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Traitement Et Valorisation Des Margines ELMOUDNI, Yassine
Traitement Et Valorisation Des Margines ELMOUDNI, Yassine
Yassine EL MOUDNI
30 Septembre 2010
Le présent travail a été élaboré dans le cadre du projet de partenariat entre l’Institut
International (ACDI).
I
Dédicace
Que Dieu ait leurs âmes, implorant le Très-Haut de les accueillir en Son Vaste
Paradis parmi ceux qu’il gratifie de Ses incommensurables Bienfaits.
A mes frères, Souhail et Med Anas, à mes cousins Mouhcine, Driss, Ilyes,
Imane, Mehdi, Nissrine et Omar, à ma chère Djazia ainsi qu’à toute ma famille
qui m’a beaucoup soutenu durant toutes ces années.
A tous mes amis(es) qui sans eux, ce travail me serait devenu pénible.
Que Dieu vous assiste et vous réserve une vie pleine de succès et de
Bonheur.
A tous ceux qui me sont cher, que je n’ai pas cité, mais que je n’ai pas oublié ;
II
Remerciements
C’est une habitude saine que de remercier au début d’un tel travail tous ceux qui, plus ou
moins directement, ont contribué à le rendre possible. C’est avec mon enthousiasme le plus
vif et le plus sincère que je voudrais rendre mérite à tout ceux qui à leur manière m’ont aidé
à mener à bien mon mémoire, tant sur les plans scientifiques, que physique et moral.
Merci aussi à tout le staff technique des laboratoires du département des sciences
alimentaires et nutritionnelles à l’IAV Hassan II et en particulier, Mr M. CHEHEB, Mr EL
YOUSSFI, sans oublier notre très chère Mme ESSALHA.
Mes remerciements vont également à ceux sans lesquels mes précieux substrats
m’auraient fait faute. Merci aussi aux responsables de la station d’épuration de l’IAV Hassan
II pour m’avoir fourni de non moins précieux inoculum.
Je remercie amplement, Mr M. FAID pour avoir accepter de présider mon jury. Que Mr A.
SADIK et Mr A. SABRI qui siègent également au jury de ce mémoire, trouvent ici, l’expression
de mes sentiments les plus respectueux.
Un très grand merci à ma famille pour leur soutien et leur envie de comprendre ce travail.
Et enfin, un merci sans limite pour mon père, dont les conseils et les informations ont été
un appui quotidien indispensable, particulièrement ces derniers mois, pour finaliser ce
travail.
III
Résumé
Valoriser par codigestion les effluents d’huileries d’olive avec des sous-produits
agroalimentaires, et évaluer la faisabilité technico-économique d'un tel système, tels étaient
les enjeux de la présente étude.
A l’issue de la première phase de recherche bibliographique, un état de l’art a été réalisé sur
la problématique environnementale causée par le rejet de ces effluents, puis les différentes
possibilités et limites de leur digestion ont été révélées. Dans une deuxième partie, les
cosubstrats possibles rejetés par les IAA au Maroc ont été examinés, tant du point de vue
biologique que du point de vue économique et stratégique. Le choix s’est finalement porté
sur les rejets liquides générés par les unités de transformation laitière.
Sur la base des données de la phase précédente, un protocole expérimental à été élaboré
pour évaluer l’efficacité de ce traitement. Cette expérience a été réalisée dans un
bioréacteur UASB pilote de 30 litres. Les résultats ont montré que la codigestion de ces
effluents avec les rejets des laiteries est possible avec des performances intéressantes quant
à la dégradation de la matière polluante (Abattement de la DCO et des polyphénols totaux
d’environ 60%), pour autant que la proportion des margines soit limitée à 40% du volume
total du mélange. La production du biogaz moins importante, a dépassé à peine 30 litres par
kilogramme de matière sèche introduite.
Dans la troisième partie de l’étude, un cahier de charges a été établi à partir des résultats de
la phase expérimentale et sur la base du concept technique proposé, afin de consulter des
constructeurs d’installations de codigestion. Une simulation économique a été réalisée en
s’appuyant sur l’offre proposée par Schwarting Umwelt GmbH. Il apparaît que le coût global
du traitement est de 4,69 millions de MAD TTC par année, pour une installation traitant
10.000 tonnes de margines et 15.000 tonnes de rejets laitiers, soit près de 1,30 MAD par
litre d’huile d’olive produite.
La filière de traitement proposée permet donc de valoriser les margines sous forme
d’énergie renouvelable, et ce dans des conditions économiques pouvant être favorables
dans le cas d’une amélioration de la production du biogaz.
IV
Abstract
Valuing by co-digesting liquid wastes from the extraction of olive oil with by-products food,
and evaluate the techno-economical feasibility of such a system, these were the issues of
this study.
After the first phase retrieval, a search has been made on environmental problems caused
by the discharge of these effluents, and the different possibilities and limits of their digestion
were revealed. In a second part, the possible cosubstrates rejected by food industry in
Morocco have been considered, both from a biological standpoint as economically and
strategically. The final choice was the liquid waste generated by the dairy units.
From the previous phase, an experimental protocol was developed to evaluate the efficacy
of this treatment. This experiment was conducted in a pilot UASB bioreactor of 30 liters. The
results showed that the co-digestion of the margines with dairy liquid wastes is possible with
interesting performances for degradation of contaminants (abatement of COD and total
polyphenols of about 60%), provided that the margines proportion be limited to 40% of the
total mixture volume. Biogas production has barely exceeded 30 liters per kilogram of dry
matter introduced.
In the third part of the study, specifications was drawn from the results of the experimental
phase and based of the technical concept proposed, to consult with co-digestion plant
builders. An economic simulation was conducted based on the offer by Ummwelt Schwarting
GmbH. It appears that the overall cost of treatment is 4.69 million MAD per year, for an
installation treating 10,000 tons of margines and 15,000 tons of dairy liquid wastes,
equivalent nearly 1.30 MAD per liter of olive oil produced.
The proposed treatment system can therefore develop renewable energy from margines,
and this in economic conditions may be favorable in the case of the improvement of biogas
production.
V
Table des matières
Dédicace.................................................................................................................................... II
Remerciements ...................................................................................................................... III
Résumé .................................................................................................................................... IV
Abstract .................................................................................................................................... V
Liste des tableaux ................................................................................................................... IX
Liste des figures ...................................................................................................................... XI
Liste des annexes ................................................................................................................. XIV
Liste des abréviations ........................................................................................................... XV
Introduction générale .......................................................................................................... - 1 -
Partie I : Revue bibliographique........................................................................................ - 4 -
Chapitre I : Problématique ................................................................................................ - 4 -
I.1. Secteur oléicole nationale ......................................................................................... - 5 -
I.1.1. Evolution de la production nationale de l’huile d’olive ...................................... - 6 -
I.1.2. Répartition géographique des unités de trituration ............................................... - 7 -
I.1.3. Techniques d'extraction de l'huile d'olives ........................................................... - 8 -
I.2. Caractérisation physico-chimique et microbiologique des margines ................. - 11 -
I.2.1. Caractéristiques physico-chimiques .................................................................... - 11 -
I.2.2. Caractéristiques microbiologiques ..................................................................... - 15 -
I.3. Impact des margines sur l’environnement ........................................................... - 15 -
I.3.1. Impact sur les eaux ............................................................................................. - 16 -
I.3.2. Impact sur le sol .................................................................................................. - 17 -
I.3.3. Impact sur le réseau public d’assainissement ..................................................... - 17 -
Chapitre 2 : Traitement et valorisation des margines ................................................... - 18 -
II.1. Traitement des margines ...................................................................................... - 19 -
II.1.1. Processus thermiques ..................................................................................... - 19 -
II.1.2. Procédés physico-chimiques ............................................................................. - 22 -
II.1.3. Procédés biologiques ......................................................................................... - 24 -
II.1.4. Procédés mixtes ................................................................................................. - 26 -
II.2. Valorisation des margines ..................................................................................... - 29 -
II.2.1. Epandage ........................................................................................................... - 29 -
II.2.2. Production de compost ...................................................................................... - 30 -
II.2.3. Utilisation en alimentation animale................................................................... - 32 -
VI
II.2.4. Utilisation des margines dans la production des protéines d'organismes
unicellulaires (POU) .................................................................................................... - 33 -
Chapitre 3 : Digestion anaérobie ..................................................................................... - 35 -
III.1. Principe de la méthanisation ............................................................................... - 36 -
III.2. Etapes métaboliques ............................................................................................ - 36 -
III.2.1. Etape d’hydrolyse ............................................................................................ - 37 -
III.2.2. Etape d’acidogénèse......................................................................................... - 38 -
III.2.3. Etape d’acétogénèse ......................................................................................... - 38 -
III.2.4. Etape de la méthanogénèse .............................................................................. - 39 -
III.3. Avantages de la digestion anaérobie .................................................................. - 39 -
III.4. Paramètres influençant la digestion anaérobie ................................................. - 39 -
III.4.1. Température ..................................................................................................... - 40 -
III.4.2. pH ..................................................................................................................... - 40 -
III.4.3. Atmosphère d’incubation et Potentiel d’oxydoréduction ................................ - 41 -
III.4.4. Acides gras volatils .......................................................................................... - 41 -
III.4.5. Taux de dilution ............................................................................................... - 41 -
III.4.6. Nature du déchet .............................................................................................. - 42 -
III.4.7. Substances inhibitrices ..................................................................................... - 42 -
III.5. Démarrage de la digestion anaérobie ................................................................. - 42 -
III.6. Technologie des digesteurs anaérobies............................................................... - 44 -
III.6.1. Les systèmes de digestion ................................................................................ - 44 -
III.6.2. Digesteurs industriels ....................................................................................... - 45 -
III.6.3. Paramètres de dimensionnement d’un digesteur .............................................. - 50 -
III.7. Nature et modes de valorisation du biogaz ........................................................ - 52 -
III.7.1. Caractéristiques du biogaz ............................................................................... - 52 -
III.7.2. Voies de valorisation du biogaz ....................................................................... - 53 -
III.7.3. Epuration du biogaz ......................................................................................... - 54 -
Partie II : Choix du cosubstrat potentiel pour la codigestion des margines ................ - 57 -
1. Méthodes..................................................................................................................... - 58 -
1.1. Consultations......................................................................................................... - 58 -
1.2. Critères de sélection .............................................................................................. - 58 -
2. Sélection préliminaire................................................................................................ - 60 -
3. Résultats de la première sélection ............................................................................ - 64 -
4. Sélection finale ........................................................................................................... - 66 -
4.1. Diagnostic des filières retenues ............................................................................ - 66 -
VII
4.2. Répartition géographique ...................................................................................... - 68 -
5. Résultats de la sélection finale .................................................................................. - 69 -
Partie III : Codigestion des margines avec les effluents laitiers dans un réacteur UASB .. -
71 -
1. Matériels et méthodes ................................................................................................ - 72 -
1.1. L’installation pilote (figure 19) ............................................................................. - 72 -
1.2. Matières premières ................................................................................................ - 75 -
1.3. Mesures et suivi .................................................................................................... - 75 -
1.4. Méthodes d’analyses ............................................................................................. - 78 -
1.5. Paramètres de fonctionnement .............................................................................. - 78 -
2. Résultats et discussions ............................................................................................. - 82 -
2.1. Caractérisation des rejets ...................................................................................... - 82 -
2.2. Interprétation des résultats .................................................................................... - 83 -
2.3. Résultats de la codigestion .................................................................................... - 86 -
Partie 4 : Evaluation de la faisabilité industrielle de la codigestion des margines avec les
effluent laitiers ................................................................................................................... - 96 -
1. Etude de cas : Province de Béni Mellal.................................................................... - 98 -
1.1. Données générales sur la province ........................................................................ - 98 -
1.2. Présentation de l’étude ........................................................................................ - 100 -
1.3. Etude technique ................................................................................................... - 102 -
1.4. Analyse économique ........................................................................................... - 114 -
1.5. Conclusion de l’évaluation financière ................................................................ - 120 -
Conclusions et recommandations .................................................................................. - 123 -
Références bibliographiques .......................................................................................... - 126 -
Webographie .................................................................................................................... - 131 -
Annexes ............................................................................................................................ - 133 -
يهخص.................................................................................................................................. - 154 -
VIII
Liste des tableaux
Tableau 1 : Importance de la filière oléicole au Maroc ............................................................. 5
Tableau 2 : Composition chimique des margines .................................................................... 11
Tableau 3 : Composition minérale des margines (Ramos-Comenzana et al, 1996) ................ 13
Tableau 4 : Principaux composés phénoliques des margines............................................... 14
Tableau 5: Apports moyens en éléments fertilisants sur la base d'un épandage de
100m3/ha/an (Société du canal de Provence, 1988). .......................................................... 29
Tableau 6: Composition du produit résultant du compostage des margines (Fiestas et al,
1983) ............................................................................................................................... 31
Tableau 7: Composition chimique de la pâte des margines par le procédé Dalmolive .......... 32
Tableau 8 : Levures pour la production de protéines d’organismes unicellulaires à partir des
margines d’après Hamdi (1993) ........................................................................................ 33
Tableau 9 : Présentation des avantages de la digestion anaérobie (Wheatley, 1991) ........... 39
Tableau 10 : Avantages et limites des principaux digesteurs anaérobie .............................. 49
Tableau 11 : Critères de comportement des réacteurs à haut rendement. ......................... 50
Tableau 12 : Composition moyenne du biogaz (Membrez et al, 2007) ................................ 52
Tableau 13: Exemples d’élimination de H2S et CO2 selon l’utilisation prévue (Perret, 1986) 54
Tableau 14 : Description des importantes industries agroalimentaires au Maroc ................ 61
Tableau 15 : Activités polluantes du secteur de l’agroalimentaire (Rapport FODEP) ............ 62
Tableau 16 : Type des déchets industriels méthanisables .................................................. 63
Tableau 17 : rejets non retenus lors de la première sélection ............................................ 65
Tableau 18 : Répartition géographique des unités industrielles de trituration, des laiteries et
des raffineries d’huiles alimentaires au Maroc .................................................................. 68
Tableau 19 : Estimations des quantités de déchets rejetés par les huileries d’olive, les
laiteries et les raffineries .................................................................................................. 68
Tableau 20 : Résultats du diagnostic des filières retenues lors de la première sélection ....... 69
Tableau 21 : Méthodes utilisées pour la caractérisation de la matière première ................. 76
Tableau 22 : Types et fréquence des analyses appliquées sur le digestat ............................ 78
Tableau 23 : Modèle linéaire pour le choix du ratio optimal ............................................... 80
Tableau 24: Alimentation du digesteur par les margines .................................................... 81
Tableau 25 : Résultats des analyses de la matière première ............................................... 82
Tableau 26 : Système d’équations après la caractérisation des effluents ............................ 85
Tableau 27 : Tableau récapitulatif de la production du biogaz pendant la phase 3 .............. 92
IX
Tableau 28 : Tableau récapitulatif des résultats de la codigestion des margines .................. 93
Tableau 29 : Bilan matière de la DCO et des PPt pendant la digestion anaérobie ................. 94
Tableau 30 : Potentiel agro-industriel de la province de Béni Mellal.................................... 98
Tableau 31 : Estimation de l’apport énergétique du biogaz produit durant la codigestion des
margines ........................................................................................................................ 106
Tableau 32 : Besoins énergétiques d’un digesteur conventionnel (Chynoweth, 1991) ....... 107
Tableau 33 : Températures moyennes enregistrées au niveau de la ville de Fquih Ben
Saleh (Boutriki, 2009) .................................................................................................... 108
Tableau 34 : Estimation des besoins énergétiques pour le réchauffage du mélange ........... 108
Tableau 35 : bilan énergétique prévisionnel de l’installation de codigestion des margine . 110
Tableau 36 : Estimation de l’énergie absorbée pour la mise en service du digesteur .......... 111
Tableau 37 : Rendement énergétique du couplage chaleur-force ..................................... 111
Tableau 38 : Estimation de la puissance thermique et électrique requise pendant le mois de
janvier ........................................................................................................................... 112
Tableau 39 : Spécification et coût des fournitures proposées par Schwrating Umwelt ...... 115
Tableau 40 : Estimation du coût d’investissement final (Terrain et camions compris) ........ 118
Tableau 41 : Coût financier de l’investissement final ........................................................ 118
Tableau 42 : Frais d’exploitation pour la mise en service de la digestion............................ 119
Tableau 43 : Coût résultant et coût de revient du traitement des margines par codigestion
avec les effluents laitiers) ............................................................................................... 120
Tableau 44 : Gradient d’élution employé pour la séparation des polyphénols des margines
...................................................................................................................................... 138
Tableau 45 : Temps de rétention et surfaces des pics chromatographiques en fonction des
concentrations de chaque acide ..................................................................................... 141
X
Liste des figures
Figure 1 : Schéma des flux de la filière oléicole au Maroc (Alby-Flores et al., 2007) .............. 6
Figure 2 : Evolution de la production nationale de l’huile d’olive (COI, 2008) ........................ 7
Figure 3 : Schéma simplifié des principaux cycles d’extraction de l’huile d’olive, A: pression ;
B: centrifugation à 2 phases; C: centrifugation à 3 phases ; D: centrifugation à 3 phase avec
recyclage des margines (Amirante et al, 1993) .................................................................. 10
Figure 4 : Structures chimiques des certains composés phénoliques existant dans les
margines .......................................................................................................................... 14
Figure 5 : Procédé de traitement biologique des margines à 3 étages ................................ 27
Figure 6 : Etapes de la digestion anaérobie et populations impliquées d’après Garcia et al.,
(2000) ............................................................................................................................. 37
Figure 7 : Paramètres affectant la mise en service de la méthanisation .............................. 43
Figure 8 : Schéma de fonctionnement des trois systèmes de digestion (PACER, 1993) ........ 45
Figure 9 : Schéma d’un digesteur infiniment mélangé: a) mécaniquement par pâles, b) par
compression et recirculation du biogaz, c) par recirculation du milieu (Scirban, 1985). ........ 46
Figure 10 : Schéma d’un digesteur à lit fixe : a) à flux descendant, b) à flux ascendant. (Oliva
et al.,1989) ...................................................................................................................... 46
Figure 11 : Schéma d’un digesteur à lit fluidisé (PACER, 1993) ........................................... 47
Figure 12 : Schéma d’un digesteur UASB (PACER, 1993)..................................................... 48
Figure 13 : Schéma d’un digesteur à contact où la rétention est assurée par : a) décanteur, b)
membrane. (Scirban, 1985) .............................................................................................. 48
Figure 14 : bilan massique d’un digesteur anaérobie .......................................................... 51
Figure 15 : Voies d’épuration du biogaz d’après Perret, (1986) ........................................... 55
Figure 16 : Schéma de la sélection préliminaire des déchets industriels .............................. 60
Figure 17 : Potentiels méthanogènes de certains sous produits agro-indiustriels. a : Pouech
et al. 1999 ; b : Guillerm et al. 2005 ; c : Perez et al. 2004 .................................................. 64
Figure 18 : Schéma de la sélection finale des déchets industriels ....................................... 66
Figure 19 : Schéma de l’installation pilote du digesteur hybride UASB ................................ 73
Figure 20 : Dispositif de mesure du biogaz, A : sans ajustement des niveaux ; B : avec
ajustement des niveaux ................................................................................................... 74
Figure 21 : Mesure de la pollution organique par la DCO et par la DBO .............................. 77
Figure 22 : Evolution du pH dans le digesteur pendant la phase 3 ...................................... 87
XI
Figure 23 : Evolution des solides totaux et des solides volatils pendant la digestion anaérobie
........................................................................................................................................ 88
Figure 24 : Evolution de la DCO pendant la digestion anaérobie ......................................... 89
Figure 25 : Evolution des polyphénols totaux pendant la digestion anaérobie ..................... 89
Figure 26 : Evolution des principaux composés phénoliques étudiés pendant la digestion
anaérobie ........................................................................................................................ 90
Figure 27: Production du biogaz par 2 jours en digestion anaérobie ................................... 91
Figue 28 : Production cumulative du biogaz en digestion anaérobie ................................... 91
Figure 29 : bilan matière de la codigestion des margines avec les effluents laitiers ............. 95
Figure 30 : Schéma simplifié du processus de traitement des rejets liquides de la CL de Fquih
Ben Saleh ...................................................................................................................... 100
Figure 31 : Schéma illustrant le bilan matière prévisionnel après l’introduction du digesteur
du digesteur .................................................................................................................. 101
Figure 32 : Schéma simplifié représentant le dispositif d’alimentation du digesteur .......... 110
Figure 33 : Schéma prévisionnel de l’installation de codigestion des margines avec les
effluents laitiers ............................................................................................................ 117
Figure 34 : Schéma représentant l’appareil HPLC Agilent 1100 ........................................ 137
Figure 35 : Droite d’étalonnage de l’acide caféique ......................................................... 141
Figure 36 : Droite d’étalonnage de l’acide syringique ...................................................... 141
Figure 37 : Droite d’étalonnage de l’acide vanillique ........................................................ 142
Figure 38 : Droite d’étalonnage de l’acide férulique ........................................................ 142
Figure 39 : Chromatogramme HPLC correspondant à la caractérisation des margines ....... 143
Figure 40 : Chromatogramme HPLC correspondant au digestat lors du premier jour de la
période 3 ...................................................................................................................... 144
Figure 41 : Chromatogramme HPLC correspondant au digestat lors du dernier jour de la
période 3 ...................................................................................................................... 145
Figure 42 : Photo du digesteur pilote hybride UASB ............................................................. 150
Figure 43 : Photo d’une installation de cogénération............................................................ 150
Figure 44 : Illustration du système de chauffage interne et du maintien de la température de
l’affluent dans le digesteur .................................................................................................... 151
Figure 45 : Photo du moteur à gaz du couplage chaleur force .............................................. 151
XII
Liste des annexes
Annexe 1 : Méthodes d’analyse pour la caractérisation des rejets et pendant le suivi de la
digestion ........................................................................................................................ 134
Annexe 2 : Droite d’étalonnage des quatre polyphénols étudiés ....................................... 143
Annexe 3 : Chromatogrammes représentant les concentrations en polyphénols lors de la
caractérisation et pendant le début et la fin de la digestion dans le réacteur pilote ........... 145
Annexe 4 : Résultats du suivi de la codigestion des margines avec les effluents laitiers ..... 148
Annexe 5 : Illustration de la résolution numérique via ‘SOLVEUR.xls’ pour le choix du ratio
optimal .......................................................................................................................... 149
Annexe 6 : Cahier de charges pour la consultation des constructeurs des digesteurs UASB 150
Annexe 7 : Liste des ouvrages, institutions et personnes consultés pour le choix du
cosubstrat potentiel pour la codigestion des margines ..................................................... 151
Annexe 8 : Illustrations photographiques......................................................................... 152
XIV
Liste des abréviations
AGV : Acides gras volatils
HR : Huile résiduelle
MO : Matière organique
MS : Matière sèche
XV
Introduction générale
La culture de l’olivier pour l’obtention d’olives et d’huiles d’olive est une pratique connue
depuis l’antiquité. Au Maroc, l’importance socio-économique de la filière oléicole n’est pas à
démontrer. De part son utilisation pour lutter contre l’érosion, valoriser des terres agricoles
et fixer les populations dans des zones difficiles d’accès, l’olivier constitue la principale
spéculation fruitière.
Dans le contexte économique actuel, les attentes et les appuis accordés à cette filière visent
l‘extension des superficies et la modernisation du secteur. Le Programme National
Oléicole (PNO), programme élaboré par le Ministère de l‘Agriculture, du Développement
Rural et des Pêches Maritimes, prévoit en effet d‘atteindre un million d‘hectares d‘olivier à
l‘horizon 2015 (DPV, 2006).
Cette production en margines, qui sont des eaux usées très peu biodégradables, pose un
sérieux problème surtout lors de leur évacuation sans traitement vers des milieux naturels
tels que les cours d’eau. Les eaux réceptrices sont alors fortement chargées en matières
organiques et en polluants et n'ont plus la capacité de s'auto-épurer.
Ainsi, les conséquences de cette évolution axée sur la croissance économique, ignorant la
plupart du temps la composante environnementale, commencent à se manifester avec
acuité.
Toutes ces considérations ont mobilisé plusieurs chercheurs pour trouver des applications
efficaces pour valoriser ces effluents et limiter leur pouvoir polluant. Cependant, la plupart
de ces traitements ont montré des limites et certains d’entre eux n’ont pas dépassé le stade
pilote.
-1-
Actuellement, l’épandage des margines reste la technique de valorisation la plus répandue
vu leur richesse en éléments nutritifs tel que l’azote et le potassium. Mais, cette pratique
suscite pas mal de polémiques quant aux effets nuisibles qu’elle provoque que ce soit au
niveau du sol (Développement d’une couche barrière empêchant la pénétration de l’eau et
de l’oxygène) ou au niveau de la nappe phréatique (Pollution des eaux souterraines lors du
drainage des margines). D’autres travaux portant sur la méthanisation de ces effluents ont
été développés mais leur faible biodégradabilité due principalement aux substances
phénoliques a rendu cette voie non prometteuse. Or, la codigestion de ces margines
moyennant un cosubstrat facilement biodégradable pourrait améliorer considérablement les
performances de ce traitement qui jusqu’à maintenant reste relativement moins étudié et
peu développé pour en tirer des conclusions fiables quant à son efficacité.
C’est donc dans ce cadre que s’inscrit ce travail de fin d’études, dont les principaux objectifs
sont :
Choisir parmi les rejets de l’industrie agro-alimentaire, celui qui est susceptible de
servir de cosubstrat aux margines.
Etablir les paramètres optimaux ainsi qu’une proportion adéquate entre les margines
et l’effluent identifié pour garantir la bonne conduite de la digestion.
Procéder à l’expérimentation dans un réacteur biologique pilote et faire le suivi des
principaux paramètres permettant d’évaluer l’efficacité de ce traitement.
Dans le cas d’un résultat satisfaisant, évaluer les aspects technico-économiques d’un
développement industriel.
Dans une première étape, une revue bibliographique portera sur la problématique
environnementale des margines et s’attachera à identifier les rejets industriels pouvant
servir de cosubstrats. Cette synthèse permettra aussi de faire un état des travaux réalisés sur
le traitement de ces effluents, tant au niveau scientifique (expérimentation en laboratoire)
qu’au niveau de l’application industrielle.
Dans une deuxième étape, une étude expérimentale de codigestion en bioréacteur pilote de
type UASB sera réalisée. Le cosubstrat sera choisi en fonction des éléments de la phase
précédente. Les margines ainsi que le cosubstrat seront caractérisés puis nous
-2-
rechercherons les paramètres optimaux de fonctionnement du bioréacteur, et notamment
la proportion margines/cosubstrat. Les performances de la codigestion pour le mélange
étudié ainsi que les bilans de fonctionnement seront donc établi.
Une troisième et dernière étape aura pour objet l’évaluation de la faisabilité industrielle. Sur
la base des résultats de l’étude expérimentale, une proposition technico-économique au
stade industriel sera développée.
-3-
Partie I : Revue bibliographique
Chapitre I : Problématique
-4-
I.1. Secteur oléicole nationale
L’olivier constitue la principale espèce fruitière cultivée avec plus de 600.000 Ha, soit 58%
du verger arboricole national (DPV, 2006).
L’oléiculture s’étale sur presque tout le territoire national, en raison de la capacité de
l’olivier à s’adapter à tous les étages bioclimatiques : du présaharien chaud et sec en culture
irriguée, jusqu’au climat tempéré humide (El Hajjouji, 2007). Ce secteur assure près de
55.000 emplois permanents (Alby-Flores et al, 2007).
Selon le C.O.I (2008), la production d’olives a atteint 850.000 tonnes/an. Cette production
est caractérisée par des fluctuations inter-annuelles importantes dues à trois facteurs
essentiels (El Hajjouji, 2007) à savoir :
Les conditions climatiques, en particulier la pluviométrie.
L’alternance, phénomène physiologique caractérisant l’olivier.
Les techniques d’entretien qui demeurent en général rudimentaires.
-5-
I.1.1. Evolution de la production nationale de l’huile d’olive
A part les pertes et les utilisations ménagères estimées à 10% de la production nationale
d’olives, celle-ci est destinée principalement à l’élaboration de conserves d’olives et à la
production de l’huile d’olive qui utilise près de 65% d’olives produites.
Production nationale
moyenne d’olives :
85000 T/an (2008)
Huile d’olive
Figure 1: Schéma des flux de la filière oléicole au Maroc (Alby-Flores et Desongs, 2007).
Malgré les fluctuations des quantités d’huile d’olives causées par les irrégularités au niveau
de la production d’olives (Figure 2), les cinq dernières années montrent une nette
amélioration des quantités produites. Cette évolution est due principalement à
l’augmentation annuelle des vergers d’olives ainsi qu’à l’implantation de nouvelles unités
modernes de trituration dont le rendement est supérieur à celui des unités traditionnelles.
-6-
Figure 2 : Evolution de la production nationale de l’huile d’olive (COI, 2008).
Ceci explique que malgré la multitude des ces unités (plus de 12.000 unités), leur
contribution à la production d'huile d'olive au Maroc n’excède pas 25%.
Le Maroc compte plus de 300 unités industrielles utilisant soit un procédé d'extraction par
pression, soit un procédé à deux ou à trois phases.
Or, les huileries préfèrent le système continu à trois phases pour deux raisons principales :
absence de lois vis-à-vis des rejets liquides et production de grignons relativement secs par
rapport au système continu (Bhaih, 2003).
La capacité de trituration moyenne par le procédé à trois phases est de l'ordre de 35 tonnes
par jour. Les huiles produites par ce procédé présentent généralement une acidité libre
-7-
moyenne plus faible que celle des huiles extraites par les maâsras traditionnelles (Ouabbi,
1999).
Les Wilayas de Fès et Meknès sont en première position en ce qui concerne la concentration
des unités industrielles avec à peu prés 70 unités chacune. Elles sont suivies de la région de
Marrakech regroupant à peu prés une quarantaine d’unités industrielles.
Au Maroc et jusqu’à ces dernières décennies, l’extraction de l’huile se faisait par des
techniques traditionnelles. Elle était en général réalisée à l’aide de systèmes discontinus de
trituration puis de pressage en faisant intervenir la force animale à défaut de l’énergie
électrique.
Mais grâce au développement du secteur oléicole, les systèmes traditionnels ont été
remplacés par des équipements modernes. Le perfectionnement des procédés a permis
d’extraire l’huile en continue à travers des phases successives alors qu’au paravent les
processus étaient réalisés de manière discontinue (lavage des olives, broyage mécanique,
malaxage, extractions des moûts huileux). De même, après le développement des appareils de
centrifugation, la séparation de l’huile des eaux de végétation est devenue moins onéreuse
(Francesco, 1993).
C’est une technique ancestrale utilisée par les unités traditionnelles et par une grande partie
des petites unités modernes.
Le fonctionnement de ce système est simple. Il commence par un broyage des olives suivi du
malaxage et du pressage. Le sous-produit de cette opération est le grignon brut et un moût
fait d’effluents d’huileries d’olive et d’huile. La séparation des deux phases se fait par
décantation. Les margines générées par ce procédé sont de l’ordre de 0,5 litres par
kilogramme d’olives (Leger, 1999) et sont généralement rejetées dans le milieu naturel sans
aucun traitement faute de systèmes de traitements appropriés. Par contre, les grignons sont
utilisés par certaines huileries industrielles pour produire l’huile de grignon par une extraction
-8-
au solvant ou comme combustible dans des chaudières industrielles, des fours et des bains
publics.
Selon Leger (1999), ce type de procédé produit plus d’un litre de margines par kilogramme
d’olives trituré.
Variante du système précédant, ici le décanteur sépare l’huile et mélange le grignon et les
eaux de végétation en une unique phase de consistance pâteuse appelée grignon humide ou
grignon à deux phases (figure 3).
Ce système permet d’extraire une huile d’olive de bonne qualité sans production d’effluents
d’huileries d’olive. Son seul inconvénient est la production de grignons humides. En effet, les
grignons résultant de ce procédé contiennent 8 à 10% plus d’eau que ceux du procédé à trois
phases. Il est donc indispensable d’équiper les huileries travaillant selon le procédé écologique
d’une installation de séchage des grignons (El Hajjouji, 2007).
-9-
: Produits et sous-produits. : Opérations.
a b
Mouture Olives Broyage
Malaxage
Malaxage
Extraction
Pression Grignons centrifuge
Margines
Séparation Séparation
(décantation) centrifuge
Huile
c d
Broyage Olives Broyage
Margines
Extraction Extraction
centrifuge centrifuge
Grignons
Huile
Figure 3 : Schéma simplifié des principaux cycles d’extraction de l’huile d’olive, A: pression ; B:
centrifugation à 2 phases; C: centrifugation à 3 phases ; D: centrifugation à 3 phase avec recyclage
des margines (Amirante et al., 1993).
- 10 -
I.2. Caractérisation physico-chimique et microbiologique des margines
La composition chimique des margines est assez variable. Elle dépend de nombreux
facteurs, en particulier du mode d’extraction de l’huile, mais aussi de la période de
production (Benyahya et Zein, 2003).
- 11 -
I.2.1.1. Fraction organique
La matière organique des margines représente 85 à 90% de la matière sèche totale (MST).
La répartition de cette dernière en fonction des composés organiques donne 30 à 50% pour
les sucres divers, 12 à 35% pour les huiles résiduelles, 5 à 25% pour les composés
phénoliques et moins de 10 % pour l’azote organique (Nefzaoui, 1987; Hamdi, 1993).
Or, l’estimation de la pollution organique pause un problème délicat. Selon Rodier (1971),
les paramètres retenus comme critères d’évaluation de la pollution d’une eau résiduaire
sont : le carbone organique, la demande chimique en oxygène (DCO) et la demande
biologique en oxygène (DBO).
Carbone organique: Cette mesure permet de faciliter l'estimation de la demande
chimique en oxygène liée aux rejets et d'établir une corrélation entre la DBO et la
DCO.
Les margines contiennent des teneurs en carbone organique de l'ordre de 48 à 66 g/l
(Chimi et al, 1993).
DCO: La demande chimique en oxygène est la quantité d'oxygène nécessaire pour
oxyder chimiquement toute la matière polluante contenue dans une eau. Cette
mesure est effectuée a l’aide d’un oxydant énergique (bichromate de potassium) à
chaud et en milieu acide.
DBO: La demande biochimique en oxygène est la quantité d’oxygène consommée
par une eau usée pendant un certain temps. Cette consommation correspond
à la satisfaction des besoins respiratoires des micro-organismes dégradant la
matière polluante de l’échantillon.
DBO5: Elle exprime la quantité d’oxygène nécessaire à la dégradation des matières
organiques, avec le concours des microorganismes, dans des conditions données et
sur une période fixée à cinq jours.
Le rapport DCO/DBO5 donne une bonne indication sur la biodégradabilité des effluents.
Quand ce taux est inférieur à 3, l’effluent est facilement biodégradable ; au-delà de 5,
l’effluent est difficilement biodégradable.
Or, le rapport DCO/DBO5 des margines se situe entre 2,3 et 2,8 et fait croire que
l'effluent est biodégradable, ce qui n'est pas le cas en raison de la présence, dans
l'effluent de composés phénoliques et d'acides gras libres. Ces derniers proviennent de
- 12 -
l'hydrolyse de l'huile (Ranalli, 1991).
Potassium 0,85
Sodium 0,13
Azote 0,2
Phosphore 0,05
Magnésium 0,02
Il ressort de ce tableau que les margines sont très riches en substances fertilisantes
notamment en potassium, ce qui a initié plusieurs chercheurs à entamer des études
concernant leur valorisation au niveau agricole.
- 13 -
Tableau 4: Principaux composés phénoliques des margines.
Figure 4: Structures chimiques des certains composés phénoliques existant dans les margines.
- 14 -
I.2.2. Caractéristiques microbiologiques
Dans les effluents d’huileries d’olive, seuls quelques microorganismes arrivent à se
développer. Ce sont essentiellement des levures et des moisissures. Dans la plupart des cas,
il y’a absence de microorganismes pathogènes et ils ne posent alors aucun problème de
point de vue sanitaire. Le pouvoir antimicrobien des effluents d’huileries d’olive est lié
essentiellement à l’action exercée par les phénols monomériques et les pigments bruns ou
catécholmélaninique (Hamdi et Ellouz, 1993).
Ces effluents agissent sur les bactéries en dénaturant les protéines cellulaires et en altérant
les membranes (Ranalli, 1991). Ils peuvent inhiber également l’activité des bactéries
symbiotiques fixatrices d’azote en inhibant l’activité des enzymes digestives et/ou en
précipitant les protéines nutritionnelles.
Au niveau national, et dans le cadre des travaux de recherche portés sur les
margines, Mouncif et al. (1993) ont identifié certains micro-organismes qui se
développent sur des margines issues des maâsras traditionnelles et des unités
industrielles de trituration des olives. Ces micro-organismes sont représentés
essentiellement par Penicillium sp, Geotrichum candidum et Aspergillus sp.
Par ailleurs, sachant que la fermentation anaérobie des margines pour produire le
biométhane est l'une des applications les plus prometteuses, il est indispensable de considérer
l'effet des phénols contenus dans ces effluents sur l'activité microbienne des bactéries
méthanogènes et les bactéries cellulolytiques. (Hamdi et Ellouz, 1993).
- 15 -
Les lipides présents dans les margines peuvent avoir aussi un impact négatif sur les eaux. Ils
forment un film impénétrable à la surface des rivières et ses bords empêchant ainsi la
pénétration de la lumière et de l’oxygène (Nassif, 2004).
Au Maroc, les margines constituent un agent potentiel de pollution environnementale.
Rejetées dans les oueds, elles arrivent dans les retenues des barrages et accentuent le
phénomène d’eutrophisation (enrichissement des eaux en sels minéraux notamment en
nitrate et phosphate) de l’eau à ce niveau (Ranalli et al., 2002).
De plus, l’augmentation annuelle de la production de l’huile d’olive ainsi que le manque
accru de traitements efficaces, incite les industriels à rejeter les margines dans la nature
causant une altération écologique très poussée. Ces effluents sont aussi déversés via le
réseau d’assainissement urbain ou communal qui ne sont pas destinés à ce type d’effluent et
peut entrainer le dysfonctionnement des stations d’épuration.
Les polyphénols contenus dans les effluents d’huileries d’olive, rejetés dans les cours d’eau
de faible débit où l’échange de l’air est limité, exercent une action antagoniste sur la flore et
la faune aquatique en causant souvent leur mort.
Ces substances peuvent capter facilement l’oxygène dissout, ce qui finit par rendre le milieu
totalement anoxique et provoquant ainsi la mort de tous les êtres vivants par asphyxie
(Ranalli, 1991).
Mais encore, les fortes teneurs en sel des margines (200 fois plus élevées que les eaux
usées urbaines), ainsi que leur acidité élevée, sursaturent le milieu récepteur et provoquent
des conditions d’anaérobiose propices aux dégagements d’odeurs désagréables liées à la
formation d’hydrogène sulfureux (H2S) (Ranalli, 1991).
L’épandage des effluents d’huileries d’olive sur les sols peut également causer des dégâts
environnementaux au niveau des eaux souterraines. Celles-ci peuvent être polluées, ce qui
affecte la qualité de l’eau potable. La forte charge des margines en éléments azotés, peut
aussi causer une pollution par les nitrates des nappes situées dans la zone ou à proximité de
la zone d’épandage et souiller la qualité de l’eau potable (Benyahia et Zein, 2003) ; or dans le
- 16 -
bassin méditerranéen, les ressources en eau sont rares et leur préservation, tant
quantitativement que qualitativement est capitale (El Hajjouji, 2007).
Les acides, les éléments minéraux et les substances organiques aboutissent à une
destruction de la capacité d’échange cationique du sol (CEC), par suite, une réduction de la
fertilité du sol (Ghattas, 2004).
A ceci s’ajoute l’effet inhibiteur de l’activité microbienne par certaines substances telles
que les phénols (Marisot et Tournier, 1986).
L’acidité, la forte salinité et l’importante viscosité des margines occasionnent les dégâts
suivants sur le réseau public d’assainissement :
Les nuisances très inquiétantes des margines touchent probablement toutes les
composantes environnementales, ce qui rend leur traitement primordial d’où l’intérêt porté
par les instituts de recherches du monde et en particulier ceux du bassin méditerranéen
dans le but de minimiser leur impact sur l’environnement et avec les moindres coûts.
Cependant, l’utilisation d’une telle technique ou une autre ne doit pas être considérée
uniquement sous l’angle de la rentabilité économique mais surtout, elle doit tenir compte de
l’efficacité d’épuration.
- 17 -
Chapitre 2 :
Traitement et valorisation
des margines
- 18 -
L’impact des margines sur l’environnement dont l’ampleur ne cesse de croitre, a mobilisé
l’intervention de différents organismes et institutions du bassin méditerranéen pour pallier à
ce problème via des études conduites afin de développer différentes applications de
traitement et même de valorisation de ces effluents.
C’est donc à partir des années soixante-dix que les effluents des huileries d’olives ont été
sérieusement étudiés et ont fait l’objet d’une grande attention des institutions scientifiques
et entreprises concernées.
Dès lors, plusieurs méthodes de traitement et de valorisation ont été proposées dont unes
font l’objet d’une application et dont autres font encore l’objet de recherche (Kitane et al.,
2007).
Il s’agit d’un procédé simple qui consiste à placer les margines dans des bassins ou étangs
d’évaporation de profondeur de 0.7 à 1.5 m (El Alami, 2000). Cette profondeur est choisie
pour assurer une évaporation totale avant la campagne oléicole suivante. Après séchage, les
- 19 -
effluents d’huileries d’olive sont, soit incinérés soit utilisés comme engrais organique ou
comme additifs dans un compostage ou tout simplement jetés à la décharge.
L’évaporation naturelle est tributaire des conditions climatiques. En effet, elle dépend
étroitement de la vitesse du vent, du degré d’ensoleillement et de l’humidité de l’air.
Durant leur séjour dans les bassins d’évaporation, les margines subissent une autoépuration
naturelle par une série de processus de fermentation aérobie et anaérobie. Les agents de
cette biodégradation sont surtout des levures qui se trouvent à l’origine dans les olives
(Aissam, 2003).
Ce type procédé est installé dans le site des huileries Dokkarat (Fès) en utilisant des bassins
de 20.000 m2 de superficie pour réduire le problème de pollution à Oued Sebou. Mais, le
manque d’espace près des huileries qui additionne au coût élevé de superficie de bassin un
coût de transport, limite l’application d’un tel traitement. Aussi l’évaporation est freinée à
cause des couches de matière grasse formées et la formation de boues de fond qui est
difficile à vidanger et à utiliser (Bhaih, 2003). A ceci s’ajoute le dégagement d’odeurs
indésirables ainsi que la pollution éventuelle des nappes phréatiques si l’étanchéité des
bassins n’est pas parfaite.
Cette technique est basée sur la différence du potentiel hydrique entre les mailles des
panneaux et l’eau. Cela favorise l’action des rayons solaires et du vent et en améliorant ainsi
la capacité d’évaporation à 40% (Aissam, 2003).
Il s’agit donc d’un procédé élaboré comme solution complémentaire des problèmes
rencontrés lors de l’évaporation naturelle.
Des études d’épuration par ce processus ont été menées par Amirante et Montervino
(1996) dans une station pilote dont le débit est de 1 m3/h. Ces essais ont confirmé la
crédibilité de l’épuration des margines. L’eau distillée séparée avait une DCO moyenne égale
- 20 -
à 2000 ppm et le concentré obtenu avait une humidité d’environ 50 à 60% et une teneur
élevée en carbone, potassium et azote.
Les inconvénients de cette méthode sont : le dégagement des mauvaises odeurs,
l’évaporation de composés organiques et la possible mise en suspension d’aérosols s’il y a du
vent (El Hajjouji, 2007). Mais ce système est surtout freiné par son coût trop élevé vu
l’installation et l’énergie consommée.
Des essais avec cette technologie avaient été prévue pour une unité pilote d’évaporation
de 2000 m³/an à Fès ; mais depuis dix ans ce projet n’a pas encore dépassé le stade de
planification.
II.1.1.3. Incinération
II.1.1.4. Distillation
Les margines peuvent être concentrés à l’aide d’un distillateur. Ce processus permet de
réduire le volume de ces effluents de 70% et le résidu peut être utilisé comme combustible
pour chauffer le distillateur ou comme fertilisant dans l’agriculture.
L’eau condensée peut être réutilisée après une épuration adéquate dans les processus des
huileries (Ranalli, 1991).
- 21 -
Cependant, le distillat contient une forte DCO et le condensât contient des concentrations
appréciables en composés volatils. Par conséquent, un traitement complémentaire est
nécessaire au distillat avant son rejet ou sa réutilisation en irrigation (Aissam, 2003).
II.1.1.5. Cryo-concentration
Ce processus se base sur le fait que les margines, en se refroidissant jusqu’à la congélation,
se séparent, d’une part en un sirop constitué de substances organiques et de l’eau
résiduelle, et d’autre part en cristaux de glace qui à cause de leur faible densité flottent sur
le sirop (El Alami, 2000). Ce processus ne conduit pas à l’élimination des polluants, mais
provoque leur concentration.
II.1.2.1. Ultrafiltration/Filtration
C’est une technique qui est actuellement appliquée à l’échelle industrielle pour le
traitement des margines (Ranalli, 1991).
II.1.2.2. Coagulation
La coagulation est l’une des méthodes les plus efficaces pour éliminer les matières
organiques en suspension et colloïdales. Elle consiste à traiter les margines avec des produits
tensioactifs ou certains coagulants. Ce type de traitement reste le plus global et
certainement le moins coûteux par rapport à la masse de matières éliminées (Castillo-Rivera,
1999).
- 22 -
Fiestas Ros de Ursinos (1958) a obtenu des réductions de 35% et de 31% de la matière
organique en utilisant respectivement des sels de fer et des sels d’aluminium. La coagulation
par la chaux a donné une réduction de la DCO de 40 à 50% (Beccari et al., 1999).
Ce processus peut être utilisé après traitement biologique pour éliminer les matières en
suspension et les polluants résiduels (Fiestas Ros de Ursinos et Borja, 1992).
L’inconvénient majeur de ce traitement réside dans le fait qu’on a un simple transfert de la
pollution de l’état soluble à l’état boueux. En plus, la plupart des composés organiques
contenus dans les margines sont difficiles à précipiter.
En Italie, des recherches ont été menées sur les possibilités de prétraitement des margines,
afin de réduire les phénols et polyphénols présents dans ces eaux préalablement a leur
traitement par des procédés biologiques traditionnels.
L’osmose inverse permet de séparer une solution en deux phases : l’une concentrée et
l’autre diluée sous une pression allant jusqu’à 80 bar. Des essais de traitement des margines
ont été réalisés par cette technique, les margines obtenues étaient limpides et incolores
(Ranalli, 1991).
II.1.2.5. Ozonation
L’ozonation consiste à l'utilisation de l'ozone O3, comme produit d’oxydation qui permet la
destruction d'un grand nombre de micropolluants et l'amélioration des odeurs. La réduction
de la pollution par ce procédé est très limitée et les réactifs sont très coûteux.
Le coût de cette opération peut être atténué par une combinaison avec une digestion
aérobie ou d’une digestion anaérobie (Ghattas, 2004).
- 23 -
II.1.3. Procédés biologiques
Le traitement aérobie est une dégradation de la matière organique par les micro-
organismes aérobie en la réduisant en CO2, eau et la biomasse. Cette dégradation est
évaluée par la DBO ou la DCO. Ce procédé qui peut se réaliser en continu ou en discontinu,
nécessite une aération forcée ou une simple agitation (palettes) (Dalis et al., 1996).
Etant très chargés en matière organique, les margines ne peuvent pas être traités
directement par voie aérobie. De ce fait plusieurs auteurs ont recommandé de les diluer
avant leur traitement, soit avec l’eau (El Hajjouji et al., 2007), soit avec des eaux usées
domestiques (Annaki et Chaouchi, 1999). Balice et al. (1988) ont recommandé de diluer les
effluents d’huileries d’olive 70 fois avec de l’eau claire non polluée lors de leur épuration
avec les boues activées.
Plusieurs travaux ont été réalisés sur le traitement et le pré-traitement des effluents
d’huileries d’olive par voie aérobie en utilisant des souches de microorganismes telles que
les basidiomycètes (Dias Albino et al., 2004), Pleurotus ostreatus (Fountoulakis et al., 2003)
et Aspergillus niger (Cereti et al., 2004) en raison de leur grand pouvoir de dégrader les
composés phénoliques (Hamdi et Ellouz, 1993). Les tests de toxicité ont montré une
diminution de la toxicité des margines après traitement par ces microorganismes. En effet,
les microorganismes aérobies dégradent les composés organiques par oxydation avec
l’oxygène de l’air ou l’oxygène pur et utilisent la plupart de ces composées organiques
présents dans le milieu pour leur nutrition et leur reproduction.
D’autres auteurs ont utilisé des suspensions mixtes de microorganismes et ont abouti à des
abattements très importants en termes de DCO et de polyphénols (Zenjari et al., 1999 ;
Hafidi et al., 2005). Ces abattements sont très variables et varient en fonction de la
performance des souches sélectionnées (Zenjari, 2000).
- 24 -
L’inconvénient majeur du traitement aérobie est la consommation importante d’oxygène.
Dans le but de réduire cette consommation ainsi que la toxicité des effluents d’huileries
d’olive vis-à-vis des microorganismes épurateurs, des prétraitements physiques de ces
déchets (filtration, distillation, évaporation) ont été recommandés par plusieurs auteurs.
L’utilisation de ces deux procédés à la fois (physique et biologique) a permis d’avoir de
meilleurs résultats par rapport à l’utilisation d’un procédé biologique direct (Zenjari, 2000).
Les traitements anaérobies sont adaptés à plusieurs types de résidus : biomasse humide,
sous-produits agricoles, déchets des eaux résiduaires. Ils sont le plus utilisés pour le
traitement et l’exploitation des margines à cause de leur charge élevée en matière
organique (Hamdi, 1991).
Des études ont montré que pour une efficacité d’épuration de 80%, il faut un temps de
rétention de seulement 20 jours, avec en plus l’avantage de produire une quantité non
négligeable du biogaz : 855 litres/ kg de matière organique digérée (El Alami, 2000).
En effet, la digestion anaérobie des margines offre des avantages significatifs en matière de
réduction de la consommation d’énergie et de la production de boues. De plus, elle a révélé
des performances élevées en comparaison avec le traitement anaérobie d’autres rejets
industriels agroalimentaires (Anderson et al., 1977).
Ces traitements biologiques sont les plus recommandés, vu leur validité écologique
(Paraskeva et Diamadopoulos, 2006). Le but de la plupart de ces traitements, est de réduire
le contenu des margines en matières organiques (polyphénols) et les nutriments
inorganiques, par suite l'obtention des effluents moins toxiques utilisables comme
fertilisants.
Le traitement anaérobie des margines comprend plusieurs procédés tels que les digesteurs
contact anaérobies, le lit de boues à flux ascendant (Upflow Anaérobie Sludge Blanked -
UASB) et les lit de boues à filtre anaérobie (Akassou, 2008).
Vu l’intérêt que porte cette étude pour ce traitement, tout une partie lui sera consacrée afin
d’en tirer le plus d’informations possibles mais aussi pour justifier notre option pour cette
technologie.
- 25 -
II.1.4. Procédés mixtes
Vu leur forte charge polluante ainsi que la présence de substances toxiques, le traitement
des margines sans combinaison de procédés a montré des limites et des contraintes que se
soit d’ordre technique ou économique. Les recherches se sont ainsi orientées vers des
procédés dites mixtes pour dépolluer au maximum ces effluents moyennant des coûts plus
abordables favorisant le traitement de grandes quantités. Parmi les techniques les plus
étudiées, on peut citer :
Il s’agit d’un procédé qui permet le traitement des margines par électrocoagulation et
biométhanisation. Le couplage de ces deux procédés représente une solution adaptée au
problème de l’élimination de ces effluents.
Les boues sont extraites et vont au compostage. Les liquides sont acheminés vers le bio-
méthaniseur (Oulhoute, 2006).
Ce procédé repose sur deux stades biologiques (anaérobie et aérobie). Plusieurs études se
sont penchées sur ce type de procédé. Le travail de recherche mené au Centre International
des Technologies de l’Environnement de Tunis (CITET) est l’une des études les plus
intéressantes et qui a permis la définition d’un procédé de traitement biologique à trois
étages. Une station de traitement pilote a alors été installée au CITET (figure 12) et est
constituée de :
- 26 -
Etage 1 : un bassin d’aération avec une flore bactérienne capable de dégrader les
composés polyphénoliques toxiques et un décanteur pour extraire l’excédent en
biomasse,
Etage 2 : un digesteur à lit de boue (USAB) avec récupération de gaz,
Etage 3 : un bassin d’aération et un décanteur.
La station pilote a une capacité de 100 à 1000l/j de margines. Les résultats obtenus
montrent que ce traitement permet une réduction de 20% de la charge polluante des
margines. Par ce procédé, les margines peuvent donc être revalorisées en eau d’irrigation
(eau traitée), en biogaz et en biomasse riche en protéine valorisable en aliment de bétail.
Dans ce procédé, les margines subissent d'abord un prétraitement où on les filtre en vue de
séparation des matières en suspension ainsi que la plupart des huiles émulsionnées, on
corrige leur pH, on équilibre leur rapport C/N/P et on réduit leur taux de phénols. Pour avoir
un rapport C/N/P de 100/10/2, il faut ajouter 1,4 kg de P205 et 4,8 kg de N par m3 de
margines obtenues par pression ou 1,1 kg et 3,2 kg s'il s'agit de margines produites par
centrifugation. Le taux des phénols est réduit en les oxydant par de l'acide de caro. L'emploi
de cet acide permet également de réduire la DCO des margines grâce à son action non
sélective sur le pigment brun des margines. Après ce prétraitement, les margines sont
ensemencées par une culture mixte constituée par 83 espèces et souches microbiennes. La
microflore bactérienne prédominante appartient aux genres Saccharomyces, Baccillus,
Candida, Endomycopis, Cladosporium, Nocardia, Streptomyces, Clostridium, Azotomonas,
Pseudomonas, Bactrium et Basidiomycetes.
- 27 -
Ce procédé permet de baisser pendant 14 jours la DCO résiduelle des margines
déphénolisées à 5 g/l et pendant 30 jours celle des margines non déphénolisées à 15g/l.
Ce type de procédé nécessite un équipement alimenté par l’énergie électrique, qui effectue
un traitement physico-chimique de l’effluent à l’aide de chaux et de polyélectrolytes, puis un
traitement biologique. Un équipement de démonstration a été installé dans la commune de
Doccia (Florence), prévoyant trois stades : anaérobie avec récupération de biogaz, physico-
chimique (traitement aux polyélectrolytes) puis aérobie (Ranalli, 1991).
II.1.4.5. Bio-oxy-dégradation
Ce traitement provoque une baisse de la DCO de l’ordre de 70-80%. L’effluent est acheminé
vers un stade final d’épuration dans une installation communale ou consortiale mélangé ou
non avec les eaux d’égouts, ou peut être utilisé pour l’irrigation des cultures, car le
traitement précité ramène le pH à des valeurs proches de la neutralité ou le fait devenir
légèrement alcalin, des brûlures de la végétation n’étant dès lors pas à craindre.
Ce système présente les avantages suivants : une faible consommation énergétique, un
coût réduit et une simplicité de fonctionnement et de conduite (Ranalli, 1991).
- 28 -
II.2. Valorisation des margines
L’objectif de cette partie est de présenter les différentes technologies de valorisation qui
sont aujourd’hui disponibles pour le traitement des margines compte tenu de leur richesse
en éléments nutritifs minéraux et organiques.
Cette valorisation a pour objectif l’élimination des composés phénoliques d’une part et
l’utilisation des margines dans les domaines de la biotechnologie, de la chimie et de
l’agriculture d’autre part (Levis-Menzi et al., 1992).
II.2.1. Epandage
Ce type de valorisation des margines a été largement étudié par plusieurs auteurs (Ranalli,
1991 ; Levis-Menzi et al., 1992 ; Tomati et Galli, 1992 ; Di Giovacchino, 2001 ; Oulhoute, 2006
; Najdi 2007 ; Akassou et Zirar 2008).
Les margines peuvent être utilisées dans l’irrigation en raison de leur richesse en eau et en
minéraux nutritifs. D’après (Fiestas Ros de Ursinos, 1986) un mètre cube de margines
apporte 3,5 à 11 kg de K2O; 0,6 à 2 kg de P2O5 et 0,15 à 0,5 kg de MgO par hectare de terrain
irrigué (Nefzaoui, 1987).
Les résultats obtenus ont montré que l'épandage des margines sur les sols agricoles avait
généralement des effets positifs sur la productivité de la plante, sur les caractéristiques du
sol et sur le nombre et la diversité des microorganismes présents dans le sol (Di Giovacchino,
2002).
Le tableau (5) montre les résultats obtenus par la société du canal de Provence d’après
(Najdi, 2007) :
Tableau 5 : Apports moyens en éléments fertilisants sur la base d'un épandage de 100m3/ha/an (Société
du canal de Provence, 1988).
Paramètres unités kg/ha Apport par ha
Matière organique MO 400 à 1800
Azote total De N 50 à 200
Phosphore De P2O5 65 à 200
Potasse De K2O 350 à 1100
Magnésie De MgO 15 à 150
Calcium De CaO 15 à 100
- 29 -
L'épandage des margines sur des sols agricoles peut constituer le moyen le plus
économique pour résoudre le problème de l'écoulement de ce sous produit mais également
le plus utile, puisqu'il peut être utilisé sur le sol pour remplacer partiellement ou totalement
les fertilisants chimiques. De même, dans les régions arides, l’apport des margines peut
contribuer à l’enrichissement des sols en matière organique et améliorer la capacité de
rétention en eau des sols et leur résistance à l’érosion (El Hajjouji, 2007).
Cette pratique semble être moins sûre puisque ses répercussions nuisibles sur la flore et les
eaux souterraines sont très importantes.
Le compostage est une des solutions proposées afin de valoriser les margines.
Il a pour but la transformation des matières organiques en substances humiques, tout en
détruisant les parasites et les micro-organismes pathogènes. La libération de mauvaises
odeurs lors du compostage, est fortement réduite car les composés organiques qui restent
après le processus sont relativement stables avec de faibles taux de décomposition
(Gourdon, 1987).
Les composts contiennent des nutriments incluant l’azote, le phosphore et des oligo-
éléments essentiels. Le contenu en nutriments du compost est lié à la qualité des substrats
- 30 -
organiques d’origine. Dans la plupart des cas, les composts contiennent des taux de
nutriments trop faibles pour être qualifiés de fertilisants.
Zenjari (2000) a étudié un procédé de compostage en mélangeant les margines avec les
déchets cellulosiques (la paille). Le compost obtenu est stable et riche en substances
humiques, avec une réduction de 50% et 95% de la DCO et des phénols totaux
respectivement.
Des essais sur des margines additionnées à d'autres résidus secs préalablement broyés ont
été réalisés en Andalousie (Fiestas et al., 1983). Ces essais ont été faits en mélangeant les
margines avec la paille de blé sous forme de pile (7,5 x 2,5 x 1,8 cm³) tout en assurant une
aération forcée, le compost résultant avait présenté les caractéristiques suivantes :
Tableau 6 : Composition du produit résultant du compostage des margines (Fiestas et al, 1983).
Elément Teneur
Humidité 37.3 %
Azote 1.5-3 %
P2O5 1.4 %
K2 O 2.1 %
MgO 1.3 %
CaO 1.9 %
Fe 0.5 %
Al 0.2 %
Mn 0.02
Zn 0.02 %
Cu, Pb, Cd, Hg < 1 ppm
Poids spécifique 0.345 (g/cm3)
Indice de germination 75 %
L'effet phytotoxique était absent suite à la dégradation des phénols, des aldéhydes et des
alcools par la microflore développée lors du compostage.
L’apport du compost peut s’effectuer en fonction d’un calendrier traditionnel, les éléments
fertilisants sont mieux intégrés dans le complexe humique et sont mis progressivement à la
disposition de la plante par la biodégradation de la matière organique, de ce fait ils sont
moins susceptibles de s'infiltrer vers la nappe (El Hajjouji, 2007).
- 31 -
II.2.3. Utilisation en alimentation animale
Les margines ont été utilisées directement comme aliment pour le bétail et ils ont été
donnés à des volailles à la place de l’eau potable (Fadeli, 1977). Ces expériences ont montré
un abaissement du taux de mortalité de ces animaux et une diminution de leur coût par kilo
de viande produite (Nefzaoui, 1987).
Cependant, l’apport de ces effluents déshydratés aux ruminants provoque des diarrhées en
raison de leur taux élevé en sodium et en composés phénolique. De ce fait une application
directe des margines bruts est à proscrire.
Chimi (1997) a montré que l’ajout de protéines à l’aliment de bétail semble remédier au
problème de diarrhées en réduisant l’effet inhibiteur des composés phénoliques.
Tableau 7: Composition chimique de la pâte des margines obtenue par le procédé Dalmolive
(Martilotti, 1993).
Composant Valeur (% de la matière sèche totale)
- 32 -
II.2.4. Utilisation des margines dans la production des protéines d'organismes
unicellulaires (POU)
L’obtention des protéines unicellulaire constitue une des solutions optimales pour la
valorisation des margines. La plupart des procédés appliqués sont basés sur l’utilisation des
levures capables de transformer les substances organiques en biomasse à haut contenu en
protéines et vitamines de grande valeur pour l’alimentation animale et même humaine (El
Alami, 2000).
Ce procédé ne manque pas d’intérêt car il se traduit par une diminution de la DBO (60 à
70%) et l’obtention de 13 kg de levure par mètre cube de margine. De plus, les cellules de
levure absorbent le colorant brun des margines qui empêche l’épuration parfaite des eaux
polluées. (Nefzaoui, 19887).
La plupart des procédés appliqués sont basés sur l'utilisation de levures capables de
transformer les substances organiques des margines en biomasse à haut contenu en
protéines et vitamines de grande valeur pour l'alimentation animale et même humaine.
Sur le plan économique, Nefzaoui (1987) signale que la faisabilité de ces procédés n'est
cependant pas très sûre.
Tableau 8 : Levures pour la production de protéines d’organismes unicellulaires à partir des margines
d’après Hamdi (1993).
Souche Biomasse
Torulopsis 13
Saccharomyces cerevisiae 30
L'emploi de ce genre de POU pour l'alimentation animale a été limité par les composés
phénoliques qui se fixent sur les levures. Ces dernières se sont trouvées en effet incapables
de dégrader les pectines, les tannins et les polyphénols (Hamdi, 1993).
- 33 -
II.2.4.2. Emploi des moisissures
- 34 -
Chapitre 3 :
Digestion anaérobie
- 35 -
D’après la littérature, la digestion anaérobie est l’une des techniques les plus efficaces pour
traiter les effluents à caractère organique. Pour les margines bruts, les résultats obtenus par
ce procédé ont montré des limites dus principalement à leur faible pH, mais aussi aux
polyphénols contenus dans ces effluents.
Dans ce sens, plusieurs travaux de recherches ont été menés et qui ont amenés des
solutions permettant d’améliorer l’efficacité de ce traitement.
Concernant le pH, Sobhi et al. (2007) ont proposé d’ajouter le bicarbonate de sodium pour
neutraliser l’acidité des margines. Quant à la toxicité des polyphénols, elle peut être
atténuée par dilution des margines ou mieux encore par codigestion avec d’autres substrats
riches en nutriments et ne présentant pas de toxicité.
- 36 -
La voie métabolique regroupant ces quatre étapes peut être schématisée par la figure (6)
suivante :
Matière
organique
Microorganismes
acidogénèse
Hydrolyse et
Hydrolytiques/acidogènes
76%
Alcools
Acides organiques
4% sauf acétate 20%
Acétogénè
24% 52%
se
Acétogènes
H2, CO2 Acétate
Méthanogénèse
28% 72%
Biogaz
CH4, CO2
Figure 6: Etapes de la digestion anaérobie et populations impliquées d’après Garcia et al., (2000).
A-X X-OH + HA
Les liaisons covalentes susceptibles d’être clivées sont des liaisons de type esters, osidiques
et peptidiques appartenant respectivement aux lipides, glucides et protéines. Ainsi, tous les
substrats organiques peuvent subir une hydrolyse. Les lyases, la seconde classe la plus
représentée, aboutissent aux mêmes hydrolysats mais sans apport d’eau.
- 37 -
L’hydrolyse des protéines conduit à la formation de peptides, d’acides aminés, de dioxyde
de carbone et d’ammoniac. Celle des lipides aboutit à la formation des d’acides gras volatils
(AGV).
D’après Verdenne (2003), les travaux entrepris par Sanders (2000) sur la biodégradation
anaérobie de l’amidon révèlent que pour une température et un pH constants, la surface
totale d’amidon disponible pour l’hydrolyse est le paramètre le plus important dans le taux
d’hydrolyse. Donc le broyage stimule le taux d’hydrolyse.
- 38 -
III.2.4. Etape de la méthanogénèse
Contrairement aux étapes précédentes où la diversité des genres microbiens était reliée à
la variété des substrats, les bactéries méthanogènes forment un seul groupe. Ces substances
sont des molécules à un ou deux atomes tel que le formate, les composés méthylés, le
couple CO2/ H2 et l’acétate.
Les bactéries méthanogènes sont classées parmi les archaebactéries. Leur distinction est à
relier à des spécificités membranaires, enzymatiques et métaboliques.
L’équipement enzymatique de la microflore méthanogène est sensible à l’oxygène même à
l’état de traces. Une anaérobie stricte est donc nécessaire. Les conditions de pH diffèrent de
celles rencontrées pour les premières étapes. Un pH compris entre 6,5 et 8,5 est requis.
III.4.1. Température
Ce facteur est primordial car il conditionne la vitesse des réactions enzymatiques.
L’équation de Van’t Hoff informe qu’un incrément de 10°C double les vitesses de réaction
sans influencer l’équilibre final de la réaction. Dans le cas d’un digesteur industriel, ce
facteur est fondamental puisqu’il permet de réduire le temps de séjour (Fujishima et al.,
2000).
Un apport thermique est généralement nécessaire puisque les réactions mises en jeu sont
athermiques. De plus une stabilité thermique doit être assurée pour éviter un « stress » pour
les micro-organismes.
III.4.2. pH
La gamme des pH permettant un déroulement normal de la fermentation méthanique est
liée aux conditions optimales de vie des microorganismes responsables des différentes
réactions métaboliques.
Les acétogènes sont les plus sensibles aux variations de pH, alors que les méthanogènes
peuvent accepter des variations de pH entre 6 et 8. Les bactéries acidogènes s’adaptent
facilement à des pH aux alentours de 4.
Généralement, on considère que les variations doivent être maintenues dans une
fourchette située entre 6,4 et 7,8 pour que les fermentations soient stables.
La régulation du pH est assurée principalement par les bicarbonates (HCO 3-) (Morelli et
Rindome, 1990) et dans une faible mesure par les ions phosphates (HPO 3-) (Florencio et al.,
1996).
- 40 -
A un pH voisin de la neutralité, la formation des ions HCO3- est principalement due à
l’interaction entre les ions NH4+ provenant de la dégradation des protéines et le CO2 dissous.
Ces ions permettent de neutraliser les acides organiques, libérés.
Quant au potentiel redox, une étude faite par Jee et al., (1988) révèle que le taux de
croissance et de production spécifique du méthane sont optimaux pour un potentiel compris
dans la gamme -430 à -520mV sans pour autant préciser la nature de l’électrode utilisé. Au-
delà de ces valeurs, les taux de production du méthane diminuent.
Les résultats d’une étude sur la dégradation anaérobie des déchets d’abattoirs ont révélé
une inhibition de la production de méthane causée par l’accumulation d’AGV (Saliminen et
al., 1999). Le blocage est survenu au niveau de la phase d’hydrolyse. Par ailleurs, la phase
d’acidogénèse serait bloquée par les acides gras à longues chaînes.
Il est admit que l’effet toxique est davantage dû à une baisse de pH que par les AGV eux-
mêmes (Gourdon, 1987).
Fujishima et al. (2000) ont travaillé sur la digestion anaérobie de boues d’eaux usées en
modifiant le taux de matière sèche de 3 à 11%, les résultats ont montré une baisse de la
- 41 -
production du biogaz. La biodégradation des carbohydrates a elle aussi chuté de 71,1% à
27,8%. Or, l’augmentation du taux d’humidité provoque une accumulation plus importante
en propionate (un des AGV les plus courants) et par conséquent, une baisse de pH.
La présence des polyphénols dans les margines varie suivant la variété et le degré de
maturité des olives, en plus des procédés d’extraction des huiles d’olives. Ces polyphénols
sont toxiques pour certaines bactéries (Fiorentino et al., 2003) et par conséquent, ils
représentent un effet inhibiteur pour la digestion anaérobie (Beccari et al., 1999) d’où la
nécessité d’un prétraitement réduisant la concentration de ces composés.
Pratiquement, le démarrage de la digestion est parmi les étapes les plus critiques
rencontrées au cours d’une application de méthanisation. Une bonne maîtrise de cette mise
en service est la clé de réussite du processus de digestion et de sa stabilité.
Il existe diverses méthodes spécifiques destinées à démarrer les digesteurs anaérobies qui
varient en fonction du système choisi et du substrat à traiter.
- 42 -
De façon générale, elles consistent en une addition initiale d’un inoculum contenant les
microorganismes nécessaires. Cette phase d’ensemencement est suivie par un début
d’alimentation en substrat, à de faibles taux de charge organique afin d’assurer une
stabilisation des performances du digesteur. Le taux de charge est ensuite graduellement
augmenté jusqu’à atteindre le niveau prévu (PACER, 1993).
La figure (7) suivante résume les paramètres importants qui affectent le démarrage d’un
digesteur.
Nous remarquons qu’en plus des paramètres cités précédemment, d’autres critères sont à
considérer et qui sont liés au type du digesteur et à la nature du substrat mis en question. Il
est donc nécessaire d’étudier les systèmes de digestion proposés par le marché et d’établir
des paramètres de fonctionnement adéquats afin d’assurer un traitement optimal.
- 43 -
III.6. Technologie des digesteurs anaérobies
Dans le troisième mode, le substrat est introduit et le produit digéré est extrait de façon
progressive et continue, si bien que le volume effectif de biomasse dans le digesteur reste
constant; on parle alors d’alimentation en continu. Dans la pratique, la plupart des systèmes
fonctionnent selon le mode continu (PACER, 1993).
- 44 -
Gaz Gaz Gaz
Alimentation Sortie
Alimentation
*
Figure 8 : Schéma de fonctionnement des trois systèmes de digestion (PACER, 1993).
A. Batch
C’est le procédé où toutes les étapes de la dégradation sont réalisées dans la même
enceinte. Le digesteur batch est rempli au fur et à mesure de la production de déchets puis
fermé une fois plein. Les déchets solides sont aspergés avec un percolat chauffé riche en
microorganismes qui sert d’inoculum pour l’ensemencement. Une fois la méthanisation
terminée (plusieurs semaines), le digestat est extrait en une seule fois. Ce type de système
nécessite la mise en place de plusieurs méthaniseurs en parallèle afin d’obtenir un
traitement régulier du substrat et une production stable de biogaz.
- 45 -
A:alimentation
S : sortie
G : biogaz
Figure 9: Schéma d’un digesteur infiniment mélangé: a) mécaniquement par pâles, b) par compression
et recirculation du biogaz, c) par recirculation du milieu (Scirban,1985).
Ce réacteur biologique est garni de supports de croissance statiques. Il est rempli d’un
support inerte de nature variée (roche, verre, plastique) et les bactéries se développent sous
forme de biofilm sur ces supports ce qui leur confèrent une grande résistance aux
perturbations extérieures (chocs de charge, arrêt, etc.) et une grande tolérance aux agents
toxiques.
L’alimentation se fait aussi bien par flux ascendant que descendant et l’effluent à traiter
passe au travers du "filtre" formé par le support et la biomasse qu’il contient. Une grande
partie de la biomasse présente est en réalité coincée entre les interstices du support.
A : alimentation
S : sortie
G : biogaz
Figure 10: Schéma d’un digesteur à lit fixe : a) à flux descendant, b) à flux ascendant. (Oliva et
al.,1989).
- 46 -
D. Réacteur à lit fluidisé
Ce système met en œuvre la fixation de biomasse active sur des particules de petite taille
de matériau inerte tel que le sable de silice afin de constituer des granules. Ces granules sont
maintenus en suspension dans un courant de liquide ascendant constitué par l’injection de
l’effluent à traiter, par le recyclage d’une partie de l’effluent ou encore par la recirculation
du gaz. L’expansion de boue s’accroît avec l’augmentation de la vitesse ascensionnelle du
liquide jusqu’à ce que chaque granule puisse être considéré comme indépendant des
interactions de ses voisins. Au dessous de cette limite, le lit est qualifié d’expansé et au-
dessus, il est dit fluidisé. Pratiquement, les vitesses ascensionnelles sont comprises entre 20
et 30 m/h pour les lits fluidisés et entre 5 et 8 m/h pour les lits expansés.
Gaz
Effluent
Recyclage
Affluent
Le principe de ce réacteur est basé sur la colonisation des microorganismes sous forme de
granules facilement décantables. Le flux entrant ascendant permet de mettre en suspension
le lit de boues et d’avoir un mélange homogène.
La vitesse du flux ascensionnel doit être relativement faible (0,5 à 1,0 m/h) pour assurer
une bonne homogénéité du lit de boues et par conséquent un contact optimum entre
l'effluent à traiter et la biomasse active. Ces granules de boues, de 2 à 5 mm de diamètre, se
forment plus ou moins rapidement selon la nature du substrat (plus facilement avec des
effluents sucrés ou riches en acide gras volatils). Le biogaz produit est collecté en partie
supérieure du digesteur. Un dispositif de décantation de l’effluent traité est également
présent au sommet du réacteur; il permet de prévenir l’exportation de granules flottants .
- 47 -
Pour la digestion des margines, ce procédé a donné de meilleurs résultats par rapport aux
autres procédés anaérobies (Boari et al., 1984). Le problème principal rencontré était la
formation de mousse lié à la surcharge organique de ces rejets pendant le démarrage. Ce
problème a été résolu par dilution des margines et augmentation de la teneur en azote
(DCO/N de 170/1).
Gaz
Effluent
Affluent
F. Contact anaérobie
A: alimentation
S : sortie
G : biogaz
Figure 13: Schéma d’un digesteur à contact où la rétention est assurée par :
a) décanteur, b) membrane. (Scirban,1985).
- 48 -
G. Bioréacteur à membrane
- 49 -
La très large gamme des digesteurs industriels existant au marché a rendu possible le
traitement de différents types de déchets. Concernant les effluents liquides tels que les
margines, les réacteurs UASB et les réacteurs infiniment mélangés sont les mieux adaptés.
-Démarrage du digesteur ++ + - - -
-Accumulation de - + ++ + ++
biomasse
-Brassage du liquide + + - +(+) ++
Résistances aux chocs :
-Hydrauliques + - + ++ +
-Organiques - - + + ++
-Insensibilité au ++ + ++ - +
colmatage
-Besoin en contrôle du ++ + + + -
digesteur
- : défavorable ; + : favorable ; ++ : très favorable.
- 50 -
Biogaz : B
Digesteur
Affluent Q;C Effluent : Ce
(V)
-Q : Débit (m3/j))
-B : Débit du biogaz (m3/j)
-E : Débit des boues (kg/j)
-Ce : Concentration de l’effluent
(kg DCO/m3)
-C : Concentration de l’affluent
Boues : E
(kg DCO/m3)
- 51 -
Pb=B/C*Q (3)
La productivité en biogaz peut être aussi exprimée par rapport à la DCO dégradée (Pb0). Le
rapport entre ces deux paramètres est fonction du rendement épuratoire, d’où la relation :
Pb=RE*Pb0 (4)
Pe=E/C*Q (5)
- 52 -
III.7.2. Voies de valorisation du biogaz
Les modes de valorisation du biogaz sont très diverses. Cependant, en l’absence d’un
réseau national de gaz et de stations d’alimentation en gaz pour véhicules, la valorisation au
niveau industriel est le moyen le plus concret. Cette valorisation contribuera aux apports en
énergie électrique et thermique.
A. Alimentation de cogénérateurs
Dans ces cas, le moteur fixe entraîne une génératrice électrique; c’est là la voie qui offre le
plus de possibilités de valorisation du biogaz pour des installations industrielles. Lorsque
l’énergie électrique peut être injectée dans un réseau préexistant, l’emploi d’une génératrice
asynchrone simplifie la réalisation, mais, en cas de défaillance du réseau, l’alimentation
autonome de l’usine n’est pas possible.
B. Utilisations thermiques
Le biogaz peut être utilisé dans la plupart des appareils de chauffage industriels. Les
équipements prévus à la construction pour utiliser du biogaz ou un mélange sont déterminés
pour pouvoir fonctionner entre les limites extrêmes de composition du gaz d’alimentation.
Pour les équipements fonctionnant à l’huile de chauffage, l’adaptation porte sur le brûleur.
Seuls les appareils d’utilisation sensibles à des variations même faibles des caractéristiques
(par exemple flammes de chalumeau), ou dont la puissance est trop faible pour permettre
d’y prévoir un dispositif d’adaptation au biogaz, doivent être écartés de ces applications.
- 53 -
Le réchauffage des effluents à méthaniser et le maintien en température du digesteur
constituent une autoconsommation thermique du système (Commission A.T.G. Des études
générales, 1986).
C. Elimination à la torchère
Avant de l’exploiter, le biogaz doit être épuré car il contient des substances indésirables
telles que l’hydrogène sulfuré (H2S).
Tableau 13: Exemples d’élimination de H2S et CO2 selon l’utilisation prévue (Perret, 1986).
Utilisation du biogaz Elimination CO2 Elimination H2S
- 54 -
Les diverses méthodes d’épuration du biogaz sont présentées dans la figure(12). Celle-ci
comporte des procédés industriels pour l’élimination de l’eau, du gaz carbonique et de
l’hydrogène sulfuré.
EPURATION DU
BIOGAZ
- 55 -
Les procédés d’épuration physique font appel à la compression et au refroidissement
du gaz. Une méthode consiste à refroidir le gaz pour provoquer la condensation de
l’eau; en pratique, ceci doit être fait à basse température ce qui limite la diminution
de teneur en eau. On peut aussi condenser la vapeur d’eau par compression et
refroidissement simultané.
L’épuration biologique, qui se base sur l’utilisation des microorganismes anaérobies,
elle a été développée depuis une vingtaine d’années et concerne notamment
l’élimination de l’hydrogène sulfuré (H2S) et sa transformation en soufre élémentaire.
- 56 -
Partie II : Choix du cosubstrat
potentiel pour la codigestion des
margines
- 57 -
Choisir le cosubstrat potentiel pour la codigestion des margines est l’une des premières
préoccupations auxquelles se confronte toute recherche de ce type. Une telle étude ne se
limite pas seulement à un choix sur des bases techniques, mais aussi, elle doit prendre en
considération les aspects économique et stratégique pour favoriser au maximum la
faisabilité d’une telle technologie à l’échelle industrielle.
Ainsi, cette étude vise à sélectionner parmi les rejets industriels, ceux qui sont les mieux
adaptés pour être codigérer avec les margines et dont les filières d’élimination sont
inexistantes ou insatisfaisantes.
1. Méthodes
1.1. Consultations
Les renseignements concernant les effluents potentiellement utilisables ont été récoltés
dans la littérature et à partir d’investigations et enquêtes faites auprès de personnes,
établissements et entreprises concernés dont la liste est reportée en annexe (8).
La digestibilité : Il s’agit du premier critère de sélection et l’un des paramètres les plus
pesants de cette étape. Comme l’indique son nom, la digestibilité nous informe sur le
comportement des rejets en digestion anaérobie ;
Le degré de connaissance de leur digestion : les rejets dont la digestion est mal
connue ne seront pas retenus lors de cette sélection ;
Production du biogaz : Parmi les avantages qui orientent notre choix vers la
biométhanisation est la production du biogaz, source non négligeable d’énergie. Une
production importante en biogaz permet de réduire les frais d’exploitation et parfois
même, d’amortir le coût d’investissement ce qui favorise la faisabilité et valorise
l’implantation d’une telle technologie.
Les filières d’élimination : Les effluents industriels dont les voies de valorisation sont
satisfaisantes, c’est à dire ceux qui présentent une importante valeur ajoutée via
- 58 -
d’autres types d’exploitation ne seront pas retenus, nous nous limiterons donc aux
rejets qui posent encore des problèmes pour leur traitement.
En plus de ces paramètres auxquels doivent satisfaire les cosubstrats étudiés, ceux-ci
devront également répondre à des critères technico-économiques afin de ne retenir parmi
ces rejets que ceux répondant au maximum aux besoins de la codigestion des margines à
grande échelle.
- 59 -
2. Sélection préliminaire
Cette première sélection est réalisée sur la base d’un arbre de décision appliqué aux
importants rejets générés par les industries agro-alimentaires.
Déchet industriel
Digestion connue
Méthanisable
Filière d’élimination
Susceptible de
changement
Pour ne pas errer dans l’étude exhaustive des rejets industriels à caractère polluant, il est
judicieux de commencer d’abord par une brève analyse de la structure des IAA au Maroc
avant de procéder à l’enquête. Ainsi, nous nous focaliserons sur les importantes industries
causant un problème environnemental au niveau national.
Pour ce faire, nous nous sommes basés essentiellement sur l’enquête annuelle établie par le
MCIT en 2001 sur les IAA au Maroc. Si on se réfère au nombre d’établissements, à la capacité
de production ainsi qu’au chiffre d’affaires, nous concluons que les importantes activités
industrielles au Maroc sont :
- 60 -
Tableau 14 : Description des importantes industries agroalimentaires au Maroc (MCIT, 2001).
Industrie Description
Industrie des Cette filière présente près de 12% de l’ensemble des établissements IAA au
viandes et du Maroc et pas moins de 12,4% en termes de production.
Parmi les déchets de cette industrie, nous pouvons distinguer ceux à faible
poisson risque et ceux à haut risque.
Les rejets provenant de l’industrie de viandes sont généralement à haut risque
(penses, rates, entrailles….) alors que ceux générés par l’industrie du poisson ne
présentent pas de risque majeur et sont généralement recyclés en farine
animale.
Industrie des fruits Cette branche est dominée par l’activité de conservation et l’activité de
et légumes préparation des jus. L’activité de conservation de légumes est la plus importante
en termes production (conserve des olives, des cornichons, des tomates, …).
Cette industrie génère de grandes quantités de déchets, tels les épluchures et
les eaux de lavages. Ces déchets présentent de grandes variations liés à la
diversité et sont concentrés géographiquement, sur les sites de traitement.
Industrie laitière L’industrie laitière est très largement dominée par le traitement du lait.
L’activité de fabrication industrielle de glaces et de sorbets est encore peu
développée.
Dans cette branche, l’activité artisanale et semi-industrielle demeure
importante et représente un potentiel d’extension non négligeable.
Industrie des corps De part la production d’huile d’olive, la branche des corps gras est très
gras largement concentrée sur la fabrication des huiles à graines.
Cette fabrication est accompagnée par une importante quantité de rejets très
chargée en lipides.
Industrie de Cette industrie domine le secteur agro-alimentaire en termes de valeur de la
transformation des production avec près de 26%. La plus grande production est réalisée par des
minoteries industrielles qui génèrent des déchets comme les duvets d’avoine ou
céréales les résidus du blé dont la principale destination reste à présent satisfaisante à
savoir, l’alimentation animale.
Industrie sucrière La fabrication du sucre au Maroc emploi essentiellement la betterave sucrière
ce qui en résulte, une production des résidus de pressage de ces betteraves, de
la mélasse et des eaux de lavage.
Les résidus du pressage et la mélasse sont le plus souvent écoulés comme
fourrage.
Les eaux usées (1 à 3% de MS) sont généralement traités sur site via des
traitements biologiques.
Elaboration de thé Elle représente une part non négligeable en termes de production avec pas
et de café moins de 40 établissements et un chiffre d’affaires d’environ 1,2 milliards de
dirhams.
La plus grande quantité des déchets provient de l’activité d’extraction du café.
Industrie des Les principales activités de cette industrie sont, la production des boissons
boissons rafraichissantes, la production du vin, la brasserie et la malterie.
Les rejets issus de cette industrie diffèrent selon le type d’activité.
Les déchets des brasseries sont constitués essentiellement de drèches et de
levures alors que l’industrie vinicole produit du moût de vin en grande quantité.
- 61 -
D’après le tableau (14), Nous constatons que la majorité des grandes industries au Maroc
sont génératrices de rejets causant généralement d’énormes problèmes quant à leur
évacuation et leur traitement. Si certaines d’entre elles disposent déjà de solutions efficaces
pour le traitement de leur rejets (Industrie sucrière, industrie du poisson…), d’autres le sont
moins et sont contraintes de les évacuer dans la nature sans traitement comme c’est le cas
de l’industrie des corps gras.
Par ailleurs, une étude sectorielle sur la pollution industrielle présentée par le FODEP en
2002 a eu pour objectif de quantifier la pollution industrielle au Maroc. Cette étude nous
conduit à peu près aux mêmes conclusions par rapport à celles avancées précédemment.
- 62 -
Cette première sélection ne prend pas en compte les contraintes liées aux applications à
grande échelle ce qui nous permet de se référer aux expériences étrangères.
Le rapport établit par l’office fédéral de l’énergie en Suisse (1998) et qui avait pour objectif
de collecter des informations sur les importantes expériences européennes dirigées vers la
méthanisation des rejets industriels a permis d’obtenir les résultats résumés dans le tableau
(16).
- 63 -
Ces informations nous donnent une idée générale sur le degré de méthanisation ainsi que
les filières d’élimination des principaux rejets industriels polluants. Nous concluons que
l’efficacité de ce traitement est liée principalement au caractère organique de l’effluent.
Comme le montre la figure (17), une importante production en biogaz a été constatée chez
les effluents riches en matière organique et elle atteint des quantités maximales pour les
rejets graisseux. Cependant, cette conclusion ne peut être généralisée pour tous les
substrats puisque certaines substances peuvent affecter le processus de méthanisation
comme le cas des polyphénols dans le moût de vin.
Figure 17 : Potentiels méthanogènes de certains sous produits agro-indiustriels. a : Pouech et al. 1999 ;
b : Guillerm et al. 2005 ; c : Perez et al. 2004.
Au terme de la première sélection, une grande partie des rejets étudiés ont été éliminés
pour différentes raisons qui sont présentées dans le tableau (17) :
- 64 -
Tableau 17 : rejets non retenus lors de la première sélection.
- Déchets des Méthanisation L’étude de ces rejets a été stoppée dès la première
minoteries très limitée phase, vu qu’ils ne présentent pas un apport
- Déchets de tabac
considérable au niveau de la production du biogaz.
- Marc de café
- Rejets issus de
l’élaboration du
thé
-Rejets issus de la Digestion mal L’aspect hétérogène de ces rejets ne nous permet pas
transformation connue de se fier aux résultats des expériences concernant
des fruits et leur digestion qui sont souvent contradictoires
légumes
comme l’indiquent les données du tableau 17.
- 65 -
4. Sélection finale
Cette sélection va nous permettre d’affiner la liste des déchets retenus lors du premier tri à
savoir, les rejets issus des laiteries, des huileries et des abattoirs.
Disponibilité et stabilité
de production
Proximité
Risque sanitaire
Taux de matière
sèche≥20%
Industrie laitière
Les laiteries sont parmi les industries les plus exigeantes en quantité et en qualité d’eau
utilisée; elles sont considérées comme les plus polluantes pour le milieu récepteur car elles
- 66 -
consomment non seulement de grands volumes d’eau mais elles en rejettent aussi une
grande partie très riche en micro-organismes et en matière organique.
Les effluents laitiers ont une composition très variable en fonction du type d’activité de
l’unité laitière. La présence d’importante concentration d’azote et de phosphore en fait un
produit intéressant à valoriser dans le domaine agricole.
La production laitière a connu un saut appréciable ces dernières années, elle est passée de
475 millions de litres en 1970 à environ 1,2 milliards de litres en 2000 (El Ameli, 2005). Avec
un taux d’accroissement annuel variant de 3 à 7%, on peut estimer la production à 1,8
milliards de litres pour l’année 2010.
Cette industrie génère pour chaque litre de lait transformé en moyenne 3,5 litres d’eau
usée contenant environ 7500mg/l de DCO et 1,5g/l de MES.
A partir de ces donnés, on peut estimer la quantité totale des effluents générée par
l’industrie laitière au Maroc à 4 milliards de tonnes par an.
Le marché est pratiquement partagé entre 6 grandes sociétés relevant toutes de groupes
privés se situant principalement dans les régions suivantes : Lesieur (Casa), Les huileries du
Souss (Agadir), Les huileries de Meknès et les Conserves de Meknès (Meknès), SIOF (Fès) et
Afia (Berrechid).
Le raffinage des huiles génère plus d’un litre de rejets liquides par litre d’huile produite. Ces
effluents sont caractérisés par une DCO de l’ordre de 15000 mg/l et une MES d’environ 4g/l.
En plus de ces rejets liquides, le raffinage des huiles génère des terres de décoloration
riches en lipides. Sachant que 2 à 9 kg de terre décolorante sont utilisées pour le traitement
d’une tonne d’huile et que près de 20% de cette huile reste condamnée dans ces terres, on
estime une quantité de 100.000 tonnes de terre usagées rejetées annuellement. Ces rejets
ne subissent aucun traitement et sont donc rejetés dans la nature.
- 67 -
Abattoirs et transformation de viande
Vu le manque d’informations concernant les rejets de cette industrie ainsi que l’énorme
risque sanitaire pouvant surgir lors de leur décomposition, cette filière n’a pas été prise en
compte dans la suite de cette étude.
Ces statistiques nous permettent d’avancer des estimations des quantités rejetées pour
chaque industrie et qui sont présentés dans le tableau (19) :
Tableau 19: Estimations des quantités de déchets rejetés par les huileries d’olive, les laiteries et les
raffineries.
Wilayas Effluents laitiers Terres Effluents des huileries
décolorantes
Meknès 280.000 12.000 60.000
Fès 245.000 5.000 25.000
Marrakech 550.000 - -
- 68 -
5. Résultats de la sélection finale
Les résultats de ce diagnostic peuvent être résumés dans le tableau (20) suivant :
Concernant les terres de décoloration, leur teneur excessive en matière sèche reste
l’handicap le plus important qui limite leur incorporation avec les margines surtout pour les
réacteurs à haut rendement.
Quant aux déchets viandeux, ils sont considérés comme des rejets à haut risque sanitaire,
l’incinération reste le moyen le plus sûr pour leur traitement afin d’éviter toute sorte de
contamination.
Ces résultats nous ont donc permis d’opter pour les effluents des laiteries qui sont les plus
adaptés pour être codigérer avec les margines. Ces rejets qui posent encore un grand
problème pour leur traitement satisfont presque tous les critères de cette sélection.
Notre choix a été consolidé par l’importante base de données concernant cet effluent ainsi
qu’aux nombreuses et encourageantes expériences européennes établies sur leur digestion.
- 69 -
Cependant d’autres études plus détaillées doivent voir le jour en incorporant en plus des
rejets industriels, d’autres rejets comme les déchets d’origine agricoles dont le potentiel
n’est pas négligeable.
- 70 -
Partie III : Codigestion des
margines avec les effluents
laitiers dans un réacteur UASB
- 71 -
L’application industrielle de la digestion anaérobie des margines nécessite des travaux
préalables à l’échelle du laboratoire pour évaluer l’efficacité de ce traitement qui se traduit
essentiellement par la production du biogaz et le taux d’abattement de la matière organique
dont la fraction phénolique. Pour ce faire, une expérimentation a été mise en évidence
moyennant un réacteur pilote de type UASB.
1. Matériels et méthodes
Le haut du digesteur contient un couvercle à deux orifices, l’un est destiné à l’échappement
de biogaz, l’autre est relié à une bombonne d’azote (N 2) permettant de chasser l’oxygène qui
se trouve à l’intérieur du digesteur.
Trois autres orifices débouchent du réacteur à des niveaux différents, celui d’en haut
permet l’évacuation du digestat, quant aux deux autres, ils permettent le prélèvement
d’échantillons pour le suivi de la digestion.
Le bas du digesteur contient quant à lui un autre orifice pour l’alimentation du réacteur. Il
permet aussi d’évacuer les solides dans le cas de leur accumulation ou suite à un problème
de colmatage. Cette alimentation est assurée par une pompe doseuse à débit réglable.
Tous ces orifices sont liés à des connecteurs en PVC qui sont à leur tour connectés à des
vannes en PVC. Le téflon est utilisé pour assurer l'étanchéité.
Pour garantir le développement de la biomasse, le réacteur a été placé dans une chambre
construite en bois et isolée par le polyester minimisant ainsi les pertes de chaleur vers le
milieu extérieur. Un chauffage électrique est installé à l’intérieur de l’enceinte pour
maintenir la température aux alentours de 37°C.
- 72 -
Orifices
N2
Support
bactérien
Isolant
(Polyester)
Vases communicants
Pompe
doseuse
Pour la mesure du biogaz, un système de vases communicants a été mis en place et qui
permet de mesurer le volume produit par la dénivellation des surfaces d’eau de chaque
récipient. Le volume d’eau déplacé traduit le volume de gaz produit (∆V). Or, au volume ∆V
est associée une pression (P) notée :
- 73 -
P = Patm + ρgh (6)
Dans laquelle :
P (Pa) : Pression au point de mesure du volume ;
Patm (Pa) : Pression atmosphérique ;
ρ : Densité de la solution barrière ;
g (N.m-2) est égal à 9,81 ;
h (m) : Hauteur du liquide correspondant au volume ∆V.
L’ajustement des niveaux d’eau par soulèvement du vase supérieur permet de rendre la
valeur h proche de zéro. Ainsi, la pression P devient égale à Patm. On obtient donc un
nouveau volume de biogaz (∆V’) qui est à pression atmosphérique.
Vm
P atm
Vm ∆V’
h
∆V
P
A B
Figure 20 : Dispositif de mesure du biogaz, A : sans ajustement des niveaux ; B : avec ajustement des
niveaux.
Mv
- 74 -
1.2. Matières premières
Les margines utilisées lors de ce travail ont été prélevées d’une unité de trituration semi-
moderne travaillant avec un système discontinu (à presses hydrauliques) située aux environs
de Tifelt.
Pour les effluents des laiteries, ils ont été amenés d’une usine de transformation laitière
située dans la région de Kenitra. La collecte a été faite de sorte à obtenir un échantillon
représentatif.
Ces effluents ont été prélevés directement après leur production et ont été préservés dans
l’obscurité et à une température inférieure à 6°C pour minimiser leur dégradation au cours
de leur stockage.
La caractérisation de la matière première s’est basée sur des analyses permettant d’évaluer
leur degré de pollution, leur composition organique et minérale ainsi que d’autres
paramètres sur la base des quels le ratio optimal sera établi. Ces analyses permettront aussi
l’appréciation de l’efficacité d’épuration du procédé étudié.
Etant très négligeable, les nitrites et les nitrates n’ont pas été pris en considération lors de
ces analyses.
Concernant les tannins, le tyrosol, l’acide p-cumarique ainsi que le catéchol, les résultats
obtenus que ce soit par Zirar (2008) ou Akassou (2008) ont eu pour conclusion que ces
composés n’ont pas d’influence significative sur la digestion des margines même à des
concentrations supérieures à 1500 ppm. Le suivi concernera donc d’autres composés
pouvant être à l’origine de l’inhibition de la digestion de ces effluents à savoir : les acides
caféique, syringique, vanillique et férulique.
- 75 -
Tableau 21 : Méthodes utilisées pour la caractérisation de la matière première.
pH Méthode AFNOR
Phosphore Rodier
Pour l’analyse de ces polyphénols par HPLC, nous nous sommes basé sur les études faites
par Hozir et Laghzil (2009) et qui ont parvenu à établir un gradient optimal permettant une
bonne séparation des temps de rétention de ces composés.
- 76 -
La DBO, communément utilisée pour le dimensionnement des systèmes aérobies n’a dans
le cas de la méthanisation qu’une valeur indicative puisqu’elle est représentative de matière
organique biodégradable dans les conditions aérobies. C’est la raison pour laquelle cette
mesure ne figure pas dans la liste des analyses retenues que ce soit pour la caractérisation
de la matière première ou même pendant le suivi de la digestion.
Matière Organique
DCO
Dégradable par
méthanisation
Dégradable par
aérobie
DBO
D’une manière générale, la valeur de la DBO5 peut être déduite à partir de la relation
suivante :
Sur le bioréacteur
Au cours de la digestion, le pH, la température ainsi que le volume du biogaz produit sont
ponctuellement contrôlés.
Sur le digestat
Les principales analyses concernant le digestat ainsi que leur fréquence sont représentées
dans le tableau (22).
- 77 -
Tableau 22 : Types et fréquence des analyses appliquées sur le digestat.
Analyse Fréquence
Le pH
Teneurs en polyphénols
Les études réalisées par Radi et Basri (2009) ayant pour objectif de déterminer les
concentrations limites de la digestion d’un composé phénolique semblable à celui des
margines, ont montré que la digestion se déroule normalement et que la production du
biogaz s’améliore tout en augmentant la teneur en ces composés jusqu’à atteindre 3200 mg
d’acide gallique/l, soit 3065 mg d’acide caféique/l.
- 78 -
De plus, les travaux entrepris par Zirar (2008) sur la codigestion du moût de vin ayant une
concentration en polyphénols totaux de 3608 mg d’acide caféique/l ont conclut que la
production du biogaz ainsi que le taux d’abattement de la DCO diminue considérablement
quand le ratio de ces moûts dépasse les 40% soit une concentration en polyphénols
d’environ 1650 mg d’acide caféique/l.
Mais vu que la composition des polyphénols dans le moût de vin n’est pas comparable à
celle des margines, nous nous appuierons plus sur les résultats obtenus par Radi et Basri
(2009).
DCO/N/P
Les rapports recommandés dans la littérature diffèrent selon les auteurs, Gourdon (1987)
avance un rapport de 170/5/1 pour assurer une meilleure digestion alors que celui
recommandé par El Hajjouji (2007) est de 100/5/1. D’une manière générale, les bactéries
consomment le carbone 15 à 30 fois plus vite que l’azote et 100 à 200 fois plus que le
phosphore.
Ces deux paramètres sont liés aux performances des réacteurs hybrides UASB puisqu’ils
sont adaptés à des effluents liquides ayant une matière sèche inférieure à 15% et ne tolèrent
pas un taux de matière en suspension dépassant les 10g/l.
Les problèmes pouvant surgir lors de l’expérimentation peuvent être causés principalement
par l’un de ces critères. Mais, le choix de ce ratio peut se baser sur d’autres paramètres qui
peuvent affecter cette digestion et qui seront dévoilés après la caractérisation de ces rejets.
Ainsi, pour optimiser ce ratio, nous avons recours à la modélisation linéaire pour résoudre
le système d’équations dont la fonction objective est la suivante :
X1 = 1 - X2 = max (8)
Avec :
- 79 -
Les équations suivantes résument les principales contraintes à respecter pour éviter au
maximum, des complications au cours de la digestion.
Contraintes Equations
Ratio X1 + X2 = 1
Avec : 0 < X1 < 1
Et : 0 < X2 < 1
PPt (g d’acide X1*PPt1 + X2*PPt2 < 3,065
caféique/l)
DCO/N 15 < (X1*DCO1 + X2*DCO2) / (X1*N1 + X2*N2) < 30
Soit : X1*(DCO1 - 15N1) + X2*(DCO2 - 15N2) > 0
Et : X1*(DCO1 - 30N1) + X2*(DCO2 - 30N2) < 0
DCO/P 100 < (X1*DCO1 + X2*DCO2) / (X1P1 + X2*P2) < 200
Soit : X1*(DCO1 – 100P1) + X2*(DCO2 – 100P2) > 0
Et : X1*(DCO1 – 200P1) + X2*(DCO2 – 200P2) < 0
MS (%) X1*MS1 + X2*MS2 < 15%
MES (g/l) X1*MES1 + X2*MES2 < 10
Une fois les proportions déterminées, toutes les conditions seront alors réunies pour
entamer le processus de la digestion anaérobie.
Avant d’entamer la digestion des margines avec les effluents des laiteries, il est nécessaire
de passer par une phase d’ensemencement afin d’apporter et de garantir l’acclimatation et
la croissance de la biomasse jusqu’à ce que la production du biogaz s’active. Cette phase qui
a duré 15 jours, a été réalisée par l’introduction de 20% d’inoculum et 80% des effluents des
laiteries avec l’ajout du bicarbonate de sodium pour la neutralisation du pH. Pendant cette
période, le pH, la température mais aussi la production du biogaz ont été quotidiennement
contrôlés.
Période 2
- 80 -
Après la stabilisation de la digestion, l’introduction des margines débute avec une faible
cadence pour ne pas choquer la biomasse présente au niveau du réacteur jusqu’à ce que le
ratio soit atteint. Cette alimentation est régie par la relation (10) en considérant que le
système est en régime stationnaire et que la dégradation des polyphénols est négligeable.
J 1 5
J+1 1,05 10
J+2 1,11 15
J+3 1,17 20
J+4 1,25 25
J+5 1,33 30
J+6 1,42 35
J+7 1,53 40
J+8 1,67 45
J+9 1,82 50
Période 3
- 81 -
Une fois le ratio voulu est atteint, une alimentation régulière d’un mélange comportant les
proportions de chaque effluent est appliquée à raison de 1L/j, soit un temps de séjour
moyen de 20 jours afin de favoriser la dégradation des margines, dont on sait que la vitesse
est limitée par l’existence des polyphénols.
2. Résultats et discussions
- 82 -
2.2. Interprétation des résultats
2.2.1. pH
Les margines utilisées lors de cette expérimentation sont fortement acides en raison de
leur forte teneur en acides organiques tel que les acides phénoliques et les acides gras.
L’incorporation des rejets des laiteries n’a pas permis de remédier à cette acidité puisque les
analyses ont montrés que ceux-ci ont aussi un faible pH qui est de l’ordre de 5,74
contrairement à ce qui était avancé dans la littérature, soit un pH situé aux alentours de 7,5.
Ceci peut être expliqué par la grande période d’entreposage de ces rejets qui a duré plus de
deux mois ainsi qu’à la présence d’une importante quantité de rejets issus du retour des
produits lors de la prise d’échantillons.
La teneur moyenne en matière sèche dans les margines est de 12,34%. Ce pourcentage
reste un peu supérieur à celui avancé par plusieurs auteurs (Nefzaoui, 1987 ; Ghattas, 2004 ;
Najdi, 2007 ; Radi et Basri, 2009) et qui ne dépasse pas 10%, mais, ce taux est inclut dans
l’intervalle avancé par Fiestas (1981) qui est de 10,5% à 17% pour les margines issus d’une
trituration avec un système à presse. Quant aux effluents des laiteries, cette teneur dépasse
à peine les 1% ce qui est normal puisque la transformation laitière utilise une grande
quantité d’eau.
Concernant la matière minérale, la valeur mesurée pour les margines qui est de 12,30g/l est
incluse dans la fourchette citée dans la littérature (4 à 42 g/l ; COI 1990) alors que pour les
effluents des laiteries, la teneur en matière minérale est moins importante mais elle reste
non négligeable puis qu’elle représente près de 15% de la matière sèche totale.
Les résultats obtenus montrent que le taux de MES dans ces effluents ne dépasse pas 4 g/l.
Ces teneurs sont largement inférieures aux limites proposées pour les réacteurs UASB soit
10 g/l et ne présentent donc pas d’obstacle vis-à-vis la digestion au sein de ce type de
réacteur.
- 83 -
2.2.4. Pouvoir polluant
Contrairement aux effluents des laiteries dont la teneur en matière organique exprimée en
DCO est de l’ordre de 3,21 g/l, les margines étudiées affichent une DCO de 64,37 mg/l et
peuvent être classées comme très polluantes. Cette valeur entre dans la gamme des
résultats obtenus par plusieurs auteurs (Ranalli, 1991 ; Ghattas, 2004 ; Oulhoute, 2006 ; Radi
et Basri, 2009).
D’après l’équation (7), nous estimons la valeur de la DBO5 des margines à 31,42 g/l ce qui
implique un rapport DCO/DBO5 de 2,05. Ranalli (1991), a situé ce rapport entre 2,3 et 2,8 ce
qui fait croire que notre échantillon est plus dégradable que la norme. Or, juger
précipitamment la biodégradabilité de ces margines en ne tenant compte que de ce rapport,
pourrait nous induire en erreur sachant que celle-ci est régie par d’autres paramètres dont la
concentration en polyphénols reste la plus déterminante.
Avec une teneur de 7,12 g d’acide caféique/l, on peut dire que les substances phénoliques
sont assez abondantes dans ces margines. Cette valeur qui concorde avec celles indiquées
dans la littérature (entre 1,4 et 14,3 g/l pour le système à presse ; COI, 1990), pourrait
constituer un obstacle lors de la digestion même après l’incorporation des rejets des
laiteries.
L’analyse des quatre polyphénols étudiés par HPLC a révélé que l’acide syringique est le
composé le plus abondant avec 426 ppm suivi de l’acide caféique (118 ppm), puis l’acide
vanillique (93 ppm). Ces valeurs restent un peu inférieures à celles citées dans la littérature
sauf pour l’acide caféique (90 ppm en moyenne selon Vasquez Roncero et al., 1987). Quant à
l’acide férulique, sa teneur reste très faible puisqu’il n’excède pas 21 ppm.
Avec respectivement 2,16 g/l, 0,31 g/l et 2,83 g/l, les margines utilisées lors de cette
expérimentation sont une source non négligeable en éléments nutritifs. Néanmoins, la
teneur en potassium reste relativement faible par rapport aux normes (environ 8,5g/l selon
- 84 -
Balice et Cera (1988). Ces valeurs laissent prévoir leur exploitation au niveau agricole après
leur traitement biologique.
Pour les effluents des laiteries, à part la teneur en azote qui est d’environ 0,13 g/l, ces
effluents sont pauvres en potassium et en phosphore. Ceci peut avoir des conséquences lors
du démarrage du digesteur puisque l’apport en ces nutriments n’est pas satisfaisant pour
garantir une prolifération poussée des bactéries responsables de ce type de digestion.
D’après Membrez (2002), le seuil de toxicité de ce composé est de 3g/l. Ce taux est
nettement supérieur à celui trouvé dans ces effluents. Ces faibles teneurs ne nous
empêchent pas de faire leur suivi puisque ce taux peut augmenter en cas d’une
minéralisation de l’azote organique et par conséquent, une perturbation de la digestion peut
avoir lieu.
La teneur en huile résiduelle dans les margines est de 6,51 g/l. Cette valeur qui est
relativement élevée peut être due à une mauvaise séparation lors de l’opération de
décantation.
Après l’analyse des résultats obtenus, nous constatons que le pH ainsi que la teneur en
polyphénols totaux sont les principaux paramètres qui peuvent poser un problème pour la
méthanisation des margines avec les effluents laitiers.
Ayant réuni toutes les données nécessaires pour la résolution du système d’équations,
l’établissement du ratio optimal est à présent possible.
Tableau 26 : Système d’équations après la caractérisation des effluents.
Contraintes Equations
Ratio X1 + X2 = 1
Avec : 0 < X1 < 1
Et : 0 < X2 < 1
PPt (g d’acide caféique/l) 7,12X1 < 3,065
DCO/N 31,82X1 + 1,17X2 > 0
Et : - 0,43X1 – 0,78X2 < 0
DCO/P 33,37X1 – 0,88X2 > 0
Et : 2,37X1 – 4,88X2 < 0
MS (%) 12,36X1 + 1,22X2 < 15%
MES (g/l) 3,72X1 + 1,06X2 < 10
- 85 -
La résolution de ce système a été faite grâce au complément SOLVEUR contenu dans les
feuilles de calcul d’Excel (Voir annexe 5), qui après la saisie des données, a affiché un
pourcentage maximal en margines de 43,05% ce qui nous mène à opter pour une teneur
d’environ 40%, soit une concentration en polyphénols aux alentours de 2,85 g d’acide
caféique/l.
Sachant que le rapport DCO/N/P pour les margines est de 206/6,67/1 et que celui des
effluents des laiteries est d’environ 80/3,25/1, au niveau du digesteur, ce pourcentage nous
permet d’avoir un rapport DCO/N/P d’environ 185/4,61/1 en appliquant la relation
suivante :
Avec :
Nous pouvons donc dire que malgré un léger excédent en DCO, le rapport DCO/N/P du
mélange est proche à celui avancé par Gourdon (1987) qui est de 170/5/1.
Pour le pH, la neutralisation par le bicarbonate de sodium s’avère nécessaire puisque les
effluents des laiteries ont aussi un faible pH.
- 86 -
2.3.2. Phase 2 (Mise en régime)
L’incorporation des margines dans le réacteur a été accompagnée par une nette
amélioration de la production du biogaz suite à l’augmentation de la charge volumique qui
est passée de 3,2 kg de DCO/j le 1er jour, jusqu’à atteindre 4,9 kg de DCO/j lors du dernier
jour de cette phase. Pendant cette période, une moyenne de 840 ml/j de biogaz produit a
été enregistrée, soit un volume total de 5,85 l. La forte acidité des margines a nécessité un
traitement alcalin plus important en employant à peu près 2,7 g de Na2CO3 par litre de
margines introduites dans le réacteur.
Il s’agit de la période ciblée par notre étude pendant laquelle un suivi des principaux
paramètres annoncés précédemment a été mis en œuvre :
2.3.3.a. pH
- 87 -
Cette neutralisation a nécessité l’emploi d’une quantité avoisinant les 1,8 grammes de
Na2CO3 par litre de mélange comportant les proportions de chaque effluent (60% des
effluents laitiers et 40% des margines).
Figure 23 : Evolution des solides totaux et des solides volatils pendant la digestion anaérobie.
2.3.3.c. DCO
Le calcul de la DCO théorique pour le mélange de 40% de margines et 60% des effluents
laitiers affiche une valeur de 27,62 g d’O2/l. Or, la valeur mesurée le premier jour de cette
phase était de 22,45g d’O2/l. Ce taux qui est inférieur à celui obtenu par le calcul peut être
expliqué par la dégradation de la DCO au cours de deuxième période.
La figure 24 montre la variation de la DCO en fonction du temps de digestion. Nous
constatons que la réduction était généralement stable malgré quelques légères
augmentations pendant les cinq premiers jours ainsi que le 15 ème jour. La valeur finale a
atteint 10,16 g/l, soit un abattement de 63,21%.
- 88 -
Figure 24 : Evolution de la DCO pendant la digestion anaérobie.
La réduction des polyphénols totaux était très importante et a été marquée par une
diminution allant de 2,85 g à 1,08 g d’acide caféique/l, soit un abattement de 62,20%. Nous
pouvons conclure que le ratio des margines choisi était convenable puisque ces substances
n’ont pas provoqué d’incidence remarquable sur le processus de digestion et par
conséquent nous pouvons confirmer les résultats obtenus par Radi et Basri (2009) sur le
seuil d’inhibition des polyphénols vis-à-vis leur digestion anaérobie.
- 89 -
Figure 26 : Evolution des principaux composés phénoliques étudiés pendant la digestion anaérobie.
Acide caféique
Acide syringique
Acide vanillique
Cependant la concentration de ce composé dans les margines étudiées (93 ppm) est
largement inférieure à celle citée dans la littérature (242 ppm selon Vasquez et Roncero,
1987) ce qui nous empêche de généraliser le comportement de celui-ci en digestion
anaérobie, puisqu’à une concentration supérieure, cette dégradation peut ne pas suivre la
même cinétique. Mais nous pouvons affirmer que pour les margines contenant moins de
- 90 -
100 ppm d’’acide vanillique, le ratio choisi reste convenable et permet une bonne
dégradation de ce composé.
Acide férulique
L’analyse de cette substance par HPLC n’a pas été concluante puisque sa détection n’a pas
eu lieu sachant que celle-ci était présente lors de la caractérisation des margines brutes (21
ppm). On peut attribuer l’absence de l’acide férulique dans le chromatogramme au seuil de
détection de l’HPLC utilisé vis à vis ce composé.
- 91 -
La quantité totale du biogaz mesurée lors de cette période est de 47,71 l. Cette production
a été caractérisée par une constante augmentation jusqu’à atteindre un maximum au 9 ème
jour, puis elle s’est stabilisée avant de commencer à diminuer suite à un ralentissement de la
digestion.
La moyenne journalière du biogaz produit est de 1,65 l. Cette valeur reste très proche à
celle trouvée par Zirar (2008) ayant travaillé sur la codigestion du moût de vin avec le fumier
en utilisant le même réacteur. Néanmoins, ce taux est très faible voire négligeable par
rapport à la moyenne enregistrée par Radi et Basri (2009) qui est d’environ 10,6 l/j pour leur
essai sur la codigestion d’un composé phénolique avec du fumier liquide. Le système de
mesure du biogaz pourrait être une source d’erreur puisque le dispositif utilisé est moins
fiable et présente parfois plusieurs contraintes quant à l’exactitude des valeurs mesurées,
alors que pour le système à balance utilisé par Radi et Basri est plus précis et plus fiable.
Nous constatons que la quantité du biogaz produite par rapport à la matière organique
digérée (32,06 l/kg de MO) est de loin inférieure au potentiel méthanogène des principaux
effluents méthanisables cités dans la littérature et qui dépasse 600 l/kg de MO pour les
rejets graisseux.
La quantité totale des boues prélevée au terme de cette digestion n’a pas dépassé 1,35 kg
avec une masse volumique de 1080 g/l, ce qui équivaut à 1,25 l, soit près de 4,3% du volume
total du mélange traité pendant cette période de 29 jours. La caractérisation de cette boue a
- 92 -
révélé une teneur importante en matière sèche atteignant 17,38%, une DCO de 38,55 g/l et
une concentration en polyphénols de 4,83 g d’acide caféique/l. Ces fortes concentrations
expliquent la faible production du biogaz puisqu’une quantité importante de la matière
organique s’est convertie en boues.
Le taux de variation affiché dans ce tableau n’exprime que la réduction entre la valeur
initiale (Mélange) et la valeur finale (Digestat) et non pas le pourcentage de la matière
dégradée par voie anaérobie. Or, la caractérisation des boues a rendu possible
l’établissement d’un bilan matière complet nous permettant ainsi de connaître la part réelle
de la matière organique dégradée.
Pour ce faire, nous considérons que la masse volumique du mélange et celle de l’effluent
est égale à 1kg/l étant donné qu’ils contiennent plus de 95% d’eau. Concernant le biogaz et
d’après (Naskee environnement, 2009), la masse volumique du biogaz issu de la digestion
des rejets industriels se situe entre 1 et 1,1 g/l. Dans notre cas, nous travaillerons avec la
moyenne des deux valeurs soit, 1,05g/l.
- 93 -
Tableau 29 : Bilan matière de la DCO et des PPt pendant la digestion anaérobie.
En se basant sur les données du tableau ci-dessus, le calcul du taux d’abattement réel de la
DCO et des PPt se présente comme suit :
Ainsi, le taux de dégradation de la DCO est de 58,97% et celui des PPt est égal à 56,62%. Ces
taux restent tout de même proches à ceux cité précédemment (63,21% pour la DCO et 62,20
pour les PPt), ce qui confirme l’efficacité de la digestion sur la dégradation de la matière
polluante.
- 94 -
Biogaz :
76,02l/kg de
MO
Effluent digéré :
DCO = 10,16g/l
MO = 2,97%
PPt = 1,08 g/l
Digesteur
Boues :
DCO = 38,55g/l
MS = 17,38%
PPt = 4,83g/l
Entrant codigestion :
DCO = 27,62g/l
MO = 5,14%
PPt = 2,85 g/l
Figure 29 : bilan matière de la codigestion des margines avec les effluents laitiers.
Le bilan matière de la codigestion des margines avec les rejets des laiteries montre que
malgré l’efficacité de ce traitement sur la dégradation de la matière polluante, celle-ci reste
largement supérieure aux normes de rejets des effluents industriels qui sont fixées à
500mg/l de DCO et moins de 100mg/l pour la DBO. Il est donc impératif d’envisager un post
traitement permettant de ramener ce taux à une valeur acceptable. Or, l’importante
dégradation des polyphénols, principaux composés influençant le traitement biologique des
margines, rend plus facile un post traitement par voie aérobie et laisse prévoir leur
épandage dans les terres agricoles.
- 95 -
Partie 4 : Evaluation de la
faisabilité industrielle de la
codigestion des margines avec les
effluent laitiers
- 96 -
L’application industrielle de la digestion des margines à l’échelle nationale ne serait
possible sans une étude technico-économique permettant d’évaluer la faisabilité d’une
pareille technologie. Cette étude fait intervenir des paramètres permettant d’une part, le
dimensionnement du digesteur et d’autre part, l’analyse économique dégageant le coût
d’investissement et d’exploitation.
Les résultats issus de la phase expérimentale nous conduisent à avancer que la codigestion
des margines avec les rejets liquides des laiteries présente deux aspects différents, le
premier plutôt positif et encourageant se caractérisant par un abattement important de la
DCO accompagné d’une réduction en polyphénols de près de 60%. Quant à la production en
biogaz, considérée comme la principale source pouvant assurer la rentabilité économique de
cette technologie, elle a été moins importante et même largement inférieure aux
perspectives souhaitées sachant que celle-ci n’a pas atteint 100l/kg de MO dégradée.
Cette faible production ne permettra donc pas d’amortir le coût d’investissement d’un
digesteur industriel et serait même insuffisante pour subvenir aux charges d’exploitation
(transport, énergie d’alimentation, entretien…).
Cette constatation limite le champ d’application de ce type de traitement puisqu’au niveau
des huileries industrielles, la digestion anaérobie reste peu probable sachant que la stratégie
entreprise par le ministère de l’environnement et qui a pour objectif, la conversion des
systèmes à trois phases (très polluant) en systèmes écologiques (à deux phases), semble plus
efficace.
Reste le problème causé par les systèmes à presse utilisés par les huileries traditionnelles et
par une grande partie des petites unités modernes qui génèrent des margines dont la charge
polluante est nettement supérieure à celle des margines issues des systèmes à
centrifugation. Ces rejets sont estimés à 29% (FODEP, 2009) de la production nationale en
margines et jusqu’à maintenant, aucun traitement efficace ne leur est envisagé.
Néanmoins, une autre brèche se présente pour assurer le traitement de ces effluents et qui
s’illustre par l’implantation d’un digesteur à l’amont des stations d’épuration des laiteries,
permettant suivant les cas, de traiter une grande partie voire la totalité des margines
générées par une zone au niveau d’un seul site. Au Maroc, les importantes laiteries
disposent déjà d’une station d’épuration utilisant généralement un traitement physique suivi
d’un traitement biologique.
- 97 -
Or, les aspects économiques d’une installation de codigestion anaérobie des margines avec
les effluents laitiers sont influencés par de nombreux facteurs qui sont liés essentiellement
aux quantités et aux proportions de chaque effluent dans une région donnée. Du fait de la
multiplicité des facteurs intervenant dans l’analyse économique d’un tel projet, il n’est pas
possible de généraliser les conditions à remplir en vue d’assurer un cadre économique
favorable. C’est dans ce sens là qu’il est nécessaire de concrétiser l’étude en se focalisant sur
un cas précis.
Pour ce faire, le choix a été porté sur la province de Béni Mellal qui dispose d’un important
potentiel oléicole et laitier dont l’exploitation implique une production non négligeable de
rejets liquides. La validation de ce choix a été faite compte tenu des importantes
informations que nous détenons sur l’activité oléicole et laitière de cette province et qui
nous seront d’une grande utilité pour entamer cette évaluation.
- 98 -
Afin de donner un nouvel élan à l’activité économique dans cette province à vocation
agricole, de nombreux projets dans les filières de production laitière, de pommier, de viande
et d’olivier ainsi que dans le domaine de la modernisation des techniques d’irrigation ont été
menés dans le cadre du Plan Maroc Vert (ORMVAT, 2008).
Selon les prévisions de l’Office régional de la Mise en valeur agricole de Tadla (ORMVAT,
2008), cette quantité devrait permettre la production de près de 7.000 tonnes d’huile par
an, soit une quantité annuelle en margines de 20.000 tonnes. Cette production est assurée
par une filière oléicole comptant 841 unités de trituration qui reste encore dominée par le
secteur artisanal. Or, le nombre de ces unités tend à diminuer laissant place à des unités de
trituration modernes travaillant avec des systèmes écologiques minimisant ainsi de moitié, la
quantité des margines rejetées à l’horizon 2015.
Dans le souci du respect des normes de rejets, cette unité a mis en place une station pour
le traitement de ces effluents en se basant sur un traitement physique accompagné d’un
traitement biologique dont la réalisation a nécessité un investissement de près de
10.000.000 dhs H.T avec une contribution du FODEP à hauteur de 40%.
- 99 -
1.2. Présentation de l’étude
Le concept de cette étude repose donc sur l’implantation d’une installation de
méthanisation à l’amont de la STEP de la laiterie mise en question et qui servira à traiter les
margines générées par cette province dans un réacteur UASB après incorporation de la
quantité nécessaire des rejets laitiers qui représente 60% du mélange destiné vers le
digesteur. Le processus de traitement des effluents liquides de la centrale laitière de Fquih
Ben Saleh se présente comme suit :
Rejets liquides :
Débit : 600m3/j
DCO : 3500mg/l
Traitement physico-
chimique :
Dégrillage
Homogénéisation
Floculation
STEP
Traitement biologique
Traitement des boues
par réacteur biologique
par lits de séchage
séquentiel
Effluent traité
Figure 30: Schéma simplifié du processus de traitement des rejets liquides de la CL de Fquih Ben
Saleh.
Or, cette modification sera conditionnée par la quantité des margines à traiter mais aussi
par la durée de fonctionnement du digesteur. Il est donc nécessaire de fixer ces deux
paramètres pour évaluer l’impact de cette méthanisation.
- 100 -
Pour ce faire, nous allons considérer que les margines sont relativement constantes dans
leur débit (Production stable) et en charge polluante (Faible cinétique de dégradation
pendant leur stockage).
La quantité des margines produite dans cette province est d’environ 20.000 t/an. Mais,
selon l’ORMVAT cette quantité diminuera de moitié suite à l’introduction d’unités modernes
utilisant des systèmes à deux phases. Nous estimerons donc que le digesteur en question
permettra de traiter une quantité de 10.000 tonnes de margines par an.
Concernant le temps de travail, nous admettrons que le réacteur fonctionne avec une
cadence de 24h/24 à raison de 6 mois par an du fait que la campagne oléicole ne dépasse
pas les 90 jours/an.
Mélange :
Débit : 140m3/j
Rejets liquides :
DCO : 28g/l
Débit : 516m3/j
DCO : 3,5g/l
Traitement
biologique :
(Réacteur UASB)
Digestat+Rejets
Digestat : liquides :
Débit : 134m3/j Débit : 650m3/j
DCO : 10g/l DCO : 4,5g/l
Boues : STEP
Débit : 6m3/j
- 101 -
Ce bilan reste provisoire puisque ni la composition des margines ni celle des effluents
laitiers ne sont stables. Cependant, vu que les margines étudiées sont fortement chargés par
rapport à la moyenne annoncée dans la littérature, nous pouvons avancer que ce bilan reste
appliqué même aux cas de pollutions extrêmes.
Durant cette partie, les éléments nécessaires pour l’élaboration technique du concept de la
méthanisation des margines avec les effluents laitiers seront abordés. Cette étude
comprendra en plus du dimensionnement du digesteur, les traitements périphériques
nécessaires que ce soit en amont de la méthanisation ou en aval.
Avant leur introduction dans le digesteur, les margines telles que les effluents laitiers
doivent subir des prétraitements qui sont généralement des traitements physico-chimiques
favorisant une digestion adéquate. L’ampleur des étapes de prétraitement déterminera des
investissements supplémentaires ainsi que des coûts d’exploitation plus élevés (énergie,
matériel, construction,…).
Généralement, un volume tampon d’au moins une semaine doit être prévu, soit :
Vb = t*Q (14)
- 102 -
Vb : volume du bassin en m3 ;
t : temps en jours ;
Q : débit des margines en m3/j.
Ainsi, le volume nécessaire pour garantir l’alimentation du digesteur pendant une semaine
équivaut à 400m3.
Concernant la collecte des margines, deux possibilités peuvent être considérées. Soit la
soumission de cette tâche à des sociétés de transport, soit l’acquisition d’un voire deux
camions citernes d’une capacité totale d’environ 60m3. Cette deuxième proposition semble
plus envisageable puisqu’elle garantira l’autonomie de l’installation quant à cette opération.,
mais, elle pourrait être plus onéreuse surtout que si ces camions ne servent que pendant six
mois et qu’ils ne sont pas exploités après pour d’autres prestations.
1.3.1.2. Dégrillage
Cette étape permet d’éliminer toute sorte d’éléments grossiers pouvant boucher les
canalisations ou même, colmater le digesteur en cas d’une accumulation. Il s’agit donc d’un
traitement physique peu onéreux et simple à réaliser.
Cette homogénéisation est appliquée généralement dans une cuve munie d’un agitateur
dont la puissance requise est liée principalement aux caractéristiques physico-chimiques du
- 103 -
mélange, à la géométrie de la cuve mais aussi suivant la vitesse d’agitation voulue. Le mobile
d’agitation diffère selon la viscosité du mélange. Avec près de 95% d’eau, notre mélange se
présente comme une solution à faible viscosité. Une simple agitation axiale est par
conséquent suffisante.
Cette cuve servira également à corriger le pH et les nutriments en cas d’une carence, mais le
mieux est d’éviter le recours à des additifs pour des considérations économiques. Toutefois,
la neutralisation du pH s’avère nécessaire.
Pour cette neutralisation, l’utilisation de la chaux est recommandée suite aux expériences
faites dans d’autres installations réalisées pour des applications similaires. Cependant, la
préparation du lait de chaux est assez compliquée et n’est pas facile à exploiter ( Membrez et
al, 2007). Malgré son coût un peu élevé, le bicarbonate de sodium (Na 2CO3) est souhaité en
raison de son important pouvoir tampon et de sa facilité de manipulation.
L’expérience a montré qu’il faut près de 1,8 g de Na2CO3 pour neutraliser un litre de
mélange (Margines/Rejets laitiers). Il faut donc 45t de celui-ci pour neutraliser 25.000t de
mélange traité annuellement.
Comme cela a déjà été signalé précédemment, les réacteurs UASB ne tolèrent pas une
quantité de matières en suspension supérieure à 10 g/l. Dans notre cas, ce paramètre ne
pose pas de problème puisque la teneur en MES dans le mélange à traiter est largement en
dessous de cette valeur. Aucun prétraitement de la MES ne sera donc pris en compte.
- 104 -
Les digesteurs visités utilisent un système de chauffage interne moyennant un échangeur
alimentant une tuyauterie qui recouvre les parois internes du digesteur (Voir illustration en
annexe 7). Ce système permet à la fois de réchauffer l’effluent et de réguler la température
au sein du réacteur pour palier aux aperditions thermiques par transmission à travers les
parois.
Avec :
C= 28 kg DCO/m3 ;
Vutile = 0,02 m3 ;
Q= 0,001 m3/j.
CVA = 1,4 kg DCO/m3*j
A partir de cette charge nous calculerons le volume utile du réacteur UASB pour un débit de
140 m3 :
Vr = C*Qr/CVA
Vr = 2800 m3
- 105 -
1.3.3. Traitement périphériques : En aval de la méthanisation
L’approche retenue pour ce concept prévoit en principe, le rejet de l’effluent digéré et des
boues dans la station d’épuration de l’usine en question. Mais, d’autres solutions pourraient
être envisagées (Epandage, compostage, etc.).
D’après la littérature, deux importantes voies peuvent être considérées pour la valorisation
du biogaz. Il s’agit soit d’une simple valorisation thermique par combustion dans une
chaudière, soit une double valorisation thermique et électrique moyennant un cogénérateur
(couplage chaleur-force). Le bilan énergétique est par conséquent, un élément important
pour le choix du système de valorisation de ce biogaz. Une analyse énergétique complète est
nécessaire, mais d’après plusieurs auteurs, le réchauffage du substrat reste le facteur le plus
déterminant.
Dans notre cas, la moyenne du biogaz produit lors de l’expérimentation est de 1,65 litre par
litre de mélange introduit, ce qui équivaut à près de 230m3/j. La caractérisation du biogaz
n’étant pas faite, nous estimerons alors que celui-ci contient un minimum de 50% ce qui est
largement inférieur à la concentration moyenne du CH4 dans le biogaz produit pour la
digestion des effluents industriels et qui se situe entre 55 et 75% (Naskee environnement,
2009).
Tableau 31 : Estimation de l’apport énergétique du biogaz produit durant la codigestion des margines.
Quantité journalière (m3) 229,35
- 106 -
A. Estimation des besoins énergétiques
Puisque l’installation n’est pour l’instant que fictive, il serait difficile d’évaluer avec
exactitude les besoins énergétiques nécessaires pour la mise en service du digesteur.
Néanmoins, une estimation basée sur des études antérieures ainsi que sur des hypothèses
logiques nous permettront de dresser un bilan énergétique approximatif qui nous orientera
vers le choix du système de valorisation de ce biogaz.
Le tableau (32) suivant donne le résultat d’un bilan énergétique pour des conditions de
fonctionnement données à titre d’exemple (Chynoweth, 1991).
Total 23-32
D’après les données du tableau (32), nous constatons que pour des conditions de
fonctionnement similaires à celles prises pour notre évaluation, plus de 50% de la
consommation totale d’une installation de méthanisation sert à réchauffer l’effluent.
Avec près de 95% d’eau, nous admettrons que le mélange mis en question à les mêmes
caractéristiques physico-chimiques que celles de l’eau. Nous pourrons à présent, calculer
l’énergie nécessaire pour amener ce mélange à la température adéquate pour la digestion
anaérobie mésophile (37°C). Nous pouvons exprimer les besoins thermiques pour le
chauffage du mélange par la relation suivante:
Q= Cp*m*ΔT (16)
- 107 -
Avec :
Tableau 33 : Températures moyennes enregistrées au niveau de la ville de Fquih Ben Saleh (Boutriki,
2009).
Mois Température moyenne en °C
Octobre 21
Novembre 16
Décembre 12
Janvier 11
Février 13
Mars 17
- 108 -
Pour les réacteurs UASB, (Malina et al, 1992) estime qu’entre 15 à 25% de l’énergie
thermique consommée est destinée pour le maintien de la température. Or, si nous nous
fions aux données du tableau 32, cette valeur dépasse de peu 30%. Cette différence peut
être expliquée par le fait qu’avec les réacteurs infiniment mélangés, les réacteurs UASB sont
munis d’une isolation plus efficace que les autres types de digesteur commerciaux. Nous
pouvons alors estimer l’énergie thermique totale absorbée par le digesteur en prenant
comme référence, les données indiquées dans le tableau (32) qui semble la plus proche de
notre cas soit, 30% de l’énergie thermique totale.
Avec :
Dans un réacteur UASB, le mélange digéré est déversé à une hauteur importante par
rapport au réseau d’alimentation; il peut donc être évacué par gravité, ce qui simplifie le
circuit hydraulique.
Concernant les besoins d’agitation, la faible viscosité du mélange rend plus facile son
homogénéisation par la définition de la perte de charge dans les orifices d’injection.
L’homogénéisation par agitation reste par conséquent moins pesante énergétiquement
parlant.
- 109 -
Z2
Effluents laiteries
Effluent
digéré
Pompe
Stockage margines
Z1
Bassin de
p
mélange
: Orifices d’injection (pertes de
charges)
: Agitateur axial
Total 116230
- 110 -
Or, il faut prendre en considération les rendements des appareils (Pompes, Agitateur,
échangeurs,….). D’une manière générale, le rendement de ces équipements est compris
entre 0,7 à 0,9. L’énergie totale peut être exprimée de la manière suivante :
Qa = Qc/η (17)
D’après ces résultats, nous constatons que l’énergie fournie par le biogaz permet de
recouvrir tous les besoins énergétiques de l‘installation. Tout le processus de traitement de
cette codigestion pourrait donc être énergétiquement autonome en valorisant ce biogaz par
cogénération.
B. Cogénération
Electrique 25-30
Thermique 50-55
Pertes 15-20
- 111 -
Nous remarquons que plus de 50% du rendement énergétique est valorisé en tant
qu’énergie thermique. Les pertes représentent aussi une part importante dans ce bilan. Ces
pertes peuvent être réduites par l’introduction d’un dispositif de compensation du cos ϕ
(batterie de condensateurs).
D’après (Chynoweth, 1991), le couplage avec un moteur à gaz doit être dimensionné par
rapport à la puissance de chauffage nécessaire mais au plus entre 20 et 35% de la puissance
maximale de chauffage requise.
Si on se réfère aux températures mensuelles de la ville de Fquih Ben Saleh, nous constatons
que la puissance maximale de chauffage est atteinte au mois de janvier. Le
dimensionnement sera fait donc par rapport aux besoins thermiques durant ce mois.
La puissance requise pour le chauffage du digesteur pendant le mois le plus froid (Janvier)
équivaut à 31,20 kW. A cette puissance, nous ajoutons 25% de sécurité en cas d’une
importante chute de température ce qui nous mène à une puissance de 39 kW.
Concernant la puissance électrique qui est bien moins importante que la puissance
thermique, un surdimensionnement de 25% peut aussi être justifié au cas où le débit
d’alimentation augmente. Nous retiendrons alors une puissance électrique de 10 kW.
- 112 -
Sur la base de cette étude énergétique, nous avons pu estimer la puissance thermique du
couplage destiné à la valorisation du biogaz et qui est de 42,5 kW thermique et près de 11
kW électrique.
C. Stockage du biogaz
Les principaux gazomètres industriels sont les gazomètres souples, rigides et à cloche. Les
gazomètres à cloches sont plus utilisés du fait de leur capacité qui peut atteindre 5000m 3,
mais aussi pour leur compactage puisqu’ils tolèrent des pressions supérieures à 100 bars
(Perret, 1983), ce qui réduit l’emprise du terrain de ce dispositif.
D. Epuration du biogaz
Puisque la caractérisation du biogaz n’a pas eu lieu, nous ne pourrons estimer la quantité du
charbon nécessaire pour traiter le biogaz. Cependant, le coût de réalisation de cette étape
reste très peu onéreux voire négligeable par rapport au coût d’exploitation de l’installation.
Ainsi, le coût d’élimination du H2S en excès sera inclus dans les frais divers.
E. Torchère de sécurité
- 113 -
1.4. Analyse économique
L’étape suivante est donc d’évaluer le coût économique du concept proposé sur la base des
résultats de l’évaluation technique. Or, jusqu'à présent, il n’existe aucun constructeur au
Maroc spécialisé dans la construction des digesteurs anaérobie de type UASB. Par
conséquent, la seule voie qui se présentait était d’élaborer un cahier de charges et de le
soumettre à des constructeurs d’installations anaérobies étrangers. Ainsi, 9 constructeurs
ont été consultés et qui sont sis en Allemagne, au Canada, en France et en Suisse.
Les principaux éléments de ces consultations (Voir annexe 7) consistent en une unité de
méthanisation permettant de codigérer annuellement, 10.000m 3 de rejets liquides des
huileries d’olive et 15.000m3 des effluents liquides des laiteries moyennant un réacteur
UASB traitant à une température mésophile, 140m3 de mélange (40% margines/60%
d’effluents laitiers) par jour. Le stockage des margines et la valorisation du biogaz par
cogénération ont eux aussi fait partie des exigences de ce cahier de charges.
Seulement deux constructeurs ont donné suite à notre demande. Il s’agit de Schwarting
Umwelt GmbH en Allemagne et Alba S.A. en France. Ce deuxième constructeur nous a fourni
une estimation de l’investissement budgétaire pour la réalisation de cette unité sans pour
autant spécifier clairement les fournitures.
Le constructeur Schwarting Umwelt GmbH nous a fourni une analyse plutôt complète
puisqu’elle inclue le coût des équipements, du génie civil et des bâtiments ainsi qu’un bassin
de décantation du digestat et un filtre à bandes pour la déshydratation des boues. Les
principales fournitures proposées ainsi que l’investissement budgétaire requis sont
répertoriés dans le tableau (39).
- 114 -
Tableau 39 : Spécification et coût des fournitures proposées par Schwrating Umwelt GmbH.
Installation de digestion
Echangeur thermique 37 kW
Torchère 20m3
Emprise du terrain
1560m2 (52*30)
14.374.000 MAD HT
1.868.000 MAD HT
2.253.000 MAD HT
Coût équipements
13.989.000 MAD HT
16.242.000 MAD HT
- 115 -
Le concept proposé par ce constructeur semble satisfaire les clauses du cahier de charges
élaboré sur la base de l’évaluation technique même si la plupart des fournitures présentées
semblent un peu surdimensionnées, mais ceci est lié surtout aux standards de fabrication de
ces équipements.
- 116 -
Stockage biogaz
Torchère
Torchère
1
Camion citerne 2 3 6
4
Stockage Réacteur 1 Réacteur 2
margines
8 1565m3 1565m3
7
Effluents laitiers
1 : Tableaux électrique
Circuit affluent 2 : Echangeur thermique 5
3 : Co-générateur
Circuit digestat 4 : Agitateur
5 : Pompe
6 : Suppresseur Filtre à bandes Bassin de
Circuit boues 7 : Dégrillage décantation
8 : Bassin
Circuit biogaz d’homogénéisation et de
correction du pH et de la Vers la STEP
Circuit eau température
Figure 33 : Schéma prévisionnel de l’installation de codigestion des margines avec les effluents laitiers
1.4.1. Investissement et frais financiers
Au total, le coût d’investissement est évalué à 18.382.000 MAD HT. En considérant une
durée d’amortissement des équipements de 10 ans et de 25 ans pour les bâtiments et le
génie civil, le calcul des frais financiers peut désormais être possible. Nous retiendrons un
taux d’intérêt de 6%.
- 118 -
1.4.2. Frais d’exploitation
L’évaluation des frais d’exploitation sera élaborée en se basant sur les hypothèses
suivantes :
Sur la base de ces hypothèses, nous constatons que les frais d’exploitation sont lourdement
chargés par le coût exigé pour la correction du pH avec le Na2CO3 dont le prix unitaire se
situe aux alentours de 20 MAD TTC/kg. Ce coût représente plus de 50% des frais
d’exploitation. L’emploi de la chaux bien moins onéreuse pourrait réduire sensiblement ces
frais.
Ce coût rassemble les frais financiers et les frais d’exploitation. Il exprime donc les besoins
financiers annuels nécessaires pour la réalisation et la mise en service de la station de
codigestion envisagée. Or, à cette valeur doit être ajouté, le montant des taxes qui sont
évaluées à près de 20% du montant total.
Sur la base de cette valeur monétaire globale, d’autres indices peuvent être déduits
(Tableau 43) et qui nous permettront d’apprécier l’ampleur de ce traitement sur le coût de
revient de la trituration de l’huile d’olive. Pour ce faire, nous estimerons le rendement
moyen de la trituration artisanale et semi-moderne à 18 litres d’huile et à 50 litres de
margines pour une quantité de 100 kilogrammes d’olives triturées.
- 119 -
Tableau 43 : Coût résultant et coût de revient du traitement des margines par codigestion avec les
effluents laitiers.
Valeur HT Valeur TTC
Frais d’exploitation 1.571.460 1.885.752
(MAD/an)
Frais financiers (MAD/an) 2.336.712 2.804.054
Coût résultant (MAD/an) 3.908.172 4.689.806
MAD/m3 de mélange traité 156,33 187,59
MAD/m3 de margines traité 390,82 469,98
MAD/l d’huile d’olive 1,085 1,305
L’expression du coût de revient de ce traitement par rapport au litre d’huile produite est de
l’ordre de 1,305 MAD TTC dont près de 0,55 MAD TTC nécessaire pour subvenir aux frais
d’exploitation et 0,75 MAD TTC pour assurer les frais d’investissement.
D’un côté, la faible production en biogaz comblera à peine les besoins énergétiques
consommés par la station et ne permettra pas de dégager des recettes à partir de ce
traitement. Le résultat économique reste donc moins favorable. Mais, même sans afficher
de recettes, ce coût est tout de même abordable et même encourageant compte tenu de
l’importante solution environnementale qu’il offre.
Cependant, ne tirer des conclusions qu’à travers l’analyse de ces coûts ne nous permet pas
de situer ce traitement envisagé par rapport aux autres traitements potentiellement
applicables. La comparaison de ce concept avec un procédé déjà existant serait un bon
indice pour son évaluation.
Au Maroc, le seul site destiné au traitement des margines à grande échelle se situe à
Doukkarat dans la wilaya de Fès. D’après la RADEEF (2005), il s’agit de deux bassins
d’évaporation naturelle d’environ 20.000m3 instaurés dans le cadre du projet de dépollution
de l’oued de Sebou. Ne permettant pas de traiter la totalité de ces effluents, une extension
- 120 -
de ces deux bassins a été programmée et l’introduction de l’évaporation forcée a été
validée.
Selon la même source, cette opération dont le coût d’investissement est évalué à
41.000.000 de MAD HT, assurera le traitement de 50.000m 3 de margines déversées
annuellement par les unités de trituration de cette wilaya. Le coût d’exploitation est estimé
à 100 MAD/m3, soit 25 centimes par litre d’huile produite. Ce coût reste moins onéreux que
les 55 centimes estimées pour l’exploitation du site de codigestion en question.
Or, du point de vue technique, le concept proposé semble plus convaincant que celui de
l’évaporation forcée puisqu’il est plus flexible et offre plus de possibilités quant à
l’amélioration et l’optimisation du traitement.
Mais encore, le coût retenu au terme de cette évaluation n’est pas basé sur l’offre
économique la plus favorable puisque l’analyse financière n’a considéré qu’une seule
proposition avancée par Shwarting Umwelt GmbH. Offre qui reste malgré toute sa
complémentarité, un peu plus surdimensionnée qu’aux besoins évalués pour cette
codigestion lors de l’étude technique. Ce coût peut notamment être atténué en soumettant
quelques tâches à des compétences marocaines, économiquement moins exigeantes,
surtout dans le domaine du génie civil comme la construction des bassins pour le stockage et
l’homogénéisation.
- 121 -
l’amélioration de l’image de l’huile d’olive marocaine que ce soit dans le marché national ou
international.
L’appui du FODEP qui adopte généralement ce type d’initiatives, pourrait à son tour,
contribuer à hauteur de 40% de l’investissement total si il approuve le traitement des
margines par ce concept.
- 122 -
Conclusions et recommandations
Durant la recherche bibliographique, il a été révélé que les études antérieures menées sur
la digestion anaérobie des margines ont eu pour conclusion que mis à part leur faible pH, les
polyphénols sont les principales substances qui limitent la digestion anaérobie de ces
effluents. Aussi, il a été constaté qu’il existe très peu d’informations et de travaux de
recherche sur la codigestion des margines avec d’autres substrats fermentescibles, en vue
d’atténuer l’effet toxique des polyphénols et par conséquent, d’améliorer l’efficacité de ce
traitement.
Cette étude a donc permis de mettre en évidence quelques substrats (rejets générés par les
IAA) pouvant être considérés pour la codigestion des margines au Maroc. C'est ainsi que la
méthanisation des margines avec les rejets liquides des laiteries a été retenue pour la phase
d'expérimentale sur pilote et pour l'évaluation de la faisabilité technico-économique du
projet.
L'expérimentation réalisée sur une période de 2 mois a montré que la codigestion des
substrats précités est faisable dans un digesteur UASB, traitant à une température de 37°C,
un mélange de 5,68% de matière sèche. Avec un temps de rétention hydraulique fixé à 20
jours et une proportion en margines de 40% du mélange traité, soit une concentration en
polyphénols n’excédant pas 3000 mg d’acide caféique/l, nous avons réussi à atteindre un
taux d’abattement de la DCO de 58,97% et un rendement en biogaz de 32,06l/kg de MO
introduite.
Les résultats de cette phase nous mènent à avancer une double conclusion : Une
importante dégradation de la matière organique y compris celle des polyphénols,
contrairement au biogaz dont le volume produit par rapport à la matière organique était
largement inférieur au potentiel méthanogène obtenu lors de la digestion d’autres rejets
d’origine industrielle.
- 123 -
Sur la base de cette étude expérimentale, nous recommandons de :
Etudier suivant les cas, l’effet de l’incorporation des margines sur l’efficacité du post
traitement au niveau des STEP des laiteries.
- 124 -
Coordonner avec d’autres spécialités, notamment la pédologie, pour l’étude d’impact
de l’épandage des boues et de l’effluent digérés dans les terres agricoles.
Développer une application de simulation pour l’étude de faisabilité d’éventuelles
stations de méthanisation.
Inciter les producteurs à prendre conscience de l’impact des margines sur
l’environnement pour s’engager financièrement dans la réalisation d’un tel
traitement et leur informer sur la valeur ajoutée que représentera ce traitement
quant à l’image commerciale de leur produit.
Cette étude constitue à présent une première étape qui devrait être suivie par d’autres
études complétées par des essais en laboratoire permettant ainsi, de répondre aux
principales questions qui doivent être résolues pour l’application de cette technique en
prenant en compte ces premiers résultats mais aussi en évaluant d’une manière plus affinée,
les contraintes économiques et techniques. Sur cette base, d’autres recommandations
peuvent être élaborées ainsi qu’un programme d’action pourrait voir le jour.
- 125 -
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www.methaneva.eu
www.olives101.com
- 132 -
Annexes
Les solides totaux (TS) d’un effluent, ou matière sèche, sont constitués de la matière
minérale et de la matière organique appelée solide volatils ou matières volatiles sèches.
Mode opératoire
Ces paramètres sont déterminés selon la méthode préconisée par Rodier (1971).
Après étuvage, le creuset est refroidi dans un dessiccateur puis pesé à 0,0001 g près. La
différence de masse correspond alors à la teneur en matière sèche.
Pour la détermination des matières minérale et organique, le prélèvement qui a subi
l’analyse de la matière sèche, est placé dans un four à 550°C pendant une ½ heure. Ensuite il
est refroidi dans un dessicateur puis repesé à nouveau.
MM = [(m2-m) / V]*100
MO = MS - MM
Pour cette détermination, la méthode décrite par Rodier (1971) a été utilisée. Elle est basée
sur l’oxydation des matières contenues dans l’échantillon par le bichromate de potassium en
milieu acide et en présence de sulfate d’argent et de sulfate de mercure. L’excès de
bichromate de potassium est dosé par le sulfate de fer II et d’ammonium (sel de Mohr).
Mode opératoire
Cinquante millilitres de l’échantillon dilué 500 fois avec l’eau sont mis dans un ballon de
500 ml puis additionnés de 1 g de sulfate de mercure cristallisé et 5 ml de solution sulfurique
de sulfate d’argent. Le mélange est chauffé jusqu’à parfaite dissolution.
Pour l’essai à blanc, on opère dans les mêmes conditions opératoires que celles de
l’échantillon sur 50 ml d’eau distillée.
La DCO en gramme d’oxygène par litre d’échantillon est donnée par la formule suivante :
La méthode préconisée est celle de Walky Black (1965). Les composés organiques chauffés
avec l’acide sulfurique concentré, en présence d’un catalyseur, se minéralisent et leur azote
donne quantitativement du sulfate d’ammonium. Sous l’action d’une base forte, l’ammoniac
est entraîné par la vapeur d’eau puis récupéré dans une solution d’acide borique pour être
titré à la fin par une solution d’acide sulfurique.
Mode opératoire
Dans un Matra de kjeldahl, on met 25 ml de l’échantillon dilué 10 fois avec l’eau distillée
auxquels on ajoute 25 ml d’acide sulfurique concentré, 0,5 g de sélénium et 1g de catalyseur.
L’ensemble est chauffé à haute température pendant 3h. Le minéralisât ainsi formé est mis
dans l’appareil à distiller puis additionné de 40 ml de soude 50%. L’ammoniac libéré est
récupéré dans 10 ml d’une solution d’acide borique contenant un indicateur approprié. La
distillation est arrêtée à 100 ml de distillat. L’ammoniac est titré par une solution d’acide
sulfurique 0,1 N.
5. Azote ammoniacal
La quantification de l’azote ammoniacal est basée sur la méthode établit par Bremner et
Keeney (1971).
- 135 -
Mode opératoire
Faire une dilution au 1/10 avec de l’eau distillée. Mettre dans un matras 10 ml d’échantillon
dilué, puis ajouter 30ml d’eau distillée, 9,5 ml de tampon borate, des billes et six gouttes
de NaOH (6N). Fixer immédiatement les matras au réfrigérant.
6. Polyphénols totaux
La méthode d’extraction des polyphénols utilisée est celle élaborée par la commission
technique italienne SSOG [COI, 2006].
Mode opératoire
Dans un entonnoir muni d’un filtre en papier. Ajouter environ 20 g de sulfate de sodium.
Verser environ 40 ml de margines bien homogénéisées.
- 136 -
Centrifuger à 5000 tours/min pendant 25 min. Prélever le surnageant à l’aide d’une pipete.
Ce surnageant sera utilisé pour la détermination des polyphénols totaux par la méthode
colorimétrique et aussi pour l’analyse par la méthode HPLC.
La méthode de Vasquez Roncero (1973) est utilisée pour le dosage des polyphénols totaux
par colorimétrie.
Après refroidissement, on transvase dans une fiole jaugée de 100 ml qu’on complète à
volume avec l’eau distillée.
- 137 -
volume avec l’eau distillée. Homogénéiser et laisser reposer 2 heures et mesurer la densité
optique à 725 nm.
Le blanc est réalisé dans les mêmes conditions en utilisant l’eau distillée à la place de
l’extrait phénolique.
Les polyphénols totaux exprimés en ppm d’acide caféique sont donnés par la formule
suivante :
PPt = X*50*F
Pour l’analyse des acides caféique, syringique, vanillique et férulique, un appareil HPLC
Agilent 1100 a été utilisé.
- 138 -
Préparation des standards de polyphénols
Quatre solutions de polyphénols ont été préparées avec les standards suivants : l’acide
caféique, l’acide syringique, l’acide vanillique et l’acide férulique.
Dans des tubes à essai, peser exactement 0,0070g des différents standards. Ajouter 10 ml
de méthanol. Agiter pendant 1 minute exactement. Mettre les tubes dans le bain à ultrasons
pendant 15 min à température ambiante. La concentration finale des solutions obtenues est
de 700ppm.
Les polyphénols sont extraits des margines en utilisant la méthode élaborée par la
Commission technique italienne SSOG. Le surnageant obtenu est filtré avant injection au
moyen d’une seringue en plastique de 10 ml à l’aide d’un filtre en PVDF de 0,45 μm.
Le gradient d’élution employé est celui établit par Hozir et Laghzil (2009).
Tableau 44 : Gradient d’élution employé pour la séparation des polyphénols des margines.
Temps Eau Acétonitrile Méthanol Flux ml/min Pression bar
0 96 4 0 1 200
2 80 20 0 1 200
5 80 20 0 1 200
7 75 25 0 1 200
10 70 30 0 1 200
13 70 30 0 1 200
18 73 13.5 13.5 1 200
20 50 25 25 1 200
25 40 30 30 1 200
40 0 50 50 1 200
50 0 50 50 1 200
52 96 2 2 1 200
62 96 2 2 1 200
- 139 -
La séparation chromatographique a été effectué sur une colonne Zorbax SB-C18 5µm 4,6 *
250 mm (Agilent 1100).
Une pompe Agilent 1100, modèle G1311 A a été utilisée. La détection a été réalisée par un
détecteur UV-visible à une longueur d’onde de 280 nm.
7. Phosphore et Potassium
Ces deux éléments sont déterminés sur les cendres de 10 ml de margines préalablement
dissous dans 2 ml d’acide chlorhydrique. Le mélange est complété à 100 ml avec l’eau
distillée. La détermination de la teneur en ces éléments est faite par référence à des étalons
de concentration connue.
- 140 -
Expression des résultats
8. Huile résiduelle
Mode opératoire
Dans une cartouche d'extraction, on pèse 10g de matière sèche de margine finement
broyée. La cartouche est bouchée avec du coton puis placée dans le corps SOXHLET qu'on
monte sur un tube contenant 150 ml d'hexane. On laisse chauffer sous reflux pendant 5
heures (25 à 30 cycles). Après ce temps le solvant est mis dans un ballon rodé de 250 ml
préalablement taré, et évaporé sous vide et enfin mis à l'étuve jusqu'à élimination complète
des traces de solvant. Le ballon est ensuite refroidi dans dessiccateur puis pesé.
L'huile résiduelle (HR) dans les margines exprimée en g/l est donnée par la formule
suivante:
- 141 -
Annexe 2 : Droite d’étalonnage des quatre polyphénols étudiés.
- 143 -
Annexe 3 : Chromatogrammes représentant les concentrations en polyphénols
lors de la caractérisation et pendant le début et la fin de la digestion dans le
réacteur pilote UASB.
3
1
4
- 145 -
2
- 146 -
Annexe 4 : Résultats du suivi de la codigestion des margines avec les effluents
laitiers.
11 - - - 17,7 16830 - - - -
- 147 -
Annexe 5 : Illustration de la résolution numérique via ‘SOLVEUR.xls’ pour le
choix du ratio optimal.
- 148 -
Annexe 6 : Cahier de charges pour la consultation des constructeurs des
digesteurs UASB.
- 149 -
3. Performances attendues (D’après les résultats expérimentaux) :
4. Valorisation du biogaz :
Torchère 13m3
- 150 -
Annexe 7 : Liste des ouvrages, institutions et personnes consultés pour le choix du
cosubstrat potentiel pour la codigestion des margines.
1- Etablissements :
Etablissements Personnes
FODEP : Fonds de dépollution Abboud J.
industrielle
Cosumar Bounoua H.
Zirar A.
Extralait Serroukh D.
Ministère de l’Energie, des Mines, de Hamdani I.
l’Eau et de l’Environnement.
Département de l’environnement.
Institut agronomique et vétérinaire Rahmani
Hassan II
2- Ouvrages et documents :
Ouvrage/Document Auteur
Les industries alimentaires au Maroc: El Ameli L. (2005)
Dynamique et perspectives de
développement
Codigestion des effluents IAA Office Fédéral de l’Energie en Suisse, (1998)
Annuaire Statistique du Maroc Ministère de la Prévision Economique et du Plan.
Direction statistique, (2006)
- 151 -
Annexe 8 : Illustrations photographiques.
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Figure 44 : Illustration du système de chauffage interne et du maintien de la température de l’affluent
dans le digesteur.
يٍ خالل انًشحهت األٔنٗ يٍ انبحث انًشخؼ ٬ٙحى انخطشق إنٗ اإلشكبنٛت انبٛئٛت انصبدسة
ػٍ انشي ٙغٛش انًؼمهٍ نٓبحّ انُفبٚبث ٬كًب شًهج ْزِ انًشحهت يخخهف انخمُٛبث نًؼبندت
انًشج.
اسخُبدا ػهٗ انبٛبَبث انسببمت ٬حى حطٕٚش بشَبيح حدشٚب ٙنخمٛٛى فؼبنٛت ْزا انؼالجٔ .لذ
أخشٚج ْزِ انخدشبت يفبػم حَٕ ٕ٘ٛع ٬BSAUسؼخّ 03نخشأ .أظٓشث انُخبئح
انخدشٚبٛت اٌ يؼبندت ْزِ انُفبٚبث يًكُت يغ اداء يٓى يٍ حٛث انحذ يٍ خطٕسة ْزِ
انًٕاد.
ف ٙاندضء انثبنث يٍ ْزِ انذساست ٬حى ٔضغ دفخش ححًالث ػهٗ أسبط َخبئح انًشحهت
انخدشٚبٛت ٔكزنك ػهٗ يفٕٓو انخمُٛت انًمخشحت ٬نهخشبٔس يغ يصُؼ ٙأخٓضة انٓضى
انالْٕائ .ٙبؼذ رنك أخشٚج انًحبكبة االلخصبدٚت انمبئًت ػهٗ انؼشض انز٘ حمذو بّ
ٔ AlawmS gn BrawhSانز٘ كشف ػهٗ حكهفت ػبيت حمذس ة 76,4 :يه ٌٕٛدسْى فٙ
انسُت ببنُسبت نًصُغ ًٚكٍ يٍ يؼبندت 03.333طٍ يٍ انًشج ٔ 00.333طٍ يٍ األنببٌ
انسبئهت ٬أ٘ بًب ٚمذس ة 0603 :دسْى نكم نخش حُخح يٍ صٚج انضٚخٌٕ.
ًٚكٍ إرٌ َظبو انؼالج انًمخشذ يٍ حثً ٍٛانًشج يغ إَخبج انطبلت انًخدذدة ٔرنك ف ٙظشٔف
الخصبدٚت يٕاحٛت خبصت ف ٙحبنت ححسٍ إَخبج انغبص انح.ٕ٘ٛ
انكهًبث انشئٛسٛت :يشج ٬بٛئتَ ٬فبٚبث صُبػٛت ٬حثً ٬ٍٛأنببٌ سبئهتْ ٬ضى الْٕائ ٬ٙغبص
ح.ٕ٘ٛ
ٚبس ٍٛانًٕدَٙ
أمام اللجنة المكونة من :