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F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Table des différences divisées

L’utilisation itérée de la relation de récurrence (1) permet la construction de la table


des différences divisées de f relatives aux points xi , xi+1 , . . . , xi+k .

Points ordre 0 ordre 1 ordre 2 ordre 3 ordre 4


xi f [xi ] f [xi , xi+1 ] f [xi , xi+1 , xi+2 ] f [xi , .., xi+3 ] f [xi , . . . , xi+4 ]

x0 f (x0 )
f [x0 , x1 ]
x1 f (x1 ) f [x0 , x1 , x2 ]
f [x1 , x2 ] f [x0 , x1 , x2 , x3 ]
x2 f (x2 ) f [x1 , x2 , x3 ] f [x0 , . . . , x4 ]
f [x2 , x3 ] f [x1 , x2 , x3 , x4 ]
x3 f (x3 ) f [x2 , x3 , x4 ]
f [x3 , x4 ]
x4 f (x4 )

La diagonale descendante de cette table (valeurs encadrées) fournit les coefficients de la forme de
Newton de Pn relative aux points x0 , x1 , . . . , xn , soit encore

Pn (x) = f (x0 ) + f [x0 , x1 ](x − x0 ) + · · · + f [x0 , . . . , xn ](x − x0 ) . . . (x − xn−1 )

H. Hamda ( École Nationale


Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 32 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Table des différences divisées

Exemple
La table des différences divisées pour les points (0, 1) , (1, 2) , (2, 3) , (3, 28) :

Points ordre 0 ordre 1 ordre 2 ordre 3


xi f [xi ] f [xi , xi+1 ] f [xi , xi+1 , xi+2 ] f [xi , .., xi+3 ]

x0 1
1
x1 2 3
7 1
x2 9 6
19
x3 28

P3 (x) = 1 + x + 3x(x − 1) + x(x − 1)(x − 2) = 1 + x3

Remarque : le polynôme P2 (x) = 1 + x + 3x(x − 1) passe par les trois premiers points.

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2 : Interpolation de Carthage) 33 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Table des différences divisées

Si on souhaite ajouter un point d’interpolation et calculer un polynôme de degré 4, il n’est pas nécessaire de
tout recommencer. Par exemple, si on veut inclure le point (5, 54), on peut compléter la table déjà utilisée

xi f [xi ] f [xi , xi+1 ] f [xi , xi+1 , xi+2 ] f [xi , .., xi+3 ] f [xi , . . . , xi+4 ]

0 1
1
1 2 3
7 1
3
2 9 6 −
5
19 −2
3 28 −2
13
5 54
3
Ce polynôme de degré 4 est alors P4 (x) = P3 (x) − x(x − 1)(x − 2)(x − 3).
5
| {z }
correction de degré4

Remarque : Les points d’interpolation ne doivent pas forcement être placés par abscisses croissantes.

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2 : Interpolation de Carthage) 34 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Algorithme

 tab(i, k) = f [xi , xi+1 , . . . , xi+k ] pour k = 1 . . . n et i = 0 . . . n − k
En posant
tab(i, 0) = f (xi )

on obtient

tab(i + 1, k − 1) − tab(i, k − 1)
tab(i, k) =
xi+k − xi

Algorithme 1
1. x, y :vecteurs de (n + 1) réels donnés. tab : tableau de taille (n + 1) ⋆ (n + 1).
2. pour i = 0 à n faire
tab(i, 0) = y(i);
fin pour
3. pour k = 1 à n faire
pour i = 0 à n − k faire
tab(i + 1, k − 1) − tab(i, k − 1)
tab(i, k) = ;
x(i + k) − x(i)
fin pour

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2 : Interpolation de Carthage) 35 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Algorithme

Remarque
On notera que tab est de taille (n + 1) ∗ (n + 1) et n’est pas totalement ”rempli”. De plus, lorsque la
préoccupation est d’obtenir seulement l’expression du polynôme, seule une partie du tableau est utilisée :
la première ligne correspondant à i = 0 et k = 0 . . . n.

⇒ Ecrire un algorithme plus économique en place mémoire


On pose di = f [x0 , . . . , xi ]

Algorithme 2
1. x, y, d :vecteurs de taille (n + 1).
2. pour i = 0 à n faire
d(i) = y(i);
fin pour
3. pour k = 1 à n faire
pour i = n à k faire
d(i) − d(i − 1)
d(i) = ;
x(i) − x(i − k)
fin pour

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2 : Interpolation de Carthage) 36 / 56
F ORME DE N EWTON ET DIFF ÉRENCES DIVIS ÉES Algorithme

Coût de calcul
L’algorithme 1 ou 2, nécessite

n(n + 1)
n(n + 1) additions et divisions.
2

Remarques
1 Si on veut ajouter un point xn+1 , on calcule seulement une ligne
supplémentaire (f [xn , xn+1 ], . . . , f [x0 , . . . , xn+1 ]). Ainsi pour construire Pn+1
à partir de Pn , il suffit d’ajouter à Pn le terme f [x0 , . . . , xn+1 ]ωn+1 (x), ce qui
nécessite (n + 1) divisions et 2(n + 1) additions.
2 Une fois les coefficients αk = f [x0 , . . . , xk ] calculés, on peut évaluer le
polynôme de Newton au moyen d’un algorithme similaire au schéma de Horner

Pn (x) = α0 + (x − x0 )(α1 + · · · + (x − xn−2 )(αn−1 + αn (x − xn−1 )) . . . )

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2 : Interpolation de Carthage) 37 / 56
E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

4. E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

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2 : Interpolation de Carthage) 38 / 56
E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

L’interpolation permet, à partir d’un certain nombre de données sur les valeurs
d’une fonction f , de faire l’approximation de f (x) en tout point x.
Toute fois, cette opération entraı̂ne une erreur d’interpolation qu’il convient
d’étudier en détail.

Définition (E RREUR D ’ INTERPOLATION)


Soit f une fonction définie sur un intervalle I = [a, b] de R, et x0 , x1 , . . . , xn (n + 1)
points dans [a, b], deux à deux distincts. On appelle erreur d’interpolation d’ordre n
en x ∈ [a, b] le réel
En (x) = f (x) − Pn (x)
où Pn est le polynôme d’interpolation de f relatif aux points x0 , x1 , . . . , xn .

Remarque
Il existe d’autres sources d’erreur non étudiées ici. Par exemple, si les données proviennent de mesures
expérimentales elles peuvent être entachées d’une erreur de mesure.

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2 : Interpolation de Carthage) 39 / 56
E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

Proposition
Pour tout réel x ∈ [a, b], on peut écrire
n
Y
En (x) = f [x0 , x1 , . . . , xn , x] (x − xj ) (2)
j=0

Preuve :
1er cas : x ∈ [a, b] \ {x0 , x1 , . . . , xn }. Soit Pn+1 le polynôme d’interpolation de f relatif aux (n + 2) points distincts
x0 , x1 , . . . , xn , x. En utilisant la relation

n
Y
Pn+1 (x) = Pn (x) + f [x0 , x1 , . . . , xn , x] (x − xj )
j=0

n
Y
on obtient En (x) = f (x) −Pn (x) = f [x0 , x1 , . . . , xn , x] (x − xj ).
| {z } j=0
Pn+1 (x)

2ème cas : x ∈ {x0 , x1 , . . . , xn }. On a


n
Y
En (x) = f (x) − Pn (x) = 0 et (x − xj ) = 0
j=0

d’où, l’égalité (2) reste valide.

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2 : Interpolation de Carthage) 40 / 56
E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

Remarque
Cette proposition annonce deux possibilités de diminuer la valeur absolue de En (x) :
L’une intervient sur f [x0 , x1 , . . . , xn , x],
n
Y
et l’autre agit sur le choix des points x0 , x1 , . . . , xn afin de diminuer le produit | (x − xj )|
j=0
Ce point à été étudié et résolu par Chebyshev

Proposition (D IFF ÉRENCES DIVIS ÉES ET D ÉRIV ÉES SUCCESSIVES)


Soit f une fonction définie sur un intervalle I = [a, b] de R. On se donne (n + 1)
points x0 , x1 , . . . , xn ds [a, b], deux à deux distincts, et x ∈ [a, b] \ {x0 , x1 , . . . , xn }.
On suppose que f est de classe C n+1 sur Ix , où Ix est le plus petit intervalle
contenant x0 , x1 , . . . , xn et x. Alors il existe un réel ξx ∈ Ix tel que

f (n+1) (ξx )
f [x0 , x1 , . . . , xn , x] =
(n + 1)!

Ix = [min{x0 , x1 , . . . , xn , x}, max{x0 , x1 , . . . , xn , x}]

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2 : Interpolation de Carthage) 41 / 56
E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

Preuve

Soit Pn le polynôme d’interpolation de f relatif aux points x0 , . . . , xn , et soit x ∈ I \ {x0 , x1 , . . . , xn }.


On considère la fonction définie sur Ix par

n
Y
G(t) = f (t) − Pn (t) − (t − xj ) ·f [x0 , x1 , . . . , xn , x]
j=0
| {z }
ωn+1 (t)

La fonction G est de classe C n+1 et admet au moins n + 2 zéros distincts : x et les xi , i = 0 . . . n.


D’après le théorème de Rolle (entre deux zéros distincts de G, il y a au moins un zéro de G′ ) la fonction dérivée G′ admet n + 1 zéros dans
Ix autres que x0 , x1 , . . . , xn et x.
G′ vérifie les hypothèses du théorème de Rolle et on peut l’appliquer à nouveau. On obtient G′′ admet n zéros distincts dans Ix .
On applique successivement ce procédé jusqu’à obtenir l’existence d’un réel ξx tel que

(n+1)
G (ξx ) = 0

D’autre part, puisque


(n+1) (n+1)
P (t) = 0 (car d˚P ≤ n) et ωn+1 (t) = (n + 1)! (car d˚ωn+1 = n + 1)
on a
(n+1) (n+1)
G (t) = f (t) − (n + 1)! · f [x0 , x1 , . . . , xn , x]

Pour t = ξx , G(n+1) (ξx ) = 0 d’où

f (n+1) (ξx )
f [x0 , x1 , . . . , xn , x] =
(n + 1)!

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2 : Interpolation de Carthage) 42 / 56
E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

Remarque
f (n) (ξ)
Le même raisonnement donne f [x0 , x1 , . . . , xn ] = , avec ξ∈I
(n)!

Preuve : Poser G(t) = f (t) − Pn (t) , et utiliser Pn


(n)
(t) = n! · f [x0 , x1 , . . . , xn ].

Théorème (E RREUR D ’ INTERPOLATION ET D ÉRIV ÉES SUCCESSIVES )


Soit f une fonction définie sur un intervalle I = [a, b] de R. On se donne (n + 1)
points x0 , x1 , . . . , xn dans [a, b], deux à deux distincts, et x ∈ [a, b]. On suppose que
f est C n+1 sur Ix (le plus petit intervalle contenant x0 , x1 , . . . , xn et x). Alors il
existe ξx ∈ Ix tel que
(n+1) n
f (ξx ) Y
En (x) = f (x) − Pn (x) = ωn+1 (x), avec ωn+1 (x) = (x − xj )
(n + 1)! j=0

:
Preuve Application directe des deux propositions pour x ∈ [a, b] \ {x0 , x1 , . . . , xn }.
Le résultat est évidemment vrai si x ∈ {x0 , x1 , . . . , xn }.
On peut montrer ce résultat sans utiliser les différences divisées. On pose alors

f (x) − Pn (x) ωn+1 (t)


G(t) = f (t) − Pn (t) − ωn+1 (t) (= En (t) − En (x) )
ωn+1 (x) ωn+1 (x)

et on applique le théorème de Rolle comme dans la preuve de la proposition précédente.

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 43 / 56
E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

Remarque
L’expression de En (x) donnée par ce théorème ne permet évidemment pas de calculer la valeur exacte de
l’erreur puisque, en général, ξx est inconnu. Elle permet par contre d’en calculer une majoration, et permet
même de choisir les points x0 , x1 , . . . , xn , de façon optimale.

Corollaire
Sous les hypothèses du théorème précédent on a
n
Mn+1 Y
|En (x)| ≤ | (x − xj )|
(n + 1)! j=0

où Mn+1 = max |f (n+1) (t)|


t∈Ix

Ix = [min{x0 , x1 , . . . , xn , x}, max{x0 , x1 , . . . , xn , x}]

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2 : Interpolation de Carthage) 44 / 56
E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

Exemple

√ précision peut-on calculer 115 à l’aide du polynôme d’interpolation de la fonction
Avec quelle
f (x) = x, relatif aux points x0 = 100 x1 = 121 et x2 = 144 ?

Notons P2 le polynôme d’interpolation de f relatif aux points x0 , x1 et x2 . On a, pour tout x ∈ [100, 144]

2
M3 Y
|f (x) − P2 (x)| ≤ | (x − xj ) | où M3 = max |f ′′ |
3! j=0 [100,144]
| {z }
ω3 (x)

D’une part, on a |ω3 (115)| = |(115 − 100)(115 − 121)(115 − 144)| = 2610.


1 1 3
D’autre part, f (x) = x1/2 , f ′ (x) = x−1/2 , f ′′ (x) = − x−3/2 , f ′′′ (x) = x−5/2
2 4 8

3 −5
⇒ M3 = max |f ′′ (x)| = 10
[100,144] 8

Ainsi, pour x = 115, |f (115) − P2 (115)| ≤ 38 10−5 3! 1


2610 ≃ 0, 16 · 10−2 (< 10−2 ),
donc P2 (115) est une valeur approchée de f (115), calculée avec (au moins) deux décimales exactes.

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 45 / 56
E TUDE DE L’ ERREUR D ’ INTERPOLATION

Exercice 2
(n) (n)
Soit f de classe C ∞ sur [a, b], et soit x(n) = (x0 , x1 , . . . , xn(n) ) une suite de points
de [a, b] deux à deux distincts. On suppose qu’il existe M > 0 telle que

max |f (n+1) (x)| ≤ M , ∀n ∈ N


[a,b]

Montrer que
lim |En (x)| = 0
n→+∞

En effet : On a, pour tout x ∈ [a, b],

f (n+1) (ξx )
En (x) = f (x) − Pn (x) = ωn+1 (x), avec ξx ∈ [a, b]
(n + 1)!

(b − a)n+1
|En (x)| ≤ M , ∀n ∈ N
(n + 1)!
(b − a)n
Comme est le terme général d’une série convergente (vers eb−a ) cette quantité tend vers 0
n!
quand n → +∞

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Chapitre d’IngénieursPolynômiale
2 : Interpolation de Carthage) 46 / 56

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