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DEVOIR 2

Ce devoir est à réaliser sous forme numérique :


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et suivez nos conseils pratiques pour déposer votre devoir et le faire corriger par internet.

IMPORTANT Veuillez réaliser ce devoir après avoir étudié la séquence 2.

« La réalisation de vos devoirs est un travail personnel permettant d’évaluer vos acquisitions et de construire
votre projet d’orientation. Sauf consignes contraires, il est obligatoire de les réaliser dans les conditions
de l’examen, c’est-à-dire en temps limité, sans recopier des contenus issus de supports extérieurs au
sujet (internet, cours du CNED, manuels scolaires…). Le cas échéant, si vous avez besoin de vous référer
à un passage issu d’un support extérieur, mettez-le entre guillemets et citez votre source. Tout travail non
personnel sera sanctionné.»

Le commentaire littéraire pas à pas !

Votre but :

Rédiger intégralement le commentaire d’un extrait de la scène 14 de l’acte II de Caligula de Camus


(1944).

Voici l’extrait en question :


LE JEUNE SCIPION
Comme je te plains et comme je te hais !
CALIGULA, avec colère.
Tais-toi.
LE JEUNE SCIPION
Et quelle immonde solitude doit être la tienne !
CALIGULA, éclatant, se jette sur lui et le prend au collet ; il le secoue.
« La solitude ! Tu la connais, toi, la solitude ? Celle des poètes et des impuissants. La solitude ?
Mais laquelle ? Ah ! tu ne sais pas que seul, on ne l’est jamais ! Et que partout le même poids
d’avenir et de passé nous accompagne ! Les êtres qu’on a tués sont avec nous. Et pour ceux-là, ce
serait encore facile. Mais ceux qu’on a aimés, ceux qu’on n’a pas aimés et qui vous ont aimé, les
regrets, le désir, l’amertume et la douceur, les putains et la clique des dieux. (Il le lâche et recule
vers sa place.) Seul ! Ah, si du moins, au lieu de cette solitude empoisonnée de présences qui est
la mienne, je pouvais goûter la vraie, le silence et le tremblement d’un arbre ! (Assis, avec une
soudaine lassitude.) La solitude ! Mais non, Scipion. Elle est peuplée de grincements de dents et tout

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entière retentissante de bruits et de clameurs perdues. Et près des femmes que je caresse, quand
la nuit se referme sur nous et que je crois, éloigné de ma chair enfin contentée, saisir un peu de
moi entre la vie et la mort, ma solitude s’emplit de l’aigre odeur du plaisir aux aisselles de la femme
qui sombre encore à mes côtés. »
Il a l’air exténué. Long
silence. Le jeune Scipion passe derrière
Caligula et s’approche, hésitant.
Il tend une main vers Caligula
et la pose sur son épaule.
Caligula, sans se retourner,
la couvre d’une des siennes.
Albert Camus, Caligula, Acte II, scène XIV,
in Théâtre, Récits, Nouvelles, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1962, pp. 59-60.

Étape 1 : Définissez les attentes du commentaire


Pour réussir un exercice, il faut déjà savoir ce qu’on attend de vous. Voici un extrait des instructions
officielles à ce sujet : « Le commentaire porte sur un texte littéraire. (…) Le candidat compose un devoir qui
présente de manière organisée ce qu’il a retenu de sa lecture, et justifie ses interprétations et ses jugements
personnels ».
Vous pouvez retenir 5 critères d’évaluation :
• Le support étant un texte littéraire, on attend de vous que vous repériez des procédés littéraires et qui
sont forcément propres au genre du texte que vous commentez (littérature d’idées, récit, théâtre ou
poésie) ;
• Le résultat que vous produirez (votre copie) doit être présenté de manière organisée : vous devez donc
structurer votre propos de manière claire et efficace, dans une démarche progressive ;
• En lisant l’extrait à commenter, vous devez retenir des éléments ; c’est donc que vous devez sélec-
tionner et isoler des éléments du texte qui vous sembleraient importants… Vous ne pouvez pas tout
dire ! Et formuler un projet de lecture (une problématique) va vous aider à filtrer ce repérage dans le
texte ;
• Vous devez justifier vos interprétations : donc vous ne pouvez rien proposer sans argumenter ; et inter-
préter, c’est donner un sens à votre relevé après en avoir analysé la nature. Par exemple : « la clarté
obscure » (relevé) mentionnée par l’auteur est un oxymore (analyse) qui procure une certaine ambiguïté
à la description des lieux (interprétation) ;
• Enfin vous devez justifier vos jugements personnels : attention, on ne vous demande pas si l’auteur sait
bien écrire ou pas (!) mais vous devez faire appel à vos impressions de lecture pour construire votre
commentaire… en argumentant toujours à l’aide d’analyses précises.

Étape 2 : Vous êtes prêt(e) à lire le texte !


Avant de vous lancer dans la lecture de l’extrait, vérifiez de quel paratexte vous disposez (ce qui gravite
autour du texte : auteur, titre, date, situation de l’extrait, chapeau introductif…).
Ici, pas de mystère, il s’agit bien d’un extrait de l’œuvre que vous avez étudiée en séquence 2 : vous
savez donc que c’est Albert Camus qui a écrit cette pièce en 1944 et que son titre reprend le nom d’un
empereur romain à la réputation douteuse.
En revanche, l’indication de la place de l’extrait dans la pièce est capitale : on se retrouve en plein milieu
de la pièce, à la toute dernière scène de l’acte II, alors que la pièce n’est constituée que de 4 actes. Il
s’agit donc certainement d’un moment important, où le personnage éponyme (celui qui donne son nom à
la pièce) se fait un peu mieux connaître…

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Maintenant ça y est, vous pouvez vous lancer dans une première lecture de l’extrait, et vous devez
absolument noter vos premières impressions même si elles vous paraissent banales ou trop évidentes.
Un lecteur qui se fait confiance est un lecteur qui pose des hypothèses et qui cherche à les résoudre.
Bien souvent, les premières impressions que vous aurez pourront au moins constituer une première
approche du texte. Par exemple « ce texte est déprimant » deviendra peut-être « L’extrait propose la
description très précise d’un univers obscur et qui menace le héros ». Vous êtes un meilleur détective que
vous ne le pensez !

Étape 3 : Établissez la carte d’identité du texte


Répondez à quelques questions sur le texte pour établir sa fiche d’identité :
Quel est le genre du texte ?
Vous avez appris que Caligula était une pièce de théâtre, souvent qualifiée de « farce tragique ».
Quel est le thème principal du texte ?
Sans rentrer tout de suite dans le détail, vous remarquez que dès les premières lignes, le mot « solitude »
est prononcé trois fois ! Un hasard ?...
Le texte peut-il être apparenté à un mouvement littéraire ?
Vous vous souvenez que le théâtre de Camus s’apparente souvent au Théâtre de l’Absurde, qui propose
une réflexion existentielle, philosophique.
À ce stade, arrivez-vous à déterminer la ou les tonalités dominantes du texte ?
Si vous faites confiance aux premières émotions causées par la lecture de l’extrait, à première vue, vous
pouvez penser que le texte semble plutôt triste. La solitude n’est d’ailleurs pas un sentiment très joyeux.

Étape 4 : Mobilisez une boîte à outils adaptée pour votre analyse


Maintenant que la première approche sensible et technique s’est opérée, un bon lecteur s’adapte au
genre du texte qu’il a face à lui.
Ici, nul doute qu’il va falloir utiliser les outils d’analyse spécifiques au théâtre. Un bref rappel s’impose.
Vous souvenez-vous des termes propres à l’univers théâtral ?
• Le dramaturge est l’auteur de théâtre. La fable est l’histoire qui se déroule sur scène.
• L’extrait constitue-t-il la scène d’exposition (scène d’ouverture qui permet au dramaturge de présenter
le cadre, les personnages, la fable) ? Le dénouement ? La scène présente-t-elle le nœud de l’intrigue ?
Assiste-t-on à un coup de théâtre ?
• Des personnages s’expriment sur scène et échangent éventuellement des répliques : assiste-t-on à
un monologue (le personnage s’exprime tout en étant seul sur scène) ? À une tirade (le personnage
prend longuement la parole mais n’est pas seul) ? À un soliloque (le personnage parle tout haut assez
longuement, mais n’attend pas forcément de réaction d’autrui) ? À un dialogue (deux personnages
discutent) ? Un personnage fait-il un aparté (il semble alors s’adresser confidentiellement au public) ?
• La scène contient-elle des didascalies (des indications scéniques de l’auteur souvent en italiques
concernant la gestuelle, le ton…) ?
• Les répliques sont-elles rédigées en vers ou non ?
• Assiste-t-on à des stichomythies (répliques très courtes qui se succèdent rapidement) ?
• La scène produit-elle un effet de mise en abyme : en d’autres termes, avez-vous l’impression qu’on a
une représentation théâtrale dans la scène, c’est-à-dire du « théâtre dans le théâtre » ? Un personnage
« joue-t-il à l’acteur », par exemple ?

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Observons le texte et tirons-en quelques conclusions.
• Vous savez que Caligula n’est pas une pièce rédigée en vers. Nous n’aurons donc pas à utiliser les
outils de la versification.
• Il ne s’agit ni de la scène d’exposition ni du dénouement de la pièce : il s’agit de la dernière scène de
l’acte II. N’avez-vous pas la sensation que la présence de Scipion amène Caligula à se confier sur sa
solitude ? C’est donc un moment important, situé bien au milieu de la pièce, et qui précède la parade
qui ouvre le troisième acte. Rappelez-vous : Scipion est un jeune poète, à l’âme pure, et Caligula est
responsable de la mort de son père. Il est toujours primordial de situer l’extrait dans la pièce et poser
les rapports unissant les personnages.
• L’extrait met en scène Scipion qui intervient très peu, et Caligula qui prend la parole plus longue-
ment. Il s’agit d’une tirade adressée à Scipion qui est ainsi tutoyé : « Tu la connais, toi, la solitude ? ».
La question est de savoir si les deux personnages sont prêts à s’écouter réellement… Vont-ils
« s’entendre » ?
• Vous remarquez la présence de didascalies en italiques. Elles occupent une place non négligeable
dans le texte, et même clôturent l’extrait. Il va falloir les commenter au même titre que les répliques.

N’oubliez pas d’ouvrir le catalogue des procédés de style : les connaître vous permettra de trouver des
figures d’insistance et d’amplification (répétitions, parallélismes, anaphores…), des figures d’opposition
(antithèses, chiasmes, oxymores…) ou encore des images (comparaisons, métaphores, allégories…).
Et si le texte a une teneur argumentative, n’hésitez pas à vous interroger sur les types d’argument et de
raisonnement.
Enfin, souvenez-vous que l’analyse des tonalités présentes dans le texte vous aidera énormément à poser
une interprétation de l’extrait (comique, tragique, lyrique, ironique, fantastique, pathétique, tragique…).

Étape 5 : Attaquez le texte en lecture linéaire !


Attrapez tous les stylos que vous avez sous la main pour vous approprier le texte en repérant un
maximum de procédés !
Voici un exemple de manière de faire. Vous pouvez :
• Encadrer les connecteurs logiques et spatio-temporels
• Entourer les signes de ponctuation (en général les points d’interrogation et d’exclamation relèvent de
la ponctuation expressive, c’est-à-dire une ponctuation qui trahit des émotions fortes comme la colère
ou la tristesse)
• Souligner avec des couleurs différentes les différents champs lexicaux que vous repérez, ainsi vous
verrez si certains thèmes apparaissent plus que d’autres
• Surligner les procédés de style : images, figures de répétition ou d’insistance, figures d’opposition…
Posez-vous dans le même temps ces questions indispensables : en quoi ce texte présente-t-il ses
propres spécificités ? Quelles étaient les intentions de l’auteur en concevant cette scène ? Que
manquerions-nous si cette scène n’existait pas dans la pièce ?
Cela va vous aider à formuler un projet de lecture qui vous aidera à « filtrer » vos remarques.

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Vous pouvez tout à fait élaborer un tableau en trois colonnes sur ce modèle :

Relevé Analyse Interprétation


= Citation précise d’un = Nature de l’élément cité = Effet produit par cet élément
élément du texte
« Ah ! Tu ne sais pas • Ah ! = interjection • L’interjection et l’exclamation signalent
que seul, on ne l’est • Deux négations une émotion vive de Caligula (agace-
jamais ! » ment ? déploration ?)
• Deux modalités exclamatives
• Négation de la solitude, qui n’existerait
pas (thèse de Caligula)

Étape 6 : Construisez votre projet de lecture


Maintenant que vous avez couvert le texte d’annotations, que vous avez repéré certains phénomènes
d’écho ou d’opposition, l’omniprésence de certaines idées, vous pouvez construire votre projet de lecture.
Il est parfois aussi appelé « problématique ».
Quelle est la différence entre une problématique et une simple question ?
Très souvent, la problématique naît d’une tension présente dans le texte entre deux éléments, ce qui
nécessite tout un développement pour en expliquer la raison.
Quels éléments, à votre avis, semblent s’opposer dans notre extrait, semblent coexister contre toute
attente ?
Vous pouvez poser différentes hypothèses, jusqu’à en retenir une qui vous semblera la plus satisfaisante.
Ici, la présence de Scipion perturbe quelque peu Caligula, qui nous montre une palette d’émotions
assez inhabituelle. Je vous propose pour notre extrait la problématique suivante : En quoi le spectateur
assiste-t-il à un inhabituel dévoilement du tyran ?

Étape 7 : Élaborez le plan détaillé de votre commentaire


Une fois que vous avez sélectionné un projet de lecture qui vous permettra de dynamiser votre
commentaire et de sélectionner vos remarques sur le texte, élaborez au brouillon votre plan détaillé.
Votre plan doit montrer une progression (un commentaire constitue une enquête sur un texte : ne
révélez donc pas l’essentiel dès le début, ménagez le suspense de vos trouvailles !) et doit répondre à la
problématique posée.
Rappelez-vous que la première partie du commentaire expose souvent les choix de l’auteur en ce qui
concerne la nature du texte : pourquoi une tirade à ce moment-là de la pièce ? Vous pouvez peut-être
commencer par vous poser cette question.
Je vous propose pour notre commentaire une ébauche de plan, à vous de la compléter :
I. Caligula fait face à Scipion qui le provoque et le perturbe
1. Caligula se lance dans une définition de la solitude
2. Tout en tenant compte de son interlocuteur
II. Caligula se trouve habité d’émotions très variées
1. Entre colère et agitation
2. Entre tristesse et lassitude
III. Caligula « s’expose » littéralement, entre jeu poétique et sincérité de la pensée
1. …
2. …

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Étape 8 : Lancez-vous dans la rédaction de votre commentaire !
Pour rédiger correctement un commentaire, il faut retenir quelques principes.
• Une introduction comprend une amorce (un stimulus, qui attire l’attention de votre correcteur), une
solide présentation de l’extrait (contexte, auteur, titre, date de parution, thème principal, éventuelle
appartenance à un mouvement littéraire, genre, situation de l’extrait dans la pièce), un projet de
lecture (de préférence optez pour l’interrogation indirecte ; n’écrivez pas « En quoi ce portrait est-il
ambigu ? », écrivez plutôt « On peut se demander en quoi ce portrait est ambigu »… le redoublement
du sujet et le point d’interrogation ont disparu, et on a introduit un verbe de questionnement), et l’on
termine avec l’annonce du plan (en premier lieu, …).
• Une conclusion comprend un résumé clair du développement proposé et une réponse nette à la
problématique, et l’on termine par une ouverture sur une autre œuvre à laquelle ce commentaire nous
a fait penser.
• Le développement comprend deux à trois grandes parties construites à partir des idées principales
que vous développez sur le texte. Mais attention, chaque grande partie doit contenir deux à trois
paragraphes où vous développez vos arguments et vos exemples. N’oubliez pas le trio développé dans
le tableau de l’étape 5 : chaque fois que vous produisez un argument, citez/analysez/interprétez.
• Soignez bien votre niveau de langue, construisez vos phrases soigneusement (mieux vaut une phrase
courte et claire, qu’une phrase longue où l’on perd le fil), vérifiez vos accords, et n’hésitez pas à vous
appuyer sur des connecteurs logiques pour baliser votre réflexion. Vous pouvez aussi proposer des
transitions entre vos grandes parties.
• Aérez bien votre présentation et vérifiez que votre copie est lisible.

—Un barème pour vous aider


Je vous propose une grille d’autoévaluation avec un barème indicatif qui vous permettra de vérifier les
critères de réussite à respecter. Bonne réussite !

Votre introduction comporte une amorce, une large présentation de l’extrait


2 points
situé dans l’œuvre complète, un projet de lecture et une annonce de plan
Votre développement suit une progression logique, les idées s’enchaînent
de manière cohérente, votre parcours s’appuie sur des connecteurs
2 points
logiques et les paragraphes suivent la logique du plan annoncé en intro-
duction
Votre commentaire du texte ne se contente pas de le raconter ou de le
décrire ; il s’appuie sur des relevés de l’extrait entre guillemets avec n°
12 points
des lignes, sur une analyse des éléments cités et sur une interprétation de
l’effet produit par les procédés ainsi identifiés
Votre conclusion résume correctement les grandes idées de votre dévelop-
pement, démontre que votre réflexion a progressé depuis votre introduc-
tion et répond nettement au projet de lecture proposé. Votre conclusion 2 points
se termine par une ouverture, un élargissement sur une autre œuvre
abordant, par exemple, le même thème
2 points
Votre maîtrise de la langue est celle attendue : vous vous exprimez claire- (Mais jusqu’à 4 points
ment, vous avez corrigé les erreurs d’orthographe ou de syntaxe après peuvent être retirés si la
relecture, vous n’avez jamais employé un niveau de langue familier qualité de l’expression est
particulièrement fautive)

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