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Chœur et Orchestre du Concert Spirituel

Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles


(Olivier Schneebeli, musical director)

Hervé Niquet, direction


photo: Eric Manas

Isabelle: Salomé Haller, dessus


Léonore: Marina De Liso, bas-dessus
Rodolphe: Andrew Foster-Williams, basse-taille
Léandre: Alain Buet, basse-taille
un des arts / un musicien / un esclavon / un masque / le chef des castellans /
un gondolier / Orfeo: Mathias Vidal, haute-contre
Euridice: Sarah Tynan, dessus
Minerve / la fortune / un’ombra fortunata: Blandine Staskiewicz, bas-dessus
l’ordonnateur / le carnaval / Plutone: Luigi De Donato, basse

Recorded in Paris (Salle Colonne) in January 2011


Engineered by Manuel Mohino
Produced by Dominique Daigremont
Executive producer & editorial director: Carlos Céster
Editorial assistance: María Díaz
Design: Valentín Iglesias
© 2011 MusiContact GmbH
Orchestre du Concert Spirituel Chœur du Concert Spirituel

premier violon viola da gamba percussion dessus hautes-contre tailles


Alice Piérot (petit chœur) Yuka Saïtô* Isabelle Cornélis Cécile Moureau Éric de Fontenay Pascal Richardin
Magali Lange Damien Brun Nicolas Maire
dessus de violon double bass * basso continuo Mélanie Gardyn
Olivier Briand (petit chœur) Luc Devanne* Agathe Boudet
Sandrine Dupé
Stephan Dudermel flutes
Yannis Roger Philippe Allain-Dupré
Florence Stroesser Jacques-Antoine Bresch
Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles
hautes-contre de violon oboes
Judith Depoutot-Richard Héloïse Gaillard
Géraldine Roux Luc Marchal dessus tailles basses-tailles
Marie-Liesse Barau Benoît Richard Juliette Chassain Martin Candela Lucas Bacro
Yanina Yacubsohn Marie Favier Adrien Poupin Clément Buonomo
tailles de violon Caroline Villain Damien Roquetty Emmanuel Hasler
Alain Pégeot bassoons François Joron
Jean-Luc Thonnerieux Nicolas André hautes-contre Sylvain Lamirand
Fanny Paccoud Mélanie Flahaut Stephen Collardelle François Renou
Stéphane Tamby Paul Figuier Renaud Bres
quintes de violon Raphaël Pongy
Françoise Rojat theorbos
Jean-Pierre Garcia Caroline Delume*
Samantha Montgomery Étienne Galletier*
Marie Langlet*
basses de violon
Tormod Dalen* harpsichords
Julie Mondor Élisabeth Geiger*
Nils de Dinechin Sébastien d’Hérin*

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André Campra Acte premier
Le Carnaval de Venise 17 Scène 1 : J’ay fait l’aveu... (Léonore) 3:39
18 Scène 2 : Dans ce beau jour... (Isabelle, Léonore) 2:24
19 Scène 3 : Puis-je croire... (Isabelle, Léonore, Léandre) 3:06
20 Scène 4 : La Vénitienne 1:31
21 La Villanelle 2:33
cd 1 [70:14] 22 Scène 5 : Vous brillez à mes yeux... (Léandre, Isabelle) 4:26
23 La Vénitienne pour l’entracte 0:40
01 Ouverture 2:01

Prologue Acte deuxième


02 Scène 1 : Hastez-vous... (L’Ordonnateur, le Chœur) 1:06 24 Scène 1 : Vous qui ne souffrez point... (Rodolphe) 1:41
03 La descente de Minerve 1:04 25 Scène 2 : Malgré toute l’ardeur... (Léonore, Rodolphe) 2:42
04 Scène 2 : Je quitte sans regret... (Minerve) 1:10 26 Duo : Que l’Amour dans nos cœurs... (Léonore, Rodolphe) 0:49
05 Récitatif : Pour attirer les yeux... (Minerve) 1:02 27 Scène 3 : Marche de la Fortune 2:27
06 Scène 3 : Servons le fils... (Le Chœur) 1:22 28 Récitatif : Je suis fille du sort... (La Fortune) 1:22
07 Air pour les Arts 1:47 29 Premier Air pour les Suivants de la Fortune 1:03
08 Deuxième Air. Rondeau 1:21 30 Second Air pour les Suivants de la Fortune 1:28
09 Récitatif : Les Dieux seuls en ce jour... (L’Ordonnateur) 1:24 31 Premier et second Canaries 1:16
10 Premier Air 0:45 32 Récitatif : Vos chants ont eu pour moy... (La Fortune) 1:07
11 Second Air 1:01 33 Scène 4 : De ses voiles épais, la nuit couvre les Cieux... (Rodolphe) 0:51
12 Premier et second Passepied 1:42 34 Scène 5 : Doux charme des ennuis... (Léandre) 1:33
13 Récitatif : Jeunes cœurs échapez à la fureur... (Minerve) 0:52 35 Trio : Luci belle, dormite... (Léandre, deux musiciens) 3:45
14 Air : Celebrez un Roy plein de gloire... (Minerve, le Chœur) 3:28 36 Scène 6 : Mi dice la speranza... (Isabelle) 2:16
15 Récitatif : Vous qui suivez mes pas... (Minerve) 0:22 37 Scène 7 : Je me suis fait trop longtems violence... (Rodolphe) 0:48
16 On reprend l’ouverture pour l’entracte 2:02 38 Scène 8 : Je cede à mon impatience... (Isabelle, Rodolphe) 4:11
39 Scène 9 : Pour trouver un Amant... (Rodolphe) 0:40
40 On reprend la Villanelle pour l’entracte 1:05

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cd ii [58:47] Le Bal, dernier divertissement
Acte troisième 22 Marche du Carnaval 0:36
23 Récitatif : L’Hyver a beau s’armer d’Aquilons furieux... (Le Carnaval) 1:41
01 Scène 1 : Transports de vengeance & de haine... (Léonore) 1:35 24 Bourrée 0:44
02 Scène 2 : A la fin vous estes vangée... (Rodolphe, Léonore) 2:20 25 Premier et deuxième menuet en rondeau 1:09
03 Scène 3 : Laissons de ses regrets calmer la violence... (Rodolphe) 0:47 26 Récitatif : Je veux joindre à ces jeux... (Le Carnaval) 0:47
04 Scène 4 : Marche des Gondoliers 2:14 27 Chaconne 3:09
05 Gavotte 0:52 28 Air des Masques chinois 1:06
06 Rigaudon 2:01 29 Air : Per piacer... (Euridice) 3:33
07 Scène 5 : Mes yeux, fermez-vous à jamais... (Isabelle) 2:39 30 Forlana 0:56
08 Scène 6 : Ciel ! que voulez-vous... (Léandre, Isabelle) 5:35 31 Air : Chantez, dansez, profitez... (Le Carnaval, le Chœur) 1:51

–––––
Orfeo nell’inferi
09 Scena prima : Sinfonia 2:27
10 Aria : Tartarei Numi, all’armi, all’armi... (Plutone, Coro) 2:03
11 Sinfonia 1:09
12 Scena seconda : Dominator dell’ombre... (Orfeo, Plutone) 1:34
13 Scena terza : Vittoria, mio cuore... (Orfeo, Coro) 3:07
14 Aria per gli Spirti folletti 1:02
15 Scena quarta : Al lampo... (Un’Ombra fortunata) 3:06
16 Scena quinta : Lungi da me, martiri... (Euridice) 2:45
17 Aria : Vezzi, lusinghe, ministri di beltà... (Euridice) 1:52
18 Scena sesta : Deh! per pietà mira, Orfeo, chi t’adora... (Orfeo, Euridice) 0:39
19 Scena settima : Fuggi temerario... (Plutone, Orfeo, Euridice) 0:32
20 Scena ottava : Bella, non piangere... (Plutone) 1:40
21 Aria : Si canti, si goda... (Plutone, Coro) 2:58

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L’Engagement d’un mécène Encourager les projets pionniers et l’excellence
au service de belles causes
bnp Paribas est un acteur majeur de la vie économique. Mais une entreprise ne vit pas dans un univers clos ; le mécénat
est l’un des moyens par lesquels elle exprime l’attention qu’elle porte à son environnement pour devenir, aussi, un acteur Il existe de belles causes, au service desquelles s’élaborent des projets innovants, bien conçus, portés
à part entière de la vie culturelle et sociale. par une vision à long terme… mais qui, pour se concrétiser, ont besoin du soutien appuyé d’un
partenaire qui s’engage. La Fondation Bru soutient et accompagne de tels projets, les rendant
La Fondation bnp Paribas intervient dans cinq domaines : culture, santé, solidarité, éducation et environnement. parfois tout simplement possibles.
Dans le domaine culturel, elle s’attache à promouvoir la connaissance du patrimoine, en faisant mieux connaître les
Créée en 2005 à l’initiative du docteur Nicole Bru afin de pérenniser la mémoire des créateurs des Laboratoires upsa, la
collections des musées, en restaurant leurs chefs d’œuvre et en contribuant à la découverte d’œuvres musicales inédites.
Fondation se veut à l’image de cette famille de chercheurs entrepreneurs :
Elle a été, en particulier, l’un des partenaires de la première heure du programme Les Chemins du baroque en Amérique
latine. Dans le même temps, elle porte un regard attentif à l’expression contemporaine en accompagnant au jour le engagée, profondément humaniste, pionnière, utile.
jour des créateurs dans des disciplines peu aidées par le mécénat d’entreprise : danse contemporaine, nouveaux arts du
cirque et jazz. L’Homme et son environnement sont au cœur de toutes les actions de la Fondation Bru. Elle garde
une grande liberté dans le choix de ses engagements de mécénat et intervient dans des domaines
Mais, plus que ses champs d’intervention, c’est la façon dont la Fondation bnp Paribas accompagne ses partenaires qui aussi différents que l’éducation et la recherche, la culture et le patrimoine. Très ouverte, la Fondation
caractérise sa démarche : s’inscrire dans le temps, cheminer à leurs côtés, vivre un peu de leur vie et de leurs passions, est à l’écoute de belles initiatives en phase avec ses valeurs : des projets précurseurs, ambitieux,
partager leurs succès mais aussi leurs difficultés. susceptibles de faire progresser significativement la cause qu’ils servent.

C’est au Canada, en 2002, que la Fondation a croisé le chemin de Hervé Niquet. De cette rencontre est née une www.fondation-bru.org
alliance riche d’échanges et d’envies partagées autour du Concert Spirituel dont elle accompagne les projets, en France
et à l’international.

La Fondation bnp Paribas a été créée en 1984, sous l’égide de la Fondation de France. Elle est membre de l’Admical (Association
pour le Développement du Mécénat Industriel & Commercial) et du Centre Français des Fondations.

mecenat.bnpparibas.com

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La recréation du Carnaval de Venise est le fruit d’un partenariat entre le Centre de musique baroque de Versailles
et Le Concert Spirituel, dans le cadre des Grandes Journées Campra de l’automne 2010. La première exécution a eu lieu
en septembre 2010 à Utrecht (Festival Oude Muziek) en partenariat avec l’Institut Français avant que l’œuvre ne soit
Le Centre de musique baroque de Versailles, programmée à Caen (Théâtre) et à Metz (Arsenal). Le présent enregistrement a été rendu possible grâce au soutien
une institution unique exceptionnel de plusieurs partenaires fidèles au Concert Spirituel : la Fondation Bru, la Fondation bnp Paribas et
le Centre de musique baroque de Versailles.
Redécouvrir, valoriser et promouvoir, en France et à l’étranger, le patrimoine musical français des xviie et xviiie siècles :
telle est la mission du Centre de musique baroque de Versailles (cmbv) depuis sa création en 1987. Coproduction Centre de musique baroque de Versailles / Arsenal de Metz / Théâtre de Caen / Festival Oude Muziek Utrecht

Réunissant dans un même lieu (l’Hôtel des Menus-Plaisirs de Versailles) toute une chaîne de métiers, le cmbv réalise sa
mission nationale par des actions de recherche, d’édition (partitions, livres, ressources numériques), de formation et de
production de concerts et spectacles. Depuis sa création en 1987, Le Concert Spirituel est l’un des partenaires privilégiés du Centre de musique baroque de Versailles
et participe activement, à ses côtés, à la redécouverte et à la valorisation de la musique française des xviie et xviiie siècles.
En parallèle de ses actions traditionnelles de valorisation du répertoire musical, le cmbv a lancé ces dernières années des Invité régulier de la saison de concerts du Centre au Château de Versailles, Le Concert Spirituel se produit aussi bien à la
projets patrimoniaux d’envergure, sur l’interprétation et la représentation des œuvres mises en scène : la restitution des Chapelle royale qu’à l’Opéra. Parmi les principales réalisations données dans ce cadre, figurent les grands motets de Desmarest,
« Vingt-quatre Violons du roi » ou la construction de décors de toiles peintes. la Messe à huit voix et le Te Deum à deux chœurs et deux orchestres de Charpentier, les grands motets de Rameau,
la pastorale Daphnis & Chloé de Boismortier, ainsi que les tragédies lyriques Callirhoé de Destouches, Sémélé de Marais,
Par la singularité de sa mission et la complémentarité de ses actions, le cmbv est devenu, tant sur le plan national Proserpine de Lully et Andromaque de Grétry, tous enregistrés pour le label Glossa.
qu’international, l’acteur incontournable de la redécouverte et de la valorisation du patrimoine musical français des
xviie et xviiie siècles.

Le Concert Spirituel en résidence à l’Opéra National de Montpellier est subventionné par


la drac Languedoc-Roussillon / Ministère de la Culture, la Communauté d’Agglomération de Montpellier et la Ville de Paris.
La réalisation de ce disque a bénéficié du soutien de la société Le Concert Spirituel bénéficie du soutien d’Air France, de la Fondation bnp Paribas et de la Fondation Bru.
jcb Signalisation (Joëlle et Jean-Claude Broguet) et de M. Arnoul Charoy.
Les Pages & les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles
sont subventionnés par le Ministère de la Culture, le Conseil régional d’Ile de France,
le Conseil général des Yvelines et la Ville de Versailles.

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Salomé Haller Marina De Liso Andrew Foster-Williams Alain Buet
Sarah Tynan Blandine Staskiewicz Mathias Vidal Luigi Di Donato

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young and virtually unknown composer arrived in the cap- tragédies lyriques as through his refined orchestration or the Italian opera had not yet been seen on stage at the
Le Carnaval de Venise ital from southern France, that opera took a new direction: melodic wealth of the bravura arias he scattered here and Académie Royale de Musique, French people were able to
with L’Europe galante (1697) and Le Carnaval de Venise (1699), there to enable the finest voices of the Académie Royale to imagine it thanks to his reports. The Mercure galant even
Opéra-Ballet Campra positioned himself as the most promising of opera shine. Campra, the man of the world, also composed one of published arias from the most popular Venetian melo-
André Campra composers, the one who might indeed succeed, at last, in the most important corpuses of French cantatas, which dramme – sent in by Cramailles – to enable the public to
blurring (if not obliterating) the memory of Lully. were performed in the salons of Paris and Versailles, and familiarise itself further with the style of such music.
proved to be of lasting popularity. More than any other of Distorted by being taken out of context, those arias
* his works, Le Carnaval de Venise shows up his original and gave the impression that Italian opera did not represent
i. campra: from the grand siècle engaging personality, at the turning point of centuries, styles much of a threat – on the contrary. Freed from the recita-
to the age of enlightenment André Campra stands firmly at the heart of French and tastes. An invitation to travel from the Grand Siècle – tive, of which French ears had never been fond, these small
Baroque: even more than the other major figures of his the century of Louis xiv – to the eighteenth century and the fragments were perfect to triumph in the salons, private
Paris, 1699: the world was on the verge of a new century. time, he illustrates the continuity and evolution of a musical Age of Enlightenment! concerts, and even in the temple of French opera. The fin
But France seemed to be stuck in the seemingly never-end- style that, from Lully to Gluck, earned France its prestige de siècle atmosphere was conducive to change, and around
ing reign of Louis xiv. Indeed, the Sun King’s heyday was and uniqueness in the whole of Europe. Campra’s œuvre is a Benoît Dratwicki 1690 a real revolution took place on the stage of the
well and truly past. The famous artists who had conceived perfect mosaic of genres and forms showing not only how Translation: Mary Pardoe Académie Royale de Musique. The singing of Italian arias,
a new French art intended to support the ascent of the the splendour of the early years of Louis xiv’s reign left its set to music by French composers or to music borrowed
“greatest of kings” were all either dead or on their last legs: mark for a very long time, but also how the brief regency of from their Italian counterparts, became an increasingly fre-
Molière, Corneille, Racine, Lebrun, Le Nôtre, Lully... The Philippe d’Orléans and the accession of the young Louis xv ii. le carnaval de venise: quent occurrence in performances there. Arias primarily,
nation was gradually regenerating itself, but far away from opened up new perspectives for the art. In touch with his from italian-style comedy to but also dialogues, then short scenes, appeared in opéras-
the Court of Versailles, which inexorably was cutting itself time, Campra adopted the “manner” of Lully and Lalande french-style revolution ballets and especially in comédies lyriques, as well as in the
off from modernity. Lalande, the champion of the motet, (found in many of his tragédies lyriques or grands motets), but tragédies en musique. Among those who encouraged that
ruled over the king’s chapel, leaving only a few crumbs of eager for the innovations that were coming out of Italy, he The carnival of Venice so much talked about in Paris and in every practice were Collasse (Astrée, 1691) and Charpentier
power to the inoffensive Marais and Couperin, who were also proved to be one of the most prolific in evoking the other city of Europe, is in fact an assemblage of all sorts of enter- (Médée, 1693), Desmarest (Les Fêtes galantes, 1698) and Stuck
busy writing the elaborate miniatures which they played homeland of Cavalli, Corelli and Scarlatti. With his opéras- tainments, with comedies, opera, gambling, balls, feasts, bull races (Méléagre, 1705). The death of Lully in 1687 had something
themselves in the confined space of the salons. As for ballets, he took the audiences of the Académie Royale to and bullfighting, rope dancers, puppets, boatmen and jesters. to do with that new trend, of course. As a composer who
opera, it was awaiting the arrival of its hero. Since the death completely unknown exotic lands. Present in the sanctuar- took the greatest care to ensure that the Italian melodram-
of Lully in 1687, many more or less young composers had ies (from Notre Dame to the Chapelle Royale, not forget- Thus wrote Jacques Chassebras de Cramailles, a French ma did not take root in France, he would have been be sur-
tried their hand at the tragédie lyrique genre: Collasse, ting the many convents in Paris), Campra was undoubtedly gentleman residing in Venice, in an article published in the prised to discover that even his operas were given a touch
Desmarest, Charpentier, Jacquet de La Guerre, and even the greatest opera composer between the death of Lully and Mercure galant of March 1683. For several years already he of exoticism through the addition of Italian arias. A sign
the sons of Lully. But despite occasional successes, none of the early days of Rameau: with twenty or so works, includ- had held readers of the famous periodical spellbound with that times – and, above all, tastes – had changed.
them succeeded in setting the tone and making the change ing several immense successes, he made a lasting mark on his fascinating and detailed descriptions of the Venice car-
that would take opera into a new century. It was not until a his time as much through the dramatic violence of his nival and its flagship event, the opera season. Although *

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English English

At the turn of the century, that Italian fashion had a name had begun to sweep France in 1697 with L’Europe galante – a Daneret, on the other hand, was Gherardi’s wife, and since episode from the myth of Orpheus: his descent into the
and was embodied in a specific form: the aria da capo, which fashion that by the turn of the century placed Venice and the her début in 1694 had regularly sung the Italian arias that underworld to obtain Pluto’s consent to Eurydice’s return
was predominant in opera throughout Europe. It was characters of the commedia dell’arte at the centre of the plots were included in the comédies lyriques. In 1697 the Comédie- to earth. This is an obvious reference to the first Italian
Campra who was responsible for the regular presence of of opéras-ballets and comédies lyriques: in 1702 an entrée entitled Italienne was disbanded and one part of the troupe opera written for the French court, Orfeo (1647), composed
the Italian aria da capo in French operas from 1697 onwards, La Sérénade vénitienne was added to Fragmens de Monsieur de returned to Italy. Gherardi died in 1700, shortly after the by Luigi Rossi to a libretto by Francesco Buti. Remembered
the year of the first performance of his opera-ballet Lully by Danchet and Campra; 1705 saw La Vénitienne, a publication of Le Théâtre-Italien. Élisabeth Daneret joined thanks to the many “fragments” that circulated in manu-
L’Europe galante. Brilliant vocalises replaced the sweet comédie lyrique by La Barre, to a libretto by Houdar de La the company of the Académie Royale, where, no doubt script or printed form, Rossi’s opera still enjoyed great con-
melody of French singing and provided entertaining Motte; in 1710 Campra and Danchet returned to the theme drawing on her experience, she distinguished herself in the sideration in Campra’s day. Looking towards the past was
moments both for the singers, who were able to display of Venice and its carnival in Les Fêtes vénitiennes. performance of the Italian arias that were added to French indeed a typically French characteristic: whereas in Italy no
their virtuosity, and for audiences, who were treated to But the connection between the Comédie-Italienne operatic works. During the same years, other female one cared about music unless it was contemporary, in France
moments of joyful and exuberant vocality. and the Italianate pieces that characterised the works of singers gradually approached the Italian repertoire. A few the musical past was a source of inspiration that was
If from a musical standpoint all eyes were turned Campra and his contemporaries went further than the sim- of the librettos of works performed at the Académie respected and kept alive. Another nod in the direction of
towards Italy, in theatrical terms there was a return to figures ple borrowing of dramatic situations. The inclusion of Royale at that time, between the seventeenth and eigh- Rossi is the Italian trio Luci belle, dormite in Act ii, Scene 5.
and situations with which the French public was already Italian arias in French operatic pieces was in fact a practice teenth centuries, bear the names of the performers and it is At the time when Campra composed this piece, vocal trios
familiar: the old characters of the Comédie-Italienne inspired by – if not inherited from – spoken theatre. quite surprising to note that, during the first decade of the were virtually inexistent in Italian operas in Italy. But that
became the protagonists of the comédies-ballets and comédies During the second half of the seventeenth century, several eighteenth century, almost all of the ladies in the company was not the case in the Italian operas of Rossi and Cavalli
lyriques. The characters, such as Isabelle, Léonore, Léandre commedia dell’arte companies had succeeded one another in were capable of singing Italian arias, not only the premières that were performed in France under Mazarin. In Orfeo
and Octave, formerly banned by Louis xiv (the Comédie- Paris, one of the best known of them being the Comédie- actrices such as Mlle Journet, Mlle Antier and Mlle Moreau, (Act ii, Scene 9) Eurydice is lulled into slumber by the trio
Italienne had been disbanded by order of the king in 1697) Italienne. Although most of their plays were based on but also the performers of secondary roles, such as Mlle Dormite, begli occhi. Beyond the choice of three voices and
made a strong comeback. Jealous, passionate, loving, full of improvised scenarios, in 1700 Evaristo Gherardi, one of the Dun or the aforementioned Mlle Daneret. the topos of sleep, closeness to Rossi’s model is found in the
foibles – hence realistic – they represented a real alternative actors of the troupe, published a six-volume collection use of harmonic frictions and dissonances as a means of
to the mythological characters of the tragédies lyriques and entitled Le Théâtre-Italien, containing several comedies * dramatic expression.
the complex relationships that kept them occupied. from the company’s repertoire. In each volume Gherardi The Italian scenes in Le Carnaval de Venise also pose
Le Carnaval de Venise (1699) is the work that best sums included the scores of the Italian and French arias that The originality of Le Carnaval de Venise also lies in the fact the question of the interpretation of the male roles. If the
up, both dramatically and musically, those two aspects of were added to the comedies. The Italian actors were also that – unlike other works of the same type, which present a inclusion of Italian arias was a practice that was already
modernity. The fact that the libretto is by François Regnard musicians, perfectly capable of playing an instrument such different subject in each act – it develops one continuous prevalent at that time, it must be noted that those arias
probably had something to do with it. He had written sever- as the lute or guitar and singing. Towards the end of the plot. Venice and its carnival provide the setting for the were generally separate pieces, intended for female voices.
al plays for the Comédie-Italienne between 1688 and 1694, century, two professional singers had joined the troupe, amorous vicissitudes of Isabelle and Léandre. Fleeing their But Orfeo nell’inferi includes not only the part of Eurydice,
then works for the Comédie-Française between 1694 and probably with the aim of presenting increasingly complex persecutors and rivals, they take refuge in a theatre where but also two quite important male roles, those of Pluto and
1708. His collaboration with Campra was to be his only vocal pieces (including Italian arie da capo): Élisabeth preparations are being made for the performance of an Orpheus. Pluto is a basse-taille role, with two arias (Bella non
experience in the field of musical theatre. It is nevertheless Daneret and M. Touvenelle. Little is known about the lat- Italian opera. A fine example of a play within a play, the piangere and Si canti si goda) and an accompanied recitative,
significant as an affirmation of the wave of “exoticism” that ter, other than that he was an haute-contre; Élisabeth Italian scene following Act iii, Orfeo nell’inferi, takes up an Ma qual nova armonia. Orpheus, haute-contre, sings an

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English English

accompanied recitative, Dominator dell’ombre, and an aria, at the end of the reign of Louis xiv, it reveals a strong iii. synopsis Act ii
Vittoria mio core (whose text, moreover, has the same first political stance. Indeed, Venice – the Most Serene
line as a very well-known aria by Giacomo Carissimi). Republic – was then seen as embodying a utopian alterna- Prologue The Ridotto, a gaming house in Venice.
The libretto of Le Carnaval de Venise does not give the tive to absolute power that was criticised by a part of the
names of the artists who took part, but we may neverthe- French intelligentsia. That aspect is particularly apparent A theatre in which preparations are being made for the perform- Rodolfo, a Venetian nobleman, who is in love with Isabella,
less make some assumptions. The part of Pluto may have in Orfeo nell’inferi. At the beginning of the scene Pluto and ance of an opera. is torn between love and jealousy. Leonora confirms his sus-
been sung by Gabriel-Vincent Thévenard, which had made his entourage burst in to the sound of martial songs picions when she tells him that she has been deceived by
his début in 1697 and had immediately become a celebrity. (All’armi, all’armi!) – probably an allusion to the persistent The Ordinator, in charge of co-ordinating the work, urges Léandre. They both decide to be avenged. Fortune appears,
In a career spanning thirty years, he sang about eighty dif- militarism of Louis xiv. On hearing the enchanting music the craftsmen to hurry in preparing the stage for the per- followed by a group of gamblers of every nationality.
ferent works and took the major basse-taille roles in the first of Orpheus, the god of the underworld is immediately formance of an opera: they are behind in their work.
performances of the operas of Campra, Desmarest, charmed: adopting the style of a comic character, he urges Minerva descends and decides to see to the preparations The scene changes. A view of several palaces and balconies. The
Collasse and Marais. Specialising in impressive roles – his people to laugh and sing with gaiety. The conservative herself, for which she calls upon the Divinities of the Arts – rest of the Act takes place during the night.
kings, high priests, gods – it is possible that he sang the part cultural policy of the latter years of Louis’s reign was also Music, Dance, Painting, Architecture – in order to be sure
of Pluto. In 1702 he also sang Italian roles in Les Fragmens de criticized by Regnard and Campra, supported by a coterie that everything is ready in time for the royal performance. At nightfall Léandre, accompanied by musicians, comes to
Monsieur de Lully (Éraste, Un Habitant du palais). One of known as the Cabale du Dauphin. The prologue of Le serenade Isabella beneath her balcony. Rodolfo, in hiding,
the possibilities for Orpheus is Antoine Boutelou. Carnaval de Venise presents a eulogy of the Dauphin, son of Act i watches. Léandre and the musicians sing an Italian trio.
Although he specialised primarily in comic roles, he Louis xiv: the latter had shown that he was disposed to Isabella replies from the balcony. Unable to contain himself
appears to be the most likely candidate since, despite a rel- embrace aspects of the arts that his father had ignored or St Mark’s Square in Venice. any longer, Rodolfo comes out of hiding, intending to kill
atively narrow vocal range, his voice had a beautiful timbre rejected, such as Italian music, the Comédie-Italienne Isabella’s suitor, but Léandre has already left. Rodolfo
and his diction was very clear – two qualities that would (which he encouraged the king to reinstitute); he was even Leonora, finding her lover less attentive now, regrets hav- swears to find him. Isabella, thinking she is speaking to
have been particularly valuable for that role. Like among the patrons of Campra, who had never obtained ing confessed her love to him. She also fears the rivalry of Léandre, expresses her hatred for Rodolfo. Rodolfo begs
Thévenard, Boutelou also sang other roles in Italian the favour of Louis xiv. In celebrating that prince and his Isabella. The latter admits that she is in love with a young her to try to love him, but she rejects him. Left alone,
throughout the first decade of the eighteenth century artistic tastes, the authors gave birth to a new model of foreigner. Leonora says that her lover too is foreign. They Rodolfo prepares to take his revenge.
(including those in Les Fragmens de Monsieur de Lully of 1702 musical theatre, capable of ostensibly sullying the official discover they are talking about the same young Frenchman:
and Le Carnaval et la Folie by Destouches of 1704). image of power. Léandre. Asked by the two Venetians to choose between Act iii
them, Léandre is embarrassed at first, but then admits to
* Barbara Nestola preferring Isabella. Vexed, Leonora vows she will be A square in Venice, with magnificent palaces on every side; canals,
Translation: Mary Pardoe avenged. She leaves as a lively company of Bohemians, on which can be seen many gondolas, converge on the square.
If we look more closely, we realise that the challenges Armenians and Sclavonians* arrive on the square. Léandre
posed by Le Carnaval de Venise are not only of an aesthetic confirms his love to Isabella. She expresses her fear of Leonora is torn between her love and her desire for
nature. The association of musical Italianism with charac- Leonora, but Léandre reassures her of his fidelity. revenge. Rodolfo arrives and announces that he has killed
ters of more lowly station was not only an artistic choice: Léandre. Leonora is filled with remorse. She criticises

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Rodolfo and rejects him. Rodolfo goes and tells Isabella maskers accompanying him to rejoice and celebrate the Il fallut attendre qu’un jeune méridional, quasiment
that Léandre is dead. After “a divertissement provided by victory of pleasure and love. Le Carnaval de Venise inconnu, « monte » à la capitale, pour qu’une direction soit
Castellani and Boatmen, with pipe and tabor”, we find donnée : avec L’Europe galante (1697) et Le Carnaval de
Isabella alone. Heartbroken at Léandre’s death, she * Sclavonia is the old name for Slavonia (in Croatia). Opéra-Ballet Venise (1699), Campra se positionnait comme le plus pro-
laments. She decides to kill herself with a dagger, but André Campra metteur des auteurs lyriques, celui qui parviendrait peut-
Léandre arrives just in time to save her. He reassures her ––––– être, enfin, à estomper le souvenir de Lully (à défaut de
and explains that in the darkness another man was killed by l’effacer).
mistake. They express their love and decide to flee by boat,
taking advantage of the distraction caused by the opera i. campra : du grand siècle *
performance that is about to take place, which will be fol- au siècle des lumières
lowed by a ball. André Campra est résolument au cœur du baroque fran-
Paris, 1699. Le monde est à la veille d’un nouveau siècle. La çais : plus encore que les autres grandes figures de son
Orfeo nell’inferi, divertissement France, pour autant, semble enlisée dans le long règne de temps, il illustre à la fois la permanence et l’évolution d’un
Louis xiv qui n’en finit pas de s’achever. C’est un fait : les style musical qui, de Lully à Gluck, valut à la France son
The curtain rises on Pluto’s palace. The Venetians attend a per- grandes heures du Roi Soleil sont bel et bien révolues. Les prestige et sa singularité dans l’Europe entière. L’œuvre de
formance of “Orpheus in the Underworld”. célèbres artistes qui avaient imaginé un nouvel art français Campra est une parfaite mosaïque de genres et de formes
destiné à soutenir l’ascension du « plus grand des rois » qui montre non seulement combien la splendeur des pre-
Warned of the arrival of a mortal, Pluto alerts the gods of étaient tous morts ou mourants : Molière, Corneille, mières années du règne de Louis xiv marqua pour long-
the underworld. He is charmed by the music of Orpheus, Racine, Lebrun, Le Nôtre, Lully... La nation se régénérait temps les esprits, mais aussi combien la brève régence de
who asks him to return Eurydice to him. Pluto accepts on petit à petit, mais loin de la Cour et de Versailles qui, Philippe d’Orléans et l’avènement du jeune Louis xv
condition that he does not look at her until they are back inexorablement, se coupait de la modernité. Champion du ouvrirent à l’art des perspectives nouvelles. À l’écoute de
on earth. Eurydice appears and beseeches Orpheus look at motet, Lalande régnait sur la chapelle du roi et ne laissait son temps, Campra s’empare de la « manière » de Lully et
her. He does so and the Demons separate them for ever. quelques miettes de son pouvoir qu’aux inoffensifs Marais Lalande – qu’on retrouve dans maintes tragédies lyriques
et Couperin, qui s’affairaient aux miniatures ouvragées ou grands motets – mais, avide des modernités venues
The Ball, final divertissement jouées par leur soin dans des salons confinés. Le théâtre d’Italie, il se montre aussi l’un des plus prolifiques à évo-
lyrique attendait quant à lui son héros. Depuis la dispari- quer la patrie des Cavalli, Corelli ou Scarlatti. Au gré de ses
The scene is set in a magnificent hall, where a ball is about to take tion de Lully, en 1687, nombre d’auteurs plus ou moins opéras-ballets, il transporte le public de l’Académie royale
place. Carnival appears, leading a company of Maskers of differ- jeunes s’étaient essayés à la tragédie lyrique : Collasse, vers des contrées exotiques tout à fait inconnues. Présent
ent nationalities. Desmarest, Charpentier, Jacquet de La Guerre, les fils de dans les sanctuaires (de Notre-Dame à la Chapelle royale,
Lully même... Mais, malgré des succès ponctuels, aucun ne en passant par maints couvents parisiens), Campra est
With the opera over and Isabella and Rodolfo on their way parvenait à donner le ton et à prendre le virage permettant incontestablement le plus grand auteur lyrique entre la
to safety, Carnival enters and calls upon the group of à l’opéra d’entrer, de plain-pied, dans un nouveau siècle. mort de Lully et les débuts de Rameau : avec une vingtaine

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d’ouvrages, dont plusieurs immenses succès, il marque dique par des descriptions aussi fascinantes que détaillées mentés d’une touche d’exotisme, avec l’exécution d’airs en été l’auteur de plusieurs pièces pour le théâtre de la
durablement son époque aussi bien par la violence drama- du carnaval de Venise et de son événement phare : la saison italien. Signe que les temps avaient changé et, surtout, que Comédie-Italienne entre 1688 et 1694 puis, entre 1694 et
tique de ses tragédies que par le raffinement de son d’opéra. À défaut d’être présent sur la scène de l’Académie le goût avait évolué. 1708, d’ouvrages destinés à la Comédie-Française. Sa colla-
orchestration ou la richesse mélodique des airs de bra- royale de musique, l’opéra italien prenait vie dans l’imagi- boration avec Campra reste sa seule expérience dans le
voure qu’il dissémine çà et là afin de faire briller les plus naire des Français grâce à ces comptes-rendus. Le Mercure * domaine du théâtre musical. Elle est toutefois significative
belles voix de l’Académie royale. De la chapelle à la scène, galant alla jusqu’à publier des airs tirés des mélodrames parce qu’elle affirme la vague « exotique » inaugurée en 1697
le compositeur se révèle aussi homme du monde en vénitiens les plus en vogue – envoyés par les soins de Au tournant du siècle, la mode italienne porte un nom et avec L’Europe galante, mode qui au tournant du siècle plaça
signant l’un des plus importants corpus de cantates fran- Cramailles – pour que le public puisse se familiariser davan- s’incarne dans une forme précise : l’aria da capo, qui prédo- Venise et les personnages de la commedia dell’arte au cœur
çaises qui, dans les salons de Paris et de Versailles, connais- tage encore avec le style de cette musique. mine dans l’opéra partout en Europe. C’est à Campra qu’on des intrigues d’opéras-ballets et de comédies lyriques : en
sent un engouement pérenne. C’est cette personnalité Vu par le prisme de ces airs détachés, l’opéra italien doit la présence régulière d’airs italiens da capo dans les 1702, une entrée intitulée La Sérénade vénitienne est ajoutée
attachante et originale – à la croisée des siècles, des styles n’avait rien de bien menaçant. Au contraire. Débarrassés ouvrages français, à partir de son opéra-ballet L’Europe aux Fragmens de Monsieur de Lully de Danchet et Campra ;
et des goûts – que Le Carnaval de Venise met, plus que toute du récitatif, véritable ennemi des oreilles françaises, ces galante (1697). De brillantes vocalises remplacent la douce en 1705, voit le jour La Vénitienne, comédie lyrique de La
autre œuvre, en relief. Une invitation à voyager du Grand petits fragments étaient tout à fait propres à conquérir les mélopée du chant français et offrent des moments de diver- Barre sur un livret de Houdar de La Motte ; en 1710,
Siècle au Siècle des Lumières ! salons, les concerts particuliers, et même le temple du tissement, tant pour les chanteurs qui peuvent déployer leur Campra et Danchet reviennent encore sur le thème de
théâtre lyrique français. L’atmosphère « fin-de-siècle » virtuosité, que pour le public, qui profite, le temps de Venise et de son carnaval dans Les Fêtes vénitiennes.
Benoît Dratwicki étant propice aux changements, on assista à une véritable quelques instants, d’une vocalité exubérante et enjouée. Mais le lien entre la Comédie-Italienne et les pièces
révolution sur la scène de l’Académie royale vers 1690. Si d’un point de vue musical les regards sont tournés italianisantes qui caractérisent les œuvres de Campra et de
L’exécution d’airs en langue italienne, mis en musique par vers l’Italie, du côté théâtral on récupère figures et situa- ses contemporains dépasse le cadre de la reprise des situa-
ii. le carnaval de venise : des compositeurs français ou empruntés à leurs homo- tions avec lesquelles le public français était déjà familia- tions dramatiques. En fait, l’insertion d’airs italiens dans les
entre comédie à l’italienne logues italiens, est un phénomène qu’on remarque de plus risé : les anciens personnages de la Comédie-Italienne pièces lyriques françaises est une pratique inspirée – sinon
et révolution à la française en plus fréquemment au cours des représentations. Des deviennent les protagonistes des comédies ballets et des héritée – du théâtre parlé. Pendant la seconde moitié du
airs d’abord, mais aussi des dialogues puis de petites scènes comédies lyriques. Les Isabelle, Léonore, Léandre, xviie siècle, plusieurs troupes de commedia dell’arte s’étaient
Le carnaval de Venise, dont on parle tant à Paris, et dans toutes les se développèrent au sein des opéras-ballets et des comé- Octave, jadis bannis par Louis xiv (la Comédie-Italienne succédé à Paris, parmi lesquelles la Comédie-Italienne était
autres villes de l’Europe, est proprement un assemblage de plu- dies lyriques surtout, mais aussi dans les tragédies en avait fermé ses portes par ordre du roi en 1697), reviennent l’une des plus connues. Même si la plupart des pièces était
sieurs sortes de divertissements [qui] consistent en comédies, opéra, musique. Parmi ceux qui encouragèrent cette pratique en force... et en chantant. Jaloux, passionnés, amoureux, fondée sur des scénarios improvisés, en 1700, Evaristo
réduits, bals, festins, courses et combats de taureaux, danseurs de figurent Collasse (Astrée, 1691), Charpentier (Médée, 1693), pleins de défauts – et donc réalistes – ils incarnent une Gherardi – l’un des comédiens de la troupe – publia un
cordes, marionnettes, bateleurs et farceurs. Desmarest (Les Fêtes galantes, 1698) et Stuck (Méléagre, alternative aux personnages mythologiques des tragédies recueil en six volumes intitulé Le Théâtre-Italien et conte-
1705). La disparition de Lully, en 1687, ne fut pas étrangère lyriques et aux relations complexes qui les occupent. nant plusieurs comédies du répertoire de la compagnie. À
Ainsi s’exprimait Jacques Chassebras de Cramailles, gentil- à cette nouvelle tendance, bien entendu. Celui qui avait Le Carnaval de Venise (1699) est l’œuvre qui synthétise l’intérieur de chaque volume, Gherardi inclut les partitions
homme français résidant à Venise, dans un article paru dans veillé avec un soin tout particulier à ce que le mélodrame le mieux ces deux aspects de la modernité, tant sur le plan des airs italiens et français ajoutés aux comédies. Les comé-
le Mercure galant au mois de mars 1683. Depuis quelques italien ne s’enracine pas en France se serait étonné de dramatique que musical. Le fait que le livret soit de diens italiens étaient également musiciens : ils étaient par-
années déjà, il tenait en haleine les lecteurs du célèbre pério- découvrir que même ses propres opéras allaient être agré- François Regnard n’y est sans doute pas étranger. Il avait faitement capables de jouer d’un instrument comme la gui-

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tare ou le luth et de chanter. Vers la fin du siècle, deux chan- amoureuses d’Isabelle et de Léandre. En fuyant leurs persé- des pièces détachées et destinées généralement aux voix de À bien y regarder, les enjeux du Carnaval de Venise ne
teurs professionnels avaient rejoint la troupe, sans doute cuteurs et rivaux, ils se réfugient dans un théâtre où l’on femmes. En revanche, Orfeo nell’inferi comporte, au-delà de sont pas qu’esthétiques. L’association de l’italianisme musi-
dans le but de pouvoir faire entendre des pièces vocales de s’apprête à représenter un opéra italien. Bel exemple de celui d’Euridice, deux rôles masculins assez développés : cal avec des personnages d’un rang inférieur ne répond pas
plus en plus complexes (dont les airs italiens da capo) : Élisa- mise en abîme, la scène italienne du 3e acte, Orfeo nell’inferi, Plutone et Orfeo. Plutone est un rôle de basse-taille à qui uniquement à un choix artistique : à la fin du règne de
beth Daneret et M. Touvenelle. On connaît peu de choses reprend un épisode du mythe d’Orphée : sa descente aux sont confiés deux airs (Bella non piangere et Si canti si goda) et Louis xiv, elle révèle un positionnement politique marqué.
sur ce dernier, sinon qu’il était haute-contre ; en revanche, enfers pour obtenir de Pluton le retour sur terre d’Eurydice. le récitatif accompagné Ma qual nova armonia. Quant au En effet, l’image de Venise – la « Sérénissime » république –
Daneret était la femme de Gherardi et, depuis son début en Il s’agit d’une référence évidente au premier opéra italien rôle d’Orphée, pour haute-contre, il chante également un incarnait alors une alternative utopiste au pouvoir absolu,
1694, chantait régulièrement des airs italiens insérés dans écrit pour la cour de France, l’Orfeo (1647) que Luigi Rossi récitatif accompagné, Dominator dell’ombre, et un air, critiqué par une partie de l’intelligentsia française. Cet
les comédies. En 1697, la Comédie-Italienne fut dissoute et composa sur un livret de Francesco Buti. Resté dans la Vittoria mio core (qui reprend par ailleurs l’incipit littéraire aspect apparaît surtout dans Orfeo nell’inferi. Au début de
une partie de la troupe reprit le chemin de l’Italie. Gherardi mémoire des Français grâce à de nombreux « fragments » d’un air très connu de Giacomo Carissimi). la scène, Pluton et sa suite font irruption au son de chants
disparut en 1700, peu après la publication du Théâtre- diffusés sous forme manuscrite ou éditée, l’opéra de Rossi Le livret du Carnaval de Venise ne nous a pas transmis guerriers (All’armi, all’armi!), probable allusion au milita-
Italien. Élisabeth Daneret intégra alors la troupe de jouissait encore d’une grande considération au temps de les noms des interprètes mais on peut faire des hypothèses. risme obstiné de Louis xiv. En entendant la voix envoû-
l’Académie royale et, probablement en s’appuyant sur son Campra. C’était en effet une particularité toute française La partie de Plutone a peut-être été chantée par Gabriel- tante d’Orphée, le dieu des Enfers est aussitôt charmé : il
expérience, se fit remarquer dans l’interprétation d’airs ita- que de tourner le regard vers le passé : alors qu’en Italie on Vincent Thévenard, qui avait débuté en 1697 et était exhorte son peuple à rire et à chanter gaiement, en pre-
liens ajoutés aux pièces lyriques. Durant les mêmes années, ne se souciait que de musique « contemporaine », en France devenu aussitôt une célébrité : en trente ans de carrière, il nant les allures d’un personnage comique. La politique cul-
d’autres chanteuses abordèrent au fur et à mesure le réper- le passé musical représentait une source d’inspiration, res- chanta environ quatre-vingt pièces, créant les principaux turelle conservatrice des dernières années du règne est éga-
toire italien. Les livrets des œuvres jouées à l’Académie pectée et sans cesse remise à l’honneur. Un autre clin d’œil à rôles de basse-taille dans les opéras de Campra, Desmarest, lement critiquée par Regnard et Campra, soutenus par un
royale à la croisée des xviie et xviiie siècles nous ont dans la musique de Rossi est également le trio italien du second Collasse et Marais. Spécialiste des emplois imposants (rois, cénacle connu sous le nom de « cabale du Dauphin ». Le
quelques cas transmis les noms des interprètes et il est acte, Luci belle, dormite (ii, 5). À l’heure où Campra composa dieux ou grands-prêtres) il est possible qu’il ait créé égale- prologue du Carnaval de Venise brosse un éloge du Dauphin,
assez surprenant de constater que, pendant la première cette pièce, l’écriture pour trio vocal était pratiquement ment Plutone. En 1702, il chanta d’ailleurs différents rôles fils de Louis xiv : ce dernier s’était montré enclin à défen-
décennie du xviiie siècle, quasiment toutes les dames de la absente dans l’opéra italien de la même époque. Ce qui italiens dans Les Fragmens de Monsieur de Lully (Éraste, Un dre des voies artistiques ignorées ou interdites par son
troupe étaient en mesure de chanter des airs italiens, qu’il n’était pas le cas dans les opéras italiens de Rossi et Cavalli Habitant du palais). Parmi les possibles interprètes père, comme la musique italienne, la Comédie-Italienne
s’agisse de premières actrices telles que Mlle Journet, Mlle représentés en France sous Mazarin. Dans l’Orfeo (ii, 9), le d’Orfeo, se trouve Antoine Boutelou. Même s’il était spé- (dont il demanda le rétablissement au roi) ; il était l’un des
Antier et Mlle Moreau, ou d’interprètes de rôles secon- sommeil d’Euridice est accompagné par le trio Dormite, begli cialisé avant tout dans les rôles comiques, celui-ci apparaît protecteurs de Campra même, qui ne connût jamais la
daires, comme Mlle Dun ou la même Daneret. occhi. La proximité avec le modèle de Rossi, au-delà du choix comme le candidat le plus probable parce que, en dépit faveur de Louis xiv. En célébrant ce prince et ses goûts
d’un effectif de trois voix et du topos du sommeil, consiste d’un faible ambitus, sa voix avait un beau timbre et sa pro- artistiques de prédilection, les auteurs donnaient vie à un
* dans le recours aux frottements harmoniques et aux disso- nonciation était très intelligible : deux qualités qui devaient nouveau modèle de théâtre musical en mesure d’éclabous-
nances comme moyen d’expression dramatique. être particulièrement appréciables dans l’exécution de la ser ostensiblement l’image officielle du pouvoir.
L’originalité du Carnaval de Venise réside également dans le Les scènes italiennes du Carnaval de Venise posent par partie d’Orfeo. Comme Thévénard, Boutelou chanta aussi
fait de développer une intrigue continue – à la différence ailleurs la question des interprètes des rôles masculins. Si d’autres rôles en italien tout au long de la première décen- Barbara Nestola
d’autres pièces du même genre changeant de sujet à chaque l’insertion d’airs italiens était une pratique déjà répandue à nie du xviiie siècle (Les Fragmens de Monsieur de Lully, 1702 ;
acte. Venise et le carnaval forment le décor des vicissitudes cette époque, il faut remarquer que cela concerne surtout Le Carnaval & la Folie de Destouches, 1704).

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iii. synopsis tion est interrompue par la Fortune qui paraît, suivie d’une di Plutone ». Le peuple, émerveillé de cette prouesse théâ-
troupe de joueurs de toutes les nations. trale, assiste à l’exécution d’Orfeo nell’inferi.
Prologue
Le théâtre change et représente une vue de plusieurs palais avec des Le théâtre change et représente une salle magnifique, préparée
Le théâtre représente une salle où l’on doit donner un spectacle. balcons. Le reste de l’acte se passe pendant la nuit. pour donner le bal. Le Carnaval paraît conduisant une troupe de
masques de différentes nations.
L’Ordonnateur du spectacle s’affaire mais les travaux n’a- À la tombée du jour, Léandre donne une sérénade sous les
vancent pas. Minerve paraît pour hâter l’achèvement du fenêtres de sa bien-aimée, entouré de musiciens italiens. L’opéra terminé, alors qu’Isabelle et Rodolphe voguent
théâtre. Elle convoque toutes les divinités des arts pour la Rodolphe, caché, les observe. Isabelle répond à son amant vers des lieux plus sûrs, le Carnaval entre en scène et enga-
seconder : ainsi, le spectacle royal sera prêt à temps. depuis son balcon. N’y tenant plus, Rodolphe sort de sa ge une troupe de masques à fêter la victoire des plaisirs et
cachette pour tuer Léandre, mais celui-ci est déjà parti. de l’amour.
Acte i Rodolphe jure de le retrouver. Isabelle, descendue dans la
rue pour parler à Léandre, tombe sur Rodolphe. –––––
Le théâtre représente la place Saint-Marc de Venise. Quiproquo et explication orageuse des deux anciens
amants concluent l’acte.
Isabelle et Léonore se flattent de leurs parfaits amants…
mais découvrent avec stupéfaction qu’il s’agit d’un seul et Acte iii
même cavalier, le jeune Léandre. Sommé de choisir entre
elles deux, celui-ci se tourne vers Isabelle. Léonore, dépi- Une place de Venise environnée de palais magnifiques, où se ren-
tée, disparaît en jurant de se venger tandis que survient une dent quantités de canaux couverts de gondoles.
troupe animée, composée de Bohémiens, d’Arméniens et
d’Esclavons. Rodolphe apprend à Léonore qu’elle est vengée : il a finale-
ment retrouvé et tué Léandre. Celle-ci le reçoit fort mal, lui
Acte ii reproche son geste et le repousse. Un divertissement de
castellans et de barquerolles les interrompt. Isabelle, à qui
La salle des réduits de Venise, puis une rue sous les fenêtres Rodolphe a appris la mort de son amant, se désole et veut
d’Isabelle. mettre fin à ses jours. Mais Léandre surgit à temps pour la
rassurer sur son sort : dans la nuit, Rodolphe s’est trompé
Rodolphe se lamente d’avoir été éconduit par Isabelle. de victime. Le couple décide de s’enfuir en profitant de la
Léonore lui dévoile qu’il est évincé par Léandre, aiguisant diversion causée par une représentation d’opéra. On voit
sa jalousie. Les deux jeunes gens décident d’unir leurs alors descendre sur scène un théâtre tout entier, fermé
efforts pour se venger. Tandis qu’ils quittent la scène, l’ac- d’une toile. Le rideau se lève : « Il Teatro rapresenta la Regia

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Colasse, Desmarest, Charpentier, Jacquet de La Guerre den Neuerungen; so erweist er sich als besonders ertrag- ii. le carnaval de venise:
Le Carnaval de Venise und selbst Lullys Söhne... Aber trotz einzelner Erfolge reich, wenn es darum geht, die Heimat Cavallis, Corellis zwischen einer komödie à l’italienne
gelang es keinem, wirklich tonangebend zu werden und das oder Scarlattis musikalisch heraufzubeschwören. Mit sei- und der revolution à la française
Opéra-Ballet Steuerruder so in die Hand zu nehmen, dass die Oper nen Ballettopern (frz. opéra-ballet) versetzt er sein Publi-
André Campra sicher in das neue Jahrhundert geleitet wurde. Erst einem kum in der Académie Royale in gänzlich unbekannte exoti- Der Karneval von Venedig, von dem man in Paris und in allen
jungen, so gut wie unbekannten Südfranzosen, der sozusa- sche Gegenden. Auch auf geistlichem Gebiet spielte anderen europäischen Städten so viel spricht, ist eigentlich eine
gen in die Hauptstadt »aufstieg«, gelang es, eine neue Campra eine Rolle (er wirkte an Notre-Dame, der Chapelle Zusammenstellung verschiedener Arten von Lustbarkeiten, die
Richtung anzugeben: Mit L’Europe galante (1697) und Le Royale und in einigen Pariser Klöstern), aber er ist zweifel- aus Komödien, Opern, Glücksspielen, Bällen, Festgelagen, Wett-
i. campra: vom »grand siècle« Carnaval de Venise (1699) errang André Campra den Rang los der bedeutendste Opernkomponist in der Zeit zwi- rennen und Stierkämpfen, sowie Seiltänzern, Marionettenspie-
zum jahrhundert der aufklärung des vielversprechendsten Opernkomponisten, und da- schen dem Tod Lullys und dem Aufstieg Rameaus. Mit lern, Gauklern und Narren besteht.
durch gelang es ihm vielleicht, die Erinnerungen an Lully ungefähr 20 Werken, darunter auch mehrere ungemein
Paris im Jahr 1699. Die Welt steht an der Schwelle zu einem verblassen zu lassen (ohne sie völlig auszulöschen). erfolgreiche, übte er dauerhaften Einfluss auf seine Zeit So formulierte es Jacques Chassebras de Cramailles, ein in
neuen Jahrhundert. Frankreich scheint völlig festgefahren aus, sei es durch die dramatische Gewalt seiner tragédies Venedig lebender französischer Edelmann, in einem
in der langen Regierungszeit Ludwigs xiv., die einfach kein * lyriques, sei es durch seine raffinierten Orchestrierungen Artikel, der im März 1683 im Mercure galant erschien. Schon
Ende nehmen will. Es ist unverkennbar: Die grandiosen oder durch den Melodienreichtum seiner Bravourarien, die seit einigen Jahren fesselte er die Leser dieses berühmten
Zeiten im Leben des Sonnenkönigs gehören längst der André Campra befindet sich zweifelsfrei im Zentrum des er hier und da einstreute, um die schönsten Stimmen an der Periodikums mit seinen ebenso faszinierenden wie detail-
Vergangenheit an. Die berühmten Künstler, die eine neue französischen Barock: Noch stärker als andere bedeutende Académie Royale brillieren zu lassen. In der Kirche und auf lierten Beschreibungen des Karnevals von Venedig und sei-
französische Kunst ersonnen hatten, um den Aufstieg des Künstler seiner Zeit ist er ein Beispiel für einen musikali- der Bühne zuhause, erweist sich der Komponist aber auch nes wichtigsten Ereignisses: der Opernsaison. Da auf der
»größten aller Könige« zu unterstützten, waren allesamt tot schen Stil, der gleichzeitig auf der Stelle verharrte und sich als Mann von Welt, da er für einen der bedeutendsten Bühne der Académie Royale de Musique keine italienischen
oder lagen im Sterben: Molière, Corneille, Racine, Lebrun, dennoch weiterentwickelte, einen Stil, dem Frankreich von Bestände französischer Kantaten verantwortlich zeichnet, Opern aufgeführt wurden, nahmen diese in der Vorstel-
Le Nôtre, Lully... Die Nation erholte sich allmählich, aber Lully bis Gluck seinen Ruhm und seine Einzigartigkeit in die in den Pariser und Versailler Salons fortwährendes lungswelt der Franzosen dank seiner Zusammenfassungen
nur in großer Entfernung vom Versailler Hof, der sich ganz Europa verdankte. Das Oeuvre Campras ist ein voll- Entzücken auslösten. Diese fesselnde und originelle Gestalt an. Im Mercure galant ging man sogar so weit, einzel-
uneinsichtig vor der Moderne verschloss. Lalande, der endetes Mosaik der Gattungen und der Formen, das nicht Persönlichkeit am Schnittpunkt der Jahrhunderte, der Stile ne Arien aus den populärsten venezianischen Melodramen
Meister der Motette, herrschte über die königliche nur zeigt, wie sehr und wie lange die glänzende Anfangzeit und der Geschmäcker wird durch den Carnaval de Venise zu veröffentlichen, die Cramailles sorgfältig übersandte,
Kapelle, und überließ seinen nicht sehr angriffslustigen der Regentschaft Ludwigs xiv. prägend wirkte, sondern mehr als durch jedes andere seiner Werke herausgehoben. damit sich das Publikum noch weiter mit dem Stil dieser
Kollegen Marais und Couperin nur winzige Bruchstücke auch, wie nachhaltig die kurze Zeit der Régence unter Reisen Sie also mit uns vom »Grand Siècle« in das Musik vertraut machen konnte.
seiner Macht. Sie gaben sich mit den kunstvollen Philipp von Orléans und die Thronbesteigung des jungen Jahrhundert der Aufklärung! Durch das Prisma dieser losgelösten Arien betrachtet
Miniaturen zufrieden, die unter ihrer Obhut in den nicht- Ludwig xv. auf künstlerischem Gebiet neue Perspektiven hatte die italienische Oper nichts sonderlich Bedrohliches
öffentlichen Salons gespielt wurden. Auch die Oper warte- eröffneten. Ganz auf der Höhe seiner Zeit übernimmt Benoît Dratwicki an sich, ganz im Gegenteil. Wenn man sie von den
te auf das Erscheinen eines neuen Helden. Seitdem Lully Campra die manière eines Lully oder Lalande (die man in so Übersetzung: Susanne Lowien Rezitativen trennte, diesem Feind aller französischen
im Jahr 1687 gestorben war, hatte sich eine große Anzahl mancher Oper oder großen Motette wiedererkennen Ohren, dann konnten diese kleinen Fragmente ohne
junger Komponisten an der tragédie lyrique versucht: kann), ist aber auch versessen auf die aus Italien stammen- Weiteres Salons, Konzerte und sogar den Tempel der fran-

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zösischen Oper erobern. Die Atmosphäre am fin de siècle traten an die Stelle des innigen französischen Gesangs und Jahrhundertwende die Stadt Venedig und ihre Commedia- re Vokalstücke (wie etwa italienische Da-capo-Arien) zu
war für Neuerungen aufgeschlossen, und gegen 1690 konn- boten Zerstreuung, ebenso sehr für die Sänger, die ihre dell’arte-Figuren mitten in die Intrigen der Ballettopern Gehör bringen zu können. Über Touvenelle ist nicht viel
te man auf der Bühne der Académie Royale beinahe eine Virtuosität zur Schau stellen konnten, als auch für das Publi- und der comédies lyriques versetzte: 1702 wurde den Fragmens bekannt, außer dass er haute-contre (also in sehr hoher
Revolution beobachten. Bei den dortigen Aufführungen kum, dass sich einen Augenblick lang an der überschäumen- de Monsieur de Lully von Danchet und Campra ein Entrée Tenorlage) sang. Élisabeth Daneret war die Ehefrau
kamen immer häufiger Arien in italienischer Sprache auf den und unbeschwerten Sangeskunst erfreuen konnte. mit dem Titel La Sérénade vénitienne vorangestellt; 1705 ent- Gherardis und sang seit ihrem Debut im Jahr 1694 regelmä-
die Bühne, die von französischen Komponisten stammten Nun richten sich die Blicke auch in musikalischer stand La Vénitienne, eine comédie lyrique von La Barre nach ßig italienische Arien zur Ergänzung der Komödien. 1697
oder von italienischen Kollegen übernommen worden Hinsicht auf Italien, während man sich auf der Bühne wie- einem Libretto von Houdar de La Motte; und 1710 kamen wurde die Comédie-Italienne aufgelöst und ein Teil der
waren. Zunächst handelte es sich nur um Arien, aber dann der mit Figuren und Situationen beschäftigt, die dem fran- Campra und Danchet mit Les Fêtes vénitiennes noch einmal Truppe kehrte nach Italien zurück. Gherardi verschwand
kamen auch Dialoge und schließlich kleine Szenen hinzu, zösischen Publikum bereits vertraut waren: Die alten auf das Thema Venedig mit seinem Karneval zurück. im Jahr 1700, kurz nach der Veröffentlichung des Théâtre-
die sich als Einschübe vor allem innerhalb von Ballettopern Figuren aus der italienischen Komödie wurden zu Aber die Verbindung zwischen der Comédie-Italienne Italien. Élisabeth Daneret fand Aufnahme in die Truppe der
oder comédies lyriques entwickelten, aber es gab sie auch in Protagonisten der comédies-ballets und der comédies lyriques. und Stücken in italienischer Manier, die die Werke Académie Royale und tat sich – wohl aufgrund ihrer großen
tragédies lyriques. Zu denjenigen, die diese Praxis förderten, All die Figuren mit Namen wie Isabelle, Léonore, Léandre Campras und seiner Zeitgenossen charakterisieren, geht Erfahrung – durch ihre Interpretation italienischer Arien
gehörten Collasse (Astrée, 1691), Charpentier (Médée, 1693), und Octave, die Ludwig xiv. einst verbannt hatte (die weit über die Aufnahme bestimmter dramatischer Situa- hervor, die in die französischen Opern eingefügt wurden.
Desmarest (Les Fêtes galantes, 1698) und Stuck (Méléagre, Comédie-Italienne hatte auf seine Anordnung hin im Jahr tionen hinaus. Die Einfügung italienischer Arien in franzö- Zu dieser Zeit begannen auch andere Sängerinnen damit,
1705). Auch Lullys Werke blieben nach seinem Tod im Jahr 1697 ihre Pforten schließen müssen) kamen nun mit sische Opern ist tatsächlich eine Praxis, die vom Sprech- sich das italienische Repertoire nach und nach zu erschlie-
1687 nicht von dieser neuen Modeströmung verschont. Macht – und singend – zurück. Sie waren eifersüchtig, lei- theater inspiriert, wenn nicht gar übernommen wurde. In ßen. Die Textbücher der Werke, die um die Jahrhundert-
Lully, der so verbissen darüber gewacht hatte, dass das ita- denschaftlich, verliebt, voller Fehler und dadurch realis- der zweiten Hälfte des 17. Jahrhunderts kamen nacheinan- wende in der Académie Royale aufgeführt wurden, enthal-
lienische Melodrama nicht in Frankreich Fuß fassen konn- tisch, und so boten sie eine Alternative zu den mythologi- der mehrere Commedia-dell’arte-Truppen nach Paris, ten zum Teil die Namen der Künstler, und es ist frappie-
te, wäre über die Entdeckung sehr erstaunt gewesen, dass schen Figuren der tragédies lyriques mit ihrem komplexen deren bekannteste wohl die Comédie-Italienne war. rend festzustellen, dass im ersten Jahrzehnt des 18. Jahr-
selbst seine eigenen Opern durch die Ausführung italieni- Beziehungsgeflecht. Obwohl der überwiegende Teil der Stücke auf improvisier- hunderts so gut wie alle weiblichen Mitglieder des Ensem-
scher Arien mit einem Hauch von Exotik angereichert Le Carnaval de Venise (1699) ist das Werk, das diese bei- ten Szenen beruhte, veröffentlichte Evaristo Gherardi, bles dazu in der Lage waren, italienische Arien zu singen,
wurden. Die Zeiten hatten sich geändert, und vor allem der den Aspekte der Modernität am besten miteinander ver- einer der Komödianten der Truppe, eine sechsbändige unabhängig davon, ob es sich um premières actrices wie etwa
Geschmack hatte sich weiterentwickelt. bindet, ebenso sehr auf der dramatischen wie auf der musi- Sammlung mit dem Titel Le Théâtre-Italien, die auch meh- Mlle Journet, Mlle Antier oder Mlle Moreau, oder um
kalischen Ebene. Dass das Libretto von François Regnard rere Komödien aus dem Repertoire der Kompagnie ent- Nebendarstellerinnen wie Mlle Dun oder eben Mme
* stammt, spielt dabei sicherlich auch eine Rolle. Er verfass- hielt. In jedem Band fügte Gherardi auch die Partituren Daneret handelte.
te zwischen 1688 und 1694 mehrere Stücke für das Theater italienischer und französischer Arien hinzu, die zu den
Zur Jahrhundertwende trägt die italienische Mode einen der Comédie-Italienne und schrieb von 1694 bis 1708 Komödien gesungen wurden. Die italienischen Komö- *
bestimmten Namen und wird von einer Form verkörpert: Werke für die Comédie-Française. Die Zusammenarbeit dianten waren auch Musiker: Sie konnten perfekt Instru-
der Da-capo-Arie, die die Oper in ganz Europa dominierte. mit Campra ist seine einzige Erfahrung auf dem Gebiet des mente wie Gitarre oder Laute spielen und verstanden sich Die Originalität des Carnaval de Venise liegt auch in der
Campra ist es zu verdanken, dass seit seiner Ballettoper Musiktheaters. Dennoch ist sie bedeutsam, denn sie bestä- aufs Singen. Gegen Ende des Jahrhundert stießen noch Tatsache, dass in diesem Stück eine durchgängige
L’Europe galante (1697) in französischen Werken regelmäßig tigt die »exotische« Mode, die im Jahr 1697 mit L’Europe zwei professionelle Sänger (Élisabeth Danneret und M. Handlung entwickelt wird (im Unterschied zu anderen
italienische Da-capo-Arien auftauchen. Brillante Vokalisen galante ihren Anfang genommen hatte und die zur Touvenelle) zu der Truppe hinzu, zweifellos um komplexe- Werken des gleichen Genres, deren Sujet sich von Akt zu

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Akt ändert). Venedig und der Karneval bilden den occhi begleitet. Die Nähe zu Rossis Vorbild zeigt sich nicht Götter oder Hohepriester), und so ist es gut möglich, dass Ludwigs xiv. Als er die bezaubernde Stimme des Orfeo
Hintergrund für die Liebeswirren der Figuren Isabelle und nur in der Besetzung mit drei Stimmen und der Wahl des er auch an dieser Uraufführung als Plutone mitwirkte. Im hört, ist der Gott der Unterwelt sofort hingerissen: Er for-
Léandre. Auf der Flucht vor ihren Verfolgern und Rivalen Schlafes als Topos, sondern darüber hinaus auch im Jahr 1702 sang er außerdem verschiedene italienische dert sein Volk zum Lachen und zum fröhlichen Singen auf
finden sie in einem Theater Zuflucht, wo man gerade im Rückgriff auf harmonische Reibungen und auf Dissonan- Rollen in den Fragmens de Monsieur de Lully (Éraste, Un und nimmt dabei die Züge einer komischen Figur an. Auch
Begriff steht, eine italienische Oper aufzuführen. Die ita- zen als dramatisches Ausdrucksmittel. Habitant du palais). Zu den möglichen Interpreten des die konservative Kulturpolitik der letzten Jahre der
lienische Szene im dritten Akt, Orfeo nell’inferi, ist ein schö- Durch die italienischen Szenen im Carnaval de Venise Orfeo gehört Antoine Boutelou. Auch wenn er hauptsäch- Regentschaft wurden von Regnard und Campra kritisiert,
nes Beispiel für eine Mise en abyme, in der eine Episode stellt sich außerdem die Frage nach der Besetzung der lich auf komische Rollen festgelegt war, scheint er dennoch die von einem Kreis unterstützt wurden, der unter dem
aus dem Orpheusmythos wieder aufgenommen wird: der männlichen Rollen. Auch wenn die Einfügung italienischer der wahrscheinlichste Kandidat zu sein, da er zwar einen Namen Cabale du Dauphin bekannt war. Im Prolog zum
Abstieg in die Unterwelt, auf dem Orpheus Pluton dazu Arien zu dieser Zeit bereits eine gängige Praxis war, so muss recht geringen Stimmumfang, dafür aber ein sehr schönes Carnaval de Venise findet sich eine überschwängliche
bewegen will, Eurydike wieder auf die Erde zurückkehren man doch hinzufügen, dass es sich dabei vor allem um losge- Timbre und eine sehr verständliche Aussprache hatte – Lobrede auf den Dauphin, den Sohn Ludwigs xiv., der dazu
zu lassen. Es handelt sich um einen ganz offensichtlichen löste Stücke handelte, die meistens für Frauenstimmen vor- zwei Qualitäten, die für die Partie des Orfeo besonders neigte, künstlerische Wege zu fördern, die sein Vater igno-
Bezug auf die erste italienische Oper, die für den französi- gesehen waren. Orfeo nell’inferi dagegen beinhaltete neben wünschenswert waren. Wie Thévénard sang auch Boutelou riert oder verboten hatte (z.B. italienische Musik und die
schen Hof geschrieben wurde, den Orfeo aus dem Jahr 1647, der Rolle Euridice auch zwei sehr differenzierte männliche im ersten Jahrzehnt des 18. Jahrhunderts andere italieni- Comédie-Italienne, deren Wiedereinführung er vom
den Luigi Rossi über ein Libretto von Francesco Buti kom- Rollen: Plutone und Orfeo. Plutone ist ein basse-taille [ent- sche Rollen (Les Fragmens de Monsieur de Lully, 1702; Le König verlangte. Er war einer der Gönner Campras, wel-
poniert hatte. Dank zahlreicher »Fragmente«, die in hand- spricht ungefähr dem heutigen Bassbariton], und ihm wur- Carnaval et la Folie von Destouches, 1704). cher niemals die Gunst Ludwigs xiv. erlangt hatte. Indem
schriftlicher oder in gedruckter Form im Umlauf waren, den zwei Arien (Bella non piangere und Si canti si goda) sowie sie diesem Prinzen und seinen künstlerischen Vorlieben
blieb diese Oper von Rossi den Franzosen in sehr guter das Accompagnato-Rezitativ Ma qual nova armonia zuge- * schmeichelten, brachten die Autoren eine neue Form des
Erinnerung und wurde auch zu Campras Zeiten immer dacht. Die Rolle des Orfeo ist für einen haute-contre [sehr Musiktheaters hervor, wobei sie das offizielle Bild der
noch sehr geschätzt. Den Blick auf die Vergangenheit zu hoher Tenor] geschrieben, und auch er singt ein Accompag- Man muss berücksichtigen, dass die Fragen hinsichtlich Macht ostentativ herabsetzten.
richten war in der Tat eine typisch französische Besonder- nato-Rezitativ (Dominator dell’ombre) und die Arie Vittoria des Carnaval de Venise keine rein ästhetischen Probleme
heit: Während man sich in Italien um nichts anderes als um mio core (die übrigens das Textincipit einer sehr bekannten sind. Das die »Italianisierung« der Musik mit der Einfüh- Barbara Nestola
die »zeitgenössische« Musik kümmerte, stellte die musika- Arie von Giacomo Carissimi wieder aufnimmt). rung von Personen niederen Standes einhergeht, ist keine Übersetzung: Susanne Lowien
lische Vergangenheit in Frankreich eine Inspirationsquelle Im Textbuch zum Carnaval de Venise sind die Namen rein künstlerische Entscheidung: Zum Ende der Regie-
dar, die man respektierte und der man immer wieder Ehre der Ausführenden nicht überliefert, aber man kann natür- rungszeit Ludwigs xiv. ist dies auch eine explizite politi-
erwies. Ein weiterer augenzwinkernder Hinweis auf die lich Vermutungen anstellen. Die Rolle des Plutone könnte sche Stellungnahme. Das Bild Venedigs, der »Serenissima
Musik Rossis ist das italienische Terzett aus dem zweiten Gabriel-Vincent Thévenard gesungen haben, der sein Repubblica«, verkörperte also eine utopische Alternative
Akt Luci belle, dormite (ii, 5). Als Campra dieses Stück kom- Debut im Jahr 1697 gemacht hatte und sofort zu einer zur absolutistischen Macht, die von einem Teil der franzö-
ponierte gab es in der zeitgenössischen italienischen Oper Berühmtheit geworden war. In seiner 30 Jahre dauernden sischen Intelligenz kritisiert wurde. Dieser Aspekt
so gut wie keine Terzette. Ganz anders in den italienischen Karriere sang er ungefähr 80 Stücke und wirkte in den erscheint vor allem im Orfeo nell’inferi. Zu Beginn der Szene
Opern von Rossi oder Cavalli, die zur Zeit Kardinal wichtigsten Rollen für basse-taille bei den Uraufführungen werden die kriegerischen Gesänge All’armi, all’armi von
Mazarins in Frankreich aufgeführt wurden. In Rossis Orfeo der Opern von Campra, Desmarest, Colasse und Marais Pluto und seinem Gefolge unterbrochen, wohl eine
(ii, 9) wird Euridices Schlaf mit dem Terzett Dormite, begli mit. Er war auf imposante Rollen spezialisiert (Könige, Anspielung auf den unerschütterlichen Militarismus

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iii. handlung Korb gegeben hat. Léonore enthüllt ihm, dass er von weist ihn zurück. Sie werden von einem vergnügten Zug
Léandre ausgestochen wurde und steigert seine Eifersucht mit »Castelans« [Bewohner eines venezianischen Stadt-
Prolog dadurch noch. Die beiden jungen Leute beschließen, sich viertels] und »Barqueroles« [Bootsführer] unterbrochen.
mit gemeinsamen Kräften zu rächen. Als sie die Szene ver- Isabelle, der Rodolphe vom Tod ihres Freundes Kunde
Die Bühne stellt einen Saal dar, in dem eine Aufführung stattfin- lassen, wird die Handlung von Fortuna unterbrochen, die gebracht hat, ist verzweifelt und will ihrem Leben ein Ende
den soll. gefolgt von einer Gruppe von Gauklern aus allen Nationen setzen. Aber Léandre erscheint gerade noch rechtzeitig,
auftritt. um sie über sein Schicksal zu beruhigen: Im Dunkel der
Der Organisator macht sich zu schaffen, aber die Arbeiten Nacht hat Rodolphe das falsche Opfer getötet.
kommen nicht voran. Minerva erscheint, um die Fertig- Die Szene ändert sich und stellt nun einen Blick auf mehrere Von einem Vorhang bedeckt, wird ein komplettes
stellung der Bühne zu beschleunigen. Sie ruft alle Götter Palazzi mit ihren Balkonen dar. Der Rest des Aktes spielt in der Theater auf die Bühne heruntergelassen. Das Paar nutzt
der Künste zusammen, um ihr zu helfen: Auf diese Weise Nacht. das Durcheinander, das durch diesen Umbau entsteht, und
wird das spectacle royal rechtzeitig fertig. beschließt zu fliehen. Der Vorhang hebt sich und die
In der Abenddämmerung singt Léandre unter den Fenstern Bühne stellt das Reich Plutons dar. Das Volk ist von diesem
1. Akt seiner Liebsten eine Serenade, umgeben von italienischen Theatercoup begeistert und betrachtet nun die Aufführung
Musikern. Rodolphe beobachtet dies aus einem Versteck. von Orfeo nell’inferi.
Die Bühne stellt den Markusplatz in Venedig dar. Isabelle antwortet ihrem Geliebten von ihrem Balkon aus.
Rodolphe, der nicht länger an sich halten kann, verlässt sei- Das Bühnenbild ändert sich und stellt einen großartigen Saal dar,
Isabelle und Léonore brüsten sich mit ihren perfekten nen Schlupfwinkel um Léandre zu töten, aber dieser hat der für einen Ball vorbereitet ist.
Liebhabern, müssen aber zu ihrer Verblüffung feststellen, sich bereits entfernt. Rodolphe schwört, ihn ausfindig zu
dass es sich um ein und denselben Kavalier handelt, näm- machen. Isabelle, die auf die Straße heruntergekommen ist Als die Oper beendet ist, erscheint der Karnevalszug auf
lich um den jungen Léandre. Aufgefordert sich für eine der um mit Léandre zu sprechen, trifft auf Rodolphe. Die der Bühne und mit einer Gruppe von Masken aus unter-
beiden zu entscheiden, wendet dieser sich Isabelle zu. Die Verwechslung und die wutentbrannte Auseinandersetzung schiedlichen Nationen wird der Sieg des Vergnügens und
verärgerte Léonore geht ab und gelobt Rache, als plötzlich der beiden früheren Liebenden beschließen den Akt. der Liebe gefeiert.
eine lebhafte Schar auftritt, die aus Böhmen, Armeniern
und Slaven besteht. 3. Akt –––––

2. Akt Eine venezianische Piazza umgeben von prächtigen Palazzi und


vielen Kanälen, auf denen unzählige Gondeln fahren.
Der Ridotto, ein Casino in Venedig, später eine Straße unter den
Fenstern Isabelles. Rodolphe teilt Léonore mit, dass sie gerächt sei: Er hat
Léandre schließlich gefunden und getötet. Sie nimmt diese
Rodolphe beklagt sich darüber, dass Isabelle ihm einen Nachricht sehr schlecht auf, macht ihm Vorwürfe und

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ópera no toma una nueva dirección sino cuando un joven –e inmensos éxitos en numerosos casos– marcó durable- nes fascinantes y detalladas del carnaval de Venecia y de su
Le Carnaval de Venise meridional, prácticamente desconocido, deja su provincia mente su época no solo por la violencia dramática de sus acontecimiento cumbre: la temporada de ópera. Ausente
para instalarse en la capital: con L’Europe galante (1697) y Le tragedias sino por el refinamiento de su orquestación y la de la escena de la Académie Royale de Musique, la ópera
Opéra-Ballet Carnaval de Venise (1699), Campra se convierte en el autor riqueza melódica de las arias de bravura que disemina, aquí italiana podía vivir en el imaginario de los franceses gracias
André Campra lírico más prometedor, el compositor que puede acaso con- o allá, para el lucimiento de las más bellas voces de la a estas crónicas. El Mercure galant incluso publicó arias de
seguir, por fin, atenuar (al no poder borrarlo del todo) el Académie Royale. De la capilla a la escena, el compositor se los melodramas venecianos más en boga –enviadas por
recuerdo de Lully. revela también como un hombre de mundo al firmar uno de Cramailles– para que el público pudiese familiarizarse, más
los más importantes corpus de cantatas francesas que aún, con el estilo de esta música.
i. campra: del «gran siglo» * tuvieron, en los salones de París y de Versalles, un éxito Desde la perspectiva de estas arias separadas de su
al siglo de las luces perenne. Y es esta personalidad entrañable e original –en el contexto, la ópera italiana no parecía conllevar amenaza
André Campra está sin duda en el corazón del barroco fran- cruce de los siglos, de los estilos y de los gustos– la que Le alguna para la música francesa. Al contrario, liberados del
París, 1699. Con el mundo en vísperas de un nuevo siglo, cés: incluso más que cualquier otra gran personalidad de su Carnaval de Venise, más que ninguna otra obra, revela. ¡Una recitativo, verdadero enemigo del oído francés, estos
Francia parece sin embargo empantanada en el largo reina- tiempo, ilustra a la vez la permanencia y la evolución de un invitación para viajar del «Gran Siglo» al Siglo de las Luces! pequeños fragmentos estaban listos para conquistar los
do de Luis xiv que no da señal de querer acabarse. Las gran- estilo musical que, de Lully a Gluck, dio a Francia su presti- salones, los conciertos privados e incluso el templo del tea-
des horas del Rey Sol pertenecen –es un hecho irrefutable– gio y su singularidad en toda Europa. Perfecto mosaico de Benoît Dratwicki tro lírico francés. Siendo propicia a los cambios, la atmós-
al pasado y los célebres artistas que habían imaginado un géneros y de formas, la obra de Campra muestra no solo la Traducción: Pedro Elías fera fin-de-siècle favoreció, hacia 1690, una auténtica revolu-
arte francés nuevo, destinado a sostener la ascensión del hondura de la huella dejada por el esplendor de los prime- ción sobre la escena de la Académie Royale. La interpreta-
«más grande de los reyes», están muertos o moribundos: ros años del reinado de Luis xiv, sino también las nuevas ción de las arias en italiano, puestas en música por compo-
Molière, Corneille, Racine, Lebrun, Le Nôtre, Lully... La perspectivas ofrecidas al arte por la breve regencia de ii. le carnaval de venise: sitores franceses o por sus homólogos italianos, fue un
nación se regenera poco a poco, pero lejos de la corte y de Philippe d’Orléans y el advenimiento del joven Luis xv. A la entre comedia a la italiana fenómeno cada vez más frecuente a lo largo de las represen-
Versalles que, inexorablemente, rechaza toda modernidad. escucha de su tiempo, Campra se apodera del estilo de y revolución a la francesa taciones. Se empezó por las arias, a las que siguieron unos
Adalid del motete, Lalande reina sobre la Chapelle Royale Lully y de Lalande –que volvemos a encontrar en numero- diálogos y luego unas pequeñas escenas que se desarrolla-
y no deja sino migas de su poder a los inofensivos Marais y sas tragédies lyriques o grands motets– pero, ávido de toda El carnaval de Venecia, del que se habla tanto en París, y en las ban en el seno de las opéras-ballets y de las comedias líricas
Couperin, dedicados a la composición de delicadas minia- modernidad venida de Italia, es también uno de los más demás ciudades de Europa, es propiamente dicho un ensamblaje de sobre todo, pero también en las tragedias en música. Entre
turas que interpretan en unos salones apartados. Mientras, prolíficos compositores en evocar la patria de los Cavalli, toda clase de divertimientos que consisten en comedias, óperas, los compositores partidarios de esta práctica, podemos
el teatro lírico espera a su héroe. Desde la desaparición de Corelli o Scarlatti. Con sus opéras-ballets, Campra lleva al salas de juego, bailes, festines, carreras y corridas de toros, funám- citar a Collasse (Astrée, 1691), Charpentier (Médée, 1693),
Lully, en 1687, numerosos autores más o menos jóvenes se público de la Académie Royale a países exóticos absoluta- bulos, marionetas, malabaristas y bufones. Desmarest (Les Fêtes galantes, 1698) y Stuck (Méléagre, 1705).
atrevieron con la tragédie lyrique: Colasse, Desmarest, mente desconocidos. Presente en los santuarios (desde La desaparición de Lully en 1687 tuvo, claro está, algo que
Charpentier, Jacquet de La Guerre, incluso los hijos de Notre-Dame a la Chapelle Royale, pasando por numerosos Así escribía en el Mercure galant de marzo de 1683 Jacques ver con esta nueva tendencia. Aquel que tanto hizo para
Lully... Pero, a pesar de algunos éxitos esporádicos, nadie conventos parisinos), Campra es incontestablemente el Chassebras de Cramailles, aristócrata francés residente en impedir que el melodrama italiano echara raíces en Francia
consigue imponer un estilo y crear el cambio que permita a autor lírico más importante entre la muerte de Lully y el Venecia. Hacía ya algunos años que el cronista mantenía en se hubiera asombrado al descubrir que un cierto toque de
la ópera entrar, del todo, en un nuevo siglo. De hecho, la inicio de la carrera de Rameau: con una veintena de obras vilo a los lectores del célebre periódico con sus descripcio- exotismo, con la interpretación de arias en italiano, iba

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incluso a adornar sus propias óperas. ¡Muestra del cambio de la Comédie-Italienne, y seguidamente, de 1694 a 1708, acaso con el propósito de interpretar obras vocales cada ejemplo de «obra dentro de la obra», la escena italiana del
de los tiempos y, sobre todo, de la evolución del gusto! para la Comédie-Française. Única experiencia en el campo vez más complejas (entre otras, las arias italianas da capo): tercer acto, Orfeo nell’inferi, trata un episodio del mito de
del teatro musical, su colaboración con Campra es sin Élisabeth Daneret y M. Touvenelle. No sabemos práctica- Orfeo: su bajada a los infiernos para pedir a Plutón el regre-
* embargo significativa pues reafirma la ola «exótica» inaugu- mente nada de este último, sino que era haute-contre*; en so de Eurídice. Es una referencia evidente a la primera
rada en 1697 con L’Europe galante, una moda que, en este cambio, sabemos que Daneret era la mujer de Gherardi y, ópera italiana escrita para la corte de Francia, Orfeo (1647)
En el cambio de siglo, la moda italiana lleva un nombre y se cambio de siglo, situó a Venecia y a los personajes de la com- desde su debut en 1694, solía cantar arias italianas inserta- de Luigi Rossi con libreto de Francesco Buti. Gracias a la
encarna en una forma precisa: el aria da capo, que predomi- media dell’arte en el corazón de las intrigas de las óperas- das en las comedias. En 1697, la Comédie-Italienne fue difusión de numerosos «fragmentos» manuscritos o edita-
na en la ópera en toda Europa. La presencia regular de las ballets y de las comedias líricas: en 1702, una entrada titula- disuelta y una parte de la tropa volvió a Italia; Gherardi dos, la ópera de Rossi no había sido olvidada por los france-
arias italianas da capo en las obras francesas se debe a da La Sérénade vénitienne es añadida a los Fragmens de desapareció en 1700, poco tiempo después de la publica- ses y gozaba todavía de una gran consideración en la época
Campra, ya desde su ópera-ballet L’Europe galante (1697). Monsieur de Lully de Danchet y Campra; en 1705, nace La ción de Le Théâtre-Italien. Élisabeth Daneret ingresó de Campra. Mirar hacia el pasado era en efecto una parti-
Las brillantes vocalizaciones remplazan la dulce melopeya Vénitienne, comedia lírica de La Barre con libreto de Houdar entonces en la tropa de la Académie Royale y, probable- cularidad muy francesa: mientras que en Italia, nadie se
del canto francés y ofrecen momentos de divertimento a de La Motte; en 1710, Campra y Danchet vuelven sobre el mente gracias a su experiencia, destacó en la interpreta- preocupaba sino de la música «contemporánea», en Francia,
los cantantes que pueden demostrar su virtuosismo, tanto tema de Venecia y su carnaval en Les Fêtes vénitiennes... ción de arias italianas añadidas a las piezas líricas. Durante el pasado musical representaba una fuente de inspiración,
como al público que disfruta, durante algunos instantes, de Pero el lazo entre la Comédie-Italienne y las piezas este periodo, otras cantantes abordaron sucesivamente el respetada y siempre tenida a mucha honra. El trío italiano
un despliegue vocal exuberante y desenfadado. italianizantes que caracterizan las obras de Campra y de repertorio italiano. Los libretos de las obras interpretadas del segundo acto, Luci belle, dormite (ii, 5) es también un
Si desde un punto de vista musical, las miradas apun- sus coetáneos sobrepasa el marco de la reproducción de en la Académie Royale durante el cambio de siglo, incluyen guiño a la música de Rossi. Cuando Campra compuso esta
tan hacia Italia, el teatro recupera figuras y situaciones unas mismas situaciones dramáticas. De hecho, la inser- a veces los nombres de los intérpretes y sorprende bastan- obra, el trío vocal era prácticamente ausente en la ópera ita-
familiares al público francés: los antiguos personajes de la ción de arias italianas en las piezas líricas francesas era una te constatar que, durante el primer decenio del siglo xviii, liana de la misma época. Lo que no era el caso de las óperas
comedia italiana se convierten así en los protagonistas de práctica inspirada –si no heredada– del teatro hablado. prácticamente todas las damas de la tropa podían cantar italianas de Rossi y Cavalli representadas en Francia bajo
las comédies-ballets y de las comédies lyriques. Las Isabelle y las Durante la segunda mitad del siglo xvii, numerosas tropas arias italianas, las premières actrices como Mlle Journet, Mazarino. En Orfeo (ii, 9), el trío Dormite, begli occhi acom-
Léonore, los Léandre y los Octave, otrora desterrados por de commedia dell’arte se sucedían en París, y entre ellas, la Mlle Antier y Mlle Moreau, al igual que las secundarias, paña el sueño de Eurídice. El modelo de Rossi, más allá de
Luis xiv (la Comédie-Italienne tuvo que cerrar por orden Comédie-Italienne era una de las más conocidas. Aún como Mlle Dun o la propia Daneret. la elección del trío vocal y del topos del sueño, se nota en el
expreso del monarca en 1697), vuelven pisando fuerte los cuando la mayoría de las obras se basaban en guiones uso de los roces armónicos y de las disonancias como medio
escenarios... ¡y cantando! Celosos, apasionados, enamora- improvisados, Evaristo Gherardi –uno de los actores de la * de expresión dramática.
dos, con defectos a raudales –y por tanto realistas– encar- tropa– publicó en 1700 una obra en seis volúmenes titula- Las escenas italianas del Carnaval de Venise plantean
nan una alternativa frente a los personajes mitológicos de da Le Théâtre-Italien que contiene varias comedias del La originalidad del Carnaval de Venise reside igualmente en además la cuestión de los intérpretes de los papeles mascu-
las tragedias líricas y sus relaciones complejas. repertorio de la compañía. En cada volumen, Gherardi el desarrollo de una intriga continua, diferenciándose de linos. Si la inserción de arias italianas era una práctica ya
Le Carnaval de Venise (1699) es la obra que mejor sinte- incluyó las partituras de las arias italianas y francesas aña- otras obras del mismo género que cambian de tema a cada extendida en la época, hemos de señalar que concernía
tiza estos dos aspectos de la modernidad, en el plano dramá- didas a las comedias. Los actores italianos solían ser igual- acto. Venecia y el carnaval forman el decorado de las vicisi- sobre todo las obras separadas y generalmente destinadas a
tico tanto como en el musical. Y el arte del libretista, mente músicos: podían perfectamente cantar y tocar un tudes amorosas de Isabelle y de Léandre. Huyendo de per- las voces femeninas. En cambio, Orfeo nell’inferi comporta,
François Regnard, fue de no poca ayuda. En efecto, Regnard instrumento como la guitarra o el laúd. Hacia el final del seguidores y rivales, encuentran refugio en un teatro donde además del de Eurídice, dos papeles importantes para voces
había escrito, entre 1688 y 1694, varias obras para el teatro siglo, dos cantantes profesionales ingresaron en la tropa, se prepara la representación de una ópera italiana. Bello masculinas: Plutón y Orfeo. Plutón, un basse-taille*, canta

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dos arias, Bella non piangere y Si canti si goda, y el recitativo mente a una decisión artística: al final del reinado de Luis iii. sinopsis garse. Mientras salen del escenario, la acción se interrumpe
acompañado Ma qual nova armonia. Orfeo, un haute-contre, xiv, revela una postura política determinada. En efecto, la al surgir la Fortuna seguida de una tropa de jugadores de
canta igualmente un recitativo acompañado, Dominator imagen de Venecia –la «Serenísima» república– encarnaba Prólogo todas las naciones.
dell’ombre, y el aria Vittoria mio core (que vuelve a citar el ínci- entonces una alternativa utopista frente al poder absoluto,
pit literario de un aria muy célebre de Giacomo Carissimi). criticado por una parte de la elite intelectual francesa. Este El teatro representa una sala donde se prepara un espectáculo. El teatro cambia y representa una vista de varios palacios con bal-
En el libreto del Carnaval de Venise no figuran los nom- aspecto se nota sobre todo en Orfeo nell’inferi. Al principio cones. El resto del acto se desarrolla durante la noche.
bres de los intérpretes, pero podemos hacer algunas hipó- de la escena, Plutón y su séquito irrumpen al son de unos El organizador del espectáculo se afana en el trabajo pero la
tesis. La parte de Plutón pudo haber sido interpretada por cantos de guerra (All’armi, all’armi!), probable alusión al obra no adelanta. Aparece Minerva para apresurar la cons- Al anochecer, Léandre, rodeado por músicos italianos, da
Gabriel-Vincent Thévenard, que empezó a cantar en 1697, militarismo obstinado de Luis xiv. Hechizado por la voz trucción del teatro. Pide ayuda a todas las divinidades de las una serenada debajo de las ventanas de su amada. Rodolphe,
alcanzando una fama temprana: en treinta años de carrera, fascinante de Orfeo, el dios de los infiernos, con ademanes artes: así, el espectáculo real estará listo para la fecha pre- escondido, observa. Isabelle contesta a su amante desde su
cantó unas ochenta obras, creando los principales papeles de un personaje cómico, insta a su pueblo a reír y a cantar vista. balcón. Perdiendo el control, Rodolphe sale de su escondite
de basse-taille en las óperas de Campra, Desmarest, Colasse con alegría. La política cultural conservadora de los últimos para matar a Léandre, pero este ya se fue. Rodolphe jura
y Marais. Especializado en papeles imponentes (reyes, dio- años del reinado de Luis xiv es igualmente criticada por Acto i encontrarlo. Isabelle, que había bajado a la calle para hablar
ses o sacerdotes), Thévenard pudo haber sido el primer Regnard y Campra, sostenidos por un cenáculo conocido con Léandre, se topa con Rodolphe. Quid pro quo y explica-
intérprete de Plutón, y en 1702, cantó varios papeles en ita- como Cabale du Dauphin [Cábala del Delfín]. El prólogo del El teatro representa la plaza de San Marcos en Venecia. ción tormentosa de los ex-amantes concluyen el acto.
liano en Les Fragmens de Monsieur de Lully (Éraste, Un habi- Carnaval de Venise hace precisamente el elogio del delfín,
tante del palacio). Entre los posibles intérpretes de Orfeo, predispuesto a defender unas vías artísticas ignoradas o Isabelle y Léonore alaban la perfección de sus respectivos Acto iii
podemos citar a Antoine Boutelou: aunque su especialidad prohibidas por su padre, por ejemplo la música italiana o la amantes... pero descubren con estupor que no son sino un
era ante todo los papeles cómicos, podría ser el candidato Comédie-Italienne cuyo restablecimiento pidió al rey; el del- mismo caballero, el joven Léandre. Obligado a escoger, Una plaza de Venecia rodeada de magníficos palacios, donde con-
más probable pues, a pesar de un ámbito vocal restringido, fín fue incluso uno de los protectores de Campra, que no Léandre se decanta a favor de Isabelle. Despechada, vergen numerosos canales llenos de góndolas.
poseía un bello timbre y su pronunciación era muy clara, era precisamente un compositor apreciado por Luis xiv. Léonore desaparece jurando venganza mientras surge una
ambas cualidades particularmente apreciadas para inter- Con la celebración de este príncipe y de sus gustos artísti- tropa animada, compuesta por bohemios, armenios y eslo- Rodolphe le dice a Léonore que está vengada, pues encon-
pretar Orfeo. Al igual que Thévénard, Boutelou cantó tam- cos predilectos, los autores creaban un nuevo modelo de venos. tró finalmente à Léandre y lo mató. Lejos de darle la bien-
bién otros papeles en italiano durante el primer decenio del teatro musical capaz de salpicar ostensiblemente la imagen venida, Léonore le reprocha su actuación y lo rechaza.
siglo xviii (Les Fragmens de Monsieur de Lully, 1702; Le oficial del poder. Acto ii Interrumpe el diálogo un divertimento de los Castellani
Carnaval et la Folie de Destouches, 1704). [una facción de la ciudad] y barqueros. Informada por
Barbara Nestola La sala de juego de Venecia, luego una calle debajo de las ventanas Rodolphe de la muerte de su amante, Isabelle, desesperada,
* Traducción: Pedro Elías de Isabelle. quiere poner fin a sus días. Pero Léandre surge a tiempo
para tranquilizarla: en oscuridad de la noche, Rodolphe se
Pensándolo bien, las apuestas del Carnaval de Venise no son * ndt. El haute-contre no era un contratenor sino un tenor de tesitura Rechazado por Isabelle, Rodolphe se lamenta. Léonore le equivocó de víctima. La pareja decide huir aprovechando la
solo estéticas. En efecto, la asociación del italianismo musi- muy elevada, con voz mixta. El basse-taille era una suerte de barítono revela que ha sido suplantado por Léandre, lo que aguza sus diversión causada por una representación de ópera. Se ve
cal con los personajes de rango inferior no responde única- bajo, o bajo con voz ágil y clara. celos. Ambos jóvenes deciden juntar sus fuerzas para ven- entonces cómo baja sobre el escenario un teatro entero,

42 43
E s pa ñ o l

envuelto por una tela. Se levanta el telón: «Il Teatro rappre-


senta la Regia di Plutone». El pueblo, maravillado ante esta Le Carnaval de Venise
proeza teatral, asiste a la representación de Orfeo nell’inferi.
opera-ballet in a prologue and three acts
El teatro cambia y representa una sala magnífica, preparada para first performed on stage at the Académie Royale de Musique in Paris on 28 February 1699.
el baile. El Carnaval aparece conduciendo una tropa de máscaras
de diversas naciones.
Music by André Campra
Una vez acabada la ópera, mientras Isabelle y Rodolphe
Libretto by Jean-François Regnard
bogan hacia lugares más seguros, el Carnaval entra en esce-
na e insta a una tropa de máscaras a festejar la victoria de los Dramatis personæ
placeres y del amor.
Prologue
––––– The Ordinator - Minerva - An Attendant of Dance - An Attendant of Music
Chorus of artisans - Chorus of the Divinities who preside over the Arts

Drama
Léandre, a young French gentleman - Isabella, a young Venetian lady
Leonora, a young Venetian lady - Rodolfo, a young Venetian nobleman
A company of Bohemians, Armenians & Sclavonians - Fortune
A group of Gamblers of different nationalities, Followers of Fortune - A band of Castellani, & Boatmen

Final Act, in Italian


Pluto - Orpheus - Eurydice
A Happy Shade - Chorus of Gods of the Underworld - Chorus of Familiar Spirits

Final Divertissement: The Ball


Carnival - Groups of Maskers

(The scene is set in Venice.)

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Ouverture [cd i : 01] Overture L’Ordonnateur The Ordinator
Quelle divinité s’empresse What divinity descends
À descendre des cieux, With such eagerness to this spot?
Minerve paroist à nos yeux. Minerva appears before our eyes!
Prologue Prologue
Scène 2 Scene 2
Le Théâtre represente une salle où l’on doit donner un Spectacle, tout y The scene represents a theatre in which preparations are being made Minerve, L’Ordonnateur Minerva, The Ordinator
est encor en désordre ; le lieu est plein de morceaux de bois, & de for an opera performance, but everything is still in confusion; the
decorations imparfaites, & l’on y voit quantité d’ouvriers qui place is littered with pieces of wood and unfinished sets; many arti- Minerve [cd i : 04] Minerva
travaillent pour mettre tout en estat. sans are seen busily trying to get everything ready. Je quitte sans regret la demeure immortelle, Without regret I leave the immortal abode
Pour venir en ce jour To come this day to an amiable Court,
Scène 1 Scene 1 Dans une aimable Cour Here to partake
Un Ordonnateur, Troupe d’Ouvriers The Ordinator, Chorus of Artisans Partager les plaisirs d’une feste nouvelle. Of the pleasures of a new celebration.
Mais quel desordre affreux regne de toutes parts ! But what terrible disorder prevails here!
L’Ordonnateur [cd i : 02] The Ordinator Quelle main temeraire What temerity
Hastez-vous, préparez ces lieux, Make haste, get everything ready, Oste à ces lieux leur éclat ordinaire, Deprives this place of its usual splendour?
Ne perdez pas des moments précieux. Waste no precious moments! Est-ce ainsi qu’on prétend mériter mes regards ? Is it thus that you mean to win my favour?

Le Chœur Chorus L’Ordonnateur The Ordinator


Hastons-nous, préparons ces lieux, We must make haste, get everything ready, Par nos soins empressez, par nostre diligence, By our zealous care, our diligence,
Ne perdons pas des moments précieux. Waste no precious moments! Nous allons satisfaire à vostre impatience. We shall satisfy your impatience.
Hastez-vous, préparez ces lieux, Make haste, get everything ready,
L’Ordonnateur The Ordinator Ne perdez pas des moments précieux. Waste no precious moments!
Redoublez vos efforts, dépeschez, le temps presse, Redouble your efforts, hurry, time is short,
Tout accuse vostre lenteur, Everything shows how slow you are; Le Chœur Chorus
On ne peut travailler avec assez d’ardeur One who cares about pleasure Hastons-nous, préparons ces lieux, We must make haste, get everything ready,
Quand au plaisir on s’interesse. Cannot work zealously enough. Ne perdons pas des moments precieux. Waste no precious moments!
Hastez-vous, préparez ces lieux, Make haste, get everything ready,
Ne perdez pas des moments précieux. Waste no precious moments! Minerve [cd i : 05] Minerva
Pour attirer les yeux d’un grand Prince que j’aime, To appeal to the eyes of a great Prince, whom I love,
Le Chœur Chorus Vos soins me paroissent trop lents, It seems to me that your efforts are too slow;
Hastons-nous, préparons ces lieux, We must make haste, get everything ready, Retirez-vous, Ministres negligents, Withdraw, negligent ministers,
Ne perdons pas des moments précieux. Waste no precious moments! Je prétends m’employer moy-mesme. I shall see to this myself.
Accourez, Dieux des Arts, embellissez ces lieux : Come, Gods of the Arts, embellish this place:
La descente de Minerve [cd i : 03] Descent of Minerva Qu’à ma voix vostre ardeur réponde, Let your zeal respond to my voice,
Servez le fils du plus grand Roy du monde, Serve the son of the world’s greatest King;
C’est un emploi digne des Dieux. It is an occupation worthy of the Gods.

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Scène 3 Scene 3 Joignons nos voix, nos jeux & nos désirs, Let us join our voices, sports and desires,
Les Divinitez qui président aux Arts ; la Musique, la Danse, la At Minerva’s call the Divinities who preside over the Arts, Music, Que l’on laisse aux Mortels le soin de ses plaisirs. Let Mortals take care of his pleasures,
Peinture, l’Architecture, &c. viennent à la voix de Minerve avec leurs Dance, Painting, Architecture, etc., arrive with their Attendants, and Et dans le temple de Mémoire, And in the temple of Remembrance,
Suivants, & élevent un Théâtre magnifique. create a splendid Theatre. Les Dieux prendront soin de sa gloire. The Gods will take care of his glory.
Joignons nos voix &c. Let us join our voices, etc.
Chœur des Divinités des Arts [cd i : 06] Chorus of the Divinities of the Arts
Servons le fils du plus grand roy du monde, Let us serve the son of the world’s greatest King; Les Genies des Arts recommencent leur Danse. The Divinities of the Arts resume their Dance.
C’est un employ digne des Dieux. It is an occupation worthy of the Gods.
Premier Air [cd i : 10] First Air
Entrée de Genies qui président aux Arts. Entrée (dance) for the Divinities who preside over the Arts
Second Air [cd i : 11] Second Air
Air pour les Arts [cd i : 07] Air for the Arts
Premier et second Passepied [cd i : 12] First and second Passepied
Deuxième Air. Rondeau [cd i : 08] Second Air. Rondeau
Minerve [cd i : 13] Minerva
Un des Arts One of the Arts Jeunes cœurs échapez à la fureur de Mars, Young hearts, escape the fury of Mars,
Qu’Amour dans nos festes May the God of Love Venez, venez de toutes parts Come, come from all around
Fasse ses conquestes, Make conquests at our celebrations; Faire au champ de l’amour les moissons les plus belles ; To reap fine harvests in the field of Love;
Où ce Dieu n’est pas, Where that God is absent, Venez vous délasser de vos travaux guerriers, Come, rest from your martial toils,
Trouve-t-on des appas ? Does one find such charms? Faites icy des conquestes nouvelles, Make new conquests here,
Venez, cœurs sensibles Come, sensitive hearts, Les Myrthes quelquefois valent bien des Lauriers. For Myrtles can be as fine as Laurels.
Dans ces lieux paisibles, In these peaceful surroundings
Il garde pour vous, He reserves for you [cd i : 14]
Les plaisirs les plus doux... The sweetest of pleasures... Celebrez un Roy plein de gloire ; Celebrate a most glorious King;
Qu’Amour, &c. May the God of Love, etc. Ses travaux vous ont fait un repos précieux. His works have brought you precious repose.
Il cause des larmes, He is the cause of tears, Mille exploits éclatants consacrent sa memoire, A thousand brilliant deeds consecrate his memory;
Des soins, des allarmes, Cares and fears, Il sçait à ses Drapeaux enchaisner la victoire. He knows how to bind victory to his cause.
Mais, ses biens parfaits, But his perfect advantages La Paix descend pour luy des Cieux. Peace descends for him from the Heavens.
Nous vangent de ses traits... Make up for the pain of his arrows...
Qu’Amour, &c. May the God of Love, etc. Le Chœur Chorus
Celebrons un Roy plein de gloire, Let us celebrate a most glorious King;
L’Ordonnateur [cd i : 09] The Ordinator Ses travaux nous ont fait un repos précieux. His works have brought us precious repose.
Les Dieux seuls en ce jour auront-ils l’avantage, Will only the gods today have the boon Mille exploits éclatants consacrent sa mémoire, A thousand brilliant deeds consecrate his memory;
De divertir le Maistre de ces lieux ? Of entertaining the Master of this abode? Il sçait à ses Drapeaux enchaisner la victoire. He knows how to bind victory to his cause.
Entre les mortels & les Dieux Between mortals and the Gods La Paix descend pour luy des Cieux. Peace descends for him from the Heavens.
Il faut que ce bien se partage. This benefit must be shared.

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Minerve [cd i : 15] Minerva Fait bien souvent expirer sa tendresse. Often causes his love to expire!
Vous qui suivez mes pas, remplissez mon attente, You who follow my steps, fulfil my expectation, Amour, toy qui peus tout charmer, Cupid, you who are capable of charming all things,
Montrez par les attraits d’un spectacle pompeux Show through the charms of a splendid entertainment Pourquoi faut-il sous ton empire, Why must it be that under your rule
Tout ce que Venise a de jeux All the sporting that is to be found in Venice Qu’on ait tant de plaisir d’aimer, We have so much pleasure in loving,
Dans la Saison la plus charmante. In this, the most charming of Seasons. Et qu’on risque tant à le dire ? Yet risk so much in declaring our love?
Isabelle paroît, un secret mouvement Here comes Isabella; a secret movement
On reprend l’ouverture pour l’entracte [cd i : 16] The overture is repeated for the interlude Augmente ma crainte fatale : Of the heart increases my mortal fear:
Ciel ! n’est-ce point une rivale ? Heavens! Is she not a rival?
[Fin du Prologue] [End of the Prologue] Ah ! qu’un cœur amoureux est jaloux aisément. Ah, how easily a loving heart grows jealous!

Scène 2 Scene 2
Isabelle, Léonore Isabella, Leonora

Isabelle [cd i : 18] Isabella


Acte premier Act i Dans ce beau jour où tout enchante, In this lovely spot where all is enchantment,
Je viens donner quelques moments I have come to spend a few moments
Le Théâtre représente la Place S. Marc de Venise. St Mark’s Square in Venice. Aux jeux, aux spectacles charmants, In sporting, and the charming entertainments
Qu’icy la Saison nous présente. The season offers us here.
Scène 1 Scene 1
Léonore, seule Leonora, alone Léonore Leonora
Dans ces spectacles, dans les jeux, In these entertainments, and in sporting,
Ritournelle [cd i : 17] Ritornello Ce n’est point cet éclat pompeux, It is not always the pomp and splendour
Qui toûjours nous attire ; That attract us;
Léonore Leonora Sous ce prétexte, dans ces lieux, Under that pretext, Cupid makes a point
J’ay fait l’aveu de l’ardeur qui m’enflame, I have confessed to the passion, with which I burn. L’Amour prend soin de nous conduire, Of leading us to these places,
L’Amour a vaincu la fierté, Love has overcome pride, Pour y voir quelque objet qui nous plaist encor mieux. There to see some object that pleases us all the more.
Cet aveu qui m’a tant coûté, But that confession, which caused me such pains,
D’un nouveau trouble agite encor mon ame. Now with a new uneasiness stirs my soul. Isabelle Isabella
Amour, toy qui peus tout charmer, Cupid, you who are capable of charming all things, Je ne veux point faire un mistere I shall make no mystery
Pourquoi faut-il sous ton empire, Why must it be that under your rule De l’amour qui peut m’engager, Of the love that engages my heart:
Qu’on ait tant de plaisir d’aimer, We have so much pleasure in loving J’aime un jeune Etranger, I am in love with a young man from abroad,
Et qu’on risque tant à le dire ? Yet risk so much in declaring our love? Et je cherche en ces lieux l’objet qui a m’a sçeû plaire. And here I am seeking the object of my delight.
Je cherche en vain de toutes parts. Everywhere I search in vain;
Leandre ne vient point s’offrir à mes regards. Léandre does not let me set my eyes on him. Léonore Leonora
Depuis qu’il connoist ma foiblesse, Since he learned of my weakness, A vous faire un pareil aveu The secret you have imparted
Je ne voy plus le mesme empressement ; He no longer shows the same attentions; Cette confidence m’engage, Commits me to make a similar confession:
Helas ! ce qui devroit animer un Amant Alas, that which ought to encourage a lover Et pour un Etranger, j’ay senty naistre un feu, I too have conceived a passion for a foreigner,

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Que son cœur avec moi partage. And he loves me in return. Léonore Leonora
De ses tendres regards je me sens enchanter ; I am enchanted by his tender glances. Il vient ; penetrons dans son ame Here he comes; let us sound
Le secret de sa flame. The secret of his heart.
Isabelle Isabella
A ses discours flateurs je n’ai pû resister ; I could not resist his flattering words. Scène 3 Scene 3
Léandre, Isabelle & Léonore Léandre, Isabella and Leonora
Léonore Leonora
Il m’aime d’une ardeur extrême, He loves me with the greatest passion; Isabelle [cd i : 19] Isabella
Il m’a juré de m’aimer constament. He swore to love me constantly. Puis-je croire que vostre cœur, Can I believe that your heart,
Pour une autre que moi soûpire ? Longs not for me, but for another?
Isabelle Isabella
Le tendre Amant que j’aime The tender lover who has my heart has made Léonore Leonora
M’a fait cent fois mesme serment. The same promise to me a hundred times. Ingrat, ne m’as-tu pas mille fois osé dire, Ingrate, did you not tell me a thousand times
Que tu brûlois pour moy d’une sincere ardeur ? That your love for me was sincere?
Léonore Leonora
Apprenez-moy le nom de cet Amant fidelle : Tell me the name of your faithful lover. Léandre Léandre
Quand je vous vois ensemble, When I see you together,
Isabelle Isabella L’Amour qui dans vos yeux, tous ses charmes rassemble, Cupid, who in your eyes gathers
Nommez-moi cet objet de vostre amour nouvelle, Name the object of your new love. Est également triomphant ; All his charms, is triumphant too;
Entre deux beaux objets, qui tous deux sçavent plaire, Between two fair objects, both of them pleasing,
Léonore et Isabelle, ensemble Leonora and Isabella, together Le choix est difficile à faire, The choice is hard to make,
C’est Leandre. His name is Léandre. Et l’un de l’autre me deffent. And the one forbids me to choose the other.
Qu’entens-je ? ô Dieux ! What do I hear? O Gods!
Léonore Leonora
Léonore Leonora Explique-toy sans artifice ! Explain yourself without dissembling!
Le perfide ! The traitor!
Isabelle Isabella
Isabelle Isabella Il est temps enfin de parler ! The time has come to speak plainly at last!
L’ingrat ! The ingrate!
Léonore Leonora
Léonore Leonora Il ne faut plus dissimuler ! Dissimulate no more!
Il faut briser nos nœux, We must break off with him.
Que mon dépit fasse éclater le vostre, Let my indignation cause you to express yours! Léandre Léandre
Il nous abuse l’une et l’autre. He is abusing one of us. Quelle contrainte ! quel suplice ! What constraint! What torture!
De vos tendres regards j’ay senty les attraits, I felt the allurement of your tender glances,
Isabelle Isabelle Je vous aimay, charmante Leonore ; I loved you, charming Leonora;
Peut-estre que l’ingrat nous trompe toutes deux. Perhaps the ingrate is deceiving both of us. Mais des yeux plus puissants encore But eyes with still greater powers

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Ont soûmis mon cœur à leurs traits ; Have pierced my heart; Un Esclavon A Sclavonian
C’est Isabelle que j’adore It is Isabella I adore, Amor, amor te’l giuro a fé Cupid, Cupid, I swear it upon my word,
Pour ne changer jamais. And that will never change. Tuo crudo stral non fa più per me. Your cruel arrows are no longer for me.

Léonore Leonora Le Chœur Chorus


Ciel ! que viens-je d’entendre, & que ma peine est rude ! Heavens! What have I heard? How severe my pain! Amor, amor te’l giuro a fé Cupid, Cupid, I swear it upon my word,
Oses-tu declarer ton infidelité ! Dare you declare your infidelity! Tuo crudo stral non fa più per me. Your cruel arrows are no longer for me.

Isabelle Isabella Un Esclavon A Sclavonian


En amour bien souvent, un peu d’incertitude Very often, in love, a little uncertainty Lungi da me vaga beltà, Begone, fair beauty!
Flatte plus que la verité. Is more pleasing than the truth. Non mi giova la crudeltà, I want no cruelty:
Chi vuol sospirar Fall in love who will!
Léonore Leonora Puo s’innamorar, Cupid, I want nothing
Joüis de ta victoire orgueilleuse Rivale, Enjoy your victory, arrogant rival, Amor non la voglio con te, To do with you,
Insulte encor à mon malheur ; Further insult me in my misfortune! Lascia mio core in libertà. Leave my heart free.
Et toy, perfide Amant, crois-tu voir dans mon cœur And you, faithless lover, do you think you will see
Dissiper en regrets ma tendresse fatale ? My unhappy love dispelled in lamentation? Le Chœur Chorus
Non, ingrat ! je prétens que mon courroux égale No, ingrate! My wrath shall be vented; Amor, amor te’l giuro a fé Cupid, Cupid, I swear it upon my word,
Et surpasse encor mon ardeur. It will be stronger still than my ardour. Tuo crudo stral non fa più per me. Your cruel arrows are no longer for me.
Je veux qu’à ma vengeance offert en sacrifice I want one of you to perish,
L’un ou l’autre perisse, As a victim of my revenge; Un Esclavon A Sclavonian
J’en atteste le Ciel, en ce funeste jour I swear to Heaven, on this woeful day Grata mercé di costante fé, In vain, to flatter me a little,
La haine vangera l’amour. That hatred shall avenge love! Indarno vien a consolar me, Constancy shows me a prize that I desire;
Col foco non voglio più scherzar, No longer shall I play with fire:
Léandre (à Isabelle) Léandre (to Isabella) Amor per me gioco non è, Love for me is not a game;
Que ces vains projets de vengeance May these vain plans for revenge Voglio rider e non avvampar. I want to laugh and not to burn.
Ne servent qu’à serrer nos nœux. Serve only to bring us closer together.
De divers Estrangers une troupe s’avance, A company of various foreigners advances, Le Chœur Chorus
Ecoutons leurs concerts, prenons part à leurs jeux. Let us listen to their concerts, take part in their games. Amor, amor te’l giuro a fé Cupid, Cupid, I swear it upon my word,
Tuo crudo stral non fa più per me. Your cruel arrows are no longer for me.
Scène 4 Scene 4
Une Troupe de Bohemienes, d’Armeniens & d’Esclavons, avec des A company of Bohemians, Armenians and Sclavonians, with guitars, La Troupe continuë les jeux & danse la Villanelle. The company continues to sport & dances the Villanella.
guittares, vient dans la Place S. Marc, prendre part aux plaisirs du enters St Mark’s Square to take part in the Carnival celebrations.
Carnaval. La Villanelle [cd i : 21] Villanella

La Vénitienne [cd i : 20] La Vénitienne Un Musicien de la Troupe One of the Musicians


Formons s’il est possible, Let us make, if we can,

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Les plus doux concerts, The sweetest concerts; Isabelle Isabella
Ce séjour est paisible This abode is peaceful Je crains une Rivale, & mon ardeur fidelle, I fear a rival, and my faithful love,
Dans le sein des Mers. In the bosom of the Seas. Me fait sentir de mortelles terreurs. Makes me feel mortal terror.

Le Chœur Chorus Léandre Léandre


Formons s’il est possible, &c. Let us make, if we can, etc. Ne craignez rien de ses fureurs. Have no fear of her fury.

Le Musicien The Musician Isabelle Isabella


Neptune plus tranquile Calmer now, in compliance Je crains plus de vostre inconstance ; I have more fear of your inconstancy.
Pour flater nos vœux With our wishes, the realm of Neptune
Sert dans ce doux azile Serves in this sweet refuge Léandre Léandre
De theatre aux jeux. As the setting for our sports. Ah ! que cette crainte m’offence. Oh, how that fear offends me!

Le Chœur Chorus Isabelle Isabella


Formons s’il est possible, &c. Let us make, if we can, etc. Pourquoy vous offencer de la juste frayeur Why be offended by legitimate qualms,
Dont je sens les atteintes ? Which I indeed feel?
Le Musicien The Musician Les troubles & les craintes, Agitation and apprehension
Nous ressentons dans l’onde We can feel in the water Sont les premiers effets d’une naissante ardeur. Are the first signs of newborn love.
Le flambeau d’amour, Cupid’s flaming torch,
Il est plus cher au monde, Which is dearer to the world Léandre Léandre
Que celuy du jour. Than the Sun. De ce tendre discours que mon ame est ravie ! How delighted is my soul to hear those tender words!

Le Chœur Chorus Isabelle Isabella


Formons, s’il est possible, &c. Let us make, if we can, etc. D’un jaloux odieux, je crains la barbarie ; I fear the barbarity of one who is odious and jealous;
Si nostre amour éclatoit à ses yeux, Were he to become aware of our love,
Scène 5 Scene 5 Rien ne pourroit calmer ses transports furieux. Nothing would calm the violence of his fury!
Léandre et Isabelle Léandre and Isabella
Léandre Léandre
Ritournelle [cd i : 22] Ritornello L’Amour armé de la constance Love armed with constancy
Ne craint ni Rivaux ni Jaloux, Fears neither rivalry nor jealousy;
Léandre Léandre Si nos cœurs sont d’intelligence If our hearts are deeply bound,
Vous brillez à mes yeux d’une grace nouvelle, My eyes perceive in you a new grace Rien n’est à redouter pour nous. We have nothing to fear.
Et je brûle pour vous d’une nouvelle ardeur : And with new ardour I burn for you: D’un rival importun tromper la vigilance Eluding importunate jealousy
La Mere des Amours ne fut jamais si belle, Venus herself was never so beautiful, C’est goûter par avance Gives a foretaste of the sweetest
Tout le feu de vos yeux a passé dans mon cœur. All the fire in your eyes has passed into my heart. Ce que l’Amour a de plus doux. That love has to offer.

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Isabelle Isabella Acte deuxième Act ii
Brûlerez-vous pour moy d’une flame sincere ? Will you love me truly?
Le Théâtre représente la Salle des Réduits de Venise, qui est un lieu The scene represents the Ridotto, a gaming house in Venice, where peo-
Léandre Léandre destiné pour le Jeu pendant le Carnaval. ple come to gamble at Carnival time.
Pouvez-vous vous connoistre, & me le demander ? Can you know yourself, and ask me that?
Scène 1 Scene 1
Isabelle Isabella
La conqueste d’un cœur est plus aisée à faire It is easier to win a heart Rodolphe, seul [cd i : 24] Rodolfo, alone
Qu’elle n’est facile à garder. Than to keep it. Vous qui ne souffrez point les peines You who suffer not the pains
Qui déchirent les cœurs jaloux, That plague jealous hearts,
Léandre Léandre Quel que soit le poids de nos chaisnes, No matter how heavy your chains,
Bannissez ces allarmes, Banish these fears, Amants ! que vôtre sort est doux ! Lovers, how sweet is your fate!
Rendez le calme à vostre cœur, Let your desires be at peace. Deux Tyrans dans mon cœur exercent leur furie ; Two Tyrants in my heart express their fury;
Vos beaux yeux & vos charmes Your lovely eyes, your charms L’Amour, le tendre Amour Love, tender Love
Vous repondront de mon ardeur. Will vouch for my passion. Y fait naistre la jalousie, Arouses Jealousy,
Et mes jaloux transports par un cruel retour And my fits of jealousy, by a cruel return,
Ensemble Together Y font mourir l’amour qui leur donna la vie. Kill the love of which they were born.
Goûtons sans nous contraindre Without constraint let us savour Vous qui ne souffrez point les peines You who suffer not the pains
Les plaisirs les plus doux ! The sweetest of pleasures! Qui déchirent les cœurs jaloux, That plague jealous hearts,
Ah ! que pouvons-nous craindre Oh, what have we to fear, Quel que soit le poids de nos chaisnes No matter how heavy your chains,
Si l’Amour est pour nous ? If the God of Love is on our side? Amants ! que vostre sort est doux ! Lovers, how sweet is your fate!

La Vénitienne pour l’entracte [cd i : 23] First Venetian Dance for the interlude Scène 2 Scene 2
Léonore, Rodolphe Leonora, Rodolfo
[Fin du Premier Acte] [End of the First Act]
Léonore [cd i : 25] Leonora
Malgré toute l’ardeur qui regne dans vostre ame, Despite all the passion that reigns in your soul,
On vous seduit, on trahit vostre flame. Your love has been misled, betrayed.

Rodolphe Rodolfo
Ah ! je m’en doutois bien, & mes soupçons jaloux Ah! I guessed as much; before you did so,
M’en avoient instruit avant vous. My jealous suspicions had told me this.

Léonore Leonora
Un autre Amant sans resistance, Without resistance another lover
Remporte le prix le plus doux, Carries off the sweetest prize,

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Que méritoit vostre constance. Which you in your constancy deserved. Ensemble Together
Que l’Amour dans nos cœurs se transforme en colere : Let the love in our hearts turn to anger:
Rodolphe Rodolfo Vangeons-nous, hastons nos coups ; Let us be avenged; let us hasten our blows;
Nommez-moy seulement le Rival qui m’offence, Just give me the name of the rival La vengeance qu’on differe Revenge deferred
Et laissez agir mon couroux. Who wrongs me, and my wrath will take action. Perd ce qu’elle a de plus doux. Loses much of its sweetness.

Léonore Leonora Rodolphe Rodolfo


L’affront est égal entre nous ; We both suffer the same affront; Rien ne peut s’opposer à mon impatience, Nothing shall stand in the way of my impatience;
Je veux partager la vengeance. I want to share in the revenge. Allons, courons à la vengeance. Come, let us hasten to revenge!
Un Ingrat me juroit de vivre sous mes loix, An ingrate swore he would love me;
Je me flatois de ce bonheur extrême, I felt sure such happiness was mine. Scène 3 Scene 3
On se laisse aisement tromper par ce qu’on aime, How easily we are deceived the first time La Fortune paroist suivie d’une Troupe de Joüeurs de toutes Nations. Fortune appears, followed by a group of Gamblers of every nationality.
Lors que l’on est trompé pour la premiere fois. By the one we love!
À ce perfide Amant Isabelle à sçû plaire, Isabella appealed to that perfidious lover, Marche de la Fortune [cd i : 27] March of Fortune
Et Leandre à ses yeux... And Léandre to her eyes...
Chœur de Suivants de la Fortune Chorus of the Followers of Fortune
Rodolphe Rodolfo Suivons tous d’une ardeur fidelle, Let us all follow with faithful ardour,
O Ciel ! que dites-vous ? O Heavens! What are you saying? C’est la Fortune icy qui nous appelle ; For it is Fortune who summons us here;
Son pouvoir peut combler nos vœux. Her power can fulfil our wishes.
Ensemble [cd i : 26] Together Tous les biens vollent autour d’elle, All good things escort her,
Que l’Amour dans nos cœurs se transforme en colere : Let the love in our hearts turn to anger: C’est elle qui nous rend heureux. It is she who makes us happy.
Vangeons-nous, hastons nos coups ; Let us be avenged; let us hasten our blows;
La vengeance qu’on differe Revenge deferred La Fortune [cd i : 28] Fortune
Perd ce qu’elle a de plus doux. Loses much of its sweetness. Je suis fille du sort, inconstante & legere, I am the daughter of Fate, fickle and flighty,
Tout flechit sous ma loy. Everything submits to my law.
Léonore Leonora De tous les Dieux que le monde revere, Of all the gods whom the world reveres,
Et toy, sors de mon cœur, And you, unworthy, feeble Quel autre a plus d’encens que moy ? Who receives more praise than I?
Indigne & foible reste Remains of a fruitless love, Je traisne à mon Char la victoire, I drag victory behind my chariot,
D’une impuissante ardeur Begone from my heart! Je brise quand je veux des trônes éclatants ; I smash splendid thrones at will;
Ne me parle plus en faveur Speak no more in favour Et je puis à tous les instants And at any time, by some event,
D’un perfide que je deteste. Of a traitor whom I detest! Par quelque évenement, éterniser ma gloire. I can perpetuate my fame.
Venez implorer mon secours, Come, implore my aid, ye lovers
Rodolphe Rodolfo Amants qu’un triste sort accable ; Overwhelmed by a sorry fate;
J’étoufferai la voix d’une pitié funeste I shall stifle the voice of fatal pity, Je fais naistre à mon gré le moment favorable, As I please, I bring the opportune moment;
Qui crie en vain dans le fond de mon cœur. Which cries out in vain in the depths of my heart. Que sans moy l’on attend toûjours. Without me you go on waiting.

Entrée de Suivants de la Fortune. Entrée (dance) for the Followers of Fortune

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Premier Air pour les Suivants de la Fortune [cd i : 29] First Air for the Followers of Fortune Scène 4 Scene 4
Le Théatre change & représente une vûë de plusieurs Palais ou The scene changes to a view of several palaces and balconies. The rest
Second Air pour les Suivants de la Fortune [cd i : 30] Second Air for the Followers of Fortune Balcons. Le reste de l’Acte se passe pendant la nuit. of the Act takes place during the night.

Un Masque A Masker Rodolphe, seul [cd i : 33] Rodolfo, alone


De tes rigueurs I fear neither your severity De ses voiles épais, la nuit couvre les Cieux. Night veils the Heavens in darkness.
Ny de tes faveurs, Nor your favours, Je sçais que mon rival dans l’ardeur qui le presse, In the urgency of his love, I know that my rival
Fortune inconstante, O fickle Fortune, Doit icy par ses Chants exprimer sa tendresse, Will come here to express his love in song.
Je ne crains rien, rien ne me tente, And nothing tempts me; Pour l’observer, cachons-nous en ces lieux. Let us step aside and watch.
Tout ton pouvoir I neither fear nor trust in
Ne fait ni ma crainte ni mon espoir. Your mighty power. Rodolphe se retire dans un coin du Théâtre. Rodolfo withdraws to a corner of the stage.
Le bien qui peut enchanter mon ame The pleasure that can enchant my soul
Est de bruler d’une constante flâme, Is to burn with a constant flame, Scène 5 Scene 5
Et d’allumer de semblables feux. And to kindle similar fires.
Deux yeux Two eyes, Léandre, conduisant une Troupe de Musiciens, Léandre, leading a group of musicians,
Touchants, Touching, pour donner une Serenade à Isabelle [cd i : 34] to serenade Isabella
Charmants, Charming, Doux charme des ennuis, & des peines pressantes Sweet soother of troubles and pressing woes,
Elevent mon sort aux Cieux, Make my fate heavenly; Favorable divinité, Gracious divinity, O Sleep!
Sans cesse je les implore, Constantly I implore them, Sommeil ! qui dans la fausseté You who in the falsity
Je les adore, I adore them: De tes illusions charmantes Of your charming illusions
Ce sont mes roys, ma fortune, & mes Dieux. They are my Sovereigns, my Fortune, my Gods. Nous fais goûter la verité Enable us to enjoy the verity
De cent douceurs les plus touchantes. Of a hundred most touching pleasures.
Reprise du second Air The second Air is repeated Viens verser sur cette beauté Come, shed upon this Beauty
De tes pavots les vapeurs les plus lentes, Your poppies’ most lingering vapours,
Premier et second Canaries [cd i : 31] First and second Canaries Et fais que son cœur enchanté, And grant that her enchanted heart
Joüisse du repos que ses yeux m’ont osté. Enjoy the repose of which her eyes deprive me.
La Fortune [cd i : 32] Fortune
Vos chants ont eu pour moy de sensibles douceurs, I find your singing sweet and tender; Deux Musiciens se joignent à Léandre, Two musicians join Léandre;
Je reconnoîtray vôtre zéle ; I shall recognise your zeal. & chantent le Trio italien qui suit. they sing the following Trio in Italian.
Vous avez par vos Jeux merité mes faveurs, By your sporting you have earned my favours,
Venez où la Fortune en ce jour vous appelle. Come to where Fortune summons you this day. Trio italien [cd i : 35] Trio
Luci belle, dormite. Lovely eyes, go to sleep;
Le Chœur Chorus Deh! per pietà, un momento cessate Pray, cease awhile, I beg you,
Allons où la Fortune en ce jour nous appelle. Let us go to where Fortune summons us this day. Con i dardi Stop darting,
Di vostri sguardi O lovely eyes,
Di rinnovar al cor le mie ferite. Glances that wound my heart.

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Léandre, appercevant quelqu’un au balcon d’Isabelle Léandre, noticing someone on Isabella’s balcony Scène 8 Scene 8
L’Amour me favorise, & je vois dans ces lieux Cupid favours me, and here I see
Une clarté nouvelle, A new brightness; Isabelle, croyant parler à Léandre [cd i : 38] Isabella, thinking she is speaking to Léandre
N’en doutez point mes yeux, Doubt it not, my eyes: Je cede à mon impatience, I yield to my impatience,
C’est l’Aurore, ou c’est Isabelle. Dawn it is, or else it is Isabella. Et tandis que la nuit triomphe encor du jour, And while night still triumphs over day,
Cher Leandre ! je viens conduite par l’Amour, Dear Léandre, I come driven by love,
Scène 6 Scene 6 Vous dire de mes feux toute la violence. To express all the passion of my flame.
Quel plaisir de tromper & les soins & les yeux, What pleasure it is to elude the diligent eye
Isabelle, sur un balcon [cd i : 36] Isabella, on her balcony D’un jaloux importun qui m’obséde en tous lieux ! Of an irksome, jealous man, who is forever spying on me!
Mi dice la speranza Hope tells me Que je le hays ! que son amour me gesne ; How I hate him! How his love annoys me!
Ch’il tormento That our pains Rien n’est comparable à la haine Nothing is as strong as the hatred
In contento Will become Que je ressens pour ce jaloux, I feel for that jealous one -
Si cangerà. Pleasures. Que l’amour violent dont je brûle pour vous ! Except the passion I feel for you!
Tra le spine nascosa Amidst cruel thorns
Si trova la rosa, Blooms the fair rose, Rodolphe Rodolfo
Frà le pene amor trionferà. Amidst suffering love will triumph. Ingrate, Ingrate!

Léandre Léandre Isabelle Isabella


Quelle felicité peut égaler la mienne ? What bliss can equal mine? Ah Ciel ! Oh, Heavens!
Il faut quitter ce lieu charmant, We must leave this charming place,
Un jaloux s’endort avec peine, One who is jealous has trouble sleeping Rodolphe Rodolfo
Mais il se réveille aisément. And is easily awakened. Ma voix t’estonne. My voice takes you by surprise.
Je sçais les trahisons où ton cœur s’abandonne. I know of the betrayals to which your heart gives way.
Scène 7 Scene 7
Isabelle Isabella
Rodolphe, sortant du lieu où il estoit caché [cd i : 37] Rodolfo, coming out of hiding Si le sort trahit votre espoir If fate betrays your hope,
Je me suis fait trop longtems violence I have restrained myself for too long, C’est à vous qu’il faut vous en prendre, You have only yourself to blame.
Je ne puis plus cacher mes transports furieux ; I can no longer hide my rage; Pourquoy cherchez-vous à sçavoir Why do you seek to find out
Où donc est cet audacieux ? Where is that presumptuous fellow? Ce qu’on ne veut pas vous apprendre ? What you are not meant to know?
Mais il fuit en vain ma présence ; But he flees my presence in vain;
Avant que le Soleil paroisse dans ces lieux, Before the sun rises in this place, Rodolphe Rodolfo
Les Ministres de ma vengeance, The ministers of my revenge O Dieux ! O Gods!
Esteindront dans son sang ses feux injurieux. Shall extinguish his offensive flames with his blood.
Isabelle Isabella
Ne m’aimez plus, rompez, rompez des nœux, Love me no more; break the ties
Qui ne sçauroient vous rendre heureux. That could not make you happy.

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Rodolphe Rodolfo Scène 9 Scene 9
Puis-je briser la chaisne qui m’accable ? Can I break a chain that is too strong for me?
Mon cœur par vos attraits s’est trop laissé charmer, My heart has been taken in too much by your charms. Rodolphe, seul [cd i : 39] Rodolfo, alone
Si vous ne voulez pas m’aimer If you will not love me, Pour trouver un Amant qu’en vain ton cœur adore To find a lover your heart loves in vain
Souffrez du moins que je vous trouve aimable. At least allow me to find you worthy of my love. La nuit n’a point d’horreur pour toy ; Night holds no horror for you;
Je veux vous adorer malgré moy, malgré vous ; I will adore you despite myself, despite you, Et tu crains avec moy And with me you fear
J’espere que le temps rendra mon sort plus doux. And I hope that time will make my fate sweeter. Le retour de l’Aurore. The return of dawn.
Va, cours, chercher ce Rival odieux, Go, hurry, seek that odious rival,
Isabelle Isabella Qui de ton cœur s’est rendu maistre, Who has made himself master of your heart!
Dans mes yeux vous avez pû lire In my eyes you could have read Tes mépris trop injurieux Your most offensive contempt
Le sort que vous gardoit mon cœur : The fate my heart reserved for you: Estouffent tout l’amour que j’ay pris dans tes yeux. Smothers all the love I have taken in your eyes.
Jamais d’aucun regard flateur Never with a flattering look Mais mon juste dépit te fera bien connaistre, But my rightful anger will show you
Ay-je entrepris de vous seduire ? Have I tried to mislead you! Que si je sçais aimer, je hays encore mieux. That, if I know how to love, I hate even better!
Ah ! quand on ressent quelque ardeur, Ah, when one feels some passion,
Les yeux sont ils si longtemps à le dire ! Are the eyes so long in saying so? On reprend la Villanelle pour l’entracte [cd i : 40] The Villanella is repeated for the interlude

Rodolphe Rodolfo [Fin du Second Acte] [End of the Second Act]


Pour rendre le calme à mes sens In order to calm my senses
Et pour payer l’amour dont mon ame est atteinte, And to pay for the love with which my soul is smitten,
Dites que vous m’aimez, trompez-moi, j’y consens, Say that you love me - deceive me, I am willing.
Cette fausse bonté, cette cruelle feinte, Perhaps that false pity, that cruel pretence
Peut-estre calmeront les tourmens que je sens. Will ease the pains I feel.
Acte troisième Act iii
Isabelle Isabella
C’est une peine quand on aime It is painful enough, when one loves, Le Théâtre représente une Place de Venise environnée de Palais A square in Venice, with magnificent palaces on every side; canals, on
D’avoüer un penchant qu’on trouve plein d’appas, To confess to a fondness one finds full of charms; magnifiques, où se rendent quantité de Canaux couverts de Gondoles. which can be seen many gondolas, converge on the square.
Ce seroit un supplice extrême, It would be sheer torture
De declarer des feux que l’on ne ressent pas. To declare a love one does not feel! Scène 1 Scene 1
Rodolphe Rodolfo Léonore, seule [cd ii : 01] Leonora, alone
Mon tendre amour, de vostre haine, Will my tender love never Transports de vengeance & de haine, O transports of vengeance and hatred,
Ne sera-t’il jamais victorieux ? Overcome your hatred? Succedez à l’Amour qui regnoit dans mon cœur. Replace the love that reigned in my heart!
Vous gardez le silence ; insensible, inhumaine ! You say nothing - you are insensitive, cruel! Mon amant va perir, & sa mort est certaine, The ingrate shall perish, his death is certain.
Peut-estre en ce moment une main inhumaine... Perhaps even at this moment a cruel hand…
Isabelle Isabella Je tremble... je fremis d’horreur ; I tremble... I shudder with horror.
L’Aurore va paroistre, il faut quitter ces lieux. Day is about to dawn; you must leave. Barbares... arrestez... vostre fureur est vaine, Barbarians... stop... your fury is in vain:

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L’ingrat que vous percez cause encor ma langueur. I still languish with love for the ingrate you stab. Ensemble: Together:
Transports de vengeance & de haine, O transports of vengeance and hatred, Léonore Leonora
Ne chassez point l’amour qui flatte encor mon cœur. Do not drive out the love, which still delights my heart. C’est toy qui luy perces le cœur. You stabbed him through the heart.
Mais, il vit pour une autre ! une pitié soudaine But oh, he lives for another!
Doit-elle s’opposer à mon dépit vangeur ? Is a sudden pity to thwart my vengeful anger? Rodolphe Rodolfo
Ministres qui servez le courroux qui m’entraîne, Ministers who serve the wrath that goads me, C’est vous qui luy percez le cœur. You stabbed him through the heart.
Frapez... & qu’en mourant cet infidelle apprenne, Strike... and in dying let that traitor learn
Que je l’immole à ma fureur. That I sacrifice him to my fury! Léonore Leonora
Transports de vengeance & de haine, O transports of vengeance and hatred, Cruel, dis-moi quel est son crime ? Cruel one, tell me, what was his crime?
Succedez à l’Amour qui regnoit dans mon cœur. Replace the love that reigned in my heart!
Rodolphe Rodolfo
Scène 2 Scene 2 Vous demandiez une victime. You wanted a victim.
Rodolphe, Léonore Rodolfo, Leonora
Ensemble: Together:
Rodolphe [cd ii : 02] Rodolfo Léonore Leonora
À la fin vous estes vangée : At last you are avenged: Devois-tu croire mon ardeur ? Did you have to believe I was in earnest?
J’ay servy le juste transport I have served the righteous anger C’est toy qui luy perces le cœur. You stabbed him through the heart.
De nostre tendresse outragée ; Of our offended love;
Vostre ingrat ne vit plus, & mon Rival est mort. Your ingrate is no more, and my rival is dead. Rodolphe Rodolfo
Deviez-vous armer ma fureur ? Did you have to arm my fury?
Léonore Leonora C’est vous qui luy percez le cœur. You stabbed him through the heart.
Il est mort ! justes Dieux ! ma bouche impitoyable He is dead! Just gods! Unmercifully
A prononcé l’arrest de son trépas. My mouth pronounced his death sentence. Rodolphe Rodolfo
Qu’ai-je fait, malheureuse, helas ! Oh, wretched, alas, what have I done? Calmez les déplaisirs dont vostre ame est saisie ; Calm the distress that grips your soul;
Pour oublier leur perfidie Let us love each other, unite our hearts,
Rodolphe Rodolfo Aimons-nous, unissons nos cœurs, In order to forget their treachery;
Il ne vit plus : & le Ciel redoutable He is no more, and redoubtable Heaven Et que l’amour formé de nos communs malheurs Let love formed by our common misfortunes
S’il respiroit encor ne le sauveroit pas. Would not save him if he still breathed. Soit le fruit de la jalousie. Be the fruit of jealousy.

Léonore Leonora Léonore Leonora


Ô Ciel ! Tu l’as souffert, & ta main équitable You allowed this, O Heaven, and yet your equitable hand Que je m’unisse à toy, I, marry you,
Ne punit point ces attentats : Punishes not such criminal acts! Monstre sorty de l’infernal empire ! Monster from hell!
Que fais-tu ? qui retient ton bras ? What are you doing? Who restrains your arm? Va... fuy... je fremis d’effroy Go... Flee... I shudder
Lance ta foudre épouvantable Hurl your dreadful thunderbolt Que le jour que je voy, With horror to think
Sur ce traistre, ou sur moy, fais voler ses éclats, At this traitor, or at me; let its brilliance fly, Que l’air que je respire, That I see the same daylight,
Tu ne sçaurois manquer de fraper un coupable. You cannot fail to strike one who is guilty. Me soient communs avec toy. Breathe the same air as you!

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Scène 3 Scene 3 Le Chœur Chorus
Nous triomphons sur les eaux, sur la terre, We triumph on water and on land,
Rodolphe [cd ii : 03] Rodolfo Nous meslons dans nos jeux l’image de la guerre. And in our sporting we include the image of war.
Laissons de ses regrets calmer la violence. Let us leave her to calm the vehemence of her remorse. Meslons aussi dans ce beau jour, So on this fine day, which heaps glory upon us,
Qui nous comble de gloire, Let us mingle
On entend un bruit de réjoüissance. Sounds of rejoicing are heard. Des Chansons d’amour Love songs
Aux Chants de victoire, With our songs of victory,
Mais le party victorieux The victorious party in the fight Des Chansons d’amour Love songs
Du combat que le peuple a donné dans ces lieux Given before the people here Au Son du Tambour. To the sound of the drum.
Vient montrer sa réjoüissance. Is coming to show its joy.
Allons faire sçavoir à l’objet qui m’offence Let us go and inform Isabella, who betrayed me, Des Castellans & des Castellanes témoignent par leur Danse la joye Some of the Castellani, men and women, dance in celebration of their
Un trépas dont son cœur sera saisi d’effroy : Of a death that will fill her heart with terror: qu’ils ont de leur victoire. victory.
Je pers le prix de ma vengeance, My revenge will lose its value
Si l’ingrate l’apprend d’un autre que de moy. If the ingrate learns of it from someone else. Gavotte [cd ii : 05] Gavotte

Scène 4 Scene 4 Un Gondolier A Gondolier


Divertissement de Castellans & de Barqueroles, avec le Fifre & le A divertissement provided by Castellani and Boatmen, with pipe and Entre la crainte & l’esperance, Between fear and hope,
Tambourin. Les Castellans & les Nicolotes sont deux partis opposez tabor. During Carnival in Venice, two opposing parties, the Sur le sein de Neptune on est à tous moments, We sail at all times on Neptune’s breast.
dans Venise, qui donnent pendant le Carnaval pour divertir le Peuple Castellani and the Nicolotti, entertain the people by fighting with L’empire de l’amour n’a pas plus de constance, Cupid’s realm has no more constancy:
un combat à coups de poings pour se rendre maîtres d’un Pont. Le their fists for mastery of one of the bridges. The winning side then Et l’on y voit floter les malheureux Amants Lovers too are forever wavering
party victorieux se promene dans toute la Ville, avec des cris de joye & parades through the city to cheering and cries of joy. Entre la crainte & l’esperance. Between fear and hope.
des acclamations publiques.
Le Party victorieux recommence sa Danse. The victorious Castellani perform their dance again.
Marche des Gondoliers [cd ii : 04] March of the Gondoliers
Reprise de la Gavotte Repeat of the Gavotte
Le Chef des Castellans Leader of the Castellani
Nous triomphons sur les eaux, sur la terre, We triumph on water and on land, Entrée de Gondoliers & de Gondolières. Entrée (dance) for the Gondoliers
Nous meslons dans nos jeux l’image de la guerre. And in our sporting we include the image of war.
Meslons aussi dans ce beau jour, So on this fine day, which heaps glory upon us, Rigaudon [cd ii : 06] Rigaudon
Qui nous comble de gloire, Let us mingle
Des Chansons d’amour Love songs Un Barquerole A Boatman
Aux Chants de victoire, With our songs of victory, Embarquez-vous, amans sans faire resistance. Embark, lovers, do not resist;
Des Chansons d’amour Love songs Embarquez-vous, l’Empire de l’Amour est doux : Embark, for Cupid's realm is sweet:
Au Son du Tambour. To the sound of the drum. C’est une mer toûjours sujette à l’inconstance, Like a sea, ever subject to fickleness,
Que quelque orage à tout moment vient agiter, It can at any time grow stormy;
Malgré ces maux le calme de l’indiference Yet despite such ills, calm indifference
Est encor plus cent fois à redouter. Is a hundred times more to be dreaded.

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Le Chœur Chorus Scène 6 Scene 6
Tout rit à nos desirs, Everything is propitious to our desires; Léandre, Isabelle Léandre, Isabella
Ne songeons qu’aux plaisirs. Let us have thoughts only of pleasure.
Que le vent gronde, The wind may roar, Léandre, luy arrestant le bras [cd ii : 08] Léandre, restraining her arm
Que la mer soûleve ses flots, The sea cause its waves to swell, Ciel ! que voulez-vous entreprendre ? Heavens! What are you about to do?
Que le Ciel en feu leur réponde And the blazing heavens respond:
Nous goûtons ici le repos. Here we enjoy repose. Isabelle Isabella
Dois-je en croire mes yeux ? est-ce vous, cher Leandre ? Am I to believe my eyes? Is it you, dear Léandre?
Scène 5 Scene 5
Léandre Léandre
Isabelle, seule [cd ii : 07] Isabella, alone Quelle aveugle transport vous arrache le jour ? What blind fury snatches life from you?
Mes yeux, fermez-vous à jamais, Close for ever, my eyes,
Ou ne vous ouvrez plus que pour verser des larmes. Or open but to shed tears. Isabelle Isabella
Le jour est pour moi desormais Henceforth my days will be marked Le bruit de vostre mort causoit seul mes allarmes. The rumour of your death was the sole cause of my alarm.
Un sujet de peine & d’allarmes. By sorrow and anxiety. Mon sang versé mieux que les larmes The shedding of my blood, more than my tears,
Mes yeux, fermez-vous à jamais, Close for ever, my eyes, Vous alloit prouver mon amour. Was to have proved my love to you.
Ou ne vous ouvrez plus que pour verser des larmes. Or open but to shed tears.
Je suis coupable de vos charmes, I am to blame for your charms, Léandre Léandre
J’ay trop fait briller mes attraits, I made your attractions shine too brightly, Quoi ! Vous mourriez pour moi ? Dieux ! quelle Barbarie What! You were about to die for me? Gods!
Et je veux par les mesmes armes And I will use the same weapons De vostre sort hastoit le cours ? What barbarity was hastening the course of your fate?
Me punir des maux que j’ay faits. To punish myself for the wrongs I have committed. Helas ! toute ma vie Alas, the whole of my life
Mes yeux, fermez-vous à jamais, Close for ever, my eyes, Ne vaut pas un seul de vos jours. Is not worth even one of your days!
Ou ne vous ouvrez plus que pour verser des larmes. Or open but to shed tears. Un jaloux que la rage anime A jealous man, prompted by rage,
Mais que servent, helas ! ces regrets superflus ? But alas, what use are these unnecessary regrets? Vient de faire éclater son barbare couroux, Has given vent to his barbarous wrath;
Cher Leandre, tu ne vis plus. Dear Léandre, you are no more. Il a porté les mains sur une autre victime, He laid hands on the wrong man,
Quand tu descends pour moy dans la nuit éternelle, When for my sake you descend into eternal darkness, Et la nuit & l’amour m’ont sauvé de ses coups. And darkness and love saved me from his blows.
Doit-il m’estre permis de voir encor le jour ? Am I to be permitted to go on seeing the light of day?
Non, non ! pour me rejoindre à cet Amant fidelle, No, no, to be reunited with this faithful lover, Isabelle Isabella
La plus affreuse mort me paroistra trop belle. The most frightful death seems to me all too beautiful Je revois enfin ce que j’aime, At last I see again the man I love.
Et ce fer doit ouvrir un chemin à l’Amour. And this dagger must open up a path to love. L’excés de mon bonheur peut-il se concevoir ? Is it possible to conceive of such happiness?
Je crains que le plaisir extréme, The joy I feel at seeing you
Elle tire son Stilet pour s’en fraper. She draws her dagger, intending to kill herself. Que je sens à vous voir Is as extreme as the despair
Ne fasse sur mes jours l’effet du desespoir. That almost made me take my life.

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Léandre Léandre Pendant que les Violons joüent l’entre-Acte, on voit descendre un While the violins play the interlude, the scene changes. A complete
Vivons pour nous aimer, vivons malgré l’envie, Let us live to love each other, let us live in spite of envy, Théatre fermé d’une toille, qui occupe toute l’étenduë du premier. Ce new set descends, of the same dimensions as the previous one, and con-
Nous triomphons des jaloux & du sort ; We triumph over those who are jealous and over fate; qui reste d’espace jusqu’à l’Orquestre contient plusieurs rangs de Loges cealed by curtains. In the remaining space before the orchestra there
Que nostre crainte soit suivie Let our fear be followed pleines de differentes personnes placées pour voir un Opera. are several rows of boxes, where various persons are seated, waiting to
Du plus tendre transport. By the most tender delight. see an opera.
Aimez-moy, tout vous y convie : Love me; everything bids you to do so:
Si vous vouliez donner vostre sang à ma mort, If you wanted to shed your blood for my death, [Fin du Troisième Acte] [End of the Third Act]
Helas ! que pourriez-vous refuser à ma vie ? Ah, what could you refuse my life?

Ensemble Together
Suivons nos doux emportements, Let us give way to our sweet passions
Aimons-nous d’une ardeur nouvelle, And with new ardour love each other.
Quand l’amour au jour nous rappelle, When the God of Love restores us to life, Orfeo nell’inferi Orpheus in the Underworld
Nous luy devons tous nos moments. We owe every moment to him.
Il Teatro rappresenta la Reggia di Plutone. Pluto’s palace.
Léandre Léandre
Fuyons un lieu funeste à de tendres Amants. Let us flee a place that is fatal for tender lovers. Scena prima Scene 1

Isabelle Isabella Sinfonia [cd ii : 09] Symphony


Je fais mon bonheur de vous suivre, It makes me supremely happy to follow you;
Je vous allois chercher dans le sein du trépas, I was about to seek you in the bosom of death, Plutone, fra Numi Infernali [cd ii : 10] Pluto, amidst gods of the underworld
Lorsque pour moy l’amour vous fait revivre, When for me the God of Love brought you back to life. Tartarei Numi, all’armi, all’armi. Gods of the underworld, to arms!
Qui pourroit m’empescher de voler sur vos pas ? Who could prevent me from hastening in your footsteps?
Coro Chorus
Léandre Léandre All’armi, all’armi. To arms, to arms!
On doit donner au peuple une fête galante On this auspicious day a public entertainment
Où d’Orphée aux enfers on chante la descente Is to be given, retracing the legend of Orpheus; Plutone Pluto
Un Bal pompeux doit suivre ces plaisirs, Those delights are to be followed by a magnificent ball. Un Mortal insolente, In defiance of destiny,
Le tumulte & la nuit serviront nos desirs. The noise and darkness will serve our purpose. Al dispetto della sorte, An insolent Mortal
Je vais en ce lieu vous attendre, I shall wait for you here; I have arranged Passa vivo nel regno della morte Enters alive the realms of death,
Un Vaisseau par mes soins dans le port doit se rendre For a boat to come into the harbour Per turbarmi, Which troubles me.
Pour nous porter en des climats plus doux, To take us to more pleasant climes, All’armi. To arms!
Où nous pourrons braver les fureurs des jaloux ; Where we can brave the fury of the jealous
Et goûter les douceurs de l’hymen le plus tendre. And enjoy the comforts of a most loving marriage. Coro Chorus
All’armi, all’armi. To arms, to arms!

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Plutone Pluto Scena terza Scene 3
Freme il Tartaro, Tartarus trembles,
Geme l’Erebo, Erebus moans, Orfeo [cd ii : 13] Orpheus
Stride Cerbero. Cerberus roars. Vittoria, mio cuore Victory, my heart!
Tartarei Numi, Gods of the underworld, Ha vinto amore, Love has prevailed!
All’armi. To arms! Il riso, il canto Smiles and singing
Al duol succede, Follow grief.
Coro Chorus Al dolce incanto The underworld yields
All’armi, all’armi. To arms, to arms! D’un vago ciglio l’Inferno cede. To the sweet charm of two lovely eyes.

Si sente una Sinfonia pianissima [cd ii : 11] A symphony is heard, played very softly Coro Chorus
Il riso, il canto Smiles and singing
Plutone Pluto Al duol succede, Follow grief.
Ma qual nuova Armonia, But what new harmonies, Al dolce incanto The underworld yields
Qual soave sinphonia, What sweet symphony D’un vago ciglio l’Inferno cede. To the sweet charm of two lovely eyes.
Dal cor di Plutone Makes anger vanish
L’ira depone? From Pluto’s heart? Aria per gli Spirti folletti [cd ii : 14] Air for the Familiar Spirits

Scena seconda Scene 2 Scena quarta Scene 4


Orfeo, Plutone Orpheus, Pluto
Un’Ombra fortunata [cd ii : 15] A Happy Shade
Orfeo [cd ii : 12] Orpheus Al lampo Resist who may radiant attractions
Dominator dell’ombre, Master of the shades, D’un bel volto resista chi puo’; Of a beautiful face;
Al tuo soglio Amor m’invita: Love brings me to your throne: Penetra il Ciel un vago sembiante, A fair countenance enters the Heavens with ease,
Euridice è morta, Alas, harsh grief, E dell’Inferno stesso s’apre le porte. And even gains admittance to Hell.
Ahi! dure pene! Eurydice is dead!
O toglimi la vita, Either take my life Scena quinta Scene 5
O rendimi al mio bene. Or give me back my beloved.
Euridice [cd ii : 16] Eurydice
Plutone Pluto Lungi da me, martiri, Sufferings, sighs,
Tropo da te si prega, You ask too much; but if it is the will Doglie, pianti e sospiri. Woes and tears, begone!
Ma se amor le vuol, Pluto nol nega. Of the God of Love, Pluto shall not refuse. In braccio del mio bene, To the arms of my beloved
Parti: ma con tal patto, Go! But on one condition: Torno a calmar del mesto cor le pene. I return to ease the pains of a sad heart.
Che non miri Euridice, You must not look upon Eurydice
Sin ch’al regno del giorno Until you are back [cd ii : 17]
Il varco ti sia fatto. In the realm of light. Vezzi, lusinghe, ministri di beltà, Charms, enticements, beauty’s ministers,

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Vi chiamo, venite. I am calling to you, come. Scena ottava Scene 8
Quel riso che diletta, Show on your faces,
Quel sguardo ch’alletta The laughter that delights, Plutone [cd ii : 20] Pluto
Al volto insegnate. The look that entices. Bella, non piangere, Fair lady, weep no more,
Cessi il cordoglio, Cease your grieving;
Scena sesta Scene 6 Non si puo’ frangere With tears and moans
Orfeo, Euridice Orpheus, Eurydice Con pianti e gemiti un cor di scoglio. One cannot break a heart of stone.
Ma per fugar sua noia, But to drive away her sadness,
Orfeo passa senza mirar Euridice. Without looking at her, Orpheus leads Eurydice. Spirti d’Averno mostrate la gioia. Spirits of Avernus, show her your gladness.

Euridice [cd ii : 18] Eurydice [cd ii : 21]


Deh! per pietà mira, Orfeo, chi t’adora. Oh, Orpheus, have pity, look upon one who adores you! Si canti, si goda, Let there be singing and rejoicing
Si balli, si rida, Dancing and laughter,
Orfeo guardando Euridice Orpheus, looking at Eurydice Non si parli di dolor, And no more talk of sorrow
Euridice, mio ben, ti vedo ancora! Eurydice, my love, I see you once more! Dove splende la face d’amor. Where Cupid’s torch shines so brightly.

Scena settima Scene 7 Coro Chorus


Plutone, Orfeo, Euridice Pluto, Orpheus, Eurydice Si canti, si goda, Let there be singing and rejoicing
Si balli, si rida, Dancing and laughter,
Plutone [cd ii : 19] Pluto Non si parli di dolor, And no more talk of sorrow
Fuggi temerario, Begone, rash mortal! Dove splende la face d’amor. Where Cupid’s torch shines so brightly.
Che del decreto mio, Should you violate
Violasti la fé, My decree,
Qui rimanga Euridice. Eurydice will remain here.

Sù ch’un diligente stuol Let a diligent throng Le Bal, dernier divertissement The Ball, final divertissement
Porti quel perfido Take this miscreant up
A riveder il sol; To see the Sun once more. Le Théâtre représente une Salle magnifique préparée pour donner le The scene is set in a magnificent hall, where a ball is about to take
Così Pluto lo vuol. This is Pluto’s command! Bal. Le Carnaval paroist conduisant avec luy une Troupe de Masques place. Carnival appears, leading a company of Maskers of different
de différentes Nations. nationalities.
Orfeo Orpheus
O rigor! o crudeltà! Oh, harshness! Oh, cruelty! Marche du Carnaval [cd ii : 22] Carnival March

Euridice Eurydice Le Carnaval [cd ii : 23] Carnival


Crime d’amore merta pietà? Is a crime of love undeserving of mercy? L’Hyver a beau s’armer d’Aquilons furieux, Winter may arm himself with furious, icy winds
Et fixer des torrents la course vagabonde, And freeze the torrent’s winding course,
Demoni portano Orfeo. Demons carry Orpheus away.

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En vain ses noirs frimas pour attrister le monde, In vain with chilling hand he numbs the world, Non più turbar dell’alma il bel seren. Disturb no more the serenity of my soul.
Dérobent le flambeau qui brille dans les Cieux. Hiding from view the Sun that shines in the Heavens.
Si tost que je parois je bannis la tristesse ; As soon as I appear, I banish sadness; Forlana [cd ii : 30] Forlane
J’ouvre la porte aux jeux, aux festins, à l’amour, I welcome sporting, feasts and love.
A mon départ le plaisir cesse, Then when I depart the pleasure is over Le Carnaval [cd ii : 31] Carnival
Et pour mieux s’y livrer on attend mon retour. And all await my return for more enjoyment. Chantez, dansez, profitez des beaux jours, Sing and dance, make the most of these fine days;
L’heureux temps des plaisirs ne dure pas toûjours. This time of happiness and pleasure does not last forever.
Vous qui m’accompagnez, montrez vostre allégresse, You who accompany me, manifest your joy;
Par vos jeux, par vos chants, celebrez ce beau jour. Through your sporting and songs, celebrate this fine day. Le Chœur Chorus
Chantons, dansons, profitons des beaux jours, Let us sing and dance, make the most of these fine days;
Les Masques commencent un Bal serieux. The Maskers begin to perform serious dances. L’heureux temps des plaisirs ne dure pas toûjours. This time of happiness and pleasure does not last forever.

Bourrée [cd ii : 24] Bourrée Le Carnaval Carnival


La raison vainement voudroit vous interdire Reason in vain would forbid you
Premier et deuxième menuet en rondeau [cd ii : 25] First and second Menuet en rondeau Des passe-temps si doux, Such sweet pastimes.
Les moments que l’on passe à rire, The moments we spend in laughter,
Le Carnaval [cd ii : 26] Carnival Sont les mieux employez de tous. Are the best spent moments of all.
Je veux joindre à ces jeux une nouvelle Danse, To these pastimes let me add a new dance.
Venez, aimables enjoüments, Come, delightful pleasantries, Le Chœur Chorus
Redoublez en ces lieux nostre réjoüissance Redouble our merriment here Chantons, dansons, profitons des beaux jours, The moments we spend in laughter,
Par de nouveaux déguisements. With new disguises. L’heureux temps des plaisirs ne dure pas toûjours. Are the best spent moments of all.
Dans ce temps de plaisir, le plus sage s’oublie, In this time of pleasure even the wisest forgets himself La raison vainement voudroit vous interdire Reason in vain would forbid you
Et permet un peu de folie. And gives in to a little folly. Des passe-temps si doux, Such sweet pastimes.
Les moments que l’on passe à rire, The moments we spend in laughter,
On tire un rideau, & l’on voit arriver du fond du Théâtre un Char A curtain is drawn aside to reveal a magnificent Carnival float at Sont les mieux employez de tous. Are the best spent moments of all.
magnifique traisné par des Masques Comiques, & rempli de figures de the back of the stage, crowded with and drawn by Comic Maskers. Chantons, dansons, profitons des beaux jours, The moments we spend in laughter,
mesme caractere, qui se meslent en dansant avec les masques serieux. These mingle, dancing, with the serious maskers. L’heureux temps des plaisirs ne dure pas toûjours. Are the best spent moments of all.

Chaconne [cd ii : 27] Chaconne [Fin] [The End]

Air des Masques chinois [cd ii : 28] Air of the Chinese Maskers

Euridice [cd ii : 29] Eurydice


Per piacer al mio ben, To please my beloved,
Amori, volate mi in sen. Cupids, fly to my breast.
Fuggite, martiri, Begone, painful sufferings!
Fuggite, sospiri, Begone, grievous sighs! English translation © 2011 Mary Pardoe

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