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Boris Vian
Raymond Queneau
Jacques Prévert
La Pataphysique
C’est la science qui consiste en « la connaissance et
l’application des solutions imaginaires », en mettant
sur le même plan le réel et l’imaginaire.
Elle a été inventée par un écrivain du XIXème siècle,
Alfred Jarry et reprise par Boris Vian, Raymond
Queneau et Jaques Prévert dans les années 50 du
XXème siècle. Ces trois auteurs avaient tous le même
humour ravageur, la même audace et sens de la
provocation, et même intérêt pour le progrès .
L’Ecume des jours
Roman pataphysique par
excellence, publié en 1947 par
Boris Vian, il met en scène
des personnages qui évoluent
dans un univers poétique et
déroutant. Ses thèmes
centraux sont l’amour, la
maladie, la mort. Tout se
déroule dans un monde
imaginaire fantaisiste rêveur
et absurde où tout est
inversé.
Avant-propos de
« L’Ecume des jours »
http://flenet.rediris.es/textesaudio/EcumeJoursVT.m
p3
« J’ai essayé de raconter aux gens des
histoires qu’ils n’avaient jamais lues.
Connerie pure, double connerie : ils
n’aiment que ce qu’ils connaissent
déjà ; mais moi j’y prends pas plaisir, à
ce que je connais, en littérature. Au
fond, je me les racontais les histoires.
J’aurais aimé les lire dans les livres
d’autres. »
Je ne sais pas très bien où ça se passait… dans une église, une poubelle, un charnier ? Un
autobus peut-être ? Il y avait là… mais qu'est-ce qu'il y avait donc là ? Des œufs, des tapis,
des radis ? Des squelettes ? Oui, mais avec
encore leur chair autour, et vivants. Je crois bien que c'est ça. Des gens dans un autobus.
Mais il y en avait un (ou deux ?) qui se faisait remarquer, je ne sais plus très bien par quoi.
Par sa mégalomanie ? Par son adiposité ? Par sa
mélancolie ? Mieux… plus exactement… par sa jeunesse ornée d'un long… nez ? menton ?
pouce ? non : cou, et d'un chapeau étrange, étrange, étrange. Il se prit de querelle, oui c'est
ça, avec sans doute un autre voyageur (homme ou femme ? enfant ou vieillard ?) Cela se
termina, cela finit bien par se terminer d'une façon quelconque, probablement par la fuite
de l'un des deux adversaires.
Je crois bien que c'est le même personnage que je rencontrai, mais où ? Devant une église ?
devant un charnier ? devant une poubelle ? Avec un camarade qui devait lui parler de
quelque chose, mais de quoi ? de quoi ? de quoi ?
Négativités.
Ce n'était ni un bateau, ni un avion, mais un moyen de transports terrestre.
Ce n'était ni le matin, ni le soir, mais midi. Ce n'était ni un bébé, ni un
vieillard, mais un homme jeune. Ce n'était ni un ruban, ni une ficelle, mais
du
galon tressé. Ce n'était ni une procession, ni une bagarre, mais une
bousculade. Ce n'était ni un aimable, ni un méchant, mais un rageur. Ce
n'était ni une vérité, ni un mensonge, mais un prétexte. Ce n'était ni un
debout, ni un gisant, mais un voulant-être assis.
Jacques Prévert
Le chat et l’oiseau
Un village écoute désolé
Le chantUn village
d'un écoute désolé
oiseau blessé
«Si j'avais su que cela te fasse
C'est le seul oiseau du village
Et c'estLe chant
chat dud'un
village oiseau blessé
le seul
Qui l'a C'est
«Sitant
j'avaisde su
peine,
que cela te fasse
le seul oiseau du
à moitié dévoré
tantLui
de dit le chat,
peine,
village
LuiJe
ditl'aurais
le chat,mangé tout entier
Et c'est le seul chat du
Je l'aurais
Et puis mangé
j'aurais tout entier
raconté
village
Et puis
Que j'aurais
je l'avaisraconté
vu s'envoler
Qui l'a à moitié dévoré
QueS'envoler
je l'avaisjusqu'au
vu s'envoler
bout du
Et cesse
l'oiseau cesse de chanter
Et l'oiseau de chanter S'envoler
mondejusqu'au bout du
Le chatLe chat
cesse cesse de ronronner
de ronronner
Et de se lécher le museau monde
Et de fait àse lécher le museau Là-bas où c'est tellement loin
Et le village l'oiseau Là-bas où c'est tellement loin
Et le village fait à l'oiseau
QueQue jamais on n'en revient
De merveilleuses funérailles
Et le chat qui est invité jamais on n'en revient
MarcheDe merveilleuses
derrière le petit cercueil de paille Tu aurais
Tu aurais eu moins
eu moins de chagrin
de chagrin
funérailles
Où l'oiseau mort est allongé
Simplement detristesse
la tristesse
Porté par une petite fille Simplement de la et et
Et lepaschat qui est invité
Qui n'arrête de pleurer desdes regrets.»
regrets.»
Marche derrière le petit
cercueil de paille
Il neIl faut jamais
ne faut fairefaire
jamais les les choses
Où l'oiseau mort est allongé
choses à moitié.
à moitié .
Porté par une petite fille
Qui n'arrête pas de pleurer
Familiale (Alinéa p.507)
La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu'est-ce qu'il fait le père ?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils et le fils
Qu'est-ce qu'il trouve le fils ?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père fait des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.