Eglise évangélique du Gabon

« Ma candidature sera celle des Trois « R » :

rassemblement, réforme et renouveau » Lire en pages 3&8

ECHOS DU NORD
Hebdomadaire Gabonais d’informations — 17e année
“Change. Believe”
Barack Obama

N°774 du Lundi 27 Juin 2022 - Prix : 600 F.CFA

Françafrique Recrudescence des cas Covid

Ségolène Royal, une Le contre-feu pour étouffer

recrue de dernière minute l’audit de la gestion du Copil ?
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Casse de London

Le « contrat de vente immobilière »

originel est entaché d’erreurs Lire en page 3

Editorial
Le Gabon désor-
mais dans le
Commonwealth
Lire en page 5

Condoléances

Ayant appris avec

peine le décès de
Mme Astrid Kama,
sœur ainée de M.
Alphonse ONGOUO,
promoteur de presse,
survenu à Okondja le
09 juin 2022, M.et
Mme Désiré Éname
et l’ensemble du per-
sonnel de Nord
Edition adressent à
leur confrère, ainsi
qu’à toute la famille
douloureusement
éprouvée, leurs sin-
cères condoléances et
les assurent de leur
soutien moral.
ACTUALITÉS
Eglise évangélique du Gabon
« Ma candidature sera celle des Trois « R » :
rassemblement, réforme et renouveau »,
déclare le révérend Paul Francis Onvane
Propos recueillis
par Ramses Frank
Echos du Nord : L’Eglise
évangélique du Gabon
prépare son synode le
mois prochain et vous
comptez jouer un rôle
pour l’avenir de cette
Eglise. Avant d’aborder en
profondeur les questions y
relatives, peut-on en savoir
un peu plus sur le révé-
rend Paul Francis Onvane
? l’EEG pendant dix ans et
Révérend Paul Francis
Onvane : Je suis le pasteur
Paul Francis Onvane, né le
26 mars 1971 à Libreville. Je
suis de la région synodale du
Woleu-Ntem, plus particuliè-
rement du Haut-Ntem. Un
homme se définissant aussi
par son lieu d’attache, je suis
du village Zockloumou. J’ai
commencé mes études théo-
logiques à l’école de théolo-
gie protestante de Porto-
Novo, au Bénin. Je les ai
poursuivies à l’école de théo-
logie protestante d’Owendo.
Après ma consécration, le 29
mai 2005, à la paroisse pro-
testante de Nfoul, dans la
commune d’Oyem, j’ai servi
dans plusieurs paroisses de
l’Eglise évangélique du
Gabon. J’ai été président
régional du Woleu-Ntem de
2006 jusqu’au premier tri-
Prisonnier politique
Renaud Allogo Akoué
mestre 2010. Puis je suis allé
poursuivre et approfondir
mes études théologiques à
Ndikilimeki, au Cameroun,
où j’ai obtenu ma licence en
théologie après un bac théo-
logique. Je me suis égale-
ment inscrit à l’institut de
théologie évangélique
d’Ayane Nga, à Bitam. J’ai
été responsable de plusieurs
paroisses au sein de l’Eglise
évangélique du Gabon. J’ai
été aumônier des lycées de
actuellement je suis respon-
sable de la paroisse de
Minvoul, poste concomitam-
ment à mes responsabilités
d’aumônier du lycée Basile
Ndong Nang d’Ebomane,
tout en assurant le secrétariat
académique à l’école de
théologie protestante de
Libreville.
Vous avez été président de
la région synodale du
Woleu- Ntem pendant de
nombreuses années. Qu’y
avez-vous apporté comme
amélioration ?
Il faut d’abord noter que le
fonctionnement des régions
est conditionné par des res-
sources financières néces-
saires. Mais il se trouve que
faute de subvention, il ne
nous a pas été facile, mon
équipe et moi, de réaliser des
Pourquoi sont-ils en prison ?
Justin Ndoundangoye
investissements utiles pour la
région à cause de la quasi-
absence de ressources. Il faut
dire que ces ressources ne
proviennent que de l’effort
de participation des chrétiens
dans différentes paroisses. La
plupart de ces paroisses sont
économiquement faibles. A
savoir que la plupart des
paroissiens sont issus du
milieu agraire. Il est donc
impossible d’élaborer des
budgets prévisionnels sur des
estimations de rentrées subs-
tantielles. Mais cela ne m’a
pas empêché de mener des
opérations à certains
endroits. Par exemple au plan
administratif, j’ai mené de
Bertrand Zibi
… de comptes
Patrichi Tanassa Grégory LaccrucheAlihanga
petites réformes dont la traça-
bilité est établie. Une tâche
qui m’a paru impérative a été
d’instaurer des rapports des
plus cordiaux entre les mem-
bres de la région. Sur ce, j’ai
mis un accent particulier sur
la gestion du personnel pour
y arriver. J’ai pu rassembler
mes collègues pasteurs pen-
dant cette période. Nous
avons travaillé dans l’unité.
Au mieux, je dirai que celle-
ci a été raffermie. A défaut
d’investissements dans de
nouvelles infrastructures, au
plan administratif on a pu au
moins mettre une organisa-
tion en place.
Règlement…
On vous dit tout de même
entreprenant à titre per-
sonnel dans des interven-
tions au sein de certaines
paroisses pour des réfec-
tions de bâtiments et des
activités caritatives. Qu’en
est-il?
Il faut dire que cela participe
de ma nature. A savoir de me
mettre à chaque instant au
service des personnes à qui
l’évangile s’adresse les
grâces que Dieu met à ma
disposition. Je revenais
d’Allemagne lorsque j’ai été
affecté à Franceville. A cette
période, j’ai été instruit par
feu Emane Minko, pasteur et
ancien président de l’EEG,
d’implanter l’église dans
cette localité. J’étais alors très
jeune lorsque cette mission
m’a été confiée. Je n’avais ni
logement de fonction encore
moins un lieu de culte pour
réunir quelques ouailles qui
se présentaient déjà à mes
portes. Pour mener à bien
cette mission, il m’a fallu
l’aide de mes frères en
Allemagne pour m’acquitter
de certaines dépenses. Il m’a
également fallu prendre
d’autres initiatives et épaulé
par le gouverneur du Haut-
Ogooué de l’époque, M. Nze
Thomas Debouillon, des
démarches pour avoir un ter-
rain ont pu aboutir et c’est
Léandre Nzué
Ike Ngouoni
Lundi 27 Juin 2022
2
ainsi que 5 ha de terrain ont
été attribués au titre de
l’EEG. Seulement, l’EEG
n’ayant pas de moyens pour
investir sur ce terrain, nous
avons toutefois monté un
dossier qui est parvenu aux
mains d’Omar Bongo
Ondimba. Il a débloqué les
fonds nécessaires pour les
constructions des infrastruc-
tures dont nous avions
besoin. Je suis parti de
Franceville après avoir
construit un presbytère, un
temple de près de 220 m2 et
six salles de classe qui com-
posent aujourd’hui le lycée
protestant de Franceville
Mbaya. Vous voyez que par-
tout où je suis passé, j’ai tou-
jours laissé des traces de mon
passage. J’ai marqué celui-ci
dans le Woleu-Ntem lorsque
j’étais président régional. Il
en a été ainsi à la paroisse
d’Ondogo de Libreville. Il en
est également ainsi de
Minvoul où je me trouve
aujourd’hui. J’ai toujours
laissé une trace positive que
ce soit sur le plan financier,
j’ai toujours laissé des caisses
remplies. Il en est ainsi aussi
des infrastructures. Je le fais
actuellement à la paroisse qui
est à ma charge à Minvoul. Je
privilégie aussi beaucoup
dans ma démarche la convi-
vialité qui doit exister entre
Suite en page 8
Brice Laccruche Alihanga
Tony Ondo Mba
poLITIqUe Lundi 27 Juin 2022
33
Casse de London

Le « contrat de vente immobilière »

originel est entaché d’erreurs
Par Eliza Beaulieu

L
es dernières images de la
destruction d’une série
d’habitations appartenant
à une famille gabonaise au
quartier London, à Libreville,
ont choqué plus d’un et hantent
encore les esprits, tant à cause
de la situation de désolation que
traversent des compatriotes (qui
vivent désormais à la belle
étoile) qu’à cause des incohé-
rences juridiques dans cette
affaire.

L’historique

En date du 27 septembre 1927,

Jérôme Ndjimbi, père d’une
famille de cinq enfants, se voit
délivrer, par l’administration
coloniale, un permis d’occuper
le lot 563 d’une superficie de 10
000 hectares dans le village
situé à Glass. Estimant la pro-
priété trop grande pour lui tout
seul, le dénommé Jérôme
Ndjimbi en cédera une partie à
quelques membres de sa famille
et à des amis. Il conservera 1
274 m² en sa propre possession,
qui constituent la superficie
actuellement querellée.
Après son décès, la propriété de
la parcelle va échoir, en 1961, à
son fils Georges Bouanga
Ndjimbi, qui, lui-même, l’avait
acquise (la propriété de la par-
celle) de sa sœur Catherine
Tchibondo, après le décès de
cette dernière. Cette dévolution
de ladite parcelle naitrait, selon
les descendants de Jérôme
Ndjimbi, d’un conseil de
famille.
Georges Bouanga Ndjimbi
entamera la procédure de régu-
larisation foncière et c’est ainsi
qu’en date du 18 décembre
1971, il obtiendra, par ordon-
nance du président du tribunal
de grande instance (TGI)
Libreville, le titre foncier
N°2821 parcelle N°52 section F
du plan cadastral de Libreville.
Courant 1974, Georges
Bouanga Ndjimbi est approché
par des sujets libanais, les
dénommés Jaber Chali Abdoul
Hassan et Jaber Imad Rachid,
intéressés par la partie avant du
terrain. Ces derniers auraient
émis le souhait de conclure un
bail emphytéotique dans le des-
sein d’y établir des établisse-
ments commerciaux. Ce à quoi
Georges Bouanga Ndjimbi
aurait consenti.
Le 10 novembre 1976, rendez-
vous aurait été pris chez la
notaire intérimaire Virginie
Pages, demeurant à Libreville et
désignée par ordonnance du
président du TGI de Libreville.
En lieu et place d’un contrat de
bail emphytéotique, c’est un
contrat de vente immobilière
qui aurait été présenté à
Georges Bouanga Ndjimbi. Aux
dires du reste des descendants
de Jérôme Ndjimbi, Georges
Bouanga Ndjimbi aurait alors
refusé de signer l’acte à lui pré-
senté. Mais selon le dénommé
Jaber Chahi Abdoul Hassan, il y
aurait bel et bien eu transaction
et c’est fort, désormais, de son «
droit de copropriétaire » qu’il
va revendre sa moitié de la par-
celle à sieur Reslan Mohsen,
commerçant d’origine liba-
naise, le 14 octobre 1985.
La parcelle est désormais en «
copropriété » entre Jaber Imad
Rachid et Reslan Mohsen. En
date du 12 novembre 1997, la
propriété de la parcelle chan-
gera encore de mains puisque
les « copropriétaires » vont la
revendre à Jaber Zong Imad au
prix de 15 millions de FCFA,
celui-là même qui, par décision
de justice, sera autorisé à procé-
der à la destruction des habita-
tions des descendants de
Jérôme Ndjimbi, représentée
par dame Jeanne Ndjimbi qui,
elle, conteste l’authenticité du
contrat de vente établi entre son
frère, Georges Bouanga
Ndjimbi et les sieurs Jaber
Chali Abdoul Hassan et Jaber
Imad Rachid, au terme d’une
procédure s’étant étalée sur
vingt-quatre ans.
Cette décision de détruire les
habitations des descendants de
Jérôme Ndjimbi ne manque pas
de faire sourciller quant aux
violations du droit qu’elle met
au jour.
Du dépôt de l’acte de vente
La transaction qui aurait été
conclue entre Georges Bouanga
Ndjimbi et les dénommés Jaber
Chali Abdoul Hassan et Jaber
Imad Rachid est une vente
immobilière. Etant un contrat
pour lequel la loi exige une for-
malité particulière, la vente
immobilière se range, sous le
régime du droit des obligations,
dans la catégorie des contrats
solennels.
La seule volonté des parties ne
suffisant plus pour créer des
obligations, le législateur a
imposé, dans le cadre des
contrats solennels, une condi-
tion de forme à titre de validité.
Ainsi, tout contrat de vente de
bien immeuble doit, en plus de
la volonté des parties à contrac-
ter, donner lieu à l’établisse-
ment d’un acte authentique à
peine de nullité.
De manière plus générale, en
droit des obligations, il est
impératif de s’assurer que le
contrat sera valable aux yeux de
la loi, c'est-à-dire que toutes les
conditions de validité du contrat
seront remplies. Et ce, question
de sécurité juridique, afin de
s’assurer que le cocontractant
ou n’importe quel tiers ayant un
intérêt à faire prévaloir sur le
contrat ne sera pas en mesure de
contester sa validité.
Pour la bonne compréhension
du lecteur, il est primordial
d’apporter la définition d’une
condition de validité d’un
contrat. Ce sont les conditions
de validité du contrat qui déter-
minent s’il est valable ou sus-
ceptible d’être annulé. En effet,
l’enjeu est capital : si le contrat
n’est pas valable, les parties ne
sont pas engagées à le respecter
et il ne peut être opposable à qui
que ce soit ayant un intérêt à y
faire prévaloir. Ne pouvant
alors être exécuté, le contrat
sera de nul effet et cette nullité
replacera les parties dans la
même situation que si le contrat
n’avait jamais existé. Cela
impliquera, par exemple, la res-
titution du bien et du prix, en
cas de contrat de vente.
Pour qu’un contrat soit donc
valable, l’article 1108 du Code
civil ancien énonce quatre
conditions :
- Le consentement des parties,
consentement matérialisé par
les signatures des personnes qui
s’obligent. Le consentement ne
doit être altéré par aucun vice
ou erreur. Il doit être libre et
éclairé.
- La capacité de contracter des
parties : les cocontractants doi-
vent être juridiquement capa-
bles (majeurs et non interdits
par la loi, comme des déficients
mentaux ou des personnes pla-
cées sous tutelle ou curatelle) ;
- Le contenu du contrat doit être
licite : respectueux de la loi et
des bonnes mœurs
- Le contrat doit être certain :
les biens faisant l’objet du
contrat doivent être déterminés
ou déterminables à l’avance.
Il revient maintenant d’appli-
quer tout ce qui vient d’être
énoncé au cas en l’espèce. Voici
la retranscription fidèle de l’élé-
ment constituant le dépôt de
l’acte de vente du terrain que
Georges Bouanga Ndjimbi
aurait cédé aux dénommés
Jaber Chali Abdoul Hassan et
Jaber Imad Rachid : « du 29
décembre 1976, dépôt d’acte de
vente d’un terrain par monsieur
Georges Bouanga Ndjimbiaux
sieurs Jaber Imad Rachid et
Jaber Chali Abdoul Hassan.
Par devant Me Virginie Pages,
notaire intérimaire à Libreville
(République gabonaise), y
demeurant soussignée, désignée
par ordonnance de monsieur le
président du TGI de Libreville,
en date du 10 novembre 1976,
ont comparu : monsieur
Georges Bouanga Nguiobi
(sic), demeurant à Libreville, né
à Libreville le 31 décembre
1917, monsieur Jaber Imad
Rachid, commerçant, demeu-
rant à Libreville, boite postale
3405. Né à Nabatieh (Liban) en
1933, et monsieur Jaber Chali
Abdoul Hassan, commerçant,
demeurant à Libreville, boite
postale 3405, né à Nabatieh
(Liban). Lesquels ont remis au
Suite en page 6
poLITIqUe
Françafrique
Ségolène Royal, une recrue de dernière minute
Par Mihindou Bissielou
E
videmment que Ségolène
Royal, ministre française
de l’Ecologie sous
François Hollande, va faire
valoir son expertise dans les
énergies renouvelables pour jus-
tifier sa présence au Gabon la
semaine dernière, paradant aux
côtés de Sylvia Bongo dans une
maternité alimentée grâce à
l’énergie solaire à Bifoun, au
centre du Gabon. Mais c’est
croire les Gabonais ignorants des
mœurs mafieuses entre la classe
politique française et les diri-
geants gabonais.
Si, en règle générale, la frança-
frique est le sport favori des
hommes politiques français de
droite (les gaullistes), un poli-
tique de gauche s’est rendu cou-
pable d’une vaste escroquerie au
Gabon. Il s’agit de Bernard
Kouchner, qui s’était fait grasse-
ment rétribuer par le contribua-
ble, du temps d’Omar Bongo,
pour une étude sur le système de
santé gabonais qu’un de nos bril-
lants médecins avait qualifiée de
« bidon » et taillée en pièces. Le
journaliste d’investigation et
essayiste Pierre Péan s’en était
fait l’écho dans son opus intitulé
« Le Monde selon K ».
Sans doute pour se montrer
conséquent, Bernard Kouchner a
fini par frayer avec les mafieux
de la droite française. Le fonda-
teur de Médecins Sans frontières
(MSF) a été ministre des Affaires
Crise alimentaire mondiale
Les supplications éhontées de l’Union africaine chez Poutine
SYA
E
n allant « quémander », en
début de mois, du blé et du
maïs à Vladimir Poutine, le
président de la fédération de
Russie, Macky Sall, le président
du Sénégal et président en exer-
cice de l’Union africaine (UA), a
volontairement induit en erreur
de nombreux de nombreux
Africains sur la nature de la crise
alimentaire mondiale redoutée
par le monde entier et les capaci-
tés du continent africain à y faire
face, sans passer par la case «
humiliation » à Sotchi, en
Russie.
S’il est vrai que la Russie et
l’Ukraine représentent 30 % du
marché mondial du blé et un peu
plus pour le maïs, les distorsions
du marché mondial du blé obser-
vées actuellement ne peuvent en
aucun cas être attribuées à l’ab-
sence de blé ukrainien sur le
marché. Contrairement à ce qu’a
laissé sous-entendre Macky Sall
à Sotchi.
Selon un spécial français des
marchés agricoles, s’exprimant
sur Radio France Internationale
il y a dix jours, l’Ukraine avait
déjà écoulé tout son stock de blé
de la première campagne avant
l’invasion de la Russie. La ques-
tion de l’approvisionnement du
marché en blé ukrainien ne va se
poser qu’à partir de la prochaine
récolte qui doit avoir lieu avant
le mois de septembre. Ce qui se
étrangères de Nicolas Sarkozy.
Le président français de 2007 à
2012 est l’illustration parfaite du
françafricain. Filleul des parrains
Charles Pasqua et Jacques
Chirac.
Comme bien d’autres avant elle
donc, Ségolène Royal va se faire
payer à prix d’or sa prestation au
Gabon. Naturellement, la manne,
en liquide, ne sera jamais décla-
rée au fisc français. François
Fillon facturait ses soporifiques
conférences dans un pays afri-
cain à plusieurs centaines de mil-
liers d’euros.
Les relations incestueuses entre
la classe politique française et
son homologue africaine sont à
l’origine des déboires de certains
hommes de l’Hexagone. Le cas
le plus dramatique est la défaite
de Valéry Giscard d’Estaing en
passe sur le marché du blé
actuellement est plutôt corrélé à
la forte demande liée à la recons-
titution des stocks stratégiques
pour de nombreux Etats au sortir
de la pandémie Covid-19.
Naturellement, la Russie se livre
à la rétention de sa production,
pour en faire un élément de sa
riposte contre les sanctions éco-
nomiques prises à son encontre
par tous les pays occidentaux en
réaction à son agression contre
l’Ukraine. Au lieu de se lamenter
de l’invisible blé ukrainien qui
ne sort plus des ports ukrainiens
de la Mer noire, Macky Sall
aurait mieux fait « d’exiger » de
son homologue russe la fourni-
ture au marché des stocks de blé
russe.
De même, le président en exer-
cice de l’UA a évoqué la ques-
1981 en partie à cause de l’af-
faire du diamant de Bokassa qui
avait éclaté quelques années
auparavant. Après sa chute orga-
nisée, l’ex-empereur oubanguien
s’était mis à reprocher à son ami
qu’il couvrait de présents, dont
la célèbre pierre précieuse, une
forme d’ingratitude.
Ségolène Royal n’a cure de ces
précédents. Manifestement,
l’avenir de la candidate malheu-
reuse à la présidentielle de 2007
est derrière elle. A presque 70
ans, elle ne figure plus parmi les
éléphants du Parti socialiste fran-
çais qui est lui-même en lam-
beaux, à en juger par les scores
risibles de ses candidats, Benoît
Hamon et Anne Hidalgo, aux
deux dernières présidentielles.
La quasi-septuagénaire est égale-
ment consciente de la vague de
tion des engrais minéraux dont
une grande partie est produite en
Russie, en Ukraine et en
Biélorussie. Le Sénégalais s’in-
quiétait du peu de disponibilité
de ces produits pour les agricul-
teurs africains. Circonstance
aggravante, sans ces engrais, la
production des céréales locales
en Afrique serait non optimale.
Un déficit en céréales locales
allié à la carence du blé sur le
marché international conduirait
inexorablement à la famille en
Afrique.
Sauf que Macky Sall a omis, on
ne sait pas trop pour quoi, de se
rappeler que l’Afrique dispose,
depuis mars 2022, de la
deuxième plus grosse usine de
production d’engrais au monde.
Elle a été construite au Nigeria
par l’homme d’affaires Dangote.
jeunisme qui s’est matérialisée
par l’irruption d’un Emmanuel
Macron à peine quadragénaire.
Alors, Ségolène Royal, native de
Dakar, achève de convaincre que
son indignation à la suite du dis-
cours injurieux tenu par Nicolas
Sarkozy dans la capitale sénéga-
laise peu après son élection
comme président de la
République n’était qu’une pos-
ture face à celui qui venait de la
battre. Qu’il lui plaise, cepen-
dant, de savoir que c’est aussi
cette moquerie de sa classe poli-
tique à l’égard des Africains qui
fait que la France a perdu pied
sur le continent noir. Accrochée
à des schémas éculés, la classe
politique française est incapable
de se réformer pour commercer
autrement avec l’Afrique. Le
drame c’est que même le quadra-
génaire Macron éprouve le plus
grand mal à penser une nouvelle
relation avec le continent.
L’année dernière, il était allé par-
rainer une violation flagrante de
la Constitution au Tchad, en
adoubant le fils du dictateur
Idriss Deby. Les exemples de la
Républicaine centrafricaine, du
Mali, de la Guinée et du Burkina
Faso ne suffisent pas pour créer
l’électrochoc chez les politiques
français.
Qu’elle le veuille ou pas, la
France a perdu le Gabon à cause
de ses atermoiements lors du
coup d’Etat électoral à la prési-
dentielle de 2016. Va-t-elle ten-
ter de se rattraper l’année pro-
chaine?
Sa capacité de production est de
3 millions de tonnes par an. De
quoi rendre très excédentaire le
marché nigérian des engrais qui
en produisait déjà presque
autant, pour une capacité de
consommation qui oscille entre 4
et 5 millions de tonnes par an. La
Russie est certes le premier
exportateur d’engrais au monde,
mais le Nigeria, avec cette nou-
velle usine et un accroissement
des capacités existantes, vise à
lui ravir cette place.
A en croire le patron de la
Banque centrale du Nigeria, par-
tie prenante de ce projet, Macky
Sall, en allant si loin à Sotchi, au
lieu de regarder dans les envi-
rons, ne veut pas que Vladimir
Poutine et la Russie perdent cette
première place au profit du
Nigeria et de l’Afrique. Il n’est
pas le seul dirigeant africain à
réfléchir ainsi. Mais l’usine de
Dangote croule déjà sous les
commandes des producteurs bré-
siliens, mexicains et indiens,
d’anciens clients des Russes.
Tandis que les pays africains,
dont le Sénégal, continuent de
lorgner vers la Russie, au lieu du
Nigeria qui se trouve pour beau-
coup à moins de trois jours de
navigation. Macky Sall doit
reconsidérer sa position et
s’apercevoir que, d’ores et déjà,
la solution pour faire face à la
crise alimentaire annoncée se
trouve en Afrique, au Nigeria et
non si loin à Sotchi.
Lundi 27 Juin 2022
4
Brèves
Recrudescence des cas Covid
Le contre-feu pour
étouffer l’audit de la
gestion du Copil ?
Mis en difficulté par l’audit
de la gestion des fonds
reçus par le gouvernement
pour la riposte contre le
coronavirus, le ministre de
la Santé, Guy Patrick
Obiang Ndong, cherche à
orienter les caméras vers le
nouveau péril causé par les
sous-variants Omicron, qui
relancent la pandémie. La
dramatisation est excessive,
au point d’annuler un
déplacement du président
de la République sur Port-
Gentil, la veille de l’évène-
ment. Mais, dans le même
temps, il laisse se dérouler
dans le format prévu la
course à pied dénommée «
les 10 km de Port-Gentil »,
dans un contexte de « pro-
pagation accélérée du
virus».
Manf 10 considère
que « les Gabonais ne
sont pas structurelle-
ment agricoles »
C’est une sortie de route de
plus du ministre du
Commerce, qui, a minima,
mérite un recadrage du chef
du gouvernement, Rose
Christiane Ossouka
Raponda. Invité à Paris au
salon organisé par le
Conseil des investisseurs
français en Afrique, Yves
Fernand Manfoumbi a fait
cette déclaration choc au
micro de Radio France
Internationale.
Nous y reviendrons.
Les élus démission-
naires du PSD
broient du noir
Un député et plusieurs élus
locaux, dans le département
de la Zadié (Mékambo,
Ogooué-Ivindo), avaient
annoncé, le 14 avril 2022,
leur démission du Parti
social démocrate (PSD) de
l’ancien vice-président
Pierre Claver Maganga
Moussavou. L’affaire était
intervenue peu de temps
avant la visite officielle du
chef de l’Etat dans la pro-
vince de l’Ogooué-Ivindo.
Deux mois plus tard, les
langues commencent à se
délier sur le non-respect par
le Parti démocratique gabo-
nais (PDG) des engage-
ments pris en faveur des
démissionnaires. Yan
Ngoulou, le directeur de
cabinet de Noureddin
Bongo Valentin, et
Cyriaque Mvouradjami, le
directeur du cabinet poli-
tique du président du PDG,
Ali Bongo Ondimba, qui
étaient à la manœuvre dans
cette opération de débau-
chage sont devenus curieu-
sement injoignables. Que se
passe-t-il pour que les enga-
gements pris au nom d’Ali
Bongo Ondimba par les
membres de son « premier
cercle » peinent à se
concrétiser ?
Nous y reviendrons.
poLITIqUe Lundi 27 Juin 2022
5
Affaire testament de Bertrand Zibi Abeghe
L’eDIToRIAL Les héros ne meurent jamais !
de Désiré ENAME
Par Arthur Page
Le Gabon désormais
L
ors de sa coura-
geuse et patrio-
dans le Commonwealth tique démission
de sa charge de député

L
’annonce est tombée samedi 25 juin dernier. Le Gabon a du PDG le 23 juillet
rejoint le groupe des 54. L’argument des autorités gabonaises 2016, en présence
est de mettre en avant la vaste communauté du d’Ali Bongo, pour
rejoindre le camp de
Commonwealth, soit plus de 2 milliards de consommateurs. Et l’opposition, Bertrand
donc l’intégration dans ce vaste marché. La question est : comment Zibi Abeghe a suscité
y allons-nous ? Qu’avons-nous à offrir ? Seulement nos matières l’admiration d’une très
premières ? grande majorité du
Le Gabon, dans la sous-région de l’Afrique centrale, n’a pas eu la peuple gabonais.
capacité de concurrencer solidement ses partenaires, et ce sur tous Depuis cette date, les
Gabonais acquis à sa
les plans. Il fut un temps, et c’est encore le cas, le renfort nous est cause ont le sentiment
parfois venu des pays frontaliers pour suppléer à la faiblesse de la que celui qu’ils sur-
main-d’œuvre au niveau de l’éducation nationale. Le grenier du nomment affectueuse-
Gabon n’étant pas constitué, il reste toujours dépendant de la ment « le Ndjim » paie
banane du Cameroun et du Congo Brazzaville, ainsi que du manioc au prix fort sa bra-
de ces pays. voure. D’abord arrêté
au matin du 1er sep-
Le tissu entrepreneurial gabonais ne l’est que de nom. Les indus- tembre 2016, il est,
triels sont Français, et aujourd’hui Singapouriens ou Indiens. Ces selon ses propres
deux derniers pays n’apportant qu’une faible valeur ajoutée à notre déclarations pendant
économie. Le bloc de Nkok, où trônent les hommes d’affaires issus son procès, « battu,
de ces deux derniers pays, n’a pas permis l’éclosion d’une classe torturé, isolé » pour
d’hommes d’affaires gabonais à même de booster le secteur ter- écoper ensuite d’une
peine de six ans d’emprisonnement. Peine
tiaire et générer des emplois valorisants. Alors, avec une économie qui devrait prendre fin en septembre.
dont on perçoit difficilement le modèle, en quoi l’adhésion au Sauf qu’en date du 13 juin 2022 dernier,
Commonwealth est-elle une aubaine ? Bertrand Zibi Abeghe adressait, depuis sa
cellule de la prison de Gros Bouquet à
Comment s’y est-on préparé ? Une question qui restera sans
réponse positive. Pour la simple raison que sa petite majesté Ali Libreville, une lettre (qu’il a baptisée « son
testament ») à « la très haute attention de son
Bongo Ondimba a pensé que la gouvernance d’un pays pouvait se Excellence Ali Bongo Ondimba, Président
limiter à quelques effets d’annonce. Ainsi en a-t-il été de la langue de la République gabonaise, Chef de l’Etat
anglaise qu’il présentait comme la deuxième langue de travail en », dans laquelle il rejette la proposition qui
amont de son délire de se retrouver dans cet ensemble. Pour qui le lui a été faite par le régime en place, d’ac-
Commonwealth ? Pour lui. cepter sa nomination au poste de Vice-prési-
dent de la République.
En définitive, ce qu’il faut voir dans toute cette affaire est la seule
volonté de sa petite majesté certes de snober la France pour recher- Prenant le Peuple gabonais et « ses héros » à
témoin, Zibi Abeghe raconte au monde
cher d’autres protecteurs qui l’aideront à conserver un pouvoir qui entier les conditions entourant cette proposi-
n’est rien d’autre pour lui qu’un gadget ; mais cette décision ne sau- tion : soit il l’accepte, soit un autre mandat
rait ne pas se résumer à un caprice de plus. Ali Bongo Ondimba, de de dépôt lui sera décerné, avec à la clé, une
tout temps, n’a jamais tempéré ses penchants pour le monde anglo- détention à vie.
saxon. Lorsque, dans sa jeunesse, il va s’essayer à la musique, c’est
Le testament de Lumumba, le testament
à un Bobby Hewitt, arrangeur de James Brown, qu’il recourra pour de Zibi !
mettre en route le « Brand New Man ». L’on a pensé un certain
temps que l’escapade à Londres au début de son mandat ne serait Cette jonction, qui peut être surprenante
que passagère. Oh que non ! Il a fini par prendre ses quartiers à pour certains, reflète pourtant de grandes
Mayfair, un des quartiers les plus chics de Londres. Au cours de son similitudes entre les actes posés par ces deux
mandat, passé les Ferrari offertes par Michel Tomi en mars 2011, grands personnages.
ses voitures de prédilection seront la Rolls Royce Phantom et la La fracassante démission de Zibi Abeghe le
23 juillet 2016, avec le discours qui l’a
Bentley sous toutes ses déclinaisons. accompagnée, n’est pas loin de rappeler la
Après l’accident vasculaire cérébral de Riyad, en Arabie Saoudite, mémorable humiliation que le tout premier
et le suivi de santé à Marrakech, au Maroc, où va-t-il passer ses Premier ministre de la jeune République du
convalescences et sa rééducation ? N’est-ce pas à Londres ? Notre Congo avait infligée au Roi des Belges, en
ministère de l’Environnement et des Eaux et Forêts n’avait pas de date du 30 juin 1960.
Gabonais de souche qui soient de taille, et au fait des questions Tous les deux ont connu, à partir du moment
où ils se sont démarqués du commun des
environnementales que le British Lee White. mortels, les persécutions du pouvoir qu’ils
Sa petite majesté Ali Bongo Ondimba, en décidant de l’intégration ont osé braver. Du fond de leurs cellules res-
du Gabon dans le Commonwealth, ne devait-il pas soumettre ce pectives, ils ont adressé à leurs compatriotes,
projet au Parlement ? Voire de demander l’approbation des en prenant le monde et l’Histoire à témoin,
Gabonaises et des Gabonais, via un referendum ? Il s’agit tout de un testament, non pas geignard, mais pur,
même d’une situation qui vient bouleverser la vie des citoyens de serein, empreint de ferveur et d’idéal. Un
testament incarnant leurs valeurs d’hommes
ce pays et, d’une certaine manière, bousculer le cours de notre his- courageux, restés dignes même dans l’humi-
toire. liation. Un testament pour la Postérité.
En définitive, l’histoire du Commonwealth est une affaire de sa Tous les deux ont connu, de leur arrestation
petite majesté Ali Bongo Ondimba seul. Elle ne concerne en rien le à leur emprisonnement, des sévices et de
mieux-être des Gabonais. Les débats sont ouverts. graves manquements à leurs droits les plus
fondamentaux. Désormais, le statut de
Bertrand Zibi a transcendé celui de simple
politique. Pour certains médias internatio-
naux, c’est un prisonnier politique. Pour le
peuple gabonais, un héros national. Le main-
tenir perpétuellement en prison ou le tuer ne
changera plus jamais la perception que ses
compatriotes ont de lui.
Donc si le but de son élimination cache la
crainte pour le régime de le voir érigé au titre
de héros national par son peuple, c’est trop
tard. Cette élimination sera gratuite, très mal
perçue par le peuple gabonais et les coupa-
bles seront désignés.
Zibi Abeghe n’appartient plus à sa famille
biologique. Il est dorénavant le fils, le grand-
père, le père, le frère et l’époux de tous les
Gabonais et Gabonaises. Il doit nous revenir
à tous, de cette cellule où ses nobles idéaux
l’ont plongé. Il doit nous revenir vivant.
En dissolvant son corps dans de l’acide, la
tyrannie impérialiste a cru qu’elle effacerait
Patrice Lumumba de la mémoire collective.
Gravissime erreur ! Il en est ressorti plus
grand, plus beau, plus majestueux, presque
christique. Donc éternel. Comme l’est désor-
mais Bertrand Zibi.
L’assassinat de Patrice Emery Lumumba a
été la source d’une grande cassure sociale
dans le pays qu’il a tendrement aimé et pour
lequel il a versé de son sang. Les auteurs de
sa mort prématurée, pour certains, ont ren-
contré leur juste karma.
Le décès provoqué de Bertrand Zibi creuse-
rait davantage la fracture déjà visible entre
les Gabonais, depuis la crise postélectorale
de 2016. Les Gabonais veulent d’un pays
unifié mais pas au prix de la vie de leurs plus
valeureux frères. La mort de Bertrand Zibi
n’arrangerait rien dans un pays où deux caté-
gories de la population se regardent en
chiens de faïence.
En publiant ce testament, en le rendant
accessible au reste du monde, Zibi Abeghe a
déjoué les sombres plans qui se dessinaient
contre lui. En septembre, il ne restera plus
qu’à le libérer.
ZIBI ABEGHE, A TA’A, O NE FAM !!!!

Directeur de la Publication Rédacteur en Chef éditorial

ECHOS DU NORD
Désiré ENAME Jean Michel Sylvain: Mail, ansy1114@ gmail.com
Co-Directeur de la Publication Coordinateur Impression : MULTIPRESS -
Pierre Durand Distribution : CODIPRESS
Raissa Oyeasseko Analystes: Ramses Frank
Tel: 066.99.62.99 (rames.franck@gmail.com)/ SYA/Arthur Page / Tirage : 10.000 ex.
Rédaction : 01.73.38.00 Zang Memine/Etienne Francky Meba Ondo D.L.B.N N°2359/11/2016
Directeur de la rédaction délégué Journalistes : Sophie Beuve Mery / Pierre
MIHINDOU BISSIELOU Durand/Gil Lawson / Meboon
poLITIqUe
Le « contrat de vente immobilière »
originel est entaché d’erreurs
Suite de la page 3
notaire soussigné pour être déposé au
rang de ses minutes à la date de ce jour,
en vue de l’accomplissement des forma-
lités de publicité foncière conformément
à la loi du 08 mai 1963 : l’original d’un
acte sous seing privé en date à
Libreville, du 26 janvier 1976 (la date ici
est écrite en lettres), enregistré à
Libreville Gabon, le 21 juillet 1976,
volume 77-Folio 249-numéro 1678, aux
droits de quatre cent mille (400 000)
francs CFA ».
Pour faciliter la compréhension du lec-
teur, il est capital de procéder, ici, à un
résumé de ce texte :
- Messieurs Georges Bouanga Ndjimbi
(Nguiobi, dans le dépôt rédigé par la
notaire), Jaber Imad Rachid et Jaber
Chali Abdoul Hassan auraient tous les
trois comparu devant Me Virginie Pages
le 10 novembre 1976 pour lui remettre
l’original sous seing privé de l’acte de
vente conclu le 26 janvier 1976 ;
- L’acte de vente aurait été déposé au
rang des minutes du cabinet de Me
Virginie Pages en date du 29 décembre
1976 ;
- Le dépôt de l’acte de vente comporte,
sur sa dernière page, les trois noms des
parties retranscrits à la machine, sans les
signatures des parties avec, en dessous,
le nom de la notaire, son cachet et sa
signature.
A ce stade, selon le dépôt de l’acte de
vente, dépôt procédé par la notaire elle-
même dans le rang des minutes de sa
propre étude, ledit acte de vente aurait
inclus trois parties : Georges Bouanga
Ndjimbi, Jaber Imad Rachid et Jaber
Abdoul Hassan.
Il est également à noter que l’état civil de
Georges Bouanga Ndjimbi est plus
détaillé que celui de ses deux « cocon-
tractants », pourtant censés être plus âgé
qu’eux. En effet, alors que le jour, le lieu
et l’année de naissance de Bouanga
Ndjimbi sont connus, seules l’année et la
ville de naissance des sujets libanais sont
mentionnées.
Par ailleurs, les dénommés Jaber Imad
Rachid et Jaber Chali Abdoul Hassan,
quoique les liens qui les unissent soient
ignorés, portent tous les deux le même
prénom, sont nés dans la même ville, la
même année et ont la même boite pos-
tale.
Du « contrat de vente immobilière »
Après analyse de la copie du contrat de
vente, trois anomalies y ressortent :
- A la toute première page dudit contrat,
trois personnes l’auraient conclu en date
du 26 janvier 1976 : Georges Bouanga
Ndjimbi, Jabenr Imad Rachid et Jaber
Abdoul Hassan. Or, à la dernière page
dudit acte, dans l’espace réservée à la
déclinaison des noms et signatures des
parties, seul le nom d’Imad Rachid Jaber
et celui de Bouanga Georges sont dacty-
lographiés. Où était le dénommé Jaber
Abdoul Hassan ? Les noms des trois «
contractants » auraient dû pourtant
apparaître dans l’espace réservé aux
signataires ;
- A l’article 8 du contrat de vente,
il est stipulé ceci : « dépôt au notariat :
les parties soussignées donnent tous
pouvoirs au porteur d’un original des
présentes à l’effet de déposer au rang des
minutes de Me Anguile, notaire à
Libreville, le présent acte de vente en
vue de l’accomplissement des formalités
de propriété foncière, reconnaissant
expressément que les signatures et
paraphes de chacune d’elles apposés sur
cet acte ainsi que les mentions d’appro-
bation et de sincérité du prix qui précè-
dent les signatures, émanent bien d’elles
». Dans cet article, le présent contrat de
vente aurait été déposé au rang des
minutes de l’étude du notaire Anguile,
alors que, tel qu’énoncé plus haut, l’acte
aurait fait l’objet d’un dépôt au rang des
minutes de la notaire Virginie Pages, qui
a apposé son sceau sur la copie de l’en-
registrement dudit contrat. Dans les
minutes, de quelle étude ce fameux
contrat aurait-il donc été déposé finale-
ment ? Cet article comporte donc une
fausse mention ;
- Encore à la dernière page de ce contrat
de vente, il est écrit qu’en date du 26 jan-
vier 1976, Imad Rachid Jaber « sous les
peines édictées par les lois en vigueur
que le précédent acte exprime l’intégra-
lité du prix convenu ». En dessous de ces
mentions, apparaît l’usuel « Lu et
approuvé » suivi du nom (il est à rappe-
ler que celui de Jaber Abdoul Hassan est
absent) et d’une signature qui semble
être celle du dénommé. A l’extrême
droite, est dactylographié le nom de
Bouanga Georges, suivi de sa profes-
sion, tailleur (alors que la profession
d’Imad Rachid Jaber n’est pas mention-
née dans cette partie), des mêmes men-
tions garantissant que le soussigné
affirme être d’accord sur le prix, du « lu
et approuvé » mais en lieu et place de
l’obligatoire signature de Bouanga
Georges, c’est juste son patronyme
frappé à la machine qui est visible. Il
appert que Bouanga Georges n’a pas
signé ce contrat.
C’est alors l’occasion de rappeler qu’un
contrat de vente immobilière, contrat
solennel, se doit de remplir des formes
qui sont substantielles, sinon prescrites à
peine de nullité. La signature d’un
contractant est impérieuse pour la
conclusion et la validité d’un contrat,
parce qu’elle seule manifeste le consen-
tement de la partie qui veut contracter.
Or, si le contrat ne remplit pas toutes les
conditions à sa validité, il est nul et les
parties, ou tous les tiers ayant un intérêt
à y faire prévaloir ne sont pas tenus de le
respecter. Avec pour conséquence que sa
nullité replace les parties dans la même
situation que si le contrat n’avait jamais
Lundi 27 Juin 2022 6
existé.
Il pourrait être trouvé des excuses aux
sieurs Bouanga Ndjimbi, Imad Rachid et
Abdoul Hassan de ne pas s’y connaître
en législation des obligations. Mais
quelle est celle (l’excuse) que pourrait
invoquer la notaire de ne pas savoir que
dans le cadre d’une vente immobilière,
donc un contrat solennel, la signature
des parties contractantes est Obligatoire
? Si le contrat avait réellement été
conclu, cette pratiquante du droit aurait
dû expressément recommander à
Bouanga Georges de le signer car toute
absence de signature dans un contrat, a
fortiori solennel, aurait pour consé-
quence son invalidité et sa non opposa-
bilité aux tiers.
Dans ce dossier, la base de ce litige est le
contrat prétendument avoir été conclu
entre Georges Bouanga Ndjimbi et les
sieurs Jaber Amad Rachid et Jaber
Abdoul Hassan. C’est ce contrat qui sert
de jonction entre toutes les autres ventes
conclues entre Andoul Hassan et Reslan
et Reslan et Jaber Imad Nzong. Or, un
principe de droit dispose que « nemo
auditur propriam turpitudinem allegans
», en d’autres termes nul ne peut se pré-
valoir de sa propre turpitude.
Si le contrat conclu entre Abdoul Hassan
Jaber (dont la signature n’apparaît ni sur
le contrat de vente original, ni sur la
copie du dépôt de l’acte de vente dans
les minutes de la notaire Virginie Pages
(et non Anguile, tel que mentionné à
l’article 8 du contrat de vente) et
Georges Bouanga Ndjimbi est faux, est,
par conséquent, nulle la vente conclue
entre Abdoul Hassan et Reslan Mohsen.
Comme est nulle la transaction conclue
entre Reslan Mohsen et Jaber Imad
Nzong. Attendu que toutes ces ventes
ont un seul dénominateur commun : le
pseudo-contrat de vente entre Georges
Bouanga Ndjimbi et les dénommés Jaber
Imad Rachid et Jaber Abdoul Hassan. Ce
contrat étant entaché de graves erreurs
faisant douter de son authenticité et de
nature à conduire à son invalidité, il ne
peut, par conséquent, produire aucun
effet juridique. Toutes les transactions
établies par la suite, sur la base de ce
contrat vicié, sont également de nulle
existence.
C’est un point de fond et un principe de
droit basique qu’il aurait d’abord fallu
respecter dans cette affaire. Et des
Gabonais, descendants de Jérôme
Ndjimbi, collatéraux de Georges
Bouanga Ndjimbi et tous occupants légi-
times et de bonne foi de la parcelle liti-
gieuse ne dormiraient pas, aujourd’hui, à
la belle étoile.
eConomIe Lundi 27 Juin 2022 7
Audit de la gestion du Copil

Le FMI mis dos au mur par le gouvernement

Par Jean Michel Sylvain FCFA) est attendu par ble sur les états financiers de la
le Gabon dans le période allant du 31 mars au 31
cadre de cet accord août 2020 ». Ce qui veut dire

L
e gouvernement gabonais
vient de faire un pied de
nez au Fonds monétaire
international (FMI).
Contrairement aux exigences de
trois ordres de cette institution,
rappelées le 20 mai dernier dans
une déclaration publique du
chef de la mission de la dernière
revue du Fonds au Gabon,
Boileau Loko, le pouvoir n’a
toujours pas publié le rapport
sur la gestion des fonds Covid-
19 pour les années 2020 et
2021. Il n’a pas non plus pris et
publié « l’arrêté sur la publica-
tion des noms et nationalité des
bénéficiaires effectifs des mar-
chés publics » dans le cadre de
la lutte contre le Covid-19.
Naturellement, le gouverne-
ment n’a pas certifié ledit rap-
port de gestion par un auditeur
indépendant. L’audit qu’il a
commandé au cabinet Deloitte,
qui fait couler beaucoup d’en-
cre et de salive en ce moment,
est loin de correspondre à la
demande du FMI. Il n’est que
partiel car ne concernant que 16
milliards de FCFA de dépenses
liées au Covid-19, alors que le
Gabon a mobilisé près de 503
milliards de FCFA à cet effet.
Sur cette enveloppe globale,
tous les bailleurs de fonds inter-
nationaux (Banque mondiale,
Banque africaine de développe-
ment, Agence française de
développement) ont fourni près
de 253 milliards de FCFA, dont
177 milliards par le FMI sous
forme de deux prêts distincts.
dès le mois prochain. que le cabinet a découvert de
D’ailleurs, cette nombreuses « anomalies » qui
somme est intégrée tendent à démontrer un manque
dans la loi de finances d’orthodoxie dans la gestion
rectificative que des fonds concernés. Comme
l’Etat vient d’adopter l’immixtion des collaborateurs
en Conseil des minis- du chef de l’Etat -- son directeur
tres. Boileau Loko, de cabinet adjoint et son
qui a supervisé la der- conseiller spécial porte-parole -
nière revue du FMI au - dans la commande de près 800
Gabon sur l’exécution 000 doses de vaccin pour un
de cet accord, a montant 16 milliards de FCFA,
menacé, en mai, de ne dont au final le Copil ne recevra
point amener le dos- que 600 000 doses. Un montant
sier du Gabon au de près de 1 milliard de FCFA a
Le ministère de l'Economie défie le FMI en refusant de publier l'audit conseil d’administra- été dépensé pour la communi-
sur la gestion des fonds Covid tion du FMI en juillet cation du Copil.
prochain, si les trois Dans son rapport, le Copil
Le gouvernement (23 milliards elle est parvenue à recueillir des exigences citées plus haut Citoyen cite des noms et
de FCFA et 225 milliards de pièces comptables d’un mon- n’étaient pas réalisées. Comme s’étonne que la société GESZ
mesures fiscales), les nombreux tant global de 56 milliards de réponse, à quelques jours de ait pu se retrouver comme four-
donateurs privés dont Ali FCFA, ce qui représente 11% cette échéance, le pouvoir a nisseur de produits médicaux
Bongo Ondimba (6 milliards de des sommes engagées. L’audit publié un audit couvre 3 % des pour un montant de 4,7 mil-
FCFA), les membres du gouver- réalisé et publié par cet orga- dépenses et promet de publier « liards de FCFA, alors que cette
nement (102 millions), la com- nisme privé reste également dans les prochains jours l’arrêté activité n’entre pas dans son
munauté libanaise (415 millions partiel. sur la publication des noms et objet social. Tout comme cette
de FCFA), Gabon Telecom (60 Les attentes du FMI sont tout de nationalité des bénéficiaires logique qui a voulu qu’on attri-
millions), la Fondation Seydou même assorties de menaces. La effectifs des marchés publics ». bue près de 72 % du marché de
Kane (30 millions de FCFA), principale étant l’arrêt de tout On comprend l’embarras de restauration, soit un peu plus de
UBA Gabon (90 millions de nouveau décaissement en l’exécutif. Malgré le peu de 600 millions de FCFA, à l’en-
FCFA), Airtel Gabon (50 mil- faveur du Gabon. Faut-il rappe- documents dont disposaient les treprise la plus chère – Mayena
lions de FCFA) ont mobilisé le ler que le Gabon a signé un deux auditeurs, le Copil food –, de surcroît payée par «
reste. accord, au titre de mécanisme Citoyen (11 % des montants en réquisition comptable ». Pour
Les exigences du FMI portent élargi de crédit (MEDC), avec jeu) et le cabinet Deloitte (3% les non-initiés, cela veut dire
sur cette masse globale et non le FMI pour un montant 553,2 des sommes en jeu), ils sont que le comptable accepte de
seulement sur 16 milliards de millions de dollars (320 mil- parvenus à la même conclusion. payer sans disposer de tous les
FCFA, soit près de 3 % des liards de FCFA) sur trois ans. A savoir des présomptions de justificatifs de la dépense.
montants engagés. La plate- Un premier décaissement en détournements des fonds mobi- Le FMI est plus que jamais face
forme de la société civile guise d’appui budgétaire 115 lisés dans le cadre de la riposte à une responsabilité historique.
dénommée Copil Citoyen a eu millions de dollars (près de 60 contre la Covid-19. Au point Ce qu’il fera quant à ce scan-
plus de chance. En allant puiser milliards de FCFA) a déjà été que le cabinet Deloitte affirme dale traduira sa vraie nature.
directement sur le site internet effectué. Le reste (200 millions qu’il « n’est pas en mesure Affaire à suivre.
du ministère de l’Economie, de dollars, soit 124 milliards de d’exprimer une opinion favora-

Redressement de la Cnss
Raymond Ndong Sima suggère au gouvernement d’y consacrer le
surplus des recettes pétrolières
Par JMS l’évalue à 359 milliards avec paiement de 50% de les données de l’espé-
de FCFA. L’ancienne leurs revenus, tous les rance de vie au Gabon qui
équipe dirigeante de la salariés ayant totalisé est de 62 ans. Il est amoral

L
’ancien Premier
ministre, redres-
seur des entreprises
en faillite au début de sa
carrière professionnelle
au Gabon, a livré son «
ordonnance » pour remet-
tre à flot la Caisse natio-
nale de sécurité sociale
(Cnss). La méthode est
radicale et rappelle les
options qui ont guidé les
meilleurs « cust killer »
européens et américains,
pour relancer leurs entre-
prises. A court terme,
indique Raymond Ndong
Sima dans un document
publié par notre confrère
en ligne Gabon Media
Time, il faut que l’Etat
utilise une partie du sur-
plus de recette né de la
hausse des prix du pétrole
pour payer « en une fois »
sa dette à la Cnss et ainsi
reconstituer ses réserves.
Ce surplus est relative-
ment important. La loi de
finances rectificative
2022, récemment adoptée
en Conseil des ministres,
Cnss avait indiqué que
l’Etat devait à la Caisse
un peu plus de 80 mil-
liards de FCFA. Dans le
même temps, poursuit
Raymond Ndong Sima, il
faut sans tarder ramener la
masse salariale de la Cnss
au niveau des recomman-
dations de la Conférence
interafricaine de la pré-
voyance sociale (Cipres).
A savoir 15 % des
sommes collectées.
Il faut rappeler que la
Cnss, c’est près de 140
milliards de FCFA de
budget annuel. Les frais
de fonctionnement
engloutissent près de 41
% de ce montant. Un peu
plus de 57 milliards de
FCFA. Ce qui est très loin
des ratios prudentiels
édictés par la Cipres, à
laquelle le Gabon a
adhéré, qui recommande
pour les organismes de
prévoyance sociale des
pays membres un ratio de
15% des charges de fonc-
tionnement par rapport
trente ans et plus de coti-
sation ou ayant atteint
l’âge de 55 ans.
A long terme, l’ancien
Premier ministre propose
une remise à plat des
actifs de la Cnss.
Notamment les nombreux
investissements immobi-
liers réalisés par cette
structure, parfois en totale
contradiction avec ses sta-
tuts. Il s’agirait de voir si
ce patrimoine participe ou
non aux objectifs budgé-
Les prescriptions de l'ancien Premier ministre taires de la Cnss. Sans
Raymond Ndong Sima pour redresser la Cnss sont oublier de demander à
toutefois jugées sévèrement par des économistes. l’Etat de trouver un méca-
aux dépenses totales. de 20 à 25 % en moyenne. nisme financier qui vien-
L’ancien Premier ministre Mais l’économiste estime drait « renforcer le sys-
veut que ce chiffre soit que les agents seraient tème de retraite par répar-
ramené à 21 milliards de enclins à s’y résoudre au tition, en panne à cause de
FCFA. Pour permettre regard de la situation la raréfaction des emplois
ainsi de consacrer en actuelle du marché du tra- » actuellement au Gabon.
moyenne 119 milliards de vail. Il faut mieux un Enfin, Raymond Ndong
FCFA aux paiements des salaire amputé de 20 à 25 Sima propose une réduc-
prestations. % que pas de salaire du tion de l’âge de départ à la
L’homme politique recon- tout. De même, Raymond retraite à 57 ans, pour per-
naît que l’adoption d’un Ndong Sima recommande mettre aux jeunes de met-
tel dispositif ne sera pas dans cette perspective de tre le pied à l’étrier et de
aisée. Cela revient à bais- baisser la masse salariale, préparer leurs retraites à
ser les salaires des agents de mettre en pré-retraite, leur tour. Il s’appuie sur
dans ce cas, selon lui,
d’amener quelqu’un à
cotiser pendant quarante
ans pour ne jouir de sa
retraite théoriquement
que pendant deux ans.
Cette dernière proposition
ne va pas rencontrer l’as-
sentiment de tous. L’étude
actuarielle du cabinet
Finactu propose de fixer
l’âge de départ à la
retraite de 60 à 62 ans par
exemple. D’autres écono-
mistes considèrent que
l’ancien Premier ministre
« s’enferme dans une
vision malthusienne du
développement écono-
mique du Gabon. Il fait fi
des capacités du Gabon à
mettre en œuvre une autre
orientation économique,
avec un effet positif sur la
croissance et donc créa-
trice d’emplois », a indi-
qué un professeur d’éco-
nomie de l’université
Omar Bongo. Gageons
que ce débat d’experts
permettra, au finish, la
résilience de la Cnss.
poLITIqUe
« Ma candidature sera celle des Trois « R » :
rassemblement, réforme et renouveau »
Suite de la page 2
chrétiens. Tout dernièrement, j’ai
été organiser la fête des pères à
Bitam après la fête des mères à
Mitzic dans l’Okano.
L’EEG a fait parler d’elle négati-
vement il y a quelques mois.
Entre tensions internes et mal-
versations financières. Cette
actualité ne laisse-t-elle pas
entrevoir un avenir peu serein
avec en perspective une rupture
de confiance entre la base et le
sommet ?
Je suis l’actualité comme tout le
monde. Il faut également dire que
nous rendons grâce à Dieu de ce
que l’Eglise dispose des textes et
des instances qui ont permis de
ramener la sérénité au sein de la
maison. Autrement dit, lorsqu’il y a
eu ces scandales-là, si le bureau du
conseil national et le conseil natio-
nal s’étaient prononcés avec la
chair, on aurait enregistré plusieurs
dérapages. L’Eglise est une associa-
tion et en tant qu’association, le
pouvoir politique peut à un moment
donné suspendre les activités de
cette association, si cette associa-
tion amène des troubles au sein du
pays. Dieu merci que le conseil
national et le bureau du conseil
national ont fait preuve de sagesse
et d’humilité pour gérer cette situa-
tion. Nous espérons qu’au cours de
ce synode qui s’annonce les fréres
et sœurs vont s’asseoir pour se dire
un certain nombre de vérités et voir
comment on peut colmater les
brèches pour mieux faire avancer
l’institution. Des mesures sont en
train d’être prises pour ne plus arri-
ver à cette extrême. Rien n’est
impossible à Dieu. Bien qu’il y ait
aujourd’hui une crise de confiance
entre la base et le sommet, l’espoir
n’est pas perdu et je pense que ce
synode est une occasion de ramener
la cohésion et l’unité entre la base et
le sommet si les choses sont bien
faites.
Cela voudrait-il dire que l’un des
enjeux de ce synode à venir est
de reconstruire un socle d’unité
au sein de l’EEG ?
Tout à fait. L’un des enjeux de ce
synode est de tout mettre en œuvre
pour que nous n’enregistrions plus
ce genre de dérapage et également
de dire que c’est un synode qui va
véritablement redonner confiance à
l’Eglise évangélique du Gabon.
Par quel bout faudra-t-il pren-
dre les choses ? Travailler la base
ou le sommet ?
Les deux. Notre Eglise est
construite tel que c’est la base qui
donne la force au sommet. Ce
qu’on met au sommet vient de la
base. C’est pour cela qu’il faudrait
que les choses soient bien faites à
partir de la base. Que la prise de
conscience commence par la base
pour que nous ayons un bon som-
met.
Votre candidature a été annon-
cée sur les antennes de Gabon
Télévision tout dernièrement.
Vous confirmez ?
Oui, je confirme ma can-
didature. Mais en confir-
mant ma candidature, je
ne voudrais pas être en
porte à faux avec les dis-
positions constitution-
nelles. On ne peut être
candidat que si on est
membre du conseil
national. Je ne le suis pas
encore, mais une fois
que je le serai, je la
confirmerai, ma candi-
dature.
Pensez-vous qu’elle
sera bien accueillie ?
Je pense que ma candi-
dature à la tête de
l’Eglise évangélique du
Gabon sera parfaitement bien
accueillie par la communauté chré-
tienne au regard des rapports que
j’ai avec la base, mais également au
sein des paroisses où j’ai servi vu les
rapports que nous avons eus pen-
dant mon séjour dans ces paroisses.
J’ai été président régional dans le
Woleu-Ntem, dont je suis natif et
originaire. J’ai eu de très bonnes
relations avec l’ensemble des
paroisses voire de mes collègues
pasteur. Il est vrai qu’on ne peut pas
être à 100 % en phase avec tout le
monde, mais je pense bien que mes
collègues pasteurs ainsi que les
délégués des paroisses seront très
ravis d’accueillir cette candidature.
Ma vocation au service de Dieu.
L’actualité de notre Eglise n’est pas
reluisante. Il y a un besoin de rame-
ner la sérénité dans cette Eglise. Le
désir de restructurer cette institution
dans laquelle je sers. Jésus le dit
dans Luc 29 : « Il faut que je m’oc-
cupe des affaires de mon père. » J’ai
estimé qu’étant originaire de la pro-
vince du Woleu-Ntem qui va en
prendre le flambeau et animé d’un
tel zèle, je me suis demandé pour-
quoi ne pas apporter ma contribu-
tion au sein de cette Eglise. Il y a le
cri de cet ensemble de chrétiens qui
m’interpelle sur les réformes qu’ils
appellent. Tout le monde est una-
nime qu’il faut absolument restau-
rer cette Eglise, une restauration
multiforme. Je pense que je peux
apporter ma pierre pour conduire
ces réformes avec la force qui me
viendra du Saint-Esprit.
Comment définiriez-vous votre
candidature ? Celle du rassem-
blement ? Celle des réformes
seulement ? Celle du renouveau
? Ou les trois en même temps.
Et comment se traduirait votre
vision de ces trois axes ?
Ma candidature sera celle des
Trois « R » : Rassemblement,
Réforme et Renouveau.
Rassemblement parce que l’Eglise
ne prône pas la division. Elle
prône l’unité, l’amour, l’humilité,
la paix et le pardon. Ma candida-
ture sera pour mettre en avant
l’évangile de l'amour, de la paix,
du pardon et de l’humilité. Quoi
qu’on dise, nous sommes frères et
sœurs et fils d'un même père. Et tel
que le disent les saintes écritures,
l’Eglise est comparée à un corps
humain suivant l’exhortation de
l’apôtre Paul au 1er livre de
Corinthiens Ch. 12, 12 à 30 :
Jésus-Christ est la tête et nous
sommes les membres de ce corps.
Vous savez, lorsqu’un membre de
ce corps souffre c’est tout le corps
qui subit la douleur. La situation
que nous avons aujourd’hui a des
conséquences sur l’ensemble de
l’Eglise évangélique. Il va donc
falloir ramener la sérénité la paix
et le pardon et c’est par là que le
rassemblement se fera. C’est cet
évangile de l’humilité qu’il faudra
instaurer. A savoir que celui qui a
fait une faute l’accepte en toute
humilité et demande pardon. Par
ailleurs, les rapports que j’ai éta-
blis dans le temps dans les diffé-
rentes responsabilités qui m’ont
été confiées m’imposent cette
orientation. J’ai toujours entretenu
des rapports cordiaux et construc-
tifs avec mes collègues. Et je ne
saurais montrer un autre état d’es-
prit que celui du rassemblement
“Rien n’est impossible à Dieu. Bien qu’il y ait
aujourd’hui une crise de confiance entre la
base et le sommet, l’espoir n’est pas perdu”
qui est partie intégrante de ma
nature.
Ma candidature sera aussi celle
des réformes que les chrétiens de
l’Eglise évangélique du Gabon
attendent de tous leurs vœux.
Chacun a besoin de voir cette
Eglise autrement. Il y a ce zèle qui
m’anime et la chrétienté avec de
voir les choses évoluer positive-
ment. Vous savez, dans un proces-
sus de changement, la première
difficulté est d’amener les per-
sonnes concernées à partager la
vision. Or, aujourd’hui, tout le
monde s’accorde à dire qu’il faut
réformer cette Eglise et l’amener à
retrouver ses lettes de noblesse. Ce
qui voudrait dire que l’ensemble
de la chrétienté est prêt à donner le
meilleur de lui-même pour parve-
nir à cette Eglise que le Christ a
décrite comme « la lumière du
monde ». Il y a donc ce souhait
partagé par la communauté des
chrétiens de notre obédience et
ceux d’ailleurs, qu’ils soient
catholiques ou adventistes, de voir
des changements profonds au sein
de cette Eglise. Un adage dit que si
la maison du voisin va
mal, l’on ne doit guère
rester indifférent à ce
malaise. Je peux ainsi
compter sur les prières
des communautés
amies afin que nous
progressions vers cette
Eglise renouvelée qui
fera la fierté de toutes
ses composantes et de
notre pays.
Parlant de ces
réformes. D’aucuns
se demandent com-
ment réformer facile-
ment une maison au
bord du chaos . Par
quel bout allez-vous
les prendre ?
Les réformes de
l’Église évangélique du Gabon
sont impératives sur trois fronts.
Nous sommes une Eglise. Aussi
les premières réformes concerne-
ront au plan spirituel. Il y a ensuite
au plan structurel. Nous sommes
en train de tout perdre. Si vous
allez à Baraka, vous réaliserez que
notre patrimoine est complète-
ment spolié. Les écoles sont en
train d’être fermées faute de ges-
tion rigoureuse. Un accent sera
donc mis dans la gestion de notre
patrimoine. Le troisième axe de
ces réformes concernera la gestion
financière. A ce niveau, un effort
d’assainissement est indispensa-
ble. J’envisage de mettre en place
un véritable plan de gestion de nos
finances. Sur ce, mon projet est de
faire en sorte que la gestion des
finances ne soit plus le seul apa-
nage du président de cette Eglise.
Il faudrait une chaine comptable
qui ira du trésorier au comptable
jusqu’au contrôleur financier.
C’est pour cela que j’envisage
d’organiser des états généraux de
l’EEG qui définiront la feuille de
route et la direction nationale ne
fera que suivre les recommanda-
tions de ces états généraux. Ce ne
sera plus au président de dicter le
cap seul. Mais ce sera la décision
de l’ensemble de l’Eglise. Et
comme l’instance supérieure est le
synode, après les états généraux
nous allons convoquer très rapide-
ment un synode extraordinaire
pour valider les propositions des
états généraux.
Certaines personnes estiment
que l’une des réformes urgente
est le mode de désignation du
président de l’EEG et les cir-
cuits conduisant à cette dési-
gnation. Pouvez-vous nous don-
ner les contours de ce processus
? veille et Il est toujours à l’œuvre.
L'accession à la tête de l'EEG se
fait sur deux modèles inscrits à
l’article 55 de notre constitution
adoptée le 31 juillet 2016 à
Makokou. Il dispose que : « Le
président de l'Église évangélique
Lundi 27 Juin 2022 8
du Gabon est désigné par le
synode national soit par plébiscite,
soit par l'élection selon le système
rotatoire des régions synodales. »
Entendez par ce qui précède que la
désignation par plébiscite inter-
vient lorsque la région synodale
qui doit assurer la présidence pré-
sente une candidature unique.
L’élection intervient lorsque la
région synodale a plusieurs candi-
dats.
D’autres candidats se sont-ils
manifestés ?
Nous prônons la liberté dans
l’Eglise et effectivement il y en a
d’autres. Seulement, il faudra
obéir aux critères. L’un de ces cri-
tères, selon les dispositions consti-
tutionnelles, est d’appartenir au
conseil national. Or, le CN c’est
trois pasteurs par région. Ce qui
signifie que si mille candidatures
se manifestent, on ne pourra rete-
nir que trois d’entre elles par
région. Il peut ne pas y avoir élec-
tion car le consensus prime.
Ensuite, on verra, selon le système
rotatoire la région qui prend le
flambeau. Dans le cas d’espèce,
c’est la région synodale du Woleu-
Ntem. Le conclave qui s’ensuivra
ne concernera que les délégués du
Woleu-Ntem. Si un consensus
n’est pas possible, on va alors
recourir à l’élection.
Parlez-nous de ce système de
rotation ?
Il repose sur la Charte de réunifi-
cation adoptée en juillet 1997. Elle
dit que chaque région a quatre ans
et définit aussi l’ordre de passage
des régions. La première c’est
l’Estuaire, puis l’Ogooué-Ivindo,
ensuite le Woleu-Ntem et enfin le
Ntem. Seulement, la Charte ne
définit pas un mode de rotation à
l’intérieur de la région.
Votre mot de la fin ?
Il sera simplement d’appeler
l’Eglise tout entière au rassemble-
ment et à ne pas être pessimiste.
Lorsque vous lisez les saintes écri-
tures, il y a eu pire que ce que nous
connaissons actuellement. Celui
qui croit en Dieu et en Jésus-Christ
ne doit pas désespérer ; il doit tou-
jours être positif et optimiste. Le
peuple d’Israël aurait-il désespéré
que Dieu n’aurait pas suscité au
sein de ce peuple un Moise. Il y a
le passé, il y a le présent et il y a
l’avenir. Mettons-nous ensemble
comme les fils d’un même père
pour que nous ramenions la séré-
nité dans cette institution. Cela est
possible si et seulement si chacun
met de côté ses ego et si chacun
travaille et milite non seulement
pour son intérêt mais pour l’intérêt
général. Je pense que la confiance
entre la base et le sommet va reve-
nir rapidement parce que Dieu
J’ai confiance à ce synode qui
arrive et qui sera une occasion
pour nos frères et sœurs d’avoir le
courage de nous asseoir et de
regarder positivement l’avenir.
Tout est possible.