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L E P OÈME H ARMONIQUE
V INCENT D UMESTRE
α
Illustration : Louis Le Nain
Bacchus et Ariane, avant 1635
Orléans, Musée des Beaux-Arts
©Photo RMN
La Pacifique est enregistrée avec l’aimable participation de Florence BOLTON, basse de viole
Les frères Le Nain ne sont pas les peintres « de sujets d’actions basses et souvent ridi-
cules » dont Pymandre cause avec hauteur dans les Entretiens de Félibien ; à l’origine de la
doctrine classique, le texte fondateur de la théorie de l’art français cristallise son caractère
académique, voué à la Grande Manière. Certes les Laonnois, admis avant 1630 à la maîtrise
de Saint-Germain-des-Prés, plus accueillante que la capitale, dont la corporation des peintres
veille à préserver – un euphémisme – l’homogénéité et les privilèges, sont-ils surtout connus
pour leurs tableaux de « genre ». Or ils ont tâté, à quelques reprises, de l’histoire, de l’allégo-
rie, et de la fable. Louis, « le Romain », dont on suppose la primogéniture, aurait même fait le
voyage d’Italie, et pratiqué l’art transalpin, modèle absolu de bien des générations.
Le thème d’Ariane abandonnée à Naxos par le perfide Thésée et sauvée par un
Bacchus éperdument amoureux qui, en l’épousant, la rendra éligible à la résidence olym-
pienne, fait partie d’un fonds abondamment traité par les artistes depuis l’Antiquité. Dans
cette foulée, la traduction des Images et Tableaux de platte-peinture de Philostrate par
l’humaniste renaissant Blaise de Vigenère connaît un engouement qui se prolonge jusque
sous Louis XIII. Cet ouvrage collige, décrit, et annote les arguments des principaux thèmes
du répertoire mythologique ; le texte est accompagné d’illustrations où les artistes puisent
des idées pour l’invention et l’ordonnance de leurs œuvres. Un court poème à tonalité
moralisatrice commente le sujet de l’estampe :
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L’ingrat est toujours infidèle,
Le lascif veut toujours changer,
Si Thésée oublie sa belle,
Et le bien qu’il a reçu d’elle,
L’ayant préservé du danger ;
Bacchus n’a pas moins d’inconstance,
Car il aime le changement,
Ny Ariadne d’imprudence,
D’avoir choisi un tel amant :
Sa volupté fut la plus forte,
Bien que son mal fut à sa porte.
La gravure qui met en présence un tendre Bacchus accourant à Naxos sauver Ariane de la
déchéance où l’a abandonnée le rescapé du labyrinthe de Minos, donne à voir l’empresse-
ment du dieu envers la mortelle. À l’arrière-plan, on assiste aux manœuvres de départ de
l’esquif qui conduit le vainqueur du Minotaure vers Athènes. Le Nain connaît la source, dont,
selon la coutume, il inverse la composition. La barque de Thésée a disparu de même que le
paysage de l’arrière-plan auquel sont substituées des strates de nuages aux couleurs pastel,
qui ont pour effet de rabattre le regard vers l’avant du tableau. Au premier plan, Ariane alan-
guie ne semble pas avoir aperçu son sauveur couronné lequel, glissant sa jambe droite sur
une planchette – présente sur certains sarcophages romains –, alors que la gauche est enco-
re dans la barque, à peine accostée, est sur le point de l’aborder. Venu par mer plutôt que
sur son char – cf. l’Arianna de Rinuccini mis en musique par Monteverdi –, il avance avec
une discrétion et une délicatesse inhabituelle de la part du bruyant apôtre des plaisirs : la
tendresse fera effet, la léthargie de la dormeuse est sur le point de prendre fin. Le vêtement
de Dionysos virevolte dans l’air marin, dont on a l’impression d’humer les embruns, tandis
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que, protégée par un rocher, Ariane épuisée a laissé glisser sa tunique, ce qui révèle les jolies
rondeurs de sa poitrine. La carnation d’un blanc immaculé est relayée par la pâleur de
Bacchus ; la fraîcheur juvénile participe de l’ordonnance du tableau et de son éloquence.
Cette luminosité structurante s’oppose au fond qui, dans un chiaroscuro qui déno-
te la dette de Louis envers le Caravage et ses émules – Valentin ? – met en présence des
marins pleins de vigueur tout à leur office, qui abordent l’île avec précaution. L’ecphrasis
s’en tient aux données essentielles. Aucun détail anecdotique ne vient distraire l’œil, lequel
se concentre sur l’essence du propos : la rencontre imminente des amants.
D’autres sources transparaissent, au premier rang desquelles, nous semble-t-il, Michel-
Ange, dont l’art, vilipendé par Roland Fréart de Chambray, distingué co-inspirateur de la théo-
rie classique, n’est pas agréable aux Français. Abolissant la perspective, Le Nain manifeste lui
aussi une indifférence au décor ; comme le Florentin, le Laonnois s’intéresse à la figure humai-
ne, masculine et virile, et campe des personnages, certains vus de dos, qui rappellent ceux
aperçus à la voûte de la Sixtine. L’homme qui se penche sur sa rame tient des ignudi, serrés
entre deux plans, de la chapelle papale. Le motif à l’exact centre géométrique du tableau, pos-
térieur galbé d’un marin à la puissante anatomie, renvoie à la figure centrale du Serpent d’ai-
rain du cycle romain ; le personnage soutenant la Croix, instrument de la Passion, du
Jugement dernier, autocitation de l’artiste, se présente dans la même attitude ; la ressem-
blance du voisin de la vergue de Le Nain est confondante. Sous l’écorce du détail – dont
Daniel Arasse a démontré le rôle nourricier du sens – ces parerga ne donnent-ils pas à pen-
ser que lors de son passage à Rome le peintre français aurait visité le Vatican, et retenu la leçon
plastique du maître de la Haute Renaissance ? La page renvoie au lieu mythique de l’art occi-
dental, témoignage inattendu de la romanité du peintre, qui trouverait ici un point d’orgue.
Au-delà de cette robustesse michelangélesque, solidité inhabituelle sous des pin-
ceaux français, Le Nain se montre aussi héritier direct de Fontainebleau, dont l’arrangement
du tableau se révèle tributaire : une scène semblable du Primatice à la Galerie d’Ulysse a
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servi de modèle ; d’ailleurs un délicieux relent de maniérisme bellifontain se profile sous la décla-
mation. À la vue de la délicatesse et de l’élégance du traitement dévolu à Ariane, bientôt
élevée à une autre dignité, on songe à Laurent de la Hyre, dont la fine poésie du milieu
du siècle, qui préfigurera l’idiome classique, est peut-être héritière. Convié à Paris par Marie
de Médicis, Orazio Gentileschi a aussi laissé des traces, tout comme la subtilité éthérée du
Guide, second Raphaël, admiré des Français. L’éclectique Louis a-t-il puisé chez le Pisan et
le Bolonais la blancheur féminine, marmoréenne et lumineuse, de l’héroïne rêveuse et de
ses voluptueuses draperies ? La chaste nudité de l’adolescente est-elle complètement étran-
gère aux sensuelles héroïnes de Jacques Blanchard ?
Je meurs sans mourir : Ariane n’est point morte, qui reprend vie. Ni ne cesse de
vibrer le tableau au fil des clés que l’histoire diachronique suggère à l’écoute de la voix pure
et claire – allusion non voilée à l’interprète d’airs qu’ont peut-être entendus les Le Nain –
qu’est sur le point de faire entendre la future immortelle. En écho, ce tableau est traversé
par la grâce, sentiment on ne peut plus français, lequel imprègne une œuvre qui respire le
charme de l’innocence.
Denis Grenier
Département d'histoire
Université Laval, Québec
Denis.Grenier@hst.ulaval.ca
© Avril 2004
ut pictura musica
La musique est peinture, la peinture est musique
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Ce recueil composé de pièces d’Anthoine Boesset conclut la première partie de notre travail,
commencé en 1999, sur l’air de cour français - en quelque sorte le dernier volet d’un triptyque qui
rassemble les plus fameux compositeurs d’airs de cour: Estienne Moulinié, Pierre Guédron, Anthoine
Boesset. L’œuvre profane de ce dernier, même si elle est plus importante que celle des deux autres
musiciens, rassemble 230 airs, ce qui, en une quarantaine d’années de vie musicale, représente très
peu. Le souci de perfectionnisme de Boesset explique en partie cela, et lui-même le confirme (non
sans quelque orgueil) dans sa préface du VIIIe livre, en 1632 : « Cependant je me donne la hardiesse
de présenter ces Airs qui ne sont pas en grand nombre, comme venans de celuy qui laisse très volon-
tiers la quantité des ouvrages aux autres, & qui travaille pour l’eslite plus que pour la multitude. »
Vincent Dumestre
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“Mais quoy ?…
Nous sommes en une saison ou les Poëtes, & les Musiciens ne donnent
que les heures perdues à la devotion ; on n’estime plus les pensées si elles
ne sentent un peu du blaspheme & de l’impiété, les sainctes fureurs de la poësie
deviennent plus froides que la glace quand on ne se propose plus de sujéts
sur la Terre qui les puisse animer…
Il faut dire à mesme temps que les hommes parlent mieux que le Sainct Esprit,
& que l’eslegance, & les bonnes paroles ne sont pas si familieres en la bouche
de Dieu qu’en celle des mortelz…”
Que pouvait en effet le poète “spirituel” qui tentait, à l’aide de ses cantiques en français, de
purifier les âmes perverties par le libertinage qui régnait dans l’air de cour ? Depuis le début
du siècle, l’air de cour s’immisçait partout ; ses mélodies délicates gagnaient toutes les
classes sociales. Chez Pierre Ballard, “seul imprimeur du roi pour la musique”, on pouvait se
procurer les quatre ou cinq parties vocales séparées de la “ grande ” version, quintessence
de ce que les pages, chantres, violes et luths de la Chambre du roi interprétaient à la cour.
Ballard avait élargi son public en proposant une version parallèle pour voix et tablature,
arrangée par le luthiste Gabriel Bataille ou les auteurs eux-mêmes. Le succès de cette col-
lection hâta l’évolution du genre durant le règne de Louis XIII.
La production profane du Blésois Anthoine Boesset (1587-1643), publiée entre 1606
et 1643, est probablement le plus bel exemple de cette évolution. Chanteur et compositeur,
successivement Maître de la Musique de la Chambre du roi, de la reine, puis Surintendant
des deux Musiques (1623), Boesset était l’héritier de la grande tradition polyphonique que
lui avait transmise son beau-père Pierre Guédron. Sa production (près de 250 pièces), qui
surpasse celles de son prédécesseur et d’Étienne Moulinié, s’inscrivait encore dans cette tra-
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dition. Les innovations qu’il y apporta, en partie stimulées par sa riche production destinée
aux ballets de cour, précipitèrent paradoxalement le déclin de cette polyphonie savante
dont il fut pourtant considéré comme le maître incontesté. Malgré la réédition tardive de ses
neuf livres d’airs polyphoniques (1685-1689), ce sont bien les versions pour voix et accom-
pagnement qui connurent la postérité la plus grande. Les récits et dialogues pour voix et
luth de son dernier recueil, publié l’année de sa mort, allaient donner à l’air de cour un tour
plus galant qui convenait davantage à la sensibilité des cercles précieux du milieu du siècle.
Cette sensibilité allait elle-même influencer les goûts artistiques de la cour de Louis XIV,
conquise par les airs sérieux pour voix et basse continue de Michel Lambert ou Sébastien Le
Camus.
Les fées des forêts de Saint-Germain (1625) et la musique instrumentale dans les
ballets de cour
Au début du carnaval 1625, les gradins de la grande salle du Louvre étaient prêts pour
accueillir comme chaque année le “Ballet du roi”. Le 9 février, “cinq fées bouffonnes des
forests de St Germain… viennent en la présence des reines et des dames de Paris… pour
admirer leurs beautez et leurs mérites… Et comme chacune d’elles preside bouffonnes-
quement sur quelque science particulière, leur humeur railleuze qui se mocque des bal-
lets sérieux les convie à venir offrir l’une après l’autre à la compagnie un plat de leur mes-
tier…”. Le ton était donné, et le spectateur était averti des cinq tableaux constituant cette
mascarade pour laquelle Boesset avait composé airs et récits sur des paroles de René
Bordier, “Poète du Roy pour les ballets”. Les pièces instrumentales et les chorégraphies
avaient comme toujours été composées par l’ensemble des maîtres de ballet. Après la fée de
la musique, Gillette “la hasardeuse” (fée des joueurs) présidait au jeu de “Tourniquet” qui
égayait des Laquais et des singes. Jacqueline “l’entenduë” envoyait à son tour son “récit”
devant elle pour chanter ce que son art magique pouvait sur les “estropiez de cervelle”. La
charmante fée nourrissait le secret espoir de guérir les “embabouinés”, esprits naïfs, van-
tards et chicaneurs. L’un d’entre eux dansait sa joie de sortir bientôt de l’erreur. Toute la
cour reconnut sous le masque du danseur le nouveau favori du roi, le comte de Chalais, qui
allait bientôt être décapité pour haute trahison ; on appréciera jusqu’où pouvait aller la sati-
re… Les pauvres esprits “embabouinés” se rallièrent bientôt au parti de quatre “demy-fous”
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(parmi lesquels Gaston d’Orléans, frère du roi) et de quatre “fantasques”, qui ruinaient par
leur folie les louables projets de la pauvre Jacqueline. Alizon “la hargneuse”, fée des vaillants
combattants, n’eut guère plus de chance. Elle conduisait fièrement une troupe grotesque de
soldats éclopés ou contrefaits montés “sur des mules” et armés d’épées de bois ; ce fier
appareil les contraignit bien vite à abandonner le combat dans une pitoyable déroute…
Échanges culturels
On se doute que le goût pour la culture espagnole subissait les aléas des rapports diploma-
tiques conflictuels entre Bourbon et Habsbourg. Les ambitions espagnoles étaient un dan-
ger plus grand encore pour Louis XIII que pour Henri IV, et le mariage du jeune roi avec l’in-
fante n’y avait rien changé. L’Espagnol “bouffi d’arrogance” était continuellement le sujet de
railleries montrant le ridicule de ses excès et “la vanité de sa nation”, principalement dans
les ballets de cour où il était environné des esprits les plus bas ou les plus contrefaits : cro-
cheteurs, voleurs, charlatans, aveugles, bossus, filous… Alors que la littérature italienne
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jouissait en France d’une grande estime depuis la Renaissance, toute la cour flattait l’aver-
sion du roi pour le pays qui lui avait à la fois imposé son épouse et arraché sa sœur la plus
chère, Élisabeth, devenue reine d’Espagne. Dans les milieux en marge de la cour cependant,
on s’intéressait fort à la culture des “rives du Tage” ; on traduisait, on lisait les dernières
œuvres de Lope de Vega, de Gongora ou de Cervantès et, si l’apprentissage des langues
étrangères pouvait rebuter, il était indispensable à l’ “honnête homme” que pour le moins
il entendît et parlât “l’italienne et l’espagnole” (Nicolas Faret).
À l’instar de nombreux musiciens espagnols qui défendaient eux-mêmes leur cultu-
re dans la bonne société parisienne, le Galicien Luis de Briceño fit éditer en 1626, chez
“Pedro Ballard, impresor del Rey”, une petite méthode pour apprendre facilement la guita-
re, composée de courtes “Canciones” et de danses. Les mélodies, absentes, étaient donc
supposées connues du public visé ; Briceño se bornait à donner textes et tablature “en çif-
fras” d’un accompagnement simple. Certains rythmes étaient déjà en vogue à la cour de
France, comme la Zaravanda dont la “grille” harmonique servit de base à l’air anonyme Nos
esprits libres et contents, inséré dans le Ballet de la reine de 1609. La Gran Chacona repre-
nait quant à elle un timbre récemment arrivé des Indes espagnoles ; le texte et l’accompa-
gnement donnés par Briceño sont ici calqués sur une version polyphonique composée par
Juan Arañés et publiée en 1624.
Marque de cet engouement, les compositions sur textes espagnols figuraient en
bonne place dans les recueils d’airs de cour. Pour ses deux seuls airs de ce genre, Boesset a
probablement harmonisé des mélodies populaires connues dans les milieux hispanophiles.
Tandis que l’air Frescos ayres del prado (1624) évoque le raffinement des “Tonos humanos”
de la cour de Philippe IV, c’est sans doute pour la suite espagnole et les divertissements de
la jeune reine Anne que Boesset composa la saynète Una musiqua (1617). Le poème, truf-
fé de gallicismes, y conte les chamailleries de Pedro et Joaníqua, personnages récurrents du
théâtre populaire espagnol. L’apparente symétrie couplet-refrain est sans cesse rompue par
de courtes maximes qui raccommodent le couple.
De la même manière, l’influence italienne se manifestait par la circulation de timbres
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dont il est souvent difficile de déterminer l’origine. Pour autant, l’air Dove ne vai crudele de
Boesset (1628), fondé sur une mélodie utilisée également par Moulinié, évoque à la fois le
recitar cantando humaniste des Florentins Jacopo Peri et Giulio Caccini et le madrigal poly-
phonique magnifié par Claudio Monteverdi. De quoi nuancer la résistance des Français aux
innovations italiennes, sans que soit remise en question leur constante vigilance à défendre
un art de cour “à la française” où s’exprimait toute la subtilité des affects…
On perçoit donc la grande diversité de tons qui caractérise l’air de cour du temps de
Louis XIII ; Anthoine Boesset en aura illustré toutes les inspirations. Toutes, sauf une : il
avait laissé à d’autres musiciens le soin d’écrire ces airs à boire qui faisaient également les
délices de la meilleure société. Était-ce la haute idée qu’il se faisait de ses sérieuses charges
à la cour, ou tout simplement qu’il n’aimait pas le vin ? Il composa néanmoins un air à
boire… de l’eau, seul specimen du genre :
© Thomas Leconte,
Centre de Musique Baroque de Versailles
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Una Musiqua le den a una dama Que l’on donne une sérénade à une Let there be a serenade for a lady
en este ton. demoiselle sur cet air : Sounding like this:
Di lin lin lin lin din Di lin lin lin lin din Di lin lin lin lin din
Do lon don do lon don Do lon don do lon don Do lon don do lon don
Fa la fa fa la fa Fa la fa fa la fa Fa la fa fa la fa
Bo lon bon bo lon bon. Bo lon bon bo lon bon. Bo lon bon bo lon bon.
Vive’a la gala del Señor baron. Vive le banquet de Monsieur le baron. Hurrah for the banquet
Di lin lin… Di lin lin… of his Lordship the baron!
Di lin lin…
Y quando la Joaniqua entiende Et quand la Joaniqua entend And whenJenny hears her Peter
quel su Pedro son Pedro Scolding her to music,
en ton la blama la tancer en musique, May the Lady be sure,
Tenga por cierto la dama Que la demoiselle en soit sûre, The serenade will not stop.
que la Musiqua no se detiene la sérénade ne s’arrêtera pas Now let love come,
A hora vinga l’amor vinga Maintenant que vienne l’amour, The soprano, the bass:
Et tiple el baxaron La soprane, la basse. Di lin lin…
Di lin lin… Di lin lin… Hurrah for the banquet of his
Vive’a la gala del Señor baron. Vive le banquet de Monsieur le baron. Lordship the baron!
Di lin lin… Di lin lin… Di lin lin…
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2. Départ que le devoir me fait précipiter 2. Departure which duty makes me precipitate
Départ que le devoir me fait précipiter Departure which duty makes me precipitate
Cruel qui me fait absenter Cruel, in depriving me
Des yeux qui me captivent. Of the eyes that captivate me.
Hélas ! qu’en vous laissant, je laisse de plaisirs : Alas, what pleasures I leave in leaving you!
Et que de maux me suivent, And what woes follow me,
Que d’ennuis, de langueurs, de pleurs et de soupirs. What torment, sorrow, tears and sighs!
Comment vivray-je donc, triste et cruel devoir Then how shall I live, sad and cruel duty?
Je meurs du désir de la voir : I yearn to see her:
Mais ses rigueurs m’en privent. But her unkindness prevents me from doing so.
Hélas !… Alas…
Son beau nom qui vient d’aymer Her fair name, which comes from ‘aymer’
Ne vous doit point enflammer Must not set you aflame
D’un feu qui fait soupirer, With a fire that makes you sigh.
Pourriez-vous charmer Could you charm
Le cœur d’une beauté qu’il faut adorer ? The heart of a beauty who must be adored?
11. Bien que je vole toutes choses Though I thieve all things
& Aux voleurs, au secours, accourez tous & Stop thieves, help, come running all!
Aux voleurs, au secours, accourez tous, Stop thieves, help, come running all!
Amis despeschez vous Friends, hurry!
Aux voleurs, au secours, assistez-moy Stop thieves, help, assist me
Pour tirer de péril les serviteurs du Roy. To save the King’s servants from peril!
Amour pour faire aux Dieux la guerre Love, to make war on the gods,
Se sert de vos regards si doux, Uses your gentle gazes,
Que mesmes le Ciel est jaloux And even heaven is jealous
Du bonheur qu’en reçoit la terre. Of the happiness bestowed on the world.
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Louys rend toutes choses calmes : Louis makes all things calm:
Mais comme ses faits guerriers But as for his martial feats
Le Monde a trop peu de lauriers, The world has too few laurels,
Il a pour vous trop peu de palmes. It has for you too few palms.
Aux voleurs... Stop thieves...
Je meurs sans mourir nuit et jour, I die without dying night and day,
Et sans voir la main qui me tue : And without seeing the hand that kills me:
Destins qui m’en donnez l’amour, Destinies that give me love,
Pourquoy m’en ostez vous la veue ? Why do you prevent me from seeing her?
Ce qui reste n’a point d’appas ; What remains has no charm;
C’est peu que de voir tout quand je ne la voy pas. It is too little to see all when I see her not.
Non, je n’ay plus cette crainte No, I no longer have that fear
Que j’avois par le passé : I used to feel,
Car Phillis se trouve attainte For Phyllis has been struck
De ce trait qui m’a blessé. By the same arrow that wounded me.
Nous vivons… We live…
Mes feux ont produit sa flamme My fires have caused her flame
Qui me rend esgal aux Dieux, Which makes me equal to the gods,
Et l’amour est dans son âme, And love now is in her soul,
Qui n’estoit que dans ses yeux. Which was only in her eyes.
Nous vivons… We live…
Dove ne vai, crudele, Où t’en vas-tu, cruelle, Where are you going, cruel one?
E non fuggire, Ne t’enfuis pas ! Flee not!
O di mio bene Ô l’âpre souffrance Oh the bitter suffering
L’aspre mie pene, De mon amour ! Of my love!
Che se fai vaga, Même si tu fais fi Even if you ignore
De la mia pega, De ma peine, My sorrow,
Volge tuo squardi Tourne vers moi tes regards Turn to me your eyes
Ch’al cor son dardi. Qui sont autant de flèches dans mon cœur. Which are like arrows to my heart.
Torna, torna crudele, Reviens, reviens cruelle, Come back, come back, cruel one,
E non fuggire. Ne t’enfuis pas. Flee not.
16. Frescos ayres del prado Airs frais des prairies Soft breezes from the meadow
Frescos ayres del prado Doux vents des prairies Soft breezes from the meadow
Que’a Toledo vays Qui allez à Tolède Travelling to Toledo,
Decid a mi dueño Dites à mon maître Tell my master
Como me dexais Comme vous me laissez. How you leave me.
Pessares y enojos Peines et ennuis Sorrows and cares
Me quitam el sueño M’ôtent le sommeil : Deprive me of sleep:
Do llegan pesares Quand viennent les peines When there are woes
Va s’el descanso. S’en va le repos. Gone is repose.
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I. I.
Es chacona un son gustoso La chaconne est un air joyeux
De consonançias graçiosas Qui sonne de façon plaisante
Que en oyendole taner En l’entendant jouer
Todos mis huesos retoçan. Tous mes os ont la bougeotte.
Vida vida vidita bona, vida, bamonos a chacona A la très douce vie, allons danser la chaconne
Vida vida vidita bona, vida, bamonos a castilla A la vie, très douce vie, allons en Castille
Vida vida vidita bona, vida, bamonos a chacona A la très douce vie, allons danser la chaconne
Vida vida vidita bona, vida, bamonos a castilla A la vie, très douce vie, allons en Castille
Vida vida vidita bona, vida, bamonos a chacona A la très douce vie, allons danser la chaconne
Vida vida vidita bona, vida, bamonos a castilla A la vie, très douce vie, allons en Castille
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Vida vida vidita bona, vida, bamonos a chacona A la très douce vie, allons danser la chaconne
Vida vida vidita bona, vida, bamonos a castilla A la vie, très douce vie, allons en Castille
20. Nos esprits libres et contents Our minds free and contented
(anonyme) (anonymous)
La dance, la chasse et les bois, The dance, the chase and the woods
Nous rendent exemptes les lois Exempt us from the rules
Et des misères dont l'Amour And the afflictions that Love
Afflige les cœurs de la Cour. Imposes on hearts at Court.
Car en changeant toujours de lieu For in moving ever from place to place
Nous empeschons si bien ce Dieu We thwart that god
Qu'il ne peut asseurer des coups So that he is unable to wound us
Qu'il pense tirer contre nous. With his arrows as he intends.
Il est bien vrai qu'en nous sauvant But it is indeed true that as we flee
Il nous va toujours poursuivant, He pursues us constantly
Et nous poursuit en tant de lieux, And with such persistence
Qu'enfin il entre dans nos yeux. That finally he enters our eyes.
The Le Nain brothers were not the painters of ‘sujets d’actions basses et souvent ridi-
cules’1 condescendingly spoken of by Pymandre in Félibien’s Entretiens2; at the source of the
Classical doctrine, this founding text of French art theory crystallised its academic charac-
ter, dedicated to the Grand Manner. For indeed these painters from Laon, who, before 1630,
had been admitted to the artists’ community of Saint-Germain-des-Prés, which was more hos-
pitable than the capital and whose painters’ guild took care to preserve – euphemism – its
homogeneity and its privileges, were known above all for their ‘genre’ paintings. But they also
tried their hands a few times at history, allegory and fable. Louis, ‘the Roman’, assumed to be
the firstborn, apparently even made the trip to Italy, and he practised the Italian art – the abso-
lute model for many generations of painters.
The story of Ariadne, disloyally abandoned on Naxos by Theseus and saved by Bacchus
who, deeply enamoured, married her, thus making her eligible for residence among the
Olympians, was one that had been frequently depicted by artists since Antiquity. Subsequently
the translation by the Renaissance Humanist Blaise de Vigenère of Philostratus’s Ikones (or
‘Imagines’), under the French title Les Images ou Tableaux de platte peinture, experienced a
popularity that persisted until the time of Louis XIII. This compendium describes and annotates
the principle themes in the mythological repertory; the text is accompanied by illustrations,
which served as an iconographical source for artists. A short poem, moralistic in tone, com-
ments on the subject of the print:
L’ingrat est toujours infidèle,
Le lascif veut toujours changer,
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Si Thésée oublie sa belle,
Et le bien qu’il a reçu d’elle,
L’ayant préservé du danger;
Bacchus n’a pas moins d’inconstance,
Car il aime le changement,
Ny Ariadne d’imprudence,
D’avoir choisi un tel amant :
Sa volupté fut la plus forte,
Bien que son mal fut à sa porte.2
This print, representing tender Bacchus hastening to Naxos to save Ariadne from the
desolation to which the survivor of Minos’s labyrinth has abandoned her, shows the god in his
eagerness to join the young mortal. In the background, the boat carrying the slayer of the
Minotaur to Athens is seen manoeuvring away from the island for departure. Le Nain knew this
source and he reversed the composition, as was customary. Theseus’s boat has disappeared,
as has the scenery in the background, replaced by layers of cloud in pastel colours, which direct
the eye to the foreground of the picture. There Ariadne lies enfeebled and apparently oblivious
to the arrival of her be-crowned rescuer, who is seen disembarking, his right foot on a narrow
gangplank (also seen on certain Roman sarcophaguses), while the left is still in the boat; hard-
ly has it put in to shore than he approaches her. Having arrived by sea rather than in his cha-
riot (cf. Rinuccini’s Arianna, set to music by Monteverdi), he advances with a discretion and
delicacy that one rarely associates with this boisterous advocate of pleasure: his tenderness will
have its effect, the sleeping girl’s lethargy is about to come to an end. Dionysus’s garment swirls
in the sea breeze; we can almost smell the spray. Sheltered by a rock, Ariadne in her exhaustion
has let her tunic slip, revealing her delightful curves. The pallor of Bacchus echoes her immacu-
late white carnation; the freshness of youth plays a part in the arrangement of the picture and
in its eloquence. This structuring brightness contrasts with the background which, in a chia-
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roscuro that indicates Louis’s debt to Caravaggio and his emulators (Valentin de Boulogne?),
shows vigorous sailors busying themselves with the task in hand and cautiously approaching
the island. The ekphrasis is kept to the essential. There is no anecdotal detail to distract the
eye, which thus concentrates on the essence of the subject: the lovers’ imminent meeting.
Other sources show through, notably Michelangelo, whose art, disparaged by Roland
Fréart de Chambray, the distinguished co-instigator of the Classical doctrine, did not appeal to
the French. Doing away with perspective, Le Nain, too, shows no interest in decoration. Like the
Florentine artist, the painter from Laon is fascinated by the human figure, masculine and virile,
and his representations, sometimes viewed from behind, are reminiscent of those visible on the
vault of the Sistine Chapel. The man leaning over his oar, for example, takes after Michelangelo’s
ignudi on the ceiling of the papal chapel. And the motif that lies in the exact geometric centre
of the picture, a sturdy sailor’s shapely posterior, calls to mind The Brazen Serpent in the Roman
cycle, and also The Last Judgement, in which one of the men supporting the Cross, the instru-
ment of Christ’s Passion, is shown in the same attitude; the resemblance of the man next to the
mast in Le Nain’s painting is most striking. Beneath the outer layer of detail – whose role in nur-
turing the senses has been demonstrated by Daniel Arasse – these parerga lead us to believe
that when in Rome the French painter must have visited the Vatican and taken a lesson in plas-
ticity from the master of the High Renaissance. This work, reflecting that mythical centre of
Western art, provides unexpected evidence of the Roman influence on the painter.
Beyond the Michelangelo-like robustness and a solidity that is unusual in French artists,
Le Nain also stands out as a direct heir to the Fontainebleau school, on which the arrangement
of the picture relies heavily: a similar scene by Primaticcio in the Galerie d’Ulysse served as a
model; furthermore, a delightful suggestion of Fontainebleau Mannerism shows through the
declamation. Ariadne, soon to be raised to higher dignity, is treated with a delicacy and ele-
gance reminiscent of the fine mid-century poetry of Laurent de la Hyre, whose work was to pre-
figure the Classical idiom. Summoned to Paris by Marie de Médicis, Orazio Gentileschi has also
left traces, as has the ethereal delicateness of Guido, the second Raphael, who enjoyed the
40
admiration of the French. Did Louis the eclectic borrow the luminous, marmoreal, feminine
whiteness of his dreaming heroine and her voluptuous draperies from those artists, Pisan and
Bolognese respectively? Is the young woman’s innocent nudity completely unrelated to the sen-
suous heroines of Jacques Blanchard?
I die without dying: Ariadne is not dead; she will revive. The picture, too, has retained
all its vibrancy. Ariadne, the immortal-to-be, is about awake. Perhaps she will let her pure, clear
voice be heard, as in the airs – in Italian or Spanish – that Louis and his brothers may have
heard. And the very French grace of the picture echoes her song, permeating a work that
radiates with charm and innocence.
Denis Grenier
Department of history
Laval University, Quebec
Denis.Grenier@hst.ulaval.ca
© April 2004
Translation : Mary Pardoe
Translators notes:
1
‘subjects [depicting] base and often ridiculous actions’
2
Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes. The work appeared
in successive instalments between 1666 and 1688.
3
He who is unthankful is ever disloyal, / He who is lascivious is ever fickle, / If Theseus forgets the woman he loved
/ And the advantage he received from her / When she protected him from danger; / Bacchus is no less inconstant,
/ For he is fond of change, / And Ariadne is unwise / In choosing such a lover: / Her sensual pleasure prevailed, /
Although her pain was over.
ut pictura musica
Music is painting, painting is music
41
This recording of pieces by Anthoine Boesset concludes the first part of our work on the
French air de cour, commenced in 1999; it is the last of three recordings devoted to the most famous
composers of the air de cour: Estienne Moulinié, Pierre Guédron and Anthoine Boesset. The latter's
secular output comprises two hundred and thirty airs – more that of the other two musicians, but
nevertheless very few, considering that the composer’s musical career spanned forty or so years. This
is partly explained by Boesset's perfectionism, as he himself confirms (not without some pride) in the
preface to his eighth book of 1632: ‘Yet I take the liberty of presenting these Airs which are not a great
many, coming as they do from one willingly leaves quantity to others, and who works for the élite
rather than for the masses.’
Vincent Dumestre
42
‘What is that? ...
We are [living] at a time when Poets and Musicians allow only spare moments
for piety; thoughts are no longer valued unless they savour somewhat of blasphemy
and ungodliness, poetry’s spiritual transports grow colder than ice when there are
no longer subjects on Earth capable of arousing them...
It must be said at the same time that men speak better than the Holy Ghost,
and that elegance and fine words are not as familiar in the mouth of God
as they are in the mouths of mortals...’
Indeed, what could the ‘spiritual’ poet do but attempt, by means of his cantiques1, to
purify the souls corrupted by the dissipation that prevailed in the air de cour? Since the
beginning of the century the air de cour had become omnipresent; its delicate melodies
appealed to every social class. From Pierre Ballard, official music printer to the king, could be
purchased the four or five separate vocal parts of the grande version, that is to say the one
performed at court by the pages2, chantres3, violists and lutenists of the King’s Chamber.
Ballard had earned a wider public for the genre by also proposing a version for solo voice and
lute, intabulated by the lutenist Gabriel Bataille or by the composers themselves. The success
of that collection hastened the evolution of the air de cour during the reign of Louis XIII.
The secular compositions of Anthoine Boesset (b Blois, 1587; d Paris, 1643), publi-
shed between 1606 and 1643, are probably the finest illustration of that evolution. A singer
and composer, successively Maître de la Musique de la Chambre du Roi, Maître de la
Musique de la Reine and finally Surintendant to both king and queen (1623), Boesset car-
ried on the great polyphonic tradition that had been passed on to him by his father-in-law,
Pierre Guédron. His production (almost 250 pieces), surpassing that of his predecessor and
also that of Étienne Moulinié, belonged to the same tradition. Paradoxically, the new ele-
43
ments he introduced, partly encouraged by his rich accomplishment in the field of ballets
de cour, precipitated the decline of this skilful polyphony, of which he was nevertheless
regarded as the undisputed master. Despite a further edition of his nine books of polypho-
nic airs de cour in 1685-1689, it was first and foremost the versions for voice with lute
accompaniment that earned him his posthumous fame. The récits and dialogues for solo voice
and lute included in his ninth book, published in 1643, the year of his death, were to give
the air de cour a galant turn that was more in keeping with the préciosité4 that was preva-
lent in the French salons of the mid-seventeenth century. The sensibility of the latter was in
turn to influence artistic tastes at the court of Louis XIV, where a keen interest was taken in
the airs sérieux for voice and continuo written by composers such as Michel Lambert and
Sébastien Le Camus.
Les fées des forêts de Saint-Germain (1625) and instrumental music in the bal-
lets de cour
At the beginning of Carnival 1625, the tiers of seats in the grande salle of the Louvre were
ready to receive the audience for the annual ‘Ballet du roi’. On 9 February, ‘five farcical fai-
ries from the forests of St Germain’ appeared ‘before the queens and the ladies of Paris to
admire their beauties and their merits. (...) As each one farcically represents a particular
domain, their mocking humour which makes fun of serious ballets invites them to come
each in turn to play one of their tricks to the assembled company.’ In these words the tone
was set and the audience prepared for the five scenes that constituted the masquerade for
which Boesset had composed airs and récits to words by René Bordier, the poet who was
responsible for the texts of the king’s ballets. As usual the instrumental pieces and dances
were the work of the ballet masters. The first fairy was the one representing music. Then
came Gillette ‘la hasardeuse’ (the venturesome, the taker of risks), who presided over
games of chance; she supervised a game of ‘tourniquet’5, played with delight by lackeys and
monkeys. Then Jacqueline ‘l’entenduë’ (the well informed), sang a récit about the power of
46
her magic over people with ‘crippled brains’ (‘les estropiez de cervelle’); this charming fairy
cherished the secret hope that she would be able to cure the gullible, simpletons, braggarts
and quibblers. And one such person danced joyfully at the idea of being freed from his weak-
ness: the whole court recognised beneath his dancer’s mask the king’s new favourite, the
Comte de Chalais, who was shortly to be beheaded for high treason. Which shows just how
far satire could be taken. The poor ‘deluded spirits’ soon joined a party of four ‘demy-fous’,
men half mad, one of them danced by Gaston d’Orléans, the king’s brother, and four ‘fan-
tasques’, eccentrics, who were ruining poor Jacqueline’s laudable plans through their fooli-
shness. Alizon ‘la hargneuse’ (the ill-tempered), who represented brave fighters, had little
more luck. Proudly she led a grotesque troop of crippled or deformed soldiers, riding on
mules and armed with wooden swords, who were soon obliged to give up their fight and
pitifully take to their heels...
Cultural exchanges
We suspect that the taste for Spanish culture was subject to the contingencies of the anta-
gonistic diplomatic relationships that existed between Bourbon and Habsburg. The ambi-
tions of the Spaniards represented an even greater danger for Louis XIII than for Henry IV, and
the young king’s marriage to the daughter of the ruling monarch of Spain had made no dif-
ference. The Spaniard ‘bloated with arrogance’ was a constant subject of raillery, showing the
ridiculousness of his excesses and ‘the vanity of his nation’, principally in the ballets de cour
in which he was surrounded by the lowest and most deformed beings, including thieves,
picklocks, impostors, blackguards and hunchbacks. While Italian literature had enjoyed
great favour in France since Renaissance times, the whole court supported the king’s aver-
sion for the country that had not only imposed on him a wife, but had also taken away his
dearest sister Elisabeth to become queen of Spain. In social circles outside the court, howe-
ver, people took a strong interest in the culture that flourished on the ‘banks of the Tagus’;
the latest works of Lope de Vega, Gongora and Cervantes were read in translation, and if the
learning of foreign languages was off-putting, it was indispensable for the gentleman at least
to hear and speak ‘the Italian and the Spanish’ (Nicolas Faret).
Like many Spanish musicians, the Galician Luis de Briceño championed his own cultu-
re in high Parisian social circles. In 1626 ‘Pedro Ballard, impresor del Rey’ published his gui-
tar method, accompanied by popular songs and dance songs. It was no doubt presumed
that those who purchased the method would know the tunes, for they were not included;
Briceño provided only the words of the songs and the tablature ‘en çiffras’ of a simple
accompaniment. Some of the rhythms were already in vogue at the French court, e.g. the
Zaravanda, whose harmonic grid was used as the basis for the anonymous air Nos esprits
51
libres et contents, which was included in the Ballet de la reine of 1609. As for the Gran Chacona,
it took up a tune that had recently arrived from the Spanish Indies; the text and accompani-
ment given by Briceño were based on a polyphonic version composed by Juan Arañés and
published in 1624.
Compositions to Spanish texts were very well received, as may be seen from the
prominence they were given in collections of airs de cour. For his two airs in Spanish
Boesset probably harmonised popular tunes that were well known among Hispanophiles.
While the air Frescos ayres del prado (1624) evokes the refinement of the tonos humanos7
of the court of Philip IV, Boesset probably composed the playlet Una música (1617) for the
entertainment of the young Queen Anne and her Spanish retinue. This poem, full of
Gallicisms, relates a tiff between Pedro and Joaníqua, characters that are found recurrently
in popular Spanish theatre. The apparent symmetry of verse and refrain is constantly inter-
rupted by short maxims that serve to patch things up between the pair.
Likewise, the Italian influence showed in the circulation of tunes whose origin is
often hard to determine. However, Boesset’s air Dove ne vai crudele (1628), based on a
melody that was also used by Moulinié, evokes both the humanist recitar cantando of the
Florentines Jacopo Peri and Giulio Caccini and the polyphonic madrigal as magnified by
Claudio Monteverdi – enough to nuance the resistance of the French to Italian innovations,
without calling into question their constant vigilance in defending a courtly art ‘à la française’
that expressed all the subtlety of the affects...
Thus, as we have seen, the air de cour of the time of Louis XIII was characterised by
a great diversity of tone. And Anthoine Boesset illustrated almost all of its inspirations – all
but one, in fact. Indeed, he left other musicians to compose another genre that delighted
high society: the drinking-song, or air à boire. Did he take his work at court so seriously
that he deemed such compositions unworthy of his position? Or was he simply a teetotal-
ler? He did, however, compose one air à boire, the only one of its type – in praise of water!
52
Buvons à longs traits de ces eaux,
Qui d'une roche salutaire
Noyant ce qui nous est contraire,
Apaisent la soif de nos maux.
Thomas Leconte
Versailles Centre for Baroque Music
Translation: Mary Pardoe
Translator’s notes:
1
French religious songs in the vernacular.
2
The young musicians who were trained by the Chamber.
3
The adult singers of the Chamber.
4
Préciosité: a style of thought and expression exhibiting delicacy of taste and sentiment.
5
A game played with a wheel like roulette.
6
The term entrée in a French ballet de cour referred to a group of dances unified by subject. ‘The récits separate
the ballet into acts, and the entrées of dances separate the acts into scenes’ (preface to the Ballet de la prospérité
des armes de France, 1641).
7
Secular songs.
8
Let us drink in long draughts of these waters / That from a beneficial rock, / Drowning what is unfavourable
to us, / Slake the thirst of our troubles. // Shun immoderate beverages / That hasten our death, / Yea, admire in
Nature / The wonder of her secrets.
LE CENTRE DE MUSIQUE BAROQUE DE VERSAILLES
Créé en 1988 à l'initiative du ministère de la Culture, le Centre assure une mission d'étu-
de et de diffusion du patrimoine musical français des XVIIe et XVIIIe siècles. Une équipe pluridis-
ciplinaire de chercheurs, éditeurs, pédagogues, producteurs et musiciens s'attache ainsi à retrou-
ver, restaurer et revivifier les œuvres oubliées ou incomplètes qui ont fait les grands moments de
l'histoire musicale de Versailles et de la France.
Le Centre organise chaque automne une saison de concerts au Château de Versailles qui
fait découvrir au public les œuvres que son équipe scientifique retrouve, restaure, édite, et qui
met en valeur les principaux compositeurs de l'époque.
Le Centre de Musique Baroque de Versailles bénéficie du soutien financier du ministère
de la Culture et de la Communication, du Sénat, du CNRS, du Conseil régional d'Île-de-France, du
Conseil général des Yvelines, de la Ville de Versailles, de l’Établissement public du Château de
Versailles ainsi que de plusieurs fondations et entreprises privées dont Carglass.
Created in 1988 on the initiative of the French Ministry of Culture, the Centre's mission is
to study and make available to a wide public the French musical heritage of the seventeenth and eigh-
teenth centuries. A multidisciplinary team of researchers, editors, teachers, producers and musi-
cians works to recover, restore and revive forgotten or incomplete works that played an impor-
tant part in the history of Versailles and of France.
Each autumn the Centre organises a season of public concerts at the Palace of
Versailles, presenting the works that its scientific team has discovered, restored and published,
and focussing on the major composers of the seventeenth and eighteenth centuries.
The Versailles Centre for Baroque Music receives financial backing from the Ministry of
Culture and Communication, the Senate, the National Organisation for Scientific Research
(CNRS), the Île-de-France Regional Council, the Yvelines General Council, the City of Versailles,
and various private firms and foundations, including Carglass.
CARGLASS
Partenaire du Centre de Musique Baroque de Versailles
The long-term partnership between the firm CARGLASS and the Versailles Centre for Baroque
Music (CMBV) corresponds to a community of values shared unreservedly by both partners: strong
initiatives, aims for the highest possible quality, internationalism, and the desire to be the foremost
representative, each in its own field.
CARGLASS is pleased to support the superb series of recordings devoted to Baroque music by
the Alpha label and the CMBV.
After the Stabat Mater by Pergolesi, the sacred works of Claude Le Jeune by Les Pages & Les
Chantres (the choir of the CMBV) and Danielis’s Cæleste convivium by the Pierre Robert Ensemble,
CARGLASS is delighted to support this recording of airs de cour by Anthoine Boesset, which follows
the magnificent concert given by Le Poème Harmonique and Vincent Dumestre as part of the cele-
brations of Louis XIII at the Palace of Versailles, for which CARGLASS was also a partner.
Patrice Crosnier
Directeur commercial et marketing /de CARGLASS
Sales and Marketing Manager for CARGLASS
“Depuis 10 ans, nous soutenons l’art vocal. Il y a tant de voix à vous faire entendre”
Musique sacrée, opéra, jazz vocal... Notre fondation encourage la formation et les débuts de
jeunes talents. Notre mécénat s’exprime aussi à travers le soutien d’ensembles vocaux, de
productions lyriques, de groupes de jazz, de concerts, d’enregistrements, de saisons
vocales, de festivals. Aux côtés de ceux qui font vivre l’art vocal, notre fondation s’engage.
Pour que toujours plus de voix puissent partager leurs talents, leurs émotions.
“For 10 years now, we have been patrons of the vocal arts. There are so many voices for
you to hear”
Sacred music, opera, vocal jazz... For ten years now, our fondation has encouraged the training
and débuts of young talent. Our patronage is equally expressed through the support we give
to vocal ensembles, festivals, vocal seasons, and operatic productions. Side by side with
those who bring alive vocal art and make it a living art form, our fondation is commited to
having an ever-increasing number of voices share their talent and their emotion...
Alpha 057