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Xavier Candido Francisco

JESUS CHEZ VOUS

par l’esprit Neio Lúcio

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Xavier Candido Francisco

JESUS
CHEZ VOUS
Ouvrez votre porte au Maître, ange de lumière
pure, venu sur notre orbe afin de racheter nos pêchés.

Son message, sublime, entrant par notre porte est


comme sa venue parmi nous, dans l’intime de notre
foyer et de notre coeur, nous apportant à tous , la paix,
l’harmonie, l’équilibre, la compréhension, la
tolérance, l’amour, scellant le ciment sacré des êtres
partageant le même toit.

La lecture hebdomadaire en famille d’un


passage, commenté et argumenté par chacun sera
comme des semences jetées qui germeront et portent
déjà les fruits d’un nouveau matin dans l’équilibre.

Soulagée, reposée, notre âme sera alors nourrie


et animée d’un amour familial grandissant dans la
Paix, la Lumière et l’Amour pour tous.

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EDITION ORIGINALE

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OUVRAGES DEJA TRADUITS EN FRANÇAIS

Série : André Luiz (Collection La vie dans le monde Spirituel) 1-16


1. Nosso Lar, la Vie dans le Monde Spirituel,
2. Les Messagers
3. Missionnaires de la Lumière
4. Ouvriers de la Vie Eternelle
5. Dans le Monde Supérieur
6. Agenda Chrétien
7. Libération, par l'esprit André Luiz
8. Entre le Ciel et la Terre
9. Dans les Domaines de la Médiumnité
10. Action et Réaction
11. Evolution entre deux Mondes
12. Mécanismes de la Médiumnité
13. Et la Vie Continue
14. Conduite spirite
15. Sexe et destin
16. Désobsession

Série : Emmanuel Les Romans de l’histoire


17. Il y a deux mille ans
18. 50 ans plus tard
19. Paul et Etienne
20. Renoncement
21. Avé Christ

Série: Source Vive


22. Chemin, Vérité et Vie.
23. Notre Pain
24. La Vigne de Lumière
25. Source de Vie

Divers
26. Argent
27. Choses de ce Monde (Réincarnation Loi des Causes et Effets)
28. Chronique de l’Au-delà
29. Contes Spirituels
30. Directives
31. Idéal Spirite
32. Jésus chez Vous
33. Justice Divine
34. Le Consolateur
35. Lettres de l’autre monde
36. Lumière Céleste
37. Matériel de construction
38. Moment
39. Nous
40. Religions des Esprits
41. Signal vert
42. Vers la lumière

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Index alphabétique

Jésus chez vous 7

1. Le culte chrétien à la maison 9


2. L'école des âmes 10
3. Les explications du Maître 12
4. La leçon de la graine 13
5. Le serf inconstant 14
6. Les outils de la perfection 15
7. Le plus grand serviteur 16
8. Le prince sensé 18
9. Le messager de l'amour 20
10. Le juge réformé 21
11. Le saint déçu 23
12. Les révélateurs de l'homme 24
13. Le révolutionnaire sincère 26
14. La couronne et les ailes 28
15. Le ministre sage 29
16. L'aide mutuelle 30
17. L'exaltation à la courtoisie 31
18. La bénédiction de l'encouragement 32
19. La recette du bonheur 34
20. La charité inconnue 36
21. Le riche vigilant 38
22. Le talisman divin 39
23. Les messagers insouciants 40
24. Les signes de la rénovation 41
25. La visite de la Vérité 42
26. La valeur du travail 44
27. Le don oublié 45
28. La réponse céleste 47
29. La parabole rééditée 49
30. La règle de l'aide 50
31. La raison de la douleur 51

5
32. La foi victorieuse 53
33. Le divin appel 54
34. La servante scandalisée 55
35. Le besoin de compréhension 57
36. Le problème difficile. 58
37. Le fils oisif 59
38. L'argument juste 61
39. Le pouvoir des ténèbres 63
40. L'antagoniste venimeux 65
41. Le saint encouragement 67
42. Le message de la compassion 69
43. La gloire de l'effort 70
44. La leçon de l'essentiel 71
45. L'impératif de l'action 72
46. L'arbre précieux 73
47. L'éducateur perturbé 74
48. Le bénéfice commun 75
49. Le voyage de rédemption 77
50. En prière 79

Biographie 81
Liste des ouvrages en langue brésilienne 84

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Jésus chez vous
Pour la plupart des personnes versées dans l'étude, le Christ est celui dans l'Histoire
qui a modifié le cours des événements politiques du monde. Pour la plupart des théologiens, il
est juste un sujet d'étude cité dans les écritures sacrées ayant changé le cours des
interprétations de la foi. Pour les philosophes, il est l'objet de polémiques interminables et
pour la multitude des croyants ordinaires, il est le bienfaiteur providentiel dans les crises
difficiles de la vie courante.

Toutefois, quand l'homme prend conscience de la grandeur de la Bonne Nouvelle, il


comprend que le Maître n'est pas seulement le réformateur de la civilisation, le législateur de
la croyance, la tête de file d'une philosophie ou un pourvoyeur de facilités. Il est par-dessus
tout le rénovateur de la vie de chacun d'entre nous.

Lorsqu'il comprend la sublimité de cet enseignement, l'homme aime se rendre au


temple pour orienter ses pas. Mais il ne se contente pas des réunions coutumières pour
manifester son adoration ; il ramène son Ami Céleste dans son sanctuaire familial. Jésus
contrôle alors les passions, corrige les Comportements et inspire les mots pour que le
comportement de son apprenti soit le reflet de ses enseignements éternels. C'est ainsi que le
Seigneur espère étendre le royaume divin de la paix et de l'amour sur la Terre.

Quand l'Évangile pénètre dans une maison, le cœur ouvre plus facilement sa porte au
Maître divin.

Neio Lûcio connaît cette vérité profonde et dédie aux nouveaux disciples quelques
leçons que le Seigneur a destinées au cercle plus intime de ses apôtres et disciples de la
première heure.

Presque vingt siècles se sont écoulés depuis les prémisses de la Bonne Nouvelle, et
aujourd'hui, la maison de Simon c'est le monde entier...

Jésus parle encore aux compagnons sous toutes les latitudes. Que sa voix ferme et
douce puisse graver dans le livre de notre âme la leçon rénovatrice qui nous fait tant défaut, et
nous convertisse en des semeurs actifs de son amour infini. C'est le plus grand bonheur auquel
nous pouvons aspirer.

Emmanuel Pedro Leopoldo,

le 3 octobre 1949.

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Xavier Candido Francisco

JESUS CHEZ VOUS

par l’esprit Neio Lúcio

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1. Le culte chrétien à la maison
Le ciel était empli d'étoiles dans la nuit argentée par le clair de lune. Le Seigneur
installé provisoirement chez Pierre prit les Saintes Écritures et, voulant changer le cours de la
conversation qui devenait stérile et peu enrichissante, il parla avec bonté :
- Simon, que fait le pêcheur quand il se rend au marché avec les fruits de chaque jour ?
L'apôtre réfléchit quelques instants et répondit hésitant :
- Maître, nous choisissons naturellement les meilleurs poissons. Personne n'achète
des restes de la pêche.
Jésus sourit et demanda de nouveau :
- Et le potier ? Que fait-il pour exécuter le travail qu'il se propose de faire ?
- Seigneur, il doit sûrement modeler la terre en la façonnant pour lui donner la forme
souhaitée, répondit le pêcheur, intrigué.
LAmi Céleste, posant sur lui un regard compatissant et fulgurant, insista :
- Et comment procède le charpentier pour exécuter son travail ? L'interlocuteur,
simplement rétorqua sans vaciller :
- Pour travailler le bois, il utilisera la doloire et la scie, le marteau et ciseau. Sinon, il
ne pourra pas tailler la pièce brute.
Jésus se tut quelques instants et ajouta :
- C'est ainsi que doit être la maison vis-à-vis du monde. Le berceau domestique est la
première école et le premier temple de l'âme. La demeure de l'homme forgera les caractères
pour la vie en commun. Si le négociant sélectionne sa marchandise, si le menuisier n'arrive
pas à construire un bateau sans façonner le bois comme il le souhaite, comment espérer qu'une
communauté soit sure et tranquille si le foyer ne s'améliore pas ? La paix dans le monde
commence sous le toit que nous choisissons. Si nous n'apprenons pas à vivre en paix entre
quatre murs, comment espérer l'harmonie entre les nations ? Si nous ne nous habituons pas à
aimer le frère le plus proche, celui qui est associé à notre lutte quotidienne, comment allons-
nous respecter le Père Éternel qui nous semble si distant ?
Jésus balaya du regard la modeste salle, fit un petit intervalle et continua :
- Pierre, allumons ici une clarté nouvelle autour de ceux qui nous demandent une
assistance fraternelle. La table de ta maison est la demeure de ton pain. C'est là que tu reçois
du Seigneur l'aliment de chaque jour. Pourquoi ne pas installer autour d'elle la semence du
bonheur et de la paix dans les conversations et dans les pensées ? Le Père qui par le sol nous
donne le blé destiné à la grange, par le Ciel nous envoie la lumière. Tout comme la clarté naît
des rayons qui la composent, l'abondance commence par la semence. C'est pour cela que
l'Évangile n'a pas commencé parmi une multitude, mais dans la demeure simple des pasteurs
et des animaux.
Simon Pierre regarda le Maître les yeux humides et lucides et comme s'il n'arrivait pas
à trouver les mots qu'il fallait pour s'expliquer, il murmura timidement :
- Maître, qu'il en soit comme tu le souhaites.
Alors, Jésus, invitant la famille de l'apôtre à se joindre à un dialogue édifiant et à une
méditation élevée, déroula les écritures de la sagesse et commença le premier culte chrétien
dans une maison sur la Terre.

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2. L'école des âmes
Rassemblés autour du Christ, les membres de la famille de Simon écoutaient la douce
et persuasive voix du Maître qui commentait les textes sacrés.
Quand la parole divine termina sa superbe leçon, la belle-mère de Pierre demanda
inquiète :
- Seigneur, en fin de compte, quelle est l'utilité de notre vie dans la maison ?
Elle le regarda avec insistance pour lui démontrer quelle l’espérait recevoir plus de
précision, puis elle ajouta :
- Le travail commence parmi les fleurs, mais il se poursuit par la récolte pénible des
épines. Au début, il y a des promesses de paix et de compréhension. Mais rapidement
apparaissent les obstacles et les déceptions...
Voyant que la femme galiléenne était émue jusqu'aux larmes, )élU8 répondit
promptement :
- La maison est l'école des âmes, le temple où la sagesse divine nous habilite peu à peu
au grand entendement de l'Humanité.
Et souriant, il demanda :
- Que fais-tu avec les lentilles, avant de les servir pour le repas ? La femme répondit,
hésitante :
- Naturellement, Seigneur, je les mets sur le feu pour quelles cuisent suffisamment.
Ensuite je les assaisonne pour quelles aient un goût agréable.
- Servirais-tu également du pain cru sur la table ?
- Bien sûr que non, répondit humblement la vieille dame, avant de pouvoir le
consommer, je dois le faire cuire dans le four. Sans cela...
LAmi divin fit alors la suivante considération :
- Il existe aussi un banquet dans la vie céleste dans lequel nos sentiments doivent
servir la gloire du Père. La maison est souvent un creuset béni ou un four préparateur. Ce que
nous y ressentons, la douleur ou la souffrance par exemple, est en réalité une aide spirituelle.
Le cœur réveillé par la Volonté du Seigneur tire les plus lumineuses bénédictions de ses luttes
rénovatrices, car ce n'est que là, dans ses rapports avec les autres, en examinant les aspirations
et les tendances d’autrui, en observant les défauts des autres et en les supportant, que nous
apprenons à nous défaire de nos propres imperfections. As-tu noté combien l'existence d'un
homme est rapide ? La vie charnelle est semblable à la fleur de l'herbe. Le matin, elle épanche
son parfum, la nuit elle disparaît... Le foyer est une école facile de fraternité dont nous
profiterons dans la vie éternelle. Les souffrances et les conflits naturels en son sein sont des
leçons.
La belle-mère de Simon écouta avec attention et dit :
- Seigneur, il existe pourtant des créatures qui luttent et qui souffrent et qui malgré
tout n'apprennent jamais.
Le Christ posa sur son interlocutrice un regard très lucide et répondit :
- Que fais-tu des lentilles endurcies qui ne cèdent pas sous l'action du feu
? Jésus chez vous
- Ah ! Je les jette aux ordures, car elles pourraient blesser la bouche de celui qui la
mange sans se méfier.
- La même règle s'applique à l'âme rebelle aux suggestions du foyer, conclut le
Maître. La lutte courante entretient le bouillon bienfaisant. Toutefois, avec la mort, la grande
trieuse d'aliment spirituel des granges de Notre Père, les cœurs qui n'ont pas cédé à la chaleur
sanctifiante, qui sont encore aussi endurcis que lorsqu'ils ont été conduits dans le four béni de

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la chair, seront jetés et serviront d'engrais pendant un temps indéfini parmi les détritus de la
Nature.

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3. Les explications du Maître
Pendant une conversation éducative, Sarah, l'épouse de Benjamin l'éleveur de chèvres,
entendant les commentaires que le Maître faisait pendant les doux enseignements qu'il donnait
dans la maison de Capharnaüm, demanda les yeux fascinés par ces révélations nouvelles :
- L'idée du Royaume de Dieu dans nos vies est réellement sublime. Toutefois,
comment m'y initier ? Nous avons entendu les sermons faits sur le bord du lac et nous savons
que la Bonne Nouvelle nous conseille par-dessus tout l'amour et le pardon... Je voudrais être
fidèle à ces principes, mais je me sens captive des règles anciennes. Je n'arrive pas à
pardonner ceux qui m’offensent, je ne comprends pas que Ton puisse laisser ce que l'on a
dans l'intérêt d'autrui, je suis attachée à mes biens et je tiens à tout ce que considère comme
étant ma propriété.
La dame se confessait en toute simplicité en arborant un sourire déçu comme si elle se
trouvait face à des obstacles quasi insurmontables.
- Pour cela, commenta Pierre la bonne volonté est indispensable.

- Grâce à la foi en Notre Père Céleste, nous traverserons les écueils les plus difficiles,
dit l'épouse de Simon.
Toutes les personnes présentes attendaient anxieusement que le Seigneur se prononce.
Il parla après un long silence :
- Sarah, quel est le travail principal chez toi ?
- C'est l'élevage de chèvres, rétorqua-t-elle, curieuse.
- Comment fais-tu pour conserver le lait afin qu'il reste pur et en état d'être consommé
dans ta maison?
- Seigneur, je dois avant tout laver soigneusement le récipient dans lequel il sera
conservé. S'il reste ne serait-ce qu'une souillure dans l'amphore, rapidement tout le lait devient
acide et il ne peut plus servir pour les services les plus délicats.
Jésus sourit et expliqua :
- Il en va de même pour la révélation céleste dans le cœur de l'homme. Si nous ne
purifions pas le vase de l'âme, la connaissance, même si elle est grande, se confond avec les
souillures de notre intimité, comme si elle se dégradait, en réduisant la quantité des biens que
nous pourrions recueillir. En vérité, Moïse et les Prophètes ont été les valeureux porteurs de
messages divins, mais les descendants du peuple élu n’ont pas suffisamment purifié le
réceptacle vivant de l'esprit pour les recevoir. C'est pour cela que nos contemporains sont
justes et injustes, croyants et incrédules, bons et mauvais en même temps. Le lait pur des
enseignements élevés pénètre le cœur comme l'aliment nouveau, mais là il se mélange à la
rouille du vieil égoïsme. Du service rénovateur de l'âme restera alors le vinaigre de
l'incompréhension, en retardant le travail réel du Royaume de Dieu.
La petite assemblée dans le salon de Pierre reçut la leçon sublime et simple avec
émotion, sans intervenir.
Le Maître se leva discrètement. Humblement, il passa la main dans les cheveux de la
dame qui lui avait parlé et conclut généreusement :
- Sur le lys blanc, la rosée est un diamant céleste, mais dans la poussière de la route,
elle est une goutte boueuse. N'oublie pas cette vérité simple et claire de la Nature.

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4. La leçon de la graine
Devant la perplexité de ses auditeurs, Jésus parla avec conviction :
- En vérité, il est très difficile de vaincre les afflictions de la vie humaine. Partout où le
regard se porte, il n'y a que guerre, Incompréhension, injustice et souffrance. Dans le Temple,
qui est la Maison du Seigneur, paraissent l'orgueil et la vanité chez les riches, la haine et la
révolte chez les pauvres. Notre cœur n'est pas toujours aussi pur et propre que nous le
voudrions, car nous sommes entourés par les épines, les marécages et les serpents. Mais l'idée
du Royaume de Dieu est pareille à la graine minuscule du blé. Presque imperceptible, elle est
lancée dans la terre. Elle en supporte le poids et les détritus, mais elle germe. Et la pression et
les impuretés du sol n'arrêtent pas sa marche. Elle traverse le sol sombre et, même si elle en
retire une grande partie de son aliment, elle est dominée par le besoin d'aller vers la lumière,
vers le haut. Alors, que le soleil brille ou qu'il pleuve, qu'il fasse jour ou qu'il fasse nuit, elle
travaille sans cesse à sa propre croissance, et dans son délire de monter elle fructifie pour le
bien de tous. L'apprenti qui a senti le bonheur du ravivement intérieur comme la graine de blé,
observe que de longues racines le retiennent aux inhibitions terrestres... Il sait que la
méchanceté et la suspicion entourent ses pas, que la douleur est une menace constante. Mais,
il ressent par-dessus tout l'impulsion de monter sans parvenir à se retenir. Il agit en
permanence dans la sphère dont il s'est fait le pèlerin au bénéfice du bien général. Il ne voit
pas les séductions irrésistibles dans les fleurs qui se trouvent sur son parcours. Sa rencontre
avec la Divinité dont il se reconnaît l'heureux héritier est son objectif immuable et il ne prend
plus de repos dans sa marche comme si une lumière ardente consommait son cœur en le
torturant. Sans s'en apercevoir, il produit des fruits d'espoir, de bonté, d'amour et de salut, car
il ne recule jamais pour compter les bénéfices dont il s'est fait l'instrument fidèle. La vision du
Père est la préoccupation obsédante qui vibre dans son âme de fils nostalgique.
Le Maître se tut pendant un moment et conclut :
- Pour cela, même si les pieds du disciple sont encore pris dans la boue de la Terre, le
travail infatigable du bien là où il se trouve est la marque indiscutable de son élévation. Nous
reconnaîtrons les arbres à leurs fruits et nous identifierons l'ouvrier du Ciel par le travail qu'il
réalise.
À ce moment, Pierre intervint et demanda :
- Seigneur, que dire alors de ceux qui connaissent les principes sacrés de la charité et
qui ne les pratiquent pas ?
Jésus le regard satisfait, expliqua :
- Ceux-là Simon représentent les graines qui dorment bien qu'elles aient été jetées
dans le sein généreux de la terre. Elles garderont avec elles les valeurs précieuses du Ciel,
mais elles y resteront inutiles pendant longtemps. Mais soyez surs que les inondations et les
ouragans passeront sur elles en modifiant leur position sur le sol, et un jour, elles germeront
victorieuses. Dans les champs de Notre Père, il y a des millions d'âmes qui attendent ainsi les
tempêtes rénovatrices de l'expérience pour se diriger vers la gloire du futur. Aidons-les avec
amour et continuons nous aussi à regarder vers l'avant !
Ensuite, comme tout le monde était en silence, Jésus bénit la petite assemblée
familiale et partit.

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5. Le serf inconstant
Devant toutes les personnes présentes, le Maître relata simplement :
- Un homme trouva la lumière de la Révélation Divine et souhaita ardemment se
qualifier pour vivre parmi les Anges du Ciel.
Il supplia tant cette bénédiction au Père que par inspiration, le Seigneur le guida vers
l'amélioration nécessaire aux fins auxquelles il aspirait.
Par le biais de quelques amis orientés par le Pouvoir divin, le candidat qui démontrait
être habile en sculpture fut amené pour être le collaborateur d'un vieux maître et travailler sur
marbre précieux. Mais, il démissionna rapidement en alléguant qu'il lui était impossible de se
soumettre à un homme rude et intraitable. Il fut donc dirigé vers un atelier de confection
d'articles en bois, sous la direction d'un vieux sculpteur. Il l'abandonna sous peu également en
affirmant qu'il était insupportable. Il fut ensuite employé sous l'orientation d'un notable
ouvrier spécialisé dans la construction de colonnes en style grec. Mais il ne tarda pas à le
quitter en déclarant qu'il ne tolérait plus ses exigences. Peu de temps après, il prit un travail
sous les ordres d'un sculpteur expérimenté de décorations d'arcs de fête, mais après une
semaine, il renonça à son engagement en affirmant qu'il était un chef trop violent et irrité. Il se
plaça ensuite sous l'orientation d'un fabricant d'arches précieuses qu'il quitta quelques jours
plus tard sous prétexte qu'il était sans âme et cruel.
Et ainsi, de travail en travail, d'atelier en atelier, l'aspirant au Ciel disait
continuellement qu'il ne pouvait pas consacrer son énergie à son expérience terrestre, car
partout il était confronté à l'erreur, à la méchanceté et à l'acharnement contre lui de ceux qui le
dirigeaient. Un beau jour, la mort vint le chercher en présence des Anges du Seigneur.
Il fut surpris de ne pas les voir aussi souriants qu'il l'espérait. L'un deux s'avança et
tristement lui demanda :
- Ami, pourquoi ne t'es-tu pas préparé en vue des impératifs du Ciel ?
L'interpellé voyant l'ombre qui l'entourait, comprit sa propre infériorité, et clama en
pleurs qu'il n'avait rencontré qu'exigence et sévérité chez ses dirigeants humains.
Le Messager remarqua avec amertume :
- Le Père t'a appelé à servir en ton propre bénéfice et à ne pas juger. Chaque homme
doit donner de lui-même à Dieu. Personne n'échappe à la Justice Divine qui se révèle au
moment précis. Comment as-tu pu oublier une vérité aussi simple dans ta vie ? Le maillet
frappe la bigorne, l'artisan guide le maillet, le commerçant examine l'ouvrage en fer, le public
donne une opinion sur le négociant, et le Seigneur juge et analyse l'ensemble. Si tu as fui face
aux petits travaux du monde, en alléguant que les autres étaient incapables et indignes de
diriger, comment pourras-tu comprendre le ministère céleste ?
Et l'ouvrier inconstant dut subir les conséquences de sa chute insensée.
Jésus chez vous
Jésus fit une pause et conclut :
- Celui qui se trouve sous la domination de personnes qui suivent une discipline
rigoureuse et sévère obtiendra d'excellents résultats s'il sait et s'il peut profiter de cette
rigidité, en s'inspirant du bois brut au contact du rabot bienfaisant. Bénie soit la main qui
éduque et qui corrige, mais bienheureux celui qui s'améliore au contact de son geste de
rénovation et de perfectionnement. Car les maîtres du monde réclament toujours la leçon
d'autres maîtres, mais l'œuvre du bien, quand elle est réalisée pour tous, demeure
éternellement.

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6. Les outils de la perfection
Ce soir-là, Simon Pierre commenta que son esprit était tourmenté par un chagrin
extrême.
Il s'était irrité contre des parents rudes et injustes.
Un vieil oncle l'avait accusé de dilapider les biens de la famille et un cousin avait
menacé de le gifler sur la voie publique.
Son visage était fermé et austère.
Après que le Maître ait lu quelques phrases des Saintes Écritures, le pêcheur parla. Il
décrivit le conflit avec sa famille et Jésus l'écouta en silence.
Lorsque le long récit prit fin, le Seigneur demanda :
- Et qu'as-tu fait Simon face aux agressions de tes parents Incompréhensifs ?
- J'ai réagi sans aucun doute comme il le fallait ! répondit l'apôtre avec véhémence. Je
les ai tous remis à leur place. Je leur ai jeté à la figure les défauts dont ils sont porteurs. Mon
oncle est Un exemple rare d'avarice et mon cousin un menteur invétéré. Je leur ai prouvé
devant une assistance nombreuse qu'ils sont tous les deux des hypocrites et je ne regrette pas
ce que j'ai fait.
Le Maître réfléchit quelques longs instants et parla avec compassion :
- Pierre, que fait un charpentier pour construire une maison ?
- Il travaille bien évidemment, répondit l'interpellé agacé.
- Avec quoi ? lui répondit l'Ami Céleste amusé.
- Avec des outils.
Après la brève réponse de Simon, le Christ poursuivit :
- Les personnes avec lesquelles nous naissons et vivons sur la Terre sont les premiers
et les plus importants outils que nous recevons du Père pour édifier le Royaume des Cieux au-
dedans de nous. Lorsque nous ne savons pas nous servir des ustensiles destinés à notre
amélioration, il est presque impossible de réussir avec ceux des autres, car le Père nous
concède les problèmes de la vie selon notre capacité pour les résoudre. L’oiseau est obligé de
faire son nid, mais on ne lui demande rien d'autre. La brebis donne de la laine au pasteur, mais
personne n'exige quelle fournisse le vêtement fini. L'homme a reçu d'autres responsabilités
qui sont celles de l'amour et de l'humilité, en agissant avec intelligence et constance en faveur
du bien commun afin que la paix et le bonheur ne soient pas un mythe sur Terre. Très
souvent, les parents proches sont le marteau ou la scie dont nous pouvons nous servir pour
construire le temple vivant et sublime par le biais duquel le Ciel se manifestera dans notre
âme. Le menuisier se sert de ses outils en dehors. Nous avons le devoir de nous servir des
nôtres en dedans. Dans toutes les occasions, l'ignorant est pour nous un terrain de bienfait
spirituel, le mauvais est un défi qui met notre bonté à l'épreuve, l'ingrat est un moyen
d'exercer notre pardon, le malade est une leçon pour notre capacité à secourir. Celui qui a un
bon comportement au nom du Père vis-à-vis de ses parents endurcis ou indifférents se prépare
rapidement pour la gloire du service envers l'Humanité, car si la patience améliore la vie, le
temps transforme tout.
Jésus se tut, et comme Pierre avait encore un regard interrogateur, il ajouta plein de
sérénité :
- Si nous n'aidons pas le malheureux qui est auprès de nous, comment aiderons-nous
les infortunés au loin ? Si nous n'aimons pas notre frère qui respire le même air que nous,
comment nous consacrerons-nous au Père qui se trouve dans les Cieux ?
Après ces questions, régna dans la modeste salle de Capharnaüm un silence expressif
que personne n'osa interrompre.

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7. Le plus grand serviteur
Participant à la réunion familiale, à un certain moment, Philippe demanda au Divin
Maître :
- Seigneur, quel est le plus grand serviteur du Père parmi les hommes de la Terre ?
Jésus réfléchit quelques minutes et raconta :
- Une grande multitude était réunie dans un grand champ ou se trouvait un guerrier
fameux chargé d’épées et de médailles qui donnait des leçons de tactique militaire, en incitant
son auditoire à apprendre à se défendre. Le peuple se mit à faire des exercices laborieux, en
sautant et en courant dans tous les sens, sans que cela ne leur apporte rien. Mais ils
continuèrent tout de même sans direction ni enthousiasme et beaucoup jeunes furent emportés
dans les activités préparatoires d'une guerre probable. Peu de temps après, arriva dans la
même région un grand politicien muni d'un ensemble de règlements, qui divisa la foule en
plusieurs partis. Les jeunes se déclarèrent contre les vieux, les foyers pauvres contre les
riches, les serfs contre les privilégiés. Il y eut des améliorations matérielles, car la concurrence
entre les divers groupes avait été introduite dans cette région, mais le politicien repartit en
laissant derrière lui les épineux buissons de la haine, de la désillusion et de la discorde entre
ses collaborateurs. Après lui vint un philosophe, portant sous le bras de volumineux volumes.
Il divisa le peuple en plusieurs écoles de croyances qui rapidement propagèrent des
discussions stériles dans tous les cercles. Rapidement, tout le monde douta de tout, même de
sa propre existence. La philosophie présentait sans aucun doute des avantages spécifiques,
parmi lesquels l'exhortation à la pensée, mais les perturbations qui s'en suivaient étaient trop
lamentables. Le philosophe avait laissé de nombreuses questions inutiles pour des cerveaux
qui n'étaient pas capables de faire un effort pour s'élever. Ensuite se présenta un religieux avec
une belle robe bardée de symboles. Celui-ci leur enseigna de nombreuses règles pour adorer le
Père. Le peuple apprit à plier les genoux, à se laver et à supplier la protection divine aux
heures convenues. Mais les problèmes fondamentaux de la communauté continuaient
toujours.
Dans ce vaste domaine, il n'y avait aucune directive de travail, pas d'enthousiasme
permanent, pas de valeur, pas de joie. La maladie et la mort, la nécessité et l'ignorance
rôdaient autour de tous.
Pourtant un jour apparut un homme simple. Il n'avait ni armes, ni écritures, ni
discussions, ni images, mais par son sourire spontané, il révélait un cœur rempli de bonne
volonté qui guidait ses mains laborieuses. Il ne prêchait aucune doctrine spectaculaire, mais
par ses gestes de bonté pure et constante, il rendait un culte sincère au Tout-Puissant. Il prit de
la notoriété, car il avait labouré un petit lopin de terre en le décorant de fleurs et de fruits
précieux. Il discutait avec ses compagnons de lutte, leur donnant des enseignements fraternels
et édifiants et il transmettait son expérience à tous ceux qui voulaient l'écouter. Il travailla le
bois, planta des arbres bienfaisants, construisit des maisons et installa une école moderne.
Rapidement, se répandirent autour de lui la santé et la paix, la fraternité et les bénédictions du
travail, la prospérité et la joie de vivre. Grâce à l'esprit de travail et d'enseignement qu'il
divulguait, les défenses étaient bonnes, la politique aidait, la philosophie était précieuse et la
religion utile, car toutes ces actions sur le terrain étaient maintenant orientées par le saint
impératif de l'exécution du devoir personnel pour le bien de tous.
Le Christ se tut, mais la petite assistance n'osa pas poser de question.
Après avoir contemplé l'horizon au loin pendant de longs instants d'une pensée muette,
le Maître conclut :

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- En vérité, beaucoup de travailleurs dans le monde méritent les bénédictions du Ciel
en raison du bien qu'ils apportent aux corps et aux esprits, mais celui qui éduque l'Esprit
éternel par l'enseignement et par le service est supérieur à tous.

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8. Le prince sensé
Les apôtres dialoguaient sur la conduite la plus conseillée face au Tout-puissant quand
le Maître narra avec douceur :
- Un roi, seigneur d'immenses terres, qui souhaitait ennoblir l'esprit de ses enfants pour
leur laisser un héritage digne, les emmena dans une vaste vallée verdoyante et riche de son
énorme empire et confia à chacun d'entre eux un domaine qu'ils devaient préserver et faire
enrichir grâce à un travail continu. Le Père attendait d'eux la couronne de la compréhension,
de l'amour et de la sagesse qui ne pouvait être conquise que par l'éducation et le travail.
Comme le matériel à leur disposition était temporaire, il leur donna un temps déterminé pour
édifier les constructions qui leur seraient indispensables par la suite pour leur travail
d'élévation. Il procédait de la sorte, car la vallée subissait régulièrement des modifications ; tôt
ou tard, une tempête dévastatrice devait s'abattre sur la région et seuls seraient en sécurité
ceux qui auraient construit un abri solide. Le souverain se retira, et les enfants encore jeunes,
suivis des nombreuses tribus qui les accompagnaient, se reposèrent longuement émerveillés
par la beauté des plaines baignées par le soleil. Lorsqu'ils se levèrent pour travailler, ils
entamèrent de longues conversations sur les lois de la solidarité, de la justice et de la défense,
chacun exigeant d’être considéré différemment des autres. Presque personne n'appliquait les
règles établies par le gouvernement central. Les princes et leurs proches, pour la plupart pour
des questions de confort personnel, s'évertuaient à rechercher des subterfuges pour trahir les
principes qu'ils avaient juré de respecter sans qu'il y ait de scandale visible entre eux. En
essayant de tromper leur Père magnanime, en le flattant au lieu de l'honorer par un travail
honnête, ils se lancèrent dans des discussions compliquées sur des problèmes à caractère
personnel du souverain.
Ils passèrent des années à discuter sur son apparence. Certains voulaient qu'il ait le
visage blanc comme le lys, alors que d'autres insistaient pour qu'il ait le teint mat comme celui
des captifs de Sidon. Beaucoup affirmaient qu'il avait un corps de géant et un grand nombre
exigeait qu'il soit un ange couronné d'étoiles.
Tandis que les disputes se multipliaient, le temps s'écoulait. Des insectes destructeurs
qui se reproduisaient rapidement envahirent les terres en détruisant une grande partie des
précieuses ressources. Des débris descendirent des montagnes proches et formèrent un
ensemble compact de gravats dans ces régions et les princes insouciants, oubliant
complètement leurs obligations fondamentales, se chamaillaient à tout moment pour des
motifs futiles.
Cependant, un des fils, plus avisé, avait pris note des décrets paternels et les avait mis
en pratique. Il n'oubliait jamais les conseils du roi et quand cela était possible, il les étendait
aux compagnons les plus proches. Il passa les heures que les lois en vigueur lui concédaient
pour le repos à construire un abri qui garantirait la tranquillité future, en distribuant la beauté
et la joie sur tout le domaine que le père lui avait cédé sous la forme d'un prêt.
Alors, lorsque la tourmente rénovatrice et violente arriva, le prince sensé qui avait
aimé et servi le monarque avec conscience et affection, en écoutant ses leçons libératrices de
fraternité pure, en respectant sa volonté juste et bienveillante dans son travail de chaque jour,
dans les difficultés qui construisent l'âme et la sueur sur le visage, fut naturellement reçu dans
un sanctuaire de paix et de sécurité que ses frères querelleurs ne trouvèrent point.
Un doux silence envahit la modeste salle...
Après quelques minutes, le Maître posa ses yeux lucides sur la petite assemblée et
conclut :

18
- Celui qui analyse de trop sans esprit de service peut se laisser facilement enivrer par
les abus de la parole, mais personne ne regrettera d'avoir enseigné le bien et travaillé de ses
propres forces au nom du Père Céleste, sur le chemin béni de la vie.

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9. Le messager de F amour
Lors de cette réunion, il était question de la prépondérance des sages de la Terre,
quand Jésus prenant la parole, raconta simple et serein :
- Il y a de nombreuses années, alors que le monde passait par une crise calamiteuse
d'ignorance et de perversité, le Père tout puissant lui envoya un messager de la science avec la
mission de lui remettre le glorieux message de la vie éternelle. Prenant forme dans la sphère
de la chair, le savant ouvrier devint professeur et très intéressé par les lettres, il se passionna
exclusivement pour les ouvrages de l'intelligence, en s'écartant écœuré de la multitude
Inconsciente et en déclarant qu'il vivait dans une avant-garde lumineuse, inaccessible à la
compréhension des personnes communes. Voyant qu'il était incapable de remplir les
engagements assumés, le Seigneur compatissant permit qu'un autre porteur de la science y
aille ; après quelque temps il devint un médecin admirable. Le nouveau messager de la
Providence se réfugia dans une salle remplie d'herbes et de breuvages, et ne s'intéressa qu'aux
malades importants qui pouvaient le récompenser largement, en affirmant que la plèbe était
trop mesquine pour captiver son attention. Dieu détermina alors que viendrait un autre
émissaire de la science qui devint un guerrier célèbre. Il se servit de l'épée du calcul avec
maîtrise, se plaça aux côtés d'hommes astucieux et vengeurs, s'éloignant des humbles et des
pauvres ; il affirma que la seule finalité du peuple était de souligner la gloire des dominateurs
sanguinaires. Attristé par tant d'échecs, le Seigneur Suprême envoya un autre missionnaire de
la science qui rapidement fut un brillant artiste. Il s'isola dans les salons riches et opulents et
composa une musique pour griser de plaisir le cœur des hommes momentanément heureux, en
affirmant que le peuple ne séduisait pas sa sensibilité que lui-même considérait comme trop
avancée pour son temps.
Ce fut alors que le Père Sublime, préoccupé par tant de tergiversations, ordonna la
venue d'un messager d'amour pour les hommes.
Cet envoyé contempla tous les tableaux de la Terre avec une immense piété. Il eut
pitié du professeur, du médecin, du guerrier et de l'artiste et fut ému par le malheur et la
sauvagerie de la foule. Il décida alors de travailler au nom de Dieu et devint le serf diligent de
tous. Il œuvra alors en bénéfice de tous, en s'identifiant avec le peuple qu'il était venu servir. Il
savait excuser indéfiniment et répéter mille fois le même effort ou la même leçon. S'il était
humilié ou poursuivi, il considérait l'offense comme un défi bienfaisant pour sa capacité de
travail régénérateur. Il pouvait ainsi démontrer sa reconnaissance au Père qui l'avait envoyé
pour la confiance qu'il lui portait. Comme il aimait ses frères de lutte sans réserve, souvent il
fut amené à prier et à demander le secours du Ciel face aux griffes de la calomnie et du
sarcasme. Mais il voyait dans les plus basses manifestations de la nature humaine des motifs
pour s'engager avec plus de chaleur pour l'élévation des compagnons animalisés qui ne
connaissaient pas encore la grandeur et la sublimité du Père bienveillant qui leur avait donné
la vie.
Il continua ainsi, en se plaçant le dernier de tous, et il alluma la lumière de la foi
rénovatrice et de la bonté pure dans le cœur des créatures terrestres, en les élevant au plus
haut niveau. Il fut pleinement victorieux dans la divine mission dont il avait été investi.
La douce parole du Messie fit une légère pause, et voyant le silence qui avait remplacé
le bruit qui régnait quelques instants auparavant, il termina avec un ton expressif dans la voix:
- Culture et sanctification représentent des forces inséparables de la gloire spirituelle.
La sagesse et l'amour sont les deux ailes des anges qui ont atteint le Trône divin. Mais partout
celui qui aime marche devant celui qui n'a que le savoir.

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10. Le juge réformé
Le Seigneur avait recommandé dans ses enseignements de la journée de faire très
attention au moment de porter un jugement. La conversation chez Pierre portait donc sur ce
sujet.
- Il est difficile de ne pas critiquer, commentait Mathieu avec franchise, car à tout
moment, un homme moyen sera amené à donner son avis dans le cadre de ses activités
quotidiennes.
- Oui, rétorquait André sincère, il n'est pas facile d'agir avec justesse sans une analyse
soigneuse des faits.
Après divers propos sur le droit d'observer et de corriger, Jésus intervint très
simplement :
- Il est sûr qu'aucun homme ne pourra remplir les devoirs qui lui reviennent dans le
plan divin de la vie, sans veiller à respecter sur son parcours les principes de la rectitude. Il ne
faut toutefois pas orienter son esprit vers les délires du sentiment pour ne pas être sa propre
victime. Nous serons jugés selon la même mesure dont nous nous sommes servis pour les
autres. La rigueur répond à la rigueur, la patience à la patience, la bonté à la bonté...
Et après quelques instants, il poursuivit :
- Lorsqu'Israël vivait sous le gouvernement des grands juges, il y avait un magistrat
austère et violent dans une ville importante du peuple élu, qui faisait régner la terreur et la
cruauté sur tous les serviteurs se trouvant sous son autorité. Abusant des pouvoirs que la loi
lui conférait, il créa des règles tyranniques pour punir les moindres fautes. Il multiplia à
l'infini le nombre de soldats, fit construire de nombreuses prisons et inventa divers
instruments de flagellation.
Le peuple, asphyxié par des interdictions excessives, devait vivre sous une
surveillance sévère, tel un troupeau d'animaux féroces. Il devait travailler, se reposer et adorer
le Seigneur à des horaires rigoureusement déterminés par l'autorité, sous peine de subir des
châtiments humiliants dans les prisons, avec de lourdes amendes de toutes sortes.
Le juge commandait et ses subordonnés agissaient, pleins d'une méchanceté naturelle.
Un jour, alors que le magistrat se rendait tard dans la nuit chez un de ses fils malade, il
fut arrêté sans aucun ménagement par un groupe de gardes ivres et qui ne savaient pas qu'ils
conduisaient à la prison obscure celui qui l'avait inaugurée quelques semaines auparavant. En
vain il fit connaître son nom et sa charge. Pris pour un redoutable voleur, il fut menotte,
dépouillé des biens qu'il portait sur lui et frappé sans pitié. Les sentinelles déclarèrent quelles
procédaient de la sorte selon les instructions du grand juge qui n'était autre que lui.
L’erreur ne fut découverte que le lendemain, alors que le malheureux homme public
avait déjà subi toutes les peines que son autorité avait déterminées pour d'autres.
Le législateur troublé reconnut alors qu'il était dangereux de transférer son pouvoir à
des subalternes brutes et ignorants. Il comprit que la justice constructive et sanctifiante est
celle qui rectifie en aidant et en instruisant afin de préparer le Royaume d'Amour parmi les
hommes.
À partir de ce jour, la ville put vivre d'une toute autre manière car le juge réformé, tout
en continuant à exercer les fonctions qui lui revenaient de la meilleure manière qui soit,
apporta au tribunal au bénéfice de tous, le cœur d'un père compréhensif et aimant.
Dehors brillaient les étoiles qui se reflétaient sur les eaux sereines du grand lac. Après
une longue pause, le Maître conclut :

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- Seul celui qui a appris intensément dans sa vie, par l'étude et par le service, en
défendant le bien dans la sueur et les larmes, parmi les épines du renoncement et les fleurs de
l'amour, sera capable d'exercer la justice au nom du Père.

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11. Le saint déçu
Dans l'humble maison de Capharnaüm, la conversation l'orienta vers des sujets portant
sur la dévotion. Le Maître raconta alors avec un ton significatif dans la voix :
- Un homme pieux et vénéré se retira définitivement dans une grotte isolée en pleine
forêt sous prétexte de servir Dieu. Il y vivait entre les prières et ses pensées qu'il considérait
comme irrépréhensibles et, croyant qu'il s'agissait d'un saint messie, le peuple commença à le
révérer avec un profond respect. Si quelqu'un avait l'intention de monter une affaire dans le
monde, il allait prestement lui demander K)n avis. Fasciné par la considération des autres, le
croyant, stagnant dans son adoration sans travail, estimait qu'il devait régler le mode de Vie
de tous ces gens dans le but respectable de conquérir le paradis.
Si un travailleur de bonne foi lui demandait son opinion sur Un projet de travail
commercial, il se montrait scandalisé.
- C'est une erreur. Ôte la soif du gain qui coule dans tes veines. C’est une ambition
criminelle. Viens prier et oublie la convoitise.
Si un jeune homme quelconque lui demandait son avis sur le mariage, il répondait
attristé :
- C'est absurde. La chair est en train de soumettre ton esprit. C'est de la luxure. Viens
prier et consumer ton péché.
Quand un autre compagnon lui demandait conseil sur une charge élevée dans
l'administration publique, il s'exclamait affligé :
- C'est un désastre. Écarte-toi de ta passion pour le pouvoir. C'est de la vanité et de
l'orgueil. Viens prier et vaincre tes mauvaises pensées.
Si une personne avec de bonnes intentions lui demandait ce qu'il pensait d'une fête de
la fraternité qu'il projetait d'organiser, il répondait irrité :
- C'est une calamité. La joie du peuple est un dérèglement. Fuis le désordre. Viens
prier et soustrais-toi de la tentation.
Et ainsi, à cause de l'immense autorité dont le saint était revêtu, toute personne qui le
consultait s'attristait irrémédiablement et venait partager son oisiveté dans la solitude, en
paralysant totalement son l'âme.
Toutefois, le temps que tout transforme fit venir jusqu'au paresseux adorateur la mort
du corps physique.
Tous ses disciples le croyaient au Ciel et lui-même pensa que de la tombe, il irait
directement au paradis. Toutefois, il fut très étonné d'être conduit par la force des ténèbres
vers le terrible purgatoire des assassins. En pleurs et désespéré par une si surprenante
affliction, il ne comprenait pas les motifs qui avaient mené son Esprit vers ce tourbillon
effrayant et infernal. Précisons que même s'il n'était pas un meurtrier commun sur la Terre, là
il était considéré comme un tueur de courage et de l'espoir chez des centaines de frères de
l'humanité.
Jésus se tut et Jean plein d'admiration s'exclama :
- Maître, je n'aurais jamais imaginé que la dévotion excessive mènerait quelqu'un à un
si grand malheur !
Mais le Christ répondit imperturbable :
- Plantons la croyance et la confiance parmi les hommes, sans oublier néanmoins que
chaque créature doit suivre un parcours qui lui est propre. La foi sans œuvres est une lampe
éteinte. N'oublions jamais qu'en décourageant les autres à faire le bien, nous commettons un
grand péché envers le Seigneur tout puissant et compatissant.

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12. Les révélateurs de l’homme
Chez Simon, alors que la lecture de quelques passages de l'histoire de Job venait de se
terminer, la discussion portait sur la fidélité de lame au Père miséricordieux.
Voyant des vibrations de joie sur tous les visages, Jésus raconta amusé :
- Dans la vieille ville de Ninive apparut un homme si profondément dévoué à Dieu que
pour cela tous ses contemporains lui rendaient hommage. Les éloges sur sa conduite étaient si
grands que le Trône de l'Éternel en entendit parler. Comme plusieurs Archanges demandèrent
au Tout-Puissant de l'amener au Ciel, la Divine Sagesse détermina qu'on allât le chercher dans
la jungle de la chair afin de vérifier avec précision s'il était suffisamment préparé pour la
sublime charge.
Pour ce faire, les Anges éducateurs au service du Très-Haut envoyèrent sur la Terre
quatre rudes découvreurs d'hommes sanctifiés, c'est-à-dire la Pauvreté, la Richesse, le Pouvoir
et la Colère, qui descendirent chacun à leur tour pour lui faire passer les indispensables
épreuves.
La Pauvreté qui dans un cas semblable est toujours la première à apparaître,
s'approcha du grand croyant et se fit sentir de diverses manières en lui imposant des
privations, des obstacles, des maladies et l'abandon des êtres aimés. Mais le dévot à la
confiance robuste comprenant que c'était un message du ciel la vainquit, en se démontrant
encore plus ferme dans les vertus qui en avaient fait un modèle.
Vint alors le tour de la Richesse. Elle s'approcha de lui avec une table bien garnie, des
ressources immenses et des considérations sociales de toutes sortes. Mais l'apprenti prévoyant
se souvint de la charité et s'écarta des insinuations des plaisirs faciles, en distribuant de
l'argent et des biens à d'innombrables œuvres de bienfaisance, et maintint un équilibre
financier et la vénération de tous.
Après cette seconde épreuve victorieuse vint le Pouvoir qui l'investit d'une vaste et
brillante autorité. Le dévot se souvint cependant que la vie avec tous les honneurs et les dons
est un simple prêt de la Providence Céleste et il fit usage du Pouvoir avec douceur, en
éduquant ceux qui l'entouraient par l'instruction et le travail bien orientés, et il reçut en
échange l'obéissance et l'admiration du peuple au sein duquel il était né.
Triomphant et heureux, le croyant fut finalement visité par la Colère. Pour sonder sa
situation spirituelle, l'invisible instructeur se servit d'un serf faible et ignorant qui blessa son
amour propre en parlant avec une irrévérence manifeste d'une affaire privée qui, bien
qu'authentique, portait atteinte au respect dû à toute personne de son rang et dont la dignité
était indiscutable.
Le dévot ne sut pas résister. Une intense onde sanguine envahit son visage
congestionné ; il proféra des mots acerbes, qui blessaient des parents et des serviteurs et
compromettaient ses propres œuvres. Il ne retrouva son calme que quelques jours plus tard ;
mais la Colère avait réussi à dénuder son intimité en lui révélant qu'il devait se perfectionner.
Elle informa le Seigneur que ce fils qui était inscrit à l'école de l'illumination allait encore
passer un bon moment dans l'expérience purificatrice avant d'atteindre les vibrations
glorieuses de la vie supérieure.
La curiosité se reflétait sur le visage de tous les auditeurs et personne n'osa faire de
remarque. Avec un sourire serein, le Christ termina :
- Quand l'homme reçoit toutes les informations dont il a besoin pour s'élever jusqu'au
Ciel, le Père Aimant détermine qu'il doit être mis en contact avec les puissances éducatrices.
Beaucoup de croyants perdent la bonne situation dont ils jouissent en apparence parce qu'ils
ne résistent pas à la Pauvreté qui éprouve leur résistance morale, beaucoup sont brisés par les

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suggestions de la Richesse qui teste leur détachement des instincts inférieurs et leur capacité
de distribuer le bien. Certains tombent lamentablement sous les insinuations du Pouvoir qui
met à l'épreuve leur compétence pour éduquer et sauver les compagnons de marche humaine.
Mais rares sont ceux qui résistent à la visite inopinée de la Colère qui s'approche de l'homme
pour tester l'atténuation de son orgueil, sans quoi l'esprit ne peut pas être le reflet de la lumière
et de la grandeur du Créateur dans les domaines de la vie éternelle.
Le Maître se tut, sourit de nouveau avec compassion et comme personne ne reprit la
parole, la réunion de la nuit se termina.

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13. Le révolutionnaire sincère
Pendant l'apprentissage domestique, Judas parla avec enthousiasme des anomalies de
la gouvernance du peuple et, exalté, il annonça la possibilité d'une révolution à Jérusalem.
Jésus commenta alors calmement :
- Un roi ancien était considéré si cruel par le peuple de sa patrie que le principal
prophète du royaume fut invité à prendre la tête d'une grande rébellion pour l'arracher du
Trône.
Le prophète ne crut pas au départ aux accusations populaires, mais la multitude insista.
« Le roi a le cœur dur, il est un mauvais seigneur, il poursuit, usurpe et flagelle ses vassaux
dans toutes les directions », clamait-on ouvertement.
Ce fut ainsi que le conducteur de la bonne foi s'enflamma également et accepta l'idée
d'une révolution comme seul remède naturel. Il se mit d'accord en secret avec quelques
centaines de compagnons décidés et courageux. Néanmoins, la veille de l'événement, comme
il avait une grande confiance en Dieu, il monta au sommet d'un mont et supplia l'assistance
divine avec tant de ferveur qu'un Ange des Hauteurs lui fut envoyé pour parler d'esprit à
esprit.
Face à l'émissaire sublime, le prophète accusa le souverain et lui fit part de ce qu'il
savait et qu'il avait entendu d'autres et il supplia l'approbation céleste du projet de révolution
rénovatrice.
Le messager voyant sa sincérité l'écouta avec patience et dit : - « Au nom du Seigneur
Suprême, le projet sera approuvé à une condition. Tu devras vivre avec le roi pendant cent
jours consécutifs dans son palace, comme un serviteur humble et dévoué et après ce délai, si
ta conscience continue la même, tu détruiras son trône avec notre soutien. »
Le chef qui était honnête accepta la proposition et obéit à la détermination.
Simple et sincère, il se rendit à la demeure royale où il y avait toujours de la place
pour les travaux de nettoyage et il occupa le poste de serviteur discret. Aussitôt qu'il se mit au
service du monarque, il constata que celui-ci ne disposait jamais d'un moment pour pouvoir
prendre du temps pour le plaisir de vivre. Il se levait entouré de conseillers et de ministres
impertinents. Il recevait des centaines de plaintes à tout moment. En qualité de père, il était
privé de la tendresse de ses enfants, en qualité d'époux, il vivait loin de sa compagne. En
outre, il était souvent obligé de compromettre sa santé physique à cause des innombrables
banquets et des cérémonies pendant lesquels il devait entendre toutes sortes de mensonges de
la bouche de sujets flatteurs et ingrats. Il ne dormait jamais, ne mangeait pas aux heures
correctes et où qu'il soit, il devait surveiller ses propres paroles. Toute expression de vie lui
était interdite en dehors des faux-semblants qui suffoquaient son cœur.
Le guide du groupement populaire reconnut que le monarque semblait plus un esclave,
condamné durement à servir sans repos en pleine solitude spirituelle, car le roi ne jouissait pas
même de la possibilité d'entretenir sa communion avec Dieu par la prière.
À la fin du délai convenu, le prophète radicalement transformé retourna sur le mont
selon l'engagement assumé, et notant que l'Ange lui apparaissait pendant ses prières, il lui
implora la miséricorde pour le roi qui maintenant lui inspirait sa plus sincère compassion.
Ensuite, il réunit le peuple et informa tous ses compagnons d'idéal que le souverain devait être
l'homme le plus torturé du royaume et qu'au lieu de penser à l'insoumission, chacun deux
devait être plus compréhensif et faire un travail plus constructif au poste qui lui convenait le
mieux dans le pays, afin que le monarque, si asservi et si malheureux, puisse remplir sans
difficulté la haute mission dont il avait été investi.
Et ainsi, la révolte fut convertie en compréhension et service.

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Judas, déçu, sembla vouloir faire une réflexion impertinente, mais le Divin Maître prit
les devants et lui dit fermement :
- La révolution est toujours l'erreur tragique de ceux qui souhaitent ôter de l'autre le
sceptre du gouvernement. Lorsque chaque serviteur comprendra le devoir qui lui revient dans
le plan de la vie, il n'y aura plus de motif d'indiscipline, ni de temps pour l'insoumission.

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14. La couronne et les ailes
Pendant la réunion, il était question des gloires du savoir. Alors, le Christ, pour
illustrer la conversation, raconta sans prétention :
- Un homme épris de vérité, apprenant que l'amélioration intellectuelle mène à la
sagesse divine, s'engagea à grimper sur la montage de la science, en employant toutes ses
forces pour mettre son projet à exécution. Les pentes étaient sombres tel un labyrinthe obscur,
mais acharné, bravant les difficultés et les dangers, il avançait toujours, en changeant d'habits
pour mieux s'adapter aux exigences de la marche. De temps en temps, il jetait sur le bord de la
route une tunique devenue trop petite ou une espadrille qu'il ne pouvait plus porter, en
changeant de tenue jusqu'à ce qu'un jour, après de nombreuses années, il atteignit le sommet
souhaité et là, le représentant de Dieu vint à sa rencontre.
L’émissaire le salua, l'embrassa et posa sur son front une couronne de lumière
éblouissante. Toutefois, lorsque le vainqueur de la connaissance voulu continuer en direction
du Paradis, le messager lui demanda de retourner sur ses pas, de revenir sur le parcours qu'il
venait de faire et que la concession des ailes avec lesquelles il pourrait voler jusqu'au Père
éternel dépendait de la manière dont il verrait son parcours.
L'intéressé s'en retourna, et maintenant qu'il portait la fulgurante auréole, il pouvait
contempler tous les angles du sentier qui étaient auparavant invisibles pour lui.
Il ne put se retenir de rire en voyant les habits étranges que portaient les voyageurs
restés à l'arrière.
Ici, il remarquait une tunique déchirée, là des sandales extravagantes. D'innombrables
pèlerins s'appuyaient sur des bâtons endommagés, alors que d'autres s'entouraient de capes
misérables. Mais chacun deux, dans son impertinence infantile, marchait imbu de sa personne
comme s'il exhibait la plus belle tenue du monde.
Le champion de la science ne supportant pas les impressions provoquées par ce
tableau leur lança des quolibets en se moquant ouvertement de l'ignorance de ceux qui
marchaient, portant des vêtements ridicules ou inadaptés. Il cria, condamna et lança des
sarcasmes incisifs. Il s'adressa à la communauté des voyageurs avec tant d'ironie que
beaucoup renoncèrent à monter, et retournèrent à l'inertie de la vaste plaine.
Après les avoir tous maudits sans distinction, le héros couronné retourna au sommet
du mont, en espérant partir sans attendre vers le Père. Mais l'Ange très attristé lui expliqua
que la tenue des autres qui avait provoqué tant de sarcasmes inutiles était pratiquement la
même que celle dont il s'était servi pour s'élever quand il était encore fragile et à demi aveugle
et que les ailes de lumière avec lesquelles il devait s'élever vers le Trône divin ne lui seraient
données que s'il édifiait l'amour dans son cœur. Il lui manquait la piété et la compréhension. Il
devait retourner pendant quelque temps sur le chemin et aider ses semblables, sinon il
n'arriverait jamais à s'équilibrer dans le Ciel.
Quelques minutes s'écoulèrent alors dans un silence impénétrable...
Le Maître termina en insistant sur ces paroles :
- Beaucoup d'âmes sur la Terre portent la lumineuse couronne de la science, mais leur
cœur est engourdi par l'impiété et elles se distinguent par le sarcasme puéril et la censure
injustifiée. Empoisonnées par l'incompréhension, exigeantes et cruelles, elles censurent les
compagnons moins avancés en compréhension et en culture, au lieu de leur tendre une main
fraternelle, reconnaissant ainsi qu'elles ont un jour été pareilles, hésitantes et imparfaites...
Mais, tant qu'elles ne se décideront pas à aider le frère moins instruit et moins chanceux, en le
recevant dans leur propre esprit avec sincérité et dévotion, elles ne recevront pas les ailes avec
lesquelles il leur sera permis de partir en direction du Ciel.

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15. Le ministre sage
Matthieu parlait avec solennité de la mission de ceux qui dirigent le peuple, en
insistant sur les devoirs des administrateurs et les difficultés des serfs.
La conversation avançait tard dans la nuit, quand, notant que les apprentis attendaient
une parole amie, Jésus raconta souriant :
- Il y avait un royaume au sein duquel apparut un grand parti opposé au souverain qui
le gouvernait. Peu à peu, l'esprit de rébellion s'accrut dans certaines familles révoltées et en
peu de semaines, toute une province désespérée se souleva contre le monarque, en
l'empêchant d'agir.
Naturellement préoccupé, le roi invita un juge habile pour occuper le poste de premier
ministre du pays, souhaitant faire disparaître la discorde ; mais le juge se mit à créer une
quantité énorme de lois et de documents écrits qui n'apportèrent aucun changement.
Déçu, le monarque le remplaça par un fameux moralisateur. Mais le tribun placé à ce
poste élevé, fit des discours véhéments et précieux qui ne changèrent en rien la perturbation
régnante.
Les ennemis internes continuaient à miner le prestige national. Alors, le souverain
appela à son secours un prêtre qui, assumant ses nobles fonctions, maudit immédiatement
ceux qui étaient contraires au roi en aggravant la situation.
Désenchanté, le monarque amena un médecin à la tête des affaires générales, mais
aussitôt qu'il vit le palais, séduit par les honneurs publics, le nouveau ministre affirma pour
conquérir les faveurs du roi que le parti des adversaires de la couronne était constitué de
malades mentaux en faisant une propagande si négative que le désordre s'accentua et la
révolte devint plus désespérée.
Pressentant que le trône était en danger, le souverain substitua le médecin par un
général célèbre qui prit des mesures drastiques, en enrôlant des forces armées dans les régions
fidèles pour les mobiliser contre les frères insoumis. Une guerre civile éclata. Et lorsque la
mort commença à emporter d'innombrables vies, y compris celle du redouté chef militaire qui
était devenu le premier ministre du royaume, le souverain, déconcerté, invita un savant à
occuper le poste alors vacant. Celui-ci prit ses fonctions, médita quelque temps et initia de
nouvelles activités. Il ne créa pas de nouvelles lois, ne prononça pas de discours, ne censura
pas les insurgés, ne perdit pas de temps en moqueries et n'encouragea aucune culture de
vengeance.
Il se rendit en personne dans la région du conflit afin d'y observer les besoins.
Il vit que là vivaient de nombreuses créatures sans toit, sans travail et sans instruction.
Il édifia alors des maisons, créa des ateliers, fit construire des routes et improvisa des écoles,
en encourageant le travail et l'éducation dans un esprit de compréhension et de fraternité
contre la paresse et l'ignorance.
En peu de temps, les discordes disparurent dans le royaume, car l'action concrète du
bien avait éliminé toutes les méfiances, toute la dureté et toute l'indécision des esprits malades
et insatisfaits.
Matthieu contemplait le Seigneur heureux, goûtant les idées de bonté salvatrice
énoncées et Jésus, répondant à son attention par Un lumineux sourire, ajouta pour conclure :
- La haine peut provoquer de nombreux incendies de discorde dans le monde, mais
aucune théorie de salut ne sera réellement valable sans une compensation juste pour les esprits
déséquilibrés par la méchanceté et la rébellion. Pour que le bien puisse régner parmi les
hommes, il faut une réalité positive sur le terrain du mal et la lumière doit surgir pure et vive
afin d'expulser les ténèbres.

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16. L'aide mutuelle
Face à ses compagnons, André lut un passage expressif d'Isaïe et parla ému du besoin
du salut.
Matthieu commenta les aspects moins agréables du travail et Philippe pensa qu'il est
toujours très difficile de s'occuper de sa propre situation lorsque l'on se consacre au secours
des autres.
Jésus écouta les apôtres en silence et quand les discussions tout autour diminuèrent, il
commenta simplement :
- Dans les montagnes d'une région déserte, marchaient deux Vieux amis, tous deux
malades, chacun se défendant le mieux qu'il pouvait des coups de vent glacés. Ils furent alors
surpris de voir un enfant à demi mort sur la route, exposé au vent de l'hiver.
L'un deux regarda la singulière trouvaille et s'exclama irrité : • « Je ne vais pas perdre
mon temps. Je dois m'occuper de moi en ce moment. Continuons notre chemin. »
Mais l'autre plus charitable dit :
- « Ami, sauvons ce petit. Il est notre frère en humanité. »
- « Je ne peux pas, dit le compagnon endurci, je me sens fatigué et malade. Cet
inconnu serait un poids insupportable. Nous sommes dans le froid et la tempête. Il nous faut
atteindre le village le plus proche sans perdre de temps. » Et il avança à grands pas.
Toutefois, le voyageur aux bons sentiments s'inclina vers l'enfant étendu. Il le prit
quelques minutes contre sa poitrine et en le serrant fort il marcha, mais d'un pas moins rapide.
La pluie glacée tomba, méthodique dans la nuit, mais portant le précieux fardeau il atteignit
longtemps après l'auberge du village qu'il recherchait. Il fut très surpris de ne pas y trouver
son ami qui l'avait précédé. Ce n'est que le lendemain, après une recherche minutieuse
que le malheureux voyageur fut retrouvé sans vie, dans un fossé du chemin inondé.
Continuant sa route plus vite et seul, pensant égoïstement à se protéger, il n'a pas
résisté au froid qui était devenu très violent et était tombé, trempé et sans pouvoir lutter contre
le gel, alors que son compagnon recevant en échange la douce chaleur de l'enfant qu'il portait
sur son cœur avait traversé les obstacles de la nuit glacée et en était sorti indemne. Il avait
découvert la sublimité de l'aide mutuelle... En aidant l'enfant abandonné, il s'était aidé lui-
même. Avançant difficilement pour être utile à autrui, il avait réussi à triompher des obstacles
du parcours, en obtenant les bénédictions de la salvation réciproque.
L'histoire simple avait surpris et sensibilisé les disciples.
Une douce admiration se reflétait dans les yeux humides des femmes simples qui
assistaient à la réunion alors que les hommes se regardaient, étonnés.
Alors, après un court silence, Jésus termina :
- Les témoins les plus éloquents et les plus précis d'un homme face au Père suprême
sont ses propres œuvres. Ceux que nous aidons sont notre soutien. Le cœur que nous
secourons se convertira maintenant ou plus tard en un avantage en notre faveur. N'en doutez
pas. Un homme seul n'est qu'une décoration vivante dans la solitude, mais celui qui coopère
au bénéfice du prochain est créditeur d'une aide commune. En aidant, nous serons aidés. En
donnant, nous recevrons : c'est la Loi divine.

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17. L'exaltation à la courtoisie
Devant à une multitude de souffrants et de malheureux, le Maître avait livré le Sermon
sur la Montagne, en disant clairement que les doux hériteraient de la Terre.
Cette affirmation ne fut cependant pas très bien perçue par les
disciples. Une telle formulation n'allait-elle pas encourager l'oisiveté
mentale ?
Si l'Évangile a besoin d'Esprits valeureux pour divulguer les vérités rénovatrices,
comment interpréter cette promesse si l'on sait qu'il ne faut avoir peur de rien ? Si le mal est
audacieux et blessant sous tous les climats et à tous les niveaux, comment allier le triomphe
inaliénable du bien et l'incapacité de réagir, même pacifiquement ?
Avec des questions imprécises, l'assemblée familiale se réunit chez Pierre.
Après avoir initié les commentaires édifiants du soir, les disciples se regardèrent
interrogateurs et curieux.
Le Divin Ami semblait percevoir les motifs de leur attente, mais il attendait
sereinement que les disciples se manifestassent.
Ce fut alors que Judas, brisant le voile de respect qui auréolait la présence du Maître,
demanda loquace:
- Seigneur, pourquoi as-tu attribué aux doux la possession finale de la Terre ? Les
cœurs sans courage jouiront-ils d'une semblable bénédiction ? Ceux qui sont incapables de
témoigner de leur foi dans les moments graves de la lutte et du sacrifice seront-ils également
bienheureux ?
Jésus ne répondit pas immédiatement.
Il posa son regard sur son auditoire comme pour leur demander d'exposer les doutes
qui assaillaient leur âme.
Pierre prit courage et demanda :
- Oui Maître, si un malfaiteur me rend visite, ne dois-je pas lui rappeler les impératifs
du respect mutuel ? Dois-je me plier sans un avertissement fraternel à ses caprices délictueux,
sous prétexte de me maintenir dans la douceur à laquelle tu te réfères ?
Le Christ sourit, comme il le fit si souvent, et dit calmement :
- Vous vous trompez tous, bien sûr. Je n'ai pas fait l'éloge de la paresse qui se masque
d'humilité, ni de la lâcheté qui se vêt de candeur pour mieux s'accommoder aux exigences
humaines. Les créatures qui s'attachent à de tels artifices subiront durement les instruments
spirituels dont le monde se sert pour rajuster les caractères tortueux et indécis. En réalité, j'ai
exalté la courtoisie dont sommes créditeurs les uns envers les autres. Bienheureux les hommes
affables qui savent faire preuve d'une énergie constructive entre le geste de bonté et la parole
de compréhension ! Bienheureux les enfants de l'équilibre et de la gentillesse qui apprennent à
renier le mal, sans blesser le frère ignorant qui s'adresse à lui sans savoir ce qu'il demande !
Bienheureux ceux qui répètent mille fois la même leçon sans s'irriter pour que leur prochain
puisse bénéficier de l'influence d'un bonheur juste pour tous ! Bienheureux ceux qui savent
traiter le riche et le pauvre, le sage et l'inculte, le bon et le mauvais, avec un esprit de service
et de compréhension, en donnant à chacun selon ses mérites et ses besoins et en laissant des
marques d'amélioration, d'élévation, de bien-être et de contentement par où ils passent. En
vérité je vous le dis, c'est à eux qu'appartiendra le domaine spirituel de la Terre car celui qui
reçoit ses semblables, selon les normes de l'amour et du respect, est le seigneur des cœurs qui
se perfectionnent dans le monde !
Le soulagement et la joie envahirent l'assemblée et les yeux fixés sur les eaux
immenses du lac, le Seigneur demanda à Matthieu de clore la réunion fraternelle du soir par
une prière.

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18. Le bienfait
de
l’encouragement
Les apprentis commentaient entre eux que la vérité est le principal devoir, au-dessus
de toutes les autres obligations Courantes. Mais, Philippe déclara qu'il ne faut pas abolir le
réconfort sous le prétexte de respecter la réalité des faits. Et comme André mentionnait la
franchise avec laquelle le Maître traitait les problèmes les plus variés de la vie, le Seigneur
prit la parole et narra avec attention :
- Un chef de famille dévoué qui luttait bravement afin de gagner l'argent nécessaire
pour subvenir aux besoins de son foyer, après avoir bénéficié d'une longue période
d'opulence, se Vit dans la misère et abandonné par ses meilleurs amis, d'une semaine à l'autre,
à cause d'un énorme désastre commercial. Le malheureux ne supporta pas le coup que le
monde lui faisait subir et il mourut quelques jours plus tard, usé par de nombreuses
désillusions.
Se voyant seule avec six enfants, sa valeureuse veuve essuya Ml larmes et réunit sa
progéniture autour de la vieille table qui lui

restait. Elle remarqua que les plus âgés étaient amers et semblaient totalement abattus
par la tristesse et par le découragement.
Entourée de tant de lamentations et de larmes, la dame médita et médita... Elle
retourna chez elle et en rapporta une petite boite en bois soigneusement fermée. Ensuite, elle
s'adressa aux jeunes garçons avec assurance :
- « Mes enfants, notre misère n'est pas si grande. Dans ce coffre nous possédons un
précieux trésor que la providence paternelle vous a laissé. C'est une fortune qui peut faire
notre bonheur général, mais les plus grands trésors du monde disparaissent quand ils ne sont
pas alimentés par les sources d'un travail honnête et productif. Il est vrai que lorsque votre
géniteur est parti vers le repos, il nous a laissé de lourdes dettes. Mais ne serait-il pas juste de
préserver notre précieux legs par notre effort ? Profitons du temps, en améliorant notre sort, et
si vous êtes d'accord avec moi, nous ouvrirons la boîte plus tard, sauf si le manque de pain
devient insupportable. »
Un beau sourire de joie et de réconfort apparut sur le visage de
tous. Personne ne contesta la suggestion maternelle.
Le jour suivant, les six jeunes s'attaquèrent courageusement au travail de la terre. Sur
une terre louée, ils plantèrent du blé avec beaucoup d'enthousiasme, travaillant ensemble avec
tant de dévouement que six ans plus tard les dettes de la famille étaient liquidées, ils avaient
acquis une énorme exploitation rurale et le nom de leur père était de nouveau couronné par
l'honneur juste et la fortune prospère.
Comme ils avaient déjà dépassé de loin les biens perdus de leur père, ils se réunirent
un soir avec leur mère afin de découvrir ce que contenait leur legs resté intact.
La vieille dame apporta le coffre avec beaucoup d'affection, elle sourit satisfaite et
l'ouvrit sans gros efforts. Étonnés, les enfants n'y découvrirent dans un étui qu'un vieux
parchemin avec de belles paroles de Salomon :
- « Le fils sage réjouit son père, le fils sot chagrine sa mère. Les trésors mal acquis ne
profitent pas, mais la justice délivre de la mort. Le Seigneur ne laisse pas le juste affamé, mais
il réprime la convoitise des méchants. Celui qui agit d'une main lâche s'appauvrit, mais la
main des diligents enrichit. »
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Les jeunes se regardèrent avec une joie indicible et remercièrent pour la leçon
inoubliable que l'amour de leur mère leur avait donnée.
Le Maître se tut devant l'expression de contentement et de curiosité des disciples et
après une légère pause, il termina solennellement :
- Qui osera traiter cette grande dame de menteuse ? Nous devons dire « oui, oui » et «
non, non » dans les moments graves de la vie, mais ne dédaignons jamais les bienfaits de
l'exhortation dans les luttes édificatrices de chaque jour. Le bourgeon tendre est la promesse
du fruit. Sous prétexte d'allumer la lumière de la vérité que personne ne détruise la chandelle
de l'espoir.

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19. La recette du bonheur
Thaddée, un des participants les plus passionnés pendant l'Évangile chez Pierre,
s'enthousiasma lors de la réunion qui traitait des exigences nécessaires au bonheur de l'homme
et réclama contre les dominateurs romains et les rabbins du Sanhédrin.
Cachant à peine sa révolte, il parla longuement de la discorde et de la souffrance
endurée par le peuple, en affirmant quelles étaient dues aux défaillances de la politique de
l'époque. Après qu'il eut fait diverses considérations précieuses sur le sujet, Jésus lui
demanda:
- Thaddée, pour toi, qu'est-ce que le bonheur ?
- Seigneur, le bonheur, c'est la paix pour tous.
Le visage du Christ prit une expression significative et celui-ci médita :
- Oui, Thaddée, je connais cela, mais j'aimerais savoir comment tu te sentirais
réellement heureux.
Le disciple, un peu gêné, répondit
- Maître, je suppose que j'atteindrais la tranquillité suprême si je pouvais obtenir la
compréhension des autres.
Je voudrais pour cela que le prochain ne méprise pas mes intentions nobles et pures.
Je sais que je commets des erreurs souvent, car je suis humain, mais je serais content
si ceux qui vivent avec moi reconnaissaient que je veux sincèrement me racheter.
Je respirerais heureux si je pouvais avoir confiance en mes semblables, en recevant la
considération juste que je pense mériter en vue de l'élévation de mon idéal.
Je souhaiterais recevoir le respect de tous pour que je puisse travailler sans
empêchements.
Je serais ravi si jetais moins sujet à la médisance.
Je vis dans l'attente de la cordialité des autres et je pense que le monde serait un
paradis si les personnes sur leur chemin se traitaient les unes les autres comme je pense qu'il
est honnête d'être traité par autrui.
L'indifférence et la calomnie me blessent le cœur.
Je pense que le sarcasme et la suspicion ont été organisés par les Esprits des ombres
pour tourmenter les créatures.
L'impiété est un fiel quand il m'est adressé, la méchanceté est un spectre de douleur
quand elle se trouve sur mon chemin.
Pour tout cela, je serais fortuné si mes parents, ceux que j'aime et mes semblables
venaient à ma rencontre non pas à cause de l'apparence de mon corps imparfait, mais à cause
de la bonne volonté que je prétends conserver dans mon âme.
Et par-dessus tout Seigneur, je serais pleinement satisfait si ceux qui marchent avec
moi, me concédaient le droit de vivre librement mon genre de liberté qui doit être en accord
avec les codes du bien, avec ma conscience, sans écouter d'ironies ni de critiques déplacées.
En résumé Maître, je voudrais être compris, respecté et estimé par tous, même si je ne
suis pas encore le modèle de perfection que le Ciel attend de moi, avec le concours béni de la
douleur et du temps.
L'apôtre se tut et la salle fut envahie d'une grande curiosité. Quelle serait la position du
Maître ?
Certains compagnons pensaient que l'Ami Céleste allait faire un long discours, mais le
Maître regarda le disciple de ses yeux limpides et parla avec franchise et douceur :

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- Thaddée, si tu cherches alors la joie et le bonheur du monde entier, procède avec les
autres comme tu souhaites que les autres procèdent envers toi. Et si chaque homme marche
selon cette règle, rapidement les gloires du Paradis s'étendront sur la Terre.

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20. La charité inconnue
La conversation chez Pierre traitait ce soir-là de la pratique du bien avec la vive
participation de tous.
Comment faire preuve de compassion sans argent ? Par quels moyens encourager la
bienfaisance sans moyens financiers ?
Avec ces questions, de grands noms de la fortune matérielle furent évoqués et la
plupart d'entre eux furent tentés d'admettre que seuls les puissants de la Terre étaient en
mesure d'encourager la piété active. Le Maître intervint alors avec bienveillance, en donnant
son opinion :
- Un dévot sincère de la Loi fut exhorté par une détermination du Ciel à exercer la
bienfaisance. Mais il vivait dans une pauvreté extrême et ne pouvait pas retirer la moindre
part de son salaire pour secourir ses semblables. En réalité il donnait de lui-même quand il
pouvait par de bonnes paroles et des gestes de réconfort et d’encouragement à ceux qui étaient
dans la souffrance et la difficulté ; Riais il était meurtri de ne pas pouvoir distribuer des
vêtements et du pain aux va-nu-pieds et aux affamés sur le bord de la route.
Entouré d'enfants en bas âge, il était l'esclave de sa maisonnée qui absorbait tout le
fruit de sa sueur.
Il reconnut toutefois que même s'il lui était impossible de pratiquer la charité publique,
il pouvait combattre le mal dans toutes les circonstances de sa marche sur la Terre.
Il prit ainsi l'habitude d'effacer grâce à une attention de tout moment, toutes les
pensées inférieures qui lui étaient suggérées. Lorsqu'il était en contact avec des personnes
intéressées par la médisance, il se retirait courtoisement, et s'il devait répondre à une
affirmation qui lui était faite directement, il rappelait telle ou telle petite vertu de la victime
absente. Si quelqu'un devant lui se mettait facilement en colère, il la considérait comme une
maladie digne de traitement et il se retirait dans le calme. Les insultes d autrui frappaient son
esprit, tels des graviers sur un baril de miel, car non seulement il ne réagissait pas, mais il
continuait à traiter son offenseur avec la fraternité habituelle. La calomnie ne trouvait aucun
accès à son âme, car toute dénonciation ignoble se perdait inutile dans son grand silence. S'il
voyait que la tranquillité de quelqu'un était menacée, il essayait de dissiper les nuages de
l'incompréhension sans bruit avant qu'ils ne prennent l'allure d'une tempête. Si quelqu'un était
sujet à une condamnation, il mobilisait spontanément toutes les possibilités à sa portée pour
défendre délicatement et imperceptiblement. Son zèle contre l'incursion et l'extension du mal
était si fortement minutieux qu'il en arrivait à ramasser les détritus sur la voie publique pour
qu'ils ne soient pas une source de danger pour les passants.
Suivant ces directives, il arriva à la fin de son parcours sur terre, sans pouvoir
pratiquer la charité telle que le monde la connaît. Jamais il n'avait pu tendre une assiette de
soupe ou offrir une peau de mouton à ses frères dans le besoin.
C'est ainsi que la mort vint le chercher, et il comparut devant le tribunal divin inquiet
et abattu. Il craignait le jugement des autorités célestes. Mais il fut soudain auréolé d'un
brillant diadème et comme il demandait en larmes la raison inespérée de ce prix, il fut informé
que la sublime récompense était due à son comportement triomphant dans la guerre contre le
mal dont il avait été le valeureux instaurateur.
Le Maître fixa ses apprentis d'un regard calme et percutant et conclut, sur un ton
amical :
- Distribuons le pain et la couverture, allumons la lumière sur l'ignorance et
intensifions la fraternité en éliminant la discorde, mais n'oublions pas le combat méthodique

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et serein contre le mal, dans un effort quotidien, convaincus que dans cette bataille
sanctifiante, nous allons conquérir la divine couronne de la charité méconnue.

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21. Le riche vigilant
Jacques, le plus âgé, parla longuement et précisément du désir de richesse si commun
chez les mortels, et à la fin d'une intéressante discussion, Jésus commenta souriant :
- Un homme qui craignait Dieu et se consacrait à la rectitude avait lu de nombreux
conseils ayant trait à la prudence et il décida de travailler avec acharnement pour amasser un
trésor qu'il pourrait donner à sa famille. Après de profondes prières, il entreprit plusieurs
affaires, impatient d'atteindre son but. Pendant vingt ans consécutifs, il gagna de l'argent et
amassa un patrimoine de plusieurs millions.
Lorsqu'il cessa de travailler pour apprécier son œuvre, il vit déçu que son cadre de vie
s'était modifié sans qu'il s'en aperçoive.
Son foyer, auparavant simple et heureux, s'était assombri. Son épouse était devenue
l'esclave de mille obligations qui ne servaient qu'à tuer le temps. Ses enfants murmuraient
entre eux et se consultaient sur l'héritage que la mort de leur père allait leur laisser. L'amitié
fidèle avait disparu. Ses voisins, le croyant pleinement heureux, étaient devenus jaloux et
ironiques. Les autorités de la ville où il vivait l'obligeaient à prendre d'innombrables attitudes
artificielles qui heurtaient la sincérité de son cœur. Les négociants lui rendaient visite à tout
moment en lui proposant des transactions illicites et fâcheuses. Ses serviteurs qui le flattaient
et faisaient semblant lorsqu'ils se trouvaient auprès de lui et maudissaient son nom aussitôt
que les portes étaient refermées. Tant de problèmes l'obligèrent à transformer sa maison en
une forteresse et à se méfier de tout et de tous.
Il lui restait du temps maintenant pour constater les malaises de son corps et il passait
rarement une journée sans aigreurs d'estomac ou maux de tête.
En quelques semaines d'observation méticuleuse, il conclut que la fortune enfermée
dans son coffre était la raison de ses déceptions et de ses regrets infinis.
Un soir, ne supportant plus les préoccupations inhérentes à son nouvel état, il pria en
larmes en suppliant l'inspiration du Seigneur. En réponse à sa prière émouvante, un ange lui
apparut dans son sommeil et lui dit, compatissant :
- Toute fortune qui court comme les eaux cristallines de la source est une bénédiction,
mais toute richesse qui repose inutilement est un puits venimeux aux eaux stagnantes...
Pourquoi existe-t-il un fleuve alors que le simple verre d'eau étanche ta soif ? Comment as-tu
pu accumuler autour de toi des granges si remplies, alors que quelques grains suffisent pour
ton repas ? Quelles sont les raisons qui t'ont poussé à amasser des centaines de peaux alors
que quelques fragments de laine réchaufferont ton corps sur son parcours vers la tombe ?...
Retourne et convertis ton arche d'argent en un coffre miraculeux de salut ! Épands les joies du
travail, crée des écoles pour faire briller la lumière spirituelle et improvise la joie pour
beaucoup ! L'argent de la Terre n'a de valeur que par ce qu'il permet de faire !
À l'étonnement de tous, le chasseur d'or se réveilla transformé et à partir de ce jour, il
libéra ses énormes réserves pour que tous ses voisins puissent recevoir avec lui les
bénédictions du travail et du courage…
Voyant une telle rénovation, son épouse le regarda étonnée et révoltée, ses enfants le
haïrent et même ceux qui étaient favorisés le considérèrent comme fou. Toutefois, fortifié et
heureux, le millionnaire vigilant retrouva dans son foyer un sanctuaire ouvert et les génies de
la joie occulte prirent place dans son cœur.
Le Maître se tut, et Jacques qui dirigeait la réunion ce soir-là, l'exclama enthousiasmé :
- Seigneur, quel enseignement précieux et sublime !... Jésus sourit et répondit :
- Oui, mais uniquement pour ceux qui auront des « oreilles pour entendre » et des «
yeux pour voir ».

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22. Le talisman divin
La discussion allait bon train sur les facultés sublimes démontrées par le Maître dans
son si beau témoignage, en guérissant les fous et les aveugles, quand Isabelle, la mère
attentive de Jean et de Jacques, demanda sans préambules :
- Seigneur, portes-tu un talisman dont les vertus seraient profitables pour nous tous ?
Quelque objet magique qui pourrait nous aider ?
Jésus posa sur elle ses yeux pénétrants et répondit en souriant :
- Oui, je connais un talisman aux merveilleux pouvoirs. Grâce à ses recours
miraculeux, il est possible d'acquérir tous les dons de Notre Père. Il permet de découvrir les
trésors de l'amour qui resplendit autour de nous, sans que nous voyions au premier abord leur
grandeur. Il fait paraître la compréhension là où la disharmonie punit les cœurs. Il ouvre la
porte aux révélations de l'art et de la science. Il étend les possibilités de communion
lumineuse avec les sources divines de la vie. Il invite à la bénédiction de la méditation sur les
choses sacrées. Il rétablit les rapports entre les compagnons dans la discorde. Il ouvre le
passage de la lumière pour les Esprits qui restent dans l'ombre. Il permet de semer les
bénédictions de la joie. Il se revêt de mille opportunités de paix avec tous. Il indique un vaste
réseau de chemins vers le travail salutaire. Il révèle mille façons d'enrichir la vie que nous
vivons. Il facilite l'accès de l'âme vers la pensée des grands maîtres. Il permet de
communiquer avec les sources célestes de l'intuition.
- Quoi d'autre ? dit le Seigneur, en insistant sur sa question. Et après un sourire
complaisant, il continua :
- Sans ce talisman divin, il est impossible de commencer toute œuvre de lumière et de
paix sur la Terre.
Les yeux des auditeurs échangeaient des expressions d’étonnement. L’épouse
de Zébédée demanda interloquée :
- Maître, où pouvons-nous nous procurer une grâce semblable ? Dis-nous. Nous
avons besoin de ce condensateur de bonheur.
Le Christ ajouta alors amusé :
- Ce talisman béni, Isabelle appartient à nous tous. C'est « l'heure que nous
traversons»... Chaque minute que nous traversons est revêtue d'un prodigieux pouvoir occulte
quand nous savons l'utiliser pour le Bien Infini, car toute grandeur et toute décadence, toute
victoire et toute ruine commencent avec la collaboration du jour.
Devant la perplexité de tous, il termina :
- Le temps est le divin talisman dont nous devons tirer parti.

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23. Les messagers insouciants
Les assistants du culte de l'Évangile discourraient sur les polémiques touchant la foi
dans les cercles du pharisaïsme de diverses écoles, quand le Christ, avec la profonde
simplicité qui le caractérisait, narra avec tolérance :
- Un grand seigneur reçut des nouvelles alarmantes l'informant que de nombreux serfs
situés dans une zone distante du siège du gouvernement étaient atteints d'une fièvre maligne.
Souhaitant secourir ses sujets qui souffraient dans une région lointaine de ses domaines, il leur
envoya des messagers de sa confiance qui devaient leur apporter des remèdes adaptés à la
Situation et des mesures destinées au rééquilibre général.
Les émissaires quittèrent le palais avec de grandes promesses de travail, de sécurité et
d'efficacité pour leur mission. Mais, aussitôt qu'ils passèrent les portes de leur seigneur, ils
commencèrent à se disputer sur le choix du chemin à prendre.
Les uns souhaitaient prendre un raccourci, les autres, la plaine plus dégagée, d'autres
voulaient passer à travers les montagnes.
Ils perdirent de longues journées à se disputer et le groupe finit par se séparer. Chaque
groupe suivit son propre caprice en oubliant totalement leur objectif principal.
Mais les difficultés ne furent pas résolues pour autant. Après avoir créé des parcours
différents, les conflits s'amplifièrent. Réduites en nombre, les expéditions subirent plus
fortement les coups inutiles des opinions personnelles. Les voyageurs n'étaient occupés qu'à
inventer de nouveaux motifs pour se chamailler. Ceux qui avaient choisi le chemin le plus
court, celui de la plaine et celui de la montagne, avaient des discussions improductives,
brutales et interminables. Des jours et des nuits précieux étaient perdus en commentaires
bruyants sur la fièvre, la condition des malades ou le paysage qui les entourait. Des moments
difficiles d'amertume et de conflit interrompaient de temps en temps le voyage, et des scènes
de bagarres ou d'homicides étaient évitées à grand prix.
Des disputes surgissaient au sujet des questions les plus minimes, gaspillant des
opportunités. Pour tout cela, les voyageurs qui avaient choisi le raccourci prirent autant de
retard que ceux qui étaient passés par la plaine ou par la montagne, si bien qu'ils arrivèrent
tous ensemble dans la vallée. Ils furent tous très déçus, car l'aide promise n'étant pas arrivée,
aucun malade n'avait survécu.
La mort les avait emportés un par un tandis que les messagers avaient passé leur temps
à discuter pendant leur voyage.
Le Maître fixa ses apprentis d'un regard lucide et ajouta :
- Ce symbole représente le monde attaqué par la peste de la méchanceté et de la
mécréance et les porteurs de médicaments célestes sont les religieux de tous les bords qui
parlent sur la Terre au nom du Père. Bien qu'ils aient reçu de précieux moyens d'aider ceux
qui souffrent et qui pleurent à cause de l'ignorance et de la souffrance qui sévissent dans le
monde, les hommes illuminés par la sagesse de la foi oublient les engagements qui doivent
guider leur vie et, faisant passer leurs propres caprices avant les objectifs du Seigneur, ils se
perdent dans des délires verbaux de toute sorte. Tandis qu'ils alimentent le désordre,
insouciants et distraits, les nécessiteux de lumière et de secours s'étiolent à cause du manque
d'assistance et de dévouement.
Et, caressant un des enfants présents comme s'il concentrait tous les espoirs dans un
futur sublime, il termina souriant et calme :
- La discussion, pour plus profitable quelle soit, ne doit jamais nous distraire du travail
que le Seigneur nous a donné à faire.

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24. Les signes de la rénovation
Face à l'assemblée familiale, le Maître prit la parole et parla éloquent :
- Et lorsque le Royaume Divin sera aux portes des hommes, l'âme du monde sera
renouvelée.
Le plus puissant ne sera pas le plus inhumain, mais celui qui aime le plus.
Le vainqueur ne sera pas celui qui fait la guerre à l'ennemi de l'extérieur jusqu'à la
mort dans un fleuve de sang, mais celui qui combattra l'iniquité et l'ignorance en lui-même
jusqu'à l'extinction du mal dans les cercles de la nature elle-même.
Le plus éloquent ne sera pas celui qui fera le plus beau discours, mais si celui qui
joindra la parole sanctifiante à ses actes, en élevant le niveau de la vie là où il se trouve.
Le plus noble ne sera pas le détenteur du plus grand nombre de titres que lui confère la
domination transitoire sur des propriétés éphémères de la Terre, mais celui qui accumule plus
intensément les crédits de l'amour et de la gratitude dans les cœurs des mères et des enfants,
des vieux et des malades, des hommes loyaux et honnêtes, travailleurs et dignes, humbles et
généreux.
Le plus respectable ne sera pas celui qui dispense de For et le pouvoir armé, mais si
celui qui a le meilleur cœur.
Le plus saint ne sera pas celui qui s'isole dans les autels de l'orgueil spirituel suprême,
en évitant le contact de ceux qui souffrent, par crainte de la dégradation et de l'immondice,
mais si celui qui descendra de sa propre grandeur en étendant ses mains fraternelles vers les
misérables et les souffrants, en élevant les âmes déchirées vers les sphères de la joie et de
l'entendement.
Le plus pur ne sera pas celui qui fuit les échanges avec les mauvais et les criminels,
mais celui qui se plonge dans la boue pour sauver les frères déchus sans se contaminer.
Le plus sage ne sera pas celui qui possède le plus de livres et de théories, mais
justement celui qui même s'il en sait peu, essaye d'allumer la lumière dans l'ombre qui entoure
encore son frère le plus proche...
L’ami divin posa ses yeux lucides dans la nuit claire qui resplendissait dehors en plein
cœur de la Nature. Il fit un long intervalle et ajouta :
- En cette époque sublime, les hommes ne s'absenteront plus de leur foyer pour aller
combattre leurs frères à des fins de conquêtes ou par haine envers une race dans des tempêtes
de larmes et de sang, car ils feront la guerre aux ténèbres de l'ignorance, aux plaies de la
maladie, aux angoisses de la faim et aux tortures morales en tous genres... Quand la charrue
remplacera le somptueux char des vainqueurs dans les exhibitions publiques, quand le livre
qui édifie prendra la place de l'épée dans l'esprit du peuple, quand la bonté et la sagesse
présideront dans les compétitions des hommes pour que les bons soient vénérés, quand le
sacrifice personnel en faveur de tous sera l'honneur légitime de l'individualité, afin que la paix
et l'amour ne se perdent pas dans la vie, alors il y aura une Nouvelle Humanité dans le
berceau lumineux du Divin Royaume...
À ce moment, la parole douce et souveraine fit une courte pause, et dehors, dans la
tiédeur de la douce nuit, les étoiles luisantes scintillant dans le firmament semblaient saluer
cette ère distante...

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25. La visite de la Vérité
Le Maître avait dit que seule la vérité libérera l'homme et peut-être parce qu'il ne
pouvait pas comprendre immédiatement toute l'extension de cette affirmation, Pierre lui
demanda lors d'un évangile à la maison :
- Seigneur, qu'est-ce que la vérité ? Jésus prit un air énigmatique et répondit :
- La Vérité totale c'est la Lumière Divine totale, mais l'homme est encore loin de
pouvoir supporter sa sublime fulgurance.
Voyant cependant que le pêcheur voulait plus d'éclaircissements, l'Ami Céleste médita
quelques minutes et dit :
- Dans une caverne sombre où la clarté n'était jamais entrée vivait un dévot implorant
le secours divin. Il se considérait comme le plus malheureux des hommes même si, dans son
aveuglement, il se considérait comme le meilleur de tous. Il réclamait contre l'ambiance
pestilentielle dans laquelle il se trouvait. L'air fétide le suffoquait, disait-il dans un cri
émouvant. Il demandait une porte de libération qui le mènerait vers le jour. Il affirmait qu'il
était robuste, capable et productif. Pourquoi était-il donc maintenu là, dans cet isolement
douloureux ? Pleurant et hurlant, il ne cachait pas ses afflictions et ses exigences. Quelles
raisons l'obligeaient à vivre dans cette atmosphère insupportable ?
Notre Père, voyant que ce fils le suppliait sans cesse, révolté et amer, profondément
touché lui envoya la Foi.
La vertu sublime l'exhorta à confier en l'avenir et à continuer de prier.
Le malheureux se consola d'une certaine manière, mais rapidement il recommença à se
lamenter.
Il voulait fuir cet endroit fétide, et comme ses larmes augmentaient, le Tout-Puissant
lui envoya l'Espérance.
L’émissaire caressa son front en sueur et lui parla de l'éternité de la vie, en essayant de
sécher ses larmes désespérées. Pour cela, il lui demanda d'être calme, résigné et fort.
Le pauvre parut s'améliorer, mais après quelques heures il reprit sa lamentation.
Il ne pouvait pas respirer, clamait-il malheureux.
Ému, le Seigneur détermina que la Charité aille le trouver.
La nouvelle messagère lui caressa et l'alimenta, en lui disant des mots affectueux telle
une mère dévouée.
Mais comme le misérable continuait de crier, révolté, le Père compatissant lui envoya
la Vérité.
Quand la porteuse d'enseignements se fit sentir sous la forme d'une grande lumière,
l'infortuné se vit alors tel qu'il était et prit peur. Son corps était un tas monstrueux de plaies
nauséabondes de la tête aux pieds et maintenant il voyait, ahuri, qu'il était la cause de
l'atmosphère intolérable dans laquelle il vivait. Le pauvre trembla chancelant et voyant que la
Vérité sereine lui ouvrait la porte de la libération, il eut horreur de lui-même. Sans courage
pour penser à sa propre guérison, et pour ne pas avoir à faire face à la visiteuse et apprendre à
se nettoyer et à se purifier, il fuit, épouvanté, à la recherche d'une autre grotte où cacher la
misère qu'il venait de découvrir en lui.
Le Maître fit une longue pause et termina :
- C'est comme cela que les choses se passent pour la plupart des hommes face à la
réalité. Ils pensent avoir le droit de recevoir toutes les bénédictions de l'Éternel et crient fort
en implorant l'aide du ciel. Tant qu'ils sont aidés par la Foi, l'Espoir ou la Charité, ils se
consolent et se désolent, ils croient et ne croient plus, timides, irrités et hésitants. Mais quand
la Vérité brille devant eux, en leur révélant la condition dans laquelle ils se trouvent,

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généralement ils fuient à la recherche de cachettes ténébreuses pour continuer à cultiver leur
illusion.

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26. La valeur du travail
Philippe, vieux pêcheur de Capharnaüm, enthousiasmé par les explications de Jésus
sur un texte d'Isaïe, commenta la différence entre les justes et les injustes pour souligner la
valeur de la sainteté sur la Terre.
Le Maître l’écouta calmement et pour éviter les opinions excessives, il narra avec
bienveillance :
- Un pharisien dont la vie était irrépréhensible avait atteint une position lui apportant
un respect public immense. Il passait des journées entières dans le Temple entre prières et
jeûnes incessants. Peu d'hommes connaissaient la Loi comme lui. Depuis Moïse jusqu'aux
derniers Prophètes, il retenait les textes les plus importants de la Révélation. Quand il passait
dans la rue, l'estime qu'on lui portait était si grande que même les enfants se courbaient
respectueux. Il se consacra au Saint des Saints et vécut une vie parfaite parmi les pécheurs de
l'époque. Il s'alimentait frugalement, portant une tunique sans manches et s'abstenait de parler
avec toute personne considérée impure.
Il y eut cependant une grande peste dans une ville proche de Jérusalem, et un Ange du
Seigneur descendit pour porter secours aux nécessiteux et aux malades au nom de la
Providence Divine.
Il lui faillait les mains diligentes d'un homme pour pouvoir travailler vite pour aider
les malades et les souffrants.
Il se souvint de faire appel au saint pharisien connu par la Cour Céleste pour ses vœux
de perfection spirituelle, mais le dévot était si profondément plongé dans ses contemplations
de pureté qu'il ne lui restait plus aucun espace intérieur pour comprendre toute pensée de
secours envers les victimes de l'épidémie.
Comment coopérer avec l'émissaire divin dans ce domaine s'il évitait tout contact avec
le monde vulgaire, classé dans sa tête comme la vallée des immondices ?
L’Ange l'appela de nouveau, mais la peste était exigeante et n'acceptait aucun retard.
Le messager s'en fut et fit appel à d'autres personnes fidèles à la Loi. Mais aucune
d'elle ne se jugea digne d'aider.
Personne ne voulait prendre de risques.
Poussé par la nécessité de se mettre au travail, l'Envoyé du Très-Haut alla voir un
ancien criminel qui souhaitait se régénérer. À travers les fils invisibles de la pensée, il l'invita
à le suivre et le vieux voleur, sincèrement transformé, n'hésita pas une seconde. L’obligation
fut douce pour lui et aussitôt, avec la spontanéité de la coopération robuste et légitime, il se
consacra au travail de secours et de salvation.
Il enterra les cadavres sans sépulture, improvisa des remèdes adaptés à la situation,
sema des encouragements, soulagea des souffrants, renouvela le courage des malades, libéra
d'innombrables enfants menacés par le mal, répandit la consolation et l'espoir, gagnant ainsi
de solides amitiés dans le ciel et avançant de façon surprenante sur le chemin du Paradis.
Les assistants écoutèrent la petite histoire, partagés entre l'admiration et la déception,
et comme personne ne réagissait, le Seigneur commenta après un long intervalle :
- La vertu est toujours grande et vénérable, mais il ne faut pas la cristalliser tel un
bijou rare sans profit. Si l'amour couvre la multitude des péchés, le travail sanctifiant qui s'en
inspire peut amener aux pécheurs convertis au bien la compagnie des anges, avant que les
justes oisifs puissent profiter de leur présence céleste.
Et voyant que les auditeurs se retiraient dans un silence profond, le Seigneur termina
le culte domestique de l'Évangile afin que le repos apporte à ses compagnons, d'abondantes
bénédictions de paix et de méditation sous le firmament pointillé de lumière.

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27. Le don oublié
L'attention générale se centrait sur une discussion concernant les dons que le Ciel
distribue aux âmes sur la Terre. Le Seigneur commenta alors avec patience :
- Il y avait un homme baigné par la grâce du mérite qui reçut du Très Haut la
permission de s'approcher de l'Ange Dispensateur des dons divins qui fleurissent dans le
monde.
Devant le Ministre céleste, le chanceux mortel demanda l'offrande de la Jeunesse.
Il reçut la concession, mais très vite il s'aperçut que la jeunesse peut être forte et belle,
mais quelle est aussi inexpérimentée et fragile spirituellement. Alors désintéressé, il retourna
voir le sublime donateur et lui demanda la Richesse.
Il reçut l'abondance et en jouit pendant longtemps. Toutefois, il s'aperçut que la
possession de grands patrimoines provoquait la jalousie maligne de tous. Il se lassa de
défendre avec difficulté ses propres biens, et alla trouver l'Ange pour lui demander la Liberté.
Il se vit totalement libre. Mais, il fut assailli par de cruels démons invisibles qui
perturbaient son parcours, en remplissant sa tête d'inquiétudes et de tentations.
Exténué par ce conflit intérieur qu'il vivait en permanence, il retourna voir le Céleste
Pourvoyeur et lui demanda le Pouvoir.
Il entra en possession de ce nouveau don et fut revêtu d'une grande autorité. Il comprit
cependant, plus tôt qu'il ne le pensait, que le commandement engendre la haine et la révolte
dans les cœurs paresseux et incompréhensifs et, tourmenté par les blessures cachées de
l'indiscipline et de la discorde, il se dirigea au bienfaiteur et lui implora l'Intelligence.
Toutefois, dans la condition de chercheur et d'homme de lettres, il perdit le reste de la
paix qui lui restait. Il comprit rapidement qu'il ne pouvait pas semer la réalité comme il le
souhaitait. Pour ne pas être victime de la réaction destructrice de ses propres protégés, il
devait entourer une graine de vérité de mille fleurs de fantaisie passagère. Insatisfait de la
situation, il revint voir l'Ange et lui demanda un Mariage Heureux.
Content de son nouveau sort, il se réconforta dans un nid domestique miraculeux et
créa une gracieuse famille ; mais un jour, la mort apparut et lui vola sa compagne.
Angoissé par le veuvage, il s'en fut voir le Ministre de l'Éternel en affirmant qu'il
s'était trompé une fois de plus et il lui demanda la grâce de la Santé.
Il reçut la concession. Néanmoins, après quelques années, vint la vieillesse défigurant
son corps qui s'usa et se rida sans pitié.
Tourmenté et incapable maintenant de s'absenter de chez lui, l'Ange ami vint à sa
rencontre et l'embrassant paternellement, il lui demanda quel nouveau don il avait l'intention
de demander au Très Haut.
Le malheureux ne sut pas quoi répondre. Que pouvait-il demander de plus ?
Ce fut alors que le glorieux messager lui expliqua que lui, le candidat au bonheur,
avait oublié le plus grand de tous les dons qui peut soutenir un homme dans le monde, le don
du Courage qui engendre l'enthousiasme et la bonne humeur pour le travail indispensable de
chaque jour...
Jésus s'interrompit pendant quelques minutes. Ensuite, en souriant à la petite
assemblée il finit :
- La Jeunesse est belle, la Fortune est agréable, la Liberté est admirable, le Pouvoir est
brillant, l'Intelligence est respectable, le Mariage Heureux est saint, la Santé de la chair est
bénie. Mais si l'homme n'a pas le Courage de faire face au bien et au mal de la vie humaine
pour apprendre se fortifier sur son parcours vers Dieu, les dons temporaires de l'expérience
transitoire seront de bien peu d'utilité.

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Et, prenant sur ses genoux un des enfants présents, il lui montra le firmament étoile
comme pour lui dire que seulement Là-haut le bonheur durable des créatures trouverait sa
patrie véritable.

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28. La réponse céleste
Comme Bartolomé demandait qu'on lui expliqua les réponses du Très Haut aux
supplications des hommes, Jésus s'adressa à tous et répondit :
- Un ancien instructeur des Commandements divins et missionnaire de la vérité céleste
parcourait de longues distances pour aller d'un village à l'autre, accompagné d'un chien ami,
quand la nuit arriva sans qu'il sache le nombre de milles qui le séparaient de sa destination.
Craignant la solitude en pleine nature, il pria en implorant la protection du Père
éternel, et continua.
Dans la nuit noire sans lune, il perçut qu'il y avait une caverne vaste et confortable sur
le bord de la route et caressant l'animal qui le suivait vigilant, il se prépara à se coucher pour
dormir. Il commençait à s'installer patiemment lorsqu'un nuage épais de mouches voraces
l'attaqua soudainement, l'obligeant à reprendre son chemin.
Le vieux continua sa route et arriva à un grand ruisseau sur une partie où la route
prenait un tournant. Un pont rustique permettait de passer sur la voie principale et au-delà la
terre semblait agréable, car même dans la pénombre de la nuit elle ressemblait à un grand drap
blanc.
Le saint prêcheur allait rejoindre l'autre rive avec son compagnon obéissant, quand le
pont se détacha de ses bases et dans un craquement, il dégringola totalement.
Sans pouvoir traverser, le petit vieux prit un autre chemin et passant auprès d'un arbre
robuste, touffu et accueillant, il pensa s'y abriter, car des éclairs au loin dans le firmament
annonçaient une tempête. La respectable plante offrait un asile intéressant et sûr dans son
tronc ouvert. Comme il allait se réfugier, le vent commença à souffler si fort que le tronc
vigoureux tomba, en se cassant irrémédiablement.
Sous la pluie, le pèlerin continua de l'avant. Après deux milles environ, il s'approcha
d'une baraque de campagne d'où sortait une douce lumière et il soupira soulagé.
Il frappa à la porte. Un homme bourru vint lui répondre et lui refusa clairement le
logis, en informant que le site ne recevait pas de visites la nuit et qu'il ne lui était pas permis
d'accueillir des étrangers.
Il eut beau pleurer et prier, le prêcheur fut obligé de continuer son chemin.
Il s'accommoda comme il put dans la tempête, dans les environs de la petite maison.
Très rapidement, le chien, effrayé par les éclairs successifs, s'enfuit en hurlant dans les
ténèbres.
Le vieux se retrouva seul et pleura angoissé, en pensant avoir été oublié par Dieu. Il
passa le reste de la nuit dehors. À l'aube, il entendit des cris et des injures indistinctes sans
pouvoir préciser d'où ils provenaient. Intrigué, il attendit le lever du soleil et lorsque celui-ci
surgit resplendissant, il quitta sa cachette. Il sut par un groupe de paysans attristés que des
voleurs avaient pillé la cabane où un abri lui avait été renié et que les habitants avaient été
assassinés.
Une lumière spirituelle soudaine lui parvint à l'esprit.
Il comprit que la Bonté Divine l'avait épargné des malfaiteurs et qu'en écartant de lui
le chien qui hurlait, elle lui garantissait un abri sûr.
Comme il sut qu'il s'était trompé de direction et qu'il était à l'opposé de sa destination,
il entreprit de revenir sur ses pas pour prendre la direction correcte. Auprès du pont rompu, un
laboureur lui dit que la terre blanche de l'autre côté n'était qu'un marais malfaisant et que de
nombreux voyageurs y avaient succombé.

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Le vieux remercia le Père de l'avoir sauvé. Quand il arriva à l'arbre tombé, un jeune
homme l'informa que le tronc qui jadis avait été accueillant était maintenant une tanière pour
les loups.
Remerciant le Seigneur qui l'avait si miraculeusement aidé, il alla voir la caverne où il
avait essayé de s'abriter. Il y trouva un nid de dangereux serpents.
Envoyant au Ciel un signe de reconnaissance pour les secours successifs qu'il n'avait
pas su comprendre sur le moment, il continua sa route sain et sauf pour exécuter sa tâche.
À ce moment du récit, le Maître regarda longuement Bartolomé et termina :
- Le Père entend toujours nos prières, mais il faut du discernement pour comprendre
Ses réponses et en tirer un bénéfice.

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29. La parabole rééditée
Après la parabole du bon Samaritain, dans la soirée chez Simon, Thaddée intéressé par
cet enseignement pria le Maître de l'approfondir. Jésus, avec sa spontanéité habituelle lui dit :
- Un homme malade gisait par terre, grimaçant de douleur, aux portes de la grande
ville, assisté par quelques personnes peu instruites et indifférentes.
Un jeune romain au cœur tendre passa par là à vive allure sur son char et lui jeta deux
pièces d'argent qu'un gamin aux mauvaises habitudes vola en cachette.
Peu de temps après vint un vénérable scribe de la Loi qui prétextant un travail urgent,
promit d'envoyer des autorités pour aider le mendiant anonyme.
Presque immédiatement arriva un religieux qui lança au voyageur désemparé un geste
de bénédiction et, affirmant qu'il était attendu par le culte du Seigneur Suprême, il exhorta le
peuple à donner un abri et de la nourriture au malade.
Ensuite, vint rapidement une dame respectable à qui le pauvre homme adressa une
supplique émouvante. Mais lu noble matrone, regrettant les difficultés de sa condition de
femme, invoqua la conduite chevaleresque masculine pour lui apporter le secours
indispensable.
Quelques minutes après, un juge passa par le même endroit de la voie publique en
affirmant qu'il allait nommer des témoins pour savoir si le misérable n'était pas un vulgaire
drogué, et il s'en alla agile sous prétexte que l'occasion ne lui était pas favorable.
Quelques instants après, arriva sur les lieux un négociant en bourse qui, touché, dit
qu'il manquait de temps et donna vingt pièces de monnaie à un homme qui lui semblait
sympathique afin de résoudre le problème. Mais le préposé improvisé était un malfaiteur
évadé de la prison et il s'enfuit avec l'argent sans porter le secours promis.
Le malade tremblait et transpirait de douleur, se traînant sur le sol. Apparut alors un
vieux publicain considéré de mauvaise vie, car il n'adorait pas le Seigneur selon les règles des
pharisiens. À l’étonnement de tous, il s'approcha du malheureux, lui adressa quelques mots
d'encouragement et d'affection, lui donna le bras, le releva et en s'appuyant sur ses propres
forces, il le conduisit jusqu'à une auberge de confiance en lui apportant le bon médicament et
en partageant avec lui le peu d'argent qu'il avait sur lui. Ensuite, il reprit son travail en suivant
tranquillement son chemin.
Après une courte pause, le Maître demanda au disciple :
- À ton avis, qui a exercé la charité légitime ?
- Sans aucun doute, s'exclama Thaddée amusé, bien qu'apparemment méprisable,
ce fut le publicain qui non seulement lui donna de l'argent et une bonne parole, mais aussi de
l'affection, du temps, le bras et un encouragement fraternel en ayant recours pour cela à ses
propres forces.
Jésus complaisant regarda son apprenti de ses yeux pénétrants et dit :
- Alors, fais-en de même. La charité par l'intermédiaire de substituts est
indiscutablement honorable et louable, mais le bien que nous pratiquons directement en
donnant de nous-mêmes est toujours le plus grand et le plus sûr de tous.

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30. La règle de l’aide
Jean, dans toute sa curiosité juvénile, comprenant qu'il se trouvait face à de nouvelles
méthodes de vie, telle était la grandeur avec laquelle l'Évangile se reflétait dans les
enseignements du Seigneur, demanda à Jésus quelle était la manière la plus digne pour un
apprenti de se comporter vis-à-vis de son prochain pour aider ses semblables, et l'Ami divin
lui répondit d'une voix claire et ferme :
- Jean, si tu cherches une règle pour aider les autres, en te favorisant toi-même,
n'oublie pas d'aimer ton compagnon de voyage sur la terre autant que tu souhaites qu'il t'aime
et t'apporte de l'aide.
Sous prétexte de cultiver la vérité, ne transforme pas ta propre existence en une
bataille dans laquelle tes pieds traversent le monde, comme un combattant furieux dans le
désert ; souviens-toi que la plupart des malades savent d'une façon ou d'une autre de quel mal
ils sont porteurs, et qu'ils ont besoin d'amitié et de compréhension avant toute médecine.
Souviens-toi qu'aucun cœur sur la Terre n'est épargné par les problèmes difficiles.
Apprends pour cette raison à être courtois et fraternel envers tous.
Reçois ton frère du chemin, non seulement avec le compliment recommandé par les
règles de la politesse, mais aussi avec la chaleur de ton intention sincère de servir.
Regarde les personnes qui t'adressent la parole les yeux dans les yeux, en leur
témoignant un intérêt affectueux et garde toujours la position de celui qui écoute avec
délicatesse et attention. N'élève pas trop la voix, car la sécurité et la sérénité avec laquelle les
sujets les plus graves doivent être traités ne dépendent pas du bruit.
Abstiens-toi des conversations inutiles ; le commentaire moins digne est toujours une
invasion condamnable dans les affaires personnelles.
Loue celui qui travaille et, même devant les mauvais et les oisifs, essaye d'exalter le
bien qu'ils sont susceptibles de produire.
Fuis le pessimisme, en gardant malgré tout la prudence indispensable face aux
créatures qui s'engagent dans des affaires respectables, mais passagères du monde. La tristesse
improductive qui ne sait que se blesser n'a jamais été utile à l'Humanité qui a besoin de
courage.
Sers-toi quotidiennement de la clef lumineuse du sourire fraternel ; grâce à ce geste
spontané de bonté, nous pouvons arrêter de nombreux crimes et éteindre beaucoup de maux.
Fais ton possible pour être ponctuel ; ne laisse pas ton compagnon t'attendre afin qu'on
ne t'attribue pas une fausse importance.
Remercie tous les bénéfices sur ton parcours, en respectant les grands et les petits ; si
le soleil réchauffe la vie, c'est le grain de blé qui donne le pain.
Laisse les eaux vives et invisibles de l'Amour qui viennent de Dieu Notre Père
traverser ton cœur au bénéfice du cercle de lutte dans lequel tu vis ; l'Amour est la force
divine qui grandit la vie et confère le pouvoir.
Faisons surtout le mieux que nous pouvons, pour le bonheur et l'élévation de tous ceux
qui nous entourent non seulement ici, mais partout, pas seulement aujourd'hui, mais toujours.
Le Christ se tut et devant la beauté du programme qu'il venait d'entendre, le jeune
apôtre demanda respectueusement :
- Seigneur, comment arriverai-je à mettre en pratique de si expressifs enseignements ?
Le Maître lui répondit résolu :
- La bonne volonté est notre recours à tout moment.
Et passant la main dans les cheveux du disciple inquiet, il termina les prières du soir.

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31. La raison de la douleur
Raquel, ancienne servante de la demeure de Chuza prit la parole pour demander au
Maître pourquoi la douleur se transformait en affliction sur les chemins du monde.
L'homme n'était-il pas une création de Dieu ? La créature ne dispose-t-elle pas du
concours béni des anges ? Le Ciel ne veille-t-il pas sur les destinées de l'Humanité ?
Jésus posa sur l'interlocutrice un regard ferme et dit :
- La raison de la douleur humaine découle de la protection divine. Les peuples sont
des familles de Dieu qui tout comme les grands troupeaux sont appelés à rejoindre l'Étable du
Très Haut. La Terre est le chemin. La lutte qui enseigne et édifie est la marche. La souffrance
est toujours un aiguillon qui réveille les brebis distraites sur les marges du chemin véritable.
Quelques instants s'écoulèrent silencieux et le Maître reprit son récit :
- L’excès de pouvoir favorise l'abus, le surplus de confort amène souvent la paresse,
et le pain qui s'amoncelle en trop alimente généralement les vers qui se complaisent dans la
moisissure...
Voyant cependant que l'assemblée d'amis demandait une explication plus claire, il
développa fraternellement :
- Sur l'ordre du Père éternel, un ange prit sous son aile, pour son propre compte, un
homme commun depuis sa naissance. Il lui apprit à s'alimenter, à mouvoir ses membres et ses
muscles, à sourire, à se reposer et se réfugier dans les bras maternels. Restant nuit et jour
auprès de son protégé, il lui apprit à prononcer ses premiers mots et par la suite orienta ses
nouvelles impulsions en lui apprenant à raisonner, à lire, à écrire et à compter. Il le protégeait
à tout moment de l'influence pernicieuse ou funeste des Esprits négatifs qui l'entraîneraient
certainement vers tourbillon de la mort. Lui insufflant des idées illuminées par les clartés du
Bien infini par mille manières imperceptibles de lui porter secours, il lui assura la santé et
l'équilibre du corps. Il lui donnait des médicaments invisibles à travers l'air et l'eau, les
vêtements et les plantes. D'innombrables fois, il le sauva de l'erreur, du crime et des maux
sans remède qui tourmentent les pécheurs. Le matin, le Page Céleste accourait attentionné
pour lui préparer une journée calme et profitable, pour protéger sa respiration, son
alimentation, sa pensée, en surveillant ses pas avec amour, pour mieux préserver ses dons. Le
soir, il se plaçait à la tête de son lit pour protéger son corps contre l'attaque des génies de
l'enfer, en l'attendant avec un soin tout paternel pour les douces instructions spirituelles durant
son sommeil. Pendant toute sa vie, il guida ses idéaux, en l'aidant à choisir les émotions et à
faire un travail digne et respectable. Il clarifia le jeune cerveau, lui insuffla un enthousiasme
saint envers la vie supérieure et l'encouragea à former un règne de sanctification et de service,
de progrès et de perfectionnement dans un foyer... Mais l'homme qui ne s'était jamais souvenu
de remercier pour les bénédictions dont il était l'objet, devint orgueilleux et cruel vis-à-vis des
intérêts d'autrui. Lui qui avait reçu tant de grâces célestes, n'avait jamais eu envie de les
étendre sur la Terre : il se servait de la gloire dont il avait été revêtu par son bienfaiteur
dévoué et invisible pour humilier les autres. Quand il ressentit la première déception que lui-
même avait provoquée par mépris de la loi de l'amour universel qui prône la fraternité et le
respect vis-à-vis de ses semblables, il gesticula, révolté contre le Ciel en accusant le Seigneur
Suprême d'être injuste et infidèle. Affligé, l'ange gardien essayait de relever son idéal de
bonté, quand un Ange Supérieur s'approcha de lui et ordonna que la première déception du
filleul endurci par l'excès de largesses se convertisse en affliction. Passant mentalement
d'affliction en affliction, l'homme commença à recueillir les valeurs de la patience, de
l'humilité, de l'amour et de la paix avec tous, en devenant alors un précieux collaborateur du
Père dans la Création.

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Lors que le récit fut terminé, Jésus attendit que Raquel lui fît part de ses doutes, mais
la servante s'était tue dominée par la méditation que les enseignements de la nuit lui avaient
suggérée. L'Évangile à la Maison fut donc terminé par une ardente prière de joie
indéfinissable.

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32. La foi victorieuse
André commentait les difficultés auxquelles il devait faire face pour divulguer les
nouveaux principes rédempteurs dont le Maître s'était fait l'émissaire et mentionnait avec une
amertume violente les pharisiens, en incitant ses compagnons à une résistance organisée.
Jésus qui écoutait la véhémente argumentation avec une tolérance imperturbable déclara
aussitôt que le silence se fit :
- Aucune école religieuse ne triomphera avec le Père si elle s'écarte de l'amour que
nous devons cultiver les uns envers les autres.
Et comme tous attendaient une explication avec une des histoires que sa divine parole
savait si bien créer, il raconta calmement :
- À l'époque de la foi sauvage, trois hommes primitifs avec leurs familles se fixèrent
dans une vaste forêt et après quelque temps de vie en commun fraternelle, ils commencèrent à
discuter sur la nature du Créateur. L'un d'entre eux prétendait que le Tout-Puissant vivait dans
le tonnerre, un autre croyait que le Père demeurait dans le vent et le troisième qu'il vivait sur
le soleil Tous se sentaient Son fils mais ils voulaient à tout prix que leur point de vue soit
celui qui l'emporte.
Après d'âpres altercations, ils se firent la guerre ouvertement.
Un des trois se munit d'une lourde charge de minerai, un autre réunit une grande
quantité de pierres et le dernier se cacha derrière un tas compact de bois. Des bouts de bois et
de pierre étaient les armes du grand conflit.
Ils invoquaient tous la protection du Seigneur suprême pour leurs familles et se
consacraient à la lutte. Les perturbations qui envahirent la forêt furent d'une telle ampleur que
les arbres et les oiseaux en souffrirent. Le Tout-Puissant leur envoya alors un ange ami.
Le messager les visita sous la forme d'un homme ordinaire et au lieu de leur ôter les
outils avec lesquels ils détruisaient la vie, il affirma que les patrimoines dont ils disposaient
étaient tous aussi précieux les uns que les autres et il leur dit qu'ils devaient seulement donner
une nouvelle orientation à leurs activités en cours. Il leur expliqua que tous les trois avaient
raison dans leur croyance, car Dieu réside dans le soleil qui alimente les créatures, dans le
vent qui aide la nature et dans le tonnerre qui renouvelle l'atmosphère. Et avec beaucoup de
patience, il leur dit que les hommes ne pourront honorer le Créateur que par un travail digne
et fructueux. Il enseigna le premier à transformer les durs fragments de minerais en ustensiles
pour travailler la terre à l'époque des semailles, le second à convertir les bouts de bois en
éléments précieux pour améliorer le confort, et le troisième à utiliser les pierres communes
pour construire des abris confortables, et ajouta pour tous la bonne doctrine du travail pour le
progrès et le perfectionnement de tous. Les adversaires comprirent alors la grandeur de la foi
victorieuse par l'action édifiante, et la discorde prit fin pour toujours...
Le Maître fit une longue pause et ajouta :
- En matière religieuse, chaque croyant a des raisons respectables et détient les
possibilités qui doivent être utilisées pour ennoblir la vie et le temps en glorifiant le père.
Quand la créature conserve pour elle les bénédictions du Ciel et ne réalise rien de bon pour
ses semblables et pour lui-même, elle s'assimile à l'avare qui se précipite dans l'enfer de la soif
et de la faim pour cacher indûment la richesse que Dieu lui a prêtée. C'est pour cela que la foi
qui n'aide pas, qui n'instruit pas et ne console pas se transforme en une obscure vanité du
cœur.
Un silence lourd les envahit tous et André baissa ses yeux timidement pour mieux
fixer le message de lumière.

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33. Le divin appel
Les membres habituels du groupe familial étaient réunis et le Seigneur, le regard
mélancolique et lucide, surprenant peut-être une note secrète de révolte dans le cœur de ses
auditeurs, leur parla avec sublimité :
- Mes bien-aimés, celui qui cherche le Soleil du Royaume divin doit s'armer d'amour
pour vaincre la grande bataille de la lumière contre les ténèbres. Pour engranger de l'amour
dans son cœur, il est indispensable de faire croître les sources de la piété.
Apitoyons-nous sur le sort des princes ; celui qui s'élève très haut sans un appui sûr
pourra faire une chute dans des ravins ténébreux.
Aidons les esclaves : celui qui est prisonnier des épines de la vallée peut se perdre
dans la rébellion avant de grimper la montagne de la rédemption.
Aidons les enfants : l'herbe tendre peut être brûlée avant le soleil de
midi. Aidons les anciens : la nuit n'est pas toujours bénie par les étoiles.
Étendons une main fraternelle vers le criminel sur la route : le remords est un volcan
dévastateur.
Aidons celui qui nous semble irrépréhensible : il y a une justice infaillible, au-dessus
des cercles humains, mais ce n'est pas toujours celui qui meurt sanctifié aux yeux des
créatures qui se présente comme un saint dans le Ciel.
Aidons celui qui enseigne : les maîtres sont torturés par les leçons qu'eux-mêmes
transmettent aux autres.
Secourons celui qui apprend : le disciple qui étudie sans en tirer profit acquiert une
lourde responsabilité vis-à-vis de l'Éternel.
Fortifions celui qui est bon : sur la Terre, la menace de découragement plane sur
tous. Aidons le mauvais : l'esprit endurci peut devenir pervers.
Souvenons-nous des affligés, embrassons-les fraternellement : la douleur quand elle
est incomprise, se transforme en un brasier d'angoisses.
Aidons ceux qui sont heureux : la tempête surprend généralement par la mort des
voyageurs inattentifs.
La santé réclame la coopération pour ne pas s'étioler. La maladie requiert un remède
précieux pour s'en aller.
L'administration demande un secours pour ne pas disparaître.
L’obéissance exige une aide amicale pour s'écarter du désespoir.
Tant que le Royaume du Seigneur ne brillera pas dans le cœur et dans la conscience
des hommes, la Terre sera une école pour les bons, un purgatoire pour les mauvais et un
hôpital douloureux pour les malades de toute sorte.
Sans la lampe allumée de la compassion fraternelle, il est impossible de se conformer
à la Volonté Divine.
Le premier pas de la perfection est compréhension jointe à une assistance
juste... Le Maître s'interrompit devant ses compagnons silencieux.
Et comme ses auditeurs continuaient de ne rien dire, les yeux remplis de larmes, il
reprit la parole en prière et supplia au Père la lumière et le secours, la paix et les
éclaircissements pour les riches et pour les pauvres, pour les seigneurs et les esclaves, pour les
sages et les ignorants, pour les bons et les mauvais, pour les grands et les petits...
Quand il termina sa prière, les brises du lac s'agitèrent, harmonieuses et douces,
comme si la Nature les avait mises en mouvement dans la direction du Ciel pour conduire la
supplique de Jésus jusqu'au trône du Père, au-delà des étoiles...

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34. La servante
scandalisée
Pour répondre aux arguments de Dalila, épouse d'Azor le tisserand, quelle faisait sur la
méchanceté de certains publicains mal renommés qui l'avaient outragée sur la place publique
alors que justement elle essayait de pratiquer le bien, Jésus narra simplement :
- Une femme pieuse qui souhaitait être la messagère du Royaume Divin sur la Terre,
frappa aux portes du Paradis pour demander du travail.
Elle fut reçue affectueusement par un ange qui lui conseilla daller visiter une taverne
pour sauver deux hommes bons et imprudents qui s'étaient laissé enivrer, dominés par les
insinuations insufflées par des Esprits des ténèbres.
Le lendemain, l'émissaire réapparut en pleurant, en expliquant au Ministre de l'Éternel
quelle n'avait pas pu satisfaire la demande, car l'endroit indiqué était rempli de joueurs qui
échangeaient des paroles obscènes et cruelles.
L'ange l'envoya alors dans une cachette située dans une forêt proche afin de porter
secours à un enfant désemparé.
Le jour suivant l'émissaire revint en alléguant qu'elle n'avait pas pu exécuter le travail,
car la caverne abritait plusieurs hommes et femmes à demi nus et que cela pourrait blesser sa
pudeur féminine.
L’Administrateur Céleste, sans se décourager, la désigna pour aider une femme
agonisante, mais quelques heures plus tard, la collaboratrice était là de nouveau, confuse,
l'informant quelle n'avait même pas pu entrer dans la chambre de la malade, car dans
l'antichambre son époux était en train de comploter un assassinat pour la nuit suivante avec
une femme de mauvaise vie.
L’obligeant Ministre du Très-Haut, bien qu'un peu déçu, lui dit d'aller aider deux
hommes déments se trouvant dans la vallée des immondes.
Le lendemain, la servante scandalisée retourna le voir précipitamment en précisant
quelle n'avait pas pu remplir sa tâche, car les fous étaient influencés par des scènes de vie
impure et que cela provoquait en elle une répugnance extrême.
Le Préposé du Très-Haut, après l'avoir entendue avec un étonnement évident, lui dit
d'aller aider une jeune femme qui était en danger, mais rapidement la coopératrice revint
sensibilisée en disant que ladite créature se trouvait dans une fête aux mœurs dissolues dans
des conditions morales répulsives.
Ce fut ainsi que la candidate au travail céleste passa sa semaine, inutilement, à cultiver
l'inefficacité, sous des prétextes divers.
Lorsqu'elle s'en fut voir une nouvelle fois l'ange pour lui demander du travail, celui-ci
lui donna la réponse quelle méritait :
- Ma sœur, continuez pour l'instant à développer vos efforts au milieu des vulgarités
de la Terre.
- Ah bon ? Et pourquoi ? demanda-t-elle, perplexe. Est-ce que je ne mérite pas de me
rapprocher d'une vie plus élevée ?
- Vos yeux sont pleins de malice, répondit le Ministre faisant preuve de tolérance, et
pour servir le Seigneur, le serf du bien rectifie le scandale dans l'amour et le silence sans se
scandaliser.
Le Maître se tut pendant quelques minutes, et il conclut sans affectation :
- Celui qui se complaît dans la contemplation du mal n'est pas en mesure de faire le
bien.

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Les participants se regardèrent entre eux, étonnés, et la prière finale du culte
domestique fut prononcée, tandis qu'au dehors la lune claire qui dissipait les ténèbres de la
nuit, symbolisait l'invitation radieuse du Ciel au sublime combat pour la victoire de la
lumière.

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35. Le besoin de compréhension
Un des compagnons arriva à la réunion de l'Évangile avec une expression d'abattement
profond.
Aux questions fraternelles du Seigneur, il répondit qu'il avait été rudement traité sur la
voie publique. Plusieurs de ses débiteurs à qui il avait réclamé son dû lui avaient répondu avec
ingratitude et grossièreté.
Au lieu de le consoler personnellement, le Christ s'adressa avec bienveillance à tous
les compagnons :
- Un grand explicateur des textes de Job avait de singulières dispositions pour les
services de la compréhension et de la bonté et, peut-être pour cela, il organisa une école dans
laquelle il professait avec une sagesse indiscutable.
Un jour, pour aider un apprenti agité qui s'était plaint plusieurs fois des mauvais
traitements qu'il avait reçus sur la place publique, il sortit patiemment avec lui dans les rues
de Jérusalem pour demander l'aumône pour certains services du Temple.
La plupart des passants donnaient ou ne donnaient pas avec indifférence, mais à un
coin de rue mouvementé, un homme vigoureux répondit à leur demande avec âpreté et ironie.
Le maître prit l'apprenti par la main et tous les deux le suivirent discrètement. Ils
marchèrent pendant quelque temps et ils le virent tomber au sol, pris par une douleur violente,
provoquant un secours général. Ils comprirent rapidement que le frère irrité souffrait de
coliques mortelles.
Ils continuèrent leur chemin quand ils virent un cavalier qui ne prit même pas la peine
de répondre à leur demande, en ne leur adressant qu'un regard dur et plein de rancœur.
Le guide et l'élève accompagnèrent ses pas et quand l'étrange personnage arriva chez
lui, ils virent qu'un petit groupe de personnes l'attendait en pleurant. Il se joignit à leurs pleurs
et nos deux compagnons surent que chez ce malheureux, se trouvait une fille décédée.
Ils continuèrent à demander l'aumône sur la voie publique et peu de temps après ils
furent injuriés par un jeune homme à qui ils s'étaient adressés. Ils se retirèrent pour attendre et
une demi-heure après, ils constatèrent que le pauvre homme était fou.
Ensuite, ils entendirent des insultes d'un vieil homme qui les menaça de les envoyer en
prison et de leur jeter des pierres. Mais après quelques heures, ils surent que l'infortuné était
un commerçant en faillite qui de seigneur était devenu esclave à cause de ses énormes dettes.
Comme le jour tombait, à leur retour, le respectable instructeur convoqua le disciple et
lui demanda :
- As- tu compris la leçon ? Accepte le besoin de compréhension comme une exigence
sacrée de la vie. Ne te plains plus jamais de ceux qui démontrent de la révolte ou du désespoir
envers toi dans la rue. Le premier qui est passé devant nous était un simple malade, le second
était attendu par la mort chez lui, le troisième souffrait de la folie et le quatrième était frappé
d'une faillite. Dans la plupart des cas, celui qui nous reçoit de mauvaise humeur se trouve sur
une route beaucoup plus sombre et épineuse que la nôtre.
Et pour compléter son enseignement, le Seigneur termina devant ses compagnons
étonnés :
- Lorsque nous nous trouvons face à des personnes affligées, ayons pitié et aidons-les
à retrouver leur paix intime. Le taureau possède encore des cornes, car il n'a pas encore atteint
la grâce de recevoir des ailes. Nous grondons toujours contre la brebis qui perturbe notre
repos et qui bêle tourmentée. Mais nous oublions souvent que ce pauvre animal suit son
chemin sous un lourd carcan en direction de l'abattoir.

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36. Le problème difficile
Parmi les commentaires ce soir-là, un des compagnons voulut savoir quelle était la
question la plus difficile à résoudre dans le cadre du travail à la recherche de la lumière
divine.
Dans quel secteur de la lutte spirituelle se trouvait le problème le plus compliqué ?
Après plusieurs considérations sur le sujet, le Maître prit un air profondément
compréhensif et raconta:
- Un sage avait trois fils jeunes, intelligents et qui aimaient de la sagesse. Un matin, ils
se chamaillèrent à propos de l'obstacle le plus difficile à vaincre sur le grand chemin de la vie.
Comme la discussion prenait de l'ampleur, et prévoyant de possibles conséquences
désagréables, le géniteur bienveillant les appela et leur confia une tâche curieuse.
Ils devaient tous les trois se rendre jusqu'au palais du prince gouvernant pour lui
apporter quelques présents qui devaient honorer l'esprit de cordialité et de gentillesse.
Le premier était porteur d'un riche vase en argile précieuse. Le deuxième devait
amener une biche rare.
Le troisième devait emporter un magnifique gâteau confectionné par la famille.
Le trio fraternel reçut la mission avec enthousiasme et entreprit un petit voyage de
trois milles. Mais chemin faisant, ils commencèrent à se disputer.
Le dépositaire du vase n'était pas d'accord sur la manière dont son frère tirait sur la
délicate biche et le responsable de l'animal donnait des instructions au porteur du gâteau afin
qu'il ne trébuche pas et l'abîme. Ce dernier conseillait au porteur du précieux vase de ne pas
tomber.
Le petit groupe suivait difficilement son chemin, chacun faisait attention aux
obligations qui revenaient aux autres, en lançant des observations incessantes et irritées.
À un moment, le frère qui conduisait l'animal oublia sa propre tâche pour corriger la
position de la pièce d'argile dans les bras de son compagnon, et le vase, objet de leur
préoccupation commune, glissa et alla se briser sur le sol poussiéreux.
Surpris, le guide distrait de la biche lâcha la courroie et celle-ci s'enfuit effrayée pour
aller se réfugier dans la forêt proche.
Le porteur du gâteau avança dans les buissons pour l'empêcher de fuir et le contenu du
plateau argenté alla s'écraser sur le sol.
Déçus et irrités, les trois garçons retournèrent chez leur père et chacun d'entre eux lui
présenta sa plainte et son échec.
Toutefois, le sage sourit et leur expliqua :
- Sachez tirer les enseignements de cet épisode sur la route. Si chacun d'entre vous
avait été vigilant pour la tâche qui lui revenait, vous ne seriez pas en train de vous lamenter
sur votre échec. Une des plus grandes difficultés dans le monde mes enfants, est que les
hommes ne s'occupent que de leurs propres affaires sans se mêler de celles d'autrui. Pendant
que nous pensons aux responsabilités qui reviennent aux autres, nous oublions les nôtres.
Jésus se tût pensif et termina la leçon par une prière d'amour et de reconnaissance.

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37. Le fils oisif

La petite assemblée discutait de problèmes divers concernant la foi en Dieu quand


Jésus, prenant la parole, narra avec complaisance :
- Un grand souverain possédait de vastes domaines. Les terres, les fleuves, les fermes,
les vergers et les troupeaux étaient innombrables dans son royaume prodigieux. De nombreux
serviteurs travaillaient chez lui en circulant dans toutes les directions. Certains d'entre eux
restaient toujours sous le regard du Seigneur, de façon absolue. De temps en temps, ils
visitaient sa demeure en lui offrant des présents ou en lui apportant des fleurs de tendresse et
ils recevaient de nouvelles orientations pour leur travail édifiant. D'autres pourtant vivaient
selon leur bon plaisir dans les forêts immenses. Ils aimaient la pleine liberté avec une
indiscipline déclarée. Ils étaient de véritables perturbateurs dans le vaste empire, car au lieu
d'aider la nature, ils la méprisaient sans pitié. Ils tuaient des animaux pour le simple plaisir de
la chasse, empoisonnaient les eaux pour assassiner les poissons par milliers, poursuivaient les
oiseaux ou brûlaient les plantations des serfs fidèles, tout en sachant dans le fond qu'ils
devaient obéir au puissant seigneur.
Un de ces serviteurs insouciant et oisif croyait en la bonté, mais il exterminait les
oiseaux sans défense, et le ventre plein, il avait pour habitude de commenter la foi qu'il avait
en ce riche propriétaire d'un si riche et vaste domaine. Un souverain aussi prévoyant qui avait
su mettre à disposition de l'eau et des terres, des arbres et des troupeaux, devait être très sage
et juste, expliquait-il en toute conscience. Subtilement toutefois, il contournait tous les
décrets. Il disait qu'il vivait à sa manière sans aucune imposition, même de celui qui lui avait
confié la vallée où il passait une existence opulente et heureuse.
Plusieurs années après, quand ses mains n'arrivaient plus à soulever une arme pour
perturber la nature, quand ses yeux brouillés ne voyaient plus le paysage avec la même
netteté, alors que son corps s'inclinait, fatigué et triste vers le sol, il se décida à aller voir le
Seigneur pour lui demander aide et protection.
Il traversa les beaux champs dans lesquels les serfs loyaux, travailleurs et heureux,
cultivaient le sol de l'immense propriété et il arriva à la demeure illuminée du souverain.
Étonné, il vit que les gardes à la porte ne lui permirent pas d'entrer, car son nom netait
pas inscrit dans le livre des serviteurs actifs.
Il implora, pria, gémit. Une des sentinelles observa alors :
- Le temps disponible du Roi est destiné aux coopérateurs.
- Comment ? demanda l'ouvrier imprévoyant. - J'ai toujours pensé que notre glorieux
dirigeant était souverain et bon...
Le garde lui répondit sans sourciller :
- À quoi cela t'avance-t-il d'avoir une telle conviction, si tu n'as pas respecté les
décrets de notre Souverain, en gaspillant un temps précieux à perturber son œuvre ? Ton passé
est vivant dans la situation dans laquelle tu te trouves... À quoi t'a servi ta confiance dans le
Seigneur si tu n'es jamais venu jusqu'à Lui, lui apporter une minute de collaboration au
bénéfice de tous ? On voit tout de suite que ta croyance n'est qu'une manière d'accommoder ta
conscience aux délires de ton cœur.
Et le serf, déjà compromis par des actes moins dignes cl la santé ébranlée s'en fut gêné
recommencer tout son travail pour se régénérer.
Le Maître se tut pendant quelques instants et conclut :
- Ceci est l'image de tous les enfants oisifs de Dieu. L'homme valide et intelligent qui
admet l'existence du Père éternel, qui reconnaît son pouvoir, sa justice et sa bonté dans

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l'expression physique de la nature et qui ne le visite pas par une simple prière de temps en
temps, qui n'honore pas ses lois par le moindre geste d'aide envers ses semblables, sans le
moindre intérêt pour les objectifs du Grand Souverain, pourra-t-il tirer un avantage de ses
convictions inutiles et mortes ?
Avec cette question qui pénétra dans les têtes des présents, le culte évangélique du soir
fut expressivement terminé.

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38. L'argumentjuste
Le soir, chez Simon, un voile de tristesse se reflétait sur la plupart des visages.
Thaddée et André, attaqués quelques heures avant sur les rives du lac par des
malfaiteurs, furent contraints de réagir rapidement. Il n'y avait eu aucune conséquence grave,
mais tous les deux se sentaient tourmentés et énervés.
Quand Jésus commença à parler de la gloire réservée aux bons, les deux disciples
laissèrent transparaître en pleurant discrètement l'amertume qui dominait leur âme et sans
pouvoir se contenir, Thaddée clama affligé :
- Seigneur, j'aspire sincèrement à servir l'Évangile, mais mon cœur est indiscipliné et
ingrat. J'écoute affligé les explications de l'Évangile, mais dehors, dans mes rapports avec le
monde, je ne suis qu'un Esprit qui s'obstine dans le mal Je regrette, je regrette, mais comment
travailler en faveur de l'Humanité dans ces conditions ?
Sa gorge se serra. André s'approcha alors en déplorant :
- Maître, que vais-je devenir ? À vos côtés, je suis une brebis obéissante, mais lorsque
je m'éloigne, il suffit d'un mot insignifiant d'incompréhension pour me désarmer. Je reconnais
que je ne suis pas capable de tolérer qu'on me lance une insulte ou qu'on me jette une pierre.
Serait-il juste de continuer à enseigner aux autres la pratique du bien, en étant si imparfait ?!...
André se tut et Pierre intervint en disant :
- Je vois aussi que je ne suis qu'un esprit misérable, endetté et inférieur. Je suis pire
que tous. Chaque soir, lorsque je me retire pour mes prières habituelles, je suis surpris par le
courage fou avec lequel j'embrasse mes engagements actuels. Ma fragilité est grande, mes
dettes énormes. Comment servir les principes sublimes du Nouveau Royaume si je me sens
ainsi, insuffisant et incomplet ?
À la parole de Pierre vint s'ajouter celle de Jacques, fils d'Alphée, qui affirma, abattu :
- Dans l'intimité de ma conscience, je vois combien je suis loin d'appliquer
véritablement la Bonne Nouvelle. Souvent, après avoir été réconforté par les dissertations du
Maître, je me retire dans ma chambre solitaire, pour sonder l'abîme de mes fautes. Il y a des
moments où des désillusions énormes s'emparent de moi à l'improviste. Est-ce que je suis
vraiment un disciple sincère ? Est-ce que je ne suis pas en train de tromper mon prochain ?
Cette incertitude me torture... Qui sait si je ne passe pas pour un vil mystificateur ?
D'autres voix se firent entendre dans l'assemblée, découragées et remplies d'amertume.
Néanmoins, Jésus, après avoir entendu ces opinions qui oscillaient entre le
découragement et la déception, sourit amust-et précisa :
- En vérité, le paradis dont nous rêvons encore est très loin et je ne vois ici aucun
compagnon ailé. À mon avis, les anges portant leur habit céleste n'ont pas encore trouvé de
domicile sur le sol rude et sombre sur lequel nous marchons. Nous sommes des apprentis du
bien qui allons vers le Père et nous ne devons pas mépriser l'opportunité bénite de grandir
pour Lui, avec la même impulsion que la vigne qui s'élève vers le ciel, après être née dans le
sein obscur de la terre, en s'étalant généreusement pour se transformer en un vin réconfortant
destiné à la joie de tous. Mais si vous vous déclarez faibles, débiteurs, endurcis et mauvais et
ne travaillez pas les premiers pour devenir forts, repentis, dévoués et bons en faveur de
l'œuvre de la salvation comme un tout, je ne crois pas que les anges doivent descendre de la
gloire des cimes pour nous remplacer dans le cadre des leçons de la terre. Le remède s'adresse
avant tout au malade, l'instruction à l'ignorant... Je pense donc que la Bonne Nouvelle de la
Salvation se perdrait, car elle serait inadaptée et inutile…

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Les larmes des disciples se transformèrent en un émoi intense, qui s'irradia sur le
visage de tous, et une prière sincère de l'Ami Divin marqua le sujet d'un point final.

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39. Le pouvoir desténèbres
Alors que le sujet portait sur l’étude des tentations, Jésus raconta souriant :
- Un valeureux serviteur du Père marchait gaillardement dans une ville grouillante de
pêcheurs, avec tant de dévouement à la foi et la charité que les Esprits du Mal s'impatientaient
en voyant tant d'abnégation et de détachement. Ils lui avaient tendu les pièges les plus
dangereux sans résultat. Ils décidèrent donc d'envoyer un représentant au Génie des Ténèbres
afin d'avoir son avis.
Un compagnon à la noire conscience en fut chargé et partit.
Le grand adversaire écouta le cas avec attention et demanda au petit démon de donner
quelques suggestions.
Le subordonné parla avec emphase :
- Ne pourrions-nous pas le démunir de tous ses biens ?
- Pas cela, dit le pervers orienteur. Pour un serviteur de cette trempe, la perte des
ressources matérielles est une libération. Il y trouverait mille manières différentes d'augmenter
ses contributions à l'Humanité.
- Alors, nous pourrions punir sa famille, en la dispersant et en obligeant ses enfants à
lui jeter l'opprobre et lui démontrer de l'ingratitude, ajouta le petit perturbateur réticent.
Le grand poursuivant rit à gorge déployée et objecta :
- Ne vois-tu pas qu'ainsi il s'intégrerait plus facilement avec son autre famille, celle de
la multitude ?
L'ambassadeur déçu ajouta :
- Peut-être serait-il approprié de s'attaquer à son corps. Nous le couvrirons de plaies et
de douleurs.
- Non pas cela, répondit le génie satanique, il trouverait le moyen de stimuler sa
confiance et profiterait de l'occasion pour amener d'autres personnes à faire leur rénovation
intime, en exerçant sa patience et sa sérénité dans la douleur.
- Nous soulèverons la calomnie, la suspicion et la haine gratuite des autres contre lui !
clama l'émissaire.
- Pour quoi faire ? Rétorqua l'Esprit des ombres. Il se transformerait en un martyr,
rédempteur de beaucoup d'autres. Il se servirait de toutes ces vicissitudes pour mieux s'élever
vers le Ciel.
Maintenant exaspéré, le mauvais ange ajouta :
- Il serait donc préférable de l'assassiner sans pitié...
- Que dis-tu ! rétorqua l'Intelligence perverse, la mort serait pour lui une douce
bénédiction qui le conduirait aux clartés du Paradis.
Et voyant que l'apprenti, vaincu, se taisait humblement, le Grand Adversaire fit un
mouvement expressif des yeux et conseilla, loquace :
- Ne sois pas sot. Retourne et dit à cet homme qu'il est un moins que rien de la
Création, qu'il ne vaut pas mieux qu'un petit ver anonyme... Oblige-le à reconnaître sa propre
petitesse pour qu'il ne puisse plus s'élever et tu verras...
L’envoyé s'en retourna satisfait et mit les conseils qu'il avait reçus en pratique.
Il entoura le valeureux serviteur de pensées dénigrantes sur sa soi-disant insignifiance
et il lui inspira des questions mentales de ce type : « Comment oses-tu affirmer que tes œuvres
destinées à la poussière ont une valeur quelconque ? Ne te sens-tu pas comme une simple
marionnette des passions inférieures de la chair ? N'as-tu pas honte de l'animalité que tu
portes dans ton être ? Que peut faire un grain de sable perdu dans le désert ? Ne reconnais-tu
pas ta position de fragment de boue obscur ? »

63
Le valeureux collaborateur interrompit ses activités et après avoir longuement écouté
ces insinuations, oublia que l'olivier touffu commence par une fine pousse et il s'allongea,
découragé, sur le lit de l'accablement et de l'humiliation, pour ne se réveiller qu'à l'heure où la
mort lui ouvrait la porte de la vie infinie.
Jésus fit silence et contempla la nuit calme...
Simon Pierre fit une prière sincère et les apôtres en compagnie des autres, se saluèrent
ce soir-là, méditatifs et perplexes. trouverait mille manières différentes d'augmenter ses
contributions à l'Humanité.
- Alors, nous pourrions punir sa famille, en la dispersant et en obligeant ses enfants à
lui jeter l'opprobre et lui démontrer de l'ingratitude, ajouta le petit perturbateur réticent.
Le grand poursuivant rit à gorge déployée et objecta :
- Ne vois-tu pas qu'ainsi il s'intégrerait plus facilement avec son autre famille, celle de
la multitude ?
L'ambassadeur déçu ajouta :
- Peut-être serait-il approprié de s'attaquer à son corps. Nous le couvrirons de plaies et
de douleurs.
- Non pas cela, répondit le génie satanique, il trouverait le moyen de stimuler sa
confiance et profiterait de l'occasion pour amener d'autres personnes à faire leur rénovation
intime, en exerçant sa patience et sa sérénité dans la douleur.
- Nous soulèverons la calomnie, la suspicion et la haine gratuite des autres contre lui !
clama l'émissaire.
- Pour quoi faire ? Rétorqua l'Esprit des ombres. Il se transformerait en un martyr,
rédempteur de beaucoup d'autres. Il se servirait de toutes ces vicissitudes pour mieux s'élever
vers le Ciel.
Maintenant exaspéré, le mauvais ange ajouta :
- Il serait donc préférable de l'assassiner sans pitié...
- Que dis-tu ! rétorqua l'Intelligence perverse, la mort serait pour lui une douce
bénédiction qui le conduirait aux clartés du Paradis.
Et voyant que l'apprenti, vaincu, se taisait humblement, le Grand Adversaire fit un
mouvement expressif des yeux et conseilla, loquace :
- Ne sois pas sot. Retourne et dit à cet homme qu'il est un moins que rien de la
Création, qu'il ne vaut pas mieux qu'un petit ver anonyme... Oblige-le à reconnaître sa propre
petitesse pour qu'il ne puisse plus s'élever et tu verras...
L’envoyé s'en retourna satisfait et mit les conseils qu'il avait reçus en pratique.
Il entoura le valeureux serviteur de pensées dénigrantes sur sa soi-disant insignifiance
et il lui inspira des questions mentales de ce type : « Comment oses-tu affirmer que tes œuvres
destinées à la poussière ont une valeur quelconque ? Ne te sens-tu pas comme une simple
marionnette des passions inférieures de la chair ? N'as-tu pas honte de l'animalité que tu
portes dans ton être ? Que peut faire un grain de sable perdu dans le désert ? Ne reconnais-tu
pas ta position de fragment de boue obscur ? »
Le valeureux collaborateur interrompit ses activités et après avoir longuement écouté
ces insinuations, oublia que l'olivier touffu commence par une fine pousse et il s'allongea,
découragé, sur le lit de l'accablement et de l'humiliation, pour ne se réveiller qu'à l'heure où la
mort lui ouvrait la porte de la vie infinie.
Jésus fit silence et contempla la nuit calme...
Simon Pierre fit une prière sincère et les apôtres en compagnie des autres, se saluèrent
ce soir-là, méditatifs et perplexes.

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40. L'antagonist
e venimeux

Dans la nuit rafraîchie par une brise caressante, Philippe, les mains calleuses, parla des
angoisses qui remplissaient son âme avec tant d'émotion et d'amertume que des notes
afflictives de douleur envahirent toute l'assemblée. Et interpellé par l'affection respectueuse de
Pierre qui parlait de nouveau au sujet des tentations, le Maître raconta tranquillement :
- Le Seigneur, Notre Père, eut besoin d'un petit groupe de serviteurs dans une ville
révoltée et dissolue et pour cela il localisa en son sein une famille de cinq personnes, le père,
la mère et les trois enfants qui l'aimaient et honoraient ses lois sages et justes.
Les heureux collaborateurs commencèrent donc à le servir brillamment.
Ils fondèrent un centre actif de charité et de foi transformatrice qui était une voie
avancée d'accès à la vie céleste. Ils se distinguèrent tant par leur dévotion et leur pratique de la
bonté que l'Esprit des Ténèbres leur déclara une guerre tenace.
Au départ, il les attaqua avec les vampires de la médisance, mais les serfs sincères
s'unirent dans la tolérance et lui infligèrent une défaite.
Ensuite, il jeta sur eux les ombres de la pauvreté. Mais les travailleurs dévoués se
consacrèrent au travail incessant et surpassèrent leurs difficultés.
Ensuite, il les tourmenta avec les serpents de la calomnie, mais les héros inconnus
firent un silence constructif et triomphèrent de l'obscur poursuivant.
Après toutes ces attaques, le Génie satanique modifia les normes de l'action et leur
envoya les démons de la vanité qui entourèrent les serfs fidèles du Seigneur de considérations
sociales, comme s'ils avaient atteint les sommets du pouvoir d'un moment à un autre. Mais les
coopérateurs prévoyants se firent plus humbles et attribuèrent toute leur gloire au Père qui est
dans les Cieux.
Ce fut alors que les êtres dédaigneux et pervers remplirent leur maison de richesses et
d'argent pour troubler leur capacité à travailler. Mais le groupe d'amour, fortifié par la
confiance et la prière, reçut les pièces d'argent et les dons et les distribua aux pauvres et aux
affligés.
Exaspéré, l'Esprit des Ténèbres leur envoya alors le Démon de la Tristesse, qui
s'approcha doucement de la pensée du chef de l'héroïque famille et lui dit solennellement :
- Tu es un homme, pas un ange... N'as-tu pas honte de parler avec tant d'insistance du
Seigneur alors que tu connais si bien tes imperfections ? Essaye avant tout de sentir l'étendue
de tes faiblesses dans la chair !... Déplore tes erreurs, fais pénitence face à l'Éternel ! Clame
tes fautes, tes fautes !...
Recevant l'avertissement, le malheureux oublia que l'homme n'est utile pour la
grandeur du Père et l'exécution de ses desseins célestes que par son propre travail. Il fut
profondément affligé se croyant irrémédiablement coupable et criminel pour toujours. À partir
du moment où il accepta qu'il était incapable de se redresser, il refusa toute nourriture, se
coucha et quelques jours après, il mourut de tristesse.
Le voyant partir dans une vague profonde de lamentations et de larmes, son épouse
suivit ses pas, opprimée par une angoisse innommable et ses enfants quelques semaines plus
tard, prirent le même chemin.
Et ainsi, le vénéneux antagoniste vainquit les courageux collaborateurs de la croyance
et de l'amour un par un sans autre arme qu'une petite suggestion de tristesse.

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Le Maître s'interrompit pendant de longs instants, mais aucun des membres présents
n'osa intervenir sur le sujet.
Sentant que ses compagnons préféraient conserver le silence, le Divin Ami conclut
expressivement :
- Tant qu'un homme possède les moyens de travailler et de servir avec les pieds, les
mains, le sentiment et l'intelligence, la tristesse destructrice autour de lui n'est qu'une visite
menaçante du Génie des Ténèbres dans sa guerre sans merci et persistance contre la Lumière.

66
41 Le saint
encouragement

Lorsque la réunion fraternelle débuta chez Pierre, Thaddée parla irrité par ses propres
faiblesses, en affirmant devant le Maître :
- Comment enseigner la vérité si je me sens encore enclin au mensonge ? De quel droit
puis-je transmettre le bien si je reconnais que je suis encore enraciné dans le mal ? Comment
exalter la spiritualité divine si l'animalité crie plus fort au fond de moi ?
Ce compagnon ne posait pas ces questions par désespoir ou découragement, mais à
cause de l'immense passion qui l'envahissait et que l'on notait dans l'inflexion d'amertume
avec laquelle il soulignait ses paroles.
Comprenant son chagrin, Jésus parla avec condescendance :
- Un saint apprenti de la loi, de ceux qui se consacrent fidèlement à la vérité, appelé
par le Seigneur pour exercer la prophétie parmi les hommes, occupait les fonctions de
marchand de remèdes. Il transportait des herbes et des sirops curatifs de la ville vers les
champs, grâce à une mule capricieuse et inconstante.
Réfléchissant sur les défauts dont il était encore porteur, il s'attrista profondément. Il
en conclut qu'il ne pouvait pas collaborer aux révélations du Ciel, à cause de son état
d'impureté intérieur et il se tut. Il remplissait son obligation de protéger les malades, mais
refusait de les instruire par la Parole Divine malgré les demandes du peuple qui connaissait
déjà ses dons d'intelligence et d'inspiration.
Mais il sentait cependant que la Volonté Céleste l'obligeait à remplir sa tâche. Voyant
que ses conflits mentaux devenaient de plus en plus lourds à porter, un soir, après avoir pleuré
longuement, il supplia le Tout-Puissant de l’éclairer.
Il rêva alors qu'un ange venait le voir pendant son travail de marchand. Il se voyait,
chevauchant sa mule obstinée et courbée sous le poids de sa précieuse charge, sur un chemin
verdoyant, quand l'émissaire divin lui dit avec bonté après les salutations habituelles :
- Mon ami, sais-tu combien de coups de pieds tu as donnés à cet animal aujourd'hui ?
- Beaucoup, répondit-il sans hésiter.
- Et, continua l'envoyé souriant, combien de fois a-t-il déjà mordu ses compagnons
d'écurie ? Combien de fois a-t-il dû braire impulsivement contre la propreté de ta maison ?
Et comme le disciple perplexe n'arrivait pas à répondre, l'ange continua :
- Mais il est tout de même un auxiliaire précieux et tu dois le garder. Il transporte les
médicaments qui sauvent de nombreux malades, en distribuant espoir, santé et joie.
Et fixant les yeux lucides du prêcheur découragé, il conclut :
- Si, sous prétexte d'être rude et imparfaite, cette mule refusait de coopérer avec toi,
qu’adviendrait-il des malades qui attendent confiants en toi ? Retourne à la lumineuse mission
que tu as abandonnée et s'il ne t'est pas possible pour l'instant de servir Notre Père suprême
dans la condition d'un homme purifié, remplit ton devoir, en distribuant le réconfort et le
courage tel cet animal valeureux et utile. Dans les bénédictions du travail, tu seras plus
facilement trouvé par les messagers de Dieu qui, reconnaissant ta bonne volonté dans les
réalisations de l'amour, seront pris de compassion pour toi en aidant ta nature et en
l'améliorant tout comme tu éduques et valorises ton auxiliaire rustique, mais valeureux !
À ce moment, le prêcheur retourna dans son corps. Il se réveilla, heureux de la réponse
qu'il avait reçue du Très Haut et allait modifier sa conduite.

67
Il y eut un silence et le disciple remercia le Maître du regard. Et, après quelques
minutes de consolation évidente sur le visage de tous, Jésus conclut :
- Le travail pour le bien est une sainte incitation à la perfection. Grâce à lui, l'âme d'un
criminel peut émerger vers le Ciel, comme le lys qui s'ouvre à la lumière et dont les racines
sont encore prisonnières de la boue.
Ensuite, le Maître se mit à contempler les étoiles qui scintillaient dans la nuit, et
Thaddée ému s'approcha pour lui baiser les mains avec une douceur déférente.

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42. Le message de la compassion
Dans la nuit claire, l'assemblée familiale chez Pierre porta sur l'examen des difficultés
dans le traitement des personnes.
Comment divulguer les valeurs de la Bonne Nouvelle ? Comment planter le même don
et la même bénédiction dans des mentalités si différentes les unes des autres ?
Après un long débat fraternel pendant lequel Jésus s'était tenu silencieux, Jean lui
demanda préoccupé :
- Seigneur que faire face à la calomnie qui nous dilacère le cœur ?
- Il faut avoir pitié du calomniateur et travailler pour le bien de tous, répondit le Guide
Céleste en souriant, car l'amour dissipe les ténèbres du mal et le travail détruit l'idée moins
respectueuse.
- Maître, ajouta Jacques, fils de Zébédée, et comment agir devant celui qui nous
attaque brutalement ?
- Un homme qui est conduit par la violence, accentua k Christ avec bonté, doit être fou
ou empoisonné. Aidons-le à se récupérer.
- Seigneur ajouta Judas, avec les yeux brillants, et quand l'homme qui nous offense
est revêtu d'une autorité respectable comme un prince ou un religieux sous toutes les
apparences du dirigeant conscient et respectable ?
- Le serpent peut se cacher dans une fleur et les vers habitent dans les fruits
appétissants. L'homme d'une catégorie élevée peut aussi se révéler violent et cruel. Aie pitié
de lui car il dort dans un cauchemar de sombres illusions dont il devra se réveiller un jour.
Aide-le comme tu le pourras et suis ton chemin, en t'intégrant dans la félicité commune.
- Maître et quand notre maison est tourmentée par un crime ? Comment dois-je
procéder face à celui qui trahit ma confiance, qui déshonore mon nom ou qui ensanglante mon
foyer ?
- Aie pitié de tous les délinquants, quels qu'ils soient, précisa Jésus, et ne souhaite pas
violer la Loi que ton proche n'a pas respectée, car le poursuivant et le criminel de toute sorte
portent en eux un énorme brasier. Une faute ne rachète pas une autre faute et le sang ne lave
pas le sang. Pardonne et aide. Le temps se charge de rétribuer à chaque créature les efforts
qu'elle a fournis.
- Maître, coupa Bartholomée, que faire du juge qui nous condamne avec partialité ?
- Aie pitié de lui et continue à coopérer pour le bien de tous ceux qui t'entourent. Il y a
toujours un juge plus haut qui analyse ceux qui censurent et qui maudissent et au-delà de
l'horizon, il y a d'autres horizons plus vastes et lumineux.
- Seigneur, demanda Thaddée, comment procéder vis-à-vis de la femme que nous
aimons, si elle se laisse entraîner par des faiblesses morales ?
Jésus le regarda avec douceur et demanda à son tour :
- Est-ce que les souffrances intimes qui la dilacèrent nuit et jour ne sont pas à elles
seules une punition affligeante ?
Il se fit un silence bienfaisant dans la maison et voyant que les apprentis n'avaient plus
de questions à poser, le Seigneur conclut :
- Si nous prétendons bannir les maux du monde, cultivons l'amour qui se complaît
dans le service qui construit pour le bonheur de tous. Que personne ne se trompe. Les heures
sont d'inflexibles instruments de la Loi qui distribue à chacun selon ses œuvres. Que personne
n'essaye de remédier à un crime en pratiquant d'autres crimes, car le temps transforme tout sur
la Terre en travaillant avec les flammes de la souffrance et le gel de la mort.

69
43. La gloire de l'effort
Alors que Jacques, fils d'Alphée, commentait les difficultés naturelles pour préparer
un disciple, plusieurs donnèrent leur opinion sur les écueils du perfectionnement.
Il est pratiquement impossible de pratiquer les leçons de la Bonne Nouvelle dans un
monde contraire à la bonté, au renoncement et au pardon, conclurent les apprentis dans leur
ensemble. La plupart des hommes se complaisent dans l'avarice et la dureté.
Le Maître écoutait les avis de ses compagnons en silence. Ce fut alors que Pierre lui
demanda de donner son avis.
Jésus réfléchit quelques instants et dit :
- L’éducation et le bénéfice ne dépendent que de l'apprenti. Et ensuite, il parla
doucement :
- Du temps de David, il y avait un grand artiste qui jouait de la harpe avec une telle
perfection que de nombreuses personnes importantes venaient de très loin pour l’écouter. De
grands seigneurs avec leurs suites se reposaient de temps en temps auprès de sa demeure
entourée d'arbres pour écouter ses sublimes improvisations. L'admirable maître connut
renommée et fortune, et tout le monde pensait que personne sur terre ne pourrait égaler
l'expression musicale à laquelle il s'était consacré.
Lors de ses concerts et ses présentations, il avait à son service personnel un esclave
apparemment malhabile et sot qui servait de l'eau, des friandises et des fruits aux invités. Il ne
parlait jamais, fixant toute son attention sur le divin instrument comme s'il était fasciné par les
mains qui en jouaient.
De nombreuses années plus tard, un soir l'artiste rentra chez lui à la fin d'un banquet
chez un ami des environs sans prévenir, et, profondément étonné, il entendit une céleste
mélodie dans l'air.
Quelqu'un jouait magistralement chez lui, solitaire, tel un ange exilé du
monde. Qui était cet étranger qui avait pris sa place ?
Avec des larmes d'émotion, car il pressentait l'existence de quelqu'un dont l'idéal
artistique était bien supérieur au sien, il avança tout doucement pour ne pas être entendu et,
frappé de stupeur, il vit que le merveilleux harpiste était son vieil esclave simplet qui pendant
son temps libre et sans déranger personne, s'exerçait aux leçons de son seigneur auxquelles il
portait depuis longtemps tout son amour vigilant dans un silence ému.
Le fameux artiste magnanime le libéra et lui octroya la position qui lui revenait de
droit.
Devant l'étonnement des disciples qui se taisaient confondus, le Maître conclut :
- L’acquisition de qualités nobles est la gloire infaillible de l'effort. Tout homme et
toute femme qui passent les heures dont ils disposent sur la harpe de la vie qui représente la
sagesse et à la beauté avec laquelle Notre Père se manifeste partout dans le monde, en
absorberont rapidement la grandeur et les sublimités et deviendront des représentants du Ciel
pour leurs frères en humanité. Mais lorsque la créature ne travaille qu'en fonction du temps
qui lui est payé par les facilités de la Terre, sans aucun profit des heures que la Bonté Divine
lui concède dans le corps, elle ne recevra rien d'autre que la rémunération transitoire du
monde.

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44. La leçon de l'essentiel
Les disciples parlaient entre eux sur les choses essentielles pour le bien-être quand le
Seigneur, voyant qu'ils n'étaient pas d'accord, leur dit :
- Il est indispensable que la créature comprenne son propre bonheur pour ne pas
devenir s'il le perd un triste fantôme de lamentation. Loin des vérités les plus simples de la
Nature, l'homme plonge dans la lourde vague des artifices fantaisistes en gaspillant son temps
et sa vie dans des préoccupations inutiles.
Et comme s'il venait de se souvenir d'un incident en rapport avec le sujet, il
s'interrompit quelques instants et reprit la parole en disant :
- Une illustre dame romaine, en compagnie de son petit garçon de cinq ans, se rendait
de la ville des Césars vers Smyrne dans une luxueuse galère. En montant dans l'embarcation,
elle se fit accompagner de deux esclaves chargés de volumineux bagages remplis de bijoux de
toutes sortes : colliers camée, bracelets et filets en or décorés de pierres précieuses, révélant
une préférence pour les joyaux rares. Tout le personnel de service s'inclina avec respect en la
voyant passer, vu la taille du trésor quelle transportait à bord.
Aussitôt que le navire fut en haute mer, la dame distincte devint le centre de toutes les
attentions. Pendant les réunions amicales, elle était l'objet de tous les intérêts à cause des
brillants qu'elle portait.
Le voyage se poursuivait tranquillement, lorsque par un matin ensoleillé, l'imprévu se
produisit. Un choc sur un grand récif ouvrit une énorme brèche dans la galère et les eaux
commencèrent à l'envahir. Pendant de longues heures de lutte, on espérait résoudre le
problème. Mais une secousse plus forte condamna le navire et quelques canaux de sauvetage
furent descendus et mis à la disposition des voyageurs.
L'illustre patricienne fut appelée prestement.
Le commandant estimait qu'il faudrait un voyage hasardeux de deux jours pour arriver
au port le plus proche, si les vents étaient favorables.
La jeune matrone embrassait son petit garçon, effrayée et affligée. Rapidement, elle
monta dans la petite embarcation de secours en tenant son enfant et un petit paquet dans
lequel ceux qui l'accompagnaient supposaient quelle emportait ses bijoux les plus précieux.
Mais, montrant à ses compagnons d'infortune le contenu de son bien, elle dit :
- « Mon enfant est ce que je possède de plus précieux et j'ai ici ce que je considère le
plus utile. » Le petit volume contenait deux pains et dix figues mures avec lesquels elle
alimenta le petit groupe de naufragés pendant les heures d'affliction qui les séparaient de la
terre ferme.
Le Maître fit une pause pendant quelques instants et ajouta :
- Le véritable bonheur n'est pas fondé sur les richesses transitoires, car il y a toujours
un jour où l'homme est obligé de se séparer de ses biens extérieurs qui sont les plus chers à
son cœur. Les fous s'attachent aux terres et aux moulins, à l'argent et aux honneurs, aux vins
et aux plaisirs comme s'ils n'allaient jamais rendre des comptes à la mort. L'Esprit prudent
reconnaît cependant que tous les patrimoines du monde doivent servir à enrichir notre vertu et
que les bénédictions les plus simples de la nature sont les bases de notre tranquillité
essentielle. Cherchons donc le Royaume de Dieu et sa justice en prenant à la Terre ce qui est
strictement nécessaire pour le maintien de notre vie physique et toutes les joies viendront s'y
ajouter.

71
45. L'impératif de l’action
Les apprentis parlaient fiévreusement sur les besoins de se préparer au Règne Divin.
Philippe, circonspect, soulignait qu'il est indispensable de méditer. Jacques, le plus
vieux, penchait pour le retrait spirituel ; selon lui, les disciples du mouvement rénovateur
devaient s'isoler dans une zone inaccessible au péché. Jean préférait l'adoration constante,
arrivant à l'extrême de suggérer que tous abandonnent leurs activités professionnelles pour
pouvoir entonner continuellement des hosannas au Père très aimé. Bartholomée parlait de la
nécessité du jeûne incessant en s'abstenant de tout contact avec les personnes impures.
Interpellé par Simon pour qu'il se manifeste sur le sujet, Jésus lui demanda :
- Pierre, quelle est l'eau qui dégage des miasmes pestilentiels ?
- Certainement l'eau stagnante, celle qui n'est pas utilisée, répondit l'apôtre intrigué.
Souriant, il s'adressa au fils d'Alphée en s'enquérant :
- Jacques, quel est le poisson qui flotte inerte sur les ondes ?
- C'est le poisson mort, Seigneur, répondit le disciple, troublé.
- Bartholomée, quelle terre se remplit de mauvaises herbes nuisibles pour les plantations
utiles ?
L'interpellé réfléchit, réfléchit et répondit :
- Indiscutablement c'est la bonne terre dédaignée, car le sol pierreux est âpre et presque
toujours stérile.
Le Maître, démontrant une satisfaction sincère, concentra son attention sur Thaddée et
demanda :
- Thaddée, quelle est la tunique qui se transforme en un nid de mites voraces ?
- C'est la tunique qui n'est pas portée. Adressant un geste expressif à Judas, il demanda :
- Qu'arrive-t-il au talent enterré ?
- Il se perd, car il devient inutile, Seigneur.
Ensuite, il regarda un des fils de Zébédée et parla, plus fermement :
- Jacques, où s'abritent les serpents et les loups ?
- Dans les endroits en ruine et abandonnés.
- André, dit le Christ, en fixant le frère de Pierre, quelle est en vérité la fonction du
ferment ?
- Maître, la mission du ferment est de donner la vie au pain.
Ensuite, posant sur ses compagnons un regard pénétrant, il ajouta avec bonne humeur :
- Le Temple est plein d'adorateurs et la misère entoure Jérusalem. Si la lumière ne sert
pas à expulser les ténèbres, si le pain s'enfuit devant l'affamé et si le remède s'éloigne du
malade, d'où tirerons-nous le profit du travail que nous nous proposons de faire ? La règle
fondamentale du Royaume divin est l'impératif de l'action. Continuons de l'avant et
propageons la vérité salvatrice par la pensée, les mots, les œuvres et nos propres vies. Le
Tout-Puissant a créé la graine pour produire avec l'infini. La clarté du soleil descend du haut
tous les jours pour dissiper les ombres de la Terre. C'est cela le ministère de la Bonne
Nouvelle. Aimer en servant, c'est vénérer le Père par-dessus tout ; et servir en aimant, c'est
aider son prochain comme nous-mêmes. Si nous suivons ces règles dans notre travail de
rédemption, nous pratiquerons toute la Loi.

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46. L'arbre précieux
Le Seigneur commentait que la construction du Royaume de Dieu serait l'œuvre de
l'union fraternelle entre tous les hommes de bonne volonté. Le vieux Zébédée, qui aimait
profondément les paraboles du Christ, lui demanda alors de leur dire un conte symbolique
pour pouvoir mieux comprendre.
Jésus, bienveillant comme toujours, sourit et raconta :
- Les hommes vivaient en conflit permanent, dans la misère, la perturbation et la
souffrance, quand le Père, sensible, leur envoya un messager portant les graines sublimes de
l'Arbre du Bonheur et de la Paix. L'ange descendit avec le cadeau royal et réunit les hommes
afin de les leur remettre. Il leur expliqua que le glorieux végétal allait produire dans le futur
des fleurs de lumière et des fruits d'or qui allaient effacer toutes les dissensions, mais que pour
qu'il croisse il fallait lui dispenser des soins tout particuliers. Pour qu'il puisse germer, il fallait
que tous collaborent, en lui apportant les soins exceptionnels de l'amour et de la vigilance.
Les graines exigeaient une bonne terre, un système d'irrigation perfectionné, un type
d'engrais déterminé, une protection constante contre les insectes néfastes et des mesures
diverses pendant les moments difficiles du départ. Mais la plante était si précieuse en soi qu'il
suffisait d'un exemplaire réussi pour que la paix et le bonheur s'étendent, bienfaisants, sur
toute la communauté. Ses branches pourraient abriter tout le monde, son parfum se répandrait
dans une douce harmonie sur toute la Terre et ses fruits, utiles aux créatures, assureraient le
bien-être du monde entier.
Après avoir entendu la promesse et lorsque les graines miraculeuses furent confiées au
peuple, chacun se retira chez lui, en rêvant de posséder égoïstement l'arbre aux fleurs de
lumière et aux fruits d'or. Chacun voulait ce trésor pour lui tout seul. Chacun s'enferma donc
passionnément sur les terres qu'il dominait pour essayer la graine et en espérant posséder le
trésor de manière exclusive et absolue, par simple vanité du cœur.
Mais pour vivre, l'arbre avait besoin du concours fraternel de tous et les controverses
néfastes continuèrent.
De par leur nature divine, les graines ne furent pas perdues. Mais si certains
cultivateurs possédaient de l'eau, ils n'avaient pas d'engrais et ceux qui avaient de l'engrais
n'avaient pas d'eau en abondance. Celui qui avait les moyens de se défendre contre les vers
n'avait pas une terre convenable et celui qui avait le meilleur sol n'avait pas les moyens de le
surveiller. De sorte que les seigneurs temporaires de l'eau et de l'engrais, de la terre et de la
protection, de même que les autres candidats à la richesse céleste, se mirent à lutter dans un
déséquilibre total, en s'exterminant les uns les autres.
Le Maître marqua un long intervalle dans son curieux récit et ajouta :
- Ce récit symbolise la guerre inutile des hommes en quête du bonheur. Les talents du
Père ont été concédés à tous ses enfants individuellement afin qu'ils apprennent à tirer profit
des dons éternels avec compréhension et harmonie. Les uns sont dotés de l'intelligence, les
autres de la réflexion. Les uns prennent soin de l'or de la terre, les autres de la connaissance
sublime. Certains sont détenteurs de l'autorité, d'autres de l'expérience. Toutefois, chacun
essaye de vaincre seul, non pas pour partager le bien avec tous ou par héroïsme de la vertu,
mais pour humilier ceux qui restent en arrière.
Et regardant Zébédée significativement, il termina : - Quand la véritable union sera
spontanée entre tous les hommes sur le chemin rédempteur du travail sanctifiant du bien
naturel, alors le Royaume du Ciel resplendira sur la Terre, comme l'arbre divin aux fleurs de
lumière et aux fruits d'or.
Le vieux Galiléen sourit, satisfait, et ne posa plus de question.

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47. L'éducateur perturbé
André, l'apôtre serviable, commentait les difficultés pour s'améliorer conformément
aux vérités nouvelles, quand Jésus narra pour l'édification de tous :
- Un homme singulièrement fort qui s'était spécialisé dans divers services de
réparation fut invité par un ange à rétablir un handicapé qui voulait aller au paradis. Il accepta
la tâche.
Il s'approcha du malade le marteau à la main, et malgré les cris et les larmes que son
ouvrage arrachait du malheureux homme jour après jour, il obtint le résultat demandé.
Le messager divin satisfait lui demanda d'aider à récupérer une vieille dame boiteuse
qui voulait ardemment entrer dans la Cour Céleste.
L'ouvrier robuste, indifférent aux gémissements de la vieille dame, lui imposa la
même discipline curative et peu à peu elle fut en condition de monter jusqu'aux Sphères
sublimes.
Le ministre du Très Haut, très satisfait, lui demanda son aide pour relever un homme
couvert de plaies et affligé qui aspirait à la béatitude édénique.
L'artisan n'hésita pas.
Absolument insensible aux suppliques de l'infortuné, il brûla ses ulcères avec attention
et rigueur, et en quelque temps, celui-ci put se relever.
Lorsqu'il eut terminé sa tâche, l'ange revint et demanda son aide pour un jeune qui
s'était perdu dans les mauvaises habitudes.
Le réparateur prit le jeune homme sous sa responsabilité, lui donna du travail et lui
imposa une discipline si rigoureuse que peu de temps après le travail était achevé.
Et ainsi, l'émissaire du Très Haut lui demanda sa collaboration pour plusieurs cas
complexes de restructuration physique et morale, jusqu'à ce qu'un jour, l'éducateur méritant,
lassé de son existence sur la Terre, demanda à l'administrateur angélique la permission
nécessaire pour aller en sa compagnie en direction du Ciel.
Le sublime ambassadeur l'examina minutieusement et l'informa que lui aussi devrait
se préparer pour le grand événement. Il lui montra ses pieds irréguliers, ses bras déficients et
ses yeux défectueux et il lui demanda cette fois-ci de se rajuster lui-même afin de s'élever.
Le régulateur commença son travail d auto perfectionnement, avec espoir et
optimisme. Mais son ancien marteau blessait si rudement sa propre chair qu'au lieu de réparer
ses pieds, ses bras et ses yeux, il tomba à terre se tordant de douleur, malheureux et révolté,
proférant des blasphèmes et vomissant des injures contre Dieu et le monde, presque
paralytique et aveugle.
Lui-même ne supportait pas le régime de salvation qu'il avait imposé à d'autres et
lorsqu'il revint le voir, l'ange ami eut beaucoup de mal à le reconnaître, tellement il était
changé.
Après avoir longuement examiné le malheureux, le messager de l'Éternel n'eut d'autre
alternative que de le confier à d'autres éducateurs pour effectuer le réajustement nécessaire
avec la même rigueur qu'il avait démontrée envers les autres, afin que le notable réparateur se
perfectionne suffisamment pour pouvoir entrer au Paradis.
Devant l’étonnement qui s'était emparé de toutes les personnes présentes, le Seigneur
conclut :
- Ayons de la patience et de l'amour dans toutes les œuvres de correction et apprenons
à supporter la mesure avec laquelle nous essayons d'améliorer la position de ceux qui nous
entourent, car pour tout esprit viendra le moment où il devra être buriné de façon efficace et
sûre par la Loi Divine.

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48. Le bénéfice commun
Dans la nuit très claire, les compagnons réunis chez Pierre commentaient les
difficultés rencontrées dans la divulgation des idées rédemptrices.
Beaucoup détournaient les bienfaits de Jésus à leur propre profit. Un négociant
réunissait des foules nombreuses à un endroit déterminé sur la plage pour augmenter les
ventes de vin. Des conducteurs de char faisant la propagande du Royaume Céleste dans les
environs, non pas pour s'améliorer, mais pour louer des véhicules à des malades venus de loin,
en quête de l'assistance du Maître.
Presque tous les apôtres étaient inquiets et découragés. Ce fut alors que le Divin Ami,
prenant la parole, expliqua :
- Un philosophe, plongé dans l'étude de la Révélation Divine, avait un disciple qui
n'acceptait jamais l'incompréhension du peuple vis-à-vis des vérités célestes. Il s'emportait
tout le temps contre les mauvais, les ingrats ou les hypocrites qui abusaient des enseignements
élevés dont il était le porteur.
Le maître l’écoutait et gardait le silence. Jusqu'à ce que par une belle matinée, après
une pluie d'orage, il l'invita à faire une courte promenade dans le champ voisin lorsque le
temps se calma.
Ils avaient marché moins d'un demi-mille quand ils virent un grand marais. Voyant
que l'eau de la pluie s'y déversait, il expliqua :
- Le marécage reçoit l'eau du ciel et en fait un jus immonde. Mais celui-ci sera propice
pour certains batraciens. S'il n'avait pas plu, ces eaux sombres se seraient probablement
transformées en un venin mortel.
Quelques pas après, ils virent des mares formées par la pluie dans les creux de la terre
dure, et en les voyant, le guide ajouta :
- Ici l'eau tombée du firmament est encore une boue désagréable. Mais
qu'adviendrait-il de ce sol stérile s'il ne recevait pas cette eau divine ? Demain, peut-être
verrons-nous fleurir sur ce sol des lys sauvages parfumés.
Un peu plus loin, ils s'arrêtèrent pour contempler quelques arbres nus. L’eau dans les
branches séchées semblait être grise et nauséabonde, mais l'instructeur précisa :
- Dans ces arbres abandonnés, la bénédiction de la pluie cristalline se fait lourde et
sombre. Néanmoins, qu'adviendrait-il d'eux s'ils ne recevaient plus les dons du Très Haut ?
Probablement, ils mourraient très rapidement jusqu'aux racines. Dans quelques semaines,
peut-être se couvriront-ils d'un épais feuillage qui sera un foyer béni pour les oiseaux.
Ils marchèrent encore et découvrirent quelques péchés dont les fleurs attendaient les
gouttes du ciel avec tant de beauté que l'on aurait dit une rosée diamantine légèrement irisée
par la clarté du soleil. Le maître les montra et dit :
- Ici les pétales purs gardent le don céleste avec une fidélité absolue, et très
rapidement, le parfum et la beauté de leurs fruits excellents seront destinés au banquet de la
vie.
Ensuite, posant son regard sur le vaste paysage, il parla au disciple étonné :
- Ne censure jamais la source du secours céleste. Chaque homme en perçoit la valeur
selon son niveau d'avancement. En conservant ces principes sublimes, le criminel devient
moins cruel, le pire démontre moins de méchanceté, l'imparfait s'améliore, l'infortuné trouve
un soulagement et les bons s'élèvent pour mieux travailler pour Notre Père. Si tu raisonnes
suffisamment pour comprendre la réalité, ne te perds pas en reproches inutiles. Apprends avec
le Seigneur suprême qui aide toujours, selon la position et les besoins de chacun, et distribue à

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tous ceux qui t'entourent les biens du Ciel que tu peux retenir fidèlement et le Ciel te donnera
l'accès à des trésors infinis.
Lorsque le récit fut terminé, Jésus se tut.
Comme ils avaient reçu une si sublime leçon en si peu de mots, les apôtres se
regardèrent expressivement, silencieux et heureux.
Alors, le Seigneur les bénit tous et se retira sur les rives du lac en regardant pensif les
constellations qui luisaient à distance...

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49. Le voyage de rédemption
Pendant la douce conversation du soir autour de la Bonne Nouvelle, l'épouse de
Zébédée demanda à Jésus respectueusement :
- Seigneur, comment se déroulera notre voyage vers le Royaume divin ?
Le Christ médita quelques instants et dit :
- Dans la vallée d'un pays lointain, quelques juifs aveugles de naissance s'étaient
habitués aux ténèbres et à la misère dans laquelle ils se trouvaient depuis de nombreuses
années. Un frère de leur race plus éclairé passa alors par là et leur parla de la beauté profonde
du mont Sion à Jérusalem sur lequel le peuple choisi adorait le Père suprême. En entendant ce
récit, tous les aveugles ressentirent une grande émotion et regrettèrent la situation dans
laquelle ils se trouvaient. Leur ami doté de la vue leur dit cependant que la situation n'était pas
impossible. S'ils avaient le courage de s'infliger à eux-mêmes une discipline déterminée, en
s'abstenant des divers plaisirs auxquels la nature les avait habitués dans les ténèbres, ils
pourraient retourner au contact de la lumière et avancer en direction de la ville sainte.
La plupart de ceux qui écoutaient reçurent les suggestions avec une ironie évidente en
affirmant que leurs pères et leurs ancêtres étaient également aveugles et qu'il leur semblait
impossible de récupérer les organes de la vue.
Toutefois, l'un d'entre eux, un jeune homme courageux et serein crut en la méthode
conseillée et l'appliqua.
Il étudia d'abord les disciplines indiquées et après quatre ans de méditation, de travail
intense et d'observation personnelle de la loi, il récupéra la vue.
Il devint presque fou de joie.
En extase, il fit part à ses compagnons de son expérience sublime en commentant la
générosité du ciel et la beauté des arbres proches. Mais personne ne le crut.
On le prenait pour un fou, mais le jeune homme ne se découragea
pas. Maintenant qu'il voyait le chemin, il pourrait le suivre.
Il quitta la vallée profonde, mais sans savoir quelle direction prendre, il vagua jour et
nuit, désespéré. Attaqué par de nombreux loups et vipères, il était très prudent, reconnaissant
son manque d'expérience jusqu'à ce qu'un matin, sortant d'une cachette dans la roche pour
ramasser du miel sauvage, il fut fait prisonnier par un voleur qui demanda sa bourse. Comme
il n'avait pas d'argent, le malfaiteur en fit son esclave et pendant cinq ans il travailla sans
interruption. Cependant, le serf agit avec tant de bonté, et démontra tant d'abnégation, que
l'esprit du poursuivant se modifia, s'adoucit, tant et si bien qu'il se régénéra et lui rendit sa
liberté.
De nouveau libre, le croyant fidèle repartit, impatient d'atteindre le temple divin.
Il se mit en route, en distribuant la fraternité et la joie à tous les voyageurs qui
croisaient sa route, mais en arrivant à un village où l'autorité était exercée avec trop de
rigueur, il fut mis en prison comme un criminel inconnu. Il continua néanmoins à pratiquer le
bien. Dans la cellule qui jurait avec son innocence, il trouva de vastes opportunités de
démontrer de la bonne volonté, de l'amour et de la tolérance, en sensibilisant les autorités qui
finirent par le libérer.
Son idéal d'atteindre le sanctuaire sublime absorbait ses pensées et il se mit en marche.
Ce n'est qu'après vingt ans de luttes et d'épreuves dont il était toujours sorti victorieux qu'il
arriva à atteindre le mont Sion pour adorer le Seigneur Suprême.
Le Maître s'interrompit. Il posa son regard sur la salle silencieuse et conclut :
- Ainsi en est-il de la marche de l'homme vers le Royaume Céleste.

77
Il faut avant tout reconnaître sa condition d'aveugle et s'appliquer les remèdes indiqués
dans les commandements divins. Atteignant la connaissance, malgré les réflexions de
l'entourage et de ceux qui sont encore dans l'ignorance, il doit marcher presque toujours seul
de la sombre vallée terrestre vers le mont de la clarté divine, en profitant de toutes les
occasions pour servir, sans distinction, même ses propres ennemis et ses poursuivants. Quand
l'adepte du bien comprendra qu'il doit mobiliser tous ses moyens pour ce voyage, en silence,
sans perdre de temps en réclamations et en censures qui ne sont le reflet de l'infériorité, alors
il sera en mesure d'atteindre le Royaume plus rapidement, car il vivra en confectionnant ses
ailes pour le voyage divin, en se servant pour cela de la discipline sur lui-même et du travail
incessant pour la paix et la joie de tous.

78
50. En prière
La veille du départ du Seigneur vers Sidon, le culte de l'Évangile chez Pierre était
rempli d'une grande mélancolie. L’étude allait continuer, mais le travail de révélation serait
d'une certaine manière interrompu.
Matthieu lut quelques pages vibrantes d'Isaïe visiblement ému. Mais en cette soirée
d'adieu, personne ne posa de questions.
Un espoir intraduisible pouvait se lire sur tous les visages.
Le Maître s'abstint de faire tout commentaire, mais à la fin de la réunion, il leva ses
yeux lucides au Ciel et supplia avec ferveur :
- Père, allume ta divine lumière autour de tous ceux qui oublient tes bénédictions, dans
les ombres de la marche terrestre.
Aide ceux qui ont oublié de partager le pain qui leur reste sur leur table copieuse.
Aide ceux qui n'ont pas honte de montrer leur bonheur aux côtés de la misère et du
malheur.
Porte secours à ceux qui ont oublié de remercier leurs bienfaiteurs.
Aie pitié de ceux qui dorment dans les cauchemars du vice, en transmettant leur
douloureux héritage à ceux qui commencent leur trajectoire humaine.
Relève ceux qui ont oublié leur obligation de servir leur prochain.
Aie pitié du sage qui cache son intelligence entre les quatre murs du paradis
domestique.
Réveille ceux qui rêvent de puissance dans ce monde, en ignorant que l'existence dans
la chair entre le berceau et la tombe ne dure qu'une minute face à l'Éternité.
Redresse ceux qui sont tombés vaincus par les excès de confort matériel.
Corrige ceux qui transmettent la tristesse et le pessimisme parmi leurs semblables.
Pardonne à ceux qui refusent l'occasion de se pacifier et marchent en semant la révolte
et l'indiscipline.
Interviens en faveur de tous ceux qui se croient détenteurs d'un pouvoir fantaisiste et
qui supposent naïvement absorber ton jugement en condamnant leurs propres frères.
Réveille les âmes distraites qui empoisonnent le chemin des autres par l'agression
spirituelle des gestes intempestifs.
Étends tes mains paternelles vers tous ceux qui ont oublié la sentence de la mort
rénovatrice que ta loi a gravée dans leur corps précaire.
Éclaire ceux qui se sont perdus dans les ténèbres de la haine et de la vengeance, de
l'ambition déséquilibrée et de la froide inclémence, qui se croient puissants et libres alors
qu'ils ne sont que des esclaves, dignes de compassion, face à tes sublimes desseins.
Pères, ils sont tous des délinquants qui échappent aux tribunaux de la Terre, mais qui
sont marqués par ta Justice souveraine et parfaite parce qu'ils ont commis la faute d'oublier les
enseignements du Bien infini...
À ce moment-là, la singulière prière fut interrompue.
Presque tous les présents, y compris le Maître, avaient les larmes aux yeux et là-haut,
la pleine lune, divine et radieuse, faisant retomber ses rayons sur la modeste demeure de
Pierre, semblait clamer sans mots que beaucoup d'hommes allaient encore vivre en oubliant le
Seigneur suprême. Mais le Père de l'Infinie Bonté et de la Justice parfaite, aimant et droit,
continuerait quand même à veiller...

79
80
Francisco Cándido Xavier
(2 avril 1910 - 30 juin 2002),

Francisco Cándido Xavier (2 avril 1910 - 30 juin 2002), alias Chico Xavier, est
le médium brésilien le plus célèbre2 et le plus prolifique du XXesiècle. Sous l'influence des
« Esprits », il produisit plus de quatre cent livres de sagesse et de spiritualité, dont une
centaine édités dans plusieurs langues. Il popularisa grandement la doctrine spirite au Brésil.
Chico Xavier reçu d'innombrables hommages tant du peuple que des organismes publics 3. En
1981, le Brésil proposa officiellement Chico Xavier comme candidat au Prix Nobel de la paix.
En 2000, il fut élu le « Minéro du XXe siècle », à la suite d'un sondage auprès de la population
de l'état fédéré brésilien où il résidait4. Après sa mort, les députés de l'assemblée nationale
brésilienne ont officiellement reconnu son rôle dans le développement spirituel du pays5.

Enfance
Francisco Cándido Xavier est né le 2 avril 1910 dans la municipalité de Pedro
Leopoldo, dans l'État du Minas Gerais (Brésil). La famille compte neuf enfants, ses parents,
tous deux analphabètes, sont vendeurs de billets de loterie pour son père et blanchisseuse pour
sa mère. Il raconte que c'est après avoir perdu sa mère, à l'âge de cinq ans, qu'il commence à
entendre des voix. Il travaille dès neuf ans, comme tisserand, tout en continuant l'école
primaire. À douze ans, il rédige en classe une rédaction remarquable et explique à sa
maîtresse que ce texte lui a été dicté par un Esprit qui se tenait près de lui. À la suite de la
guérison de l'une de ses sœurs qui souffrait d'obsession, Chico ainsi que toute sa famille
adhère aux théories du spiritisme.

81
Centre spirite 'Luis Gonzala', à pedro leopoldo, en 2008
Chico Xavier étudie la doctrine spirite et fonde le centre spirite « Luiz Gonzaga », le
21 juin 1927. Il s'investit dans son activité de médium et développe ses capacités en
psychographie. Il affirme voir, en 1931. son « mentor » spirituel sous la forme d'un Esprit
prénommé Emmanuel. Guidé par cet être invisible, Chico publie son premier livre en juillet
1932 : Le Parnasse d'oulre-tombë1, recueil de 60 poèmes attribués à neuf poètes brésiliens,
quatre portugais et un anonyme, tous disparus. Cet ouvrage de haute poésie, produit par un
modeste caissier, qui le signe du nom d'auteurs décédés provoque l'étonnement général. Le
journal O Globo, de Rio dépêche l'un de ses rédacteurs, non spirite, assister pendant plusieurs
semaines aux réunions du groupe spirite du centre Luiz Gonzaga. Il s'ensuit une série de
reportages qui popularisent le spiritisme au Brésil.

Une vie de médium


À partir de sa première publication, Chico Xavier ne cesse d'écrire des poèmes, des
romans, des recueils de pensées, des ouvrages de morale ou des traités de technique spirite.
Bon nombre de ces publications deviennent des succès de librairie, dont la plus vendue reste
Nosso Lar, la vie dans le monde spirituel, diffusée à plus de 1,3 million d'exemplaires .
Beaucoup sont traduites en anglais, français et espagnol. La totalité des droits d'auteur
reviennent à des œuvres de charité, Chico ne vivant que de son maigre salaire d'employé au
ministère de l'agriculture. À partir de 1957, Chico Xavier s'installe àUberabaqui devient un
lieu de rassemblement pour les spirites du monde entier. Il y décède le 30 juin 2002, sans
jamais varier d'explications à propos de l'origine de sa production littéraire phénoménale.
Sous son impulsion, le Brésil est devenu la patrie d'adoption du spiritisme : il y compterait 20
millions de sympathisants dont 2,3 millions de pratiquants, ce qui en ferait la troisième
religion du pays.

De son vivant, Chico Xavier fut le citoyen d'honneur de plus d'une centaine de villes,
dont Sâo Paulo. En 1980, un gigantesque mouvement national se constitua afin qu'il obtienne
le Prix Nobel de la paix, l'année suivante. Dans tous les États du Brésil des comités de soutien
se formèrent, des centaines de municipalités, des Assemblées législatives de la plupart des
États, des parlementaires de Brasilia, dont Tancredo Neves alors Président du Parti Populaire
au Sénat, appuyèrent sa candidature .En 1981, plus de 10 millions de Brésiliens signèrent une
pétition en faveur de l'attribution de la prestigieuse distinction à Chico Xavier. La même
année, le député José Freitas Nobre transmit lui-même au comité de Stockholm un dossier
constitué de plus de 100 kg de documents, afin d'appuyer la candidature du médium . Chico

82
Xavier ne reçut pas le prix Nobel, mais devint une figure emblématique du Brésil.
Aujourd'hui, des dizaines de villes au Brésil possèdent une rue Chico-Xavier . La vie de ce
médium a servi de base au film "Chico Xavier" produit par Columbia Pictures en 2010.

Principaux livres produits par Chico Xavier


Chico fut un écrivain très prolifique : 451 livres lui sont attribués, dont 39 édités après
sa mortâ. Comme tous les médiums, Chico Xavier ne prétendait pas être l'auteur des livres,
mais uniquement l'instrument utilisé par les esprits pour se manifester et transmettre leurs
enseignements. C'est la raison pour laquelle, le nom d'un Esprit est associé à chaque livre.

Listes des ouvrages en brésilien à suivre

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Xavier Candido Franscisco
437 Livres

1.........E O Amor Continua Alv. Esp. Diversos 1983


2. A Caminho Da Luz Feb Emmanuel 1938
3. À Luz Da Oração Clarim Esp. Diversos 1969
4. A Morte É Simples Mudança Madras Flávio Mussa Tavares 2005
5. A Ponte Fergs Emmanuel 1983
6. A Semente De Mostarda Geem Emmanuel 1990
7. A Terra E O Semeador Ide Emmanuel 1975
8. A Verdade Responde Ideal Emmanuel/André Luiz 1990
9. A Vida Conta Ceu Maria Dolores 1980
10. A Vida Escreve Feb Hilário Silva 1960
11. A Vida Fala I Feb Neio Lucio 1973
12. A Vida Fala Ii Feb Neio Lucio 1973
13. A Vida Fala Iii Feb Neio Lucio 1973
14. A Volta Ide Esp. Diversos 1993
15. Abençoa Sempre Geem Esp. Diversos 1993
16. Abençoando Nosso Brasil Pinti Esp. Diversos 2007
17. Abrigo Ide Emmanuel 1986
18. Ação E Caminho Ideal Emmanuel/André Luiz 1987
19. Ação E Reação Feb André Luiz 1957
20. Ação, Vida E Luz Ceu Esp. Diversos 1991
21. Aceitação E Vida Uem Margarida Soares 1989
22. Adeus Solidão Geem Esp. Diversos 1982
23. Agência De Notícias Geem Jair Presente 1986
24. Agenda Cristã Feb André Luiz 1948
25. Agenda De Luz Ideal Esp. Diversos 1998
26. Agora É O Tempo Ideal Emmanuel 1984
27. Algo Mais Ideal Emmanuel 1980
28. Alma Do Povo Ceu Cornélio Pires 1996
29. Alma E Coração Pens Emmanuel 1969
30. Alma E Luz Ide Emmanuel 1990
31. Alma E Vida Ceu Maria Dolores 1984
32. Almas Em Desfile Feb Hilário Silva 1961
33. Alvorada Cristã Feb Neio Lucio 1948
34. Alvorada Do Reino Ideal Emmanuel 1988
35. Amanhece Geem Esp. Diversos 1976
36. Amigo Ceu Emmanuel 1979
37. Amizade Ideal Meimei 1977
38. Amor E Luz Ideal Emmanuel/Esp. Diversos 1977
39. Amor E Saudade Ideal Esp. Diversos 1985
40. Amor E Verdade Ideal Esp. Diversos 2000
41. Amor Sem Adeus Ide Walter Perrone 1978
42. Anotações Da Mediunidade Ceu Emmanuel 1995
43. Ante O Futuro Ideal Esp. Diversos 1990

84
44. Antenas De Luz Ide Laurinho 1983
45. Antologia Da Amizade Ceu Emmanuel 1995
46. Antologia Da Caridade Ideal Esp. Diversos 1995
47. Antologia Da Criança Ideal Esp. Diversos 1979
48. Antologia Da Esperança Ceu Esp. Diversos 1995
49. Antologia Da Espiritualidade Feb Maria Dolores 1971
50. Antologia Da Juventude Geem Esp. Diversos 1995
51. Antologia Da Paz Geem Esp. Diversos 1994
52. Antologia Do Caminho Ideal Esp. Diversos 1996
53. Antologia Dos Imortais Feb Esp. Diversos 1963
54. Antologia Mediúnica Do Natal Feb Esp. Diversos 1967
Aos Probl. Do Mundo Feesp Esp. Diversos 1972
55. Apelos Cristãos Uem Bezerra De Menezes 1986
56. Apostilas Da Vida Ide André Luiz 1986
57. As Palavras Cantam Ceu Carlos Augusto 1993
58. Assembléia De Luz Geem Esp. Diversos 1988
59. Assim Vencerás Ideal Emmanuel 1978
60. Assuntos Da Vida E Da Morte Geem Esp. Diversos 1991
61. Astronautas No Além Geem Esp. Diversos 1974
62. Atenção Ide Emmanuel 1981
63. Através Do Tempo Lake Esp. Diversos 1972
64. Augusto Vive Geem Augusto Cezar Netto 1981
65. Aulas Da Vida Ideal Esp. Diversos 1981
66. Auta De Souza Ide Auta De Souza 1976
67. Ave, Cristo! Feb Emmanuel 1953
68. Bastão De Arrimo Uem Willian 1984
69. Baú De Casos Ideal Cornélio Pires 1977
70. Bazar Da Vida Geem Jair Presente 1985
71. Bênção De Paz Geem Emmanuel 1971
72. Bênçãos De Amor Ceu Esp. Diversos 1993
73. Bezerra, Chico E Você Geem Bezerra De Menezes 1973
74. Boa Nova Feb Humberto De Campos 1941
75. Brasil, Coração Do Mundo,
76. Brilhe Vossa Luz Ide Esp. Diversos 1987
77. Busca E Acharás Ideal Emmanuel/André Luiz 1976
78. Calendário Espírita Feesp Esp. Diversos 1974
79. Calma Geem Emmanuel 1979
80. Caminho Espírita Cec Esp. Diversos 1967
81. Caminho Iluminado Ceu Emmanuel 1998
82. Caminho, Verdade E Vida Feb Emmanuel 1949
83. Caminhos Da Fé Ideal Cornélio Pires 1997
84. Caminhos Da Vida Ceu Cornélio Pires 1997
85. Caminhos De Volta Geem Esp. Diversos 1975
86. Caminhos Do Amor Ceu Maria Dolores 1983
87. Caminhos Ceu Emmanuel 1981
88. Canais Da Vida Ceu Emmanuel 1986
89. Canteiro De Idéias Ideal Esp. Diversos 1999
90. Caravana De Amor Ide Esp. Diversos 1985
91. Caridade Ide Esp. Diversos 1978
92. Carmelo Grisi, Ele Mesmo Geem Carmelo Grisi 1991
93. Cartas De Uma Morta Lake Maria João De Deus 1935
94. Cartas Do Coração Lake Esp. Diversos 1952
95. Cartas Do Evangelho Lake Casimiro Cunha 1941
96. Cartas E Crônicas Feb Irmão X 1966

85
97. Cartilha Da Natureza Feb Casimiro Cunha 1944
98. Cartilha Do Bem Feb Meimei 1962
99. Ceifa De Luz Feb Emmanuel 1979
100. Centelhas Ide Emmanuel 1992
101. Chão De Flores Ideal Esp. Diversos 1975
102. Chico Xavier - Dos Hippies
103. Chico Xavier – Mandato
104. Chico Xavier Em Goiânia Geem Emmanuel 1977
105. Chico Xavier Inédito:
106. Chico Xavier Pede Licença Geem Esp. Diversos 1972
107. Chico Xavier, Uma Vida
108. Cidade No Além Ide André Luiz/Lucius 1983
109. Cinquenta Anos Depois Feb Emmanuel 1940
110. Claramente Vivos Ide Esp. Diversos 1979
111. Coisas Deste Mundo Clarim Cornélio Pires 1977
112. Coletânea Do Além Feesp Esp. Diversos 1945
113. Comandos Do Amor Ide Esp. Diversos 1988
114. Compaixão Ide Emmanuel 1993
115. Companheiro Ide Emmanuel 1977
116. Confia E Segue Geem Emmanuel 1984
117. Confia E Serve Ide Esp. Diversos 1989
118. Construção Do Amor Ceu Emmanuel 1988
119. Continuidade Ideal Esp. Diversos 1990
120. Contos Desta E Doutra Vida Feb Irmão X 1964
121. Contos E Apólogos Feb Irmão X 1958
122. Conversa Firme Cec Cornélio Pires 1975
123. Convivência Ceu Emmanuel 1984
124. Coração E Vida Ideal Maria Dolores 1978
125. Corações Renovados Ideal Esp. Diversos 1988
126. Coragem Cec Esp. Diversos 1971
127. Correio Do Além Ceu Esp. Diversos 1983
128. Correio Fraterno Feb Esp. Diversos 1970
129. Crer E Agir Ideal Emmanuel/Irmão José 1986
130. Crianças No Além Geem Marcos 1977
131. Crônicas De Além-Túmulo Feb Humberto De Campos 1936
132. Cura Geem Esp. Diversos 1988
Da Vida Geem Roberto Muszkat 1984
133. Dádivas De Amor Ideal Maria Dolores 1990
134. Dádivas Espirituais Ide Esp. Diversos 1994
De Amor Ide Emmanuel 1992
De Amor Uem Esp. Diversos 1993
135. Degraus Da Vida Ceu Cornélio Pires 1996
136. Desobsessão Feb André Luiz 1964
137. Deus Aguarda Geem Meimei 1980
138. Deus Sempre Ideal Emmanuel 1976
139. Diálogo Dos Vivos Geem Esp. Diversos 1974
140. Diário De Bênçãos Ideal Cristiane 1983
141. Dicionário Da Alma Feb Esp. Diversos 1964
142. Dinheiro Ide Emmanuel 1986
143. Do Outro Lado Da Vida Inovação Paulo Henrique Bresciane 2006
144. Doações De Amor Geem Esp. Diversos 1992
Dos Benefícios Ger Bezerra De Menezes 1991
145. Doutrina De Luz Geem Emmanuel 1990
146. Doutrina E Aplicação Ceu Esp. Diversos 1989
147. Doutrina E Vida Ceu Esp. Diversos 1987

86
148. Doutrina Escola Ide Esp. Diversos 1996
149. E A Vida Continua... Feb André Luiz 1968
E Trabalho Ideal Esp. Diversos 1988
150. Educandário De Luz Ideal Esp. Diversos 1985
151. Elenco De Familiares Ideal Esp. Diversos 1995
152. Eles Voltaram Ide Esp. Diversos 1981
153. Emmanuel Feb Emmanuel 1938
154. Encontro De Paz Cec Esp. Diversos 1973
155. Encontro Marcado Feb Emmanuel 1967
156. Encontros No Tempo Ide Esp. Diversos 1979
157. Endereços Da Paz Ceu André Luiz 1982
158. Entender Conversando Ide Emmanuel 1984
159. Entes Queridos Geem Esp. Diversos 1982
160. Entre A Terra E O Céu Feb André Luiz 1954
161. Entre Duas Vidas Cec Esp. Diversos 1974
162. Entre Irmãos De Outras Terras Feb Esp. Diversos 1966
163. Entrevistas Ide Emmanuel 1971
164. Enxugando Lágrimas Ide Esp. Diversos 1978
165. Escada De Luz Ceu Esp. Diversos 1999
166. Escola No Além Ideal Cláudia P. Galasse 1988
167. Escrínio De Luz Clarim Emmanuel 1973
168. Escultores De Almas Ceu Esp. Diversos 1987
169. Espera Servindo Geem Emmanuel 1985
170. Esperança E Alegria Ceu Esp. Diversos 1987
171. Esperança E Luz Ceu Esp. Diversos 1993
172. Esperança E Vida Ideal Esp. Diversos 1985
173. Estamos No Além Ide Esp. Diversos 1983
174. Estamos Vivos Ide Esp. Diversos 1993
175. Estante Da Vida Feb Irmão X 1969
176. Estradas E Destinos Ceu Esp. Diversos 1987
177. Estrelas No Chão Geem Esp. Diversos 1987
178. Estude E Viva Feb Emmanuel/André Luiz 1965
179. Evangelho Em Casa Feb Meimei 1960
180. Evolução Em Dois Mundos Feb André Luiz 1959
181. Excursão De Paz Ceu Esp. Diversos 1990
182. Falando À Terra Feb Esp. Diversos 1951
183. Falou E Disse Geem Augusto Cezar Netto 1978
184. Família Ceu Esp. Diversos 1981
185. Fé Ideal Esp. Diversos 1984
186. Fé, Paz E Amor Geem Emmanuel 1989
187. Feliz Regresso Ideal Esp. Diversos 1981
188. Festa De Paz Geem Esp. Diversos 1986
189. Filhos Voltando Geem Esp. Diversos 1982
190. Flores De Outono Lake Jésus Gonçalves 1984
191. Fonte De Paz Ide Esp. Diversos 1987
192. Fonte Viva Feb Emmanuel 1956
193. Fotos Da Vida Geem Augusto Cezar Netto 1989
194. Fulgor No Entardecer Uem Esp. Diversos 1991
195. Gabriel Ide Gabriel 1982
196. Gaveta De Esperança Ide Laurinho 1980
197. Gotas De Luz Feb Casimiro Cunha 1953
198. Gotas De Paz Ceu Emmanuel 1993
199. Gratidão E Paz Ide Esp. Diversos 1988
200. Há Dois Mil Anos Feb Emmanuel 1939

87
201. Harmonização Geem Emmanuel 1990
202. História De Maricota Feb Casimiro Cunha 1947
203. Histórias E Anotações Ceu Irmão X 1989
204. Hoje Ceu Emmanuel 1984
205. Hora Certa Geem Emmanuel 1987
206. Horas De Luz Ide Esp. Diversos 1984
207. Humorismo No Além Ideal Esp. Diversos 1984
208. Ideal Espírita Cec Esp. Diversos 1963
209. Idéias E Ilustrações Feb Esp. Diversos 1970
210. Indicações Do Caminho Geem Carlos Augusto 1995
211. Indulgência Ide Emmanuel 1989
212. Inspiração Geem Emmanuel 1979
213. Instruções Psicofônicas Feb Esp. Diversos 1956
214. Instrumentos Do Tempo Geem Emmanuel 1974
215. Intercâmbio Do Bem Geem Esp. Diversos 1987
216. Intervalos Clarim Emmanuel 1981
217. Irmã Vera Cruz Ide Vera Cruz 1980
218. Irmão Ideal Emmanuel 1980
219. Irmãos Unidos Geem Esp. Diversos 1988
220. Janela Para A Vida Fergs Esp. Diversos 1979
221. Jardim Da Infância Feb João De Deus 1947
222. Jesus Em Nós Geem Emmanuel 1987
223. Jesus No Lar Feb Neio Lucio 1950
224. Jóia Ceu Emmanuel 1985
225. Jovens No Além Geem Esp. Diversos 1975
226. Juca Lambisca Feb Casimiro Cunha 1961
227. Juntos Venceremos Ideal Esp. Diversos 1985
228. Justiça Divina Feb Emmanuel 1962
229. Lar - Oficina, Esperança
230. Lázaro Redivivo Feb Irmão X 1945
231. Lealdade Ide Maurício G. Henrique 1982
232. Leis De Amor Feesp Emmanuel 1963
233. Levantar E Seguir Geem Emmanuel 1992
234. Libertação Feb André Luiz 1949
235. Linha Duzentos Ceu Emmanuel 1981
236. Lira Imortal Lake Esp. Diversos 1938
237. Livro Da Esperança Cec Emmanuel 1964
238. Livro De Respostas Ceu Emmanuel 1980
239. Loja De Alegria Geem Jair Presente 1985
240. Luz Acima Feb Irmão X 1948
241. Luz Bendita Ideal Emmanuel/Esp. Diversos 1977
242. Luz E Vida Geem Emmanuel 1986
243. Luz No Caminho Ceu Emmanuel 1992
244. Luz No Lar Feb Esp. Diversos 1968
245. Mãe Clarim Esp. Diversos 1971
246. Mais Luz Geem Batuíra 1970
247. Mais Perto Geem Emmanuel 1983
248. Mais Vida Ceu Esp. Diversos 1982
249. Mãos Marcadas Ide Esp. Diversos 1972
250. Mãos Unidas Ide Emmanuel 1972
251. Marcas Do Caminho Ideal Esp. Diversos 1979
252. Maria Dolores Ideal Maria Dolores 1977
253. Material De Construção Ideal Emmanuel 1983
254. Mecanismos Da Mediunidade Feb André Luiz 1960

88
255. Mediunidade E Sintonia Ceu Emmanuel 1986
256. Mensagem Do Pequeno Morto Feb Neio Lucio 1947
257. Mensagens De Inês De Castro Geem Inês De Castro 2006
258. Mensagens Que Confortam Ricardo Tadeu 1983
259. Mentores E Seareiros Ideal Esp. Diversos 1993
260. Migalha Uem Emmanuel 1993
261. Missão Cumprida Pinti Esp. Diversos 2004
262. Missionários Da Luz Feb André Luiz 1945
263. Momento Ceu Emmanuel 1994
264. Momentos De Encontro Ceu Rosângela 1984
265. Momentos De Ouro Geem Esp. Diversos 1977
266. Momentos De Paz Ideal Emmanuel 1980
267. Monte Acima Geem Emmanuel 1985
268. Moradias De Luz Ceu Esp. Diversos 1990
269. Na Era Do Espírito Geem Esp. Diversos 1973
270. Na Hora Do Testemunho Paidéia Esp. Diversos 1978
271. Não Publicadas 1933-1954 Madras Esp. Diversos 2004
272. Nascer E Renascer Geem Emmanuel 1982
273. Natal De Sabina Geem Francisca Clotilde 1972
274. Neste Instante Geem Emmanuel 1985
275. Ninguém Morre Ide Esp. Diversos 1983
276. No Mundo Maior Feb André Luiz 1947
277. No Portal Da Luz Cec Emmanuel 1967
278. Nos Domínios Da Mediunidade Feb André Luiz 1955
279. Nós Ceu Emmanuel 1985
280. Nosso Lar Feb André Luiz 1944
281. Nosso Livro Lake Esp. Diversos 1950
282. Notas Do Mais Além Ide Esp. Diversos 1995
283. Notícias Do Além Ide Esp. Diversos 1980
284. Novamente Em Casa Geem Esp. Diversos 1984
285. Novas Mensagens Feb Humberto De Campos 1940
286. Novo Mundo Ideal Emmanuel 1992
287. Novos Horizontes Ideal Esp. Diversos 1996
288. O Caminho Oculto Feb Veneranda 1947
289. O Consolador Feb Emmanuel 1941
290. O Esperanto Como Revelação Ide Francisco V. Lorenz 1976
291. O Espírito Da Verdade Feb Esp. Diversos 1962
292. O Espírito De Cornélio Pires Feb Cornélio Pires 1965
293. O Essencial Ceu Emmanuel 1986
294. O Evangelho De Chico Xavier Didier Emmanuel 2000
295. O Ligeirinho Geem Emmanuel 1993
296. Obreiros Da Vida Eterna Feb André Luiz 1946
297. Oferta De Amigo Ide Cornélio Pires 1996
298. Opinião Espírita Cec Emmanuel/André Luiz 1963
299. Orvalho De Luz Cec Esp. Diversos 1969
300. Os Dois Maiores Amores Geem Esp. Diversos 1983
301. Os Filhos Do Grande Rei Feb Veneranda 1947
302. Os Mensageiros Feb André Luiz 1944
303. Paciência Ceu Emmanuel 1983
304. Páginas De Fé Ideal Esp. Diversos 1988
305. Páginas Do Coração Lake Irmã Candoca 1951
306. Pai Nosso Feb Meimei 1952
307. Palavras De Chico Xavier Ide Emmanuel 1995
308. Palavras De Coragem Ideal Esp. Diversos 1987

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309. Palavras De Emmanuel Feb Emmanuel 1954
310. Palavras De Vida Eterna Cec Emmanuel 1964
311. Palavras Do Coração Ceu Meimei 1982
312. Palavras Do Infinito Lake Esp. Diversos 1936
313. Palco Iluminado Geem Jair Presente 1988
314. Pão Nosso Feb Emmanuel 1950
315. Parnaso De Além Túmulo Feb Esp. Diversos 1932
316. Pássaros Humanos Geem Esp. Diversos 1994
317. Passos Da Vida Cec Esp. Diversos 1969
Pátria Do Evangelho Feb Humberto De Campos 1938
318. Paulo E Estevão Feb Emmanuel 1942
319. Paz E Alegria Geem Esp. Diversos 1981
320. Paz E Amor Ceu Cornélio Pires 1996
321. Paz E Libertação Ceu Esp. Diversos 1996
322. Paz E Renovação Cec Esp. Diversos 1970
323. Paz Ceu Emmanuel 1983
324. Pedaços Da Vida Ideal Cornélio Pires 1997
325. Pensamento E Vida Feb Emmanuel 1958
326. Perante Jesus Ideal Emmanuel 1990
327. Perdão E Vida Ceu Esp. Diversos 1999
328. Pérolas De Luz Ceu Emmanuel 1992
329. Pérolas Do Além Feb Emmanuel 1952
330. Pétalas Da Primavera Uem Esp. Diversos 1990
331. Pétalas Da Vida Ceu Cornélio Pires 1997
332. Pinga Fogo (1ª Entrevista) Edicel Esp. Diversos 1971
333. Pingo De Luz Ideal Carlos Augusto 1995
334. Plantão Da Paz Geem Emmanuel 1988
335. Plantão De Respostas Ceu Pinga Fogo Ii 1995
336. Poetas Redivivos Feb Esp. Diversos 1969
337. Ponto De Encontro Geem Jair Presente 1986
338. Pontos E Contos Feb Irmão X 1951
339. Porto De Alegria Ide Esp. Diversos 1990
340. Praça Da Amizade Ceu Esp. Diversos 1982
341. Preito De Amor Geem Esp. Diversos 1993
342. Presença De Laurinho Ide Laurinho 1983
343. Presença De Luz Geem Augusto Cezar Netto 1984
344. Pronto Socorro Ceu Emmanuel 1980
Psicografias Ainda
345. Quando Se Pretende Falar
346. Queda E Ascensão Da Casa
347. Quem São Ide Esp. Diversos 1982
348. Rapidinho Geem Jair Presente 1989
349. Realmente Pinti Esp. Diversos 2004
350. Recados Da Vida Maior Geem Esp. Diversos 1995
351. Recados Da Vida Geem Esp. Diversos 1983
352. Recados Do Além Ideal Emmanuel 1978
353. Recanto De Paz Fmg Esp. Diversos 1976
354. Reconforto Geem Emmanuel 1986
355. Reencontros Ide Esp. Diversos 1982
356. Refúgio Ideal Emmanuel 1989
357. Relatos Da Vida Ceu Irmão X 1988
358. Relicário De Luz Feb Esp. Diversos 1962
359. Religião Dos Espíritos Feb Emmanuel 1960
360. Renascimento Espiritual Ideal Esp. Diversos 1995
361. Renúncia Feb Emmanuel 1942

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362. Reportagens De Além-Túmulo Feb Humberto De Campos 1943
363. Resgate E Amor Geem Tiaminho 1987
364. Respostas Da Vida Ideal André Luiz 1975
365. Retornaram Contando Ide Esp. Diversos 1984
366. Retratos Da Vida Cec Cornélio Pires 1974
367. Revelação Geem Jair Presente 1993
368. Rosas Com Amor Ide Esp. Diversos 1973
369. Roseiral De Luz Uem Esp. Diversos 1988
370. Roteiro Feb Emmanuel 1952
371. Rumo Certo Feb Emmanuel 1971
372. Rumos Da Vida Ceu Esp. Diversos 1981
373. Saudação Do Natal Ceu Esp. Diversos 1996
374. Seara De Fé Ide Esp. Diversos 1982
375. Seara Dos Médiuns Feb Emmanuel 1961
376. Segue-Me Clarim Emmanuel 1973
377. Seguindo Juntos Geem Esp. Diversos 1982
378. Semeador Em Tempos Novos Geem Emmanuel 1989
379. Semente Ide Emmanuel 1993
380. Sementeira De Luz Vinha De Luz Neio Lucio 2006
381. Sementes De Luz Ideal Esp. Diversos 1987
382. Senda Para Deus Ceu Esp. Diversos 1997
383. Sentinelas Da Alma Ideal Meimei 1982
384. Sentinelas Da Luz Ceu Esp. Diversos 1990
385. Servidores No Além Ide Esp. Diversos 1989
386. Sexo E Destino Feb André Luiz 1963
387. Sinais De Rumo Geem Esp. Diversos 1980
388. Sinal Verde Cec André Luiz 1971
389. Sínteses Doutrinárias Ceu Esp. Diversos 1995
390. Somente Amor Ideal Maria Dolores/Meimei 1978
391. Somos Seis Geem Esp. Diversos 1976
392. Sorrir E Pensar Ide Esp. Diversos 1984
393. Taça De Luz Feesp Esp. Diversos 1972
394. Tão Fácil Ceu Esp. Diversos 1985
395. Temas Da Vida Ceu Esp. Diversos 1987
396. Tempo De Luz Fmg Esp. Diversos 1979
397. Tempo E Amor Ide Esp. Diversos 1984
398. Tempo E Nós Ideal Emmanuel/André Luiz 1993
399. Tende Bom Ânimo Ideal Esp. Diversos 1987
400. Tesouro De Alegria Ide Esp. Diversos 1993
401. Timbolão Feb Casimiro Cunha 1962
402. Tintino... O Espetácilo Continua Geem Francisca Clotilde 1976
403. Tocando O Barco Ideal Emmanuel 1984
404. Toques Da Vida Ideal Cornélio Pires 1997
405. Traços De Chico Xavier Ceu Esp. Diversos 1997
406. Trevo De Idéias Geem Emmanuel 1987
407. Trilha De Luz Ide Emmanuel 1990
408. Trovadores Do Além Feb Esp. Diversos 1965
409. Trovas Da Vida Ceu Cornélio Pires 1999
410. Trovas Do Coração Ide Cornélio Pires 1997
411. Trovas Do Mais Além Cec Esp. Diversos 1971
412. Trovas Do Outro Mundo Feb Esp. Diversos 1968
413. Tudo Virá A Seu Tempo Madras Elcio Tumenas 2003
414. Uma Vida De Amor E Caridade Fv Esp. Diversos 1992
415. União Em Jesus Ceu Esp. Diversos 1994

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416. Urgência Geem Emmanuel 1980
417. Venceram Geem Esp. Diversos 1983
418. Vereda De Luz Geem Esp. Diversos 1990
419. Viagens Sem Adeus Ideal Claudio R.A . Nascimento 1999
420. Viajaram Mais Cedo Geem Esp. Diversos 1985
421. Viajor Ide Emmanuel 1985
422. Viajores Da Luz Geem Esp. Diversos 1981
423. Vida Além Da Vida Ceu Lineu De Paula Leão Jr. 1988
424. Vida E Caminho Geem Esp. Diversos 1994
425. Vida E Sexo Feb Emmanuel 1970
426. Vida Em Vida Ideal Esp. Diversos 1980
427. Vida No Além Geem Esp. Diversos 1980
428. Vida Nossa Vida Geem Esp. Diversos 1983
429. Vinha De Luz Feb Emmanuel 1952
430. Visão Nova Ide Esp. Diversos 1987
431. Vitória Ide Esp. Diversos 1987
432. Vivendo Sempre Ideal Esp. Diversos 1981
433. Viveremos Sempre Ideal Esp. Diversos 1994
434. Volta Bocage Feb Manuel M.B.Du Bocage 1947
435. Voltei Feb Irmão Jacob 1949
436. Vozes Da Outra Margem Ide Esp. Diversos 1987
437. Vozes Do Grande Além Feb Esp. Diversos 1957

Compilação Geem (Março De 2007) Com Utilização A Partir Do Livro 413 Da Relação Fecfas (Fraternidade Espírita
Cristã Francisco De Assis, De Belo Horizonte-Mg)

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