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A NALYSE NUM ÉRIQUE 2

Chapitre 2: Interpolation Polynômiale

Hatem H AMDA
hatem.hamda@gmail.com

École Nationale d’Ingénieurs de Carthage

A.U. 2023 - 2024

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 1 / 56
1 I NTRODUCTION

2 P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS


Evaluation d’un polynôme en un point
Position du problème
Forme de Lagrange du polynôme d’interpolation

3 F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES


Définitions et propriétés
Propriétés des différences divisées
Table des différences divisées
Algorithme

4 E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

5 P OLYN ÔME D ’ INTERPOLATION DE H ERMITE

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 2 / 56
I NTRODUCTION

1. I NTRODUCTION

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 3 / 56
I NTRODUCTION

Le problème d’interpolation consiste à trouver une fonction ”simple” (polynôme,


polynomiale par morceaux, polynôme trigonométrique, . . . ) passant par des points
donnés
(x0 , y0 ) , (x1 , y1 ) , . . . , (xn , yn )
c’est à dire trouver une fonction P (x) telle que

P (xi ) = yi , i = 0, . . . , n

!"

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 4 / 56
I NTRODUCTION

On dit que P interpole les valeurs (yi ) aux noeuds (xi ).


Les quantités yi peuvent, par exemple, représenter les valeurs aux noeuds xi

but : remplacer f par une fonction plus ”simple”


d’une fonction f connue analytiquement : en vue d’obtenir une approximation des dérivées
ou de l’intégrale.
 r 
|x|
sign(x)
Exemple : f (x) = sin e 2 

but : avoir une formule permettant de calculer des


ou provenir de mesures expérimentales : valeurs approchées en des points autres que les noeuds

Dans ce chapitre, nous nous limiterons au cas où P est une fonction polynôme.

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 5 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS

2. P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 6 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Evaluation d’un polynôme en un point

Evaluation d’un polynôme en un point

La façon la plus simple de représenter un polynôme P de degré inférieur où


égal à n est de l’exprimer dans la base canonique de Rn [x] comme
n
X
P (x) = ak xk
k=0

Pour évaluer P en un point x donné, on doit effectuer


n
X n(n + 1)
k= multiplications et n additions
2
k=1

n2
soit au total de l’ordre de opérations élémentaires quand n ”assez grand”.
2

Notons que ce calcul dépend de l’expression de P ⇒ changer le mode de calcul.

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 7 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Evaluation d’un polynôme en un point

Algorithme de Hörner

Pour changer le mode de calcul, on peut écrire

P (x) = a0 + x(a1 + a2 x + · · · + an xn−1 )

et en appliquant encore une fois cette factorisation partielle à l’intérieur de la


parenthèse, on obtient

P (x) = a0 + x(a1 + x(a2 + · · · + an xn−2 ))

En appliquant ce procédé de façon recursive, on obtient

P (x) = a0 + x(a1 + x(a2 + x(a3 + . . . (an−1 + an x) . . . ))

Cette écriture suggère de calculer P (x) de proche en proche en commençant par le


plus à l’intérieur de cette expression. C’est la méthode de Hörner.

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 8 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Evaluation d’un polynôme en un point

Algorithme de Hörner

Algorithme
1. P = an

2. pour k = 1 à n faire

P = x ∗ P + an−k ;

fin pour

3. retourner P

Pour calculer P (x), cette approche nécessite n [multip] et n [add],


soit au total 2n opérations élémentaires.

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 9 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Position du problème

Position du problème

Soit f une fonction définie sur I = [a, b] ⊂ R , x0 , x1 , . . . , xn (n + 1) points deux à


deux distincts de I et y0 = f (x0 ), y1 = f (x1 ), . . . , yn = f (xn ) les valeurs de f en
ces points.

Problème :
Existe-t-il un polynôme P tel que P (xi ) = yi , i = 0 . . . n ?

si oui
Quel est son degré ? Est-il unique ?
Quelle est l’expression de P (x) en fonction des données (xi ) et (yi ) ?
Algorithme de calcul ?
L’erreur d’approximation f (x) − P (x) ?

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 10 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Position du problème

Existence et unicité

Théorème
Etant donnés (n + 1) points deux à deux distincts x0 , x1 , . . . , xn et (n + 1) valeurs
correspondantes y0 , y1 , . . . , yn , il existe un unique polynôme P de degré inférieur ou
égal à n tel que
P (xi ) = yi (= f (xi )) , pour i = 0, . . . , n

On dit que P est le polynôme d’interpolation de Lagrange de f relatif aux points

x 0 , x1 , . . . , x n

Preuve

Unicité : Supposons qu’il existe deux polynômes P et Q de Rn [x] tels que

P (xi ) = Q(xi ) = yi , i = 0 . . . n

P − Q est un polynôme de degré au plus n qui admet (n + 1) racines deux à deux distinctes
((P − Q)(xi ) = 0 , i = 0 . . . n). Il est donc identiquement nul ⇒ P = Q.

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 11 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Position du problème

Existence et unicité

Existence : Une méthode naturelle pour construire le polynôme P consiste à déterminer ses coefficients
Xn
dans la base canonique de Rn [x] : P (x) = ak xk , où les coefficients a0 , . . . , an sont à déterminer.
k=0
Donc trouver P ∈ Rn [x] revient à trouver a0 , . . . , an ∈ R tels que

P (x) = a0 + a1 x + · · · + an xn et P (xi ) = yi , i = 0 . . . n

soit à résoudre le système linéaire d’ordre n + 1

+ + + a n xn =

 a0 a 1 x0 ... 0 y0

a + a 1 x1 + ... + n
a n x1 = y1
 0



a0 + a 1 x2 + ... + a n xn
2 = y2
(S)
.
..





a n xn

a0 + a 1 xn + ... + n = yn

dont le vecteur inconnu X = (a0 , a1 , . . . , an )T

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 12 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Position du problème

Existence et unicité

Existence (Suite) : Le système s’écrit sous forme matricielle V X = Y , en posant

a0 y0 1 x0 ··· xn
     
0
 a1   y1   1 x1 ··· xn1 
X= .. Y = .. et V = .. .. ..
     
  
 .   .   . . . 
an yn 1 xn ··· xnn

V est appelée matrice de Vandermonde.




D’après l’unicité, on a KerV = { 0 } donc V est inversible et le système linéaire V X = Y admet une
solution, d’où l’existence de P .

Remarque
On peut aussi montrer, par recurrence sur n, que

n
Y
det(V ) = (xj − xi )
0≤i<j≤n

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 13 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Position du problème

Exemple
Calculer le polynôme P passant par les points

(0, 1) , (1, 2) , (2, 9) et (3, 28)

P ∈ R3 [x] et ses coefficients a0 , . . . , a3 sont solutions du système


   
1 0 0 0 a0 1
 1 1 1 1    2 
  a1

 = 
 1 2 4 8   a3   9 
1 3 9 27 a4 28

dont la solution est (1, 0, 0, 1)T (utiliser, par exemple, Gauss ”classique”)
ce qui donne le polynôme P (x) = 1 + x3 .

Remarque
L’éfficacité numérique de cette approche est très décevant du fait du mauvais conditionnement de la matrice
pleine V pour n assez grand. De plus la procédure de calcul de P est coûteuse (complexité ∼ 32 n3 ).

⇒ Ecrire P dans une autre base de Rn [x].

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 14 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Forme de Lagrange du polynôme d’interpolation

Base de Lagrange

Définition
Soit x0 , x1 , . . . , xn , (n + 1) points deux à deux distincts. On appelle base de
Lagrange relative aux points x0 , x1 , . . . , xn , la famille des fonctions polynômes
n
Y x − xj
(Li )0≤i≤n définies par ∀i ∈ {0, . . . , n} , Li (x) =
xi − xj
j =0
j 6= i

! Exemple : n =2

"# "&
1

$# $& $% $

"%

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 15 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Forme de Lagrange du polynôme d’interpolation

Base de Lagrange

Propriétés
On considère la famille de polynômes (Li )0≤i≤n relative aux points x0 , x1 , . . . , xn ,
alors
1 ∀i ∈ {0, . . . , n} , d˚Li = n.

1 si k = i
2 ∀i ∈ {0, . . . , n} , ∀k ∈ {0, . . . , n} , Li (xk ) = δik =
0 si k 6= i

Preuve

1 évidente
2 1er cas : k = i : Li (xk ) = Li (xi ) est un produit de n quotients égaux à 1, donc Li (xi ) = 1.

2ème cas : k 6= i : comme j prend toutes les valeurs différentes de i, l’un des j sera égal à k, ainsi
l’un des numérateurs est nul ⇒ Li (xk ) = 0

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 16 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Forme de Lagrange du polynôme d’interpolation

Forme de Lagrange

Théorème
La famille (Li )0≤i≤n forme une base de Rn [x], et l’unique polynôme d’interpolation
de f relatif aux points deux à deux distincts x0 , x1 , . . . , xn , peut s’écrire
n
X
P (x) = f (xi )Li (x)
i=0

C’est la forme de Lagrange du polynôme d’interpolation de f relatif aux pts (xi )


Preuve :
• Les (n + 1) polynômes (Li ) sont deux à deux distincts et dim Rn [x] = n + 1. Il suffit donc de monter que la famille (Li )0≤i≤n
n
X
est libre. Soit α0 , . . . , αn ∈ R tel que αk Lk (x) = 0 , ∀x ∈ R.
k=0
Si x = xi , tous les termes de la somme sont nuls hormis αi Li (xi ) = αi donc αi = 0

⇒ (Li )0≤i≤n est une base de Rn [x].

• Soit P le polynôme d’interpolation de f relatif aux points x0 , . . . , xn .


n
X
n+1
P ∈ Rn [x] et (Li ) est une base de Rn [x] donc ∃!(α0 , . . . , αn ) ∈ R tq P (x) = αk Lk (x) , ∀x ∈ R.
k=0
En prenant successivement x = xi , i = 0 . . . n, on obtient αi = P (xi ) = f (xi ) , ∀i ∈ {0, . . . , n}

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 17 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Forme de Lagrange du polynôme d’interpolation

Exemples

1 Interpolation linéaire (n = 1) : Soit (x0 , y0 ) et (x1 , y1 ) deux points donnés.


Les polynômes de la base de Lagrange associés

x − x1 x − x0
L0 (x) = ; L1 (x) =
x0 − x1 x 1 − x0

Le polynôme d’interpolation (de degré ≤ 1) s’écrit dans cette base

x − x1 x − x0 y0 − y 1 x 0 y 1 − x 1 y0
P (x) = y0 + y1 = x+ (dans la base canonique)
x0 − x1 x1 − x 0 x0 − x1 x0 − x1

2 Interpolation quadratique (n = 2) : Soit trois points (0, 1) , (2, 5) , (4, 17).


Les polynômes de la base de Lagrange associés

(x − 2)(x − 4) x(x − 4) x(x − 2)


L0 (x) = ; L1 (x) = ; L2 (x) =
8 −4 8

Le polynôme d’interpolation (de degré ≤ 2) s’écrit dans cette base

2
P (x) = L0 (x) + 5L1 (x) + 17L2 (x) = x + 1 (dans la base canonique)

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 18 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Forme de Lagrange du polynôme d’interpolation

Application

π
Calculer une approximation de sin( ) connaissant
5

π 1 π 2
sin(0) = 0 , sin( ) = et sin( ) = ≃ 0.707
6 2 4 2

1 2
P (x) = 0.L0 (x) + L (x)
2 1
+ 2
L2 (x)
π √ π
1 (x − 0)(x − 4 ) 2 (x − 0)(x − 6 )
= π π π +
2 ( 6 − 0)( 6 − 4 ) 2 ( π4 − 0)( π4 − π6 )

72 π 2 48 π
=− x(x − ) + x(x − )
2π 2 4 2 π2 6

π π 36 4 2
Pour x = , on trouve P ( ) = + ≃ 0.586.
5 5 100 25
π π
sin( ) ≃ P ( ) = 0.586 La valeur exacte est 0.587 à 10−3 près
5 5

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 19 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Forme de Lagrange du polynôme d’interpolation

Algorithme
1. P = 0
2. pour i = 0 à n faire
l = 1;
pour j = 0 à n, j 6= i faire
a − x(j)
l=l∗ ;
x(i) − x(j)
fin pour
P = P + y(i) ∗ l ;
fin pour

3. retourner P

Pour calculer P (a), cette approche nécessite n(n + 1) [div] et (n + 1)2 [multp], et
(n + 1)(2n + 1) [add], soit au total (4n + 2)(n + 1)opérations élémentaires.
Il existe d’autres algorithmes un peu plus économiques. Par exemple, on peut réduire le coût si on
réécrit P sous la forme
n n
X f (xi ) Y
P (x) = w(x) ′
, ou w(x) = (x − xj )
i=0
w (xi )(x − xi ) j=0

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 20 / 56
P OSITION DU PROBL ÈME ET PREMIERS R ÉSULTATS Forme de Lagrange du polynôme d’interpolation

Exercice 1
n
Y
Montrer que w′ (xi ) = (xi − xj )
j=0;j6=i
n
Y
En effet : En écrivant w(x) = (x − xi ) (x − xj ) = (x − xi )q(x), on obtient
j=0;j6=i

′ ′
w (x) = q(x) + (x − xi )q (x)

n

Y
d’où, pour x = xi , w (xi ) = q(xi ) = (xi − xj )
j=0;j6=i

Remarque
L’inconvénient de la forme de Lagrange c’est qu’il est nécessaire de recalculer les éléments de la base si
l’on rajoute un noeud (point d’interpolation).

⇒ on va donc envisager une autre approche, avec un meilleur comportement


quand on ajoute des points d’interpolation.

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 21 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES

3. F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 22 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Définitions et propriétés

Base de Newton

On note Pn le polynôme d’interpolation de f relatif aux points x0 , . . . , xn .


Une base de polynômes particulièrement adaptée au calcul effectif de Pn est la base
de Newton. plus précisément on se donne la définition suivante

Définition
La base de Newton relative aux (n + 1) points deux à deux distincts x0 , x1 , . . . , xn ,
est définie par les (n + 1) polynômes (wi )0≤i≤n


 1 si i = 0


wi (x) = i−1
Y



 (x − xj ) pour i = 1 . . . n
j=0

w0 (x) = 1 , w1 (x) = x − x0 , w2 (x) = (x − x0 )(x − x1 ) , . . . , wn (x) = (x − x0 ) . . . (x − xn−1 )

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Chapitre 2 : Interpolation
Nationale d’IngénieursPolynômiale
de Carthage) 23 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Définitions et propriétés

Forme de Newton

Proposition (BASE DE N EWTON)


La famille (wi )0≤i≤n forme une base de Rn [x].
Preuve : card{w0 , . . . , wn } = n + 1 = dim Rn [x], il suffit donc de montrer que la famille est libre.
n
X
Soit α0 , . . . , αn ∈ R tel que αi wi (x) = 0 , ∀x ∈ R. Toute famille de polynômes de degrés distincts est libre
i=0
En prenant successivement x = xi , i = 0 . . . n, on obtient αi = 0 , ∀i ∈ {0, . . . , n} ⇒ (wi ) est libre.

Définition (F ORME DE N EWTON)


Le polynôme d’interpolation Pn de f relatif aux points x0 , . . . , xn s’écrit dans la
base (wi )0≤i≤n sous la forme
n
X n
X i−1
Y
Pn (x) = αi wi (x) = α0 + αi (x − xj )
i=0 i=1 j=0

= α0 + α1 (x − x0 ) + · · · + αn (x − x0 )(x − x1 ) . . . (x − xn−1 )
C’est la forme de Newton

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Chapitre 2 : Interpolation
Nationale d’IngénieursPolynômiale
de Carthage) 24 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Définitions et propriétés

Relation entre Pk et Pk−1

Proposition
Pour tout k ∈ {1, . . . , n}, on a
k−1
Y
Pk (x) = Pk−1 (x) + αk (x − xj )
j=0

= Pk−1 (x) + αk wk (x)


Preuve : Soit Qk = Pk − Pk−1 ∈ Rk [x].
Qk−1
On a ∀i ∈ {0, . . . , k − 1} , Qk (xi ) = Pk (xi ) − Pk−1 (xi ) = 0 ⇒ Qk (x) = ck j=0 (x − xj ) , ck ∈ R.
Comme d˚Qk = d˚Pk , alors ck = αk (Pk et Qk ont même coefficient dominant).

Remarque
Ce résultat revêt une importance théorique et pratique fondamentale : Obtenir le polynôme d’interpolation
Pn de f relatif aux points x0 , . . . , xn revient à corriger son ”prédécesseur” Pn−1 qui interpole f aux
points x0 , . . . , xn−1 .

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 25 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Définitions et propriétés

Différence divisée

Définition
Pour k ∈ {0, . . . , n} le coefficient αk (intervenant dans la proposition précédente)
est le coefficient dominant de Pk , il dépend de f et des points x0 , . . . , xk . On appelle
ce nombre la différence divisée de f d’ordre k aux points x0 , . . . , xk . On note

αk = f [x0 , x1 , . . . , xk ] et f [xi ] = f (xi ) , pour i = 0 . . . n

Exemples

1 Le polynôme P0 qui interpole f au point x0 est donné par

P0 (x) = f (x0 ) donc f [x0 ] = f (x0 )

2 Le polynôme P1 qui interpole f aux deux points x0 et x1 est donné par

f (x1 ) − f (x0 )
P1 (x) = f (x0 ) + (x − x0 )
x1 − x0

f (x1 ) − f (x0 ) f [x1 ] − f [x0 ]


donc f [x0 , x1 ] = α1 = =
x 1 − x0 x1 − x0

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Chapitre 2 : Interpolation
Nationale d’IngénieursPolynômiale
de Carthage) 26 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Définitions et propriétés

Formule des différences divisées du polynôme d’interpolation

Théorème
Le polynôme d’interpolation Pn de f relatif aux points deux à deux distincts
x0 , . . . , xn s’écrit dans la base de Newton comme
n
X n
X k−1
Y
Pn (x) = f [x0 , . . . , xk ]wk (x) = f (x0 ) + f [x0 , . . . , xk ] (x − xj )
k=0 k=1 j=0

Cette expression est appelée formule des différences divisées de Newton du


polynôme d’interpolation

Preuve : Cette égalité résulte de la somme des égalités


k−1
Y
Pk (x) = Pk−1 (x) + αk (x − xj ) , αk = f [x0 , . . . , xk ]
j=0

pour k variant de 1 à n : Les différentes termes Pk (x) disparaissent sauf Pn (x) et P0 (x) = f [x0 ].

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 27 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Propriétés des différences divisées

P1 F ORMULE EXPLICITE
La différence divisée de f d’ordre k aux points x0 , . . . , xk est donnée par la formule
k k
X f (xi ) X f (xi )
f [x0 , . . . , xk ] = = ′
i=0
k
Y i=0
wk+1 (xi )
(xi − xj )
j=0;j6=i

Preuve : En utilisant les polynômes de Lagrange Li , le polynôme d’interpolation Pk de f aux points x0 , . . . , xk s’écrit
k
X
Pk (x) = f (xi )Li (x)
i=0

k k k k
X Y (x − xj ) X f (xi ) Y
ou encore Pk (x) = f (xi ) = (x − xj )
(xi − xj ) k
i=0 j=0;j6=i i=0 Y j=0;j6=i
(xi − xj )
j=0;j6=i
k
X f (xi )
Le coefficient dominant αk de Pk est donc αk = .
k
i=0 Y
(xi − xj )
j=0;j6=i
k k

Y Y
En posant wk+1 (x) = (x − xj ), on vérifie facilement que wk+1 (xi ) = (xi − xj ), d’où le résultat.
j=0 j=0;j6=i

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 28 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Propriétés des différences divisées

P2 D IFF ÉRENCE DIVIS ÉE ET ORDRE DES POINTS


La différence divisée d’ordre k de f est indépendante de l’ordre des pts x0 , . . . , xk .
Preuve : Notons Pk (resp. Qk ) le polynôme de f aux points x0 , . . . , xk (resp. xσ(0) , . . . , xσ(n) ).
Par unicité du polynôme d’interpolation de f , il est évident que Pk = Qk . Donc les coefficients dominants sont identiques, d’où le résultat :
f [x0 , . . . , xk ] = f [xσ(0) , . . . , xσ(n) ].

P3 F ORMULE R ÉCURSIVE
Pour tout k ∈ {1, . . . , n}, on a

f [x1 , . . . , xk ] − f [x0 , x1 , . . . , xk−1 ]


f [x0 , x1 , . . . , xk ] =
xk − x0

f [xi ] = f (xi ), ∀i ∈ {0, . . . , n}

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Chapitre 2 : Interpolation
Nationale d’IngénieursPolynômiale
de Carthage) 29 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Propriétés des différences divisées

Preuve

k k
X f (xi ) X f (xi )
D’après P1 , on a f [x0 , x1 , . . . , xk ] = = ,d’où
k ′
i=0 Y i=0 wk+1 (xi )
(xi − xj )
j=0;j6=i

k
X f (xi )
f [x1 , . . . , xk ] =
k
i=1 Y
(xi − xj )
j=1;j6=i

En multipliant le terme de la somme en haut et en bas par (xi − x0 ), on obtient

k k k
X (xi − x0 )f (xi ) X (xi − x0 )f (xi ) X (xi − x0 )f (xi )
f [x1 , . . . , xk ] = = = ′
k k wk+1 (xi )
i=1 Y i=0 Y i=0
(xi − xj ) (xi − xj )
j=0;j6=i j=0;j6=i

k−1 k
X (xi − xk )f (xi ) X (xi − xk )f (xi )
De même f [x0 , . . . , xk−1 ] = = ′ . D’où
k wk+1 (xi )
i=0 Y i=0
(xi − xj )
j=0;j6=i

k
X (xi − x0 − xi + xk )f (xi )
f [x1 , . . . , xk ] − f [x0 , . . . , xk−1 ] = ′ = (xk − x0 )f [x0 , . . . , xk ]
i=0 w k+1 (x i )

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 30 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Propriétés des différences divisées

Remarque
Une généralisation de la formule récursive est donnée par

f [xi+1 , . . . , xi+k ] − f [xi , xi+1 , . . . , xi+k−1 ]


f [xi , xi+1 , . . . , xi+k ] =
xi+k − xi
(1)
∀k ∈ {1, . . . , n} , ∀i ∈ {0, . . . , n − k}

Cette formule nous permet donc de calculer les différences divisées d’ordre k à
partir des différences divisées d’ordre k − 1.

Exemple

f [x1 ]−f [x0 ] f (x1 )−f (x0 ) f [x2 ]−f [x1 ] f (x2 )−f (x1 )
f [x0 , x1 ] = x1 −x0 = x1 −x0 ; f [x1 , x2 ] = x2 −x1 = x2 −x1

f [x1 ,x2 ]−f [x0 ,x1 ]


f [x0 , x1 , x2 ] = x2 −x0

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 31 / 56

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