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MVA006 Applications de l’Analyse à la Géométrie– Cours n◦ 1 Jacques Vélu (CNAM)

Chapitre 1— Fonctions de plusieurs variables

1 Fonctions de plusieurs variables

1. L’aire de la couronne ci-contre est : A = πR 2 − πS 2 .


R
Autrement dit, A = f (R, S) avec f , la fonction de 2
variables : S
f (x, y) = πx 2 − πy 2

2. Une fonction réelle de n variables réelles, f , est une “loi”, une “règle”, un “procédé”, qui associe à
certains n-uples (x1 , x2 , . . . , xn ) de nombres réels un certain nombre réel noté f (x1 , x2 , . . . , xn ).
I Le nombre f (x1 , x2 , . . . , xn ) s’appelle l’image de (x1 , x2 , . . . , xn ).
I L’ensemble des n-uples qui ont une image s’appelle le domaine de définition de f .

Quand on a une formule, cette formule sert de nom à la fonction.


Exemples :
f (x, y) = sin(x + y) g(x, y) = sin x h(x, y) = sin y
Il faut faire attention au nom des variables, on ne peut pas se contenter de parler de la fonction sinus !

3. Pour certaines fonctions, il arrive que la variable soit un point.

Exemple : La fonction qui associe à chaque point du


territoire sa température :
Si P est un point situé en France, et T sa température,
on a une fonction φ telle que :

T = φ(P)

4. Quand la variable est un point, on se ramène à des fonctions de 2 ou 3 variables selon que le
point se déplace dans le plan (2D) ou dans l’espace (3D). Pour cela, il suffit de remplacer le point
par ses coordonnées. Il y a plusieurs façons de procéder.

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− → −
2D On choisit un repère orthonormé (O, i , j ) .

Les coordonnées cartésiennes (x, y) du point P sont définies par :


P
−−→ →
− →
− y
OP = x i + y j
j

Au lieu de T = φ(P), on a T = f (x, y) avec une fonction de 2 O x


i
variables.

Les coordonnées polaires du point P sont les nombres ρ et θ de


P
la figure ci-contre. ρ
Au lieu de T = φ(P), on a T = H(ρ, θ) avec une fonction de 2 θ
variables. O i

(ρ, θ) → (x, y) x = ρ cos θ y = ρ sin θ

x y
q
(x, y) → (ρ, θ) ρ= x2 + y2 cos θ = p sin θ = p
x + y2
2 x2 + y2


− → − → −
3D On choisit un repère orthonormé (O, i , j , k ) .

Les coordonnées cartésiennes (x, y, z) du point P sont définies par :


−−→ →
− →
− →
− z P
OP = x i + y j + z k
y
x est l’abscisse, k j

y est l’ordonnée, O
i
z est la cote.
x

Les coordonnées sphériques (r, ϕ, θ) du point P sont définies par :


ϕ est l’azimut, P
θ
θ est la colatitude.
k r
x = r cos ϕ sin θ j
O
y = r sin ϕ sin θ i
z = r cos θ ϕ

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Les coordonnées cylindriques (r, θ, z) du point P sont définies par : z


r est le rayon cylindrique, P
θ est l’azimut.
k
z est la cote.
O j
x = r cos θ i r
y = r sin θ
θ

2 Continuité – Dérivabilité
1. Pour parler de limite, ou de continuité, il faut voir ce qui remplace les intervalles quand on a
plusieurs variables.
a b

On peut adopter deux points de vue. Un intervalle, c’est l’ensemble des x :


. qui varient entre 2 valeurs données,
. dont la distance à un point donné ne dépasse pas une valeur donnée.
En 2D, ce qui remplace les intervalles, c’est :

d
b
ou
c

a b a

En 3D, ce sera des parallélépipèdes (on dit des pavés) ou des sphères (on dit des boules), et ainsi de
suite en dimension supérieure.
On remarque que les pavés contiennent des boules et que les boules contiennent des pavés.
C’est pourquoi on peut se servir indifféremment des pavés ou des boules. En pratique, on utilise
davantage les pavés car les calculs sont plus faciles.

2. Définitions :
• On dit que X = (x1 , x2 , . . . , xn ) tend vers A = (a1 , a2 , . . . , an ) quand le nombre
n o
δ = sup |x1 − a1 |, |x2 − a2 |, . . . , |xn − an | tend vers 0.

I On dit que L = lim f (x1 , x2 , . . . , xn ) si, quelque soit ε > 0, il existe α > 0 tel que δ < α entraı̂ne
X→A
| f (x1 , x2 , . . . , xn ) − L| < ε.

I On dit que f est continue au point (a1 , a2 , . . . , an ) si : f (a1 , a2 , . . . , an ) = lim f (x1 , x2 , . . . , xn )


X→A

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Théorème :
• Une somme de fonctions continues est continue.
• Un produit de fonctions continues est continue.
• Quand le dénominateur ne s’annule pas, un quotient de fonctions continues est continue.
• La fonction composée de fonctions continues est continue.

Principe de continuité : Les fonctions représentées par des formules mettant en jeu les fonctions
de référence combinées par des sommes, produits, quotients, fonctions composées sont continues
sur leur domaine de définition.

sin(x + y) + xy2
Exemple : est continue sur R2 .
1 + (cos x5 )2

3. La lettre K désigne un pavé fermé (ou une boule fermée).

Théorème :
• Une fonction continue sur K admet un maximum et un minimum sur K.
• Une fonction continue qui prend des valeurs de signes différents sur K, s’annule sur K.
• Une fonction continue qui prend, sur K, des valeurs u et v, prend aussi sur K, toutes les valeurs
comprises entre u et v.

4. Quand on a une fonction de plusieurs variables, la fonction obtenue en faisant varier une seule des
variables et en regardant toutes les autres comme des constantes, s’appelle une fonction partielle.
Une fonction de n variables possède n fonctions partielles.

Notation : Au lieu de changer de nom de la fonction, on garde f , en se contentant d’indiquer en


indice le numéro de la variable mobile.
Exemple : f2 (x1 , x2 , x3 , . . . , xn ) est la fonction dans laquelle seule x2 varie, alors que x1 , x3 , . . . , xn
sont considérées comme des constantes.

5. Définition : On appelle dérivée partielle de f par rapport à xp la dérivée de fp (x1 , x2 , x3 , . . . , xn ) par


rapport à xp . On la note :
∂f
fp0 (x1 , x3 , . . . , xn ) ou (x1 , x3 , . . . , xn )
∂xp

∂f
f10 (x1 , x2 , x3 ) = (x1 , x2 , x3 ) = 10 x1 x2 x3
∂x1

Exemple : f (x1 , x2 , x3 ) = 5 x21 x2 x3 + 4 x2 x63 ∂f


f20 (x1 , x2 , x3 ) = (x1 , x2 , x3 ) = 5 x21 x3 + 4 x63
∂x2

∂f
f30 (x1 , x2 , x3 ) = (x1 , x2 , x3 ) = 5 x21 x2 + 24 x2 x53
∂x3

6. Propriétés : On a les formules habituelles pour les dérivées d’une somme, d’une combinaison
linéaire, d’un produit, d’un quotient. La nouveauté vient des fonctions composées.

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Avec une fonction f (x1 , . . . , xn ) de n variables, et n fonctions u1 (y1 , .. , yp ), . . . , un (y1 , .. , yp ) de p


variables, on fabrique la fonction composée de f par les ui :
 
g(y1 , .. , yp ) = f u1 (y1 , .. , yp ), . . . . . . , un (y1 , .. , yp )

   
Rappel : Pour des fonctions de 1 variable : g(y) = f u(y) ⇒ g0 (y) = u0 (y) f 0 u(y)

∂g ∂u1 ∂f  
(y1 , .. , yp ) = (y1 , .. , yp ) u1 (y1 , .. , yp ), . . . . . . , un (y1 , .. , yp )
∂yi ∂yi ∂x1

∂u2 ∂f  
+ (y1 , .. , yp ) u1 (y1 , .. , yp ), . . . . . . , un (y1 , .. , yp )
∂yi ∂x2
......
∂un ∂f  
+ (y1 , .. , yp ) u1 (y1 , .. , yp ), . . . . . . , un (y1 , .. , yp )
∂yi ∂xn

Méthode pour dériver par rapport à la variable yi


• on va la chercher partout où elle se trouve,
• à chaque fois, on dérive comme pour une fonction composée d’une variable,
• on ajoute les résultats trouvés.

∂g 2
Exemple : Calcul de (x, y) avec g(x, y) = sin(x + y2 ) ex+y .
∂y
2 2
sin(x + y2 ) ex+y → 2y cos(x + y2 ) ex+y
2 2
sin(x + y2 ) ex+y → sin(x + y2 ) 2 y ex+y

∂g 2 2
(x, y) = 2y cos(x + y2 ) ex+y + sin(x + y2 ) 2y ex+y
∂y

3 Formule de Taylor
1. À leur tour, les dérivées partielles peuvent être dérivées.
Notation :
∂2 f

(x1 , x3 , . . . , xn ) si p , q,



 ∂xq ∂xp

∂ ∂f
" # 
(x1 , x3 , . . . , xn ) = 

∂xq ∂xp 
 ∂2 f
(x1 , x3 , . . . , xn ) si p = q.



∂x2


p
∂2 f ∂2 f
Théorème de Schwarz : Quand et sont continues, elles sont égales.
∂xq ∂xp ∂xp ∂xq
Principe de dérivabilité : Les fonctions représentées par des formules mettant en jeu les fonc-
tions de référence combinées par des sommes, produits, quotients, fonctions composées sont
indéfiniment dérivables à l’intérieur de leur domaine de définition.

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Exemple : f (x1 , x2 , x3 ) = 5 x21 x2 x3 + 4 x2 x63

∂f ∂2 f
(x1 , x2 , x3 ) = 10 x1 x2 x3 (x1 , x2 , x3 ) = 10 x1 x3
∂x1 ∂x2 ∂x1

∂f ∂2 f
(x1 , x2 , x3 ) = 5 x21 x3 + 4 x63 (x1 , x2 , x3 ) = 10 x1 x3
∂x2 ∂x1 ∂x2
2. Avec k dérivations successives, on obtient une dérivée partielle d’ordre k. Pour noter ces dérivées,
on écrit ∂k f au numérateur, avec k le nombre de dérivations effectuées, et l’on regroupe les ∂x du
dénominateur en ne tenant pas compte de l’ordre dans lequel ces dérivations sont faites.

Exemple : On dérive successivement une fonction f par rapport à x1 , à x2 , à x1 , à x1 .


Autrement dit, on calcule :
∂ ∂ ∂ ∂f
!!!

∂x1 ∂x1 ∂x2 ∂x1

∂4 f
La dérivée partielle d’ordre 4 qui en résulte est notée .
∂x31 ∂x2

1 (m)
3. Il s’agit de généraliser : f (a + h) = f (a) + f 0 (a)h + · · · +
f (a)hm + hm ε(h) . Ici, ε désigne toute
m!
fonction telle que lim ε(H) = 0. On note H = sup{|h1 |, . . . , |hn |}.
H→0
Si f est continue : f (a1 + h1 , . . . , an + hn ) = f (a1 , . . . , an ) + ε(H)
Formule de Taylor (à l’ordre 1) : Si f a des dérivées partielles continues :
∂f ∂f
f (a1 + h1 , . . . , an + hn ) = f (a1 , . . . , an ) + (a1 , . . . , an ) h1 + · · · + (a1 , . . . , an ) hn + H ε(H)
∂x1 ∂xn

D’une façon générale, la formule de Taylor à l’ordre m s’écrit :

f (a1 + h1 , . . . , an + hn ) = f (a1 , . . . , an )

+ termes d’ordre 1

+ termes d’ordre 2

+ ······
+ termes d’ordre m

+ Hm ε(H)

Méthode pour obtenir les termes d’ordre k :

• On développe (x1 + · · · + xn )k ce qui donne une somme de termes de la forme C xα1 1 · · · xαnn avec C
entier, et α1 + · · · + αn = k.

∂k f
 
α1 αn C   α1
 h · · · hαnn
• Ensuite, on remplace chacun des termes C x1 · · · xn par  α1 αn (a1 , . . . , an )
k ! ∂x1 · · · ∂xn  1

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f (a + h, b + k) = a b2 + 7a3
Exemple : f (x, y) = x y2 + 7x3 + (b2 + 21a2 ) h + 2ab k
+ 21a h2 + 2b hk + a k2
+ 7h3 + hk2
On vérifie pour les termes d’ordre 2 :

1 ∂2 f
x2 → (a, b) h2 = 21a h2
2 ∂x2
2 ∂2 f
(x + y)2 = x2 + 2xy + y2 2xy → (a, b) hk = 2b hk
2 ∂x ∂y
1 ∂2 f
y2 → (a, b) k2 = a k2
2 ∂y2

4 Fonctions de 2 variables
1. Pour les fonctions de 2 variables, c’est la surface représentative qui remplace la courbe représentative
des fonctions de 1 variable.

P z=f(x,y)
On dessine d’abord le domaine de définition de
la fonction dans le plan z = 0, puis, au dessus du y
point M de coordonnées (x, y) de ce domaine, on
  M
place le point P de coordonnées : x, y, f (x, y) .
x

Quand M parcourt le domaine de définition, P


parcourt la surface représentative :

2. Les fonctions les plus simples sont les fonctions affines : f (x, y) = ax + by + c . Leurs surfaces
représentatives sont les plans non verticaux.

y
x

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3. Le problème, c’est qu’on ne sait pas dessiner les surfaces sur une feuille de papier . . . alors, on
utilise les courbes de niveau.

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