Résident I de Médecine Interne Pré-requis • Anatomie et Physiologie du SNC • Biochimie du SNC • Pharmacologie OBJECTIFS • Comprendre les grands mécanismes de survenue de l’AVC • Comprendre et connaître les différents syndromes et leurs manifestations cliniques • Comprendre la prise en Charge PLAN • Définition • Généralités • Physiopathologie • Etiologies • Présentation Clinique • Paraclinique • Prise En Charge • Prévention • Pronostic DEFINITION • Un accident vasculaire cérébral se définit comme un déficit neurologique d’installation brutale résultant de lésions vasculaires focales. GENERALITES • AVC ischémique • AVC hémorragique • Quand les signes et symptômes durent moins de 24 heures, on parle d’accident ischémique transitoire (AIT) • Quand ils dépassent plus de 24 heures, on parle d’AVC constitué PHYSIOPATHOLOGIE AVC ischémique • L’occlusion d’une artère intracrânienne entraîne une réduction du débit sanguin cérébral dans le territoire correspondant • Un arrêt complet de la circulation provoque une nécrose tissulaire en 4 à 10 minutes AVC ischémique • 2 voies • 1) Voie nécrotique. Effondrement rapide du cytosquelette de la cellule, essentiellement dû à une défaillance énergétique du métabolisme cellulaire • 2) Voie apoptotique. L’ischémie entraîne une nécrose en privant les neurones de glucose et d’oxygène, ce qui, à son tour, provoque une défaillance de la production d’ATP par les mitochondries AVC ischémique • Voie apoptotique. Privée d’ATP, la pompe ionique de la membrane ne peut plus fonctionner, et les neurones dépolarisés permettent une entrée massive de calcium dans la cellule. Les cellules dépolarisées libèrent également du glutamate au niveau des terminaisons synaptiques. AVC ischémique • Voie apoptotique. L’excès de glutamate extracellulaire exerce un effet neurotoxique en stimulant les récepteurs glutamatergiques post-synaptiques, ce qui augmente le flux entrant de calcium dans le neurone. La dégradation des membranes lipidiques et les troubles du fonctionnement des mitochondries produisent des radicaux libres. AVC ischémique • Voie apoptotique. Ces radicaux libres entraînent une destruction catalytique des membranes et vraisemblablement d’autres perturbations des fonctions vitales de la cellule. AVC hémorragique • L’hémorragie cérébrale résulte d’un saignement directement et autour du cerveau. • Elle produit des symptômes neurologiques par un effet de masse sur le tissu nerveux et par les effets toxiques directs du sang lui-même ou par une augmentation de la pression intracrânienne. ETIOLOGIES AVC ischémique • Macroangiopathies • Microangiopathies • Cardiopathie emboligène • Etat prothrombotique • Causes métaboliques AVC ischémique • Macroangiopathies • Athérosclérose • Dissections des artères cervicoencéphaliques • Certains médicaments (ISRS, vasoconstricteurs nasaux) ou toxiques (cannabis) qui provoquent un syndrome de vasoconstriction réversible. • Certaines artérites (Maladie de Horton) AVC ischémique • Microangiopathies • Infarctus dits ‘’lacunaires’’ • Maladies génétiques rares telles que le CADASIL • Artérites touchant les plus petites artères distales AVC ischémique • Cardiopathies emboligènes • Fibrillation auriculaire • Infarctus du myocarde • Prothèse valvulaire mécanique • Rétrécissement mitral • Thrombus dans l’atrium ou le ventricule gauche • Cardiomyopathie dilatée • Endocardite infectieuse AVC ischémique • Maladie de l’atrium • Atrésie segmentaire étendue du ventricule gauche • Myome de l’atrium • Anévrisme du septum interauriculaire • Foramen ovale perméable • Endocardite non bactérienne • Bioprothèse valvulaire • Calcifications annulaires mitrales AVC ischémique • Rétrécissement mitral sans fibrillation auriculaire • Rétrécissement aortique calcifié AVC ischémique • Etats prothrombotiques • Maladie de Vasquez • Thrombocytémie essentielle • CIVD • Anticorps anti-phospholipides AVC ischémique • Causes métaboliques • Drépanocytose • Maladie de Fabry • Mitochondriopathies AVC hémorragique • HTA chronique • Rupture dune malformation vasculaire • Hémophilie • Alcoolisme • Anticoagulants • Tumeurs cérébrales • Angiopathie amyloïde AVC hémorragique • Thrombose veineuse cérébrale • Endocardite infectieuse (rupture d’anévrisme mycotique) • Artérites cérébrales • Méningo-encéphalite herpétique PRESENTATION CLINIQUE • Circulation antérieure • Artère ophtalmique • Artère cérébrale antérieure • Artère cérébrale moyenne superficielle • Artère cérébrale moyenne profonde • Circulation postérieure • Artère cérébrale postérieure • Territoire vertébrobasilaire Artère ophtalmique Cécité monoculaire Artère cérébrale antérieure Déficit moteur à prédominance crurale. Syndrome frontal Artère cérébrale moyenne superficielle Déficit moteur à prédominance brachiofaciale Aphasie ou héminégligence Artère cérébrale profonde Hémiplégie proportionnelle Artère cérébrale postérieure Hémianopsie latérale homonyme hémianesthésie Territoire vertébrobasilaire Syndrome alterne Syndrome cérébelleux Infarctus médullaire cervical • L’AIT est un syndrome de menace cérébrale : • 30% des infarctus cérébraux sont précédés d’AIT • 10% des patients ayant été victimes d’un AIT vont présenter un AVC en l’absence de traitement spécifique dans le mois suivant. Score ABCD2 Age >6 0 ans 1 point Pression artérielle PAS > 140 ou PAD> 90 1 point Manifestation clinique Déficit moteur unilatéral 2 points Trouble du langage isolé 1 point Autre 0 point Durée < 10 minutes 0 point 10-59 minutes 1 point >60 minutes 2 points Diabète oui 1 point PARACLINIQUE • L’IRM est l’examen de référence pour confirmer le diagnostic d’AVC, en cas de non- accessibilité, on peut réaliser un scanner Scanner sans injection • Dans les premières heures • En cas d’infarctus cérébral, examen souvent normal • On peut avoir une hyperdensité artérielle • Un effacement des sillons corticaux • Une dédifférenciation substance blanche/substance grise Scanner sans injection • En cas d’hémorragie intraparenchymateuse: hyperdensité spontanée • Au-delà de la 6ème heure • L’hypodensité de l’infarctus cérébral apparaît et s’accentue les premiers jours • Elle entraîne après plusieurs mois, une dilatation du ventricule en regard et une atrophie localisée du parenchyme IRM • Sa sensibilité est nettement supérieure à celle du scanner • Le protocole d’urgence comporte quatre séquences • 1) Diffusion: elle visualise l’infarctus de manière très précoce (quelques minutes) IRM • 2) T2/Flair: elle visualise l’infarctus cérébral récent au bout de quelques heures et permet aussi l’identification des AVC plus anciens et des anomalies de la substance blanche • 3)T2(ou écho de gradient): elle visualise toute lésion hémorragique intraparenchymateuse • 4) time of flight (temps de vol ou 3D-Tof): séquence d’angio-RM réalisée sans injection de produit de contraste, pour l’étude des branches du polygone de Willis et la visualisation d’une éventuelle occlusion artérielle Examens complémentaires • Echo-doppler des troncs supra-aortiques • Angiographie des artères intracrâniennes • ECG • Ionogramme • CRP • Glycémie • Bilan lipidique Examens complémentaires • Bilan de coagulation (Plaquettes, TP, TCA) en cas d’hémorragie intraparenchymateuse PRISE EN CHARGE Mesures non-spécifiques • Alitement avec redressement de la tête à 30 degrés • Surveillance neurologique • Suspension de l’alimentation orale • Surveillance de la tension artérielle, en phase aigue on ne traite qu’en cas de chiffres élevés,>220/120 en cas d’infarctus cérébral Mesures non-spécifiques • Surveiller la fréquence cardiaque • Contrôle de la température, lutte contre l’hyperthermie • Contrôle de la saturation, lutte contre l’hypoxie et l’hypercapnie • Contrôle de la glycémie, lutte contre l’hyperglycémie et l’hypoglycémie • Perfusion avec du sérum physiologique Mesures non-spécifiques • Soins infirmiers: soins de la bouche, prévention des escarres • Kinésithérapie motrice précoce • Prévention de complications systémiques: Thrombo-emboliques, ulcère gastrique Thrombolyse • En cas d’infarctus cérébral • Rt-PA (activateur du plasminogène tissulaire) • 0.9 mg/kg jusqu’à 90 mg au maximum • 10% en bolus et le reste en 60 minutes • Monitoring continu de la TA • Pas d’autre traitement anti-thrombotique pendant 24h Thrombolyse • En cas d’aggravation neurologique ou d’HTA non-contrôlée, arrêter la perfusion, administrer cryoprécipité et refaire un examen d’imagerie cérébrale en urgence • Eviter un sondage vésical pendant plus de 2h Thrombolyse • Indications du rtPA • Diagnostic clinique d’AVC • Délai entre le début des symptômes et l’admission depuis moins de 3h • Absence d’hémorragiue ou d’oedème sur un tiers du territoire de l’ACM • Age supérieur à 18 ans • Consentement du patient Thrombolyse • Contre-indications du rtPA • TA> 185/110 de façon soutenue malgré le traitement • Plaquettes < 100 000; HCT < 25%; Glycémie <0.5 g/l ou > 4g/l • Administration d’héparine dans les 48h précédentes et TCA ou INR élevé • Amélioration rapide des symptômes Thrombolyse • Antécédent d’AVC ischémique ou de trauma crânien dans les 3 mois; antécédent d’hémorragie intracrânienne • Intervention chirurgicale majeure dans les 14 jours précédents • Symptômes mineurs d’AVC • Hémorragie digestive dans les 21 jours précédents • IDM récent • Coma ou stupeur Traitements antithrombotiques • Prescrits après un délai de 24 heures • Prévention d’une récidive précoce d’infarctus cérébral • Aspirine entre 160 et 300 mg par jour • Clopidogrel en cas de contre-indication à l’aspirine Autres traitements • Lutte contre l’oedème cérébral • Prise en charge neurochirurgicale en cas d’hémorragie intraparenchymateuse • Traitement des crises convulsives éventuellement Autres traitements • La rééducation d’un patient ayant eu un AVC doit être précoce et comprend: • Kinésithérapie • Ergothérapie • Orthophonie PREVENTION Prévention primaire • Contrôle de l’HTA • Arrêter le tabagisme • Contrôler l’hypercholestérolémie • Contrôler le diabète • Arrêter l’alcoolisme • Lutter contre l’obésité • Surveiller les migraines Prévention primaire • Prudence avec la contraception orale • Prise d’aspirine au long cours inutile en l’absence d’AIT ou d’infarctus cérébral • Traitement anticoagulant bénéfique en cas de fibrillation auriculaire Prévention secondaire • Contrôle des facteurs de risque vasculaires en cas d’athérosclérose • Traitement antiagrégant plaquettaire: aspirine, clopidogrel, association dipyridamole-aspirine • Prise en charge chirurgicale des sténoses carotidiennes serrées Prévention secondaire • Traitement des facteurs de risque et médicament antiplaquettaire en cas d’infarctus lacunaire • Antiagrégant plaquettaire en cas de cardiopathie emboligène Prévention secondaire • En cas d’hémorragies intraparenchymateuses • Traitement de l’HTA • Traitement endovasculaire ou chirurgical d’une malformation vasculaire • Correction d’un trouble de la coagulation PRONOSTIC • La mortalité après un AVC est de 20% à 1 mois et de 40% à 1 an • La mortalité est plus précoce en cas d’hémorragie intraparenchymateuse que d’infarctus cérébral, en raison de l’effet de masse • 40% des décès à distance sont liés à l’augmentation du risque coronarien • Un tiers des survivants sont dépendants • Un tiers des survivants gardent des séquelles tout en étant indépendants • Un tiers des survivants retrouvent leur état antérieur • Le pronostic fonctionnel est meilleur en cas de: • Age jeune • Infarctus cérébral de petite taille • Infarctus cérébral peu sévère • Hémorragie intraparenchymateuse plutôt qu’infarctus cérébral à taille égale (le saignement peut refouler les structures nerveuses sans destruction) • Entourage aidant • L’essentiel de la récupération se fait dans les trois premiers mois, mais elle se poursuit jusqu’à six mois • Les complications potentielles sont: • Récidive: 30% à 5 ans • Troubles cognitifs • Troubles de l’humeur post-AVC (dépression, anxiété) • Spasticité • Troubles vésico-sphinctériens • Douleurs neuropathiques et syndrome régional complexe • Epilepsie vasculaire • Syndrome parkinsonien et mouvements anormaux Suivi du patient • Les objectifs du patient post-AVC sont: • Evaluer les séquelles • Evaluer les complications neurologiques • Confirmer le diagnostic étiologique • S’assurer de la prescription, de la tolérance et efficacité du traitement de prévention secondaire • Evaluer le retentissement des facteurs de risque vasculaire sur les différents organes cibles Suivi du patient • Le suivi a lieu entre 3 et 6 mois après l’événement initial puis à 1 an • Une adaptation de la fréquence des visites ultérieures se fera au cas par cas BIBLIOGRAPHIE • Harrisson, Principes de Médecine Interne. 18ème édition. Volume 2. Lavoisier. Paris 2012 • Neurologie, ECN. 4ème édition. Elsevier Masson. Paris 2016.