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Evaluation de la vulnérabilité sociale aux mouvements de masse : Cas des populations

de la Commune de DOUALA 3e (CAMEROUN).

Olivier Sardou ESSOUMAN ESSOUMAN, Département de Géographie, Université de Douala

Résumé
La commune de Douala 3e est la plus peuplée de la ville de Douala, avec une population évaluée à 646347 habitants. Elle
compte 142 649 ménages, pour 326 550 hommes, et 319 797 femmes. Sa densité moyenne est de 38.6 habitants/Km2.
Cependant, on enregistre des densités de population supérieures à 300 hts/Km2 dans des quartiers tels que CCC, Oyack,
Madagascar… En 2017, cette population est estimée à environ 900 000 habitants. Or c’est une population qui dans sa
majeure partie éprouve encore des difficultés à satisfaire ses besoins de base tels que définis par le PNUD dans le cadre du
développement durable. Elle est peuplée en majorité par des populations pauvres dont certaines vivent encore en dessous du
seuil de pauvreté. Incapables de satisfaire certains besoins de base, nombre d’entre elles, faute de pouvoir acheter un lopin de
terre dans des zones viabilisées de la commune, occupent des zones à risque dont des talus, et s’exposent par défaut de
moyens financiers aux mouvements masse. En tant que tel, les populations de la commune de Douala 3 e sont vulnérables aux
mouvements de masse notamment glissements et éboulements de terrain. Cette vulnérabilité varie de faible à très élevé.
Mots clés :
Cameroun, Commune de Douala 3e, Vulnérabilité, Population, mouvements de terrain.

Assessment of social vulnerability to mass movements: case of the


polpulations of the municipality of DOUALA 3e(CAMEROON).

Abstract
The municipality of Douala 3e is the most populated of the city of Douala, with a population estimated at 646,347
inhabitants. It has 142,649 households, for 326,550 men, and 319,797 women. Its average density is 38.6 inhabitants / Km2.
However, there are population densities above 300 hts / Km2 in districts such as CCC, Oyack, Madagascar ... In 2017, this
population is estimated at around 900,000 inhabitants. However, it is a population that for the most part still finds it difficult
to meet its basic needs as defined by the UNDP within the framework of sustainable development. The majority of it is
populated by poor populations, some of whom still live below the poverty line. Unable to meet certain basic needs, many of
them, unable to buy a plot of land in serviced areas of the town occupy risk areas including embankments, and are exposed
by lack of financial resources to mass movements. As such, the populations of the municipality of Douala 3e are vulnerable
to mass movements, in particular landslides. This vulnerability ranges from low to very high.
Keywords:
Cameroon, Municipality of Douala 3rd, Vulnerability, Population, mass movements.

Introduction

Les mouvements de terrain ou mouvements de masse désignent des déplacements de


matériaux solides et/ou meubles le long d’une pente (H.RAETZO et O.LATELIN, 2012). Ces
mouvements sont de plusieurs ordres suivant les critères considérés notamment le mécanisme
des mouvements, la composition des matériaux, la vitesse des processus ou alors les
mécanismes de déclenchement. Il en existe plusieurs types dont les éboulements et les
glissements de terrain. Les mouvements de terrain affectent tous les environnements de la
planète, tant sur terre que dans l'eau, dans les régions humides ou sèches, et sur des pentes
abruptes ou très douces (R.IVERSON, 2000; L.HIGHLAND et P.BOBROWSKY, 2008). Du
point de vue de la vulnérabilité, les mouvements de masse provoquent 800 à 1000 morts
chaque année à travers le monde (O.LATELTIN, 2012). En 2012, on a enregistré environ 110
mouvements de terrains au Canada. Au Cameroun, sur les versants des collines de Yaoundé,
de Douala… les mouvements de terrain sont fréquents, entrainant chaque année des pertes en
vies humaines et matérielles (R.ASSAKO ASSAKO, 2000 ; J.OLINGA, 2012 ;
G.TCHOUNGA, 2016 ; J.BANEN, 2018). Dans les monts Bamboutos, le mouvement de
terrain du 20 juillet 2003 a fait 20 morts dans le village de Maga, arrondissement de Wabane

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(K.DONGMO, 2006). À Douala, d’après J.BANEN (2018), on a enregistré 03 mouvements
de terrain ayant fait plus de 10 morts seulement pour l’année 2009. À l’ouest-Cameroun, dans
la commune de Bafoussam 3 e au quartier Ngouache, le mouvement de terrain du 04
Novembre 2019 a fait 43 morts et plusieurs disparus (H.FEUKOUO, 2019).
De même, les coûts engendrés par les mouvements de terrain sont assez importants. Dans les
pays du Sud dont le Cameroun, il est difficile de faire de telles estimations compte tenu de
l’indisponibilité des statistiques. Pourtant, l’adaptation aux mouvements de terrain constitue
un réel défi dans la commune de Douala 3e ; on constate sur le terrain, une faible intervention
de l’État et des collectivités territoriales décentralisées en termes de stratégies réelles
d’adaptation. Les populations doivent dans de nombreux cas, développer des stratégies
personnelles ou collectives pour répondre à ces menaces. Or, ce sont dans l’ensemble des
populations pauvres (INS, 2015) et par conséquent désemparées face à de telles menaces. A
cet effet, les réponses apportées restent précaires et très peu efficaces. Néanmoins, les
mouvements de terrain se produisent régulièrement dans la commune de Douala 3 e et sont
source de vulnérabilité. Ainsi, ce travail vise à évaluer la vulnérabilité sociale des populations
de la commune de Douala 3e aux mouvements de masse.
I – Données et méthodologie
La commune de Douala 3 e fait partie des six communes d’arrondissements que compte la
communauté urbaine de Douala, ville économique du Cameroun. Elle est située entre,
3°94’1253’’N, 4°12’0657’’N; et 9°71’2378’’E, 9°86’3319’’E. Elle est limitée au Nord par la
commune de Douala 5e et le département du Nkam, au Sud et à l’Est par le fleuve Dibamba, à
l’ouest par les communes de Douala 1er et Douala 2e.

Figure 1: Localisation de la commune de Douala 3e.

Les données utilisées dans le cadre de ce travail sont de divers ordres :

Les données qualitatives : elles proviennent de l’enquête de terrain à travers un questionnaire


d’enquête pour la population cible, le guide d’entretien pour les personnes ressources, experts,
les données d’observation directe sur le terrain, des photos prises sur le terrain à l’aide d’un
appareil photo.

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Les données quantitatives : Il s’agit des données géo référencées recueillies dans la zone
d’étude à l’aide d’un récepteur de GPS, les données statistiques sur la population de Douala 3e
issues du troisième recensement général de la population et de l’habitat au Cameroun (3e
RGPH, 2005), les enquêtes INS(2015), les données de mesure in situ pour les principaux site
de mouvements de masse notamment le ravin de PK13 Bonamoutongo ; génie militaire, le site
de glissement de terrain de Boko, d’Oyack, de CCC.

Les données cartographiques : Ce sont des images satellites, des fichiers shapefiles et levés
GPS de Douala 3e obtenues sur le terrain, en ligne ou auprès de l’Institut National de la
Cartographie. La cartographie des mouvements de terrain s’est fondée sur la pente des sols, la
densité de la population, les catastrophes passées ; le plan d’occupation du sol, les levés GPS
(tableau 1).
Tableau 1: données utilisées pour la cartographie des mouvements de terrain à Douala 3 e.

N° Paramètres Source des données


1 Pente des sols Extrait du SRTM
Extrait du traitement des images
2 Plan d’occupation du sol
LANDSAT
4 Levés GPS Données de terrain
Catastrophes passées à Données terrain et recherche
5
Douala 3e documentaire
6 Densité de la population Données RGPH(2005).

Les traitements cartographiques se sont faits à partir du logiciel SIG ARCGIS 10.3. Ce
logiciel SIG a permis de manipuler des données géo référencées, et d’apporter un complément
dans la spatialisation des données recueillies. Une scène Landsat a été utilisée pour la
cartographie des mouvements de terrain (Landsat OLI 8).

L’évaluation de la vulnérabilité aux mouvements de terrain dans la commune de Douala 3 e


s’est faite selon le modèle proposé par R. D’ERCOLE et al., ( 1994) ; R. D’ERCOLE et J-C.
THOURET(1996) sur l’évaluation de la vulnérabilité, notamment l’évaluation de l’exposition
à l’aléa, l’évaluation de l’endommagement et l’évaluation de la sensibilité.

En ce qui est de l’exposition à l’aléa naturel notamment les mouvements de masse, il s’est agi
d’«identifier, caractériser et hiérarchiser les espaces à partir desquels se crée et se diffuse la
vulnérabilité au sein d’un territoire» (R.D’ERCOLE et P. METZGER, 2005). Cette approche
permet d’identifier les points chauds où l’intervention serait prioritaire, efficace et durable ; et
de dépasser de ce fait les mesures de réduction des risques qui sont presque toujours
ponctuelles et contingentes ; donc limitées. Pour évaluer le degré d’endommagement à l’aléa
mouvement de terrain par quartier, nous avons utilisé la méthode pratique et empirique
développée par P. ANTOINE (2000) cité par B.GHENNANI(2001). D’après cette méthode,
l’utilisation de la carte d’aléa doit distinguer des phénomènes majeurs et secondaires définis
par le concepteur de ladite carte. On hiérarchise les aléas liés aux différents évènements
suivant une grille ou échelle commune. On s’appuie sur trois éléments de base notamment la
nature, l’extension spatiale, l’occurrence temporelle auxquels on ajoute l’intensité du
phénomène. L’intensité de l’aléa mouvements de terrain met l’accent sur la gravité et
l’agressivité.

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L’évaluation de l’endommagement a porté sur les pertes en vies humaines, les pertes
matérielles (P.ANTOINE, 2000 cité par B.GHENNANI(2001)), l’estimation des dégâts
environnementaux.

Tableau 2 : Méthode d’évaluation de l’endommagement aux mouvements de terrain dans la


commune de Douala 3e

Évaluation de l’endommagement humain


Niveau
Préjudices humains Exemples de phénomènes (à titre indicatif)
d’endommagement
Pas d’accident ou accident très Retrait par dessiccation, Affaissement minier,
1-Très faible
improbable Fluage, glissement lent (<1m/h)
Glissement important paroxysme rapide
2-Moyenne Accident isolé
(quelques dcam/h), chutes de pierres isolées

3-Forte Quelques victimes Chute de blocs, Lave torrentielle Fontis


Éboulement en masse Écroulement, Lave
Quelques dizaines de victimes ou
4-Majeure torrentielle majeure, Effondrement généralisé de
Plus
carrière
Évaluation des pertes matérielles
Niveau
Type de dommage attendu Exemple de phénomènes à titre indicatif
d’endommagement
Gros œuvre très peu touché chutes
1-Niveau faible de pierres, glissement Affaissements de faible amplitude
pelliculaires, etc.
Gros œuvre atteint, mais
Affaissement de grande amplitude,
réparation possible : fissuration
2-Niveau moyen effondrements ponctuels de faible diamètre,
modérée par exemple glissements
chutes de blocs
d’ampleur limitée, etc.
Gros œuvre fortement touché
(voire destruction totale), rendant Éboulement rocheux, glissements de grande
3-Niveau élevé utilisable la construction ; ampleur, effondrements généralisés de carrières,
réparation très coûteuse ou etc.
impossible
Source : P.ANTOINE, 2000 cité par B.GHENNANI (2001) pp36-37, adapté par O.ESSOUMAN, 2020.

Enfin, pour évaluer la sensibilité aux mouvements de masse dans la commune de Douala 3 e, il
a été nécessaire de recourir à une Analyse Factorielle des Correspondances sur les facteurs
socio-économiques indicateurs de vulnérabilité. Les logiciels XLSTATS et Arcgis10.3 ont été
utilisés à cet effet. Onze (11) variables socioéconomiques retenues (tableau 3) pour chacun
des 34 individus représentés par les quartiers de la commune de Douala 3 e ont été projetées
sur les différents axes factoriels.

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Tableau 3: Codes utilisés pour les variables de L’AFC

Variables Codes Designations


V01 NE Niveau d’Etude
V02 RV Niveau de Revenu par ménage
V03 NS Niveau de Standing
V04 NPM Nombre de Personnes par Ménage
V05 NAPQ Nombre d’années passes dans le quartier
V06 RI Raison d’Installation dans le Quartier
V07 NAQ Niveau d’Attachement au Quartier
V08 DDEH Distance Drain/Cours d’eau-Habitat
Degré d’Expression des Besoins des Ménages auprès
V09 DEBM
de la CUD
V10 NEA Niveau d’Efficacité de l’Adaptation
V11 DP Densité de la Population

Pour obtenir la carte de vulnérabilité aux mouvements de terrain dans la commune de Douala
3e, nous avons additionné l’exposition, l’endommagement et la sensibilité.

Vulnérabilité = Exposition + Endommagement + Sensibilité.

II. Résultat

Cette étude évalue la vulnérabilité des populations aux mouvements de terrain dans la
commune de Douala 3 e. L’analyse porte sur l’évaluation de l’exposition, l’endommagement et
la sensibilité aux mouvements de terrain.

A. Evaluation de l’exposition des populations à l’aléa mouvements de terrain dans la commune


de Douala 3e

Les mouvements de terrain, éboulement et glissements, sont fréquents dans la commune de


Douala 3e. Ces mouvements de terrain sont dus à des conditions naturelles du milieu,
notamment l’abondance des précipitations en moyennes 4000mm/an à Douala
(G.TCHIADEU et K.TANDIA , 2009), un contexte géologique fait de roches sédimentaires
meubles argiles, sables, grès ; des sols meubles et hydromorphes généralement engorgés
d’eau, une hydrographie dense ( la commune de Douala 3 e est à cheval entre 6 bassins
versants notamment au Nord les bassins de Nsape et Papas ; au centre, Sud et sud-est les
bassins de Kambo, Ngoua et Papas ; à l’Ouest et Sud-Ouest les bassins du Tongo-Bassa,
Bobongo et Ngoua (CUD,2009); une hydrogéologie constituée d’une nappe phréatique
subaffleurante, et le phénomène de gonflement-retrait des argiles (J.TCHEUNTEU et al.,
2013) ; un relief relativement bas culminant à 71m de haut mais accidenté avec des pentes
variant entre 0 et 45° (O.ESSOUMAN, 2020). L’environnement humain est caractérisé par de
fortes densités de populations avec plus de 300hts/km2 pour des quartiers comme CCC,
Madagascar, Oyack…, une urbanisation rapide qui a entrainé la destruction à environ 90% du

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couvert végétal, la colonisation des zones à risque notamment les versants abruptes, des
corniches susceptibles de rompre lors des averses dépassant un certain seuil (Op.Cit).

Les figures 2 et 3 présentent les zones exposées aux mouvements de terrain dans la commune
de Douala 3e. La figure 2 présente l’aléa éboulement de terrain ; et la figure 3 l’aléa
glissement de terrain.

Figure 2 : Zonage de l’aléa éboulements de terrain dans la commune de Douala 3 e

Figure 3 : Zonage de l’aléa glissements de terrain dans la commune de Douala3e

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La lecture simultanée de ces figures 2 et 3 montre que les mouvements de masse sont plus
fréquents dans les quartiers Ngoma, PK17, PK14 Logbessou, PK13 Bonamoutongo, Génie-
militaire, Boko, Oyack, CCC, Madagascar.
A B C

Source : Clichés Olinga, 2009. Source : Cliché Essouman, 2016. Source : WWW.JournalduCameroun.com
le 19 Juillet 2019
La photo A présente une habitation située en contrebas de la pente, à environ 6 à 7 mètres de la niche
de décollement, détruite par un glissement de terrain au quartier CCC en 2009. La photo B présente une maison
détruite par éboulement au ravin de PK13Bonamoutongo. La photo C présente la destruction de la buse
métallique de Yassa au lieudit COGEFAR suite à la pluie exceptionnelle du 16 Juillet 2017 ; et les
embouteillages qui s’en sont suivis jusqu’à la fin des travaux de réfection.

On remarque néanmoins que la fréquence des éboulements de terrain est plus élevée que celle
des glissements de terrain qui sont relativement rares compte tenu de la géomorphologie de la
région étudiée qui n’est rien d’autre qu’un bassin, le bassin de Douala. En effet, sur les 31
mouvements de masse recensés entre 1990 et 2019 dans la commune de Douala 3 e, on compte
26 éboulements de terrain (tableau 6) pour seulement 05 glissements de terrain (Tableau 5).

Néanmoins, l’exposition des populations à ces aléas (Figure 4) varie de faible à très élevée
selon leur fréquence d’apparition. Par pondération des indices d’exposition des populations
aux différents aléas ci-dessus notamment glissement de terrain et éboulement de terrain, il a
été possible de réaliser une synthèse des niveaux d’exposition des populations par quartier
suivant des degrés hiérarchiques. On obtient à cet effet un niveau d’exposition très élevé à
élevé pour les populations des quartiers exposées à la fois aux glissements de terrain et
éboulement de terrain comme Boko, Oyack, Madagascar, CCC, Dibom ; un niveau moyen
pour les populations exposées à au moins l’un de ces mouvements de terrain notamment les
quartiers de la périphérie Est de la commune ; les quartiers centraux comme Nyalla, Logbaba,
Ndogpassi… ; et un niveau d’aléa faible pour les populations des quartiers présentant au
moins un de ces mouvements de terrain ; pour des populations des quartiers ne présentant
aucun de ces types d’aléa, mais où ils pourraient être enregistrés dans les années avenirs
compte tenu des conditions du milieu, ou encore pour les quartiers où les pentes sont très
faibles ou nulles.

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Figure 4 : Carte synthétique d’exposition des populations aux aléas mouvements de terrain
dans la commune de Douala 3e

B. Évaluation de l’endommagement aux mouvements de masse dans la commune de Douala 3 e

Cette sous-partie présente l’endommagement aux mouvements de terrain à savoir le


glissement de terrain et l’éboulement de terrain dans la commune de Douala 3e.

1. Endommagement encore faible à l’aléa glissement de terrain

Les glissements de terrain sont encore limités dans l’espace et le temps dans la commune de
Douala 3e. Néanmoins, les zones sinistrées enregistrent très souvent d’importantes pertes
humaines et matérielles. Le tableau 4 présente l’endommagement lié aux glissements de
terrain dans la commune de Douala 3 e entre 2005 et 2011.

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Tableau 4: Endommagement aux Glissements de terrain dans la commune de Douala 3 e

Dates Lieu Catastrophes Endommagement


-pas de mort
MADAGASC Glissement de -destruction des habitats
2005
AR terrain -sans abris
-nombreux cas de traumatisme
-03 morts
Glissement de -destruction des habitats
2009 CCC
terrain -sans abris
-nombreux cas de traumatisme
-01 mort
28 Juil. glissement de -destruction des habitats
CCC
2009 terrain -sans abris
-nombreux cas de traumatisme
06 Juil. -01mort
glissement de
2010 -destruction des habitats
Oyack terrain
-sans abris
-nombreux cas de traumatisme
-02 morts
13 Sept. glissement de
BOKO -destruction habitats
2011 terrain
-route barrée
Source : Enquêtes de terrain Essouman, 2016 et recherche documentaire

De ce tableau, il ressort que le phénomène de glissement de terrain a causé 07 décès dans la


commune de Douala 3e; dont 04 morts en 2009 au quartier CCC (J.Olinga, 2012 ; J.Banen,
2018), 02 morts à Boko en 2011 ; 01 mort à Oyack en 2010. À côté de ces pertes en vies
humaines, on note des dégâts matériels notamment la destruction des infrastructures, des sans-
abris, des cas de traumatisme, des migrations internes de populations sinistrées…

La figure 5 est une distribution spatiale des niveaux d’endommagement des populations aux
glissements de terrain dans la commune de Douala 3e. Les populations les plus affectées sont
celles des quartiers où on a déjà enregistré ce phénomène. Il s’agit des populations des
quartiers CCC, Madagascar, Oyack, Boko ayant subi directement ou indirectement les
méfaits des glissements de terrain.

31
Figure 5: Endommagement aux glissements de terrain

2. Endommagement relativement élevé à l’éboulement de terrain dans la commune de Douala 3 e

L’éboulement de terrain touche plusieurs quartiers de la commune de Douala 3 e ; mais à


divers degrés d’endommagement. Les dégâts matériels sont relativement importants (tableau
5). Le ravinement constitue dans ce contexte, le facteur qui amplifie les effets néfastes des
éboulements le long des ravines en cas d’occurrence de précipitations.

Tableau 5 : Endommagement à l’éboulement de terrain dans la commune de Douala 3 e

Types de
Anné
Lieux mouvement de Dates Endommagement
es
masse
Madagascar 1 Éboulement de terrain 1996 10Août Destruction de l’environnement
Madagascar 1 Éboulement de terrain 1998 11Septembre dégâts importants sur l’environnement
et sur les activités économiques
Oyack 1 Éboulement de terrain 2004 07 Juillet dégâts importants sur l’environnement
et sur les activités économiques
Madagascar 1 Éboulement de terrain 2005 01 Août Trois(03) morts et dégâts importants
sur l’environnement et sur les activités
économiques
Madagascar 1 Éboulement de terrain 2006 07 Juillet dégâts importants sur l’environnement
et sur les activités économiques
Dibom Éboulement de terrain 2007 07 Juillet dégâts importants sur l’environnement
Carrière et sur les activités économiques
Oyack 1 Éboulement de terrain 2008 11 Août Faibles dégâts sur l’environnement et
sur les activités économiques
Madagascar 1 Éboulement de terrain 2009 14 Août Cinq(05) morts et dégâts importants sur
l’environnement et sur les activités

32
économiques
Madagascar 1 Éboulement de terrain 2010 06 Juillet Faibles dégâts sur l’environnement et
sur les activités économiques
Oyack Éboulement de terrain 2010 06 Juillet dégâts sur l’environnement et sur les
activités économiques
Oyack 2 Éboulement 2011 13 dégâts importants sur l’environnement
Septembre et sur les activités économiques
PK13Bonamou Éboulement de terrain 2016 - Une habitation détruite
tongo
Oyack1 Éboulement de terrain 2012 04 Juillet dégâts importants sur l’environnement
et sur les activités économiques
Yansoki Éboulement de terrain 2016 Juillet Destruction façade avant salle du
royaume des témoins de Jéhovah
Madagascar 1 Éboulement de terrain 2017 dégâts sur l’environnement et sur les
activités économiques
Oyack1 Éboulement de terrain 2017 12 dégâts sur l’environnement et sur les
Septembre activités économiques
Madagascar 1 Éboulement de terrain 2017 10 Août dégâts sur l’environnement et sur les
activités économiques
Espoir Éboulement de terrain 2017 19 Août dégâts sur l’environnement et sur les
activités économiques
PK16 Lieudit Éboulement de terrain 2019 25 Juillet Une(01) habitation détruite
Nguess
Madiba-génie Éboulement de terrain 2019 23 Juillet Destruction de l’environnement, drain
déchaussé
PK16-Antenne Éboulement de terrain 2019 23 Juillet Destruction de l’environnement
Orange
Éboulement de terrain 2019 - Une(01) habitation détruite
PK13Bonamou
tongo
Oyack1 Éboulement de terrain 2019 07 Mai Dégâts géomorphologiques
Montée
Méduse
Oyack1 Éboulement de terrain 2019 25 Août Une(01) habitation détruite
Montée
Méduse
Oyack1 Éboulement de terrain 2019 26 Juillet Une(01) habitation détruite
Montée
Méduse
Oyack-Bergère Éboulement de terrain 2019 26 Juillet Une(01) habitation détruite
Source : Enquêtes de terrain O.ESSOUMAN (2016-2018) et recherche documentaire

La figure 6 présente la hiérarchisation spatiale des degrés d’endommagement des populations


aux éboulements de terrain dans la commune de Douala 3 e. On constate que les populations
les plus endommagées par ce phénomène sont celles des quartiers les plus élevés de la
commune comme Japoma, Pk13bonamoutongo, Pk14logbessou, Pindo, Ndogmbe, Logbaba,
CCC, Oyack ; Ndopassi1 ; et des périphéries récentes où le déboisement est accéléré et
l’urbanisation rapide à l’instar de Ngodi-Bakoko, Ngoma, PK17…

33
Figure 6: Niveaux d’endommagement à l’éboulement de terrain

3. Évaluation de la sensibilité aux mouvements de terrain dans la commune de Douala 3 e

La figure 7 présente le résumé des variables et individus projetés sur chacun des axes
factoriels 1et 2 à l’issue de L’AFC effectuée sur la sensibilité des populations de la commune
de Douala 3e aux mouvements de terrain ; notamment éboulements et glissements de terrain.

Figure 7 : Résultats de l’analyse factorielle des correspondances sur la sensibilité des


populations aux mouvements de terrain dans la commune de Douala 3 e.

34
On remarque que l’AFC ainsi réalisée résume 75.73% de la variance ; soient 27% pour l’axe
factoriel 1 et 48.73% pour l’axe factoriel 2. On remarque également qu’il existe une
ressemblance entre les individus, ici les quartiers de Douala 3 e représentés chacun par son
profil ; et des rapprochements ou relations plus ou moins proches entre les variables.

a. Des ressemblances entre individus et variables


En ce qui est des individus ; on constate qu’il y a ressemblance entre les quartiers Bonanloka,
Sobikago PK9, Tergal, Brazzaville, Ndokoti et Madagascar ; car leurs habitants ont en
commun le NAPQ c’est-à-dire le nombre d’années passées dans le quartier. En effet, il s’agit
de vieux quartiers anciennement peuplés, plus ou moins éloignés du centre. Le nombre
d’années passées dans un territoire modifie considérablement la perception de la menace à
laquelle on est exposé. Plus on met long dans un territoire ; plus on se l’approprie ; on se
territorialise et donc on modifie la représentation qu’on se faisait de l’espace au moment où
on s’y installait (G.DI MEO, 1987). Finalement, à force de côtoyer la menace au quotidien ; à
force de s’y exposer, on finit par minimiser le risque ; on développe des formes particulières
de résilience ; on tend à atténuer psychologiquement les effets néfastes de la menace (J-
C.THOURET et R.D’ERCOLE, 1996). On remarque une fois de plus que les quartiers les
plus vulnérables correspondent à ceux-là mêmes où les populations installées ont le plus duré.
Plus de 20ans d’occupation anarchique dans des quartiers comme Ndokoti, avec la présence
des ethnies bassa ; Bonanloka, Brazzaville, Madagascar, Tergal… avec la présence des
migrants des années 1980-1990 et les opérations de recasement imposées par l’État.

Par contre, dans les nouveaux quartiers, l’occupation est relativement récente du fait des
migrations vers la périphérie essentiellement sous l’effet de la saturation et de l’étouffement
du centre urbain et dans la banlieue, le loyer et les terrains onéreux pour la majorité…
exception faite pour les populations des zones de recasement… On aboutit une fois de plus à
une hiérarchisation spatiale des niveaux de sensibilité ; mais cette fois-ci en fonction de la
durée dans le quartier. Bref, plus on dure dans ces quartiers précaires ; plus le niveau de
sensibilité aux mouvements de terrain est élevé.

Il y a également ressemblance entre les individus Ndogsimbi, Nylon, Ndogpassi-centre,


Nyalla, CCC, Bobongo, Dibom, Logbaba, Cité de la paix, Ndogpassi 3 plage, Logbessou,
Oyack parce que leurs habitants sont corrélés aux variables NAQ, NPM respectivement
Niveau d’attachement au quartier et nombre de personnes par ménage. En effet, tout comme
pour la première catégorie d’individus, il s’agit de vieux quartiers densément peuplés à
l’exception de Logbaba et Logbessou plus ou moins jeunes et peuplés. L’attachement au sol
est fonction de la durée dans le quartier ; mais aussi des enjeux territoriaux des acteurs
exposés à la menace (Opcit). Ainsi, la sensibilité des « autochtones » peut s’expliquer du fait
du fort lien qu’ils entretiennent avec le terroir qui constitue leur repère, une partie d’eux-
mêmes, leur héritage. On se souvient qu’après le séisme de 2011 à Haïti, les populations
avaient refusé de partir de leur territoire. Ainsi, un territoire du même risque constitue pour
ceux qui se l’approprient et se le revendiquent ; un territoire d’attachement et d’affection. La
représentation et la perception qu’ils ont de ce territoire les obligent à y rester et à affronter les
menaces mêmes les plus insupportables. En ce qui est des allochtones, il est plus question
d’investissements et d’autres avantages socio-économiques. En effet, les enjeux économiques
expliquent très souvent l’exposition des populations à un certain type de menace. Ainsi,
lorsqu’on a investi dans un territoire, et qu’on tienne à cet investissement, on finit aussi par
plus ou moins bien s’y territorialiser malgré qu’on soit « allochtones ou étranger ». Car le

35
comportement de l’acteur dans un territoire donné dépend aussi de ses pratiques territoriales
(G.DI MEO, 1987) ; et c’est par là même qu’il est vulnérable (J-C.THOURET et
R.D’ERCOLE, 1996). Les quartiers où le lien d’attachement et d’affection au sol est élevé
correspondent ainsi plus ou moins bien à l’exception des zones de recasement et certains
quartiers périphériques du Nord de la commune, aux espaces les plus vulnérables.

En plus, le nombre de personnes par ménage est non seulement un indicateur de pauvreté ;
mais aussi du degré de sensibilité des populations aux menaces. Les quartiers où on retrouve
les plus grands effectifs de personnes par ménage, sont également les quartiers à faible
revenu ; et donc relativement pauvres, si on fait une péréquation entre le nombre de personnes
par ménage et le revenu moyen mensuel des dits ménages (INS, 2015). À cet effet, plus il y a
de monde dans le ménage ; plus les ressources sont réduites lorsqu’on sait que le revenu est
relativement faible ; et plus on est vulnérable ; et inversement. Les plus fortes densités de
populations par ménage correspondant également aux quartiers les plus densément peuplés de
la commune ; les plus précaires (BUCREP, 2005).

On remarque tout de même une ressemblance entre les individus Ndogbati, Japoma, Sopom
plateau, Ndogpassi Zone de recasement, Ndogmbe, Ndogpassi1, Mbanga-Bakoko, car ils se
rapportent aux variables RI c’est-à-dire raisons d’installation dans le quartier, et RV
correspondant au niveau de revenu par ménage. En effet, il faut constater qu’en dehors de
Ndopassi1 et Ndogpassi zone de recasement, les autres individus sont des fiefs des
autochtones bassa ou Bakoko. Par conséquent, la vulnérabilité des populations peut
s’expliquer par les liens séculaires de ces peuples avec leurs territoire d’origine ; car beaucoup
sont des propriétaires terriens, en plus, ils n’ont nul part où aller, ils sont « chez eux ». On
remarque néanmoins que le revenu des ménages dans l’ensemble est moyen par rapport à
celui des deux autres catégories d’individus déjà évoqués ; ce qui tend à réduire leur
vulnérabilité aux mouvements de terrain.

Enfin, il existe une ressemblance entre les individus Génie militaire, Pindo,
PK13Bonamoutongo, Ndoghem, Cité berge, Boko, Ngodi-Bakoko, Pk21, PK17, car ils sont
liés par les variables NE, NS, NEA, DEBM, DDEH, DP correspondant respectivement au
niveau d’étude, niveau de standing, niveau d’efficacité de l’adaptation, degré d’expression des
besoins des ménages auprès de la CUD, la distance drain-habitat/cours d’eau, et densité de la
population. En effet, le niveau d’étude influe sur le niveau de sensibilité dans certains
quartiers de la commune. Tout comme pour les autres facteurs socioéconomiques de
vulnérabilité déjà évoqués plus haut à Douala 3e, les niveaux de sensibilité liée aux
mouvements de masse sont une fois de plus en rapport avec le profile économique des
populations de la commune. La sensibilité d’un individu à l’aléa mouvement de terrain est
plus ou moins faible selon les moyens financiers ; mais aussi en fonction du niveau d’étude ;
tant il est clair que la perception d’un individu ayant fait des études supérieures même s’il vit
dans un environnement précaire, même s’il est pauvre monétairement, est susceptible dans la
majeur partie des cas est a priori meilleure que celle d’un individu qui n’a pas fait d’études…
Il n’est donc pas faux d’affirmer malgré des réserves que le niveau de sensibilité aux
mouvements de terrain dans la commune de Douala 3e est aussi fonction du niveau d’étude ;
car le comportement d’un individu face à une menace peut-être aussi un indicateur de son
niveau cognitif.

36
Tout de même, les quartiers où les populations sont le plus sensibles correspondent à ceux qui
présentent les habitats les plus précaires, et donc les plus bas standings ; le niveau de standing
étant lui-même fonction du pouvoir financier. Plus le standing est bas ; plus la sensibilité est
élevée ; et inversement. Dans le même ordre d’idées, la présence des drains et des cours d’eau
dans les zones basses et les bas-fonds accentue particulièrement la sensibilité aux
mouvements de terrain. De même, la présence des cours d’eau en contre bas des versants des
vallées drainées, la formation des drains de part et d’autres rendent particulièrement sensibles
les ménages les plus proches aux mouvements de terrain. L’abondance des précipitations et la
densité du réseau hydrique de la commune à cheval entre 6 bassins versants contribuent à
accroitre la sensibilité. Il existe de ce fait une relation étroite entre la proximité ou
l’éloignement d’un drain ou d’un cours d’eau et le niveau de sensibilité aux mouvements de
masse dans la commune de Douala 3e. De ce qui précède, il serait logique que les populations
des quartiers périphériques et neufs de cette catégorie présentent une faible sensibilité ; au
contraire, ils sont particulièrement vulnérables aux mouvements de terrain. En effet, ils sont
très peu viabilisés, les faibles densités de population favorisent le développement de
l’agriculture, la construction des habitats, les routes non revêtues, ce qui accélère l’érosion des
sols ; les stratégies antiérosives développées par les populations sont très faibles ; la CUD est
encore très peu à l’écoute des préoccupations et desiderata de ces populations situées à la
périphérie…

b. Des corrélations entre variables

Les variables NAQ et NPM sont corrélées. Il en est de même pour les variables RV et RI ;
des variables NS, NEA, NE, DP, DEBM, DDEH. On remarque que les variables NS et NEA
sont très proches. En fonction du pourcentage de la part de variance résumée par chacun des
axes factoriels 1 et 2, on constate que toutes les variables étudiées influencent la sensibilité
des populations de la commune de Douala 3e aux mouvements de terrain. Néanmoins, les
principales variables qui influent sur la sensibilité de ces populations aux mouvements de
terrain sont de par leur proximité des axes factoriels NE, NS, RV, DEBM, NAQ, RI, NEA.

III. Discussions

Evaluer la vulnérabilité aux mouvements de masse dans la commune de Douala 3 e n’a pas été
une sinécure. En effet, du point de vue biophysique, la vulnérabilité désigne la probabilité
d’occurrence d’un phénomène atteignant une certaine fréquence, une intensité et une certaine
ampleur de dégâts humains, économiques et sociaux… L’idée principale ici est de tenir
compte de l’inégal impact des accidents naturels en fonction des groupes humains et en
fonction de leur capacité à faire face (cooping capacities). Cette approche privilégie les
notions d’exposition, menace, risque, cooping et de résultats (outcomes). Ainsi, être
vulnérable, c’est être exposer à des menaces externes, plus ou moins prévisibles, qui mettent à
l’épreuve un certain nombre de ressources détenues par des individus, des groupes et des
communautés sur des territoires. Cette approche est très objective. Néanmoins elle ne tient
compte que de l’aléa et ne rend compte que du phénomène naturel dommageur. Pourtant, la
vulnérabilité dans la commune de Douala 3e est plus liée aux enjeux et au profil socio-
économique des populations. De plus vus les moyens disponibles, des équipements
nécessaires et le contexte dans lequel l’étude est menée, il est compliqué d’évaluer la
vulnérabilité dans la commune de Douala 3e d’un point de vue biophysique.

37
Du point de vue social, la vulnérabilité a été abordée par plusieurs auteurs dont R. CASTEL
(2009) ; R. D’ERCOLE (1994) ; R. D’ERCOLE et J-C. THOURET (1996)… Cette approche
met en évidence le lien entre le profil des sociétés ; des individus ou des groupes
d’individus ; et les menaces auxquelles ils sont exposés. Ainsi, la situation sociale d’un
individu, son environnement immédiat, ses croyances, sa façon de penser, d’agir, de sentir,
s’alimenter, etc., renseignent sur le risque ou les risques auxquels il s’expose. Cette approche
va dans le même sens des travaux de W.ADGER et P.KELLY (1999) , qui présentent la
vulnérabilité comme l’état d’un individu, d’un groupe ou des communautés en termes de leur
capacité à faire face et à s’adapter aux stress externes affectant leurs moyens d’existence et
leur bien-être. Elle a été également développée par H.FUSSEL (2007). Pour lui, les
interactions entre les types d’expositions et les profils des communautés peuvent expliquer
une situation de vulnérabilité. Elle combine les facteurs biophysiques et socioéconomiques.
Par exemple, il existe une relation entre la pauvreté et le niveau d’exposition des populations
aux mouvements de terrain. Enfin, les enjeux et la vulnérabilité sont liés à la présence
humaine (personnes, habitations, activités économiques, infrastructures, …) et sont difficiles à
définir. Pour R. CHAMBERS (1989), la vulnérabilité est un concept probabiliste. Elle est le
résultat de risque distincts mais reliés ; c'est-à-dire : le risque d’être exposer à une menace, le
risque de matérialisation d’une menace, et le risque des protections nécessaires pour faire face
à la menace. Cette approche est focalisée sur les personnes vulnérables et les causes de la
vulnérabilité. Elle met l’accent sur les facteurs socioéconomiques et politiques tels que le
capital humain, le milieu physique, les finances, le capital social et naturel à l’échelle
individuelle ou communautaire.

Toutefois, il n’existe pas de vulnérabilité intrinsèque mais une vulnérabilité pour chacun des
aléas concernés. La vulnérabilité dépend des éléments exposés et de leurs résistances,
comportements, etc. Ainsi, de nombreuses études menées sur la vulnérabilité montrent que la
pauvreté financière, matérielle ou psychologique et mentale, constitue un facteur de taille
dans la compréhension de la sensibilité des populations aux aléas naturels (R.D’ERCOLE et
al., 1994 ; R.D’ERCOLE et J-C THOURET, 1996) en général et les mouvements de terrain en
l’occurrence. C’est ce qu’on observe également dans la commune de Douala 3e. Cependant, le
plus difficile consiste à définir les indicateurs mesurables de ces différents facteurs socio-
économiques de la vulnérabilité. Pour mieux appréhender la vulnérabilité aux mouvements de
masse dans la commune de Douala 3e, l’approche a été combinée ; nous avons additionné
l’exposition, l’endommagement et la sensibilité.

Il ressort 4 niveaux de vulnérabilité aux mouvements de terrain dans la commune de Douala


3e (figure 8). On distingue à cet effet:

- Des degrés très élevés de vulnérabilité pour les quartiers les plus précaires et les plus
densément peuplés, présentant un déficit criard en termes d’infrastructures
socioéconomique de base, ce qui complique les opérations d’intervention lors des
catastrophes ; les plus bas revenus, bas standing. Il s’agit donc des quartiers pauvres de
la commune comme Oyack, CC, Bobongo, Madagascar, Brazzaville, Dibom,
Ndogpassi-centre, Logbaba.

- Des degrés élevés de vulnérabilité : ces quartiers présentent un profil socioéconomique


très proche de ceux de la première catégorie. Il s’agit entre autres des quartiers comme

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Nyalla, Ndoghem2(Pk12), Ngodi-bakoko, Pindo, Génie-militaire, Logbessou(PK14),
PK17, Boko, Ndogsimbi…

- De faibles degrés de vulnérabilité : Il s’agit des quartiers relativement pauvres où


surviennent certes des mouvements de terrain, mais avec une très faible ampleur
comme Cité de la paix, Ndogmbe… et des quartiers jeunes peu urbanisés ; plus ou
moins planifiés.

- De très faibles degrés de vulnérabilité : Il s’agit essentiellement de deux quartiers


Ndogpassi Zone de Recasement et Mbanga Bakoko ; des quartiers planifiés,
présentant relativement un niveau socioéconomique de base acceptable ; un niveau de
standing élevé.

Figure 8 : Carte synthétique de la vulnérabilité aux mouvements de masse dans la commune


de Douala 3e

Conclusion

Ce travail s’est proposé d’évaluer la vulnérabilité des populations de la commune de Douala


3e aux mouvements de terrain. Ainsi, à travers des traitements statistiques dont l’Analyse
factorielle des correspondances et les traitements cartographiques, il a été possible d’évaluer
les degrés d’exposition, d’endommagement et de sensibilité de ces populations aux
mouvements de terrain. Il ressort de l’analyse que les mouvements de terrain constituent une
menace potentielle ou réelle pour les populations de la commune de Douala 3 e. Les
éboulements de terrain sont les mouvements de masse qui affectent le plus les populations.
Néanmoins, les mouvements de masse notamment éboulements ou glissements de terrain sont
responsables de nombreux dégâts d’ordre matériel et humain.

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La sensibilité des populations s’explique en général par la pauvreté ou la précarité socio-
économique qui les caractérisent dans l’ensemble. Entant que tel, plus on est pauvre plus on
est incapable de faire face aux mouvements de masse. Car les populations des quartiers les
plus pauvres et les plus précaires de la commune sont aussi celles qui présentent les degrés de
vulnérabilité les plus élevés.

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