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Ilia Ilitch Oblomov, ou « l’homme couché », est un trentenaire russe éternellement fatigué de ne
rien faire, qui ne vit dans sa chambre que de paresse et de sommeil...
Extrait 1
Chez lui, Oblomov ne portait jamais ni cravate ni gilet ; il aimait être à l’aise, se sentir
libre. Ses pantoufles étaient longues, moelleuses et larges. Quand, assis sur son lit, il
laissait pendre ses jambes, immanquablement, sans qu’il eût même à regarder, ses pieds
s’y glissaient tout seuls.
La position allongée n’était pour Ilia Ilitch ni nécessaire, comme pour un malade ou pour
un homme qui veut dormir, ni accidentelle, comme pour une personne fatiguée, ni
voluptueuse comme chez le fainéant ; c’était son état normal. Quand il était à la maison –
et il y était presque toujours – il demeurait couché, et toujours dans cette chambre où
nous l’avons trouvé, qui lui servait de chambre à coucher, de cabinet et de salon. Il était
rare qu’il mît les pieds dans les trois autres pièces.
Extrait 2
A quoi bon tous ces cahiers dévorant toute cette encre, tout ce papier ? À quoi bon les
manuels ? À quoi bon ces cinq ou six années de claustration ? Et toutes ces sévérités, ces
pensums, ces défenses de courir, de jouer, de s'amuser, sous prétexte que ce n'était pas le
moment, qu'il fallait encore travailler ! « Quand donc prendre le temps de vivre ? » se
disait-il sans arrêt.
Extrait 3
Oblomov se rendait compte qu’il devait entreprendre quelque chose de décisif avant
même d’avoir achevé son plan. À peine réveillé, il eut l’intention de se lever, de faire sa
toilette, et une fois qu’il aurait bu son thé, de réfléchir sérieusement, de considérer
certaines choses, de prendre quelques notes, bref, de s’occuper à fond de cette affaire.
Pendant une demi-heure environ il demeura couché, tourmenté par cette intention. Puis, il
jugea qu’il aurait tout son temps après le thé, et qu’il pourrait boire le thé au lit comme
d’habitude, d’autant que rien ne l’empêcherait de réfléchir dans la position allongée.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Après le thé, il se souleva même sur sa couche et faillit se lever.
Il commença même, regardant du côté de ses pantoufles, à y diriger une jambe qu’il
ramena aussitôt.
Travail à faire
4. Extrait 2
a. Quel est le type de phrase dominant dans cet extrait ? Pourquoi ce choix, à votre
avis ?
b. Relevez une anaphore et expliquez son emploi : quel effet produit-elle ?
c. Quelle est la particularité (grammaticale) des trois premières phrases de
l’extrait ?
6. Écriture
Vous êtes l’ami(e) d’Ilia Ilitch Oblomov et décidez de lui rendre visite car vous ne
l’avez pas vu depuis des semaines. Lorsque vous le trouvez chez lui, vous êtes
stupéfait(e) et alarmé(e) par son état et son attitude.
Imaginez le dialogue que vous tiendriez avec lui et dans lequel vous tenteriez de le
convaincre de reprendre des activités et de changer son mode de vie. Soyez très
convaincant(e), car Oblomov n’a pas l’esprit bien vif et ne se laissera pas
persuader facilement !