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Introduction

Dans nos sociétés occidentales, nous avons tendance à


vouloir extraire la mort de nos vies, à la reléguer au plus loin,
comme un objet indésirable que l'on dissimule dans un
placard. Pourtant, malgré tous nos efforts, la vérité demeure
inébranlable : la mort fait partie intégrante de la vie. Cette
affirmation, bien que déconcertante, est d'une profonde
véracité. Nous sommes tous destinés à mourir un jour, quels
que soient notre âge, notre statut social, notre richesse ou
notre santé. C’est la promesse la plus universelle qui soit faite
à l’être humain. En lisant le merveilleux livre de Anne-
Dauphine Julliand, « Consolation », j’ai eu envie de réfléchir
et de formaliser quelques idées sur cette phrase que nous
citons bien facilement, comme une vérité incontournable, la
mort fait partie de la vie ! Parce qu’il conditionne la façon
dont nous comprenons et acceptons la mort. Cela peut varier
d'une personne à l'autre et d'une culture à l'autre. Certaines
cultures considèrent la mort comme une transition naturelle
vers une autre forme d'existence, tandis que d'autres voient
la mort comme une fin définitive. Quelle que soit notre vision
personnelle, la mort constitue une source de réflexion et de
contemplation quant à la valeur et à la signification de la vie
elle-même. Elle nous rappelle l'importance de vivre
pleinement chaque jour et de donner un sens à notre
existence. La mort comme un aspect universel de la vie Le
cycle naturel de la vie est universel : naissance, croissance,
vieillissement et finalement, la mort. Cette réalité s'applique
à tous les êtres vivants, des plantes aux animaux, en passant
par les êtres humains. Aucun être vivant ne peut échapper à
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ce processus inéluctable. En effet, tout organisme biologique
est génétiquement programmé pour mourir. Les cellules se
dégradent progressivement, ne se renouvelant plus
suffisamment pour assurer la survie de l'organisme. La mort
représente ainsi la fin complète et définitive de la vie
biologique chez un être vivant. Chez l'homme, elle implique
l'arrêt irréversible de tous les organes vitaux, tels que le cœur
et le cerveau, qui cessent de fonctionner. La mort peut être
due au vieillissement naturel, mais elle peut également
survenir brutalement à la suite d'un accident, d'un suicide ou
d'une maladie. Ainsi, tous les âges de la vie sont concernés
par ce phénomène inéluctable. Dans le fonctionnement des
écosystèmes, la mort joue un rôle essentiel. Les prédateurs
chassent et tuent leurs proies pour se nourrir, tandis que les
plantes et les animaux meurent et se décomposent,
fournissant ainsi des nutriments indispensables à d'autres
organismes vivants. La mort est donc un élément
fondamental de la chaîne alimentaire et de l'équilibre
écologique. Reconnaître cette réalité n'atténue en rien la
perte que représente la mort, mais permet de mieux
comprendre les cycles et le fonctionnement complexe des
écosystèmes. La reconnaissance de la mort par l’humanité
depuis l'aube de l'humanité, l'homme a initié et développé
des traditions et des rituels funéraires. Ces pratiques sont
présentes dans toutes les cultures. Les êtres humains ont
toujours cherché à honorer leurs morts, que ce soit par des
funérailles, des rites de passage ou des cérémonies
commémoratives. Certaines réalisations, telles que les
pyramides ou les nécropoles, témoignent de l'ampleur de

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cette volonté de reconnaître la perte et de rendre hommage
à ceux qui nous ont quittés. Prendre le temps de s'arrêter et
de reconnaître cette perte est un besoin universel. Cette
reconnaissance universelle de la mort en tant que
phénomène inéluctable atteste de sa place intrinsèque dans
la vie.
I- La quête de l’immortalité et le tabou de la mort
Nous avons consacré d'innombrables moyens pour préserver
la vie, pour soigner et guérir, pour prolonger nos jours. Les
avancées médicales et technologiques ont indéniablement
prolongé notre espérance de vie, mais elles n'ont pas réussi à
rendre l'immortalité physique possible. Bien que nous ayons
réussi à traiter et à guérir de nombreuses maladies autrefois
mortelles, la mort reste inévitable. Pourtant, il est indéniable
que la mort est devenue un tabou. Un sujet à éviter, une
réalité que l'on fuit. Nos réactions à cet égard relèvent plus
souvent de la superstition que d'une prise de conscience
éclairée. Nous évitons d'en parler ou de nous en approcher,
par peur d'être contaminés. Nous préférons ignorer cette
réalité douloureuse, sans savoir comment la gérer. Nous ne
voulons plus être confrontés à la mort ni à tout ce qui nous la
rappelle. Cependant, fermer les yeux ne la fera pas
disparaître ! Nous tentons de cantonner la mort à des dates
précises, à des lieux précis, en concentrant tous les éléments
s'y rapportant. Nous faisons tout notre possible pour
l'éloigner de nous, pour la confiner dans un placard dont nous
rêverions de perdre la clé. Ce placard serait situé le plus loin

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possible, dans aucune pièce de notre maison, au fond du
jardin.
1- Evolution de notre relation avec la mort
Au fil des décennies, notre perception de la mort et notre
expérience du deuil ont considérablement évolué. Si l'on
interroge nos aînés, la mort faisait partie intégrante du
quotidien de nos vies. Bien qu'elle ne soit pas nécessairement
plus fréquente (quoi que !), elle était plus présente dans la vie
des familles et de la société. La mort n'était pas aimée, mais
plutôt redoutée, tant pour soi que pour ses proches.
Pourtant, elle était familière. On la surnommait "la grande
faucheuse", celle qui vient couper le fil de la vie. Cette
faucheuse pouvait attendre patiemment une mort dite
naturelle, ou bien elle pouvait se montrer impatiente et
arracher brutalement ceux que nous chérissions.
Ce contact avec la mort permettait de savoir comment réagir
lorsque nous étions confrontés à cette réalité. Nous savions
comment nous comporter face à ceux qui étaient touchés par
le deuil. Ce n'était pas une connaissance intellectuelle ou un
savoir documenté que nous transmettions à la génération
suivante. C'était un vécu qui s'observait et se vivait
principalement au sein des foyers. Les défunts étaient
préparés, embaumés et veillés dans le foyer familial. C'était
un hommage qui leur était rendu. Aujourd'hui, cette pratique
est perçue comme lugubre et déplacée. Pourtant, le cadre n'a
pas changé. Nous sommes tous destinés à mourir un jour, et
nous avons tous besoin de traverser nos deuils ! Le défunt
reposait sur son lit, vêtu de ses plus beaux habits, avec ses

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chaussures aux pieds. C’était les habits du dimanche ! Des
chaises étaient disposées tout autour, certaines personnes se
tenaient à distance, debout, tandis que d'autres s'asseyaient.
Les volets de la chambre étaient fermés, la lumière était
faible éclairant faiblement la pièce, invitant au silence.
Personne n’était spécialement attendu mais tous étaient le
bienvenu. Ils rentraient dans la maison, se rendaient dans la
chambre du défunt et prenait le temps de penser à lui. Se
temps se prolongeait dans les pièces de vie et tout le monde
se retrouvaient pour discuter en partageant un repas et un
verre de vin ! Ils parlaient de nombreuses choses, mais
surtout des souvenirs avec la personne disparue. Il y avait de
la vie entourant les morts. Les enfants n’étaient pas exclus de
ces moments. ils connaissaient la réalité d'un corps sans vie.
Ils ne s'étonnaient pas des yeux clos, des joues creuses ou du
teint cireux. Ils étaient présents au cimetière lorsqu'on
recouvrait le cercueil de terre, et on les invitait souvent à
jeter une poignée de terre, les faisant ainsi participer à cet
acte. La mort faisait partie de la vie. Et le deuil aussi. Nous
accompagnions les endeuillés, nous parlions des morts, nous
ne taisions pas leur nom ! Chaque pays possède ses traditions
et sa symbolique du deuil. En Europe, le deuil se manifestait
souvent par le port de vêtements noirs. Cette couleur
exprimait la peine et incitait ceux qui la voyaient à prendre
soin des personnes en deuil. La couleur des vêtements
permettait de faire passer le deuil de la sphère privée à
l'espace public, signifiant ainsi l'épreuve que l'on traversait.

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2- Le deuil dans la société occidentale aujourd’hui
La mort nous terrifie, c'est pourquoi nous avons décidé, au
nom de notre développement social et comportemental, de
l'éloigner ! Je sais, je suis ironique, mais c'est notamment
pour cette raison que le deuil a du mal à trouver sa place.
C’est pourquoi nous essayons avec d’autres structures ou
personnes de le ramener dans notre vie, car nous réalisons
tous les jours que le fait de négliger ces moments et de
limiter nos deuils ne fait qu'ajouter de la souffrance. Et quelle
souffrance ! Actuellement, il est de normal de cantonner le
deuil à des espaces dédiés, à des associations, à des groupes
de parole... C'est évidemment préférable au refus total, mais
c’est devenu une affaire de spécialistes et d'experts. Ces
associations et ces thérapeutes ont tous leur place, et ce
qu'ils proposent est important, voire essentiel ou vital.
Cependant, le deuil ne se vit plus au sein de la société, de nos
familles et encore moins dans nos entreprises. Nous avons
perdu nos rituels, ceux qui parlaient d'eux-mêmes ! Le deuil
est délimité et circonscrit. Il est analysé en étapes que l'on
franchit avec plus ou moins de succès. Cela implique une
notion de réussite dans le deuil. On dit parfois que quelqu'un
a "réussi son deuil", comme s'il avait obtenu un diplôme ou
une qualification supplémentaire. Mais qu'est-ce que cela
signifie "réussir son deuil" ou le "rater" ? Nous aimons
catégoriser les choses et les périodes. C’est utile pour mieux
comprendre et accompagner, mais cela peut être dangereux !
Nous qualifions certains deuils de pathologiques ou
persistants, en pensant qu'ils sont un échec. Or, ce n'est pas
la question ! Le problème n'est pas de savoir si c'est un échec,
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mais plutôt de se demander ce que nous avons fait,
individuellement et collectivement, pour consoler et
accompagner la personne qui en avait besoin ! Un deuil n'est
jamais raté ou réussi. Il est consolé ou non, ou pas encore. Et
surtout, ce n'est pas une maladie ! La nécessité de repenser
notre approche du deuil Il faut du temps et de la présence, et
c'est là que les choses se compliquent. Car tout est fait pour
que nous n'en ayons pas. Le temps légal accordé au deuil est
ridiculement court. Notre société est en perpétuelle course,
sans prendre le temps de s'arrêter, sans même le vouloir, en
imposant inconsciemment cette frénésie comme un mode de
fonctionnement normal. Ce temps légal est un combat, un de
plus. Imaginer que dans nos mondes compliqués, avec les
règles en place, les processus bien définis pour éviter autant
que possible le contact avec la mort, trois jours suffisent pour
être présent, informer la famille et les proches, organiser les
funérailles, régler les aspects administratifs et... pleurer l'être
aimé, est tout simplement absurde, une autre forme
d'aveuglement, une perte de repères organisée. On peut dire
que c'est déjà ça, que "le travail c'est la santé" et que la mort
ne fait partie que de la sphère intime. On peut surtout
regretter que dans le monde professionnel, l'homme ne soit
plus au cœur des préoccupations.
Nous abordons le sujet du deuil de manière fragmentée alors
que nous devrions construire un bel ensemble. Il est urgent
de s'arrêter et de réfléchir à tout cela. Cela serait bénéfique
pour nos vies personnelles, mais aussi pour notre société.
Nous nous concentrons souvent sur des deuils spécifiques ou
des mesures particulières. C'est utile et important, mais cela
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ne suffit pas. Nous oublions trop facilement que chaque deuil
est unique et que ce qui compte ce n'est pas une durée
prédéfinie ou une recette toute faite.
II- La durée et les médicaments dans le deuil
Le deuil peut être long ou court, mais il est bien là ! Vouloir le
limiter et en codifier la durée peut parfois être dangereux, car
cela sous-entend généralement qu'un deuil doit être court.
Dès que nous considérons qu'il dure "trop longtemps", nous
décrétons que cette personne vit un deuil pathologique
nécessitant des soins particuliers.
Et nous connaissons ces soins spécifiques, ce sont souvent
des médicaments ! C'est le Graal, la solution qui va nous
sauver, prendre des médicaments pour oublier, pour aller
mieux, pour aller plus vite ou pour « faire son deuil plus vite »
! Comprenez-moi bien, les médicaments sont parfois utiles
dans certaines circonstances, mais ils ne sont pas aussi
nécessaires que le nombre de personnes à qui ils sont
prescrits la laisse penser. Lorsque l'on ne sait plus comment
faire, la chimie est là pour pallier nos manques. C’est parfois
utile mais n'oublions pas qu'elle ne console pas !
Le deuil n'est pas une maladie, et encore moins un trouble
psychique. Il faut laisser du temps aux larmes, à la douleur, à
la désolation, à la consolation. On ne guérit pas d'un deuil.
C'est une souffrance avec laquelle on apprend petit à petit à
vivre. Le deuil, comme toute épreuve, ne se réussit pas et ne
se soigne pas. Il se vit. La mort fait partie de la vie.

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1- Reconnaître la mort comme partie intégrante de la vie
Reconnaître que la mort fait partie intégrante de la vie est
essentielle. Accepter cette réalité incontournable nous
permet d'apprécier davantage chaque instant, de donner un
sens profond à notre existence et de trouver la force
nécessaire pour faire face aux pertes qui jalonnent notre
chemin. La mort peut être un rappel poignant de la fragilité
de la vie, mais elle peut également nous inspirer à vivre
pleinement, à chérir nos proches et à apprécier les merveilles
de ce monde éphémère dans lequel nous évoluons. Elle nous
oblige à réfléchir à la vie et ce qui en fait son essence et sa
finalité. Elle nous pousse à considérer l’invisible et parfois
l’indicible. La mort fait partie de la vie.
2- La vie, jeunesse et vieillesse
Les formes de vie observées sur Terre sont d'aspect, de
structure et de taille extrêmement diverse, mais ont tout de
même en commun une organisation dite cellulaire ainsi qu'un
répertoire commun de réactions chimiques[13] impliquant de
longues molécules à forte teneur en carbone, telles que
l'ADN, l'ARN, les protéines et les acides aminés. Parmi ces
molécules, l'ADN joue un rôle fondamental dans la mesure où
il encode l'information caractéristique de la plupart des
formes de vie (l'ARN joue un rôle équivalent pour de rares
organismes). Cette information est codée en séquences
indivisibles appelés gènes.

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Conclusion
La mort nous permet de grandir en tant qu'être humain, à se
questionner face au sens de notre vie, de notre propre mort
et elle ne nous laissera jamais indifférents. Cette mort nous
permettra peut-être de mieux apprécier la vie (ce qui déjà
serait bien), de nous demander pourquoi on court et après
quoi on court tant.

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