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Cycle court
Cycle long
1h19
FRANCE
2018
Benjamin Rennes
Patrick Imbert
Animation
Ceux qui pensent que la
campagne est un lieu
calme et paisible se
trompent, on y trouve des
animaux particulièrement
agités, un renard qui se
prend pour une poule, un
lapin qui fait la cigogne et
un canard qui veut
remplacer le Père Noël. Si
vous voulez prendre des
vacances, passez votre
chemin.
SOMMAIRE
Les animaux de la « Troupe du val fleuri » se préparent pour un spectacle. Le Renard, qui est le présentateur, annonce la
pièce à venir tandis qu’en coulisse, les acteurs terminent de construire le décor.
Fin du premier acte et nouvelle présentation 20. 32’24 - 33’44 L’HISTOIRE DU GRAND
de Renard. Début du Grand Méchant Renard. MECHANT RENARD
Tandis que Renard mange des navets, A l’automne, Renard tente toujours
le Loup s’approche de lui. Il lui reproche de d’effrayer les poussins, qui sont plus amusés
ne pas être assez effrayant. L’idée lui vient de que terrorisés.
capturer les œufs. Renard joue par la suite à la dînette avec
la petite. Le loup débarque. Les poussins
prennent le loup pour le Méchant Renard.
17. 28’53 - 29’44 VOLER LES ŒUFS Renard met un stratagème en place pour
réussir à faire peur aux poussins : il demande
C'est la nuit au poulailler. Renard au Loup de se laisser battre. La conséquence
tente de voler les œufs mais se fait à nouveau de ce combat n’est pas celle escomptée : les
chasser par la poule. Au hurlement du loup, poussins se prennent pour des renards.
elle se cache dans la niche de Fifou. Renard
peut dérober les œufs tranquillement. 23. 37’35 - 38’08 UN BOUQUET DE FLEURS
18. 29’44 – 30’20 LE REVEIL DE LA POULE Dépité, le renard boude dans son terrier.
Les poussins lui apportent des fleurs. Après
La Poule se réveille. Elle remarque la les avoir rejetés violemment, il regrette et
disparition des œufs et demande de l’aide à commence à se prendre d'affection pour les
Fifou, qui ne semble pas inquiet. poussins.
29. 44’14 - 46’15 DES POUSSINS A 36. 53’40 - 55’30 LES CATASTROPHES DE
PROBLEMES CANARD ET LAPIN
Les poussins ramènent un petit Canard et Lapin s’approchent de Cochon. Pour
poussin à Renard pour le manger. Renard s’en débarrasser, il les invite à faire un
refuse. Les poussins boudent et affirment bonhomme de neige. Ils grimpent sur le toit
vouloir vivre avec le loup. Le renard par la de la maison et finissent par couper un arbre
suite fait face à une révolte des autres poules qui s’effondre sur la maison du cochon, la
qui se plaignent du comportement des détruisant en partie.
poussins de renard. Il finit par être
démasqué.
37. 55’30-58’18 DES ADULTES RESPONSABLES
30. 46’15 - 46’29 M LOUP OU ÊTES-VOUS ?
Les poussins marchent dans la forêt Canard et Lapin quittent la maison de Cochon,
enneigée appelant le Loup. Ce dernier arrive conscients d’avoir fait une bêtise. Ils décident
et accepte de « s’occuper d’eux ». de se prendre en main. Apercevant, un Père
Noël accroché sur le toit de la ferme et
pensant qu'il s'agit du vrai père Noël, ils
31. 46’29 - 47’03 EXPLOSER LE RENARD
tentent de le secourir. S'imaginant l’avoir tué,
La poule fait subir un interrogatoire au renard ils le cachent dans les débris en l’enterrant.
qui finit par être propulsé dans les airs. Cochon les surprends et se moque d'eux.
Canard et Lapin décide de remplacer le père
32. 47’03 – 50’05 LES POULES CONTRE LE Noël et essaye d'embarquer Cochon avec eux.
LOUP
Le loup s’apprête à manger les poussins 38. 58’18 – 58’46 NE PAS INTERVENIR
lorsque Renard atterri dans ses bras. Le loup
dévoile la vérité aux poussins. Renard Fifou demande à Cochon de les laisser se
empêche le Loup de manger les poussins et débrouiller seuls.
leur laisse le temps de fuir.
DECOUPAGE SEQUENTIEL
Le père enfile un costume de Père Noël
39. 58’46 - 59’29 TROUVER UN
DEGUISEMENT pendant que les enfants débattent sur le
nombre de Père Noël. Canard et Lapin
Canard et Lapin essayent des déguisements. poussent Cochon dans la cheminée afin de la
Un costume de Père Noël pour le premier : déboucher. Le père chasse le Canard Noël et
un bonnet de lutin pour le second. ils ressortent tous par la cheminée.
Le Grand Méchant Renard joue constamment avec la Ce jeu sur la fiction touche aussi les personnages.
fiction. En faisant croire qu’il s’agit d’une pièce de théâtre, Benjamin Renner joue avec les rôles que tiennent les
plutôt qu’un film, il confond deux types de représentations. animaux dans les contes ou dans la nature. Pour cela, il fait
Peu importe, puisque l’idée est de montrer que les fictions, le choix de prendre le contrepied total pour certains et de
une fois lancées, embarquent les spectateurs qui croient à respecter leur fonction et caractère pour d’autres. Les
l’histoire, tout en sachant que tout est faux. C’est ce que dit, rapports de force « classiques » sont aussi inversés. Les
sur scène, le poussin Michel « c’est pour de faux, c’est du proies dans la nature, deviennent des prédateurs, les tenants
théâtre! » D’ailleurs, les retours sur scènes, censés être un de l’ordre son paresseux…
retour au réel de la représentation théâtrale, prolongent les
D’un autre côté, Renner réutilise les codes des
histoires. Ainsi, le loup désire toujours manger Michel. La
personnages. Ainsi, le grand méchant loup est fidèle aux
cigogne, catapultée dans le film, retombe sur scène. Les
contes classiques. Cruel, affamé, intimidant et roublard, il est
personnages gardent la même personnalité que dans les
craint par les autres animaux. Le vrai Père Noël est jovial,
histoires. Il est à noter que le film comporte des références
bedonnant et généreux. Les chiens des rues sont également
aux deux arts : ainsi, le bébé doit être livré à Avignon, ville
aussi menaçants que dans le reste de l’imaginaire collectif.
qui accueille un grand festival de théâtre où la Cigogne
Cette question des rôles occupent les trois poussins.
pourrait y faire sa représentation de pièce conceptuelle. De
Persuadés d’être des renards, ils tentent de dévorer des
plus, le fait de rester assis sur une cheminée renvoie à des
poussins et refusent de manger des navets. Une fois encore,
scènes du film à venir : Renard qui couve les œufs et Cochon
il est question de croyance. Ce changement s’opère par des
qui passe par la cheminée.
histoires. Celle du Grand Méchant Renard. La première fois,
Ce jeu sur la fiction s’articule, en deuxième niveau, elle renforce le lien entre les poussins et leur « mère »; la
avec les histoires elles-mêmes. Benjamin Renner prend pour seconde fois, lors du combat truqué, elle laisse penser aux
base trois contes ou histoires célèbres : les cigognes qui poussins qu’ils sont eux aussi des renards. Subtilement, l’idée
apportent les bébés, la méchanceté des renards envers les qu’une histoire puisse prendre d’autres chemins est ici
poules et la croyance au Père Noël. Chacune de ces histoires évoquée. Au lieu de créer et d’effrayer, elle rassemble. Une
va être renversée, retravaillée et renouvelée. Ainsi, la histoire peut aller à contresens, elle reste une histoire !
cigogne ne souhaite pas apporter le bébé, le renard est bien
en peine d’effrayer un poussin, le Père Noël va être source
de polémiques. Existe-t-il ? Si oui, est-il seul ? Ce dernier
épisode pose, en seconde lecture, l’idée de la croyance en
cette histoire du Père Noël. La conviction des personnages
les plus naïfs, Canard et Lapin, les poussent à voir le vrai Père
Noël et contamine Cochon, plus raisonnable et sceptique. Le
vrai Père Noël apparaît dans la même position que celui en
plastique : l’illusion et le faux se confondent. A force de
persuasion, ils finissent par rendre possible les histoires.
Souvent, la conviction de Canard et Lapin, leur permet de se
sortir des situations les plus rocambolesques.
LES POUVOIRS DES HISTOIRES
LES PERSONNAGES CONTRE LEUR INSTINCTS
Cochon Lorsqu’il apparaît dans la première histoire, Cochon s’occupe de son potager. Propre,
ordonné et gorgé de légumes, le jardin permet de caractériser le caractère du cochon. Il
représente l’ordre, la logique et la bonne santé. Cette introduction va à l’encontre de
l’image du cochon traditionnellement sale. Ce cochon est à rapprocher de celui qui
fabrique une maison en brique dans le conte Les trois petits cochons. Il représente ainsi
une certaine sécurité. De fait, il sera constamment la voix de la sagesse face à Canard et
Lapin, plus insouciants. Il comprend certains dangers (le loup, la tondeuse…) mais subit
surtout les conséquences des idées farfelus des deux amis.
S’il semble assez solitaire dans la première pièce, Cochon évolue progressivement. Il offre d’abord un panier de navets au
renard. Surtout, l’attachement envers Pauline, qui lui donne un peu un rôle de parent, se répercute dans la dernière histoire. En
effet, il se comporte avec Canard et Lapin comme un père envers ses enfants. Il les envoie jouer pour être tranquille, puis il les
gronde et les protège. De ce fait, la discussion avec le chien Fifou, s’apparente à une discussion de parents concernant
l’éducation. Le chien étant partisan de laisser les « enfants » se débrouiller et vivre leurs expériences.
Cochon va évoluer, plus que Lapin et Canard qui restent constamment les mêmes. Non seulement, il prend un rôle de parents,
mais il apprend aussi à « lâcher prise » et à croire au Père Noël. C’est un adulte raisonnable qui, devenant parent et soucieux des
plus fragiles, apprend paradoxalement à être moins terre à terre.
Renard
Lorsqu’il s’agit de suivre ses instincts et d’être un prédateur pour les poules et les
poussins, Renard n’est pas très doué. Ni rusé, comme le veut l’expression. Il se cogne, il
a bien des difficultés à franchir les palissades de la ferme et à effrayer des poussins. Il
n’est pas adapté à la vie sauvage puisqu’il ne parvient à se nourrir que de navets. Son
incapacité à faire peur le rend malheureux, surtout lorsqu’il se compare au Loup.
Progressivement, Renard s’attache aux poussins. Si son instinct de prédateur n’est pas
développé, un autre se révèle : celui de la parentalité. Il couve les poussins, les élève et
les protège. Cet instinct, insoupçonné, correspond davantage à cet être inadapté à sa condition de renard prédateur. Ces
derniers sont inversés : chez les poules, il devient une proie. Il surmonte sa peur de Loup - et son instinct - que pour sauver ses
petits qu’il appelle d’ailleurs « mes enfants ». A la fin, il obtient une sorte de garde alternée et devient l’alliée des poules
uniquement par instinct paternel. A la fin, il devient même un Papa poule !
Les poules
Proie absolue dans les contes et dans la nature, les poules deviennent la plus grande
force prédatrice du film. Unissant leurs forces, s’organisant militairement, les poules
intervertissent les rôles naturels. Non seulement la poule principale attaque Renard
lorsque ce dernier tente de la croquer, mais elles parviennent à combattre le prédateur
ultime : le Loup. Lorsqu’elles s’unissent pour former un monstre puissant qui l’attaque, le
Loup est visuellement dévoré par elles. Une fois encore les instincts sont inversés.
A ce titre, la Poule ne reconnaît pas ses petits lorsque ces derniers vivent chez elle. Cela
va à l’encontre de l’instinct traditionnel.
LES POUVOIRS DES HISTOIRES
LES PERSONNAGES CONTRE LEUR INSTINCTS
Les poussins D’instinct, les poussins prennent Renard pour leur maman puisque c’est la première
personne vue. Le réalisateur affirme ne pas s’être documenté sur la véracité de cet
instinct. Peu importe si cela est proche de la réalité, le fait est que, dans le film, ce lien
entre les poussins et Renard vient instinctivement. Dès lors, ils inversent eux aussi leurs
rôles. Ils passent aussi du statut de proie à celui de prédateur. Ils refusent les navets,
souhaitent faire peur et vont même jusqu’à vouloir dévorer un petit camarade, Michel
(qui lui non plus ne s’effraye pas d’être une proie). L’inversion des rôles se jouent aussi
dans des petits détails comme lorsque, nouveaux élèves, ils font peut à leur institutrice.
Pensant être des renards, ils vont se mettre en danger. Se jetant littéralement dans la gueule du loup. Là aussi, ils font fi de leur
instinct ! S’ils avaient peur de lui la première fois qu’ils l’ont aperçu, ils ne le craignent plus par la suite, pensant être les enfants
du plus grand des prédateurs.
Canard
« L’eau c’est ton élément » dit Cochon à Canard. Le palmipède avoue immédiatement ne
pas savoir nager. L’instinct est pris à rebrousse-poil. S’il n’est pas tant exploité que cela,
ce gag sera repris à la fin puisque l’animal recevra une bouée comme cadeau de Noël.
Canard va aussi réussir à assommer les deux chasseurs armés, inversant le rapport de
force classique.
Lapin
Lapin est rarement rattaché à son statut d’animal. Sa caractérisation se fait davantage
sur son immaturité que sur ses attributs d’animaux. Il n’est pas plus rapide qu’un autre
par exemple. Les liens avec les lapins sont les deux références aux carottes, mais il ne les
voit que dans son « délire » et reçoit un épluche carotte. Preuve qu’il n’est pas si
familier que cela avec ce légume. D’ailleurs, lorsqu’il jardine chez Cochon, il ne se
préoccupe pas du tout des carottes, laissant Canard couper les feuilles.
Il est, comme Canard, assez naïf et débile. Là aussi, le film joue avec une surprise
puisque, malgré toutes ses bourdes, il parle couramment le chinois avec le Tarsin.
LES POUVOIRS DES HISTOIRES
LES PERSONNAGES AVEC LEUR LEGENDE
S’il change la fonction et les instincts liés aux animaux, le film conserve aussi parfois l’imagerie et la nature des personnages et
joue avec.
Monsieur Loup Dès sa première apparition, le Loup a tous les critères du Grand Méchant Loup des contes.
Il apparaît en contre-plongée, accompagné d’une musique aussi inquiétante que sa voix.
Puis, il prépare sa marmite, ce qui le renvoie une fois encore à son personnage de conte,
comme son souffle sur le feu fait allusion aux Trois Petits Cochons (les animaux sont trois).
Son ombre géante qui se penche sur Canard et Lapin et ses dents pointues sont encore
deux exemples.
Dans l’histoire du Grand Méchant Renard, il est réputé pour son cri et ses hurlements
nocturnes. A cela s’ajoute la chanson « qui a peur du grand méchant loup » revisitée par les
poussins…
Lorsque Loup apparaît dans la deuxième histoire, il est vu d’abord par son ombre. Cette idée permet de rendre le
personnage menaçant. De plus, il est debout lorsque Renard est au sol afin de renforcer sa domination. La
musique (sorte de Lettre à Elise jouée au tuba), la contre-plongée et le fait qu’il sorte de l’ombre rendent cet effet
de domination.
Lorsqu’il s’apprête à dévorer les poussins, nous retrouvons le cadrage, la musique et surtout les mouvements de
caméra. En effet, un travelling avant s’approche de la gueule du loup et des poussins comme pour signifier le piège
qui se resserre sur les poussins, qui risquent de se faire dévorer.
Le Vrai Père Noël Même s’il est un peu moins grand et gros que les animaux et l’imaginaire collectif se le
représente, le vrai Père Noël reste fidèle à sa légende. Habillé de rouge, barbe blanche,
portant une hotte et se déplaçant en traineau tiré par des reines. Il en est de même pour
son caractère, jovial, généreux et gentil.
La cigogne Issue d’une légende alsacienne, l’histoire de la cigogne porteuse de bébés est ici
modifiée. Si l’oiseau est bien chargé d’apporter la petite Pauline chez ses parents, sa
paresse et sa maladresse stoppe sa route. Sa personnalité dépasse sa légende ou son
rôle initial. L’oiseau préfère boire des verres et être un acteur. Il parle de « tragédie » et
déclame comme un mauvais acteur. Ironie du sort, il devait déposer Pauline à Avignon,
ville de théâtre conceptuelle s’il en est, qui aurait pu l’aider pour son spectacle !
A noter : s’il s’agit bien d’une cigogne, elle ne semble pas douée non plus pour voler.
Jamais dans le film nous ne la verrons déployer ses ailes. Cela est d’autant plus flagrant
lors de son catapultage puisque jamais elle ne s’envole, mais retombe sur scène.
On retrouve aussi une idée similaire avec les oiseaux qui donnent l’itinéraire aux trois
animaux. S’il y a bien une espèce pour qui routes et chemins sont bien inutiles, ce sont les
oiseaux. Ici encore, Renner joue avec les codes puisque ces derniers, au lieu d’aller à
Avignon à vol d’oiseau, empruntent les routes...
LA LIBERTE
« Tu sais l’important, c’est que tout le monde trouve
son bonheur ». C’est par cette leçon de vie que se conclue
la troisième pièce du film. Prononcée par Cochon devant
l’enthousiasme de Canard et Lapin qui viennent de recevoir
leur cadeau de Noel. Cette phrase marque semble traverser
l’ensemble des personnages du film. En effet, en
détournant les codes des personnages, en changeant
l’ordre de la nature et les rapports de pouvoirs (comme
celui prédateur-proie), Benjamin Renner offre à chacun
d’eux la liberté d’être ce qu’ils veulent.
Partant des codes classique des contes, Le Grand Méchant Renard offre
une petite galerie de personnages face à leur destin. Cette liberté individuelle
de choisir ce qui rend heureux, dépassant la nature, se retrouve notamment
dans l’idée de la filiation. Les deux premières pièces, « Un bébé à livrer » et
« Le Grand Méchant Renard » abordent le thème de la famille recomposée.
En s’occupant de Pauline, les trois animaux se lient d’affection, tissent des
liens et s’émeuvent au moment de laisser l’enfant à ses parents humains. La
relation de parentalité entre différentes espèces se crée. Ils ne cessent de
« Ce qu’il ne faut pas faire pour être heureux! »
vouloir protéger le bébé. Cette histoire se conclue avec une résolution
« naturelle », puisque le bébé est accueilli par des parents de son espèce, des humains. Mais la première pièce entrouvre le
possibilité d’une relation parentale qui dépasse la nature des espèces animales. Cochon conserve cet instinct parental en se
préoccupant, par la suite, de Canard et Lapin, comme s’il était leur père. La pièce suivante va plus loin, puisque la relation
parentale se prolonge dans le temps. Par affection, Renard renonce à être un prédateur de poule (ce rôle ne lui convenait de
toute façon pas) pour être la maman des poussins. D’ailleurs, le fait que Renard, qui est un mâle, se fasse passer pour une
mère n’est pas anodin. Une fois encore, les choix des poussins dépassent le cadre de la nature. Ils ont deux mamans dont une
est un renard… Là encore, il est question de liberté individuelle dans laquelle « tout le monde trouve son bonheur ».
C’est aussi une question de liberté qui est au cœur de la troisième pièce. L’un des débats qui occupe le film consiste à
savoir si le Père Noël existe et s’il peut être multiple. Canard et Lapin décident, après avoir tué un (faux) Père Noël, de
reprendre le rôle. Après des péripéties, ils vont finir par être déguisés, à voler avec un traineau et à distribuer des cadeaux en
passant par la cheminée. Ils deviennent eux-aussi des Pères Noël, à leur façon, c’est-à-dire décalée, mais ils parviennent à être
ce qu’ils désirent être. Puis, la rencontre avec le vrai Père Noël les émerveille et ils finissent par vouloir redevenir des enfants
et à lui laisser la distribution de cadeaux.
Le Grand Méchant Renard, sous des aspects comiques et parodiques qui se jouent des codes et des attentes, se veut être
un petit traité de liberté. La leçon de vie qui termine le film n’intervient pas par hasard, elle dévoile un aspect important qui
traverse l’œuvre. Cette puissance évocatrice, présente à chaque instant du film, même discrètement, témoigne de la puissance
de ce que peut être une histoire, à savoir un miroir légèrement déformant qui reflète la vie des spectateurs. Le choix d’une
pièce de théâtre dans laquelle les acteurs s’adressent directement à eux en est une preuve supplémentaire. C’est l’un des
pouvoir des histoires.
LES COSTUMES
Dans Le Grand Méchant Renard, l’habit fait le moine. Autrement dit, lorsqu’un personnage porte un costume, il parvient à
endosser totalement le rôle. Cela correspond entièrement à l’idée qu’un personnage peut être ce qu’il désire être, si cela le
rend heureux.
1. Le chapeau de jardinier
Lorsqu’il s’occupe paisiblement de son jardin, Cochon est un jardinier. Il est donc logique qu’il porte un chapeau de paille, qui
lui fait ressembler à un jardinier. Puis, lorsque Canard et Lapin entrent dans son potager pour le dégrader minutieusement,
Cochon ne jardine plus. Il tente de stopper les bêtises. Il est donc alors logique de ne plus voir de chapeau sur sa tête.
1. Cochon est un jardinier (porte un chapeau) 2. Perturbation 3. Il n’est plus jardinier (plus de chapeau)
Lorsqu’ils décident de prendre les commandes de l’avion, Lapin et Canard enfilent le costume du pilote. Ainsi déguisés, ils
prennent les commandes et parviennent à faire littéralement demi-tour. Preuve donc de leur capacité à piloter. Cochon,
répète même, le sourire aux lèvres « ils ont réussi ». Puis, lorsqu’en éternuant, Lapin ouvre la porte, ils ne sont plus pilote. Le
costume disparaît immédiatement.
1. Ils pilotent et portent le costume. 2. Ils réussissent à détourner l’avion 3. Ils perdent le contrôle et leur costume en même temps
3. Le déguisement de poule
Pour protéger les poussins du loup, Renard choisit d’aller dans la ferme, déguisé en poule pour passer incognito. Face aux
poules qui s’organisent, il devient très craintif. Au point même de se faire reprocher par les poussins d’être « une poule
mouillée » qui a peur de tout. Découvert par les poules, il va perdre son costume et être propulsé en l’air puis il retombe dans
la forêt. Dans les bras du loup, il retrouve de la vigueur et de la force en s’opposant à lui.
Déguisés en Père Noël et en lutin, afin de remplacer le vrai qu’ils pensent avoir tués, Canard et Lapin cherchent des
déguisements. Ils construisent ensuite un traineau pour distribuer les cadeaux. Face aux chiens, Canard affirme être le Père
Noël et la petite chienne y croit car il a « un bonnet rouge et une barbe blanche ». Ils vont ensuite réussir à faire voler le
traineau. En passant par la cheminée, Canard prend son rôle au sérieux. D’ailleurs les enfants y croient aussi. Puis, lorsqu’ils
ressortent par la cheminée, Canard a perdu son costume. Logique puisqu’ils vont découvrir quelques secondes plus tard le vrai.
Canard ne se prend plus pour lui, il ne porte plus son costume !
1. Canard se prend pour le Père Noël 2. Il va jusqu’à descendre par la cheminée 3. En sortant, il perd son costume car le vrai n’est pas loin
5 Le casque de chantier
Cochon répare sa maison dont l’une des façades s’est écroulée suite aux bêtises de Canard et Lapin. Cochon porte alors un
casque qui correspond à son activité. Lorsqu’il se dirige vers les deux animaux pour tenter de les protéger, il cesse de vouloir
réparer sa maison : il revient sur le toit sans son casque.
Tomber du ciel !
Catapulte, explosions, accidents, Le Grand Méchant Renard regorge de gags dans lesquels les personnages sont
propulsés en l’air. Deux des films ont pour point de départ un personnage qui tombe du ciel : la cigogne avec Pauline, puis le
faux Père Noël. Ces deux chutes constituent même les éléments déclencheurs des deux histoires.
Si ce type de chute sont légions dans les cartoons et à bien des égards, ce film peut être inscrit dans ce genre. Il semble
qu’il y ait une approche plus personnelle de la chute dans l’univers de Benjamin Renner. Une collaboratrice affirme même,
dans le making-of, que l’auteur met des catapultes partout. De fait, la plupart des gags visuels (pas ceux qui jouent avec le
texte et les voix) jouent avec la hauteur.
On trouve ici le décor général qui est au sommet de la Le coq, perché en hauteur, sur une botte de foin Cochon sort de sa maison. Il est en bas de l’image..
colline. Toutes les histoires farfelues démarrent d’un chante. Mais la laideur de sa voix, accompagnée de De fait, il est calme, paisible comme la musique. Pas
endroit situé en hauteur. sa toux réunit hauteur et humour. de hauteur, pas de comique !
Les travaux de jardinage se passent bien et les lé- Cochon, sur son échelle, cueille des pommes. Pour- La perturbation vient des deux amis qui sont sur la
gumes sont plutôt au sol. Toujours pas de comique tant, il n’y a pas de gag ici. Mais, cela prépare les palissade. Bêtises et altitude arrivent simultanément.
spectateurs à ce pommier (déjà vu sur scène).
De fait, la palissade écrase les haricots, le haut détruit Après quelques bêtises, Cochon stoppe les animaux Telle une pomme, une boule tombe de l’arbre. Mais il
le bas. sous le pommier que voulait traiter Lapin. Ce dernier s’agit de Pauline. Nouvelle incongruité venue d’en
veut encore tailler l’arbre. haut.
Nouvelle chute : la cigogne qui raconte son accident. Il confond le pommier avec un sapin (nouvelle insis-
tance sur l’arbre).
Tomber du ciel !
2. Les autres gags qui mettent en scène la hauteur dans « Un bébé à livrer ».
La catapulte qui envoie Cochon sur la route. Nouvelle Les oiseaux perchés sont source d’un gag (ils empruntent les chemins). A l’inverse, Loup qui vient de la route
idée farfelue des deux animaux. est plus source de peur que de comique !
Le gag du camion démarre commence par l’ascension de la montagne. Le camion est vu en hauteur, même lorsque le boucher se soulage, il est vu en haut. Cela per-
met de mieux préparer la chute lorsque les deux amis seront au volant.
La traversée du lac se fait sur des échasses, entrai- Les chasseurs qui ne sont pas, pour eux-mêmes, source de comique arrivent par le bas de l’image. A l’inverse,
nant le gag de l’espadon et des bonds de Cochon pour l’apparition du tarsier par ses yeux jaunes de fait dans la hauteur !
lui échapper !
La montée dans l’avion crée un nouveau rapport Le film s’achève par un catapultage. Cochon ayant un peu pris de l’esprit de Lapin et Canard s’autorise à se
entre les personnages et la hauteur ! L’un des gags comporter comme eux. La chute de la cigogne est tellement puissante qu’elle se termine sur la scène. Ici
consiste à confondre le linge de Pauline avec un encore, on confond les récits.
parachute.
Tomber du ciel !
3. Le Grand Méchant Renard. Il y a un peu moins de chute dans cet épisode. Pourtant, ça et là, on retrouve des éléments
présents dans les deux autres histoires.
Le premier gag du film se fait sous la surface. Renard avance dans la forêt et se cogne. Le renard monte la Les échasses sont de nouveau de sortie. Renard les
colline pour se rendre à la ferme, puis il monte sur les palissades. Là encore, il échoue. Renard est montré utilise pour effrayer les poussins et devenir le Grand
comme un personnage inadapté, tant dans la forêt qu’à la ferme, tant en dessous qu’au dessus. Méchant Renard. Voilà pourquoi il se grandit. Il
tombe , descend un peu de hauteur et fait rire les
petits. Ainsi, en montrant que Renard n’arrive pas à
maîtriser les échasses, l’auteur montre qu’il n’arrive
pas à être Grand, comme un Grand méchant Renard !
Ici aussi, le personnage se fait propulser en hauteur. Etonnamment, c’est cette hauteur qui lui permettra
de grandir et d’affronter le Loup. D’ailleurs, à la fin, il accepte de se faire catapulter, signe qu’il grandit, et
qu’il s’accorde avec la hauteur.
Les préparatifs de Noël se font dans le calme et la maîtrise de la hauteur. Cochon accroche calmement le
Père Noël et les arbres sont décorés tranquillement par les poules et leurs petits. Fifou, le moins dynamique,
est aussi le moins haut. Tout cela prépare les bêtises de Canard et Lapin.
Les premières bêtises des deux consistent à déranger tout ce qui est
en hauteur. D’abord, ils prennent la neige sur le toit de Cochon, puis
ils détruisent sa maison. Ensuite, ils « tuent le Père Noël »
délicatement accroché à la fenêtre.
Cochon va lancer la caddie qui survole la ville en passant sur les toits et sur les fils électriques.
Enfin, Cochon rencontre le Père Noël. Il le raccompagne chez lui tranquillement. Cochon se
retrouve en paix avec la hauteur et peut, le lendemain matin, adopter un discours plus
tolérant envers les deux amis.
5. LA MECANIQUE DU GAG
Les trois histoires fonctionnent de façon quasi-identiques en confrontant le personnage principal avec la hauteur.
LE GRAND MECHANT
RENARD
Au sens propre comme figuré, Il est propulsé dans les aires
Renard n’est pas à la hauteur. malgré lui. Il retombe dans les
Il devient une deuxième maman
A la forêt comme à la ferme il bras du Loup qu’il affronte. Et il
pour les poussins et n’a pas peur
est malmené. Même avec les appelle les poussins « mes
d’être « catapulté » par eux.
poussins, il n’arrive pas à être enfants ». Il est responsable, il est
le Grand Méchant Renard. adulte.
- C’est quand ?
1 2 3
Lorsque la Poule
retrouve ses poussins, la
famille « naturelle » est
rassemblée. Renard est exclu
de cette famille. On retrouve
alors dans le décor, cette
scission par l’intermédiaire
des arbres qui forment une 4 5
porte séparant les deux
groupes (1; 2). Pour les poussins, cette séparation n’existe pas puisque Renard est aussi leur maman. Cela se retrouve avec le poussin
qui s’accroche à sa queue, sans que nous ne la voyons franchir la porte (3) . Elle est passée d’un côté à l’autre sans souci. Ensuite, les
deux poussins qui les rejoignent passent de l’autre côté de l’arbre. Mais comme ils sont petits, ils marchent sur la neige et jamais nous
ne les verrons traverser l’arbre qui est au-dessus d’eux (4) . Ainsi, cela donne l’idée que, pour eux, il n’y a pas de séparation entre la
Poule et Renard, entre les deux mamans. Enfin, la Poule accepte un « arrangement » avec le Renard. A la sortie de l’école, ils sont
côte-côte, réunit dans le même plan (5).
PETITS DETAILS - EN +
FIGURER LE TEMPS QUI PASSE
1 2
3 4
Renard attend l’éclosion des œufs. Pour signifier le temps d’attente, Benjamin Renner utilise quelques éléments qui le
figure. Les toiles d’araignées qui signifient que Renard reste immobile. L’araignée au-dessus de sa tête a tout le loisir de tisser sa
toile. Au niveau sonore, une trotteuse est ajoutée ! (1) Renard va se lever pour vérifier si l’éclosion a eu lieu et il détruit les toiles
d’araignées (2). Retour sur son visage lorsque les coquilles cassent: l’araigne remonte (3). A la fin, il n’y a plus de toile, l’araignée se
cache et la trotteuse s’arrête ainsi que la musique (4)
Les escargots
PREMIERE ACTIVITE
A) Retrouvez des expressions françaises avec des animaux, en reliant les points.
… DE GARDE LOUP
Si vous pensez que l’expression correspond bien au personnage, coloriez les petits cercles en vert.
Si vous trouvez, au contraire, que l’expression ne va pas du tout avec le personnage, coloriez les petits
cercles en rouge.
LES QUESTIONS DU CARNET
DEUXIEME ACTIVITE
Voici six chapeaux. Un seul n’est pas porté par l’un des personnages du film.
TROISIEME ACTIVITE
Citez trois façons différentes qu’ont les personnages, de se retrouver jetés dans les airs.
QUATRIEME ACTIVITE
Quel est le nom de ce plan ?
Un plan moyen.
Un plan demi-ensemble.
Un plan d’ensemble.
Un plan général.
L’AFFICHE
Le succès de la Bande dessinée originale a poussé les
créateurs de l’affiche du film à reprendre les codes de la
couverture du livre. La police d’écriture du titre est la
même. On retrouve, au centre, le renard entouré de
poussins qui lui font des câlins, ce qui semble l’agacer.
2) Dans le titre, le Renard est décrit comme « grand et méchant ». En regardant l’affiche, trouvez vous
que cette description lui correspond ?
Oui Non
3) Combien comptez vous de groupes de personnages (c’est-à-dire des personnages proches les uns des
autres) ?
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………...
4) A votre avis, que peut vouloir dire ce chiffre ? (un indice se trouve quelque part dans l’affiche)
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………...
La cigogne : ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….
Le lapin : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
Le canard : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Le cochon : ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….
Le renard : ……………………………………………………………………………………………………………………………………………….
Le loup: ………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
La poule : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
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A LA RECHERCHE DES CLINS D’OEIL
Cycle 2 et Cycle 3
Le Grand Méchant Renard comporte quelques clins d’œil à d’autres œuvres d’art. Essayons de comprendre les références.
1. 2.
3. 4
5. 6.
7.
2. Désigne tous les éléments (dessins, peintures, accessoires, objets...) qui permettent de faire croire
5. C’est le côté gauche, lorsque l’on regarde la scène depuis la salle de théâtre
LE DECOR
CÔTE JARDIN
6. C’est le côté droit, lorsque l’on regarde la scène depuis la salle de théâtre
LES COULISSES
7. C’est l’endroit que l’on ne voit jamais, lorsqu’on est dans la salle. C’est là que les comédiens se LA SCENE
CÔTE COUR
costument et se maquillent.
LES PLANCHES
LES RIDEAUX
ECRITURE - LE DEBUT DU GRAND MECHANT RENARD
Cycle 3
Les dialogues de la bande dessiné, Le Grand Méchant Renard ont été effacés. A vous d’inventer les dialogues en vous
souvenant de l’histoire du film ou en revisitant toute la scène .
ECRITURE - LE DEBUT DU GRAND MECHANT RENARD
Cycle 3
ECRITURE - LE DEBUT DU GRAND MECHANT RENARD
Cycle 3
ECRITURE - LE DEBUT DU GRAND MECHANT RENARD
Cycle 3
ECRITURE - LE DEBUT DU GRAND MECHANT RENARD
Cycle 3
La bd originale
ECRITURE - LA NAISSANCE DES POUSSINS
Cycle 3
ECRITURE - LA NAISSANCE DES POUSSINS
Cycle 3
ECRITURE - LA NAISSANCE DES POUSSINS
Cycle 3
La bd originale
LE JEU INTERACTIF
Cycle 2 Cycle 3
Voici un jeu interactif très intéressant. Les joueurs prennent la place du Renard et font des choix qui modifient l’histoire.
https://www.editions-delcourt.fr/special/grandmechantrenard/turbomedia.php
CRÉER SA BD
Cycle 2 Cycle 3
PARTICIPEZ AU CONCOURS
CinéJeunes
Réalisez une planche de Bande Dessinée
autour du film. Vous pouvez vous aider des Envoyez vos oeuvres à CinéJeunes et gagnez des lots pour la classe..
personnages et décors ci-dessous ou choisir de L’équipe CinéJeunes votera pour élire les plus belles réalisations.
tout redessiner ou de tout inventer. Jeu ouvert jusqu’au 15 mai 2019. les œuvres doivent être envoyées par mail à info@cinejeunes.fr ou par courrier :
CinéJeunes, 10 avenue des Méliettes 35135 Chantepie. N’oubliez pas d’Indiquez le nom de la classe et de l’école.