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Pays : Cameroun Année : 2014 Épreuve : Langue française

Série : BAC, séries CDE-TI Durée : 2 h Coefficient : 1

Ce texte est une lettre adressée par le narrateur (qui est un vieillard proche de la mort) à son
épouse. Cette lettre est destinée à être ouverte après son décès.

Voilà ce qui me reste : ce que j’ai gagné au long de ces années affreuses, cet argent
dont vous avez la folie de vouloir que je me dépouille. Ah ! L’idée même m’est insupportable
que vous en jouissiez après ma mort. Je t’ai dit en commençant que mes dispositions avaient
d’abord été prises pour qu’il ne vous en restât rien. Je t’ai laissé entendre que j’avais
renoncé à cette vengeance… Mais c’était méconnaître ce mouvement de marée qui est celui
de la haine dans mon cœur. Et tantôt elle s’éloigne, et je m’attendris… Puis elle revient, et ce
flot bourbeux me recouvre.
Depuis aujourd’hui, depuis cette journée de Pâques, après cette offensive pour me
dépouiller, au profit de votre Phili (1), et lorsque j’ai revu, au complet, cette meute familiale
assise en rond devant la porte et m’épiant, je suis obsédé par la vision des partages –de ces
partages qui vous jetteront les uns contre les autres : car vous vous battrez comme des
chiens autour de mes terres, autour de mes titres. Les terres seront à vous, mais les titres
n’existent plus. Ceux dont je te parlais, à la première page de cette lettre, je les ai vendus, la
semaine dernière, au plus haut : depuis, ils baissent chaque jour. Tous les bateaux sombrent,
dès que je les abandonne ; je ne me trompe jamais. Les millions liquides, vous les aurez
aussi, vous les aurez si j’y consens. Il y a des jours où je décide que vous n’en retrouverez pas
un centime…
J’entends votre troupeau chuchotant qui monte l’escalier. Vous vous arrêtez ; vous
parlez sans crainte que je m’éveille (il est entendu que je suis sourd) ; je vois sous la porte la
lueur de vos bougies. Je reconnais le fausset (2) et Phili (on dirait qu’il mue encore) et
soudain des rires étouffés, les gloussements des jeunes femmes. Tu les grondes ; tu vas leur
dire : « je vous assure qu’il ne dort pas…) Tu t’approches de ma porte ; tu écoutes ; tu
regardes par la serrure : ma lampe me dénonce. Tu reviens vers la meute ; tu dois leur
souffler : « il veille encore, il vous écoute… »

François Mauriac, Le Nœud de vipères, Grasset (1933).

(1) Ce personnage a épousé la petite fille du narrateur.


(2) Voix masculine aiguë.

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QUESTIONS

I- COMMUNICATION (5 points)

1. a) A l’aide d’indices précis, déterminez les voix énonciatives du texte ; quels sont les
destinataires desdites voix ?
b) Que traduit ce mélange de voix ?
2. a) Quels contenus latents renferme le segment : « Voilà ce qui me reste » ?
b) Déduisez-en le thème dominant du texte.

II- MORPHOSYNTAXE (5 points)

1. Déterminez le temps dominant dans le dernier paragraphe et donnez sa valeur d’emploi.


2. Justifiez l’emploi des deux points, des points d’exclamation et de suspension dans le 1 er
paragraphe.

III- SÉMANTIQUE (5 points)

1. Repérez dans le 3ème paragraphe deux termes par lesquels le locuteur désigne les
membres de la famille. De quelles connotations sont-ils chargés ?
2. Construisez les champs lexicaux de la fortune et du ressentiment. Dites ce que traduit leur
association par rapport à l’état d’esprit du locuteur.

IV- RHÉTORIQUE DES TEXTES (5 points)

1. a) Identifiez dans le 2ème paragraphe une métaphore, une répétition, une comparaison.
b) Quels effets de sens produisent-elles dans le texte ?
2. Quelle est la tonalité du texte ? Justifiez votre réponse.

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Pays : Cameroun Année : 2015 Épreuve : Langue française
Série : BAC, séries CDE-TI Durée : 2 h Coefficient : 1

Au loin, un tam-tam retentit. Une rumeur sourde nous parvint. Il était indéniable qu’une
grande manifestation nous attendait.
Le village fut enfin en vue. Il y régnait un remue-ménage qui ne devait pas être
coutumier. Une mer humaine avait envahi la place du village. Les cris stridents des
femmes retentirent. Elles criaient la main contre la bouche. On aurait cru entendre la
sirène de la scierie américaine de Dangan. La foule se fendit pour laisser passer la voiture,
qui s’immobilisa devant un parasolier fraîchement élagué, au sommet duquel flottait un
drapeau.
Un vieillard au dos arrondi et au visage aussi ridé qu’un derrière de tortue ouvrit la
portière. Le commandant lui serra la main. L’ingénieur lui tendit aussitôt la sienne. Les
femmes se remirent à crier de plus belle. Un gaillard coiffé d’une chéchia rouge cria :
« Silence ! » Bien qu’il fût torse nu et portât un pagne, son autorité venait de sa chéchia de
garde du chef.
Le chef portait un dolman kaki, sur les manches duquel on avait dû coudre à la hâte ses
écussons rouges barrés de galons argentés. Un bout de fil blanc pendait à chaque manche.
Un homme entre deux âges qui portait une veste de pyjama par-dessus son pagne cria :
« Fisk ! » Une trentaine de marmots, que je n’avais pas distingués jusque-là,
s’immobilisèrent au garde-à-vous.
« En avant, marssssse ! » commanda l’homme.
Les élèves s’avancèrent devant le commandant. Le moniteur cria encore : « Fisk ! » Les
enfants semblaient complètement affolés. Ils se serraient comme des poussins apercevant
l’ombre d’un charognard. Le moniteur donna le ton, puis battit la mesure. Les élèves
chantèrent d’une seule traite dans une langue qui n’était ni le français ni la leur. C’était un
étrange baragouin que les villageois prenaient pour du français, et les Français pour la
langue indigène. Tous applaudirent.

Ferdinand Oyono, Une vie de boy, éd. Julliard, 1956.

QUESTIONS

I- COMMUNICATION (5 points)

1. Dans le fragment suivant, « on aurait cru entendre la sirène américaine de Dangan… au


garde du chef », identifiez les phrases qui portent les marques de subjectivité et celles qui se
veulent objectives. Lesquelles prédominent et pourquoi ?
2. Relevez dans le texte les interventions du moniteur. A quel registre de langue
appartiennent-elles ? Justifiez leur emploi.

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II- MORPHOSYNTAXE (5 points)

1. a) Quelle est la structure de phrase dominante dans le second paragraphe du texte ?


b) Quel effet de sens l’emploi récurrent de cette structure produit-il ?
2. Identifiez les deux temps verbaux dominants du texte. Justifiez leur emploi conjoint.

III- SÉMANTIQUE (5 points)

1. A partir du vocabulaire utilisé dans le fragment : « Un gaillard coiffé d’une chéchia…


commanda l’homme », dites quel(s) effet(s) le narrateur cherche à produire sur son lecteur.
2. a) Précisez les divers sens de « crier » dans le texte, et déterminez son champ sémantique.
b) Quels effets le narrateur veut-il tirer de ces différents emplois ?

IV- RHÉTORIQUE DES TEXTES (5 points)

1. a) A l’aide d’indices précis, déterminez le type de focalisation adopté dans les énoncés
suivants :
 de « Au loin, un tam-tam battit… puis battit la mesure »
 de « Les élèves chantèrent d’une seule traite… Tous applaudirent »
b) En déduire l’effet produit sur le lecteur.
2. a) Décrivez les techniques dont le narrateur se sert pour créer l’effet comique.
b) Cherche-t-il seulement à nous divertir ? Justifiez votre réponse.

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Pays : Cameroun Année : 2016 Épreuve : Langue française
Examen : BAC, séries D-TI Durée : 2 h Coefficient : 1

TEXTE
Pour se rapprocher de l’école, Maximilien s’est installé chez sa tante. Il raconte à Mayiha, un
jeune garçon de son âge qu’il a rencontré sur le chemin, ce qu’il y endure.

Je dormais sur l’un des lits de la cuisine. Je n’avais pas de couverture… En temps de
pluies, c’était très dur. J’avais parfois l’impression que mon corps se raidissait, tellement
j’avais froid. je me levais au beau milieu de la nuit et me mettais à sautiller sur place ou à
courir le long des murs de la cuisine.
Une nuit, pendant que je m’échauffais ainsi pour éviter mon sang se coagule,
j’entendis un bruit bizarre sur la toiture, comme des brins de paille qu’on enlevait. En levant
les yeux, je vis qu’il s’agissait d’un serpent. Tonnerre ! Mon cœur faillit s’arrêter. Je savais
qu’il était inutile de crier. Qui pourrait venir à mon secours en une nuit si froide ? Ma tante
allait encore conclure qu’il s’agissait d’un désir d’attirer l’attention. Mais là, j’avais peur. Je
n’arrivais plus à me coucher. Je surveillais les mouvements du monstre pour qu’il ne me
tombe pas dessus. A un moment donné, il entreprit de se dérouler du bois de charpente sur
lequel il s’était enroulé. Je fis un bond en arrière et j’atterris dans la marmite d’eau à boire
dans un fracas épouvantable. J’avais à présent plus peur de ma tante que du serpent. Si elle
savait que je m’étais plongé tout entier dans sa marmite d’eau, elle me tuerait ! Pendant
quelques secondes, j’avais oublié le serpent et je vérifiais que le couvercle de la grosse
marmite en aluminium n’était pas abimé. Dieu était avec moi, la marmite était intacte. Je
venais d’être sauvé d’une bastonnade qui m’aurait sans doute enlevé la peau des fesses.
J’allais pousser un ouf de soulagement lorsque je me rappelai ce qui m’avait fait atterrir dans
la marmite. Je levai les yeux vers le toit. Le serpent avait disparu. Où avait-il pu passer ?
S’était-il introduit sous un des lits de la cuisine pendant que je m’affolais pour la marmite
d’eau ?
D’un autre bond, je me retrouvai sur le lit en bambou situé près du feu. Une chose est
certaine, pensai-je alors, le serpent n’aime pas le feu. J’entrepris de jeter dans le foyer les
déchets de noix de palmes pilées et séchées.
Sophie Françoise Bapambe Yap Lobock, Les couloirs du bonheur, 2012.

QUESTIONS

I- COMMUNICATION (5 points)

1. a) A partir d’indices textuels et paratextuels précis, dites qui parle dans ce texte.
b) A qui s’adresse cet émetteur ? Justifiez l’absence des marques du récepteur.
2. a) Quels sont les sous-entendus contenus dans l’énoncé : « Pendant quelques secondes…
n’était pas abîmé » ?
b) Que peut-on en déduire concernant l’état psychologique du narrateur ?

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II- MORPHOSYNTAXE (5 points)

1. a) Donnez la nature des propositions contenues dans la dernière phrase du 1er paragraphe.
b) Comment justifiez-vous l’emploi des conjonctions de coordination dans cette phrase ?
2. Repérez le point d’interrogation dans le 2ème paragraphe du texte, analysez-le et donnez sa
valeur.

III- SÉMANTIQUE (5 points)

1. a) Donnez la signification du verbe « atterrir » employé dans ce texte.


b) Quelle impression se dégage de l’emploi de ce mot ?
2. a) Construisez le champ lexical de la souffrance et celui de la peur.
b) Comment justifiez-vous leur association ?

IV- RHÉTORIQUE DES TEXTES (5 points)

1. a) Quel est le type de ce texte ? Justifiez votre réponse à l’aide d’indices précis.
b) Dégagez le type de focalisation de ce texte.
2. En vous appuyant sur des indices précis, dites quelle est la tonalité du texte.

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Pays : Cameroun Année : 2017 Épreuve : Langue française
Examen : Bac, Séries C - E Durée : 2 h Coefficient : 1

TEXTE

Puis, d’un seul coup d’œil, la ville apparaissait.


Descendant tout en amphithéâtre et noyée dans le brouillard, elle s’élargissait au-delà des
ponts, confusément. La pleine campagne remontait ensuite d’un mouvement monotone,
jusqu’à toucher au loin la base indécise du ciel pâle. Ainsi vu d’en haut, le paysage tout entier
avait l’air immobile comme une peinture ; les navires à l’ancre se tassaient dans un coin ; le
fleuve arrondissait sa courbe au pied des collines vertes, et des îles, de forme oblongue,
semblaient sur l’eau de grands poissons noirs arrêtés. Les cheminées des usines poussaient
d’immenses panaches bruns qui s’envolaient par le bout. On entendait le ronflement des
fonderies avec le carillon clair des églises qui se dressaient dans la brume. Les arbres des
boulevards, sans feuilles, faisaient des broussailles violettes au milieu des maisons, et les toits,
tout reluisants de pluie, miroitaient inégalement, selon la hauteur des quartiers. Parfois un
coup de vent emportait les nuages vers la côte Sainte-Catherine, comme les flots aériens qui
se brisaient en silence contre une falaise.
Quelque chose de vertigineux se dégageait pour elle de ces existences amassées, et son
cœur s’en gonflait abondamment, comme si les cent vingt mille âmes qui palpitaient là
eussent envoyé toutes à la fois la vapeur des passions qu’elle leur supposait. Son amour
s’agrandissait devant l’espace, et s’emplissait de tumulte aux bourdonnements vagues qui
montaient. Elle le reversait au-dehors, sur les places, sur les promenades, sur les rues, et la
vieille citée normande s’étalait à ses yeux comme une capitale démesurée, comme une
Babylone où elle entrait. Elle se penchait des deux mains par le vasistas, en humant la brise ;
les trois chevaux galopaient. Les pierres grinçaient dans la boue, la diligence se balançait, et
Hivert, de loin, hélait les carrioles sur la route, tandis que les bourgeois qui avaient passé la
nuit au Bois-Guillaume descendaient la côte tranquillement dans leur petite voiture de famille.
On s’arrêtait à la barrière ; Emma débouclait ses socques, mettait d’autres gants, rajustait
son châle, et, vingt pas plus loin, elle sortait de l’Hirondelle.

Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857.

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QUESTIONS

I- Communication (05 points)

1. a) Identifiez le référent du 1er paragraphe du texte et relevez ses substituts dans le texte.
b) Déduisez l’angle de vue du narrateur.
2. Dégagez le présupposé et le sous-entendu de l’énoncé suivant : « Elle sortait de
l’Hirondelle. » puis justifiez la place de cette phrase dans le texte.

II- Morphosyntaxe (05 points)

1. Identifiez le temps verbal dominant dans le texte et justifiez son emploi.


2. Repérez la virgule dans l’extrait suivant et donnez ses valeurs : « Les arbres des
boulevards…la hauteur des quartiers. »

III- Sémantique (05 points)

1. Construisez le champ lexical de la nature et de celui du déplacement et justifiez leur emploi


conjoint.
2. a) À quoi renvoie l’expression « ces existences amassées » ?
b) Quel sentiment d’Emma se dégage de l’emploi de cette expression ?

IV- Rhétorique des textes (05 points)

1. Identifiez les figures de style contenues dans l’énoncé : « Elle le reversait…où elle
entrait. »
Analysez-les et donnez leurs valeurs.
2. Quelle est la tonalité dominante de ce texte ? Justifiez votre réponse à partir d’indices
textuels.

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Pays : Cameroun Année : 2014 Épreuve : Littérature
Série : BAC, séries CDE-TI Durée : 3 h Coefficient : 1

Le candidat traitera l’un des trois sujets au choix

SUJET DE TYPE I : CONTRACTION DE TEXTE ET DISCUSSION

Texte

L’usage du terrorisme à des fins politiques n’est pas un phénomène nouveau.


L’emploi de la violence par des sous-groupes désireux d’atteindre des objectifs spécifiques
remonte à l’aube de l’histoire. L’évolution actuelle tient essentiellement au progrès
technologique : ainsi les bombes déclenchées par télécommande ont-elles remplacé le
poignard tandis que les programmes de télévision retransmis par satellites ont pris la place
du bouche-à-oreille dans la diffusion de l’information. Mais par-delà ces transformations de
surface, l’essence de la méthode et son objectif sont restés inchangés à travers les siècles.
L’importance croissante de la littérature consacrée à la question du terrorisme
indique pourtant que ce phénomène occupe dans notre société une place beaucoup plus
grande que dans celles qui nous ont précédées.
L’absence de données chiffrées sur la fréquence du terrorisme dans le passé rend
impossible toute étude comparative. C’est le cas, en particulier du terrorisme intérieur dont
aujourd’hui encore on ne rend convenablement compte. Il est plus aisé de suivre le
terrorisme international qui, par sa nature même, intéresse davantage les média.
L’ensemble des données existantes, qu’elles soient d’origine gouvernementale ou
universitaire, indiquent clairement que le terrorisme international est en nette progression
depuis 1968.
Il faut également noter que la majorité des groupes opérant à l’heure actuelle –y
compris ceux dont l’action est strictement nationale –se sont constitués à la fin des années
1960 ou début des années 1970. Le terrorisme politique connaît donc depuis quinze ans un
développement notable.
Les causes de la prolifération du terrorisme politique sont évidemment complexes.
Un phénomène qui, comme celui-ci, concerne l’ensemble de l’éventail politique, sur tous les
continents et dans tous les groupes ethniques ne saurait procéder d’une cause unique. De
nombreux facteurs ont été avancés pour expliquer son développement et il est probable que
la plupart d’entre eux y ont contribué.
Les premiers sont d’ordre technique : l’extraordinaire empressement des média qui
démultiplie leur effet de propagande ; le développement du transport aérien qui facilite le
repli des terroristes vers les pays qui leur donnent asile : la multiplicité des cibles (centrales
électriques, réseaux de communication, aéroports, etc.) qui rend la société contemporaine

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plus vulnérable à la déstabilisation. D’autres sont idéologiques : la désaffection de la
jeunesse occidentale pour les valeurs traditionnelles concourt à l’expansion du phénomène,
tout comme une plus grande ouverture de l’opinion publique internationale aux concepts de
libération nationale et d’auto-détermination.
Mais au-delà de ces facteurs, il est important que l’on prenne conscience que le
développement du terrorisme reflète une nouvelle orientation stratégique. D’un point de
vue politico-stratégique, le monde contemporain se caractérise par deux traits
fondamentaux :
1) Bien qu’en apparence la part des nations « non-alignées » soit beaucoup plus
importante que par le passé, notre globe est en fait scindé aujourd’hui en deux grandes
zones d’influence et d’intérêt –le bloc occidental et le bloc oriental. Ce clivage est nettement
plus marqué qu’il a jamais été, et le progrès technologique a donné aux deux grandes
puissances une capacité d’intervention accrue, jusqu’aux points les plus reculés de la terre.
Stratégiquement parlant, on assiste donc à un rétrécissement du monde.
2) Le danger d’affrontement nucléaire limite sérieusement le recours aux moyens
militaires directs par les deux superpuissances et leurs mandataires. L’emploi de la force
militaire est hors de question dans les zones comme l’Europe, où la ligne de démarcation des
deux blocs est clairement tracée, même s’il est encore possible dans certaines parties du
Tiers Monde où les alliances restent à définir, ou dans certaines zones qui ne présentent pas
d’intérêts vitaux pour les deux grands.
On voit donc de plus en plus de guerres, même strictement localisées, interrompues
par une intervention extérieure avant qu’aucune des parties n’aie pu atteindre de résultats
décisifs, et ce, en raison du danger d’affrontement direct entre les deux grandes puissances.
Ariel Merari, Les nouveaux mercenaires, Paris CEDIP. 134, mars 1993.

Résumé (8 points)
Ce texte comporte 671 mots. Résumez-le en 167 mots. Une marge de 17 mots en
moins ou en plus vous est accordée. A la fin de votre résumé, indiquez le nombre de mots
utilisés.

Discussion (10 points)


Êtes-vous du même avis qu’Ariel Merari pour qui le terrorisme international s’accroît
grâce au développement des sciences et de la technologie ?
Vous répondrez à cette question dans un développement structuré et illustré d’exemples
tirés de l’actualité.

Présentation (2 points)

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SUJET DE TYPE II : COMMENTAIRE COMPOSÉ

Rosemonde
A André Durain
Longtemps au pied du perron de
La maison où entra la dame
Que j’avais suivie pendant deux
Bonnes heures à Amsterdam
Mes doigts jetèrent des baisers

Mais le canal était désert


Le quai aussi et nul ne vit
Comment mes baisers retrouvèrent
Celle à qui j’ai donné ma vie
Un jour pendant plus de deux heures

Je la surnommai Rosemonde
Voulant pouvoir me rappeler
Sa bouche fleurie en Hollande
Puis lentement je m’en allai
Pour quêter la Rose du Monde

Guillaume Appollinaire, Alcools, 1913.

Sans dissocier le fond de la forme, vous ferez de ce texte un commentaire composé. En


prenant appui sur l’énonciation, les temps verbaux, et les figures de style, vous pourrez par
exemple montrer comment se dévoile la quête obsessionnelle de la femme aimée.

SUJET DE TYPE III : DISSERTATION

Parlant du livre, Oscar Wilde déclare :


« Il n’y a pas de livre moral ou immoral. Un livre est mal écrit ou bien écrit.
C’est tout. »

Commentez et discutez cette opinion en vous servant des œuvres littéraires étudiées ou lues.

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Pays : Cameroun Année : 2017 Épreuve : Littérature ou Culture générale
Examen : Bac, Séries C-E Durée : 3 h Coefficient : 1

Le candidat traitera l’un des trois sujets au choix.

SUJET 1 : CONTACTION DE TEXTE ET DISCUSSION

L’empire des guérisseurs

Lorsque vous serez parvenu au comble de l’inquiétude et de la douleur,


lorsque les médecins, les uns après les autres, auront reconnu leur impuissance devant
votre cas ou celui d’un proche, lorsque vous refuserez les diagnostics sans espoir ou
les thérapeutiques de choc…, peut-être serez-vous prêt à écouter le conseil de l’ami
bien intentionné qui vous donnera l’adresse d’un guérisseur. Il faut bien en effet le
constater : ni les progrès foudroyants de la médecine, ni le développement des
services hospitaliers et la généralisation de la Sécurité sociale n’ont fait disparaître
ces soigneurs de l’ombre, ces contrebandiers de la santé. Au contraire, dirait-on. Aux
pratiques ancestrales des rebouteux de village et des exorciseurs1, qui se maintiennent
imperturbablement, s’ajoutent celles plus sophistiquées des pseudo-savants et des
inventeurs autodidactes venus braconner aux frontières de la science, de la médecine
officielle ou de l’écologie […]. Si l’empire des guérisseurs semble plonger ses racines
dans la tradition paysanne et populaire, il gagne la petite bourgeoisie urbaine et
s’installe même dans les beaux quartiers, en affichant les signes extérieurs de la
respectabilité (bureau avec secrétaire, fichiers et salles d’attente, publicité dans
certains journaux…).

Combien sont-ils ? Plus d’un millier (surtout dans les régions isolées de
l’Ouest et du Centre où les médecins sont rares). Davantage sans doute, mais leur
décompte est malaisé, puisqu’ils agissent dans l’illégalité. Beaucoup sont des
bénévoles ou des semi-professionnels ; tandis que d’autres se dissimulent derrière des
professions autorisées (masseurs, kinésithérapeutes…). Un sociologue du C.N.R.S.,
Daniel Friedmann, à qui nous devons ces précisions, a eu l’heureuse idée d’enquêter
sur cette population clandestine et de chercher les ressorts profonds de son audience
et de sa pérennité2.

Contrairement aux médecins qui tiennent leur légitimité d’un diplôme, conféré
par une institution extérieure à la personne, les guérisseurs tirent leur justification
d’eux-mêmes, c’est-à-dire de leur « don ». L’aptitude qu’ils auraient de guérir,
personne ne la leur a conférée. Elle est innée. C’est leur propre corps qui est la source
de leur pouvoir. Et l’opération par laquelle ils soulagent les misères de leurs
semblables réside dans la rencontre directe avec le malade. En soignant par
l’imposition des mains, le regard ou le pendule, ils extirpent le mal et le prennent eux-
mêmes en charge. Pour en dégager le malade, ils se l’approprient. C’est cette relation
« duelle », cette communion avec le patient, cet acte d’amour, comme aiment à dire
certains d’entre eux, qui provoque le déplacement du mal […].
Le guérisseur ne s’intéresse pas à la maladie en elle-même ni au
fonctionnement des organes. Il ne fait pas de diagnostic ; il donne le remède. Il ne
cherche pas à savoir ce qui est atteint : il guérit la personne en bloc, en désignant la
zone fragile qui déséquilibre l’harmonie générale du corps. Avec le guérisseur le
malade a tout à coup le sentiment qu’il est totalement pris en charge et que l’unité de
sa personne lui est restituée.

Fréderic Gaussen, Le monde Dimanche, 18 octobre 1981.

Résumé (08 points)


Ce texte compte 523 mots. Résumez-le en 131 mots. Une marge de 13 mots en
plus ou en moins sera tolérée. Vous mentionnerez, à la fin de votre résumé, le nombre
de mots utilisés.

Discussion (10 points)

Fréderic Gaussen affirme que le guérisseur « ne cherche pas à savoir ce qui est
atteint : il guérit la personne en bloc. » Avec le progrès scientifiques et les
spécialisations pointues dans le domaine de la médecine, peut-on toujours se fier à de
telles pratiques ?
Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté illustré
d’exemples tirés de votre expérience et de vos lectures.

Présentation (02 points)

SUJET 2 : COMMENTAIRE COMPOSÉ

Le brasier
A Paul-Napoléon Roinard

J’ai jeté dans le noble feu


Que je transporte et que j’adore
De vives mains et même feu
Ce Passé ces têtes de morts
Flamme je fais ce que tu veux

Le galop soudain des étoiles


N’étant que ce qui deviendra
Se mêle au hennissement mâle
Des centaures dans leurs haras
Et des grand’plaintes végétales

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Où sont ces têtes que j’avais
Où est le Dieu de ma jeunesse
L’amour est devenu mauvais
Qu’au brasier les flammes renaissent
Mon âme au soleil se dévêt

Dans la plaine ont poussé les flammes


Nos cœurs pendent aux citronniers
Les têtes coupées qui m’acclament
Et les astres qui ont saigné
Ne sont que des têtes de femmes

Le fleuve épinglé sur la ville


T’y fixe comme un vêtement
Partant à l’Amphion docile
Tu subis tous les tons charmants
Qui rendent les pierres agiles

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé sans dissocier le fond de la


forme. Vous pourrez, si vous le voulez, en ayant recours aux images, à l’énonciation,
aux champs lexicaux, aux temps verbaux, etc., montrer comment le poète, rompant
avec son passé triste, opère sa mutation en vue d’une renaissance.

SUJET 3 : DISSERTATION

Dans l’avant-propos de son livre La gloire de mon père, Marcel Pagnol


déclare : « Il me semble en effet qu’il y a trois genres littéraires bien différents : la
poésie, qui est chantée, le théâtre, qui est parlé, et la prose qui est écrite. »

Que pensez-vous de cette affirmation ? Vous répondrez à cette question en vous


appuyant sur des œuvres littéraires étudiées ou lues.

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