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Atlas d'anatomie humaine, par F. Netter. 2015, 6e édition.
Conseils à l'officine. Aide au suivi pharmaceutique et à l'éducation thérapeutique du patient, par J.-P. Belon, 7e édition, 2009.
Dictionnaire médical, par J. Quevauvilliers. 2009, 6e édition.
Gray's Anatomie pour les étudiants, par R.L. Drake et coll., 2015, 3e édition.
Guide de thérapeutique 2015, par L. Perlemuter, G. Perlemuter, 2014, 8e édition.
Lexique médical anglais-français/français-anglais, par D. Duizabo, 2015, 9e édition.
Les cours de L2-M2 Pharma
Droit pharmaceutique
Mathieu Guerriaud
Docteur en pharmacie et docteur en sciences
Qualifié aux fonctions de maître de conférences
UFR des Sciences de Santé de Dijon, Laboratoire CREDIMI
Université de Bourgogne-Franche Comté
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DANGER dans le domaine universitaire, le développement massif du «photocopillage».
Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établissements d'enseignement, provoque une baisse
brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et
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par le caractère scientifique ou d'information de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122–4, L. 122–5 et L. 335–2 du Code
de la propriété intellectuelle).
La réglementation pharmaceutique répond essentielle- son expérience d'enseignant acquise au sein de la faculté de
ment à un besoin de sécurité et à une exigence de qualité. pharmacie de l'Université de Bourgogne, où il s'est distin-
Elle vise à garantir à la Société un commerce des produits gué par ses nombreuses initiatives pédagogiques, l'auteur
de santé. Or, dans un domaine scientifique et technique en se livre en 300 pages à un large survol des principales règles
perpétuelle évolution, cette réglementation doit s'adap- du droit pharmaceutique. Outre les notions médicales,
ter continuellement. Elle évolue : les statuts et les normes l'auteur prend soin de rappeler des notions essentielles de
applicables se complexifient tandis que l'origine même de droit général et de retracer l'histoire de la réglementation
la règle de droit puise désormais ses sources dans le droit pharmaceutique pour montrer que, même si celle-ci évo-
communautaire, voire international. La norme, dès lors, lue, les valeurs fondamentales sur lesquelles elle s'appuie
se trouve remise en cause. On lui reproche d'être inadap- demeurent. Enfin, qu'il aborde les différents produits de
tée, trop contraignante : les pharmaciens, confrontés à santé et leurs vigilances associées, les institutions sanitaires
une règlementation technique de plus en plus sévère, la ou les principaux modes d'exercice professionnel, Monsieur
tiennent pour oppressive. Guerriaud le fait toujours avec une louable concision et un
Pourtant la réglementation conserve sa fonction sécuri- souci didactique constant.
sante. Elle guide les pharmaciens et leur permet, quel que Véritable vademecum de droit pharmaceutique, le
soit leur domaine d'activité, de conformer leur exercice présent ouvrage apparaît comme l'héritier du fameux
quotidien à l'intérêt supérieur de la santé publique. Et pour Abrégé de législation et de déontologie pharmaceutiques
continuer à tenir ce rôle, la règle doit être connue, comprise de Madame le Professeur Monique Tisseyre-Berry dont les
et acceptée. L'enseignement du droit pharmaceutique au multiples éditions ont contribué à former tant de futurs
sein des Unités de Formation et de Recherche en pharma- pharmaciens aux arcanes de la réglementation. Souhaitons-
cie prend ainsi une place toujours plus importante. lui de rencontrer le même succès !
Toutefois, depuis la dernière réforme des études pharma-
ceutiques (mise en place entre 2009 et 2013), aucun ouvrage
Pr Eric FOUASSIER,
de référence n'a été publié dans le domaine pour traiter
Université Paris-Sud, COMUE «Université Paris-Saclay»
l'essentiel des connaissances réglementaires attendues d'un Académie nationale de pharmacie
étudiant en pharmacie de fin de cursus. C'est ce manque Président de l'association des enseignants
que vient combler aujourd'hui l'ouvrage écrit par Monsieur de droit et économie pharmaceutiques
Mathieu Guerriaud aux éditions Elsevier-Masson. Fort de
IX
Abréviations
ADDFMS Aliments diététiques destinés à des fins DGCCRF Direction générale de la concurrence, de la
médicales spéciales consommation et de la répression des fraudes
ADME Absorption, distribution, métabolisme et DGS Direction générale de la Santé
excrétion DIU Dispositif intra-utérin
ADPIC Aspects des droits de propriété intellectuelle qui DM Dispositif médical
touchent au commerce DMDIV Dispositif médical de diagnostic in vitro
Afssaps Agence française de sécurité sanitaire des DP Dossier pharmaceutique
produits de santé (prédécesseur de l'ANSM) DPC Développement professionnel continu
AMM Autorisation de mise sur le marché EMA European Medicines Agency
ANSES Agence nationale de sécurité sanitaire de HAS Haute Autorité de Santé
l'alimentation, de l'environnement et du travail HPST Loi hôpital-patient-santé-territoire
ANSM Agence nationale de sécurité du médicament et INPI Institut national de la propriété industrielle
des produits de santé IRM Imagerie par résonance magnétique
APSI Allergènes préparés spécialement pour un seul LPP Liste des produits et prestations remboursables
individu MEDDEV Medical Device Guidance
ARC Attaché de recherche clinique OEB Office européen des brevets
ARS Agence régionale de santé OHMI Office de l'harmonisation dans le marché
ASMR Amélioration du service médical rendu intérieur
ATU Autorisation temporaire d'utilisation OMPI Organisation mondiale de la propriété
BPP Bonnes pratiques de préparation intellectuelle
CCP Certificat complémentaire de protection PACES Première année commune des études de santé
CE Communauté européenne PAES Post-Authorisation Efficacy Studies
CEC Circulation extracorporelle PASS Post-Authorisation Safety Study
CEDH Cour européenne des droits de l'homme PET-Scan Positron Emission Tomography
CEE Communauté économique européenne PLFSS Projet de loi de financement de la Sécurité sociale
(prédécesseur de l'Union européenne) PMF Prescription médicale facultative
CEPS Comité économique de produits de santé PMO Prescription médicale obligatoire
CHMP Committee for Medicinal Products for Human Use PRAC Pharmacovigilance Risk Assessment Committee
CJCE Cour de justice des Communautés européennes PSMF Pharmacovigilance System Master File
(prédécesseur de la CJUE) PUI Pharmacie à usage intérieur
CJUE Cour de justice de l'Union européenne PUMA Paediatric Use Marketing Authorisation
CMU Couverture maladie universelle QPPV Qualified Person Of Pharmacovigilance
CNOP Conseil national de l'Ordre des pharmaciens RCP Résumé des caractéristiques du produit
COFRAC Comité français d'accréditation RTU Recommandations temporaires d'utilisation
CPI Code de la propriété intellectuelle SDIS Services départementaux d'incendie et de secours
CPP Comité de protection des personnes (Comité SMR Service médical rendu
d'éthique) SUSAR Suspected Unexpected Severe Adverse Reaction
CRPV Centre régional de pharmacovigilance TEC Technicien d'étude ou de recherche clinique
CSP Code de la santé publique TFR Tarif forfaitaire de responsabilité
CSS Code de la sécurité sociale TFUE Traité de fonctionnement de l'Union
DASRI Déchets d'activités de soins à risques infectieux européenne
perforants UNCAM Union nationale des caisses d'assurances
DCI Dénomination commune internationale maladies
XI
I. Rappels historiques et juridiques
La réglementation
pharmaceutique : naissance
à Bagdad
C'est à Bagdad, dans l'Irak de la dynastie des califes abbas-
sides (750-1258) qu'il faut chercher les origines d'une
réglementation pharmaceutique. C'est à une époque
contemporaine de Charlemagne que cette lignée, dirigée
par un oncle du prophète Mahomet, renverse le califat
omeyyade et institue Bagdad comme capitale, en lieu et
place de Damas [2]. C'est donc à Bagdad qu'est créée la
profession des sayadila, les ancêtres des pharmaciens, les-
quels se distinguent parfois difficilement des simples épi-
ciers, les attār [1, 3]. Pourtant, les sayadila sont soumis,
eux, à des inspections ; ainsi, la première mention d'un
tel contrôle se fit sous le règne du calife Al-Ma'Moun et
les recherches de fraudes s'intensifient avec le temps [4].
Ces inspections sont réalisées par le muhtasib, véritable
gardien de la santé publique [5]. Une autre réglementa-
tion pharmaceutique issue de cette époque est la créa- Figure 1.1
tion des premières pharmacopées, appelées Grabadins Frédéric II de Hohenstaufen.
(Source : De arte venandi cum avibus. Redactio Manfredi regis filii Friderici II,
ou Krabadins [6]. 1258-1266 [7].)
4
1. Histoire de la réglementation pharmaceutique
Mandement
de Philippe VI de Valois
1336
Ordonnance royale
de Charles IV
1322
Livre des Édit
métiers de Charles VIII
d’Étienne 1484
Ordonnance royale
Boileau
de Philippe le Bel
1258
1312
1268
1250 1260 1270 1280 1290 1300 1310 1320 1330 1340 1350 1360 1480 1490 1500
Statuts de la
Faculté de médecine Ordonnance royale (1)
1271 de Jean le Bon
1352
Figure 1.3
Frise chronologique des principaux textes en matière de réglementation pharmaceutique française.
(Illustration par M. Guerriaud.)
Tableau 1.1. Récapitulatifs des mesures apportées par les différents textes
Date Textes Apports
1258–1268 Livre des métiers Première mention des apothicaires
1271 Statuts de la faculté de Médecine Limitation des missions des apothicaires
1312 Ordonnance royale de Philippe le Bel Garde des poids par les apothicaires
1322 Ordonnance royale de Charles IV Garde des poids par les apothicaires
Première notion de visite des boutiques
Laxatifs et abortifs sur ordonnance, non renouvelable
Interdiction d'employer des drogues corrompues ou de diminuer la
quantité des produits coûteux dans les préparations
Détention obligatoire de l'Antidotaire de Nicolas
1336 Mandement de Philippe VI de Valois Contrôle des droguiers (laxatifs et opiats) par les médecins et serment
prêté devant la faculté de Médecine
1352 Ordonnance royale de Jean le Bon (1) Véritable Règlement des Apothicaires et esquisse de monopole
1353 Ordonnance royale de Jean le Bon (2) Précision du régime des visites des boutiques : périodicité
1484 Édit royal de Charles VIII Métier juré obligatoire
Création des Apothicaires-espiciers
Par la suite, on retrouve une ordonnance de Philippe le renouveler. Il est interdit à l'apothicaire d'employer des dro-
Bel (1268–1314) concernant la vérification et la garde des gues corrompues ou de diminuer la quantité des produits
poids par les apothicaires dès 1312. coûteux dans ses préparations. Cette ordonnance de 1322
Cette notion de garde des poids sera reprise dans l'or- impose également pour la première fois la détention d'un
donnance de Charles IV (1292-1328) en 1322. Cette der- formulaire : l'Antidotaire de Nicolas [23].
nière aborde pour la première fois la notion de visite des En 1336, Philippe de Valois rédige un mandement au
boutiques d'apothicaires et défend à ce dernier de délivrer prévôt de Paris qui ordonne aux Apothiquaire & leurs Valets
laxatifs et abortifs sans ordonnance, qu'il ne pourra pas & les Herbiers de faire vérifier leurs droguiers, en particu-
6
1. Histoire de la réglementation pharmaceutique
lier les stocks d'opiats et de laxatifs [24]. Ce mandement redéfinit les conditions de l'apprentissage puis du compagnon-
commande aux apothicaires et à leurs employés de prêter nage chez un maître qui sera ensuite sanctionné par un exa-
serment devant la Faculté de médecine de Paris. men comportant notamment la réalisation d'un chef-d'œuvre,
C'est surtout par l'ordonnance de décembre 1352, établie qui consistait en la confection de préparations et remèdes tels
par Jean le Bon (1319–1364), qu'un véritable règlement des que ceux préparer sur la figure 1.4 [4, 11, 23, 28–30].
apothicaires de Paris est créé. Celui-ci esquisse la naissance
d'un monopole en réservant la fabrication des médicaments
aux apothicaires : «Il est défendu à tous ceux qui ne sont pas
Obligations pour les futurs apothicaires
apothicaires de composer ou d'administrer aucune médecine
alternative, aucun sirop, élixir, aucun clystère dans les maladies Exemples d'obligations incombant aux membres de la
mortelles dont les symptômes présentent un caractère de gra- corporation des apothicaires :
vité… Idem toutes pièces et médecines que ce soit même de
■
prêter serment ;
nous des conseils de médecine [27].» Ce même Jean le Bon,
■
apprentissage et compagnonnage ;
■
passage d'un examen portant sur :
en août 1353, précise le règlement de la visite des boutiques
– la lecture et le commentaire d'ordonnance ;
d'apothicaires, sorte de prémices à l'inspection des pharma- – la connaissance du latin ;
cies, par une notion de périodicité, au minimum deux fois par – la reconnaissance de plantes fraîches et de drogues
an : «environ à la feste de Pasques et celle de Toussainz [24, 28]». (Acte des Herbes) ;
Charles VIII, en 1484, par un Édit, crée le métier d'apothicaire- – la réalisation du chef-d'œuvre, consistant en la pré-
espicier et impose que ce métier soit juré, c'est-à-dire qu'il est paration de plusieurs médicaments.
organisé sous le régime de la corporation. Par ailleurs, cet édit
Remarque
Le serment des apothicaires et des pharmaciens [11, 31–33]
L'origine du serment en matière de santé remonte à Hippocrate ● l'interdiction des quid pro quo non autorisés (substitution
(Horkos) et s'appliquait à tous les praticiens de santé, d'autant d'une drogue par une autre, cf. infra «Le quid pro quo : un
qu'à cette époque, médecin et pharmacien ne faisaient qu'un. ancêtre pour les génériques ?») ;
Cependant, le serment au Moyen Âge a un autre sens, c'est un ● la pratique d'un prix juste.
des apanages des Jurandes. Ainsi, dès le début des métiers jurés, À partir de 1608 apparaît un nouveau serment : Le serment des
les apothicaires prêtaient serment au moment où ils étaient reçus apothicaires chrétiens et craignants Dieu rédigé par Jean de Renou.
Maistres. Il s'agissait plus d'un acte d'engagement vis-à-vis de l'au- Ce serment se rapproche sans conteste du serment d'Hippocrate
torité de Dieu que de celle des Hommes. La crainte de Dieu et la et est empreint d'une moralité générale, mais est très incomplet
crainte de l'Enfer étaient des raisons suffisantes pour contraindre et très subordonné aux médecins, ce qui explique que seulement
les hommes de l'époque, très croyants, à respecter leurs devoirs quatre villes de province l'utiliseront et pour une courte période.
et à ne point se livrer à de basses manœuvres. Mais, si ce serment Sous la révolution, avec la suppression des corporations, le ser-
était usuellement prêté, il n'était pas obligatoire à Paris jusqu'à ce ment devient de lui-même inutile, jusqu'à ce que les corporations
que le roi Philippe de Valois, en 1336, impose aux apothicaires de pharmaciens soient très vite rétablies. Et la loi de germinal de
parisiens de prêter serment devant la Faculté de médecine. En l'an XI dans son article 16 impose à tous les futurs pharmaciens de
province, le serment pouvait être prêté devant d'autres apothi- prêter serment d'exercer son art avec probité et fidélité, devant le
caires jurés de la communauté ou encore devant le prévôt. préfet du département ou le préfet de police à Paris.
Ces serments ressemblaient à un véritable code de déon- Tombé en désuétude à la fin du xixe siècle, le serment est sup-
tologie, dans le sens où ils reprenaient généralement tous les primé par l'article unique de la loi du 30 juin 1906 avant d'être
devoirs auxquels se soumettaient les apothicaires. On peut citer remis au goût du jour à la moitié du xxe siècle sous l'intitulé de
quelques exemples de ces obligations, qui variaient d'une ville Serment de Galien :
à l'autre : «Je jure, en présence des maîtres de la faculté, des conseillers de
● la bonne préparation des remèdes selon la pharmacopée l'Ordre des pharmaciens et de mes condisciples :
locale ; ● d'honorer ceux qui m'ont instruit dans les préceptes de mon
● la bonne conservation des matières premières ; art et de leur témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à
● l'interdiction de délivrer des poisons ; leur enseignement ;
u
7
I. Rappels historiques et juridiques
u ● d'exercer, dans l'intérêt de la santé publique, ma profession En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et
avec conscience et de respecter non seulement la législation en mon état pour corrompre les mœurs et favoriser des actes
vigueur, mais aussi les règles de l'honneur, de la probité et du criminels.
désintéressement ; Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes
● de ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers promesses. Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes
le malade et sa dignité humaine. confrères si j'y manque.»
Le quid pro quo : un ancêtre opposant aux quid pro quo : «Les apothicaires m'en veulent-
ils, parce que je n'admets pas qu'ils donnent Quid pro quo,
pour les génériques ? Merdum (sic) pro musco.»
L'ordonnance royale de 1514 fixera une liste de succé-
Dès Galien, on savait pertinemment que certaines matières danés autorisés, liste destinée à mettre fin aux «fraudes et
premières nécessaires à la fabrication d'un médicament tricheries [34]». Ainsi, le pouvoir donnera le détail des pro-
pouvaient venir à manquer ; c'est pourquoi, parfois, le méde- duits qui pourront se substituer à un autre ; on peut entre-
cin autorisait la substitution d'un composé par un autre. voir ici un ancêtre, certes très imparfait, de nos génériques
L'utilisation de ces succédanés en pharmacie est appelée actuels.
quid pro quo (aliquid stat pro aliquo). Malheureusement,
certains apothicaires peu scrupuleux utilisaient des quid
pro quo pour ne pas employer une substance fort coû-
teuse, tout en maintenant le prix final élevé… Ainsi, depuis L'affaire des poisons : naissance
longtemps les quid pro quo sont interdits dans un but d'évi- sanglante de la réglementation
ter des accidents médicamenteux, du moins sans l'avis du
prescripteur. D'ailleurs, le célèbre Paracelse fut un fervent des substances vénéneuses
Sous Louis XIV, une série d'empoisonnements ébranle le
royaume et la cour du roi. L'histoire, dit-on, commence
avec Marie-Madeleine Dreux d'Aubray, qui deviendra la
Marquise de Brinvilliers en 1648 par son mariage (arrangé
par son père) avec le Marquis de Brinvilliers ; elle sera
plus tristement connue sous le nom de « la Brinvilliers »
(figure 1.5). Peu de temps après ses noces, elle rencontre
son amant, le chevalier Gaudin de Sainte-Croix. Son père,
pieux et austère, ne voyant pas d'un bon œil cette liaison,
fit, de par ses pouvoirs de police — il est le premier magis-
trat et officier de police de Paris — arrêter et embastiller
le chevalier, à la suite de quoi, sa fille lui en voulut cruel-
lement. C'est pendant son emprisonnement à la Bastille
que le chevalier apprendra auprès d'un certain Exili (ou
Eggidio), les arts alchimiques qui conduisent à la prépa-
ration des poisons les plus subtils. Six semaines après ce
séjour dans les geôles de Paris, de Sainte-Croix ressort libre
et rejoint immédiatement sa marquise… Pour lui enseigner
à son tour les arts noirs de l'empoisonnement. Pour arri-
ver à leur fin, les deux comparses et néanmoins amants,
se fournissaient, semble-t-il, chez le célèbre chimiste apo-
thicaire Christophle Glaser, titulaire de la chaire de Chimie
aux Jardins du roi et auteur du Traité de Chymie. Ils se ser-
Figure 1.4
vaient vraisemblablement de l'arsenic, le maître-poison,
Un apothicaire au xvie siècle. qui, administré quotidiennement à petite dose, pouvait
(Source : d'après Jost Amman [25, 26].) faire croire à une mort naturelle.
8
1. Histoire de la réglementation pharmaceutique
Extrait
Madame de Sévigné écrit à propos de la
Brinvilliers, le vendredi 17 juillet 1676 [38]
«Enfin c'en est fait, la Brinvilliers est en l'air. Son pauvre petit
corps a été jeté, après l'exécution, dans un fort grand feu, et les
cendres au vent, de sorte que nous la respirerons, et par la com-
munication des petits esprits, il nous prendra quelque humeur
empoisonnante, dont nous serons tous étonnés. Elle fut jugée
dès hier ; ce matin, on lui a lu son arrêt, qui était de faire amende
honorable à Notre-Dame et d'avoir la tête coupée, son corps
brûlé, les cendres au vent.
«On l'a présentée à la question ; elle a dit qu'il n'en était pas
besoin, et qu'elle dirait tout. En effet, jusqu'à cinq heures du soir
elle a conté sa vie, encore plus épouvantable qu'on ne le pen-
sait. Elle a empoisonné dix fois de suite son père (elle ne pou-
vait en venir à bout), ses frères et plusieurs autres ; et toujours
Figure 1.5
l'amour et les confidences mêlés partout. Elle n'a rien dit contre
La marquise de Brinvilliers.
(Source : collection BIU Santé Médecine.) Pennautier.»
secrets sous le contrôle de la jeune Académie royale de Le texte fixe pour la première fois le cadre du médi-
médecine (créée par l'ordonnance royale du 20 décembre cament et grave dans le marbre la notion de monopole
1820). pharmaceutique. Il crée les prémices de l'Ordre des phar-
maciens : les chambres des pharmaciens — l'Ordre des
pharmaciens sera créé par l'ordonnance du 5 mai 1945 — et
Le décret-loi de 1941 : première réglemente la publicité du médicament (instauration d'un
visa publicitaire). Il dispose que les établissements pharma-
définition légale du médicament ceutiques ne peuvent être détenus que par des pharma-
ciens ou des sociétés dans lesquelles les pharmaciens sont
Depuis la loi du 21 germinal de l'an XI, peu de lois vinrent associés majoritaires et que seul un pharmacien peut être
modifier la législation pharmaceutique. Et malgré quelques le directeur technique de l'entreprise : ainsi, la loi consacre
progrès, la législation ne convenait plus à la réalité de les débuts de la notion de personne qualifiée, élément
l'époque. Les syndicats de pharmaciens réclamaient un nécessaire au respect de la bonne pratique de fabrication
profond changement afin de prendre en compte la pro- du médicament.
duction industrielle de médicaments [49]. C'est pourquoi Mais la disposition phare qui aura le plus d'impact quant
Serge Huard, secrétaire d'État à la Santé de Pétain écrivait à la sécurité sanitaire sera la création du visa administratif :
dans l'introduction du décret-loi du 11 septembre 1941 : une autorisation de vente subordonnée à une étude com-
«Celle-ci [la législation] n'est plus adaptée à l'état actuel plète du produit. Le visa pourra être accordé après avis du
de la profession pharmaceutique. Sa partie industrielle et Comité technique des spécialités. Le visa est censé attester
le développement à la fois commercial et scientifique de la de la qualité de la spécialité, les procédures de fabrication se
profession ne trouvent plus leur place dans le cadre ancien. faisant beaucoup plus strictes et rigoureuses. Ce visa s'appli-
Ainsi, la nécessité d'une réforme se faisait sentir depuis bien quera aux nouvelles spécialités, mais aussi aux anciennes, ce
longtemps et de nombreux projets de loi ont été préparés au qui permettra de faire disparaître, en principe, les produits
cours des dernières années.» insolites, inefficaces, voire dangereux, qui existaient sur le
Le décret-loi sera à l'origine d'évolutions profondes, à marché. Il s'agit ni plus ni moins que de l'ancêtre de
commencer par la création de la première définition légale l'AMM.
du médicament. Le décret-loi retouchera aussi la définition Une autre grande mesure sera la création du Service cen-
légale de la spécialité. tral de la pharmacie (SCP), ancêtre lointain de l'ANSM, et
qui aura trait à tout ce qui touche au monde de la pharma-
cie. Le SCP aura notamment la lourde tâche de rédiger les
Première définition légale du médicament textes d'application du décret-loi de 1941.
La première définition légale du médicament, issue du
décret-loi de 1941, se présentait ainsi : «Médicament, c'est-
à-dire toute drogue, substance ou composition présentée
L'essentiel à retenir
comme possédant des propriétés curatives ou préventives
à l'égard des maladies humaines et conditionnée en vue
de la vente au poids médicinal. Sont considérés comme
■
La réglementation pharmaceutique naît à
médicaments les produits diététiques qui renferment dans Bagdad au viiie siècle.
leur composition des substances chimiques ou biologiques ■
La première réglementation occidentale pro-
ne constituant pas elles-mêmes des aliments, mais dont la vient des Constitutions de Melfi au xiiie siècle.
présence confère à ces produits soit des propriétés spéciales ■
Au Moyen Âge, la profession d'apothicaire est
recherchées en thérapeutique diététique, soit des propriétés de regroupée en communautés ou corporations. Il
repas d'épreuve. Les produits hygiéniques, s'ils ne contiennent s'agit d'un métier juré, ou jurande, soumis à des
pas de substance soumise à la loi du 12 juillet 1916 relative à règlements qui dépendent de chaque ville. Les apo-
la vente de substances vénéneuses, les produits utilisés pour
thicaires sont en outre soumis à des inspections.
la désinfection des locaux et pour la prothèse dentaire ne
sont pas considérés comme des médicaments.»
■
Sous Louis XIV, l'affaire des poisons, qui débute avec
En ce qui concerne l'expression «conditionnée en vue de la l'arrestation de la marquise de Brinvilliers, secoue le
vente au poids médicinal», elle signifie en réalité vente au royaume. Afin d'endiguer le phénomène, l'édit des
détail pour un patient, par opposition avec vente en gros. poisons est promulgué : il instaurera les bases de la
réglementation des substances vénéneuses.
12
1. Histoire de la réglementation pharmaceutique
■
La déclaration royale de 1777 sépare les épiciers – la première définition légale du médicament ;
des apothicaires, qui deviennent des pharmaciens. – un renforcement de la notion de spécialité ;
■
La loi du 21 germinal de l'an XI est la première – la notion de pharmacien propriétaire ;
réglementation pharmaceutique s'appliquant à – la création de la Chambre des pharmaciens
tout le territoire français. Elle s'attache particu- (ancêtre de l'Ordre des pharmaciens) ;
lièrement à définir les conditions d'exercice de la – la création du visa publicitaire ;
pharmacie et son enseignement. – la création du visa administratif (ancêtre de l'AMM) ;
■
Le décret-loi de 1941 fait rentrer la pharmacie – la création du Service central de la pharmacie
dans le monde moderne avec : (ancêtre lointain de l'ANSM).
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Firme.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le lieu de nais- D Congrégation.
sance de la réglementation pharmaceutique au viiie siècle ? E Ligue.
A À Constantinople.
QCM 4
B À Bagdad.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt)
C À Jérusalem.
la réglementation des substances vénéneuses ?
D À Babylone.
A Elle naît suite à l'affaire des poisons.
E À Carthage.
B Elle naît avec l'affaire du masque de fer.
QCM 2 C L'acte fondateur est l'édit des poisons.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le texte où D L'acte fondateur est l'édit de Nantes.
étaient distingués pour la première fois en Europe, les méde- E Elle interdit aux apothicaires de détenir des poisons.
cins et les apothicaires ?
QCM 5
A Le plan de Saint-Gall.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt)
B La Lex salica carolina.
la réglementation du 21 germinal de l'an XI ?
C La Magna Carta Libertatum.
A Elle s'applique sur tout le territoire français.
D L'ordonnance de Villers-Cotterêts.
B Elle crée l'Ordre des pharmaciens.
E La Novae Constitutiones.
C Elle définit les conditions d'exercice de la profession.
QCM 3 D Elle définit les modalités d'enseignement.
Parmi les réponses suivantes, quel terme désignait le regroupe- E Elle autorise les charlatans à vendre des médicaments.
ment de la profession d'apothicaire au Moyen Âge ?
A Syndicat.
B Corporation.
13
Chapitre 2
Rappels sur l'organisation
du droit
PLA N D U C HA PI T RE
Les sources du droit français 15
Les sources du droit européen 18
Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
2. Rappels sur l'organisation du droit
RF
Société État
Particulier Société
Particulier Particulier
Droit des
Droit Droit Droit
Droit civil Droit du travail Droit pénal finances
commercial administratif constitutionnel
publiques
Figure 2.1
Distinction entre le droit privé et le droit public.
(Illustration par M. Guerriaud.)
15
I. Rappels historiques et juridiques
Constitution
de 1958
Lois organiques
Lois ordinaires
Bloc de légalité
Ordonnances
Règlements autonomes
Décrets
Règlements
Arrêtés
Circulaires
Actes administratifs
Directives
Figure 2.2
La hiérarchie des normes.
(Illustration par M. Guerriaud.)
16
2. Rappels sur l'organisation du droit
Point de vue Cette initiative peut être déposée aussi bien à l'Assem-
blée nationale qu'au Sénat en première lecture — pour
Comment situer le droit européen par mémoire, l'Assemblée nationale et le Sénat sont appelés
rapport à la Constitution ? des «chambres» qui sont réunies en Parlement ; on parle
d'un système «bicaméral» — ; néanmoins, certaines lois
Il est complexe de situer le droit européen comme
doivent être déposées obligatoirement dans une chambre
supérieur ou inférieur à la Constitution dans le
particulière : par exemple, le projet de loi de financement
cadre de la hiérarchie des normes.
de la Sécurité sociale (PLFSS) est soumis en premier lieu
La Constitution dans son article 54 pose le prin-
à l'Assemblée nationale (article 39 de la Constitution)
cipe de la prééminence de la Constitution sur les
(figure 2.3) [52].
traités internationaux : «Si […] un engagement
international comporte une clause contraire à la
Constitution, l'autorisation de ratifier ou d'approu- L'ordonnance
ver l'engagement international en cause ne peut
intervenir qu'après la révision de la Constitution.» Une ordonnance est une norme juridique prévue à l'article
Ainsi, normalement, les traités européens et le 38 de la Constitution [52], à mi-chemin entre la loi et le
droit qui en découle (droit dérivé) devraient être règlement, elle est souvent utilisée pour des raisons de rapi-
inférieurs à la Constitution ; mais la Cour de jus- dité de procédure, notamment pour transposer des textes
tice des Communautés européennes n'accepte européens.
pas cette interprétation (CJCE, 15 juillet 1964, L'ordonnance émane du gouvernement. Elle est ensuite
Costa, aff. 6/64 ; CJCE, 22 juin 1965, San Michele, ratifiée de façon expresse par le Parlement ; elle acquiert à
aff. 9/65 ; CJCE, 9 mars 1978, Simmenthal, aff. ce moment sa nature législative.
106/77) et fait du droit européen la norme la
plus élevée.
Le droit européen et les traités internationaux Les règlements autonomes
font partie de ce que l'on dénomme le «bloc de
Ce sont des actes du pouvoir exécutif (prévus à l'article
conventionalité».
37 de la Constitution) qui portent sur des matières autres
que celles réservées à la loi (prévues à l'article 34 de la
Les lois parlementaires Constitution) [52].
Il existe deux types de lois parlementaires : la loi organique
et la loi ordinaire. La jurisprudence
La loi organique C'est un ensemble de décisions de justice qui apporte des
solutions dans le cadre de l'application des lois. La jurispru-
Elle découle de la Constitution pour en préciser les moda- dence montre la tendance, l'habitude de jugement qui est
lités, elle sert à l'organisation des pouvoirs publics. On peut consacrée. Lorsque la tendance de jugement change, on
citer par exemple la Loi relative à l'élection du président de la parle d'un revirement de la jurisprudence [53].
République au suffrage universel. Ces lois ont des règles parti-
culières dont la plus notable est le fait qu'elle doit être contrô-
lée par le Conseil constitutionnel avant sa promulgation. Point clé
La loi ordinaire Jurisprudence appliquée en santé
La loi ordinaire est la loi telle qu'on l'entend au sens formel. En matière de médicament, la jurisprudence a
L'initiative d'une loi ordinaire peut être à l'origine d'un une grande importance, qu'il ne faut en aucun cas
parlementaire (on parle d'une «proposition de loi») ou du négliger. Elle a permis de préciser, par exemple, les
Premier ministre après délibération en Conseil des ministres modalités d'application pratiques de la définition
et avis du Conseil d'État (on parle alors d'un « projet du médicament, dans des cas où le choix entre
de loi»). Aujourd'hui, la majorité des initiatives sont le fait deux statuts faisait l'objet d'un contentieux.
du gouvernement. Exemple : Arrêt Upjohn, CJCE, 16 avril 1991 [54].
17
I. Rappels historiques et juridiques
non
Étude en commission mixte
paritaire (7 députés ,
oui
7 sénateurs) puis texte
adopté par les deux
chambres
non
Navette
parlementaire
Assemblée nationale Sénat
Figure 2.3
Naissance d'une loi parlementaire : exemple du PLFSS.
(Illustration par M. Guerriaud.)
effet, cette organisation économique et politique a reçu de Le Conseil de l'Union européenne (Conseil
ses États membres de très grandes délégations de pouvoir, des ministres)
si bien que cette entité ressemble plus à une confédération
qu'à une simple instance internationale. Le Conseil de l'Union européenne, ou Conseil des ministres,
est composé des ministres des États membres d'un domaine
de compétence précis. Il adopte la législation de l'Union
Rappel du fonctionnement européenne avec le Parlement européen et, toujours avec
de l'Union européenne (figure 2.4) ce dernier, il approuve le budget de l'Union [51, 55].
Le Conseil européen
La Commission européenne
Le Conseil européen est l'organe suprême de l'Union européenne
qui regroupe l'ensemble des chefs d'États ou de gouvernement Il s'agit d'un organe clef de l'Union européenne composé de
de l'Union. Cet organe est dirigé par un président élu pour un commissaires (un pour chaque grand domaine). Elle a l'initia-
mandat de deux ans et demi renouvelable une seule fois. tive des lois : elle propose les lois au Parlement ou au Conseil
Le Conseil européen donne les impulsions à l'ensemble de des ministres. C'est aussi la gardienne des traités : elle veille à
l'Union. Il définit les priorités politiques. Il choisit les membres la bonne application de la législation de l'Union [51, 55].
de la Commission européenne avant que cette composition
soit approuvée par le Parlement européen [51, 55].
Le Parlement européen
C'est le seul organe de l'Union européenne dont les
Attention membres sont élus au suffrage universel direct, et ce tous
les cinq ans.
Différencier Conseil européen Contrairement au Parlement français tel que nous le
et Conseil de l'Europe connaissons, le Parlement européen n'a pas l'initiative des
Il faut distinguer le Conseil européen du Conseil lois : il adopte les textes avec le Conseil des ministres. En
de l'Europe, qui est une institution internationale revanche, il a un puissant rôle de contrôle sur l'ensemble du
indépendante de l'Union européenne. fonctionnement de l'Union européenne [51, 55].
No Parlement européen
m ôle
m
e ontr
et etc
im tit
pu Un président élu pour 5 ans es
lse Inv
Ordonne
Commission européenne
s
s loi
de Haut représentant pour
e
ia tiv la politique étrangère et
Init de sécurité commune
Présidé par un État pour 6 mois
Co-adopte la législation
Conseil de l’Union européenne
(Conseil des ministres)
Figure 2.4
Fonctionnement schématique de l'Union européenne.
(Illustration par M. Guerriaud.)
19
I. Rappels historiques et juridiques
L'essentiel à retenir ■
La jurisprudence correspond à la tendance
actuelle de jugement.
■
Le droit français est organisé et classé dans la ■
Les décrets et arrêtés sont de rang inférieur à
hiérarchie des normes. la loi.
■
La Constitution est le texte fondateur du droit ■
Le droit primaire de l'Union européenne corres-
français. pond aux traités.
■
La place des traités internationaux est sujette à ■
Le droit dérivé est notamment constitué des
controverse. directives et des règlements.
■
La loi ordinaire fait l'objet d'une navette parle- ■
La santé est un des champs de compétences de
mentaire qui permet de l'amender. l'Union européenne dans lequel elle peut légiférer
■
L'ordonnance est un outil pour légiférer rapidement. en partie.
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 D Le passage parlementaire.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le texte le plus E La navette parlementaire.
élevé dans la hiérarchie des normes ?
QCM 4
A Le décret.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'avantage prin-
B La constitution.
cipal de l'ordonnance ?
C La loi.
A Elle permet de prendre le temps de consulter les deux
D L'arrêté.
chambres du Parlement.
E La jurisprudence.
B Elle permet de se passer de l'avis du Parlement.
QCM 2 C Elle permet de légiférer rapidement.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le rédacteur D Elle permet de se passer de la promulgation par le pré-
d'un projet de loi ? sident de la République.
A Le président du Sénat. E Elle permet de légiférer à l'encontre du droit européen.
B Le président de la République.
C Le Conseil constitutionnel. QCM 5
D Le Parlement. Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le texte euro-
E Le gouvernement. péen d'application immédiate dans son ensemble ?
A La directive.
QCM 3 B Le règlement.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne le passage d'un C Le traité.
texte entre l'Assemblée nationale et le Sénat ? D L'avis.
A L'échange parlementaire. E La recommandation.
B La conciliation parlementaire.
C Le consortium parlementaire.
21
Chapitre 3
Les médicaments
PLAN DU C HAPITRE
Définitions 26
Différents types de médicaments 30
Le cycle de vie du médicament 42
Droit pharmaceutique
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II. Les produits de santé
Par présentation
Par destination
Par fonction
Définition du
médicament
Par la loi
Par composition
Figure 3.1
Les différentes branches de la définition du médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.)
26
3. Les médicaments
les multiples problèmes posés par l'utilisation de plus en plus Point clé
importante des spécialités pharmaceutiques [60].»
Définition du médicament (article
L'affaire du Stalinon® L. 5111-1 du Code de la santé publique)
En 1959, suite à l'affaire du Stalinon® — dérivé d'étain employé «On entend par médicament toute substance ou
comme topique pour le traitement de la furonculose ayant composition :
provoqué plus de cent décès par encéphalite —, une grande ■
présentée comme possédant des propriétés
réforme de la législation pharmaceutique sera opérée curatives ou préventives à l'égard des maladies
avec l'ordonnance 59-250 du 4 février 1959 [61], surtout humaines ou animales ;
en ce qui concerne le dépôt de visa (ancêtre de l'AMM), ■
ainsi que toute substance ou composition pouvant
la sécurité sanitaire et la notion de responsabilité, sans être utilisée chez l'homme ou chez l'animal ou pou
oublier la définition du médicament. Elle va premièrement vant leur être administrée, en vue d'établir un dia
être séparée de la notion de monopole : «La définition du gnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier
médicament est séparée de l'énumération des matières dont leurs fonctions physiologiques en exerçant une action
la vente est réservée aux pharmaciens, afin de faire ressortir pharmacologique, immunologique ou métabolique.
sans ambiguïté que cette définition est valable dans tout le Sont notamment considérés comme des médica
code et non seulement dans cette énumération.» Ensuite, on ments les produits diététiques qui renferment dans
va voir apparaître les prémices de définition par fonction : leur composition des substances chimiques ou bio
la mention «en vue du diagnostic médical». logiques ne constituant pas elles-mêmes des aliments,
mais dont la présence confère à ces produits, soit des
L'Europe en marche propriétés spéciales recherchées en thérapeutique
L'ordonnance 67-827 du 23 septembre 1967 est une diététique, soit des propriétés de repas d'épreuve.
transposition en droit national de la directive 65/65/CEE Les produits utilisés pour la désinfection des locaux
du 26 janvier 1965 ; elle modifie à nouveau la définition du et pour la prothèse dentaire ne sont pas considérés
médicament pour compléter la notion de fonction et permettre comme des médicaments.
la prise en compte de l'arrivée de la pilule contraceptive. Cette Lorsque, eu égard à l'ensemble de ses caractéristiques,
définition européenne s'inspire, pour partie, de la conception un produit est susceptible de répondre à la fois à la
allemande de «définition par fonction» et de la conception définition du médicament prévue au premier alinéa
française de «définition par présentation». et à celle d'autres catégories de produits régies par
Le médicament y est défini comme «toute substance le droit communautaire ou national, il est, en cas de
ou composition présentée comme possédant des propriétés doute, considéré comme un médicament [63].»
curatives ou préventives à l'égard des maladies humaines
ou animales» ainsi que «toute substance ou composition
Il est à noter que le concept de médicament par
pouvant être administrée à l'homme ou à l'animal en vue
composition décrit dans l'article L. 5111-1 est issu d'une
d'établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger, ou
survivance de textes français antérieurs à la définition
modifier leurs fonctions organiques».
européenne.
Les lois du 31 décembre 1971, du 10 juillet 1975 et du
1 juillet 1998 ont légèrement modifié cette dernière défini-
er
l «composition» : cette notion est relativement floue, Il faut noter que cette présentation ou cette revendica-
elle peut désigner un mélange de substances ou d'éléments tion d'indications thérapeutiques n'a pas à être systéma-
qui entrent dans un composé. Il peut s'agir aussi de la juxta- tiquement écrite sur le médicament : elles peuvent être
position de plusieurs composés ; vantées oralement, par diffusion dans les médias ou encore
l « maladie » : la notion de maladie n'est pas définie par le biais d'un livre ou d'un prospectus [68–70].
par le législateur ; en conséquence, seule la jurisprudence
apporte des réponses. Il est nécessaire et important de dis-
tinguer un réel état pathologique d'un symptôme issu d'un Point clé
état physiologique naturel : l'asthénie est une pathologie,
alors que la fatigue est un état physiologique naturel résul- Lutte contre le charlatanisme
tat d'une activité physique ou cérébrale. L'affection n'a par Toujours dans le but de lutter contre le charla-
ailleurs pas besoin d'être considérée comme grave pour tanisme, le concept de présentation permet de
être une maladie : la couperose, les verrues, etc. sont des reconnaître comme médicament des produits
maladies. qui revendiquent une action même si celle-ci
Le simple fait de présenter une substance ou une com- n'existe pas ou si elle est juste supposée [71]. Dès
position comme ayant des propriétés curatives ou pré- lors, ce produit devient soumis à un dépôt d'AMM
ventives à l'égard des maladies en fait un médicament. Ce et à des contraintes qu'il ne peut tenir puisqu'il n'a
concept est très vaste et a été largement décrit. pas les qualités exigées. La législation «tend ainsi
En effet, un patient peut prendre pour médicament un à préserver les consommateurs non seulement des
produit vendu au public dans un conditionnement créant médicaments nocifs ou toxiques en tant que tels,
une apparence de médicament. Ainsi, la définition par mais aussi de divers produits utilisés en lieu et place
présentation a pour but de protéger la santé publique et des remèdes adéquats [71].»
les patients en luttant contre le charlatanisme et, en consé-
quence, ce concept de médicament par présentation doit
être interprété de façon très large. La présentation recouvre À retenir
ainsi ce que le vendeur transmet et ce que le consomma-
teur moyennement avisé perçoit (figure 3.2) [54, 64]. Le médicament par présentation
Ainsi, par présentation, on peut entendre le simple Si un produit est présenté comme médicament,
fait de mentionner une propriété thérapeutique à l'égard si l'on revendique pour celui-ci des propriétés
d'une maladie de façon claire sur l'emballage (« antistress », permettant de prévenir ou guérir une mala-
« antirhumatismal »), mais aussi d'une façon détournée die, et même s'il ne contient aucune substance
avec l'usage d'un nom commercial qui rappellerait une active, il devient un médicament avec toutes les
pathologie (Artrolistic®) [65]… En revanche, la forme galé- contraintes afférentes (AMM, établissement phar-
nique — le fait que la forme soit un comprimé ou une maceutique déclaré…).
gélule, par exemple — ne suffit pas, à elle seule tout du
moins, à en faire un médicament par présentation. Mais
le fait d'avoir un visuel ressemblant à la croix ou au cadu- Un médicament par fonction
cée des pharmaciens, d'avoir la mention « contrôle phar-
maceutique [66] », ou « laboratoire » peut être considéré «En vue d'établir un diagnostic médical ou de restaurer,
comme une forme de présentation [67]. corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en
exerçant une action pharmacologique, immunologique
ou métabolique [63].»
La fonction se fonde sur les qualités intrinsèques du
médicament, alors que la présentation le définit par des
allégations de ce dernier. Elle permet d'inclure dans le
Ce qui est perçu Préventif
Curatif
champ du médicament des produits qui ne sont pas pré-
sentés comme tels, mais qui sont à la fois actifs et toxiques
Figure 3.2
(figure 3.3), ainsi cette notion est un véritable «filet de sau-
Le principe de la définition par présentation.
vetage [71]» : elle permet de qualifier de médicament des
(Illustration par M. Guerriaud.) produits dangereux.
28
3. Les médicaments
Propriétés intrinsèques
Action pharmacologique
Action immunologique
Action métabolique Restaure Une fonction
Modifie
Corrige physiologique
Figure 3.3
Le principe de la définition par fonction.
(Illustration par M. Guerriaud.)
29
II. Les produits de santé
En réalité, ce concept de «médicament par composition» reux, du fait de sa toxicité ou de ses allégations.
n'existe pas en droit européen, c'est un artefact issu des Ainsi, les produits à la limite du médicament ou
anciennes définitions françaises. La composition peut être les produits relevant du charlatanisme deviennent
considérée comme un critère supplémentaire en faveur de des médicaments et, en conséquence, la législation
la qualification d'un produit diététique comme médicament. propre au médicament s'applique : il faut obtenir
le statut d'établissement pharmaceutique pour
être autorisé à les produire et avoir une AMM
Un médicament de par la loi pour les commercialiser.
Certains produits, bien que ne répondant pas stricto sensu Cela se traduit bien souvent par l'arrêt de la com-
à la définition du médicament, ont été catégorisés comme mercialisation du produit qui ne peut répondre
tel en raison de leur dangerosité. Ainsi, les substituts aux critères d'exigence du médicament et par une
nicotiniques ou encore les produits stables dérivés du sang condamnation pour exercice illégal de la pharmacie.
(respectivement article L. 5111-2 et L. 5111-3 du Code de la
santé publique) sont des médicaments de par la loi. Il en va
de même pour les antidotes militaires. Différents types de médicaments
Remarque
En cas de doute…
« Lorsque, eu égard à l'ensemble de ses caractéristiques, «Spécialité» et droit de l'Union
un produit est susceptible de répondre à la fois à la Au niveau européen, la notion de spécialité
définition du médicament prévue au premier alinéa pharmaceutique a été supprimée par la directive
et à celle d'autres catégories de produits régies par 2004/27/CE [73]. Cependant, cette dernière intro-
le droit communautaire ou national, il est, en cas de duit une nouvelle notion, celle de «médicaments
doute, considéré comme un médicament [63]. » à usage humain destinés à être mis sur le marché
Ainsi, on applique la définition la plus stricte, c'est-à-dire, dans les États membres et préparés industrielle
celle du médicament, afin de protéger l'intérêt des patients ment ou fabriqués selon une méthode dans laquelle
et de la santé publique. intervient un processus industriel.»
Pharmacopée
ou
Formulaire national
Figure 3.4
Points clefs d'une préparation officinale.
(Illustration par M. Guerriaud.)
31
II. Les produits de santé
Exemple
Préparation du formulaire national : le cérat de Galien [79]
La préparation satisfait à la monographie Préparations semi- Caractères
solides pour application cutanée, Pommades hydrophobes (0132). Aspect : pommade blanche à sensiblement blanche, homogène.
Odeur caractéristique de rose.
Définition
Solubilité : non miscible à l'eau.
Formule :
Identification
Composants Quantité Fonction Référentiel
Dispersez 2 g de cérat de Galien dans 5 mL de méthanol R.
Cire d'abeille blanche 13,00 g Épaississant Ph. Eur. Ajoutez 1 mL d'acide sulfurique R. Mélangez avec précaution et
Huile d'amande 53,50 g Adoucissant Ph. Eur. enflammez. Le mélange brûle en donnant une flamme bordée
raffinée de vert.
Le cérat de Galien satisfait à l'essai de perte à la dessiccation
Borax 0,50 g Conservateur Ph. Eur.
(voir Essai).
Eau aromatisée de 33,00 g Solvant et Ph. Fr.
rose aromatisant Essai
Homogénéité : Étalez 0,2 g environ de cérat de Galien entre deux
Préparation lames de verre ; aucune particule n'est visible.
Précautions : ne pas chauffer à une température supérieure à Perte à la dessiccation (2.2.32) : 28,0 pour cent à 38,0 pour cent,
50 °C. déterminé à 105 °C pendant 4 heures.
Dans une capsule, faites fondre au bain-marie à 50 °C la cire
Étiquetage
d'abeille blanche dans l'huile d'amande. Versez dans un mortier,
L'étiquette indique le ou les excipients à effet notoire présents
préalablement chauffé à la température appropriée, puis agitez
figurant sur la liste en vigueur. Le cérat de Galien est contre-
avec un pilon préalablement chauffé à la même température.
indiqué chez l'enfant de moins de 3 ans.
Dissolvez le borax dans l'eau aromatisée de rose. Incorporez
cette dernière solution par petites fractions au mélange huileux Classe thérapeutique
précédent en agitant énergiquement jusqu'à obtention d'une Usage dermatologique : émollient et protecteur. Classe ATC :
masse homogène. Conditionnez en tube ou en pot. D02A C (paraffine et produits gras).
32
3. Les médicaments
Dr X le X/X/X
Monsieur, Madame
Figure 3.5
Points clefs d'une préparation magistrale.
(Illustration par M. Guerriaud.)
33
II. Les produits de santé
■
aristoloches (décret n° 98-397 du 20 mai 1998, L'étiquetage des préparations est réglementé (figure 3.6) ;
décision du 29 janvier 2001) ; il est prévu par le décret n° 2012-1201 du 29 octobre 2012
■
phénylpropanolamine (décision du 31 août codifié à l'article R. 5121-146-2 et par l'article R. 5132-15.
2001) ;
■
kava, Piper methysticum (décision 26 mars 2003) ;
■
tiratricol (décision du 8 octobre 2003) ; Remarque
■
éphédrine, Ephedra sp. ou Ma Huang (décision
du 8 octobre 2003) ; Importance de l'étiquetage et remède secret
■
poudre ou extraits de thyroïde, hormones thy- L'étiquetage est important pour le patient, mais il
roïdiennes ou dérivés d'hormones thyroïdiennes revêt aussi un caractère de protection vis-à-vis de
(décision du 17 mai 2006) ; la qualification de remède secret.
■
rimonabant (décision du 2 mai 2007) ; Le remède secret est une pratique interdite défi-
■
sibutramine (décision du 20 juillet 2007) ; nie, selon l'article R. 5125-57, comme un médica-
■
Garcinia cambodgia, Hoodia gordonii, Citrus ment, simple ou composé, détenu en vue de la
aurantium L. spp. amara (décision du 12 avril 2012). vente, mise en vente ou vendu, alors qu'une ou
plusieurs des mentions ont été omises sur un des
En ligne éléments de son conditionnement comme le nom
Exemple d'étiquetage réalisé par l'ANSM (http://ansm. et l'adresse du pharmacien et/ou le nom et la dose
sante.fr/content/download/47587/613925/version/1/file/ de chacune des substances actives contenues dans
Etiquetage_LogigrammeA_Mars2013.pdf) : le produit préparé.
Voie orale,
sublinguale ou
perlinguale
UNIQUEMENT SUR ORDONNANCES
RESPECTER LES DOSES PRESCRITES
Autres voies
d’administration
NE PAS AVALER NE PAS AVALER
UNIQUEMENT SUR ORDONNANCES
RESPECTER LES DOSES PRESCRITES
Figure 3.6
Étiquetage des préparations.
Les encarts «Respecter les doses prescrites» et «Ne pas avaler» sont imprimés en caractère gras et noirs sur fond rouge, comme prévu
aux articles R. 5121-146-2 et R. 5132-15 du code de la santé publique.
(Illustration par M. Guerriaud.)
34
3. Les médicaments
Dr X le X/X/X
Monsieur, Madame
PUI
Figure 3.7
Points clefs d'une préparation hospitalière.
(Illustration par M. Guerriaud.)
35
II. Les produits de santé
Figure 3.8
Les caractéristiques d'un médicament générique.
(Illustration par M. Guerriaud.)
36
3. Les médicaments
37
II. Les produits de santé
Allergènes préparés spécialement l la trousse comme «toute préparation qui doit être
pour un seul individu reconstituée ou combinée avec des radionucléides dans le
produit radiopharmaceutique final». Il s'agit d'une façon
Il existe une catégorie spéciale d'allergènes appelés
schématique d'un vecteur.
APSI («Allergènes préparés spécialement pour un seul
En pratique, on distinguera la spécialité radiopharma-
individu»), ces allergènes étant utilisables notamment
ceutique de la préparation radiopharmaceutique.
pour la désensibilisation. Ils se fabriquent à partir d'une
préparation mère après extraction de l'allergène, sur
La « spécialité radiopharmaceutique »
prescription médicale et pour un patient donné.
La spécialité radiopharmaceutique, comme la spécialité
Les médicaments «classique», est préparée à l'avance par l'industriel qui la
commercialise ; elle est prête à l'emploi.
radiopharmaceutiques
Remarque
Point clé
Exemple de spécialité radiopharmaceutique
Définition du médicament
radiopharmaceutique Flucis® ([18F]-fludésoxyglucose ou FDG) est
destiné à la tomographie par émission de posi-
Le médicament radiopharmaceutique est défini tons (PET-scan) en cancérologie. Dans ce médi-
à l'article L. 5121-1 du Code de la santé publique cament, le précurseur est le fluor 18 produit
comme «tout médicament qui, lorsqu'il est prêt à par cyclotron et le vecteur un hexose qui, après
l'emploi, contient un ou plusieurs isotopes radio une série de réactions chimiques, produit le
actifs, dénommés radionucléides, incorporés à des FDG. L'industriel fait le marquage et envoie au
fins médicales [78]». Il faut comprendre donc qu'il service de médecine nucléaire concerné le pro-
s'agit d'un produit radioactif de qualité pharma- duit prêt à l'emploi, injecté ensuite au patient à
ceutique utilisé à des fins médicales. Ce produit une heure H (en fonction des date et heure de
est radioactif du fait qu'il contient un isotope calibration).
radioactif ou radionucléide d'origine naturelle ou
artificielle [84].
La « préparation radiopharmaceutique »
Ces médicaments radiopharmaceutiques font partie
La préparation radiopharmaceutique est une préparation
intégrante du monopole pharmaceutique au titre de l'ar-
qui est créée soit avec un générateur produisant un
ticle L. 4211-1 et peuvent être des spécialités ou des pré-
précurseur (par exemple, sous forme d'un éluat) qu'on
parations. Concernant les préparations, l'article L. 5125-1-1
associe à une trousse, soit avec un précurseur acheté prêt à
interdit aux officines de les réaliser ; en effet, seules des PUI
l'emploi qu'on associe à une trousse.
autorisées par l'Autorité de sûreté nucléaire le peuvent.
Pour pouvoir créer ces radio-médicaments, il est nécessaire
de disposer de trois éléments que l'on peut combiner entre
eux : un générateur, une trousse, un précurseur. Ainsi, on définit : Remarque
l le générateur comme «tout système contenant un
radionucléide parent déterminé […] servant à la production Exemple de préparation
d'un radionucléide de filiation obtenu par élution ou par radiopharmaceutique
toute autre méthode et utilisé dans un médicament radio- Un générateur contenant du 99Mo va produire
pharmaceutique». Il s'agit d'un dispositif qui, à partir d'un un précurseur 99mTc (sous la forme d'une solution
radionucléide père, génère un radionucléide fils ; de pertechnétate de sodium) qui, associé à une
l le précurseur comme «tout autre radionucléide produit trousse contenant des agrégats d'albumine, va
pour le marquage radioactif d'une autre substance avant produire une préparation radiopharmaceutique
administration». Il s'agit d'une façon schématique d'un qui sera un agent scintigraphique pour l'évalua-
marqueur ; tion de la perfusion pulmonaire.
38
3. Les médicaments
Le texte ne définit pas à quoi correspond la notion Les médicaments à base de plante
de « souche homéopathique » mais celle-ci est définie
par la pharmacopée européenne dans sa huitième édi-
Point clé
tion comme « des substances, produits ou préparations
utilisés comme matières premières pour la fabrication des
Définition du médicament à base de plante
préparations homéopathiques. Dans le cas de matières
premières d'origine végétale, animale ou humaine, il s'agit Les médicaments à base de plantes sont définis
généralement d'une teinture mère ou d'un macérat glycé- comme «tout médicament dont les substances
riné ; dans le cas de matières premières d'origine chimique actives sont exclusivement une ou plusieurs subs
ou minérale, il s'agit généralement de la substance tances végétales ou préparations à base de plantes
elle-même [85] ». ou une association de plusieurs substances végétales
ou préparations à base de plantes [78]».
Procédures
Il faut distinguer le «médicament homéopathique» (par Il faut se reporter à l'article R. 5121-1 pour comprendre
exemple, Arnica 9CH) de la «spécialité pharmaceutique certaines notions [74] :
homéopathique» (par exemple, Stodal®). l «substance végétale» : «L'ensemble des plantes, par-
ties de plantes, algues, champignons, lichens, principalement
Le médicament homéopathique : l'enregistrement entiers, fragmentés ou coupés, utilisés en l'état, desséchés ou
simplifié frais, ainsi que certains exsudats n'ayant pas subi de traite-
Il n'y a pas besoin d'AMM pour le médicament ments spécifiques ; les substances végétales sont précisément
homéopathique, mais besoin d'un enregistrement simplifié. définies par la partie de la plante utilisée et la dénomination
Cette procédure est définie à l'article L. 5121-13. Cependant, botanique selon le système à deux mots — genre, espèce,
il faut respecter un certain nombre de dispositions pour variété et auteur.»
bénéficier de ce statut : l «préparation à base de plantes» : «Les préparations
l il faut que le médicament soit d'administration par voie obtenues par traitement de substances végétales, tel que
orale ou externe ; l'extraction, la distillation, l'expression, le fractionnement, la
l il ne faut pas que l'indication thérapeutique soit men- purification, la concentration ou la fermentation ; elles com-
tionnée ni sur l'étiquetage ni dans toute information rela- prennent les substances végétales concassées ou pulvérisées,
tive au médicament ; les teintures, les extraits, les huiles essentielles, les jus obtenus
l il faut que le degré de dilution garantisse l'innocuité du par pression et les exsudats traités.»
médicament. Il existe par ailleurs une distinction entre le «médica-
Si ces conditions sont respectées, alors il faut procéder à ment à base de plante» et le «médicament traditionnel à
un enregistrement auprès de l'ANSM. base de plante».
Le médicament traditionnel à base de plantes doit
La spécialité pharmaceutique homéopathique : répondre à un certain nombre de critères qui lui permettent,
procédure d'AMM simplifiée entre autres, d'avoir une procédure d'AMM simplifiée que
Dans le cas de figure où l'on a une spécialité l'on appelle «enregistrement de l'usage traditionnel [86]» :
pharmaceutique homéopathique, il existe une procédure l ils sont conçus pour être utilisés sans l'intervention d'un
d'AMM dite simplifiée. Cette procédure, décrite à médecin à des fins de diagnostic, de prescription ou de
l'article R. 5121-28 5° et précisée à l'article R. 5121-31, suivi du traitement ;
permet de se passer d'essais précliniques et cliniques l ils sont exclusivement destinés à être administrés selon
si le demandeur peut « démontrer par référence détaillée un dosage et une posologie spécifiés ;
à la littérature publiée et reconnue dans la tradition de l ils sont administrés par voie orale, externe ou par
la médecine homéopathique pratiquée en France que inhalation ;
l'usage homéopathique du médicament ou des souches l la durée d'usage traditionnel est écoulée (trente ans) ;
homéopathiques le composant est bien établi et présente l les données sur l'usage traditionnel du médicament sont
toutes garanties d'innocuité ». suffisantes.
40
3. Les médicaments
Les médicaments orphelins À noter que ce statut ne peut être accordé que
pour un médicament nouveau dont l'AMM n'a pas
La notion de médicament orphelin dépend directement de encore été accordée (arrêt du Tribunal de l'Union
l'existence de maladies rares. La question est de savoir à partir européenne du 9 septembre 2010, affaire T-264/07,
de combien de patients une maladie devient rare. L'Union CSL Behring GmbH c/Commission.) [88].
européenne a fixé dans le règlement (CE) 141/2000 [87]
qu'un médicament orphelin est un médicament permettant
de diagnostiquer, prévenir ou traiter une maladie dont le
Maladies rares ou orphelines
nombre de patients atteint est inférieur à un seuil de cinq
personnes sur dix mille : une «affection entraînant une À ce jour, on compte environ 7 000 maladies rares (définies
menace pour la vie ou une invalidité chronique ne touchant en Europe comme ayant un nombre de patients inférieur à
5 patients sur 10 000 à un moment donné) qui touchent 4
pas plus de cinq personnes sur dix mille [87]». Mais comme
à 6 % des individus, soit environ 3 millions de Français [89].
ce nombre est arbitraire, le règlement précise que sont
Si la quasi-totalité des maladies génétiques est classifiée
aussi des médicaments orphelins les médicaments qui comme maladies rares, l'inverse n'est pas vrai : une maladie
diagnostiquent, préviennent ou traitent «une maladie rare n'est pas forcément génétique [90]. À titre d'exemple
mettant la vie en danger, une maladie très invalidante ou une (site officiel de référence sur les maladies orphelines : www.
affection grave et chronique, et qu'il est peu probable que, orpha.net), on peut citer quelques maladies rares comme
en l'absence de mesures d'incitation, la commercialisation de les maladies lysosomales (maladie de Pompe, de Fabry, de
ce médicament dans la Communauté génère des bénéfices Gaucher), les amyloses, les cancers rares, la progéria, etc.
suffisants pour justifier l'investissement nécessaire [87]».
41
II. Les produits de santé
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Figure 3.9
Le cycle de vie du médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.)
42
3. Les médicaments
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 3
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
correspond(ent) à un type de définition du médicament ? correspond(ent) à la spécialité pharmaceutique ?
A Présentation. A Préparée à l'avance.
B Structuration. B Conditionnement particulier.
C Dénomination. C Dénomination spéciale.
D Construction. D Pour un patient donné.
E Fonction. E Nécessite une AMM.
QCM 2 QCM 4
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond(ent) à Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
(aux) action(s) issue(s) du concept de médicament par présentation ? correspond(ent) à au médicament générique ?
A Action pharmacologique. A Les formes orales sont équivalentes entre elles.
B Action mécanique. B La composition quantitative n'est pas la même.
C Action immunologique. C Il ne peut pas avoir de nom de fantaisie.
D Action métabolique. D La bioéquivalence doit être démontrée.
E Action neurologique. E C'est une spécialité pharmaceutique.
▲
43
II. Les produits de santé
▲
QCM 5 C L'AMM.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond(ent) D Les brevets.
à la phase de préparation dans le cycle de vie du médicament ? E L'information.
A Recherche.
B Essais cliniques.
44
Chapitre 4
Les dispositifs médicaux
PLAN DU C HAPITRE
Définition 46
Différents types de dispositifs médicaux 48
Classification des dispositifs médicaux 49
Le marquage CE 51
Remboursement des dispositifs médicaux 56
Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
II. Les produits de santé
Maladie
Logiciels • Prévention
• Diagnostic
• Contrôle
• Traitement
Accessoires • Atténuation
Blessure, handicap
• Diagnostic
• Contrôle
• Traitement
Matière ou • Atténuation
produit • Compensation
tio n
u e n a s s o ci a
Contraception
Se
Équipement • Maîtrise
Anatomie, processus
Appareil physiologique
• Étude
• Remplacement
Instrument • Modification
Figure 4.1
Définition d'un dispositif médical.
(Illustration par M. Guerriaud.)
46
4. Les dispositifs médicaux
exécuter ou favoriser une opération (dans une technique, La notion de «fins médicales» est définie à l'article
un art, une science) [93].» On pensera bien sûr à un instru- R. 5211-1 : «Ces dispositifs sont destinés à être utilisés à des
ment chirurgical comme un bistouri ou à un instrument de fins :
mesure comme un tensiomètre ; 1 De diagnostic, de prévention, de contrôle, de traitement ou
l « un appareil » : on considère qu'un appareil est plus d'atténuation d'une maladie ;
complexe qu'un instrument puisqu'un appareil peut être 2 De diagnostic, de contrôle, de traitement, d'atténuation ou
constitué d'instruments : «Ensemble d'instruments, d'outils, de compensation d'une blessure ou d'un handicap ;
de dispositifs employés pour mener à bien une tâche ; machine 3 D'étude, de remplacement ou de modification de l'anato-
complexe [93].» On pensera bien sûr aux appareils de cor- mie ou d'un processus physiologique ;
rection auditive, mais cela est bien plus vaste, puisqu'un 4 De maîtrise de la conception [92].»
appareil est synonyme de machine complexe, ainsi une Ainsi, le dispositif médical peut agir sur :
IRM, un scanner, un échographe sont des appareils ; l « une maladie » : cette notion complexe aux contours
l «un équipement» : c'est un morceau d'un instrument flous a déjà été abordée dans la partie médicament (cf. «Un
ou d'un appareil : «Ensemble des accessoires ou des dispositifs médicament par présentation» au chapitre 3). On constate
auxiliaires nécessaires au bon fonctionnement d'un instrument que le dispositif médical peut permettre :
ou d'une machine [93].» Il peut s'agir aussi bien de la batterie – le diagnostic d'une maladie : un tensiomètre, qui peut
d'un lecteur de glycémie que de l'aiguille d'une seringue ; permettre la détection d'une hypertension artérielle, une
l « une matière, un produit » : la matière est une « subs- sonde-cathéter de Swan-Ganz qui permet le diagnostic
tance particulière» et le produit est une «substance issue de d'une insuffisance cardiaque ;
la nature» [93]. Ces deux termes désignent par exemple les – la prévention d'une maladie : des gants, un masque, qui
alliages dentaires ; peuvent éviter la contraction d'une maladie contagieuse
l «un accessoire» : l'accessoire est désigné à l'article ou nosocomiale, mais aussi les préservatifs qui peuvent évi-
R. 5211-4 comme «tout article qui est destiné spécifiquement ter de contracter une infection sexuellement transmissible ;
par son fabricant à être utilisé avec un dispositif médical afin – le contrôle d'une maladie : un thermomètre pour
de permettre l'utilisation de ce dispositif, conformément aux suivre l'évolution de la fièvre, un lecteur de glycémie
intentions de son fabricant». Il s'agit par exemple du matériel pour le contrôle de l'évolution d'un diabète ;
d'entretien qui est spécifique au dispositif médical, ou d'une – le traitement d'une maladie : un lithotripteur qui per-
pièce changeable du dispositif médical, comme une lame ; met de traiter des lithiases, certains neurostimulateurs
l « un logiciel » : « Ensemble des programmes, procédés qui permettent de traiter la maladie de Parkinson ;
et règles, et éventuellement de la documentation, relatifs – l'atténuation d'une maladie : des lentilles de contact
au fonctionnement d'un ensemble de traitement de don- qui permettent d'atténuer une myopie ;
nées [93].» Il s'agit par exemple des logiciels d'imagerie l « une blessure ou un handicap » : une blessure peut
médicale, des logiciels de conception des prothèses, des être une «lésion faite volontairement ou par accident à
logiciels d'analyse du rythme cardiaque. un organisme vivant à la suite d'un coup, d'un choc, d'une
brûlure, au moyen d'une arme, d'un instrument tranchant
ou contondant» ou une «souffrance morale» [93] ; le han-
La destination dicap, quant à lui, est défini dans la loi du 11 février 2005
Le dispositif médical est destiné par le fabricant à des fins comme «toute limitation d'activité ou restriction de partici-
médicales. Cette notion de destination est définie à l'article pation à la vie en société subie dans son environnement par
R. 5211-4 comme «l'utilisation à laquelle un dispositif médical une personne en raison d'une altération substantielle, durable
est destiné d'après les indications fournies par le fabricant ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, senso-
dans l'étiquetage, la notice d'instruction ou les matériels rielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap
promotionnels». Autrement dit, il s'agit de son utilisation ou d'un trouble de santé invalidant [94]» :
médicale, à l'instar des médicaments et de leur indication. – le diagnostic d'une blessure ou d'un handicap : un
appareil de radiographie permet le diagnostic d'une
Les fins médicales fracture ;
– le contrôle d'une blessure ou d'un handicap : une IRM
La notion de fins médicales est là pour définir le champ cérébrale permet le contrôle de l'évolution de certaines
d'action du dispositif médical, il s'agit d'une utilisation dans pathologies neurodégénératives, un PET-scan permet de
le cadre de la santé. vérifier l'étendue de la dissémination des métastases ;
47
II. Les produits de santé
– le traitement d'une blessure ou d'un handicap : typi- «compte tout particulièrement du mode d'action principal
quement, un pansement permet le traitement d'une du produit» :
petite blessure ; l ainsi, si on utilise un dispositif médical servant à l'admi-
– l'atténuation d'une blessure ou d'un handicap : une nistration d'un médicament et que celui-ci est lié au médi-
bombe de froid atténue les blessures à type de douleurs cament au sein d'un même conditionnement, c'est le statut
musculaires ; du médicament qui s'impose. Par exemple, une seringue
– la compensation d'une blessure ou d'un handicap : préremplie d'héparine a le statut global de médicament
une canne anglaise permet la compensation d'un déficit (figure 4.2) ;
moteur ; l en revanche, si un dispositif incorpore une substance
l « l'anatomie ou un processus physiologique » : l'ana- qui, si elle est utilisée séparément, est un composant de
tomie est définie comme «le corps tel qu'il est analysé» médicament, mais qui a une action accessoire, alors il s'agit
ou comme «la structure des organes», tandis qu'un pro- d'un dispositif médical. Par exemple, dans un ciment de
cessus physiologique pourrait se définir comme «la suite prothèse incorporant un antibiotique, l'action principale
continue de phénomènes présentant une certaine unité ou est celle du ciment, l'antibiotique n'a qu'une action acces-
une certaine régularité dans leur déroulement», dans le soire, il s'agit donc d'un dispositif médical. Il en va de même
corps humain [93] : avec un stent à libération de principe actif : en effet, certains
– l'étude de l'anatomie ou un processus physiologique : stents sont enrobés d'antimitotiques dans le but de réduire
par exemple, un appareil à fibroscopie qui permet l'étude de façon considérable le taux de resténose par rapport à un
du tractus digestif ou un Holter qui permet l'enregistre- stent normal ; l'utilisation de l'antimitotique est accessoire
ment en continu de l'électrocardiogramme pendant au par rapport à l'utilité propre du stent (figure 4.3).
moins 24 heures ;
– le remplacement de l'anatomie ou d'un processus
physiologique : le remplacement d'un os ou d'une valve Différents types de dispositifs
cardiaque par une prothèse ou l'utilisation d'un respira-
teur artificiel en remplacement de la respiration ; médicaux
– la modification de l'anatomie ou d'un processus phy-
siologique : une poche de stomie modifie le processus Les dispositifs médicaux actifs
digestif naturel, un anneau gastrique modifie l'anatomie
de l'estomac ; D'une façon schématique, ce sont les dispositifs médicaux
l « la conception » : la maîtrise de la conception, de « l'ac-
nécessitant une source d'énergie. De façon plus précise :
tion de former un enfant» [93], peut se faire par le biais de «Tout dispositif médical dépendant pour son fonctionnement
divers dispositifs médicaux comme le préservatif, les DIU au d'une source d'énergie électrique ou de toute source d'énergie
cuivre, les diaphragmes. autre que celle générée directement par le corps humain ou
par la pesanteur et agissant par conversion de cette énergie.
48
4. Les dispositifs médicaux
aussi de la durée de leur utilisation — temporaire si l'utilisation l dispositifs médicaux stériles : compresse stérile, panse-
est inférieure à une heure, court terme si l'utilisation est ment stérile ;
inférieure à un mois, long terme si l'utilisation est supérieure l dispositifs médicaux avec fonction de mesurage : ther-
Classe III
• Potentiel le plus critique de
Classe IIa risques
• Intervention obligatoire d'un
• Potentiel modéré de risques organisme notifié
• Intervention obligatoire d'un • Contrôle des stades de la
organisme notifié conception et de la
• Contrôle du stade de la fabrication
fabrication • Présuppose une autorisation
préalable explicite
sur la conformité
Classe IIb
Classe I
• Potentiel élevé de risques
• Potentiel faible de risques • Intervention obligatoire d'un
• Sous la seule responsabilité des organisme notifié
fabricants (en principe) • Contrôle des stades de la
conception et de la fabrication
Figure 4.4
Les différentes classes de dispositifs médicaux.
(Illustration par M. Guerriaud.)
50
4. Les dispositifs médicaux
comme les stents, les valves porcines, ou le système ner- de balance bénéfice-risque. Cependant, contrairement aux
veux comme les aiguilles de stéréotaxie. médicaments, les dispositifs médicaux n'ont pas besoin d'une
autorisation de mise sur le marché préalable. Néanmoins,
ces produits, au vu du danger potentiel pour la santé qu'ils
Les règles de classifications (d'après représentent, nécessitent des contrôles appropriés.
les Guidelines MEDDEV) Ainsi, l'article L. 5211-3 du Code de la santé publique
prévoit : «Les dispositifs médicaux ne peuvent être importés,
Les règles de classifications des dispositifs médicaux sont
mis sur le marché, mis en service ou utilisés, s'ils n'ont reçu,
expliquées dans les guidelines pour les dispositifs médicaux
au préalable, un certificat attestant leurs performances ainsi
(MEDDEV) [101] (figures 4.5 à 4.9).
que leur conformité à des exigences essentielles concernant la
sécurité et la santé des patients, des utilisateurs et des tiers.»
Le marquage CE
À retenir
Pourquoi un marquage CE (figure 4.10)
À l'instar des médicaments, un dispositif médical peut Marquage CE
engendrer un effet indésirable, mais il «n'est admis que s'il Article R. 5211-12 du Code de la santé publique :
présente un risque acceptable au regard des performances du «Tout dispositif médical mis sur le marché ou mis
dispositif» selon l'article R. 5211-21. On retrouve ainsi la notion en service en France est revêtu du marquage CE.»
Figure 4.5
DM non invasifs.
51
II. Les produits de santé
Figure 4.6
DM invasifs dans les orifices mais non chirurgicaux.
Seuls sont exonérés de cette obligation les dispositifs Autrement dit, deux possibilités :
médicaux sur mesure et ceux destinés à la recherche bio- l soit le dispositif est à faible risque et alors le fabricant
médicale ou aux investigations cliniques. peut lui-même établir le certificat de conformité ;
l soit le dispositif présente un degré certain de risque et alors il
52
4. Les dispositifs médicaux
Classe IIb
Figure 4.7
DM invasifs chirurgicaux.
53
II. Les produits de santé
Classe IIb
Classe IIb
Figure 4.8
DM actifs.
Figure 4.9
Règles spéciales.
54
4. Les dispositifs médicaux
Figure 4.10
Le marquage CE, tel que prévu par la directive 93/42/CEE [100].
• Le fabricant établit • Le fabricant soumet • Le fabricant soumet • Le fabricant soumet • Le fabricant établit
une documentation à la vérification d'un au contrôle d'un les dispositifs une documentation
technique organisme habilité le organisme habilité fabriqués au contrôle spécifique
permettant d'évaluer système de qualité un échantillon d'un organisme
la conformité du qu'il a mis en place représentatif, habilité
dispositif médical pour la conception dénommé type, de la
aux exigences et/ou la fabrication production envisagée
essentielles et/ou le contrôle afin que celui-ci
final des dispositifs vérifie que cet
médicaux échantillon satisfait
aux exigences
essentielles
Figure 4.11
Procédures de marquage CE.
(Illustration par M. Guerriaud.)
55
II. Les produits de santé
56
4. Les dispositifs médicaux
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 2
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt)
correspond(ent) à la définition d'un dispositif médical ? le dispositif médical ?
A La destination est faite par le fabricant. A Il a une AMM.
B L'action est obtenue par des moyens pharmacologiques. B Le remboursement se fait sur inscription de la liste LPP.
C Il est utilisé à des fins médicales. C Il existe cinq classes de dispositifs médicaux en fonction de
D Un logiciel peut être un dispositif médical. leur dangerosité.
E Un produit d'origine humaine peut être un dispositif médical. D Le marquage CE est facultatif.
E Le patient peut avoir un dépassement à payer sur certains
dispositifs médicaux.
▲
57
II. Les produits de santé
▲
58
Chapitre 5
Les compléments alimentaires
PLAN DU C HAPITRE
Définition 60
Composition 60
Étiquetage 61
Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
II. Les produits de santé
■
Prérequis : effet, il ne s'agit pas de compléter le régime alimentaire
– notions de droit pharmaceutique (PACES). d'un malade ; pour cela, il existe les «aliments diététiques
■
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant destinés à des fins médicales spéciales» (ADDFMS, cf.
sera capable de : chapitre 20) ;
« constituent une source concentrée de nutriments
– définir le complément alimentaire ;
– énumérer les types d'ingrédients composant les ou d'autres substances» : les nutriments regroupent les
compléments alimentaires ; vitamines et les minéraux ; quant aux autres substances,
– décrire les critères de qualité et de sécurité des elles sont chimiquement définies et possèdent des proprié-
ingrédients ; tés nutritionnelles ou physiologiques.
– décrire l'étiquetage et les mentions obligatoires
y figurant.
Les compléments alimentaires ne sont pas des produits de Composition (figure 5.2)
santé du point de vue juridique ; pourtant, dans les faits,
ils se situent à la frontière entre la denrée alimentaire et le
médicament (figure 5.1). À ce titre, il est parfois difficile de
Les nutriments
faire la différence entre un complément alimentaire et un En ce qui concerne les nutriments, l'Union européenne a
médicament, voire un autre produit de santé. établi une liste positive (tableau 5.1) ; autrement dit, seuls
ceux inscrits sur cette liste sont autorisés.
Définition Pour que d'autres ingrédients soient inscrits sur la liste
positive, il y a deux possibilités :
Point clé soit faire une demande par lettre recommandée à la
Figure 5.1
De la denrée alimentaire au médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.)
60
5. Les compléments alimentaires
exclues celles possédant des propriétés pharmacologiques Qualité et sécurité des ingrédients
et destinées à un usage exclusivement thérapeutique.
Seules les plantes libéralisées (cf. «Plantes médicinales» Les ingrédients ne peuvent être employés dans la fabrica-
au chapitre 20) peuvent être incorporées. tion des compléments alimentaires que s'ils conduisent à
la fabrication de produits sûrs, non préjudiciables à la santé
des consommateurs, comme cela est établi par des don-
nées scientifiques généralement acceptées.
Les nutriments et
autres substances Pureté
Ces ingrédients doivent répondre à des critères d'identité
et de pureté (tableau 5.2). Ces critères sont fixés soit par
l'arrêté du 2 octobre 1997 susvisé soit par la pharmacopée
Les additifs, les
arômes et les
soit aux normes suivantes (arrêté du 9 mai 2006).
auxiliaires Les plantes et les
technologiques Ingrédients préparations de
dont l'emploi est plantes Teneur maximale admissible :
autorisé en
alimentation dose journalière
L'utilisation des substances vitaminiques et minérales ne
doit pas conduire à un dépassement des doses journalières
Les autres
ingrédients (tableau 5.3), compte tenu de la portion journalière de pro-
d'utilisation en
alimentation
duit recommandée par le fabricant telle qu'elle est indiquée
humaine dans l'étiquetage.
Figure 5.2
Les ingrédients des compléments alimentaires. Étiquetage
(Illustration par M. Guerriaud.)
Pas de confusion
Tableau 5.1. Les nutriments (vitamines et minéraux)
avec le médicament
pouvant être utilisés pour la fabrication de compléments Pour le consommateur, aucune confusion avec le médica-
alimentaires selon la directive 2002/46/CE modifiée ment ne doit être possible. Ainsi, l'étiquetage des complé-
par la directive 2006/37/CE
ments alimentaires, leur présentation et la publicité qui en
Vitamines Minéraux est faite ne doivent pas faire état de propriétés de préven-
Vitamine A (μg ER) Calcium (mg) tion, de traitement ou de guérison d'une maladie humaine.
Vitamine D (μg) Magnésium (mg)
Vitamine E (mg Εα-T) Fer (mg)
Vitamine K (μg) Cuivre (μg)
Vitamine B1 (mg) Iode (μg) Tableau 5.2. Teneurs maximales en impuretés selon l'arrêté
Vitamine B2 (mg) Zinc (mg) du 9 mai 2006
Niacine (mg NE) Manganèse (mg)
Impuretés Teneurs maximales
Acide pantothénique (mg) Sodium (mg)
Vitamine B6 (mg) Potassium (mg) Arsenic 2 milligrammes par
Acide folique (μg) Sélénium (μg) kilogramme
Vitamine B12 (μg) Chrome (μg) Plomb 5 milligrammes par
Biotine (μg) Molybdène (μg) kilogramme
Vitamine C (mg) Fluorure (mg)
Chlorure (mg) Mercure 1 milligramme par
Phosphore (mg) kilogramme
Bore (mg) Cadmium 1 milligramme par
Silicium (mg) kilogramme
61
II. Les produits de santé
Tableau 5.3. Doses journalières maximales selon l'arrêté la quantité des nutriments ou des autres substances sous
du 9 mai 2006 forme numérique (avec un pourcentage par rapport à la
Vitamines et minéraux Doses journalières maximales valeur recommandée) ;
la portion journalière de produit dont la consommation
Vitamine A 800 μg
est recommandée ;
Vitamine D 5 μg un avertissement indiquant qu'il est déconseillé de
62
5. Les compléments alimentaires
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Le plomb.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond D Le cadmium.
(ent) à un nutriment ? E L'aluminium.
A La vitamine B1.
QCM 4
B La vitamine A.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
C Le ginseng.
correspond(ent) à une mention obligatoire sur un complé-
D Le chrome.
ment alimentaire ?
E La gelée royale.
A Les effets indésirables.
QCM 2 B La quantité de nutriments sous forme de pourcentage.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond C Un avertissement indiquant qu'il est déconseillé de dépas-
(ent) à une autre substance ? ser la dose journalière indiquée.
A Le gingembre. D Un avertissement indiquant que les produits doivent être
B La niacine. tenus hors de la portée des jeunes enfants.
C Le Ginkgo biloba. E La pathologie traitée.
D Le cuivre.
QCM 5
E Le fer.
Un complément alimentaire peut-il mentionner des proprié-
QCM 3 tés de prévention ou de guérison d'une maladie ?
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) A Oui.
correspond(ent) à une impureté surveillée ? B Non.
A L'arsenic.
B Le palladium.
63
Chapitre 6
Les cosmétiques
P LAN D U CHA PI T RE
Définition 65
Composition 65
Mise sur le marché et exploitation 66
Étiquetage 66
Sécurité des cosmétiques 66
Droit pharmaceutique
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6. Les cosmétiques
Prérequis et objectifs Tableau 6.1. Liste des catégories des produits cosmétiques
fixée par l'arrêté du 30 juin 2000
■
Prérequis : – Crèmes, émulsions, lotions, gels et huiles pour la peau
– notions de droit pharmaceutique (PACES). (mains, visage, pieds, notamment)
■
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant – Masques de beauté, à l'exclusion des produits d'abrasion
sera capable de : superficielle de la peau par voie chimique
– définir les cosmétiques ; – Fonds de teint (liquides, pâtes, poudres)
– Poudres pour maquillage, poudres à appliquer après le bain,
– énumérer les types d'ingrédients composant les
poudres pour l'hygiène corporelle et autres poudres
cosmétiques ;
– Savons de toilette, savons déodorants et autres savons
– décrire le mode de mise sur le marché de ces – Parfums, eaux de toilette et eaux de Cologne
produits ; – Préparations pour le bain et la douche (sels, mousses, huiles,
– décrire l'étiquetage et les mentions obligatoires gel et autres préparations)
y figurant. – Dépilatoires
– Déodorants et antisudoraux
– Produits de soins capillaires
Définition – Teintures capillaires et décolorants
– Produits pour l'ondulation, le défrisage et la fixation
– Produits de mise en plis
Point clé – Produits de nettoyage (lotions, poudres, shampooings)
– Produits d'entretien pour la chevelure (lotions, crèmes,
huiles)
Définition des cosmétiques – Produits de coiffage (lotions, laques, brillantines)
Les produits cosmétiques (figure 6.1, tableau 6.1) – Produits pour le rasage (savons, mousses, lotions et autres
sont définis à l'article L. 5131-1 du Code de la santé produits)
publique comme «toute substance ou mélange – Produits de maquillage et démaquillage du visage et des
destiné à être mis en contact avec les diverses par- yeux
ties superficielles du corps humain, notamment – Produits destinés à être appliqués sur les lèvres
– Produits pour soins dentaires et buccaux
l'épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les
– Produits pour les soins et le maquillage des ongles
ongles, les lèvres et les organes génitaux externes, ou – Produits pour les soins intimes externes
avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, – Produits solaires
exclusivement ou principalement, de les nettoyer, – Produits de bronzage sans soleil
de les parfumer, d'en modifier l'aspect, de les proté- – Produits permettant de blanchir la peau
ger, de les maintenir en bon état ou de corriger les – Produits antirides
odeurs corporelles».
Composition
Plusieurs points sont à détailler :
l une « substance » est « un élément chimique et ses La composition des cosmétiques est réglementée par un
composés à l'état naturel ou obtenus par un processus de certain nombre de listes positives ou négatives (article
fabrication, y compris tout additif nécessaire pour en pré- R. 5131-3 du Code de la santé publique) :
server la stabilité et toute impureté résultant du processus l liste des substances qui ne peuvent entrer dans la com-
mis en œuvre, mais à l'exclusion de tout solvant qui peut être position des produits cosmétiques ;
séparé sans affecter la stabilité de la substance ou modifier sa l liste des substances qui ne peuvent être utilisées dans les
«notamment», ce qui signifie que d'autres parties sont pos- produits cosmétiques ;
sibles ; le terme superficiel exclut classiquement le risque l liste des filtres ultraviolets que peuvent contenir les pro-
Parties superficielles
du corps humain notamment :
les
systèmes
l'épiderme
pileux et
capillaire
• Nettoyer
• Parfumer
• Modifier l'aspect
Substances • Protéger
les ongles les lèvres • Maintenir en bon état
• Corriger les odeurs
corporelles
Figure 6.1
Les cosmétiques en images.
(Illustration par M. Guerriaud.)
avant fin») ;
L'ouverture et l'exploitation de tout établissement de fabri- l les précautions particulières d'emploi ;
cation ou de conditionnement de produits cosmétiques l le numéro de lot de fabrication ;
sont subordonnées à une déclaration auprès de l'ANSM l la fonction du produit, sauf si cela ressort de la présenta-
(article L. 5131-2 du Code de la santé publique). tion du produit ;
Le fabricant doit bénéficier d'une « personne res- l la liste des ingrédients dans l'ordre décroissant de leur
ponsable » qui garantit, pour chaque produit cosmé- importance pondérale (en dénomination commune).
tique mis sur le marché, la conformité aux obligations
réglementaires.
Cette personne responsable veille à ce que soient établis
un rapport sur la sécurité du produit cosmétique et un rap- Sécurité des cosmétiques
port d'information sur le même produit.
Un produit cosmétique est considéré comme sûr pour la
santé humaine lorsqu'il est utilisé dans des conditions d'uti-
lisation normales ou raisonnablement prévisibles, compte
Étiquetage tenu notamment des éléments suivants : sa présentation,
son étiquetage, les instructions concernant l'utilisation et
Le récipient et l'emballage de chaque unité de produits cos- l'élimination ; et toute autre indication ou information éma-
métiques comportent les indications suivantes, inscrites de nant de la personne responsable.
manière à être facilement lisibles, clairement compréhen- L'Agence nationale de sécurité du médicament et des
sibles et indélébiles : produits de santé publie les principes de bonnes pratiques
l le nom et l'adresse du fabricant ;
de laboratoire concernant les cosmétiques (L. 5131-4 du
l l'indication du pays d'origine (si hors UE) ;
Code de la santé publique).
66
6. Les cosmétiques
L'essentiel à retenir ■
L'ouverture et l'exploitation d'un établissement
fabriquant ou conditionnant des produits cos-
■
Un cosmétique est destiné à être mis en contact métiques nécessitent une déclaration préalable
avec les diverses parties superficielles du corps auprès de l'ANSM.
humain en vue, exclusivement ou principalement, ■
Le fabricant doit bénéficier d'une «personne
de les nettoyer, de les parfumer, d'en modifier responsable».
l'aspect, de les protéger, de les maintenir en bon ■
L'étiquetage des produits cosmétiques com-
état ou de corriger les odeurs corporelles. porte des mentions obligatoires.
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Il faut une personne avec le diplôme d'État de docteur en
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond pharmacie.
(ent) à une partie superficielle du corps humain ? D Il faut une déclaration d'ouverture préalable.
A Les ongles. E Il faut une personne «responsable».
B Les lèvres.
QCM 4
C L'hypoderme.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) ne corres-
D Les gencives.
pond (ent) pas à des produits cosmétiques ?
E Les amygdales.
A Démaquillant.
QCM 2 B Déodorant.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond C Capsules solaires.
(ent) à des produits cosmétiques ? D Mousse à raser.
A Un shampooing. E Savons intimes.
B Une crème antirides.
QCM 5
C Une crème anti-acné.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne
D Un autobronzant.
(nt) l'étiquetage des produits cosmétiques ?
E Un antiseptique.
A Il doit mentionner le contenu en masse ou volume.
QCM 3 B Il doit mentionner les précautions d'emploi.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond C Il doit mentionner le nom de la personne responsable.
(ent) à la production des produits cosmétiques ? D Le numéro de lot est facultatif.
A Il faut une personne «qualifiée». E Il doit être indélébile.
B Il faut une AMM.
67
Chapitre 7
La pharmacovigilance
PLAN DU C HAPITRE
Vue d'ensemble des vigilances sanitaires 72
Étude particulière de la pharmacovigilance 72
Droit pharmaceutique
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III. Les vigilances
Prérequis et objectifs des actions d'alerte et de prévention ; elle a été instaurée par
la loi de modernisation de notre système de santé de 2016.
■
Prérequis :
– notions de droit pharmaceutique (PACES).
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant
Étude particulière
■
sera capable de :
– citer les différents types de vigilances sanitaires
en France ;
de la pharmacovigilance
– donner la définition de la pharmacovigilance ;
– décrire les différents acteurs de la pharmacovi- Création de la pharmacovigilance
gilance, les rôles respectifs et les obligations de ces
derniers. C'est la succession des crises concernant le médicament
(Stalinon®, thalidomide, Distilbène®, sels de bismuth…)2
qui va inciter à la création de la pharmacovigilance.
Vue d'ensemble Dès janvier 1963, l'OMS encourageait ses États
membres à faire remonter des informations sur des
des vigilances sanitaires médicaments ayant provoqué des réactions fâcheuses.
En 1965, l'OMS lance un projet expérimental d'un centre
Afin d'assurer la sécurité du patient ont été créées de nom- mondial qui fut installé en 1968 à Washington DC puis
breuses vigilances sanitaires, celles-ci sont coordonnées par qui sera transféré en 1970 à Genève et enfin installé dans
l'ANSM : la ville d'Uppsala en Suède.
l la pharmacovigilance (médicaments) ; En France seront créés, fin 1972, les six premiers centres
l l'hémovigilance (produits sanguins labiles) ; hospitaliers de pharmacovigilance (CHP) à la demande de
l la matériovigilance (dispositifs médicaux) ; la DGS sur les recommandations de l'OMS.
l la réactovigilance (dispositifs médicaux de diagnostic En 1973, le Centre national de pharmacovigilance voit
in vitro) ; le jour sous l'impulsion conjointe de l'Ordre des pharma-
l la pharmacodépendance (stupéfiants et psychotropes) ; ciens, de l'Ordre des médecins, des centres antipoison et du
l la cosmétovigilance (produits cosmétiques ou d'hygiène Syndicat national de l'industrie pharmaceutique.
corporelle). Ces structures pilotes seront officialisées par l'arrêté du
Très récemment, la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de 2 décembre 1976 du ministère de la Santé, mais il faudra
modernisation de notre système de santé a attribué la bio- attendre la loi du 7 juin 1980, dite «loi Talon», pour voir appa-
vigilance (le lait maternel, les organes, les tissus, les cellules raître pour la première fois le terme de pharmacovigilance
et les préparations de thérapie cellulaire) non plus à l'ANSM dans une loi en tant que tel. Par le décret du 30 juillet 1982
mais à l'Agence de biomédecine. sera créée la Commission nationale de pharmacovigilance, et
Il existe deux autres vigilances, très récentes, qui sont les centres hospitaliers de pharmacovigilance disparaissent
pilotées par l'ANSES (Agence nationale de sécurité sani- au profit des centres régionaux de pharmacovigilance.
taire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, Le décret n° 95-278 du 13 mars 1995 a permis de préciser
ex-AFSSA) : le rôle de la pharmacovigilance et comment elle doit être
l la nutrivigilance, ou vigilance alimentaire, qui a été insti- organisée. Ce décret tient compte de l'ensemble des textes
tuée par le décret n° 2010-688 du 23 juin 2010 et est codi- européens : directive 93/39/CEE et règlement CEE 2309/93.
fiée sous l'article R. 1323-1 du Code de la santé publique ; C'est la directive 93/39/CEE qui, en Europe, consacrera pour
elle s'occupe tout particulièrement de la vigilance des com- la première fois la pharmacovigilance.
pléments alimentaires ;
l la toxicovigilance, qui a pour objet la surveillance et l'éva-
72
7. La pharmacovigilance
Les derniers rebondissements de l'affaire dite du ben- l le recueil, l'enregistrement, l'évaluation et l'exploita-
fluorex (Médiator®) ont incité les autorités à renforcer le tion de ces informations dans un but de prévention ou
système de pharmacovigilance. de réduction des risques et au besoin pour prendre des
mesures appropriées ;
l la réalisation de toutes études et de tous travaux concer-
La pharmacovigilance individu ;
l pour les médicaments dérivés du sang et pour les autres
«La pharmacovigilance a pour objet la surveil-
lance, l'évaluation, la prévention et la gestion du médicaments d'origine humaine, sous réserve des règles
risque d'effet indésirable résultant de l'utilisation particulières prévues pour ces médicaments par le 14° de
des médicaments et produits mentionnés à l'article l'article L. 5121-20 ;
l pour les médicaments mentionnés à l'article L. 5121-9-1
L. 5121-1.» Cette définition, apportée par la loi du
29 décembre 2011, s'insère dans un nouveau cha- après la délivrance de l'autorisation prévue à ce même article.
pitre dédié à la pharmacovigilance : chapitre Ibis
du titre II du livre 1er de la cinquième partie dans le
Code de la santé publique [106]. Les acteurs
À cette définition, il est utile d'ajouter la définition d'un
de la pharmacovigilance
système de pharmacovigilance : un système mis en place
La pharmacovigilance est un système qui repose sur de
afin de s'acquitter des obligations en matière de pharmaco-
nombreux acteurs interconnectés (figure 7.1) : les patients,
vigilance et visant à surveiller la sécurité des médicaments
les professionnels de santé, les industries du médicament, les
et à repérer toute modification du rapport entre leurs
centres régionaux de pharmacovigilance, l'ANSM et l'EMA.
bénéfices et leurs risques [107].
Les missions de la pharmacovigilance sont expliquées à
l'article R. 5121-151 du Code de la santé publique :
L'ANSM
l le signalement des effets indésirables suspectés d'être
L'ANSM assure la mise en place du système de pharmaco-
dus à un médicament, y compris en cas de surdosage, de vigilance en France (article L. 5121-23 du Code de la santé
mésusage, d'abus et d'erreur médicamenteuse ; publique) ; pour faire respecter ses décisions, l'Agence
73
III. Les vigilances
Eudravigilance
ANSM Code de la santé publique). En plus de ce système, le labo-
RF ratoire doit mettre en place un système de gestion des
risques (article R. 5121-163 du Code de la santé publique).
Lorsqu'une déclaration est faite à un industriel, l'article
R. 5121-166 du Code de la santé publique prévoit que
Centres régionaux celui-ci a l'obligation de déclarer, par voie électronique, à la
Industries du
de base de données européenne Eudravigilance. Cette décla-
médicament
pharmacovigilance ration immédiate se fait à l'aide du dictionnaire MedDRA®
qui permet une harmonisation internationale des termes
médicaux.
L'entreprise doit avoir une «personne qualifiée» (QPPV)
Professionnels de santé au sens entendu par l'Union européenne, en permanence dis-
ponible, et une «personne référence» soit médecin soit phar-
macien. Ces deux types de personnes doivent résider dans
Patients
l'Union européenne ou dans l'Espace économique européen.
Ces personnes collaborent entre elles pour gérer le sys-
tème de pharmacovigilance, préparer les déclarations, suivre
Figure 7.1
Organisation de la pharmacovigilance en France.
les études post-AMM, se tenir à la disposition de l'ANSM et
(Illustration par M. Guerriaud.) fournir toutes les informations nécessaires.
Le laboratoire a également l'obligation de tenir un dos-
dispose de pouvoir très important, notamment celui de la sier permanent de pharmacovigilance que l'on appelle
prise de mesures de police sanitaire. Pharmacovigilance system master file (PSMF).
L'ANSM doit donc (articles L. 5311-1, L. 5311-2 et
R. 5121-154 du Code de la santé publique) :
l assurer la mise en œuvre du système de pharmacovigilance ;
Pharmacovigilance system master file
l recueillir les informations en provenance d'Eudravigi- Le PMSF se présente sous la forme d'un document (pou-
lance (cf. infra), des centres régionaux de pharmacovigi- vant être électronique) en anglais. Il regroupera tous les
lance, des industries du médicament ; documents relatifs aux activités de vigilance, les audits et
l surveiller la gestion de risque avec l'EMA. les données clefs du médicament :
■
données sur la personne qualifiée ;
■
données sur l'organisation structurelle du titulaire
Les CRPV (centres régionaux d'AMM ;
de pharmacovigilance) ■
données concernant les sources de données de
sécurité ;
Les centres régionaux de pharmacovigilance ont pour mis- ■
données sur les systèmes informatiques employés ;
sions de recueillir les informations et notifications en prove- ■
données sur les types de processus employés ;
nance (R. 5121-158 du Code de la santé publique) : ■
donnée sur les performances du système ;
l des professionnels de santé ;
■
données sur la qualité du système.
l des patients et associations de patients ;
Ces informations sont ensuite traitées et envoyées à Il doit être actualisé, disponible en permanence en parti-
l'ANSM. culier pour les inspections ; un résumé de ce PSMF doit être
Les CRPV assurent également des missions d'expertises intégré dans chaque dossier d'AMM.
et de perfectionnement de la pharmacovigilance. Ce dossier est en quelque sorte une photographie du sys-
Il existe actuellement trente et un CRPV en France. tème de surveillance du médicament à disposition des autorités
74
7. La pharmacovigilance
L’EMA EMA
Recommandation
à la commission européenne
CHMP PRAC
• Préparation des avis de l’Agence sur toutes • Couvre tous les aspects de la gestion de
les questions concernant les médicaments risque de l’utilisation de médicaments
à usage humain • La détection, l’évaluation, minimisation et
• L’octroi, la modification, la suspension ou le la communication touchant aux effets
retrait d'une autorisation de mise sur le indésirables
marché d'un médicament à usage humain • Étudie la conception et l’évaluation de la
sécurité de post-autorisation et participe à
l’audit de pharmacovigilance
75
III. Les vigilances
L'essentiel à retenir ■
Chaque entreprise (ou organisme) qui exploite
un médicament doit avoir mis en place un sys-
■
Il existe aujourd'hui un certain nombre de tème de pharmacovigilance.
vigilances sanitaires, dont la plus connue est la ■
La déclaration des industriels se fait directement
pharmacovigilance. dans une base de données de pharmacovigilance
■
C'est la succession de crises sanitaires, du milieu européenne appelée Eudravigilance.
du xxe siècle, concernant le médicament qui va ■
Une «personne qualifiée» (QPPV) et une «per-
inciter à la création de la pharmacovigilance. sonne référence» (médecin ou pharmacien) sont
■
La pharmacovigilance a pour objet la surveillance, obligatoirement embauchées au sein des indus-
l'évaluation, la prévention et la gestion du risque d'effet tries du médicament.
indésirable résultant de l'utilisation des médicaments. ■
Le médecin, le chirurgien-dentiste, la sage-femme
■
Les principaux acteurs de la pharmacovigilance ou le pharmacien déclare immédiatement tout effet
sont : l'EMA, l'ANSM, les CRPV, les industries du indésirable suspecté d'être dû à un médicament.
médicament, les professionnels de santé, les patients.
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Eurofor.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à une vigi- D Eudrafor.
lance gérée par l'ANSES et non pas par l'ANSM ? E Poussefor.
A La pharmacovigilance.
QCM 4
B L'hémovigilance.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond
C La biovigilance.
(ent) à une possibilité de déclaration pour un patient ?
D La cosmétovigilance.
A Aux professionnels de santé.
E La nutrivigilance.
B Aux CRPV.
QCM 2 C Aux industries.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à un D À l'ANSM.
«médicament catastrophe» qui va pousser à la création de la E À l'EMA.
pharmacovigilance ?
QCM 5
A Le magnésium.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) corres-
B Le bismuth.
pond (ent) au (x) professionnel (s) ayant une obligation de
C L'antimoine.
déclaration ?
D Le molybdène.
A Les pharmaciens.
E Le vanadium.
B Les masseurs-kinesithérapeutes.
QCM 3 C Les infirmières.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond la base de D Les médecins.
données européenne de pharmacovigilance ? E Les sages-femmes.
A Eurovigilance.
B Eudravigilance.
76
Chapitre 8
Les instances administratives
et ordinales
PLAN DU C HAPITRE
L'ANSM 80
Les Agences Régionales de Santé (ARS) 83
La Haute Autorité de Santé (HAS) 83
L'Ordre des pharmaciens 84
Droit pharmaceutique
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IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
Organisation
Directions métiers et directions produits
Conseil d'administration En rupture avec l'AFSSaPS, l'ANSM a mis en place une
L'article L. 5322-1 du Code de la santé publique prévoit que structure à plusieurs dimensions avec des interactions
l'Agence est administrée par un conseil d'administration et entre les directions métiers et les directions produits
dirigée par un directeur général. (figure 8.1).
81
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
Directions Métiers
juridiques et réglementaires
Direction de la surveillance
Direction de l’évaluation
Direction de l’inspection
Direction des contrôles
Directions Produits
en hépato-gastroentérologie, en
dermatologie, et des maladies
métaboliques rares
Police sanitaire conditions prévues au présent code ou par toute autre dis-
position législative ou réglementaire visant à préserver la
L'ANSM dispose des moyens de faire appliquer ses déci- santé humaine.» Pour fonder ses décisions, l'Agence peut
sions : «Elle prend ou demande aux autorités compétentes procéder ou faire procéder à toute expertise et à tout
de prendre les mesures de police sanitaire nécessaires contrôle technique et recueillir les données scientifiques
lorsque la santé de la population est menacée, dans les et techniques nécessaires à l'exercice de ses missions. Elle
82
8. Les instances administratives et ordinales
dispose d'inspecteurs qui contrôlent l'application des lois et La Haute Autorité de Santé (HAS)
règlements, notamment l'application des règles de bonnes
pratiques.
Création
C'est avec la loi du 13 août 2004 [113] relative à la réforme
Les Agences Régionales de Santé de l'assurance maladie que la Haute Autorité de santé
(ARS) (HAS) sera créée ; elle reprend les missions et les moyens
de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en
santé (ANAES) et d'une partie de l'Agence française de
Création sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSaPS). La HAS
Les agences régionales de santé (ARS) sont des établisse- est une autorité publique indépendante à caractère scien-
ments publics de l'État à caractère administratif prévus par tifique dotée de la personnalité morale.
la loi n° 2009-879, dite HPST, et créés par le décret n° 2010-
336. Elles remplacent, pour tout ou partie, les DDASS,
DRASS, CRAM et ARH. Missions
Elles sont placées sous la tutelle des ministres chargés Ses missions prévues à l'article L. 161-37 du Code de la sécu-
de la Santé, de l'Assurance maladie, des Personnes âgées et rité sociale sont les suivantes :
des Personnes handicapées (article L. 1432-1 du Code de la l procéder à l'évaluation périodique du service attendu des
santé publique). produits, actes ou prestations de santé et du service qu'ils
rendent, et contribuer par ses avis à l'élaboration des déci-
Missions sions relatives à l'inscription, au remboursement et à la prise
en charge par l'assurance maladie des produits, actes ou
Ces agences locales sont chargées (articles L. 1431-1 et prestations de santé ainsi qu'aux conditions particulières de
L. 1431-2 du Code de la santé publique), en tenant compte prise en charge des soins dispensés aux personnes atteintes
des spécificités de chaque région, de mettre en œuvre au d'affections de longue durée. À cet effet, elle émet également
niveau régional la politique de santé publique nationale un avis sur les conditions de prescription, de réalisation ou
notamment en matière de veille sanitaire. Elles régulent, d'emploi des actes, produits ou prestations de santé ainsi
orientent et organisent l'offre de services de santé, de que sur leur efficience. Elle réalise ou valide notamment les
manière à répondre aux besoins en matière de soins et de études médico-économiques nécessaires à l'évaluation des
services médico-sociaux, et à garantir l'efficacité du système actes et des produits et technologies de santé ;
de santé. l élaborer ou mettre à jour des fiches sur le bon usage de
Le directeur exerce ses missions au nom de l'État ; pour mandations de bonne pratique, procéder à leur diffusion
cette raison, il est souvent comparé à un préfet de santé. et contribuer à l'information des professionnels de santé et
En effet, c'est le directeur qui arrête le projet régional de du public dans ces domaines, sans préjudice des mesures
santé et surtout délivre les autorisations de création de tout prises par l'Agence nationale de sécurité du médicament
établissement de santé et des pharmacies. et des produits de santé dans le cadre de ses missions de
En plus du conseil de surveillance et du directeur, il sécurité sanitaire. Elle élabore ou valide également, à desti-
existe une conférence régionale de la santé et de l'auto- nation des professionnels de santé, un guide des stratégies
nomie et deux commissions de coordination des poli- diagnostiques et thérapeutiques les plus efficientes ainsi
tiques publiques de santé : l'une est chargée des domaines que des listes de médicaments à utiliser préférentiellement,
de la prévention, de la santé scolaire, de la santé au tra- après avis de l'Institut national du cancer s'agissant des
vail et de la protection maternelle et infantile ; l'autre du médicaments anticancéreux ;
domaine des prises en charge et des accompagnements l établir et mettre en œuvre des procédures d'accrédita-
L. 4021-5 : «Le contrôle du respect par les professionnels Tableau 8.2. Les sept sections de l'Ordre
de santé de leur obligation de développement professionnel Sections Pharmaciens
continu est réalisé par les instances ordinales, les employeurs
Section A Pharmaciens titulaires d'une officine
et les autorités compétentes.»
Pour mémoire, l'article R. 4236-1 du Code de la santé Section B Pharmaciens responsables industriels
publique prévoit : «Le développement professionnel Section C Pharmaciens responsables grossistes-répartiteurs
continu […] constitue une obligation individuelle qui s'inscrit Section D Pharmaciens adjoints exerçant en officine
dans une démarche permanente.»
Section E Pharmaciens des DOM et de
Saint-Pierre-et-Miquelon
de l'ordre et joue un rôle d'arbitrage entre les différentes l le ministre chargé de la Sécurité sociale ;
l il délibère sur les affaires soumises à son examen par le l le directeur général de l'ARS ;
l il accueille toutes les communications et suggestions des l le président du Conseil national, d'un conseil central ou
conseils centraux et leur donne les suites qui concilient au d'un conseil régional de l'Ordre des pharmaciens ;
mieux les intérêts normaux de la profession et les intérêts l un pharmacien inscrit à l'un des tableaux de l'Ordre ;
l il est qualifié pour représenter, dans son domaine d'acti- La plainte est adressée au président du Conseil central
vité, la pharmacie auprès des autorités publiques et auprès ou régional auprès duquel le pharmacien mis en cause est
des organismes d'assistance ; inscrit. L'auteur de la plainte doit clairement décrire les faits
l il peut s'occuper sur le plan national de toutes les ques- dénoncés et le moment où ils ont été commis.
tions d'entraide et de solidarité professionnelle et notam- À noter que si l'auteur de la plainte est un pharmacien
ment des sinistres et des retraites ; ou un particulier, une procédure de conciliation doit être
l il peut, devant toutes les juridictions, exercer tous les mise en place avant de saisir la chambre de discipline.
droits réservés à la partie civile relativement aux faits por-
tant un préjudice direct ou indirect à l'intérêt collectif de la Une faute
profession pharmaceutique ;
l il organise la mise en œuvre du dossier pharmaceutique
En cas de faute disciplinaire, un pharmacien est jugé par
la section compétente dont relève la faute commise. Le
mentionné à l'article L. 161-36-4-2 du code de la Sécurité
Conseil de l'Ordre des pharmaciens rappelle que la notion
sociale.
de faute disciplinaire «est plus large que celle de faute déon-
tologique. La faute disciplinaire recouvre aussi les manque-
Des sections ments aux principales règles d'exercice professionnel (comme
L'Ordre national des pharmaciens comporte sept sections le non-respect de la réglementation des substances véné-
dans lesquelles les pharmaciens sont répartis de la manière neuses par exemple) [114]» (cf. «La responsabilité discipli-
suivante : tableau 8.2. naire» au chapitre 24).
Chacune de ces sections est administrée par un conseil La faute doit avoir été commise pendant que le phar-
central, dont le siège est à Paris. Seule la section A bénéficie macien est inscrit à l'ordre ou pour des faits non connus ou
de conseils régionaux. dissimulés au moment de son inscription.
85
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
L'essentiel à retenir
Organisation de la juridiction ■
L'ANSM est un établissement public de l'État
La juridiction ordinale (figure 8.2) est une juridiction spécia- compétent pour les produits à finalité sanitaire
lisée rattachée à l'ordre juridictionnel administratif. destinés à l'homme et les produits à finalité cos-
Il existe deux types de contentieux pouvant être instruits métique. Elle assure notamment un rôle d'évalua-
par l'Ordre : ceux relevant de la chambre de discipline et tion des bénéfices et des risques de ces produits et
ceux relevant de la section des assurances sociales. dispose d'un pouvoir de police sanitaire pour faire
Il existe une juridiction de premier degré constitué pour appliquer ses décisions.
la section A des chambres de discipline des conseils régio- ■
Les ARS sont des établissements publics de l'État à
naux, et pour les sections B, C, D, E, G, H des chambres de caractère administratif chargés de mettre en œuvre
discipline des conseils centraux (articles L. 4234-7 à 10 du au niveau régional la politique de santé publique
Code de la santé publique). nationale notamment en matière de veille sanitaire.
Centralisé
Chambre de
discipline des
conseils centraux
B, C, D, E, G, H
Figure 8.2
Les juridictions.
(Illustration par M. Guerriaud.)
86
8. Les instances administratives et ordinales
■
La HAS est une autorité publique indépendante ■
L'Ordre des pharmaciens est une structure de
à caractère scientifique dotée d'une personnalité droit privé qui a reçu une délégation de pouvoir
morale. Elle procède par le biais de sa commission de pour assurer un service public. L'Ordre veille
transparence à l'évaluation du service médical rendu notamment au respect des devoirs professionnels
(SMR) et de l'amélioration du service médical rendu et assure la défense de l'honneur et de l'indépen-
(ASMR). Elle rédige en outre des guides de bon usage. dance de la profession.
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C L'AFSA.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond(ent) D L'AFSET.
à (aux) produit(s) géré(s) par l'ANSM ? E L'Agence du médicament.
A Les cosmétiques.
QCM 4
B Les compléments alimentaires.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la date de
C Les médicaments.
création de l'Ordre des pharmaciens ?
D Les dispositifs médicaux.
A 21 germinal de l'an XI.
E Les produits phytosanitaires.
B 1941.
QCM 2 C 1945.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt) D 1965.
les ARS ? E 2009.
A Elles sont des structures de droit privé.
QCM 5
B Elles mettent en œuvre une politique au plan national.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à l'ultime
C Elles ont un directeur avec des pouvoirs équivalents à un
recours dans la juridiction ordinale ?
préfet.
A La Cour de justice de la République.
D Elles sont issues de la loi HPST.
B Le conseil des prud'hommes.
E Elles sont sous la tutelle du ministère de l'Intérieur.
C La Cour de cassation.
QCM 3 D La cour d'assises.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à l'ancêtre E Le Conseil d'État.
de la HAS ?
A L'AFSSaPS.
B L'ANAES.
87
Chapitre 9
Le Code de déontologie
P LAN D U CHA PI T RE
Qu'est-ce que la déontologie 89
Un Code de déontologie 89
Droit pharmaceutique
© 2016, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Droit pharmaceutique
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9. Le Code de déontologie
89
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
Sous-section 2 : Interdictions de
certains procédés de recherche de la
Section 1 : Dispositions générales
clientèle et prohibition de certaines
conventions ou ententes
Sous-section 4 : Devoirs de
confraternité
Paragraphe 1 : Participation à la
Code de déontologie des pharmaciens
protection de la santé
Sous-section 1 : Pharmaciens
exerçant dans les officines et les
pharmacies à usage intérieur
Figure 9.1
Organisation du Code de déontologie des pharmaciens.
(Illustration par M. Guerriaud.)
Le premier alinéa du texte fait écho à l'article 16 du Code Le deuxième alinéa conforte la place du pharmacien
civil : «La loi assure la primauté de la personne, interdit toute dans l'éducation en matière de santé, et surtout en fait un
atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l'être fer de lance de la lutte contre le dopage.
humain dès le commencement de sa vie.»
À l'heure actuelle, cet alinéa n'a pas été interprété dans le
sens d'une clause de conscience ; en effet la notion de «res-
pect de la vie» n'est pas de nature à empêcher la délivrance Jurisprudence
de produit contraceptif par exemple.
Sanction disciplinaire, décision n° 588-D du Conseil
Jurisprudence national de l'Ordre des pharmaciens en date
du 20 novembre 2007
Chambre criminelle de la Cour de cassation Condamnation d'une pharmacienne à un an
en date du 21 octobre 1998 d'interdiction à exercer avec six mois de sur-
«Les convictions personnelles ne constituent pas pour sis : « Mme C. avait accepté de délivrer un ana-
le pharmacien, titulaire du monopole de vente de bolisant à des posologies 8 fois supérieures à la
médicaments, un motif légitime du refus de vendre, posologie moyenne préconisée par le RCP, et avait
à un consommateur, des contraceptifs hormonaux 404 inscriptions de délivrance de ces produits à
faisant l'objet d'une prescription médicale [118].» l'ordonnancier. »
90
9. Le Code de déontologie
Article R. 4235-3 du Code de la santé publique : Mission impossible” ou annonçant “Les jolis petits
indépendance, dignité et probité prix de mars”, “Prix très bas sur toute la ligne” ; […]
Ainsi, cet affichage par son caractère excessif n'était
Article 3
pas conforme à la dignité de la profession.»
«Le pharmacien doit veiller à préserver la liberté de son juge-
ment professionnel dans l'exercice de ses fonctions. Il ne peut Sanction disciplinaire, décision n° 374-D du Conseil
aliéner son indépendance sous quelque forme que ce soit. national de l'Ordre des pharmaciens en date du
Il doit avoir en toutes circonstances un comportement 10 mars 2008
conforme à ce qu'exigent la probité et la dignité de la profession. Condamnation d'un pharmacien responsable indus-
Il doit s'abstenir de tout fait ou manifestation de nature à décon- triel à 2 ans d'interdiction d'exercer la pharmacie :
sidérer la profession, même en dehors de l'exercice de celle-ci. «des opérations de surétiquetage visant à masquer
Le pharmacien doit se refuser à établir toute facture ou les mentions relatives au numéro de lot et à la date
attestation de complaisance.» de sur 20 120 boîtes de la spécialité à visée anticancé-
Le premier alinéa traite de l'indépendance du pharma- reuse arrivées à péremption» ; ainsi, il a «lourdement
cien : ce dernier ne doit subir aucune pression, quelle qu'elle manqué aux règles professionnelles qui imposent aux
soit et notamment économique, pour prendre une décision. pharmaciens un comportement conforme à ceux
qu'exigent la probité et la dignité de la profession, l'obli-
Jurisprudence gation d'accomplir tout acte professionnel avec soin et
attention selon les règles des bonnes pratiques et le res-
Sanction disciplinaire, décision n° 482-D du Conseil pect de l'éthique professionnelle ainsi de toutes les pres-
national de l'Ordre des pharmaciens en date du criptions édictées dans l'intérêt de la santé publique».
15 décembre 2008 Sanction disciplinaire, décision n° 112-D du Conseil
Condamnation d'une pharmacienne à une national de l'Ordre des pharmaciens en date du
semaine d'interdiction d'exercer : «Le pharmacien 15 décembre 2009
qui se borne à appliquer la politique promotionnelle Sanction d'un avertissement à un pharmacien
décidée par le groupement auquel il appartient «M. X, pharmacien, a endommagé, le 5 octobre
aliène son indépendance professionnelle» (entre 2005, la vitrine, les vitres et le volet roulant de la
autres, les affiches promotionnelles figurant dans pharmacie exploitée par Mme Y en y projetant
la vitrine portaient la mention «Pour vous, Univers le contenu d'un flacon d'éosine» ; cet acte est
Pharmacie s'engage sur des prix justes»). contraire aux dispositions de l'article R 4235-3.
Le deuxième alinéa fait référence à la dignité et à la pro- Enfin, le dernier alinéa nous rappelle que le pharmacien
bité de la profession, autrement dit un pharmacien ne doit ne doit pas établir des factures ou attestations de complai-
pas avoir un comportement qui est de nature à jeter un sance. Ces factures ne doivent pas être établies même s'il
discrédit sur l'ensemble de la profession. Cette notion est n'y a pas d'enrichissement personnel du pharmacien. En
volontairement très large pour pouvoir sanctionner une plus des sanctions disciplinaires, le pharmacien s'expose à
grande variété de comportements : publicité, prix indé- des sanctions pénales pour faux et usage de faux prévues à
cents, fraudes… l'article 441-1 du Code pénal.
Jurisprudence Jurisprudence
Sanction disciplinaire, décision n° 220-D du Conseil Sanction disciplinaire, décision n° 968-D du Conseil
national de l'Ordre des pharmaciens en date du national de l'Ordre des pharmaciens en date du
10 mars 2009 19 mars 2010
Condamnation d'une pharmacienne à un mois Condamnation d'un pharmacien à quinze jours
d'interdiction d'exercer la pharmacie dont trois d'interdiction de servir des prestations aux assu-
semaines avec sursis : «Cette dernière a apposé sur rés sociaux dont huit avec sursis : «facturations
sa vitrine à plusieurs reprises des affiches recouvrant frauduleuses, en l'absence de tout enrichissement
presque entièrement la surface de celle-ci et com- personnel, mais en vue d'une aide apportée à une
portant des slogans tels que : “Trouver moins cher ? famille dans la nécessité».
91
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
Article R. 4235-4 du Code de la santé publique : Article R. 4235-7 du Code de la santé publique :
exercice exclusif secours
Article 4 Article 7
«Un pharmacien ne peut exercer une autre activité que si ce «Tout pharmacien doit, quelle que soit sa fonction et dans la
cumul n'est pas exclu par la réglementation en vigueur et s'il limite de ses connaissances et de ses moyens, porter secours
est compatible avec la dignité professionnelle et avec l'obliga- à toute personne en danger immédiat, hors le cas de force
tion d'exercice personnel.» majeure.»
Cet article énonce les principes de l'exercice exclusif de la Ce devoir de secours fait parfaitement écho à l'article
profession de pharmacien. Cette notion est détaillée dans la 223-6 du Code pénal : «Quiconque […] s'abstient volontaire
section «Exercice exclusif» au chapitre 18. ment de porter à une personne en péril l'assistance que, sans
risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par
son action personnelle, soit en provoquant un secours»
Article R. 4235-5 du Code de la santé publique :
est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 €
secret professionnel
d'amende.
Article 5 En aucun cas, il ne saurait être reproché au pharmacien,
«Le secret professionnel s'impose à tous les pharmaciens qui apporte son secours à une personne en péril, un exer-
dans les conditions établies par la loi. cice illégal de la médecine.
Tout pharmacien doit en outre veiller à ce que ses colla-
borateurs soient informés de leurs obligations en matière de Article R. 4235-8 du Code de la santé publique :
secret professionnel et à ce qu'ils s'y conforment.» actions de santé publique
Cet article énonce les principes du secret professionnel. Article 8
Cette notion est détaillée dans le chapitre 19 «Le secret «Les pharmaciens sont tenus de prêter leur concours aux
professionnel». actions entreprises par les autorités compétentes en vue de
la protection de la santé.»
Article R. 4235-6 du Code de la santé publique :
Lors des campagnes de dépistages, lors des plans d'ur-
dévouement
gence et toutes autres actions de santé publique, le phar-
Article 6 macien se doit d'être un professionnel promouvant.
«Le pharmacien doit faire preuve du même dévouement
envers toutes les personnes qui ont recours à son art.» Article R. 4235-9 du Code de la santé publique :
Cet article indique au pharmacien qu'il ne peut pas Sécurité sociale
faire de discrimination concernant les patients qui solli- Article 9
citent ses compétences. Cet article a souvent été utilisé «Dans l'intérêt du public, le pharmacien doit veiller à ne
pour sanctionner des pharmaciens refusant de délivrer des pas compromettre le bon fonctionnement des institutions et
médicaments (sans motif valable) lors de garde. régimes de protection sociale. Il se conforme, dans l'exercice
de son activité professionnelle, aux règles qui régissent ces ins-
titutions et régimes.»
Le pharmacien doit se conformer aux politiques des
Jurisprudence régimes de Sécurité sociale et ne doit bien évidemment
pas les abuser ; il rejoint en ce sens l'article 3 qui lui interdit
d'établir des factures de complaisance.
Sanction disciplinaire, décision n° 570-D du Conseil
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
24 septembre 2007 Jurisprudence
Condamnation d'un pharmacien à six jours d'in-
terdiction d'exercer la pharmacie : «M. A a refusé Sanction disciplinaire, décision n° 898-D du Conseil
de délivrer, sans prescription médicale, à un client national de l'Ordre des pharmaciens en date
des spécialités Catalgine et Efferalgan, alors que du 7 juin 2012
cette demande ne présentait aucun caractère mani- Sanction de blâme : il est reproché au pharmacien
festement anormal.» d'avoir facturé des prestations indues à l'assurance
92
9. Le Code de déontologie
maladie, en l'espèce des «facturations irrégulières développement professionnel continu (DPC) prévue dans
de préparations magistrales à base de plantes (fac- la loi HPST de 2009 [119]. Le DPC, d'après l'article L. 4021-1
turation de 192 préparations magistrales pour 67 du Code de la santé publique, «a pour objectifs le main-
patients) ou facturation de préparations magis- tien et l'actualisation des connaissances et des compétences
trales en l'absence de mention manuscrite du pres- ainsi que l'amélioration des pratiques. Il constitue une obliga-
cripteur (17 facturations pour 9 patients)». tion pour les professionnels de santé. Chaque professionnel
de santé doit justifier, sur une période de trois ans, de son
Article R. 4235-10 du Code de la santé publique : engagement dans une démarche de développement profes-
charlatanisme sionnel continu comportant des actions de formation conti-
nue, d'analyse, d'évaluation et d'amélioration de ses pratiques
Article 10
et de gestion des risques. L'engagement dans une démarche
«Le pharmacien doit veiller à ne jamais favoriser, ni par ses
d'accréditation vaut engagement dans une démarche de
conseils ni par ses actes, des pratiques contraires à la préser-
développement professionnel continu».
vation de la santé publique.
Il doit contribuer à la lutte contre le charlatanisme, notam- Article R. 4235-12 du Code de la santé publique :
ment en s'abstenant de fabriquer, distribuer ou vendre tous bonnes pratiques et locaux adaptés
objets ou produits ayant ce caractère.»
Le pharmacien est un professionnel de santé et un scien- Article 12
tifique, ses six années d'étude et son diplôme lui confèrent «Tout acte professionnel doit être accompli avec soin et
une autorité en matière de médicaments, il est donc incon- attention, selon les règles de bonnes pratiques correspondant
cevable qu'il puisse se livrer à des activités relevant de l'éso- à l'activité considérée.
térisme ou du charlatanisme. Les officines, les pharmacies à usage intérieur, les établis-
sements pharmaceutiques et les laboratoires d'analyses de
Jurisprudence biologie médicale doivent être installés dans des locaux spé-
cifiques, adaptés aux activités qui s'y exercent et convenable-
Sanction disciplinaire, décision n° 70-D du Conseil ment équipés et tenus.
national de l'Ordre des pharmaciens en date du Dans le cas d'un désaccord portant sur l'application des
13 mars 2011 dispositions de l'alinéa qui précède et opposant un pharma-
Condamnation d'une pharmacienne à trois mois cien à un organe de gestion ou de surveillance, le pharmacien
d'interdiction d'exercer la pharmacie dont un en avertit sans délai le président du conseil central compétent
mois avec sursis : «La mise en vente de gélules à de l'ordre.»
base d'huile de chimère, accompagnées d'alléga- Le pharmacien se doit de respecter les règles bonnes
tions thérapeutiques, constitue des pratiques char- pratiques en vigueur et travailler dans des conditions
latanesques qui méconnaissent les dispositions de compatibles avec le niveau d'exigence attendu pour une
l'article R. 4235-10 du Code de la santé publique.» pharmacie.
Il doit en outre disposer de locaux adaptés à son activité
Sanction disciplinaire, décision n° 667-D du Conseil et tenus correctement.
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
12 décembre 2011
Jurisprudence
Avertissement : «Mme A a proposé à la vente des
produits ayant un caractère charlatanesque, en l'oc-
currence des produits de la marque Fleurs de Bach.» Sanction disciplinaire, décision n° 467-D du Conseil
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
17 novembre 2008
Article R. 4235-11 du Code de la santé publique :
Condamnation d'une pharmacienne à 1 an d'inter-
formation continue
diction d'exercer la pharmacie : «Le seul fait de
Article 11 conserver à l'officine des centaines de boîtes de médi-
«Les pharmaciens ont le devoir d'actualiser leurs caments non neuves, source de confusion potentielle,
connaissances.» est contraire aux dispositions de l'article R 4235-12
Outre cette obligation déontologique, la formation selon lequel les officines doivent être installées dans
continue a été rendue obligatoire avec la mise en place du des locaux convenablement équipés et tenus.»
93
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
«M. A dispose d'un réfrigérateur de type ménager Article R. 4235-16 du Code de la santé publique :
contenant, à la date de l'inspection, notamment des responsabilité disciplinaire
biscuits et des boissons diverses ; que ce réfrigérateur est
Article 16
équipé d'un thermomètre à la fiabilité insuffisante qui
«Les instances disciplinaires de l'ordre apprécient dans quelle
donne la température instantanée et ne permet pas
mesure un pharmacien est responsable disciplinairement
de suivre les variations des températures minimales
des actes professionnels accomplis par un autre pharmacien
et maximales ; qu'il résulte des constats dressés par le
placé sous son autorité.
pharmacien inspecteur que des relevés de température
Les responsabilités disciplinaires respectives de l'un et de
effectués antérieurement révélaient des températures
l'autre peuvent être simultanément engagées.»
de + 1 °C ne permettant pas une bonne conservation
Cet article évoque la responsabilité du fait d'autrui en
des médicaments thermolabiles ; que la mauvaise tenue
matière disciplinaire, autrement dit, un pharmacien peut
du réfrigérateur de l'officine avait pu être déjà constatée
être considéré comme responsable d'une faute commise
lors des inspections des 10 août 1993 et 27 avril 2000.»
par un de ses collaborateurs. En effet, le titulaire de l'offi-
cine, puisqu'il doit exercer personnellement son métier,
Article R. 4235-13 du Code de la santé publique : doit «surveiller attentivement l'exécution [des actes qu'il n']
exercice personnel accomplit pas lui-même».
Article 13 Article R. 4235-17 du Code de la santé publique :
«L'exercice personnel auquel est tenu le pharmacien consiste déclaration à l'Ordre
pour celui-ci à exécuter lui-même les actes professionnels ou
à en surveiller attentivement l'exécution s'il ne les accomplit Article 17
pas lui-même.» «Toute cessation d'activité professionnelle, tout transfert des
Cet article énonce les principes de l'exercice personnel. locaux professionnels ainsi que toute modification interve-
Cette notion est détaillée dans la section «Exercice person- nant dans la propriété, la direction pharmaceutique ou la
nel» au chapitre 18. structure sociale d'une officine, d'une entreprise pharmaceu-
tique, de la gérance d'une pharmacie à usage intérieur ou
Article R. 4235-14 du Code de la santé publique : d'un laboratoire d'analyses de biologie médicale, doit faire
délégation l'objet d'une déclaration au conseil compétent de l'ordre.»
Cet article permet à l'Ordre de maintenir à jour ses
Article 14
tableaux et le suivi de l'activité professionnelle.
«Tout pharmacien doit définir par écrit les attributions des
pharmaciens qui l'assistent ou auxquels il donne délégation.» Article R. 4235-18 du Code de la santé publique :
Cet article énonce les principes de la délégation. Cette indépendance
notion est détaillée dans la section «Relations avec le titu-
laire» au chapitre 18. Article 18
«Le pharmacien ne doit se soumettre à aucune contrainte
Article R. 4235-15 du Code de la santé publique : financière, commerciale, technique ou morale, de quelque
inscriptions des adjoints et remplacements nature que ce soit, qui serait susceptible de porter atteinte
à son indépendance dans l'exercice de sa profession, notam-
Article 15
ment à l'occasion de la conclusion de contrats, conventions
«Tout pharmacien doit s'assurer de l'inscription de ses assis-
ou avenants à objet professionnel.»
tants, délégués ou directeurs adjoints au tableau de l'ordre.
Cet article est à rapprocher de l'article R. 4235-3, car tous
Tout pharmacien qui se fait remplacer dans ses fonctions
les deux traitent de l'indépendance professionnelle.
doit veiller à ce que son remplaçant satisfasse aux conditions
requises pour ce faire.»
Cet article énonce deux principes :
celui de la vérification de l'inscription à l'Ordre de ses Jurisprudence
adjoints ; cette notion est détaillée au chapitre 18 dans la
section «Le pharmacien adjoint» ; Sanction disciplinaire, décision n° 90-D du Conseil
celui du remplacement du titulaire ; cette notion est détail- national de l'Ordre des pharmaciens en date du
lée au chapitre 18 dans la section «Remplacement du titulaire». 25 janvier 2010
94
9. Le Code de déontologie
Condamnation d'un pharmacien à un mois d'inter- Un pharmacien ne doit pas faire obstacle à une inspec-
diction d'exercer la pharmacie dont quinze jours tion et doit participer à toutes les déclarations requises
avec sursis : «La convention signée par [le pharma- auprès des administrations.
cien] l'obligeait à avoir recours au système X, pour
réaliser la préparation des doses à administrer ; qu'il Jurisprudence
s'agit là d'une contrainte technique illicite […] ; en
outre, en acceptant la convention de partenariat,
Sanction disciplinaire, décision n° 464-D du Conseil
M. X s'est obligé à verser à la société Résidence Y une
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
rémunération trimestrielle hors taxes d'un montant de
17 novembre 2008
1 250 € […] ; la somme que s'est engagé à verser M. X
Condamnation d'une pharmacienne à quinze mois
doit être regardée comme une contrainte financière.»
d'interdiction d'exercer : «Mme A [a proféré des
menaces de mort] à l'encontre de l'un des pharmaciens
Article R. 4235-19 du Code de la santé publique :
inspecteurs en lui déclarant : “Lorsque je serai morte,
rémunération adéquate
ce sera à cause de vous. Mes enfants vous tueront” ;
Article 19 Mme A a […] manqué à son devoir de maintenir des
«Il est interdit à tout pharmacien d'accepter, ou de proposer relations confiantes avec les autorités administratives.»
à un confrère, une rémunération qui ne soit pas proportion-
née, compte tenu des usages, avec les fonctions et les respon-
sabilités assumées.» Interdictions de certains procédés
Cet article empêche un pharmacien de proposer à un de recherche de la clientèle
collaborateur un salaire inférieur non seulement à ce que et prohibition de certaines
prévoit la convention collective, mais également inférieur
au regard de ses compétences (possession d'un ou plu- conventions ou ententes
sieurs diplômes d'université) et responsabilités (gérances, Article R. 4235-21 du Code de la santé publique :
gestion du site internet…). publicité
Article 21
Jurisprudence «Il est interdit aux pharmaciens de porter atteinte au libre
choix du pharmacien par la clientèle. Ils doivent s'abstenir de
Sanction disciplinaire, décision n° 534-D du Conseil tout acte de concurrence déloyale.»
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
21 mai 2007 Article R. 4235-22 du Code de la santé publique :
Condamnation d'un pharmacien à un blâme avec ins- publicité et dignité
cription au dossier : «En soumettant à l'approbation [de
Article 22
sa consœur] un projet de statut ménageant la possibi-
«Il est interdit aux pharmaciens de solliciter la clientèle
lité de ne pas rémunérer son activité de pharmacienne
par des procédés et moyens contraires à la dignité de la
gérante, puis en faisant un usage abusif de sa minorité de
profession.»
blocage pour faire obstacle […] à la fixation d'une rémuné-
ration conforme aux usages de la profession […] [la phar-
macienne] a violé les dispositions de l'article R 4235-19 et Jurisprudence
manqué à ses obligations déontologiques.»
Sanction disciplinaire, décision n° 551-D du Conseil
Article R. 4235-20 du Code de la santé publique :
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
relation avec les administrations
3 juillet 2007
Article 20 Condamnation de trois cotitulaires à un mois d'in-
«Les pharmaciens doivent veiller à maintenir des relations terdiction d'exercer dont trois semaines avec sursis :
confiantes avec les autorités administratives. Ils doivent don- «Si rien n'interdit au pharmacien d'employer au sein
ner aux membres des corps d'inspection compétents toutes de son officine une diététicienne dans le but de déli-
facultés pour l'accomplissement de leurs missions.» vrer des conseils à la clientèle en matière de nutrition,
95
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
la démarche consistant à visiter des cabinets médi- Cet article fait écho au serment de Galien (cf. chapitre 1)
caux afin de diffuser une information publicitaire sur en ce qui concerne le désintéressement.
le nouveau service offert, constitue un acte de concur-
rence déloyale et une sollicitation illicite de clientèle.» Jurisprudence
La sollicitation de la clientèle est une notion très large qui
englobe le fait de faire de la réclame ostensible en vitrine Sanction disciplinaire, décision n° 551-D du Conseil
pour une «braderie», le fait d'instaurer un système de fidé- national de l'Ordre des pharmaciens en date du
lisation, que cela soit par le biais de carte de fidélité ou par 3 juillet 2007
un système informatique, de la distribution de prospectus Condamnation du pharmacien à deux mois
promotionnels, etc. [117]. d'interdiction d'exercer dont un mois et deux
semaines avec sursis pour le «reconditionnement
Article R. 4235-23 du Code de la santé publique : d'échantillons gratuits d'un produit […] dans une
mandats boîte qu'il a, ensuite, vendue à [la patiente]».
Article 23
«Les pharmaciens investis de mandats électifs, administra- Article R. 4235-26 du Code de la santé publique :
tifs ou de fonctions honorifiques ne doivent pas en user pour exercice illégal
accroître leur clientèle.»
Cet article est à lire dans les deux sens ; par exemple : un Article 26
pharmacien ne peut pas user de sa notoriété d'élu pour «Il est interdit aux pharmaciens de consentir des facilités à
développer sa patientèle et, à l'inverse, ne peut utiliser sa quiconque se livre à l'exercice illégal de la pharmacie, de la
fonction de pharmacien pour privilégier son mandat électif. médecine ou de toute autre profession de santé.»
Article R. 4235-24 du Code de la santé publique : Article R. 4235-27 du Code de la santé publique :
papier à en-têtes compérage
Article 24 Article 27
«Outre celles qu'impose la législation commerciale ou indus- «Tout compérage entre pharmaciens et médecins, membres
trielle, les seules indications que les pharmaciens peuvent faire des autres professions de santé ou toutes autres personnes
figurer sur leurs en-têtes de lettres et papiers d'affaires sont : est interdit.
1 Celles qui facilitent leurs relations avec leurs clients ou fournis- On entend par compérage l'intelligence entre deux ou plu-
seurs, telles que : adresses, jours et heures d'ouverture, numéros sieurs personnes en vue d'avantages obtenus au détriment
de téléphone et de télécopie, numéros de comptes de chèques ; du patient ou de tiers.»
2 L'énoncé des différentes activités qu'ils exercent ;
3 Le cas échéant, le nom ou le sigle de l'association, du grou- Jurisprudence
pement ou du réseau professionnel dont ils sont membres ;
en ce qui concerne les officines et les laboratoires d'analyses Sanction disciplinaire, décision n° 675-D du Conseil
de biologie médicale, ce nom ou ce sigle ne peut prévaloir sur national de l'Ordre des pharmaciens en date du
la dénomination de l'officine ou du laboratoire ; 12 décembre 2011
4 Les titres et fonctions retenus à cet effet par le conseil Condamnation du pharmacien à 5 ans d'interdic-
national de l'ordre ; tion d'exercer : «Il convient de relever que le Dr. D est
5 Les distinctions honorifiques reconnues par la République le prescripteur de la quasi-totalité des gélules amai-
française.» grissantes dispensées en très grandes quantités par la
pharmacie A et qu'il a confirmé par écrit “l'efficacité
Article R. 4235-25 du Code de la santé publique : supérieure” des gélules préparées par cette dernière ;
désintéressement que ces éléments suffisent à établir qu'il existait bien
Article 25 une entente entre le prescripteur et le dispensateur
«Est strictement interdit comme contraire à la moralité pro- visant à favoriser la vente de ces traitements pour
fessionnelle tout acte ou toute convention ayant pour objet l'amaigrissement ; que cette entente constituait bien
ou pour effet de permettre au pharmacien de tirer indûment un compérage illicite au sens de l'article R. 4235-27
profit de l'état de santé d'un patient.» du Code de la santé publique.»
96
9. Le Code de déontologie
Le compérage entre deux professionnels de santé Article R. 4235-30 du Code de la santé publique :
consiste à une entente en vue de générer un profit. publicité
Cependant les actions pluridisciplinaires comme les
Article 30
actions en réseau, les actions de pharmacien correspon-
«Toute information ou publicité, lorsqu'elle est autorisée, doit
dant, etc. ne rentrent pas dans le champ du compérage.
être véridique, loyale et formulée avec tact et mesure.»
Pour l'officine, les règles sont très strictes et définies à l'ar-
Article R. 4235-28 du Code de la santé publique : ticle R. 4235-57. La publicité faisant état de promotion, rabais,
avantages prix bas est notamment prohibée. Elle ne peut se faire que
si elle apporte une information de santé utile aux patients et
Article 28
en aucun cas dans un but de captation de clientèle. Elle ne
«Les pharmaciens doivent s'abstenir d'organiser ou de par-
doit par ailleurs pas porter atteinte à ses confrères.
ticiper à des manifestations touchant à la pharmacie ou à
la biologie médicale qui ne répondraient pas à des objectifs Jurisprudence
scientifiques, techniques ou d'enseignement et qui leur pro-
cureraient des avantages matériels, à moins que ceux-ci ne
Sanction disciplinaire, décision n° 826-D du Conseil
soient négligeables.»
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
Cet article du Code de déontologie fait parfaitement
19 mars 2012
écho aux principes de la loi DMOS (dites loi «anti-
Condamnation du pharmacien à un avertissement :
cadeaux») et de la loi Bertrand.
des affiches «occupaient les deux principales vitrines,
La loi DMOS du 23 janvier 1993 [120] institue l'inter-
situées de part et d'autre de la porte d'entrée ; que l'une
diction pour les professionnels de santé de recevoir des
des deux vitrines, situées à gauche de la porte d'entrée
avantages en nature ou en espèces, sous quelque forme
vue de la rue, comportait 20 affiches de taille A4 qui
que ce soit, d'une façon directe ou indirecte, procurés par
occupaient la quasi-totalité de la surface disponible […] ;
des entreprises assurant des prestations, produisant ou
sa prépondérance sur tout autre message de type sani-
commercialisant des produits pris en charge par les régimes
taire manquait en l'occurrence de tact et de mesure et
obligatoires de Sécurité sociale.
n'était pas conforme à la dignité de la profession».
La loi Bertrand du 29 décembre 2011, parfois dénom-
mée le «sunshine act à la française [106]», instaure dans un
Si les affiches occupent un espace limité, la notion de
souci de transparence et de clarté dans les liens entre les
tact et mesure peut être considérée comme respectée.
entreprises des produits de santé et les professionnels de
santé, les étudiants ou les autres acteurs de santé, la publi-
cation des avantages consentis par les entreprises produi- Jurisprudence
sant ou exploitant des produits de santé ou des organismes
de conseil intervenant sur ces produits. Rejet de la plainte, Décision n° 1047-D du Conseil
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
17 décembre 2013
Article R. 4235-29 du Code de la santé publique : Absence de condamnation : les dispositions du Code
recherche et invention de la santé publique «n'ont pas pour objet d'interdire
Article 29 toute forme de publicité ou d'affichage sur les prix dans
«Sont autorisées les conventions afférentes au versement de les vitrines des officines ; qu'en l'espèce, il résulte des pièces
droits d'auteur ou d'inventeur. du dossier, et notamment des photographies de l'offi-
Sous réserve des dispositions de l'article R. 4235-26, les cine de M. A, que ce dernier a apposé sur deux vitrines
pharmaciens peuvent recevoir des redevances pour leur de son officine des affiches relatives aux prix pratiqués
contribution à l'invention, l'étude ou à la mise au point de sur certains produits ; que ces affiches ne figuraient pas
médicaments, dispositifs médicaux, appareils de laboratoire, sur toutes les vitrines de l'officine, occupaient une sur-
techniques ou méthodes. face limitée (6 m2 sur un total de 33 m2), tandis que les
Ils peuvent verser, pour de telles inventions, études ou autres surfaces vitrées étaient consacrées notamment à
mises au point, les redevances convenues aux personnes aux- des informations à caractère sanitaire ; que ces affiches
quelles ils sont liés par contrat ou par convention.» de taille limitée ne comportaient aucune mention déni-
97
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
grante pour les autres pharmaciens ; que cet affichage Si le pharmacien adjoint est placé sous l'autorité du titu-
ne peut donc être considéré comme manquant mani- laire de par son contrat de travail, il bénéficie néanmoins
festement de tact et de mesure ou présentant un carac- d'une indépendance dans les décisions pharmaceutiques
tère contraire à la dignité de la profession». qu'il prend.
Relations avec les autres professions Article R. 4235-36 du Code de la santé publique :
de santé et les vétérinaires débauchage
Article R. 4235-40 du Code de la santé publique : Article R. 4235-45 du Code de la santé publique :
différends entre confrères non-concurrence
Article 40 Article 45
«Les pharmaciens qui ont entre eux un différend d'ordre pro- «Les dispositions de l'article R. 4235-37 sont applicables aux
fessionnel doivent tenter de le résoudre. S'ils n'y parviennent anciens stagiaires devenus pharmaciens.»
pas, ils en avisent le président du conseil régional ou central
compétent de l'ordre.»
Dispositions propres à différents
modes d'exercice
Relations entre maîtres de stage
et stagiaires Pharmaciens exerçant dans
Article R. 4235-41 du Code de la santé publique : les officines et les pharmacies
devoir du maître de stage à usage intérieur
Article 41
Participation à la protection de la santé
«Les pharmaciens concernés ont le devoir de se préparer
à leur fonction de maître de stage en perfectionnant leurs Article R. 4235-46 du Code de la santé publique
connaissances et en se dotant des moyens adéquats. Nul Article 46
pharmacien ne peut prétendre former un stagiaire s'il n'est «Les dispositions de la présente sous-section s'appliquent aux
pas en mesure d'assurer lui-même cette formation.» pharmaciens d'officine et, en tant qu'elles les concernent, aux
pharmaciens exerçant dans les pharmacies à usage intérieur
Article R. 4235-42 du Code de la santé publique : ainsi qu'à ceux qui exercent dans tous les autres organismes
montrer l'exemple habilités à dispenser des médicaments.»
Article 42 Article R. 4235-47 du Code de la santé publique :
«Le pharmacien maître de stage s'engage à dispenser au sta- médicament non autorisé
giaire une formation pratique en l'associant à l'ensemble des
activités qu'il exerce. Article 47
Il doit s'efforcer de lui montrer l'exemple des qualités pro- «Il est interdit au pharmacien de délivrer un médicament
fessionnelles et du respect de la déontologie.» non autorisé.»
Jurisprudence
Article R. 4235-43 du Code de la santé publique :
obligations des stagiaires
Sanction disciplinaire, décision n° 667-D du Conseil
Article 43 national de l'Ordre des pharmaciens en date du
« Les maîtres de stage rappellent à leurs stagiaires les obli- 12 décembre 2011
gations auxquelles ils sont tenus, notamment le respect Avertissement : «Mme A a proposé à la vente […]
du secret professionnel pour les faits connus durant les des gélules de plantes pouvant être qualifiées de
stages. » médicaments non autorisés.»
Article R. 4235-44 du Code de la santé publique : Article R. 4235-48 du Code de la santé publique :
différends entre les deux parties acte de dispensation
Article 44 Article 48
« Le maître de stage a autorité sur son stagiaire. Les dif- «Le pharmacien doit assurer dans son intégralité l'acte de
férends entre maîtres de stage et stagiaires sont portés à dispensation du médicament, associant à sa délivrance :
la connaissance du président du conseil de l'ordre com- 1 L'analyse pharmaceutique de l'ordonnance médicale si elle
pétent, exception faite de ceux relatifs à l'enseignement existe ;
universitaire. » 2 La préparation éventuelle des doses à administrer ;
99
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
3 La mise à disposition des informations et les conseils Article R. 4235-50 du Code de la santé publique :
nécessaires au bon usage du médicament. exercice personnel
Il a un devoir particulier de conseil lorsqu'il est amené à
Article 50
délivrer un médicament qui ne requiert pas une prescription
«Aucun pharmacien ne peut maintenir une officine ouverte,
médicale.
ou une pharmacie à usage intérieur en fonctionnement, s'il
Il doit, par des conseils appropriés et dans le domaine
n'est pas en mesure d'exercer personnellement ou s'il ne se
de ses compétences, participer au soutien apporté au
fait pas effectivement et régulièrement remplacer.»
patient. »
Cette notion est détaillée dans la section «Exercice per-
Cet article est expliqué dans la section «La dispensa-
sonnel» au chapitre 18.
tion» au chapitre 21.
Article R. 4235-49 du Code de la santé publique : Article R. 4235-51 du Code de la santé publique :
service de garde et d'urgence gérance après décès
Article 49 Article 51
«Les pharmaciens sont tenus de participer aux services de «Le pharmacien chargé de la gérance d'une officine après
garde et d'urgence prévus à l'article L. 5125-22 ou organisés décès du titulaire doit, tout en tenant compte des intérêts
par les autorités compétentes pour les soins aux personnes légitimes des ayants droit, exiger de ceux-ci qu'ils respectent
hospitalisées. son indépendance professionnelle.»
Les pharmaciens titulaires veillent à ce que leur officine Cette notion est détaillée dans la section «Décès du titu-
satisfasse aux obligations imposées par ce service. laire» au chapitre 18.
Le pharmacien d'officine porte à la connaissance du
public soit les noms et adresses de ses proches confrères
en mesure de procurer aux malades les médicaments
De la tenue des officines
et secours dont ils pourraient avoir besoin, soit ceux Article R. 4235-52 du Code de la santé publique :
des autorités publiques habilitées à communiquer ces nom du propriétaire
renseignements. »
Article 52
«Toute officine doit porter de façon lisible de l'extérieur le
nom du ou des pharmaciens propriétaires, copropriétaires
ou associés en exercice. Les noms des pharmaciens assistants
Service de garde et d'urgence
peuvent être également mentionnés.
Le service de garde est défini à l'article L. 5125-22 du Ces inscriptions ne peuvent être accompagnées que
Code de la santé publique comme «un service organisé des seuls titres universitaires, hospitaliers et scientifiques
pour répondre aux besoins du public en dehors des jours dont la liste est établie par le conseil national de l'ordre des
d'ouverture généralement pratiqués par les officines dans
pharmaciens.»
une zone déterminée».
Le service d'urgence est défini à l'article L. 5125-22 du
Code de la santé publique comme «un service organisé Article R. 4235-53 du Code de la santé publique :
pour répondre aux demandes urgentes en dehors des présentation de l'officine
heures d'ouverture généralement pratiquées par ces
officines». Article 53
L'obligation d'assurer un service de garde et d'urgence «La présentation intérieure et extérieure de l'officine doit être
est une contrepartie du monopole pharmaceutique ; conforme à la dignité professionnelle.
seul un pharmacien peut assurer ce service. La signalisation extérieure de l'officine ne peut compor-
L'organisation des services de garde et d'urgence est ter, outre sa dénomination, que les emblèmes et indications
réglée par les organisations représentatives de la profes-
ci-après :
sion dans le département. En cas de désaccord, le direc-
teur de l'ARS fixe par arrêté les modalités des services de
1° Croix grecque de couleur verte, lumineuse ou non ;
garde et d'urgence. 2° Caducée pharmaceutique de couleur verte, lumineux
Dans tous les cas, les collectivités locales sont informées ou non, tel que reconnu par le ministère chargé de la Santé en
des services de garde et d'urgence mis en place. tant qu'emblème officiel des pharmaciens français et consti-
tué par une coupe d'Hygie et un serpent d'Épidaure ;
100
9. Le Code de déontologie
3° Le cas échéant, le nom ou le sigle de l'association, du Le pharmacien veille à ce que le public ne puisse accéder
groupement ou du réseau dont le pharmacien est membre ; directement aux médicaments et à ce que ceux-ci soient
ce nom ou ce sigle ne saurait prévaloir sur la dénomination dispensés avec la discrétion que requiert le respect du secret
ou l'identité de l'officine.» professionnel.
On retrouve dans cet article la notion de dignité, déjà vue Toutefois, le pharmacien titulaire ou le pharmacien gérant
avec l'article R. 4235-3 du Code de la santé publique et avec une officine peut rendre directement accessibles au public les
l'article R. 4235-22 du Code de la santé publique (cf. supra). médicaments de médication officinale mentionnés à l'article
Cet article énumère les éléments extérieurs autorisés pour R. 5121-202. Ces médicaments doivent être présentés dans un
identifier une pharmacie, c'est-à-dire la croix verte (croix verte espace dédié, clairement identifié et situé à proximité immédiate
avec des branches de longueurs égales et perpendiculaires des postes de dispensation des médicaments et d'alimentation
entre elles), le caducée des pharmaciens (il se compose de la du dossier pharmaceutique mentionné à l'article L. 161-36-4-2
coupe d'Hygie, déesse de la santé, et du serpent d'Épidaure, du code de la sécurité sociale, de façon à permettre un contrôle
lieu de culte d'Asclépios). L'article précise que si un nom de effectif du pharmacien. Ce dernier met à la disposition du public
groupement ou de réseau figure sur la devanture de l'officine, les informations émanant des autorités de santé relatives au
celui-ci ne doit pas être plus gros que la dénomination de bon usage des médicaments de médication officinale.»
l'officine.
Article R. 4235-56 du Code de la santé publique :
Jurisprudence marque et emblème
Article 56
Sanction disciplinaire, décision n° 536-D du Conseil «Les activités spécialisées de l'officine entrant dans le champ
national de l'Ordre des pharmaciens en date du professionnel du pharmacien doivent être exercées conformé-
21 mai 2007 ment aux réglementations qui leur sont propres.»
Condamnation à un blâme : «Mme A [a] violé l'article
R. 4235-53 du Code de la santé publique en donnant,
sur la façade de sa pharmacie, une place prépondé- Information et publicité
rante à la mention…, enseigne du groupement d'offi- Article R. 4235-57 du Code de la santé publique :
cines auquel elle est adhérente […] ; qu'il résulte de publicité et annuaire
l'examen des photographies figurant au dossier que les
termes… étaient inscrits au-dessus de la dénomination Article 57
de l'officine, à savoir “Pharmacie A”, et dans une police «L'information en faveur d'une officine de pharmacie dans les
de caractères pratiquement deux fois plus importante ; annuaires ou supports équivalents est limitée comme suit :
qu'ainsi, la violation de l'article R. 4235-53 du Code de 1 À la rubrique “Pharmacie”, sont seules autorisées les men-
la santé publique est manifeste.» tions des noms et adresses et des numéros de téléphone et de
télécopie ;
Article R. 4235-54 du Code de la santé publique : 2 À toute autre rubrique, ne peuvent figurer que les annonces
marque et emblème relatives aux activités spécialisées autorisées dans l'officine.
Les mentions prévues aux 1° et 2° ci-dessus ne peuvent
Article 54 revêtir, par leur présentation et leur dimension, une impor-
«Les pharmaciens ne doivent pas aliéner leur indépendance tance telle qu'elle leur confère un caractère publicitaire.
et leur identité professionnelles à l'occasion de l'utilisation de La publicité pour les médicaments, produits et articles
marques ou d'emblèmes collectifs.» dont la vente est réservée aux pharmaciens ne peut s'effec-
Cet article fait écho à l'article précédent en matière tuer que conformément à la réglementation en vigueur.»
d'emblème et de marque de réseau ou groupement. Il faut préciser que pour les activités spécialisées de l'offi-
cine (par exemple, l'orthopédie, l'aromathérapie), il est pos-
Article R. 4235-55 du Code de la santé publique :
sible de les mentionner, c'est-à-dire de les énumérer, mais en
organisation de l'officine
aucun cas de les décrire. L'article R. 5125-26 du Code de la
Article 55 santé publique limite la taille de cette annonce à 100 cm2 :
«L'organisation de l'officine ou de la pharmacie à usage «d'une dimension maximale de 100 cm2, comportant leur
intérieur doit assurer la qualité de tous les actes qui y sont nom et adresse ainsi que les numéros de téléphone et de télé-
pratiqués. copie et les heures d'ouverture des officines».
101
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
Le même article R. 5125-26 du Code de la santé publique tant un caractère manifestement publicitaire, M. X
prévoit que la publicité est très strictement encadrée et ne a bien commis une faute susceptible de sanction
peut se faire, en outre, que dans le cas de la création, d'un disciplinaire […].»
transfert, d'un changement de titulaire d'une officine. Cela Sanction, décision n° 58-D du Conseil national de
peut donner lieu à un communiqué dans la presse écrite l'Ordre des pharmaciens en date du 16 mars 2011
limitée à l'indication du nom du pharmacien, de ses titres Condamnation à trois mois d'interdiction d'exercer :
universitaires, hospitaliers et scientifiques (comme les «L'article paru dans l'édition du quotidien N du 28 jan-
diplômes d'État ou d'université, par exemple), le nom du vier 2009, sous le titre “Le concept lowcost débarque
prédécesseur, l'adresse de l'officine avec, le cas échéant, la en ville”, est illustré par une photo prise dans le local
mention d'activités liées aux produits autorisés à la vente de l'officine et sur laquelle figure M. X ; que ce dernier
en officine. Il est précisé : «Cette annonce est préalablement n'est pas crédible lorsqu'il affirme que cette photo a
communiquée au conseil régional de l'ordre des pharmaciens. été prise sans son autorisation et à son insu, alors que
Elle ne saurait excéder la dimension de 100 cm2.» l'officine n'était pas encore ouverte au public et que
Dans tous les cas, il s'agit plus d'une information que le photographe se tenait manifestement à l'intérieur
d'une véritable «publicité». des locaux et à proximité immédiate du pharmacien ;
Il faut également être prudent lors de la participation à que la participation active de la pharmacie X à l'éla-
la rédaction d'un article de presse ; en effet, un pharmacien boration de l'article est aussi révélée par le fait que le
qui apporte son concours à l'écriture d'un article sur son rédacteur a reproduit les propos d'un des associés de
officine, s'il déborde du simple caractère informatif — ce M. X ; que d'ailleurs si la journaliste de N a attesté que
qui est souvent le cas —, rentre de fait dans le champ, l'article relevait d'une initiative purement journalistique
interdit, de la véritable publicité commerciale comme en et n'avait pas été commandé par M. X, elle s'est bien
témoigne l'abondante jurisprudence. gardée, contrairement à son collègue, d'affirmer que la
pharmacie X n'avait pas participé à son élaboration ;
Jurisprudence qu'en ce qui concerne l'article paru dans l'édition du
quotidien O du 31 janvier 2009, sous le titre “La phar-
Sanction, décision n° 273-D du Conseil national de macie discount fait déjà parler d'elle”, il convient de rele-
l'Ordre des pharmaciens en date du 18 mai 2010 ver qu'il se trouve lui aussi illustré par une photographie
Condamnation à un avertissement : «Le maga- prise à l'intérieur de l'officine et que son auteur cite entre
zine “H” de la chambre de commerce et d'industrie guillemets les propos suivants de M. X : “J'étais assistant
de… a fait paraître, dans la rubrique “Talents” de à… et on pratiquait déjà ce genre de tarifs. Nous avons
son numéro du mois de novembre 2007, un article décidé de baisser les prix de tout ce qui est en libre accès
portant sur le parcours de M. X, pharmacien exer- ou de la parapharmacie. Nous ne trouvons pas normal
çant à… ; que cette revue bimestrielle, tirée à 14 500 que les gens paient le prix fort pour certains produits” ;
exemplaires […] ; si M. X ne se trouve pas à l'origine que dans la mesure où il est donc établi que M. X a
dudit article puisqu'il a été sollicité par le journaliste apporté son concours actif à la rédaction de deux des
rédacteur, il a apporté un concours actif à son élabo- trois articles litigieux, ceux-ci constituent bien une publi-
ration en recevant ce dernier dans son officine pour cité illicite contraire aux dispositions de l'article R. 5125-
une interview, en posant pour des photos destinées 26 du Code de la santé publique.
à servir d'illustration et en relisant l'article avant sa Qu'il appartenait à M. X d'informer le journaliste
parution […] ; cet article déborde du simple cadre des contraintes déontologiques et réglementaires qui
informatif et constitue bien une publicité illicite en s'imposaient à lui et lui interdisaient de fournir des
faveur d'un réseau d'officines et en faveur de l'offi- détails sur sa politique commerciale ; qu'en contour-
cine de M. X ; que ce dernier ayant eu connaissance nant ainsi les dispositions réglementaires encadrant
de l'article avant sa parution, il lui appartenait d'in- la publicité pouvant être faite en faveur d'une offi-
former le journaliste des contraintes déontologiques cine et en laissant entendre que les autres pharma-
réglementaires qui s'imposaient à lui et de s'opposer ciens faisaient payer “le prix fort” à leurs clients, M. X
à la parution en l'état dudit article ; qu'en s'abste- a également manqué à son obligation de loyauté
nant d'une telle démarche après avoir apporté son envers ses confrères ; qu'il a donc bien commis une
concours actif à la rédaction d'un article présen- faute susceptible de sanction disciplinaire.»
102
9. Le Code de déontologie
Article R. 4235-58 du Code de la santé publique : vitrines de l'officine, en occupaient toute la largeur
publicité des produits de santé et couvraient plus de la moitié de la surface vitrée ;
que le caractère excessif de cet affichage et le recours
Article 58
à l'expression “Marre de payer…” constituent un
«La publicité pour les produits ou articles dont la vente n'est
défaut de tact et de mesure, et une sollicitation de la
pas réservée aux pharmaciens est admise à condition de :
clientèle non conforme à la dignité de la profession.»
1 Demeurer loyale ;
2 Se présenter sur un support compatible avec la dignité de
la profession ; Article R. 4235-60 du Code de la santé publique :
3 Observer tact et mesure dans sa forme et son contenu ; contrats
4 Ne pas être trompeuse pour le consommateur.» Article 60
Cet article traite des produits de parapharmacie pour «Les pharmaciens doivent tenir informé le conseil de l'ordre
laquelle une certaine forme de publicité est possible. Elle dont ils relèvent des contrats ou accords de fournitures ou de
l'est notamment si la publicité ne revêt pas un caractère prestations de services qu'ils ont conclus avec les établisse-
outrancier. ments tant publics que privés ainsi qu'avec les établissements
de santé ou de protection sociale. Il en est de même pour les
Article R. 4235-59 du Code de la santé publique : conventions de délégation de paiement conclues avec les orga-
vitrines et publicité des produits de santé nismes de sécurité sociale, les mutuelles ou les assureurs.»
Article 59 Cette obligation de déclaration d'un contrat ou accord
«Les vitrines des officines et les emplacements aménagés pour de fourniture vise à ce que l'Ordre vérifie la compatibilité
être visibles de l'extérieur ne peuvent servir à présenter que les du contrat signé avec les règles déontologiques. L'exemple
activités dont l'exercice en pharmacie est licite. Sous réserve typique de contrat à déclarer est le contrat de fourniture
de la réglementation en vigueur en matière de concurrence de médicaments et autres produits de santé aux EPHAD
et de publicité et des obligations légales en matière d'infor- (maisons de retraite).
mation sur les prix pratiqués, ces vitrines et emplacements ne
sauraient être utilisés aux fins de solliciter la clientèle par des Règles à observer dans les relations
procédés et moyens contraires à la dignité de la profession.» avec le public
Article R. 4235-61 du Code de la santé publique :
Jurisprudence refus de dispensation
Article 61
Sanction, décision n° 1055-D du Conseil national
«Lorsque l'intérêt de la santé du patient lui paraît l'exiger, le
de l'Ordre des pharmaciens en date du 27 janvier
pharmacien doit refuser de dispenser un médicament. Si ce
2014
médicament est prescrit sur une ordonnance, le pharmacien
Condamnation à quinze jours d'interdiction d'exer-
doit informer immédiatement le prescripteur de son refus et
cer dont huit avec sursis : «M. A a, durant le mois
le mentionner sur l'ordonnance.»
de juillet 2010, exposé sur les vitrines de son officine
Cette notion de refus de délivrance d'un traitement est
des affiches promotionnelles indiquant : “Opération
traitée en détail dans la section «Le refus de délivrance» au
coup de poing, 2 produits achetés* = 10 % de remise
chapitre 21.
sur les 2, 3 produits achetés* = 25 % de remise sur
les 3”, avec, en plus petits caractères, la précision
suivante : “* Ne concerne que les produits visibles Article R. 4235-62 du Code de la santé publique :
dans l'espace de vente et hors promotions complé- orientation des patients
mentaires. Les laits infantiles et chaussures Scholl Article 62
et produits vignetés ne sont pas concernés par «Chaque fois qu'il lui paraît nécessaire, le pharmacien doit
cette opération” ; qu'étaient également apposés inciter ses patients à consulter un praticien qualifié.»
sur les vitrines de l'officine des bandeaux portant En effet, le pharmacien doit se limiter à l'art pharmaceu-
la mention suivante : “Marre de payer votre pilule tique : il a un rôle de conseil en matière de santé et d'aiguil-
contraceptive trop chère ? Venez nous voir…” ; que lage vers le bon praticien dès lors que le cas dépasse les
ces affiches et bandeaux figuraient sur toutes les limites du cadre pharmaceutique.
103
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
Article R. 4235-63 du Code de la santé publique : Article R. 4235-66 du Code de la santé publique :
diagnostic exercice exclusif
Article 63 Article 66
«Le pharmacien doit s'abstenir de formuler un diagnos- «Aucune consultation médicale ou vétérinaire ne peut être
tic sur la maladie au traitement de laquelle il est appelé à donnée dans l'officine. Cette interdiction s'applique aussi aux
collaborer.» pharmaciens qui sont en même temps médecin, chirurgien-
dentiste, sage-femme ou vétérinaire.»
Cet article confirme l'exclusivité de l'exercice du métier
Le pharmacien et le diagnostic de pharmacien dans le cadre de l'exercice personnel du
métier (cf. «Exercice exclusif» au chapitre 18).
Dans le cas d'une prescription («traitement [auquel]
il est appelé à collaborer»), le pharmacien doit impé-
rativement s'abstenir de formuler un diagnostic ou de Article R. 4235-67 du Code de la santé publique :
contredire le diagnostic du praticien. Cela pourrait en mise à disposition des locaux
effet nuire à l'alliance thérapeutique conclue entre le Article 67
médecin et le patient de même qu'entre le pharmacien
«Il est interdit au pharmacien de mettre à la disposition de
et le patient en semant le doute. Cela entache la relation
personnes étrangères à l'officine, à quelque titre que ce soit,
entre le pharmacien et le médecin. Cette abstention ne
dispense pas le pharmacien d'appliquer si nécessaire un onéreux ou gratuit, tout ou partie de ses locaux professionnels
refus de délivrance s'il estime que le traitement met en pour l'exercice de toute autre profession. Seules les activités
jeu la sécurité du patient. spécialisées réglementairement prévues sont autorisées.»
En revanche, lors d'une demande spontanée d'un patient
(donc en dehors du cadre de l'ordonnance), le pharma-
cien est amené à effectuer un raisonnement diagnostique Devoirs des pharmaciens exerçant
concernant des soins de premiers recours, et ce, dans le dans les entreprises et les
but de pouvoir conseiller le meilleur traitement possible
(ou au besoin, comme énoncé dans l'article précédent, établissements pharmaceutiques de
orienter le patient vers un médecin si le cas dépasse le fabrication et de distribution en gros
cadre pharmaceutique).
Article R. 4235-68 du Code de la santé publique :
généralités
Article 68
Article R. 4235-64 du Code de la santé publique : «Le pharmacien responsable mentionné aux articles L. 5124-2,
consommation abusive L. 5124-7 et L. 5142-1 doit veiller au respect de l'éthique pro-
Article 64 fessionnelle ainsi que de toutes les prescriptions édictées dans
«Le pharmacien ne doit pas, par quelque procédé ou moyen l'intérêt de la santé publique.
que ce soit, inciter ses patients à une consommation abusive Il doit en outre veiller à définir avec précision les attribu-
de médicaments.» tions des pharmaciens et du personnel placé sous son auto-
rité. Il doit former ce dernier aux règles de bonnes pratiques.
Le pharmacien délégué est tenu, dans les limites de sa
Article R. 4235-65 du Code de la santé publique : délégation, aux mêmes obligations.»
prix des médicaments Cet article assez généraliste reprend plusieurs points.
Article 65 Le pharmacien responsable est le garant de l'éthique
«Tous les prix doivent être portés à la connaissance du public professionnelle et le garant du respect des bonnes pra-
conformément à la réglementation économique en vigueur. tiques afférentes au secteur d'activité dans lequel il travaille.
Lorsque le pharmacien est, en vertu de la réglementation Il est fréquent, dans les entreprises pharmaceutiques qu'il
en vigueur, appelé à fixer librement les prix pratiqués dans y ait plusieurs sites. Ainsi, il y a un pharmacien responsable
son officine, il doit y procéder avec tact et mesure.» pour toute l'entreprise et des pharmaciens délégués pour
Il est nécessaire de se reporter à la section «L'affichage les sites annexes. Dans ce cadre, c'est le pharmacien res-
des prix à l'officine» au chapitre 20 pour connaître les règles ponsable qui veille à ce que chaque pharmacien délégué
en matière d'affichage de prix des médicaments. (et chaque personnel sous son autorité) fasse respecter
104
9. Le Code de déontologie
l'éthique et les bonnes pratiques (cf. «Le pharmacien res- Article R. 4235-73 du Code de la santé publique :
ponsable et les pharmaciens délégués» au chapitre 10.) indications autorisées
Article 73
Article R. 4235-69 du Code de la santé publique :
« Outre les indications qui doivent figurer en vertu de la régle-
pharmacien responsable et publicité
mentation en vigueur sur tous documents émanant de son
Article 69 laboratoire, le pharmacien biologiste ne peut faire figurer sur
«Le pharmacien responsable et les pharmaciens placés sous ces documents que tout ou partie des indications suivantes :
son autorité doivent s'interdire de discréditer un confrère ou 1 Le numéro de téléphone et de télécopie ;
une entreprise concurrente. 2 Le numéro de compte bancaire ;
Le pharmacien responsable est tenu de veiller à l'exac- 3 Les activités exercées figurant dans l'autorisation préfectorale ;
titude de l'information scientifique, médicale et pharma- 4 Le cas échéant, le nom ou le sigle de l'association, du grou-
ceutique et de la publicité, ainsi qu'à la loyauté de leur pement ou du réseau dont le laboratoire est membre, ladite
utilisation. Il s'assure que la publicité faite à l'égard des mention ne pouvant cependant prévaloir sur l'identification
médicaments est réalisée de façon objective et qu'elle n'est du laboratoire ;
pas trompeuse. » 5 Les titres et fonctions reconnus par le conseil national de
l'ordre des pharmaciens ;
Article R. 4235-70 du Code de la santé publique : 6 Les distinctions honorifiques reconnues par la République
remplacement du pharmacien responsable française.
Article 70 Le pharmacien biologiste peut également faire figurer ces
«Le pharmacien responsable doit vérifier que toutes disposi- indications dans un annuaire professionnel.
tions sont prises pour son remplacement en cas d'absence. Il Ces indications, comme celles qui sont inscrites, selon les
doit veiller à ce que son remplaçant satisfasse aux conditions dispositions réglementaires en vigueur, sur la plaque profes-
requises.» sionnelle apposée à la porte des locaux du laboratoire ou de
l'immeuble dans lequel ce dernier est installé, doivent être
présentées avec discrétion selon les usages des professions
Devoirs des pharmaciens libérales.»
biologistes
Article R. 4235-74 du Code de la santé publique :
Article R. 4235-71 du Code de la santé publique : refus d'examen
généralités
Article 74
Article 71 «Le pharmacien biologiste peut refuser d'exécuter un prélève
«Le pharmacien biologiste doit veiller au respect de l'éthique ment ou une analyse pour des motifs tirés de l'intérêt du
professionnelle ainsi que de toutes les prescriptions édictées patient ou du caractère illicite de la demande.
dans l'intérêt de la santé publique. Il accomplit sa mission en S'il refuse pour d'autres motifs, il doit fournir au patient
mettant en œuvre des méthodes scientifiques appropriées et, tous renseignements utiles pour lui permettre de faire exécu-
s'il y a lieu, en se faisant aider de conseils éclairés. ter ce prélèvement ou cette analyse.»
Il doit surveiller avec soin l'exécution des examens qu'il ne Le biologiste dispose d'une possibilité — et non pas d'un
pratique pas lui-même. Il doit, dans le cas d'un contrat de devoir comme cela est le cas avec le refus de dispensation
collaboration entre laboratoires, s'assurer que les analyses d'un médicament par un officinal — de refus de pratiquer
confiées au laboratoire sont exécutées avec la plus grande un examen si cela est contraire à l'intérêt de la santé du
sécurité pour le patient.» patient.
Article R. 4235-72 du Code de la santé publique : Article R. 4235-75 du Code de la santé publique :
informations prix, tact et mesure
Article 72 Article 75
«L'information scientifique auprès du corps médical ou phar- «Le pharmacien biologiste ne doit pas réduire ses honoraires
maceutique mentionnée à l'article L. 6211-7 ne saurait être dans une intention de concurrence déloyale ou au détriment
détournée à des fins publicitaires.» de la qualité des prestations qu'il fournit. Dans le cas de contrat
105
IV. Autorités publiques, Ordre des pharmaciens, déontologie
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 A Vrai.
Le pharmacien peut faire une fausse facture dans l'intérêt du B Faux.
patient : QCM 4
A Vrai. Le pharmacien peut vendre des «Fleurs de Bach» :
B Faux. A Vrai.
QCM 2 B Faux.
Le pharmacien peut être pompier volontaire : QCM 5
A Vrai. Le pharmacien a le droit de stocker de la nourriture dans une
B Faux. armoire frigorifique stockant les médicaments de la chaîne du
QCM 3 froid :
Le pharmacien qui porte secours à quelqu'un n'encourt pas le A Vrai.
risque d'une condamnation pour exercice illégal de la médecine : B Faux.
106
Chapitre 10
Entreprise et établissement
pharmaceutiques
PLAN DU C HAPITRE
Définitions 110
Les activités des établissements
pharmaceutiques 110
Le pharmacien responsable
et les pharmaciens délégués 111
Droit pharmaceutique
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V. L'industrie du médicament et son activité
l au stockage ;
Point clé l au contrôle de la qualité ;
Entreprise pharmaceutique
110
10. Entreprise et établissement pharmaceutiques
Ph. délégué
Ph. délégué
Ph. délégué
Ph. Responsable
Ph. délégué
Ph. délégué
Ph. délégué
Figure 10.2
Le pharmacien responsable et ses pharmaciens délégués.
(Illustration par M. Guerriaud.)
111
V. L'industrie du médicament et son activité
lage, et le transport des gaz médicaux ; Concernant l'entreprise (article R. 5124-36 du Code de la
l le suivi des lots, le traitement des réclamations, les retraits
santé publique) :
l le pharmacien responsable participe aux délibé-
et retours des produits.
rations des organes de gestion, d'administration, de
direction ou de surveillance, ou à celles de tout autre
Pour les fabricants, importateurs et exploitants
organe ayant une charge exécutive, de l'entreprise ou
Le premier pharmacien adjoint est requis pour un de l'organisme, lorsque ces délibérations concernent ou
effectif de 20 à 35 personnes, puis un deuxième peuvent affecter l'exercice des missions relevant de sa
pharmacien adjoint pour un effectif de 36 à 75 per- responsabilité ;
sonnes et ainsi de suite par tranche de 40 personnes l il a autorité sur les pharmaciens délégués et adjoints ;
20 35 75
15 40 40
er
Fabricants Pharmacien 1
Importateurs délégué ou pharmacien 2e pharmacien adjoint … pharmacien adjoint
Exploitants responsable adjoint
40 100 175
60 75 100
er e e
Distributeurs Pharmacien délégué ou responsable 1 pharmacien adjoint 2 pharmacien adjoint 3 pharmacien adjoint
Figure 10.3
Répartition des pharmaciens adjoints selon l'effectif.
(Illustration par M. Guerriaud.)
112
10. Entreprise et établissement pharmaceutiques
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 3
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à l'entité Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne la personne
économique ? secondant un pharmacien responsable ?
A Le site pharmaceutique. A Un pharmacien attaché.
B L'établissement pharmaceutique. B Un pharmacien gérant.
C L'entreprise pharmaceutique. C Un pharmacien titulaire.
D L'activité pharmaceutique. D Un pharmacien délégué.
E La distribution pharmaceutique. E Un pharmacien assistant.
QCM 2 QCM 4
Parmi les réponses suivantes, lesquelles correspondent aux Le nombre de pharmaciens secondant le pharmacien respon-
différentes activités de la distribution ? sable est calculé selon le chiffre d'affaires :
A Grossiste répartiteur. A Vrai.
B Fabricant. B Faux.
C Importateur.
QCM 5
D Dépositaire.
Le pharmacien responsable doit obligatoirement faire partie
E Centrale d'achat.
des organes de décision :
A Vrai.
B Faux.
113
Chapitre 11
Les brevets
P LAN D U CHA PI T RE
Définition 115
Différentes inventions 115
Limitations 116
Conditions indispensables
pour déposer un brevet 118
Exploitation du brevet 118
Les licence d'office et licence obligatoire 118
La contrefaçon de brevet 119
Droit pharmaceutique
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11. Les brevets
En matière d'espace, le brevet est limité à un territoire tique des animaux de nature à provoquer chez eux des
donné, c'est-à-dire au territoire dans lequel a été déposé le souffrances sans utilité médicale substantielle pour
brevet. Cependant, concernant ce dernier point, il est pos- l'homme ou l'animal, ainsi que les animaux issus de tels
sible de déposer un brevet européen à l'Office européen procédés.
des brevets (OEB), afin d'obtenir une protection dans plu- Sont brevetables (article L. 611-19 du Code de la pro-
sieurs pays européens, ou encore à l'Organisation mondiale priété intellectuelle) :
de la propriété intellectuelle (OMPI) pour obtenir une pro- l les inventions portant sur des végétaux ou des ani-
tection encore plus large. maux si la faisabilité technique de l'invention n'est pas
116
11. Les brevets
limitée à une variété végétale ou à une race animale Ne sont notamment pas brevetables :
déterminées : ainsi un animal génétiquement modifié l les procédés de clonage des êtres humains ;
peut être breveté, par exemple Atryn® une antithrom- l les procédés de modification de l'identité génétique de
bine alfa est produite dans le lait d'une chèvre généti- l'être humain ;
quement modifiée ; l les utilisations d'embryons humains à des fins indus-
tie de cette séquence « directement liée à la fonction l aux études, essais et actes nécessaires pour l'obtention d'une
spécifique » (article L. 613-2-1 du Code de la propriété AMM pour un médicament (notamment d'un générique) ;
intellectuelle). l aux actes nécessaires à l'obtention du visa de publicité.
117
V. L'industrie du médicament et son activité
du métier étant une personne de référence, il est un pro- leur obtention ou un procédé de fabrication d'un tel
fessionnel d'un domaine ou d'une discipline en particulier. produit ;
Il s'agit donc d'une personne bénéficiant de compétences l une méthode de diagnostic ex vivo (par exemple, un
propres qui ne sont pas «celles du commun», sans pour système de détection d'une maladie infectieuse nouvelle,
autant être un expert [122, 126]. menaçant la population).
118
11. Les brevets
119
V. L'industrie du médicament et son activité
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C Un algorithme.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée D Une technique de compression de poudre.
normale d'un brevet ? E Une méthode chirurgicale.
A 5 ans.
QCM 4
B 10 ans.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) correspond(ent)
C 15 ans.
à (aux) critère(s) de base pour qu'une invention soit brevetable ?
D 20 ans.
A L'invention doit être nouvelle.
E 25 ans.
B L'invention doit impliquer une activité de recherche.
QCM 2 C L'invention doit impliquer une activité inventive.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée D L'invention doit être susceptible d'application commerciale.
normale d'un certificat complémentaire de protection ? E L'invention doit être susceptible d'application industrielle.
A 2 ans.
QCM 5
B 5 ans.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'acronyme des
C 7 ans.
accords internationaux de l'OMC sur la protection des droits
D 9 ans.
intellectuels ?
E 13 ans.
A HARPIC.
QCM 3 B CARDIC.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) n'est (ne C CAPIC.
sont) pas brevetable(s) ? D MAGIC.
A Un procédé de clonage humain. E ADPIC.
B Une race animale.
120
Chapitre 12
Les marques
PLAN DU C HAPITRE
Définition 122
Les signes et les marques 122
Conditions indispensables pour déposer
une marque 123
Vie de la marque 124
La contrefaçon de marque 125
Droit pharmaceutique
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V. L'industrie du médicament et son activité
Prérequis et objectifs l les signes sonores tels que : sons, phrases musicales ;
l les signes figuratifs tels que dessins, étiquettes, cachets,
■
Prérequis : lisières, reliefs, hologrammes, logos, images de synthèse ; les
– notions de droit pharmaceutique (PACES). formes, notamment celles du produit ou de son condition-
■
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant nement ou celles caractérisant un service ; les dispositions,
sera capable de : combinaisons ou nuances de couleurs.
– définir la marque ;
– définir la notion de signe et son application dans Les marques nominales
le domaine des marques ; (par dénomination)
– citer les différents types de signes autorisés ;
– citer les conditions indispensables au dépôt La plupart des marques utilisent un mot ou un assemblage de
d'une marque ; mot, peu importe que ce mot ou cet assemblage ait un sens.
– expliquer le principe de vie de la marque ;
– définir la contrefaçon de marque et décrire ses Un mot
conséquences. l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Nike®.
l Domaine pharmaceutique, par exemple : Advil® (pas de
Définition sens particulier), Agrippal® (renvoie à la grippe).
Un assemblage de mots
Point clé l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Petit
Bateau®.
Définition de la marque l Domaine pharmaceutique, par exemple : Kenacort
La marque est définie à l'article L. 711-1 du Code retard®, Hept a myl®.
de la propriété intellectuelle : «La marque de Les slogans qui sont des assemblages de mots peuvent
fabrique, de commerce ou de service est un signe aussi être protégés :
susceptible de représentation graphique servant à l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Mars® «et
distinguer les produits ou services d'une personne ça repart».
physique ou morale.» l Domaine pharmaceutique, par exemple : BMS® «Ensemble,
nous pouvons vaincre», OCP® «par principe, actif».
Il convient d'abord de définir les différentes marques
Noms patronymiques
citées [53] :
l une marque de fabrique : marque qui est apposée par le l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Cartier®,
fabricant d'un produit. Exemple : Sanofi® ; Renault®, Michelin®.
l une marque de commerce : marque qui est apposée par l Domaine pharmaceutique, par exemple : Pierre Fabre®,
celui qui commercialise un produit sans en être le fabricant. Servier®, Vegebom du Dr Miot®.
Ce sont en particulier les marques dites de distributeurs. Remarque : il est admis que l'on peut déposer des
Exemple : les produits Carrefour® ; prénoms :
l une marque de service : marque qui est apposée par celui l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Jules®,
qui fournit un service. Cela peut concerner par exemple le Marie-Claire®.
transport, les banques… Exemple : OCP®. l Domaine pharmaceutique, par exemple : Jasmine®.
Noms géographiques
Les signes et les marques l Domaine non pharmaceutique, par exemple : Evian®, Vittel®.
l Domaine pharmaceutique, par exemple : Aspirine du
Il est nécessaire de préciser ce que l'on entend par un signe Rhône®, Magnésie San Pellegrino®, Baume des Pyrénées®.
susceptible de représentation graphique :
Lettres et sigles
l les dénominations sous toutes les formes telles que :
mots, assemblages de mots, noms patronymiques et géo- l Domaine non pharmaceutique, par exemple : EDF®, RTL®.
graphiques, pseudonymes, lettres, chiffres, sigles ; l Domaine pharmaceutique, par exemple : ART®, B.O.P.®, BMS®.
122
12. Les marques
123
V. L'industrie du médicament et son activité
Risque de tromperie
Vie de la marque
Le signe d'une marque ne doit pas être «de nature à trom-
per le public, notamment sur la nature, la qualité ou la prove- Le droit de marque est un droit d'occupation et non de
nance géographique du produit ou du service». On parle de création ; en effet, il faut que la marque «vive», c'est-à-dire
124
12. Les marques
qu'on doit l'utiliser. Ainsi, en l'absence d'utilisation sérieuse Ainsi, la marque « Mont Blanc® » déposée pour les sty-
de la marque, le titulaire de cette dernière perd ses droits los empêche un tiers de l'utiliser dans le domaine de la
après cinq années, comme l'indique l'article L. 714-5 du fourniture de bureau, mais pas dans le domaine alimen-
Code de la propriété intellectuelle : «Encourt la déchéance taire où il existe une autre marque « Mont Blanc® » pour
de ses droits le propriétaire de la marque qui, sans justes les crèmes desserts. De même, « Mazda® » est déposé
motifs, n'en a pas fait un usage sérieux, pour les produits comme marque de piles électriques et comme marque
et services visés dans l'enregistrement, pendant une période de voitures.
ininterrompue de cinq ans.» Afin de définir les territoires de spécialité, trente-quatre
classes de produits et huit classes de services ont été créées.
Remarque Par exemple, la classe 5 regroupe les produits pharmaceu-
tiques et vétérinaires :
Absence d'utilisation et médicament
l produits hygiéniques pour la médecine ;
l aliments et substances diététiques à usage médical ou
Dans le cas des médicaments, la marque est par- vétérinaire ;
fois déposée bien avant l'obtention de l'AMM et, l aliments pour bébés ;
donc, n'est parfois pas utilisée pendant cinq ans. l compléments alimentaires pour êtres humains et
Il s'agit typiquement d'un «juste motif» permet- animaux ;
tant de déroger à cette règle et ainsi d'éviter la l emplâtres, matériel pour pansements ;
déchéance de la marque. l matières pour plomber les dents et pour empreintes
dentaires ;
l désinfectants ;
La naissance l produits pour la destruction des animaux nuisibles ;
Le principe général est qu'une marque naît avec son
l fongicides, herbicides.
dépôt (en réalité lors du premier usage) auprès d'un
l bains médicinaux, bandes, culottes ou serviettes
organisme officiel comme l'INPI. Cependant pour une hygiéniques ;
marque dite «notoire», sa renommée remplace le défaut
l préparations chimiques à usage médical ou pharmaceu-
d'enregistrement. tique ;
L'enregistrement est valable dix ans et doit être
l herbes médicinales ;
renouvelé après cette période. Le nombre de renou-
l tisanes ;
vellements possibles est illimité. Ainsi, la protection
l parasiticides ;
conférée par la marque à l'avantage d'être « éternelle »
l alliages de métaux précieux à usage dentaire.
contrairement à la protection conférée par le brevet
d'invention.
La contrefaçon de marque
Le territoire de la marque À l'instar des brevets d'invention, la marque peut être
contrefaite. Cette contrefaçon de marque recouvre plu-
Territoire géographique sieurs aspects [122] (tableau 12.1).
Tout comme pour le brevet d'invention, la marque est pro-
tégée pour un territoire donné. Elle peut être déposée à un L'essentiel à retenir
niveau national, européen, international.
■
La marque est un signe susceptible de représen-
tation graphique servant à distinguer les produits
Territoire de spécialité
et services d'une personne physique ou morale.
Une marque s'applique sur un territoire au sens marketing ■
Une DCI ne peut pas être déposée comme
du terme, c'est ce que l'on appelle le principe de spécialité : marque.
un même signe peut être utilisé comme marque pour des ■
Un signe doit être distinctif, licite et disponible.
produits ou services différents (à l'exception des marques ■
Tout comme pour les brevets, il peut y avoir
notoires). contrefaçon d'une marque.
125
V. L'industrie du médicament et son activité
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 2
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) Une marque peut être sonore :
correspond(ent) aux différents types de marques ? A Vrai.
A Marque de courtoisie. B Faux.
B Marque de fabrique.
QCM 3
C Marque de commerce.
Une forme de comprimé peut être déposée comme marque :
D Marque de production.
A Vrai.
E Marque de service.
B Faux.
126
12. Les marques
127
Chapitre 13
Les essais cliniques
P LAN D U CHA PI T RE
Rappels sur le déroulé d'un essai clinique 129
Réglementation européenne
des essais cliniques 129
Droit pharmaceutique
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13. Les essais cliniques
– citer les grandes étapes de l'histoire de la ponibilité et les données ADME (absorption, distribution,
recherche sur l'humain ; métabolisme, élimination) ; elle permet d'avoir une idée des
– décrire le déroulé d'un essai clinique et ses diffé- posologies et des rythmes de prise ;
rentes étapes ; l phase IIb : l'étude pharmacodynamique se fonde sur des
– définir un essai clinique et une étude clinique ; critères cliniques et biologiques, stables et reproductibles,
– différencier l'essai clinique de l'étude clinique ; qui reflètent au mieux l'efficacité et qui permettent de
– citer et décrire les principes fondamentaux d'un mettre en évidence la dose minimale efficace.
essai clinique ; Généralement, l'étude de phase II est aussi monocen-
– citer les acteurs de l'essai clinique et définir leurs trique.
rôles respectifs ;
– décrire la vigilance des essais cliniques.
Phase III : étude d'efficacité
Rappels sur le déroulé thérapeutique
d'un essai clinique Cette phase se déroule sur un grand nombre de sujets
malades. Elle vise à vérifier l'efficacité et la tolérance du
Un essai clinique3 se déroule en plusieurs phases numérotées médicament en situation réaliste. Le médicament est testé
de I à IV, les trois premières précédant l'étape de commerciali- comparativement à un groupe témoin utilisant un médica-
sation et la quatrième se déroulant après l'obtention de l'AMM ment de référence ou un placebo.
pendant toute la durée de commercialisation (figure 13.1). Généralement, l'étude de phase III se réalise dans plusieurs
centres de santé : on parle alors d'étude multicentrique.
Phase I : étude de tolérance
Phase IV : post-AMM
Dans cette phase de première administration à l'homme,
on étudie généralement le médicament sur un petit groupe Elle consiste en des études de pharmacovigilance, visant à
de sujets sains (sauf en cancérologie). affiner le profil de sécurité du médicament et à découvrir
Cette phase permet de déterminer deux seuils : de nouveaux effets indésirables, mais aussi en des études
l un seuil d'apparition d'effets indésirables ; de qualité de vie, de morbi-mortalité et de coût/efficacité.
l un seuil d'apparition d'effet thérapeutique. La phase IV est souvent multicentrique.
On peut ainsi déterminer des pré-posologies et com-
mencer les études de pharmacocinétique.
Généralement, l'étude de phase I se réalise sur un seul Réglementation européenne
lieu : on parle d'étude monocentrique. des essais cliniques
Phase II : étude d'efficacité Comprendre la réglementation des essais cliniques est assez
pharmacologique complexe, car elle suit une mutation très rapide : de nom-
breux textes se superposent. Récemment encore s'appli-
Dans cette phase, réalisée sur un plus grand nombre de quaient la loi Huriet-Sérusclat et loi de bioéthique. Celles-ci
sujets, on cherche à établir les modalités thérapeutiques ont été remplacées par la loi Jardé, mais ce dernier texte
n'a pas eu de décret d'application à ce jour ! De plus, un
3
Cf. dans la même collection : Faure S, Guerriaud M, Clère N. Bases règlement européen publié en 2014 sera applicable en 2016
fondamentales en pharmacologie. Sciences du médicament. Issy-les- (tableau 13.1). C'est sur la base de ce dernier texte que nous
Moulineaux : Elsevier-Masson ; 2014. allons détailler la législation des essais cliniques.
129
V. L'industrie du médicament et son activité
AMM
~ 1 an ~ 2 ans ~ 1 à 4 ans
Plusieurs dizaines de
milliers de personnes
Figure 13.1
Les différentes phases d'un essai clinique.
(Illustration par M. Guerriaud.)
Tableau 13.1. Les dernières législations en matière Études cliniques, essais cliniques
d'essais cliniques
et autres études
Dates Textes
Le règlement européen différencie plusieurs notions : les
20 décembre Loi n° 88-1138 relative à la protection
1988 des personnes qui se prêtent à des recherches études cliniques, les essais cliniques, les essais cliniques à
biomédicales, dite loi Huriet-Sérusclat faible niveau d'intervention et, enfin, les études non inter-
ventionnelles (figure 13.2).
6 août 2004 Loi n° 2004-800 relative à la bioéthique
5 mars 2012 Loi n° 2012-300 relative aux recherches
impliquant la personne humaine, dite loi Jardé À retenir
16 avril 2014 Règlement (UE) n° 536/2014 du Parlement
européen et du Conseil relatif aux essais Études cliniques
cliniques de médicaments à usage humain et L'essai clinique constitue désormais une catégorie
abrogeant la directive 2001/20/CE
spécifique des études cliniques.
130
13. Les essais cliniques
Essai clinique à
– les médicaments expérimentaux sont utilisés confor-
faible niveau
d'intervention
mément aux conditions de l'autorisation de mise sur le
marché ; ou
– l'utilisation des médicaments expérimentaux est fon-
dée sur des données probantes et étayées par des publi-
cations scientifiques concernant la sécurité et l'efficacité
de ces médicaments expérimentaux dans l'un des États
membres concernés ; et
l les procédures supplémentaires de diagnostic ou de sur-
l'excrétion d'un ou de plusieurs médicaments ; Un essai clinique ne peut être conduit que si les droits, la
Dans le but de s'assurer de la sécurité et/ou de l'efficacité sécurité, la dignité et le bien-être des participants sont pro-
de ces médicaments.» tégés et prédominent sur tout autre intérêt et s'il a pour
but de produire des données fiables et robustes [129]. Ainsi,
les bénéfices escomptés pour les participants ou la santé
Essai clinique
publique justifient les risques et inconvénients prévisibles.
Un essai clinique est une étude clinique remplissant l'une De plus, l'intégrité physique et mentale des participants
des conditions suivantes [129] : doit être respectée et l'essai clinique doit avoir été conçu
l « l'affectation du participant à une stratégie théra- pour entraîner aussi peu de douleur, de désagrément et de
peutique en particulier est fixée à l'avance et ne relève peur que possible et pour réduire tout autre risque prévi-
pas de la pratique clinique normale de l'État membre sible pour les participants.
concerné ;
l la décision de prescrire les médicaments expérimentaux
est prise en même temps que la décision d'intégrer le partici- Le principe du consentement éclairé
pant à l'essai clinique ; ou Pour chaque participant à un essai clinique est demandé
l outre la pratique clinique normale, des procédures de un consentement libre est éclairé. Ce consentement éclairé
diagnostic ou de surveillance s'appliquent aux partici- est : «l'expression, par un participant, de son plein gré et en
pants. » toute liberté, de sa volonté de participer à un essai particulier,
131
V. L'industrie du médicament et son activité
après avoir pris connaissance de tous les éléments de l'essai Le principe de la double autorisation
clinique qui lui permettent de prendre sa décision ou, dans le
L'essai clinique est soumis à une double autorisation :
cas des mineurs et des personnes incapables, une autorisa- l une autorisation scientifique accordée par l'autorité com-
tion ou un accord de leur représentant désigné légalement de
pétente des États membres, par exemple en France, l'ANSM ;
les faire participer à l'essai clinique [129]». l une autorisation éthique accordée par le comité
Ce consentement doit impérativement être recueilli par
d'éthique (comité de protection des personnes).
écrit, daté et signé par le participant.
Ce dernier doit avoir des informations complètes,
concises, claires, pertinentes et compréhensibles par une Le principe de rapidité
personne profane ; elles contiennent : d'accès au médicament
l la nature, les objectifs, les avantages, les implications, les
L'essai clinique tout en assurant la sécurité des participants doit
risques et les inconvénients de l'essai clinique ; répondre à des impératifs de réactivité afin de permettre un accès
l les droits et garanties du participant concernant sa pro-
rapide aux traitements nouveaux et innovants pour les patients.
tection, en particulier son droit de refuser de participer et
son droit de se retirer de l'essai clinique à tout moment sans
encourir de préjudice et sans devoir se justifier ;
Les acteurs de l'essai clinique
l les conditions dans lesquelles l'essai clinique doit avoir (figure 13.3)
lieu, y compris la durée envisagée de la participation de
l'intéressé à l'essai clinique ; Promoteur
l les traitements de substitution éventuels, y compris les
Un promoteur est «une personne, une entreprise, un institut
mesures de suivi s'il est mis un terme à la participation de ou une organisation responsable du lancement, de la gestion
l'intéressé à l'essai clinique. et de l'organisation du financement de l'essai clinique [129]».
ANSM
EMA Recueil d’informations et surveillance
CPP
Investigateur
coordonnent ARC coordonnent
coordonnateur
Figure 13.3
Les acteurs d'un essai clinique.
(Illustration par M. Guerriaud.)
132
13. Les essais cliniques
Sécurité sociale.
L'EMA
Il n'existe pas de rémunération ou de contrepartie finan- Elle coordonne les États membres et leur apporte son
cière pour une personne participant à un essai clinique, soutien dans la réalisation du suivi des essais cliniques. Elle
car il n'existe pas de contrat entre le sujet et le promoteur. gère la base de données EudraCT (European Union Drug
En revanche, ce dernier peut verser une «indemnité en Regulating Authorities Clinical Trials) qui recense tous les
compensation des contraintes subies». Dans tous les cas, essais cliniques portant sur des médicaments. Elle permet
aucune contrainte, y compris de nature financière, n'est au promoteur d'obtenir un numéro EudraCT, qui est un
exercée sur les participants pour qu'ils participent à l'essai numéro unique nécessaire à l'ouverture et l'approbation de
clinique. l'étude.
L'investigateur enregistre tous les événements indésirables États membres de l'Union en cours de route ;
l l'évaluation scientifique se fait entre tous les États
ou les résultats d'analyse anormaux, les documente et les
notifie au promoteur. membres concernés, tandis que l'évaluation éthique se fait
L'investigateur informe le promoteur de tous les événe- État membre par État membre ;
l les essais cliniques seront plus transparents notam-
ments indésirables graves survenant chez les participants
qu'il a traités dans le cadre de l'essai clinique, et ce dans un ment avec un accès en ligne au public pour certaines
délai maximal de vingt-quatre heures. informations.
L'essentiel à retenir
Notifications par le promoteur à l'EMA
Le promoteur d'un essai clinique conduit dans au moins un ■
Un essai clinique se déroule sur plusieurs phases,
État membre notifie tous les SUSAR par voie électronique de I à IV, les trois premières précédant l'étape de
et sans délai à la base de données. commercialisation et la quatrième se déroulant
Le délai de notification à l'Agence est au maximum de après l'obtention de l'AMM pendant toute la
sept jours si le SUSAR est létal, sinon de quinze jours au durée de commercialisation.
maximum. ■
L'essai clinique constitue désormais une catégo-
Afin de déterminer si un événement indésirable rie spécifique des études cliniques.
constitue un effet indésirable, il y a lieu d'examiner ■
Les principes de base d'un essai clinique
s'il est raisonnablement possible d'établir un lien de sont : le principe de sécurité, le principe du
causalité entre l'événement et le médicament expéri- consentement éclairé, le principe de la double
mental, sur la base de l'analyse des éléments de preuve validation et le principe de rapidité d'accès au
disponibles. médicament.
134
13. Les essais cliniques
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 D Le participant.
Parmi les réponses suivantes, lesquelles qualifient un consentement ? E L'ANSM.
A Libre.
QCM 4
B Volontaire.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'acteur de l'essai
C Éclairé.
clinique responsable de l'éthique ?
D Spontané.
A Le promoteur.
E Contraint.
B L'investigateur.
QCM 2 C Le CPP.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'acteur de l'essai D Le participant.
clinique à l'origine du financement ? E L'ANSM.
A Le promoteur.
QCM 5
B L'investigateur.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) désigne(nt)
C Le CPP.
l'(les) apport(s) du nouveau règlement européen ?
D Le participant.
A Un portail internet unique.
E L'ANSM.
B Un essai clinique limité à un an.
QCM 3 C Plus de transparence avec un accès en ligne pour les
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'acteur respon- patients.
sable de l'essai clinique sur un site ? D Un élargissement à d'autres États membres après le lance-
A Le promoteur. ment de l'essai.
B L'investigateur. E Une meilleure protection juridique pour l'investigateur.
C Le CPP.
135
14
Chapitre 14
L'autorisation de mise
sur le marché
P LAN D U CHA PI T RE
Rappels historiques 137
Cadre réglementaire de l'AMM 137
Les autorisations temporaires
d'utilisation (ATU) 142
Droit pharmaceutique
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14. L'autorisation de mise sur le marché
– définir l'autorisation temporaire d'utilisation et Autorisation Safety Study) peuvent être demandées s'il
décrire ses utilisations possibles. existe des craintes quant aux risques de sécurité présentés
par un médicament autorisé ;
l des études d'efficacité post-autorisation (PAES : Post-
À retenir
137
V. L'industrie du médicament et son activité
Ces conditions peuvent être à l'initiative d'un titulaire En plus de ces données est joint un dossier (article
d'AMM comme elles peuvent être imposées par une auto- R. 5121-25 du Code de la santé publique) dont les données
rité compétente. Elles peuvent également faire partie inté- requises sont détaillées dans le tableau 14.1.
grante du plan de gestion et de minimisation des risques.
Le refus d'une AMM peut venir du non-respect des
conditions de fonds énumérées ci-dessus ou du fait que le
Caractère obligatoire de l'AMM
médicament n'a pas la composition qualitative et quanti-
tative déclarée ou que l'effet thérapeutique annoncé fait À retenir
défaut ou est insuffisamment démontré par le demandeur.
Elle est également refusée lorsque la documentation et AMM obligatoire
les renseignements fournis ne sont pas conformes au dos- L'AMM est une autorisation obligatoire dans
sier qui doit être présenté à l'appui de la demande. l'Union européenne qui doit être délivrée préala-
blement à la commercialisation du médicament.
Conditions de forme
La demande d'AMM mentionne (article R. 5121-21 du Le Code de la santé publique dans son article L. 5121-8
Code de la santé publique) : prévoit que : « Toute spécialité pharmaceutique […] qui
l le nom et l'adresse du futur titulaire de l'AMM (ainsi que
ne fait pas l'objet d'une autorisation de mise sur le marché
de l'exploitant et du fabricant) ; délivrée par l'Union européenne […] doit faire l'objet,
l le nom du médicament ;
avant sa mise sur le marché ou sa distribution à titre
l la composition intégrale du médicament, soit par unité
gratuit, d'une autorisation de mise sur le marché déli-
de prise, soit par unité de poids ou de volume, compor- vrée par l'ANSM. »
tant la mention de la dénomination commune de ses Le non-respect de cette obligation est puni de cinq
composants ; ans d'emprisonnement et de 375 000 € d'amende (article
l le projet de résumé des caractéristiques du produit (RCP).
L. 5421-2 du Code de la santé publique).
138
14. L'autorisation de mise sur le marché
Réexamen
Réexamen
Premier renouvellement Second renouvellement
tique …
eu
ap rticuliers = 5 ans = 5 ans
pa
es r
Risqu thé
Réexamen
Examen
t
intérê
Dépôt AMM
d’AMM Première délivrance = 5 ans
Durée illimitée
Figure 14.2
Renouvellement de l'AMM.
(Illustration par M. Guerriaud.)
Demande
Balance
d’AMM AMM
bénéfice/risque
favorable
accordée
Figure 14.3
Procédure nationale.
(Illustration par M. Guerriaud.)
139
V. L'industrie du médicament et son activité
Procédure selon la voie européenne (European Medicines Agency ou EMA) réunit un comité (le
CHMP, Committee for Medicinal Products for Human Use).
Pour des raisons à la fois historiques et techniques, il existe
en réalité trois procédures communautaires. Procédure décentralisée
Dans le cas de cette procédure, l'AMM du médicament n'a
Procédure de reconnaissance mutuelle
jamais été octroyée dans un État membre de l'Union. La
Dans ce cas, l'AMM d'un médicament existe déjà dans l'un demande est alors faite de façon simultanée dans les pays
des États membres de l'Union européenne. Par le biais de concernés (figure 14.5). Un État membre est alors désigné,
cette procédure, l'AMM est étendue aux autres pays où la par le laboratoire, comme État membre de référence pour
demande est faite, par reconnaissance mutuelle (figure 14.4). conduire les investigations. L'AMM est ensuite octroyée dans
En cas de désaccord, l'Agence européenne du médicament les pays visés. En cas de désaccord, l'EMA réunit le CHMP.
Demande
d’AMM
AMM
accordée
Demande
d’AMM Reconnaissance AMM
automatique obligatoire
accordée
Si désaccord
arbitrage de l’EMA
AMM AMM
préexistante préexistante
Figure 14.4
Procédure de reconnaissance mutuelle.
(Illustration par M. Guerriaud.)
Demande
d’AMM
Demande
AMM
d’AMM AMM
accordée
accordée
Figure 14.5
Procédure décentralisée.
(Illustration par M. Guerriaud.)
140
14. L'autorisation de mise sur le marché
Procédure centralisée l le rapport entre les bénéfices et les risques n'est pas
favorable ;
Pour pouvoir lancer une procédure centralisée, aucune l la spécialité n'a pas la composition qualitative et quanti-
AMM ne doit exister dans un État membre.
tative déclarée.
Cette procédure est obligatoire pour :
l les médicaments dérivés des biotechnologies et les
En outre, l'entreprise ou l'organisme exploitant un
médicament ou un produit de santé communique immé-
médicaments innovants ;
l les médicaments innovants à usage vétérinaire ;
diatement à l'ANSM toute interdiction ou restriction soit
l les médicaments à usage humain contenant une nou-
de son initiative, soit imposée par l'autorité compétente
de tout pays dans lequel le médicament est mis sur le
velle substance active et destiné au traitement du sida, des
marché, afin que l'ANSM puisse diligenter immédiate-
cancers, des maladies neurodégénératives, du diabète, des
ment une réévaluation du rapport entre les bénéfices
maladies virales et des maladies auto-immunes et autres
et les risques de ce médicament et prendre les mesures
dysfonctionnements immunitaires ;
l les médicaments désignés comme médicaments orphelins.
de suspension, retrait ou modification adéquate le cas
échéant (articles L. 5121-9-2 et L. 5121-9-4 du Code de la
La demande d'AMM est déposée à l'EMA par le labo-
santé publique). Dans le même objectif, notamment en
ratoire. L'Agence désigne un État membre Rapporteur et
cas de doute, l'ANSM peut à tout moment demander au
un État membre Co-Rapporteur ; s'ensuit une phase d'éva-
titulaire de l'AMM de transmettre des données démon-
luation puis un vote au sein du CHMP. En cas d'accord,
trant que ce rapport reste favorable (article L. 5121-9-3 du
l'AMM est automatiquement octroyée pour tous les pays
Code de la santé publique).
de l'Union européenne (figure 14.6).
L'ANSM dispose aussi d'une autre possibilité pour pro-
Retrait et suspension de l'AMM téger les patients : bien que ne suspendant pas l'AMM, elle
peut interdire la prescription et la délivrance d'une spécialité
L'AMM peut être suspendue, retirée ou modifiée notam- pharmaceutique et la retirer du marché sous certaines condi-
ment pour l'un des motifs suivants (article L. 5121-9 du tions (article L. 5121-14-2 du Code de la santé publique).
Code de la santé publique) : Au niveau européen, l'EMA peut émettre une «mesure de
l le médicament est nocif ; restriction urgente pour des raisons de sécurité» (USR, Urgent
l le médicament ne permet pas d'obtenir de résultats Safety Restriction) pour les cas nécessitant une action et une
thérapeutiques ; prise de décision immédiates. Cette procédure, p révue par
Demande Un rapporteur
d’AMM Un co-rapporteur
EMA
AMM
accordée AMM
AMM
accordée
accordée
Balance
bénéfice/risque + Vote AMM
favorable
accordée AMM
accordée
AMM AMM
accordée accordée
Figure 14.6
Procédure centralisée.
(Illustration par M. Guerriaud.)
141
V. L'industrie du médicament et son activité
Les autorisations temporaires d'utilisation, ou ATU, sont Différences entre ATU et RTU
fondées sur le concept d'usage compassionnel des médi- Attention il ne faut pas confondre l'ATU avec les
caments. Ce concept existait, sans base légale, depuis les RTU. Les RTU, recommandations temporaires
années cinquante ; il permettait d'importer des médi- d'utilisation, sont des indications nouvelles et
caments rares ne disposant pas de visa (ou d'AMM) en temporaires données par l'ANSM et qui ne sont
France. Plus tard, un début de légalisation est rendu pos- pas conformes à l'AMM.
sible par l'arrêté du 22 octobre 1973 et la circulaire du Ces RTU permettent donc de traiter des patients
1er juillet 1982. avec un médicament ayant déjà une AMM
Dans les années quatre-vingt, le sida fait son appari- (contrairement à l'ATU) mais pas d'indication,
tion en France qui, à travers la loi du 8 décembre 1992 et en l'absence d'alternative thérapeutique et sous
ses décrets d'applications parus en 1994, entend mettre réserve que la balance bénéfice/risque soit favo-
à disposition des médicaments contre le VIH non rable. Cette disposition est récente puisqu'elle a
encore complètement évalués mais qui présentaient un été créée par la loi n° 2011–2012 du 29 décembre
potentiel à sauver des vies tel que l'on pouvait déroger à 2011 et son décret d'application n° 2012-742 du
l'AMM [130]. 9 mai 2012.
Aujourd'hui, l'ANSM peut délivrer dans certains cas particu-
liers ces ATU en l'absence d'AMM. Les médicaments concer-
nés par les ATU doivent servir selon l'article L. 5121-12 du L'essentiel à retenir
Code de la santé publique «à traiter des maladies graves ou
rares, en l'absence de traitement approprié, lorsque la mise ■
Il existe trois conditions indispensables en vue
en œuvre du traitement ne peut pas être différée». Il faut de l'obtention de l'AMM : la qualité, la sécurité,
en outre que l'efficacité et la sécurité de ces médicaments l'efficacité.
soient fortement présumées. ■
L'AMM est une autorisation obligatoire dans
Il existe deux catégories distinctes d'ATU : l'ATU dite l'Union européenne qui doit être délivrée préala-
nominative et l'ATU dite de cohorte. blement à la commercialisation du médicament.
■
Il existe une procédure d'AMM nationale et des
procédures européennes : la procédure de recon-
L'ATU nominative
naissance mutuelle, la procédure centralisée et la
Comme son nom l'indique, elle est donnée pour une per- procédure décentralisée.
sonne identifiée à la demande d'un médecin par l'inter- ■
L'AMM peut être suspendue à tout moment,
médiaire d'un pharmacien hospitalier. Le pharmacien retirée ou modifiée pour des raisons de santé
hospitalier transfère la demande à l'ANSM qui accorde ou publique.
non l'ATU. ■
Une ATU peut être nominative ou de cohorte.
142
14. L'autorisation de mise sur le marché
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C La procédure décentralisée.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) D La procédure de reconnaissance mutuelle.
correspond(ent) à (aux) condition(s) indispensable(s) pour E L'ATU.
l'obtention d'une AMM ?
QCM 4
A La qualité.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la maladie
B L'innocuité.
à l'origine de l'avènement des ATU ?
C La sécurité.
A La tuberculose.
D L'efficacité.
B Le sida.
E La performance.
C Le cancer.
QCM 2 D La vache folle (maladie de Creutzfeldt-Jakob).
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) désigne(nt) E Le paludisme.
une (des) procédure(s) d'obtention d'AMM ?
QCM 5
A La procédure centralisée.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
B La procédure unifiée.
correspond(ent) à l'autorisation temporaire d'utilisation ?
C La procédure de reconnaissance réciproque.
A Elle est dite nominative si elle concerne un groupe de
D La procédure décentralisée.
patients.
E La procédure éclatée.
B Elle peut être donnée pour un médicament qui n'a pas
QCM 3 encore son AMM.
Un médicament X doit être mis sur le marché en France ; il C Elle est délivrée par la HAS.
dispose déjà d'une AMM au Danemark : quelle procédure D Elle nécessite qu'une demande d'AMM soit en cours en cas
utilise-t-on ? d'ATU de cohorte.
A La procédure nationale. E Elle ne concerne que les médicaments d'importation.
B La procédure centralisée.
143
Chapitre 15
La publicité
P LA N D U C HA PI T RE
Définition 145
Cadre juridique de la publicité 145
Droit pharmaceutique
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15. La publicité
145
V. L'industrie du médicament et son activité
pharmacien et, en cas de persistance des symptômes, une l la forme pharmaceutique du médicament ;
publicité. Ce visa est délivré pour une durée qui ne l le prix limite de vente au public lorsqu'un tel prix est fixé
peut excéder la durée de l'AMM (article L. 5122-8 du accompagné du coût du traitement journalier ;
Code de la santé publique). On parle de visa « Grand l le remboursement ;
public » ou visa GP. l pour une spécialité générique, la mention de cette qualité.
146
15. La publicité
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 QCM 3
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt) Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'autorisation
la publicité du médicament ? préalable pour la publicité auprès du public ?
A Le démarchage est une forme de publicité. A L'AMM.
B La réponse à une question précise est une forme de publicité. B L'APGP.
C La publicité respecte les informations du RCP. C Le visa GP.
D La prospection auprès des pharmaciens n'est pas une D Le visa PM.
forme de publicité. E L'autorisation NF.
E La publicité est sous la responsabilité du pharmacien
QCM 4
responsable.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt)
QCM 2 la publicité du médicament auprès des professionnels de
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) concerne(nt) santé ?
la publicité du médicament auprès du grand public ? A Le médicament ne peut pas être remboursable.
A Le médicament peut être de PMF ou de PMO. B La publicité doit comporter la posologie.
B Le médicament ne peut pas être remboursable. C La DCI n'est pas obligatoirement mentionnée.
C La publicité est accompagnée d'un message de prudence. D Le médicament peut être de PMF ou de PMO.
D La DCI n'est pas obligatoirement mentionnée. E Elle doit comporter le numéro d'AMM.
E Elle peut s'adresser principalement aux enfants.
u
147
V. L'industrie du médicament et son activité
u
QCM 5 C Le visa GP.
Parmi les réponses suivantes, laquelle désigne l'autorisation D Le visa PM.
préalable pour la publicité auprès des professionnels de santé ? E L'autorisation NF.
A L'AMM.
B L'APGP.
148
Chapitre 16
L'officine
PLAN DU C HAPITRE
Définition d'une officine de pharmacie 152
Éléments constitutifs et nécessaires
de l'officine de pharmacie 152
Exigences en matière de locaux
et d'aménagement 156
Différentes formes juridiques
d'exploitation 157
Droit pharmaceutique
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VI. L'officine de pharmacie et son activité
Prérequis et objectifs notion, bien que souvent citée dans certains textes de loi,
n'a jamais été clairement définie [132].
■
Prérequis : La définition généralement admise est la suivante :
– notions de droit pharmaceutique (PACES). « ensemble des éléments corporels (matériels, outillage,
■
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant marchandises) et incorporels (droit au bail, nom, enseigne,
sera capable de : brevets et marques, clientèle et achalandage) qui appar-
– définir une officine de pharmacie ; tenant à un commerçant ou un industriel lui permette
– citer les éléments constitutifs d'une officine, d'exercer son activité » (figure 16.1) au sein d'une entité
dont les éléments du fonds de commerce et les juridique [53].
caractéristiques de la licence ;
– décrire les exigences en matière de locaux et Des éléments corporels
d'aménagement ;
Dans le cas de l'officine, on pourra citer :
– énumérer les différentes formes d'exploitation l les matériels et outillages indispensables à l'exercice du
d'une officine.
métier, autrement dit pour la pharmacie d'officine :
– le mobilier (comptoirs, armoires de stockages,
Définition d'une officine rayonnages, etc.). Le mobilier fait partie intégrante du
capital fixe de l'entreprise. Il n'est pas destiné à la vente
de pharmacie aux patients ;
– les matériels (matériels de préparation, matériel de
réfrigération, etc.). Les matériels qui ne sont pas stric-
Point clé
tement indispensables à la pratique du métier (par
exemple, une photocopieuse) ne font pas partie du
Définition d'une officine de pharmacie fonds de commerce ;
Le Code de la santé publique définit l'officine à l les marchandises :
l'article L. 5125-1 : «On entend par officine l'éta- – le stock de la pharmacie d'officine. Ce stock peut être
blissement affecté à la dispensation au détail des constitué des matières premières servant aux prépara-
médicaments, produits et objets mentionnés à l'ar- tions, des médicaments, des produits de santé autres,
ticle L. 4211-1 ainsi qu'à l'exécution des préparations etc.
magistrales ou officinales [131].»
indissociable telle que définie à l'article L. 5125-7 du Code importante du fonds (cf. infra) ;
de la santé publique. l la clientèle et l'achalandage : la clientèle est l'ensemble
ciale, avant de se consolider au xixe puis au xxe siècle. Cette d'identifier l'officine par rapport aux autres officines.
152
le mobilier
Les matériels
et outillages
les matériels
Des éléments
corporels
Le fonds de commerce
La licence
d’exploitation
La clientèle
et l’achalandage
Le droit au bail
Le nom de domaine
Figure 16.1
16. L'officine
Les éléments constitutifs du fonds de commerce d'une pharmacie d'officine.
(Illustration par M. Guerriaud.)
153
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Le nom commercial est le nom sous lequel est exploitée Lorsque la dernière officine présente dans une commune
l'officine. L'enseigne quant à elle est le signe extérieur per- de moins de 2 500 habitants a cessé définitivement son acti-
mettant d'identifier la pharmacie ; vité et qu'elle desservait jusqu'alors une population au moins
l le droit au bail : c'est une protection offerte au commer- égale à 2 500 habitants, une nouvelle licence peut être délivrée
çant au moment du renouvellement du bail commercial, pour l'installation d'une officine par voie de transfert dans
cette protection porte parfois le nom de «propriété com- cette commune.
merciale». Il est très difficile et coûteux pour le propriétaire Dans les communes qui sont dépourvues d'officine […],
des murs d'expulser un commerçant, en effet si le proprié- l'ouverture d'une officine peut être autorisée par voie de créa-
taire refuse le renouvellement il devra verser une indemnité tion si les conditions prévues au premier, deuxième ou troisième
dite d'éviction qui comprend généralement le prix du fonds alinéa sont remplies depuis au moins deux ans à compter de
de commerce additionné des frais de déménagement et de la publication d'un recensement mentionné à l'article L. 5125-
réinstallation [133] ; 10 et si aucune décision autorisant cette ouverture par voie de
l le nom de domaine : dans le cas où l'officine dispose transfert ou regroupement n'a été prise dans ce délai.»
d'un site internet (de présentation ou de vente en ligne), Une règle simplifiée schématique est présentée dans la
son nom de domaine et l'adresse électronique qui s'y rap- figure 16.2.
porte font partie du fonds de commerce.
Jurisprudence
À retenir
Le principe de la répartition est-il conforme avec le
Commerce droit de l'Union ?
Le pharmacien possédant un fonds de commerce, La réponse a longtemps été difficile à donner, et ce
il devient de facto un commerçant. Il doit dès lors malgré la directive 2005/36/CE, pourtant explicite,
s'enregistrer au registre du commerce et tenir des permettant une répartition coercitive : «La répar-
livres de commerce. tition géographique des officines, notamment, et
le monopole de dispensation des médicaments
devraient continuer de relever de la compétence
La licence des États membres [134].»
Malgré cette directive, la jurisprudence sera fluc-
Licence et répartition tuante avant que dans un dernier arrêt, en 2010,
La licence d'exploitation d'une officine, selon l'article la Cour de justice de l'Union européenne valide
L. 5125-4 du Code de la santé publique, est nécessaire le principe de répartition (arrêts Pérez et Gomez
pour créer, regrouper ou transférer une officine. Elle a [135]).
été créée en 1941 dans le but d'obtenir une meil-
leure répartition des pharmacies d'officine sur le ter-
ritoire français. Le but était de limiter l'implantation
de pharmacie dans des zones urbaines déjà bien des- Transférer une officine dans un autre lieu
servies et de mieux pourvoir les zones rurales plutôt La création d'officines étant désormais devenue excep-
délaissées. tionnelle, la plupart des procédures correspondent
Le Code de la santé publique dans son article L. 5125-11 aujourd'hui à des transferts. Ces transferts sont soumis à
dispose : une autre règle que la répartition :
■
impératif de santé publique : il ne faut pas que le lieu
«L'ouverture d'une officine dans une commune qui en est
d'origine de l'officine se retrouve dépourvu d'approvi-
dépourvue peut être autorisée par voie de transfert lorsque le sionnement en médicament après le transfert (article
nombre d'habitants recensés dans la commune est au moins L. 5125-3) ;
égal à 2 500. ■
l'accessibilité au public : il faut en effet que le lieu soit
L'ouverture d'une nouvelle officine dans une commune de accessible en permanence pour assurer un service de
plus de 2 500 habitants où au moins une licence a déjà été garde et d'urgence ; ainsi, en cas d'installation dans un
accordée peut être autorisée par voie de transfert à raison centre commercial, il doit y avoir un accès extérieur
d'une autorisation par tranche entière supplémentaire de pour rentrer dans l'officine (article L. 5125-22) ;
4 500 habitants recensés dans la commune.
154
16. L'officine
4 500
4 500
Figure 16.2
Règle de répartition simplifiée.
(Illustration par M. Guerriaud.)
À retenir
■
distance d'une autre officine : les directeurs des ARS
ont la possibilité de déterminer des distances mini-
males entre deux officines dans le but de mieux des-
Nouvelle licence
servir la population. (article L. 5125-6). Si une nouvelle licence n'est pas nécessaire pour
un rachat, le nouveau titulaire doit néanmoins
faire une déclaration d'exploitation à l'Ordre des
pharmaciens.
Licence et achat d'officine
L'octroi de la licence est obligatoire pour créer, regrouper En outre, une officine ne peut être achetée qu'après
ou transférer une officine (cf. supra). Cependant, le rachat les cinq ans suivant sa création ou son transfert (article
d'une officine comprend nécessairement la licence puisque L. 5125-7). Cette interdiction devient caduque en cas
celle-ci est liée au fonds de commerce de par la loi. Dès lors, de force majeure, par exemple en cas de décès du
le nouveau titulaire n'a pas besoin de faire une nouvelle titulaire.
demande, la licence est liée à l'officine, pas à son exploitant.
155
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Exigences en matière de locaux aux autres produits dont la vente est réservée aux officines.»
Sauf médication officinale, tests de grossesse et d'ovulation
et d'aménagement (article R. 5125-9 du Code de la santé publique).
Il est par ailleurs rappelé aux articles R. 5132-20 et R. 5132-
Les locaux 26 du Code de la santé publique que les médicaments de
liste I, II et stupéfiants sont disposés de façon à ne pas être
Les locaux doivent répondre à un certain nombre directement accessibles au public.
d'obligations. Pour les stupéfiants et assimilés, il est obligatoire de dis-
« La superficie, l'aménagement, l'agencement et poser d'une armoire ou un local de sécurité destiné à leur
l'équipement des locaux d'une officine de pharmacie stockage spécifique (article R. 5125-10 du Code de la santé
sont adaptés à ses activités et permettent le respect des publique).
bonnes pratiques. » (article R. 5125-9 du Code de la santé L'officine doit comporter un emplacement adapté et
publique). réservé à l'exécution et au contrôle des préparations magis-
«Les locaux de l'officine forment un ensemble d'un seul trales et officinales (article R. 5125-10 du Code de la santé
tenant y compris pour ce qui concerne les activités spécia- publique).
lisées d'optique-lunetterie, d'audioprothèse et d'orthopédie. L'officine doit comporter un emplacement destiné au
Toutefois, des lieux de stockage peuvent se trouver à proxi- stockage des médicaments inutilisés (ou médicaments
mité immédiate, à condition qu'ils ne soient pas ouverts au non utilisés, MNU) (article R. 5125-10 du Code de la santé
public et ne comportent ni signalisation ni vitrine extérieure.» publique).
(article R. 5125-9 du Code de la santé publique). L'officine doit comporter un emplacement destiné au
«Aucune communication directe n'existe entre l'officine stockage des déchets d'activités de soins à risques infec-
et un autre local professionnel ou commercial.» (article tieux perforants (DASRI), rassemblés dans des collecteurs
R. 5125-9 du Code de la santé publique). Cet article inter- fermés définitivement (article R. 5125-10 du Code de la
dit donc d'avoir une porte intérieure communicante entre santé publique).
une officine et un autre commerce (par exemple, une Les activités spécialisées d'optique-lunetterie, d'audio-
parfumerie). prothèse et d'orthopédie font l'objet d'un rayon individua-
La loi Handicap du 11 février 2005 précise que les condi- lisé et, le cas échéant, d'un espace permettant au patient
tions d'accès des personnes handicapées ou à mobilité d'essayer le produit dans des conditions satisfaisantes.
réduite dans les établissements recevant du public (ERP) Lorsque des gaz à usage médical et des liquides inflam-
dont font partie les pharmacies doivent être les mêmes mables sont stockés dans une officine, ses locaux respectent
que celles des personnes valides ou, à défaut, d'une qualité les obligations afférentes.
d'usage équivalente.
Nous l'avons vu précédemment, il faut que le lieu soit
Aménagement extérieur et signalétique
accessible en permanence pour assurer un service de
garde et d'urgence. Ainsi, en cas d'installation dans un L'aménagement extérieur et la signalétique des officines
centre commercial, il doit y avoir un accès extérieur pour sont strictement encadrés (figure 16.3).
rentrer dans l'officine lorsque le centre commercial est La signalisation extérieure de l'officine ne peut compor-
fermé (articles L. 5125-3 et L. 5125-22 du Code de la santé ter que les caractéristiques suivantes (article R. 4235-53 du
publique). Code de la santé publique, Code de déontologie) :
l sa dénomination ;
R. 5125-9 du Code de la santé publique). groupement ou du réseau dont le pharmacien est membre ;
«Le mobilier pharmaceutique est disposé de telle sorte ce nom ou ce sigle ne saurait prévaloir sur la dénomination
que le public n'ait directement accès ni aux médicaments ni ou l'identité de l'officine.
156
16. L'officine
Dénomination
de la pharmacie PHARMACIE DES SCIENCES
Nom du groupement
impérativement plus petit Groupement de l’université
que le nom de l’officine
Figure 16.3
Aménagement extérieur et signalétique d'une pharmacie d'officine.
(Illustration par M. Guerriaud.)
(SELCA) ;
La croix verte et le caducée pharmaceutique l la société d'exercice libéral par actions simplifiée (SELAS) ;
La croix verte et le caducée pharmaceutique sont des l la société de participations financières (SPFLP).
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 D 7 000.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) rentre(nt) dans E 9 500.
les éléments corporels du fonds de commerce d'une officine ?
QCM 4
A Le mobilier.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) est (sont)
B La clientèle.
indispensable(s) au transfert d'une officine ?
C Le bail.
A Il faut vérifier que la zone d'origine ne soit pas dépourvue
D Le stock.
d'approvisionnement en médicament.
E Les matériels.
B Il faut vérifier que la distance avec les autres officines soit
QCM 2 adéquate.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) rentre(nt) C Il faut vérifier que la zone d'installation soit pourvue en
dans les éléments incorporels du fonds de commerce d'une médecins.
officine ? D Il faut vérifier que le futur lieu soit accessible au public.
A La licence. E Il faut vérifier que la distance avec les hôpitaux ou centres
B Le bail. de soins soit adéquate.
C L'achalandage.
QCM 5
D Le stock.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) est (sont)
E Les matériels.
autorisée(s) en tant que signalétique extérieure pour une
QCM 3 officine ?
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond au seuil A Une croix grecque de couleur verte.
d'ouverture de la seconde officine dans une zone donnée ? B Obligatoirement le nom du titulaire et du ou des adjoints.
A 2 500. C La dénomination de l'officine.
B 3 000. D Le «caducée» des pharmaciens.
C 4 500. E Le nom du groupement.
158
Chapitre 17
Les conditions d'exercices
PLAN DU C HAPITRE
Le diplôme 160
La nationalité 160
L'inscription à l'Ordre des pharmaciens 160
La capacité à exercer 161
Droit pharmaceutique
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VI. L'officine de pharmacie et son activité
Nos cousins les Québécois tions pénales ? a-t-il déjà manqué aux règles de déontologie ?
l de compétence : le demandeur a-t-il les titres de forma-
La France et le Québec reconnaissent mutuellement les tions justifiant de ses compétences ? est-il suffisamment
diplômes permettant l'exercice de la profession de pharma- formé ? y a-t-il une insuffisance professionnelle rendant
cien, mais sous conditions contrairement à la reconnaissance
dangereux l'exercice de la profession ?
automatique des États membres de l'Union européenne l de compatibilité avec la profession : le demandeur a-t-il
(article L. 4221-7 du Code de la santé publique).
Les pharmaciens québécois souhaitant exercer en France une infirmité ou d'un état pathologique incompatible avec
doivent : l'exercice de la profession ?
l d'indépendance professionnelle : le demandeur s'il a plu-
● posséder un permis d'exercice de la pharmacie (québécois) ;
● être inscrit au tableau de l'Ordre des pharmaciens (de sieurs professions est-il encore inscrit à un autre Ordre ?
Québec) ; Pour vérifier ces données, l'Ordre demande un certain
● justifier d'une expérience d'exercice en officine ; nombre de pièces justificatives énumérées à l'article R. 4222-2.
● avoir un diplôme québécois permettant l'exercice de la
profession ;
● effectuer un stage de six mois dans une officine française. Les pièces nécessaires à l'inscription à l'Ordre
Les pharmaciens français souhaitant exercer au Québec des pharmaciens (art. R. 4222-2)
doivent : ■
Une photocopie d'une pièce d'identité en cours de
● justifier d'une inscription à l'Ordre national des pharma-
validité […].
ciens (de France) ; ■
Le cas échéant, une attestation de nationalité délivrée
● être titulaire du diplôme d'État de docteur en pharmacie
par une autorité compétente.
(ou de pharmacien) ;
160
17. Les conditions d'exercices
L'essentiel à retenir
La capacité à exercer
Les trois critères indispensables pour l'exercice de
État pathologique ou infirmité la pharmacie sont :
■
la nationalité française ou d'un État membre de
Le Code de la santé publique prévoit dans son article l'Union européenne ou de l'Espace économique
R. 4221-15 que l'Ordre des pharmaciens peut suspendre européen ;
temporairement le droit d'exercer d'un pharmacien soit ■
l'inscription à l'Ordre des pharmaciens ;
en cas d'infirmité soit en cas d'état pathologique rendant ■
la capacité à exercer.
161
Chapitre 18
Le personnel de l'officine
P LAN D U CHA PI T RE
Le pharmacien titulaire 163
Le pharmacien adjoint 166
Autres personnels 168
Droit pharmaceutique
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18. Le personnel de l'officine
163
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Exercice exclusif Dans le cas où cet exercice personnel ne serait pas res-
pecté, les sanctions suivantes peuvent être appliquées :
Le pharmacien titulaire ne peut pas exercer une autre pro- l 75 000 € d'amende pour le fait de ne pas exercer person-
fession que la sienne, tout particulièrement si elle est médi-
nellement sa profession (article L. 5424-13) ;
cale ; en effet, l'article L. 5125-2 dispose que «l'exploitation l 75 000 € d'amende pour le fait de ne pas être présent
d'une officine est incompatible avec l'exercice d'une autre pro-
dans son officine ou de ne pas se faire régulièrement rem-
fession, notamment avec celle de médecin, vétérinaire, sage-
placer (article L. 5424-14) ;
femme, dentiste, même si l'intéressé est pourvu des diplômes l fermeture temporaire ou définitive de l'officine en peine
correspondants».
complémentaire (article L. 5424-19).
Concernant d'autres fonctions, l'article R. 4235-4 précise :
«Un pharmacien ne peut exercer une autre activité que si ce
cumul n'est pas exclu par la réglementation en vigueur et s'il Remplacement du titulaire
est compatible avec la dignité professionnelle et avec l'obliga-
tion d'exercice personnel.» Remplacements ponctuels
Ainsi, il est interdit d'exercer « une autre profession », Afin d'assurer la continuité de la présence pharmaceutique
mais pas « une autre activité », du moment que cette et d'assurer l'exercice personnel, il est impératif que le titu-
activité est accessoire. Par exemple, un pharmacien ne laire soit remplacé comme le précise l'article L. 5125-21 :
peut gérer, de droit ou de fait, une autre société com- « Une officine ne peut rester ouverte en l'absence de son
merciale, par exemple il ne peut pas exercer la profes- titulaire que si celui-ci s'est fait régulièrement remplacer.
sion de gérant d'une parapharmacie indépendante. En La durée légale d'un remplacement ne peut, en aucun cas,
revanche, il peut avoir une activité rémunérée autre dépasser un an. Ce délai d'un an peut être renouvelé une
(rédaction d'article pour des revues professionnelles, fois par décision du directeur général de l'agence régionale
activités artistiques, recherche…). En particulier est de santé lorsque l'absence du pharmacien titulaire se justifie
autorisée l'activité de pharmacien de sapeur-pompier par son état de santé. »
volontaire (article L. 5125-17). L'organisation de ce remplacement est prévue à l'article
De plus, cette activité doit être compatible avec «la R. 5125-39 (figure 18.1) :
dignité professionnelle» : il ne peut pas travailler dans un l pour une absence inférieure à un mois :
164
18. Le personnel de l'officine
DG ARS
nd
é es Président CROP
m a
om
rec
es
Figure 18.1
Règles de remplacement du titulaire d'une officine.
(Illustration par M. Guerriaud.)
l pour une absence comprise entre quatre mois et pharmacien adjoint de la même officine ou un pharma-
un an : cien remplaçant inscrit au tableau de la section D peut le
– par un pharmacien adjoint de la même officine ; remplacer.
– par un pharmacien remplaçant inscrit au tableau de Si cette obligation de remplacement n'est pas effectuée
la section D. et si la pharmacie reste alors ouverte, le pharmacien titu-
Aucune absence supérieure à un an n'est autorisée sauf laire s'expose à une amende de 75 000 € (article L. 5424-14
si l'état de santé du titulaire le justifie et uniquement après du Code de la santé publique) ainsi qu'à des sanctions
avis du directeur de l'ARS — cette disposition récente a été disciplinaires.
introduite par la loi de modernisation du système de santé.
On remarquera que plus la durée d'absence est longue, plus
Jurisprudence
les règles de remplacement sont strictes.
Sanction disciplinaire, décision n° 470-D du Conseil
Attention
national de l'Ordre des pharmaciens en date du
18 novembre 2008
Démarche «Lors d'un contrôle effectué le 6 mars 2006 dans
Dans le cas d'une absence supérieure à huit jours, les locaux de l'officine dont Mme A est titulaire, il
le pharmacien titulaire signale par lettre recom- a été constaté l'absence de celle-ci et l'ouverture au
mandée au directeur de l'ARS et au président du public de la pharmacie en l'absence de tout phar-
conseil de l'Ordre des pharmaciens dont il dépend, macien […]. Il est prononcé à l'encontre de Mme A
les nom, adresse et qualité du remplaçant qui se une sanction d'interdiction d'exercer la pharmacie
sera engagé par écrit à assurer le remplacement pendant trois mois, dont deux mois avec sursis.»
(article R. 5125-41).
Décès du titulaire
En outre, il convient de rappeler deux points importants :
l dans le cas où un pharmacien adjoint de l'officine vient à Le décès du titulaire crée une situation complexe concer-
remplacer le titulaire, il doit lui-même être remplacé par un nant l'avenir de l'officine, ce qui impacte :
l la santé publique : il y a un risque de disparition d'un
pharmacien remplaçant inscrit au tableau de la section D
(article R. 5125-42) ; accès local aux médicaments ;
l dans le cas où un pharmacien a été temporairement l la sphère socio-économique : l'avenir des salariés (que
l le patrimoine des ayants droit (héritiers) : il risque de pouvoir exercer (cf. chapitre 17, «Les conditions d'exer-
diminuer si l'officine ferme. cices»). Parmi ces conditions rappelons que l'inscription à
En conséquence, le législateur a prévu des mesures pour l'Ordre des pharmaciens section D est obligatoire (article
répondre à ces problématiques. Ainsi, s'il n'y a pas de phar- R. 5125-36) et que c'est au titulaire de s'assurer que son
macien parmi les héritiers ou si aucun ne souhaite ou ne adjoint a satisfait cette obligation (article R. 4235-15).
peut reprendre le rôle de titulaire, un gérant de l'officine
peut être nommé à titre provisoire.
Le délai pendant lequel son conjoint ou ses héritiers
Champ d'activité du pharmacien
peuvent maintenir une officine ouverte en la faisant adjoint
gérer par un pharmacien autorisé à cet effet par le
directeur de l'ARS ne peut excéder deux ans (article Missions
L. 5125-21). Le pharmacien adjoint a notamment pour missions (article
Les pharmaciens pouvant assurer la gérance après décès R. 5125-35) :
sont définis à l'article R. 5125-43 : l la dispensation au détail des médicaments et produits
l un pharmacien cotitulaire de l'officine ;
du monopole ;
l un pharmacien adjoint de la même officine ; l l'exécution des préparations magistrales ou officinales.
l un pharmacien remplaçant inscrit au tableau de la
On constate que les missions de l'adjoint et du titu-
section D ; laire sont semblables. En revanche, l'adjoint, ne gérant pas
l un pharmacien remplaçant en attente d'inscription à
l'officine, n'a pas les mêmes contraintes que le titulaire ;
l'Ordre. ainsi, il peut, dans une certaine mesure, exercer une autre
profession [140].
Le pharmacien adjoint est un pharmacien qui est requis confrères les pharmaciens placés sous leur autorité et [ils] ne
dans une officine quand l'activité de cette dernière est trop doivent pas faire obstacle à l'exercice de leurs mandats pro-
importante pour un titulaire. Ainsi, l'article L. 5125-20 pré- fessionnels». (article R. 4235-35).
voit des «pharmaciens dont les titulaires d'officine doivent Par exemple, un titulaire doit respecter la décision de
se faire assister en raison de l'importance de leur chiffre son adjoint de refuser la délivrance d'un traitement quand
d'affaires». l'intérêt de la santé du patient lui paraît l'exiger (article
Et l'article R. 5121-34 précise que l'on entend par pharma- R. 4235-61).
ciens adjoints les personnes qui «remplissant les conditions En outre, il faut rappeler que dans la relation profession-
d'exercice de la pharmacie en France, exercent leur activité nelle «titulaire adjoint», l'article R. 4235-19 prévoit qu'«il
dans une officine, avec le ou les pharmaciens titulaires ou le est interdit à tout pharmacien d'accepter, ou de proposer à
gérant de la pharmacie après décès». un confrère, une rémunération qui ne soit pas proportionnée,
Le pharmacien adjoint doit bien évidemment remplir compte tenu des usages, avec les fonctions et les responsabi-
tous les critères et conditions vus précédemment pour lités assumées».
166
18. Le personnel de l'officine
Enfin à noter, la loi de modernisation du système de «Les emplois correspondant aux tranches de chiffres
santé introduit un article L. 5125-17-1 qui prévoit que, dans d'affaires doivent être pourvus à temps plein ou en équivalent
certains cas, les adjoints puissent détenir des parts dans une temps plein.
officine mais rappel que ce dernier «continue d'exercer dans Les associés et le conjoint diplômé non salarié du titulaire
le cadre d'un contrat de travail et demeure placé dans un lien peut également être pris en compte.
de subordination juridique à l'égard du ou des pharmaciens Les pharmaciens titulaires d'officine devront déclarer, en
titulaires de l'officine». fin de chaque exercice, et au plus tard au 30 avril de chaque
année, leur chiffre d'affaires annuel global hors taxe à la valeur
Embauche obligatoire ajoutée au directeur général de l'agence régionale de santé.»
Pour les départements d'outre-mer, des coefficients
de pharmacien adjoint multiplicateurs sont affectés : 1,32 en Guadeloupe et
Dès lors que l'activité d'une officine devient importante, le en Martinique ; 1,26 à La Réunion et à Mayotte ; 1,34 en
pharmacien titulaire ne saurait à lui seul exercer personnel- Guyane.
lement tous les actes professionnels qui lui sont confiés et
ne saurait correctement assurer la surveillance de l'exécu- Attention
tion de ceux qu'il n'accomplit pas lui-même.
Afin de pallier ce problème, le nombre de pharma-
Présence effective
ciens adjoints présents dans une officine est réglementé
(figure 18.2). L'article L. 5125-20 dispose que c'est par arrêté Pour pouvoir rentrer dans le cadre de l'obligation
que le nombre de pharmaciens est fixé et c'est donc l'arrêté d'embauche, il est nécessaire que le pharmacien
du 15 mai 2011 qui précise : adjoint soit effectivement présent ; ainsi, un phar-
«Le nombre de pharmaciens dont les titulaires d'officine macien adjoint en congé longue maladie ou congé
doivent se faire assister en raison de l'importance de leur maternité ne peut pas être comptabilisé.
chiffre d'affaires annuel est fixé :
l à un pharmacien adjoint pour un chiffre d'affaires annuel hors
L'article L. 5424-3 dispose que le fait de ne pas dispo-
taxe à la valeur ajoutée compris entre 1 300 000 et 2 600 000 € ; ser, pour l'exercice de sa profession, du nombre de phar-
l à un deuxième pharmacien adjoint, pour un chiffre
maciens nécessaires en raison de l'importance du chiffre
d'affaires annuel hors taxe à la valeur ajoutée compris entre d'affaires est puni de sanction financière. Puisqu'il s'agit
2 600 000 et 3 900 000 € ; d'un manquement à l'exercice personnel de la profession,
l au-delà de ce chiffre d'affaires, à un adjoint supplémen-
la sanction sera de 75 000 € comme prévue à l'article
taire par tranche de 1 300 000 € supplémentaires.» L. 5424-13 ; en outre, des sanctions disciplinaires peuvent
L'arrêté du 1er août 1997 précise notamment : être prises.
Figure 18.2
Nombre de pharmaciens adjoints en fonction du chiffre d'affaires.
(Illustration par M. Guerriaud.)
167
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Autres personnels
L'essentiel à retenir
Préparateur en pharmacie ■
Le titulaire de l'officine est le pharmacien titu-
Les préparateurs en pharmacie, autrefois appelés «aides- laire de la licence de l'officine et propriétaire de
pharmaciens» — terme qui aujourd'hui reprend du sens —, l'officine.
sont des personnels qualifiés de l'officine. Ils doivent être ■
Le titulaire doit exercer personnellement sa pro-
titulaires d'un brevet professionnel (article L. 4241-4). fession : être présent, exercer lui-même, être iden-
Les préparateurs sont, avec les étudiants en pharmacie tifiable, ne pas exercer une autre profession.
régulièrement inscrits en troisième année, les seuls profes- ■
Le pharmacien adjoint est le pharmacien qui
sionnels autorisés à seconder les pharmaciens de l'officine assiste le titulaire.
dans la préparation et la délivrance au public des médica- ■
Le nombre de pharmaciens adjoints est régle-
ments destinés à la médecine humaine et à la médecine menté en fonction du chiffre d'affaires.
vétérinaire (article L. 4241-1). ■
Les autres personnes habilitées à délivrer des
Cependant, ces tâches ne peuvent être exécutées que médicaments sous la surveillance du titulaire
sous la responsabilité et le contrôle effectif d'un pharma- sont : les préparateurs en pharmacie et les étu-
cien. Cette surveillance ne saurait les exonérer de leur res- diants inscrits en troisième année des études de
ponsabilité pénale. pharmacie.
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 C 2 ans.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée D 5 ans.
d'expérience requise pour être titulaire ? E 7 ans.
A 6 mois.
B 1 an.
168
18. Le personnel de l'officine
QCM 2 A 6 mois.
Un pharmacien qui ne serait pas indentifiable (par son badge) B 1 an.
peut être puni ? C 2 ans.
A Vrai. D 3 ans.
B Faux. E 5 ans.
QCM 3 QCM 5
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond au chiffre
correspond(ent) aux activités que peut exercer un pharma- d'affaires imposant l'embauche d'un premier pharmacien
cien titulaire en plus de l'exploitation de son officine ? adjoint en France métropolitaine ?
A Pharmacien sapeur-pompier volontaire. A 500 000 €.
B Médecin. B 700 000 €.
C Exploitant d'un cabinet de recrutement. C 1 000 000 €.
D Élu municipal. D 1 300 000 €.
E Rédacteur d'article pour une revue professionnelle. E 1 700 000 €.
QCM 4
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée
maximale de gérance après le décès du titulaire ?
169
19
Chapitre 19
Le secret professionnel
P LAN D U CHA PI T RE
Des droits et des devoirs 171
Le secret 171
Droit pharmaceutique
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19. Le secret professionnel
Prérequis et objectifs
Remarque
■
Prérequis : Histoire du secret professionnel
– Notions de droit pharmaceutique (PACES).
La notion de secret professionnel était déjà prévue à l'article
■
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant 378 du Code pénal de 1810 qui avait la particularité de citer
sera capable de : nommément un certain nombre de professionnels : «Les
– définir la notion de secret professionnel, en tant médecins, chirurgiens et autres officiers de santé, ainsi que les
que droit, en tant que devoir ; pharmaciens, les sages-femmes et toutes autres personnes
– délimiter le champ du secret professionnel ; dépositaires, par état ou profession ou par fonctions tempo-
– repérer les situations pratiques relevant du raires ou permanentes, des secrets qu'on leur confie.» Ainsi, la
secret professionnel. France (sous le Premier Empire) fut la première nation à intro-
duire et garantir par la loi, la notion de secret en santé [141].
Remarque
Le secret
Aménagement de l'officine et secret
professionnel
Définition du secret
Afin de pouvoir respecter ce devoir, l'article
R. 4235-55 dispose : «Le pharmacien veille à ce Attention
que [les] médicaments […] soient dispensés avec
la discrétion que requiert le respect du secret pro- «Secret médical» ou «Secret
fessionnel.» Et en outre, l'article R. 5125-9 précise :
professionnel»
«L'accueil de la clientèle et la dispensation des
médicaments s'effectuent dans des conditions de Il convient de rappeler que l'expression «secret médi-
confidentialité permettant la tenue d'une conversa- cal», encore d'usage par certains, est aujourd'hui à
tion à l'abri des tiers.» proscrire dans le sens où cette expression prête à
171
VI. L'officine de pharmacie et son activité
confusion tant chez les patients que chez les profes- Prenons l'exemple d'un patient atteint d'un cancer, s'il le
sionnels de santé. En effet, cette expression laisserait dit à un pharmacien c'est un secret professionnel, s'il le dit en
sous-entendre qu'il existe un secret spécifique pour revanche à un ami, c'est une information [143]. Il faut noter
les médecins ou encore que le secret ne concerne- que peu importe le lieu où le secret est confié, que cela soit
rait que les données de santé ; or, dans les deux situa- dans la pharmacie ou en dehors, le secret est constitué dès
tions, ceci est erroné [142, 144]. qu'un patient se confie à un professionnel de santé.
172
19. Le secret professionnel
p rofessionnels appartiennent à la même équipe de soins […], dématérialisée, dans des conditions définies par décret pris
ils peuvent partager les informations concernant une même après avis de la Commission nationale de l'informatique et
personne qui sont strictement nécessaires à la coordination des libertés.
ou à la continuité des soins ou à son suivi médico-social et La personne est dûment informée de son droit d'exercer
social. Ces informations sont réputées confiées par la per- une opposition à l'échange et au partage d'informations la
sonne à l'ensemble de l'équipe. concernant. Elle peut exercer ce droit à tout moment».
Le partage, entre des professionnels ne faisant pas partie Ainsi, la loi rend possible la communication, mais avec deux
de la même équipe de soins, d'informations nécessaires à la conditions : il faut que l'échange porte sur la continuité des
prise en charge d'une personne requiert son consentement soins ou la meilleure prise en charge sanitaire possible et il
préalable, recueilli par tout moyen, y compris de façon faut que le patient soit «dûment averti».
Les exceptions au secret pour le pharmacien Le Code de la santé publique permet aussi une autre
dérogation. En effet, si le secret professionnel ne
Le Code pénal dans son article 226-14 prévoit des exceptions
s'éteint pas après la mort du patient, l'article L. 1110-4
au secret professionnel, deux concernent les pharmaciens :
dispose : « Le secret médical ne fait pas obstacle à ce que
■
«À celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou
les informations concernant une personne décédée soient
administratives de privations ou de sévices, y compris
délivrées à ses ayants droit, son concubin ou son parte-
lorsqu'il s'agit d'atteintes ou mutilations sexuelles, dont il a
naire lié par un pacte civil de solidarité, dans la mesure où
eu connaissance et qui ont été infligées à un mineur ou à une
elles leur sont nécessaires pour leur permettre de connaître
personne qui n'est pas en mesure de se protéger en raison
les causes de la mort, de défendre la mémoire du défunt
de son âge ou de son incapacité physique ou psychique.»
ou de faire valoir leurs droits, sauf volonté contraire expri-
■
«Aux professionnels de la santé ou de l'action sociale
mée par la personne avant son décès. Toutefois, en cas de
qui informent le préfet et, à Paris, le préfet de police du
décès d'une personne mineure, les titulaires de l'autorité
caractère dangereux pour elles-mêmes ou pour autrui
parentale conservent leur droit d'accès à la totalité des
des personnes qui les consultent et dont ils savent qu'elles
informations médicales la concernant, à l'exception des
détiennent une arme ou qu'elles ont manifesté leur inten-
éléments relatifs aux décisions médicales pour lesquelles
tion d'en acquérir une.»
la personne mineure, le cas échéant, s'est opposée à l'ob-
Le texte précise par ailleurs que «le signalement aux autorités
tention de leur consentement dans les conditions définies
compétentes effectué dans les conditions prévues au présent
aux articles L. 1111-5 et L. 1111-5-1. »
article ne peut faire l'objet d'aucune sanction disciplinaire».
Jurisprudence ■
Le fondement du secret professionnel est prévu
dans le Code pénal et rappelé dans le Code de la
Secret et relation d'amitié – CE, 7 février 1994 santé publique.
Lorsque la confidence a été recueillie par le phar-
■
Le secret professionnel ne dépend pas de son
macien dans le cadre d'une relation amicale, la contenu ni du lieu où il est livré, mais est secret du
jurisprudence majoritaire exclut la qualification fait qu'il est confié à un professionnel.
de secret [147].
■
Les informations déduites de l'ordonnance font
partie intégrante du secret.
L'essentiel à retenir
■
Le secret professionnel est à la fois un devoir
pour le pharmacien et un droit pour le patient.
■
Le secret professionnel est absolu ; il n'y a que
quelques dérogations légales.
173
VI. L'officine de pharmacie et son activité
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 A Oui.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la période B Non.
de création juridique du secret professionnel en santé ?
QCM 4
A L'Égypte ancienne.
En cas de sévices sur un mineur, pouvez-vous briser le secret
B La Renaissance.
professionnel ?
C La période napoléonienne.
A Oui.
D La révolution industrielle.
B Non.
E La seconde moitié du xxe siècle.
QCM 5
QCM 2
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
Un patient vous informe qu'il a un cancer, il en informe aussi
correspond(ent) à ce qui fait partie du secret professionnel ?
son ami. L'information faite à son ami rentre-t-elle dans le
A Ce qui a été entendu.
cadre du secret professionnel ?
B Ce qui a été vu.
A Oui.
C Ce qui a été confié.
B Non.
D Ce qui a été colporté.
QCM 3 E Ce qui a été compris.
Un patient vous informe qu'il a un cancer alors que vous vous
rencontrez en faisant vos courses au supermarché. Cette infor-
mation rentre-t-elle dans le cadre du secret professionnel ?
174
Chapitre 20
Le monopole et les produits
autorisés
Ce fichier a été initialement diffusé via Faille ECNi.
Faille ECNi est un groupe Telegram à but non lucratif de diffusion de res-
sources ECNi
t.me/joinchat/GKyxjHK2DuyhyYRg
PLAN DU C HAPITRE
Le monopole 176
Les produits autorisés à la vente
en officine 179
L'affichage des prix à l'officine 181
Droit pharmaceutique
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VI. L'officine de pharmacie et son activité
Objets de pansements et de tous articles importe qu'il s'agisse d'une plante «libéralisée» ou
présentés comme conformes à usage condimentaire ou alimentaire.
À noter qu'un juge de fond peut utiliser la notion
à la pharmacopée
de «médicament par fonction».
Les pansements et les autres articles (en particulier les liga-
tures chirurgicales, sutures chirurgicales, les sparadraps)
Huiles essentielles
conformes à la pharmacopée sont inclus dans le monopole
pharmaceutique. Très peu d'huiles essentielles font partie du monopole
Autrefois faisait partie du monopole au même para- pharmaceutique.
graphe «la préparation des produits destinés à l'entretien ou Sont d'abord exclus du monopole, par le texte, les huiles
l'application des lentilles oculaires de contact». essentielles et leurs dérivés utilisés dans des produits cos-
métiques, produits à usage ménager ou encore dans des
Préparation des générateurs, denrées ou boissons alimentaires.
trousses ou précurseurs Seules les huiles inscrites sur une liste fixée par décret
font partie du monopole (cf. le dernier décret en date
Ces objets sont nécessaires à la fabrication des médica- n° 2007-1198 du 3 août 2007 codifié à l'article D. 4211-13
ments radio-pharmaceutiques (cf. «Les médicaments du Code de la santé publique).
radio-pharmaceutiques» au chapitre 3).
Aliments lactés diététiques pour
Plantes médicinales nourrissons et aliments de régime
La vente des plantes utilisées dans un intérêt thérapeutique destinés aux enfants du premier âge
est réservée aux pharmaciens. Les plantes médicinales
L'arrêté du 9 mars 1992 précise ce que recouvre cette caté-
doivent être inscrites à la pharmacopée et répondre à
gorie d'aliments :
ses spécifications. l les aliments lactés pour nourrissons (moins de douze
Mais il s'agit là d'un principe général qui connaît beau-
mois) et enfants du premier âge (moins de quatre mois)
coup de dérogations, la première étant que certaines plantes
dont les protéines sont hydrolysées ;
médicinales sont également des plantes aromatiques ou l les aliments de régime destinés aux nourrissons (moins
condimentaires ou encore des plantes alimentaires, ainsi
de douze mois) et enfants du premier âge (moins de quatre
il paraît évident que certaines plantes comme le thym, le
mois) atteints de troubles métaboliques ou nutritionnels,
romarin ou encore l'ail, ne soient pas exclusivement ven-
en vue de répondre à leurs besoins spécifiques.
dues en pharmacie.
Deuxièmement, le décret n° 79-480 du 15 juin 1979,
modifié par le décret n° 2008-841 du 22 août 2008, établit Dispositifs médicaux de diagnostic in vitro
une liste de plante dont la vente est libre (plantes «libéra- destinés à être utilisés par le public
lisées»). Ce décret est codifié à l'article D. 4211-11 du Code Il s'agit par exemple des bandelettes urinaires ou encore des
de la santé publique. lecteurs de glycémie (cf. «Les dispositifs médicaux de dia-
Cependant, la jurisprudence a consacré un point impor- gnostic in vitro (DMDIV)» au chapitre 4).
tant : pour pouvoir être vendues en dehors d'une pharmacie
ou d'une herboristerie, les plantes doivent être non transfor-
mées : «en l'état» (Cass. crim., R., 5 janvier 1989 : Morin) [149]. Dérogations au monopole
Contraceptifs
Attention
Contraception d'urgence
Plante médicinale et définition du L'article L. 5134-1 du Code de la santé publique prévoit : «La
médicament délivrance aux mineures des médicaments ayant pour but
Si la vente d'une plante répond à la définition du la contraception d'urgence et qui ne sont pas soumis à pres-
médicament, c'est-à-dire présentée comme ayant cription médicale obligatoire s'effectue à titre gratuit dans les
des propriétés curatives ou préventives, alors de pharmacies selon des conditions définies par décret. Dans les
facto cette plante devient un médicament, peu établissements d'enseignement du second degré, les infirmiers
177
VI. L'officine de pharmacie et son activité
peuvent, en application d'un protocole national déterminé par les officines de pharmacie, les pharmacies à usage inté-
décret, dans les cas d'urgence, administrer aux élèves mineures rieur des établissements de santé et les établissements
et majeures une contraception d'urgence. Ils s'assurent de l'ac- qui se consacrent exclusivement au commerce du maté-
compagnement psychologique de l'élève et veillent à la mise en riel médico-chirurgical et dentaire ou qui disposent d'un
œuvre d'un suivi médical, notamment en orientant l'élève vers département spécialisé à cet effet. Elles peuvent être déli-
un centre de planification ou d'éducation familiale.» vrées à titre gratuit par toute association à but non lucratif
Ainsi, le monopole de délivrance dans le cadre de la menant une action de prévention du sida ou de réduction
contraception d'urgence est partagé entre les pharmacies, des risques chez les usagers de drogues répondant aux
les infirmières scolaires des établissements du second degré conditions définies par arrêté du ministre chargé de la
et les centres de planification (planning familial). santé. »
Ainsi, le monopole est partagé entre les pharmacies
Dispositifs intra-utérins, diaphragmes et capes (d'officine et PUI), des vendeurs spécialisés ainsi que des
Les dispositifs intra-utérins (DIU) plus communément appe- associations.
lés stérilets, les diaphragmes et capes, toujours selon l'article
L. 5134-1 «ne peuvent être délivrés que sur prescription d'un Aliments diététiques destinés à des fins
médecin ou d'une sage-femme et uniquement en pharmacie médicales spéciales (ADDFMS)
ou dans les centres de planification ou d'éducation familiale». Ce type d'aliments très particuliers est défini à l'article
Ainsi, là encore, le monopole est partagé entre les L. 5137-1 comme des aliments «destinés à une alimenta-
pharmacies et les centres de planification ou d'éducation tion particulière qui sont spécialement traités ou formulés
familiale. pour répondre aux besoins nutritionnels des patients. Ils sont
destinés à constituer l'alimentation exclusive ou partielle
Médicaments vétérinaires des patients dont les capacités d'absorption, de digestion,
Les médicaments vétérinaires peuvent être délivrés et pré- d'assimilation, de métabolisation ou d'excrétion des aliments
parés par les vétérinaires. Ceux-ci ne peuvent avoir une ordinaires ou de certains de leurs ingrédients ou métabo-
officine et les traitements ne peuvent être délivrés qu'aux lites sont diminuées, limitées ou perturbée, ou dont l'état de
seuls animaux auxquels ils donnent personnellement leurs santé appelle d'autres besoins nutritionnels particuliers qui
soins ou dont la surveillance sanitaire et les soins leur sont ne peuvent être satisfaits par une modification du régime
régulièrement confiés (article L. 5143-2 du Code de la santé alimentaire normal ou par un régime constitué d'aliments
publique). destinés à une alimentation particulière ou par une combi-
Outre les pharmaciens et les vétérinaires, certains grou- naison des deux. Ils ne peuvent être utilisés que sous contrôle
pements reconnus de producteurs et certains groupe- médical».
ments professionnels agricoles ayant obtenu un agrément Il est précisé à l'article suivant, L. 5137-2, qu'«ils ne
de l'autorité administrative peuvent détenir et délivrer cer- peuvent être délivrés au détail que par les pharmacies à
tains médicaments vétérinaires. usage intérieur des établissements de santé, les officines de
pharmacie, ainsi que par des personnes morales agréées par
Oxygène et autres gaz à usage médical l'autorité administrative».
Ainsi, le monopole est partagé entre les pharmacies
La dispensation à domicile de gaz à usage médical peut être
(d'officine et PUI) et des vendeurs agréés.
faite en plus des pharmaciens d'officine par des personnes
morales bénéficiant d'une autorisation accordée par le
directeur général de l'agence régionale de santé, après avis Remarque
des instances compétentes de l'Ordre national des pharma-
ciens. Néanmoins, cette dispensation doit se faire sous la Denrées alimentaires destinées à des fins
responsabilité d'un pharmacien inscrit à l'Ordre des phar- médicales spéciales
maciens en section A, D et E.
Le règlement n° 609/2013 du Parlement européen
et du Conseil du 12 juin 2013 transforme la déno-
Seringues et aiguilles
mination «aliment diététique destiné à des fins
L'article D. 3121-27 prévoit : « Les seringues et les aiguilles médicales spéciales» en «denrées alimentaires
destinées aux injections parentérales sont délivrées dans destinées à des fins médicales spéciales».
178
20. Le monopole et les produits autorisés
Jurisprudence Remarque
180
20. Le monopole et les produits autorisés
régime
SPF
re
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi
Liv
Les articles et accessoires utilisés Les produits chimiques définis ou les Les produits et appareils de Les supports d'information Les équipements de protection
dans l'application d'un traitement Les produits, articles et appareils drogues destinées à des usages non désinfection, de désinsectisation relatifs à la prévention, à individuelle d'acoustique adaptés
médical ou dans l'administration utilisés dans l'art de l'œnologie thérapeutiques à condition que et de dératisation, ainsi que les l'éducation pour la santé et au au conduit auditif et les
des médicaments ceux-ci soient nettement séparés produits phytosanitaires bon usage du médicament équipements de protection
des médicaments individuelle respiratoire
Figure 20.1
Les marchandises que les pharmaciens peuvent vendre.
(Illustration par M. Guerriaud.)
L'affichage des prix à l'officine Il faut, en outre, ajouter la part prise en charge par les
régimes obligatoires de base de Sécurité sociale au titre de
Le contrôle de l'affichage des prix (figure 20.2) se fait par l'assurance maladie.
le biais de la Direction générale de la concurrence, de la
consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Les honoraires de dispensation
Depuis le 4 février 2015 entre en vigueur une nouvelle
législation relative à «l'information du consommateur sur le «Le tarif ou le prix des honoraires de dispensation fait l'ob-
prix des médicaments à usage humain» avec la parution au jet d'un affichage visible et lisible dans la pharmacie ou est
Journal officiel de l'arrêté du 28 novembre 2014. détaillé dans le catalogue.»
181
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Non exposés
au public
% €
Catalogue ou
étiquetage Informations
Derrière sur les prix
le comptoir
Affichage
XXX € lisible et visible
Le prix des médicaments non remboursables
est libre. Le prix des médicaments
remboursables est réglementé. Au prix des
médicaments peut s'ajouter, dans les
conditions définies par la réglementation, un
Devant
honoraire de dispensation par boîte et par
le comptoir ordonnance.
À votre demande, un justificatif de paiement
Étiquetage ou peut vous être remis.
affichage
lisible et visible
Un catalogue Le catalogue
des prix de prix
des médicaments des médicaments
non exposés à la non exposés à la
vue du public est vue du public
mis à votre détaille le tarif des
disposition honoraires
Figure 20.2
Modalités d'affichage des prix.
(Illustration par M. Guerriaud.)
«Le prix des médicaments non remboursables est libre. l le nom et la quantité du médicament délivré et le prix
Le prix des médicaments remboursables est réglementé. Au TTC ;
prix des médicaments, peut s'ajouter, dans les conditions défi- l le montant des honoraires de dispensation.
nies par la réglementation, un honoraire de dispensation par Le «ticket Vitale» au dos de l'ordonnance peut rempla-
boîte et par ordonnance. cer le justificatif de paiement.
À votre demande, un justificatif de paiement peut vous
être remis.»
Si le pharmacien a fait le choix d'utiliser un catalogue de L'essentiel à retenir
prix pour les médicaments non exposés au public, alors il
faut rajouter : ■
Les médicaments sont au cœur du monopole
«Un catalogue des prix des médicaments non exposés à la pharmaceutique, mais d'autres produits en font
vue du public est mis à votre disposition.» partie.
Si le pharmacien n'affiche pas le tarif des honoraires : ■
Il existe quelques mesures permettant de déro-
«Le catalogue de prix des médicaments non exposés à la ger au monopole pharmaceutique.
vue du public détaille le tarif des honoraires.» ■
Le fait de se livrer à des opérations réservées
aux pharmaciens sans réunir les conditions exi-
La note au consommateur
gées constitue l'exercice illégal de la profession de
Lorsque le consommateur le demande, la délivrance d'un pharmacien.
médicament donne lieu à la remise d'un justificatif de ■
Il existe une liste de produits autorisés à la vente
paiement. en officine. Il s'agit d'une liste positive, donc limi-
Le justificatif de paiement remis par le pharmacien tative : seuls les produits mentionnés sur cette liste
comporte : peuvent être vendus en officine.
l la date de l'achat ; ■
L'information du consommateur sur les prix des
l le nom et l'adresse de l'officine ; médicaments est très réglementée à l'officine.
182
20. Le monopole et les produits autorisés
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 A ALDI.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) B APSI.
correspond(ent) aux produits du monopole pharmaceutique ? C ARDI.
A Les médicaments. D MDDI.
B Les pansements non conformes à la pharmacopée. E MPMP.
C Les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (hors tests
QCM 4
de grossesse et d'ovulation).
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond au nom
D Les compléments alimentaires.
donné au médecin pouvant délivrer des médicaments ?
E Les cosmétiques.
A Des médecins pro-officinaux.
QCM 2 B Des médecins prodélivrants.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) peut C Des médecins prodispensateurs.
(peuvent) être des dérogations au monopole pharmaceutique ? D Des médecins propharmaciens.
A Les contraceptifs oraux. E Des médecins propharmacologue.
B Les médicaments vétérinaires.
QCM 5
C Les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la sanction
D L'oxygène.
pour exercice illégal de la pharmacie ?
E Les morphiniques.
A 1 an d'emprisonnement et 15 000 € d'amende.
QCM 3 B 2 ans d'emprisonnement et 30 000 € d'amende.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à l'acro- C 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende.
nyme désignant un médicament arrivant directement chez le D 4 ans d'emprisonnement et 60 000 € d'amende.
patient ? E 5 ans d'emprisonnement et 75 000 € d'amende.
183
21
Chapitre 21
La notion de dispensation
et la réglementation
des substances vénéneuses
P LAN D U CHA PI T RE
La prescription 185
La dispensation des médicaments 194
L'exécution de l'ordonnance 201
Le refus de délivrance 206
Droit pharmaceutique
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21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
Prérequis et objectifs Le prescripteur, quant à lui, est celui qui «qui recom-
mande, prescrit un produit, un matériel, un service, des soins,
■
Prérequis : etc. [152]».
– notions de droit pharmaceutique (PACES).
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant
Support de la prescription
■
sera capable de :
– définir les notions de prescription et d'ordon- Une prescription se matérialise par une ordonnance qui
nance ; doit être de nature à pouvoir assurer une traçabilité ; en
– citer les différents supports de prescription conséquence, un écrit est absolument nécessaire.
autorisés ; Ainsi, une ordonnance peut être :
– décrire le formalisme de la prescription et l'obli- l un papier libre, manuscrit (écrite à la main) ;
gation de rédaction en DCI ; l un papier libre, dactylographié (tapée à l'ordinateur) ;
– identifier les différents prescripteurs et leurs l un papier ou formulaire spécifique (ordonnance bizone,
droits de prescription respectifs ; ordonnance de stupéfiants, ordonnance d'exception…) ;
– définir la notion de dispensation d'une l un courriel.
ordonnance ; Cette dernière possibilité, encore peu utilisée, a été
– appliquer l'analyse réglementaire et pharmaco- introduite par la loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative
logique de l'ordonnance ; à l'assurance maladie : «Une ordonnance comportant des
– décrire les règles d'exécution de l'ordonnance ; prescriptions de soins ou de médicaments peut être formulée
– définir le devoir de refus et illustrer son utilisa- par courriel dès lors que son auteur peut être dûment identi-
tion par des exemples. fié, qu'elle a été établie, transmise et conservée dans des condi-
tions propres à garantir son intégrité et sa confidentialité, et
à condition qu'un examen clinique du patient ait été réalisé
La prescription préalablement, sauf à titre exceptionnel en cas d'urgence.»
Toujours dans un but de traçabilité, l'ordonnance doit
Définition (article R. 4127-76 du Code de la santé publique) :
l être rédigée lisiblement ;
l être en langue française ;
Point clé l être datée ;
l permettre l'identification du praticien dont il émane ;
Définition de la prescription l être signée par le prescripteur.
D'une façon générale une prescription est un :
«ordre expressément formulé, avec toutes les préci-
sions utiles ; ce qui est ainsi ordonné, prescrit [50]». Rappel
Le dictionnaire de l'Académie française de méde- Notions de substances vénéneuses
cine définit la prescription médicale comme et de médicaments listés
l'«acte d'un médecin consignant par écrit la thé-
Les substances vénéneuses comprennent (article L. 5132-1 du
rapeutique qu'il institue, les conseils hygiénodiété-
Code de la santé publique) :
tiques, etc. [150]». Le dictionnaire de l'Académie ● les substances stupéfiantes ;
de pharmacie quant à lui, est un peu plus large, ● les substances psychotropes ;
puisqu'il ne se limite pas aux seuls médecins : ● les substances inscrites sur la liste I et la liste II.
«Ordres et recommandations donnés par un pres- Les plantes, substances ou préparations vénéneuses sont clas-
cripteur habilité à un patient, le plus souvent par sées comme stupéfiants ou comme psychotropes ou sont
écrit sous la forme d'une ordonnance. La prescrip- inscrites sur les listes I et II par arrêté du ministre chargé de
tion peut porter sur des médicaments et autres la Santé pris sur proposition du directeur général de l'Agence
produits de santé, des investigations diagnostiques nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
(biologie médicale, imagerie biomédicale), des soins (article L. 5132-7 du Code de la santé publique).
Les substances inscrites sur les listes I et II comprennent
effectués par des professionnels de santé paramédi-
(article L. 5132-6 du Code de la santé publique) :
caux et des transports sanitaires [151].»
185
VI. L'officine de pharmacie et son activité
● certaines substances classées dangereuses pour la santé ; sorption ou de biodisponibilité différentes. Exemple :
● les médicaments susceptibles de présenter directement Néoral 50 mg capsule (versus Sandimmun® 50 mg).
ou indirectement un danger pour la santé ; ■
Produits radio-pharmaceutiques. Exemple : Lipiocis®
● les médicaments à usage humain contenant des subs- injectable.
tances dont l'activité ou les effets indésirables nécessitent une ■
Médicaments homéopathiques. Exemple : Stodal®.
surveillance médicale ; ■
Médicaments de phytothérapie. Exemple : Gripponyl®
● tout autre produit ou substance présentant pour la santé poudre pour suspension buvable.
des risques directs ou indirects. ■
Produits d'origine biologique. Exemple : Lantus®
La liste I comprend les substances ou préparations et les 100 unités/mL injectable.
médicaments et produits présentant les risques les plus élevés
pour la santé.
Les médicaments contenant des substances inscrites à la
liste I ou à la liste II sont communément dénommés «médi-
caments listés».
186
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
Tableau 21.1. Liste des classes thérapeutiques ou médicaments autorisés aux sages-femmes selon l'arrêté du 12 octobre 2011
modifié par l'arrêté du 4 février 2013
Liste des classes thérapeutiques ou médicaments autorisés aux sages-femmes pour leur usage professionnel
ou leur prescription auprès des femmes
En primo-prescription :
Antiacides gastriques d'action locale et pansements gastro-intestinaux
Antisécrétoires gastriques Antihistaminiques H2, de préférence la ranitidine ou la famotidine inhibiteurs de la pompe à protons, de
préférence l'oméprazole
Antiseptiques locaux
Anesthésiques locaux Médicaments renfermant de la lidocaïne
Antibiotiques par voie orale dans le traitement curatif de première ligne des cystites et bactériuries asymptomatiques chez la femme
enceinte selon les recommandations officielles en vigueur ; prescription non renouvelable pour une infection donnée
Antibiotiques par voie orale ou parentérale en prévention d'infections materno-fœtales chez la femme enceinte, selon les
recommandations officielles en vigueur
Anti-infectieux locaux utilisés dans le traitement des vulvo-vaginites : antifongiques, trichomonacides, antibactériens et antiherpétiques
Antispasmodiques
Antiémétiques
Antalgiques Paracétamol, tramadol, néfopam, association de paracétamol et de codéine, association de paracétamol
et de tramadol, nalbuphine, ampoules dosées à 20 mg
La prescription est réalisée dans le cadre d'un protocole mis en place avec le médecin anesthésiste-
réanimateur ; l'usage est limité au début du travail et à une seule ampoule par patiente
Anti-inflammatoires non stéroïdiens en post-partum immédiat
Antiviraux en prévention des récurrences d'herpès génital en fin de grossesse
Contraceptifs sous toutes leurs formes et voies d'administration
Médicaments homéopathiques
Laxatifs
Vitamines et sels minéraux par voie orale
Acide folique aux doses recommandées dans la prévention primaire des anomalies embryonnaires de fermeture du tube neural
Topiques à activité trophique et protectrice
Médicaments de proctologie : topiques locaux avec ou sans corticoïdes et avec ou sans anesthésiques
Solutions de perfusion Solutés de glucose de toute concentration, solutés de chlorure de sodium isotonique à 0,9 %, solutés de
gluconate de calcium à 10 %, solutions de Ringer
Ocytociques Produits renfermant de l'ocytocine
188
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
Liste des classes thérapeutiques ou médicaments autorisés aux sages-femmes pour leur usage professionnel
ou leur prescription auprès des femmes
Oxygène
Médicaments assurant le blocage de la lactation
Mélange équimoléculaire oxygène protoxyde d'azote exclusivement en milieu hospitalier, et sous réserve d'une formation adaptée
Vaccins sous forme Tétanos, diphtérie, poliomyélite, coqueluche (vaccin acellulaire), rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B,
monovalente ou associés grippe, affections liées au papillomavirus humain, infections invasives par le méningocoque C
Immunoglobulines anti-D
Produits de substitution nicotinique
Salbutamol par voies orale et rectale
Les sages-femmes sont autorisées à renouveler la prescription faite par un médecin des médicaments suivants :
Anti-inflammatoires non stéroïdiens indiqués dans le traitement des dysménorrhées, notamment l'acide méfénamique
Nicardipine, selon les protocoles en vigueur préétablis
Nifédipine selon les protocoles en vigueur préétablis
En cas d'urgence, en l'attente du médecin, les sages-femmes peuvent prescrire et utiliser les médicaments suivants :
Succédanés du plasma composés d'hydroxyéthylamidon dans les états de choc
Éphédrine injectable dans la limite d'une ampoule dosée à 30 mg par patiente
Adrénaline injectable par voie sous-cutanée dans les cas d'anaphylaxie
Dérivés nitrés, selon les protocoles en vigueur préétablis
Liste des classes thérapeutiques ou des médicaments autorisés aux sages-femmes pour leur usage professionnel ou leur
prescription auprès des nouveau-nés
En primo-prescription :
Antiseptiques locaux
Anesthésiques locaux Crèmes ou patches contenant une association de lidocaïne et de prilocaïne
Antalgiques Paracétamol par voie orale ou rectale
Antifongiques locaux
Collyres antiseptiques, antibactériens et antiviraux sans anesthésiques, sans corticoïdes et sans vasoconstricteurs
Oxygène
Vitamines et sels La forme injectable est autorisée pour la vitamine K1
minéraux par voie orale
Topiques à activité trophique et protectrice
Solutions pour perfusion Solutés de glucose (de toute concentration), soluté de chlorure de sodium isotonique à 0,9 %, soluté de
gluconate de calcium à 10 %
Vaccins Vaccin et immunoglobulines anti-hépatite B, BCG
En cas d'urgence et en l'attente du médecin, les sages-femmes peuvent prescrire et utiliser les médicaments suivants :
Adrénaline par voie injectable ou intratrachéale dans la réanimation du nouveau-né
Naloxone
Liste des médicaments classés comme stupéfiants autorisés aux sages-femmes pour leur usage professionnel ou leur prescription
Chlorhydrate de morphine, ampoules injectables dosées à 10 mg, dans la limite de deux ampoules par patiente
189
VI. L'officine de pharmacie et son activité
après avis du Haut Conseil de la Santé publique. L'infirmier Concernant le renouvellement, selon le même article :
ou l'infirmière peut prescrire des substituts nicotiniques.» «L'infirmière ou l'infirmier est autorisé à renouveler les pres-
criptions, datant de moins d'un an, de médicaments contra-
ceptifs oraux, sauf s'ils figurent sur une liste fixée par arrêté
Tableau 21.2. Liste des dispositifs médicaux autorisés aux du ministre chargé de la Santé, sur proposition de l'Agence
sages-femmes selon l'arrêté du 27 juin 2006 complété par nationale de sécurité du médicament et des produits de
celui du 12 octobre 2011 santé, pour une durée maximale de six mois, non renouve-
Liste des dispositifs médicaux autorisés aux sages-femmes lable.» L'article D. 4311-15-1 précise : «Lorsque l'infirmier
ou l'infirmière procède au renouvellement d'une prescription
Ceinture de grossesse de série
Orthèse élastique de contention des membres inférieurs
de médicaments contraceptifs oraux […], il ou elle inscrit sur
Sonde ou électrode cutanée périnéale l'original de l'ordonnance médicale les indications suivantes :
Électrostimulateur neuromusculaire pour rééducation son nom, son prénom et le numéro obtenu lors de l'enregis-
périnéale trement, la mention “Renouvellement infirmier”, la durée de
Pèse-bébé ce renouvellement, exprimée en mois et qui ne peut excéder
Tire-lait six mois, la date à laquelle ce renouvellement est effectué.»
Diaphragme Enfin, concernant les dispositifs médicaux : «Un arrêté des
Cape cervicale ministres chargés de la Santé et de la Sécurité sociale fixe la liste
Compresses, coton, bandes de crêpe, filet tubulaire de des dispositifs médicaux que les infirmiers, lorsqu'ils agissent sur
maintien, suture adhésive et sparadrap
prescription médicale, peuvent prescrire à leurs patients sauf en
Dispositifs intra-utérins
cas d'indication contraire du médecin et sous réserve, pour les dis-
En outre, les sages-femmes peuvent prescrire des seringues et les
aiguilles destinées aux injections parentérales selon l'article D. 3121-28 positifs médicaux pour lesquels l'arrêté le précise, d'une informa-
du Code de la santé publique. tion du médecin traitant désigné par leur patient.» (tableau 21.3).
Tableau 21.3. Liste des dispositifs médicaux que les infirmiers sont autorisés à prescrire selon l'arrêté du 20 mars 2012
Liste des dispositifs médicaux que les infirmiers sont autorisés à prescrire
À l'exclusion du petit matériel nécessaire à la réalisation de l'acte facturé, les infirmiers sont autorisés, lorsqu'ils
agissent pendant la durée d'une prescription médicale d'une série d'actes infirmiers et dans le cadre de l'exercice de leur
compétence, à prescrire aux patients, sauf en cas d'indication contraire du médecin, les dispositifs médicaux suivants :
Articles pour pansement Pansements adhésifs stériles avec compresse intégrée ; compresses stériles (de
coton hydrophile) à bords adhésifs ; compresses stériles de coton hydrophile non
adhérente ; pansements et compresses stériles absorbants non adhérents pour
plaies productives ; compresses stériles non tissées ; compresses stériles de gaze
hydrophile ; gaze hydrophile non stérile ; compresses de gaze hydrophile non
stériles et non tissées non stériles ; coton hydrophile non stérile ; ouate de cellulose
chirurgicale ; sparadraps élastiques et non élastiques ; filets et jerseys tubulaires ;
bandes de crêpe en coton avec ou sans présence d'élastomère ; bandes extensibles
tissées ou tricotées ; bandes de crêpe en laine ; films adhésifs semi-perméables
stériles ; sets pour plaies
Cerceaux pour lit de malade
Dispositifs médicaux pour le traitement de Étui pénien, joint et raccord ; plat bassin et urinal ; dispositifs médicaux et
l'incontinence et pour l'appareil urogénital accessoires communs pour incontinents urinaires, fécaux et stomisés : poches,
raccord, filtre, tampon, supports avec ou sans anneau de gomme, ceinture, clamp,
pâte pour protection péristomiale, tampon absorbant, bouchon de matières
fécales, collecteur d'urines et de matières fécales ; dispositifs pour colostomisés
pratiquant l'irrigation ; nécessaire pour irrigation colique ; sondes vésicales pour
autosondage et hétérosondage
190
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
Liste des dispositifs médicaux que les infirmiers sont autorisés à prescrire
Dispositifs médicaux pour perfusion à domicile a) Appareils et accessoires pour perfusion à domicile : appareil à perfusion stérile non
réutilisable ; panier de perfusion ; perfuseur de précision ; accessoires à usage unique de
remplissage du perfuseur ou du diffuseur portable ; accessoires à usage unique pour
pose de la perfusion au bras du malade en l'absence de cathéter implantable
b) Accessoires nécessaires à l'utilisation d'une chambre à cathéter implantable ou
d'un cathéter central tunnelisé : aiguilles nécessaires à l'utilisation de la chambre à
cathéter implantable ; aiguille, adhésif transparent, prolongateur, robinet à trois voies
c) Accessoires stériles, non réutilisables, pour hépariner : seringues ou aiguilles
adaptées, prolongateur, robinet à trois voies
d) Pieds et potences à sérum à roulettes
Par ailleurs, peuvent également être prescrits sous réserve d'une information du médecin traitant désigné par leur patient,
les dispositifs médicaux suivants :
Matelas ou surmatelas d'aide à la prévention des escarres en mousse avec découpe en forme de gaufrier.
Coussin d'aide à la prévention des escarres Coussins à air statique ; coussins en mousse structurée formés de modules
amovibles ; coussins en gel ; coussins en mousse et gel
Pansements Hydrocolloïdes ; hydrocellulaires ; alginates ; hydrogels ; en fibres de
carboxyméthylcellulose (CMC) ; à base de charbon actif ; à base d'acide
hyaluronique seul ; interfaces (y compris les silicones et ceux à base de
carboxyméthylcellulose, CMC) ; pansements vaselinés
Sonde naso-gastrique ou naso-entérale pour nutrition entérale à domicile
Dans le cadre d'un renouvellement à Bas (jarret, cuisse)
l'identique, orthèses élastiques de contention Chaussettes et suppléments associés
des membres
Dans le cadre d'un renouvellement à Lancettes ; bandelettes d'autosurveillance glycémique ; autopiqueurs à usage
l'identique, accessoires pour lecteur de unique ; seringues avec aiguilles pour autotraitement ; aiguilles non réutilisables
glycémie pour stylo injecteur
Ensemble stérile non réutilisable (aiguilles et réservoir) ; embout perforateur stérile
Tableau 21.4. Liste des dispositifs médicaux que les masseurs-kinésithérapeutes sont autorisés à prescrire selon l'arrêté
du 9 janvier 2006 modifié par l'arrêté du 29 juin 2006
Liste des dispositifs médicaux que les masseurs-kinésithérapeutes sont autorisés à prescrire
À l'exclusion des produits et matériels utilisés pendant la séance, sauf indication contraire du médecin, les masseurs-
kinésithérapeutes sont autorisés, dans le cadre de l'exercice de leur compétence, à prescrire chez leurs patients les
dispositifs médicaux suivants :
Appareils destinés au soulèvement du malade : potences et soulève-malades
Matelas d'aide à la prévention d'escarres en mousse de haute résilience type gaufrier
Coussin d'aide à la prévention des escarres en fibres siliconées ou en mousse monobloc
Barrières de lits et cerceaux
Aide à la déambulation : cannes, béquilles, déambulateur
Fauteuils roulants à propulsion manuelle, à la location pour des durées inférieures à 3 mois
Attelles souples de correction orthopédique de série
Ceintures de soutien lombaire de série et bandes ceintures de série
Bandes et orthèses de contention souple élastique des membres de série
Sonde ou électrode cutanée périnale pour électrostimulation neuromusculaire pour le traitement de l'incontinence urinaire
Collecteurs d'urines, étuis péniens, pessaires, urinal
Attelles souples de posture et ou de repos de série
Embouts de cannes
Talonnettes avec évidement et amortissantes
Aide à la fonction respiratoire : débitmètre de pointe
Pansements secs ou étanches pour immersion en balnéothérapie
Tableau 21.5. Liste des topiques à usage externe pouvant être prescrits et appliqués par les pédicures-podologues et liste des
pansements pouvant être prescrits et posés par les pédicures-podologues selon l'arrêté du 30 juillet 2008
Liste des topiques à usage externe pouvant être prescrits et appliqués par les pédicures-podologues
À l'exclusion des spécialités renfermant des substances classées comme vénéneuses :
Antiseptiques
Antifongiques
Hémostatiques
Anesthésiques
Kératolytiques et verrucides
Produits à visée adoucissante, asséchante, calmante, cicatrisante ou révulsive
Anti-inflammatoires locaux pour l'hallux valgus et les ongles incarnés
192
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
Liste des pansements pouvant être prescrits et posés par les pédicures-podologues
En primo-prescription :
Compresses stériles de coton hydrophile
Compresses stériles de gaze hydrophile
Sparadrap
Compresses non tissées stériles
Compresses fibres stériles de gaze hydrophile
Système de maintien des pansements : jersey tubulaire de maintien des pansements, pochette de suture adhésive stérile, sparadrap
élastique et non élastique
Compresses stériles absorbantes/compresses absorbantes
Les pédicures-podologues peuvent renouveler l'ordonnance et poser les pansements suivants pour la prise en charge des
patients diabétiques :
Pansements hydrocolloïdes
Pansements à base de charbon actif
Pansements vaselinés
Pansements hydrofibre
Pansements hydrogel
Pansements à alginate de calcium
Cette possibilité s'inscrit dans le cadre de la «cascade» Selon l'arrêté du 5 février 2008 sont exclus du dispositif :
(figure 21.1). les stupéfiants et assimilés, ainsi que les médicaments, subs-
tances psychotropes ou susceptibles d'être utilisées pour
Les pharmaciens leur effet psychoactif dont la durée de prescription est limi-
tée (article R. 5132-21 du Code de la santé publique).
Le pharmacien, dans le sens où il recommande des traite-
ments et des soins, est un prescripteur. Cette notion est Renouvellement de contraceptifs oraux
aujourd'hui renforcée, car certaines dispositions lui per-
mettent de délivrer certains traitements y compris listés. Le même article prévoit : « S'agissant des contraceptifs
oraux, lorsque la durée de validité d'une ordonnance datant
de moins d'un an est expirée, le pharmacien peut dispenser
Délivrance exceptionnelle
les médicaments nécessaires à la poursuite du traitement,
L'article L. 5125-23-1 du Code de la santé publique per- sauf s'ils figurent sur une liste fixée par un arrêté du ministre
met au pharmacien d'utiliser la « délivrance exception- chargé de la Santé sur proposition de l'Agence nationale de
nelle » : « Dans le cadre d'un traitement chronique, à titre sécurité du médicament et des produits de santé, pour une
exceptionnel et sous réserve d'informer le médecin pres- durée supplémentaire non renouvelable de six mois. »
cripteur, lorsque la durée de validité d'une ordonnance L'article R. 5134-4-2 précise que lorsque le pharmacien dis-
renouvelable est expirée et afin d'éviter toute interruption pense des contraceptifs dans ce cadre, il ne peut délivrer en
de traitement préjudiciable à la santé du patient, le phar- une seule fois une quantité de médicaments correspondant à
macien peut dispenser, dans le cadre de la posologie initia- une durée de traitement supérieure à trois mois. Il doit procé-
lement prévue et dans la limite d'une seule boîte par ligne der à l'enregistrement de cette délivrance dans l'ordonnancier
d'ordonnance, les médicaments nécessaires à la poursuite et porter sur l'original de l'ordonnance, outre les mentions
du traitement. Les catégories de médicaments exclues du obligatoires d'usage, la mention «dispensation supplémen-
champ d'application du présent alinéa sont fixées par un taire de contraceptifs oraux» et en préciser la durée.
arrêté du ministre chargé de la Santé sur proposition de L'article R. 5134-4-3 rajoute : « Le pharmacien doit
l'Agence nationale de sécurité du médicament et des pro- informer l'intéressée du caractère non renouvelable
duits de santé. » au-delà de six mois de ce mode de dispensation et
193
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Figure 21.1
La «cascade» de prescription vétérinaire.
(Illustration par M. Guerriaud.)
de la nécessité de consulter un médecin ou une sage- ment deux points : une analyse réglementaire et une
femme, si elle envisage de poursuivre une contraception analyse pharmacologique.
médicamenteuse. »
Une analyse réglementaire
La dispensation des médicaments L'analyse réglementaire consiste à s'assurer que la prescrip-
tion est réglementairement valable.
Point clé
Authenticité de l'ordonnance
Définition de la dispensation Le pharmacien devra être particulièrement vigilant quant à
La dispensation d'un médicament est définie dans la falsification des ordonnances.
le Code de déontologie à l'article R. 4235-48. Pour cela, il devra vérifier l'apparence générale (en-tête
Cet article rappelle : «Le pharmacien doit assurer fantaisiste, fautes de français, erreur manifeste de posologie,
dans son intégralité l'acte de dispensation du médi- etc.) et le comportement du porteur de celle-ci, notam-
cament, associant à sa délivrance : ment en cas de médicaments sensibles comme ceux pou-
■
l'analyse pharmaceutique de l'ordonnance médi- vant entraîner des abus ou dépendances [155].
cale si elle existe ; Celui qui falsifie une ordonnance peut être puni au titre
■
la préparation éventuelle des doses à administrer ; de l'article L. 5432-2 du Code de la santé publique de cinq
■
la mise à disposition des informations et les ans d'emprisonnement et de 375 000 € d'amende — les
conseils nécessaires au bon usage du médicament.» peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et
750 000 € d'amende, lorsque les faits ont été commis en
Ainsi, la dispensation d'un médicament est très clairement bande organisée ou sur un réseau de télécommunica-
définie dans le Code de la santé publique. On notera que cet acte tion à destination d'un public non déterminé.
s'effectue aussi bien avec une ordonnance que sans ordonnance. De plus s'ajoutent les peines et amendes prévues à l'ar-
Le premier item concerne l'analyse pharmaceutique ticle 441-1 du Code pénal pour faux et usage de faux : trois
de l'ordonnance. Cette analyse comporte essentielle- ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende. L'assurance
194
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
maladie peut également engager des actions pour récupé- durée de traitement supérieure à quatre semaines ou à un
rer les sommes indûment perçues. mois de trente jours selon le conditionnement.
Le pharmacien qui délivrerait des médicaments sur Toutefois, les médicaments présentés sous un conditionne-
une ordonnance falsifiée s'expose lui aussi, selon l'article ment correspondant à une durée de traitement supérieure à
L. 5432-1 du Code de la santé publique, à cinq ans d'empri- un mois peuvent être délivrés pour cette durée dans la limite
sonnement et 375 000 € d'amende — les peines sont por- de trois mois. En outre, quel que soit leur conditionnement,
tées à sept ans d'emprisonnement et 750 000 € d'amende, les médicaments contraceptifs peuvent être délivrés pour une
lorsque les faits ont été commis en bande organisée ou sur durée de douze semaines.» (article R. 5132-12).
un réseau de télécommunication à destination d'un public
non déterminé. Cas particulier au sein des médicaments de liste I
À cela s'ajoute l'article 222-37 du Code pénal qui prévoit À retenir
une peine de dix ans d'emprisonnement et de 7 500 000 €
d'amende, pour «le fait de faciliter, par quelque moyen que ce Durée de validité d'une prescription
soit, l'usage illicite de stupéfiants, de se faire délivrer des stupé-
de médicaments listés spéciaux
fiants au moyen d'ordonnances fictives ou de complaisance, ou
de délivrer des stupéfiants sur la présentation de telles ordon- L'arrêté du 7 octobre 1991 modifié par celui du
nances en connaissant leur caractère fictif ou complaisant». 1er février 2001 définit des durées restreintes pour
certaines classes thérapeutiques :
Date de validité ■
les anxiolytiques : la durée de validité de l'ordon-
nance est limitée à douze semaines (trois mois) ;
Médicaments non listés ■
les hypnotiques : la durée de validité de l'ordon-
Pour les médicaments non listés, le Code de la santé publique nance est limitée à quatre semaines (un mois).
ne prévoit pas de durée maximale de validité de l'ordonnance. Un autre arrêté, du 9 juillet 2001, définit des durées
restreintes pour femmes en âge de procréer :
Médicaments de liste I et II ■
l'isotrétinoïne : la durée de validité de l'ordon-
nance est limitée à quatre semaines (un mois).
À retenir
195
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Certains assimilés stupéfiants bénéficient d'une durée Il faut vérifier la qualité du prescripteur d'une façon
supérieure à vingt-huit jours (tableau 21.7) : générale : le médecin n'est pas le seul à pouvoir prescrire
l Rivotril® voie orale : la durée de validité de l'ordonnance des traitements ; il faut ainsi vérifier dans le cas où cela
est limitée à douze semaines ; serait un autre professionnel de santé que celui-ci est
l Temgésic® : la durée de validité de l'ordonnance est limi- habilité à prescrire le traitement (cf. supra, « Les droits de
tée à douze mois (un an) ; prescription »).
l Buccolam® : la durée de validité de l'ordonnance est limi- Dans le cas où le médicament est de prescription
tée à douze mois (un an). restreinte, l'analyse est prévue à l'article R. 5121-78 :
« Lors de la présentation d'une ordonnance prescrivant
À retenir un médicament classé dans une des catégories de médi-
caments soumis à prescription restreinte, le pharmacien
Le chevauchement s'assure, selon les règles de la présente section, de l'habi-
litation du prescripteur à le prescrire et, le cas échéant,
Article R. 5132-33 du Code de la santé publique : «Une
de la présence, sur l'ordonnance, des mentions obliga-
nouvelle ordonnance ne peut être ni établie ni exécutée
toires et de la présentation simultanée de l'ordonnance
par les mêmes praticiens pendant la période déjà cou-
initiale. »
verte par une précédente ordonnance prescrivant de tels
Dans certains cas, il faut vérifier que le prescripteur peut
médicaments, sauf si le prescripteur en décide autrement
prescrire le traitement puisque certains médicaments ont
par une mention expresse portée sur l'ordonnance.»
une prescription réservée à certains spécialistes.
En pratique pour la deuxième ordonnance, vous
Exemple : le donézépil est un médicament dont la
devez décompter les médicaments couverts par la
prescription réservée à certains médecins spécialistes
première.
qualifiés en médecine générale titulaire de la capa-
cité en gérontologie, en gériatrie, en neurologie, en
Qualité du prescripteur psychiatrie.
Il est nécessaire de vérifier que le prescripteur est apte à Si le médicament est soumis à une prescription initiale
prescrire le traitement en question. hospitalière, cette ordonnance doit être présentée.
196
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
Docteur Nom Prénom Date de rédaction Docteur Anna-Lyse Dessang Dijon, le 01/06/2015
Qualité / Spécialité Médecin généraliste
Substance active – dosage – forme galénique – voie Amoxicilline 1 g - Comprimé dispersible – voie orale
Posologie – durée de traitement – recommandations 1 matin – 1 soir après les repas sur 10 jours
Figure 21.2
Mentions obligatoires pour une ordonnance avec au moins un médicament listé comme substance vénéneuse.
(Illustration par M. Guerriaud.)
197
VI. L'officine de pharmacie et son activité
– ses coordonnées téléphoniques précédées de l'indica- – lorsque l'AMM prévoit des examens obligatoires
tif international «+ 33» ; avant prescription, le prescripteur doit mentionner que
– son adresse électronique ; ces examens ont été effectués et que ces conditions sont
– pour les médicaments à prescription hospitalière ou respectées (article R. 5121-95).
pour les médicaments à prescription initiale hospitalière, Le prescripteur appose sa signature immédiatement
le nom de l'établissement ou du service de santé ; sous la dernière ligne de la prescription ou rend inutilisable
l les informations concernant le patient : l'espace laissé libre entre cette dernière ligne et sa signature
– les nom et prénoms ; par tout moyen approprié (article R. 5132-4 du Code de la
– le sexe ; santé publique).
– la date de naissance du malade ;
– si nécessaire, sa taille et son poids ;
Ordonnance pour les stupéfiants
l les informations concernant le traitement :
– la date à laquelle l'ordonnance a été rédigée ; L'article R. 5132-5 impose que la prescription de médicaments
– la DCI du médicament ou du produit prescrit ; classés comme stupéfiants ou soumis à la réglementation des
– la posologie et le mode d'emploi ; stupéfiants soit rédigée sur une ordonnance sécurisée (ordon-
– s'il s'agit d'une préparation, la formule détaillée ; nance répondant à des spécifications techniques fixées, après
– la durée de traitement ou le nombre d'unités de avis du directeur général de l'Agence nationale de sécurité du
conditionnement ; médicament et des produits de santé, par arrêté du ministre
– le nombre de renouvellements de la prescription s'il y a lieu ; chargé de la Santé — actuellement arrêté du 31 mars 1999).
– la date d'un nouveau diagnostic pour certaines pres- Les grandes particularités de ces ordonnances sont
criptions initiales hospitalières ; (figure 21.3) :
Substance active – dosage – forme galénique – voie Morphine sulphate dix milligrammes
nombre d'unités thérapeutiques par prise, nombre gélule – voie orale
de prises, durée de traitement, recommandations une gélule quatre fois par jour (minimum quatre
heures d’intervalle) – vingt-huit jours
Substance active – dosage – forme galénique – voie
nombre d'unités thérapeutiques par prise, nombre Morphine sulphate 60 milligrammes
de prises, durée de traitement, recommandations Microgranules à libération prolongée en gélule
– voie orale
Signature au plus près une gélule le matin – vingt-huit jours
de la dernière ligne
Numéro de lot d’ordonnance sécurisée
123456789
Nombre de
médicaments
prescrits
2
Figure 21.3
Mentions obligatoires et sécurité pour une ordonnance de stupéfiant.
Toute la préimpression des éléments sur une ordonnance sécurisée est faite à l'encre bleue comme prévu par l'arrêté du 31 mars 1999 fixant
les spécifications techniques des ordonnances mentionnées à l'article R. 5132-5 du code de la santé publique.
(Illustration par M. Guerriaud.)
198
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
l un caducée médical en filigrane sur papier blanc naturel l «Prescription hors autorisation de mise sur le marché»
sans azurant optique ; (article L. 5121-12-1 du Code de la santé publique) ;
l mentions pré-imprimées en bleu ; l «Non remboursable» (article R. 162-1-7 du CSS).
l numérotation du lot d'ordonnances ;
l carré de sécurité en microlettres dans lequel le praticien Préparation magistrale
inscrit le nombre de médicaments (spécialité ou prépara- Si un praticien prescrit une préparation magistrale, il doit
tion) prescrits. porter sur l'ordonnance la mention : «prescription à but
En plus de reprendre les mentions obligatoires pour thérapeutique en l'absence de spécialités équivalentes dispo-
les médicaments listés prévues à l'article R. 5132-3 et 4, nibles» (article R. 163-1 du Code de la sécurité sociale).
vues précédemment, il est obligatoire que le prescripteur
indique en toutes lettres (article R. 5132-29 du Code de la
santé publique) : Une analyse pharmacologique
l le nombre d'unités thérapeutiques par prise ;
l le nombre de prises ; Le médicament prescrit est-il adapté
l le dosage s'il s'agit de spécialités ; au patient ?
l les doses ou les concentrations de substances et le Il peut arriver que les noms de fantaisie (tout comme
nombre d'unités ou le volume s'il s'agit de préparations. les DCI) de deux médicaments se ressemblent et que le
prescripteur commette une erreur lors de la rédaction de
l'ordonnance.
Remarque
Ainsi, a été prescrit Trinipatch®, trinitrine (normalement
utilisé pour la prévention des crises d'angor) chez une
Utilisation d'une ordonnance sécurisée patiente de trente ans pour arrêter de fumer…, alors que le
L'utilisation d'une ordonnance sécurisée est pos- bon médicament était Nicopatch®, nicotine.
sible pour prescrire des médicaments qui ne sont De même Percutaféine®, caféine (normalement uti-
pas des stupéfiants. lisé pour la cellulite) a fait l'objet d'une prescription
chez un patient souffrant de douleurs articulaires, à la
place de Percutalgine®, dexaméthasone, salicylamide,
Ordonnance de médicaments d'exception hydroxyéthylsalicylate.
Le Code de la sécurité sociale prévoit à son article R. 163-2 Dans certains cas, le prescripteur se trompe d'indication :
que «l'inscription sur la liste peut être assortie, pour certains il utilise une indication antonyme. Ainsi, une patiente s'est
médicaments particulièrement coûteux et d'indications pré- vue prescrire Forlax® macrogol 4000 pour sa diarrhée, alors
cises, d'une clause prévoyant qu'ils ne sont remboursés ou pris que ce médicament est un laxatif.
en charge qu'après information du contrôle médical, selon
une procédure fixée par un arrêté du ministre chargé de la Peut-on accepter la délivrance
Sécurité sociale». d'un médicament prescrit en dehors
Quand des médicaments sont inscrits sur cette liste, ils des indications prévues par l'AMM ?
requièrent une ordonnance d'exception (figure 21.4) afin
d'être remboursés. Ce type d'ordonnance contient quatre Si le médicament choisi par le médecin est sciemment non
volets : le premier est pour le patient, le 2e et le 3e sont indiqué au patient, on rentre dans le cadre d'un mésusage.
pour l'assurance maladie et le dernier est à conserver à la Pour mémoire, un mésusage est défini comme une utili-
pharmacie. sation intentionnelle et inappropriée d'un médicament ou
d'un produit, non conforme à l'autorisation de mise sur le
marché ou à l'enregistrement ainsi qu'aux recommanda-
Des mentions spéciales tions de bonnes pratiques (article R. 5121-152 du Code de
la santé publique). Il s'agit typiquement ici de la prescrip-
« Hors-AMM »
tion d'un médicament en dehors des indications prévues
Si un praticien fait une prescription hors-AMM, c'est-à-dire par l'AMM.
qu'il prescrit une spécialité en dehors des indications pré- Il est nécessaire de distinguer les situations. La prescrip-
vues par le RCP, il est tenu d'inscrire sur l'ordonnance : tion peut se faire dans l'intérêt réel de la santé du patient
199
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Figure 21.4
Ordonnance de médicaments ou de produits et prestations d'exception [156].
200
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
en l'absence d'autres traitements. On pense surtout au Le médicament peut aussi être en contre-indication
domaine de la pédiatrie, où un médicament est utilisé chez avec un autre traitement déjà prescrit — les exemples
un enfant à des doses réduites sans qu'aucun essai clinique sont nombreux — comme la prise concomitante de
ait été conduit. En revanche, la prescription peut relever de colchicine Opocalcium®, colchicine, et de Pyostacine®,
la complaisance ou du confort. Par exemple, Médiator®, pristinamycine.
benfluorex (indication pour les diabétiques avec surcharge
pondérale), ou Lévothyrox®, lévothyroxine (traitement de
l'hypothyroïdie), ont été prescrits pour la perte de poids, et
Motillium®, dompéridone (antiémétique), pour la stimula- L'exécution de l'ordonnance
tion de la lactation.
Le principe général
Le dosage ou la posologie sont-ils adaptés Le principe général de l'exécution d'une ordonnance est la
au patient ? dispensation exacte de ce qui a été prescrit : «Le pharma-
cien ne peut délivrer un médicament ou produit autre que
Cette notion est plus difficile à aborder car, si le prescripteur celui qui a été prescrit, ou ayant une dénomination com-
peut se tromper de dosage ou de posologie, il peut aussi mune différente de la dénomination commune prescrite,
parfois avoir réellement voulu indiquer cette posologie. qu'avec l'accord exprès et préalable du prescripteur.» (article
Dans ce cas, il devrait indiquer clairement son intention L. 5125-23 du Code de la santé publique).
comme cela était prévu dans la pharmacopée française, par Cependant, cet article est complété par une exception
une formule telle que «Je dis». «sauf en cas d'urgence et dans l'intérêt du patient». Cela
Il peut y avoir une erreur dans la répartition des prises, signifie qu'en cas d'urgence, le pharmacien à la possibilité
comme par exemple une prescription d'un gramme de légale de modifier la prescription s'il estime que la santé de
paracétamol toutes les deux heures, au lieu de toutes les son patient le requiert.
quatre à six heures. On peut également observer un horaire
d'administration inadéquat, comme la prise de corticosté-
roïdes le soir, alors que cela pourra empêcher le patient de Le droit de substitution
dormir.
Il peut s'agir d'un dosage trop élevé, comme la prescrip- Substitution « classique »
tion d'un AINS injectable à une posologie égale à deux fois
Le droit de substitution du pharmacien est prévu à l'article
la dose maximale autorisée chez une personne non soula-
L. 5125-23 du Code de la santé publique : «[Le pharmacien]
gée par la dose maximale — le risque le plus grave étant
peut délivrer par substitution à la spécialité prescrite une spé-
une atteinte rénale.
cialité du même groupe générique.»
Le mode d'administration indiqué peut ne pas rentrer
Lorsqu'il délivre un générique : «Il doit inscrire le nom de
dans les conditions normales d'utilisation ; par exemple,
la spécialité qu'il a délivrée. Il en est de même lorsque le phar-
la prescription d'une solution injectable dans un aérosol
macien délivre une spécialité au vu d'une prescription libellée
pneumatique en l'absence de spécialité existante — cette
en dénomination commune.»
préparation injectable peut contenir des sulfites respon-
De plus : «Il inscrit sur l'ordonnance la forme pharma-
sables de bronchospasmes.
ceutique du médicament délivré si celle-ci diffère de celle du
médicament prescrit ; il fait de même pour le nombre d'unités
Y a-t-il une contre-indication ou une de prise correspondant à la posologie du traitement prescrit,
interaction pouvant entraîner la survenue si ce nombre d'unités diffère pour le médicament délivré de
celui du médicament prescrit.» (article R. 5125-53 du Code
d'un effet indésirable ? de la santé publique).
Il arrive parfois que la prescription d'un médicament soit En outre : «Il appose, en outre, sur cette ordonnance, le
en contre-indication avec un état physiopathologique, timbre de l'officine et la date de la délivrance.»
comme l'administration de Primpéran®, métoclopramide, Cependant, un prescripteur peut s'opposer à la substitu-
chez un parkinsonien. tion du princeps par le générique, et le même article ajoute
201
VI. L'officine de pharmacie et son activité
202
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
Le renouvellement fait l'objet d'un nouvel enregis- celui-ci demande une pièce d'identité dont il reporte les
trement. Lorsque le renouvellement est effectué par le références sur le registre (article R. 5132-35 du Code de la
même dispensateur, l'enregistrement peut consister en santé publique).
la seule indication du numéro afférent à la délivrance
précédente (article R. 5132-14 du Code de la santé
publique). Mentions à porter sur l'ordonnance
Sur l'ordonnance sont apposées les mêmes mentions
que pour les médicaments listés, mais les quantités
Mentions à porter sur l'ordonnance délivrées sont formulées en unités de prise et non pas
en nombre de boîtes (article R. 5132-35 du Code de la
À retenir santé publique).
Les mentions à apposer sur l'ordonnance Mentions à porter sur les médicaments
Après exécution, sont apposés sur l'ordonnance
ou le bon de commande (article R 5132-13) : En plus de la posologie, le pharmacien inscrit son nom, son
■
le timbre de l'officine ; adresse et le numéro d'enregistrement au registre (numéro
■
le ou les numéros d'enregistrement ; d'ordre) dans le cadre entouré d'un filet rouge (R. 5132-15
■
la date d'exécution ; du Code de la santé publique).
■
les quantités délivrées ;
■
les mentions relevant de la substitution d'un Copies à garder
princeps.
Le pharmacien doit conserver une copie de toutes les
ordonnances comportant la prescription d'un ou plu-
sieurs médicaments classés comme stupéfiants ou sou-
Mentions à porter mis à la réglementation des stupéfiants, et ce pendant
sur les médicaments une durée de trois ans (article R. 5132-35 du Code de la
santé publique).
Ces mentions sont prévues à l'article R. 5132-15 du Code de
la santé publique. Registre comptable des stupéfiants
Toute entrée et toute sortie de substances et de médi-
À retenir caments classés comme stupéfiants sont inscrites sur
un registre (tableau 21.8). Ce registre peut être manus-
Les mentions à apposer sur le médicament crit — ce qui est encore très fréquemment le cas — ou
Les spécialités pharmaceutiques listées disposent électronique.
d'un espace blanc, entouré d'un filet coloré (vert pour
la liste II et rouge pour la liste I et les stupéfiants), dans
lequel le pharmacien inscrit la posologie prescrite. Le registre comptable des stupéfiants (article
R. 5132-36 du Code de la santé publique)
L'inscription ou l'enregistrement des entrées et des sor-
Spécificités des stupéfiants ties se fait à chaque opération, en précisant la date à
et assimilés laquelle il est établi.
Les entrées
Mentions à transcrire sur le registre L'inscription ou l'enregistrement des entrées comporte la
désignation et la quantité de stupéfiants reçue et, pour
Le pharmacien enregistre le nom et l'adresse du porteur les spécialités pharmaceutiques, leur désignation et les
de l'ordonnance lorsque celui-ci n'est pas le malade. Si quantités reçues en unités de prise.
le porteur de l'ordonnance est inconnu du pharmacien,
203
VI. L'officine de pharmacie et son activité
204
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
205
VI. L'officine de pharmacie et son activité
40 ans
• Le registre des
médicaments dérivés
du sang
10 ans
• Le registre des
préparations magistrales
ou officinales
• Le registre des
médicaments listés et
des stupéfiants
• Le registre comptable
des médicaments
stupéfiants,
• Les factures de vente des
produits classés très
Doivent être toxiques, toxiques,
5 ans
gardées, les factures cancérogènes,
avec : tératogènes ou
Doivent être gardés : mutagènes
• La date
3 ans
Articles R. 5132-35, R. 5132-32, Article R. 5124-58 du CSP Articles R. 5132-10, R. 5132-36, Articles R. 5121-195 du CSP
R. 5132-19, R. 5132-58 du CSP R. 5125-45, R. 5132-59 du CSP
Figure 21.5
Durée de conservation des documents à l'officine.
(Illustration par M. Guerriaud.)
– trois ans pour les médicaments biologiques l «DP-Rappels», pour les rappels et retraits de lots de
(cf. «Les médicaments biologiques» au chapitre 3) ; médicaments ;
– vingt et un ans pour les vaccins ; l «DP-Ruptures», pour la gestion de l'information sur les
l clôture du dossier : le patient peut demander la clô- ruptures d'approvisionnement ;
ture du dossier pharmaceutique à tout moment auprès l «DP-Suivi sanitaire», pour le suivi de la situation sanitaire
d'un pharmacien d'officine ; le pharmacien remet au de la France.
bénéficiaire ou à son représentant légal une attesta-
tion de clôture mentionnant qu'elle a été réalisée à sa
demande. Le refus de délivrance
En plus de cette mission initiale s'ajoutent aujourd'hui
d'autres outils qui utilisent le réseau du DP [158] : Lors de son exercice professionnel, le pharmacien est
l «DP-Alertes», pour les alertes sanitaires ; confronté chaque jour à des dilemmes concernant
206
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
207
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Tableau 21.9. Motifs légitimes de refus de délivrance autre que le caractère dangereux de la prescription
Motifs Exemple
Interdiction légale Vendre des médicaments non autorisés (article R. 4235-47 du Code de la santé publique)
ou réglementaire de Vendre des médicaments listés sans ordonnance
vendre certains produits Dispenser, même avec une prescription, une préparation interdite (comme celles interdites par la loi
notamment à des dite «Talon» codifiée à l'article R. 5132-40 du Code de la santé publique)
personnes déterminées Vendre une marchandise interdite à la commercialisation dans les pharmacies au sens de l'article L. 5125-
24 du Code de la santé publique
Caractère anormal de la La demande d'une quantité excessive de certains produits (d'autant plus que cette demande laisserait
demande entendre un usage illicite : suicide, toxicomanie, production de drogue…)
Comportement insultant et impolitesse d'un consommateur
Non-présence dans le Le refus de vente d'un contraceptif ou d'un stérilet n'est pas pénalement punissable, dès lors que le
stock pharmacien ne dispose pas du produit demandé (Crim. 16 juin 1981)
En revanche, n'est pas considéré comme motif légitime le fait de refuser à des patients la vente de produits
contraceptifs simplement au nom de convictions éthiques, religieuses et personnelles (Crim. 21 octobre 1998).
Faux documents Ordonnance falsifiée
Ordonnance volée
Ordonnance créée de toutes pièces
208
21. La notion de dispensation et la réglementation des substances vénéneuses
Motifs Exemple
Formalisme de Ordonnance mal rédigée
l'ordonnance non Ordonnance ne mentionnant pas les éléments indispensables définis à l'article R. 5132-3 du Code de la
respecté santé publique
Manques de régularité Médicaments ne pouvant être renouvelés (comme les stupéfiants ou les hypnotiques)
divers Prescripteur n'ayant pas les qualités requises de par sa formation intrinsèque (un dentiste a par exemple
une prescription limitée à l'art dentaire, il ne peut dès lors pas prescrire de contraceptif)
Prescripteur n'ayant pas la formation spécialisée requise (certains médicaments sont de prescription
restreinte, et seuls certains spécialistes peuvent les prescrire, comme cela est prévu à l'article R. 5121-91 du
Code de la santé publique)
ENTRAÎNEMENT QCM
QCM 1 A 1 mois.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) B 3 mois.
correspond(ent) (aux) possibilité(s) de prescription pour un C 6 mois.
dentiste ? D 12 mois.
A Un antibiotique. E 18 mois.
B Une pilule contraceptive.
QCM 4
C Un corticoïde.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée
D Un collyre.
maximum de prescription pour un anxiolytique ?
E Un morphinique.
A 1 mois.
QCM 2 B 2 mois.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles) C 3 mois.
correspond(ent) (aux) possibilité(s) de renouvellement d'un D 4 mois.
pharmacien dans le cadre de la procédure de délivrance E 5 mois.
exceptionnelle ?
QCM 5
A Actiskénan®, morphine.
Parmi les réponses suivantes, laquelle (lesquelles)
B Glucophage®, metformine.
correspond(ent) aux informations obligatoirement mention-
C Temesta®, lorazépam.
nées sur une ordonnance ?
D Cordarone®, amiodarone.
A Le poids (masse corporelle) du patient.
E Symbicort®, budésonide.
B La date de naissance du patient.
QCM 3 C L'adresse électronique du prescripteur.
Parmi les réponses suivantes, laquelle correspond à la durée D La date de l'ordonnance.
maximum de traitement qu'un(e) pharmacien(e) peut renou- E La taille du patient.
veler sur une ordonnance de contraception orale datant de
moins de douze mois ?
209
22
Chapitre 22
Cas particuliers : la dispensation
à domicile et la dispensation
par internet
P LAN D U CHA PI T RE
La dispensation à domicile (« portage
à domicile ») 211
La dispensation par internet 211
Droit pharmaceutique
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22. Cas particuliers : la dispensation à domicile et la dispensation par internet
Prérequis et objectifs n'a pas pu être ouvert par un tiers — (articles L. 5125-25 et
R. 5125-47 du Code de la santé publique). Les conditions de
■
Prérequis : transport doivent être compatibles avec la bonne conser-
– notions de droit pharmaceutique (PACES). vation des médicaments (articles R. 5125-48 et R. 5125-49
■
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant du Code de la santé publique).
sera capable de :
– distinguer la livraison à domicile de la dispensa- La dispensation à domicile
tion à domicile ; Les pharmaciens d'officine ainsi que les préparateurs et
– appréhender la réglementation de la dispensa- les étudiants en pharmacie peuvent dispenser person-
tion à distance. nellement une commande au domicile d'un patient dans
l'impossibilité de se déplacer, notamment en raison de son
état de santé, de son âge ou de situations géographiques
La dispensation à domicile particulières (articles L. 5125-25, R. 5125-50 et R. 5125-51 du
(« portage à domicile ») Code de la santé publique).
Dans le cas où ce n'est pas un pharmacien qui dispense
La livraison à domicile de médicament(s) et la dispensa- le médicament, il doit veiller personnellement à ce que les
tion à domicile de médicament(s) (figure 22.1) sont deux instructions nécessaires à une bonne observance et com-
notions strictement encadrées par le Code de la santé préhension de la prescription par le patient soient données
publique afin d'éviter d'éventuelles dérives en matière de préalablement à la personne qui assure la dispensation
sollicitation de clientèle. (article R. 5125-51 du Code de la santé publique).
La livraison à domicile
La livraison est assurée par une personne autre que le phar- La dispensation par internet
macien ou ses collaborateurs. Elle est possible par le biais
de transporteur, la commande livrée en dehors de l'officine Avec l'évolution du droit européen (directive européenne
est remise sous paquet scellé portant le nom et l'adresse du 2011/62/UE) et l'harmonisation qui en découle, la France a
client — paquet opaque au nom d'un seul patient dont la adopté un mécanisme de vente de médicaments par inter-
fermeture est telle que le destinataire puisse s'assurer qu'il net encadré (figure 22.2).
Figure 22.1
Différences entre «livraison à domicile» et «dispensation à domicile».
(Illustration par M. Guerriaud.)
211
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Figure 22.2
Commerce électronique de médicaments.
(Illustration par M. Guerriaud.)
défini à l'article L. 5125-33 du Code de la santé ment réservées aux pharmaciens titulaires d'une officine
publique : il s'agit de «l'activité économique par ou aux adjoints ayant reçu délégation (article L. 5125-33 du
laquelle le pharmacien propose ou assure à dis- Code de la santé publique) ;
tance et par voie électronique la vente au détail et l seuls peuvent faire l'objet de l'activité de commerce
la dispensation au public des médicaments à usage électronique les médicaments qui ne sont pas soumis à
humain et, à cet effet, fournit des informations de prescription obligatoire (article L. 5125-34 du Code de la
santé en ligne». santé publique) ;
l rappelons que seuls les médicaments à usage humain
Habituellement, en droit communautaire, on n'accepte pas communautaire, qui est affiché sur chaque page du
les restrictions à la libre circulation des biens et marchan- site internet qui a trait au commerce électronique de
dises ; cependant, dans certains cas cela est permis, ainsi le médicaments.
212
22. Cas particuliers : la dispensation à domicile et la dispensation par internet
L'essentiel à retenir
■
La livraison à domicile et la dispensation à domi-
ciles sont deux notions distinctes.
■
Le commerce électronique des médicaments est
réservé aux pharmaciens d'officine ; il se limite aux
médicaments à usage humain et de prescription
Cliquer médicale facultative.
Pour vérifier
la légalité
de ce site
Figure 22.3
Logo obligatoire dont le design est fixé par règlement d'exécution
(UE) n° 699/2014 de la Commission du 24 juin 2014.
Remarque
213
23
Chapitre 23
Prix et remboursement
PLA N D U CHA PI T RE
La fixation du prix et du
remboursement des médicaments 215
Les honoraires de dispensation 216
Le remboursement 217
Droit pharmaceutique
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23. Prix et remboursement
Prérequis et objectifs le même article L. 410-2 : «Toutefois, dans les secteurs ou les
zones où la concurrence par les prix est limitée en raison soit
■
Prérequis : de situations de monopole ou de difficultés durables d'appro-
– notions de droit pharmaceutique (PACES). visionnement, soit de dispositions législatives ou réglemen-
■
Objectifs : à la fin de ce chapitre, l'apprenant taires, un décret en Conseil d'État peut réglementer les prix
sera capable de : après consultation du Conseil de la concurrence».
– décrire le circuit de fixation du prix et du rem- Dans ce cas, la fixation du prix et celle du rembourse-
boursement du médicament ; ment sont intimement liées (figure 23.1).
– définir l'honoraire de dispensation ; L'industriel dépose une demande à la Haute Autorité
– expliquer le cadre général du remboursement de santé (HAS) (cf. chapitre 8) pour que son dossier soit
ainsi que les cas particuliers. examiné par sa commission de transparence (CT). La com-
mission de transparence va alors définir deux indicateurs :
l le service médical rendu (SMR) ;
La fixation du prix l l'amélioration du service médical rendu (ASMR).
et du remboursement
des médicaments
SMR et ASMR
Deux cas de figure se présentent : Le SMR
l le médicament n'est pas remboursable ;
Le SMR est défini par la HAS comme un critère qui prend
l le médicament est remboursable.
en compte plusieurs aspects :
■
la gravité de la pathologie pour laquelle le médica-
Le médicament n'est pas ■
ment est indiqué ;
les données propres au médicament lui-même dans
remboursable une indication donnée (efficacité et effets indési-
rables ; place dans la stratégie et existence d'alterna-
Cela peut être dû à la volonté de l'industriel — si par tives thérapeutiques ; intérêt pour la santé publique).
exemple il souhaite produire un médicament de médica- Il existe plusieurs niveaux de SMR :
tion officinale — ou dû à la volonté des pouvoirs publics ■
SMR majeur ou important : remboursement à 65 % ;
qui auront refusé le remboursement ou déremboursé le ■
SMR modéré : remboursement à 30 % ;
produit autrefois pris en charge. ■
SMR faible : remboursement à 15 % ;
Dans ces cas, la fixation du prix est libre comme dispose ■
SMR insuffisant pour justifier une prise en charge par
l'article L. 410-2 du Code du commerce : «Sauf dans les cas la collectivité.
où la loi en dispose autrement, les prix des biens, produits À noter que quand le médicament est «irremplaçable»,
sa prise en charge est de 100 %.
et services ont librement déterminé par le jeu de la concur-
rence.» — cette règle découle de l'ordonnance 86-1243. L'ASMR
L'ASMR correspond au progrès thérapeutique apporté
par un médicament.
Le médicament est remboursable Il existe plusieurs niveaux d'ASMR :
■
ASMR I, majeure ;
Si le médicament est remboursable, le prix alors est admi- ■
ASMR II, importante ;
nistré, c'est-à-dire fixé par les autorités. C'est ce que prévoit
Figure 23.1
Fixation du prix et du remboursement d'un médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.)
215
VI. L'officine de pharmacie et son activité
l'objectif national de dépenses d'assurance maladie. l contrôle des facteurs de risque et des contre-indications
dispensation. Les honoraires de dispensation s'appliquent la bonne compréhension par le patient du bon usage et
par conditionnement délivré par le pharmacien et valo- des précautions d'emploi des produits prescrits. Il doit
risent par ailleurs l'action du pharmacien sur l'exécution ainsi vérifier les besoins du patient et fournir les explica-
d'ordonnances considérées comme complexes. Les tarifs tions nécessaires lors de la dispensation ; le pharmacien
sont détaillés dans le tableau 23.1. doit préciser au patient, le cas échéant, les modalités par-
Ces honoraires sont remboursés et donc ne peuvent pas ticulières de conservation du produit prescrit ; le phar-
donner lieu à la facturation de dépassements à l'assuré. macien doit s'assurer que le patient connaît la posologie,
Celui-ci est mis en place en échange d'un certain nombre la durée du traitement et le moment recommandé pour
de services : la prise des médicaments. Le pharmacien doit repor-
l vérification de la validité de l'ordonnance ; ter toutes les indications utiles de la prescription sur
l vérification de l'admissibilité des renouvellements ; le conditionnement des médicaments ; le pharmacien
216
23. Prix et remboursement
doit rappeler au patient la durée du traitement, en de la sécurité sociale impose le principe du «tiers payant
soulignant de manière argumentée l'importance de se contre générique».
conformer à la posologie ; le pharmacien doit informer Le tiers payant pratiqué à l'officine est désormais réservé
le patient des effets indésirables possibles ou potentiels aux seuls patients qui acceptent les génériques. Si le patient
des médicaments ; veut le princeps, il ne peut bénéficier du tiers payant et doit
l choix du conditionnement des médicaments le plus avancer les frais.
économe en fonction des posologies prescrites compatible Cette disposition connaît quelques exceptions :
avec l'état de santé du patient. l la mention « non substituable » portée à la main devant
le médicament ;
l les molécules soumises au tarif forfaitaire de responsabi-
du princeps ;
Le principe général l certaines molécules ou classes qui en sont exemptées :
Pour qu'un médicament puisse être remboursé, il y a plu- – antiépileptiques (lamotrigine, levitiracetam, topira-
sieurs conditions : mate et valproate de sodium) [160, 161] ;
l il faut que le médicament soit remboursable ; – Lévothyrox®/Lévothyroxine [161, 162] ;
l il faut que le patient bénéficie de l'assurance maladie, – fentanyl [161, 163] ;
plus ou moins une mutuelle ; – buprénorphine [161] ;
l il faut une prescription en règle (sauf exception comme – mycophénolate [161].
les contraceptions d'urgence).
Ensuite, le remboursement dépend du taux de prise en Le tarif forfaitaire de responsabilité (TFR)
charge (figure 23.2) : 15 %, 30 %, 65 %, 100 %. Si le taux n'est Dans certains cas, les médicaments princeps sont sou-
pas de 100 %, il y a un reste à charge ou encore ticket modé- mis à un tarif forfaitaire de responsabilité (TFR) qui fixe
rateur. Ce dernier peut être pris en charge par la mutuelle un prix maximum de remboursement. Ainsi, le princeps
du patient. peut valoir 3 € et le générique 2 € qui correspond au
TFR. Si le patient souhaite le princeps, il ne sera rem-
Le tiers payant boursé que 2 € sur les 3 € : il devra payer lui-même l'euro
manquant.
Le tiers payant correspond au fait que le patient ne paye
pas ses médicaments : c'est le pharmacien qui avance les
frais et qui se fera rembourser par la Sécurité sociale plus ou Cas particuliers
moins la mutuelle — quand il s'agit d'un autre organisme
Régime Alsace Lorraine
que la Sécurité sociale, on ne parle plus de tiers payant mais
de délégation de paiement. Après la défaite de Sedan en 1871, L'Alsace et la Lorraine
sont rattachées à l'Empire d'Allemagne et ont donc adopté
Le tiers payant contre générique le régime social mis en place par Bismarck. Ce régime sera
conservé malgré la réincorporation à la République fran-
Afin de favoriser la substitution, la loi n° 2011-2012 du çaise. Le «régime local» repose sur une cotisation supé-
29 décembre 2011 codifiée à l'article L. 162-16-7 du Code rieure à la normale et donc à un remboursement supérieur
à la normale.
Prix du médicament : 10
Accident du travail
Remboursement à 65% Ticket modérateur Selon l'article L. 411-1 du Code de la sécurité sociale : «Est
6,5 3,5 considéré comme accident du travail, quelle qu'en soit la
cause, l'accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail
à toute personne salariée ou travaillant, à quelque titre ou en
Figure 23.2
quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs ou
Remboursement d'un médicament.
(Illustration par M. Guerriaud.) chefs d'entreprise.»
217
VI. L'officine de pharmacie et son activité
218
Chapitre 24
Les responsabilités
du pharmacien d'officine
PLAN DU C HAPITRE
La responsabilité pénale du pharmacien 220
La responsabilité civile du pharmacien 220
La responsabilité disciplinaire 224
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VI. L'officine de pharmacie et son activité
On « punit » :
amende, peine
d’emprisonnement…
Infraction pénale
(contravention, délit, crime)
Responsabilité
pénale
Responsabilité Responsabilité
Faute disciplinaire disciplinaire civile
Dommage causé
On « sanctionne » : On « indemnise » :
l'avertissement, le blâme, versement de dommages-
l'interdiction temporaire ou intérêts…
l'interdiction permanente
d'exercer
Figure 24.1
Les trois responsabilités.
(Illustration par M. Guerriaud.)
Tableau 24.1. Infractions pénales infractions pénales en relation avec le médicament et les produits de santé
Infractions Articles du CSP Peine d'emprisonnement Amende
Vendre un médicament sans AMM ou autres L. 5421-2 5 ans de prison 375 000 €
autorisations ou en faire la publicité (valable L. 5426-1 7 ans de prison pour des 750 000 € pour des
pour les préparations de thérapie génique ou des pharmaciens titulaires pharmaciens titulaires
préparations de thérapie cellulaire xénogénique)
Vendre un médicament homéopathique ou un L. 5421-3 2 ans de prison 150 000 €
médicament traditionnel à base de plante non 5 ans de prison pour des 375 000 € pour des
enregistré à l'ANSM pharmaciens titulaires pharmaciens titulaires
ou en faire la publicité
Vendre un médicament falsifié L. 5421-13 5 ans de prison 375 000 €
7 ans de prison pour des 750 000 € pour des
pharmaciens titulaires pharmaciens titulaires
Détenir un médicament falsifié L. 5421-14 3 ans de prison 75 000 €
5 ans de prison si le 375 000 € si le médicament est
médicament est dangereux dangereux pour la santé de
pour la santé de l'homme l'homme
Effectuer des préparations présentant un risque L. 5424-3 Sanctions financières (montant
pour la santé sans autorisation non défini)
Ne pas respecter les règles relatives à l'étiquetage L. 5424-3 Sanctions financières (montant
des préparations non défini)
(Suite)
221
VI. L'officine de pharmacie et son activité
Tableau 24.3. Infractions pénales infractions pénales en relation avec l'exercice de la profession
Infractions Articles du CSP Peine Amende
d'emprisonnement
Défaut d'assurance (responsabilité civile ou administrative) L. 1142-2 45 000 €
Exercice illégal de la profession de médecin, de chirurgien- L. 4161-5 2 ans de prison 30 000 €
dentiste ou de sage-femme
222
24. Les responsabilités du pharmacien d'officine
Contrairement au sens commun où le mot contrat ren- «Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un
voie au support écrit qui figure le contrat, un contrat, en dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
droit, n'a pas besoin de support écrit : le fait de vendre/ réparer.»
acheter un médicament à l'officine crée un contrat de fait Imaginons que le pharmacien ait oublié de déverrouiller
entre le patient et le pharmacien. sa porte automatique et qu'un patient se heurte dedans,
C'est dans ce cadre de responsabilité contractuelle dans ce cas l'article 1383 du Code civil s'applique : «Chacun
(articles 1134 et 1147 du Code civil) qu'un patient est responsable du dommage qu'il a causé non seulement
pourrait demander réparation à son pharmacien si par son fait, mais encore par sa négligence ou par son
celui-ci lui a causé un dommage — par exemple, si le imprudence.»
pharmacien ne délivre par le bon médicament et que Il ne faut pas oublier de mentionner que l'on peut être
le patient subit un dommage ou si le pharmacien omet responsable civilement du fait d'autrui, ainsi le pharmacien
de donner les bonnes recommandations en délivrant le peut être responsable du fait de ses employés. L'article
médicament. 1384 énonce ainsi : «On est responsable non seulement du
dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore
de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit
La responsabilité répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde.» Il peut
ainsi s'agir du dommage commis par un préparateur qui
délictuelle/quasi délictuelle aurait bousculé et fait tomber un patient, mais aussi d'une
Dans le cas présent, le dommage survient en dehors d'un «chose», par exemple si un patient glisse sur le sol mouillé
contrat ; c'est l'article 1382 du Code civil qui prend le relais : de la pharmacie.
223
VI. L'officine de pharmacie et son activité
224
Chapitre 25
Les pharmacies à usage
intérieur
PLAN DU C HAPITRE
Localisation 228
Missions 228
Le personnel 229
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VII. Autres modes d'exercice
Il ne peut être autorisé qu'une PUI par site géographique Missions particulières
d'implantation, mais une PUI peut disposer de locaux
implantés sur plusieurs emplacements distincts situés dans Les PUI peuvent exercer des activités annexes, sous réserve
un ou plusieurs sites géographiques (article R. 5126–2 du de disposer des moyens en locaux, personnel, équipements
Code de la santé publique). et systèmes d'information nécessaires (article R. 5126–9 du
Concernant les locaux, en eux-mêmes, ceux-ci doivent Code de la santé publique) :
respecter un certain nombre de règles (articles R. 5126–11 l la réalisation des préparations hospitalières à partir de
ment doivent être adaptés aux activités dont est chargée les recherches biomédicales, y compris la préparation des
cette pharmacie ; médicaments expérimentaux ;
l l'accès doit être aisé pour faciliter la livraison et la récep- l la délivrance des aliments diététiques destinés à des fins
tion des produits ainsi que leur bonne conservation ; médicales spéciales ;
l il doit y avoir un local permettant d'assurer l'isolement l la stérilisation des dispositifs médicaux ;
des médicaments et autres produits lorsque leur livrai- l la préparation des médicaments radiopharmaceutiques ;
délivrance rapide et aisée aux structures desservies ; lières, la reconstitution de spécialités pharmaceutiques ainsi
l les locaux doivent être installés et équipés de façon à que la stérilisation de dispositifs médicaux pour le compte
assurer la bonne conservation, le suivi et, s'il y a lieu, le retrait d'autres établissements ou de professionnels de santé
des médicaments. libéraux.
228
25. Les pharmacies à usage intérieur
229
26
Chapitre 26
La biologie médicale
PLA N D U CHA PI T RE
La législation 231
L'examen de biologie médicale 231
Le laboratoire de biologie médicale 232
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26. La biologie médicale
par des médecins spécialistes dans ce domaine.» Ces phases sont détaillées dans la figure 26.1.
231
VII. Autres modes d'exercice
Préparation, transport et
conservation de l'échantillon Obtention d'un résultat Communication appropriée
biologique jusqu'à l'endroit d'analyse biologique du résultat au prescripteur
où il est analysé
Figure 26.1
Les trois étapes d'un examen de biologie médicale.
Réalisation de l'examen de biologie ture au sein de laquelle sont effectués les examens de biologie
médicale». Le laboratoire de biologie médicale participe
médicale (articles L. 6211–7 à des missions de santé publique. Il participe également à
et L. 6211–8 du Code la permanence de l'offre de biologie médicale définie sur
de la santé publique) le territoire de santé infrarégional. Il contribue auprès du
patient à des programmes d'éducation thérapeutique. Il
Un examen de biologie médicale est réalisé par un biologiste peut être appelé à participer à des programmes d'enseigne-
médical ou, pour certaines phases, sous sa responsabilité. ment et de recherche.
Celui-ci, lorsqu'il l'estime approprié, peut modifier la prescrip- Son ouverture est subordonnée à une autorisation préa-
tion d'examens biologiques en en ajoutant ou en en retirant. lable par le directeur de l'ARS.
Le biologiste médical est selon l'article L. 6213–1 du
Code de la santé publique soit un médecin soit un phar-
macien, titulaire du DES de biologie médicale, et inscrit à Le biologiste responsable
l'Ordre dont il relève. Le laboratoire de biologie médicale est dirigé par un biolo-
giste médical dénommé biologiste responsable qui en est le
Remboursement de l'examen représentant légal. Lorsque la structure juridique d'un labo-
ratoire de biologie médicale permet l'existence de plusieurs
Si un examen de biologie médicale est réalisé sur le fonde-
représentants légaux, ces représentants sont dénommés
ment d'une prescription et qu'il fait partie de la nomen-
biologistes coresponsables. Le biologiste médical bénéfi-
clature des actes de biologie médicale (NABM), alors il est
cie des règles d'indépendance professionnelle reconnues
remboursable.
dans son Code de déontologie. Le biologiste responsable
Si un examen de biologie médicale est réalisé à la demande du
conserve la responsabilité de l'ensemble des phases de
patient — ce qui est possible selon l'article L. 6211–10 du Code
l'examen de biologie médicale, y compris lorsque l'une
de la santé publique —, cet examen ne peut pas être remboursé.
d'elles est réalisée par un autre laboratoire. (articles L. 6211–
11, L. 6213–7 et L. 6213–9 du Code de la santé publique).
Le laboratoire de biologie médicale
L'accréditation
Le laboratoire
Un laboratoire de biologie médicale ne peut réali-
Un laboratoire de biologie médicale est défini à l'article ser d'examens de biologie médicale que s'il bénéfi-
L. 6212–1 du Code de la santé publique comme «une struc cie d'une accréditation (ou si cette démarche est en
232
26. La biologie médicale
233
Corrigé des entraînements
PLAN DU C HAPITRE
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 1 240
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 2 240
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 3 240
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 4 240
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 5 241
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 6 241
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 7 241
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 8 241
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 9 242
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 10 242
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 11 242
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 12 242
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 13 243
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 14 243
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 15 243
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 16 243
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 18 244
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 19 244
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 20 244
ENTRAÎNEMENT DU CHAPITRE 21 244
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Corrigé des entraînements
QCM 2 QCM 2
Exacte : E. Exactes : A, C, D.
QCM 3 QCM 3
Exacte : B. Exactes : A, B, C, E.
QCM 4 QCM 4
Exactes : A, C. Exactes : A, D, E.
QCM 5 QCM 5
Exactes : A, C, D. Exactes : A, B, D.
QCM 2 QCM 2
Exacte : E. Exactes : B, E.
QCM 3 QCM 3
Exacte : E. Exacte : B.
QCM 4 QCM 4
Exacte : C. Exacte : A.
QCM 5 QCM 5
Exacte : B. Exacte : E.
240
Corrigé des entraînements
QCM 2 QCM 2
Exactes : A, C. Exacte : B.
QCM 3 QCM 3
Exactes : A, C, D. Exacte : B.
QCM 4 QCM 4
Exactes : B, C, D. Exactes : A, B.
QCM 5 QCM 5
Exacte : B. Exactes : A, D, E.
QCM 2 QCM 2
Exactes : A, B, D. Exactes : C, D.
QCM 3 QCM 3
Exactes : D, E. Exacte : B.
QCM 4 QCM 4
Exacte : C. Exacte : C.
QCM 5 QCM 5
Exactes : A, B, E. Exacte : E.
241
Corrigé des entraînements
QCM 2 QCM 2
Exacte : A. Exacte : C.
QCM 3 QCM 3
Exacte : A. Exactes : A, B, C, E.
QCM 4 QCM 4
Exacte : B. Exactes : A, C, E.
QCM 5 QCM 5
Exacte : B. Exacte : E.
QCM 2 QCM 2
Exactes : A, D, E. Exacte : A.
QCM 3 QCM 3
Exacte : D. Exacte : A.
QCM 4 QCM 4
Exacte : B. Exacte : B.
QCM 5 QCM 5
Exacte : A. Exactes : B, D, E.
242
Corrigé des entraînements
QCM 2 QCM 2
Exacte : A. Exactes : B, C.
QCM 3 QCM 3
Exacte : B. Exacte : C.
QCM 4 QCM 4
Exacte : C. Exactes : B, D, E.
QCM 5 QCM 5
Exactes : A, C, D. Exacte : D.
QCM 2 QCM 2
Exactes : A, D. Exactes : A, B, C.
QCM 3 QCM 3
Exacte : D. Exacte : D.
QCM 4 QCM 4
Exacte : B. Exactes : A, B, D.
QCM 5 QCM 5
Exactes : B, D. Exactes : A, C, D, E.
243
Corrigé des entraînements
QCM 2 QCM 2
Exacte : A. Exactes : A, B, D.
QCM 3 QCM 3
Exactes : A, D, E. Exacte : B.
QCM 4 QCM 4
Exacte : C. Exacte : D.
QCM 5 QCM 5
Exacte : D. Exacte : B.
QCM 2 QCM 2
Exacte : B. Exactes : B, D, E.
QCM 3 QCM 3
Exacte : A. Exacte : C.
QCM 4 QCM 4
Exacte : A. Exacte : C.
QCM 5 QCM 5
Exactes : A, B, C, E. Exactes : B, C, D.
244