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LES FETES D'HEBE
(1739)
Opéra-ballet en trois actes sur un livret d'Antoine Gautier de Montdorge
(version de concert)
DISTRIBUTION
DECEMBRE 1996
BRUXELLES Palais des Beaux-Arts le 16 à20h00
LONDRES Barbican Centre le 18 à19h30
CAEN Théâtre de Caen le 20 à20h30
Avec le soutien de IA.F.A.A., Association Française dAction Artistique - Ministère des Affaires Etrangères
LPRO 1996/64
RÔLES
PROLOGUE
LE COMPOSITEUR
L A C O M P O S I T I O N ET LES S O U R C E S MUSICALES
Les Fêtes d'Hébé, ou les Talens Lyriques de Rameau sont représentées pour la
première fois par l'Académie Royale de Musique, dans la Salle du Palais Royal, le 21 mai
1739. C'est le quatrième opéra de Rameau à paraître sur la scène de l'Opéra de Paris.
Comme les paroles d'Hippolyte & Aricie et de Castor & Pollux, celles des Fêtes d'Hébé
sont évidemment écrites dans l'entourage de La Pouplinière. Bien que le livret ait été
publié sans nom d'auteur, la plupart des sources du XVIIF siècle indiquent qu'il est
principalement l'ouvrage d'Antoine Gautier de Montdorge, peintre amateur et maître a la
Chambre aux deniers du Roi. Pour écrire et réviser ce livret, Montdorge eut, paraît-il,
plusieurs collaborateurs : La Pouplinière, une certaine «Madame Bersin» (probablement
l'épouse de Jean-Baptiste Bersin, conseiller du Roi en ses conseils), Pierre-Joseph («Gentil»)
Bernard, auteur des paroles de Castor & Pollux, et l'abbé Simon-Joseph Pellegrin, auteur
des paroles d'Hippolyte & Aricie. Rameau lui-même contribua, dans une certaine mesure,
au livret des Fêtes d'FFébé. En effet, quatre ans après la première représentation,
Montdorge publie un petit livre intitulé Réflexions d'un peintre sur l'opéra, qui raconte
l'histoire d'un librettiste anonyme tyrannisé par son compositeur. Ce récit a sans doute été
inspiré par son travail sur Les Fêtes d'FLébé et par les discussions qu'il avait pu surprendre
chez La Pouplinière.
Nous ne savons ni quand ni dans quelles circonstances Rameau et ses librettistes ont
pu commencer leur travail sur cet opéra. Près de dix-huit mois s'écoulent entre la dernière
représentation de Castor & Pollux, en décembre 1737, et la première représentation des
Fêtes d'FFébé, en mai 1739. Cependant, la première indication connue de cet ouvrage, une
lettre du commissaire Simon-Henri Dubuisson au Marquis de Caumont, porte la date
relativement tardive du 5 avril 1739 et mentionne seulement qu'un «ballet nouveau» de
Rameau serait représenté bientôt à l'Opéra. En l'absence de documents révélateurs, on
peut chercher des indications dans l'ouvrage lui-même. L'idée générale du livret provient
sans doute d'un livret d'Antoine Houdar de La Motte, Le Triomphe des Arts, qui fut mis
en musique par Michel de La Barre et représenté pour la première fois par l'Académie
Royale de Musique en mai 1700. Les sujets de la deuxième et de la troisième entrée de ce
livret (La Poésie ou Sapho et La Musique ou Amphion) furent repris dans les deux
premières entrées des Fêtes d'FLébé (La Poésie et La Musique). Le rôle d'Iphise, l'héroïne
de La Musique de Rameau, a peut-être été suggéré par le rôle d'Iphise dans Jephté, une
tragédie de Pellegrin et de Michel Pignolet de Montéclair. La première production de
Jephté, en 1732, avait beaucoup impressionné Rameau. Son Dardanus, dont le livret fut
ébauché au moins un an avant la première représentation des Fêtes d'FLébé, comprend
également une héroine nommée Iphise. Par ailleurs, Issé, une pastorale héroïque de La
Motte et d'André Cardinal Destouches, inspira probablement la troisième entrée des Fêtes
d'FLébé (La Danse). La reprise d'Issé en novembre 1733 fut si bien reçue par le public
parisien que les représentations ne cessèrent qu'en mai 1734. Dans Issé, Apollon, dieu des
arts, se déguise en berger et sous le nom de Philémon triomphe d'un rival, Hilas, pour
gagner l'amour de la bergère Issé. Dans La Danse, Mercure, dieu des arts dans certaines
mythologies (le livret nous le rappelle) se déguise en berger, rencontre le berger Eurilas, et
triomphe d'un rival, Palémon, pour gagner l'amour de la bergère Eglé.
Dès la première représentation, Les Fêtes d'FLébé comportent plusieurs pages de
musique que Rameau avait d'abord destinées à d'autres œuvres. Selon un compte-rendu
publié dans le Journal de Paris en 1777, Rameau lui-même disait que les plus beaux
morceaux de cet opéra avaient été écrits pour Samson. Le compositeur avait travaillé à cette
tragédie avec Voltaire en 1734 mais l'abandonna en 1735 ou 1736. Le Journal de Paris
mentionne que «la musique du Divertissement du Fleuve, dans le premier acte, était le
morceau destiné à peindre l'eau jaillissante du Rocher» [Samson, II, 2] ; que «le grand
Morceau de Tirtée [son air «Eveille-toi»] est le même que celui qui dans la bouche de Samson
devait reprocher leur lâcheté aux Israélites» [Samson I, 4] ; que «le Divertissement du
troisième acte était la fête d'Adonis» [Samson III, 1]. Rameau basa au moins quatre morceaux
des Fêtes d'Hébé sur des pièces qu'il avait composées au moins dix ans plus tôt. La première
version de La Musique comporte un «Air tendre» basé sur «L'Entretien des Muses», qui
parut dans les Pièces de clavessin en 1724. Cette collection fournit également la «Musette en
rondeau» et le «Tambourin en rondeau» de La Danse. «L'objet qui règne», une ariette de
cette même entrée, parut d'abord dans la cantate Le Berger fidèle, achevée en 1728.
Les Fêtes d'Hébé ne sont malheureusement pas au nombre des opéras de Rameau
qui existent aujourd'hui en partition autographe. En effet, tous les manuscrits autographes
de cet opéra furent probablement jetés au XVIII siècle. De plus, les partitions utilisées pour
e
les productions à l'Opéra de Paris du vivant de Rameau ont également disparu. On trouve
cependant des exemplaires d'au moins trois éditions gravées qui furent approuvées par le
compositeur. La deuxième édition comprend la seconde version de La Musique,
représentée environ un mois après la première, tandis que la troisième édition comporte
des changements supplémentaires. Certains manuscrits et certaines révisions de la main de
copistes importants de la période 1750-1775, parmi lesquels Durand et Marvereau, font
état de versions qui furent sans doute représentées à diverses étapes de la vie de Rameau.
Parmi ces sources, citons un manuscrit qui appartint au Marquis de Brancas (Pn Vm 3 42), 2
et une partition gravée avec révisions manuscrites qui appartint au Marquis de La Salle
(Po A. 143a). On trouve également une partition manuscrite de la troisième entrée
qui fut probablement préparée pour les représentations parisiennes de 1765 ou 1770
(Po A. 143b). Dans les nombreuses parties séparées existantes qui servirent pour diverses
productions du vivant de Rameau, on relève des indications très précieuses pour
l'interprétation.
LE LIVRET
Il existe plusieurs éditions du livret des Fêtes d'Hébé, toutes publiées sans nom
d'auteur pour des représentations qui eurent lieu entre 1739 et 1777 à l'Opéra de Paris ou
à la cour de Louis XV. La première édition comporte Y «Extrait d'une lettre, écrite a M.
Rameau», où le librettiste anonyme reconnaît la qualité inférieure de sa poésie, constatant
que son seul but était de produire un «enchaînement de Scènes qui prêtassent a la Musique
et au Spectacle». Le peu d'intérêt dramatique qu'on y trouve serait insuffisant pour une
tragédie. Pourtant, cette œuvre est un opéra-ballet, où la musique et le spectacle sont les
éléments les plus importants. Comme la plupart des opéras-ballets, il comporte un
prologue et trois entrées liées par un seul sujet, mais présentant chacune une action
indépendante. Les trois arts lyriques, poésie, musique et danse, sont représentés ici par
trois personnages, Sapho, Tirtée et Eglé.
Le prologue est une célébration de la jeunesse et de l'amour. Hébé, déesse de la
jeunesse, et Momus, dieu de la raillerie, quittent le ciel pour chercher leur bonheur sur
terre. Les Grâces viennent faire leur cour à Hébé, puis l'Amour invite des bergers
thessaliens à lui rendre hommage. Hébé et l'Amour se décident à fixer leur séjour «aux
plus heureux climats», c'est-à-dire «sur les bords de la Seine». Les Zéphyrs arrivent pour
soutenir le char d'Hébé. L'Amour ayant annoncé le sujet de l'opéra, le triomphe des
talents lyriques, Hébé monte dans le char, et l'Amour et Zéphyr volent à ses côtés.
La première entrée, La Poésie, propose une action qui naît d'un amour imaginaire
entre Alcée et Sapho, poète et poétesse de la Grèce antique. Sapho se plaint de l'exil auquel
Alcée est condamné par Hymas, roi de l'île de Lesbos, à l'instigation de Thélème, un rival
jaloux. Elle fait jouer au roi un divertissement allégorique qui représente les maux qu'elle
ressent par l'absence de son amant. Dans ce divertissement, une Naïade se plaint de
l'inconstance de son Ruisseau, et le Fleuve qui a fait son mal rejoint le couple séparé.
Touché par ce spectacle, le roi rappelle Alcée et le couple est réuni. Thélème ayant fui les
lieux, l'acte se conclut par une fête marine.
Dans la seconde entrée, La Musique, Iphise, fille de Lycurge, roi de Sparte, est sur le
point de se marier à Tirtée, envoyé d'Athènes aux Lacédémoniens pour commander leur
armée. Lycurge entre pour annoncer qu'un oracle destine Iphise au héros qui peut vaincre
les Messéniens. Par ses chants émouvants, Tirtée anime l'audace des Lacédémoniens et les
mène au combat. Iphise se lamente de son absence et attend son retour en compagnie
d'autres femmes. Un second oracle et un ballet figuré lui révèlent son heureux destin.
Tirtée revient triomphant, et Lycurge bénit l'union du couple. La victoire de Tirtée
s'achève par une fête guerrière pour laquelle «des nuages chargés de trompettes, de
timbales, de hautbois et de bassons descendent sur le théâtre». Dans la seconde version de
cette entrée, qui remplaça la première après dix-neuf représentations, le rôle de Lycurge
fut éliminé, les exhortations de Tirtée et la scène de l'attente des femmes furent remaniées,
et les rôles d'Iphise et de Tirtée gagnèrent en importance.
Dans la troisième entrée, La Danse, Mercure arrive dans un hameau où l'Amour lui
a promis une conquête. Déguisé en berger, il apprend d'Eurilas qu'Églé, pour prix de son
dévouement à Terpsichore, va choisir un époux au cours d'une fête. Eurilas se retire,
victime de sa propre timidité. Un autre rival, Palémon, joue du hautbois, mais Églé préfère
le son de la voix de Mercure. Mercure déclare son amour pour Eglé, qui essaie vainement
de cacher son enchantement. Les bergers du hameau se disputent la gloire d'être choisis
par Eglé, mais c'est Mercure qui reçoit la guirlande destinée à son vainqueur. Mercure
révèle sa divinité, et Terpsichore arrive pour mener le divertissement dans un jardin orné.
Quand elle remet son tambour à Eglé, toute sa cour reconnaît la bergère pour nymphe de
la danse.
LA RÉCEPTION DE L'ŒUVRE
Les Fêtes d'FLébé figurent parmi les opéras de Rameau les plus appréciés de ses
contemporains, et parmi les rares œuvres dramatiques du compositeur qui plurent dès les
premières représentations. Entre 1739 et 1777, date de la dernière reprise, on compte plus
de 300 représentations, soit de l'œuvre entière, soit de l'une ou de plusieurs entrées, à
l'Opéra de Paris. De plus, la troisième entrée, La Danse, est représentée plusieurs fois à la
cour de Louis XV. Pierre-Louis d'Aquin de Château-Lyon observe en 1752 dans son Siècle
littéraire de Louis XV, que «c'est un des plus beaux ouvrages de ce grand homme : tout y
est également soutenu, les Tableaux en sont agréables & rians...». D'Aquin admirait
surtout le divertissement du troisième acte. Selon lui, «c'est la plus gracieuse Bergerie qui
soit au Théâtre Lyrique ; où trouver autant de douceur, de délicatesse & d'aménité ? Ce joli
Tableau est fait avec le pinceau des Grâces». Melchior Grimm nota après la mort de
Rameau que le compositeur «fit réussir [cet opéra] par ses gavottes et ses rigodons»,
indiquant à quel point sa musique détermina le succès de l'œuvre.
La première production des Fêtes d'FLébé débuta le 21 mai 1739 et continua jusqu'au
1er septembre suivant. Les rôles principaux furent interprétés par Marie Fel (Hébé),
M. Cuvillier (Momus) et Mlle Bourbonnois (l'Amour) dans le prologue ; Mlle Eremans
(Sapho), M. Albert (Alcée) et Pierre Jélyotte (Thélème) dans La Poésie ; Mlle Pélissier
(Iphise, première version), Marie Fel (Iphise, seconde version), M. Le Page (Tirtée) et M.
Bérard (Lycurge) dans La Musique ; enfin Pierre Jélyotte (Mercure), Mlle Mariette (Eglé)
et Marie Salle (Terpsichore) dans La Danse. Dans son compte-rendu de cette production,
le Mercure de France se borne principalement à un résumé du livret, mais indique que
l'œuvre fut bien reçue, surtout après la révision de la seconde entrée. Il observe que la
troisième entrée fut préférée aux autres, que les rôles de Mercure et d'Eglé furent
«parfaitement bien rendus, & au gré des Connoisseurs les plus délicats», et que la
déclaration d'amour de ces deux personnages «a fait beaucoup de plaisir». Le Postillon
français loue «la riante et féconde imagination» de Rameau ainsi que «les charmes, les
grâces et le pathétique» de sa musique.
Bien qu'une deuxième série de représentations ait eu lieu en décembre 1739 et en
janvier 1740, la première reprise proprement dite date de l'été 1747. L'abbé Raynal, dans
une nouvelle littéraire adressée au Duc de Saxe-Gotha, mentionne le «grand succès» de
cette reprise. Bien qu'il critique le style du livret, juge la fête de la première entrée «trop
triste et trop longue» et déplore un manque de variété et d'intérêt dans la deuxième entrée,
il observe que la troisième entrée «plaît généralement» et que sa musique est «délicieuse».
Le Mercure de France trouve que les sujets de l'opéra sont «neufs, agréables, galans,
intéressans» et estime que «l'heureuse invention des sujets, les tableaux agréables et rians
qu'ils présentent, la disposition adroite des scènes et des divertissements sont l'ouvrage
d'une main habile». Il indique que le public fut ravi de la musique de Rameau et juge que
«c'est peut-être celui de ses ouvrages qui est le plus également soutenu». L'auteur est
impressionné surtout par la troisième entrée, «une des plus gracieuses bergeries qui ait
jamais charmé les connoisseurs sur le Théâtre de l'Opéra».
Pour cette reprise, Marie Fel garda les deux rôles importants qu'elle avait créés, ceux
d'Hébé et d'Iphise, et Pierre Jélyotte conserva le rôle de Mercure. Ces deux artistes, nés
l'un et l'autre en 1713, brillaient dans les rôles que Rameau avait composés pour eux. Selon
le Mercure de France, la voix claire et agile de Marie Fel «pouvait passer tout a coup du
léger au pathétique. Les inflexions les plus touchantes succédèrent aux traits les plus
rapides». Commentant la reprise des Fêtes d'Hébé, ce journal note que Mlle Romainville,
dans le rôle de Sapho, «a fait briller [...] le feu gracieux de la Muse Lesbienne» et que le
public a admiré l'ariette de Mercure et «l'art avec lequel M. Jeliotte l'a chanté, la faisant
paraître nouvelle â chaque représentation par les variations qu'il y met». Emprunté à la
cantate Le Berger fidèle, «L'objet qui règne» est un des premiers essais connus de Rameau
dans le style italien et une de ses ariettes les plus célèbres. Jean-Jacques Rousseau cite ce
morceau dans sa Dissertation sur la musique moderne (1743), et Jean-Antoine Bérard, dans
son traité L'art du chant, dédié à Madame de Pompadour (1755), indique avec un certain
détail la façon dont elle pourrait être interprétée.
La première reprise des Fêtes d'Hébé eut lieu à une époque où la carrière de Rameau
approchait de son apogée. En janvier 1748, l'Opéra inaugura une seconde série de
représentations, remplaçant ainsi L'Europe galante d'André Campra. Quelques semaines
plus tard, selon le Mercure de France, «on continue d'aller en foule aux représentations,
comme s'il s'agissait d'une nouveauté. A une de ces représentations, lorsque M. Rameau
parut, le public lui fit le même accueil qu'à ses ouvrages, et l'honora de nombreux
applaudissements». Rameau était évidemment très sensible à l'appréciation du public
parisien. Le caractère pastoral de la troisième entrée des Fêtes dFFébé, avec son calme, sa
douceur imprégnée de nostalgie, son sentiment de bonheur innocent, reparaît dans
plusieurs ouvrages qu'il écrit à l'époque. On peut citer par exemple Les Fêtes de l'Hymen
et de l'Amour, représentées pour la première fois le 15 mars 1747, et Zaïs, représenté pour
la première fois le 29 février 1748. En août 1748, l'Opéra donne la première représentation
de Pygmalion, dont le livret fut inspiré, comme celui des Fêtes d'Hébé, par Le Triomphe
des Arts de La Motte. La dernière entrée de cet ouvrage (La Sculpture) fournit le sujet et
plusieurs vers pour l'acte de ballet de Rameau. L'année 1749 voit la création de Nais et la
première représentation parisienne de Platée, où Momus reparaît, et le caractère léger du
prologue des Fêtes d'Hébé. se développe. En juillet 1749, le Mercure de France publie une
lettre où Rameau affirme son dévouement au public parisien, indiquant qu'il ne
«désirerois rien tant que d'être plus à portée de lui procurer encore plus de plaisir, & de
pouvoir à mon gré pousser aussi loin que j'en puis être capable, un art qui a fait seul
l'occupation de toute ma vie». Vers 1750, il compose Les Beaux Jours de l'Amour, où les
protagonistes sont, comme dans la première entrée des Fêtes d'Hébé, des poètes de la
Grèce antique (Anacréon et Mirthis). En 1751 paraît La Guirlande, où le symbole de
l'amour d'Eglé devient l'objet central d'un drame plus intime. Enfin, Eglé elle-même
reparaît dans Daphnis & Églé en 1753, et Jupiter se déguise de nouveau en berger pour
séduire une nymphe dans l'acte incomplet d'Io.
En conclusion, citons une parodie des Fêtes d'Hébé qui parut en 1739. Dans Les
Talents a la mode, de Louis de Boissy, Léandre, le jeune galant qui découvre le don de la
poésie, de la musique ou de la danse dans les trois filles de Géronte, proclame que Rameau
Thomas GREEN
PROLOGUE
Le théâtre représente une campagne riante, le Mont Olympe
paraît dans Véloignement.
SCÈNE I
Hébé, Momus
MOMUS
Vous m'évitez en vain, je vous suivrai sans cesse.
Rien ne peut séparer Momus de la jeunesse.
HÉBÉ
Les plus fiers immortels
Partageaient avec moi l'encens de leurs autels !
Lors qu'au plus haut des cieux j'avais droit de prétendre ;
Ces Dieux trop inconstants me forcent d'en descendre ?
MOMUS
Il font votre bonheur en vous éloignant d'eux.
Nous voyons Jupiter lui-même
Abandonner le rang suprême,
Et parmi les mortels chercher des jours heureux.
S C È N E II
Hébé, Momus, les Grâces
Une douce symphonie annonce les Grâces. Une d'entre elles
porte l'arc de l'Amour, une autre porte son carquois.
MOMUS
Les Grâces, dans ces lieux, pour calmer vos alarmes
Conduisent sur vos pas le plus charmant des Dieux.
HÉBÉ
MOMUS
Amour vous cherche, Amour va renoncer aux Cieux.
HÉBÉ & MOMUS
Séduisantes immortelles,
Par vos faveurs toujours nouvelles,
Mille charmes divers
Animent l'univers.
Tout languirait sans elles.
SCÈNE III
L'AMOUR
Vénus près de l'objet de sa vive tendresse
Soutient l'empire de l'Amour,
Et l'Amour vient former la cour
De l'aimable jeunesse.
HÉBÉ
Je ne regrette plus le séjour du Tonnerre ;
Les Grâces, l'Amour et Vénus
Ont leur empire sur la terre.
MOMUS
Chérissez le jour qui vous rassemble,
Jeunesse, Amour, soyez toujours ensemble.
SCÈNE IV
Hébé, l'Amour, chœur de Thessaliens, suite de l'Amour
L'AMOUR
Fortunés habitants de ces prochains bocages,
Dans vos jeux, dans vos chants,
Qu'Hébé reçoive vos hommages.
CHŒUR
Que jusqu'aux Cieux s'élèvent nos accords,
Et que du fond de sa grotte profonde
L'écho réponde à nos transports.
HÉBÉ
Accourez, riante jeunesse,
L'Amour veut régner avec nous.
Fuyez, tristesse, fuyez jaloux ;
Ce n'est jamais pour vous
Que ce Dieu s'intéresse.
L'AMOUR
HÉBÉ
L'AMOUR
L'AMOUR
Sur ces bords j'assemble, pour plaire,
Les belles dont mon art augmente les appas ;
C'est toujours sur leurs pas que je cherche les jeux
Échappés de Cythère.
Vole Zéphir, Hébé t'appelle.
Vole, amène ici ta cour.
Transportons la jeune immortelle
Dans le plus aimable séjour.
Il va réunir auprès d'elle SCENE V
La volupté, les Grâces
Zéphireet l'amour.
et les précédents
Zéphire, après avoir voltigé autour des Grâces,
va joindre une troupe de Zéphirs qui soutiennent
un char destiné à Hébé.
HÉBÉ
Volons sur les bords de la Seine,
Par des concerts mélodieux
Animons les plaisirs qui régnent en ces lieux.
L'AMOUR
Que Polimnie, avec ses sœurs
Des talents qu'on chérit
Sur la lyrique scène,
Fasse triompher les douceurs.
La jeunesse et les ris ont des attraits brillants,
Mais la victoire est incertaine
Sans l'heureux secours des talents.
CHŒUR
Volez zéphirs,
Tout vous en presse.
Transportez la jeunesse
Au séjour des plaisirs.
PREMIÈRE ENTRÉE
LA POESIE
SCÈNE I
Sapho
SAPHO
Bois chéri des amours,
Que vous étiez charmant,
Quand vos retraites sombres
Rassemblaient sous leurs ombres,
Et les plaisirs, et mon amant !
THÉLÈME
Cessez de m'agiter, vains remords, taisez-vous !
L'amour me justifie...
SAPHO (à part)
THÉLÈME
Tandis qu'Hymas, avec sa cour,
Par la chasse entraîné, dans la forêt s'égare,
De la cour et d'Hymas, Sapho, je me sépare ;
Tout entraîne Thélème en cet heureux séjour.
Quand Sapho vient se rendre dans un bois écarté,
Vient-elle s'applaudir d'avoir sa liberté,
Ou goûter en secret les douceurs d'un cœur tendre ?
SAPHO
Sans cesse les oiseaux font retentir les airs
Dans cet asile solitaire.
Comme leurs chants, et ma voix et mes vers
Célèbrent l'Amour et sa mère.
THÉLÈME
Quittez un vain détour ! Alcée...
SAPHO
O Dieux !
THÉLÈME
Alcée a su vous plaire...
SAPHO
Non, non, c'est sans aimer que je chante l'amour.
Je le fuis... si j'aimais, en ferais-je mystère ?
THÉLÈME
En s'enflammant pour vous,
Un amant malheureux doit craindre
Les plus funestes coups.
Mon cœur ne sent que trop combien on est à plaindre,
En s'enflammant pour vous.
SAPHO
Quoi ! Mes faibles attraits...
Ah ! Perfide Thélème !
THÉLÈME
Mon trouble extrême,
Mes transports, vos appas,
Tout ne vous dit-il pas, Sapho, que je vous aime ?
SAPHO
Eh bien, si vous m'aimez, j'exige que du Roi
Vos soins obtiennent une grâce.
Dans les bois d'alentour il va suivre la chasse.
Dois-je espérer ?
THÉLÈME
Parlez, vous pouvez tout sur moi.
SAPHO
Conduisez-le, Thélème, en ce séjour champêtre,
Où des jeux préparés...
THÉLÈME
Il va bientôt paraître ;
Mais sur mes feux...
SAPHO
Allez ! Si je l'obtiens de vous,
Le bonheur que j'attends me semblera plus doux.
SCENE III
Sapho, Alcée
SAPHO
Contrainte trop cruelle !
Dieux ! Que vois-je ? Alcée !
Alcée est-il rebelle ?
ALCÉE
On me condamne en vain par d'odieuses lois,
Et ce n'est que de vous, Sapho, que j'en reçois.
Prononcez...
SAPHO
Non ! Le Dieu qui nous rassemble
Nous accordera son appui.
Mais apprenez tous les crimes ensemble !
C'est un rival jaloux qui vous perd aujourd'hui.
Thélème...
ALCÉE
SAPHO
ALCÉE
Par les horreurs du noir Tartare,
Que l'amour outragé
Soit vengé !
Que les tourments qu'on y prépare,
Pour les cœurs criminels
Soient encor plus cruels !
SAPHO
En vain, contre Thélème
Vous excitez des Dieux la vengeance suprême.
Cessez de l'implorer, cessez !
Thélème vous trahit : il m'aime ;
Mon cœur vous venge assez.
Le perfide, séduit par des promesses vaines,
Conduit ici le Roi.
Je l'attends, et je veux
Par mon art, par mes vers, que tout sente les peines
Des amants malheureux.
L'amour va triompher, il ordonne mes jeux.
ALCÉE & SAPHO
Dieu des vers, à ton tour,
Viens seconder l'amour !
Lance tes feux !
Réunis en ce jour
Tes accents et ses charmes !
SAPHO
Le bruit des cors annonce Hymas.
L'Amour va triompher, ne vous éloignez pas !
(Alcée se cache derrière un feuillage)
SCÈNE IV
Hymas, Sapho, Thélème, suite d'Hymas
SAPHO
Votre auguste présence, Seigneur, comble nos vœux.
Je ne désire rien, si ma reconnaissance
Eclate aujourd'hui dans mes yeux.
HYMAS
On doit voler, quand Sapho nous appelle.
Les Muses et les Arts se plaisent auprès d'elle ;
J'aime à la voir partager avec eux
Une gloire immortelle.
SCÈNE V
Sapho, Thélème
CHŒUR
Ciel ! O ciel ! Le fleuve agite son onde ;
Il nous menace, il gronde.
Prévenons son courroux !
Pour le calmer courons, courons, empressons-nous !
LA NAÏADE
Trop flatteuses promesses !
LE FLEUVE
Le cours impétueux
De mon onde rapide
A changé, de ce Dieu, la pente qui le guide ;
Mais j'ignorais vos feux...
LA NAÏADE
Hélas ! Dans mon cœur tout l'appelle.
Il est constant, rendez-le moi !
Je l'aimerais encor, s'il eût manqué de foi ;
Jugez de mon ardeur, quand je le sais fidèle !
LE FLEUVE
Revenez, tendre amant, embellissez ces lieux !
L'amour vous y promet le sort le plus heureux.
CHŒUR
Revenez, tendre amant, embellissez ces lieux !
L'amour vous y promet le sort le plus heureux.
SCÈNE VI
Hymas, Sapho, Thélème
SAPHO
La liberté que Sapho veut vous rendre
Sera le prix des soins que vous venez de prendre.
Allez ! Je vous la dois.
Soyez heureux, et plus heureux que moi !
HYMAS
SAPHO
Un arrêt rigoureux.
Sans mériter votre colère,
Alcée est menacé du sort le plus affreux.
Qu'en son exil je puisse au moins le suivre !
THÉLÈME
O dieux !
HYMAS
Alcée !
SAPHO
Hélas ! Sans lui je ne puis vivre.
HYMAS
A vos divins talents il devra son retour.
THÉLÈME
Ciel ! De ma trahison je deviens la victime. Fuyons !
SCÈNE VII
Sapho, Alcée, Hymas
SAPHO
Venez, Alcée !
ALCÉE
HYMAS
Je ne vois plus en vous que le seul crime
De m'avoir caché votre amour.
Célébrez le pouvoir d'une muse touchante !
Vous qui formiez ici les concerts les plus doux,
Venez, troupe riante,
Venez, rassemblez-vous !
ALCÉE & HYMAS
Chantez Sapho, chantez sa gloire !
Que son triomphe et que son nom,
Gravés au Temple de Mémoire,
Soient célébrés dans le sacré Vallon !
CHŒUR
Chantons Sapho, chantons sa gloire !
Que son triomphe et que son nom,
Gravés au Temple de Mémoire,
Soient célébrés dans le sacré Vallon !
SCÈNE VIII
Le Ruisseau, la Naïade, Sapho, Alcée, le chœur
LE RUISSEAU
Fuis, fuis, porte ailleurs tes fureurs,
Fier Aquilon ! Ton bruit, ton horrible ravage,
Cause trop de frayeurs
Sur ce rivage.
Fuis ! Laisse-nous goûter, après l'orage,
D'un calme heureux les flatteuses douceur !
LA NAÏADE
Un jour passé dans les tourments
Paraît aux vrais amants
Aussi long que la vie.
Mais il est des moments, Dieux !
Quels moments ! Où l'on oublie
Les jours passés dans les tourments.
CHŒUR
Dieu charmant, Dieu qui nous blesse,
Lance, Dieu plein d'attraits, lance tes traits !
Sur nos cœurs règne sans cesse, règne !
Jean-Philippe Rameau
par Jacques André Joseph Aved
Dijon, Musée des Beaux-Arts
M
elle
Camargo, 1731
Gravure de Laurent Cars, d'après Nicolas Lancret
Bibliothèque Nationale de Paris, Cabinet des Estampes
DEUXIÈME ENTRÉE
LA MUSIQUE
SCÈNE I
Iphise
IPHISE
Pour rendre à mon hymen tout l'Olympe propice,
On offre dans le temple un pompeux sacrifice.
Vole, Amour, seconde mes vœux !
Qu'à ton flambeau l'hymen puisse allumer ses feux !
Ce grand jour, cher Tirtée,
Ce jour qui va combler l'espoir le plus flatteur,
Me retrace l'instant où mon âme agitée
Reconnut un vainqueur.
Tu chantais, et ta lyre
Formait de si beaux sons
Que le Dieu séducteur, qui prit soin de t'instruire,
Cherche à les imiter dans ses tendres chansons.
La plus ardente flamme
S'empara de mes sens ;
Qu'il est de chemin différents
Pour triompher d'une âme !
SCÈNE II
Iphise, Lycurgue et sa suite
IPHISE
LYCURGUE
Iphise, à votre hymen le ciel met un obstacle.
IPHISE
O Dieux !
LYCURGUE
Ecoutez leur oracle !
IPHISE
O mortel désespoir !
LYCURGUE
Peuple, la main d'Iphise
A Tirtée est promise.
Sans l'aveu de la gloire, on forme ces liens ;
Le ciel qui pour vous s'intéresse,
Destine à la Princesse
Le vainqueur des Messéniens.
IPHISE
LYCURGUE
Tirtée, au pied de nos autels,
Vient de faire à l'instant des serments solennels.
C'est vous qu'il en atteste,
Il se livre aux horreurs de la haine céleste,
Si l'orgueil de nos ennemis
Dans ce jour même n'est soumis.
IPHISE
LYCURGUE
Mes sujets empressés s'assemblent sur ses pas.
Son art va les forcer à braver le trépas.
IPHISE
Ah ! Si tu veux que Mars ne nous soit pas contraire,
Amour, à notre sort intéresse ta mère !
SCÈNE III
Lycurgue, Iphise, Tirtée, peuple de Lacédémone entraîné
par le chant de Tirtée
TIRTÉE
Mortels, pour être heureux,
Cherchez à l'être !
Pour le bonheur sans cesse on fait des vœux.
Il se présente à nous ; mais il faut le connaître,
Mortels, pour être heureux .
Qui te retient, Lacédémone ?
L'ennemi trop longtemps est au pied de tes murs.
Le ciel en ta faveur menace, tonne.
Cours au combat, tes coups sont sûrs !
CHŒUR
Marchons, commandez-nous !
Nous allons tous triompher avec vous.
TIRTÉE
Que la victoire a de charmes !
Elle vole après nous.
IPHISE ET LYCURGUE
Lacédémone, aux armes !
CHŒUR
Courons aux armes,
Courons tous aux armes !
Quelle gloire pour nous !
Ils veulent tous triompher avec vous.
TIRTÉE
Téléclès immolé par un peuple rebelle,
Du fond de son tombeau, pour le venger, t'appelle.
CHŒUR
Marchons, commandez-nous !
Que la victoire a de charmes !
Lacédémone, aux armes !
Courons aux armes, courons tous aux armes !
SCÈNE IV
Iphise, Lacédémoniennes, l'Oracle
IPHISE
O mort, n'exerce pas ta rigueur inhumaine
Sur nos guerriers !
Frappe, détruis les guerriers de Messène !
Laisse-nous cueillir les lauriers
Dont l'hymen veut former ma chaîne !
PETIT CHŒUR
Dissipe les horreurs que la crainte fait naître !
Des fiers Messéniens Lycurge est-il le maître ?
Réponds, oracle de nos Dieux !
L'ORACLE
Son destin et le tien vont paraître à tes yeux.
SCÈNE V
Iphise
Un Amour sort du Temple et se joint au Génie d'Apollon,
le Génie d'Apollon entraîne le Génie de Mars ; ils s'unissent
pour attirer le Génie de la Victoire ; le Génie de la Victoire
enfin est suivi d'un Amour qui porte le flambeau de
l'Hymen. Ces différentes entrées forment un ballet qui par
ses liaisons apprend a Iphise le succès qu 'elle doit attendre.
IPHISE
Ah ! Le plaisir s'accorde avec la gloire !
Que nos cœurs vont jouir d'un aimable repos !
Entre Mars et l'Hymen, la brillante victoire...
Mais je vois le héros.
SCÈNE VI
Iphise, Tirtée
IPHISE
Cher Prince, quel triomphe !
TIRTÉE
À peine
Nous joignons le camp de Messène,
Nos guerriers, par mes sons, au combat animés,
Font éclater le plus ardent courage.
Dans les horreurs de Mars nos ennemis formés,
Sur nous ont d'abord l'avantage.
J'appelle alors la mort et le carnage...
Et mes plus doux accents rendent grâces aux Dieux.
IPHISE
Je connais leur justice à vos faits glorieux.
SCÈNE VII
Lycurgue, Iphise, Tirtée, les Lacédémoniens
qui reviennent armés.
LYCURGUE
Aimez, d'une ardeur mutuelle !
La gloire vient unir de si tendres amours.
TRIO
Aimons, d'une ardeur mutuelle !
Unissons de si tendres amours !
IPHISE
Charmes d'une chaîne si belle,
Vous redirez toujours :
Aimons d'une ardeur mutuelle !
TRIO
Nous redirons toujours :
Aimons d'une ardeur mutuelle !
SCENE VIII
Les précédents
TIRTÉE
Apollon veut aussi prendre part
Au succès de son art.
La tendre mélodie,
Les éclatants concerts
Qui remplissent les airs,
Tout confirme l'aveu
Du Dieu de l'Harmonie.
CHŒUR
Chantons la gloire de nos armes !
LYCURGUE & TIRTÉE
Chantez Iphise, et célébrez ses charmes !
CHŒUR
Chantons !
CHŒUR
Chantons Iphise et célébrons ses charmes !
Chantons la gloire de nos armes !
Nous devons à l'Amour nos glorieux exploits.
IPHISE
Eclatante trompette, annoncez notre gloire !
Sonnez, publiez la victoire !
Répondez-nous , tendres hautbois,
Célébrez les plus grands exploits !
CHŒUR
Eclatante trompette, annoncez notre gloire !
Sonnez, publiez la victoire !
PETIT CHŒUR
Répondez-nous , tendres hautbois,
Célébrez les plus grands exploits !
UNE LACÉDÉMONIENNE
Régnez, voltigez,
Ris et Jeux !
Par mille nouveaux charmes,
Bannissez de ces lieux les cruelles alarmes !
IPHISE
Éclatante trompette, annoncez notre gloire !
Sonnez, publiez la victoire !
CHŒUR
Éclatante trompette, annoncez notre gloire !
Sonnez, publiez la victoire !
LA DANSE
SCÈNE I
Mercure
MERCURE
Que de plaisirs l'Amour m'apprête !
Le plus aimable objet doit être la conquête
Qu'il me promet dans ce hameau ;
Mais pour jouir d'un triomphe plus beau,
Mercure, comme un Dieu, ne veut point y paraître !
On approche... Evitons de me faire connaître .
SCÈNE II
Eurilas
EURI LAS
Amants, voulez-vous qu'une belle,
Des feux dont vous brûlez soit éprise à son tour ?
Déguisez près d'elle
L'excès de votre amour !
SCÈNE III
Mercure sans caducée, Eurilas
MERCURE
Le hameau se prépare à célébrer des jeux ;
D'où naissent ses transports ?
EURILAS
C'est dans ce jour heureux
Qu'Amour va m'accorder la faveur que j'espère :
Aux autels de l'hymen
Eglé porte ses vœux.
C'est pour le choix qu'elle va faire,
Qu'on voit par les plaisirs le hameau rassemblé !
MERCURE
Etranger en ces lieux, je ne sais point encore
Quels sont, et les desseins, et les appas d'Eglé.
EURI LAS
De l'art de Terpsichore
Eglé nous enseigna les lois.
Un asile charmant, révéré dans ces bois,
Voit offrir chaque jour, au lever de l'aurore,
Des jeux qu'Eglé conduit au son de nos hautbois.
Pour prix de ses soins, de son zèle,
Terpsichore l'engage à choisir un époux,
Et lui promet la chaîne la plus belle.
MERCURE
EURI LAS
Eglé de son ardeur me fait encor mystère ;
Mais je vois mes rivaux trop empressés à plaire,
Soupirer, et gémir dans leurs fers malheureux.
J'aime, sans me plaindre, comme eux.
Amants, voulez-vous qu'une belle,
Des feux dont vous brûlez soit éprise à son tour ?
Déguisez près d'elle
L'excès de votre amour !
MERCURE
Non, ce n'est qu'à vous qu'Eglé rendra les armes ;
Des feux si bien conduits seront récompensés.
EURI LAS
De sa danse elle vient faire briller les charmes,
Et je crains de montrer des soins trop empressés.
SCÈNE IV
Mercure, Eglé, Palémon jouant du hautbois
Églé est ornée d'une guirlande de fleurs, qui doit être
présentée au berger qu'elle va choisir ; elle arrive en dansant
au son du hautbois de Palémon et Mercure s'accorde a ce
hautbois, en chantant l'air que danse Eglé.
MERCURE
Tu veux avoir la préférence,
Berger, au son de ton hautbois ;
Crois-tu d'Eglé guider encor la danse ?
Non, c'est le son de ma voix.
SCÈNE V
Eglé, Mercure
EGLÉ (à part)
Par quel enchantement me laissai-je surprendre ?
Dieux ! Quel est ce berger ?
MERCURE
Mon cœur, jusqu'à ce jour,
Avait su se défendre
Des attraits de l'amour,
Et j'espérais de ne jamais m'y rendre.
J'apprends à soupirer.
Eglé, c'est dans vos jeux,
C'est par vous que je sais qu'il faut enfin qu'on aime.
Je ne sais, en aimant, si l'on peut être heureux ;
L'apprendrai-je de même ?
ÉGLÉ (à part)
Que lui dirai-je ! Hélas !
Tous mes sens sont troublés.
MERCURE
ÉGLÉ
Une tendre bergère
Emprunte vainement
Un langage sévère.
La feinte se dément,
Quand l'amant sait lui plaire.
MERCURE
Maître des cieux, vos grandeurs ne sont rien ;
Le cœur d'Églé, lui seul, est le souverain bien.
Vous méritez des vœux plus éclatants encore.
Reconnaissez Mercure, épris de vos attraits !
Il sent pour vous les feux les plus parfaits.
Mercure vous adore.
ÉGLÉ
Mon cœur, à ses transports,
Reconnaît un pouvoir suprême.
Hélas ! Pour les cacher, j'ai fait de vains efforts !
MERCURE
ÉGLÉ
MERCURE
ÉGLÉ
MERCURE
Non, non, je n'aimerai que vous ;
Mon bonheur dépendra du vôtre.
ÉGLÉ & MERCURE
Non, non, je n'aimerai que vous ;
Mon bonheur dépendra du vôtre.
Ah ! Que notre sort sera doux,
De vivre l'un pour l'autre.
MERCURE
ÉGLÉ
Non, non, je n'aimerai que vous.
SCÈNE VI
Mercure, Eglé, Eurilas, troupe de bergers et de bergères
UNE BERGÈRE
L'Amour règne en ces bois ;
Hymen, c'est par nos voix
Qu'en ce jour il t'implore.
CHŒUR
L'Amour règne en ces bois ;
Hymen, c'est par nos voix
Qu'en ce jour il t'implore.
UNE BERGÈRE
Confonds si bien
Ton empire et le sien,
Que sans cesse on ignore
Qui des deux
Sait rendre plus heureux !
CHŒUR
L'Amour règne en ces bois ;
Hymen, c'est par nos voix
Qu'en ce jour il t'implore.
ÉGLÉ (à Mercure)
C'est pour l'Amour que nos hameaux sont faits ;
Nos bergers sont toujours sincères,
Et l'on ne voit jamais
D'infidèles bergères.
Quand un amant espère un doux retour,
Ce n'est point pour la gloire
Qu'il tente la victoire,
C'est pour l'Amour.
EURI LAS
Pour un autre, Eglé se déclare.
Espoir flatteur, qu'êtes-vous devenu ?
Mais, que je suis vengé par un choix si bizarre !
Il fallait à son cœur un berger inconnu.
MERCURE
Au choix d'Églé cesse de faire injure !
(Un Amour vole et apporte le Caducée qu'il remet a Mercure)
Dans ce berger reconnaissez Mercure !
PETIT CHŒUR
MERCURE
Eglé va faire mon bonheur.
(Une symphonie brillante suspend le chant des Bergers.
Le théâtre change et représente un jardin orné).
MERCURE
Mais par les soins des plus aimables Dieux,
De mille attraits nouveaux on voit briller ces lieux.
Ces sons annoncent Terpsichore.
Les Faunes, les Sylvains empressés sur ses pas,
De la bergère que j'adore
Viennent célébrer les appas.
SCÈNE VII
Les précédents, Terpsichore et les Nymphes,
les Faunes, les Sylvains.
Terpsichore et les Nymphes paraissent en dansant au son de leur
tambour ; les Faunes et les Sylvains se mêlent à leurs danses.
CHŒUR
Suivez les lois
Qu'Amour vient nous dicter lui-même !
Suivez les lois
Que nous chérissons dans nos bois !
UNE BERGÈRE
On fait un choix,
On aime, et pour toujours on aime.
CHŒUR
Suivez les lois
Que nous chérissons dans nos bois !
UNE BERGÈRE
L'Amour vous appelle,
Aimez, soyez fidèles !
L'Amour vous appelle,
Qu'il est doux d'entendre sa voix !
CHŒUR
Suivez les lois
Qu'Amour vient nous dicter lui-même !
Suivez les lois
Que nous chérissons dans nos bois !
UNE BERGÈRE
Notre ardeur constante
Sans cesse s'augmente.
MERCURE (à Terpsichore)
Eglé me tient sous sa puissance.
D'une Nymphe si belle augmentez votre cour !
Vous verrez à jamais les Grâces et l'Amour
Partager ma reconnaissance.
MERCURE
L'objet qui règne dans mon âme,
Des mortels et des Dieux doit être le vainqueur.
Chaque instant il m'enflamme
D'une nouvelle ardeur.
Témoins de ma tendresse,
Célébrez nos plaisirs !
Bergers, chantez dans cesse
L'objet de mes désirs !
CHŒUR
Non, non, dans nos retraites,
Les hautbois, les musettes
Ne chanteront jamais
De si brillants attraits.
W I L L I A M CHRISTIE
N é en 1944 à B u f f a l o , W i l l i a m C h r i s t i e
débute ses études musicales avec sa mère,
puis poursuit l'étude du piano, de l'orgue
et du clavecin, notamment avec Ralph Kirkpatrick
qui sait l'encourager dans sa prédisposition pour la
musique française. Diplômé de Harvard et de Yale,
il s'installe en France en 1971 et enregistre son
premier disque pour l'ORTF, en collaboration avec
Geneviève T h i b a u l t de C h a m b u r e . Il c o n t i n u e
parallèlement ses études de clavecin avec Kenneth
Gilbert et David Fuller et se produit dans la plupart
des grands festivals européens. De 1971 à 1975, il
fait partie du Five C e n t u r i e s Ensemble, g r o u p e
expérimental consacré aux musiques ancienne et
contemporaine, et participe ainsi à de nombreuses
créations d ' œ u v r e s de c o m p o s i t e u r s c o m m e L.
Berio, S. Bussotti, M. Feldman, L. De Pablo.
Il rejoint l'ensemble Concerto Vocale, dirigé par
René J a c o b s , en 1976 ; il y tient le c l a v e c i n et
l'orgue jusqu'en 1980.
C'est en 1979 q u ' i l fonde Les A r t s F l o r i s s a n t s ,
e n s e m b l e a v e c l e q u e l il se c o n s a c r e à la
redécouverte du patrimoine musical français, italien
et anglais des XVIIè et XVIIIè siècles ; la singularité
de cet e n s e m b l e , q u i se p r o d u i t aussi bien en
formation de chambre qu'avec des solistes, chœurs
et o r c h e s t r e s , et qui défend le r é p e r t o i r e sacré
c o m m e le r é p e r t o i r e de t h é â t r e , l u i p e r m e t
d ' e x p r i m e r c o m p l è t e m e n t ses g o û t s p o u r les
m u s i q u e s de cette é p o q u e et de p a r t i c i p e r au Photo Michel S Z A B O
renouveau d'un art vocal baroque.
Homme de théâtre, sa passion pour la déclamation française le conduit à aborder la Tragédie Lyrique
Française et il se voit rapidement confier la direction musicale de productions d'opéras avec Les Arts
Florissants ; il connaît ainsi certains de ses plus beaux succès, avec la complicité des metteurs en scène
Jean-Marie Villégier, Robert Carsen, Alfredo Arias, Jorge Lavelli, Adrian Noble, Pier-Luigi Pizzi, Pierre
Barrât et des chorégraphes Francine Lancelot, Béatrice Massin, Ana Yepes, Shirley W y n n e , M a g u y
Marin, François Rafnnot.
En 1982, il devient le premier américain titulaire au Conservatoire National Supérieur de Musique de
Paris, et prend en charge la classe de musique ancienne ; il y enseigne jusqu'en 1995. Dans ce cadre, et
avec la participation d'autres institutions pédagogiques prestigieuses (Conservatoire Royal de La Haye,
Guildhall School of Music and Drama de Londres, Conservatoire National Supérieur de Musique de
Lyon), il prend régulièrement la responsabilité de productions d'élèves.
William Christie contribue largement à la redécouverte de l'œuvre de Marc-Antoine Charpentier en lui
consacrant une part importante de la discographie des Arts Florissants, douze titres parmi lesquels les
opéras Médée et David & Jonatkas ainsi que les intermèdes musicaux du Malade Imaginaire. Jean-
Pnilippe Rameau est également l'un des compositeurs de prédilection de William Christie : il grave
l'intégrale des Œuvres pour clavecin, Anacréon, Les Indes Galantes, Pygmalion, Nélée & Myrthis, Castor
& Pollux et les Grands Motets.
De très n o m b r e u x prix internationaux (France, G r a n d e - B r e t a g n e , États-Unis, A l l e m a g n e , Japon,
Argentine, Hollande, Suisse...) couronnent ses enregistrements avec Les Arts Florissants, soit plus de 40
titres parus chez Harmonia Mundi. Début 1994, William Christie rejoint en exclusivité Erato/Warner
Classics pour une production discographique qui comporte déjà les Grands Motets de Rameau, Dido &
/Eneas et King Arthur de Purcell, Médée de Charpentier, le Requiem et La Flûte Enchantée de Mozart,
La Descente d'Orphée aux Enfers de Charpentier, Orlando de Handel et // Sant'Alessio de Landi.
Sa fidélité aux Arts Florissants ne l'empêche pas de répondre occasionnellement aux invitations de grands
orchestres (Paris, Lyon, Londres, Genève, Boston, San Francisco...). Il a tout récemment dirigé Theodora
de Handel au Festival de Glyndebourne dans une mise en scène de Peter Sellars.
Amoureux de l'«Art de vivre à la française», William Christie se passionne pour la gastronomie de son
pays d'adoption et pour les jardins. Il a par ailleurs publié dans la collection Découvertes/Gallimard un
livre consacré à Purcell, écrit en collaboration avec Marielle D. Khoury.
William Christie s'est vu décerner la Légion d ' H o n n e u r en janvier 1993 et a obtenu la nationalité
française en 1995.
Sophie DANEMAN, soprano
Sophie Daneman commence ses études musicales à la Guildhall School of Music avec
Johanna Peters et obtient le prix de lieder.
Elle se produit comme soliste en récital ou en oratorio aussi bien en Angleterre
qu'en Europe, dans des œuvres allant de Monteverdi, Bach et Mozart à Britten,
Schônberg ou Berio.
Ses apparitions à la scène lui ont permis de chanter les rôles de Despina (Cosi fan
Tutte), de la première sorcière (Dido and Aeneas), Rowan (Let's make an opéra de
Britten), Susanna (Les Noces de Figaro), Frasquita (Carmen)...
À partir de 1991 commence une collaboration régulière avec William Christie et Les
Arts Florissants : elle chante les rôles d'Aricie dans Hippolyte et Aricie et la Suivante
d'Hébé dans Castor et Pollux de Rameau, Iphise dans Jepkté de Montéclair, la Victoire, le Premier Fantôme et
l'Italienne dans Médée de Charpentier, ainsi que dans Dido and Aeneas, suivis de nombreux enregistrements
chez Harmonia Mundi et Erato (notamment Les Grands Motets de Rameau).
Toujours avec William Christie et Les Arts Florissants, elle a chanté fin 1994 dans Messiah de Handel et a
participé à la tournée de King Arthur de Purcell en version concert. Elle a également chanté dans deux petits
opéras de Charpentier, Les Plaisirs de Versailles et La Descente d'Orphée aux Enfers, enregistrés pour Erato, et
a effectué une tournée en octobre/novembre 1995 au Japon, aux États-Unis et en Australie avec The Fairy
Queen de Purcell.
En 1995, Philippe Herreweghe l'a invitée au Festival de Saintes pour y donner un récital de lieder ; elle s'est
également produite à Rome à la Villa Medicis dans un récital de lieder de Schubert, Schumann, Brahms, Wolf
et Berg.
Elle a également réalisé un programme Ravel avec Musique Oblique sous la direction de Philippe Herreweghe
et chanté le rôle titre de Rodelinda de Handel, dans une mise en scène de Jonathan Miller, œuvre enregistrée
pour Virgin Classics.
Parmi ses récentes productions, notons une reprise de Rodelinda, les Grands Motets de Mondonville, Acis et
Galatée de Handel et les Leçons de Ténèbres de Couperin avec Les Arts Florissants, ainsi que le Spanisches
Liederbuch de Wolf au Festival de Saintes.
E n 1979, William Christie fonde un ensemble vocal et instrumental qui emprunte son nom à un petit
opéra de Marc-Antoine Charpentier : Les Arts Florissants. Interprète d'œuvres souvent inédites des
XVIIè et XVIIIè siècles, puisées dans les collections de la Bibliothèque Nationale de France,
l'ensemble contribue à la redécouverte d'un vaste répertoire (Charpentier, Campra, Montéclair, Moulinié,
Lambert, Bouzignac, Rossi...)
Les Arts Florissants abordent rapidement le monde de l'opéra, notamment à l'Opéra du Rhin dans des
mises en scène de Pierre Barrât avec Dido and Aeneas de Purcell, II Ballo Délie Ingrate de Monteverdi
(1983), Anacréon de Rameau et Actéon de Charpentier (1985).
Ils connaissent la consécration avec Atys de Lully mis en scène par Jean-Marie Villégier (Grand Prix de
la Critique 1987) à l'Opéra Comique, Caen, Montpellier, Versailles, Firenze, N e w York et Madrid en 1987,
1989 et 1992. J e a n - M a r i e Villégier met également en scène avec succès Le Malade Imaginaire de
Molière/M.-A. Charpentier (coproduction Théâtre du Châtelet, Théâtre de Caen, Opéra de Montpellier
1990), La Fée Urgèle de Duni/Favart (direction musicale Christophe Rousset, Opéra Comique 1991),
Médée de M . - A . Charpentier (coproduction Opéra Comique, Théâtre de Caen, Opéra du Rhin 1993,
également présentée à Lisbonne et New York en 1994) et Hippolyte & Aricie de Rameau (coproduction
Opéra National de Paris, Opéra de Nice, Opéra de Montpellier, Théâtre de Caen, Brooklyn Academy of
Music 1996).
Le Festival d'Aix-en-Provence invite régulièrement Les Arts Florissants pour des productions toujours
très remarquées : The Fairy Queen de Purcell (mise en scène A. Noble, 1989, Grand Prix de la Critique), Les
Indes Galantes de Rameau (mise en scène A. Arias, 1990, repris à Caen, Montpellier, Lyon et à l'Opéra
Comique), Castor & Pollux également de Rameau (mise en scène P.L. Pizzi, 1991), Orlando de Handel (mise
en scène R. Carsen, coproduction Théâtre des Champs-Elysées, Théâtre de Caen, Opéra de Montpellier,
1993), Die Zauberflôte de Mozart en 1994 et 1995 et Sémélé de Handel en 1996 (mise en scène R. Carsen).
La Brooklyn Academy of Music de New York est également fidèle aux Arts Florissants depuis 1989, soit
pour des spectacles (Atys en 1989 et 1992, Médée en 1994), soit pour des festivals de concerts (1991,1993,1995).
De t r è s n o m b r e u s e s d i s t i n c t i o n s f r a n ç a i s e s et i n t e r n a t i o n a l e s s a l u e n t les e n r e g i s t r e m e n t s
discographiques des Arts Florissants, de Gesualdo à Rameau, soit plus de 40 titres édités par Harmonia
Mundi. Début 1994, Les Arts Florissants rejoignent en exclusivité Erato/Warner Classics pour une
production discographique dont les derniers titres, Orlando de Handel et // SantAlessio de Landi, sont
parus récemment. Leur succéderont notamment Les Plaisirs de Versailles de Charpentier et Hippolyte &
Aricie de Rameau. Les Arts Florissants ont remporté le Gramophone A w a r d « E a r l y Opéra» pour
l'enregistrement de King Arthur de Purcell ainsi que le Gramophone Award dans la catégorie «Baroque
Vocal» pour les Grands Motets de Rameau.
Réclamé dans le monde entier, l'ensemble visitera pendant la saison 1996/97 la Grande-Bretagne, la
Suisse, les Etats-Unis, le Canada, le Mexique, la Belgique et l'Autriche, avec le soutien actif du Ministère
des Affaires Étrangères / Association Française d'Action Artistique.
Caen et la Basse-Normandie sont associés depuis 1990 pour offrir aux Arts Florissants une résidence
privilégiée, au Théâtre de Caen mais également en région.
Les Arts Florissants sont subventionnés par le Ministère de la Culture, la ville de Caen et le Conseil
Régional de Basse-Normandie. PECHINEYparraine Les Arts Florissants depuis 1990.
ml jÊl
André Campra : Idoménéc — Caen, Église Notre-Dame de la Gloriette, 18/10/1991 — Photo Michel S Z A B O