de la
ment pharmaceutique» : santé publique) les opérations :
l de vente en gros ou de cession à titre gratuit ;

une entreprise pharmaceutique désigne l'entité éco-
l de publicité ;
nomique qui contient le fonds de commerce et l'in-
l d'information ;
dustrie ; il s'agit de la plupart du temps d'une société ;
l de pharmacovigilance ;

un établissement pharmaceutique désigne le
l de suivi des lots (y compris leur retrait) ;
site de fabrication ou d'importation ou d'expor-
l de stockage.
tation ou de distribution en gros de médicaments
(article L. 5124-1 du Code de la santé publique) ; L'exploitation est assurée soit par le titulaire de l'AMM
ce site fait l'objet d'une demande d'autorisation soit, pour le compte de ce titulaire, par une autre entreprise
d'ouverture auprès de l'ANSM (article L. 5124-3 ou un autre organisme, soit par l'un et l'autre.
du Code de la santé publique).
La distribution en gros
Ainsi, l'entreprise pharmaceutique est l'entité qui a un ou Cette activité comprend plusieurs activités (article R. 5124-2
plusieurs établissements pharmaceutiques (figure 10.1). du Code de la santé publique).

Entreprise pharmaceutique

Les activités des établissements


pharmaceutiques Établissement
pharmaceutique
Établissement
pharmaceutique
Établissement
pharmaceutique

Quelle que soit la nature de leurs activités, les établissements


pharmaceutiques doivent respecter les règles de bonnes
pratiques en vigueur (articles L. 5121-5 et R. 5124-46 du Figure 10.1
Code de la santé publique) notamment en ce qui concerne Entreprise et établissement pharmaceutique.
les locaux et les moyens en personnels. (Illustration par M. Guerriaud.)

110
10. Entreprise et établissement pharmaceutiques

Grossiste répartiteur l distributeur en gros de produits pharmaceutiques autres


que les médicaments ;
L'entreprise qui achète et stocke des médicaments en vue l distributeur en gros à l'exportation.
de leur distribution en gros et en l'état.

Dépositaire Le pharmacien responsable


L'entreprise qui stocke des médicaments, produits, objets et les pharmaciens délégués
ou articles dont elle n'est pas propriétaire, en vue de leur
distribution en gros et en l'état (pour le compte d'un ou
plusieurs exploitants de médicaments).
Pharmacien responsable
et propriété
Centrale d'achat
L'entreprise doit être la propriété d'un pharmacien ou d'une
L'entreprise qui achète et stocke des médicaments, à l'ex- société à la gérance ou à la direction générale de laquelle
ception des médicaments remboursables par les régimes participe un pharmacien. Ce pharmacien est le pharmacien
obligatoires d'assurance maladie, en vue de leur distribution responsable : il est personnellement responsable du respect
en gros et en l'état à des pharmaciens titulaires d'officine des dispositions ayant trait à l'activité pharmaceutique.
(soit en son nom et pour son compte, soit d'ordre et pour
le compte de pharmaciens titulaires d'officine).
Pharmaciens responsables
Autres et délégués
Il existe d'autres structures :
l distributeur en gros à vocation humanitaire ;
Dans chaque établissement pharmaceutique de l'entreprise,
l distributeur en gros de médicaments dérivés du sang ;
un pharmacien délégué veille au respect de la législation
l distributeurs de médicaments expérimentaux ;
pharmaceutique sous l'autorité de son pharmacien res-
l distributeur en gros de plantes médicinales ;
ponsable (figure 10.2). Les pharmaciens responsables et les
l distributeur en gros de gaz à usage médical ;
pharmaciens délégués doivent justifier d'une expérience pra-
l distributeur en gros du service de santé des armées ;
tique appropriée de 2 ans et doivent être inscrits à l'Ordre.
(articles L. 5124-2 et R. 5124-16 du Code de la santé publique).

Ph. délégué
Ph. délégué

Ph. délégué

Ph. Responsable

Ph. délégué

Ph. délégué

Ph. délégué

Figure 10.2
Le pharmacien responsable et ses pharmaciens délégués.
(Illustration par M. Guerriaud.)

111
V. L'industrie du médicament et son activité

Remarque Pour les distributeurs


Le premier pharmacien adjoint est requis pour un effectif de
Pharmacien responsable et entité juridique 40 à 100 personnes, puis le deuxième pharmacien adjoint
Il doit y avoir un pharmacien responsable par pour un effectif de 101 à 175 personnes, puis un troisième
entité juridique (entreprise). Dans certains cas, pharmacien adjoint pour un effectif de 176 à 275 personnes et
un groupe pharmaceutique et composé de plu- ainsi de suite par tranche de 100 personnes supplémentaires.
sieurs entités juridiques ; il doit alors y avoir un
pharmacien responsable pour chacune de ces Missions du pharmacien responsable
entités.
En amont du lancement du médicament (article R. 5124-36
Ces pharmaciens (comme les pharmaciens titulaires du Code de la santé publique) :
l il participe à l'élaboration du programme de recherches
d'officine, cf. « Exercice personnel » au chapitre 18)
doivent impérativement exercer personnellement et d'études ;
l il signe, après avoir pris connaissance du dossier, les
leur profession (article L. 5124-4 du Code de la santé
publique). Ce qui implique naturellement qu'ils doivent demandes d'AMM.
être remplacés en cas d'absence (par un pharmacien res- Il organise et surveille (article R. 5124-36 du Code de la
ponsable intérimaire). santé publique) :
l la fabrication ;
En revanche, contrairement à l'officine, le nombre de
l la publicité ;
pharmaciens délégués n'est pas calculé au prorata du
l l'information ;
chiffre d'affaires mais en fonction de l'effectif du personnel
l la pharmacovigilance ;
(figure 10.3) (articles R. 5124-38 à 40 du Code de la santé
l le suivi et le retrait des lots ;
publique).
l la distribution ;
Le personnel comptabilisé pour le calcul des besoins en
l l'importation et l'exportation des médicaments ;
adjoints est celui qui réalise :
l les opérations de stockage ;
l les opérations de fabrication et d'importation et tous
l les opérations de transport ;
contrôles y afférents ;
l la falsification des médicaments.
l le magasinage, la préparation des commandes et embal-

lage, et le transport des gaz médicaux ; Concernant l'entreprise (article R. 5124-36 du Code de la
l le suivi des lots, le traitement des réclamations, les retraits
santé publique) :
l le pharmacien responsable participe aux délibé-
et retours des produits.
rations des organes de gestion, d'administration, de
direction ou de surveillance, ou à celles de tout autre
Pour les fabricants, importateurs et exploitants
organe ayant une charge exécutive, de l'entreprise ou
Le premier pharmacien adjoint est requis pour un de l'organisme, lorsque ces délibérations concernent ou
effectif de 20 à 35 personnes, puis un deuxième peuvent affecter l'exercice des missions relevant de sa
pharmacien adjoint pour un effectif de 36 à 75 per- responsabilité ;
sonnes et ainsi de suite par tranche de 40 personnes l il a autorité sur les pharmaciens délégués et adjoints ;

supplémentaires. l il désigne les pharmaciens délégués intérimaires ;

20 35 75
15 40 40

er
Fabricants Pharmacien 1
Importateurs délégué ou pharmacien 2e pharmacien adjoint … pharmacien adjoint
Exploitants responsable adjoint

40 100 175
60 75 100

er e e
Distributeurs Pharmacien délégué ou responsable 1 pharmacien adjoint 2 pharmacien adjoint 3 pharmacien adjoint

Figure 10.3
Répartition des pharmaciens adjoints selon l'effectif.
(Illustration par M. Guerriaud.)

112
10. Entreprise et établissement pharmaceutiques

l il signale aux autres dirigeants de l'entreprise ou orga- L'essentiel à retenir


nisme tout obstacle ou limitation à l'exercice de ces
attributions ; ■
Une entreprise pharmaceutique est une entité
l dans le cas où il existe un désaccord portant sur l'appli-
économique qui possède un ou plusieurs établis-
cation des règles édictées dans l'intérêt de la santé publique sements pharmaceutiques.
qui oppose un organe de gestion, d'administration, de ■
Les activités des établissements pharmaceu-
direction ou de surveillance au pharmacien responsable, tiques peuvent être de fabrication, d'importation,
ce dernier en informe le directeur général de l'ANSM. d'exploitation ou de distribution en gros.

Le pharmacien responsable est un membre cen-
Remarque tral de l'entreprise pharmaceutique ; ses conditions
de délégation et remplacement sont encadrées.
Pharmacien responsable et type d'emploi
En principe, le pharmacien responsable n'est pas
un salarié mais un «mandataire social» ; ce statut
permet de renforcer son indépendance, notam-
ment en cas de désaccord sur l'application de la
législation pharmaceutique.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 3
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à l'entité Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne la personne
économique ? secondant un pharmacien responsable ?
A Le site pharmaceutique. A Un pharmacien attaché.
B L'établissement pharmaceutique. B Un pharmacien gérant.
C L'entreprise pharmaceutique. C Un pharmacien titulaire.
D L'activité pharmaceutique. D Un pharmacien délégué.
E La distribution pharmaceutique. E Un pharmacien assistant.
QCM 2 QCM 4
Parmi les réponses suivantes, lesquelles correspondent aux Le nombre de pharmaciens secondant le pharmacien respon-
différentes activités de la distribution ? sable est calculé selon le chiffre d'affaires :
A Grossiste répartiteur. A Vrai.
B Fabricant. B Faux.
C Importateur.
QCM 5
D Dépositaire.
Le pharmacien responsable doit obligatoirement faire partie
E Centrale d'achat.
des organes de décision :
A Vrai.
B Faux.

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne :


pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://
www.em-consulte/e-complement/474756 et suivez les
instructions.

113
Chapitre 11
Les brevets

P LAN D U CHA PI T RE
Définition 115
Différentes inventions 115
Limitations 116
Conditions indispensables
pour déposer un brevet 118
Exploitation du brevet 118
Les licence d'office et licence obligatoire 118
La contrefaçon de brevet 119

Droit pharmaceutique
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11. Les brevets

Prérequis et objectifs L'invention de produit



Prérequis : Le produit est un objet matériel ayant une composition
– notions de droit pharmaceutique (PACES). chimique ou une structure mécanique.

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant Il s'agit de l'invention principale pour un médicament : la
sera capable de : composition désigne la substance active (± les excipients).
– définir le brevet d'invention ; Rentrent aussi dans ce cadre les structures, par exemple
– citer les différents types d'inventions ; les systèmes galéniques de libération prolongée. C'est
– donner la durée de validité d'un brevet ; également dans ce type d'invention que sont classées les
– décrire le certificat complémentaire de protec- biotechnologies : animal transgénique, lignées cellulaires,
tion et ses effets ; cellules souches isolées, plasmides, virus [122, 124]…
– citer les conditions indispensables au dépôt
d'un brevet ; L'invention d'un procédé
– expliquer les notions de licences d'office et de
licence obligatoire ; Dans ce cadre, on peut protéger les méthodes d'obtention
– définir la contrefaçon de brevet et décrire ses du produit, par exemple une synthèse chimique, un pro-
conséquences. cédé d'encapsulation, une purification, une extraction…,
mais aussi des procédés de fusion cellulaire, des créations
de séquences génétiques artificielles…
Définition
L'invention d'application
Il s'agit d'utiliser des moyens, produits ou procédés connus,
Point clé mais dans une utilisation nouvelle, inédite. Typiquement,
dans le domaine du médicament, il s'agit d'une nouvelle
Définition du brevet d'invention indication thérapeutique : par exemple, un médicament
Le brevet d'invention est un titre qui permet déjà utilisé pour le cancer du sein peut être breveté pour
de protéger, de façon exclusive mais temporaire, son utilisation nouvelle dans le cancer du poumon.
une invention («une solution technique à un pro-
blème technique [122]»), de sorte que le titulaire
puisse en faire une exploitation commerciale. Jurisprudence
Ainsi, le Code de la propriété intellectuelle dans
son article L. 611-1 prévoit : «Toute invention peut Brevetabilité d'une nouvelle indication [124]
faire l'objet d'un titre de propriété industrielle déli- La Grande Chambre de recours de l'Office euro-
vré par le directeur de l'Institut national de la pro- péen des brevets (OEB) a retenu que même si
priété industrielle qui confère à son titulaire ou à ses l'utilisation d'un médicament est déjà connue
ayants cause un droit exclusif d'exploitation.» pour traiter une maladie, un brevet peut être déli-
vré sur ce médicament pour une utilisation «dans
un traitement thérapeutique différent de la même
maladie» (OEB, gde ch. rec., 19 février 2010, aff.
Différentes inventions G2/08. JOOEB octobre 2010 : 456).
Classiquement, on distingue quatre grands types d'inven-
tions qui, bien que n'étant plus inscrits dans le Code de la L'invention de combinaison
propriété intellectuelle, sont toujours utilisés en pratique.
Dans le domaine pharmaceutique, un médicament pourra Il s'agit d'une association de produits ou procédés qui n'a
bénéficier de plusieurs brevets (grappe de brevets) [123] : pas encore été réalisée et qui conduit à un résultat nouveau.
l l'invention de produit ; Il s'agit typiquement de breveter une association nouvelle
l l'invention de procédé ; de deux principes actifs, par exemple : l'association à visée
l l'invention d'application ; antihypertensive d'un IEC (captopril) avec un diurétique
l l'invention de combinaison. (hydrochlorothiazide).
115
V. L'industrie du médicament et son activité

Limitations En termes de domaine


de brevetabilité
En termes de temps et d'espace
Interdictions générales
Un brevet a deux limitations majeures : l'une est le temps,
l'autre est le territoire. Il existe un certain nombre de dispositifs non brevetables
(articles L. 611-10, L. 611-16 et L. 611-17 du Code de la pro-
Temps priété intellectuelle) :
l les découvertes ainsi que les théories scientifiques et les

Règle générale méthodes mathématiques ;


l les créations esthétiques ;
En matière de temps, le brevet est temporaire : il est limité
à vingt ans. l les plans, principes et méthodes dans l'exercice d'acti-
vités intellectuelles, en matière de jeu ou dans le domaine
Certificat complémentaire de protection, ou CCP des activités économiques, ainsi que les programmes
d'ordinateur ;
Cependant, dans le domaine du médicament, le temps l les présentations d'informations ;
de développement est généralement long et, de ce fait, l les méthodes de traitement chirurgical ou thérapeu-
la durée du brevet ne protège pas convenablement l'in-
tique du corps humain ou animal et les méthodes de
vention pour permettre une exploitation commerciale
diagnostic appliquées au corps humain ou animal. Cette
rentable. Pour cette raison, il est possible de demander
disposition ne s'applique pas aux produits, notamment
un certificat complémentaire de protection (CCP). Dès
aux substances ou compositions (on sous-entend ici la
lors, une période supplémentaire est rajoutée et l'article
notion de médicament), pour la mise en œuvre d'une de
L. 611-2 précise que ce CCP prend « effet au terme légal
ces méthodes ;
du brevet auquel ils se rattachent pour une durée ne pou- l les inventions, dont l'exploitation commerciale serait
vant excéder sept ans à compter de ce terme et dix-sept
contraire à la dignité de la personne humaine, à l'ordre
ans à compter de la délivrance de l'autorisation de mise
public ou aux bonnes mœurs (principes éthiques ou
sur le marché ».
moraux). Cette contrariété ne pouvant résulter du seul
fait que cette exploitation est interdite par une disposition
À retenir législative ou réglementaire.

Durée d'un brevet L'épineux problème du vivant,


L'article L. 611-2 du Code de la propriété intel-
en particulier de l'humain
lectuelle prévoit que les brevets d'invention sont Animaux et plantes
délivrés pour une durée de vingt ans à compter
Ne sont pas brevetables (article L. 611-19 du Code de la
du jour du dépôt de la demande.
propriété intellectuelle) :
Cependant grâce à un certificat complémentaire l les races animales ;
de protection (CCP), cette période peut être éten- l les variétés végétales ;
due de sept ans. l les procédés essentiellement biologiques pour l'ob-
tention des végétaux et des animaux (croisement ou
sélection) ;
Espace l les procédés de modification de l'identité géné-

En matière d'espace, le brevet est limité à un territoire tique des animaux de nature à provoquer chez eux des
donné, c'est-à-dire au territoire dans lequel a été déposé le souffrances sans utilité médicale substantielle pour
brevet. Cependant, concernant ce dernier point, il est pos- l'homme ou l'animal, ainsi que les animaux issus de tels
sible de déposer un brevet européen à l'Office européen procédés.
des brevets (OEB), afin d'obtenir une protection dans plu- Sont brevetables (article L. 611-19 du Code de la pro-
sieurs pays européens, ou encore à l'Organisation mondiale priété intellectuelle) :
de la propriété intellectuelle (OMPI) pour obtenir une pro- l les inventions portant sur des végétaux ou des ani-

tection encore plus large. maux si la faisabilité technique de l'invention n'est pas
116
11. Les brevets

limitée à une variété végétale ou à une race animale Ne sont notamment pas brevetables :
déterminées : ainsi un animal génétiquement modifié l les procédés de clonage des êtres humains ;
peut être breveté, par exemple Atryn® une antithrom- l les procédés de modification de l'identité génétique de

bine alfa est produite dans le lait d'une chèvre généti- l'être humain ;
quement modifiée ; l les utilisations d'embryons humains à des fins indus-

l les procédés techniques, notamment microbio- trielles ou commerciales ;


logiques, ou un produit obtenu par un tel procédé ; l les séquences totales ou partielles d'un gène prises en

est regardé comme un procédé microbiologique tout tant que telles.


procédé utilisant ou produisant une matière biolo-
gique ou comportant une intervention sur une telle Jurisprudence
matière.
Parthénogenèse et brevet
L'humain S'il est interdit de breveter l'utilisation d'embryons
La brevetabilité de l'être humain est particulière- humains, il est reconnu (CJUE, 18 décembre
ment complexe notamment en raison des problèmes 2014, affaire C-364/13) «qu'un ovule humain non
éthiques qu'elle soulève. Le principe de base est que fécondé qui, par voie de parthénogenèse, a été
l'être humain n'est pas brevetable comme le mentionne induit à se diviser et à se développer, ne constitue
l'article L. 611-18 du Code de la propriété intellectuelle : pas un embryon humain [125]». En conséquence,
« Le corps humain, aux différents stades de sa constitu- ce dispositif particulier est brevetable.
tion et de son développement, ainsi que la simple décou- L'affaire qui a mené à cette question préjudicielle
verte d'un de ses éléments, y compris la séquence totale devant la CJUE, portait notamment sur deux
ou partielle d'un gène, ne peuvent constituer des inven- demandes de brevets :
tions brevetables. » ■
«Activation par voie de parthénogenèse d'ovocytes
Le texte rajoute cependant : « Seule une invention pour la production de cellules souches embryon-
constituant l'application technique d'une fonction d'un naires humaines», relative à des méthodes de pro-
élément du corps humain peut être protégée par brevet. duction de lignes de cellules souches humaines
Cette protection ne couvre l'élément du corps humain que pluripotentes à partir d'ovocytes activés par voie
dans la mesure nécessaire à la réalisation et à l'exploi- de parthénogenèse et de lignes de cellules souches
tation de cette application particulière. Celle-ci doit être produites selon les méthodes visées ;
concrètement et précisément exposée dans la demande ■
«Cornée synthétique issue de cellules souches
de brevet. » rétiniennes», relative à des méthodes de produc-
Ce texte est la transposition, très imparfaite, de tion de cornée synthétique ou de tissu cornéen,
la directive 98/44/CE sur la protection juridique des comportant l'isolation de cellules souches pluri-
inventions de biotechnologiques. Il faut comprendre potentes à partir d'ovocytes activés par voie de
par « l'élément du corps humain » un élément isolé parthénogenèse, et revendiquant des procédés de
du corps humain qui, comme le rappelle la direc- fabrication visant la cornée synthétique ou le tissu
tive, doit être par exemple : « le résultat de procédés cornéen obtenus par ces méthodes.
techniques l'ayant identifié, purifié, caractérisé et mul-
tiplié en dehors du corps humain, techniques que seul Autres limitations spécifiques
l'être humain est capable de mettre en œuvre et que
la nature est incapable d'accomplir par elle-même » ;
au médicament
en outre, il n'est brevetable que s'il dispose d'une Il faut noter que les droits conférés par un brevet ne s'appliquent
application particulière. Il en est de même pour une pas (article L. 613-5 du Code de la propriété intellectuelle) :
séquence génétique, dont le brevet est limité à la par- l aux préparations magistrales ;

tie de cette séquence « directement liée à la fonction l aux études, essais et actes nécessaires pour l'obtention d'une

spécifique » (article L. 613-2-1 du Code de la propriété AMM pour un médicament (notamment d'un générique) ;
intellectuelle). l aux actes nécessaires à l'obtention du visa de publicité.

117
V. L'industrie du médicament et son activité

Conditions indispensables Une application industrielle


pour déposer un brevet L'article L. 611-15 explique qu'«une invention est considérée
comme susceptible d'application industrielle si son objet peut
être fabriqué ou utilisé dans tout genre d'industrie, y compris
l'agriculture».
À retenir

Les critères de brevetabilité Exploitation du brevet


Pour être brevetable, une invention doit associer
trois critères prévus à l'article L61-10 du Code de Le titulaire du brevet peut utiliser son brevet pour son
la propriété intellectuelle : propre compte dans le cadre de son monopole d'exploita-

l'invention doit être nouvelle ; tion, mais il peut également :
l le vendre : il s'agit dès lors d'une cession de brevet. Il

l'invention doit impliquer une activité
inventive ; faut rédiger un contrat dans lequel le titulaire du brevet

l'invention doit être susceptible d'application (breveté) cède son droit d'exploitation à un tiers (le ces-
industrielle. sionnaire) en contrepartie d'une somme d'argent. À savoir :
l'État pour des raisons de défense nationale peut saisir un
brevet ;
l le louer : il s'agit dès lors d'une licence de brevet. Il faut

également un contrat écrit dans lequel est précisé le mon-


La nouveauté d'une invention tant de la location que l'on appelle la redevance.
L'article L. 611-11 définit une invention nouvelle comme
une invention qui n'est pas comprise dans « l'état de la
technique ». Par état de la technique, il faut comprendre
l'ensemble des connaissances actuelles et qui sont acces-
Les licence d'office et licence
sibles au public — cela exclut des connaissances volontai- obligatoire
rement rester secrète.
Par ailleurs, pour être considérée comme nouvelle, En France
l'invention ne doit pas avoir été connue : elle doit res-
ter secrète jusqu'au dépôt du brevet — ne pas avoir Afin de pouvoir assurer l'intérêt supérieur de la population
été diffusée par la presse, lors d'une soutenance de en matière de santé publique, les pouvoirs publics dis-
mémoire (thèse, par exemple), dans une publication posent de la possibilité d'utiliser la «licence d'office». L'État
scientifique… peut ainsi imposer à un titulaire de brevet de lui consentir
Dans le cadre du médicament, une nouvelle indication une licence.
thérapeutique satisfait le critère de nouveauté. L'article L. 613-16 prévoit que si l'intérêt de la santé
publique l'exige, les pouvoirs publics obtiennent une
licence d'office pour :
l un médicament, un dispositif médical, un dispositif
Une activité inventive
médical de diagnostic in vitro, un produit thérapeutique
L'article L. 611-14 définit l'activité inventive comme une annexe (par exemple, un médicament contre une pandé-
invention qui «pour un homme du métier», ne découle pas mie menaçant la population) ;
d'une manière évidente de l'état de la technique. L'homme l leur procédé d'obtention, un produit nécessaire à

du métier étant une personne de référence, il est un pro- leur obtention ou un procédé de fabrication d'un tel
fessionnel d'un domaine ou d'une discipline en particulier. produit ;
Il s'agit donc d'une personne bénéficiant de compétences l une méthode de diagnostic ex vivo (par exemple, un

propres qui ne sont pas «celles du commun», sans pour système de détection d'une maladie infectieuse nouvelle,
autant être un expert [122, 126]. menaçant la population).

118
11. Les brevets

La licence d'office ne peut être utilisée que : Attention


l lorsque ces produits ou ces méthodes sont mis à la dis-
position du public (l'une des conditions suffit) : Ne pas confondre contrefaçon
– en quantité ou qualité insuffisante ; et falsification
– à des prix anormalement élevés ;
l lorsque le brevet est exploité dans des conditions
La contrefaçon est une atteinte au droit de la pro-
priété industrielle, tandis que la falsification est
contraires à l'intérêt de la santé publique ;
l ou lorsque le brevet est exploité dans des conditions constitu-
une atteinte au droit de la santé publique.
La falsification est une notion récemment intro-
tives de pratiques déclarées anticoncurrentielles à la suite d'une
duite en France, notamment après la convention
décision administrative ou juridictionnelle devenue définitive.
Medicrime, afin de punir plus lourdement et plus
spécifiquement la fabrication et les ventes des
Au niveau international «faux médicaments». Les médicaments falsifiés
sont définis désormais à l'article L. 5111-3 du Code
L'OMC à travers les accords ADPIC (TRIPS en anglais) a de la santé publique : «On entend par médicament
reconnu la possibilité pour certains pays membres (notam- falsifié tout médicament […] comportant une
ment les pays à bas revenus, touchés par des pandémies fausse présentation :
importantes) d'utiliser des licences obligatoires. Les pou- ■
de son identité, y compris de son emballage et
voirs publics peuvent autoriser un tiers à fabriquer le pro- de son étiquetage, de son nom ou de sa composi-
duit breveté sans le consentement du titulaire du brevet : tion s'agissant de n'importe lequel de ses compo-
ainsi un État peut fabriquer des médicaments génériques sants, y compris les excipients, et du dosage de ces
pour sa propre population. composants ;
Cependant, cela ne signifie pas que le détenteur du brevet ■
de sa source, y compris de son fabricant, de son
n'est pas rémunéré : il l'est de façon «adéquate», autrement pays de fabrication, de son pays d'origine ou du titu-
dit selon les possibilités financières de l'État utilisant la licence. laire de son autorisation de mise sur le marché ;

ou de son historique, y compris des autorisations,
des enregistrements et des documents relatifs aux
La contrefaçon de brevet circuits de distribution utilisés.»
L'article L. 5421-13 prévoit des peines de cinq ans
Lorsque le brevet n'est pas respecté, il y a contrefaçon : d'emprisonnement et de 375 000 € d'amende pou-
«Toute atteinte portée aux droits du propriétaire du bre- vant être portées à sept ans d'emprisonnement
vet […] constitue une contrefaçon.» (article L. 615-9 du et 750 000 € d'amende dans certaines conditions
Code de la propriété intellectuelle). L'action en contrefaçon aggravantes.
est exercée par le propriétaire du brevet ou le bénéficiaire
(par exemple, le licencié).
L'acte de contrefaçon peut donner lieu à des sanctions L'essentiel à retenir
civiles, pénales et douanières [122].
En matière pénale, le contrefacteur risque : ■
Pour être brevetable, une invention doit être
l trois ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende ; nouvelle, impliquer une activité inventive et être
l cinq ans d'emprisonnement et 500 000 € d'amende susceptible d'application industrielle.
lorsque le délit a été commis en bande organisée ou sur ■
Le brevet d'invention est un titre qui permet de
un réseau de communication au public en ligne ou lorsque protéger, de façon exclusive mais temporaire, une
les faits portent sur des marchandises dangereuses pour la invention.
santé, la sécurité de l'homme ou l'animal. ■
Un brevet est limité à vingt ans ; mais, dans
Si le contrefacteur est une personne morale, comme le domaine pharmaceutique, il peut être ajouté
une entreprise, il risque une amende cinq fois supérieure un certificat complémentaire de protection de
à celle d'une personne physique soit de 1 500 000 € à sept ans.
2 500 000 € selon les cas et les peines prévues à l'article ■
Le brevet est limité à un territoire donné.
131-39 du Code pénal (dissolution de l'entreprise, inter- ■
Toute atteinte portée aux droits du propriétaire
diction d'exercer…). du brevet constitue une contrefaçon.

119
V. L'industrie du médicament et son activité

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Un algorithme.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée D Une technique de compression de poudre.
normale d'un brevet ? E Une méthode chirurgicale.
A 5 ans.
QCM 4
B 10 ans.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond(ent)
C 15 ans.
à (aux) critère(s) de base pour qu'une invention soit brevetable ?
D 20 ans.
A L'invention doit être nouvelle.
E 25 ans.
B L'invention doit impliquer une activité de recherche.
QCM 2 C L'invention doit impliquer une activité inventive.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée D L'invention doit être susceptible d'application commerciale.
normale d'un certificat complémentaire de protection ? E L'invention doit être susceptible d'application industrielle.
A 2 ans.
QCM 5
B 5 ans.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'acronyme des
C 7 ans.
accords internationaux de l'OMC sur la protection des droits
D 9 ans.
intellectuels ?
E 13 ans.
A HARPIC.
QCM 3 B CARDIC.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) n'est (ne C CAPIC.
sont) pas brevetable(s) ? D MAGIC.
A Un procédé de clonage humain. E ADPIC.
B Une race animale.

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120
Chapitre 12
Les marques

PLAN DU C HAPITRE
Définition 122
Les signes et les marques 122
Conditions indispensables pour déposer
une marque 123
Vie de la marque 124
La contrefaçon de marque 125

Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
V. L'industrie du médicament et son activité

Prérequis et objectifs l les signes sonores tels que : sons, phrases musicales ;
l les signes figuratifs tels que dessins, étiquettes, cachets,

Prérequis : lisières, reliefs, hologrammes, logos, images de synthèse ; les
– notions de droit pharmaceutique (PACES). formes, notamment celles du produit ou de son condition-

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant nement ou celles caractérisant un service ; les dispositions,
sera capable de : combinaisons ou nuances de couleurs.
– définir la marque ;
– définir la notion de signe et son application dans Les marques nominales
le domaine des marques ; (par dénomination)
– citer les différents types de signes autorisés ;
– citer les conditions indispensables au dépôt La plupart des marques utilisent un mot ou un assemblage de
d'une marque ; mot, peu importe que ce mot ou cet assemblage ait un sens.
– expliquer le principe de vie de la marque ;
– définir la contrefaçon de marque et décrire ses Un mot
conséquences. l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Nike®.
l Domaine pharmaceutique, par exemple : Advil® (pas de
Définition sens particulier), Agrippal® (renvoie à la grippe).
Un assemblage de mots
Point clé l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Petit
Bateau®.
Définition de la marque l Domaine pharmaceutique, par exemple : Kenacort
La marque est définie à l'article L. 711-1 du Code retard®, Hept a myl®.
de la propriété intellectuelle : «La marque de Les slogans qui sont des assemblages de mots peuvent
fabrique, de commerce ou de service est un signe aussi être protégés :
susceptible de représentation graphique servant à l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Mars® «et
distinguer les produits ou services d'une personne ça repart».
physique ou morale.» l Domaine pharmaceutique, par exemple : BMS® «Ensemble,
nous pouvons vaincre», OCP® «par principe, actif».
Il convient d'abord de définir les différentes marques
Noms patronymiques
citées [53] :
l une marque de fabrique : marque qui est apposée par le l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Cartier®,
fabricant d'un produit. Exemple : Sanofi® ; Renault®, Michelin®.
l une marque de commerce : marque qui est apposée par l Domaine pharmaceutique, par exemple : Pierre Fabre®,
celui qui commercialise un produit sans en être le fabricant. Servier®, Vegebom du Dr Miot®.
Ce sont en particulier les marques dites de distributeurs. Remarque : il est admis que l'on peut déposer des
Exemple : les produits Carrefour® ; prénoms :
l une marque de service : marque qui est apposée par celui l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Jules®,
qui fournit un service. Cela peut concerner par exemple le Marie-Claire®.
transport, les banques… Exemple : OCP®. l Domaine pharmaceutique, par exemple : Jasmine®.
Noms géographiques

Les signes et les marques l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Evian®, Vittel®.
l Domaine pharmaceutique, par exemple : Aspirine du
Il est nécessaire de préciser ce que l'on entend par un signe Rhône®, Magnésie San Pellegrino®, Baume des Pyrénées®.
susceptible de représentation graphique :
Lettres et sigles
l les dénominations sous toutes les formes telles que :
mots, assemblages de mots, noms patronymiques et géo- l Domaine non pharmaceutique, par exemple : EDF®, RTL®.
graphiques, pseudonymes, lettres, chiffres, sigles ; l Domaine pharmaceutique, par exemple : ART®, B.O.P.®, BMS®.

122
12. Les marques

Chiffres Les marques figuratives


l Domaine non pharmaceutique, par exemple : 1664®, Ces signes graphiques peuvent être des : dessins, étiquettes,
Chanel n° 5®. cachets, lisières, reliefs, hologrammes, logos, images de syn-
l Domaine pharmaceutique, par exemple : A-313®, L52®. thèse ; les formes, notamment celles du produit ou de son
conditionnement ou celles caractérisant un service ; les dis-
Attention positions, combinaisons ou nuances de couleurs.
Par exemple, le logo de Novartis® en forme de flamme
DCI et marque stylisée est une marque déposée. Les formes peuvent aussi
Une DCI ne peut pas être une marque (article être déposées, comme celle de la bouteille d'Orangina® ou
R. 5121-2 du Code de la santé publique) ; en la forme d'un comprimé.
revanche, il est possible d'apposer une marque à
côté de la DCI, par exemple : Ibuprofène Mylan®.
De plus, le nom de fantaisie est choisi de façon à Jurisprudence
éviter toute confusion avec d'autres médicaments
et ne pas induire en erreur sur la qualité ou les pro- Forme d'un comprimé
priétés de la spécialité (article R. 5121-3 du Code La forme d'un comprimé peut être un signe de
de la santé publique). Le risque de confusion doit marque figurative, du moment que cette forme
être étudié du point de vue du patient et non pas n'est pas imposée exclusivement par la nature ou
du professionnel (CA Paris, 19 septembre 2001). la fonction du produit et à la condition que cette
Le nom de fantaisie doit aussi ne pas être trop forme ne remplisse pas une fonction exclusivement
proche de la DCI. Il a ainsi été jugé que Doxycline® technique ou pratique. Ainsi, la forme particulière
n'était pas assez distinct de la DCI doxycycline en baguette d'un comprimé de Lexomil® a pu être
(CA Paris, 27 septembre 1984) [123]. déposée (CA Versailles, 27 septembre 2005).
Marque olfactive et gustative
Pour l'instant, la jurisprudence ne semble pas
autoriser le dépôt d'un parfum ou d'un goût, car la
Attention représentation graphique de la formule chimique
n'est pas suffisamment intelligible.
«Marque ombrelle» et santé Ainsi, le laboratoire Lilly® n'a pas réussi à déposer
un goût de fraise artificiel pour ses sirops (OHMI,
La marque ombrelle est un concept marketing
R 120/200-1, du 4 août 2003, Eli Lilly).
consistant à commercialiser des produits hétéro-
gènes qui sont associés à différentes promesses,
sous une même marque [127]. Ainsi, certains
produits d'une marque ombrelle peuvent être des
médicaments et d'autres produits de santé. Cela Conditions indispensables
peut être source de confusion pour un patient. pour déposer une marque
Exemples : Toplexil® (médicament) et Toplexil
phyto® (dispositif médical) ou encore Arkogélules
Busserole® (médicament) et Arkogélules Queue
de cerise® (complément alimentaire). À retenir

Critères d'un signe


Les marques sonores
Pour que l'on puisse déposer une marque, il faut
Il est possible de déposer un son ou une phrase musicale, dans que le signe soit :
la mesure où les sons peuvent être transcrits de façon gra- ■
distinctif ;
phique sur une partition. Il s'agit typiquement de jingles, mais ■
licite ;
ceux-ci sont peu utilisés dans le domaine pharmaceutique. ■
disponible.

123
V. L'industrie du médicament et son activité

Un signe distinctif marque «déceptive» lorsque celle-ci est de nature à induire


le public en erreur et donc de la décevoir [53].
Le principe d'une marque est de pouvoir différencier un
produit d'un autre, il faut donc que le signe soit distinc-
tif (article L. 711-2 du Code de la propriété intellectuelle). Jurisprudence
Ainsi, le signe doit permettre d'identifier les produits ou les
services pour lesquels la marque a été déposée. Marque trompeuse (déceptive)
Les signes doivent être distinctifs, mais pas simplement Par exemple est déceptive la marque «PRILMED»
descriptifs. Ainsi, le mot «anti-inflammatoire» ne pourrait qui désigne des détergents destinés à nettoyer des
pas être déposé, car cela serait une marque générique ou matériaux. En effet, l'emploi du suffixe «MED» est
descriptive. susceptible de faire croire à une fabrication sous
contrôle médical prévenant tout danger pour
Jurisprudence certaines utilisations : ce signe est donc trompeur
(CA Paris, 4e ch., section B, 5 janvier 1995).
Est également déceptive la marque «PréPharma»,
Signes non distinctifs
car le suffixe «pharma» renvoie aux produits
Les pictogrammes informant le patient de la poso-
pharmaceutiques (Cass. Com., 17 octobre 1984).
logie et des précautions d'emploi ne constituent
pas des marques, car ils ne permettent pas d'iden-
tifier l'origine des produits désignés (CA Versailles,
12 octobre 2006). Un signe disponible
Pour pouvoir déposer une marque, le signe choisi doit être
libre, c'est-à-dire qu'un tiers ne doit pas s'être approprié le
Un signe licite signe. L'examen de la disponibilité n'est pas fait par l'INPI,
Le signe ne doit pas être interdit par la loi ou provoquer mais doit être réalisé par le déposant.
des troubles (article L. 711-3 du Code de la propriété L'article L. 711-4 du Code de la propriété intellec-
intellectuelle). tuelle énumère quelques droits antérieurs empêchant
de déposer une marque : « Ne peut être adopté comme
marque un signe portant atteinte à des droits antérieurs, et
Bonnes mœurs et ordre public
notamment :
Le signe de la marque ne doit pas être «contraire à l'ordre l À une marque antérieure enregistrée ou notoirement
public ou aux bonnes mœurs, ou dont l'utilisation est légale- connue ;
ment interdite». l À une dénomination ou raison sociale, s'il existe un risque
Ainsi, un signe de marque ne doit pas avoir un carac- de confusion dans l'esprit du public ;
tère raciste, obscène, ne doit pas utiliser de signes officiels l À un nom commercial ou à une enseigne connus sur l'en-
de l'État, des symboles religieux, des termes rappelant des semble du territoire national, s'il existe un risque de confusion
stupéfiants. dans l'esprit du public ;
l À une appellation d'origine protégée ou à une indication
géographique ;
Jurisprudence l Aux droits d'auteur ;
l Aux droits résultant d'un dessin ou modèle protégé ;
Signe contraire à l'ordre public ou aux bonnes mœurs l Au droit de la personnalité d'un tiers, notamment à son
A été jugée illicite la marque «cannabia», car rap- nom patronymique, à son pseudonyme ou à son image ;
pelant de façon univoque une drogue (CA Paris, l Au nom, à l'image ou à la renommée d'une collectivité
4e ch., 18 octobre 2000). territoriale.»

Risque de tromperie
Vie de la marque
Le signe d'une marque ne doit pas être «de nature à trom-
per le public, notamment sur la nature, la qualité ou la prove- Le droit de marque est un droit d'occupation et non de
nance géographique du produit ou du service». On parle de création ; en effet, il faut que la marque «vive», c'est-à-dire
124
12. Les marques

qu'on doit l'utiliser. Ainsi, en l'absence d'utilisation sérieuse Ainsi, la marque « Mont Blanc® » déposée pour les sty-
de la marque, le titulaire de cette dernière perd ses droits los empêche un tiers de l'utiliser dans le domaine de la
après cinq années, comme l'indique l'article L. 714-5 du fourniture de bureau, mais pas dans le domaine alimen-
Code de la propriété intellectuelle : «Encourt la déchéance taire où il existe une autre marque « Mont Blanc® » pour
de ses droits le propriétaire de la marque qui, sans justes les crèmes desserts. De même, « Mazda® » est déposé
motifs, n'en a pas fait un usage sérieux, pour les produits comme marque de piles électriques et comme marque
et services visés dans l'enregistrement, pendant une période de voitures.
ininterrompue de cinq ans.» Afin de définir les territoires de spécialité, trente-quatre
classes de produits et huit classes de services ont été créées.
Remarque Par exemple, la classe 5 regroupe les produits pharmaceu-
tiques et vétérinaires :
Absence d'utilisation et médicament
l produits hygiéniques pour la médecine ;
l aliments et substances diététiques à usage médical ou
Dans le cas des médicaments, la marque est par- vétérinaire ;
fois déposée bien avant l'obtention de l'AMM et, l aliments pour bébés ;
donc, n'est parfois pas utilisée pendant cinq ans. l compléments alimentaires pour êtres humains et
Il s'agit typiquement d'un «juste motif» permet- animaux ;
tant de déroger à cette règle et ainsi d'éviter la l emplâtres, matériel pour pansements ;
déchéance de la marque. l matières pour plomber les dents et pour empreintes
dentaires ;
l désinfectants ;
La naissance l produits pour la destruction des animaux nuisibles ;
Le principe général est qu'une marque naît avec son
l fongicides, herbicides.
dépôt (en réalité lors du premier usage) auprès d'un
l bains médicinaux, bandes, culottes ou serviettes
organisme officiel comme l'INPI. Cependant pour une hygiéniques ;
marque dite «notoire», sa renommée remplace le défaut
l préparations chimiques à usage médical ou pharmaceu-
d'enregistrement. tique ;
L'enregistrement est valable dix ans et doit être
l herbes médicinales ;
renouvelé après cette période. Le nombre de renou-
l tisanes ;
vellements possibles est illimité. Ainsi, la protection
l parasiticides ;
conférée par la marque à l'avantage d'être « éternelle »
l alliages de métaux précieux à usage dentaire.
contrairement à la protection conférée par le brevet
d'invention.
La contrefaçon de marque
Le territoire de la marque À l'instar des brevets d'invention, la marque peut être
contrefaite. Cette contrefaçon de marque recouvre plu-
Territoire géographique sieurs aspects [122] (tableau 12.1).
Tout comme pour le brevet d'invention, la marque est pro-
tégée pour un territoire donné. Elle peut être déposée à un L'essentiel à retenir
niveau national, européen, international.

La marque est un signe susceptible de représen-
tation graphique servant à distinguer les produits
Territoire de spécialité
et services d'une personne physique ou morale.
Une marque s'applique sur un territoire au sens marketing ■
Une DCI ne peut pas être déposée comme
du terme, c'est ce que l'on appelle le principe de spécialité : marque.
un même signe peut être utilisé comme marque pour des ■
Un signe doit être distinctif, licite et disponible.
produits ou services différents (à l'exception des marques ■
Tout comme pour les brevets, il peut y avoir
notoires). contrefaçon d'une marque.
125
V. L'industrie du médicament et son activité

Tableau 12.1. La contrefaçon de marque


Infractions Articles du CPI Exemple
Apposition frauduleuse de la marque Art. L. 713-2, L. 713-3 Dans ce cas, il s'agit d'apposer «physiquement» une marque sur des
produits, sans l'accord du titulaire de la marque, en particulier dans
un but commercial
Délit d'usage de la marque Art. L. 713-2, L. 713-3 Dans ce cas, une personne autre que le titulaire de la marque utilise
la marque sans son accord à des fins commerciales ou publicitaires
À noter que l'utilisation de la marque d'un médicament princeps
dans une publicité pour un générique est possible (Cass. Com,
24 mai 2011) : il s'agit d'une exception de référence nécessaire
Détention, importation, exportation, Art. L. 716-10 Il s'agit de détenir, importer ou exporter, vendre des produits de
vente de produit de marque contrefaite marque contrefaite
Imitation de la marque Art. L. 713-3 Il s'agit d'imiter le signe de la marque dans le but de créer une
confusion pour le consommateur : on a vu par exemple le
médicament pour le paludisme Arsumax® de Sanofi, être contrefait
par imitation sous le nom Arsuman
Reproduction de la marque pour des Art. L. 713-3 Dans ce cas, on utiliserait la marque d'un laboratoire
produits ou services similaires pharmaceutique pour un produit qu'il ne produit pas : par exemple,
on utiliserait la marque Sanofi® sur l'emballage d'une amphétamine
anorexigène (l'utilisation des amphétamines à visée coupe-faim est
interdite en France)
Reproduction de la marque pour les Art. L. 713-2 Il s'agit du cas typique de contrefaçon dans le domaine
produits désignés dans l'enregistrement pharmaceutique : une copie parfaite d'une boîte de Viagra®
par exemple
Substitution de produit Art. L. 716-10 Dans ce cas, il aura été sciemment livré un produit ou fourni un service
autre que celui qui lui est demandé sous une marque enregistrée
Cette disposition ne s'applique pas en cas d'exercice par un
pharmacien de la faculté de substitution prévue à l'article L. 5125-23
du Code de la santé publique
Suppression de la marque Art. L. 713-2 Il s'agit de supprimer une marque, en particulier pour la remplacer
par une autre
CPI, Code de la propriété intellectuelle.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 2
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) Une marque peut être sonore :
correspond(ent) aux différents types de marques ? A Vrai.
A Marque de courtoisie. B Faux.
B Marque de fabrique.
QCM 3
C Marque de commerce.
Une forme de comprimé peut être déposée comme marque :
D Marque de production.
A Vrai.
E Marque de service.
B Faux.

126
12. Les marques

QCM 4 A Un signe reproductible.


Un goût peut être déposé comme marque : B Un signe licite.
A Vrai. C Un signe caractéristique.
B Faux. D Un signe disponible.
E Un signe distinctif.
QCM 5
Parmi les réponses suivantes, lesquelles correspondent aux
critères indispensables pour déposer une marque ?

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127
Chapitre 13
Les essais cliniques

P LAN D U CHA PI T RE
Rappels sur le déroulé d'un essai clinique 129
Réglementation européenne
des essais cliniques 129

Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
13. Les essais cliniques

Prérequis et objectifs optimales. Les sujets peuvent être sains ou malades en


fonction du médicament testé.

Prérequis : Cette phase comporte une étape pharmacocinétique
– notions de droit pharmaceutique (PACES) ; (phase IIa) et une étape pharmacodynamique (IIb), per-
– notions d'histoire de la santé (PACES). mettant de trouver la posologie et le mode d'administra-

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant tion optimal qui seront testés en phase III :
sera capable de : l phase IIa : l'étude pharmacocinétique précise la biodis-

– citer les grandes étapes de l'histoire de la ponibilité et les données ADME (absorption, distribution,
recherche sur l'humain ; métabolisme, élimination) ; elle permet d'avoir une idée des
– décrire le déroulé d'un essai clinique et ses diffé- posologies et des rythmes de prise ;
rentes étapes ; l phase IIb : l'étude pharmacodynamique se fonde sur des

– définir un essai clinique et une étude clinique ; critères cliniques et biologiques, stables et reproductibles,
– différencier l'essai clinique de l'étude clinique ; qui reflètent au mieux l'efficacité et qui permettent de
– citer et décrire les principes fondamentaux d'un mettre en évidence la dose minimale efficace.
essai clinique ; Généralement, l'étude de phase II est aussi monocen-
– citer les acteurs de l'essai clinique et définir leurs trique.
rôles respectifs ;
– décrire la vigilance des essais cliniques.
Phase III : étude d'efficacité
Rappels sur le déroulé thérapeutique
d'un essai clinique Cette phase se déroule sur un grand nombre de sujets
malades. Elle vise à vérifier l'efficacité et la tolérance du
Un essai clinique3 se déroule en plusieurs phases numérotées médicament en situation réaliste. Le médicament est testé
de I à IV, les trois premières précédant l'étape de commerciali- comparativement à un groupe témoin utilisant un médica-
sation et la quatrième se déroulant après l'obtention de l'AMM ment de référence ou un placebo.
pendant toute la durée de commercialisation (figure 13.1). Généralement, l'étude de phase III se réalise dans plusieurs
centres de santé : on parle alors d'étude multicentrique.
Phase I : étude de tolérance
Phase IV : post-AMM
Dans cette phase de première administration à l'homme,
on étudie généralement le médicament sur un petit groupe Elle consiste en des études de pharmacovigilance, visant à
de sujets sains (sauf en cancérologie). affiner le profil de sécurité du médicament et à découvrir
Cette phase permet de déterminer deux seuils : de nouveaux effets indésirables, mais aussi en des études
l un seuil d'apparition d'effets indésirables ; de qualité de vie, de morbi-mortalité et de coût/efficacité.
l un seuil d'apparition d'effet thérapeutique. La phase IV est souvent multicentrique.
On peut ainsi déterminer des pré-posologies et com-
mencer les études de pharmacocinétique.
Généralement, l'étude de phase I se réalise sur un seul Réglementation européenne
lieu : on parle d'étude monocentrique. des essais cliniques
Phase II : étude d'efficacité Comprendre la réglementation des essais cliniques est assez
pharmacologique complexe, car elle suit une mutation très rapide : de nom-
breux textes se superposent. Récemment encore s'appli-
Dans cette phase, réalisée sur un plus grand nombre de quaient la loi Huriet-Sérusclat et loi de bioéthique. Celles-ci
sujets, on cherche à établir les modalités thérapeutiques ont été remplacées par la loi Jardé, mais ce dernier texte
n'a pas eu de décret d'application à ce jour ! De plus, un
3
Cf. dans la même collection : Faure S, Guerriaud M, Clère N. Bases règlement européen publié en 2014 sera applicable en 2016
fondamentales en pharmacologie. Sciences du médicament. Issy-les- (tableau 13.1). C'est sur la base de ce dernier texte que nous
Moulineaux : Elsevier-Masson ; 2014. allons détailler la législation des essais cliniques.
129
V. L'industrie du médicament et son activité

AMM

Phase I Phase II Phase III Phase IV


Étude de tolérance Étude Étude de sécurité Post-AMM
pharmacologique et d’efficacité Pharmacovigilance
PD : Dosage Coût-efficacité
PK : Posologie

~ 1 an ~ 2 ans ~ 1 à 4 ans

Monocentrique Multicentrique Multicentrique

20 à 80 personnes 100 à 300 personnes

1 000 à 3 000 personnes

Plusieurs dizaines de
milliers de personnes

Figure 13.1
Les différentes phases d'un essai clinique.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Tableau 13.1. Les dernières législations en matière Études cliniques, essais cliniques
d'essais cliniques
et autres études
Dates Textes
Le règlement européen différencie plusieurs notions : les
20 décembre Loi n° 88-1138 relative à la protection
1988 des personnes qui se prêtent à des recherches études cliniques, les essais cliniques, les essais cliniques à
biomédicales, dite loi Huriet-Sérusclat faible niveau d'intervention et, enfin, les études non inter-
ventionnelles (figure 13.2).
6 août 2004 Loi n° 2004-800 relative à la bioéthique
5 mars 2012 Loi n° 2012-300 relative aux recherches
impliquant la personne humaine, dite loi Jardé À retenir
16 avril 2014 Règlement (UE) n° 536/2014 du Parlement
européen et du Conseil relatif aux essais Études cliniques
cliniques de médicaments à usage humain et L'essai clinique constitue désormais une catégorie
abrogeant la directive 2001/20/CE
spécifique des études cliniques.
130
13. Les essais cliniques

Essai clinique à faible niveau


d'intervention
Études cliniques Un essai clinique à faible niveau d'intervention est un essai
clinique obéissant à l'ensemble des conditions suivantes :
l « les médicaments expérimentaux, à l'exclusion des place-

Essais cliniques Études non bos, sont autorisés ;


Interventionnelles l selon le protocole de l'étude clinique :

Essai clinique à
– les médicaments expérimentaux sont utilisés confor-
faible niveau
d'intervention
mément aux conditions de l'autorisation de mise sur le
marché ; ou
– l'utilisation des médicaments expérimentaux est fon-
dée sur des données probantes et étayées par des publi-
cations scientifiques concernant la sécurité et l'efficacité
de ces médicaments expérimentaux dans l'un des États
membres concernés ; et
l les procédures supplémentaires de diagnostic ou de sur-

veillance impliquent au plus un risque ou une contrainte


supplémentaire minimale pour la sécurité des participants
Figure 13.2
par rapport à la pratique clinique normale dans tout État
Les études cliniques.
(Illustration par M. Guerriaud.) membre concerné.»

Étude non interventionnelle


Étude clinique
Une étude non interventionnelle est «une étude clinique
Une étude clinique correspond à toute investigation en autre qu'un essai clinique [129]».
rapport avec l'homme destinée [129] :
l « à mettre en évidence ou à vérifier les effets cliniques,

pharmacologiques ou les autres effets pharmacodynamiques Les principes fondamentaux


d'un ou de plusieurs médicaments ; de l'essai clinique
l à identifier tout effet indésirable d'un ou de plusieurs médi-

caments ; ou Le principe de sécurité


l à étudier l'absorption, la distribution, le métabolisme et

l'excrétion d'un ou de plusieurs médicaments ; Un essai clinique ne peut être conduit que si les droits, la
Dans le but de s'assurer de la sécurité et/ou de l'efficacité sécurité, la dignité et le bien-être des participants sont pro-
de ces médicaments.» tégés et prédominent sur tout autre intérêt et s'il a pour
but de produire des données fiables et robustes [129]. Ainsi,
les bénéfices escomptés pour les participants ou la santé
Essai clinique
publique justifient les risques et inconvénients prévisibles.
Un essai clinique est une étude clinique remplissant l'une De plus, l'intégrité physique et mentale des participants
des conditions suivantes [129] : doit être respectée et l'essai clinique doit avoir été conçu
l « l'affectation du participant à une stratégie théra- pour entraîner aussi peu de douleur, de désagrément et de
peutique en particulier est fixée à l'avance et ne relève peur que possible et pour réduire tout autre risque prévi-
pas de la pratique clinique normale de l'État membre sible pour les participants.
concerné ;
l la décision de prescrire les médicaments expérimentaux

est prise en même temps que la décision d'intégrer le partici- Le principe du consentement éclairé
pant à l'essai clinique ; ou Pour chaque participant à un essai clinique est demandé
l outre la pratique clinique normale, des procédures de un consentement libre est éclairé. Ce consentement éclairé
diagnostic ou de surveillance s'appliquent aux partici- est : «l'expression, par un participant, de son plein gré et en
pants. » toute liberté, de sa volonté de participer à un essai particulier,
131
V. L'industrie du médicament et son activité

après avoir pris connaissance de tous les éléments de l'essai Le principe de la double autorisation
clinique qui lui permettent de prendre sa décision ou, dans le
L'essai clinique est soumis à une double autorisation :
cas des mineurs et des personnes incapables, une autorisa- l une autorisation scientifique accordée par l'autorité com-
tion ou un accord de leur représentant désigné légalement de
pétente des États membres, par exemple en France, l'ANSM ;
les faire participer à l'essai clinique [129]». l une autorisation éthique accordée par le comité
Ce consentement doit impérativement être recueilli par
d'éthique (comité de protection des personnes).
écrit, daté et signé par le participant.
Ce dernier doit avoir des informations complètes,
concises, claires, pertinentes et compréhensibles par une Le principe de rapidité
personne profane ; elles contiennent : d'accès au médicament
l la nature, les objectifs, les avantages, les implications, les
L'essai clinique tout en assurant la sécurité des participants doit
risques et les inconvénients de l'essai clinique ; répondre à des impératifs de réactivité afin de permettre un accès
l les droits et garanties du participant concernant sa pro-
rapide aux traitements nouveaux et innovants pour les patients.
tection, en particulier son droit de refuser de participer et
son droit de se retirer de l'essai clinique à tout moment sans
encourir de préjudice et sans devoir se justifier ;
Les acteurs de l'essai clinique
l les conditions dans lesquelles l'essai clinique doit avoir (figure 13.3)
lieu, y compris la durée envisagée de la participation de
l'intéressé à l'essai clinique ; Promoteur
l les traitements de substitution éventuels, y compris les
Un promoteur est «une personne, une entreprise, un institut
mesures de suivi s'il est mis un terme à la participation de ou une organisation responsable du lancement, de la gestion
l'intéressé à l'essai clinique. et de l'organisation du financement de l'essai clinique [129]».

ANSM
EMA Recueil d’informations et surveillance

CPP

Centre de Centre de Centre de


santé santé santé

Investigateur Investigateur Investigateur

Promoteur TEC TEC TEC

Investigateur
coordonnent ARC coordonnent
coordonnateur

échangent les informations

Figure 13.3
Les acteurs d'un essai clinique.
(Illustration par M. Guerriaud.)

132
13. Les essais cliniques

Investigateur Attaché de recherche clinique (ARC)


L'investigateur est «une personne responsable de la conduite Il s'agit une personne mandatée par le promoteur afin d'as-
d'un essai clinique sur un site d'essai clinique [129]». En surer le suivi effectif de l'étude et le contrôle de sa qualité.
France, il s'agit obligatoirement d'un médecin inscrit au En règle générale, l'ARC assure la coordination de plusieurs
conseil de l'Ordre. Il assure l'application des bonnes pra- sites sur les études multicentriques.
tiques cliniques et la sécurisation informatique.
L'investigateur principal est «un investigateur respon- Technicien d'étude ou de recherche
sable d'une équipe d'investigateurs chargée de la conduite clinique (TEC)
d'un essai clinique sur un site d'essai clinique».
Généralement basé en centre de santé, le TEC veille au bon
Participant déroulement de l'étude clinique, saisit les données et les
transmet à l'investigateur. Il peut aussi gérer les échantillons
Le participant est «une personne participant à un essai cli- biologiques.
nique, qu'elle reçoive un médicament expérimental ou qu'elle
serve de témoin [129]». La Commission nationale des recherches
Les participants sont volontaires et doivent en ce sens
impliquant la personne humaine
donner un consentement libre et éclairé.
Ils peuvent à tout moment se retirer librement de Il s'agit d'une commission placée auprès du ministre de la
l'étude. Santé, ayant pour but de lisser l'hétérogénéité des décisions
Certaines catégories de personnes bénéficient de pro- prises par les CPP. Elle est chargée de désigner le CPP qui
tections supplémentaires : examinera le dossier. Cette mesure évite que les promo-
l les femmes enceintes ; teurs soient tentés de déposer leurs dossiers uniquement
l les personnes privées de liberté par une décision judi- devant des CPP trop facilitants.
ciaire ou administrative ;
l les personnes mineures ; L'ANSM
l les personnes majeures faisant l'objet d'une mesure de
Elle donne son avis conjointement avec le CPP. Elle
protection légale ou hors d'état d'exprimer leur consente-
établit et gère une base de données nationale des
ment, le règlement les désigne sous le terme de «partici-
recherches.
pant incapable» ;
l les personnes qui ne sont pas affiliées à un régime de

Sécurité sociale.
L'EMA
Il n'existe pas de rémunération ou de contrepartie finan- Elle coordonne les États membres et leur apporte son
cière pour une personne participant à un essai clinique, soutien dans la réalisation du suivi des essais cliniques. Elle
car il n'existe pas de contrat entre le sujet et le promoteur. gère la base de données EudraCT (European Union Drug
En revanche, ce dernier peut verser une «indemnité en Regulating Authorities Clinical Trials) qui recense tous les
compensation des contraintes subies». Dans tous les cas, essais cliniques portant sur des médicaments. Elle permet
aucune contrainte, y compris de nature financière, n'est au promoteur d'obtenir un numéro EudraCT, qui est un
exercée sur les participants pour qu'ils participent à l'essai numéro unique nécessaire à l'ouverture et l'approbation de
clinique. l'étude.

Comité de protection des personnes


Vigilance des essais cliniques
Le règlement européen définit un comité d'éthique qui cor-
respond en droit interne français au Comité de protection Définitions
des personnes (CPP). Ce comité d'éthique est «un orga-
Événement indésirable
nisme indépendant instauré dans un État membre confor-
mément au droit dudit État membre et habilité à émettre Un événement indésirable est « toute manifestation
des avis aux fins du présent règlement, en tenant compte de nocive chez un participant auquel un médicament est
l'avis de personnes profanes, notamment des patients ou des administré, et qui n'est pas nécessairement liée à ce
associations de patients [129]». traitement [129] ».
133
V. L'industrie du médicament et son activité

Événement indésirable grave Les erreurs médicamenteuses, la grossesse et les utilisa-


tions non prévues dans le protocole, y compris la mauvaise
Un événement indésirable grave est « toute manifes-
utilisation ou l'abus du produit, sont soumises aux mêmes
tation nocive qui, quelle que soit la dose, nécessite une
obligations de notification que les effets indésirables.
hospitalisation ou la prolongation de celle-ci, provoque
un handicap ou une incapacité durable ou important(e),
Rapport annuel du promoteur à l'intention
entraîne une anomalie ou une malformation congéni-
de l'Agence (parfois appelé DSUR,
tale, met en danger la vie du participant ou entraîne la
Development Safety Update Report)
mort [129] ».
Le promoteur transmet à l'Agence, par l'intermédiaire de
la base de données, un rapport annuel sur la sécurité de
Effet indésirable grave et inattendu
chaque médicament expérimental utilisé lors d'un essai
Un effet indésirable grave et inattendu est «un effet indé- clinique dont il est le promoteur. Le rapport comprend les
sirable grave dont la nature, la sévérité ou l'évolution ne informations de référence sur la sécurité effective au début
concorde pas avec les informations de référence sur la sécu- de la période couverte par le rapport.
rité [129]». Ce terme est souvent désigné par SUSAR, qui
est l'acronyme anglais de «suspected unexpected severe
adverse reaction». Les nouveautés apportées
par le règlement européen
Notifications Le règlement européen apporte un certain nombre de
L'EMA constitue et tient à jour une base de données élec- nouveautés :
l un portail électronique unique : cela sera le point d'en-
tronique pour les notifications de vigilance. Elle constitue
un module de la base Eudravigilance (la base de pharmaco- trée unique pour la transmission de données et d'informa-
vigilance de l'Union européenne). tions relatives aux essais cliniques ; il permet le dépôt de la
demande de l'essai clinique, il permet de suivre l'évaluation
de cette demande et même du déroulé de l'essai ;
Notifications par l'investigateur au promoteur l un essai clinique peut désormais être élargi à d'autres

L'investigateur enregistre tous les événements indésirables États membres de l'Union en cours de route ;
l l'évaluation scientifique se fait entre tous les États
ou les résultats d'analyse anormaux, les documente et les
notifie au promoteur. membres concernés, tandis que l'évaluation éthique se fait
L'investigateur informe le promoteur de tous les événe- État membre par État membre ;
l les essais cliniques seront plus transparents notam-
ments indésirables graves survenant chez les participants
qu'il a traités dans le cadre de l'essai clinique, et ce dans un ment avec un accès en ligne au public pour certaines
délai maximal de vingt-quatre heures. informations.

L'essentiel à retenir
Notifications par le promoteur à l'EMA
Le promoteur d'un essai clinique conduit dans au moins un ■
Un essai clinique se déroule sur plusieurs phases,
État membre notifie tous les SUSAR par voie électronique de I à IV, les trois premières précédant l'étape de
et sans délai à la base de données. commercialisation et la quatrième se déroulant
Le délai de notification à l'Agence est au maximum de après l'obtention de l'AMM pendant toute la
sept jours si le SUSAR est létal, sinon de quinze jours au durée de commercialisation.
maximum. ■
L'essai clinique constitue désormais une catégo-
Afin de déterminer si un événement indésirable rie spécifique des études cliniques.
constitue un effet indésirable, il y a lieu d'examiner ■
Les principes de base d'un essai clinique
s'il est raisonnablement possible d'établir un lien de sont : le principe de sécurité, le principe du
causalité entre l'événement et le médicament expéri- consentement éclairé, le principe de la double
mental, sur la base de l'analyse des éléments de preuve validation et le principe de rapidité d'accès au
disponibles. médicament.
134
13. Les essais cliniques

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 D Le participant.
Parmi les réponses suivantes, lesquelles qualifient un consentement ? E L'ANSM.
A Libre.
QCM 4
B Volontaire.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'acteur de l'essai
C Éclairé.
clinique responsable de l'éthique ?
D Spontané.
A Le promoteur.
E Contraint.
B L'investigateur.
QCM 2 C Le CPP.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'acteur de l'essai D Le participant.
clinique à l'origine du financement ? E L'ANSM.
A Le promoteur.
QCM 5
B L'investigateur.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) désigne(nt)
C Le CPP.
l'(les) apport(s) du nouveau règlement européen ?
D Le participant.
A Un portail internet unique.
E L'ANSM.
B Un essai clinique limité à un an.
QCM 3 C Plus de transparence avec un accès en ligne pour les
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'acteur respon- patients.
sable de l'essai clinique sur un site ? D Un élargissement à d'autres États membres après le lance-
A Le promoteur. ment de l'essai.
B L'investigateur. E Une meilleure protection juridique pour l'investigateur.
C Le CPP.

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne :


pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://
www.em-consulte/e-complement/474756 et suivez les
instructions.

135
14
Chapitre 14
L'autorisation de mise
sur le marché

P LAN D U CHA PI T RE
Rappels historiques 137
Cadre réglementaire de l'AMM 137
Les autorisations temporaires
d'utilisation (ATU) 142

Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
14. L'autorisation de mise sur le marché

Prérequis et objectifs Ces trois notions sont étudiées dans le cadre de


la balance bénéfice/risque : «évaluation des effets

Prérequis : thérapeutiques positifs du médicament ou produit
– notions de droit pharmaceutique (PACES). au regard des risques pour la santé du patient ou

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant la santé publique liés à sa qualité, à sa sécurité ou
sera capable de : à son efficacité» (article L. 5121-9 du Code de la
– citer les conditions fondamentales en vue de santé publique).
l'obtention d'une AMM ;
– expliquer le caractère obligatoire de l'AMM et L'autorisation peut être assortie de conditions appro-
ses conséquences ; priées, notamment l'obligation de réaliser des études
– donner les durées de validité de l'AMM ; post-autorisation (article L. 5121-8-1 du Code de la santé
– décrire les différentes procédures de dépôts en publique) :
France et dans l'Union européenne ; l des études de sécurité post-autorisation (PASS, Post-

– définir l'autorisation temporaire d'utilisation et Autorisation Safety Study) peuvent être demandées s'il
décrire ses utilisations possibles. existe des craintes quant aux risques de sécurité présentés
par un médicament autorisé ;
l des études d'efficacité post-autorisation (PAES : Post-

Rappels historiques Authorisation Efficacy Studies) peuvent être demandées


lorsque la compréhension de la maladie ou la méthodo-
La notion d'autorisation de mise sur le marché est logie clinique fait apparaître que les évaluations d'effica-
ancienne, puisque les premières autorisations verront cité antérieures pourraient devoir être revues de manière
le jour aux xviie et xviiie siècles avec les « brevets », mais significative ;
l un suivi spécifique du risque, de ses complications et de
l'autorisation moderne qui préfigure l'AMM sera en fait
le « visa » né avec la réglementation de 1941 et parachevé sa prise en charge médico-sociale, peut être demandé au
avec celle de 1946 (cf. chapitre 1). Dans tous les cas, ces travers d'un registre de patients atteints lorsque le médica-
autorisations avaient pour but de rationaliser l'offre des ment, bien que retiré, est susceptible de provoquer un effet
médicaments sur le territoire, en empêchant la diffusion indésirable grave.
des produits charlatanesques et en assurant la sécurité
des produits autorisés.
La directive 65/65/CE permettra la naissance
de l'AMM moderne, laquelle subira de nombreux ˛
˛
aménagements. QUALITÉ ˛
˛

Cadre réglementaire de l'AMM


A.M.M.

Les conditions de l'AMM


SÉCURITÉ
Conditions de fonds

À retenir

Les critères de l'AMM EFFICACITÉ


Il existe trois conditions indispensables en vue de
l'obtention de l'AMM (figure 14.1) :

qualité ; Figure 14.1

sécurité ; Les trois conditions primordiales pour l'obtention d'une AMM.

efficacité. (Illustration par M. Guerriaud.)

137
V. L'industrie du médicament et son activité

Ces conditions peuvent être à l'initiative d'un titulaire En plus de ces données est joint un dossier (article
d'AMM comme elles peuvent être imposées par une auto- R. 5121-25 du Code de la santé publique) dont les données
rité compétente. Elles peuvent également faire partie inté- requises sont détaillées dans le tableau 14.1.
grante du plan de gestion et de minimisation des risques.
Le refus d'une AMM peut venir du non-respect des
conditions de fonds énumérées ci-dessus ou du fait que le
Caractère obligatoire de l'AMM
médicament n'a pas la composition qualitative et quanti-
tative déclarée ou que l'effet thérapeutique annoncé fait À retenir
défaut ou est insuffisamment démontré par le demandeur.
Elle est également refusée lorsque la documentation et AMM obligatoire
les renseignements fournis ne sont pas conformes au dos- L'AMM est une autorisation obligatoire dans
sier qui doit être présenté à l'appui de la demande. l'Union européenne qui doit être délivrée préala-
blement à la commercialisation du médicament.
Conditions de forme
La demande d'AMM mentionne (article R. 5121-21 du Le Code de la santé publique dans son article L. 5121-8
Code de la santé publique) : prévoit que : « Toute spécialité pharmaceutique […] qui
l le nom et l'adresse du futur titulaire de l'AMM (ainsi que
ne fait pas l'objet d'une autorisation de mise sur le marché
de l'exploitant et du fabricant) ; délivrée par l'Union européenne […] doit faire l'objet,
l le nom du médicament ;
avant sa mise sur le marché ou sa distribution à titre
l la composition intégrale du médicament, soit par unité
gratuit, d'une autorisation de mise sur le marché déli-
de prise, soit par unité de poids ou de volume, compor- vrée par l'ANSM. »
tant la mention de la dénomination commune de ses Le non-respect de cette obligation est puni de cinq
composants ; ans d'emprisonnement et de 375 000 € d'amende (article
l le projet de résumé des caractéristiques du produit (RCP).
L. 5421-2 du Code de la santé publique).

Tableau 14.1. Renseignements et documents du dossier à joindre à la demande d'AMM


– Les données chimiques, pharmaceutiques et biologiques
– Les résultats des essais précliniques et des essais cliniques
– Un résumé décrivant le système de pharmacovigilance
– Le plan de gestion des risques décrivant le système de gestion des risques, accompagné de son résumé
– Les indications thérapeutiques, les contre-indications et les effets indésirables
– La posologie, la forme pharmaceutique, les mode et voie d'administration et la durée présumée de stabilité
– Des explications sur les mesures de précaution et de sécurité à prendre lors du stockage du médicament, de son administration au
patient et de l'élimination des déchets
– Une déclaration du demandeur attestant que les essais cliniques réalisés en dehors de l'Union européenne répondent à des
exigences éthiques équivalentes à celles de la directive 2001/20/CE du 4 avril 2001
– Une déclaration attestant que le fabricant de la spécialité pharmaceutique a vérifié que le fabricant de la substance active a
respecté les bonnes pratiques de fabrication en effectuant des audits
– Une ou plusieurs maquettes ou échantillons du conditionnement extérieur et du conditionnement primaire et, s'il y a lieu, le
projet de notice accompagné des résultats de l'évaluation portant sur la lisibilité, la clarté et la facilité d'utilisation de cette dernière,
réalisée en coopération avec des groupes cibles de patients
– Une copie des :
- décisions autorisant la fabrication de la spécialité
- des autorisations de mise sur le marché obtenues pour ce médicament dans un pays
- des décisions de refus d'autorisation de mise sur le marché de ce médicament intervenues dans un pays tiers
– La liste des États membres de l'Union européenne ou États parties à l'accord sur l'Espace économique européen dans lesquels des
demandes d'autorisation de mise sur le marché pour le même médicament ont été déposées et sont à l'examen, accompagnée
des résumés des caractéristiques du produit et des notices proposés
– L'évaluation et l'indication des risques que le médicament est susceptible de présenter pour l'environnement

138
14. L'autorisation de mise sur le marché

Caractère temporel Pour obtenir une AMM, il existe plusieurs procédures


possibles avec deux grandes voies : la voie nationale et la
Depuis 1965, l'AMM était valable cinq ans et nécessitait un voie européenne (ou communautaire).
nouveau dépôt à chaque période quinquennale, mais depuis
2007 [31] et la transposition de la directive 2004/27/CE [42],
toujours selon l'article L. 5121-8 du Code de la santé publique : Procédure selon la voie nationale
«L'autorisation est délivrée pour une durée de cinq ans et peut Il s'agit de la voie historique, puisqu'elle consiste à dépo-
ensuite être renouvelée, le cas échéant, sans limitation de durée.» ser un dossier d'AMM au niveau d'un pays pour deman-
Cette disposition est cependant tempérée dans le sens où der l'AMM uniquement pour ce pays (figure 14.3). De
l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits fait, cette procédure est de moins en moins utilisée, les
de santé (ANSM) peut imposer ce renouvellement quinquen- industries de santé ayant intérêt à déposer une AMM
nal si elle souhaite réévaluer l'intérêt thérapeutique du médica- pour toute l'Union européenne. Si l'AMM existe déjà
ment ou si celui-ci présente des risques particuliers (figure 14.2). dans un État membre de l'Union européenne, on uti-
lisera la procédure de reconnaissance mutuelle ; si elle
Des procédures de dépôts n'existe dans aucun État membre mais qu'elle est obte-
nue simultanément dans plusieurs États membres, alors
L'article L. 5121-8, cité ci-dessus, pose le principe de l'alter- on utilisera la procédure décentralisée.
native de l'autorisation : elle peut être obtenue via l'Union
européenne ou via l'ANSM.

Réexamen

Réexamen
Premier renouvellement Second renouvellement
tique …
eu
ap rticuliers = 5 ans = 5 ans
pa
es r
Risqu thé
Réexamen
Examen

t
intérê

Dépôt AMM
d’AMM Première délivrance = 5 ans

Durée illimitée

Figure 14.2
Renouvellement de l'AMM.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Demande
Balance
d’AMM AMM
bénéfice/risque
favorable
accordée

Figure 14.3
Procédure nationale.
(Illustration par M. Guerriaud.)

139
V. L'industrie du médicament et son activité

Procédure selon la voie européenne (European Medicines Agency ou EMA) réunit un comité (le
CHMP, Committee for Medicinal Products for Human Use).
Pour des raisons à la fois historiques et techniques, il existe
en réalité trois procédures communautaires. Procédure décentralisée
Dans le cas de cette procédure, l'AMM du médicament n'a
Procédure de reconnaissance mutuelle
jamais été octroyée dans un État membre de l'Union. La
Dans ce cas, l'AMM d'un médicament existe déjà dans l'un demande est alors faite de façon simultanée dans les pays
des États membres de l'Union européenne. Par le biais de concernés (figure 14.5). Un État membre est alors désigné,
cette procédure, l'AMM est étendue aux autres pays où la par le laboratoire, comme État membre de référence pour
demande est faite, par reconnaissance mutuelle (figure 14.4). conduire les investigations. L'AMM est ensuite octroyée dans
En cas de désaccord, l'Agence européenne du médicament les pays visés. En cas de désaccord, l'EMA réunit le CHMP.

Demande
d’AMM

AMM
accordée

Demande
d’AMM Reconnaissance AMM
automatique obligatoire
accordée

Si désaccord
arbitrage de l’EMA
AMM AMM
préexistante préexistante

Figure 14.4
Procédure de reconnaissance mutuelle.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Demande
d’AMM
Demande
AMM
d’AMM AMM
accordée
accordée

Demande Un État de Balance


d’AMM référence est Bénéfice/risque AMM
désigné favorable
accordée
Demande Si désaccord
d’AMM arbitrage de l’EMA
AMM
accordée

Figure 14.5
Procédure décentralisée.
(Illustration par M. Guerriaud.)

140
14. L'autorisation de mise sur le marché

Procédure centralisée l le rapport entre les bénéfices et les risques n'est pas
favorable ;
Pour pouvoir lancer une procédure centralisée, aucune l la spécialité n'a pas la composition qualitative et quanti-
AMM ne doit exister dans un État membre.
tative déclarée.
Cette procédure est obligatoire pour :
l les médicaments dérivés des biotechnologies et les
En outre, l'entreprise ou l'organisme exploitant un
médicament ou un produit de santé communique immé-
médicaments innovants ;
l les médicaments innovants à usage vétérinaire ;
diatement à l'ANSM toute interdiction ou restriction soit
l les médicaments à usage humain contenant une nou-
de son initiative, soit imposée par l'autorité compétente
de tout pays dans lequel le médicament est mis sur le
velle substance active et destiné au traitement du sida, des
marché, afin que l'ANSM puisse diligenter immédiate-
cancers, des maladies neurodégénératives, du diabète, des
ment une réévaluation du rapport entre les bénéfices
maladies virales et des maladies auto-immunes et autres
et les risques de ce médicament et prendre les mesures
dysfonctionnements immunitaires ;
l les médicaments désignés comme médicaments orphelins.
de suspension, retrait ou modification adéquate le cas
échéant (articles L. 5121-9-2 et L. 5121-9-4 du Code de la
La demande d'AMM est déposée à l'EMA par le labo-
santé publique). Dans le même objectif, notamment en
ratoire. L'Agence désigne un État membre Rapporteur et
cas de doute, l'ANSM peut à tout moment demander au
un État membre Co-Rapporteur ; s'ensuit une phase d'éva-
titulaire de l'AMM de transmettre des données démon-
luation puis un vote au sein du CHMP. En cas d'accord,
trant que ce rapport reste favorable (article L. 5121-9-3 du
l'AMM est automatiquement octroyée pour tous les pays
Code de la santé publique).
de l'Union européenne (figure 14.6).
L'ANSM dispose aussi d'une autre possibilité pour pro-
Retrait et suspension de l'AMM téger les patients : bien que ne suspendant pas l'AMM, elle
peut interdire la prescription et la délivrance d'une spécialité
L'AMM peut être suspendue, retirée ou modifiée notam- pharmaceutique et la retirer du marché sous certaines condi-
ment pour l'un des motifs suivants (article L. 5121-9 du tions (article L. 5121-14-2 du Code de la santé publique).
Code de la santé publique) : Au niveau européen, l'EMA peut émettre une «mesure de
l le médicament est nocif ; restriction urgente pour des raisons de sécurité» (USR, Urgent
l le médicament ne permet pas d'obtenir de résultats Safety Restriction) pour les cas nécessitant une action et une
thérapeutiques ; prise de décision immédiates. Cette procédure, p ­ révue par

Demande Un rapporteur
d’AMM Un co-rapporteur
EMA

AMM
accordée AMM
AMM
accordée
accordée

Balance
bénéfice/risque + Vote AMM
favorable
accordée AMM
accordée

AMM AMM
accordée accordée

Figure 14.6
Procédure centralisée.
(Illustration par M. Guerriaud.)

141
V. L'industrie du médicament et son activité

le règlement CE/1234/2008, permet aussi bien aux autorités L'ATU de cohorte


qu'au laboratoire de modifier en 24 heures une information
de sécurité majeure. Elle permet également aux autorités de Comme son nom l'indique, elle est donnée pour un groupe
retirer immédiatement mais temporairement un produit de patients identifiés à la demande d'un laboratoire, dans
(suspension ou retrait d'AMM) [328]. le cadre d'une demande d'AMM en cours pour une indi-
cation précise. Les patients sont suivis étroitement dans le
cadre d'un protocole.
Les autorisations temporaires
d'utilisation (ATU) Attention

Les autorisations temporaires d'utilisation, ou ATU, sont Différences entre ATU et RTU
fondées sur le concept d'usage compassionnel des médi- Attention il ne faut pas confondre l'ATU avec les
caments. Ce concept existait, sans base légale, depuis les RTU. Les RTU, recommandations temporaires
années cinquante ; il permettait d'importer des médi- d'utilisation, sont des indications nouvelles et
caments rares ne disposant pas de visa (ou d'AMM) en temporaires données par l'ANSM et qui ne sont
France. Plus tard, un début de légalisation est rendu pos- pas conformes à l'AMM.
sible par l'arrêté du 22 octobre 1973 et la circulaire du Ces RTU permettent donc de traiter des patients
1er juillet 1982. avec un médicament ayant déjà une AMM
Dans les années quatre-vingt, le sida fait son appari- (contrairement à l'ATU) mais pas d'indication,
tion en France qui, à travers la loi du 8 décembre 1992 et en l'absence d'alternative thérapeutique et sous
ses décrets d'applications parus en 1994, entend mettre réserve que la balance bénéfice/risque soit favo-
à disposition des médicaments contre le VIH non rable. Cette disposition est récente puisqu'elle a
encore complètement évalués mais qui présentaient un été créée par la loi n° 2011–2012 du 29 décembre
potentiel à sauver des vies tel que l'on pouvait déroger à 2011 et son décret d'application n° 2012-742 du
l'AMM [130]. 9 mai 2012.
Aujourd'hui, l'ANSM peut délivrer dans certains cas particu-
liers ces ATU en l'absence d'AMM. Les médicaments concer-
nés par les ATU doivent servir selon l'article L. 5121-12 du L'essentiel à retenir
Code de la santé publique «à traiter des maladies graves ou
rares, en l'absence de traitement approprié, lorsque la mise ■
Il existe trois conditions indispensables en vue
en œuvre du traitement ne peut pas être différée». Il faut de l'obtention de l'AMM : la qualité, la sécurité,
en outre que l'efficacité et la sécurité de ces médicaments l'efficacité.
soient fortement présumées. ■
L'AMM est une autorisation obligatoire dans
Il existe deux catégories distinctes d'ATU : l'ATU dite l'Union européenne qui doit être délivrée préala-
nominative et l'ATU dite de cohorte. blement à la commercialisation du médicament.

Il existe une procédure d'AMM nationale et des
procédures européennes : la procédure de recon-
L'ATU nominative
naissance mutuelle, la procédure centralisée et la
Comme son nom l'indique, elle est donnée pour une per- procédure décentralisée.
sonne identifiée à la demande d'un médecin par l'inter- ■
L'AMM peut être suspendue à tout moment,
médiaire d'un pharmacien hospitalier. Le pharmacien retirée ou modifiée pour des raisons de santé
hospitalier transfère la demande à l'ANSM qui accorde ou publique.
non l'ATU. ■
Une ATU peut être nominative ou de cohorte.

142
14. L'autorisation de mise sur le marché

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C La procédure décentralisée.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) D La procédure de reconnaissance mutuelle.
correspond(ent) à (aux) condition(s) indispensable(s) pour E L'ATU.
l'obtention d'une AMM ?
QCM 4
A La qualité.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la maladie
B L'innocuité.
à l'origine de l'avènement des ATU ?
C La sécurité.
A La tuberculose.
D L'efficacité.
B Le sida.
E La performance.
C Le cancer.
QCM 2 D La vache folle (maladie de Creutzfeldt-Jakob).
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) désigne(nt) E Le paludisme.
une (des) procédure(s) d'obtention d'AMM ?
QCM 5
A La procédure centralisée.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
B La procédure unifiée.
correspond(ent) à l'autorisation temporaire d'utilisation ?
C La procédure de reconnaissance réciproque.
A Elle est dite nominative si elle concerne un groupe de
D La procédure décentralisée.
patients.
E La procédure éclatée.
B Elle peut être donnée pour un médicament qui n'a pas
QCM 3 encore son AMM.
Un médicament X doit être mis sur le marché en France ; il C Elle est délivrée par la HAS.
dispose déjà d'une AMM au Danemark : quelle procédure D Elle nécessite qu'une demande d'AMM soit en cours en cas
utilise-t-on ? d'ATU de cohorte.
A La procédure nationale. E Elle ne concerne que les médicaments d'importation.
B La procédure centralisée.

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143
Chapitre 15
La publicité

P LA N D U C HA PI T RE
Définition 145
Cadre juridique de la publicité 145

Droit pharmaceutique
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15. La publicité

Prérequis et objectifs La publicité pour un médicament ne doit pas être trom-


peuse ni porter atteinte à la protection de la santé publique.

Prérequis : Elle doit présenter le médicament ou produit de façon objec-
– notions de droit pharmaceutique (PACES). tive et favoriser son bon usage. Elle doit respecter les disposi-

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant tions de l'autorisation de mise sur le marché, notamment les
sera capable de : informations figurant dans le RCP, ainsi que les stratégies thé-
– définir la publicité pharmaceutique ; rapeutiques recommandées par la Haute Autorité de santé
– définir la publicité auprès du public et décrire (articles L. 5122-2 et R. 5122-1 du Code de la santé publique).
les conditions, le contenu et le visa de ce type de
publicité ;
– définir la publicité auprès des professionnels de Cadre juridique de la publicité
santé et décrire les conditions, le contenu et le visa
de ce type de publicité. L'entreprise exploitant un médicament se dote d'un service
chargé de la publicité placé sous le contrôle du pharmacien
responsable qui s'assure du respect des règles en vigueur et
de la validité scientifique des informations diffusées (article
R. 5122-2 du Code de la santé publique).
Définition
Point clé Publicité auprès du public
Conditions préalables
Définition de la publicité
pour le médicament Pour faire l'objet d'une publicité auprès du public, un médi-
cament doit répondre à un certain nombre de conditions
L'article L. 5122-1 du Code de la santé publique
(articles L. 5122-3, L. 5122-6, R. 5122-2-1 du Code de la santé
définit la publicité pour les médicaments à usage
publique) :
humain comme «toute forme d'information, y l le médicament ne doit pas être soumis à prescription
compris le démarchage, de prospection ou d'inci-
médicale ;
tation qui vise à promouvoir la prescription, la l aucune de ses différentes présentations ne doit être
délivrance, la vente ou la consommation de ces
remboursable ;
médicaments, à l'exception de l'information dispen- l l'AMM ou l'enregistrement ne comporte pas d'interdiction
sée, dans le cadre de leurs fonctions, par les phar-
ou de restrictions en matière de publicité auprès du public ;
maciens gérant une pharmacie à usage intérieur». l le médicament ne doit pas faire l'objet d'une réévalua-

tion du rapport entre les bénéfices et les risques à la suite


Par ailleurs, l'article précise les cas qui ne sont pas inclus d'un signalement de pharmacovigilance.
dans le champ de cette définition : La publicité auprès du public pour un médicament est
l la correspondance, accompagnée le cas échéant nécessairement accompagnée d'un message de prudence
de tout document non publicitaire, nécessaire pour et de renvoi à la consultation d'un médecin en cas de per-
répondre à une question précise sur un médicament sistance des symptômes.
particulier ;
l les informations concrètes et les documents de réfé-

rence relatifs, par exemple, aux changements d'emballages, Remarque


aux mises en garde concernant les effets indésirables dans
le cadre de la pharmacovigilance, ainsi qu'aux catalogues de Exception en matière de publicité
ventes et listes de prix s'il n'y figure aucune information sur pour le médicament
le médicament ; Il existe deux exceptions à la réglementation de la
l les informations relatives à la santé humaine ou à des publicité pour le médicament, justifiées par des
maladies humaines, pour autant qu'il n'y ait pas de réfé- impératifs de santé publique : les vaccins et les
rence même indirecte à un médicament. médicaments du sevrage tabagique.

145
V. L'industrie du médicament et son activité

Contenu Publicité auprès des professionnels


La publicité doit comporter : de santé
l une mention qui identifie le produit comme médicament ;

l la dénomination du médicament et sa DCI (sauf s'il y a Contenu


plus de deux substances actives) ; La publicité doit comporter (article R. 5122-9 du Code de
l les informations indispensables pour un bon usage du
la santé publique) :
médicament ; l la dénomination du médicament avec la dénomination
l une invitation à se reporter à la notice ;
commune ;
l un message de prudence, un renvoi au conseil d'un
l le nom et l'adresse de l'entreprise exploitant le médicament ;

pharmacien et, en cas de persistance des symptômes, une l la forme pharmaceutique du médicament ;

invitation à la consultation d'un médecin ; l la composition qualitative et quantitative en principes actifs ;


l pour une spécialité générique, la mention de cette
l les numéros d'AMM ;

qualité. l les propriétés pharmacologiques essentielles au regard

Certaines mentions sont en revanche interdites ; elles des indications thérapeutiques ;


sont reprises dans le tableau 15.1. l les indications thérapeutiques et les contre-indications,

les effets indésirables, les mises en garde et les précautions


d'emploi, les interactions médicamenteuses et autres ;
Visa de publicité l le mode d'administration et, si nécessaire, la voie

La publicité auprès du public est soumise à une auto- d'administration ;


risation préalable de l'ANSM dénommée visa de l la posologie ;

publicité. Ce visa est délivré pour une durée qui ne l le prix limite de vente au public lorsqu'un tel prix est fixé

peut excéder la durée de l'AMM (article L. 5122-8 du accompagné du coût du traitement journalier ;
Code de la santé publique). On parle de visa « Grand l le remboursement ;

public » ou visa GP. l pour une spécialité générique, la mention de cette qualité.

Tableau 15.1. Mentions interdites pour les publicités auprès du public


Une publicité pour un médicament auprès du public ne peut comporter aucun élément qui :
– Ferait apparaître la consultation médicale ou l'intervention chirurgicale comme superflue, en particulier en offrant un diagnostic
ou en préconisant un traitement par correspondance
– Suggérerait que l'effet du médicament est assuré, qu'il est sans effets indésirables, ou qu'il est supérieur ou égal à celui d'un autre
traitement ou médicament
– Suggérerait qu'un état de santé normal peut être amélioré par l'utilisation du médicament
– Suggérerait qu'un état de santé normal peut être affecté en cas de non-utilisation du médicament ; cette interdiction ne s'applique
pas aux campagnes publicitaires pour des vaccins ou médicaments du sevrage
– S'adresserait exclusivement ou principalement aux enfants
– Se référerait à une recommandation émanant de scientifiques, de professionnels de santé ou de personnes qui, bien que n'étant ni
des scientifiques ni des professionnels de santé, peuvent, par leur notoriété, inciter à la consommation du médicament concerné
– Assimilerait le médicament à une denrée alimentaire, à un produit cosmétique ou à un autre produit de consommation
– Suggérerait que la sécurité ou l'efficacité du médicament est due au fait qu'il s'agit d'une substance naturelle
– Pourrait conduire, par une description détaillée de symptômes, à un faux autodiagnostic
– Utiliserait de manière abusive, effrayante ou trompeuse des représentations visuelles d'altérations du corps humain dues à des
maladies ou à des lésions
– Présenterait de manière excessive ou trompeuse l'action du médicament dans le corps humain
– Se référerait à des attestations de guérison
– Insisterait sur le fait que le médicament a reçu une autorisation de mise sur le marché ou a fait l'objet d'un enregistrement
– Comporterait des offres de primes, objets ou produits quelconques ou d'avantages matériels directs ou indirects de quelque
nature que ce soit

146
15. La publicité

En outre, les informations contenues dans cette publi- Visa de publicité


cité doivent être exactes, à jour, vérifiables et suffisamment
La publicité pour un médicament auprès des membres des
complètes pour permettre au destinataire de se faire une
professions de santé habilités à prescrire ou à dispenser des
idée personnelle de la valeur thérapeutique du médica-
médicaments ou à les utiliser dans l'exercice de leur art est
ment. Les citations, tableaux et autres illustrations emprun-
soumise à une autorisation préalable de l'ANSM dénom-
tés à des revues médicales ou à des ouvrages scientifiques,
mée visa de publicité. Ce visa est délivré pour une durée qui
qui sont utilisés dans la publicité, doivent être reproduits
ne peut excéder la durée de l'AMM (article L. 5122-9 du
fidèlement et la source exacte précisée. La publicité ne peut
Code de la santé publique). On parle de visa de «Publicité
mentionner la position prise à l'égard d'un médicament par
médicale» ou visa PM.
une autorité administrative ou une instance consultative
Tout comme le visa GP, le visa PM n'est pas autorisé pour
d'une manière susceptible d'altérer le sens ou l'objectivité
les médicaments faisant l'objet d'une réévaluation du rap-
de cette position.
port entre les bénéfices et les risques à la suite d'un signale-
Toute mention écrite doit être parfaitement lisible.
ment de pharmacovigilance.

Attention L'essentiel à retenir

Restriction (article R. 5122-10 du Code



La publicité pour le médicament consiste en
de la santé publique) toute forme d'information qui vise à promouvoir
le médicament.
La publicité ne peut être effectuée qu'auprès des ■
La publicité pour le médicament ne doit pas
prescripteurs habilités à établir la prescription et être trompeuse et respecter la santé publique.
des pharmaciens exerçant dans des structures sus- ■
La publicité pour le médicament est soumise à
ceptibles de délivrer le médicament. une autorisation préalable : le visa.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 3
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt) Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'autorisation
la publicité du médicament ? préalable pour la publicité auprès du public ?
A Le démarchage est une forme de publicité. A L'AMM.
B La réponse à une question précise est une forme de publicité. B L'APGP.
C La publicité respecte les informations du RCP. C Le visa GP.
D La prospection auprès des pharmaciens n'est pas une D Le visa PM.
forme de publicité. E L'autorisation NF.
E La publicité est sous la responsabilité du pharmacien
QCM 4
responsable.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt)
QCM 2 la publicité du médicament auprès des professionnels de
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt) santé ?
la publicité du médicament auprès du grand public ? A Le médicament ne peut pas être remboursable.
A Le médicament peut être de PMF ou de PMO. B La publicité doit comporter la posologie.
B Le médicament ne peut pas être remboursable. C La DCI n'est pas obligatoirement mentionnée.
C La publicité est accompagnée d'un message de prudence. D Le médicament peut être de PMF ou de PMO.
D La DCI n'est pas obligatoirement mentionnée. E Elle doit comporter le numéro d'AMM.
E Elle peut s'adresser principalement aux enfants.
u

147
V. L'industrie du médicament et son activité

u
QCM 5 C Le visa GP.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'autorisation D Le visa PM.
préalable pour la publicité auprès des professionnels de santé ? E L'autorisation NF.
A L'AMM.
B L'APGP.

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148
Chapitre 16
L'officine

PLAN DU C HAPITRE
Définition d'une officine de pharmacie 152
Éléments constitutifs et nécessaires
de l'officine de pharmacie 152
Exigences en matière de locaux
et d'aménagement 156
Différentes formes juridiques
d'exploitation 157

Droit pharmaceutique
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VI. L'officine de pharmacie et son activité

Prérequis et objectifs notion, bien que souvent citée dans certains textes de loi,
n'a jamais été clairement définie [132].

Prérequis : La définition généralement admise est la suivante :
– notions de droit pharmaceutique (PACES). « ensemble des éléments corporels (matériels, outillage,

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant marchandises) et incorporels (droit au bail, nom, enseigne,
sera capable de : brevets et marques, clientèle et achalandage) qui appar-
– définir une officine de pharmacie ; tenant à un commerçant ou un industriel lui permette
– citer les éléments constitutifs d'une officine, d'exercer son activité » (figure 16.1) au sein d'une entité
dont les éléments du fonds de commerce et les juridique [53].
caractéristiques de la licence ;
– décrire les exigences en matière de locaux et Des éléments corporels
d'aménagement ;
Dans le cas de l'officine, on pourra citer :
– énumérer les différentes formes d'exploitation l les matériels et outillages indispensables à l'exercice du
d'une officine.
métier, autrement dit pour la pharmacie d'officine :
– le mobilier (comptoirs, armoires de stockages,
Définition d'une officine rayonnages, etc.). Le mobilier fait partie intégrante du
capital fixe de l'entreprise. Il n'est pas destiné à la vente
de pharmacie aux patients ;
– les matériels (matériels de préparation, matériel de
réfrigération, etc.). Les matériels qui ne sont pas stric-
Point clé
tement indispensables à la pratique du métier (par
exemple, une photocopieuse) ne font pas partie du
Définition d'une officine de pharmacie fonds de commerce ;
Le Code de la santé publique définit l'officine à l les marchandises :

l'article L. 5125-1 : «On entend par officine l'éta- – le stock de la pharmacie d'officine. Ce stock peut être
blissement affecté à la dispensation au détail des constitué des matières premières servant aux prépara-
médicaments, produits et objets mentionnés à l'ar- tions, des médicaments, des produits de santé autres,
ticle L. 4211-1 ainsi qu'à l'exécution des préparations etc.
magistrales ou officinales [131].»

Ainsi, il s'agit d'une définition de l'officine par ses mis- Attention


sions et non pas par sa structure.
Les «murs» (autrement dit le local qui abrite la
pharmacie) ne font pas partie du fonds de com-
merce puisqu'il s'agit d'éléments immobiliers.
Éléments constitutifs et
nécessaires de l'officine Des éléments incorporels
de pharmacie Les éléments incorporels du fonds de commerce sont bien
souvent ce qui détermine l'essentiel de la valeur du fonds.
Une officine de pharmacie est une entité juridique avec un On peut citer pour la pharmacie d'officine :
fonds de commerce qui est associé à une licence de façon l la licence d'exploitation : elle représente une part très

indissociable telle que définie à l'article L. 5125-7 du Code importante du fonds (cf. infra) ;
de la santé publique. l la clientèle et l'achalandage : la clientèle est l'ensemble

des patients qui sont actuellement attachés à l'officine,


tandis que l'achalandage est le potentiel de patients qui
Le fonds de commerce
pourrait venir. Ces deux notions sont indispensables à la
C'est une notion qui s'est construite dès le xviiie siècle au constitution du fonds de commerce ;
fur et à mesure de la naissance de la pratique commer- l le nom commercial et l'enseigne : ils permettent

ciale, avant de se consolider au xixe puis au xxe siècle. Cette d'identifier l'officine par rapport aux autres officines.

152
le mobilier
Les matériels
et outillages
les matériels
Des éléments
corporels
Le fonds de commerce

Les marchandises le stock

La licence
d’exploitation

La clientèle
et l’achalandage

Des éléments Le nom commercial


incorporels et l’enseigne

Le droit au bail

Le nom de domaine

Figure 16.1

16. L'officine
Les éléments constitutifs du fonds de commerce d'une pharmacie d'officine.
(Illustration par M. Guerriaud.)
153
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Le nom commercial est le nom sous lequel est exploitée Lorsque la dernière officine présente dans une commune
l'officine. L'enseigne quant à elle est le signe extérieur per- de moins de 2 500 habitants a cessé définitivement son acti-
mettant d'identifier la pharmacie ; vité et qu'elle desservait jusqu'alors une population au moins
l le droit au bail : c'est une protection offerte au commer- égale à 2 500 habitants, une nouvelle licence peut être délivrée
çant au moment du renouvellement du bail commercial, pour l'installation d'une officine par voie de transfert dans
cette protection porte parfois le nom de «propriété com- cette commune.
merciale». Il est très difficile et coûteux pour le propriétaire Dans les communes qui sont dépourvues d'officine […],
des murs d'expulser un commerçant, en effet si le proprié- l'ouverture d'une officine peut être autorisée par voie de créa-
taire refuse le renouvellement il devra verser une indemnité tion si les conditions prévues au premier, deuxième ou troisième
dite d'éviction qui comprend généralement le prix du fonds alinéa sont remplies depuis au moins deux ans à compter de
de commerce additionné des frais de déménagement et de la publication d'un recensement mentionné à l'article L. 5125-
réinstallation [133] ; 10 et si aucune décision autorisant cette ouverture par voie de
l le nom de domaine : dans le cas où l'officine dispose transfert ou regroupement n'a été prise dans ce délai.»
d'un site internet (de présentation ou de vente en ligne), Une règle simplifiée schématique est présentée dans la
son nom de domaine et l'adresse électronique qui s'y rap- figure 16.2.
porte font partie du fonds de commerce.
Jurisprudence
À retenir
Le principe de la répartition est-il conforme avec le
Commerce droit de l'Union ?
Le pharmacien possédant un fonds de commerce, La réponse a longtemps été difficile à donner, et ce
il devient de facto un commerçant. Il doit dès lors malgré la directive 2005/36/CE, pourtant explicite,
s'enregistrer au registre du commerce et tenir des permettant une répartition coercitive : «La répar-
livres de commerce. tition géographique des officines, notamment, et
le monopole de dispensation des médicaments
devraient continuer de relever de la compétence
La licence des États membres [134].»
Malgré cette directive, la jurisprudence sera fluc-
Licence et répartition tuante avant que dans un dernier arrêt, en 2010,
La licence d'exploitation d'une officine, selon l'article la Cour de justice de l'Union européenne valide
L. 5125-4 du Code de la santé publique, est nécessaire le principe de répartition (arrêts Pérez et Gomez
pour créer, regrouper ou transférer une officine. Elle a [135]).
été créée en 1941 dans le but d'obtenir une meil-
leure ­répartition des pharmacies d'officine sur le ter-
ritoire français. Le but était de limiter l'implantation
de ­pharmacie dans des zones urbaines déjà bien des- Transférer une officine dans un autre lieu
servies et de mieux pourvoir les zones rurales plutôt La création d'officines étant désormais devenue excep-
délaissées. tionnelle, la plupart des procédures correspondent
Le Code de la santé publique dans son article L. 5125-11 aujourd'hui à des transferts. Ces transferts sont soumis à
dispose : une autre règle que la répartition :

impératif de santé publique : il ne faut pas que le lieu
«L'ouverture d'une officine dans une commune qui en est
d'origine de l'officine se retrouve dépourvu d'approvi-
dépourvue peut être autorisée par voie de transfert lorsque le sionnement en médicament après le transfert (article
nombre d'habitants recensés dans la commune est au moins L. 5125-3) ;
égal à 2 500. ■
l'accessibilité au public : il faut en effet que le lieu soit
L'ouverture d'une nouvelle officine dans une commune de accessible en permanence pour assurer un service de
plus de 2 500 habitants où au moins une licence a déjà été garde et d'urgence ; ainsi, en cas d'installation dans un
accordée peut être autorisée par voie de transfert à raison centre commercial, il doit y avoir un accès extérieur
d'une autorisation par tranche entière supplémentaire de pour rentrer dans l'officine (article L. 5125-22) ;
4 500 habitants recensés dans la commune.
154
16. L'officine

Seuil d’ouverture 11 500


de la troisième officine

4 500

Seuil d’ouverture 7 000


de la seconde officine

4 500

Seuil d’ouverture 2 500


de la première officine
2 500

Figure 16.2
Règle de répartition simplifiée.
(Illustration par M. Guerriaud.)

À retenir

distance d'une autre officine : les directeurs des ARS
ont la possibilité de déterminer des distances mini-
males entre deux officines dans le but de mieux des-
Nouvelle licence
servir la population. (article L. 5125-6). Si une nouvelle licence n'est pas nécessaire pour
un rachat, le nouveau titulaire doit néanmoins
faire une déclaration d'exploitation à l'Ordre des
pharmaciens.
Licence et achat d'officine
L'octroi de la licence est obligatoire pour créer, regrouper En outre, une officine ne peut être achetée qu'après
ou transférer une officine (cf. supra). Cependant, le rachat les cinq ans suivant sa création ou son transfert (article
d'une officine comprend nécessairement la licence puisque L. 5125-7). Cette interdiction devient caduque en cas
celle-ci est liée au fonds de commerce de par la loi. Dès lors, de force majeure, par exemple en cas de décès du
le nouveau titulaire n'a pas besoin de faire une nouvelle titulaire.
demande, la licence est liée à l'officine, pas à son exploitant.

155
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Exigences en matière de locaux aux autres produits dont la vente est réservée aux officines.»
Sauf médication officinale, tests de grossesse et d'ovulation
et d'aménagement (article R. 5125-9 du Code de la santé publique).
Il est par ailleurs rappelé aux articles R. 5132-20 et R. 5132-
Les locaux 26 du Code de la santé publique que les médicaments de
liste I, II et stupéfiants sont disposés de façon à ne pas être
Les locaux doivent répondre à un certain nombre directement accessibles au public.
d'obligations. Pour les stupéfiants et assimilés, il est obligatoire de dis-
« La superficie, l'aménagement, l'agencement et poser d'une armoire ou un local de sécurité destiné à leur
l'équipement des locaux d'une officine de pharmacie stockage spécifique (article R. 5125-10 du Code de la santé
sont adaptés à ses activités et permettent le respect des publique).
bonnes pratiques. » (article R. 5125-9 du Code de la santé L'officine doit comporter un emplacement adapté et
publique). réservé à l'exécution et au contrôle des préparations magis-
«Les locaux de l'officine forment un ensemble d'un seul trales et officinales (article R. 5125-10 du Code de la santé
tenant y compris pour ce qui concerne les activités spécia- publique).
lisées d'optique-lunetterie, d'audioprothèse et d'orthopédie. L'officine doit comporter un emplacement destiné au
Toutefois, des lieux de stockage peuvent se trouver à proxi- stockage des médicaments inutilisés (ou médicaments
mité immédiate, à condition qu'ils ne soient pas ouverts au non utilisés, MNU) (article R. 5125-10 du Code de la santé
public et ne comportent ni signalisation ni vitrine extérieure.» publique).
(article R. 5125-9 du Code de la santé publique). L'officine doit comporter un emplacement destiné au
«Aucune communication directe n'existe entre l'officine stockage des déchets d'activités de soins à risques infec-
et un autre local professionnel ou commercial.» (article tieux perforants (DASRI), rassemblés dans des collecteurs
R. 5125-9 du Code de la santé publique). Cet article inter- fermés définitivement (article R. 5125-10 du Code de la
dit donc d'avoir une porte intérieure communicante entre santé publique).
une officine et un autre commerce (par exemple, une Les activités spécialisées d'optique-lunetterie, d'audio-
parfumerie). prothèse et d'orthopédie font l'objet d'un rayon individua-
La loi Handicap du 11 février 2005 précise que les condi- lisé et, le cas échéant, d'un espace permettant au patient
tions d'accès des personnes handicapées ou à mobilité d'essayer le produit dans des conditions satisfaisantes.
réduite dans les établissements recevant du public (ERP) Lorsque des gaz à usage médical et des liquides inflam-
dont font partie les pharmacies doivent être les mêmes mables sont stockés dans une officine, ses locaux respectent
que celles des personnes valides ou, à défaut, d'une qualité les obligations afférentes.
d'usage équivalente.
Nous l'avons vu précédemment, il faut que le lieu soit
Aménagement extérieur et signalétique
accessible en permanence pour assurer un service de
garde et d'urgence. Ainsi, en cas d'installation dans un L'aménagement extérieur et la signalétique des officines
centre commercial, il doit y avoir un accès extérieur pour sont strictement encadrés (figure 16.3).
rentrer dans l'officine lorsque le centre commercial est La signalisation extérieure de l'officine ne peut compor-
fermé (articles L. 5125-3 et L. 5125-22 du Code de la santé ter que les caractéristiques suivantes (article R. 4235-53 du
publique). Code de la santé publique, Code de déontologie) :
l sa dénomination ;

l une croix grecque de couleur verte, lumineuse ou non ;


L'aménagement l un caducée pharmaceutique de couleur verte, lumi-

neux ou non, tel que reconnu par le ministère chargé de


Aménagement intérieur
la Santé en tant qu'emblème officiel des pharmaciens
«L'accueil de la clientèle et la dispensation des médicaments français et constitué par une coupe d'Hygie et un serpent
s'effectuent dans des conditions de confidentialité permet- d'Épidaure ;
tant la tenue d'une conversation à l'abri des tiers.» (article l le cas échéant, le nom ou le sigle de l'association, du

R. 5125-9 du Code de la santé publique). groupement ou du réseau dont le pharmacien est membre ;
«Le mobilier pharmaceutique est disposé de telle sorte ce nom ou ce sigle ne saurait prévaloir sur la dénomination
que le public n'ait directement accès ni aux médicaments ni ou l'identité de l'officine.

156
16. L'officine

Dénomination
de la pharmacie PHARMACIE DES SCIENCES

Nom du groupement
impérativement plus petit Groupement de l’université
que le nom de l’officine

Croix grecque : croix dont


les branches ont même
longueur et se croisent
perpendiculairement en
Caducée des pharmaciens leur milieu.
constitué d’une coupe
d’Hygie et d’un serpent Nom du ou des
A. Spirine
d’Épidaure Dr en pharmacie pharmaciens propriétaires

Les vitrines ne peuvent servir à


présenter que les activités dont
l’exercice en pharmacie est licite

Figure 16.3
Aménagement extérieur et signalétique d'une pharmacie d'officine.
(Illustration par M. Guerriaud.)

En outre, il est obligatoire (article R. 4235-52 du Code Différentes formes juridiques


de la santé publique, Code de déontologie) d'afficher
«de façon lisible de l'extérieur le nom du ou des pharmaciens d'exploitation
propriétaires, copropriétaires ou associés en exercice. Les
noms des pharmaciens assistants peuvent être également Il existe différentes formes juridiques d'exploitation d'une
mentionnés». officine de pharmacie :
l l'exploitation en nom propre ;
De plus, l'article R. 4235-59 du Code de la santé publique,
l l'exploitation en indivision ;
Code de déontologie, prévoit : «Les vitrines des officines et
l l'exploitation en société.
les emplacements aménagés pour être visibles de l'extérieur
ne peuvent servir à présenter que les activités dont l'exercice L'exploitation la plus courante aujourd'hui est l'exploi-
en pharmacie est licite. Sous réserve de la réglementation tation en société. Il existe un grand nombre de types de
en vigueur en matière de concurrence et de publicité et des sociétés différentes :
l la société à responsabilité limitée (SARL) ;
obligations légales en matière d'information sur les prix pra-
l l'entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) ;
tiqués, ces vitrines et emplacements ne sauraient être utilisés
l la société en nom collectif (SNC) ;
aux fins de solliciter la clientèle par des procédés et moyens
l la société d'exercice libéral (SEL) ;
contraires à la dignité de la profession.»
l la société d'exercice libéral à responsabilité limitée (SELARL) ;

l la société d'exercice libéral à forme anonyme (SELAFA) ;

l la société d'exercice libéral en commandite par actions

(SELCA) ;
La croix verte et le caducée pharmaceutique l la société d'exercice libéral par actions simplifiée (SELAS) ;

La croix verte et le caducée pharmaceutique sont des l la société de participations financières (SPFLP).

marques déposées auprès de l'Institut national de la pro-


priété industrielle (INPI). Le Conseil national de l'Ordre
des pharmaciens est le titulaire des droits d'exploitation L'essentiel à retenir
de ses deux signes distinctifs.
La croix est une croix grecque (branches rectangu-
laires égales en longueur et perpendiculaires) vert clair

L'officine est l'établissement dédié à la dispensa-
Pantone n° 354 U. Le caducée est composé d'une coupe tion au détail des médicaments.
d'Hygie et d'un serpent d'Épidaure. Le serpent est vert

La licence d'exploitation est indissociable du
foncé Pantone 364 C et la coupe est en vert Pantone fonds de commerce.
364 E tramé à 40 % [136]. ■
Cette licence est nécessaire pour créer, regrou-
per ou transférer une officine.
157
VI. L'officine de pharmacie et son activité

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 D 7 000.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) rentre(nt) dans E 9 500.
les éléments corporels du fonds de commerce d'une officine ?
QCM 4
A Le mobilier.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) est (sont)
B La clientèle.
indispensable(s) au transfert d'une officine ?
C Le bail.
A Il faut vérifier que la zone d'origine ne soit pas dépourvue
D Le stock.
d'approvisionnement en médicament.
E Les matériels.
B Il faut vérifier que la distance avec les autres officines soit
QCM 2 adéquate.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) rentre(nt) C Il faut vérifier que la zone d'installation soit pourvue en
dans les éléments incorporels du fonds de commerce d'une médecins.
officine ? D Il faut vérifier que le futur lieu soit accessible au public.
A La licence. E Il faut vérifier que la distance avec les hôpitaux ou centres
B Le bail. de soins soit adéquate.
C L'achalandage.
QCM 5
D Le stock.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) est (sont)
E Les matériels.
autorisée(s) en tant que signalétique extérieure pour une
QCM 3 officine ?
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond au seuil A Une croix grecque de couleur verte.
d'ouverture de la seconde officine dans une zone donnée ? B Obligatoirement le nom du titulaire et du ou des adjoints.
A 2 500. C La dénomination de l'officine.
B 3 000. D Le «caducée» des pharmaciens.
C 4 500. E Le nom du groupement.

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne :


pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://
www.em-consulte/e-complement/474756 et suivez les
instructions.

158
Chapitre 17
Les conditions d'exercices

PLAN DU C HAPITRE
Le diplôme 160
La nationalité 160
L'inscription à l'Ordre des pharmaciens 160
La capacité à exercer 161

Droit pharmaceutique
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VI. L'officine de pharmacie et son activité

Prérequis et objectifs ● soit :


– demander un permis de pratique : réussir un pro-

Prérequis : gramme de formation d'appoint et un stage de 600 heures ;
– notions de droit pharmaceutique (PACES). – demander un permis de pratique par validation d'expé-

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant rience : réussir l'examen (partie II) d'aptitude du Bureau des
sera capable de : examinateurs de pharmacie du Canada, réussir une forma-
– citer les différentes conditions indispensables tion d'appoint portant sur la législation et le système de
à l'exercice de la profession de pharmacien santé du Québec et réussir un stage de 600 heures.
d'officine ;
– détailler les conditions concernant le diplôme ;
– détailler les conditions concernant la nationalité ; La nationalité
– détailler les conditions concernant l'inscription
à l'Ordre des pharmaciens ; L'article L. 4221-1 fixe des règles restrictives en matière de
– détailler les conditions concernant les capacités nationalité : «Être de nationalité française, citoyen andorran,
à exercer en cas d'infirmité, d'état pathologique ou ressortissant d'un État membre de l'Union européenne ou
d'insuffisance professionnelle. partie à l'accord sur l'Espace économique européen, ou res-
sortissant d'un pays dans lequel les Français peuvent exer-
cer la pharmacie lorsqu'ils sont titulaires du diplôme qui en
Le diplôme ouvre l'exercice aux nationaux de ce pays.»

Pour pouvoir exercer le métier de pharmacien d'officine, il


est obligatoire d'être titulaire du diplôme d'État de docteur L'inscription à l'Ordre
en pharmacie (ou de pharmacien). Sont, en outre, reconnus
les diplômes des États membres de l'Union européenne et des pharmaciens
de l'Espace économique européen (article L. 4221-4 du
Code de la santé publique). Afin de pouvoir exercer au sein d'une pharmacie d'officine,
il est indispensable d'être inscrit à l'Ordre des pharmaciens.
L'Ordre exerce un contrôle :
Remarque l de moralité : le demandeur a-t-il déjà eu des condamna-

Nos cousins les Québécois tions pénales ? a-t-il déjà manqué aux règles de déontologie ?
l de compétence : le demandeur a-t-il les titres de forma-

La France et le Québec reconnaissent mutuellement les tions justifiant de ses compétences ? est-il suffisamment
diplômes permettant l'exercice de la profession de pharma- formé ? y a-t-il une insuffisance professionnelle rendant
cien, mais sous conditions contrairement à la reconnaissance
dangereux l'exercice de la profession ?
automatique des États membres de l'Union européenne l de compatibilité avec la profession : le demandeur a-t-il
(article L. 4221-7 du Code de la santé publique).
Les pharmaciens québécois souhaitant exercer en France une infirmité ou d'un état pathologique incompatible avec
doivent : l'exercice de la profession ?
l d'indépendance professionnelle : le demandeur s'il a plu-
● posséder un permis d'exercice de la pharmacie (québécois) ;
● être inscrit au tableau de l'Ordre des pharmaciens (de sieurs professions est-il encore inscrit à un autre Ordre ?
Québec) ; Pour vérifier ces données, l'Ordre demande un certain
● justifier d'une expérience d'exercice en officine ; nombre de pièces justificatives énumérées à l'article R. 4222-2.
● avoir un diplôme québécois permettant l'exercice de la
profession ;
● effectuer un stage de six mois dans une officine française. Les pièces nécessaires à l'inscription à l'Ordre
Les pharmaciens français souhaitant exercer au Québec des pharmaciens (art. R. 4222-2)
doivent : ■
Une photocopie d'une pièce d'identité en cours de
● justifier d'une inscription à l'Ordre national des pharma-
validité […].
ciens (de France) ; ■
Le cas échéant, une attestation de nationalité délivrée
● être titulaire du diplôme d'État de docteur en pharmacie
par une autorité compétente.
(ou de pharmacien) ;

160
17. Les conditions d'exercices

dangereux l'exercice de la profession. Cependant, dans cer-



Les titres de formation […]. tains cas de moindre gravité, l'Ordre peut simplement lui

Pour les ressortissants d'un État étranger, un extrait de imposer l'obligation de se faire assister.
casier judiciaire ou un document équivalent, datant
de moins de trois mois, délivré par une autorité com-
pétente de l'État d'origine ou de provenance […]. Insuffisance professionnelle

Une déclaration sur l'honneur du demandeur cer-
tifiant qu'aucune instance pouvant donner lieu à L'insuffisance professionnelle correspond au manque de
condamnation ou sanction susceptible d'avoir des compétences du pharmacien nécessaires pour exercer cor-
conséquences sur l'inscription au tableau n'est en rectement son métier. En principe, l'insuffisance profession-
cours à son encontre. nelle n'a pas un caractère fautif, sauf mauvaise volonté réelle

Un certificat de radiation d'inscription ou d'enre- [137, 138].
gistrement délivré par l'autorité auprès de laquelle
Le Code de la santé publique prévoit dans son article
le demandeur était antérieurement inscrit ou
R. 4221-15-4 que l'Ordre des pharmaciens peut, en cas
enregistré […].

Tous éléments de nature à établir que le demandeur d'insuffisance professionnelle rendant dangereux l'exercice
possède les connaissances linguistiques nécessaires à de la profession, prononcer la suspension temporaire totale
l'exercice de la profession. ou partielle du droit d'exercer. L'Ordre doit définir les obli-

Un curriculum vitæ. gations de formation du pharmacien défaillant pour pallier
son manque de compétence.

L'essentiel à retenir
La capacité à exercer
Les trois critères indispensables pour l'exercice de
État pathologique ou infirmité la pharmacie sont :

la nationalité française ou d'un État membre de
Le Code de la santé publique prévoit dans son article l'Union européenne ou de l'Espace économique
R. 4221-15 que l'Ordre des pharmaciens peut suspendre européen ;
temporairement le droit d'exercer d'un pharmacien soit ■
l'inscription à l'Ordre des pharmaciens ;
en cas d'infirmité soit en cas d'état pathologique rendant ■
la capacité à exercer.

161
Chapitre 18
Le personnel de l'officine

P LAN D U CHA PI T RE
Le pharmacien titulaire 163
Le pharmacien adjoint 166
Autres personnels 168

Droit pharmaceutique
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18. Le personnel de l'officine

Prérequis et objectifs Ainsi, le législateur s'est assuré que seul un pharmacien


bénéficiant d'une expérience minimum pouvait être titulaire.

Prérequis :
– notions de droit pharmaceutique (PACES).

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant
Exercice personnel
sera capable de : Le Code de la santé publique dispose dans son article
– définir la notion de titulaire d'officine ; L. 5125-20 que «le pharmacien titulaire d'une officine doit
– définir la notion d'exercice personnel et les obli- exercer personnellement sa profession».
gations qui en découlent ; L'exercice personnel est la contrepartie du maintien
– citer les conditions de remplacement du du monopole : on assure aux patients qu'en permanence
titulaire ; un pharmacien exerce dans sa pharmacie avec les compé-
– définir la notion de pharmacien adjoint ; tences qui lui sont reconnues et veille à la bonne dispen-
– décrire les critères d'embauche obligatoire des sation des médicaments ; en conséquence, le médicament
pharmaciens adjoints ; peut et doit rester sous son contrôle dans le monopole.
– expliquer la notion de non-concurrence. Cet exercice personnel recouvre plusieurs obligations :
Être présent à l'officine
Le pharmacien titulaire Le pharmacien titulaire doit être présent dans son officine
(article L. 5125-21 du Code de la santé publique) : «Une offi-
Notion de « titulaire » cine ne peut rester ouverte en l'absence de son titulaire que si
L'expression «titulaire d'une officine» est sans doute née de celui-ci s'est fait régulièrement remplacer […].» Cependant,
la contraction de l'expression «titulaires d'une licence d'offi- on considère que le titulaire peut s'absenter ponctuelle-
cine» telle que l'entend l'article L. 5125-22. ment de son officine si la présence d'un pharmacien adjoint
Pour autant, cette expression «titulaire d'une officine» est assurée (cf. infra, «Remplacement du titulaire»).
dépasse la notion de possession de la licence puisqu'elle
désigne le propriétaire de ladite officine : «Le pharmacien Exercer lui-même ses missions
doit être propriétaire de l'officine dont il est titulaire.» (article de pharmacien
L. 5125-17). Le pharmacien titulaire doit effectuer lui-même ses mis-
sions de pharmacien :
l article L. 5125-20 du Code de la santé publique : «En toutes
À retenir
circonstances, les médicaments doivent être préparés par un
Notion de titulaire pharmacien, ou sous la surveillance directe d'un pharmacien.» ;
l article R. 4235-13 du Code de la santé publique : «L'exercice
Le titulaire d'une officine de pharmacie est celui qui
personnel auquel est tenu le pharmacien consiste pour celui-ci
détient la licence et est propriétaire de l'officine.
à exécuter lui-même les actes professionnels ou à en surveiller
attentivement l'exécution s'il ne les accomplit pas lui-même.»
Expérience requise
Être identifiable en tant que pharmacien
Afin de pouvoir devenir titulaire d'une officine, le pharma-
cien doit, selon l'article L. 5125-9 : Le pharmacien titulaire doit porter son insigne afin d'être
l soit avoir effectué le stage de fin d'études de six mois identifiable et afin de contrôler sa présence effective
dans une officine de pharmacie ou une pharmacie à usage (L. 5125-29 du Code de la santé publique) : «Les pharma-
intérieur d'un établissement de santé ; ciens et les personnes légalement autorisées à les seconder
l soit justifier de l'exercice pendant au moins six mois pour la délivrance des médicaments dans une officine de
d'une expérience complémentaire en tant que pharma- pharmacie doivent porter un insigne indiquant leur qualité.»
cien adjoint ou en tant que remplaçant dans une officine Le public peut ainsi s'assurer qu'un pharmacien est en per-
de pharmacie. manence présent dans les lieux.

163
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Exercice exclusif Dans le cas où cet exercice personnel ne serait pas res-
pecté, les sanctions suivantes peuvent être appliquées :
Le pharmacien titulaire ne peut pas exercer une autre pro- l 75 000 € d'amende pour le fait de ne pas exercer person-
fession que la sienne, tout particulièrement si elle est médi-
nellement sa profession (article L. 5424-13) ;
cale ; en effet, l'article L. 5125-2 dispose que «l'exploitation l 75 000 € d'amende pour le fait de ne pas être présent
d'une officine est incompatible avec l'exercice d'une autre pro-
dans son officine ou de ne pas se faire régulièrement rem-
fession, notamment avec celle de médecin, vétérinaire, sage-
placer (article L. 5424-14) ;
femme, dentiste, même si l'intéressé est pourvu des diplômes l fermeture temporaire ou définitive de l'officine en peine
correspondants».
complémentaire (article L. 5424-19).
Concernant d'autres fonctions, l'article R. 4235-4 précise :
«Un pharmacien ne peut exercer une autre activité que si ce
cumul n'est pas exclu par la réglementation en vigueur et s'il Remplacement du titulaire
est compatible avec la dignité professionnelle et avec l'obliga-
tion d'exercice personnel.» Remplacements ponctuels
Ainsi, il est interdit d'exercer « une autre profession », Afin d'assurer la continuité de la présence pharmaceutique
mais pas « une autre activité », du moment que cette et d'assurer l'exercice personnel, il est impératif que le titu-
activité est accessoire. Par exemple, un pharmacien ne laire soit remplacé comme le précise l'article L. 5125-21 :
peut gérer, de droit ou de fait, une autre société com- « Une officine ne peut rester ouverte en l'absence de son
merciale, par exemple il ne peut pas exercer la profes- titulaire que si celui-ci s'est fait régulièrement remplacer.
sion de gérant d'une parapharmacie indépendante. En La durée légale d'un remplacement ne peut, en aucun cas,
revanche, il peut avoir une activité rémunérée autre dépasser un an. Ce délai d'un an peut être renouvelé une
(rédaction d'article pour des revues professionnelles, fois par décision du directeur général de l'agence régionale
activités artistiques, recherche…). En particulier est de santé lorsque l'absence du pharmacien titulaire se justifie
autorisée l'activité de pharmacien de sapeur-pompier par son état de santé. »
volontaire (article L. 5125-17). L'organisation de ce remplacement est prévue à l'article
De plus, cette activité doit être compatible avec «la R. 5125-39 (figure 18.1) :
dignité professionnelle» : il ne peut pas travailler dans un l pour une absence inférieure à un mois :

sex-shop, par exemple. – par un pharmacien cotitulaire de l'officine ;


– par un pharmacien adjoint de la même officine ;
– par un pharmacien remplaçant inscrit au tableau de
la section D ;
Jurisprudence – par un pharmacien remplaçant en attente d'inscrip-
tion à l'Ordre ;
Sanction disciplinaire, décision 1021-D du Conseil – par un étudiant en pharmacie ayant validé sa cin-
national de l'Ordre des pharmaciens en date du quième année d'études et un stage de six mois de pra-
7 octobre 2013 tique professionnelle dans le cadre du troisième cycle de
«M. X est titulaire d'une officine et apparaît comme ses études ;
gérant de la société A Consulting immatriculée au l pour une absence comprise entre un mois et quatre

registre du commerce. Il est reproché à M. A d'avoir mois :


cumulé deux professions en étant à la fois titulaire – par un pharmacien adjoint de la même officine ;
d'une pharmacie et gérant d'une société, spécialisée – par un pharmacien remplaçant inscrit au tableau de
dans le recrutement et la formation de personnels la section D ;
pharmaceutiques, et d'avoir ainsi violé les disposi- – par un pharmacien remplaçant en attente d'inscrip-
tions des articles L. 5125-2, L. 5125-20, R. 4235-4 et tion à l'Ordre ;
R. 4235-13 du Code de la santé publique. Il est pro- – par un étudiant en pharmacie ayant validé sa cin-
noncé à l'encontre de M. A la sanction de l'interdic- quième année d'études et un stage de six mois de pra-
tion d'exercer la pharmacie pendant six mois, dont tique professionnelle dans le cadre du troisième cycle de
trois mois avec sursis.» ses études ;

164
18. Le personnel de l'officine

DG ARS
nd
é es Président CROP
m a
om
rec
es

Absence inférieure Absence comprise Absence comprise


Lett r

à 1 mois entre 1 mois et 4 mois entre 4 mois et un an

• Par un pharmacien cotitulaire • Par un pharmacien adjoint de la • Par un pharmacien adjoint de la


de l’officine même officine même officine
8 jours • Par un pharmacien adjoint de la
1 mois • Par un pharmacien remplaçant
4 mois • Par un pharmacien remplaçant
1 an
même officine inscrit au tableau de la section D inscrit au tableau de la section D
• Par un pharmacien remplaçant • Par un pharmacien remplaçant
inscrit au tableau de la section D en attente d’inscription à
• Par un pharmacien remplaçant l’Ordre
en attente d’inscription à • Par un étudiant en pharmacie
l’Ordre ayant validé sa cinquième
• Par un étudiant en pharmacie année d'études et un stage de
ayant validé sa cinquième six mois de pratique
année d'études et un stage de professionnelle dans le cadre du
six mois de pratique troisième cycle de ses études
professionnelle dans le cadre du
troisième cycle de ses études

Figure 18.1
Règles de remplacement du titulaire d'une officine.
(Illustration par M. Guerriaud.)

l pour une absence comprise entre quatre mois et pharmacien adjoint de la même officine ou un pharma-
un an : cien remplaçant inscrit au tableau de la section D peut le
– par un pharmacien adjoint de la même officine ; remplacer.
– par un pharmacien remplaçant inscrit au tableau de Si cette obligation de remplacement n'est pas effectuée
la section D. et si la pharmacie reste alors ouverte, le pharmacien titu-
Aucune absence supérieure à un an n'est autorisée sauf laire s'expose à une amende de 75 000 € (article L. 5424-14
si l'état de santé du titulaire le justifie et uniquement après du Code de la santé publique) ainsi qu'à des sanctions
avis du directeur de l'ARS — cette disposition récente a été disciplinaires.
introduite par la loi de modernisation du système de santé.
On remarquera que plus la durée d'absence est longue, plus
Jurisprudence
les règles de remplacement sont strictes.
Sanction disciplinaire, décision n° 470-D du Conseil
Attention
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
18 novembre 2008
Démarche «Lors d'un contrôle effectué le 6 mars 2006 dans
Dans le cas d'une absence supérieure à huit jours, les locaux de l'officine dont Mme A est titulaire, il
le pharmacien titulaire signale par lettre recom- a été constaté l'absence de celle-ci et l'ouverture au
mandée au directeur de l'ARS et au président du public de la pharmacie en l'absence de tout phar-
conseil de l'Ordre des pharmaciens dont il dépend, macien […]. Il est prononcé à l'encontre de Mme A
les nom, adresse et qualité du remplaçant qui se une sanction d'interdiction d'exercer la pharmacie
sera engagé par écrit à assurer le remplacement pendant trois mois, dont deux mois avec sursis.»
(article R. 5125-41).
Décès du titulaire
En outre, il convient de rappeler deux points importants :
l dans le cas où un pharmacien adjoint de l'officine vient à Le décès du titulaire crée une situation complexe concer-
remplacer le titulaire, il doit lui-même être remplacé par un nant l'avenir de l'officine, ce qui impacte :
l la santé publique : il y a un risque de disparition d'un
pharmacien remplaçant inscrit au tableau de la section D
(article R. 5125-42) ; accès local aux médicaments ;
l dans le cas où un pharmacien a été temporairement l la sphère socio-économique : l'avenir des salariés (que

interdit d'exercer, l'article R. 5125-40 prévoit que seul un vont-ils devenir ?) ;


165
VI. L'officine de pharmacie et son activité

l le patrimoine des ayants droit (héritiers) : il risque de pouvoir exercer (cf. chapitre 17, «Les conditions d'exer-
diminuer si l'officine ferme. cices»). Parmi ces conditions rappelons que l'inscription à
En conséquence, le législateur a prévu des mesures pour l'Ordre des pharmaciens section D est obligatoire (article
répondre à ces problématiques. Ainsi, s'il n'y a pas de phar- R. 5125-36) et que c'est au titulaire de s'assurer que son
macien parmi les héritiers ou si aucun ne souhaite ou ne adjoint a satisfait cette obligation (article R. 4235-15).
peut reprendre le rôle de titulaire, un gérant de l'officine
peut être nommé à titre provisoire.
Le délai pendant lequel son conjoint ou ses héritiers
Champ d'activité du pharmacien
peuvent maintenir une officine ouverte en la faisant adjoint
gérer par un pharmacien autorisé à cet effet par le
directeur de l'ARS ne peut excéder deux ans (article Missions
L. 5125-21). Le pharmacien adjoint a notamment pour missions (article
Les pharmaciens pouvant assurer la gérance après décès R. 5125-35) :
sont définis à l'article R. 5125-43 : l la dispensation au détail des médicaments et produits
l un pharmacien cotitulaire de l'officine ;
du monopole ;
l un pharmacien adjoint de la même officine ; l l'exécution des préparations magistrales ou officinales.
l un pharmacien remplaçant inscrit au tableau de la
On constate que les missions de l'adjoint et du titu-
section D ; laire sont semblables. En revanche, l'adjoint, ne gérant pas
l un pharmacien remplaçant en attente d'inscription à
l'officine, n'a pas les mêmes contraintes que le titulaire ;
l'Ordre. ainsi, il peut, dans une certaine mesure, exercer une autre
profession [140].

Le pharmacien adjoint Relations avec le titulaire


S'il existe un lien d'autorité et de subordination entre le
Notion de pharmacien adjoint titulaire et l'adjoint, celui-ci découle essentiellement du
contrat de travail. Afin de clarifier ce lien, le Code de la santé
Attention publique dans son article R. 4235-14 impose au titulaire de
«définir par écrit les attributions des pharmaciens qui l'as-
Pharmacien adjoint ou pharmacien sistent ou auxquels il donne délégation».
En revanche, le titulaire n'a pas autorité sur son adjoint
assistant ?
en matière de décision pharmaceutique :
Si l'on peut encore entendre parler de «pharma- l c'est un devoir pour l'adjoint que de « veiller à préserver
cien assistant», il faut savoir que ces termes sont la liberté de son jugement professionnel dans l'exercice de ses
incorrects, puisqu'en 2002 [139] ils ont été rem- fonctions. Il ne peut aliéner son indépendance sous quelque
placés par les termes «pharmacien adjoint». forme que ce soit» (article R. 4235-3) ;
l c'est un devoir pour les titulaires que de « traiter en

Le pharmacien adjoint est un pharmacien qui est requis confrères les pharmaciens placés sous leur autorité et [ils] ne
dans une officine quand l'activité de cette dernière est trop doivent pas faire obstacle à l'exercice de leurs mandats pro-
importante pour un titulaire. Ainsi, l'article L. 5125-20 pré- fessionnels». (article R. 4235-35).
voit des «pharmaciens dont les titulaires d'officine doivent Par exemple, un titulaire doit respecter la décision de
se faire assister en raison de l'importance de leur chiffre son adjoint de refuser la délivrance d'un traitement quand
d'affaires». l'intérêt de la santé du patient lui paraît l'exiger (article
Et l'article R. 5121-34 précise que l'on entend par pharma- R. 4235-61).
ciens adjoints les personnes qui «remplissant les conditions En outre, il faut rappeler que dans la relation profession-
d'exercice de la pharmacie en France, exercent leur activité nelle «titulaire adjoint», l'article R. 4235-19 prévoit qu'«il
dans une officine, avec le ou les pharmaciens titulaires ou le est interdit à tout pharmacien d'accepter, ou de proposer à
gérant de la pharmacie après décès». un confrère, une rémunération qui ne soit pas proportionnée,
Le pharmacien adjoint doit bien évidemment remplir compte tenu des usages, avec les fonctions et les responsabi-
tous les critères et conditions vus précédemment pour lités assumées».
166
18. Le personnel de l'officine

Enfin à noter, la loi de modernisation du système de «Les emplois correspondant aux tranches de chiffres
santé introduit un article L. 5125-17-1 qui prévoit que, dans d'affaires doivent être pourvus à temps plein ou en équivalent
certains cas, les adjoints puissent détenir des parts dans une temps plein.
officine mais rappel que ce dernier «continue d'exercer dans Les associés et le conjoint diplômé non salarié du titulaire
le cadre d'un contrat de travail et demeure placé dans un lien peut également être pris en compte.
de subordination juridique à l'égard du ou des pharmaciens Les pharmaciens titulaires d'officine devront déclarer, en
titulaires de l'officine». fin de chaque exercice, et au plus tard au 30 avril de chaque
année, leur chiffre d'affaires annuel global hors taxe à la valeur
Embauche obligatoire ajoutée au directeur général de l'agence régionale de santé.»
Pour les départements d'outre-mer, des coefficients
de pharmacien adjoint multiplicateurs sont affectés : 1,32 en Guadeloupe et
Dès lors que l'activité d'une officine devient importante, le en Martinique ; 1,26 à La Réunion et à Mayotte ; 1,34 en
pharmacien titulaire ne saurait à lui seul exercer personnel- Guyane.
lement tous les actes professionnels qui lui sont confiés et
ne saurait correctement assurer la surveillance de l'exécu- Attention
tion de ceux qu'il n'accomplit pas lui-même.
Afin de pallier ce problème, le nombre de pharma-
Présence effective
ciens adjoints présents dans une officine est réglementé
(figure 18.2). L'article L. 5125-20 dispose que c'est par arrêté Pour pouvoir rentrer dans le cadre de l'obligation
que le nombre de pharmaciens est fixé et c'est donc l'arrêté d'embauche, il est nécessaire que le pharmacien
du 15 mai 2011 qui précise : adjoint soit effectivement présent ; ainsi, un phar-
«Le nombre de pharmaciens dont les titulaires d'officine macien adjoint en congé longue maladie ou congé
doivent se faire assister en raison de l'importance de leur maternité ne peut pas être comptabilisé.
chiffre d'affaires annuel est fixé :
l à un pharmacien adjoint pour un chiffre d'affaires annuel hors
L'article L. 5424-3 dispose que le fait de ne pas dispo-
taxe à la valeur ajoutée compris entre 1 300 000 et 2 600 000 € ; ser, pour l'exercice de sa profession, du nombre de phar-
l à un deuxième pharmacien adjoint, pour un chiffre
maciens nécessaires en raison de l'importance du chiffre
d'affaires annuel hors taxe à la valeur ajoutée compris entre d'affaires est puni de sanction financière. Puisqu'il s'agit
2 600 000 et 3 900 000 € ; d'un manquement à l'exercice personnel de la profession,
l au-delà de ce chiffre d'affaires, à un adjoint supplémen-
la sanction sera de 75 000 € comme prévue à l'article
taire par tranche de 1 300 000 € supplémentaires.» L. 5424-13 ; en outre, des sanctions disciplinaires peuvent
L'arrêté du 1er août 1997 précise notamment : être prises.

1 300 000 € 2 600 000 € 3 900 000 €


CAHT CAHT CAHT

1 300 000 € CAHT 1 300 000 € CAHT 1 300 000 € CAHT

1er pharmacien 2e pharmacien … pharmacien


Titulaire seul
adjoint adjoint adjoint

Figure 18.2
Nombre de pharmaciens adjoints en fonction du chiffre d'affaires.
(Illustration par M. Guerriaud.)

167
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Attention Étudiant en pharmacie


Les étudiants en pharmacie, dans le cadre de leur cursus ou
Présence du titulaire pour des emplois saisonniers, peuvent effectuer des stages
La présence d'un ou plusieurs adjoints du fait de ou travailler dans une officine de pharmacie. Cependant,
l'obligation d'embauche ne dispense pas le titu- les tâches qui leur sont confiées dépendent de leur niveau
laire d'exercer personnellement sa profession et d'étude.
donc d'être présent. Ainsi, l'article L. 4241-10 indique que seuls les étudiants
en pharmacie régulièrement inscrits en troisième année
d'études dans une faculté de pharmacie sont autorisés,
Clause de non-concurrence dans un but de perfectionnement, à exécuter, en dehors
et loyauté du pharmacien adjoint des heures de travaux universitaires, les opérations dévo-
lues aux préparateurs en pharmacie. Le texte précise que
Il existe dans le code de déontologie une disposition à ces travaux ne peuvent être effectués qu'en dehors des
l'article R. 4235-37 qui prévoit : «Un pharmacien qui, soit heures de formation universitaires.
pendant, soit après ses études, a remplacé, assisté ou secondé
un de ses confrères durant une période d'au moins six mois
consécutifs ne peut, à l'issue de cette période et pendant deux Autres personnels
ans, entreprendre l'exploitation d'une officine […] où sa pré-
Une pharmacie peut disposer d'autres personnels : une
sence permette de concurrencer directement le confrère rem-
femme de ménage, un rayonniste, une esthéticienne,
placé, assisté ou secondé, sauf accord exprès de ce dernier.»
etc. Ces derniers ne pourront en aucun cas délivrer des
médicaments.

Autres personnels
L'essentiel à retenir
Préparateur en pharmacie ■
Le titulaire de l'officine est le pharmacien titu-
Les préparateurs en pharmacie, autrefois appelés «aides- laire de la licence de l'officine et propriétaire de
pharmaciens» — terme qui aujourd'hui reprend du sens —, l'officine.
sont des personnels qualifiés de l'officine. Ils doivent être ■
Le titulaire doit exercer personnellement sa pro-
titulaires d'un brevet professionnel (article L. 4241-4). fession : être présent, exercer lui-même, être iden-
Les préparateurs sont, avec les étudiants en pharmacie tifiable, ne pas exercer une autre profession.
régulièrement inscrits en troisième année, les seuls profes- ■
Le pharmacien adjoint est le pharmacien qui
sionnels autorisés à seconder les pharmaciens de l'officine assiste le titulaire.
dans la préparation et la délivrance au public des médica- ■
Le nombre de pharmaciens adjoints est régle-
ments destinés à la médecine humaine et à la médecine menté en fonction du chiffre d'affaires.
vétérinaire (article L. 4241-1). ■
Les autres personnes habilitées à délivrer des
Cependant, ces tâches ne peuvent être exécutées que médicaments sous la surveillance du titulaire
sous la responsabilité et le contrôle effectif d'un pharma- sont : les préparateurs en pharmacie et les étu-
cien. Cette surveillance ne saurait les exonérer de leur res- diants inscrits en troisième année des études de
ponsabilité pénale. pharmacie.

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C 2 ans.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée D 5 ans.
d'expérience requise pour être titulaire ? E 7 ans.
A 6 mois.
B 1 an.

168
18. Le personnel de l'officine

QCM 2 A 6 mois.
Un pharmacien qui ne serait pas indentifiable (par son badge) B 1 an.
peut être puni ? C 2 ans.
A Vrai. D 3 ans.
B Faux. E 5 ans.
QCM 3 QCM 5
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond au chiffre
correspond(ent) aux activités que peut exercer un pharma- d'affaires imposant l'embauche d'un premier pharmacien
cien titulaire en plus de l'exploitation de son officine ? adjoint en France métropolitaine ?
A Pharmacien sapeur-pompier volontaire. A 500 000 €.
B Médecin. B 700 000 €.
C Exploitant d'un cabinet de recrutement. C 1 000 000 €.
D Élu municipal. D 1 300 000 €.
E Rédacteur d'article pour une revue professionnelle. E 1 700 000 €.
QCM 4
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée
maximale de gérance après le décès du titulaire ?

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169
19
Chapitre 19
Le secret professionnel

P LAN D U CHA PI T RE
Des droits et des devoirs 171
Le secret 171

Droit pharmaceutique
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19. Le secret professionnel

Prérequis et objectifs
Remarque

Prérequis : Histoire du secret professionnel
– Notions de droit pharmaceutique (PACES).
La notion de secret professionnel était déjà prévue à l'article

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant 378 du Code pénal de 1810 qui avait la particularité de citer
sera capable de : nommément un certain nombre de professionnels : «Les
– définir la notion de secret professionnel, en tant médecins, chirurgiens et autres officiers de santé, ainsi que les
que droit, en tant que devoir ; pharmaciens, les sages-femmes et toutes autres personnes
– délimiter le champ du secret professionnel ; dépositaires, par état ou profession ou par fonctions tempo-
– repérer les situations pratiques relevant du raires ou permanentes, des secrets qu'on leur confie.» Ainsi, la
secret professionnel. France (sous le Premier Empire) fut la première nation à intro-
duire et garantir par la loi, la notion de secret en santé [141].

Des droits et des devoirs


Un droit pour les patients
Un devoir pour le pharmacien La loi 2002-303, dite loi Kouchner, du 4 mars 2002 instaure
L'article 226-13 du Code pénal prévoit : «La révélation d'une un droit au secret pour les patients. Ainsi, l'article L. 1110-4
information à caractère secret par une personne qui en est du Code de la santé publique dispose : «Toute personne prise
dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison en charge par un professionnel de santé, un établissement
d'une fonction ou d'une mission temporaire, est punie d'un ou un des services de santé […], un professionnel du secteur
an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende.» médico-social ou social ou un établissement ou service social
On remarquera que le Code pénal ne désigne pas les et médico-social […] a droit au respect de sa vie privée et du
professionnels soumis à ce secret, il renvoie implicitement secret des informations le concernant.
à d'autres textes comme les codes de déontologie qui, eux, Excepté dans les cas de dérogation expressément pré-
sont chargés de désigner les professionnels astreints à ce vus par la loi, ce secret couvre l'ensemble des informations
secret [142, 143]. concernant la personne venues à la connaissance du profes-
En l'occurrence, les pharmaciens y sont astreints par sionnel, de tout membre du personnel de ces établissements,
l'article R. 4235-5 du Code de déontologie pharmaceutique services ou organismes et de toute autre personne en relation,
qui dispose que «le secret professionnel s'impose à tous les de par ses activités, avec ces établissements ou organismes. Il
pharmaciens dans les conditions établies par la loi […]». s'impose à tous les professionnels intervenant dans le système
Il faut aussi rappeler que les collaborateurs des phar- de santé [139].»
maciens (article R. 4235-5) sont eux aussi soumis au secret Le fondement du secret repose sur la protection du
professionnel, tout comme les étudiants stagiaires (article patient en tant qu'individu (intérêt privé), mais aussi repose
R. 4235-43). sur la nécessité de maintenir la confiance entre le pharma-
cien et son patient (intérêt général public).

Remarque
Le secret
Aménagement de l'officine et secret
professionnel
Définition du secret
Afin de pouvoir respecter ce devoir, l'article
R. 4235-55 dispose : «Le pharmacien veille à ce Attention
que [les] médicaments […] soient dispensés avec
la discrétion que requiert le respect du secret pro- «Secret médical» ou «Secret
fessionnel.» Et en outre, l'article R. 5125-9 précise :
professionnel»
«L'accueil de la clientèle et la dispensation des
médicaments s'effectuent dans des conditions de Il convient de rappeler que l'expression «secret médi-
confidentialité permettant la tenue d'une conversa- cal», encore d'usage par certains, est aujourd'hui à
tion à l'abri des tiers.» proscrire dans le sens où cette expression prête à

171
VI. L'officine de pharmacie et son activité

confusion tant chez les patients que chez les profes- Prenons l'exemple d'un patient atteint d'un cancer, s'il le
sionnels de santé. En effet, cette expression laisserait dit à un pharmacien c'est un secret professionnel, s'il le dit en
sous-entendre qu'il existe un secret spécifique pour revanche à un ami, c'est une information [143]. Il faut noter
les médecins ou encore que le secret ne concerne- que peu importe le lieu où le secret est confié, que cela soit
rait que les données de santé ; or, dans les deux situa- dans la pharmacie ou en dehors, le secret est constitué dès
tions, ceci est erroné [142, 144]. qu'un patient se confie à un professionnel de santé.

Le secret peut se définir comme «une chose cachée et Jusqu'où va le secret ?


par extension la protection qui couvre cette chose et qui peut
consister soit pour celui qui connaît la chose, dans l'interdic- Le secret ne se résume pas uniquement à l'acte de
tion de la révéler à d'autres, soit pour celui qui ne la connaît confidence, mais aussi à la découverte fortuite, à l'insu
pas, dans l'interdiction d'entrer dans le secret [53]». voire contre le gré de la personne [145]. Ainsi, le secret
Le secret devient secret professionnel non pas par la professionnel dans le cadre de la santé entend : «ce qui lui a
nature de son contenu mais par le fait qu'il est confié été confié, mais aussi ce qu'il a vu, entendu ou compris»
à un professionnel. C'est le dépositaire du secret qui va lui (article R. 4127-4 du Code de la santé publique). Certains
­conférer son caractère confidentiel [399]. Ainsi, une même don- auteurs ajoutent à cet énoncé «constater, découvrir ou
née peut, selon le destinataire, être une simple information déduire à l'occasion de ses fonctions [143]».
ou un secret professionnel comme le montre la figure 19.1. Donc, en ce qui concerne le pharmacien, le secret
protège la connaissance de la maladie ou des
Patient situations physiologiques particulières qui seront
déduites de l'ordonnance. Par exemple, la prescrip-
tion de metformine informe directement un pharma-
cien que le patient est diabétique de type 2. Ainsi, cette
information déduite est couverte par le sceau du secret
et ce d'autant plus que l'ordonnance est un document
lui-même secret : « Une ordonnance était un document
couvert par le secret dans la mesure où, mentionnant des
Je suis malade

prescriptions pour un patient déterminé, elle donnait des


indications sur sa santé [146]. »
La jurisprudence a généralement affirmé que la
simple révélation du fait qu'un malade ait consulté
un médecin suffit à constituer une violation du secret
Secret professionnel
médical [147].
Ami Pharmacien
Il faut aussi préciser que ce n'est pas parce qu'une infor-
Figure 19.1 mation est connue du public, par la divulgation par le
Le secret professionnel ne dépend pas de l'information qu'il
contient.
patient lui-même ou par la rumeur, que cette information
(Illustration par M. Guerriaud.) n'appartient pas au secret professionnel.

Le secret partagé nique à un dermatologue que son patient est diabétique


pour la prise en charge de ses plaies, il n'est pas utile de lui
Le secret partagé est une notion complexe. Il apparaît
préciser qu'il souffre d'un dysfonctionnement érectile.
logique que dans le cadre de la continuité des soins deux
La notion de secret partagé est précisée par la loi Kouchner ;
professionnels de santé, ayant un intérêt à ce partage,
article L. 1110-4 du Code de la santé publique : «Un pro-
doivent communiquer entre eux et échanger des secrets
fessionnel peut échanger avec un ou plusieurs professionnels
professionnels. Mais ces secrets, fussent-ils partagés, restent
identifiés des informations relatives à une même personne
des secrets [148]. En effet, le fait de partager un secret ne
prise en charge, à condition qu'ils participent tous à sa prise
fait pas tomber le sceau du secret : ce dernier reste intact.
en charge et que ces informations soient strictement néces-
Il faut que ces données soient indispensables à la prise en
saires à la coordination ou à la continuité des soins, à la
charge du patient. Pour exemple, si un généraliste commu-
prévention ou à son suivi médico-social et social. Lorsque ces

172
19. Le secret professionnel

p­ rofessionnels appartiennent à la même équipe de soins […], dématérialisée, dans des conditions définies par décret pris
ils peuvent partager les informations concernant une même après avis de la Commission nationale de l'informatique et
personne qui sont strictement nécessaires à la coordination des libertés.
ou à la continuité des soins ou à son suivi médico-social et La personne est dûment informée de son droit d'exercer
social. Ces informations sont réputées confiées par la per- une opposition à l'échange et au partage d'informations la
sonne à l'ensemble de l'équipe. concernant. Elle peut exercer ce droit à tout moment».
Le partage, entre des professionnels ne faisant pas partie Ainsi, la loi rend possible la communication, mais avec deux
de la même équipe de soins, d'informations nécessaires à la conditions : il faut que l'échange porte sur la continuité des
prise en charge d'une personne requiert son consentement soins ou la meilleure prise en charge sanitaire possible et il
préalable, recueilli par tout moyen, y compris de façon faut que le patient soit «dûment averti».

Les exceptions au secret pour le pharmacien Le Code de la santé publique permet aussi une autre
dérogation. En effet, si le secret professionnel ne
Le Code pénal dans son article 226-14 prévoit des exceptions
s'éteint pas après la mort du patient, l'article L. 1110-4
au secret professionnel, deux concernent les pharmaciens :
dispose : « Le secret médical ne fait pas obstacle à ce que

«À celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou
les informations concernant une personne décédée soient
administratives de privations ou de sévices, y compris
délivrées à ses ayants droit, son concubin ou son parte-
lorsqu'il s'agit d'atteintes ou mutilations sexuelles, dont il a
naire lié par un pacte civil de solidarité, dans la mesure où
eu connaissance et qui ont été infligées à un mineur ou à une
elles leur sont nécessaires pour leur permettre de connaître
personne qui n'est pas en mesure de se protéger en raison
les causes de la mort, de défendre la mémoire du défunt
de son âge ou de son incapacité physique ou psychique.»
ou de faire valoir leurs droits, sauf volonté contraire expri-

«Aux professionnels de la santé ou de l'action sociale
mée par la personne avant son décès. Toutefois, en cas de
qui informent le préfet et, à Paris, le préfet de police du
décès d'une personne mineure, les titulaires de l'autorité
caractère dangereux pour elles-mêmes ou pour autrui
parentale conservent leur droit d'accès à la totalité des
des personnes qui les consultent et dont ils savent qu'elles
informations médicales la concernant, à l'exception des
détiennent une arme ou qu'elles ont manifesté leur inten-
éléments relatifs aux décisions médicales pour lesquelles
tion d'en acquérir une.»
la personne mineure, le cas échéant, s'est opposée à l'ob-
Le texte précise par ailleurs que «le signalement aux autorités
tention de leur consentement dans les conditions définies
compétentes effectué dans les conditions prévues au présent
aux articles L. 1111-5 et L. 1111-5-1. »
article ne peut faire l'objet d'aucune sanction disciplinaire».

Jurisprudence ■
Le fondement du secret professionnel est prévu
dans le Code pénal et rappelé dans le Code de la
Secret et relation d'amitié – CE, 7 février 1994 santé publique.
Lorsque la confidence a été recueillie par le phar-

Le secret professionnel ne dépend pas de son
macien dans le cadre d'une relation amicale, la contenu ni du lieu où il est livré, mais est secret du
jurisprudence majoritaire exclut la qualification fait qu'il est confié à un professionnel.
de secret [147].

Les informations déduites de l'ordonnance font
partie intégrante du secret.

L'essentiel à retenir

Le secret professionnel est à la fois un devoir
pour le pharmacien et un droit pour le patient.

Le secret professionnel est absolu ; il n'y a que
quelques dérogations légales.

173
VI. L'officine de pharmacie et son activité

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 A Oui.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la période B Non.
de création juridique du secret professionnel en santé ?
QCM 4
A L'Égypte ancienne.
En cas de sévices sur un mineur, pouvez-vous briser le secret
B La Renaissance.
professionnel ?
C La période napoléonienne.
A Oui.
D La révolution industrielle.
B Non.
E La seconde moitié du xxe siècle.
QCM 5
QCM 2
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
Un patient vous informe qu'il a un cancer, il en informe aussi
correspond(ent) à ce qui fait partie du secret professionnel ?
son ami. L'information faite à son ami rentre-t-elle dans le
A Ce qui a été entendu.
cadre du secret professionnel ?
B Ce qui a été vu.
A Oui.
C Ce qui a été confié.
B Non.
D Ce qui a été colporté.
QCM 3 E Ce qui a été compris.
Un patient vous informe qu'il a un cancer alors que vous vous
rencontrez en faisant vos courses au supermarché. Cette infor-
mation rentre-t-elle dans le cadre du secret professionnel ?

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174
Chapitre 20
Le monopole et les produits
autorisés
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PLAN DU C HAPITRE
Le monopole 176
Les produits autorisés à la vente
en officine 179
L'affichage des prix à l'officine 181

Droit pharmaceutique
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VI. L'officine de pharmacie et son activité

Prérequis et objectifs 1 La préparation des médicaments destinés à l'usage


de la médecine humaine ;

Prérequis : 2 La préparation des objets de pansements et
– notions de droit pharmaceutique (PACES). de tous articles présentés comme conformes à la

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant pharmacopée ;
sera capable de : 3 La préparation des générateurs, trousses ou précur-
– justifier le monopole pharmaceutique ; seurs mentionnés à l'article L. 5121-1 ;
– citer et décrire les éléments du monopole ; 4 La vente en gros, la vente au détail, y compris
– citer et décrire les dérogations au monopole ; par internet, et toute dispensation au public des
– définir et illustrer par des exemples l'exercice médicaments, produits et objets mentionnés aux 1°,
illégal de la pharmacie ; 2° et 3° ;
– citer les catégories de produits autorisées à la 5 La vente des plantes médicinales inscrites à la
vente en officine ; pharmacopée sous réserve des dérogations établies
– décrire les mesures d'affichage des prix à par décret ;
l'officine. 6 La vente au détail et toute dispensation au public
des huiles essentielles dont la liste est fixée par
décret ainsi que de leurs dilutions et préparations ne
constituant ni des produits cosmétiques, ni des pro-
Le monopole duits à usage ménager, ni des denrées ou boissons
alimentaires ;
Justification du monopole 7 La vente au détail et toute dispensation au public
Le monopole pharmaceutique est un monopole dit de des aliments lactés diététiques pour nourrissons
compétences et ne saurait être un simple monopole et des aliments de régime destinés aux enfants du
économique. premier âge, c'est-à-dire de moins de quatre mois,
Il se justifie par le fait que le pharmacien : dont les caractéristiques sont fixées par arrêté des
l est un professionnel de santé ayant validé une forma- ministres chargés de la consommation et de la
tion universitaire délivrant le diplôme d'État de docteur en santé ;
pharmacie ; 8 La vente au détail et toute dispensation de dis-
l est soumis au Code de déontologie ; positifs médicaux de diagnostic in vitro destinés à
l a un exercice personnel exclusif (cf. « Exercice person- être utilisés par le public, à l'exception des tests des-
nel» au chapitre 18) ; tinés au diagnostic de la grossesse ainsi que des tests
l a l'obligation de refuser la vente d'un médicament si d'ovulation.
l'intérêt du patient paraît l'exiger ; La fabrication et la vente en gros des drogues simples
l a l'obligation de conseiller le patient ; et des substances chimiques destinées à la pharma-
l doit inciter le patient à consulter un médecin si besoin cie sont libres à condition que ces produits ne soient
est ; jamais délivrés directement aux consommateurs
l … pour l'usage pharmaceutique et sous réserve des
règlements particuliers concernant certains d'entre
eux. »
Contenu du monopole
Le monopole pharmaceutique est défini à l'article L. 4211-1 Médicaments
du Code de la santé publique. Les médicaments constituent le cœur du monopole phar-
maceutique : leur fabrication, distribution et dispensation
sont réservées aux pharmaciens.
Point clé En France, le choix retenu fait que la totalité des
médicaments dépend du monopole, tandis que dans
Définition du monopole certains pays seule la dispensation des médicaments
«Sont réservées aux pharmaciens (sauf dérogations de prescription médicale obligatoire est réservée aux
prévues aux articles du présent code) : pharmaciens.
176
20. Le monopole et les produits autorisés

Objets de pansements et de tous articles importe qu'il s'agisse d'une plante «libéralisée» ou
présentés comme conformes à usage condimentaire ou alimentaire.
À noter qu'un juge de fond peut utiliser la notion
à la pharmacopée
de «médicament par fonction».
Les pansements et les autres articles (en particulier les liga-
tures chirurgicales, sutures chirurgicales, les sparadraps)
Huiles essentielles
conformes à la pharmacopée sont inclus dans le monopole
pharmaceutique. Très peu d'huiles essentielles font partie du monopole
Autrefois faisait partie du monopole au même para- pharmaceutique.
graphe «la préparation des produits destinés à l'entretien ou Sont d'abord exclus du monopole, par le texte, les huiles
l'application des lentilles oculaires de contact». essentielles et leurs dérivés utilisés dans des produits cos-
métiques, produits à usage ménager ou encore dans des
Préparation des générateurs, denrées ou boissons alimentaires.
trousses ou précurseurs Seules les huiles inscrites sur une liste fixée par décret
font partie du monopole (cf. le dernier décret en date
Ces objets sont nécessaires à la fabrication des médica- n° 2007-1198 du 3 août 2007 codifié à l'article D. 4211-13
ments radio-pharmaceutiques (cf. «Les médicaments du Code de la santé publique).
radio-pharmaceutiques» au chapitre 3).
Aliments lactés diététiques pour
Plantes médicinales nourrissons et aliments de régime
La vente des plantes utilisées dans un intérêt thérapeutique destinés aux enfants du premier âge
est réservée aux pharmaciens. Les plantes médicinales
L'arrêté du 9 mars 1992 précise ce que recouvre cette caté-
doivent être inscrites à la pharmacopée et répondre à
gorie d'aliments :
ses spécifications. l les aliments lactés pour nourrissons (moins de douze
Mais il s'agit là d'un principe général qui connaît beau-
mois) et enfants du premier âge (moins de quatre mois)
coup de dérogations, la première étant que certaines plantes
dont les protéines sont hydrolysées ;
médicinales sont également des plantes aromatiques ou l les aliments de régime destinés aux nourrissons (moins
condimentaires ou encore des plantes alimentaires, ainsi
de douze mois) et enfants du premier âge (moins de quatre
il paraît évident que certaines plantes comme le thym, le
mois) atteints de troubles métaboliques ou nutritionnels,
romarin ou encore l'ail, ne soient pas exclusivement ven-
en vue de répondre à leurs besoins spécifiques.
dues en pharmacie.
Deuxièmement, le décret n° 79-480 du 15 juin 1979,
modifié par le décret n° 2008-841 du 22 août 2008, établit Dispositifs médicaux de diagnostic in vitro
une liste de plante dont la vente est libre (plantes «libéra- destinés à être utilisés par le public
lisées»). Ce décret est codifié à l'article D. 4211-11 du Code Il s'agit par exemple des bandelettes urinaires ou encore des
de la santé publique. lecteurs de glycémie (cf. «Les dispositifs médicaux de dia-
Cependant, la jurisprudence a consacré un point impor- gnostic in vitro (DMDIV)» au chapitre 4).
tant : pour pouvoir être vendues en dehors d'une pharmacie
ou d'une herboristerie, les plantes doivent être non transfor-
mées : «en l'état» (Cass. crim., R., 5 janvier 1989 : Morin) [149]. Dérogations au monopole
Contraceptifs
Attention
Contraception d'urgence
Plante médicinale et définition du L'article L. 5134-1 du Code de la santé publique prévoit : «La
médicament délivrance aux mineures des médicaments ayant pour but
Si la vente d'une plante répond à la définition du la contraception d'urgence et qui ne sont pas soumis à pres-
médicament, c'est-à-dire présentée comme ayant cription médicale obligatoire s'effectue à titre gratuit dans les
des propriétés curatives ou préventives, alors de pharmacies selon des conditions définies par décret. Dans les
facto cette plante devient un médicament, peu établissements d'enseignement du second degré, les infirmiers
177
VI. L'officine de pharmacie et son activité

peuvent, en application d'un protocole national déterminé par les officines de pharmacie, les pharmacies à usage inté-
décret, dans les cas d'urgence, administrer aux élèves mineures rieur des établissements de santé et les établissements
et majeures une contraception d'urgence. Ils s'assurent de l'ac- qui se consacrent exclusivement au commerce du maté-
compagnement psychologique de l'élève et veillent à la mise en riel médico-chirurgical et dentaire ou qui disposent d'un
œuvre d'un suivi médical, notamment en orientant l'élève vers département spécialisé à cet effet. Elles peuvent être déli-
un centre de planification ou d'éducation familiale.» vrées à titre gratuit par toute association à but non lucratif
Ainsi, le monopole de délivrance dans le cadre de la menant une action de prévention du sida ou de réduction
contraception d'urgence est partagé entre les pharmacies, des risques chez les usagers de drogues répondant aux
les infirmières scolaires des établissements du second degré conditions définies par arrêté du ministre chargé de la
et les centres de planification (planning familial). santé. »
Ainsi, le monopole est partagé entre les pharmacies
Dispositifs intra-utérins, diaphragmes et capes (d'officine et PUI), des vendeurs spécialisés ainsi que des
Les dispositifs intra-utérins (DIU) plus communément appe- associations.
lés stérilets, les diaphragmes et capes, toujours selon l'article
L. 5134-1 «ne peuvent être délivrés que sur prescription d'un Aliments diététiques destinés à des fins
médecin ou d'une sage-femme et uniquement en pharmacie médicales spéciales (ADDFMS)
ou dans les centres de planification ou d'éducation familiale». Ce type d'aliments très particuliers est défini à l'article
Ainsi, là encore, le monopole est partagé entre les L. 5137-1 comme des aliments «destinés à une alimenta-
pharmacies et les centres de planification ou d'éducation tion particulière qui sont spécialement traités ou formulés
familiale. pour répondre aux besoins nutritionnels des patients. Ils sont
destinés à constituer l'alimentation exclusive ou partielle
Médicaments vétérinaires des patients dont les capacités d'absorption, de digestion,
Les médicaments vétérinaires peuvent être délivrés et pré- d'assimilation, de métabolisation ou d'excrétion des aliments
parés par les vétérinaires. Ceux-ci ne peuvent avoir une ordinaires ou de certains de leurs ingrédients ou métabo-
officine et les traitements ne peuvent être délivrés qu'aux lites sont diminuées, limitées ou perturbée, ou dont l'état de
seuls animaux auxquels ils donnent personnellement leurs santé appelle d'autres besoins nutritionnels particuliers qui
soins ou dont la surveillance sanitaire et les soins leur sont ne peuvent être satisfaits par une modification du régime
régulièrement confiés (article L. 5143-2 du Code de la santé alimentaire normal ou par un régime constitué d'aliments
publique). destinés à une alimentation particulière ou par une combi-
Outre les pharmaciens et les vétérinaires, certains grou- naison des deux. Ils ne peuvent être utilisés que sous contrôle
pements reconnus de producteurs et certains groupe- médical».
ments professionnels agricoles ayant obtenu un agrément Il est précisé à l'article suivant, L. 5137-2, qu'«ils ne
de l'autorité administrative peuvent détenir et délivrer cer- peuvent être délivrés au détail que par les pharmacies à
tains médicaments vétérinaires. usage intérieur des établissements de santé, les officines de
pharmacie, ainsi que par des personnes morales agréées par
Oxygène et autres gaz à usage médical l'autorité administrative».
Ainsi, le monopole est partagé entre les pharmacies
La dispensation à domicile de gaz à usage médical peut être
(d'officine et PUI) et des vendeurs agréés.
faite en plus des pharmaciens d'officine par des personnes
morales bénéficiant d'une autorisation accordée par le
directeur général de l'agence régionale de santé, après avis Remarque
des instances compétentes de l'Ordre national des pharma-
ciens. Néanmoins, cette dispensation doit se faire sous la Denrées alimentaires destinées à des fins
responsabilité d'un pharmacien inscrit à l'Ordre des phar- médicales spéciales
maciens en section A, D et E.
Le règlement n° 609/2013 du Parlement européen
et du Conseil du 12 juin 2013 transforme la déno-
Seringues et aiguilles
mination «aliment diététique destiné à des fins
L'article D. 3121-27 prévoit : « Les seringues et les aiguilles médicales spéciales» en «denrées alimentaires
destinées aux injections parentérales sont délivrées dans destinées à des fins médicales spéciales».
178
20. Le monopole et les produits autorisés

Allergènes préparés spécialement l les centres de planification ou d'éducation familiales


pour un seul individu (APSI) (cf. supra, «Contraceptifs») ;
l les centres de soins d'accompagnement et de préven-

Les allergènes préparés spécialement pour un seul indi- tion en addictologie ;


vidu concernent principalement la désensibilisation (cf. l les centres de santé (médicaments pour les interruptions

«Allergènes préparés spécialement pour un seul individu» volontaires de grossesse) ;


au chapitre 3). l les centres de lutte contre la lèpre ou la tuberculose.

Ces allergènes sont des médicaments particuliers : ce ne


sont pas des spécialités mais des préparations magistrales
préparées et délivrées par des laboratoires autorisés et ils Exercice illégal de la pharmacie
bénéficient à ce titre d'une dérogation au monopole phar-
maceutique selon l'article L. 4211-6 qui permet au labora- Point clé
toire de les délivrer directement au patient [84, 85].
Définition de l'exercice illégal de la
Médecins « propharmaciens » pharmacie
Dans les localités dépourvues d'officine et où les habitants Le fait de se livrer à des opérations réservées aux
ne peuvent s'approvisionner en médicaments (en particu- pharmaciens, sans réunir les conditions exigées,
lier en raison de l'altitude du relief), le directeur de l'agence constitue l'exercice illégal de la profession de
régionale de santé (ARS) peut délivrer une autorisation pharmacien (article L. 4223-1 du Code de la santé
pour qu'un médecin puisse délivrer des médicaments. Les publique).
médicaments, stockés chez le praticien, ne peuvent être
délivrés qu'aux patients consultant ce dernier et unique-
ment dans les communes mentionnées dans l'autorisation Attention
délivrée par l'ARS.
L'autorisation est retirée dès qu'une officine de pharma- Dispositions pénales en cas d'exercice illégal
cie est créée dans une des communes mentionnées dans de la pharmacie
l'autorisation. L'exercice illégal de la pharmacie est puni de deux
L'article L. 4211-3 du Code de la santé publique rappelle ans d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende.
par ailleurs que «les médecins bénéficiant d'une autorisation (D'autres sanctions sont prévues à la suite de l'ar-
d'exercer la propharmacie sont soumis à toutes les obligations ticle L. 4223-1 du Code de la santé publique.)
législatives et réglementaires incombant aux pharmaciens». À noter également que l'usage de la qualité de
pharmacien sans remplir les conditions ou l'usage
Herboristes sans droit d'un diplôme, certificat ou autre titre
Avec la loi du 11 septembre 1941 (cf. «Le décret-loi de légalement requis pour l'exercice de cette profes-
1941 : première définition légale du médicament», au sion, est passible des sanctions prévues à l'article
chapitre 1), la profession d'herboriste est supprimée ; néan- 433-17 du Code pénal, à savoir un an d'emprison-
moins, les personnes possédant ce diplôme peuvent conti- nement et 15 000 € d'amende.
nuer d'exercer leur profession. À la mort du détenteur de ce
diplôme, son herboristerie devra être fermée.
Les herboristes disposent de la possibilité de vendre Les produits autorisés à la vente
des plantes médicinales dont la vente est normalement en officine
réservée aux pharmaciens. Cependant, il leur est interdit
de délivrer des plantes inscrites sur la liste des substances L'article L. 5125-24 du Code de la santé publique prévoit
vénéneuses. que les pharmaciens ne peuvent faire dans leur officine le
commerce de marchandises autres que celles figurant sur
Autres dérogations une liste arrêtée par le ministre chargé de la Santé, sur pro-
D'autres organismes peuvent, dans la limite de leurs mis- position du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens.
sions respectives prévues par la loi, détenir et délivrer des La dernière liste a été établie par arrêté du 15 février 2002
médicaments comme : modifié par un arrêté du 13 août 2014.
179
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Liste des marchandises dont les pharmaciens ■


le pastillage et la confiserie pharmaceutique ;
peuvent faire le commerce dans leur officine ■
les eaux minérales et produits qui en dérivent ;

les matériels, articles et accessoires nécessaires à l'hospi-
Les pharmaciens ne peuvent conseiller, dispenser et vendre
talisation à domicile des malades ou au maintien à domi-
dans leur officine que les produits, articles, objets et appa-
cile des personnes âgées ;
reils suivants qui correspondent à leur champ d'activité ■
les articles et accessoires utilisés dans l'application
professionnel (figure 20.1) :
d'un traitement médical ou dans l'administration des

les médicaments à usage humain ;
médicaments ;

les insecticides et acaricides destinés à être appliqués sur ■
les produits cosmétiques ;
l'homme ; ■
les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro destinés à

les produits destinés à l'entretien ou à l'application des
être utilisés par le public ;
lentilles oculaires de contact ; ■
les produits, articles et appareils utilisés dans l'art de

les médicaments vétérinaires, les produits à usage vété-
l'œnologie ;
rinaire, les objets de pansement, les articles et les appa- ■
les produits chimiques définis ou les drogues destinées à
reils de soins utilisés en médecine vétérinaire, ainsi que
des usages non thérapeutiques à condition que ceux-ci
les produits, réactifs et appareils destinés au diagnostic
soient nettement séparés des médicaments ;
médical ou à la mesure de toute caractéristique phy- ■
les produits et appareils de désinfection, de désin-
sique ou physiologique chez l'animal ;
sectisation et de dératisation, ainsi que les produits

les dispositifs médicaux à usage individuel y compris les
phytosanitaires ;
assistants d'écoute préréglés d'une puissance maximale ■
les supports d'information relatifs à la prévention, à
de 20 décibels, à l'exception des dispositifs médicaux
­l'éducation pour la santé et au bon usage du médicament ;
implantables ; ■
les équipements de protection individuelle de protec-

les plantes médicinales, aromatiques et leurs dérivés, en
tion solaire ;
l'état ou sous forme de préparations, à l'exception des ■
les équipements de protection individuelle d'acoustique
cigarettes ou autres produits à fumer ;
adaptés au conduit auditif ;

les huiles essentielles ; ■
les compléments alimentaires ;

les articles et appareils utilisés dans l'hygiène bucco-den- ■
les équipements de protection individuelle respiratoire ;
taire ou corporelle ; ■
les éthylotests.

les produits diététiques, de régime et les articles ou
accessoires spéciaux nécessaires à leur utilisation ;

Jurisprudence Remarque

Sanction, décision n° 579-D du Conseil national de La vente d'alcool


l'Ordre des pharmaciens en date du 19 novembre La vente d'alcool est autorisée en pharmacie pour
2007 un usage pharmaceutique ou médical. Cet alcool
Condamnation à quinze jours d'interdiction peut être soit «nature» soit «dénaturé» — en
d'exercer : «M. A a été poursuivi disciplinairement pharmacie, on parle d'alcool modifié, la modifica-
à la suite d'une enquête effectuée dans les locaux de tion étant faite par ajout de camphre pour éviter
son officine les 18 et 24 juin 2004 ; [il a été constaté] sa consommation.
la vente de produits alimentaires ne figurant pas En principe, les alcools vendus sont soumis à une
sur la liste limitative des marchandises pouvant taxe que l'on appelle droits d'accises. En pratique,
être commercialisées dans une officine (huile l'alcool nature vendu à un patient sera soumis
d'olive bio, paquets de macaroni blanc, pruneaux à ces droits d'accises, tandis que l'alcool déna-
d'Agen, figues, amandes, raisins secs, fleur de sel de turé en sera exempté (puisqu'il ne peut pas être
Guérande, sauce tomate, tomates pelées, graines de consommé).
couscous, moutarde à l'ancienne).»

180
20. Le monopole et les produits autorisés

Les dispositifs médicaux à usage


Les insecticides et acaricides Les produits destinés à l'entretien individuel, les dispositifs médicaux de Les plantes médicinales, Les articles et appareils utilisés
Les médicaments à usage humain
destinés à être appliqués sur ou à l'application des lentilles diagnostic in vitro destinés à être aromatiques et leurs dérivés, et dans l'hygiène bucco-dentaire ou
ou vétérinaire
l'homme oculaires de contact utilisés par le public ainsi que les les huiles essentielles corporelle
éthylotests

régime
SPF

Les produits diététiques, de Les matériels, articles et


Les produits cosmétiques et Les accessoires nécessaires à
régime et les articles ou Le pastillage et la confiserie Les eaux minérales et produits
équipements de protection Les compléments alimentaires l'hospitalisation à domicile des
accessoires spéciaux nécessaires pharmaceutique qui en dérivent
individuelle de protection solaire à leur utilisation malades ou au maintien à
domicile des personnes âgées

re
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi
Liv

Les articles et accessoires utilisés Les produits chimiques définis ou les Les produits et appareils de Les supports d'information Les équipements de protection
dans l'application d'un traitement Les produits, articles et appareils drogues destinées à des usages non désinfection, de désinsectisation relatifs à la prévention, à individuelle d'acoustique adaptés
médical ou dans l'administration utilisés dans l'art de l'œnologie thérapeutiques à condition que et de dératisation, ainsi que les l'éducation pour la santé et au au conduit auditif et les
des médicaments ceux-ci soient nettement séparés produits phytosanitaires bon usage du médicament équipements de protection
des médicaments individuelle respiratoire

Figure 20.1
Les marchandises que les pharmaciens peuvent vendre.
(Illustration par M. Guerriaud.)

L'affichage des prix à l'officine Il faut, en outre, ajouter la part prise en charge par les
régimes obligatoires de base de Sécurité sociale au titre de
Le contrôle de l'affichage des prix (figure 20.2) se fait par l'assurance maladie.
le biais de la Direction générale de la concurrence, de la
consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Les honoraires de dispensation
Depuis le 4 février 2015 entre en vigueur une nouvelle
législation relative à «l'information du consommateur sur le «Le tarif ou le prix des honoraires de dispensation fait l'ob-
prix des médicaments à usage humain» avec la parution au jet d'un affichage visible et lisible dans la pharmacie ou est
Journal officiel de l'arrêté du 28 novembre 2014. détaillé dans le catalogue.»

Pour les médicaments en libre accès Le catalogue


Le prix fait l'objet, au choix : Le catalogue peut être :
l soit d'un affichage visible et lisible ;
l sous format papier, dès lors les médicaments sont clas-
l soit d'un étiquetage.
sés par ordre alphabétique de DCI ;
l sous format électronique.
Pour les médicaments exposés à la vue du public,
mais derrière le comptoir Cette deuxième version est sans doute plus pratique
puisque le pharmacien à l'obligation de mettre à jour son
Le prix fait l'objet : catalogue à chaque changement de prix.
l d'un affichage visible et lisible.

Pour les médicaments qui ne sont pas exposés L'information au patient


à la vue du public
Un panneau d'information sur les modalités de fixation de
Le prix fait l'objet, au choix : prix des médicaments est apposé, dans la pharmacie, sur
l soit d'un étiquetage ; un support visible et lisible par le consommateur.
l soit d'un recueil dans un catalogue. Il contient impérativement la formule suivante :

181
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Non exposés
au public
% €
Catalogue ou
étiquetage Informations
Derrière sur les prix
le comptoir
Affichage
XXX € lisible et visible
Le prix des médicaments non remboursables
est libre. Le prix des médicaments
remboursables est réglementé. Au prix des
médicaments peut s'ajouter, dans les
conditions définies par la réglementation, un
Devant
honoraire de dispensation par boîte et par
le comptoir ordonnance.
À votre demande, un justificatif de paiement
Étiquetage ou peut vous être remis.
affichage
lisible et visible

Utilisation d’un Pas d’affichage des


Ticket catalogue honoraires

Un catalogue Le catalogue
des prix de prix
des médicaments des médicaments
non exposés à la non exposés à la
vue du public est vue du public
mis à votre détaille le tarif des
disposition honoraires

Figure 20.2
Modalités d'affichage des prix.
(Illustration par M. Guerriaud.)

«Le prix des médicaments non remboursables est libre. l le nom et la quantité du médicament délivré et le prix
Le prix des médicaments remboursables est réglementé. Au TTC ;
prix des médicaments, peut s'ajouter, dans les conditions défi- l le montant des honoraires de dispensation.

nies par la réglementation, un honoraire de dispensation par Le «ticket Vitale» au dos de l'ordonnance peut rempla-
boîte et par ordonnance. cer le justificatif de paiement.
À votre demande, un justificatif de paiement peut vous
être remis.»
Si le pharmacien a fait le choix d'utiliser un catalogue de L'essentiel à retenir
prix pour les médicaments non exposés au public, alors il
faut rajouter : ■
Les médicaments sont au cœur du monopole
«Un catalogue des prix des médicaments non exposés à la pharmaceutique, mais d'autres produits en font
vue du public est mis à votre disposition.» partie.
Si le pharmacien n'affiche pas le tarif des honoraires : ■
Il existe quelques mesures permettant de déro-
«Le catalogue de prix des médicaments non exposés à la ger au monopole pharmaceutique.
vue du public détaille le tarif des honoraires.» ■
Le fait de se livrer à des opérations réservées
aux pharmaciens sans réunir les conditions exi-
La note au consommateur
gées constitue l'exercice illégal de la profession de
Lorsque le consommateur le demande, la délivrance d'un pharmacien.
médicament donne lieu à la remise d'un justificatif de ■
Il existe une liste de produits autorisés à la vente
paiement. en officine. Il s'agit d'une liste positive, donc limi-
Le justificatif de paiement remis par le pharmacien tative : seuls les produits mentionnés sur cette liste
comporte : peuvent être vendus en officine.
l la date de l'achat ; ■
L'information du consommateur sur les prix des
l le nom et l'adresse de l'officine ; médicaments est très réglementée à l'officine.

182
20. Le monopole et les produits autorisés

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 A ALDI.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) B APSI.
correspond(ent) aux produits du monopole pharmaceutique ? C ARDI.
A Les médicaments. D MDDI.
B Les pansements non conformes à la pharmacopée. E MPMP.
C Les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (hors tests
QCM 4
de grossesse et d'ovulation).
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond au nom
D Les compléments alimentaires.
donné au médecin pouvant délivrer des médicaments ?
E Les cosmétiques.
A Des médecins pro-officinaux.
QCM 2 B Des médecins prodélivrants.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) peut C Des médecins prodispensateurs.
(peuvent) être des dérogations au monopole pharmaceutique ? D Des médecins propharmaciens.
A Les contraceptifs oraux. E Des médecins propharmacologue.
B Les médicaments vétérinaires.
QCM 5
C Les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la sanction
D L'oxygène.
pour exercice illégal de la pharmacie ?
E Les morphiniques.
A 1 an d'emprisonnement et 15 000 € d'amende.
QCM 3 B 2 ans d'emprisonnement et 30 000 € d'amende.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à l'acro- C 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende.
nyme désignant un médicament arrivant directement chez le D 4 ans d'emprisonnement et 60 000 € d'amende.
patient ? E 5 ans d'emprisonnement et 75 000 € d'amende.

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne :


pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://
www.em-consulte/e-complement/474756 et suivez les
instructions.

183
21
Chapitre 21
La notion de dispensation
et la réglementation
des substances vénéneuses

P LAN D U CHA PI T RE
La prescription 185
La dispensation des médicaments 194
L'exécution de l'ordonnance 201
Le refus de délivrance 206

Droit pharmaceutique
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21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

Prérequis et objectifs Le prescripteur, quant à lui, est celui qui «qui recom-
mande, prescrit un produit, un matériel, un service, des soins,

Prérequis : etc. [152]».
– notions de droit pharmaceutique (PACES).
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant
Support de la prescription

sera capable de :
– définir les notions de prescription et d'ordon- Une prescription se matérialise par une ordonnance qui
nance ; doit être de nature à pouvoir assurer une traçabilité ; en
– citer les différents supports de prescription conséquence, un écrit est absolument nécessaire.
autorisés ; Ainsi, une ordonnance peut être :
– décrire le formalisme de la prescription et l'obli- l un papier libre, manuscrit (écrite à la main) ;
gation de rédaction en DCI ; l un papier libre, dactylographié (tapée à l'ordinateur) ;
– identifier les différents prescripteurs et leurs l un papier ou formulaire spécifique (ordonnance bizone,
droits de prescription respectifs ; ordonnance de stupéfiants, ordonnance d'exception…) ;
– définir la notion de dispensation d'une l un courriel.
ordonnance ; Cette dernière possibilité, encore peu utilisée, a été
– appliquer l'analyse réglementaire et pharmaco- introduite par la loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative
logique de l'ordonnance ; à l'assurance maladie : «Une ordonnance comportant des
– décrire les règles d'exécution de l'ordonnance ; prescriptions de soins ou de médicaments peut être formulée
– définir le devoir de refus et illustrer son utilisa- par courriel dès lors que son auteur peut être dûment identi-
tion par des exemples. fié, qu'elle a été établie, transmise et conservée dans des condi-
tions propres à garantir son intégrité et sa confidentialité, et
à condition qu'un examen clinique du patient ait été réalisé
La prescription préalablement, sauf à titre exceptionnel en cas d'urgence.»
Toujours dans un but de traçabilité, l'ordonnance doit
Définition (article R. 4127-76 du Code de la santé publique) :
l être rédigée lisiblement ;
l être en langue française ;
Point clé l être datée ;
l permettre l'identification du praticien dont il émane ;
Définition de la prescription l être signée par le prescripteur.
D'une façon générale une prescription est un :
«ordre expressément formulé, avec toutes les préci-
sions utiles ; ce qui est ainsi ordonné, prescrit [50]». Rappel
Le dictionnaire de l'Académie française de méde- Notions de substances vénéneuses
cine définit la prescription médicale comme et de médicaments listés
l'«acte d'un médecin consignant par écrit la thé-
Les substances vénéneuses comprennent (article L. 5132-1 du
rapeutique qu'il institue, les conseils hygiénodiété-
Code de la santé publique) :
tiques, etc. [150]». Le dictionnaire de l'Académie ● les substances stupéfiantes ;
de pharmacie quant à lui, est un peu plus large, ● les substances psychotropes ;
puisqu'il ne se limite pas aux seuls médecins : ● les substances inscrites sur la liste I et la liste II.
«Ordres et recommandations donnés par un pres- Les plantes, substances ou préparations vénéneuses sont clas-
cripteur habilité à un patient, le plus souvent par sées comme stupéfiants ou comme psychotropes ou sont
écrit sous la forme d'une ordonnance. La prescrip- inscrites sur les listes I et II par arrêté du ministre chargé de
tion peut porter sur des médicaments et autres la Santé pris sur proposition du directeur général de l'Agence
produits de santé, des investigations diagnostiques nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
(biologie médicale, imagerie biomédicale), des soins (article L. 5132-7 du Code de la santé publique).
Les substances inscrites sur les listes I et II comprennent
effectués par des professionnels de santé paramédi-
(article L. 5132-6 du Code de la santé publique) :
caux et des transports sanitaires [151].» 

185
VI. L'officine de pharmacie et son activité

 ● certaines substances classées dangereuses pour la santé ; sorption ou de biodisponibilité différentes. Exemple :
● les médicaments susceptibles de présenter directement Néoral 50 mg capsule (versus Sandimmun® 50 mg).
ou indirectement un danger pour la santé ; ■
Produits radio-pharmaceutiques. Exemple : Lipiocis®
● les médicaments à usage humain contenant des subs- injectable.
tances dont l'activité ou les effets indésirables nécessitent une ■
Médicaments homéopathiques. Exemple : Stodal®.
surveillance médicale ; ■
Médicaments de phytothérapie. Exemple : Gripponyl®
● tout autre produit ou substance présentant pour la santé poudre pour suspension buvable.
des risques directs ou indirects. ■
Produits d'origine biologique. Exemple : Lantus®
La liste I comprend les substances ou préparations et les 100 unités/mL injectable.
médicaments et produits présentant les risques les plus élevés
pour la santé.
Les médicaments contenant des substances inscrites à la
liste I ou à la liste II sont communément dénommés «médi-
caments listés».

Recommandations du LEEM pour le maintien


Formalisme spécifique du nom de fantaisie avec la DCI
Pour certains types de médicaments, le formalisme de la ■
Risque de confusion entre deux médicaments de
prescription est plus complexe, notamment pour les médi- DCI identique, mais d'indications et de posologies
caments listés, les stupéfiants, les médicaments d'exceptions différentes. Exemple : Cardensiel® bisoprolol 1,25 mg
(cf. infra, «Vérification du support de la prescription»). (insuffisance cardiaque) versus Detensiel® bisoprolol
10 mg (HTA).
DCI complexes (anticorps monoclonaux notam-
Obligation de rédaction

ment). Exemple : trastuzumab.


en dénomination commune ■
Médicament de même DCI à marge thérapeutique
étroite. Exemple : Concerta® méthylphénidate 10 mg
internationale (DCI) versus Ritaline® méthylphénidate 10 mg.
Depuis le 1er janvier 2015, la prescription doit obligatoire- ■
Les médicaments de même DCI dans l'asthme (diffé-
ment être rédigée en DCI, cette disposition est codifiée à rences d'efficacité et de tolérance en raison de leurs
l'article L. 5121-1-2 du Code de la santé publique. dispositifs d'administration différents et des proprié-
tés physico-chimiques du médicament [taille des
La rédaction d'une ordonnance en DCI doit comporter
particules inhalées, solubilité]). Exemple : Bécotide®
des mentions indispensables prévues à l'article R. 5125-55 versus Beclojet®.
du Code de la santé publique :
l le principe actif du médicament désigné par sa dénomi-
nation commune ;
l le dosage en principe actif ; Prescription étrangère
l la voie d'administration et la forme pharmaceutique.
L'article L. 5121-1-2 du Code de la santé publique précise Depuis le décret n° 2013-1216 du 23 décembre 2013 qui
que l'on peut mentionner en plus de la DCI le nom de fan- transpose les dispositions des directives 2011/24/UE et
taisie de la spécialité. 2012/52/UE (codifié à l'article R. 5132-6 du Code de la santé
publique) :
l les prescriptions médicales établies en France sont
Dérogations à la prescription en DCI validées reconnues dans les autres États membres de l'Union
par la HAS [153] européenne ;

Spécialités avec plus de trois substances actives. l un pharmacien peut délivrer en France des médicaments
Exemple : Stalevo® (lévodopa, entacapone, carbidopa). prescrits par un professionnel de santé dans un autre État

Médicaments dont le RCP mentionne une difficulté membre de l'Union européenne.
en cas de prescription en D.C., notamment les médi- En ce qui concerne les prescriptions émanant d'un pays
caments qui présentent des caractéristiques d'ab- ne faisant pas partie de l'Union européenne, il existe un cer-
tain flou juridique depuis plusieurs années [154].

186
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

Attention par la jurisprudence de la Cour de cassation : «Le principe


de liberté de prescription ne trouve à s'appliquer que dans
Délivrance et prescription étrangère le respect du droit de toute personne de recevoir les soins
Les pharmaciens ne peuvent refuser de délivrer les plus appropriés à son âge et à son état, conformes aux
les médicaments (sauf stupéfiants) prescrits par données acquises de la science et ne lui faisant pas courir de
un professionnel de santé légalement autorisé ou risques disproportionnés par rapport au bénéfice escompté.»
habilité à prescrire des médicaments dans un État (Civ. 1re, 14 octobre 2010, 09-68471).
membre de l'Union européenne sauf si l'intérêt de Dans le cas où le médecin souhaite faire une prescrip-
la santé du patient leur paraît l'exiger ou s'ils ont tion «hors-AMM», celle-ci ne peut se faire que «sous
des doutes légitimes et justifiés quant à l'authenti- réserve que le prescripteur juge indispensable, au regard des
cité, au contenu ou à l'intelligibilité de la prescrip- données acquises de la science, le recours à cette spécialité
tion, ou à la qualité du professionnel de santé qui pour améliorer ou stabiliser l'état clinique de son patient»
l'a établie. (article L. 5121-12-1 du Code de la santé publique).
En ce qui concerne les stupéfiants, le pharmacien
peut délivrer la quantité minimale nécessaire pour
Les chirurgiens-dentistes
assurer la continuité du traitement et permettre Selon les articles L. 4141-1 et L. 4141-2, les chirurgiens-­
au malade d'obtenir une prescription respectant dentistes peuvent prescrire tous les actes, produits et pres-
ces conditions (article R. 5132-6-2 du Code de la tations nécessaires à l'exercice de l'art dentaire, c'est-à-dire
santé publique). la prévention, le diagnostic et le traitement des mala-
dies congénitales ou acquises, réelles ou supposées, de la
bouche, des dents, des maxillaires et des tissus attenants.
Les droits de prescription Ainsi, un chirurgien-dentiste à une liberté de prescrip-
tion, mais qui est limitée à son champ disciplinaire : il peut
Les médecins prescrire des morphiniques pour des douleurs dentaires,
Naturellement, les médecins ont le droit de prescription, ce des antibiotiques pour des infections dentaires, mais ne
droit est le plus étendu par rapport aux autres profession- saurait en aucun cas prescrire une pilule contraceptive
nels de santé prescripteur. Par ailleurs, le médecin bénéficie pour une femme.
de la liberté de prescription. À noter : le chirurgien-dentiste peut prescrire des subs-
La liberté de prescription du médecin est prévue à l'ar- tituts nicotiniques selon l'article L. 3511-10 du Code de la
ticle R. 4127-8 du Code de la santé publique et réitérée à santé publique.
l'article L. 162-2 du Code de la sécurité sociale. Celle-ci per-
met à ce dernier de choisir la thérapeutique la plus adaptée
Les sages-femmes
pour son patient. Contrairement aux médecins et aux chirurgiens-dentistes,
Néanmoins, cette liberté ne saurait être totale, puisque les sages-femmes n'ont pas de liberté de prescription et
le Code de la santé publique prévoit qu'elle se fait «dans les subissent une double limitation :
limites fixées par la loi». Par exemple, un médecin ne peut l premièrement, elles ne peuvent prescrire uniquement
prescrire une préparation interdite par la loi — comme les médicaments et produits prévus par une liste selon
les préparations visées dans la loi Talon (cf. encadré l'article L. 4151-4 : « Les sages-femmes peuvent prescrire
«Préparations interdites» au chapitre 3). les dispositifs médicaux, dont la liste est fixée par l'autorité
De plus, le médecin doit s'interdire de faire courir au administrative, et les examens strictement nécessaires à
patient un risque injustifié comme cela est souligné dans l'exercice de leur profession. Elles peuvent également pres-
l'article R. 4127-40 du Code de la santé publique. Dans le crire les médicaments d'une classe thérapeutique figurant
même esprit, l'article R. 4127-39 énonce : «Les médecins sur une liste fixée par arrêté du ministre chargé de la santé
ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage pris après avis de l'Agence nationale de sécurité du médi-
comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé cament et des produits de santé et prescrire des substituts
illusoire ou insuffisamment éprouvé.» nicotiniques à toutes les personnes qui vivent régulière-
En outre, les patients, selon l'article L. 1110-5 du Code ment dans l'entourage de la femme enceinte ou de l'enfant
de la santé publique, doivent bénéficier «de thérapeu- jusqu'au terme de la période postnatale ou assurent la
tiques dont l'efficacité est reconnue» et cela est consacré garde de ce dernier. » ;
187
VI. L'officine de pharmacie et son activité

l deuxièmement, les sages-femmes ne peuvent prescrire Les infirmiers


qu'aux patients auxquels elles apportent des soins, c'est-à-
Les infirmiers disposent d'un droit de prescription, sous
dire à une femme ou son enfant (arrêté du 12 octobre 2011).
conditions, de dispositifs médicaux ainsi qu'un droit de
Ainsi, une sage-femme ne peut pas prescrire de médica-
prescription très restreint pour certains vaccins, les substi-
ment à un homme.
tuts nicotiniques et certains renouvellements.
Le dernier arrêté en date fixant les médicaments pouvant
Concernant les vaccins et substituts nicotiniques, l'article
être prescrits par une sage-femme est l'arrêté du 12 octobre
L. 4311-1 du Code de la santé publique précise : «L'infirmière
2011 (tableau 21.1). Celui fixant les dispositifs médicaux est
ou l'infirmier peut effectuer certaines vaccinations, sans pres-
l'arrêté du 27 juin 2006 complété par celui du 12 octobre
cription médicale, dont la liste, les modalités et les conditions
2011 (tableau 21.2).
de réalisation sont fixées par décret en Conseil d'État, pris

Tableau 21.1. Liste des classes thérapeutiques ou médicaments autorisés aux sages-femmes selon l'arrêté du 12 octobre 2011
modifié par l'arrêté du 4 février 2013
Liste des classes thérapeutiques ou médicaments autorisés aux sages-femmes pour leur usage professionnel
ou leur prescription auprès des femmes
En primo-prescription :
Antiacides gastriques d'action locale et pansements gastro-intestinaux
Antisécrétoires gastriques Antihistaminiques H2, de préférence la ranitidine ou la famotidine inhibiteurs de la pompe à protons, de
préférence l'oméprazole
Antiseptiques locaux
Anesthésiques locaux Médicaments renfermant de la lidocaïne
Antibiotiques par voie orale dans le traitement curatif de première ligne des cystites et bactériuries asymptomatiques chez la femme
enceinte selon les recommandations officielles en vigueur ; prescription non renouvelable pour une infection donnée
Antibiotiques par voie orale ou parentérale en prévention d'infections materno-fœtales chez la femme enceinte, selon les
recommandations officielles en vigueur
Anti-infectieux locaux utilisés dans le traitement des vulvo-vaginites : antifongiques, trichomonacides, antibactériens et antiherpétiques
Antispasmodiques
Antiémétiques
Antalgiques Paracétamol, tramadol, néfopam, association de paracétamol et de codéine, association de paracétamol
et de tramadol, nalbuphine, ampoules dosées à 20 mg
La prescription est réalisée dans le cadre d'un protocole mis en place avec le médecin anesthésiste-
réanimateur ; l'usage est limité au début du travail et à une seule ampoule par patiente
Anti-inflammatoires non stéroïdiens en post-partum immédiat
Antiviraux en prévention des récurrences d'herpès génital en fin de grossesse
Contraceptifs sous toutes leurs formes et voies d'administration
Médicaments homéopathiques
Laxatifs
Vitamines et sels minéraux par voie orale
Acide folique aux doses recommandées dans la prévention primaire des anomalies embryonnaires de fermeture du tube neural
Topiques à activité trophique et protectrice
Médicaments de proctologie : topiques locaux avec ou sans corticoïdes et avec ou sans anesthésiques
Solutions de perfusion Solutés de glucose de toute concentration, solutés de chlorure de sodium isotonique à 0,9 %, solutés de
gluconate de calcium à 10 %, solutions de Ringer
Ocytociques Produits renfermant de l'ocytocine

188
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

Liste des classes thérapeutiques ou médicaments autorisés aux sages-femmes pour leur usage professionnel
ou leur prescription auprès des femmes
Oxygène
Médicaments assurant le blocage de la lactation
Mélange équimoléculaire oxygène protoxyde d'azote exclusivement en milieu hospitalier, et sous réserve d'une formation adaptée
Vaccins sous forme Tétanos, diphtérie, poliomyélite, coqueluche (vaccin acellulaire), rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B,
monovalente ou associés grippe, affections liées au papillomavirus humain, infections invasives par le méningocoque C
Immunoglobulines anti-D
Produits de substitution nicotinique
Salbutamol par voies orale et rectale
Les sages-femmes sont autorisées à renouveler la prescription faite par un médecin des médicaments suivants :
Anti-inflammatoires non stéroïdiens indiqués dans le traitement des dysménorrhées, notamment l'acide méfénamique
Nicardipine, selon les protocoles en vigueur préétablis
Nifédipine selon les protocoles en vigueur préétablis
En cas d'urgence, en l'attente du médecin, les sages-femmes peuvent prescrire et utiliser les médicaments suivants :
Succédanés du plasma composés d'hydroxyéthylamidon dans les états de choc
Éphédrine injectable dans la limite d'une ampoule dosée à 30 mg par patiente
Adrénaline injectable par voie sous-cutanée dans les cas d'anaphylaxie
Dérivés nitrés, selon les protocoles en vigueur préétablis
Liste des classes thérapeutiques ou des médicaments autorisés aux sages-femmes pour leur usage professionnel ou leur
prescription auprès des nouveau-nés
En primo-prescription :
Antiseptiques locaux
Anesthésiques locaux Crèmes ou patches contenant une association de lidocaïne et de prilocaïne
Antalgiques Paracétamol par voie orale ou rectale
Antifongiques locaux
Collyres antiseptiques, antibactériens et antiviraux sans anesthésiques, sans corticoïdes et sans vasoconstricteurs
Oxygène
Vitamines et sels La forme injectable est autorisée pour la vitamine K1
minéraux par voie orale
Topiques à activité trophique et protectrice
Solutions pour perfusion Solutés de glucose (de toute concentration), soluté de chlorure de sodium isotonique à 0,9 %, soluté de
gluconate de calcium à 10 %
Vaccins Vaccin et immunoglobulines anti-hépatite B, BCG
En cas d'urgence et en l'attente du médecin, les sages-femmes peuvent prescrire et utiliser les médicaments suivants :
Adrénaline par voie injectable ou intratrachéale dans la réanimation du nouveau-né
Naloxone
Liste des médicaments classés comme stupéfiants autorisés aux sages-femmes pour leur usage professionnel ou leur prescription
Chlorhydrate de morphine, ampoules injectables dosées à 10 mg, dans la limite de deux ampoules par patiente

189
VI. L'officine de pharmacie et son activité

après avis du Haut Conseil de la Santé publique. L'infirmier Concernant le renouvellement, selon le même article :
ou l'infirmière peut prescrire des substituts nicotiniques.» «L'infirmière ou l'infirmier est autorisé à renouveler les pres-
criptions, datant de moins d'un an, de médicaments contra-
ceptifs oraux, sauf s'ils figurent sur une liste fixée par arrêté
Tableau 21.2. Liste des dispositifs médicaux autorisés aux du ministre chargé de la Santé, sur proposition de l'Agence
sages-femmes selon l'arrêté du 27 juin 2006 complété par nationale de sécurité du médicament et des produits de
celui du 12 octobre 2011 santé, pour une durée maximale de six mois, non renouve-
Liste des dispositifs médicaux autorisés aux sages-femmes lable.» L'article D. 4311-15-1 précise : «Lorsque l'infirmier
ou l'infirmière procède au renouvellement d'une prescription
Ceinture de grossesse de série
Orthèse élastique de contention des membres inférieurs
de médicaments contraceptifs oraux […], il ou elle inscrit sur
Sonde ou électrode cutanée périnéale l'original de l'ordonnance médicale les indications suivantes :
Électrostimulateur neuromusculaire pour rééducation son nom, son prénom et le numéro obtenu lors de l'enregis-
périnéale trement, la mention “Renouvellement infirmier”, la durée de
Pèse-bébé ce renouvellement, exprimée en mois et qui ne peut excéder
Tire-lait six mois, la date à laquelle ce renouvellement est effectué.»
Diaphragme Enfin, concernant les dispositifs médicaux : «Un arrêté des
Cape cervicale ministres chargés de la Santé et de la Sécurité sociale fixe la liste
Compresses, coton, bandes de crêpe, filet tubulaire de des dispositifs médicaux que les infirmiers, lorsqu'ils agissent sur
maintien, suture adhésive et sparadrap
prescription médicale, peuvent prescrire à leurs patients sauf en
Dispositifs intra-utérins
cas d'indication contraire du médecin et sous réserve, pour les dis-
En outre, les sages-femmes peuvent prescrire des seringues et les
aiguilles destinées aux injections parentérales selon l'article D. 3121-28 positifs médicaux pour lesquels l'arrêté le précise, d'une informa-
du Code de la santé publique. tion du médecin traitant désigné par leur patient.» (tableau 21.3).

Tableau 21.3. Liste des dispositifs médicaux que les infirmiers sont autorisés à prescrire selon l'arrêté du 20 mars 2012
Liste des dispositifs médicaux que les infirmiers sont autorisés à prescrire
À l'exclusion du petit matériel nécessaire à la réalisation de l'acte facturé, les infirmiers sont autorisés, lorsqu'ils
agissent pendant la durée d'une prescription médicale d'une série d'actes infirmiers et dans le cadre de l'exercice de leur
compétence, à prescrire aux patients, sauf en cas d'indication contraire du médecin, les dispositifs médicaux suivants :
Articles pour pansement Pansements adhésifs stériles avec compresse intégrée ; compresses stériles (de
coton hydrophile) à bords adhésifs ; compresses stériles de coton hydrophile non
adhérente ; pansements et compresses stériles absorbants non adhérents pour
plaies productives ; compresses stériles non tissées ; compresses stériles de gaze
hydrophile ; gaze hydrophile non stérile ; compresses de gaze hydrophile non
stériles et non tissées non stériles ; coton hydrophile non stérile ; ouate de cellulose
chirurgicale ; sparadraps élastiques et non élastiques ; filets et jerseys tubulaires ;
bandes de crêpe en coton avec ou sans présence d'élastomère ; bandes extensibles
tissées ou tricotées ; bandes de crêpe en laine ; films adhésifs semi-perméables
stériles ; sets pour plaies
Cerceaux pour lit de malade
Dispositifs médicaux pour le traitement de Étui pénien, joint et raccord ; plat bassin et urinal ; dispositifs médicaux et
l'incontinence et pour l'appareil urogénital accessoires communs pour incontinents urinaires, fécaux et stomisés : poches,
raccord, filtre, tampon, supports avec ou sans anneau de gomme, ceinture, clamp,
pâte pour protection péristomiale, tampon absorbant, bouchon de matières
fécales, collecteur d'urines et de matières fécales ; dispositifs pour colostomisés
pratiquant l'irrigation ; nécessaire pour irrigation colique ; sondes vésicales pour
autosondage et hétérosondage

190
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

Liste des dispositifs médicaux que les infirmiers sont autorisés à prescrire
Dispositifs médicaux pour perfusion à domicile a) Appareils et accessoires pour perfusion à domicile : appareil à perfusion stérile non
réutilisable ; panier de perfusion ; perfuseur de précision ; accessoires à usage unique de
remplissage du perfuseur ou du diffuseur portable ; accessoires à usage unique pour
pose de la perfusion au bras du malade en l'absence de cathéter implantable
b) Accessoires nécessaires à l'utilisation d'une chambre à cathéter implantable ou
d'un cathéter central tunnelisé : aiguilles nécessaires à l'utilisation de la chambre à
cathéter implantable ; aiguille, adhésif transparent, prolongateur, robinet à trois voies
c) Accessoires stériles, non réutilisables, pour hépariner : seringues ou aiguilles
adaptées, prolongateur, robinet à trois voies
d) Pieds et potences à sérum à roulettes
Par ailleurs, peuvent également être prescrits sous réserve d'une information du médecin traitant désigné par leur patient,
les dispositifs médicaux suivants :
Matelas ou surmatelas d'aide à la prévention des escarres en mousse avec découpe en forme de gaufrier.
Coussin d'aide à la prévention des escarres Coussins à air statique ; coussins en mousse structurée formés de modules
amovibles ; coussins en gel ; coussins en mousse et gel
Pansements Hydrocolloïdes ; hydrocellulaires ; alginates ; hydrogels ; en fibres de
carboxyméthylcellulose (CMC) ; à base de charbon actif ; à base d'acide
hyaluronique seul ; interfaces (y compris les silicones et ceux à base de
carboxyméthylcellulose, CMC) ; pansements vaselinés
Sonde naso-gastrique ou naso-entérale pour nutrition entérale à domicile
Dans le cadre d'un renouvellement à Bas (jarret, cuisse)
l'identique, orthèses élastiques de contention Chaussettes et suppléments associés
des membres
Dans le cadre d'un renouvellement à Lancettes ; bandelettes d'autosurveillance glycémique ; autopiqueurs à usage
l'identique, accessoires pour lecteur de unique ; seringues avec aiguilles pour autotraitement ; aiguilles non réutilisables
glycémie pour stylo injecteur
Ensemble stérile non réutilisable (aiguilles et réservoir) ; embout perforateur stérile

Les masseurs kinésithérapeutes l «Prescription et application des topiques à usage externe


figurant sur une liste fixée par un arrêté du ministre chargé de
Comme les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes
la Santé pris après avis de l'Académie nationale de médecine ;
bénéficient d'un droit limité de prescription des dispo- l Prescription et pose de pansements figurant sur une liste
sitifs médicaux. Ainsi, l'article L. 4321-1 nous indique :
fixée par un arrêté du ministre chargé de la Santé pris après
«Lorsqu'ils agissent dans un but thérapeutique, les masseurs-­
avis de l'Académie nationale de médecine ;
kinésithérapeutes pratiquent leur art sur ordonnance l Prescription, confection et application des prothèses et
médicale et peuvent prescrire, sauf indication contraire du
orthèses, onychoplasties, orthonyxies, orthoplasties externes,
médecin, les dispositifs médicaux nécessaires à l'exercice de
chaussures thérapeutiques de série, semelles orthopédiques
leur profession. La liste de ces dispositifs médicaux est fixée
et autres appareillages podologiques visant à prévenir ou à
par arrêté des ministres chargés de la Santé et de la Sécurité
traiter les affections épidermiques et unguéales du pied.»
sociale après avis de l'Académie nationale de médecine.»
Les listes en question ont été fixées par l'arrêté du 30 juil-
(tableau 21.4) ; le masseur-kinésithérapeute peut également
let 2008 (tableau 21.5).
prescrire des substituts nicotiniques.

Les pédicures podologues Les directeurs de laboratoire d'analyses


Ces professionnels de santé disposent eux aussi d'un droit
de biologie médicale
de prescription très restreint. L'article R. 4322-1 dispose que Leur statut de prescripteur n'est pas très clair ; en effet,
les pédicures podologues peuvent faire des : l'article R. 5132-6 du Code de la santé publique prévoit que
191
VI. L'officine de pharmacie et son activité

les directeurs de laboratoire d'analyses de biologie médicale Les vétérinaires


peuvent prescrire des médicaments relevant des listes I et II
Les vétérinaires disposent d'un droit de prescription en
et les médicaments classés comme dans les limites prévues
ce qui concerne la médecine vétérinaire. Ce droit est
à l'article L. 6221-9. Or la numérotation de cette partie du
très étendu puisqu'ils peuvent dans certains cas pres-
code ayant été revue, elle ne renvoie pas au bon article.
crire des médicaments humains (listés et stupéfiants
De ce fait, à ce jour, le droit de prescription des directeurs
compris).
d'analyse de biologie médicale est incertain.

Tableau 21.4. Liste des dispositifs médicaux que les masseurs-kinésithérapeutes sont autorisés à prescrire selon l'arrêté
du 9 janvier 2006 modifié par l'arrêté du 29 juin 2006
Liste des dispositifs médicaux que les masseurs-kinésithérapeutes sont autorisés à prescrire
À l'exclusion des produits et matériels utilisés pendant la séance, sauf indication contraire du médecin, les masseurs-
kinésithérapeutes sont autorisés, dans le cadre de l'exercice de leur compétence, à prescrire chez leurs patients les
dispositifs médicaux suivants :
Appareils destinés au soulèvement du malade : potences et soulève-malades
Matelas d'aide à la prévention d'escarres en mousse de haute résilience type gaufrier
Coussin d'aide à la prévention des escarres en fibres siliconées ou en mousse monobloc
Barrières de lits et cerceaux
Aide à la déambulation : cannes, béquilles, déambulateur
Fauteuils roulants à propulsion manuelle, à la location pour des durées inférieures à 3 mois
Attelles souples de correction orthopédique de série
Ceintures de soutien lombaire de série et bandes ceintures de série
Bandes et orthèses de contention souple élastique des membres de série
Sonde ou électrode cutanée périnale pour électrostimulation neuromusculaire pour le traitement de l'incontinence urinaire
Collecteurs d'urines, étuis péniens, pessaires, urinal
Attelles souples de posture et ou de repos de série
Embouts de cannes
Talonnettes avec évidement et amortissantes
Aide à la fonction respiratoire : débitmètre de pointe
Pansements secs ou étanches pour immersion en balnéothérapie

Tableau 21.5. Liste des topiques à usage externe pouvant être prescrits et appliqués par les pédicures-podologues et liste des
pansements pouvant être prescrits et posés par les pédicures-podologues selon l'arrêté du 30 juillet 2008
Liste des topiques à usage externe pouvant être prescrits et appliqués par les pédicures-podologues
À l'exclusion des spécialités renfermant des substances classées comme vénéneuses :
Antiseptiques
Antifongiques
Hémostatiques
Anesthésiques
Kératolytiques et verrucides
Produits à visée adoucissante, asséchante, calmante, cicatrisante ou révulsive
Anti-inflammatoires locaux pour l'hallux valgus et les ongles incarnés

192
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

Liste des pansements pouvant être prescrits et posés par les pédicures-podologues
En primo-prescription :
Compresses stériles de coton hydrophile
Compresses stériles de gaze hydrophile
Sparadrap
Compresses non tissées stériles
Compresses fibres stériles de gaze hydrophile
Système de maintien des pansements : jersey tubulaire de maintien des pansements, pochette de suture adhésive stérile, sparadrap
élastique et non élastique
Compresses stériles absorbantes/compresses absorbantes
Les pédicures-podologues peuvent renouveler l'ordonnance et poser les pansements suivants pour la prise en charge des
patients diabétiques :
Pansements hydrocolloïdes
Pansements à base de charbon actif
Pansements vaselinés
Pansements hydrofibre
Pansements hydrogel
Pansements à alginate de calcium

Cette possibilité s'inscrit dans le cadre de la «cascade» Selon l'arrêté du 5 février 2008 sont exclus du dispositif :
(figure 21.1). les stupéfiants et assimilés, ainsi que les médicaments, subs-
tances psychotropes ou susceptibles d'être utilisées pour
Les pharmaciens leur effet psychoactif dont la durée de prescription est limi-
tée (article R. 5132-21 du Code de la santé publique).
Le pharmacien, dans le sens où il recommande des traite-
ments et des soins, est un prescripteur. Cette notion est Renouvellement de contraceptifs oraux
aujourd'hui renforcée, car certaines dispositions lui per-
mettent de délivrer certains traitements y compris listés. Le même article prévoit : « S'agissant des contraceptifs
oraux, lorsque la durée de validité d'une ordonnance datant
de moins d'un an est expirée, le pharmacien peut dispenser
Délivrance exceptionnelle
les médicaments nécessaires à la poursuite du traitement,
L'article L. 5125-23-1 du Code de la santé publique per- sauf s'ils figurent sur une liste fixée par un arrêté du ministre
met au pharmacien d'utiliser la « délivrance exception- chargé de la Santé sur proposition de l'Agence nationale de
nelle » : « Dans le cadre d'un traitement chronique, à titre sécurité du médicament et des produits de santé, pour une
exceptionnel et sous réserve d'informer le médecin pres- durée supplémentaire non renouvelable de six mois. »
cripteur, lorsque la durée de validité d'une ordonnance L'article R. 5134-4-2 précise que lorsque le pharmacien dis-
renouvelable est expirée et afin d'éviter toute interruption pense des contraceptifs dans ce cadre, il ne peut délivrer en
de traitement préjudiciable à la santé du patient, le phar- une seule fois une quantité de médicaments correspondant à
macien peut dispenser, dans le cadre de la posologie initia- une durée de traitement supérieure à trois mois. Il doit procé-
lement prévue et dans la limite d'une seule boîte par ligne der à l'enregistrement de cette délivrance dans l'ordonnancier
d'ordonnance, les médicaments nécessaires à la poursuite et porter sur l'original de l'ordonnance, outre les mentions
du traitement. Les catégories de médicaments exclues du obligatoires d'usage, la mention «dispensation supplémen-
champ d'application du présent alinéa sont fixées par un taire de contraceptifs oraux» et en préciser la durée.
arrêté du ministre chargé de la Santé sur proposition de L'article R. 5134-4-3 rajoute : « Le pharmacien doit
l'Agence nationale de sécurité du médicament et des pro- informer l'intéressée du caractère non renouvelable
duits de santé. » au-delà de six mois de ce mode de dispensation et
193
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Médicament vétérinaire autorisé et pour l'indication


En première intention thérapeutique visée

Médicament vétérinaire autorisé pour des animaux d'une


autre espèce dans la même indication thérapeutique, ou
En deuxième intention pour des animaux de la même espèce dans une indication
thérapeutique

Médicament vétérinaire autorisé pour des animaux d'une


En troisième intention autre espèce dans une indication thérapeutique différente

Soit un médicament autorisé pour l'usage humain

En quatrième intention Soit un médicament vétérinaire autorisé dans un autre État


membre pour la même espèce ou pour une autre espèce,
pour l'affection concernée ou pour une affection différente

En cinquième intention Une préparation magistrale vétérinaire

Figure 21.1
La «cascade» de prescription vétérinaire.
(Illustration par M. Guerriaud.)

de la nécessité de consulter un médecin ou une sage- ment deux points : une analyse réglementaire et une
femme, si elle envisage de poursuivre une contraception analyse pharmacologique.
médicamenteuse. »
Une analyse réglementaire
La dispensation des médicaments L'analyse réglementaire consiste à s'assurer que la prescrip-
tion est réglementairement valable.
Point clé
Authenticité de l'ordonnance
Définition de la dispensation Le pharmacien devra être particulièrement vigilant quant à
La dispensation d'un médicament est définie dans la falsification des ordonnances.
le Code de déontologie à l'article R. 4235-48. Pour cela, il devra vérifier l'apparence générale (en-tête
Cet article rappelle : «Le pharmacien doit assurer fantaisiste, fautes de français, erreur manifeste de posologie,
dans son intégralité l'acte de dispensation du médi- etc.) et le comportement du porteur de celle-ci, notam-
cament, associant à sa délivrance : ment en cas de médicaments sensibles comme ceux pou-

l'analyse pharmaceutique de l'ordonnance médi- vant entraîner des abus ou dépendances [155].
cale si elle existe ; Celui qui falsifie une ordonnance peut être puni au titre

la préparation éventuelle des doses à administrer ; de l'article L. 5432-2 du Code de la santé publique de cinq

la mise à disposition des informations et les ans d'emprisonnement et de 375 000 € d'amende — les
conseils nécessaires au bon usage du médicament.» peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et
750 000 € d'amende, lorsque les faits ont été commis en
Ainsi, la dispensation d'un médicament est très clairement bande organisée ou sur un réseau de télécommunica-
définie dans le Code de la santé publique. On notera que cet acte tion à destination d'un public non déterminé.
s'effectue aussi bien avec une ordonnance que sans ordonnance. De plus s'ajoutent les peines et amendes prévues à l'ar-
Le premier item concerne l'analyse pharmaceutique ticle 441-1 du Code pénal pour faux et usage de faux : trois
de l'ordonnance. Cette analyse comporte essentielle- ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende. L'assurance
194
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

maladie peut également engager des actions pour récupé- durée de traitement supérieure à quatre semaines ou à un
rer les sommes indûment perçues. mois de trente jours selon le conditionnement.
Le pharmacien qui délivrerait des médicaments sur Toutefois, les médicaments présentés sous un conditionne-
une ordonnance falsifiée s'expose lui aussi, selon l'article ment correspondant à une durée de traitement supérieure à
L. 5432-1 du Code de la santé publique, à cinq ans d'empri- un mois peuvent être délivrés pour cette durée dans la limite
sonnement et 375 000 € d'amende — les peines sont por- de trois mois. En outre, quel que soit leur conditionnement,
tées à sept ans d'emprisonnement et 750 000 € d'amende, les médicaments contraceptifs peuvent être délivrés pour une
lorsque les faits ont été commis en bande organisée ou sur durée de douze semaines.» (article R. 5132-12).
un réseau de télécommunication à destination d'un public
non déterminé. Cas particulier au sein des médicaments de liste I
À cela s'ajoute l'article 222-37 du Code pénal qui prévoit À retenir
une peine de dix ans d'emprisonnement et de 7 500 000 €
d'amende, pour «le fait de faciliter, par quelque moyen que ce Durée de validité d'une prescription
soit, l'usage illicite de stupéfiants, de se faire délivrer des stupé-
de médicaments listés spéciaux
fiants au moyen d'ordonnances fictives ou de complaisance, ou
de délivrer des stupéfiants sur la présentation de telles ordon- L'arrêté du 7 octobre 1991 modifié par celui du
nances en connaissant leur caractère fictif ou complaisant». 1er février 2001 définit des durées restreintes pour
certaines classes thérapeutiques :
Date de validité ■
les anxiolytiques : la durée de validité de l'ordon-
nance est limitée à douze semaines (trois mois) ;
Médicaments non listés ■
les hypnotiques : la durée de validité de l'ordon-
Pour les médicaments non listés, le Code de la santé publique nance est limitée à quatre semaines (un mois).
ne prévoit pas de durée maximale de validité de l'ordonnance. Un autre arrêté, du 9 juillet 2001, définit des durées
restreintes pour femmes en âge de procréer :
Médicaments de liste I et II ■
l'isotrétinoïne : la durée de validité de l'ordon-
nance est limitée à quatre semaines (un mois).
À retenir

Durée de validité d'une prescription


Médicaments stupéfiants
de médicaments listés
La durée maximale d'une prescription de médica- À retenir
ments relevant des listes I et II ne peut dépasser
une durée de traitement supérieure à douze mois Durée de validité d'une prescription
(article R. 5132-21 du Code de la santé publique). de médicaments stupéfiants et assimilés
Par ailleurs, cette ordonnance doit être présentée
La durée maximale d'une prescription de médi-
dans les trois mois suivant sa rédaction (article
caments relevant des stupéfiants ou assimilés ne
R. 5131-22 du Code de la santé publique).
peut dépasser une durée de traitement supérieure
vingt-huit jours (article R. 5132-30 du Code de la
Pour ce qui est des renouvellements de ces médicaments santé publique) (tableau 21.6).
listés, l'article R. 5132-22 du Code de la santé publique rap- Pour certains médicaments, cette durée peut être
pelle que : réduite à sept jours ou à quatorze jours.
l la délivrance d'un médicament relevant de la liste I ne peut Dans certains cas, il est prévu une délivrance
être renouvelée que sur indication écrite du prescripteur préci- fractionnée.
sant le nombre de renouvellements ou la durée du traitement ; Par ailleurs, cette ordonnance doit être présentée
l la délivrance d'un médicament relevant de la liste II peut dans les trois jours suivant sa rédaction (article
être renouvelée lorsque le prescripteur ne l'a pas expressé- R. 5131-33 du Code de la santé publique) ; on parle
ment interdit. de «délais de carence». Si l'ordonnance est pré-
Il faut aussi rappeler : «Il ne peut être délivré en une seule sentée au-delà de ce délai, on ne délivre les médi-
fois une quantité de médicaments correspondant à une caments que pour la durée restant à courir.

195
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Tableau 21.6. Fractionnement et durée maximale de prescription des stupéfiants


Stupéfiants Fractionnement Durée maximale de prescription
Chlorhydrate d'hydromorphe, Sophidone® LP 28 jours
Chlorhydrate d'oxycodone, Oxynorm®, Oxynormoro®, Oxycontin® LP 28 jours
Chlorhydrate de méthadone, Méthadone APHP® 7 jours 14 jours (solution buvable)
28 jours (gélule)
Chlorhydrate de méthylphénidate, Quasym® LP, Ritaline®, 28 jours
Ritaline® LP, Concerta LP®
Chlorhydrate de morphine 7 jours 28 jours en cas d'administration à l'aide
d'un système actif pour perfusion
Chlorhydrate de péthidine, Péthidine® 7 jours
Citrate de fentanyl, Abstral®, Actiq®, Breakyl®, Effentora®, Instanyl®, 7 jours 28 jours
Pecfent®, Recivit®
Fentanyl, Durogésic® 14 jours 28 jours
Sulfate de morphine 7 jours 28 jours en cas d'administration à l'aide
d'un système actif pour perfusion
Sulfate de morphine, Actiskénan®, Sévredol®, Skénan®, 28 jours
LP Moscontin®, LP Oramorph®

Certains assimilés stupéfiants bénéficient d'une durée Il faut vérifier la qualité du prescripteur d'une façon
supérieure à vingt-huit jours (tableau 21.7) : générale : le médecin n'est pas le seul à pouvoir prescrire
l Rivotril® voie orale : la durée de validité de l'ordonnance des traitements ; il faut ainsi vérifier dans le cas où cela
est limitée à douze semaines ; serait un autre professionnel de santé que celui-ci est
l Temgésic® : la durée de validité de l'ordonnance est limi- habilité à prescrire le traitement (cf. supra, « Les droits de
tée à douze mois (un an) ; prescription »).
l Buccolam® : la durée de validité de l'ordonnance est limi- Dans le cas où le médicament est de prescription
tée à douze mois (un an). restreinte, l'analyse est prévue à l'article R. 5121-78 :
« Lors de la présentation d'une ordonnance prescrivant
À retenir un médicament classé dans une des catégories de médi-
caments soumis à prescription restreinte, le pharmacien
Le chevauchement s'assure, selon les règles de la présente section, de l'habi-
litation du prescripteur à le prescrire et, le cas échéant,
Article R. 5132-33 du Code de la santé publique : «Une
de la présence, sur l'ordonnance, des mentions obliga-
nouvelle ordonnance ne peut être ni établie ni exécutée
toires et de la présentation simultanée de l'ordonnance
par les mêmes praticiens pendant la période déjà cou-
initiale. »
verte par une précédente ordonnance prescrivant de tels
Dans certains cas, il faut vérifier que le prescripteur peut
médicaments, sauf si le prescripteur en décide autrement
prescrire le traitement puisque certains médicaments ont
par une mention expresse portée sur l'ordonnance.»
une prescription réservée à certains spécialistes.
En pratique pour la deuxième ordonnance, vous
Exemple : le donézépil est un médicament dont la
devez décompter les médicaments couverts par la
prescription réservée à certains médecins spécialistes
première.
qualifiés en médecine générale titulaire de la capa-
cité en gérontologie, en gériatrie, en neurologie, en
Qualité du prescripteur psychiatrie.
Il est nécessaire de vérifier que le prescripteur est apte à Si le médicament est soumis à une prescription initiale
prescrire le traitement en question. hospitalière, cette ordonnance doit être présentée.
196
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

Vérification du support de la prescription l les informations concernant le prescripteur :


– ses nom et prénoms ;
Ordonnance pour produits de liste I et liste II
– sa qualité ou son titre, ou sa spécialité ;
Les ordonnances pour les produits listés nécessitent un – son identifiant (Adeli ou RPPS) ;
certain nombre de mentions obligatoires prévues à l'article – son adresse professionnelle précisant la mention
R. 5132-3 du Code de la santé publique (figure 21.2) : «France» ;

Tableau 21.7. Fractionnement et durée maximale de prescription des assimilés stupéfiants


Assimilés Stupéfiants (liste I) Fractionnement Durée maximale de prescription
Buprénoprhine + naloxone®, Suboxone® 7 jours sauf «délivrance en une fois» 28 jours
Buprenorphine, Subutex® 7 jours sauf «délivrance en une fois» 28 jours
Buprenorphine, Temgésic® 1 an
Clonazépam, Rivotril® 12 semaines (3 mois)
Clorazépate dipotassique, Tranxène® 20 mg 28 jours
Midazolam, Buccolam® 12 semaines (3 mois)
Tianeption, Stablon® 28 jours

Docteur Nom Prénom Date de rédaction Docteur Anna-Lyse Dessang Dijon, le 01/06/2015
Qualité / Spécialité Médecin généraliste

Adresse professionnelle 7 rue Pasteur


Téléphone +33 21000 Dijon France
Courriel Prénom Nom du patient +33 3 80 12 34 56 Jean Dupont
Sexe et date de naissance AL.dessang@messagerie.fr Homme 12/08/1967
Identifiant (poids / taille) (82 kg / 1m78)

Substance active – dosage – forme galénique – voie Amoxicilline 1 g - Comprimé dispersible – voie orale
Posologie – durée de traitement – recommandations 1 matin – 1 soir après les repas sur 10 jours

Substance active – dosage – forme galénique – voie


Paracétamol 1 g – comprimé – voie orale
Posologie – durée de traitement – recommandations
1 matin – 1 midi – 1 soir sur 10 jours

Nombre de renouvellement Ordonnance non renouvelable

Signature au plus près


de la dernière ligne

Figure 21.2
Mentions obligatoires pour une ordonnance avec au moins un médicament listé comme substance vénéneuse.
(Illustration par M. Guerriaud.)

197
VI. L'officine de pharmacie et son activité

– ses coordonnées téléphoniques précédées de l'indica- – lorsque l'AMM prévoit des examens obligatoires
tif international «+ 33» ; avant prescription, le prescripteur doit mentionner que
– son adresse électronique ; ces examens ont été effectués et que ces conditions sont
– pour les médicaments à prescription hospitalière ou respectées (article R. 5121-95).
pour les médicaments à prescription initiale hospitalière, Le prescripteur appose sa signature immédiatement
le nom de l'établissement ou du service de santé ; sous la dernière ligne de la prescription ou rend inutilisable
l les informations concernant le patient : l'espace laissé libre entre cette dernière ligne et sa signature
– les nom et prénoms ; par tout moyen approprié (article R. 5132-4 du Code de la
– le sexe ; santé publique).
– la date de naissance du malade ;
– si nécessaire, sa taille et son poids ;
Ordonnance pour les stupéfiants
l les informations concernant le traitement :
– la date à laquelle l'ordonnance a été rédigée ; L'article R. 5132-5 impose que la prescription de médicaments
– la DCI du médicament ou du produit prescrit ; classés comme stupéfiants ou soumis à la réglementation des
– la posologie et le mode d'emploi ; stupéfiants soit rédigée sur une ordonnance sécurisée (ordon-
– s'il s'agit d'une préparation, la formule détaillée ; nance répondant à des spécifications techniques fixées, après
– la durée de traitement ou le nombre d'unités de avis du directeur général de l'Agence nationale de sécurité du
conditionnement ; médicament et des produits de santé, par arrêté du ministre
– le nombre de renouvellements de la prescription s'il y a lieu ; chargé de la Santé — actuellement arrêté du 31 mars 1999).
– la date d'un nouveau diagnostic pour certaines pres- Les grandes particularités de ces ordonnances sont
criptions initiales hospitalières ; (figure 21.3) :

Docteur Nom Prénom Date de rédaction Docteur Anna-Lyse Dessang Dijon,


Qualité / Spécialité Médecin Généraliste Le 01/06/2015
Adresse professionnelle 7 rue Pasteur
Téléphone +33 21000 Dijon France
Courriel Prénom Nom du patient +33 3 80 12 34 56 Jean Dupont
Sexe et date de naissance
AL.dessang@messagerie.fr Homme 12/08/1967
Identifiant (poids / taille) (82kg / 1m78)

Substance active – dosage – forme galénique – voie Morphine sulphate dix milligrammes
nombre d'unités thérapeutiques par prise, nombre gélule – voie orale
de prises, durée de traitement, recommandations une gélule quatre fois par jour (minimum quatre
heures d’intervalle) – vingt-huit jours
Substance active – dosage – forme galénique – voie
nombre d'unités thérapeutiques par prise, nombre Morphine sulphate 60 milligrammes
de prises, durée de traitement, recommandations Microgranules à libération prolongée en gélule
– voie orale
Signature au plus près une gélule le matin – vingt-huit jours
de la dernière ligne
Numéro de lot d’ordonnance sécurisée

123456789

Nombre de
médicaments
prescrits
2

Figure 21.3
Mentions obligatoires et sécurité pour une ordonnance de stupéfiant.
Toute la préimpression des éléments sur une ordonnance sécurisée est faite à l'encre bleue comme prévu par l'arrêté du 31 mars 1999 fixant
les spécifications techniques des ordonnances mentionnées à l'article R. 5132-5 du code de la santé publique.
(Illustration par M. Guerriaud.)

198
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

l un caducée médical en filigrane sur papier blanc naturel l «Prescription hors autorisation de mise sur le marché»
sans azurant optique ; (article L. 5121-12-1 du Code de la santé publique) ;
l mentions pré-imprimées en bleu ; l «Non remboursable» (article R. 162-1-7 du CSS).
l numérotation du lot d'ordonnances ;
l carré de sécurité en microlettres dans lequel le praticien Préparation magistrale
inscrit le nombre de médicaments (spécialité ou prépara- Si un praticien prescrit une préparation magistrale, il doit
tion) prescrits. porter sur l'ordonnance la mention : «prescription à but
En plus de reprendre les mentions obligatoires pour thérapeutique en l'absence de spécialités équivalentes dispo-
les médicaments listés prévues à l'article R. 5132-3 et 4, nibles» (article R. 163-1 du Code de la sécurité sociale).
vues précédemment, il est obligatoire que le prescripteur
indique en toutes lettres (article R. 5132-29 du Code de la
santé publique) : Une analyse pharmacologique
l le nombre d'unités thérapeutiques par prise ;
l le nombre de prises ; Le médicament prescrit est-il adapté
l le dosage s'il s'agit de spécialités ; au patient ?
l les doses ou les concentrations de substances et le Il peut arriver que les noms de fantaisie (tout comme
nombre d'unités ou le volume s'il s'agit de préparations. les DCI) de deux médicaments se ressemblent et que le
prescripteur commette une erreur lors de la rédaction de
l'ordonnance.
Remarque
Ainsi, a été prescrit Trinipatch®, trinitrine (normalement
utilisé pour la prévention des crises d'angor) chez une
Utilisation d'une ordonnance sécurisée patiente de trente ans pour arrêter de fumer…, alors que le
L'utilisation d'une ordonnance sécurisée est pos- bon médicament était Nicopatch®, nicotine.
sible pour prescrire des médicaments qui ne sont De même Percutaféine®, caféine (normalement uti-
pas des stupéfiants. lisé pour la cellulite) a fait l'objet d'une prescription
chez un patient souffrant de douleurs articulaires, à la
place de Percutalgine®, dexaméthasone, salicylamide,
Ordonnance de médicaments d'exception hydroxyéthylsalicylate.
Le Code de la sécurité sociale prévoit à son article R. 163-2 Dans certains cas, le prescripteur se trompe d'indication :
que «l'inscription sur la liste peut être assortie, pour certains il utilise une indication antonyme. Ainsi, une patiente s'est
médicaments particulièrement coûteux et d'indications pré- vue prescrire Forlax® macrogol 4000 pour sa diarrhée, alors
cises, d'une clause prévoyant qu'ils ne sont remboursés ou pris que ce médicament est un laxatif.
en charge qu'après information du contrôle médical, selon
une procédure fixée par un arrêté du ministre chargé de la Peut-on accepter la délivrance
Sécurité sociale». d'un médicament prescrit en dehors
Quand des médicaments sont inscrits sur cette liste, ils des indications prévues par l'AMM ?
requièrent une ordonnance d'exception (figure 21.4) afin
d'être remboursés. Ce type d'ordonnance contient quatre Si le médicament choisi par le médecin est sciemment non
volets : le premier est pour le patient, le 2e et le 3e sont indiqué au patient, on rentre dans le cadre d'un mésusage.
pour l'assurance maladie et le dernier est à conserver à la Pour mémoire, un mésusage est défini comme une utili-
pharmacie. sation intentionnelle et inappropriée d'un médicament ou
d'un produit, non conforme à l'autorisation de mise sur le
marché ou à l'enregistrement ainsi qu'aux recommanda-
Des mentions spéciales tions de bonnes pratiques (article R. 5121-152 du Code de
la santé publique). Il s'agit typiquement ici de la prescrip-
« Hors-AMM »
tion d'un médicament en dehors des indications prévues
Si un praticien fait une prescription hors-AMM, c'est-à-dire par l'AMM.
qu'il prescrit une spécialité en dehors des indications pré- Il est nécessaire de distinguer les situations. La prescrip-
vues par le RCP, il est tenu d'inscrire sur l'ordonnance : tion peut se faire dans l'intérêt réel de la santé du patient

199
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Figure 21.4
Ordonnance de médicaments ou de produits et prestations d'exception [156].

200
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

en l'absence d'autres traitements. On pense surtout au Le médicament peut aussi être en contre-indication
domaine de la pédiatrie, où un médicament est utilisé chez avec un autre traitement déjà prescrit — les exemples
un enfant à des doses réduites sans qu'aucun essai clinique sont nombreux — comme la prise concomitante de
ait été conduit. En revanche, la prescription peut relever de colchicine Opocalcium®, colchicine, et de Pyostacine®,
la complaisance ou du confort. Par exemple, Médiator®, pristinamycine.
benfluorex (indication pour les diabétiques avec surcharge
pondérale), ou Lévothyrox®, lévothyroxine (traitement de
l'hypothyroïdie), ont été prescrits pour la perte de poids, et
Motillium®, dompéridone (antiémétique), pour la stimula- L'exécution de l'ordonnance
tion de la lactation.
Le principe général
Le dosage ou la posologie sont-ils adaptés Le principe général de l'exécution d'une ordonnance est la
au patient ? dispensation exacte de ce qui a été prescrit : «Le pharma-
cien ne peut délivrer un médicament ou produit autre que
Cette notion est plus difficile à aborder car, si le prescripteur celui qui a été prescrit, ou ayant une dénomination com-
peut se tromper de dosage ou de posologie, il peut aussi mune différente de la dénomination commune prescrite,
parfois avoir réellement voulu indiquer cette posologie. qu'avec l'accord exprès et préalable du prescripteur.» (article
Dans ce cas, il devrait indiquer clairement son intention L. 5125-23 du Code de la santé publique).
comme cela était prévu dans la pharmacopée française, par Cependant, cet article est complété par une exception
une formule telle que «Je dis». «sauf en cas d'urgence et dans l'intérêt du patient». Cela
Il peut y avoir une erreur dans la répartition des prises, signifie qu'en cas d'urgence, le pharmacien à la possibilité
comme par exemple une prescription d'un gramme de légale de modifier la prescription s'il estime que la santé de
paracétamol toutes les deux heures, au lieu de toutes les son patient le requiert.
quatre à six heures. On peut également observer un horaire
d'administration inadéquat, comme la prise de corticosté-
roïdes le soir, alors que cela pourra empêcher le patient de Le droit de substitution
dormir.
Il peut s'agir d'un dosage trop élevé, comme la prescrip- Substitution « classique »
tion d'un AINS injectable à une posologie égale à deux fois
Le droit de substitution du pharmacien est prévu à l'article
la dose maximale autorisée chez une personne non soula-
L. 5125-23 du Code de la santé publique : «[Le pharmacien]
gée par la dose maximale — le risque le plus grave étant
peut délivrer par substitution à la spécialité prescrite une spé-
une atteinte rénale.
cialité du même groupe générique.»
Le mode d'administration indiqué peut ne pas rentrer
Lorsqu'il délivre un générique : «Il doit inscrire le nom de
dans les conditions normales d'utilisation ; par exemple,
la spécialité qu'il a délivrée. Il en est de même lorsque le phar-
la prescription d'une solution injectable dans un aérosol
macien délivre une spécialité au vu d'une prescription libellée
pneumatique en l'absence de spécialité existante — cette
en dénomination commune.»
préparation injectable peut contenir des sulfites respon-
De plus : «Il inscrit sur l'ordonnance la forme pharma-
sables de bronchospasmes.
ceutique du médicament délivré si celle-ci diffère de celle du
médicament prescrit ; il fait de même pour le nombre d'unités
Y a-t-il une contre-indication ou une de prise correspondant à la posologie du traitement prescrit,
interaction pouvant entraîner la survenue si ce nombre d'unités diffère pour le médicament délivré de
celui du médicament prescrit.» (article R. 5125-53 du Code
d'un effet indésirable ? de la santé publique).
Il arrive parfois que la prescription d'un médicament soit En outre : «Il appose, en outre, sur cette ordonnance, le
en contre-indication avec un état physiopathologique, timbre de l'officine et la date de la délivrance.»
comme l'administration de Primpéran®, métoclopramide, Cependant, un prescripteur peut s'opposer à la substitu-
chez un parkinsonien. tion du princeps par le générique, et le même article ajoute

201
VI. L'officine de pharmacie et son activité

«à condition que le prescripteur n'ait pas exclu cette possibi-


lité, pour des raisons particulières tenant au patient, par une Contenu d'une transcription
mention expresse portée sur la prescription sous forme exclu- Le contenu de cette transcription (ou enregistrement)
sivement manuscrite». En pratique, le praticien mentionne est très précis (article R. 5132-10 du Code de la santé
«non substituable» à la main sur l'ordonnance devant la publique) et comporte pour chaque médicament
dénomination du médicament prescrit (article R. 5125-53 listé :
du Code de la santé publique). ■
un numéro d'ordre différent ;

le nom et l'adresse du prescripteur ou de l'auteur de la
commande et, selon le cas :
Substitution « biosimilaire » – le nom et l'adresse du malade ;
Depuis 2013, avec la loi n° 2013-1203 [84] codifiée à l'article – le nom et l'adresse du détenteur du ou des
L. 5125-23-3, le pharmacien peut substituer un médica- animaux ;
ment biologique de référence par un médicament biolo- – la mention : «Usage professionnel» ;
gique similaire (cf. «Médicaments biologiques similaires»

la date de délivrance ;

la dénomination ou la formule du médicament ou de
au chapitre 3) sous certaines conditions :
la préparation ;
l le médicament biologique similaire délivré appartient au ■
les quantités délivrées ;
même groupe biologique similaire mentionné ; ■
pour un médicament classé dans la catégorie des
l la substitution est réalisée en initiation de traitement ou médicaments à prescription hospitalière ou dans celle
afin de permettre la continuité d'un traitement déjà initié des médicaments à prescription initiale hospitalière,
avec le même médicament biologique similaire ; le nom de l'établissement ou du service de santé et le
l le prescripteur n'a pas exclu la possibilité de cette nom du prescripteur ayant effectué la prescription ou
substitution ; la prescription initiale ;
l si le médicament prescrit figure sur la liste mentionnée

pour un médicament classé dans la catégorie des
au premier alinéa de l'article L. 162-17 du Code de la sécu- médicaments à prescription réservée à certains
médecins spécialistes, la spécialité du prescripteur.
rité sociale, cette substitution s'effectue dans les conditions
prévues à l'article L. 162-16 du même code.

Aujourd'hui, presque toutes les officines utilisent


Grand conditionnement un système informatique pour effectuer cet enregis-
Il faut rappeler que le pharmacien doit délivrer autant que trement. Cet enregistrement informatisé est conservé
faire se peut des grands conditionnements de médicament pendant une durée de dix ans et doit être tenu à la
afin de participer à la réduction des dépenses de santé : disposition des autorités de contrôle pendant la durée
«Lorsqu'un traitement est prescrit pour une durée d'au moins prescrite.
trois mois, y compris au moyen du renouvellement multiple Ces enregistrements doivent pouvoir être édités sur
d'un traitement mensuel, et qu'un grand conditionnement est papier et classés par patient, par médicament et par ordre
disponible pour le médicament concerné ou pour sa forme chronologique. Ils sont mis à la disposition des autorités de
générique, le pharmacien doit délivrer ledit conditionne- contrôle à leur demande.
ment.» (article L. 5125-23 du Code de la santé publique). Afin de garantir la pérennité de ces données informa-
tiques, il est prévu que le logiciel puisse permettre «une édi-
tion immédiate à la demande de toute autorité de contrôle
Mentions à transcrire sur le registre des mentions prévues à l'article R. 5132-10, chaque page éditée
Pour tous les médicaments listés, il est nécessaire de trans- devant comporter le nom et l'adresse de l'officine. Les données
crire immédiatement l'ordonnance «à l'encre, sans blanc qu'ils contiennent doivent figurer sur un support garantis-
ni surcharge, sur un registre ou les [enregistrer] immédia- sant leur pérennité et leur intégrité. Elles doivent en outre être
tement par tout système approprié ne permettant aucune dupliquées sur deux supports distincts, le premier servant à la
modification des données qu'il contient après validation de consultation habituelle, le second étant gardé en réserve. Les
leur enregistrement» (article R. 5132-9 du Code de la santé données archivées doivent pouvoir être accessibles, consultées
publique). et exploitées pendant la durée de leur conservation».

202
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

Le renouvellement fait l'objet d'un nouvel enregis- celui-ci demande une pièce d'identité dont il reporte les
trement. Lorsque le renouvellement est effectué par le références sur le registre (article R. 5132-35 du Code de la
même dispensateur, l'enregistrement peut consister en santé publique).
la seule indication du numéro afférent à la délivrance
précédente (article R. 5132-14 du Code de la santé
publique). Mentions à porter sur l'ordonnance
Sur l'ordonnance sont apposées les mêmes mentions
que pour les médicaments listés, mais les quantités
Mentions à porter sur l'ordonnance délivrées sont formulées en unités de prise et non pas
en nombre de boîtes (article R. 5132-35 du Code de la
À retenir santé publique).

Les mentions à apposer sur l'ordonnance Mentions à porter sur les médicaments
Après exécution, sont apposés sur l'ordonnance
ou le bon de commande (article R 5132-13) : En plus de la posologie, le pharmacien inscrit son nom, son

le timbre de l'officine ; adresse et le numéro d'enregistrement au registre (numéro

le ou les numéros d'enregistrement ; d'ordre) dans le cadre entouré d'un filet rouge (R. 5132-15

la date d'exécution ; du Code de la santé publique).

les quantités délivrées ;

les mentions relevant de la substitution d'un Copies à garder
princeps.
Le pharmacien doit conserver une copie de toutes les
ordonnances comportant la prescription d'un ou plu-
sieurs médicaments classés comme stupéfiants ou sou-
Mentions à porter mis à la réglementation des stupéfiants, et ce pendant
sur les médicaments une durée de trois ans (article R. 5132-35 du Code de la
santé publique).
Ces mentions sont prévues à l'article R. 5132-15 du Code de
la santé publique. Registre comptable des stupéfiants
Toute entrée et toute sortie de substances et de médi-
À retenir caments classés comme stupéfiants sont inscrites sur
un registre (tableau 21.8). Ce registre peut être manus-
Les mentions à apposer sur le médicament crit — ce qui est encore très fréquemment le cas — ou
Les spécialités pharmaceutiques listées disposent électronique.
d'un espace blanc, entouré d'un filet coloré (vert pour
la liste II et rouge pour la liste I et les stupéfiants), dans
lequel le pharmacien inscrit la posologie prescrite. Le registre comptable des stupéfiants (article
R. 5132-36 du Code de la santé publique)
L'inscription ou l'enregistrement des entrées et des sor-
Spécificités des stupéfiants ties se fait à chaque opération, en précisant la date à
et assimilés laquelle il est établi.
Les entrées
Mentions à transcrire sur le registre L'inscription ou l'enregistrement des entrées comporte la
désignation et la quantité de stupéfiants reçue et, pour
Le pharmacien enregistre le nom et l'adresse du porteur les spécialités pharmaceutiques, leur désignation et les
de l'ordonnance lorsque celui-ci n'est pas le malade. Si quantités reçues en unités de prise.
le porteur de l'ordonnance est inconnu du pharmacien,

203
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Les sorties Le transport de stupéfiant à l'étranger4 [157]


L'inscription des sorties comporte :

pour les préparations la désignation et la quantité de Si le patient se déplace dans l'espace Schengen
stupéfiants utilisés ; Le patient doit se munir d'une autorisation de trans-

pour les spécialités pharmaceutiques, leur désigna- port lors d'un déplacement dans un pays de l'espace
tion et les quantités délivrées en unités de prise. Schengen.
Cette autorisation est délivrée sur demande du patient,
La balance mensuelle au vu de l'original de la prescription médicale, par
Une balance mensuelle des entrées et sorties est portée l'agence régionale de santé (ARS) du département où le
au registre ou éditée. Ces inscriptions sont faites à l'encre, médecin prescripteur est enregistré.
sans blanc ni surcharge. Cette autorisation est valable trente jours et les quantités
L'inventaire annuel transportées ne doivent pas dépasser la durée maximale
Chaque année, il est procédé à l'inventaire du stock, par de prescription.
pesées et décomptes. Les différences constatées entre Si le patient se déplace hors de l'espace Schengen
la balance et l'inventaire sont soumises au contrôle du Le patient doit être muni de l'original de la prescription
pharmacien inspecteur de santé publique. médicale et d'une attestation de transport délivrée par
Les périmés l'ANSM. Cette attestation doit être impérativement
En cas de péremption, d'altération ou de retour, le demandée dix jours avant le départ.
pharmacien titulaire de l'officine procède à la dénatu-
ration des stupéfiants en présence d'un confrère dési- 4
Pour plus d'information : https://www.incb.org/incb/en/
gné par le président du conseil régional de l'Ordre des psychotropic-substances/travellers_country_regulations.html
pharmaciens.
Un mois avant l'opération envisagée, il en informe
par écrit le pharmacien inspecteur régional de santé
publique en indiquant la date prévue, les noms, quan-
tités et toutes précisions sur les formes et conditionne-
ments des produits à détruire.
Après destruction des produits dénaturés, il adresse au Les autres enregistrements
pharmacien inspecteur régional de santé publique une
copie du document attestant cette destruction. Les préparations
Durée de conservation des registres des stupéfiants Si vous effectuez des préparations, vous devez tenir un
(article R. 5132-36 du Code de la santé publique) registre des matières premières ainsi qu'un registre des
Ils sont conservés dix ans à compter de leur dernière préparations. L'ordonnancier «classique» ne peut pas faire
mention. office de registre des préparations.

Tableau 21.8. Exemple de registre des entrées et sorties de stupéfiants


Actiskénan® 20 mg Skénan® LP 60 mg
Sulfate de morphine Sulfate de morphine
Date Remarques Entrée Sortie Balance Entrée Sortie Balance
(E) (S) (B) (E) (S) (B)
20 juillet 2015 Grossiste ABC 28 0 28 28 0 28
21 juillet 2015 Patient Dupont 0 18 10 0 18 10
30 juillet 2015 Grossiste XYZ 56 0 66 56 0 66
31 juillet 2015 Patient Dupond 0 20 46 0 15 51

204
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

L'article L. 5125-45 du Code de la santé publique énonce À retenir


les mentions à porter au registre des préparations. Chaque
transcription ou enregistrement comporte : Durée de conservation du registre
l un numéro d'ordre différent et chronologique ;
des médicaments dérivés du sang
l la date de réalisation ou de délivrance de la préparation ;
l les nom et adresse du prescripteur pour les préparations Les registres des médicaments dérivés du sang sont
magistrales ; conservés pendant une durée de quarante ans
l les nom et adresse du patient ; (figure 21.5). Lorsque cela est nécessaire à l'exercice
l la composition qualitative et quantitative complète de la pharmacovigilance, les centres régionaux de
de la préparation avec indication du numéro de lot de pharmacovigilance ont accès à ces documents.
chaque matière première et du nom du fournisseur (pour
une préparation officinale, sa composition est remplacée Le dossier pharmaceutique
par le numéro d'ordre de réalisation) ;
l la quantité réalisée ou délivrée avec indication de la Le dossier pharmaceutique (DP) est un système initié par
masse, du volume et du nombre d'unités de prise pour les l'Ordre des pharmaciens «afin de favoriser la coordination, la
formes unitaires ; qualité, la continuité des soins et la sécurité de la dispensation
l l'identification de la personne ayant réalisé la préparation. des médicaments [avec ou sans prescription médicale]» (article
Ces registres sont conservés dix ans à compter de leur L. 161-36-4-2 du Code de la sécurité sociale). Ainsi, sa principale
dernière mention. vocation est la lutte contre l'iatrogénie médicamenteuse. Il se
destine à toute personne bénéficiant de l'assurance maladie.
Les produits dérivés du sang Les points essentiels (articles R. 1111-20-1 et suivants du
Code de la santé publique) :
Les médicaments dérivés du sang sont des produits parti- l création du dossier :
culièrement sensibles du point de vue de la sécurité et des – par le pharmacien d'officine ;
vigilances. – avec l'accord du patient ;
Les pharmaciens d'officine qui délivrent un médicament – une attestation de création mentionnant son autori-
dérivé du sang transcrivent aussitôt sur un registre spécial : sation expresse et son droit à rectification et à la clôture
l le nom et l'adresse du prescripteur ; du dossier lui est remise par le pharmacien ;
l le nom et l'adresse du malade et sa date de naissance ; l contenu du dossier :
l la date de délivrance ; – concernant le patient : nom, prénom, date de nais-
l la dénomination ou la formule du médicament ou de la sance, sexe ;
préparation ; – concernant la dispensation des médicaments :
l les quantités délivrées ; identification et quantité des médicaments, dates de
l pour un médicament classé dans la catégorie des dispensation ;
médicaments à prescription hospitalière ou dans celle des l accès au dossier :
médicaments à prescription initiale hospitalière, le nom de – il faut la présence conjointe de la carte vitale du
l'établissement ou du service de santé et le nom du pres- patient et de la carte de professionnel de santé (CPS) du
cripteur ayant effectué la prescription ou la prescription pharmacien ;
initiale ; – le patient peut s'opposer à ce que le pharmacien
l pour un médicament classé dans la catégorie des médi- consulte son dossier ou à ce que certaines informations
caments à prescription réservée à certains médecins spé- y soient enregistrées ; dans ce cas, le pharmacien men-
cialistes, la spécialité du prescripteur ; tionne l'existence d'un refus ;
l les informations figurant sur l'étiquette détachable l conservations des données :
du conditionnement extérieur : cette étiquette y est – quatre mois pour les médicaments (puis archivées
apposée. par l'hébergeur pendant une durée complémentaire de
Les transcriptions ou enregistrements comportent trente-deux mois afin de permettre, en cas d'alerte sani-
pour chaque médicament délivré un numéro d'ordre taire relative à un médicament, d'en informer les patients
différent. auxquels ce médicament a été dispensé) ;

205
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Doit être gardé :

40 ans
• Le registre des
médicaments dérivés
du sang

Doivent être gardés :

10 ans
• Le registre des
préparations magistrales
ou officinales
• Le registre des
médicaments listés et
des stupéfiants
• Le registre comptable
des médicaments
stupéfiants,
• Les factures de vente des
produits classés très
Doivent être toxiques, toxiques,
5 ans
gardées, les factures cancérogènes,
avec : tératogènes ou
Doivent être gardés : mutagènes
• La date
3 ans

• Copies d'ordonnance ou • le nom du produit


de commande pharmaceutique
professionnelles de • Le numéro de lot et la
stupéfiants ou assimilés date de péremption avec
• Les justificatifs de les quantités fournies et
commande des reçues par lot
médicaments listés et des • Les nom et adresse du
stupéfiants fournisseur et du
• Les factures d’achat des destinataire
produits très toxiques,
toxiques, cancérogènes,
tératogènes ou mutagènes

Articles R. 5132-35, R. 5132-32, Article R. 5124-58 du CSP Articles R. 5132-10, R. 5132-36, Articles R. 5121-195 du CSP
R. 5132-19, R. 5132-58 du CSP R. 5125-45, R. 5132-59 du CSP
Figure 21.5
Durée de conservation des documents à l'officine.
(Illustration par M. Guerriaud.)

– trois ans pour les médicaments biologiques l «DP-Rappels», pour les rappels et retraits de lots de
(cf. «Les médicaments biologiques» au chapitre 3) ; médicaments ;
– vingt et un ans pour les vaccins ; l «DP-Ruptures», pour la gestion de l'information sur les
l clôture du dossier : le patient peut demander la clô- ruptures d'approvisionnement ;
ture du dossier pharmaceutique à tout moment auprès l «DP-Suivi sanitaire», pour le suivi de la situation sanitaire
d'un pharmacien d'officine ; le pharmacien remet au de la France.
bénéficiaire ou à son représentant légal une attesta-
tion de clôture mentionnant qu'elle a été réalisée à sa
demande. Le refus de délivrance
En plus de cette mission initiale s'ajoutent aujourd'hui
d'autres outils qui utilisent le réseau du DP [158] : Lors de son exercice professionnel, le pharmacien est
l «DP-Alertes», pour les alertes sanitaires ; confronté chaque jour à des dilemmes concernant

206
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

les prescriptions. Certains sont facilement résolus et Le caractère dangereux


d'autres le sont plus difficilement, notamment quand
il y a un désaccord de fond entre le pharmacien et le de la prescription comme motif
prescripteur. de refus
La réponse la plus adéquate aux situations iatro-géné-
ratrices découle de l'analyse de la balance bénéfice-risque.
Cette analyse permettra au pharmacien de prendre la déci- À retenir
sion de délivrer, de modifier avec le prescripteur ou de refu-
ser la délivrance des médicaments. Le motif de refus de dispensation
Il peut également juger que le traitement est ina- Le motif légitime de refus de vente du fait du
déquat et que la prescription est dangereuse pour le caractère dangereux de la prescription trouve
patient. En fonction des situations, la dangerosité peut son fondement directement dans la protection
aller d'une simple éruption cutanée à des défaillances de la santé publique et de la santé du patient :
organiques, voire au décès. Cependant, cette éruption il s'agit d'un bouclier devant une mise en dan-
n'en est pas moins préjudiciable si une alternative thé- ger du patient. Ce motif de refus est garanti par
rapeutique à efficacité égale existe. C'est par exemple le l'article R. 4235-61 du Code de la santé publique :
cas de la prescription simultanée d'amoxicilline et d'allo- «Lorsque l'intérêt de la santé du patient lui paraît
purinol : il est possible de substituer l'amoxicilline par un l'exiger, le pharmacien doit refuser de dispenser un
autre antibiotique. médicament. Si ce médicament est prescrit sur une
Si le pharmacien juge que le risque est suffisamment ordonnance, le pharmacien doit informer immédia-
important pour ne pas délivrer, il convient alors de tement le prescripteur de son refus et le mentionner
contacter le prescripteur afin de trouver une alternative sur l'ordonnance.»
thérapeutique pour le patient. S'entame alors une négo-
ciation qui peut être plus ou moins complexe selon les
Ce texte incite premièrement à vérifier le bien-fondé
cas, et plus ou moins conflictuelle. Si ce dernier consent
de la prescription, en particulier en l'absence de thérapeu-
à revoir la thérapeutique sur les conseils du pharmacien,
tique alternative recommandée par la Haute Autorité de
alors la situation est résolue, le patient retrouve un trai-
santé [159]. Mais surtout, il permet au pharmacien d'empê-
tement pertinent. La vigilance du pharmacien suivie de
cher la délivrance d'un médicament, lorsque celui-ci ou les
l'accord du prescripteur aura permis une bonne gestion
modalités de sa prescription mettent en danger la santé du
du risque médicamenteux.
patient.
Malheureusement, dans certains cas, le prescripteur
En outre, l'expression « paraît l'exiger » laisse au phar-
ne voudra pas modifier sa prescription, car il estime la
macien l'appréciation du degré de danger ; de plus, il
balance bénéfice-risque en faveur du bénéfice, tandis que
n'a pas besoin de le démontrer, il a juste à le suspec-
le pharmacien estime cette dernière en faveur du risque.
ter. Cela implique que le refus de délivrance peut se
Le pharmacien applique alors son devoir de refus, le noti-
faire sur un doute et n'exige pas que la mise en dan-
fie immédiatement au prescripteur. Il inscrit ce refus sur
ger soit certaine ; il s'agit, en quelque sorte d'un prin-
l'ordonnance, ce qui invalide cette dernière. Il est fort à
cipe de précaution. En l'espèce, une interaction entre
parier que si le patient se représente chez le médecin, ce
deux médicaments est une situation où la survenue
dernier fera la même prescription et insistera pour que le
d'un événement indésirable probable, contrairement à
patient aille dans une autre pharmacie, qui moins attentive
d'autres situations comme la prise journalière de 16 g
ou moins au fait des données cliniques du patient, délivrera
de paracétamol qui entraînera avec certitude une cyto-
le traitement supposé dangereux.
lyse hépatique et un décès du patient en l'absence de
Selon l'article L. 122-1 du Code de la consommation, «il
transplantation.
est interdit de refuser à un consommateur la vente d'un pro-
Enfin, l'utilisation du mot « doit » est majeure, le refus
duit ou la prestation d'un service, sauf motif légitime».
de délivrance n'est pas un droit du pharmacien, c'est un
Cet article ne cite pas les «motifs légitimes», en consé-
devoir, qui se justifie par la sauvegarde de la santé du
quence, ceux-ci sont définis soit par la loi soit par la
patient.
jurisprudence.

207
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Remarque L'essentiel à retenir

Devoir de refus et responsabilité ■


Une ordonnance doit être rédigée de façon à
Il est important pour le pharmacien d'exer- assurer une traçabilité.
cer ce devoir de refus non seulement pour son

La prescription doit être rédigée en DCI.
patient mais pour lui-même, car il engage ses

Les prescriptions médicales établies en France
responsabilités. sont reconnues dans les autres États membres de
Il peut engager sa responsabilité : l'Union européenne et vice-versa.

sur le plan civil, s'il y a un préjudice pour le

Le médecin bénéficie d'une liberté de prescrip-
patient du fait d'une perte de chance même si, tion dans les limites fixées par la loi.
dans quelques cas, le pharmacien s'est vu exo-

Le chirurgien-dentiste bénéficie d'une liberté de
néré de cette responsabilité (Cass. civ., 29 mai prescription limitée à l'art dentaire.
1979) ;

Les sages-femmes ont un droit de prescrip-

sur le plan pénal et disciplinaire : il n'est pas exo- tion limité à une liste positive et uniquement
néré de responsabilité ; il y a un manquement à ses aux patientes ou aux enfants dont elles ont le
obligations de sécurité et de prudence (Conseil soin.
d'État ; 4e et 1re sous-sections réunies ; 105 095 ;

La dispensation associe à la délivrance, l'analyse
29 juillet 1994). de l'ordonnance (pharmacologique et réglemen-
taire), la préparation des doses à administrer et le
conseil.

Le chevauchement d'ordonnance de stupé-
Les autres motifs de refus fiant n'est pas autorisé sauf mention expresse du
dans le cadre de l'exercice officinal prescripteur.

Le pharmacien a un devoir de refus de déli-
Dans le cadre de l'exercice officinal peuvent être évoqués vrance lorsque l'intérêt de la santé du patient lui
d'autres motifs légitimes (tableau 21.9). paraît l'exiger.

Tableau 21.9. Motifs légitimes de refus de délivrance autre que le caractère dangereux de la prescription
Motifs Exemple
Interdiction légale Vendre des médicaments non autorisés (article R. 4235-47 du Code de la santé publique)
ou réglementaire de Vendre des médicaments listés sans ordonnance
vendre certains produits Dispenser, même avec une prescription, une préparation interdite (comme celles interdites par la loi
notamment à des dite «Talon» codifiée à l'article R. 5132-40 du Code de la santé publique)
personnes déterminées Vendre une marchandise interdite à la commercialisation dans les pharmacies au sens de l'article L. 5125-
24 du Code de la santé publique
Caractère anormal de la La demande d'une quantité excessive de certains produits (d'autant plus que cette demande laisserait
demande entendre un usage illicite : suicide, toxicomanie, production de drogue…)
Comportement insultant et impolitesse d'un consommateur
Non-présence dans le Le refus de vente d'un contraceptif ou d'un stérilet n'est pas pénalement punissable, dès lors que le
stock pharmacien ne dispose pas du produit demandé (Crim. 16 juin 1981)
En revanche, n'est pas considéré comme motif légitime le fait de refuser à des patients la vente de produits
contraceptifs simplement au nom de convictions éthiques, religieuses et personnelles (Crim. 21 octobre 1998).
Faux documents Ordonnance falsifiée
Ordonnance volée
Ordonnance créée de toutes pièces

208
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses

Motifs Exemple
Formalisme de Ordonnance mal rédigée
l'ordonnance non Ordonnance ne mentionnant pas les éléments indispensables définis à l'article R. 5132-3 du Code de la
respecté santé publique
Manques de régularité Médicaments ne pouvant être renouvelés (comme les stupéfiants ou les hypnotiques)
divers Prescripteur n'ayant pas les qualités requises de par sa formation intrinsèque (un dentiste a par exemple
une prescription limitée à l'art dentaire, il ne peut dès lors pas prescrire de contraceptif)
Prescripteur n'ayant pas la formation spécialisée requise (certains médicaments sont de prescription
restreinte, et seuls certains spécialistes peuvent les prescrire, comme cela est prévu à l'article R. 5121-91 du
Code de la santé publique)

ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 A 1 mois.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) B 3 mois.
correspond(ent) (aux) possibilité(s) de prescription pour un C 6 mois.
dentiste ? D 12 mois.
A Un antibiotique. E 18 mois.
B Une pilule contraceptive.
QCM 4
C Un corticoïde.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée
D Un collyre.
maximum de prescription pour un anxiolytique ?
E Un morphinique.
A 1 mois.
QCM 2 B 2 mois.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) C 3 mois.
correspond(ent) (aux) possibilité(s) de renouvellement d'un D 4 mois.
pharmacien dans le cadre de la procédure de délivrance E 5 mois.
exceptionnelle ?
QCM 5
A Actiskénan®, morphine.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
B Glucophage®, metformine.
correspond(ent) aux informations obligatoirement mention-
C Temesta®, lorazépam.
nées sur une ordonnance ?
D Cordarone®, amiodarone.
A Le poids (masse corporelle) du patient.
E Symbicort®, budésonide.
B La date de naissance du patient.
QCM 3 C L'adresse électronique du prescripteur.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée D La date de l'ordonnance.
maximum de traitement qu'un(e) pharmacien(e) peut renou- E La taille du patient.
veler sur une ordonnance de contraception orale datant de
moins de douze mois ?

Des exercices supplémentaires sont disponibles en ligne :


pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://
www.em-consulte/e-complement/474756 et suivez les
instructions.

209
22
Chapitre 22
Cas particuliers : la dispensation
à domicile et la dispensation
par internet

P LAN D U CHA PI T RE
La dispensation à domicile (« portage
à domicile ») 211
La dispensation par internet 211

Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
22. Cas particuliers : la dispensation à domicile et la dispensation par internet

Prérequis et objectifs n'a pas pu être ouvert par un tiers — (articles L. 5125-25 et
R. 5125-47 du Code de la santé publique). Les conditions de

Prérequis : transport doivent être compatibles avec la bonne conser-
– notions de droit pharmaceutique (PACES). vation des médicaments (articles R. 5125-48 et R. 5125-49

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant du Code de la santé publique).
sera capable de :
– distinguer la livraison à domicile de la dispensa- La dispensation à domicile
tion à domicile ; Les pharmaciens d'officine ainsi que les préparateurs et
– appréhender la réglementation de la dispensa- les étudiants en pharmacie peuvent dispenser person-
tion à distance. nellement une commande au domicile d'un patient dans
l'impossibilité de se déplacer, notamment en raison de son
état de santé, de son âge ou de situations géographiques
La dispensation à domicile particulières (articles L. 5125-25, R. 5125-50 et R. 5125-51 du
(« portage à domicile ») Code de la santé publique).
Dans le cas où ce n'est pas un pharmacien qui dispense
La livraison à domicile de médicament(s) et la dispensa- le médicament, il doit veiller personnellement à ce que les
tion à domicile de médicament(s) (figure 22.1) sont deux instructions nécessaires à une bonne observance et com-
notions strictement encadrées par le Code de la santé préhension de la prescription par le patient soient données
publique afin d'éviter d'éventuelles dérives en matière de préalablement à la personne qui assure la dispensation
sollicitation de clientèle. (article R. 5125-51 du Code de la santé publique).

La livraison à domicile
La livraison est assurée par une personne autre que le phar- La dispensation par internet
macien ou ses collaborateurs. Elle est possible par le biais
de transporteur, la commande livrée en dehors de l'officine Avec l'évolution du droit européen (directive européenne
est remise sous paquet scellé portant le nom et l'adresse du 2011/62/UE) et l'harmonisation qui en découle, la France a
client — paquet opaque au nom d'un seul patient dont la adopté un mécanisme de vente de médicaments par inter-
fermeture est telle que le destinataire puisse s'assurer qu'il net encadré (figure 22.2).

La livraison à domicile La dispensation à domicile

Transporteur garantissant la Pharmaciens ou à défaut


bonne conservation des préparateurs ou
médicaments étudiants en pharmacie

Remis directement au Patient dans l'impossibilité


patient de se déplacer (santé, âge,
Pas de stockage possible situations géographiques)

Paquet scellé avec


explications et Dispensation en personne
recommandations du
pharmacien

Figure 22.1
Différences entre «livraison à domicile» et «dispensation à domicile».
(Illustration par M. Guerriaud.)

211
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Commerce Vente au Informations


Dispensation
électronique détail de santé

Figure 22.2
Commerce électronique de médicaments.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Commerce électronique considérant 24 de la directive 2011/62/UE prévoit que : «les


États membres devraient pouvoir imposer des conditions
de médicaments justifiées par la protection de la santé publique lors de la déli-
vrance au détail de médicaments offerts à la vente à distance
au moyen de services de la société de l'information. Ces condi-
Point clé
tions ne devraient pas entraver indûment le fonctionnement
du marché intérieur».
Définition du commerce électronique
La France a choisi plusieurs mesures de nature à protéger
de médicaments la santé publique :
Le commerce électronique de médicaments est l la création et l'exploitation d'un tel site sont exclusive-

défini à l'article L. 5125-33 du Code de la santé ment réservées aux pharmaciens titulaires d'une officine
publique : il s'agit de «l'activité économique par ou aux adjoints ayant reçu délégation (article L. 5125-33 du
laquelle le pharmacien propose ou assure à dis- Code de la santé publique) ;
tance et par voie électronique la vente au détail et l seuls peuvent faire l'objet de l'activité de commerce

la dispensation au public des médicaments à usage électronique les médicaments qui ne sont pas soumis à
humain et, à cet effet, fournit des informations de prescription obligatoire (article L. 5125-34 du Code de la
santé en ligne». santé publique) ;
l rappelons que seuls les médicaments à usage humain

peuvent faire l'objet du commerce électronique ;


l le commerce électronique de médicaments est subor-

donné à l'existence d'une pharmacie «physique»


Attention
(article L. 5125-35 du Code de la santé publique) ;
l il est nécessaire d'obtenir une autorisation préalable
Uniquement les médicaments à usage du directeur général de l'agence régionale de santé ter-
humain ritorialement compétente (article L. 5125-36 du Code de la
Le texte limite d'emblée la vente sur internet de santé publique).
médicaments aux seuls médicaments à usage D'autres mesures (article R. 5125-70 du Code de la santé
humain, cela signifie que la vente de médica- publique) visent à sécuriser et permettre d'authentifier le
ments vétérinaires n'est pas autorisée. site comme :
l la mention des coordonnées de l'ANSM ;

l un lien hypertexte vers le site internet de l'Ordre national

Des conditions restrictives des pharmaciens et du ministère chargé de la Santé ;


l le logo commun (figure 22.3) mis en place au niveau

Habituellement, en droit communautaire, on n'accepte pas communautaire, qui est affiché sur chaque page du
les restrictions à la libre circulation des biens et marchan- site internet qui a trait au commerce électronique de
dises ; cependant, dans certains cas cela est permis, ainsi le médicaments.

212
22. Cas particuliers : la dispensation à domicile et la dispensation par internet

L'essentiel à retenir

La livraison à domicile et la dispensation à domi-
ciles sont deux notions distinctes.

Le commerce électronique des médicaments est
réservé aux pharmaciens d'officine ; il se limite aux
médicaments à usage humain et de prescription
Cliquer médicale facultative.

Pour vérifier
la légalité
de ce site
Figure 22.3
Logo obligatoire dont le design est fixé par règlement d'exécution
(UE) n° 699/2014 de la Commission du 24 juin 2014.

Remarque

Bonnes pratiques annulées


La création de «bonnes pratiques de dispensation
des médicaments par voie électronique» avec l'ar-
rêté du 20 juin 2013 instaurait un certain nombre
de garde-fous à la commercialisation en ligne de
médicaments.
Le 16 mars 2015, le Conseil d'État a annulé cet
arrêté. Sans prendre position sur la pertinence
des règles de dispensation en question, le Conseil
d'État a jugé que, sur plusieurs points, l'arrêté avait
dépassé les limites de l'habilitation donnée par la
loi au ministre.

213
23
Chapitre 23
Prix et remboursement

PLA N D U CHA PI T RE
La fixation du prix et du
remboursement des médicaments 215
Les honoraires de dispensation 216
Le remboursement 217

Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
23. Prix et remboursement

Prérequis et objectifs le même article L. 410-2 : «Toutefois, dans les secteurs ou les
zones où la concurrence par les prix est limitée en raison soit

Prérequis : de situations de monopole ou de difficultés durables d'appro-
– notions de droit pharmaceutique (PACES). visionnement, soit de dispositions législatives ou réglemen-

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant taires, un décret en Conseil d'État peut réglementer les prix
sera capable de : après consultation du Conseil de la concurrence».
– décrire le circuit de fixation du prix et du rem- Dans ce cas, la fixation du prix et celle du rembourse-
boursement du médicament ; ment sont intimement liées (figure 23.1).
– définir l'honoraire de dispensation ; L'industriel dépose une demande à la Haute Autorité
– expliquer le cadre général du remboursement de santé (HAS) (cf. chapitre 8) pour que son dossier soit
ainsi que les cas particuliers. examiné par sa commission de transparence (CT). La com-
mission de transparence va alors définir deux indicateurs :
l le service médical rendu (SMR) ;
La fixation du prix l l'amélioration du service médical rendu (ASMR).

et du remboursement
des médicaments
SMR et ASMR
Deux cas de figure se présentent : Le SMR
l le médicament n'est pas remboursable ;
Le SMR est défini par la HAS comme un critère qui prend
l le médicament est remboursable.
en compte plusieurs aspects :

la gravité de la pathologie pour laquelle le médica-
Le médicament n'est pas ■
ment est indiqué ;
les données propres au médicament lui-même dans
remboursable une indication donnée (efficacité et effets indési-
rables ; place dans la stratégie et existence d'alterna-
Cela peut être dû à la volonté de l'industriel — si par tives thérapeutiques ; intérêt pour la santé publique).
exemple il souhaite produire un médicament de médica- Il existe plusieurs niveaux de SMR :
tion officinale — ou dû à la volonté des pouvoirs publics ■
SMR majeur ou important : remboursement à 65 % ;
qui auront refusé le remboursement ou déremboursé le ■
SMR modéré : remboursement à 30 % ;
produit autrefois pris en charge. ■
SMR faible : remboursement à 15 % ;
Dans ces cas, la fixation du prix est libre comme dispose ■
SMR insuffisant pour justifier une prise en charge par
l'article L. 410-2 du Code du commerce : «Sauf dans les cas la collectivité.
où la loi en dispose autrement, les prix des biens, produits À noter que quand le médicament est «irremplaçable»,
sa prise en charge est de 100 %.
et services ont librement déterminé par le jeu de la concur-
rence.» — cette règle découle de l'ordonnance 86-1243. L'ASMR
L'ASMR correspond au progrès thérapeutique apporté
par un médicament.
Le médicament est remboursable Il existe plusieurs niveaux d'ASMR :

ASMR I, majeure ;
Si le médicament est remboursable, le prix alors est admi- ■
ASMR II, importante ;
nistré, c'est-à-dire fixé par les autorités. C'est ce que prévoit

SMR UNCAM Taux de remboursement


Inscription
Ministère du médicament
HAS CT
de la Santé au remboursement
valable 5 ans
ASMR CEPS Prix du médicament
Dossier de
l’industriel

Figure 23.1
Fixation du prix et du remboursement d'un médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.)

215
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Tableau 23.1. Honoraires de dispensation



ASMR III, modérée ;
Honoraires Tarifs TTC

ASMR IV, mineure ;

ASMR V, inexistante, signifie «absence de progrès Honoraires par conditionnement de 1,02 € à partir du
thérapeutique». médicament remboursable et facturé 1er janvier 2016
Le niveau d'ASMR intervient dans la fixation du prix d'un à l'assurance maladie 2,76 € pour les
médicament remboursable. Ces honoraires sont tarifés par code conditionnements
CIP trimestriels à partir
Dans les cas de délivrance fractionnée, du 1er janvier 2016
les honoraires sont facturés sur la base
La commission de transparence transmet son avis au du conditionnement utilisé pour le
Comité économique des produits de santé (CEPS), qui fractionnement.
détermine un prix et des volumes de vente en se fondant
Honoraires pour toute dispensation 0,51 €
sur l'ASMR par négociation avec l'industriel.
complexe donnant lieu à l'exécution
La commission de transparence transmet aussi son d'une prescription comportant au
avis à l'Union nationale des caisses d'assurances maladies moins 5 lignes différentes de spécialités
(UNCAM), qui détermine le taux de remboursement en pharmaceutiques remboursables et
se fondant sur le SMR. facturées à l'assurance maladie en une
C'est au ministre de la Santé qu'appartient la décision seule délivrance
finale d'inscription d'un médicament au remboursement. Ces honoraires se cumulent avec les
honoraires par conditionnement
La facturation de ces honoraires
est conditionnée à la proposition
Le CEPS
systématique par le pharmacien
Le Comité économique des produits de santé (CEPS) au patient d'un plan de posologie
contribue à l'élaboration de la politique économique du permettant à ce dernier de mieux
médicament. Il met en œuvre les orientations qu'il reçoit appréhender la prise de son traitement
des ministres compétents, en application de la loi de
financement de la Sécurité sociale.
Il a notamment pour mission de fixer les prix de vente au l vérification de l'adéquation de la posologie prescrite ;
public des médicaments et des produits et prestations l vérification du respect des conditions réglementaires de
(dispositifs médicaux) et de suivre régulièrement les prescription et de délivrance des médicaments à statut ou
dépenses de médicaments en vue de constater si l'évo- délivrance particulière ;
lution de ces dépenses est compatible avec le respect de l contrôle des interactions au sein de l'ordonnance ;

l'objectif national de dépenses d'assurance maladie. l contrôle des facteurs de risque et des contre-indications

dans les limites des connaissances de l'état de santé du


patient ;
l contrôle des prescriptions abusives ;

Les honoraires de dispensation l vérification de l'absence d'interactions au sein de l'ordon-

nance et avec les autres ordonnances du patient connues


Avec l'avenant n° 5 à la Convention nationale pharmaceu- du pharmacien ;
tique arrive une nouvelle disposition : les honoraires de l conseils aux patients : le pharmacien doit s'assurer de

dispensation. Les honoraires de dispensation s'appliquent la bonne compréhension par le patient du bon usage et
par conditionnement délivré par le pharmacien et valo- des précautions d'emploi des produits prescrits. Il doit
risent par ailleurs l'action du pharmacien sur l'exécution ainsi vérifier les besoins du patient et fournir les explica-
d'ordonnances considérées comme complexes. Les tarifs tions nécessaires lors de la dispensation ; le pharmacien
sont détaillés dans le tableau 23.1. doit préciser au patient, le cas échéant, les modalités par-
Ces honoraires sont remboursés et donc ne peuvent pas ticulières de conservation du produit prescrit ; le phar-
donner lieu à la facturation de dépassements à l'assuré. macien doit s'assurer que le patient connaît la posologie,
Celui-ci est mis en place en échange d'un certain nombre la durée du traitement et le moment recommandé pour
de services : la prise des médicaments. Le pharmacien doit repor-
l vérification de la validité de l'ordonnance ; ter toutes les indications utiles de la prescription sur
l vérification de l'admissibilité des renouvellements ; le conditionnement des médicaments ; le ­pharmacien
216
23. Prix et remboursement

doit rappeler au patient la durée du traitement, en de la sécurité sociale impose le principe du «tiers payant
soulignant de manière argumentée l'importance de se contre générique».
conformer à la posologie ; le pharmacien doit informer Le tiers payant pratiqué à l'officine est désormais réservé
le patient des effets indésirables possibles ou potentiels aux seuls patients qui acceptent les génériques. Si le patient
des médicaments ; veut le princeps, il ne peut bénéficier du tiers payant et doit
l choix du conditionnement des médicaments le plus avancer les frais.
économe en fonction des posologies prescrites compatible Cette disposition connaît quelques exceptions :
avec l'état de santé du patient. l la mention « non substituable » portée à la main devant

le médicament ;
l les molécules soumises au tarif forfaitaire de responsabi-

Le remboursement lité (TFR) ;


l les génériques dont le prix est supérieur ou égal à celui

du princeps ;
Le principe général l certaines molécules ou classes qui en sont exemptées :

Pour qu'un médicament puisse être remboursé, il y a plu- – antiépileptiques (lamotrigine, levitiracetam, topira-
sieurs conditions : mate et valproate de sodium) [160, 161] ;
l il faut que le médicament soit remboursable ; – Lévothyrox®/Lévothyroxine [161, 162] ;
l il faut que le patient bénéficie de l'assurance maladie, – fentanyl [161, 163] ;
plus ou moins une mutuelle ; – buprénorphine [161] ;
l il faut une prescription en règle (sauf exception comme – mycophénolate [161].
les contraceptions d'urgence).
Ensuite, le remboursement dépend du taux de prise en Le tarif forfaitaire de responsabilité (TFR)
charge (figure 23.2) : 15 %, 30 %, 65 %, 100 %. Si le taux n'est Dans certains cas, les médicaments princeps sont sou-
pas de 100 %, il y a un reste à charge ou encore ticket modé- mis à un tarif forfaitaire de responsabilité (TFR) qui fixe
rateur. Ce dernier peut être pris en charge par la mutuelle un prix maximum de remboursement. Ainsi, le princeps
du patient. peut valoir 3 € et le générique 2 € qui correspond au
TFR. Si le patient souhaite le princeps, il ne sera rem-
Le tiers payant boursé que 2 € sur les 3 € : il devra payer lui-même l'euro
manquant.
Le tiers payant correspond au fait que le patient ne paye
pas ses médicaments : c'est le pharmacien qui avance les
frais et qui se fera rembourser par la Sécurité sociale plus ou Cas particuliers
moins la mutuelle — quand il s'agit d'un autre organisme
Régime Alsace Lorraine
que la Sécurité sociale, on ne parle plus de tiers payant mais
de délégation de paiement. Après la défaite de Sedan en 1871, L'Alsace et la Lorraine
sont rattachées à l'Empire d'Allemagne et ont donc adopté
Le tiers payant contre générique le régime social mis en place par Bismarck. Ce régime sera
conservé malgré la réincorporation à la République fran-
Afin de favoriser la substitution, la loi n° 2011-2012 du çaise. Le «régime local» repose sur une cotisation supé-
29 décembre 2011 codifiée à l'article L. 162-16-7 du Code rieure à la normale et donc à un remboursement supérieur
à la normale.
Prix du médicament : 10
Accident du travail
Remboursement à 65% Ticket modérateur Selon l'article L. 411-1 du Code de la sécurité sociale : «Est
6,5 3,5 considéré comme accident du travail, quelle qu'en soit la
cause, l'accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail
à toute personne salariée ou travaillant, à quelque titre ou en
Figure 23.2
quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs ou
Remboursement d'un médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.) chefs d'entreprise.»
217
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Il s'agit aussi d'un accident du travail si l'accident à lieu Article 115


sur le trajet d'aller et de retour entre le domicile et le lieu de
L'article 115 du Code des pensions militaires d'invali-
travail (et vice versa) (article L. 412-1 du Code de la sécurité
dité et des victimes de la guerre : « L'État doit gratuite-
sociale).
ment aux titulaires d'une pension d'invalidité attribuée
La notion d'accident renvoie à l'altération de l'intégrité
au titre du présent code les prestations médicales, para-
physique et/ou psychique de corps humain. Le lieu n'est
médicales, chirurgicales et pharmaceutiques nécessitées
pas forcément pris en compte dans le cadre de l'accident
par les infirmités qui donnent lieu à pension, en ce qui
du travail — une agression chez soi du fait de son travail
concerne exclusivement les accidents et complications
peut être considérée comme un accident du travail.
résultant de la blessure ou de la maladie qui ouvre droit
L'intérêt de la prise en charge dans le cadre d'un accident
à pension. »
du travail est le remboursement à 100 % par l'assurance
Le patient présente les feuillets du carnet de soins médi-
maladie, ce qui est particulièrement intéressant pour les
caux gratuits (feuillet n° 1 pour les médecins, feuillet n° 2
patients dépourvus de mutuelle.
pour les pharmaciens) et bénéficie du tiers payant. À signa-
En pratique, l'ordonnance devra comporter la mention
ler désormais la possibilité d'effectuer cette démarche par
«accident du travail (AT)» et seuls les soins en rapport
feuille de soins électronique.
direct avec l'accident lui-même seront pris en charge à
100 % par l'assurance maladie.
Le patient devra présenter sa feuille d'accident du travail
(Cerfa n° 11383*2, formulaire S6201c) où le pharmacien inscrira L'essentiel à retenir
les fournitures délivrées et utilisera la partie de la feuille d'acci-
dent qui lui est destinée pour établir sa note d ­ 'honoraires ou sa ■
Si un médicament n'est pas remboursable, son
facture, ou bien il reproduit sur cette note les mentions figurant prix est libre.
sur ladite feuille, en ce qui concerne notamment les nom et ■
Si un médicament est remboursable, son prix
prénom(s) et adresse, numéro d'immatriculation de la victime, est dit «administré».
désignation de l'employeur, date de l'accident, ainsi que toutes ■
Le prix d'un médicament est fixé par le CEPS en
circonstances particulières qu'il lui paraîtrait utiles de signaler. La fonction de l'ASMR.
note d'honoraires ou la facture est adressée, selon le cas, soit à ■
Le remboursement d'un médicament est fixé
la caisse primaire d'assurance maladie, soit à l'établissement, ser- par l'UNCAM en fonction du SMR.
vice ou entreprise autorisé à gérer le risque d'accident du travail ■
ASMR et SMR sont définis par la commission de
(article R. 441-9 du Code de la sécurité sociale). transparence.

218
Chapitre 24
Les responsabilités
du pharmacien d'officine

PLAN DU C HAPITRE
La responsabilité pénale du pharmacien 220
La responsabilité civile du pharmacien 220
La responsabilité disciplinaire 224

Droit pharmaceutique
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VI. L'officine de pharmacie et son activité

Prérequis et objectifs l une loi qui prévoit l'infraction au moment où elle a


été commise (ou tentée d'être commise) : c'est que l'on

Prérequis : dénomme «le principe de la légalité des délits et des
– notions de droit pharmaceutique (PACES). peines».

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant La plupart de ces fautes sont prévues directement dans
sera capable de : le Code de la santé publique, d'autres relèvent directe-
– distinguer les responsabilités pénales, civiles, ment du Code pénal, comme le refus de porter secours
disciplinaires ; à une personne en péril ou encore la violation du secret
– illustrer chaque type de responsabilité par des professionnel.
exemples ; Un certain nombre d'infractions et sanctions prévues
– citer les conséquences inhérentes à chaque type directement dans le Code de la santé publique sont indi-
de responsabilité. quées dans les tableaux 24.1 à 24.3.

Point clé Responsabilité pénale


du fait d'autrui
Les différentes responsabilités
En principe, selon l'article 121-1 du Code pénal, «nul n'est
On distingue trois types de responsabilité pour
responsable pénalement que de son propre fait» ; autrement
un pharmacien d'officine :
dit, le pharmacien ne serait responsable que de ses actes.

une responsabilité pénale ;
Mais, en réalité, le pharmacien peut être responsable péna-

une responsabilité civile ;
lement des faits de ses préposés (préparateurs, stagiaires…).

une responsabilité disciplinaire.
En effet, l'exercice personnel de la profession de pharma-
Bien évidemment, ces trois responsabilités
cien exige qu'il doit en permanence contrôler les actes des
peuvent se cumuler (figure 24.1). Ainsi, une offi-
personnes qu'il emploie — il s'agit d'une jurisprudence
cine ouverte sans pharmacien peut conduire son
inchangée depuis 1944 (Cass. crim. 30 novembre 1944 :
titulaire à être condamné disciplinairement mais
D. 1944-45).
aussi pénalement (dans ce cas, 75 000 € d'amende).

La responsabilité pénale La responsabilité civile


du pharmacien du pharmacien
Responsabilité de son fait Pour mémoire, la responsabilité pénale a pour objet princi-
pal de réprimer le comportement d'un individu, alors que
Le Code de la santé publique prévoit pour un grand l'objet principal de la responsabilité civile est de réparer un
nombre de dispositions un volet répressif. dommage qui a été causé.
Pour que la responsabilité pénale du pharmacien soit Il existe deux types de responsabilités civiles : la respon-
engagée, il faut qu'il y ait : sabilité civile contractuelle et la responsabilité civile délic-
l la tentative ou la réalisation d'une infraction (article
tuelle/quasi délictuelle.
121-4 du Code pénal) ;
l l'intention de commettre cette infraction (article 121-3

du Code pénal), qui précise aussi : «Il y a également délit,


lorsque la loi le prévoit, en cas de faute d'imprudence, de
La responsabilité contractuelle
négligence ou de manquement à une obligation de prudence Il faut d'abord préciser la notion de contrat qui, en droit,
ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, s'il est établi est bien plus large que ce que l'on entend au sens commun.
que l'auteur des faits n'a pas accompli les diligences normales Ainsi, le Code civil dans son article 1101 le définit comme
compte tenu, le cas échéant, de la nature de ses missions ou «une convention par laquelle une ou plusieurs personnes
de ses fonctions, de ses compétences ainsi que du pouvoir et s'obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou
des moyens dont il disposait.» ; à ne pas faire quelque chose».
220
24. Les responsabilités du pharmacien d'officine

On « punit » :
amende, peine
d’emprisonnement…

Infraction pénale
(contravention, délit, crime)

Responsabilité
pénale

Responsabilité Responsabilité
Faute disciplinaire disciplinaire civile
Dommage causé

On « sanctionne » : On « indemnise » :
l'avertissement, le blâme, versement de dommages-
l'interdiction temporaire ou intérêts…
l'interdiction permanente
d'exercer

Figure 24.1
Les trois responsabilités.
(Illustration par M. Guerriaud.)

Tableau 24.1. Infractions pénales infractions pénales en relation avec le médicament et les produits de santé
Infractions Articles du CSP Peine d'emprisonnement Amende
Vendre un médicament sans AMM ou autres L. 5421-2 5 ans de prison 375 000 €
autorisations ou en faire la publicité (valable L. 5426-1 7 ans de prison pour des 750 000 € pour des
pour les préparations de thérapie génique ou des pharmaciens titulaires pharmaciens titulaires
préparations de thérapie cellulaire xénogénique)
Vendre un médicament homéopathique ou un L. 5421-3 2 ans de prison 150 000 €
médicament traditionnel à base de plante non 5 ans de prison pour des 375 000 € pour des
enregistré à l'ANSM pharmaciens titulaires pharmaciens titulaires
ou en faire la publicité
Vendre un médicament falsifié L. 5421-13 5 ans de prison 375 000 €
7 ans de prison pour des 750 000 € pour des
pharmaciens titulaires pharmaciens titulaires
Détenir un médicament falsifié L. 5421-14 3 ans de prison 75 000 €
5 ans de prison si le 375 000 € si le médicament est
médicament est dangereux dangereux pour la santé de
pour la santé de l'homme l'homme
Effectuer des préparations présentant un risque L. 5424-3 Sanctions financières (montant
pour la santé sans autorisation non défini)
Ne pas respecter les règles relatives à l'étiquetage L. 5424-3 Sanctions financières (montant
des préparations non défini)
(Suite)
221
VI. L'officine de pharmacie et son activité

Tableau 24.1. Suite


Infractions Articles du CSP Peine d'emprisonnement Amende
Vendre les médicaments à un prix supérieur à celui L. 5424-4 Sanctions financières (montant
qui résulte de la réglementation non défini)
Vendre des médicaments avec des intermédiaires L. 5424-4 Sanctions financières (montant
non défini)
Dispenser une préparation magistrale ou officinale L. 5424-6 2 ans de prison 150 000 €
comportant une ou des substances dont
l'utilisation pour ces préparations est interdite
Dispenser des drogues simples, des produits L. 5424-6 2 ans de prison 150 000 €
chimiques ou des préparations qui ne répondent
pas aux spécifications décrites à la pharmacopée
Vendre des remèdes secrets L. 5424-6 2 ans de prison 150 000 €
Ne pas respecter les règles relatives aux substances L. 5432-1 5 ans de prison 375 000 €
vénéneuses L. 5432-2 7 ans de prison si utilisation 750 000 € si utilisation
d'ordonnances ou de d'ordonnances ou de
délivrances de complaisance délivrances de complaisance
Dispensation de contraceptifs non conforme aux L. 5434-2 6 mois de prison 7 500 €
règles en vigueur
Ne pas s'assurer de la conformité des substances L. 5438-1 Sanctions financières
actives qu'ils utilisent aux bonnes pratiques (montant non défini)
CSP, Code de la santé publique.

Tableau 24.2. Infractions pénales en relation avec l'officine et le lieu d'exercice


Infractions Articles du CSP Peine Amende
d'emprisonnement
Ouvrir, exploiter ou transférer une officine sans être titulaire L. 5424-1 1 an de prison 75 000 €
Ne pas respecter les règles relatives à la création, au transfert L. 5424-2 Sanctions financières
des officines ou aux conditions minimales d'installation et les (montant non défini)
règles relatives à la licence
Exploiter une officine sans que les médicaments soient L. 5424-6 2 ans de prison 150 000 €
préparés par ou sous la surveillance directe d'un pharmacien
La vente de médicaments sur la voie publique, dans les foires L. 5424-9 1 an de prison 75 000 €
ou marchés même pour une personne munie du diplôme de
pharmacien
Ne pas respecter les règles relatives à la publicité en faveur des L. 5424-2 Sanctions financières
officines de pharmacie (montant non défini)
Ouverture de l'officine en l'absence du titulaire L. 5424-14 75 000 €
CSP, Code de la santé publique.

Tableau 24.3. Infractions pénales infractions pénales en relation avec l'exercice de la profession
Infractions Articles du CSP Peine Amende
d'emprisonnement
Défaut d'assurance (responsabilité civile ou administrative) L. 1142-2 45 000 €
Exercice illégal de la profession de médecin, de chirurgien- L. 4161-5 2 ans de prison 30 000 €
dentiste ou de sage-femme

222
24. Les responsabilités du pharmacien d'officine

Infractions Articles du CSP Peine Amende


d'emprisonnement
Non-remplacement du titulaire L. 5424-3 Sanctions financières
(montant non défini)
De ne pas disposer, pour l'exercice de sa profession, du nombre L. 5424-3 Sanctions financières
de pharmaciens adjoints (montant non défini)
Ne pas participer au service de garde ou au service d'urgence L. 5424-3 Sanctions financières
Ouvrir son officine pendant un service de garde ou d'urgence, (montant non défini)
alors qu'il n'est pas lui-même de service, sans la tenir ouverte
pendant tout le service considéré
Ne pas porter l'insigne de pharmacien L. 5424-4 Sanctions financières
(montant non défini)
Solliciter des commandes auprès du public L. 5424-4 Sanctions financières
(montant non défini)
Recevoir des commandes de médicaments ou faire distribuer L. 5424-4 Sanctions financières
des médicaments par l'intermédiaire de courtier (montant non défini)
Dispenser des médicaments dérivés du sang sans enregistrer L. 5424-4 Sanctions financières
les données permettant d'en assurer (montant non défini)
Méconnaître les règles applicables au commerce électronique L. 5424-4 Sanctions financières
de médicaments (montant non défini)
Le compérage avec un médecin, un chirurgien-dentiste ou une L. 5424-10 2 ans de prison 75 000 €
sage-femme
Exercice non personnel L. 5424-13 75 000 €
CSP, Code de la santé publique.

Contrairement au sens commun où le mot contrat ren- «Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un
voie au support écrit qui figure le contrat, un contrat, en dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
droit, n'a pas besoin de support écrit : le fait de vendre/ réparer.»
acheter un médicament à l'officine crée un contrat de fait Imaginons que le pharmacien ait oublié de déverrouiller
entre le patient et le pharmacien. sa porte automatique et qu'un patient se heurte dedans,
C'est dans ce cadre de responsabilité contractuelle dans ce cas l'article 1383 du Code civil s'applique : «Chacun
(articles 1134 et 1147 du Code civil) qu'un patient est responsable du dommage qu'il a causé non seulement
pourrait demander réparation à son pharmacien si par son fait, mais encore par sa négligence ou par son
celui-ci lui a causé un dommage — par exemple, si le imprudence.»
pharmacien ne délivre par le bon médicament et que Il ne faut pas oublier de mentionner que l'on peut être
le patient subit un dommage ou si le pharmacien omet responsable civilement du fait d'autrui, ainsi le pharmacien
de donner les bonnes recommandations en délivrant le peut être responsable du fait de ses employés. L'article
médicament. 1384 énonce ainsi : «On est responsable non seulement du
dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore
de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit
La responsabilité répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde.» Il peut
ainsi s'agir du dommage commis par un préparateur qui
délictuelle/quasi délictuelle aurait bousculé et fait tomber un patient, mais aussi d'une
Dans le cas présent, le dommage survient en dehors d'un «chose», par exemple si un patient glisse sur le sol mouillé
contrat ; c'est l'article 1382 du Code civil qui prend le relais : de la pharmacie.

223
VI. L'officine de pharmacie et son activité

La responsabilité disciplinaire l la notion de faute disciplinaire ne nécessite pas d'inten-


tion coupable, c'est-à-dire que la faute peut être sanc-
Toute violation des règles de déontologie pharmaceutique tionnée même si elle a été commise sans intention de le
peut faire l'objet d'une sanction disciplinaire. commettre.
Mais le Conseil de l'Ordre des pharmaciens rappelle que
la notion de faute disciplinaire «est plus large que celle de
faute déontologique. La faute disciplinaire recouvre aussi les L'essentiel à retenir
manquements aux principales règles d'exercice professionnel
(comme le non-respect de la réglementation des substances ■
Il existe trois types de responsabilités pour un
vénéneuses par exemple) [114]». pharmacien : la responsabilité pénale, la responsa-
De plus, contrairement aux principes du droit pénal : bilité civile et la responsabilité disciplinaire.
l la notion de faute disciplinaire échappe au principe de ■
Au sein de la responsabilité civile, on distingue
légalité des délits et des peines, c'est-à-dire qu'il n'est pas la responsabilité contractuelle et la responsabilité
nécessaire de disposer d'un texte précis condamnant un extra-contractuelle.
acte pour condamner cet acte ;

224
Chapitre 25
Les pharmacies à usage
intérieur

PLAN DU C HAPITRE
Localisation 228
Missions 228
Le personnel 229

Droit pharmaceutique
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VII. Autres modes d'exercice

Prérequis et objectifs Missions


Prérequis :
Missions générales

– notions de droit pharmaceutique (PACES).



Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant Les missions générales d'une PUI sont (articles L. 5126–5 et
sera capable de : R. 5126–8 du Code de la santé publique) :
– définir les missions d'une pharmacie à usage l la gestion, l'approvisionnement, le contrôle, la détention

intérieur ; et la dispensation des médicaments et autres produits de


– citer les personnels autorisés et décrire leurs santé ;
attributions respectives. l la réalisation des préparations magistrales à partir de

matières premières ou de spécialités pharmaceutiques ;


l la division des produits officinaux ;
Localisation l la gestion des plasmas à finalité transfusionnelle en colla-

boration avec le responsable de dépôt de sang de l'établis-


Les pharmacies à usage intérieur (PUI) sont des pharmacies sement de santé ou du correspondant d'hémovigilance et
dont l'activité est limitée à l'usage particulier des malades de sécurité transfusionnelle ;
des centres énumérés ci-dessous. l l'information sur les médicaments, matériels, produits ou
Elles peuvent être installées selon l'article L. 5126–1 du objets, ainsi qu'à toute action de promotion et d'évaluation
Code de la santé publique dans : de leur bon usage, la contribution à leur évaluation et à la
l les établissements de santé ;
pharmacovigilance et à la matériovigilance et à toute action
l les établissements médico-sociaux dans lesquels sont
de sécurisation du circuit du médicament et des dispositifs
traités des malades ; médicaux stériles ;
l les groupements de coopération sanitaire ;
l la participation à toute action susceptible de concou-
l les groupements de coopération sociale et médico-sociale ;
rir à la qualité et à la sécurité des traitements et des
l les hôpitaux des armées ;
soins dans les domaines relevant de la compétence
l les installations de chirurgie esthétique ;
pharmaceutique.
l les centres pénitentiaires ;

l les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS).

Il ne peut être autorisé qu'une PUI par site géographique Missions particulières
d'implantation, mais une PUI peut disposer de locaux
implantés sur plusieurs emplacements distincts situés dans Les PUI peuvent exercer des activités annexes, sous réserve
un ou plusieurs sites géographiques (article R. 5126–2 du de disposer des moyens en locaux, personnel, équipements
Code de la santé publique). et systèmes d'information nécessaires (article R. 5126–9 du
Concernant les locaux, en eux-mêmes, ceux-ci doivent Code de la santé publique) :
respecter un certain nombre de règles (articles R. 5126–11 l la réalisation des préparations hospitalières à partir de

et R. 5126–12) : matières premières ou de spécialités pharmaceutiques ;


l la conception, la superficie, l'aménagement et l'agence- l la réalisation des préparations rendues nécessaires par

ment doivent être adaptés aux activités dont est chargée les recherches biomédicales, y compris la préparation des
cette pharmacie ; médicaments expérimentaux ;
l l'accès doit être aisé pour faciliter la livraison et la récep- l la délivrance des aliments diététiques destinés à des fins

tion des produits ainsi que leur bonne conservation ; médicales spéciales ;
l il doit y avoir un local permettant d'assurer l'isolement l la stérilisation des dispositifs médicaux ;

des médicaments et autres produits lorsque leur livrai- l la préparation des médicaments radiopharmaceutiques ;

son a lieu exceptionnellement en dehors de ses heures l l'importation de médicaments expérimentaux ;

d'ouverture ; l la vente de médicaments au public ;

l l'aménagement et l'équipement doivent permettre une l la réalisation de préparations magistrales ou hospita-

délivrance rapide et aisée aux structures desservies ; lières, la reconstitution de spécialités pharmaceutiques ainsi
l les locaux doivent être installés et équipés de façon à que la stérilisation de dispositifs médicaux pour le compte
assurer la bonne conservation, le suivi et, s'il y a lieu, le retrait d'autres établissements ou de professionnels de santé
des médicaments. libéraux.
228
25. Les pharmacies à usage intérieur

Missions particulières dérogeant au Les pharmaciens adjoints


cadre général Lorsque l'importance de l'activité de la PUI l'exige, un ou plu-
Une PUI peut approvisionner d'autres pharmacies à usage sieurs des pharmaciens adjoints assistent le pharmacien chargé
intérieur en cas de besoin (article L. 5126–2 du Code de la de la gérance. Ceux-ci doivent exercer personnellement leur
santé publique). profession (article R. 5126–45 du Code de la santé publique).
Une PUI est autorisée à vendre au public, au détail, Le nombre de pharmaciens adjoints est déterminé en
dans l'intérêt de la santé publique des médicaments qui tenant compte du contrat conclu avec l'ARS et en prenant en
sont inscrits sur une liste arrêtée par le ministre chargé de considération l'amélioration de la qualité du fonctionnement
la Santé (article L. 5126–4 du Code de la santé publique), de la pharmacie, notamment à l'issue de la certification de l'éta-
on appelle couramment cette opération « rétrocession ». blissement (article R. 5126–45 du Code de la santé publique).
Dans ce cas, les locaux de la pharmacie à usage intérieur
comportent un aménagement permettant de respec- Les préparateurs
ter la confidentialité et d'assurer la sécurité du person-
nel concerné (article R. 5126–13 du Code de la santé Les pharmaciens peuvent se faire aider par des préparateurs
publique). en pharmacie hospitalière placés sous l'autorité technique
du pharmacien chargé de la gérance (article L. 5126–5 du
Code de la santé publique).
Le personnel Remarque
Un pharmacien gérant Pharmaciens libéraux
La gérance d'une pharmacie à usage intérieur Les pharmaciens libéraux exerçant au sein d'une
est ­a ssurée par un pharmacien. Il est responsable pharmacie à usage intérieur peuvent être rémuné-
du respect des dispositions ayant trait à l'activité rés sous forme de vacation.
pharmaceutique.
Le pharmacien doit exercer personnellement sa profes- L'essentiel à retenir
sion, ce qui impose un temps de présence minimum de
cinq demi-journées par semaine (article R. 5126–42 du ■
Les pharmacies à usage intérieur (PUI) sont
Code de la santé publique). des pharmacies limitées à l'usage des malades de
Le pharmacien chargé de la gérance de la pharmacie centre de soins.
à usage intérieur dirige et, en liaison avec les autres phar- ■
Certaines de ces PUI peuvent se spécialiser par
maciens, surveille le travail des internes en pharmacie et exemple dans l'activité de stérilisation.
des étudiants de cinquième année hospitalo-universitaire ■
Elles sont dirigées par un pharmacien gérant,
(article R. 5126–23). pouvant être assisté par des adjoints.

229
26
Chapitre 26
La biologie médicale

PLA N D U CHA PI T RE
La législation 231
L'examen de biologie médicale 231
Le laboratoire de biologie médicale 232

Droit pharmaceutique
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26. La biologie médicale

Prérequis et objectifs Détaillons les notions évoquées dans la définition :


l « prévention » : un acte de biologie médicale peut

Prérequis : participer à prévenir l'apparition d'une maladie ; par
– notions de droit pharmaceutique (PACES). exemple, la sérologie de la rubéole avant grossesse per-

Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant met de prévenir la survenue de cette pathologie par une
sera capable de : vaccination ;
l « dépistage » : un acte de biologie médicale permet
– définir un examen de biologie médicale ;
– distinguer les trois phases de l'examen de biolo- de dépister une maladie ; par exemple, la pratique d'un
gie médicale ; dépistage du VIH pour confirmer l'infection par ce
– citer les conditions de remboursement de l'exa- virus ;
l « diagnostic » : un acte de biologie médicale peut
men de biologie médicale ;
– définir le laboratoire de biologie médicale ; permettre le diagnostic d'une maladie ; par exemple,
– décrire la fonction de biologiste-responsable ; la mesure de la glycémie permet de diagnostiquer un
– définir l'accréditation du laboratoire de biologie diabète ;
l « évaluation du risque de survenue d'une patho-
médicale.
logie » : un acte de biologie médicale peut permettre
Parmi les nombreuses possibilités qu'offre le diplôme de d'évaluer le risque de survenue d'une pathologie ; par
docteur en pharmacie, la biologie médicale occupe une place exemple, un bilan lipidique permet d'évaluer le risque
particulière. En effet, l'exercice de cette discipline est possible de survenue de maladie cardiovasculaire (comme un
aussi bien pour un médecin que pour un pharmacien. infarctus) ;
l « décision » : un acte de biologie médicale peut per-

mettre de prendre une décision en matière de prise en


La législation charge thérapeutique ; par exemple, un antibiogramme va
permettre de choisir l'antibiotique adapté ;
La réglementation fondatrice de la biologie médicale l « détermination ou suivi de l'état physiologique
moderne apparaît avec la loi du 11 juillet 1975. Jusqu'en 2010,
ou physiopathologique » : un acte de biologie médi-
elle ne subit pas de modification alors que le métier a évolué
cale peut aider à déterminer et suivre l'état physiolo-
avec les avancées scientifiques et médicales. C'est donc avec
gique ou physiopathologique ; par exemple, le calcul
l'ordonnance n° 2010–49 du 13 janvier 2010 que la biologie
de la clairance à la créatinine après dosage de la créati-
médicale va connaître un renouveau. Cette ordonnance sera
nine permet de suivre l'évolution du débit de filtration
complétée par la loi n° 2013–442 du 30 mai 2013.
glomérulaire.
À noter que sont exclus du champ des examens de
L'examen de biologie médicale biologie médicale : «un test, un recueil et un traitement de
signaux biologiques, à visée de dépistage, d'orientation diag­
nostique ou d'adaptation thérapeutique immédiate» selon
Définitions l'article L. 6211–3 du Code de la santé publique. La liste
de ces tests avait été publiée initialement avec l'arrêté du
Point clé
11 juin 2013, mais celui-ci a été annulé le 8 avril 2015 pour
un défaut de forme.
Définition de l'examen de biologie médicale
L'article L. 6211–1 du Code de la santé publique
définit l'examen de biologie médicale : «Un examen Les étapes d'un examen de biologie
de biologie médicale est un acte médical qui concourt
médicale
à la prévention, au dépistage, au diagnostic ou à l'éva-
luation du risque de survenue d'états pathologiques, à Un examen de biologie médicale se déroule en trois phases
la décision et à la prise en charge thérapeutiques, à la selon l'article L. 6211–2 du Code de la santé publique :
détermination ou au suivi de l'état physiologique ou l la phase pré-analytique ;

physiopathologique de l'être humain, hormis les actes l la phase analytique ;

d'anatomie et de cytologie pathologiques, exécutés l la phase post-analytique.

par des médecins spécialistes dans ce domaine.» Ces phases sont détaillées dans la figure 26.1.
231
VII. Autres modes d'exercice

Prélèvement d'un échantillon


Validation
biologique sur un être humain

Recueil des éléments cliniques Interprétation contextuelle du


pertinents résultat

Préparation, transport et
conservation de l'échantillon Obtention d'un résultat Communication appropriée
biologique jusqu'à l'endroit d'analyse biologique du résultat au prescripteur
où il est analysé

Pré-analytique Analytique Post-analytique

Figure 26.1
Les trois étapes d'un examen de biologie médicale.

Réalisation de l'examen de biologie ture au sein de laquelle sont effectués les examens de biologie
médicale». Le laboratoire de biologie médicale participe
médicale (articles L. 6211–7 à des missions de santé publique. Il participe également à
et L. 6211–8 du Code la permanence de l'offre de biologie médicale définie sur
de la santé publique) le territoire de santé infrarégional. Il contribue auprès du
patient à des programmes d'éducation thérapeutique. Il
Un examen de biologie médicale est réalisé par un biologiste peut être appelé à participer à des programmes d'enseigne-
médical ou, pour certaines phases, sous sa responsabilité. ment et de recherche.
Celui-ci, lorsqu'il l'estime approprié, peut modifier la prescrip- Son ouverture est subordonnée à une autorisation préa-
tion d'examens biologiques en en ajoutant ou en en retirant. lable par le directeur de l'ARS.
Le biologiste médical est selon l'article L. 6213–1 du
Code de la santé publique soit un médecin soit un phar-
macien, titulaire du DES de biologie médicale, et inscrit à Le biologiste responsable
l'Ordre dont il relève. Le laboratoire de biologie médicale est dirigé par un biolo-
giste médical dénommé biologiste responsable qui en est le
Remboursement de l'examen représentant légal. Lorsque la structure juridique d'un labo-
ratoire de biologie médicale permet l'existence de plusieurs
Si un examen de biologie médicale est réalisé sur le fonde-
représentants légaux, ces représentants sont dénommés
ment d'une prescription et qu'il fait partie de la nomen-
biologistes coresponsables. Le biologiste médical bénéfi-
clature des actes de biologie médicale (NABM), alors il est
cie des règles d'indépendance professionnelle reconnues
remboursable.
dans son Code de déontologie. Le biologiste responsable
Si un examen de biologie médicale est réalisé à la demande du
conserve la responsabilité de l'ensemble des phases de
patient — ce qui est possible selon l'article L. 6211–10 du Code
l'examen de biologie médicale, y compris lorsque l'une
de la santé publique —, cet examen ne peut pas être remboursé.
d'elles est réalisée par un autre laboratoire. (articles L. 6211–
11, L. 6213–7 et L. 6213–9 du Code de la santé publique).
Le laboratoire de biologie médicale
L'accréditation
Le laboratoire
Un laboratoire de biologie médicale ne peut réali-
Un laboratoire de biologie médicale est défini à l'article ser d'examens de biologie médicale que s'il bénéfi-
L. 6212–1 du Code de la santé publique comme «une struc­ cie d'une accréditation (ou si cette démarche est en
232
26. La biologie médicale

cours). Cette accréditation s'applique aussi bien à la L'essentiel à retenir


phase pré-analytique qu'à la phase analytique et la
phase post-analytique (article L. 6221–1 du Code de la ■
L'exercice de la biologie médicale est réservé aux
santé publique), elle est délivrée par l'instance natio- médecins et aux pharmaciens.
nale d'accréditation : le Comité français d'accrédita- ■
L'examen de biologie médical est très précisé-
tion (COFRAC). ment défini dans le Code de la santé publique. Il
En plus de cette accréditation, un laboratoire de se décompose en une étape pré-analytique, une
biologie médicale fait procéder au contrôle de la qua- étape analytique et une étape post-analytique.
lité des ­résultats des examens de biologie médicale ■
Le laboratoire est dirigé par un biologiste respon-
qu'il réalise par des organismes d'évaluation externe sable (ou des biologistes coresponsables), pouvant
de la qualité (L. 6221–9 du Code de la santé publique). être assisté par d'autres biologistes.

233
Corrigé des entraînements

PLAN DU C HAPITRE
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 1 240
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 2 240
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 3 240
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 4 240
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 5 241
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 6 241
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 7 241
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 8 241
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 9 242
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 10 242
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 11 242
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 12 242
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 13 243
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 14 243
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 15 243
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 16 243
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 18 244
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 19 244
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 20 244
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 21 244

Droit pharmaceutique
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Corrigé des entraînements

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 1 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 3


QCM 1 QCM 1
Exacte : B. Exactes : A, E.

QCM 2 QCM 2
Exacte : E. Exactes : A, C, D.

QCM 3 QCM 3
Exacte : B. Exactes : A, B, C, E.

QCM 4 QCM 4
Exactes : A, C. Exactes : A, D, E.

QCM 5 QCM 5
Exactes : A, C, D. Exactes : A, B, D.

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 2 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 4


QCM 1 QCM 1
Exacte : B. Exactes : A, C, D.

QCM 2 QCM 2
Exacte : E. Exactes : B, E.

QCM 3 QCM 3
Exacte : E. Exacte : B.

QCM 4 QCM 4
Exacte : C. Exacte : A.

QCM 5 QCM 5
Exacte : B. Exacte : E.

240
Corrigé des entraînements

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 5 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 7


QCM 1 QCM 1
Exactes : A, B, D. Exacte : E.

QCM 2 QCM 2
Exactes : A, C. Exacte : B.

QCM 3 QCM 3
Exactes : A, C, D. Exacte : B.

QCM 4 QCM 4
Exactes : B, C, D. Exactes : A, B.

QCM 5 QCM 5
Exacte : B. Exactes : A, D, E.

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 6 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 8


QCM 1 QCM 1
Exactes : A, B, D. Exactes : A, C, D.

QCM 2 QCM 2
Exactes : A, B, D. Exactes : C, D.

QCM 3 QCM 3
Exactes : D, E. Exacte : B.

QCM 4 QCM 4
Exacte : C. Exacte : C.

QCM 5 QCM 5
Exactes : A, B, E. Exacte : E.

241
Corrigé des entraînements

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 9 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 11


QCM 1 QCM 1
Exacte : B. Exacte : D.

QCM 2 QCM 2
Exacte : A. Exacte : C.

QCM 3 QCM 3
Exacte : A. Exactes : A, B, C, E.

QCM 4 QCM 4
Exacte : B. Exactes : A, C, E.

QCM 5 QCM 5
Exacte : B. Exacte : E.

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 10 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 12


QCM 1 QCM 1
Exacte : C. Exactes : B, C, E.

QCM 2 QCM 2
Exactes : A, D, E. Exacte : A.

QCM 3 QCM 3
Exacte : D. Exacte : A.

QCM 4 QCM 4
Exacte : B. Exacte : B.

QCM 5 QCM 5
Exacte : A. Exactes : B, D, E.

242
Corrigé des entraînements

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 13 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 15


QCM 1 QCM 1
Exactes : A, C. Exactes : A, C, E.

QCM 2 QCM 2
Exacte : A. Exactes : B, C.

QCM 3 QCM 3
Exacte : B. Exacte : C.

QCM 4 QCM 4
Exacte : C. Exactes : B, D, E.

QCM 5 QCM 5
Exactes : A, C, D. Exacte : D.

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 14 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 16


QCM 1 QCM 1
Exactes : A, C, D. Exactes : A, D, E.

QCM 2 QCM 2
Exactes : A, D. Exactes : A, B, C.

QCM 3 QCM 3
Exacte : D. Exacte : D.

QCM 4 QCM 4
Exacte : B. Exactes : A, B, D.

QCM 5 QCM 5
Exactes : B, D. Exactes : A, C, D, E.

243
Corrigé des entraînements

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 18 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 20


QCM 1 QCM 1
Exacte : A. Exactes : A, C.

QCM 2 QCM 2
Exacte : A. Exactes : A, B, D.

QCM 3 QCM 3
Exactes : A, D, E. Exacte : B.

QCM 4 QCM 4
Exacte : C. Exacte : D.

QCM 5 QCM 5
Exacte : D. Exacte : B.

ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 19 ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 21


QCM 1 QCM 1
Exacte : C. Exactes : A, C, E.

QCM 2 QCM 2
Exacte : B. Exactes : B, D, E.

QCM 3 QCM 3
Exacte : A. Exacte : C.

QCM 4 QCM 4
Exacte : A. Exacte : C.

QCM 5 QCM 5
Exactes : A, B, C, E. Exactes : B, C, D.

244

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