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Revue de réflexion biblique

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DOSSIER: L'ESPÉRANCE DU CHRÉTIEN

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Annihilationnisme : les perdus iront-ils le même numéro

en enfer ? Sommaire du numéro 179


Janvier-mars 2012

Par Scott McCarty - Publié dans Promesses n° 179, Janvier-mars 2012- Sujet: Avenir

La théorie de l’annihilation Espérer, c’est démentir l’avenir


Par Frédéric Mondin
L’enfer, dans le sens courant du mot, est le lieu où se retrouveront tous ceux qui auront consciemment rejeté
Jésus-Christ (Mat 25.41). Le sujet est brûlant ! Mythe ou réalité ? Tout le monde a son opinion. De nombreux
La glorieuse espérance du chrétien
chrétiens conjuguent avec difficulté l’amour de Dieu et le fait qu’il puisse envoyer ses créatures en enfer. Par Hamilton Smith
Certains commentateurs évangéliques appréciés de la dernière moitié du xxe s. nient carrément l’éternité du
jugement de Dieu. Ils sont, comme les adventistes et les témoins de Jéhovah, annihilationnistes1 . L’espérance au travers l’épître aux Romains
Par Joël Prohin

Ces hommes, parmi les plus influents du monde évangélique, prônent une destruction totale et éternelle des
Et le ciel ?
perdus après leur mort terrestre. Les perdus n’existeront plus, échappant ainsi à la souffrance éternelle. Pour Par Paul Wells
eux, un Dieu d’amour ne saurait être cruel au point de cautionner une souffrance éternelle.
Sermons au cachot
Par R. Wurmbrandt

L’idée de l’anéantissement total (corps, âme et esprit) d’un être humain est-elle biblique ? La question vaut la Notre espérance parle aux perdus
Par
peine de se poser puisque nous mourrons tous et serons confrontés un jour à la réponse. Que croient
exactement les annihilationnistes ? Sur quelle base des Écritures ? Ont-ils raison ? La réalité de l’enfer
Par André Choubeu

Versets principaux utilisés dans cette étude


Souveraineté et Providence de Dieu
« Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a Par Daniel Coronès
été préparé pour le diable et pour ses anges. » (Mat 25.41)
Psaume 121
« Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. » Par Vincent Coutrot

(2 Thes 1.9)
Voici
Par Henri Lüscher
« Il boira, lui aussi, du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère, et il sera
tourmenté dans le feu et le soufre, devant les saints anges et devant l’Agneau. Et la fumée de leur tourment Recension Bible On Line
monte aux siècles des siècles ; et ils n’ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui adorent la bête et son image, et Par Frédéric Mondin

quiconque reçoit la marque de son nom. » (Apoc 14.10-11)


Carnet de bord
Par Nathanaël Bourgeois
« Le diable, qui les séduisait, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Ils
seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles. […] Puis la mort et le séjour des morts furent jetés Une joyeuse espérance
dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu. Quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de vie Par Charles Spurgeon

fut jeté dans l’étang de feu. » (Apoc 20.10, 14-15)

« Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les débauchés, les magiciens, les
idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde
mort. » (Apoc 21.8) Rechercher un article

1. Arguments « bibliques » Mots-clés …

Pour l’annihilation Pour les peines éternelles


Par n° Tous les sujets
Les hommes sont seulement potentiellement 1 Corinthiens 15.53-54 et 2 Tim 1.10 affirment que
immortels. Les chrétiens acquièrent l’immortalité, le corps du croyant recevra un corps immortel à la
Tous les genres Tous les auteurs
mais les perdus perdent cette potentialité après résurrection donc plus sujet à la mort. Il est
leur mort et cessent d’exister. évident que le sauvé a besoin de son âme et de son
Rechercher
esprit (lesquels continuent à exister après la mort
Dans Luc 12.5, Jésus conseille de craindre Dieu, physique, Apoc 6.9 ; 20.4 ; cf. 2 Cor 5.8 ; Phil 1.23)
« celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter pour animer son corps ressuscité.
dans la géhenne ». Et puisque le feu consume tout,
les partisans de cette théorie en déduisent que la Jésus parle de « feu éternel » (Mat 18.8-9) « qui
géhenne décrit l’annihilation (voir aussi Mat ne s’éteint point » (Marc 9.44, 48). Il décrit une
5.22,29-30 ; 10.28 ; 18.9 ; 23.33 ; Marc souffrance sans fin et non une cessation
9.43,45,47). d’existence. L’image du feu de l’enfer signifie la
douleur suprême (Mat 13.40-42, 49-50), et non
une extinction ou disparition totale.

Considérez Mat 25.41 avec Apoc 20.10 et 14.10-11


où les textes précisent clairement l’existence
éternelle de l’enfer pour le diable, ses messagers,
et pour ceux qui rejettent Jésus-Christ (voir aussi
Apoc 20.14-15 ; 21.8).
Articles par sujet
Le contexte des références citées ne permet pas
une interprétation annihilationniste. Apologétique (178)
Argent (7)
Avenir (15)
La « destruction » ou « perdition » des hommes Voir Mat 25.41, 46 ; Marc 9.42-48 ; Apoc 14.9-10 ;
Bible (443)
signifie une destruction totale, une annihilation. Cf. 20.10, 14-15. Ces références comprennent le mot
Christ (168)
Mat 7.13 ; Phil 3.19 ; Apoc 17.8, 1 1 ; 2 Pi 2.1. grec pour « perdition, ruine » comme une perte
éternelle du bien-être, et non comme extinction de Dieu (171)

l’être. C’est ainsi que l’ont interprété, au cours des Eglise (235)
siècles, de grands interprètes bibliques. Eschatologie (89)
Évangélisation (10)
Éternellement séparés de Dieu, les perdus seront Cette idée est contredite par Mat 25.41,46 et Grâce (327)
annihilés : Mat 7.23 (« retirez-vous de moi ») ; 2 Thes 1.9. En Mat 7.23, le verbe signifie Histoire (49)
22.13 ; Jean 15.6. simplement « se séparer » et jamais « annihiler ». Homme (139)
Mat 22.13 concerne la souffrance éternelle, Monde spirituel (23)
nullement l’annihilation. Jean 15.6 non plus.
Non classé (216)
Promesses (1)
La mort appelée souvent « la deuxième mort » La « seconde mort », citée dans Apoc 20.6, 14 et
Salut (41)
décrit l’annihilation de tous ces perdus, morts du 21.8 (à joindre à 20.10), décrit les trois occupants
Témoignage (6)
fait de leur rejet de Christ. du lac de feu comme étant tourmentés sans fin. Les
v. 14 et 15 décrivent ceux qui ne sont pas sauvés Vie chrétienne (166)

(absents du livre de vie) et jetés aussi dans l’étang Vie pratique (677)
de feu sans fin. Pas de mention d’une quelconque
annihilation. Cette mort est une séparation
définitive d’avec Dieu, accompagnée de
souffrances.

2. Arguments théologiques

L’argument basé sur l’amour de Dieu

Les annihilationnistes ne supportent pas Ce type d’argument révèle une faiblesse inhérente.
l’idée d’un Dieu se réjouissant des Comment jugerions-nous les actions du Dieu créateur tout-
tourments infligés aux perdus séparés de puissant selon nos conceptions de ce que Dieu devrait être
lui, souffrant dans l’étang de feu. Pour ou faire ? Pécheurs réconciliés par pure grâce, par les
eux, cette idée contredit celle d’un Dieu souffrances incalculables de Jésus-Christ, limitons-nous à ce
aimant, telle que manifestée dans le N.T. que les Saintes Écritures enseignent. Dieu a aimé et aime
tout le monde, mais chacun est responsable de décider s’il
Ce raisonnement pèse très lourd dans la veut recevoir son amour et vivre éternellement ou non avec
pensée de beaucoup de vrais chrétiens : Dieu (Mat 25.31-34,41-46). Amour et punition ne
Dieu d’amour et punition éternelle ne font s’excluent pas du tout mutuellement. Chacun choisit
pas bon ménage, ils s’excluent librement sa destinée éternelle : Dieu ne force personne à
mutuellement. choisir la géhenne.

Dieu est saint et juste ; donc la louange lui est due par tous,
convertis ou non (Apoc 15.1-4,7). Sa justice est sainte, c’est
pour cela qu’il punira ceux qui s’obstinent dans le péché, en
rejetant Christ. Dieu aime la justice mais ce serait le
dénaturer en l’imaginant se réjouir de la souffrance des
perdus. Il suffit de penser au terme affectueux qu’Abraham
emploie envers le riche passé « de l’autre côté » : « Mon
enfant » (Luc 16.25).

L’argument basé sur l’immortalité

Seul Dieu possède l’immortalité inhérente, Juste à sa base (Dieu seul possède l’immortalité, 1 Tim
de par sa nature éternelle. 6.16), ce raisonnement oublie que Dieu, en créant l’homme,
lui avait donné une immortalité corporelle future dérivée.
Tandis que les êtres humains n’ont qu’une La mortalité ne concerne que le corps, pas l’âme ou l’esprit,
immortalité potentielle. Adam, lors de sa qui font la personnalité et ne cessent jamais de vivre (Apoc
chute pécheresse, a perdu sa propre 6.9 ; 20.4 ; cf. 2 Cor 5.8 ; Phil 1.23).
immortalité potentielle et nous a fait
perdre la nôtre aussi, parce que nous Il accorde au sauvé de vivre éternellement dans un corps
étions en lui. rendu céleste. Le converti en Christ croit dans ce corps
glorifié parce que la Bible l’enseigne (1 Cor 15.53-54). Le
L’immortalité est retrouvée lors de la damné possédera aussi un certain type de corps adapté à
conversion. Comme les perdus n’ont son lieu de résidence éternelle (Luc 16.19-31).
jamais reçu le « don de l’immortalité », ils
seront annihilés après avoir reçu leur
punition pour leurs péchés.

L’argument de la justice de Dieu

La Bible enseigne que Dieu juge avec Là encore, l’homme juge à la place de Dieu si tel ou tel péché
justice, ce qui implique une punition est « petit » ou « grand ». Nous en sommes incapables du
proportionnelle au péché commis. La simple fait que notre conception est complètement
souffrance éternelle et consciente affligée pervertie par le péché (Rom 3.11 ; Act 28.26-27). Nous ne
au perdu semble terriblement sommes nous-mêmes pas justes et manquons totalement
disproportionnée face aux péchés commis de la conception parfaite de la justice divine.
dans une si courte vie terrestre.
De plus, Thomas d’Aquin a bien dit que le péché est une
attaque contre la sainteté infinie du Dieu éternel : le plus
« petit » des péchés offense donc infiniment Dieu et mérite
une peine infinie. Le péché est un concept biblique qualitatif
et non quantitatif. Toutefois, Jésus enseigne clairement qu’il
y aura une gradation dans la punition éternelle des
pécheurs (Luc 12.47-48 ; Mat 11.22,24). Renier cela revient
à minimiser la sainteté de Dieu et l’honneur qui lui est dû.

L’argument du triomphe de Dieu

Dieu a tout gagné lorsque Christ est mort Cette dernière affirmation dénote une erreur logique : le
sur la croix, car ce dernier a défait Satan triomphe de la croix et la plénitude de Dieu n’impliquent
et les dominations « en triomphant d’elles pas la non-existence des peines éternelles, lesquelles sont
par la croix » (Col 2.15). Il a expié les un autre sujet.
péchés « du monde entier » (1 Jean 2.2).
Les trois derniers chapitres de la Bible démentent ce
Ainsi, Dieu est et remplit « tout en tous » raisonnement. La victoire totale de Dieu ne signifie pas
(1 Cor 15.28 ; Éph 1.23). La punition l’éradication ou l’annihilation ni de Satan et les siens, ni des
éternelle ne pourra jamais exister pour êtres humains rebelles à Dieu (Apoc 20.11-19 ; 21.1-8 ;
l’éternité, les perdus seront donc 22.14-15).
annihilés.

Conclusion
Le Seigneur Jésus-Christ connaissait mieux que quiconque la vérité sur les deux vies éternelles — avec ou
sans Dieu — après cette vie terrestre. Et c’est lui qui a parlé le plus clairement du sort éternel de ceux qui
refusent de croire en lui. Cette théorie de l’annihilationnisme n’est pas validée par les Écritures mais provient
du cœur humain, cœur rebelle à la sainteté et à la justice divine. Nous constatons avec tristesse que la totalité
des arguments avancés en faveur de la théorie humaniste de l’annihilation vient d’un raisonnement qui place
l’homme plutôt que Dieu à la première place.

Cette théorie est dangereuse pour les perdus car elle pourrait — en vain ! — les encourager à
s’obstiner dans le péché (puisqu’ils croiraient pouvoir échapper à la colère de Dieu).

Elle est dangereuse pour le chrétien car elle pourrait restreindre l’évangélisation des perdus et la
croissance de l’église locale.

Rejetons nos propres raisonnements (souvent pervertis) qui s’érigent au-dessus des enseignements et
acceptons la vérité biblique, si difficile ou dure qu’elle puisse nous paraître.

1. Du latin nihil : « rien, néant » 

Dossier : L'espérance du chrétien


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Scott McCarty
Scott McCarty a fait ses études en théologie au Dallas Theological Seminary, aux États-Unis. Il exerce
un ministère d’enseignement biblique en France depuis 1971. Cofondateur du Centre d’information à
l’évangélisation et à la mission à Grenoble, il est membre de Promesses et auteur de nombreux
articles.

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