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A NALYSE NUM ÉRIQUE 2

Chapitre 1 : Résolution numérique des équations non


linéaires

Hatem H AMDA
hatem.hamda@gmail.com

École Nationale d’Ingénieurs de Carthage

A.U. 2023 - 2024

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 1 / 68
1 I NTRODUCTION

2 M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION )


Principe et Algorithme
Mesure de l’erreur et application

3 M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE )


Principe et Algorithme
Convergence

4 M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .)


Principe et Algorithme
Conditions suffisantes de convergence
Vitesse de convergence
Critères d’arrêt

5 M ÉTHODE DE N EWTON )
Principe et Algorithme
Résultats de convergence

6 M ÉTHODE DE LA S ÉCANTE )
Principe et Algorithme
Résultat de convergence

H. Hamda ( École
Chapitre 1 : Equations
Nationale nonde
d’Ingénieurs linéaires
Carthage) 2 / 68
I NTRODUCTION

1. I NTRODUCTION

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 3 / 68
I NTRODUCTION

Approximation d’un ou plusieurs zéros d’une fonction réelle d’une variable réelle

Etant donnée f : I = [a, b] → R, trouver α ∈ I tel que

f (α) = 0

Pour la plus part des fonctions il n’est pas possible de calculer α explicitement.
exemple : polynôme de degré 5

⇒ Recourir à des méthodes numériques.


Plusieurs méthodes numériques d’approximation de α existent et elles diffèrent
par leur rapidité de convergence et par leur robustesse.
Ces méthodes sont en général itératives : elles consistent à construire une suite
(xn )n∈N telle que
lim xn = α
n→+∞

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 4 / 68
I NTRODUCTION

Ordre de convergence

La vitesse de convergence d’une méthode itérative est caractérisée par :

Définition
On dit qu’une suite (xn )n∈N construite par une méthode numérique converge vers α
avec un ordre p ≥ 1 (pas nécessairement entier) s’il existe C > 0 et n0 ∈ N tel que

|xn+1 − α|
p
≤ C , ∀n ≥ n0 ou encore |xn+1 − α| = O(|xn − α|p )
|xn − α|

Dans ce cas on dit que la méthode itérative est d’ordre p.


|xn+1 − α|
p = sup{s ∈ R+ ; lim < ∞}
n→+∞ |xn − α|s

• Si p = 1, la convergence de (xn ) vers α est dite linéaire (convergence si C < 1).

• Si p = 2, la convergence est dite quadratique (convergence si C|xn0 − α| < 1).

H. Hamda ( École
Chapitre 1 : Equations
Nationale nonde
d’Ingénieurs linéaires
Carthage) 5 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION )

2. M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION )

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 6 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Principe et Algorithme

Théorème des valeurs intermédiaires

La méthode de dichotomie est basée sur le théorème des valeurs intermédiaires.


Théorème
Soit f une fonction définie continue sur un segment [a, b] (a < b).
Si f (a)f (b) < 0 alors il existe α ∈]a, b[ tel que

f (α) = 0

Si de plus f est strictement monotone alors α est unique.

! ! ! = "(#)
! = "(#) " ' >&

" ' >&

$ %
' # % $ #
'

" % <&
" % <&

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Chapitre 1 : Equations
Nationale nonde
d’Ingénieurs linéaires
Carthage) 7 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Principe et Algorithme

Description de la méthode

Soit f : I = [a, b] → R continue vérifiant f (a)f (b) < 0.


a 0 + b0
Posons [a0 , b0 ] = [a, b] et x0 = .
2

On a nécessairement l’une des trois conditions suivantes :

1 f (x0 ) = 0 et alors α = x0 est la solution cherchée.

2 f (a0 )f (x0 ) < 0, et on posera alors a1 = a0 et b1 = x0 .

3 f (x0 )f (b0 ) < 0, on posera alors a1 = x0 et b1 = b0 .

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 8 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Principe et Algorithme

Description de la méthode

y!
! = "(#)

a! x1! $ x0! b!
x!
I2!
I1!
I0!

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 9 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Principe et Algorithme

Description de la méthode

En répétant le même raisonnement pour [a1 , b1 ] . . . etc, on aura

a m + bm
ou bien il existe m ∈ N tel que f (xm ) = 0 avec xm = , et alors
2
α = xm est la solution cherchée.
ou bien on construit une suite de segments emboı̂tés In = [an , bn ] et une suite
(xn ) vérifiant, pour tout n ∈ N,

In+1 = [an+1 , bn+1 ] ⊂ [an , bn ] = In ,


a n + bn
a n ≤ xn = ≤ bn ,
2
b0 − a 0
bn − a n = ,
2n
et f (an )f (bn ) < 0

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 10 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Principe et Algorithme

Description de la méthode

Par construction

(an ) ր , (bn ) ց , et lim (bn − an ) = 0,


n→+∞

alors les suites (an ) et (bn ) sont adjacentes et donc elles admettent une même limite l.
Le théorème d’encadrement donne : an ≤ x n ≤ bn

lim xn = lim an = lim bn = l


n→+∞ n→+∞ n→+∞

Puisque f est continue, on aura

lim f (an )f (bn ) = (f (l))2 ≤ 0


n→+∞

d’où
f (l) = 0

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 11 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Principe et Algorithme

Algorithme

1. • f : [a0 , b0 ] → R donnée telle que f (a0 )f (b0 ) < 0


• ǫ > 0 assez petit (Tolérance ou précision fixée)
• et N nombre maximal d’itérations
a 0 + b0
2. x0 = ; k = 0;
2
3. tant que |bk − ak | > ǫ et |f (xk )| > ǫ et k ≤ N faire

si f (ak )f (xk ) < 0 alors ak+1 = ak ;


bk+1 = xk ;
sinon ak+1 = xk ;
bk+1 = bk ;
fin si
a k + bk
k = k + 1; xk = ;
2
fin tant que

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 12 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Principe et Algorithme

Algorithme

Remarques
1 Le critère limitant le nombre total d’itérations agit comme un garde fou visant à
éviter des temps de calcul excessifs et la perte de contrôle probable de
l’évolution des erreurs d’arrondis qui risque d’en découler.
2 ǫ désigne l’erreur absolue tolérée sur la valeur approchée du zéro α.
3 Il est parfois utile d’introduire un critère d’arrêt sur l’erreur relative

|bk − ak |
,
|xk |

mais il faut prendre garde au cas ou α = 0 : risque de division par 0 au cours de


l’évaluation de l’erreur.

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 13 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Principe et Algorithme

Exemple : Approximation de 10

= x2 − 10, [a, b] = [3, 4].


f (x) √
α = 10 est l’unique zéro de la fonction f dans [3, 4].
(f continue strictement croissante sur [3, 4] et f (3)f (4) < 0).

On utilise la méthode de dichotomie pour calculer une approximation de 10 avec
une précision ǫ = 10−2 :
[a0 , b0 ] = [3 , 4] x0 = 3.5
f (3) = −1 , f (4) = 6 , f (3.5) = 2.25 ⇒ [a1 , b1 ] = [3 , 3.5] et x1 = 3.25
f (3.25) = 0.5625 > 0 ⇒ [a2 , b2 ] = [3 , 3.25] , x2 = 3.125
f (3.125) = −0.23.. < 0 ⇒ [a3 , b3 ] = [3.125 , 3.25] , x3 = 3.1875
f (3.1875) > 0 ⇒ [a4 , b4 ] = [3.125 , 3.1875] , x4 = 3.15625
f (3.15625) < 0 ⇒ [a5 , b5 ] = [3.15625 , 3.1875] , x5 = 3.171875
f (3.171875) > 0 ⇒ [a6 , b6 ] = [3.15625 , 3.171875] , x6 = 3.164062
f (3.164062) > 0 ⇒ [a7 , b7 ] = [3.15625 , 3.164062]

|b7 − a7 | = 3.164062 − 3.15625 = 0.0078 ≤ 10−2 ⇒ α ∈ [3.15625 , 3.164062].

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 14 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Mesure de l’erreur et application

Formule d’estimation d’erreur

Les itérations s’achèvent à l’étape k quand

|xk − α| ≤ |Ik | ≤ ǫ ou |f (xk )| ≤ ǫ,

avec
|Ik | = bk − ak : longueur de Ik
On a
b−a
∀n ∈ N, n
|In | =
.
2
En notant |en | = |xn − α| l’erreur absolue à l’itération n, on déduit la formule
d’estimation d’erreur suivante :
b−a b−a
∀n ≥ 0, |en | ≤ n . On peut aussi écrire |en | ≤
2 2n+1

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 15 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Mesure de l’erreur et application

Formule d’estimation d’erreur

La méthode de dichotomie est donc toujours convergente, à partir du moment où on a


un intervalle avec changement de signe. Mais la convergence n’est pas très rapide.
En effet : Pour avoir |xn − α| ≤ ǫ, le nombre d’itérations nécessaires n vérifie :

b−a ln( b−a


ǫ
)
≤ǫ ou encore n ≥
2n ln(2)

Ainsi, pour améliorer la précision de l’approximation de α d’un ordre de grandeur, c’est à dire trouver
ln(10)
k > j tel que |xk − α| = 10−1 |xj − α|, on doit effectuer k − j ≥ ≃ 3, 32 itérations, soit 4
ln(2)
dichotomies.

Exemple
si [a, b] = [1, 2] et ǫ = 10−2 , on trouve n ≥ 6.64, il faut donc 7 itérations.

Pour ǫ = 10−6 , on trouve n ≥ 19.93, il faut donc 20 itérations.

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 16 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Mesure de l’erreur et application

Application

On considère l’équation
10x − 9e−x = 0
La fonction f définie sur [0, 1] par f (x) = 10x − 9e−x est continue, dérivable, et on a

f ′ (x) = 10 + 9e−x > 0

Donc f est strictement croissante sur [0, 1].


De plus f (0) = −9 et f (1) ≃ 6, 69 sont de signes contraires, il existe alors une
solution unique α ∈]0, 1[ tel que
f (α) = 0
Le nombre nécessaire n d’itérations assurant une précision ǫ = 10−6 doit vérifier

1 −6 ln(106 ) ln(106 )
≤ 10 ou encore n≥ , soit n = E( ) + 1 = 20 itérations
2n ln(2) ln(2)

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 17 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Mesure de l’erreur et application

Application

Le programme Matlab suivant :

a = 0; b = 1;
f or i = 1 : 20
a+b
m= ;
2
if (f (m) > 0) b = m;
else a = m;
end;
end;

donne le résultat :

a = 0, 52983284 , b = 0, 52983379 et b − a = 0, 95.10−6 ≤ 10−6

La solution obtenue est 0, 529833 à 10−6 près

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 18 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Mesure de l’erreur et application

Avantages et Inconvénients

b−a
1 La majoration |xn − α| ≤ n
est parfois assez large.
2

Exemple : f (x) = 10x − 5 et [a, b] = [0, 1], ǫ = 10−10 .


10 ln(10)
On trouve α = 0.5 et f (α) = 0 donc nnum = 1 alors que ntheor = E( ln(2)
) + 1 = 34.

2 La convergence de la méthode de dichotomie, en utilisant le test d’arrêt |bk − ak | ≤ ǫ, est linéaire.

Conclusion
La méthode de dichotomie a l’avantage d’exiger peu d’hypothèses sur la
fonction f et d’assurer la convergence.
L’inconvénient majeur est la lenteur de la convergence de son algorithme.
Généralement cette méthode est utilisée pour obtenir une approximation
raisonnable de α pouvant servir à l’initialisation d’une méthode d’ordre plus
élevé, qui fournira alors une convergence plus rapide.

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 19 / 68
M ÉTHODE DE DICHOTOMIE ( OU DE LA BISSECTION ) Mesure de l’erreur et application

Exercice 1
On considère f (x) = x3 − x − 3.
1 Montrer que f admet un zéro unique α dans ]1, 3[.
2 En utilisant la méthode de dichotomie sur l’intervalle [1, 3], estimer le nombre
des itérations nécessaires pour calculer une valeur approchée de α à 10−1 près.
3 Calculer une valeur approchée de α à 10−1 près, par la méthode de dichotomie
sur [1, 3].

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 20 / 68
M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE )

2. M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE )

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 21 / 68
M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE ) Principe et Algorithme

Description de la méthode

La méthode de la fausse position ne diffère de celle de dichotomie que par le


choix de xn .
A chaque itération, au lieu de prendre le milieu du segment [an , bn ], on choisit
l’abscisse du point d’intersection avec l’axe des abscisses, de la droite passant
par les points (an , f (an )) et (bn , f (bn )) .
Cette droite a pour équation :

f (bn ) − f (an )
y= (x − an ) + f (an )
bn − a n
pour y = 0, on obtient

bn − a n an f (bn ) − bn f (an )
xn := x = an − f (an ) =
f (bn ) − f (an ) f (bn ) − f (an )

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 22 / 68
M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE ) Principe et Algorithme

Description de la méthode
y!
! = "(#)

a! x2! x1! x0! b!


$ x!

I1!

I0!

F IGURE : Construction des trois premiers itérés.


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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 23 / 68
M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE ) Principe et Algorithme

Algorithme

1. • f : [a0 , b0 ] → R donnée telle que f (a0 )f (b0 ) < 0


• ǫ > 0 assez petit (Tolérance ou précision fixée)
• et N nombre maximal d’itérations
a0 f (b0 ) − b0 f (a0 )
2. x0 = ; k = 0;
f (b0 ) − f (a0 )
3. tant que |bk − ak | > ǫ et |f (xk )| > ǫ et k ≤ N faire

si f (ak )f (xk ) < 0 alors ak+1 = ak ;


bk+1 = xk ;
sinon ak+1 = xk ;
bk+1 = bk ;
fin si
ak f (bk ) − bk f (ak )
k = k + 1; xk = ;
f (bk ) − f (ak )
fin tant que

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 24 / 68
M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE ) Convergence

Résultat de Convergence

Théorème
Soit f : [a, b] → R continue telle que f (a)f (b) < 0. On suppose que f admet un zéro
unique α ∈ [a, b], alors la suite (xn )n∈N définie par la méthode de la fausse position
converge vers α.

Preuve

Les suites (an ), (bn ) et (xn ) vérifient

an f (bn ) − bn f (an )
[an+1 , bn+1 ] ⊂ [an , bn ] , an ≤ xn = ≤ bn et f (an )f (bn ) < 0
f (bn ) − f (an )

La suite (an ) est croissante et majorée par b0 et la suite (bn ) est décroissante et minorée par a0 , donc
convergent. Posons l1 = lim an et l2 = lim bn .
n→+∞ n→+∞
Puisque f est continue, au aura

lim f (an )f (bn ) = f (l1 )f (l2 ) ≤ 0 (1)


n→+∞

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 25 / 68
M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE ) Convergence

Résultat de Convergence

1er cas : f (l1 ) = f (l2 ).


L’inégalité (1) donne dans ce cas f (l1 ) = f (l2 ) = 0. Or f admet un zéro unique α ∈ [a, b], alors

l1 = l2 = α

Le théorème d’encadrement donne : lim xn = α. an ≤ x n ≤ bn


n→+∞
2ème cas : f (l1 ) 6= f (l2 ).
Puisque f est continue alors
l1 f (l2 ) − l2 f (l1 )
lim xn = =l (2)
n→+∞ f (l2 ) − f (l1 )
On a ∀n ∈ N , xn = an+1 ou bien xn = bn+1 .
et donc l = l1 ou l = l2 .
si l = l1 (donc l =
6 l2 ), l’égalité (2) s’écrit

lf (l2 ) − l2 f (l)
=l ou encore lf (l) = l2 f (l)
f (l2 ) − f (l)

comme l 6= l2 alors f (l) = 0 et par suite l = α (d’après l’unicité de α).


De même si l = l2 (donc l 6= l1 ), on obtient l = α.

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 26 / 68
M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE ) Convergence

Théorème (O RDRE DE CONVERGENCE)


Soit f : [a, b] → R continue telle que f (a)f (b) < 0. On suppose que f admet un zéro
unique α ∈ [a, b]. Si f est deux fois dérivables sur [a, b] et f ′′ garde un signe
constant sur ]a, b[ alors il existe c ∈ R+ telle que f convexe ou concave

|xn+1 − α|
lim =c
n→+∞ |xn − α|

La méthode est donc à convergence linéaire (d’ordre 1) dans ce cas.

Conclusion
La méthode de la fausse position peut être vue comme une méthode
globalement convergente, tout comme celle de dichotomie.
Il existe des situations où les deux méthodes ne fonctionnent pas
- la courbe de f est tangente à l’axe des abscisses.
- f admet deux zéros (ou un nombre pair de zéros) dans [a, b]. (f (a)f (b) ≥ 0)
- f admet un nombre impair (> 1) de zéros dans [a, b]. (difficulté de choisir le zéro)

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 27 / 68
M ÉTHODE DE LA FAUSSE POSITION ( OU DE L AGRANGE ) Convergence

Cf est tangente à (Ox) f admet deux zéros f admet trois zéros

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 28 / 68
M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .)

2. M ÉTHODE DU POINT FIXE


( OU DES APPROXIMATIONS SUCCESSIVES )

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 29 / 68
M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .) Principe et Algorithme

Principe de la méthode

Le principe de cette méthode consiste à remplacer l’équation f (x) = 0 par une


équation équivalente x − g(x) = 0, où g est une fonction choisie de manière à ce
que :
g(α) = α ⇔ f (α) = 0

Définition
Soit g : [a, b] → R une fonction continue. On dit que α est un point fixe de g lorsque

g(α) = α

Approcher un zéro de f se ramène donc au problème de la détermination d’un


point fixe de g.
Une méthode courante pour la détermination de point fixe se résume à la
construction d’une suite (xn )n∈N par le procédé itératif suivant :

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 30 / 68
M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .) Principe et Algorithme

Principe de la méthode


 partant d’un choix initial x0 ∈ [a, b], on pose

xn+1 = g(xn ) , n≥0


La méthode d’approximation résultante est appelée méthode du point fixe ou bien


encore méthode des approximations successives, et g est la fonction d’itération de la
méthode.

Naturellement une telle suite n’est pas forcement convergente. Par contre,
lorsqu’elle est bien définie et convergente, et si g est continue alors sa limite l
vérifie g(l) = l, ou encore f (l) = 0.
Le choix de g n’est pas unique : par exemple toute fonction de la forme
g(x) = x + F (f (x)), où F est une fonction telle que F (0) = 0, est une
fonction d’itération possible. En particulier g(x) = x − f (x) ou plus
généralement g(x) = x − λf (x) , λ ∈ R∗ quelconque.

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 31 / 68
M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .) Principe et Algorithme

Algorithme

1. • g : [a, b] → R, x0 ∈ R données.
• ǫ > 0 assez petit (Tolérance ou précision fixée)
• et N nombre maximal d’itérations
2. x1 = g(x0 ); k = 0;
3. tant que |xk+1 − xk | > ǫ (ou bien |f (xk )| > ǫ) et k ≤ N faire

k = k + 1; xk+1 = g(xk );

fin tant que

Cet algorithme prévoit un nombre maximal d’itérations N , fixé à priori à


l’avance, car, comme nous allons le voir, la convergence de (xn ) n’est pas
toujours assurée.
Une description détaillée sur les critères d’arrêt de cet algorithme sera présentée
à la fin de cette section.

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 32 / 68
M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .) Principe et Algorithme

Exemple1
On considère l’équation x2 − 2x − 3 = 0. √
On applique l’algorithme du point fixe avec x0 = 4 et g(x) = 2x + 3, on obtient

x1 = g(4) = 11 = 3.3166248
x2 = g(x1 ) = 3.1037477
..
.
x10 = g(x9 ) = 3.0000157

L’équation x2 − 2x − 3 = 0 admet deux racines −1 et 3. Si on applique l’algorithme


du point fixe avec x0 = 4 et d’autres fonctions g, on obtient
3
pour g(x) = , la suite (xn ) converge vers −1.
x−2
x2 − 3
pour g(x) = , la suite (xn ) diverge vers +∞.
2
• Cet exemple montre bien que la méthode du point fixe, selon le choix de g,
converge vers l’une ou l’autre et peut même diverger dans certains cas.

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 33 / 68
M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .) Principe et Algorithme

Exemple2
On considère l’équation x2 − x = 0.

On applique l’algorithme du point fixe avec g(x) = x2 , on obtient


pour x0 = 0, 8, la suite (xn ) converge vers 0.
pour x0 = 1.2, la suite (xn ) diverge vers +∞.

• Cet exemple montre que la méthode du point fixe, selon le choix de x0 ,


peut converger ou diverger.

Il faut donc déterminer dans quelles conditions cette méthode est convergente.

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Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 34 / 68
M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .) Conditions suffisantes de convergence

Définition (F ONCTION CONTRACTANTE)


Soit g une fonction définie sur un intervalle I, non nécessairement borné de R. On dit
que g est contractante sur I s’il existe un réel K ∈ [0, 1[ tel que

∀x, y ∈ I , |g(x) − g(y)| ≤ K|x − y|

On dit aussi que g est lipschitzienne de rapport K < 1.

Remarquons qu’une telle fonction est nécessairement continue sur I.

Théorème
Soit g une fonction définie sur un intervalle I, non nécessairement borné de R.
Supposons que g est dérivable et qu’il existe un réel K ∈ [0, 1[ tel que

|g ′ (x)| ≤ K, ∀x ∈ I.

Alors g est contractante sur I.

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 35 / 68
M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .) Conditions suffisantes de convergence

Preuve

Soit x, y ∈ I et x 6= y. Le théorème des accroissements finis appliqué à g entre x et y montre qu’il existe ξ entre x et y tel que


g(x) − g(y) = g (ξ)(x − y)


Par suite |g(x) − g(y)| = |g (ξ)||x − y| ≤ K|x − y|.

L’inégalité reste vraie pour x = y, d’où le résultat.

Théorème (CS DE CONVERGENCE GLOBALE)

Soit g une fonction définie sur I = [a, b] (a < b) vérifiant les conditions suivantes :
(H1 ) g(I) ⊂ I (condition de stabilité).
(H2 ) g est contractante sur I (condition de contraction).
Alors g admet un unique point fixe α dans I et la suite (xn ) définie par

xn+1 = g(xn )

converge vers α pour tout choix initial x0 ∈ I.

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 36 / 68
M ÉTHODE DU POINT FIXE ( OU DES APPROXIMATIONS SUCC .) Conditions suffisantes de convergence

Preuve

1 Existence : considérons la fonction h définie sur [a, b] par h(x) = x − g(x). Elle est continue sur [a, b] et h(a)h(b) ≤ 0,
alors d’après le TVI, ∃α ∈ [a, b] tq h(α) = 0 et donc g(α) = α.

2 Unicité : supposons qu’il existe α, β ∈ [a, b] et α =


6 β tels que g(α) = α et g(β) = β.
Comme g est contractante de rapport K < 1, alors |α − β| = |g(α) − g(β)| ≤ K|α − β| < |α − β|,
ce qui est impossible. Donc nécessairement α = β.

3 Convergence : La stabilité de l’intervalle [a, b] montre que si x0 ∈ [a, b] alors

∀n ∈ N, xn ∈ [a, b], on peut le démontrer, par exemple, par recurrence

et |xn+1 − α| = |g(xn ) − g(α)| ≤ K|xn − α|

Par récurrence, on montre que : ∀n ∈ N, |xn − α| ≤ K n |x0 − α| ≤ K n |b − a|.


n
Ainsi la suite (xn ) converge vers α, puisque 0 ≤ K < 1 et donc lim K = 0.
n→+∞

Remarques

La convergence est d’autant plus rapide que K est proche de 0.


On a le même résultat si l’intervalle I est fermé et non borné.

On commence par montrer que (xn ) est bien définie et est de Cauchy, donc converge, puis on montre que α est un point fixe et enfin l’unicité

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’Ingénieurs
1 : Equations nonde Carthage)
linéaires 37 / 68

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