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Alain Berthoz et Claude Debru (Dir.), Anticipation et Prédiction.

Du geste au voyage mental,


Odile Jacob, 2015

Le paradoxe de Monty Hall est un problème de probabilité qui tire son nom de Monty Hall,
l'ancien animateur du jeu télévisé américain "Let's Make a Deal" dans les années 1960 et
1970. Le problème est le suivant :
Vous êtes le candidat dans un jeu télévisé, et vous êtes confronté à trois portes. Derrière l'une
de ces portes se trouve une voiture, tandis que derrière les deux autres se trouvent des chèvres
(ou d'autres objets sans valeur). Vous ne savez pas ce qui se trouve derrière chaque porte.
Voici comment le jeu se déroule étape par étape :
1. Vous choisissez une des trois portes sans savoir ce qui se trouve derrière.
2. Après votre choix initial, l'animateur, Monty Hall, qui connaît ce qui se trouve derrière
chaque porte, ouvre une des deux portes restantes pour révéler une chèvre. Il sait toujours où
se trouve la voiture et ne choisira jamais cette porte.
3. À ce stade, vous avez la possibilité de soit rester avec votre choix initial, soit de changer et
sélectionner l'autre porte non ouverte.
Le paradoxe réside dans la question de savoir quelle est la meilleure stratégie pour maximiser
vos chances de gagner la voiture : rester avec votre choix initial ou changer de porte ? La
réponse surprenante est que la meilleure stratégie est de changer de porte. En effet, si vous
restez avec votre choix initial, vos chances de gagner sont de 1/3. En revanche, si vous
changez de porte, vos chances de gagner augmentent à 2/3.
Pour comprendre pourquoi cela est vrai, il est utile de considérer les deux scénarios possibles
lorsque vous choisissez de changer de porte :
1. Vous avez initialement choisi une porte avec une chèvre. Dans ce cas, Monty Hall doit
ouvrir l'autre porte avec une chèvre, et en changeant de porte, vous gagnez la voiture.
2. Vous avez initialement choisi la porte avec la voiture. Dans ce cas, Monty Hall doit ouvrir
une des deux portes avec une chèvre, et en changeant de porte, vous perdez la voiture.
Dans le premier scénario, vous gagnez en changeant de porte, et dans le deuxième scénario,
vous perdez en changeant de porte. Puisque le premier scénario est deux fois plus probable
que le deuxième (car vous avez initialement une chance sur trois de choisir la porte avec la
voiture), il est statistiquement avantageux de changer de porte. Le paradoxe de Monty Hall
illustre ainsi comment nos intuitions peuvent être trompeuses en matière de probabilité, car la
plupart des gens ont tendance à penser que leurs chances sont de 1/2, alors qu'elles sont en
réalité de 2/3 si vous choisissez de changer de porte. Ce qui est encore plus surprenant, c’est
que des pigeons, par une série d’essais et erreurs ont appris par expérience que la probabilité
de réussir était plus importante lorsqu’ils changeaient d’avis, alors que les humains peuvent
refuser de changer malgré l’expérience parfois jusqu’à 250 fois d’affilée1.

1
Cf. Walter T. Herbranson and Julia Schroeder, Are Birds Smarter Than Mathematicians? Pigeons (Columba
livia) Perform Optimally on a Version of the Monty Hall Dilemma, Journal of Comparative Psychology (2010),
Vol. 124, No. 1, 1–13.
Qu’est-ce qui caractérise l’anticipation ? L’autonomie, c’est-à-dire la capacité à agir en vue de
buts que l’on se donne en fonction des situations.

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