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LES

HYPERSENSIBLES
ET L’AMOUR

Comprendre et gérer les relations


quand le monde vous dépasse

Par
Sylvie Angeli
Sommaire

INTRODUCTION ................................................................ 3

PARTIE I : UNE PERSONNE AMOUREUSEMENT


HYPERSENSIBLE ................................................................ 7

Chapitre 1 : Qu’est-ceque l’hypersensibilité ? ................. 8

Chapitre 2 : L’hypersensible et son sixième sens en


situation amoureuse ....................................................... 30

Chapitre 3 : L’hypersensibilité et l’enfance .................... 41

PARTIE II : L'HYPERSENSIBILITÉ ET LE COUPLE .............. 53

Chapitre 4 : Préserver la dignité du couple .................... 54

Chapitre 5 : Eviter le pire en situation amoureuse ........ 60

PARTIE III : RESOUDRE LES EQUATIONS ........................ 66

Chapitre 6 : Sauver le couple en tant qu’hypersensible . 67

Chapitre 7 : L’avenir de l’hypersensibilité et le couple .. 76

CONCLUSION .................................................................. 89

2
INTRODUCTION
En tant qu’« une grande danseuse classique » : c’est
dans ces termes que Sylvie aimerait que l’on se
souvienne d’elle. Une grande conquérante de
l’imaginaire qui a su relever les défis de son métier.
Elle est une des danseuses féminines à avoir marqué
son empreinte par ses fascinants tours de danse lors
des prestations. Une danseuse qui raconte ses rêves et
ses cauchemars dans ses pas de danse incompris
qu’elle invente elle-même, en restant paradoxalement
une personnalité que les médias qualifient de «
mystérieuse ». De nombreux livres lui ont été
consacrés, essayant vainement de percer le secret de sa
réussite. « On invente ma vie, mes émotions » souffle-
t-elle le plus souvent. Alors qui de mieux placé pour
raconter la carrière de Sylvie, si ce n’est elle-même.
Ainsi, l’objectif réel de ce livre n’est pas consacré à la
carrière de cette danseuse. Plusieurs secrets de la vie
des célébrités nous sont cachés derrière les écrans mais
que cette fois-ci, Sylvie décide de nous en dévoiler un,
qui selon elle paraît comme son « meilleur goût de la
vie ». Évidemment, qu’en trente ans, tout le monde
change morphologiquement, en comportement et le
plus souvent dans nos routines mais, de l’enfance, de
l’adolescence à un âge donné, quelques-uns de nos
anciens états d’émotion que ce soient par exemple : la
timidité, la sensibilité, la joie, et l’hypersensibilité
réaniment des pressentiments que nous avions eus
dans le bon vieux temps. S’il est logique que le
3
mariage et le divorce font partie des phénomènes
sociales, les problèmes relationnels d’un couple ne le
sont pas parce que tout ce qui se passe dans un couple
reste confidentiel dans le couple. Mais s’il y a une
influence des gènes sur les divorces de nos jours, les
gènes jouent alors un rôle particulier sur la vie de
chaque être humain. Cet aspect des choses se remarque
depuis notre enfance où nous étions peut-être
confrontés aux situations difficiles de nos parents et
pendant que les disputes et le manque d’amour
s’installèrent aussi. Le monde est une source infinie de
perceptions et duquel nous recevons, puissances mille
! À fleur de peau, nous sommes parfois envahis par
nos émotions car elles arrivent sans crier gare et nous
submergent littéralement sans nous laisser le temps
d’y faire face, de les contrôler ni même simplement de
les apprivoiser. Un rien nous contrarie, même
l’intonation sèche d’une phrase est sujette à mille
interprétations et le risque d’une dispute nous fait
sombrer Et en vous culpabilisant en tant que véritable
éponge de vos semblables, vous absorbez leurs états
d’âme, leurs émotions, les plus merveilleuses comme
les plus sombres : aucune peau ne semble vous
protéger du monde. Vous passez du rire aux larmes en
un rien de temps, sans même parfois comprendre la
raison. Le monde des émotions a finalement été le
vôtre, vous absorbe, vous englobe, et vous engloutit
parfois au point où vous n’en saisissez pas toujours le
sens. Car oui, vous n’êtes pas exactement comme tout
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le monde. Mais si vous pensez que cette particularité
ne vous apporte que des difficultés, détrompez-vous !
C’est aussi et avant tout une chance extraordinaire !
Car votre grande sensibilité vous permet d’être à
l’écoute du monde, de tout ce qu’il y a de plus beau et
de plus fort, de ressentir mille et une perceptions avec
une acuité inégalable. Ainsi, un coucher de soleil peut
vous émerveiller, un bon film, vous faire pleurer à
chaudes larmes, un morceau de musique, vous
bouleverser. Vous avez cette chance inouïe de vivre
avec une intensité extrême, douloureuse parfois, mais
aussi tellement puissante et enivrante ! Enfin, grâce à
vos sens toujours en éveil, vos ressentis et ceux des
autres n’ont aucun secret pour vous : vous lisez dans
l’âme humaine comme dans un livre ouvert ! Cette
qualité est aussi un diamant brut qu’il vous faut
cultiver. En effet, elle vous ouvre en grand les voies de
la création. Je l'ai vécu et il m'a appris, que je veuille
apprendre ou non. Ainsi, bien que mon propre cas
n'illustre qu'une seule façon dont la sensibilité affecte
une relation, il fait revivre la portée profonde de cette
influence négligée sur l'amour. Mon époux aurait peut-
être apprécié une compagne plus spontanée et ouverte
d’esprit, qui parlerait plus, prendrait plus de plaisir
dans la vie. Mais il n'était pas vraiment gêné par nos
différences. J'étais mécontente de moi aussi. J'ai
vraiment pensé qu'il y avait quelque chose qui n'allait
pas chez moi, mais lui me fait remarquer le contraire.
Il aimait mon intensité, ma créativité, mon intuition,
5
ma préférence pour la réflexion profonde et la
conversation, la conscience des subtilités, les émotions
intenses. Je les voyais comme des manifestations
superficielles acceptables d'une terrible maladie
cachée dont j'avais été consciente toute ma vie. Mais
par miracle, il m'a aimé malgré cela. Ce livre ne traite
pas uniquement de l’hypersensibilité et le couple parce
qu’un couple dans lequel se trouve un partenaire
hypersensible, ne saurait durer longtemps sans un vrai
amour conjugal. Ainsi, je mettrai l’accent sur ma
propre expérience d’hypersensibilité en vous donnant
les profits à en tirer pour le bien-être de votre vie
amoureuse dans l’hypersensibilité et aussi pour que
vous sachiez qu’en tant qu’hypersensibles nous
sommes idéalement conçus pour apporter une
contribution d'amour exceptionnellement abondante à
nos familles et au monde. Alors commençons !

6
PARTIE I : UNE PERSONNE
AMOUREUSEMENT HYPERSENSIBLE

7
Chapitre 1 : Qu’est-ceque
l’hypersensibilité ?
Quand vous l’avez entendu pour la première fois, le
mot, « hypersensible », a suscité votre curiosité.
Chaque fois que vous le rencontrez, sur la couverture
d’un magazine ou d’un livre, dans une émission de
radio ou encore au milieu d’une discussion, vous
prêtez l’oreille, attentif… Mais au juste, de quoi s’agit-
il ? Et surtout, si c’était vous, ce mystérieux
hypersensible ? Si ce mot résonne particulièrement à
vos oreilles, alors il y a de grandes chances pour que
vous ou une personne de votre entourage soyez
hypersensible. L’hypersensibilité est un mot dérivé du
terme « sensibilité » auquel on a ajouté le préfixe «
hyper ». Sa définition est plus complexe qu’elle n’y
paraît et a grandement évolué avec le temps. L’histoire
de la sensibilité est vieille comme le monde ! Car elle
désigne ce qui est le propre des êtres humains, voire
dans un certain sens des êtres vivants. Notons aussi
qu’un animal est définit comme « un être vivant doué
de sensibilité » selon la loi, et non plus comme un «
bien meuble ». Le concept de sensibilité, même s’il n’a
pas exactement le même sens qu’aujourd’hui, fait son
apparition dans le langage et dans le champ de la
pensée philosophique dès l’Antiquité. Ainsi, au Ve
(cinquième) siècle avant Jésus-Christ, Platon élabore
la distinction entre le sensible et l’intelligible. En effet,
selon le philosophe, il faut distinguer le monde

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sensible, qui est perçu par nos sens, du monde
intelligible, celui des idées. Pour le philosophe grec, le
monde « terrestre », sensible, est trompeur et illusoire.
Les sens n’apportent aucune vérité mais des
impressions fausses qui altèrent notre faculté de
raisonnement, notre jugement. À l’inverse, le monde
intelligible, auquel on peut accéder en utilisant la
raison, permet d’accéder aux idées pures, et donc à la
vérité. Sa célèbre allégorie de la caverne illustre cette
opposition : des hommes enchaînés au fond d’une
caverne ne perçoivent le monde qu’à travers l’ombre
portée des objets sur les murs de la caverne. Ils ne
voient donc que des apparences, trompeuses et
fausses, la caverne représentant le monde sensible. Si
on libère ces hommes enchaînés pour les mener à
l’extérieur, ils seront d’abord éblouis par l’intensité
lumineuse et souhaiteront même peut-être retourner
dans leur caverne. Mais s’ils restent à la lumière, alors
ils pourront voir le monde « pour de vrai », accéder au
« monde intelligible ». Pour Socrate, qui reprendra
l’allégorie de la caverne, en utilisant le concept du
monde sensible et explique que la caverne est la prison
de l’âme, dont on peut se libérer en s’élevant vers la
lumière, en sortant de la pénombre pour rejoindre le
monde intelligible qui est la seule réalité.
Historiquement, depuis l’Antiquité, on s’est donc
méfié de nos propres sens, capables de nous induire en
erreur, de nous éloigner de la raison, seule à même de
nous faire percevoir le monde avec justesse. Pour
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autant, ce n’est que bien plus tard, au XIIIe siècle, que
le mot « sensible » fait réellement son apparition. Il
permet alors de distinguer l’âme sensible de l’âme
raisonnable. Sa connotation n’est plus aussi
défavorable puisqu’elle indique plutôt un supplément
qu’une opposition. Ainsi, le mot « sensible » signifiera
longtemps « sensé ». Au XVIIe (dix-septième) siècle,
le mot revêt une définition plus proche de celle que
l’on utilise aujourd’hui : « sensible » désigne celui qui
« ressent une impression » ou qui est « facilement ému
». Et, un siècle plus tard, la définition s’élargit: « qui a
des sentiments humains ». Aujourd’hui, le mot «
sensibilité » désigne à la fois le fait d’éprouver des
émotions, des sentiments, mais également de ressentir
et de percevoir des stimulations extérieures. Ainsi, on
est plus ou moins sensible au froid, à la lumière ou au
bruit. Le terme recouvre à la fois le champ des
émotions et celui des sensations. Le Larousse
(dictionnaire français) définit la sensibilité comme l’«
aptitude d’un organisme à réagir à des excitations
extérieures », mais aussi « aptitude à réagir plus ou
moins vivement à un événement, à éprouver des
sentiments d’humanité, de compassion, de tendresse
pour autrui. Par exemple : un enfant d’une grande
sensibilité, un livre d’une grande sensibilité ». On l’a
vu, l’usage du terme «sensibilité» a évolué avec le
temps. Si son sens n’est plus aujourd’hui associé à une
connotation défavorable, et s’il s’est beaucoup élargi,
il ne suffit pas à décrire les personnes dotées d’une trop
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grande sensibilité. Ainsi, il laisse de côté tous ceux
dont la sensibilité est hors norme, excessive, extrême.
D’où l’émergence du terme « hypersensibilité » dans
lequel vous vous reconnaissez peut-être. Là encore, ce
mot mérite d’être réfléchi. Car les mots peuvent
donner le sentiment qu’il s’agit d’un défaut, d’une
lacune ou plutôt d’un trop-plein qui n’est pas normal
et, donc, ne devrait pas exister. Voici la première
pierre du mur de la culpabilité. Non seulement vous ne
réagissez pas comme les autres, et donc vous vous
sentez souvent incompris ou différent, mais en plus,
vous vous culpabilisez de cette différence ! Cela fait
beaucoup pour un seul homme. Est-ce que le jeu en
vaut la chandelle ? Certainement pas, car la norme
n’est jamais que l’établissement d’une échelle de
comportements à l’intérieur d’un groupe de personnes
résolve par moyenne obtenue, l’anxiété de chacun de
vous. Quelles sont les caractéristiques qui permettent
de dire que nous sommes normaux ? La normalité ne
serait-elle pas finalement le fait de ne pas faire trop de
vagues ? De ne pas se faire remarquer dans sa vie
privée comme dans son travail ? D’avoir un physique
banal ? D’être dans une moyenne ? Non pas médiocre,
mais à la limite? De ne pas dépasser les autres ? De ne
pas se faire remarquer, mais d’être là, de s’accrocher,
d’être endurant ? De ne pas savoir faire, mais de faire
semblant ? La normalité serait-elle d’être moyen dans
tous les domaines de la vie ? Alors, si c’est ça, non.
Finalement, je ne suis pas une femme normale et ne le
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défendrai certainement pas. La normalité ou la norme
ne peuvent être définies à l’avance. Elles sont toujours
relatives à un groupe, une culture, une époque, un
milieu social, mais aussi à l’âge d’une personne, son
humeur, etc. Ce n’est donc jamais une règle absolue
ou naturelle. Les variations vis-à-vis de cette norme
sont fluctuantes et dépendent de critères variables.
Mais surtout, est-il réellement important d’être
parfaitement dans la norme, de se conforter aux
attentes sociales et normatives d’un groupe, au risque
de perdre sa propre singularité, ce qui fait de nous un
individu unique ? Pour mieux comprendre
l’hypersensibilité, ce que recouvre ce terme,
commençons par voir tout ce qu’il n’est pas. Car,
comme souvent, si on a tous déjà entendu ce mot, on
ne l’utilise pas toujours comme convenu. Et l’ajout du
superlatif « hyper » contribue à drainer nombre d’idées
préconçues, erronées, et bien souvent dévalorisantes.
Alors essayons d’y voir un peu plus clair en procédant
par élimination. Débarrassons-nous de l’idée qui
estime que l’hypersensibilité est une maladie : c’est
grave, docteur ? Rassurez-vous, tout va bien ! Votre
sensibilité excessive ne fait pas de vous une personne
malade, pas plus qu’elle n’est le symptôme d’une
obscure pathologie. Pendant très longtemps, les
personnes « trop » sensibles étaient considérées
comme anormales, et donc rejetées au ban de la
société, ou du moins dans le champ de la maladie
mentale. Elles étaient « folles», « hystériques »
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adjectif teinté de sexisme longtemps utilisé pour
décrire les femmes, ou au moins dotées d’une «
personnalité limite ». Parce qu’on ne comprenait pas
cette différence, que l’on ne voulait pas percevoir, ni
étudier, alors on reléguait l’hypersensibilité dans la
grande famille des maladies mentales. Ce qui
permettait d’éviter d’y réfléchir sérieusement et donc
d’apporter une réponse aux personnes concernées,
parfois démunies. En effet, il n’est pas toujours simple
de se sentir différent des autres, de ressentir des
émotions avec une intensité très forte sans comprendre
ce qui nous arrive. Lorsque les mots ne sont pas posés,
que l’on est face à l’inconnu, à une vague parfois
démentielle d’émotion qui nous submerge au risque de
nous engloutir, on peut s’enfermer dans le silence,
dans une souffrance qui s’installe doucement pour
nous dévorer de l’intérieur. Si personne n’est là pour
expliquer ce que l’on ressent, nous aider à comprendre
ce qui nous arrive, l’art de vivre peut devenir un
calvaire. L’hypersensibilité n’est pas un problème en
soi, elle le devient quand elle est incomprise et que les
autres la considèrent comme un problème. Pour autant,
expliquer ne signifie pas rejeter hors de la normalité.
Non, les personnes hypersensibles ne sont pas malades
et ne souffrent pas d’un mal étrange qui peut satisfaire
leur raisonnement. Elles sont juste différentes des
autres et il serait grand temps que la société accepte la
différence ! A l’époque, je pouvais bien entendre que
« “Si tu n’apprends pas à contrôler tes émotions, tu vas
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finir chez les fous !” Et voilà ce que j’ai entendu toute
mon enfance. Trop émotive, trop sensible, j’ai grandi
avec ces mots collés à la peau. C’est vrai que je
réagissais différemment de mes frères et sœurs. Quand
on me faisait un reproche, je m’effondrais en larmes.
Lorsque je ratais quelque chose, je pouvais entrer dans
une colère noire. À l’école, j’avais beaucoup de mal à
me faire des amis, j’avais l’impression de ne pas avoir
les codes, de ne pas savoir comment faire alors que
pour les autres, tout semblait si naturel. J’interprétais
toujours tout, une phrase de travers, un regard en coin.
Et je ne supportais pas l’injustice. Pas seulement
lorsque j’en étais victime, toutes les injustices que je
rencontrais me fendaient l’âme : lorsqu’un élève se
faisait punir alors qu’il n’avait rien fait, les moqueries
contre un autre, etc. Je ressentais ces injustices dans
ma chair. J’avais de bons résultats scolaires, mais pour
moi ce n’était jamais assez. Dès que j’estimais que
j’aurais pu faire mieux, je m’en voulais terriblement :
j’étais insupportable avec moi-même. Encore une fois,
on me disait “trop sensible”: “Tu exagères”, “Tu en
fais trop.” Un professeur m’a même surnommée
“mademoiselle trop”. J’ai entendu ces reproches toute
mon enfance. Ma mère me répétait qu’il fallait que je
m’endurcisse, que la vie n’était pas d’une partie de
rigolade. Elle m’a traînée chez le médecin, convaincue
que je n’étais pas normale, qu’il me fallait un
traitement pour me remettre dans le droit chemin. Mais
le docteur n’a rien trouvé. Alors, j’ai appris à ravaler
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mes larmes, à me camoufler derrière un masque
souriant en toutes circonstances. Pour ne pas montrer
ma différence, pour cacher cette sensibilité qui me
faisait passer pour quelqu’un d’anormal, presque pour
une folle. Et à force de me cacher, de faire semblant,
d’être fausse, à l’adolescence, je suis entrée dans une
profonde mélancolie, je me suis refermée dans mon
monde et je ne voulais plus voir personne. Ma mère
m’a ramenée chez le médecin, qui m’a prescrit des
antidépresseurs. Elle avait gagné, j’étais devenue
“malade”. Heureusement, depuis que je suis adulte,
j’ai fait un long travail sur moi, qui m’a permis de
m’accepter. J’ai compris que je fonctionnais
différemment des autres mais que ce n’était ni un
problème, ni une maladie. Il fallait juste que
j’apprenne à me connaître, à comprendre mes
réactions, pour les apprivoiser doucement. Désormais,
je suis fière de ma singularité, de cette sensibilité
exacerbée qui me fait voir le monde avec des couleurs
vives et fortes. Lorsque l’hypersensibilité n’est pas
considérée comme une maladie ou un symptôme, elle
devient, bien souvent, un vilain défaut. Parce que le
préfixe « hyper » suggère un excès, un trop de quelque
chose, alors la société a tôt fait de reléguer
l’hypersensibilité dans la catégorie des défauts. On
serait, au choix, mièvre ou douillet, quand ce n’est pas
hystérique ou égocentrique ! Les personnes
hypersensibles sont assaillies de sensations et
d’émotions qu’elles ne parviennent pas toujours à
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maîtriser ou à comprendre. Pour autant, elles ne
n’arrêtent pas cette réaction qui peut sembler
excessive. À l’inverse de ceux qui en font trop. La
sensibilité consiste plutôt à faire croire à l’autre que
l’on est affecté, ému, par quelque chose comme un
film, un livre, une histoire que l’on nous raconte, une
confidence pour s’attirer de la compassion ou de
l’admiration. Le but est d’attirer le regard sur soi en
utilisant une émotion qui n’est pas réellement
ressentie, mais simulée, ou du moins accentuée
volontairement. Ce n’est pas le cas des hypersensibles
qui sont constamment à fleur de peau, et ressentent
tout très intensément. Ils ne cherchent pas à attirer
l’attention : bien souvent, ils préféreraient cacher ces
émotions qui les submergent et dont ils ne savent pas
toujours que faire ! De même, les personnes
narcissiques (qui ont de l’estime pour eux-mêmes) ou
égocentriques ne sont pas nécessairement
hypersensibles, bien au contraire ! Elles ne
s’intéressent pas aux autres et n’ont pas cette capacité
inouïe d’empathie si singulière des hypersensibles. On
connaît tous un collègue ou un ami qui ne s’intéresse
qu’à sa personne et qui n’a absolument pas le sens de
l’écoute. Il ne parle que de lui, fait mine de s’intéresser
à un sujet vous concernant pour mieux raconter une
anecdote personnelle. Pour combler, le plus souvent,
une faille narcissique, les personnalités égocentriques
cherchent constamment à se valoriser, à se mettre en
avant, à exister plus fort que les autres. Parce que les
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hypersensibles sont envahis par le monde extérieur,
leurs émotions, mais aussi celles des autres, dont ils
s’imprègnent comme des éponges, on peut avoir le
sentiment qu’ils sont trop tournés vers eux-mêmes,
qu’ils « s’écoutent trop ». Les stimulations extérieures,
qu’elles soient positives ou négatives, sont ressenties
avec beaucoup plus d’intensité par les hypersensibles.
Il est alors bien difficile de ne pas y prêter attention !
Quand, par exemple, le bruit strident du freinage d’un
train gêne la majorité des gens, vous pourrez avoir le
sentiment d’avoir les tympans perforés au marteau-
piqueur. Votre réaction sera alors nécessairement plus
visible et plus importante que celle des autres. Ce qui
peut donner lieu à une incompréhension, ou pire, aux
critiques habituelles : « Tu en fais trop ! », voire : « Tu
cherches à te faire remarquer. » Si vous venez d’être
bouleversé par la beauté d’un oisillon s’élançant de
son nid, si des larmes d’émotion surgissent au coin de
vos yeux, vous pouvez ressentir le besoin de partager
cette joie avec d’autres. Au risque d’être, une fois
encore, incompris et jugé comme une personne trop «
centrée sur elle ». Lorsque vous êtes dévasté par un
tremblement de terre ou par les derniers chiffres de la
pauvreté et que vous exprimez votre sentiment vif
auprès de votre entourage, certaines personnes, qui,
elles, ne ressentent pas les événements extérieurs avec
la même intensité, peuvent se méprendre et penser, là
encore, que vous en « faites trop ». Votre état
d’émotion est parfois perçu comme le moyen d’attirer
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l’attention, de tout ramener à votre personne. Or ce
n’est absolument pas le cas ! La sincérité des émotions
ressenties par les hypersensibles est aussi grande que
leur intensité. Pour éviter ce type de malentendus, il
est indispensable, comme nous le verrons par la suite,
de communiquer avec son entourage, de parler,
d’expliquer. De ne pas laisser la place au jugement
hâtif. L’hypersensibilité est un sujet qui se trouve au
cœur des études psychologiques. Dans le même temps
les psychologues ne peuvent pas tout déterminer sur
vous. Quand je travaillais dans une grande structure
depuis de vieilles années, mes relations avec les
collègues n’ont pas toujours été au beaux et fixes. Mais
loin de là, j’étais plutôt sociable mais je me suis traînée
une réputation de “fille chiante” pendant deux ans,
jusqu’à ce qu’un jour, je mette les choses au point. En
fait, lorsque je suis entrée dans l’entreprise, je n’avais
pas encore mis les mots sur ce qui me rend “différente”
depuis toujours. Je ne connaissais rien à
l’hypersensibilité et je pensais que j’avais un
problème, à tout ressentir trop fort. Sauf que ce n’était
pas juste un caprice de bourgeoise venant d’une
famille aisée: le bruit des portes qui claquent à cause
des courants d’air ou d’une sirène d’ambulance me
vrillait littéralement la tête. J’avais la sensation que
l’on essayait de me percer le crâne avec une
tronçonneuse. J’ai toujours été particulièrement
sensible aux sons. La seule fois où je suis allée à un
concert, je suis tombée dans les pommes pour
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échapper à la douleur insoutenable ! Lorsque les
décibels (unité de mesure de grandeurs) sont trop
élevés, c’est comme s’ils me dévoraient de l’intérieur.
Alors, évidemment, au travail, mes réactions
pouvaient sembler disproportionnées. Très vite, je suis
devenue “celle qui exagère, qui en fait trop, qui
s’écoute” et la fille insupportable à qui l’on n’a pas du
tout envie de parler à la pause-café ! Dans le même
temps, j’ai entendu parler d’hypersensibilité à la radio.
J’ai immédiatement su que cela me concernait. J’ai
couru à la librairie la plus proche pour acheter tout ce
que je trouvais sur le sujet et je me suis reconnue page
après page. Pour moi, ça a été une révélation. Je n’étais
plus “bizarre”, j’avais juste une sensibilité d’excès
incroyable. Alors j’ai décidé d’arrêter de subir les
réflexions de mes collègues. Un jour, après avoir
encore une fois dû mettre en place des stratégies pour
éviter le claquement sec des portes (je glissais des
papiers sous toutes les portes de l’étage), mais aussi
éviter les railleries de mes collègues, j’en ai eu ras le
bol. Ras-le-bol de passer pour une folle, hystérique.
Alors j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai décidé
d’expliquer à tout le monde pourquoi leurs remarques
me blessaient, mais surtout à quel point ils se
trompaient ! Non, je n’exagérais pas, je ne sur-jouais
pas pour faire mon intéressante. À ma grande surprise,
il n’y a eu aucun rire, aucun regard complice ou
moqueur, pas même un sourire en coin! Au contraire,
ils étaient tous à l’écoute, ils se sont réellement
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intéressés à ce que je racontais et ont fait de leur mieux
pour comprendre. Depuis ce moment, ils font
beaucoup plus attention aux courants d’air, à refermer
doucement la porte de leur bureau, à ne pas mettre la
musique trop fort, etc. Et surtout, ils ne me voient plus
comme la capricieuse de service! Je me sens
maintenant très bien intégrée dans l’équipe, on
plaisante, et certains sont d’ailleurs devenus mes amis.
Comme quoi, parler peut être miraculeux ! Le voyez-
vous ? Bien que quelques-unes de nos anciennes
habitudes réaniment notre quotidien de vie,
l’hypersensibilité n’est ni une maladie ni un défaut. Il
s’agit d’un trait de caractère qui ne suffit pas à décrire
la personne en entier. Il y a autant de personnes
hypersensibles que de personnes curieuses ou timides
! Les hypersensibles sont tous différents les uns des
autres, tout comme les extravertis ou les comiques.
Pour autant, ce trait de caractère distingue les
hypersensibles du reste de la population par une très
grande présence au monde que certains appellent «
hyper-présence ». Si vous êtes hypersensible, alors
vous avez une réceptivité plus élevée aux stimuli
extérieurs, c’est-à dire que vous percevez davantage
d’informations provenant du monde extérieur, et avec
une précision, une richesse de détails plus importante.
Les sensations sont décuplées, les émotions sont
ressenties avec une grande intensité, l’empathie est
particulièrement développée. C’est comme s’il
n’existait pas de frontière entre votre intérieur et
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l’extérieur, comme une tortue qui n’aurait pas de
carapace, mais aussi une belle maison avec
d’immenses baies vitrées ouvertes aux quatre vents.
L’expression « à fleur de peau » illustre parfaitement
cette grande vulnérabilité mais aussi cette puissance
suggérée, car si vous n’avez pas beaucoup de « peau »
protectrice, vous avez, à l’inverse, un cœur immense,
ouvert à toutes les émotions. Vous avez un lien fort et
puissant avec le monde extérieur, avec lequel vous êtes
intimement connecté. Vous êtes une fenêtre grande
ouverte sur le monde ! Dans un style comparatif, deux
cas d’individus hypersensibles sont éprouvés au test
dans le cas d’une « Caisse de résonance ». En effet, ils
perçoivent toutes les stimulations extérieures qui sont
ensuite intensifiées et ressenties avec une grande
intensité. Pour cette raison, il leur est parfois difficile
de les exprimer, les mots peuvent manquer pour
décrire des sensations aussi puissantes. On évoque
ainsi la puissance de l’impression, contrairement à une
certaine impuissance de l’expression. Cela ne signifie
pas que les hypersensibles n’ont pas de qualités
expressives, bien au contraire, nombre d’artistes sont
de grands sensibles avec les sens en alerte, prêts à
recevoir ce que leur offre le monde pour créer. Il
montre juste que les mots peuvent sembler trop faibles,
ou trop peu nombreux pour décrire avec suffisamment
de précision la vigueur de l’émotion ressentie, mais
aussi les infinies nuances perçues par les
hypersensibles. C’est justement pour pallier ce
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manque que les personnes très sensibles puisent
parfois dans l’art, sous toutes ses formes, la matière
pour exprimer ce qu’elles ne parviennent pas à faire
dans le réel. Grâce à la peinture, au dessin, à la
musique, à la danse, au théâtre ou encore à la poésie,
la sensibilité peut enfin s’épanouir, s’explorer et
s’exprimer pleinement. Loin d’être un défaut ou un
handicap, l’hypersensibilité est au contraire une
chance, celle de pouvoir vivre pleinement, avec force
et intensité, l’occasion de percevoir l’invisible, ce qui
n’est pas perçu par les autres, et d’en faire des choses
merveilleuses. Ainsi, l’hypersensibilité est intimement
liée à l’intuition, mais aussi à l’expression, la créativité
et l’art. En fait, vous arrive-t-il arrive de vous sentir
seul et incompris ? Parfois, vous vous demandez
pourquoi vous êtes le seul à sursauter quand un verre
tombe par terre ? Pourquoi donc vous finissez
systématiquement en larmes au cinéma quand vos
voisins ont toujours le même visage impassible ? C’est
parce que votre grande sensibilité n’est pas donnée à
tout le monde! Ainsi, l’hypersensibilité concernerait
15 à 20 % de la population, ce qui correspond à une
personne sur cinq. Avouer sa grande sensibilité quand
ce n’est pas une valeur reconnue n’est pas toujours
simple. D’autant plus si vous êtes un homme ! Car le
poids des normes et des attentes sociales peut être
dissuasif. Contrairement aux idées préconçues, la
sensibilité n’est pas du tout un attribut féminin ! Les
femmes ne portent pas de gène spécifique de la
22
sensibilité, pas plus que les hommes celui de la force
ou de l’ambition ! Ce phénomène touche autant
d’hommes que de femmes, même s’il est difficile pour
eux de l’accepter : notre société a du mal à accepter les
hommes sensibles mais ils existent dans les quatre
coins du monde. Votre physique et votre masculinité
importent peu, que vous soyez homme ou femme. Ce
n’est pas une question de taille. L’idée selon laquelle
les hommes ne seraient pas concernés par la sensibilité
est un cliché vieux comme le monde auquel on se doit
de tordre le cou pour que chacun puisse mieux vivre et
se comprendre. S’il n’existe aucune différence
génétique, les préjugés culturels demeurent. Et il est
bien plus difficile pour un homme d’avouer son
hypersensibilité. Car depuis tout petit, il a appris à
refréner ses larmes « un garçon ne pleure pas », à
masquer ses émotions, à correspondre aux attentes
normatives masculines qui sont à l’opposé de ce que
suggère la sensibilité. Ainsi, à l’école, si un petit
garçon pleure, il court le risque d’être surnommé «
poule mouillée », « mauviette » ou autres sobriquets
dévalorisants. Les représentations de ce genre sont
encore très marquées et un garçon émotif, sensible, qui
préfère la danse au foot, par exemple, sera souvent
moqué, quand ce n’est pas exclu ou humilié. Pour
éviter ces brimades, les petits garçons sensibles
apprennent à se conformer au groupe, à cacher ces
émotions incomprises, ces larmes coupables d’être
féminines. Il est grand temps que notre société se
23
remette en question et interroge ces valeurs ancestrales
qui font beaucoup de mal aux femmes, bien sûr, mais
aussi aux hommes. Car en réprimant leurs émotions,
en étouffant cette sensibilité, pourtant si belle et si
riche, les hommes hypersensibles ne peuvent être
heureux. Contraints de faire semblant, de ressembler
au groupe, d’être dans la norme, ils en oublient d’être
eux-mêmes et souffrent souvent silencieusement. À
l’inverse, lorsqu’ils accueillent leurs émotions, ils
laissent s’exprimer cette grande sensibilité et peuvent
alors être heureux : « Ces hommes au quotient
émotionnel élevé n’ont peur ni de leurs émotions ni de
celles des autres, et sont potentiellement des
compagnons, des amis et des leaders agréables et
enclins à la compassion.

COMMENT SE RENDRE COMPTE DE SON


HYPERSENSIBILITE ?

Les différences sont nombreuses, car notre esprit ne


fonctionne pas comme celui des autres. Notez
toutefois que la liste ci-dessous est une synthèse.
Personne ne présente toutes ces caractéristiques. Mais,
par rapport aux personnes moins sensibles, la plupart
des hypersensibles se reconnaîtront ici.
• Nous sommes plus habiles que les autres à percevoir
les erreurs et à les éviter
• Nous sommes extrêmement consciencieux

24
•Nous sommes capables de nous concentrer
profondément (surtout en l'absence de distractions)
• Nous sommes particulièrement doués pour les tâches
qui exigent de la vigilance, de la précision ou de la
rapidité, ou encore pour les travaux qui consistent à
détecter des différences mineures
• Nous parvenons à traiter les données à des niveaux
plus profonds de ce que les psychologues appellent la
« mémoire sémantique »
• Nous réfléchissons souvent à notre propre capacité
de réflexion
• Nous apprenons sans nous en rendre compte
• Nous sommes profondément touchés par l'humeur et
les émotions d'autrui. Naturellement, les exceptions ne
manquent guère. Nous ne sommes pas tous
consciencieux, loin de là. Ne nous vautrons pas dans
une autosatisfaction injustifiée, car l'enfer est pavé de
bonnes intentions. D'ailleurs, nos qualités ne sont pas
toujours évidentes. Nous sommes habiles, certes, mais
le simple fait d'être observés, minutés ou évalués nous
empêche souvent d'étaler notre compétence. La
profondeur de notre réflexion donne aux autres
l'impression d'avoir affaire à des gens plus lents, mais
avec le temps, nous comprenons et retenons mieux
qu'eux. C'est peut-être la raison pour laquelle les
hypersensibles apprennent plus facilement les langues
étrangères (bien que l'activation de leur système
nerveux les empêche souvent de s'exprimer avec
aisance). Je rappellerai au passage que notre habitude
25
de ressasser nos propres réflexions n'est pas un signe
d'égocentrisme. Cela signifie que si l'on nous demande
de dévoiler nos pensées, nous avons tendance à
mentionner les résultats de nos propres cogitations
plutôt qu'à faire allusion au monde qui nous entoure. Il
est fort possible, d'ailleurs, que nos pensées soient
orientées vers les autres.
Après lecture d’une bonne partie du livre, ce privilège
vous est accordé de confirmer ou non votre
hypersensibilité en répondant par vrai ou faux à
chaque question selon ce que vous ressentez
exactement.

- Je semble être conscient des moindres choses qui


entourent mon environnement. V/F
- L'humeur des autres m'affecte. V/F
- J'ai tendance à être très sensible à la douleur. V/F

- J'ai moi-même besoin de me retirer pendant les


journées chargées, dans mon lit ou dans une pièce
sombre ou dans tout endroit où je peux avoir un peu
d'intimité et un soulagement de la stimulation. V/F
- Je suis facilement submergé par des choses comme
les lumières vives, les odeurs fortes, les tissus
grossiers ou les sirènes à proximité. V/F
- J'ai une vie intérieure riche et complexe. V/F
Je suis mal à l'aise à cause des bruits forts. V/F
- Je suis profondément ému par les arts ou la musique.
V/F

26
- Je suis consciencieux. V/F.
- Je sursaute facilement. V/F
- Je suis secoué quand j'ai beaucoup à faire en peu de
temps. V/F
- Lorsque les gens sont mal à l'aise dans un
environnement physique, j'ai tendance à savoir ce qu'il
faut faire pour le rendre plus confortable (comme
changer l'éclairage ou les sièges). V/F
- Je suis agacé quand les gens essaient de me faire
faire trop de choses à la fois. V/F
- Lorsque je dois concourir ou être observé pendant
que j'exécute une tâche, je deviens tellement nerveux
ou tremblant que je fais bien pire que je ne le ferais
autrement. V/F
- Quand j'étais enfant, mes parents ou mes professeurs
semblaient me voir comme sensible ou timide. V/F
VOTRE PARTENAIRE EST-IL TRÈS SENSIBLE ?
Le même autotest est à remplir par votre partenaire. (Si
vous n'êtes pas en couple ou si votre partenaire ne veut
pas passer ce test, vous pouvez le remplir vous-même,
en répondant aux questions comme vous imagineriez
que votre partenaire le ferait, ou comme quelqu'un
dont vous avez été proche dans le passé et que vous
voulez réfléchir pendant que vous lisez ce livre.)
Répondez à chaque question selon ce que vous
ressentez. Répondez vrai si c'est au moins modérément
vrai pour vous. Répondez faux si ce n'est pas tout à fait
vrai ou pas vrai du tout pour vous.
27
- Je semble être conscient des moindres choses qui
entourent mon environnement. V/F

- L'humeur des autres m'affecte. V/F


- J'ai tendance à être très sensible à la douleur. V/F

- J'ai besoin de me retirer pendant les journées


chargées, dans mon lit ou dans une pièce sombre ou
dans n'importe quel endroit où je peux avoir un peu
d'intimité et un soulagement de la stimulation. V/F

- Je suis facilement submergé par des choses comme


les lumières vives, les odeurs fortes, les tissus
grossiers ou les sirènes à proximité. V/F

- J'ai une vie intérieure riche et complexe. V/F

- Je suis mal à l'aise à cause des bruits forts. V/F

- Je suis profondément ému par les arts ou la musique.


V/F

- J’ai pleinement conscience de mon état actuel. V/F


- Je sursaute facilement aux moindres bruits. V/F
- Je suis secoué quand j'ai beaucoup à faire en peu de
temps. V/F
- Lorsque les gens sont mal à l'aise dans un
environnement physique, j'ai tendance à savoir ce qu'il
faut faire pour le rendre plus confortable (comme
changer l'éclairage ou les sièges). V/F

28
- Je suis agacé quand les gens essaient de me faire
faire trop de choses à la fois. V/F
- Les changements dans ma vie me bouleversent. Je
remarque et apprécie les odeurs, les goûts, les sons
délicats ou indélicats et œuvres d'art. V/F

- J'accorde une grande priorité à l'organisation de ma


vie pour éviter les situations bouleversantes ou
accablantes. V/F
- Lorsque je dois concourir ou être observé pendant
que j'exécute une tâche, je deviens tellement nerveux
ou tremblant que je fais bien pire que je ne le ferais
autrement. V/F
- Quand j'étais enfant, mes parents ou mes professeurs
semblaient me voir comme sensible ou timide. V/F
En résumé, si vous avez répondu vrai à douze
questions ou plus, vous êtes probablement très
sensible. Mais aucun test psychologique n'est si précis
que vous devriez baser votre vie dessus. Si seulement
une ou deux questions sont vraies pour vous, mais
qu'elles sont extrêmement vraie alors l’évidence est
juste là, car vous n’êtes pas loin d’être hypersensible.

29
Chapitre 2 : L’hypersensible et son sixième
sens en situation amoureuse
Les hypersensibles sont capables de ressentir des
degrés de stimulation qui échappent aux autres qu'il
s'agisse de lumières ou de sons subtils, ou encore de
sensations physiques telles que la douleur. Ce n'est pas
que vos sens soient plus acérés que ceux des autres (en
fait, beaucoup d'hypersensibles portent des verres). A
quelque part, juste avant le cerveau ou dans le cerveau
même, les informations reçoivent un traitement très
important. Les hypersensibles réfléchissent davantage
à tout ce qui les entoure. Exactement comme les
machines qui trient les fruits en fonction de leur
grosseur, les hypersensibles trient les données. Mais là
où le reste de l'espèce humaine distingue deux ou trois
catégories, nous en découvrons une dizaine. Cette
sensibilisation accrue au monde subtil fait de nous des
êtres intuitifs, qui traitent les informations de manière
semi-consciente, voire inconsciente. Très souvent,
nous « savons », sans comprendre pourquoi ni
comment. En outre, ce traitement plus approfondi des
détails subtils nous incite à nous interroger davantage
sur le passé ou l'avenir. Nous « savons » pourquoi la
situation a évolué de telle ou telle manière, nous «
savons » ce qui va arriver. C'est ce « sixième sens »
dont on parle tant. Il lui arrive de se tromper,
naturellement, tout comme nos yeux et nos oreilles
peuvent se tromper. Mais notre intuition nous place si

30
souvent sur la bonne voie que nous ne devrions pas
nous étonner si les visionnaires, les artistes
extrêmement subtils et les inventeurs appartiennent à
cette catégorie, de même que des gens consciencieux,
sages et prudents. Les inconvénients surgissent
lorsque nous atteignons un degré élevé de stimulation.
Ce qui est modérément stimulant pour la plupart des
gens risque d'être extrêmement stimulant pour nous.
Ce qui est extrêmement stimulant pour la plupart des
gens provoque, chez un hypersensible, une réaction
brutale et se détaille s’observe dans le chapitre 4 du
livre. Lorsque la majorité des gens entrent dans une
pièce, ils remarquent le mobilier et les personnes qui
s'y trouvent. Les hypersensibles peuvent percevoir
presque instantanément, qu'ils le veuillent ou non,
l'humeur des gens, les amitiés et inimitiés, la fraîcheur
de l'air ou, au contraire, l'odeur de renfermé, la
personnalité de quiconque a arrangé les fleurs dans les
vases. Toutefois, si vous êtes hypersensible, vous
aurez du mal à accepter qu'il s'agit là d'un don
remarquable. Comment faire pour comparer les
expériences intérieures ? Ce n'est pas facile. Tout ce
que vous remarquez, c'est que vous tolérez beaucoup
moins de choses que ceux qui vous entourent. Vous
oubliez que vous appartenez à un groupe qui, à travers
les âges, a fait preuve d'une créativité, d'une intuition
et d'une passion extraordinaires, un groupe qui est
capable de s'intéresser de près aux autres. Toutes ces
qualités sont fort prisées par la société. Mais il nous
31
faut accepter les avantages et les inconvénients de
notre trait de personnalité. Nous pouvons aussi être
méfiants, introvertis, portés vers la solitude. Parce
qu'ils ne nous comprennent pas, les autres nous
considèrent comme timides, effacés, faibles ou-et c'est
là notre péché capital-peu sociables. La crainte de ces
étiquettes nous incite à vouloir être comme les autres.
D'où l'hyperstimulation qui engendre le stress. À la
suite de quoi, on nous qualifie de névrosés ou de fous.
Et nous finissons par croire que nous le sommes
vraiment. Dans mes expériences d’hypersensibilité, je
tombais à la fois amoureuse si fort et tantôt, je me
sentais parfois comme un hyper-être et c’était comme
un demi moi et un demi extraterrestre. Tout le monde
autour de moi semblait être dans une relation. Mais ce
qu'ils appelaient “amour” ne m'attirait tout simplement
pas. En effet, lorsque les personnes très sensibles
parlent d'amour, il y a une profondeur et une intensité
notables. Ils tombent amoureux et travaillent dur sur
leurs relations étroites. Et parfois, les non-
hypersensibles (contraire d’un hypersensible)
semblent également être captivés et confus par
l'amour, mais en moyenne, les hypersensibles ont une
expérience sous-jacente et plus émouvante. Rien de
tout cela n'est trop surprenant. Depuis les sources de
l’internet, les personnes hypersensibles représentent
15 à 20 % de la population née avec un système
nerveux qui capte la moindre des choses, réfléchit
profondément et est donc facilement dépassé. Alors il
32
est fort avouable qu’un hypersensible amoureux
remarque chaque nuance de l'autre, réfléchit
profondément sur les charmes de l'autre et est
submergé par toute l'expérience. Même s'il n'est pas
surprenant que les hypersensibles aient ces réactions,
on en a peu parlé. Les gens lisent plus que jamais sur
la psychologie et je pense que nous nous éveillons au
fait que notre bonheur et la survie du monde dépendent
d'une connaissance plus approfondie des logiques
psychologiques et de l'amour en particulier. Et ce trait
vraiment basique de sensibilité, ainsi que tout le sujet
négligé du tempérament héréditaire, sont absolument
essentiels pour mieux éclairer les zones d’ombres de
tous. Pourtant, le sujet est largement ignoré, comme
s'il était anti-démocratique de dire que nous sommes
nés différents. Dans ce même chapitre, nous
explorerons en profondeur la sensibilité ainsi qu'un
autre trait de tempérament hérité, la recherche de
sensations. A la fin nous reviendrons vers vous en tant
que personne hypersensible et sur ce dont vous avez
besoin pour vous-même avant de reprendre le souci du
reste du livre qui semblera aborder vos relations avec
les autres. Si nous nous posons la question de savoir
les types de tempérament dont nous manifestons nos
réactions, nous apprendrons plus de nous-mêmes.
Êtes-vous un chercheur de sensations ? Je vous
soumets une nouvelle fois à un autotest: répondez à
chaque question selon ce que vous ressentez.
Répondez vrai si c'est au moins un peu vrai pour vous.
33
Répondez faux si ce n'est pas tout à fait vrai ou pas vrai
du tout pour vous.
- Si c'était sûr, j'aimerais prendre un médicament qui
me ferait vivre de nouvelles expériences étranges. V/F.
- Je peux m'ennuyer presque douloureusement dans
certaines conversations. V/F
- Je préfère aller dans un nouvel endroit que je n'aime
peut-être pas plutôt que de retourner dans un endroit
que je sais que j'aime. V/F
- J'aimerais essayer un sport qui crée des sensations
physiques, comme le ski, l'escalade ou le surf. V/F
- Je deviens agité si je reste longtemps à la maison.
V/F
- Je n'aime pas attendre sans rien faire. V/F
- Je regarde rarement un film plus d'une fois. V/F
- Ma curiosité me traîne souvent vers des inconnus.
V/F
- Si je vois quelque chose d'inhabituel, je ferai tout
mon possible pour le vérifier. V/F
- Je m'ennuie à passer du temps avec les mêmes
personnes tous les jours. V/F
- Mes amis disent qu'il est difficile de prédire ce que
je veux faire. V/F
- J'aime explorer un nouveau domaine. V/F
- J'évite d'avoir une routine quotidienne. V/F
- J'aime quand quelqu'un fait une blague ou un
commentaire sexuel inattendu qui fait rire tout le
monde un peu nerveusement. V/F

34
Votre partenaire est-il un chercheur de sensations ? (Si
vous n'êtes pas en couple ou si votre partenaire ne veut
pas passer ce test ci-dessous, vous pouvez le remplir
vous-même, en répondant aux questions comme vous
imagineriez que votre partenaire le ferait, ou comme
quelqu'un dont vous avez été proche dans le passé et
que vous voulez réfléchir pendant que vous lisez ce
livre.) Répondez à chaque question selon ce que vous
ressentez. Répondez vrai si c'est au moins un peu vrai
pour vous. Répondez faux si ce n'est pas tout à fait vrai
ou pas vrai du tout pour vous.
- Si c'était sûr, j'aimerais prendre un médicament qui
me ferait vivre de nouvelles expériences étranges. V/F.
- Je peux m'ennuyer presque douloureusement dans
certaines conversations. V/F
- Je préfère aller dans un nouvel endroit que je n'aime
peut-être pas plutôt que de retourner dans un endroit
que je sais que j'aime. V/F
- J'aimerais essayer un sport qui crée des sensations
physiques, comme le ski, l'escalade ou le surf. V/F
- Je deviens agité si je reste longtemps à la maison.
V/F
- Je n'aime pas attendre sans rien faire. V/F
- Je regarde rarement un film plus d'une fois. V/F
- Ma curiosité me traîne vers des inconnus. V/F
- Si je vois quelque chose d'inhabituel, je ferai tout
mon possible pour le vérifier. V/F
- Je m'ennuie à passer du temps avec les mêmes
personnes tous les jours. V/F
35
- Mes amis disent qu'il est difficile de prédire ce que
je voudrai faire. V/F
- J'ai hâte d'être dans un endroit qui est nouveau et
étranger pour moi. V/F
- Pour moi, si je dépense de l'argent pour voyager, plus
le pays est étranger, mieux c'est. V/F
- J'aime quand quelqu'un fait une blague ou un
commentaire sexuel inattendu qui fait rire tout le
monde un peu nerveusement. V/F
Pour les femmes, si vous avez répondu vrai à 11
questions ou plus, vous êtes probablement une
chercheuse de sensations. Si vous avez répondu vrai à
7 ou moins, vous n'êtes probablement pas un chercheur
de sensations. Si vous avez répondu vrai à 8, 9 ou 10
des questions, vous êtes probablement quelque part
entre les deux en matière de recherche de sensations.
Pour les hommes, si vous avez répondu vrai à 13
questions ou plus, vous êtes probablement un
chercheur de sensations. Si vous avez répondu vrai à 9
ou moins, vous n'êtes probablement pas un chercheur
de sensations. Si vous avez répondu vrai à 10, 11 ou
12 des questions, vous êtes probablement quelque part
entre les deux en matière de recherche de sensations.
Vous pouvez être un hypersensible et obtenir
également un score élevé en matière de recherche de
sensations. Et si vous et votre partenaire étiez presque
opposés sur ces traits ? Relaxer. Il n'y a aucune raison
de penser que vous ne pouvez pas avoir une relation
merveilleuse. En effet, vos différences peuvent rendre
36
votre relation plus forte et plus heureuse que la plupart.
Ce livre ne traite pas de l'importance d'avoir des
tempéraments compatibles. Et si vous êtes très
similaire ? C'est bien aussi, même si cela peut
surprendre et nécessiter d'ajuster certaines vues de
longue date les uns des autres. En principe, les
recherches sociologiques montrent qu'il y a une légère
tendance chez les gens à choisir d'autres personnes
avec des personnalités similaires. Par personnalité,
j'entends celle qui résulte du tempérament hérité d’une
origine en plus de toutes vos expériences de vie. Et il
y a une légère tendance pour ceux qui ont des
personnalités similaires à être plus heureux ensembles.
Par légère tendance, cependant, je veux dire qu'il y a
un chevauchement considérable, comme lorsque nous
disons par exemple que les hommes ont tendance à
être plus grands que les femmes mais que nous nous
réalisons très vite que de nombreuses femmes sont
plus grandes que de nombreux hommes. C'est
pourquoi nous rencontrons tous tant de violations
spectaculaires de cette tendance et tant de couples
dissemblables au tempérament basique mais très
heureux. Parfois l’on ressent un plaisir d'être les
exceptions à la règle de quelqu'un et c’est ce qui
détermine fortement le succès d'une relation, la durée
de celle-ci ou soit le bonheur qu'elle apporte est
l’aspect réel de chaque personne, qu'elle soit
convenable ou non. Effectivement, même si une
personne dans un couple est gentille, raisonnable,
37
pleine d'espoir (traits non mesurés par les autotests),
vous avez de bonnes chances de bien composer avec
vos différences. Et le plus important c’est que vous
devez comprendre comment vos tempéraments
fonctionnent ensembles pour une harmonie durable de
votre couple. Une sensibilité élevée est une tendance
héréditaire à traiter ce qui arrive aux hypersensibles
par nos sens d'une manière très profonde et subtile. Ce
n'est pas que nos yeux et nos oreilles sont meilleurs,
mais que nous trions plus soigneusement ce qui nous
arrive. Dans la plupart des cas, les hypersensibles
adorent inspecter et réfléchir et ce traitement des
choses n'est pas nécessairement conscient. Nous
pouvons être conscients de réfléchir (ou de
« ruminer » ou de « s'inquiéter », selon l'humeur dans
laquelle nous sommes et le problème que nous
traitons), mais le plus souvent, cela se passe sans en
être conscient. Par conséquent, nous sommes très
intuitifs, ce qui signifie que nous avons tendance à
savoir comment les choses se sont passées comme
elles sont et comment elles se dérouleront, mais sans
savoir comment nous savons tout cela. En tant
qu’hypersensibles, nous sommes également doués
pour utiliser des indices de moindre valeur afin de
deviner ce qui se passe avec les personnes incapables
de communiquer le langage propres aux animaux,
plantes, nourrissons, parties inconscientes des gens,
ceux qui sont malades, les étrangers essayant de
communiquer avec nous, les personnes historiquement
38
mortes depuis longtemps (d'après nos lectures leurs
biographies). Les hypersensibles amoureux ont
également un lien étroit avec leur propre inconscient,
comme en témoignent nos rêves éclatants. En prêtant
attention aux rêves et aux états corporels, les
hypersensibles peuvent développer non seulement le
respect de l'inconscient, mais aussi une sage humilité
à l'égard des motivations, sachant à quel point ce que
les gens font et ce qui cause des impulsions
inconscientes. Notre tendance à réfléchir nous rend
également plus consciencieux, ce qui nous oblige à
penser à « et si je ne fais pas ça ?» ou « et si tout le
monde faisait ça ». Par rapport aux personnes moins
sensibles, mes propres recherches révèlent que nous
sommes plus préoccupés par la justice sociale et les
menaces pour l'environnement (bien que
probablement, elles soient moins enclines à être à l'aise
sur les lignes de front politiques, exigeant des
changements). En tant qu’hypersensibles, nous tirons
aussi plus de plaisir des arts et de notre propre vie
intérieure. Et nous avons tendance à nous considérer
comme spirituels, de sorte que, par exemple, nous
sommes en moyenne plus disposés que les non-
hypersensibles à nous asseoir au chevet d'un étranger
mourant et à le réconforter (une vraie remarque selon
l'un de mes sondages). La triste nouvelle pour une
personne hypersensible est qu’en essayant de capter
toutes les choses de moindre valeur qui l’entourent,
elle risque également d’être submergée par des
39
niveaux élevés de stimulation persistante et complexe.
Aussi, elle devient facilement stressée dans le monde
d'aujourd'hui, plus sensible aux critiques et traite tout
en profondeur, y compris les informations sur ce qui
n’est pas en mesure de naître tout de suite comme par
exemple la fin du monde. En étant hypersensibles,
Nous devenons plus facilement déprimés ou anxieux à
cause des traumatismes et nous les traitons aussi
profondément. En conséquence, nous pouvons
ressentir moins d'espoir et une plus grande insécurité
que ceux qui ne réfléchissent pas de manière aussi
approfondie aux expériences. Enfin, notre sensibilité
va quelque peu au-delà d'un traitement plus profond de
l'information dans le cerveau, en ce sens que nous
avons tendance à être plus sensibles à l'alcool par
exemple, à la caféine, à la chaleur, au froid, aux
démangeaisons des tissus ou autres irritants, aux
changements de quantité de lumière du jour, aux
médicaments et aux allergènes (qui peut causer une
allergie) affectant la peau et les cavités des os.

40
Chapitre 3 : L’hypersensibilité et
l’enfance
En mémoire de mon ami.
Je me souviens de l'un de mes condisciples d'école
secondaire, un jeune garçon nommé Yacine. C'était le
type même du boutonneux premier de classe.
Aujourd'hui, je le qualifierais simplement
d'hypersensible. Toutefois, c'était là le moindre de ses
problèmes. Yacine était né avec une malformation
cardiaque, il était épileptique et souffrait d'une
pléthore d'allergies; de plus, son épiderme ne
supportait pas le soleil. Incapable de faire du sport,
voire de jouer en plein air, il était complètement rejeté
des jeunes garçons de son âge. Naturellement, il s'était
plongé dans les livres. À l'adolescence, c'était devenu
un «philosophe» passionné. Mais, comme la plupart
des garçons de son âge, il avait aussi commencé à
tourner autour des jeunes filles. Les filles,
malheureusement, n'en voulaient guère. Je crois que
nous n'osions tout simplement pas accepter son intérêt.
Désireux de plaire, il avait un comportement trop
intense. En outre, le fréquenter nous aurait fait perdre
tout crédit auprès des autres. Mais il tomba amoureux
d'une fille après l'autre, avec un mélange de timidité et
de voracité qui le rendait grotesque auprès de ses
camarades. Pour certains d'entre eux, le comble de
l'amusement consistait à mettre la main sur l'un des
poèmes d'amour que David envoyait à l'objet de sa
41
flamme et de les claironner tout haut, pour que toute
l'école entende. Heureusement, Yacine se retrouva
bientôt dans le programme enrichi. Là, son existence
devint plus facile. Nous admirions ses rédactions, ses
observations pendant le cours. Nous fûmes tous fiers
de lui lorsqu'il obtint une bourse généreuse pour
s'inscrire dans une excellente université. Sa panique, à
l'idée de partir si loin, dut être encore plus terrible que
la nôtre. Car cela signifiait qu'il allait vivre nuit et jour
avec des jeunes de son âge, ceux-là même qui avaient
fait de son existence un calvaire. Il lui était impossible
de refuser l'honneur de la bourse. Mais que lui
réservait l'avenir? Pourrait-il se passer du milieu
familial et des soins médicaux dont il bénéficiait à la
maison ? Nous eûmes la réponse après les premières
vacances de Noël. Le soir où il réintégra sa chambre
de résidence, Yacine se pendit.
Mon intention n'est pas de vous horrifier en vous
racontant cette histoire. L'existence de Yacine était
jonchée de toutes sortes d'obstacles. Il est bien rare que
la vie d'hypersensible se termine de manière aussi
tragique. Mais pour que ce chapitre vous soit utile, il
devra servir d'avertissement, tout autant que de
réconfort. Les résultats que j'ai obtenus dans mes
recherches m'ont permis de constater que les
hypersensibles dont l'enfance et l'adolescence ont été
très difficiles risquent de souffrir d'anxiété et de
dépression et de tendances suicidaires tant qu'ils
n'accepteront pas leur passé afin de commencer à
42
refermer les blessures. Si votre vie est encore difficile
aujourd'hui, prenez les mesures qui s'imposent. Car les
personnes moins sensibles ne sont pas capables de
percevoir les éléments subtils, inquiétants de certaines
situations. Ce n'est pas votre sensibilité qui est
responsable de vos problèmes. Mais tout comme un
stradivarius ou un pur-sang, vous avez besoin d'un
traitement particulier. Malheureusement, nombreux
sont les hypersensibles qui, dans leur enfance, ont été
médiocrement traités, lorsqu'ils n'ont pas été
carrément maltraités. Dans ce chapitre, nous
discuterons des divers moyens de résoudre les
difficultés actuelles et passées, grâce à la
psychothérapie dans son sens le plus large. Nous
parlerons également des avantages et des
inconvénients de la psychothérapie pour les
hypersensibles sans problèmes majeurs, des
différentes démarches, du choix d'un thérapeute et
ainsi de suite. Mais nous commencerons par aborder
les blessures de l'enfance. Quelle importance
devrions-nous accorder à notre enfance ? Je ne crois
pas que toute notre vie psychologique puisse se
ramener à ce qui nous est arrivé pendant notre enfance.
Après tout, le présent joue un rôle les personnes qui
nous influencent aujourd'hui, notre santé physique,
notre environnement et, en chacun de nous, une petite
voix nous entraîne en avant. Je suis persuadée que
chaque génération doit essayer de trouver une partie
de la réponse à une question et qu'elle a pour tâche de
43
faire accomplir un petit pas en avant au reste de
l'humanité. Même si nous avons l'impression que les
blessures du passé nous empêchent de trouver cette
réponse, il est fort possible qu'en réalité, elles nous en
fournissent certains éléments. Peut-être même sont-
elles la réponse, car grâce à elles, nous comprenons un
type de problèmes propre à l'humanité.
LES PSYCHOTHERAPEUTHES NE
CONNAISSENT PAS VOS ORIGINES
La plupart des spécialistes de la sensibilité ont étudié
dans un domaine bien plus large que l’hypersensibilité
en particulier. Ainsi, ils ont tendances à trouver facile
le fait d’analyser, car elle se traduit par des symptômes
évidents : rythme cardiaque accéléré, essoufflement,
transpiration, dilatation des pupilles et production
d'adrénaline. J'aimerais également rappeler une erreur
commune à plusieurs spécialiste du domaine de la
sensibilité et qui ne comprennent pas encore les
hypersensibles. Ils ont tendance à rechercher dans
l'enfance quelque élément susceptible d'expliquer des
« symptômes » qui, pour nous, sont des
caractéristiques entièrement normales. Ils décident
alors que le patient présente des symptômes de retrait
« trop prononcés », qu'il décrit des sentiments de
dissociation « sans raison », qu'il ressent une anxiété «
excessive » ou « injustifiée », qu'il a des problèmes «
inhabituels » au travail, dans ses relations intimes ou
sexuelles. Tant le thérapeute que le patient sont
44
soulagés d'avoir trouvé une explication, même s'il
s'agit d'une blessure que nous avons oubliée depuis ou
à laquelle nous n'avions guère attaché d'importance.
J'ai constaté que les personnes dont les problèmes
étaient causés par leur sensibilité (incomprise ou mal
gérée) se montraient extrêmement soulagées lorsqu'on
les informait des caractéristiques fondamentales de
l'hypersensibilité. Naturellement, il reste encore
beaucoup à faire en psychothérapie : recadrer le passé
ou apprendre à vivre avec l'hypersensibilité. Mais le
problème de base n'est plus le même. Avez-vous déjà
entendu ce qui suit ? Mais voyons ! L'enfance est un
âge difficile pour tout le monde ! Nulle famille n'est
parfaite. Nous avons tous quelque chose à cacher. Les
gens qui passent des années en psychothérapie
refusent tout simplement de se comporter en adultes.
Regardez un peu leurs frères ou leurs sœurs. Ils ont
probablement les mêmes problèmes, mais n'en font
pas toute une histoire. Ils mènent leur vie sans se
regarder le nombril. » Eh bien ! À mon avis, ces gens-
là ne savent pas de quoi ils parlent. Les enfances se
suivent et ne se ressemblent pas. Certaines sont de
véritables histoires d'horreur. En outre, les membres de
la même famille peuvent les vivre différemment. Les
analyses statistiques de l'influence du milieu familial
sur les enfants de la même famille ne présentent aucun
chevauchement. Vos frères et sœurs ont vécu des
enfances différentes de la vôtre. Vous occupiez une
position différente dans la famille, vos premières
45
expériences étaient différentes; on pourrait aller
jusqu'à affirmer que vous avez tous été élevés par des
parents différents, compte tenu des changements que
les circonstances et l'âge provoquent chez les adultes.
Les personnes qui naissent hypersensibles sont plus
touchées que les autres par tout ce qui les entoure. En
outre, le plus sensible de la famille acquiert une place
spéciale. S'il s'agit d'une famille perturbée,
notamment, il peut devenir le<< druide», l'arbitre,
l'enfant prodige, la cible, le martyr, le patient, le parent
ou encore le poussin vulnérable dont tout le monde
veut absolument prendre soin. Mais malgré toute cette
attention, son propre besoin de se sentir en sécurité
dans le monde passe entièrement inaperçu. Par
conséquent, si vous avez l'impression d'avoir vécu une
enfance plus difficile que les autres membres de votre
famille ou des amis dont le passé ressemble au vôtre,
vous avez sans doute raison, même si aux yeux des
autres, il s'agissait d'une enfance tout à fait acceptable.
Si vous croyez que la thérapie vous aidera à refermer
les blessures de votre enfance, qu'attendez-vous pour
aller consulter un psychothérapeute ? Chaque enfance
a sa propre histoire, qui mérite qu'on l'écoute bien sûr.

COMMENT SE RENDRE COMPTE DE


L’HYPERSENSIBILITÉ DÈS L’ENFANCE ?
La responsabilité des parents est mise en jeu dans cette
partie du livre. À partir de quelques questions,
essayons de découvrir en quoi il est important de
46
veiller sur nos enfants en tant que parents pour mieux
connaître les soins d’hypersensibilité qu’il leur faut au
moment opportun. Proposez-les si vous le voulez à
votre enfant qui en fait partie, et cela va vous permettre
d’évaluer et vos qualités vis-à-vis de vos enfants.
1. Quelle était l'attitude de vos parents à l'égard de
votre hypersensibilité ? Ont- ils essayé de vous la faire
perdre ou, au contraire, vous ont-ils encouragé à la
garder? La considéraient-ils comme un point faible
comme la timidité, le manque de virilité, la peur, un
signe de tempérament artistique, un trait de caractère
plutôt attachant ? Que
pensaient vos autres parents, vos amis, vos
enseignants?

2. Réfléchissez à l'attitude des médias, pendant votre


enfonce surtout. Qui étaient vos idoles, vos modèles ?
Vous paraissaient- ils être hypersensibles ? Ou
possédaient- ils une personnalité qui, vous le savez
désormais, n'aurait jamais pu être la vôtre ?

3. Réfléchissez à votre attitude subséquente. Dans


quelle mesure a-t-elle influencé votre carrière, vos
relations amoureuses, vos loisirs, vos amitiés ?

4. En tant qu'hypersensible, quel traitement recevez-


vous des médias ? Pensez aux images positives et
négatives des hypersensibles. Qu'est-ce qui
prédomine? (Notez que le personnage qui joue le rôle
47
de victime, dans un film ou un livre, est souvent décrit
comme sensible, vulnérable, facilement excitable.
Certes, l'effet dramatique d'une
victime ébranlée et terrifiée est toujours excellent,
mais il n'est guère favorable à la cause des
hypersensibles, que l'on finit justement par considérer
comme des « victimes ».)

5. Essayez de dégager la contribution des


hypersensibles à la société. Recherchez des exemples
de gens que vous avez connus personnellement ou
dont vous avez étudié la vie.
Vous pourriez commencer par Kylian Mbappé (le
jeune célèbre joueur français).

6. Essayez de dégager votre contribution personnelle à


la société. Quoi que vous fassiez sculpter, élever des
enfants, étudier la physique, voter, vous réfléchissez
profondément à tous les aspects de la question, vous
vous préoccupez des détails, vous avez une vision
claire de l'avenir et vous vous efforcez d'être
consciencieux.

En effet, à travers ces six questions, essayer d’évaluer


l’aide qu’apporte la société aux enfants hypersensibles
et jugez si possible de protéger votre enfants des
fréquentations nuisibles à son épanouissement en tant
qu’hypersensible.

48
L’IMPORTANCE D’UNE PSYCHOTHERAPIE
EFFICACE
Daniel se considérait comme très introverti et
ressentait un grand besoin de solitude. Il détestait la
violence sous toutes ses formes. Il dirigeait le service
de comptabilité d'un gros organisme sans but lucratif,
où il pensait être apprécié pour sa gentillesse et sa
diplomatie. Il évitait les rapports sociaux, qu'il jugeait
« épuisants ». Un peu plus tard, nous reparlâmes de
son aversion pour la violence. Daniel se souvenait de
fréquentes querelles avec son frère, qui avait coutume
de le renverser avant de le battre à coups de pied. (La
violence entre enfants d'une même famille demeure
l'un des aspects les moins étudiés de la violence
familiale.) Mais ce n'était certainement pas là le seul
problème de la famille, car ce comportement n'eût
jamais été toléré dans un milieu sain. Je demandai à
Daniel si sa mère le considérait comme un enfant
sensible. «Je n'en sais rien. Elle n'était pas très
attentive.» Je tendis l'oreille. Comme s'il lisait mes
pensées, Daniel poursuivit : « Ni ma mère ni mon père
n'étaient démonstratifs. » Je hochai la tête. Puis il
ajouta : « Mais si vicieuse ... elle arrivait toujours à
trouver mon talon d'Achille. Elle était d'une
perspicacité incroyable. » (Les hypersensibles ne sont
pas tous des saints.) Daniel essayait de comprendre le
paradoxe dans lequel il vivait. Sa divinité tutélaire était
aussi sa pire ennemie. Il me raconta que dans son
enfance, il se cachait souvent dans les placards, sous
49
le lavabo, dans la voiture, dans l'embrasure d'une
certaine fenêtre. Mais, heureusement, comme c'est
souvent le cas dans ce genre de famille, l'influence
d'une personne lui permit de sauver son âme. Sa grand-
mère paternelle, femme aux principes rigides, «
ménagère fanatique », devint, après son veuvage, la
compagne du petit Daniel. « Dans l'un de mes
premiers souvenirs, je me revois, assis autour d'une
table avec trois femmes dans la soixantaine, en train
de jouer à la canasta. J'avais six ans, je savais à peine
tenir les cartes. Mais elles avaient besoin d'un
quatrième partenaire et lorsque je jouais avec elles, je
me sentais adulte et important. En outre, je pouvais
leur faire des confidences que je n'aurais pu faire aux
autres. » La relation que Daniel entretenait avec sa
grand-mère lui apporta la stabilité dont cet enfant
hypersensible avait besoin pour se doter de stratégies
de survie. Il était aussi très endurant. « Ma mère avait
coutume de me sermonner: "Pourquoi fais-tu tant
d'efforts? Tu ne seras jamais rien. Tu n'as aucune
chance." Et c'est ainsi que j'ai décidé de lui prouver le
contraire. » Même un hypersensible peut se révéler, à
sa façon, dur à cuire. Daniel avait besoin de cette
ténacité pour survivre. À 14 ans, il décrocha un
emploi. Son patron était un homme instruit, qui le
traitait en adulte. Daniel l'admirait. « Je lui faisais
confiance, malheureusement pour moi, il a essayé de
me violer.» (Le problème crucial, ici, n'est pas
représenté par cet événement ponctuel, si regrettable
50
soit-il, mais par le fait qu'il s'inscrit dans le contexte de
la violence qui caractérisait l'existence de Daniel,
depuis son enfance. Car sa soif d'intimité l'avait sans
doute empêché de percevoir des signaux subtils de
danger. En outre, les eût-il perçus, il n'aurait sans
doute pas été en mesure de se protéger, en raison de
l'absence de tout modèle de comportement. Personne
ne s'était véritablement intéressé à lui.) Daniel haussa
les épaules. « Par conséquent, je me suis dit: si tu peux
t'en sortir après tout ça, quels que soient les coups que
tu recevras par la suite, tu t'en sortiras toujours. Si tu
peux t'en sortir aujourd'hui. .. » Plus tard, il épousa son
amie d'enfance, dont la vie familiale était aussi
chaotique, aussi perturbée que la sienne. Ils se
promirent de faire tout ce qui était en leur pouvoir afin
que le mariage réussisse. Voilà aujourd'hui 20 ans
qu'ils sont ensemble. Ils attribuent en partie leur succès
à l'espace vital qu'ils conservent jalousement entre eux
et leurs familles respectives. « Aujourd'hui, je sais
comment me protéger. » C'est en partie grâce à trois
mois de consultations psychothérapeutiques qu'il a
appris cette leçon. En effet, l'année précédente, il avait
traversé une période de dépression profonde. Il avait
également lu de nombreux ouvrages sur la
codépendance et les enfants adultes des alcooliques. Il
s'était toutefois refusé à participer aux séances de
groupe. À l'instar de maints hypersensibles, il
n'apprécie guère de devoir déballer sa vie privée dans
une pièce remplie d'étrangers. « La permission de faire
51
ce que moi, j'ai besoin de faire. Voilà ce qui s'est révélé
le plus important. Projeter un calme positif et
constructif au travail. Mais éviter de paraître ce que je
ne suis pas. » Car à l'intérieur, « il y a un trou noir.
Parfois, je suis incapable de citer une seule raison de
continuer à vivre. Vivre ou mourir, c'est du pareil au
même. » Sur le même ton, il me parle de l'un de ses
amis, psychiatre, et de deux autres, conseillers. Il
ajoute que sa sensibilité, alliée à son expérience de la
vie, donne une richesse particulière à son existence.
« Je suis facilement ému par la beauté des choses.
C’est une joie dont j’aurais bien du mal à me passer. »
Il sourit courageusement. « La solitude est toujours là.
Il m’a fallu plus de temps pour apprécier le chagrin.
Mais la vie, c’est un mélange des deux. Je suis toujours
à la recherche d’une solution spirituelle. »
Et dans ces circonstances, contrairement à Yacine,
Daniel survit.

52
PARTIE II : L'HYPERSENSIBILITÉ ET
LE COUPLE

53
Chapitre 4 : Préserver la dignité du
couple
L’hypersensible surmonte ses défauts dans le couple.
À quoi devrait ressembler l’amour au sein d’une
relation amoureuse ? Un complément de l’un et de
l’autre pour la sauvegarde de la dignité au sein de cette
relation. Mais personne ne fonctionne pas bien ou ne
se sent bien lorsqu'il est hyper excité ou moins excité
(je veux dire ici l'excitation en général, pas l'excitation
sexuelle). Qu’est-ce que cela veut dire ? Personne
n'apprécie la stimulation excessive, que l'on soit ou
non hypersensible, car elle nous fait perdre notre
emprise sur nous-mêmes, et notre organisme entier
nous signale qu'il est en train de s'emballer. Cet état
nous empêche de nous concentrer sur notre travail et
peut aller jusqu'à présenter un danger. La crainte de
l'hyperstimulation peut devenir inhérente à chacun de
nous. Étant donné qu'un nouveau-né est bien incapable
de fuir ou de se battre, encore moins de reconnaître le
danger, il hurle dès que quelque chose de nouveau, de
stimulant, s'approche de lui, afin que les adultes
puissent venir à sa rescousse. Tout comme les
pompiers, les hypersensibles passent une bonne partie
de leur temps à répondre à de fausses alertes.
Mais il suffit que notre sensibilité nous ait permis de
sauver au moins une vie pour qu'elle ait son utilité
génétique.

54
Lorsqu'elle conduit à la stimulation excessive, elle
nous gâche l'existence. Mais c'est à prendre ou à
laisser, et les avantages l'emportent sur les
inconvénients. .Les adultes n'aiment pas non plus être
sur-stimulés par le bruit, le chaos, la douleur, les
délais, la pression sociale, la peur, la colère, le chagrin
ou même trop de plaisir, comme ce que les gens en
vacances ne supportent pas de voir une fois de plus. En
plus d'être physiquement et psychologiquement
inconfortable, l’excitation excessive peut donner dans
une relation amoureuse, l'impression de se tromper,
échouer à une meilleure vie du couple, faire une erreur
ou avoir un gros malentendu avec son partenaire. Tout
le monde redoute de l’hyperexcitation et en tant
qu’hypersensibles, on redoute le manque d'excitation
comme par exemple le fait de s'ennuyer, s'agiter, et
devoir attendre sans rien faire. Tous les organismes
aiment un niveau d'excitation optimal, et toute la
journée, nous les humains, faisons des ajustements
pour notre réconfort en mettant soit la radio pour
augmenter l'excitation, ou une sieste pour diminuer
cette même excitation, ou peut-être solliciter la visite
d’un ami pour l'augmenter ou éteindre la télévision
pour la diminuer, et ainsi de suite. Nous le faisons
aussi sur des intervalles plus longs tels que: changer
d'emploi pour augmenter l’excitation, éviter le divorce
pour diminuer l’hyperexcitation, voyager à l'étranger
pour l'augmenter ou déménager à la campagne pour la
diminuer aussi. Le problème indifférent chez
55
l’hypersensible c’est une exagération de l’excitation,
ce qui n’est pas le cas chez les uns et les autres. Cela
signifie qu'une situation qui suscite l’excitation de
manière optimale pour un individu non-hypersensible
peut paraître trop pour l’hypersensible. Et ce qui est
optimal pour lui peut être ennuyeux pour celui qui en
est le contraire. C’est comme si un hypersensible en
couple veut que la radio s'éteigne quand son partenaire
non-hypersensible veut qu'elle soit allumée. En réalité,
tout ce qui arrive à un hypersensible ne relève pas de
ses faiblesses d’une part, mais d’autre part, le tout
concerne l’éducation sociale à laquelle l’hypersensible
fait face. Et donc en tant qu’hypersensibles nous nous
modifions souvent pour plaire à la société qui ne
partage le même point de vue de la vie avec nous. La
timidité chez l’hypersensible est un caractère qui se
développe comme une adaptation possible à certaines
situations de la vie et ne définit pas son origine de
l’hérédité. Une femme hypersensible comme un
homme hypersensible devient timide et craintif plus
facilement que le non-hypersensible, mais seulement
dans certaines circonstances donc en conséquence, le
trait de base qui relie un hypersensible à la timidité est
la sensibilité. C’est cette même timidité qu’éprouve
l’hypersensible face à des personnes inconnues et la
sensibilité ne fait que l'amener à s'arrêter et à examiner
attentivement les nouvelles situations, en remarquant
toutes les choses de moindre valeur et en considérant
toutes leurs implications. Le sensible veut juste
56
observer attentivement et réfléchir à une nouvelle
situation avant de s'y engager. Mais une personne
hypersensible qui a aussi peur en raison de ses
expériences passées est très timide, bien sûr. Les
recherches sociologiques ont révélé à plusieurs
reprises que le fait d'avoir eu des relations difficiles
avec leurs parents pendant l'enfance conduit à un degré
élevé de timidité chez les hypersensibles que chez les
non-hypersensibles. Mais encore une fois, gardons à
l’esprit que la timidité est le résultat d’une expérience
de vie déterminée et non un trait d’origine de
l’hérédité. En revanche, les hypersensibles avec une
bonne enfance se sont révélés moins timides que les
non-hypersensibles. La raison qui nous pousse à nous
concentrer sur l’hypersensibilité au lieu de son
contraire est que lorsqu'une relation amoureuse
comprend une hypersensible c’est-à-dire la femme en
particulier, cette relation amoureuse peut très tôt
rencontrer des difficultés ou conduire à une réussite.
Selon les statistiques, nous représentons environ 20 %
de la population en tant qu’hypersensibles et
l’évidence d'une relation incluant un hypersensible (si
nous supposions que les personnes étaient appariées au
hasard) est d'environ 36 %. En incluant les personnes
partiellement sensibles, le pourcentage devient plus
élevé. Et quant aux amitiés ainsi que les relations
amoureuses, chaque non-hypersensible essaiera
probablement d'aimer un autre avec qui il ou elle
partage les mêmes points en commun. Connaître ses
57
différences de sensibilité avec son partenaire est
pertinente pour chaque paire, dans la mesure où l'un
d'entre les deux sera toujours plus sensible que l'autre
et parce que quoiqu’il arrive le partenaire
hypersensible présente une particularité que son
partenaire n’a pas. Les hypersensibles sont en général
consciencieux, intuitifs, conscients de l'humeur des
autres et désireux de réfléchir profondément à ce qui
se passe. Et si vous l’êtes heureusement, vous
connaîtrez mieux votre sensibilité que votre conjoint.
L’ et la timidité peuvent à défaut être des signes de
malentendu au sein de votre relation amoureuse mais
il n’est pas question que votre relation en soit victime
si vous anticipez ces désagréments en leur faisant
connaître à votre partenaire. Dans mon expérience
d’hypersensibilité, j’avais eu beaucoup de
malentendus avec mon époux. Et lui, me connaissant
bien essayait de quitter la maison me laissant toute
seule et hébétée. J’arrêtais alors cette dispute et
commençais à m’autodétruire psychologiquement.
J’étais vraiment attachée à mes propres formulations
telles que : « je ne mérite même pas d’exister », « à
quoi bon d’exister ? », «voilà, j’ai tout fichu en l’air »
dont je m’en souvenais lors de la rédaction du livre.
J'avais due encore travailler sur mes propres défauts
pour préserver la valeur de ma relation. Puis, comme
cela s'est amélioré, il fallait que j’abandonne mes
vieux caractères pour m’accommoder aux choix
qu’exigeait la relation entre mon époux et moi.
58
Changer alors nos défauts demande du temps pour
réfléchir, seul, puis du temps pour discuter de notre
nouveau point de vue avec ceux qu’on aime, et même
pour débattre des idées avec eux. Naturellement, les
hommes sont supposés être décisifs, stoïques
(insensibles), logiques et pas vraiment sensibles et les
femmes sont censées être sociables avec tout le
monde, bonnes avec les enfants et douées pour
exprimer leurs sensations. Il est aussi sous-entendu
que si vous n'avez pas de « vrai homme » ou de
« femme féminine » pour partenaire, vous avez été
malchanceux. Mais en réalité, la sensibilité a toujours
été confondue avec beaucoup de nos réactions
quotidiennes. Et en tant qu’hypersensible à l’époque,
j’étais bien consciente de la valeur de mon couple et je
ne cessais jamais de préserver cette dignité qui se
serait perdue si je n’avais pas compris mes objectifs
longtemps travaillés.

59
Chapitre 5 : Eviter le pire en situation
amoureuse
Comprenez à cette partie du livre que ce chapitre vise
à sauver et à protéger votre amour, la personne que
vous aimez, vos sentiments amoureux en général. En
tant qu’hypersensible, nous pouvons avoir des
difficultés particulières avec l'autre sexe: méfiance,
peur du rejet, malentendus. Il faut les affronter avant
d'aller plus loin dans ce livre. Pour des raisons
évidentes, ce chapitre doit se concentrer
principalement sur les relations étroites entre l’homme
et la femme. Le monde animal est divisé en mâle et
femelle, et les humains sont divisés en des hommes et
des femmes, c’est un pur délice à mon avis. Chacun
désire l'autre, rêve de l'autre, à la fois pour des raisons
biologiques et pour le plaisir, la sécurité et l'excitation
d'une relation à long terme. Cependant, le sexisme fait
souvent obstacle à cette relation. Pour des raisons
culturelles en premier lieu, une femme se sent obligée
d'être physiquement attirante pour les hommes. Bien
sûr, on lui dit aussi de se respecter et d'atteindre ses
propres objectifs. Mais séduire un homme reste une
priorité inévitable. Quand tout va bien, une femme y
parvient, et les deux apprécient son attrait, ses autres
réalisations également, et acceptent les changements
de son apparence à mesure qu'elle vieillit. Mais
souvent la beauté d'une jeune femme semble inaperçue
pour elle, attire le mauvais type d'attention, devient sa

60
seule monnaie d'échange au monde ou « s'estompe ».
Pendant ce temps, les hommes semblent être appréciés
principalement pour leurs réalisations et sont capables
de trouver des femmes toute leur vie. Ainsi, les
femmes se sentent traitées injustement, ou refusent
d'être victimes avec une grande évidence ou
deviennent indépendantes. À travers tout cela, les
femmes développent une méfiance consciente ou
inconsciente envers les hommes. Pendant ce temps, un
garçon grandit en essayant d'agir en tant que
responsable, de devenir un "vrai homme". En même
temps, il attend avec sensibilité et patience de
comprendre ce qui semble être l'expression
désespérément subtile, indirecte et incompréhensible
par les femmes de leurs besoins. Quelle contradiction
dans ce qu'on attend de lui. Il se sent injustement
blâmé pour les effets d'un patriarcat qu'il n'a pas créé
et pour le sexisme flagrant et la violence de quelques
hommes. Les difficultés de chaque sexe sont intenses
pour les hypersensibles, en partie parce qu’ils sont
beaucoup plus conscients des moindres choses
derrière ces histoires. Quand les femmes ont des
problèmes, elles veulent juste être écoutées, mais les
hommes veulent donner et obtenir des solutions. Le
fait est que la dernière génération s'est peut-être
comportée de cette façon, même si cela n'est pas clair,
mais en moyenne, les différences entre les sexes ont
diminué à chaque génération. Nous avons tous besoin
d'exprimer nos sentiments et trouver des solutions aux
61
problèmes, y compris ces problèmes liés au genre.
Cependant, nous continuons à faire des généralités, ce
qui leur donne une vie propre. Il est utile de connaître
les faits, de sorte que vous pouvez corriger les
généralisations quand vous le souhaitez. Par exemple,
les recherches psychologiques montre avec une
parfaite cohérence que les personnes en couple sont
plus heureuses lorsque les femmes et les hommes se
comportent d'une manière traditionnellement
«féminine» dans le passé c'est-à-dire chaleureuse,
nourrissante, émotionnellement expressive et
désireuse de discuter de la relation. Dans mon
expérience d’hypersensibilité, j’ai appris à
comprendre que ce qu'on appelle "féminin" est
simplement "humain normal". Heureusement, la
plupart des hommes se comportent de cette façon
aussi. Des recherches récentes enregistrées en bande
vidéo sur des jeunes mariés ont révélé qu'au moins
certains hommes et leurs femmes ne se diffèrent pas
du tout en ce sens qu’ils cherchaient leur bonheur ou
se soutenaient mutuellement. Même le type de soutien
qu’ils s’apportaient (sympathie et encouragements
contre suggestions) n’avait pas de différence. Et en
tant qu’hypersensibles, nous sommes les leaders,
changeant la société d'une manière qui est bien
nécessaire. "J'ai profondément peur des hommes" ou
"Je ne ferai plus jamais confiance à une femme" ne
sont pas de belles paroles positives qui rendent la
relation prospère sur le mieux-vivre de nous en tant
62
qu’hypersensible. Les hommes et les femmes y ont été
spectaculaires. Les femmes disent: « Les hommes sont
des brutes agressifs et insensibles », comme si les
femmes n'étaient jamais comme ça. Les hommes
disent : « Les femmes sont irrationnelles, exigeantes et
ne cherchent qu'à contrôler les hommes », comme si
les hommes n'étaient jamais comme ça. Nous ne
pouvons-nous craindre, nous insulter et nous bannir
que si longtemps. Il est maintenant temps de réaliser
que nous craignons, injurions et bannissons l'autre
moitié de nous-mêmes. Et il est fondamental que nous
soyons en mesure de voir cette vérité en premier. D’où
vient cette extraordinaire faculté humaine de ressentir
ce que l’autre ressent sans avoir besoin de le vivre ?
L’empathie suppose de se mettre à la place de l’autre,
de pouvoir s’identifier à lui et de ressentir les émotions
que lui-même éprouve. Cette qualité si précieuse et
extrêmement développée chez les personnes
hypersensibles a longtemps interrogé les scientifiques.
Est-elle une construction culturelle ? Peut-on
apprendre à ressentir de la compassion ou, à l’inverse,
est-ce une disposition innée ? Est-elle le propre de
l’homme ? Certains animaux sont-ils capables de
ressentir les mêmes émotions que leurs semblables ?
Pourquoi certaines personnes en sont-elles
particulièrement dotées quand d’autres en semblent
totalement dépourvues ? Si toutes ces questions n’ont
pas encore de réponse, les avancées scientifiques ont
permis de répondre à plusieurs d’entre elles. Ainsi, des
63
chercheurs ont découvert qu’un groupe de cellules
cérébrales spécialisées serait à l’origine de la
compassion. Il s’agit des fameux “neurones miroirs”.
Ce sont des neurones qui s’activent en réaction à un
événement extérieur. Ils répètent en quelque sorte le
stimulus perçu à l’extérieur. Par exemple, lorsque vous
voyez une personne pleurer, et que vous ressentez
alors à votre tour de la tristesse, ce sont vos neurones
miroirs les responsables ! Ils permettent de ressentir
l’émotion perçue chez une autre personne.
L’identification est d’autant plus importante que la
personne est proche, ou vous semble vulnérable le fait,
par exemple, de s’effondrer en larmes lorsqu’un
cheval meurt en pleine scène de guerre dans un film.
Nos neurones miroirs ne travaillent pas tous autant et
nous n’y sommes pas tous aussi sensibles ! Ainsi, les
personnes hypersensibles, et donc hyper-empathiques
réagissent beaucoup plus aux neurones miroirs que la
moyenne. Lorsque l’hypersensible perçoit une
émotion chez autrui, ses neurones miroirs s’activent
instantanément et il ne peut s’empêcher de ressentir la
même émotion avec une intensité similaire. Voilà
pourquoi il est parfois difficile de gérer ce tourbillon
incessant d’émotions extérieures. Aucun filtre ne
semble séparer l’émotion extérieure de celle ressentie
par la personne hypersensible. C’est comme s’il
n’existait pas de frontière entre soi et l’autre. S’il est
parfois difficile de vivre avec cet afflux constant
d’émotions venant de l’extérieur, l’empathie reste une
64
qualité essentielle et magnifique ! Elle seule permet de
comprendre réellement ce que vit l’autre, de se mettre
à sa place, et donc de lui tendre la main. C’est grâce à
la compassion que nous sommes capables de nous
entraider, que nous souhaitons construire un monde
meilleur, plus juste.

65
PARTIE III : RESOUDRE LES
EQUATIONS

66
Chapitre 6 : Sauver le couple en tant
qu’hypersensible
Comment vivre de l’hypersensibilité en couple ?
Les humains semblent ressentir un besoin puissant de
s'épanouir, de s'étendre, non seulement au sens
matériel, en accumulant des possessions, du territoire
ou du pouvoir, mais encore au sens moral, en
accroissant leurs connaissances, leur conscience et
leur identité. Lorsque nous tombons amoureux pour la
première fois, le « je » s’agrandit peu à peu et devient
« nous » jusqu’à ce que l'entrée de quelqu'un d'autre
dans notre vie nous épanouit rapidement. Mais les
recherches sur le mariage démontrent qu'au bout de
quelques années, la relation devient de moins en moins
satisfaisante. Une communication efficace entre
l’hypersensible et son conjoint dans le couple peut
toutefois ralentir ce déclin. Les recherches que mon
mari et moi avons entreprises sur cette question nous
ont permis de découvrir un autre moyen d'accroître la
satisfaction. Plusieurs études de couples, mariés ou
non, ont révélé que les répondants étaient plus
satisfaits de leur relation s'ils se livraient ensemble à
des activités qualifiées de « stimulantes » (pas
simplement « agréables ») Voilà qui semble logique.
Lorsque nous connaissons suffisamment la relation
intime propre au couple et qui nous lie à notre
partenaire, au point que nous n'avons plus rien à
apprendre à son sujet, nous avons encore la possibilité
67
d'associer la relation à notre épanouissement personnel
en nous adonnant ensemble à de nouvelles activités.
Toutefois, si vous êtes hypersensible, il est possible
que la vie vous semble déjà trop stimulante. Lorsque
vous rentrez chez vous, tout ce que vous recherchez,
c'est le calme. Mais prenez garde de ne pas rendre
votre relation moins épanouissante et de perdre tout
intérêt pour de nouvelles activités. Peut-être devriez-
vous faire un effort pour rendre moins stressantes les
heures que vous passez loin de votre partenaire. Ou
pour trouver des activités susceptibles de vous
épanouir sans vous stimuler à l'excès : un concert de
musique apaisante mais particulièrement belle, une
discussion de vos rêves de la nuit dernière, un nouveau
recueil de poèmes à lire ensemble au coin du feu. Rien
ne vous oblige à faire tous les jours un tour en
montagnes russes. Si la relation est une source de
confort, elle mérite tous les efforts que vous
accomplirez pour qu'elle continue d'être également
une source d'épanouissement. En ce qui concerne la
sexualité chez les hypersensibles, voilà un sujet qui
mérite des recherches approfondies et un livre entier si
possible. Notre société nous gave d'informations sur ce
qui est idéal et sur ce qui est anormal. Si le quart de la
population n’étaient pas des hypersensibles, qu'est-ce
qui est idéal ou normal pour nous? Je n'ai aucune
certitude à cet égard, mais il me semble que si nous
sommes plus sensibles à la stimulation en général,
nous devrions également être plus sensibles à la
68
stimulation sexuelle en particulier. Voilà qui devrait
rendre notre vie sexuelle très satisfaisante. Ce serait
alors l'une des raisons pour lesquelles les relations
amoureuses, nous ne recherchons pas autant la variété
que les moins sensibles. Mais, il est fort possible que
l'hyperstimulation provoquée par des facteurs externes
vienne entraver notre plaisir sexuel. Vous en savez
désormais assez sur l'hypersensibilité, en théorie et en
pratique, pour réfléchir à la manière dont il touche
votre sexualité. Si, jusqu'à présent, votre vie sexuelle
s'est révélée décevante ou douloureuse, peut-être
jugerez-vous utile de recadrer certaines de vos
expériences ou certains de vos sentiments reliés à la
sexualité. Et quand il s’agit des enfants dans le couple,
ceux-ci semblent s'épanouir lorsqu'ils reçoivent les
soins d'une nourrice sensible. J'ai rencontré beaucoup
d'hypersensibles pour qui le bonheur parfait consistait
à élever leurs enfants ou ceux des autres. J'en ai
également rencontré qui avaient limité leur famille à
un enfant, justement en raison de leur sensibilité.
Naturellement, cela dépendait en partie de leurs
expériences passées : agréables ou trop stimulantes ?
Si vous vous posez des questions à ce sujet, dites-vous
que vos enfants vous conviendront mieux que ceux des
autres. Ils auront vos gènes et subiront votre influence.
Lorsqu'un couple a des enfants bruyants, capricieux ou
batailleurs, c'est probablement parce que les parents
apprécient cette ambiance familiale ou, tout au moins,
l'acceptent. Rien ne vous oblige à en faire autant. En
69
revanche, il est impossible de nier que les enfants
renforcent le caractère déjà stimulant de la vie
quotidienne. Pour un hypersensible consciencieux, ils
représentent une immense responsabilité tout autant
qu'une grande joie. Nous devons les accompagner
partout, à la maternelle, à l'école primaire et à l'école
secondaire. Nous devons entretenir des relations avec
d'autres familles, avec les médecins, les dentistes, les
orthodontistes, les professeurs de piano, etc. Cela n'en
finit pas. Les enfants font entrer chez vous le monde
extérieur avec les problèmes de sexualité ou de
stupéfiants ; ils veulent apprendre à conduire, font des
études, partent à la recherche d'un emploi, nouent leurs
propres relations intimes. C'est beaucoup, surtout qu'il
n'est pas dit que durant toutes ces années, vous pourrez
compter sur l'appui d'un partenaire. Vous devrez
abandonner plusieurs autres activités pour élever vos
enfants. Vous n'aurez pas le choix. Si vous ne désirez
pas avoir d'enfants, rien ne vous y oblige. Nous ne
pouvons tout avoir en ce bas monde. Il est parfois très
judicieux de découvrir nos limites. D'ailleurs, j'oserais
affirmer qu'il est merveilleux de ne pas avoir d'enfants.
Et tout aussi merveilleux d'en avoir. Chacune de ces
options est merveilleuse à sa manière, voilà tout. Et
sachez-le encore une fois pour toute que votre
sensibilité enrichit vos relations. Que vous soyez
introverti ou extraverti, c'est dans les relations étroites
que vous vous épanouissez le plus. Cet aspect de la vie
nous offre la possibilité d'acquérir la connaissance la
70
plus profonde tout en ressentant une immense
satisfaction. Les hypersensibles sont passés maîtres en
cet art. Vous pouvez donc être utile aux autres, comme
à vous-même, en faisant bénéficier vos relations de
votre sensibilité. Et pour prolonger cette ambiance
relationnelle dans le couple, je vous propose de faire
ce test ci-dessous en compagnie de votre conjoint.
Sinon, essayez de visualiser quelqu'un avec qui vous
avez eu une relation par le passé ou espérez en nouer
une à l'avenir. Quelle que soit la méthode que vous
choisirez, l'exercice vous sera très utile. Si votre
interlocuteur est en chair et en os et qu'il n'a pas lu ce
livre, faites-lui lire le premier chapitre et celui-ci, en
prenant note de ce qui semble particulièrement
s'appliquer à votre relation. Peut-être serait-il utile d'en
lire des extraits à voix haute. Puis consacrez un
moment à répondre aux questions suivantes. Si vous
êtes tous deux hypersensibles, vous devriez faire
l'exercice et à tour de rôle.
1. Quels aspects de votre personnalité, engendrés par
votre hypersensibilité, votre partenaire apprécie-t-il
tout particulièrement ?
2. Quels aspects de votre personnalité, sont
convenables à votre hypersensibilité ou votre
partenaire souhaite-t-il que vous modifiez ? Attention
ici, il ne s'agit pas de porter un jugement de valeur sur
ces aspects. Simplement, votre partenaire trouve-t-il
que les aspects lui rendent la vie difficile à certains
71
moments ou qu'ils sont incompatibles avec certains de
ses propres traits de personnalité ou habitudes?
3. Quels conflits provoqués par votre hypersensibilité
ont surgi entre vous ?
4. Discutez-vous des circonstances dans lesquelles
votre partenaire aurait préféré que vous preniez
davantage votre sensibilité en considération afin de
mieux vous protéger ?
5. Discutez-vous des circonstances dans lesquelles
vous avez invoqué votre sensibilité comme une excuse
pour éviter de faire quelque chose ou comme une arme
ou cours d'une querelle ?
6. Pourriez-vous nommer un autre hypersensible dans
l'une ou l'autre de vos familles ? De quelle manière
cette relation pourrait-elle influencer celle que vous
entretenez avec votre partenaire ? Par exemple,
imaginez une femme hypersensible, mariée à un
homme dont la mère était hypersensible. Le mari aura
certainement des idées bien arrêtées sur la sensibilité.
Si les trois en prennent conscience, leurs relations
s'amélioreront-elles ?
7. Discutez de ce que chacun de vous a gagné en vous
spécialisant, l'un des deux étant hypersensibles, l'autre
moins sensible. En plus de l'efficacité et des avantages
particuliers que la spécialisation entraîne, avez-vous
l'impression d'être apprécié pour vos talents? Vous
sentez-vous indispensable à l'autre ? Vous réjouissez-
72
vous lorsque vous accomplissez une tâche dont votre
partenaire est incapable ?
8. Y a-t-il des tâches que vous aimeriez pouvoir
accomplir vous-même, mais que l'autre fait pour vous
? Êtes-vous fatiguée de voir l'autre dépendre de vous,
lorsque vous accomplissez les tâches qui sont de votre
ressort? Votre respect à l'égard de votre partenaire en
souffre-t-il ? Son amour-propre en souffre-t-il ? Voilà
un tas de choses dont vous avez besoin pour fructifier
votre relation amoureuse en tant qu’hypersensible. Et
tant qu’il n’est pas toujours facile d’assurer toutes ces
stratégies, il est évidemment de prévenir quelques
malentendus pour optimiser l’avenir du couple en tant
qu’hypersensible.

SE COMMUNIQUER EN COUPLE EST UN


ATOUT

L’un des secrets pour être épanoui dans votre couple,


et d’autant plus pour vous qui êtes hypersensible, est
l’art de la communication. Il est indispensable que
vous vous sentiez en confiance pour exprimer
honnêtement à votre partenaire ce que vous ressentez,
ce que vous vivez, et ce que cela vous procure. Il est
tout aussi important que votre compagnon ou votre
compagne soit en mesure de comprendre ce que vous
lui expliquez : il ne sert pas à grand-chose de parler
tout seul! Car, pour vivre harmonieusement à deux, il
vous faudra parfois trouver des compromis : inviter
73
des amis à la maison plutôt que de sortir dans un bar,
choisir un appartement pas trop bruyant, etc. Et, pour
cela, un minimum d’écoute sincère, d’empathie, est
requis. Or, si vous faites face à un mur, à une personne
qui ne comprend pas pourquoi vous êtes aussi émotif
devant un film, pourquoi la foule vous oppresse, ou
pourquoi il est si important d’aménager l’espace en
fonction de vos désirs, alors la vie risque d’être
difficile. Échanger avec l’autre, partager ses ressentis,
son vécu, pouvoir lui expliquer votre fonctionnement,
sa singularité et ce que cela implique au quotidien est
un préalable à une relation sereine. Une personne très
peu sensible risque de ne pas du tout comprendre ce
que vous vivez et, pire, de porter un jugement sur vous,
ce dont vous n’avez nullement besoin ! On ne construit
pas une relation amoureuse pour s’entendre répéter
que l’on est « hystérique », « fragile » ou « capricieux
». Enfin, soyez vigilant de ne pas tomber dans les
griffes d’une personne manipulatrice. Elle risque de
vous séduire en vous montrant exactement ce que vous
espérez : une personne sensible, émotive, à l’écoute,
empathique. Mais ce ne sont que des artifices pour
parvenir à ses fins. Les manipulateurs se présentent
sous leur plus beau jour, décryptent votre personnalité
et s’arrangent pour correspondre à ce que vous
attendez d’elles. La parole et la communication
permettent de désamorcer des conflits ou des
incompréhensions qui n’ont pas lieu d’être. En
expliquant ce que vous vivez à votre conjoint, vous lui
74
permettez de comprendre votre fonctionnement, et
donc, de l’accepter. Car encore une fois, ce n’est pas
de votre faute si vous êtes hypersensible et que vous
ressentez beaucoup plus intensément que les autres les
milliers de stimulations auxquelles nous sommes tous
confrontés.

75
Chapitre 7 : L’avenir de l’hypersensibilité
et le couple
Comment rentabiliser l’intimité dans le couple
Dans les relations à long terme c’est-à-dire celles qui
promettent à l’avenir, les enjeux peuvent être plus
élevés. Ce que vous exposez peut changer la confiance
de votre partenaire envers vous ou l'idée de qui vous
êtes, et cela peut changer une relation pour toujours ou
même y mettre fin. Le seul réconfort est de vous
demander si vous voulez une relation dans laquelle
vous ne pouvez pas être authentique, dans laquelle
votre vrai «moi» n'est pas acceptable. En pensant de
cette façon, vous pourriez avoir peu à perdre. Si vous
êtes assez convaincu que votre partenaire aura une
réaction négative à ce que vous divulguez, envisagez
de le révéler en présence d'un tiers de confiance, tel
qu'un thérapeute conjugal, de préférence un thérapeute
que vous avez déjà vu. C'est bien d'avoir quelqu'un de
compétent à portée de main, tout comme votre
médecin de famille. Pendant mon expérience
d’hypersensibilité en couple, je peux vous garantir que
les mauvais jours, ne durent pas toujours car des
meilleurs vont arriver, et donc il me suffisait de
patienter lorsque tout va mal. Et pendant de longues
années j’ai due travailler sur 4 principaux
comportements qui freinaient l’intimité de ma relation
amoureuse entre mon époux et moi.

76
1er comportement : la peur des attaques de colère
La colère est une émotion très stimulante. Les
hypersensibles sont fortement affectés par elle, même
lorsque nous venons d'en être témoins et surtout quand
ils se trouvent en état d’hyperexcitation. En tant
qu’hypersensibles, si nous l'exprimons ou en sommes
le destinataire, bien sûr, nous serons excités au-delà de
notre niveau optimal en ce sens que nos cœurs battent
et nos esprits deviennent confus. Si la colère est envers
nous, nous pouvons aussi prendre très au sérieux ce
qui est dit. Nous traitons les accusations en
profondeur. La peur des crises de colère est
grandement excessive pour un hypersensible qui a
grandi dans une famille où les excès de colère étaient
fréquents et n'apportaient rien de constructif. Les
membres de la famille peuvent être profondément
blessés par des informations étalées pêles-mêles dans
des moments plus intimes. Cette attitude qui consiste
à parler d’un sujet qui ne devrait pas se dire en plein
moment intime est due à l’« émotion morale » qui se
distingue de la colère qui vise à attaquer, à obtenir la
victoire et à anéantir l'autre personne. Ce genre de
comportement n'a sa place nulle part dans une relation
intime; car cela détruit la confiance, en particulier dans
une situation amoureuse où se trouve l’hypersensible.
Mais ce qu’on appelle l’ “émotion morale” est une
forme plus réfléchie de la colère qui vise à trouver une
solution à quelque chose de façon très vite en exposant
le problème occasionnellement. D’une autre manière,
77
Ce développement a commencé par une focalisation
sur l’empathie et la culpabilité, mais a depuis évolué
pour englober de nouvelles connaissances
émotionnelles sur des émotions telles que la colère,
la honte , le dégoût , la crainte et l' élévation. Avec la
nouvelle recherche, les chercheurs en théorie ont
commencé à se demander si les émotions morales
pourraient jouer un rôle plus important dans la
détermination de la moralité, un rôle qui pourrait
même dépasser celui du raisonnement moral. Par
exemple, en voulant partir au service en retard votre
conjoint peut dire: « Si tu arrives en retard au service,
préviens moi pour que je vienne aussi justifier la cause
pour toi ». Et plus tard quand rien ne se passe et que
vous arrivez à vous gérer vous-même dans l’espoir de
ne pas déranger votre conjoint, ce dernier en tant
qu’hypersensible et déjà hyper excité par la colère peut
détruire le moment de joie qui avait animé toute votre
journée une fois quand vous êtes rentré. Pour éviter le
pire des cas, un hypersensible doit normalement tout
voir de façon relaxe, sans prise de tête ou une
incitation à la colère et c’est de cette manière que doit
vivre les partenaires en général pour conserver le
premier de coup de foudre qui a eu lieu entre l’un et
l’autre. Une simple demande d’explication devrait
suffire en cas d’insatisfaction.

78
QU’EST CE QUI SE PASSE SOUVENT CHEZ LE
NON-HYPERSENSIBLE ?
Avec le non-hypersensible, les cas sont différents.
Étant donné que ce dernier a tendance à livrer avec la
même intensité émotionnelle ceux dont il aurait besoin
pour recevoir un message de ce type, et vous en tant
qu’hypersensible à ses côtés devrez normalement lui
préciser que la colère n'est pas nécessaire avec vous
sinon les non-hypersensibles penseront qu'ils doivent
en utiliser pour vous faire passer un message.
Demander leur simplement d’exprimer les besoins ou
plaintes sans colère quand il le faut. S'ils augmentent
leur volume émotionnel, pourquoi ne pas leur dire de
le baisser parce que « ça ne marche pas pour vous » ?
Même entre collègues, s'ils ne le peuvent pas,
pourquoi ne pas leur dire que vous avez besoin d'un
temps d'arrêt jusqu'à ce qu'ils se calment ? Pourquoi
pas une pause permanente dans une relation qui
comporte des attaques excessives destinées à blesser,
pas à aider ? Certaines personnes sont habituellement
en colère et semblent presque incapables de la
contrôler, ou ne le feront pas. Quand vous découvrez
qu'un ami potentiel apparemment nul va insister pour
être très en colère contre vous de temps en temps, vous
n’avez qu’un seul choix qui consiste à rompre l’amitié.
La menace d'une attaque de colère qui pèse sur une
relation amoureuse rend cette relation naturellement
misérable. Mais avant de décider de rompre, faites la
distinction entre la colère destinée à blesser, celle que
79
vous ne devriez pas tolérer et la forme fléchie qui est
l’émotion morale, ainsi que la colère défensive ou
destinée à vous empêcher, vous ou l'autre, de voir
quelque chose d'insupportable. En d'autres termes, une
autre forme de pouvoir pour se protéger contre la
colère consiste à comprendre et à résoudre le problème
qu'elle signale. Avez-vous franchi une frontière que
vous n'auriez pas dû franchir ? Avez-vous suscité un
sentiment de honte chez votre ami normalement
raisonnable ? De quoi a-t-il peur en ce moment ?
Voyez si vous pouvez utiliser votre intelligence
sensible pour résoudre le besoin de l'autre d'être en
colère.
2e comportement: la peur de l'abandon
Nous savons très bien que nous craignons l'abandon.
Ce cas figure le plus souvent les couples où le départ
ou la mort de notre partenaire nous cause de forte
dépression et nous submerge dans un déni (refus
d’admettre une réalité) total. L'idée de la mort d'un être
cher est impressionnante. La peur de cela peut être
beaucoup plus influente que nous ne le pensons. Une
des formes que prend la peur de l'abandon est la peur
de devenir « trop dépendant » de quelqu'un. La volonté
de vivre en solitude pendant un moment est le
sentiment qui anime la plupart d’entre nous. Mais à
part cela, la peur de la dépendance est une peur de ce
qui se passera si nous perdons l'autre personne. Si nous
avons vécu une perte, un abandon ou une trahison tôt
80
dans l'enfance, avant que le soi (soi-même) ne soit
assez fort pour y faire face, cette insécurité profonde
peut envahir toute la personnalité. Pour les
hypersensibles, ces craintes sont excessives et doivent
être affrontées de front. A force d’être excessivement
poussé à une intimité entre vous et votre partenaire,
vous risquez la suicide ou de commettre un acte
frauduleux comme la consommation de l’alcool ou
prise de la drogue et pour ne pas être victime de ce
désagrément, plus vous limitez l’intimité excessive,
plus vous êtes à l’abri des conséquences de la perte.
Un faible amour-propre est le carburant de ces pensées
les plus sombres. Donc, pour que vous imaginiez que
vous pouvez risquer l'amour parce que vous savez que
vous survivriez même à une trahison, vous devez
revenir à qui vous étiez avant d'être avec votre
partenaire. Si vous n'étiez pas sans valeur à l'époque,
vous ne le serez pas à l'avenir si la vie de votre
partenaire prenait l'une de ces tournures inattendues.
3e comportement : la perte de contrôle
Avez-vous déjà été chatouillé dans votre enfance ? Ou
jeté en l'air ? Parfois, c'était amusant, mais à un
moment donné, cela devenait trop stimulant. Ce point
vient plus tôt pour le nourrisson sensible. Le contrôle
de la stimulation ni trop peu, ni trop est vital pour tout
être vivant. Mais la perte de contrôle dans la petite
enfance est beaucoup plus pénible parce que les
nourrissons n'ont aucun moyen d'arrêter ce qui se
81
passe, et ils n'ont pas non plus une conscience claire
d'eux-mêmes ni ce fort sentiment de "c'est moi, ce n'est
pas moi". Potentiellement, cette expérience dans la
petite enfance peut trop souvent laisser une forte peur
primitive à l'âge adulte. Une peur inconsciente de trop
de stimulation corporelle en présence d'un autre, d'une
intimité physique conduisant à une telle excitation que
l'on perd tout contrôle personnel. Au fur et à mesure
que nous vieillissons, le sentiment de "c'est moi, ce
n'est pas moi" grandit, devenant une limite qui va de
pair avec le fait d'avoir des moyens de garder les
choses à l'écart en fermant les yeux, en disant non, en
se détournant. Les hypersensibles ont particulièrement
besoin de telles limites. Tomber amoureux, cependant,
c'est être jeté en l'air par quelque chose de plus grand
que nous qui nous tient sous son emprise ; il s'agit de
franchir un peu cette limite. Des études menées par
mon mari et moi-même ont révélé que les personnes
dans des relations étroites ne savent littéralement pas
lequel des traits physiques sont les leurs et lesquels
sont ceux de leur partenaire et donc la frontière de
vengeance semble glisser dans le non-contrôle. La
faire disparaître complètement signifierait une «pause
psychotique», une confusion quant à savoir si les
images se produisent à l'intérieur ou à l'extérieur, si les
voix sont nos propres pensées ou les mots d'un autre.
Mais une véritable rupture psychotique est rare,
simplement parce que nous en portons tous une petite
terreur saine qui nous évite une perte totale des
82
frontières. Pourtant, les humains profitent de temps en
temps d'une rupture insaisissable avec les frontières,
d'un dépassement de leur séparation, comme par le
biais de la drogue, de la passion sexuelle, de l'extase
religieuse, des festivals dans lesquels les tabous
sociaux sont temporairement levés. L'un des moyens
les plus doux de briser la barrière de vengeance est
d'être intime, d'être fusionné avec un autre pendant un
petit moment. Les hypersensibles peuvent le faire
facilement, s’ils en n’ont pas peur, car en tant
qu’hypersensible, nous sommes déjà habitués à une
frontière flexible avec l'inconscient, et nous n'avons
qu'à inclure le conscient et l'inconscient d'autrui. Être
libre d'« adoucir » vos limites quand vous le souhaitez
nécessite une relation bien développée avec votre
inconscient dont je parle tout au long de ce livre et
avec votre partenaire. Dans les deux cas, la solution est
d'avoir de bonnes "limites d'ego" comme le dit le
dicton: « les bonnes clôtures font les bons voisins ».
En particulier, vous avez besoin du genre de "force de
l'ego" qui vit en harmonie avec l'inconscient, notre
puissant voisin, plutôt que d'essayer de défendre les
barricades contre lui. Cela nécessite à son tour un «ego
observateur» fort, la partie qui se tient en dehors de la
mêlée et comprend les deux côtés, comme un soldat de
la paix d’une organisation mondiale.
Un hypersensible vit avec l'inconscient comme un
paysan au bord d'un grand fleuve. Ou sur les pentes
d'un volcan. Ou au bord de la mer. Lorsque des rivières
83
sont inondées, des volcans entrent en éruption ou des
ouragans passent au-dessus d'une côte, si vous habitez
à proximité, vous devez être prêt à chercher un autre
abri. Mais quand vous vous y attendez, et vous savez
même que plus tard la boue ou la cendre rendra vos
champs beaucoup plus productifs, cette manière de
penser est une bénédiction dont ne bénéficient pas
ceux qui vivent dans des régions plus sûres. Et quant à
la mer, cette grande métaphore de l'inconscient ceux
qui naviguent en mer font face à de nombreux dangers,
mais la famine n'en fait généralement pas partie. Alors
essayez de ne pas laisser la peur vous empêcher de
vivre sur vos terres ancestrales. Même après la pire
inondation, éruption ou tempête, les gens reviennent
pour recommencer. Même après avoir été submergé
par l'inconscient, ce petit ego conscient remonte assez
tôt à la surface. Quant à un intime potentiel vous
faisant perdre le contrôle, la bonne et la mauvaise
nouvelle sont que personne n'est aussi puissant.
Enfant, cela semblait autrement, ce qui était bon ou
mauvais selon les intentions de ces adultes divins,
mais vous avez progressivement appris la vérité :
malgré les extraterrestres et autres théories du
complot, personne ne contrôle totalement la planète
Terre ou vous personnellement. Même dans la pire des
situations d’hyperexcitation et de perte de contrôle,
vous conservez un certain contrôle. Et les moments
d'intimité ne conduisent généralement pas à de tels
scénarios, même si parfois nous, les hypersensibles,
84
nous comportons comme si c'était le cas. Travaillez
avec votre partenaire sur votre besoin de vous sentir
plus en contrôle, par exemple, prenez des temps morts,
même en cas d’hyperexcitation agréable. Expliquez
quelles sont les intimités qui sont trop pour vous, en ce
moment ou en général, comme des câlins surprises par
derrière, se regarder dans les yeux ou le corps nu de
l'autre, ou de longs baisers, de longs rapports sexuels
ou de longues conversations intimes. Soyez gentiment
honnête et clair que cela ne signifie pas que vous aimez
moins votre partenaire. En effet, cela peut témoigner
de l'intensité écrasante de votre amour. Et il est
certainement vrai que tout le monde a des préférences
; tout le monde a besoin de rester dans un niveau
d'excitation optimal. Explorez les préférences et les
besoins de votre partenaire pour le bon niveau
d'excitation dans le même esprit, et déterminez ce qui
est le mieux pour vous deux.
4e comportement : les impulsions « attaquer et détruire
»
Lorsque nous tombons amoureux pour la première
fois, je pense que quelque chose espère devenir entier
en nous grâce à notre amour. L'amour se sent entier,
énergisant et intégrant toutes les parties de nous. Mais
la plénitude signifierait également intégrer toute colère
et toute destructivité refoulées et clivées. Ainsi, la
première fois que nous ressentons une impulsion
agressive, destructrice ou perverse (une partie
85
naturelle de l'amour total) envers notre être cher dans
une dispute, un moment passionné ou un fantasme
nous pouvons paniquer. Inconsciemment, nous nous
éloignons de l'intimité pour être sûrs de ne pas blesser
l'être aimé avec toute l'énergie de nos pulsions
refoulées. Nous pouvons même avoir des rêves d'eaux
toxiques, de déchets radioactifs ou de bombes
atomiques, symbolisant peut-être notre peur plutôt
innée de ce qui pourrait éclater et contaminer tout le
monde si nous exprimions ces parties de nous-mêmes.
Dans une relation à long terme, la peur de ces
impulsions peut être un peu plus justifiée. Lorsque
vous commencez à exprimer un problème qui
nécessite une discussion mais qui sera certainement
blessant pour votre partenaire, que se passe-t-il si vous
remarquez un certain plaisir à le blesser ? Les
hypersensibles en particulier peuvent être conscients
de ces désirs instinctifs profonds et à moitié conscients
un désir d'attaquer et de blesser et ensuite étouffer
comme en mal tout le sujet qui a soulevé ces
sentiments. Lorsque vous vous sentez meurtrier en
raison d'une frustration ou d'une irritation pure,
rappelez-vous que vous pouvez exprimer votre colère
avant qu'elle ne paraisse accablante, ou devinez
pourquoi vous ne le pouvez pas. Si votre colère est
défensive parce que vous vous sentez profondément
attaqué ou honteux par une autre personne, de sorte
que vous aimeriez détruire cette personne avant qu'elle
ne puisse détruire votre cœur alors il se peut que votre
86
cœur soit faible et ait besoin renforcement par un
travail intérieur et peut-être une psychothérapie. Ou
bien l'autre personne est trop douée pour trouver la
partie de vous qui est le plus facilement blessée, auquel
cas où elle agit (pas seulement en ressentant une
impulsion) pour vous blesser; cela ne fonctionne pas
et ne devrait pas être toléré dans une relation
amoureuse en tant qu’hypersensible.
Si vous craignez qu'un instinct destructeur et agressif
ne soit ancré en vous, sa présence ne signifie pas que
vous devez agir en conséquence sous la première
forme qu'il prend dans l'imagination. En effet, en tant
qu’hypersensible facilement socialisable, vous êtes le
moins susceptible de l'exprimer sans réflexion.
Posséder cette partie de vous-même, cependant, peut
conduire à son intégration, ce qui la rend encore moins
susceptible d'avoir agi inconsciemment et vous permet
d'utiliser cet instinct de manière utile. Le reconnaître à
votre partenaire et accepter ces instincts l'un chez
l'autre peut paradoxalement conduire à plus d'amour,
de respect, d'énergie et d'intimité en raison de
l'intégrité qu'une telle intégration apporte. Les enfants
sensibles en particulier peuvent vraiment "perdre le
moral" lorsqu'ils sont trop excités, faisant
régulièrement des crises de colère jusqu'à ce qu'ils
apprennent à se protéger et à se calmer. Mais si vous
avez senti que votre entourage ne pourrait pas ou ne
voudrait pas tolérer votre colère, vous avez refoulé ces
moments de frustration totale, et la moindre impulsion
87
de colère peut encore vous sembler vraiment
dangereuse, à vous comme aux autres. Pour ceux qui
sont très bons, enfants ou adultes, cependant, passer du
temps intime avec quelqu'un signifie être extrêmement
vigilant aux besoins de l'autre, en étant toujours gentil
et attentionné. Le moment est peut-être venu de
réexaminer vos hypothèses sur ce qui se passera
lorsque votre agressivité se manifestera. Mieux
comprendre que de tels sentiments sont normaux, plus
amoureux de vous, voire désireux de voir ce côté
dynamique et pas si fade de vous. Après tout, si vous
avez maintenu vos impulsions séparées de la
conscience si longtemps que tout ce que vous en savez
vraiment, c'est qu'il semble être prêt à exploser
ailleurs. Une fois qu’elles auraient explosé, vous
découvrirez que ce n'est pas infini et qu’en réalité, ces
impulsions ont de quoi se satisfaire dans un endroit
isolé et bien hors de vous.

88
CONCLUSION
À QUOI M’A SERVI LA RÉDACTION DE CE
LIVRE ?
La vie nous réserve toujours des surprises, des
évènements auxquels on ne s'y attend pas ou jamais.
L'amour est un sentiment qui permet à l'individu de
vivre heureux et en parfaite harmonie avec lui-même.
Se sentir aimé, désiré le rassure, le motive et lui donne
de l'énergie. Nul ne peut vivre sans amour ou nul ne
peut prétendre dire ne pas aimer car l'amour est
également ce sentiment affectueux qui permet aux
hommes de vivre ensembles et d'accepter les autres
tels qu'ils sont. Il me semble également possible que
l'espèce humaine tire plus de profit de la présence des
hypersensibles que les autres espèces. Car par ses
caractéristiques, cette catégorie de la population
élargit le fossé qui sépare les humains des autres
animaux ; nous sommes capables d'imaginer des
possibilités. Les humains, hypersensibles notamment,
ont une conscience aiguë du passé et de l'avenir, et
c’est ce qui distingue leur mode de vie des êtres
humains naturels. En outre, si la nécessité est mère de
l'invention, les hypersensibles doivent consacrer
beaucoup plus de temps que les autres à concocter des
solutions aux problèmes humains, simplement parce
qu'ils sont plus sensibles à la faim, au froid, à
l'insécurité, à l'épuisement et à la maladie. On dit
parfois qu'ils sont moins heureux ou moins capables
89
de bonheur que les autres. Il est vrai que nous donnons
parfois l'impression d'être malheureux ou
mélancoliques, parce que nous passons beaucoup de
temps à nous interroger sur le sens de la vie et de la
mort, sur la complexité de toutes choses. Nous ne
réfléchissons pas en noir et blanc, mais en demi-
teintes. Étant donné que la majorité des moins
sensibles ne semblent pas goûter cette réflexion
existentielle, ils estiment que c'est parce que nous
sommes malheureux que nous réfléchissions autant.
Mais ce n'est pas en nous répétant que nous sommes
ou semblons malheureux, qu'on nous rendra plus
heureux (selon la notion que les moins sensibles ont
du bonheur). Toutes ces« accusations» rendraient
malheureux n'importe qui. Aristote savait de quoi il
parlait lorsqu'il posa la question : « Qu'est-ce qui serait
préférable ? Être un cochon satisfait ou un philosophe
insatisfait ? » Les hypersensibles, tels les philosophes,
préfèrent être à l'écoute, même si ce qu'ils perçoivent
ne leur donne aucune raison de se réjouir.
Je ne veux pas dire par là que tous les moins sensibles
sont des cochons! Je sais pertinemment que quelqu'un
m'accusera de vouloir faire des hypersensibles une
sorte d'élite. Si tel était le cas, je ne rencontrerais aucun
écho chez les hypersensibles, qui commenceraient
aussitôt à se sentir coupables de se juger supérieurs.
Tout ce que je souhaite, c'est encourager les
hypersensibles à se sentir les égaux du reste des
humains. Et comme vous et moi, l'amour semble être
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un « sujet hypersensible » beaucoup plus riche, plus
personnel et subjectif que les relations parce qu’il
pouvait rendre un super héros amoureusement sensible
une fois qu’il en est victime. Et en tant
qu’hypersensible, je ne pense pas que les livres sur les
relations soient souvent écrits par des amants tournés
vers l'intérieur d’eux-mêmes et exigeant la solitude,
comme moi ou beaucoup d'entre vous, qui peuvent
faire une grande partie de leur amour en privé. J'ai
pensé qu'un livre pour nous était nécessaire, et que
vous, en tant que lecteurs de la même catégorie
d’expérience d’hypersensibilité, l'aviez apprécié
particulièrement. Rappelez-vous également que nous
avons tous besoin d'amis proches et que l'amour est
une force de la psychologie humaine qui ne disparaît
jamais. Toute la journée, nous pensons aux gens,
même si nous sommes seuls. Ceux auxquels nous
pouvons penser sont naturellement ceux que nous
pouvons aimer. Les gens ont certainement besoin
d'être aimés, y compris vous-même. J'espère que ce
livre vous a aidé à libérer en vous davantage l'amour
de soi et l'amour des autres qui sont là. Je m'excuse
d'adresser ce livre aux hypersensibles, je ne veux pas
exclure les non-hypersensibles mais je pense que vous
comprendrez. L’univers des hypersensibles a été
développé dans ce livre et est basé sur des recherches
solides, à la fois mienne et celles de quelques
personnes interviewées dans les domaines du
tempérament adulte et des relations amoureuses. Ce
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livre vous a informé sur de nombreux faits recueillis
dans le cadre de la recherche alors que j’ai pu relier
aux hypersensibles dans les relations. Mon objectif a
été de fournir des réponses authentiques, pas
seulement mon opinion, à des questions telles que: les
hypersensibles sont-ils susceptibles de s'associer à
d'autres hypersensibles ? Et s'ils le font, sont-ils plus
heureux ? Quels sont les problèmes typiques de deux
hypersensibles par rapport à hypersensible et un non-
hypersensible ? Quelles sont les forces et les faiblesses
des hypersensibles dans les relations ? En quoi le fait
d'être très sensible peut renforcer la vie sexuelle ou
peut-être une probabilité de mettre fin à une relation ?
Pourtant, l'amour n'aime pas livrer ses secrets à un pur
casse-chiffres. J’ai ainsi donc pu m’appuyer de mon
expérience d’hypersensibilité en situation amoureuse
pour révéler ce qui allait de normal ou non dans la vie
d’un hypersensible et comment une personne atteinte
n’avait rien à craindre de ses défauts. Il est grand
temps de se sevrer de ces mots qui nous lient, et de
profiter d'une relation plus subtile et continue. Il m’est
vraiment difficile d'écrire ces dernières lignes parce
que je ressens une perte. Vous lecteurs et moi éditrice
de ces lignes sommes devenus proches. J'ai toujours
senti la présence de vos yeux mes pages rédigées,
même si je ne vous connaissais que très peu. J'ai aussi
essayé d'anticiper à l’avance vos besoins, vos
questions et vos soucis. Mais c'est juste ma nature
sensible car si c’était le contraire, vous auriez aussi fait
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la même chose pour moi. C'est aussi cette nature
sensible que j’aie, qui me fait détester les adieux
comme celui-ci. Mais mon amant intérieur, cet homme
sage qui me parle souvent dans mon état d’émotion
brûlant, essaie de m'aider dans ces dernières
transitions en me conseillant que la fin de toute chose
est bien meilleure qu’un début dont la fin est
incertaine. Alors je me réconforte du début que vous
ferez avec quelqu'un, introverti ou extroverti, homme
ou femme, dans une nouvelle vie ou un nouveau
chapitre 8 que vous allez dédier à votre histoire. Enfin,
ce qui est de votre rêve pour votre relation amoureuse
ne crèvera pas. Mais après la lecture de ce livre,
trouvez lui une belle façon de devenir réalité.

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