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Dans ses fonctions d’État, mais aussi conjugales, le roi est remplacé par Manuel Godoy, son jeune
et ambitieux premier ministre. Pour cet homme entiché, détesté par le peuple espagnol qui
l’appelle boucher (« chorizero »), Goya peint les célèbres tableaux La Maja Desnuda
(« Maja -- nue »,1799-1800) et La Maja Vestida (« Maja habillée, » 1800-1803 ). Maja Desnuda
est l’un des rares nus de la peinture espagnole et aussi l’un des plus célèbres. Contrairement à
Vénus au miroir de Vélasquez,Goya présente le vide ouvertement, presque de façon
provocante. La sensualité claire et directement ressentie ne peut laisser le spectateur
indifférent. C’est précisément pour cette raison que Godoy commande une deuxième toile plus
conventionnelle, de la même taille, qui présente une Maja habillée, et couvre avec elle le tableau
avec Maja nue. La ruse a été découverte et en 1813 l’Inquisition saisit les deux
tableaux. L’identité de la personne peinte était entourée d’une aura de légendes, longtemps dit
que l’artiste les a servis par le modèle de la duchesse d’Alba elle-même, évidemment modifier la
physionomie, la belle tête de la femme donnant l’impression qu’il a été collé à la chair, comme si
Goya peint le corps de la petite amie de telle sorte qu’il ne pouvait pas être reconnu par d’autres
yeux. Goya a probablement servi de modèle à l’une des mètres de Godoy, mais les légendes ont
une longue vie.
En dehors des peintures exécutées sur mesure, le peintre réalise également des gravures sur
cycles thématiques. Dans « Los Caprichos » (« Les Caprices », 1797-1799) - dans un certain
nombre de gravures des années 80 - l’artiste présente des fantasmes qui prennent vie lorsque la
raison s’endort et la volonté de l’homme est gouvernée par la stupidité, la grogne, la douleur ou
des désirs débridée. Dans les années 1810-1815 suit un deuxième cycle, « Los desastres de la
guerra » (« Les horreurs de la guerre »), pendant la guerre
avec la France napoléonienne et l’étouffement sanglant du soulèvement de la population
de Madrid . La répression des mutulés fera l’objet de deux tableaux célèbres: 2 mai 1808 -
Massacre de Madrid, (1814) et 3 mai 1808 - Tir des révoltants madrilènes, (1814 ).
Vieillesse agitée
À la fin de 1807,les armées françaises occupent l’Espagne, l’empereur Napoléon place son frère
Joseph sur le trône d’Espagne. Comme beaucoup de contemporains à travers l’ Europe , Goya a
d’abord cru que le règne de Napoléon conduirait à la propagation des idées révolutionnaires et la
démocratisation de l’Espagne. Ces espoirs sont anéantis par la guerre qui durera jusqu’en 1814-
jusqu’au moment du retrait des troupes françaises. Après le retour sur le trône du roi Ferdinand
VII, l’artiste doit démontrer que pendant le régime français, il est resté fidèle à la couronne
espagnole. La dernière œuvre qui lui a été commandée par le roi - un tableau destiné à la
cathédrale de Séville - sera exécutée en 1817 .
En 1823,Ferdinand VII demande aux Français une aide armée pour réprimer la révolution qui
avait éclaté à Madrid. En 1824,Goya part pour Plombières- les- Bains, une station balnéair edes
Vosgi. Après un mois de visite à Paris ,il s’installe à Bordeaux. Se retrouver à l’étranger n’affaiblit
pas sa force créative. Goya peint des scènes de corrida, portraits (« Laiterie de
Bordeaux, » 1827), fait des miniatures. Au printemps 1825, il tombe malade, trois ans plus tard,
le 16 avril 1828,il meurt à Bordeaux. Les restes de l’artiste retourneront en Espagne à la fin de la
Première Guerre mondiale. De lui, il nous reste aussi l’expression connue « Le sommeil de la
raison enseint des monstres »
Appréciations critiques
« Pour pouvoir développer son génie, il a dû risquer que son art cesse de l’aimer. » André
Malraux
« Dans la tombe de Goya repose l’ancien art espagnol, l’univers perdu à jamais des toreros, des
majos et des manolas, l’univers des religieuses, des contrebandiers, des bandits et des sorcières,
tout le riche folklore de la péninsule. » Théophile Gautier
« Tout ce que l’art moderne lui doit est resté en pleine opposition avec la peinture académique et
néoclassiciste de l’époque. » Pierre G