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Berpotam
(1829)

Kalkotavaks : Sabrina Benkelloun (2013)

Prosper Mérimée
Tamango

Nouvelle
(1829)

Traduction : Sabrina Benkelloun (2013)


Tamango Tamango

Le capitaine Ledoux était un bon marin. Il avait Ledoux redakik tiyir stinaf biratotasik. Wetce
commencé par être simple matelot, puis il devint birelackik al bokayar, aze vanpiyir ikasugdavasik. Bak
aide-timonier. Au combat de Trafalgar, il eut la main Trafalgar meld, inafa taltenuba gan intaroida zo
gauche fracassée par un éclat de bois ; il fut amputé, nokodayar ; in zo vigabeyer aze dem ozexanya zo
et congédié ensuite avec de bons certificats. Le repos vragayar. Tildera va in katinsiyir, nume, tuke sokisa
ne lui convenait guère, et, l’occasion de se katecta, va corsaro tota wetce toleaf rikulik vilteyer.
rembarquer se présentant, il servit, en qualité de Erba malnariyina gu konak vangiks noveyer da va
second lieutenant, à bord d’un corsaire. L’argent qu’il yona neva di lusteyer ise va rietova va totara di
retira de quelques prises lui permit d’acheter des vayayar, beka va askiputuca ixam gruperseyer. Azon,
livres et d’étudier la théorie de la navigation, dont il vanpiyir redakik ke corsaro lugger tota dem baroyi
connaissait déjà parfaitement la pratique. Avec le buli is tev-sanoy drigik, ise treskasa tota ke Jersey va
temps, il devint capitaine d’un lougre corsaire de trois inyona sega ware setiked. Dili erolayar : in va tufama
canons et de soixante hommes d’équipage, et les remi geja al flavayar ise stale englik djupolaumasiyir.
caboteurs de Jersey conservent encore le souvenir de Va inafa zanira pu yon diliodaf parloesik gonofirviyir ;
ses exploits. La paix le désola : il avait amassé ise larde wetce elvik is bagalakirik zo grupeyer, tota
pendant la guerre une petite fortune, qu’il espérait drikon puon zo odiayar. Viele butcara va ebeltik zo
augmenter aux dépens des Anglais. Force lui fut kopouyur, ise kontan soe djuksubeyer, osk va pitcara
d’offrir ses services à de pacifiques négociants ; et, ke francaf liomikeem gonedobeyer, batse drikacacka,
comme il était connu pour un homme de résolution et voxosk va englaf toteem godivvawayar, banse
d’expérience, on lui confia facilement un navire. esacapa, bam Ledoux redakik di vanpiyir tciamik mu
Quand la traite des nègres fut défendue, et que, pour yon butcasik va vaptinta.
s’y livrer il fallut non-seulement tromper la vigilance
des douaniers français, ce qui n’était pas très-difficile,
mais encore, et c’était le plus hasardeux, échapper
aux croiseurs anglais, le capitaine Ledoux devint un
homme précieux pour les trafiquants de bois d’ébène.

Bien différent de la plupart des marins qui ont


langui longtemps comme lui dans les postes
subalternes, il n’avait point cette horreur profonde Amidapaf gu lo birelik prelkapayas dum int dene
des innovations, et cet esprit de routine qu’ils valevef play, me tiyir akladapas va warzaca mei
apportent trop souvent dans les grades supérieurs. Le skintackaf inde bantan debalon gu vamoefa ekava
capitaine Ledoux, au contraire, avait été le premier à fererson gipled. Volson, Ledoux redakik al tiyir taneik
recommander à son armateur l’usage des caisses en juikeyes pu dorjesik va unera va azilaf yult ta dogira
fer, destinées à contenir et conserver l’eau. À son va lava isu videra. Moe inafa tota, koxol is busum
bord, les menottes et les chaînes, dont les bâtiments ( jontikote sotigis moe levetirikafa tota ) kare warzaf
négriers ont provision, étaient fabriquées d’après un bolk zo askedayad ise kev drajeba vetcoyenon zo
système nouveau, et soigneusement vernies pour les dupluyud. Vexe coba daskiyisa va cuga poruca
préserver de la rouille. Mais ce qui lui fit le plus vanmia levetirikaf dolekikeem, tiyir vegedura inon
d’honneur parmi les marchands d’esclaves, ce fut là dirgana va brick tota ta butcara, i va gemafa italtota,
construction, qu’il dirigea lui-même, d’un brick vwepafa, abrotcafa dum gejatota nek jontikote
destiné à la traite, fin voilier, étroit, long comme un roburesa va ebeltik. In va ina gu Espérance yoltayar.
bâtiment de guerre, et cependant capable de contenir Kuraniyir da vwepafu azebacku tiyid ontinafu vas
un très-grand nombre de noirs. Il le nomma anton baroy pied lumolk is balemoy pouce lumolk,
l’Espérance. Il voulut que les entre-ponts, étroits et espuson da bat lum noveyer da ontinackaf levetirik
rentrés, n’eussent que trois pieds quatre pouces de delvejon rodebanyeyed ; ison tokdume
haut, prétendant que cette dimension permettait aux goderanyad ? « Viele koe boniaxo tigitid, umeke
esclaves de taille raisonnable d’être commodément ranyeted !» Ebeltik, gegis va domaxa ke tota, is
assis ; et quel besoin ont-ils de se lever ? « Arrivés rundayan moe toloya lanibelcafa conya, va vlardafa
aux colonies, disait Ledoux, ils ne resteront que trop darka wale yon nugeem iskeyed. Moe kotara
sur leurs pieds ! » — Les noirs, le dos appuyé aux levetirikafa tota bata darka va pridura sozanudar.
bordages du navire, et disposés sur deux lignes Ledoux gestayar da ar ebeltik moe bat waluk di zo
parallèles, laissaient entre leurs pieds un espace vide, rundayad, debanyeson bide batyon. Batkane, inafa
qui, dans tous les autres négriers, ne sert qu’à la tota va mon sanoy ebeltik loon dam konara ke milaf
circulation. Ledoux imagina de placer dans cet molt dogiyir. Dace, loote zo co-rundayad ; vexe in
intervalle d’autres nègres, couchés tiyir ayevaf nume kot ebeltik va abrotce vas aluboy

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perpendiculairement aux premiers. De la sorte, son pied lumolk is mante vas toloy, ta kaliziwera remi
navire contenait une dizaine de nègres de plus qu’un tevoya remlapisa safta ok loon, cugon dadiyir ;
autre du même port. À la rigueur, on aurait pu en « lecen ae, ~ Ledoux ta rigavara va bata mantukafa
placer davantage ; mais il faut avoir de l’humanité, et sabega pu dorjesik kaliyir, ~ turkon, ebeltik tir ayik
laisser à un nègre au moins cinq pieds en longueur et dum batakik. »
deux en largeur pour s’ébattre, pendant une
traversée de six semaines et plus ; « car enfin, »
disait Ledoux à son armateur pour justifier cette
mesure libérale, « les nègres, après tout, sont des
hommes comme les blancs. »

L’Espérance partit de Nantes un vendredi, comme Darekeon. Ba lan teveaviel inde jontik broyesik
le remarquèrent depuis des gens superstitieux. Les batvielu di katcalad, Espérance tota va Nantes
inspecteurs qui visitèrent scrupuleusement le brick ne mallapir. Liomaf kodisukesik va brick wegayeson
découvrirent pas six grandes caisses remplies de worad voxe va tevoy yultap kotraf gu roda is koxol is
chaînes, de menottes, et de ces fers que l’on nomme, bat busum yoltkiraf gu malyerotafa obla ( me grupé
je ne sais pourquoi, barres de justice. Ils ne furent dume man trogarn ) me kosmad. Granafa eksa dem
point étonnés non plus de l’énorme provision d’eau lava burena gan Espérance va sin milinde me gevar,
que devait porter l’Espérance, qui, d’après ses beka tota, sedme intaf eluxaxeem kal Senegal anton
papiers, n’allait qu’au Sénégal pour y faire le fu lapir, ta kazara va inta is wula. Koyara sometir
commerce de bois et d’ivoire. La traversée n’est pas abrotcifa, tire, vexe ae xelkararsa somerodasar.
longue, il est vrai, mais enfin le trop de précautions, Debalon ice vumelte, tokkane a lava romoblit ?
ne peut nuire. Si l’on était surpris par un calme, que
deviendrait-on sans eau ?

L’Espérance partit donc un vendredi, bien gréée et


bien équipée de tout. Ledoux aurait voulu peut-être
des mâts un peu plus solides ; cependant, tant qu’il Kle Espérance tota ba lan teveaviel mallapir,
commanda le bâtiment, il n’eut point à s’en plaindre. vemuckuyuna is rabandeckeyena gu kotcoba. Ledoux
Sa traversée fut heureuse et rapide jusqu’à la côte va lodelamaf noriskeem rotir al co-kuranir ; wori
d’Afrique. Il mouilla dans la rivière de Joale (je crois) kotedje va tota dirgar, meviele temer. Remlapira tir
dans un moment où les croiseurs anglais ne kalafa is kaliafa kal krimta ke Afrika. Koe Joale reca
surveillaient point cette partie de la côte. Des ( folí ) gondar edje englafa pitcasa tota va bati
courtiers du pays vinrent aussitôt à bord. Le moment krimtaki me eninted. Parloesik ke bata vema va tota
était on ne peut plus favorable ; Tamango, guerrier fure molanid. Vula cugeke progetir ; Tamango, vartaf
fameux et vendeur d’hommes, venait de conduire à la gejik is dolesik va ayik, va jontikote levetirik kal
côte une grande quantité d’esclaves ; et il s’en krimta su star ; ise gradjokon jovler, dum ayik pestes
défaisait à bon marché, en homme qui se sent la pockaf ta wilufa borpara va xo vielu plek ke inafa
force et les moyens d’approvisionner promptement la kaza turiawed.
place, aussitôt que les objets de son commerce y
deviennent rares.

Le capitaine Ledoux se fit descendre sur le rivage,


et fit sa visite à Tamango. Il le trouva dans une case Ledoux redakik va domega titlapir aze va
en paille qu’on lui avait élevée à la hâte, accompagné Tamango worar. Koe baplaga kalion vegeduyuna
de ses deux femmes et de quelques sous-marchands kevlanir, va ino do toloy yerumanik is konak
et conducteurs d’esclaves. Tamango s’était paré pour levetirikaf dolekamik isu stasik. Tamango ta emudera
recevoir le capitaine blanc. Il était vêtu d’un vieil va batakaf redakik va int al ingar. Va guazaf faltaf
habit d’uniforme bleu, ayant encore les galons de tantazukot dem ware rizafa mepta diskir ; vox bene
caporal ; mais sur chaque épaule pendaient deux kota epita dem toloye moavayafe usize
épaulettes d’or attachées au même bouton, et vaniksantuyune gu mil tialt is nyedawese bate keveon
ballottant, l’une par-devant, l’autre par-derrière. vox bane kakeon. Larde va klaim me diskir ise vage
Comme il n’avait pas de chemise, et que l’habit était tir trelarsafe gu man ontinik, nokap dem ebeltafa
un peu court pour un homme de sa taille, on alma vektasa va mantafa anamba wale batakaf
remarquait entre les revers blancs de l’habit et son trovgayeem ke vage is pami kum Guinea stama zo
caleçon de toile de Guinée une bande considérable de katcalar. Okoldikaf abaltap bene wazdel vakriluon
peau noire qui ressemblait à une large ceinture. Un rumkawer, ise ino va englaxantaf tolviltas zeltany koe
grand sabre de cavalerie était suspendu à son côté au nuba gir. Kan man ugol, bat afrikaf gejik va int
moyen d’une corde, et il tenait à la main un beau glabon loon dam kot afriskaf glabajik ke Paris ok

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fusil à deux coups, de fabrique anglaise. Ainsi équipé, London fomonedir.
le guerrier africain croyait surpasser en élégance le
petit-maître le plus accompli de Paris ou de Londres.

Le capitaine Ledoux le considéra quelque temps en


silence, tandis que Tamango, se redressant à la
Ledoux redakik va ino konakedje amliton dizver,
manière d’un grenadier qui passe à la revue devant
edje Tamango, madagison dum moldeyik wigan gan
un général étranger, jouissait de l’impression qu’il
kon divef jadiwik, va intafa litesira pu batakik pojar.
croyait produire sur le Blanc. Ledoux, après l’avoir
Ledoux, rindeyeson wetce grupesik, van toleafayik
examiné en connaisseur se tourna vers son second,
rwoder aze kalir : « Batse godjik rolusten ika vugon
et lui dit : « Voilà un gaillard que je vendrais au
decitoy talolk ko Martinika, sokon gu galera is
moins mille écus, rendu sain et sans avaries à la
viracka. »
Martinique. »

On s’assit, et un matelot qui savait un peu la


langue wolofe servit d’interprète. Les premiers Kottan debanyar, aze wolofavumus birelik va
compliments de politesse échangés, un mousse kalavasik zanudar. Moi taneafa sintafa dolafa cpara,
apporta un panier de bouteilles d’eau-de-vie ; on but, jotaf totik va klita dem lavajebak vanburer ; kottan
et le capitaine, pour mettre Tamango en belle ulir aze redakik, enide va Tamango di aflicesir, va
humeur, lui fit présent d’une jolie poire à poudre en leltaf goakany dem laef delt va Napoléon firvir. Moi
cuivre, ornée du portrait de Napoléon en relief. Le katisa monalera va siabeks, kottel lent lavajebak lev
présent accepté avec la reconnaissance convenable, izga debanyar, aze Tamango sugdavar enide golusten
on sortit de la case, on s’assit à l’ombre en face des levetirik di zo atoed.
bouteilles d’eau-de-vie, et Tamango donna le signal
de faire venir les esclaves qu’il avait à vendre.

Ils parurent sur une longue file, le corps courbé


par la fatigue et la frayeur, chacun ayant le cou pris
Moe ematcap awid, ton alto xowasino gan cuera is
dans une fourche longue de plus de six pieds, dont
kovudara, ton sinafa berga licana gan irigapa vas
les deux pointes étaient réunies vers la nuque par
tevoy pied lumolk dem toloy uul budewes poke
une barre de bois. Quand il faut se mettre en marche,
kapray kan obla kum inta. Ba lanira, tan stasik mo
un des conducteurs prend sur son épaule le manche
intafa epita va ewazalt ke iriga ke taneaf levetirik
de la fourche du premier esclave ; celui-ci se charge
plekur ; bantan va iriga ke azaf toleik vajuler ; toleik
de la fourche de l’homme qui le suit immédiatement ;
va iriga ke bareaf levetirik burer, ikz- milkane. Ba
le second porte la fourche du troisième esclave, et
ritara, stasik va ematc va uulafa otsa ke ewazalt ke
ainsi des autres. S’agit-il de faire halte, le chef de file
iriga kosidar nume kotafa sipuxa vukir. Tire, kontan
enfonce en terre le bout pointu du manche de sa
va otcera sometrakur viele va peyapa vas tevoy pied
fourche, et toute la colonne s’arrête. On juge
lumolk bene berga burer.
facilement qu’il ne faut pas penser à s’échapper à la
course, quand on porte attaché au cou un gros bâton
de six pieds de longueur.

À chaque esclave mâle ou femelle qui passait


devant lui, le capitaine haussait les épaules, trouvait Redakik va kote levetirikye kabduolanise oku
les hommes chétifs, les femmes trop vieilles ou trop levetirikya epitumar, krupter da ayikye tir rabetarsafe
jeunes et se plaignait de l’abâtardissement de la race ise ayikya tir guazarsafa ok jotarsafa, ise va
noire. « Tout dégénère, disait-il ; autrefois, c’était tugasuawera ke ebeltazaava temer. « Kotcoba tittir,
bien différent. Les femmes avaient cinq pieds six ~ kalir ;~ dare, amidapafa. Ayikya tiyir ontinafa vas
pouces de haut, et quatre hommes auraient tourné aluboy pied lumolk is tevoy pouce, ise anton
seuls le cabestan d’une frégate, pour lever la balemoye ayikye va sotola ke fregata tota ta madara
maîtresse-ancre. » va nelkafa ekasta co-taceyed. »

Cependant, tout en critiquant, il faisait un premier


choix des noirs les plus robustes et les plus beaux.
Neke, malyopason, va taneafa solnarira va yon
Ceux-là, il pouvait les payer au prix ordinaire ; mais,
loprantaf is lolistaf ebeltik. Va bat ika gubefo dro
pour le reste, il demandait une forte diminution.
rododer ; voxe ika arak, va irutarapa erur. Tamango,
Tamango, de son côté, défendait ses intérêts, vantait
mu int, va dulapok rojur, va doleks sisker, va riuca ke
sa marchandise, parlait de la rareté des hommes et
ayik is arpumara ke butcara pulvir. Zolter, eruson va
des périls de la traite. Il conclut en demandant un
dro ( mea setiké droe ) ika levetirikeem djuvajan gan

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prix, je ne sais lequel, pour les esclaves que le batakaf redakik.
capitaine blanc voulait charger à son bord.

Aussitôt que l’interprète eut traduit en français la


Moi kalfrancavara va drageks ke Tamango gan
proposition de Tamango, Ledoux manqua tomber à la
kalavasik, Ledoux riwe dimeluber, akoyen is pan ;
renverse de surprise et d’indignation ; puis,
azon, prejason va konaka vogadaraja, ranyar dumede
murmurant quelques jurements affreux, il se leva
va beta dolerayera gu man volbecik djukujoar. Bam
comme pour rompre tout marché avec un homme
Tamango va in kagir ; wavdon lajudimdebanyasir.
aussi déraisonnable. Alors Tamango le retint ; il
Warzaf tirac zo fenkur aze sin gin flided. Ebeltik
parvint avec peine à le faire rasseoir. Une nouvelle
silukon krupter da drageks ke batakik tid oviskaf is
bouteille fut débouchée, et la discussion
vrostagaf. Kottol ier, jontikedje mijer, zulton ulir ;
recommença. Ce fut le tour du noir à trouver folles et
vexe lavajeb va toloy zubisik amidapon daskir. Loon
extravagantes les propositions du Blanc. On cria, on
francik ulir, pune loon va firvira irutar ; loon afrikik
disputa longtemps, on but prodigieusement d’eau-de-
ulir, pune loon va espera xaadar. Acum, ba tena ke
vie ; mais l’eau-de-vie produisait un effet bien
kita, fined. Yon kiltayaj is abica goa is konaki
différent sur les deux parties contractantes. Plus le
teyraporki is baroy milunt dem lavajeb is alub-sanoy
Français buvait, plus il réduisait ses offres, plus
zeltany ika decem-tev-sanoy levetirik zo moorbed. Ta
l’Africain buvait, plus il cédait de ses prétentions. De
vlabera va bioga, redakik va nuba ke izakackaf
la sorte, à la fin du panier, on tomba d’accord. De
ebeltik dendar, nume vere levetirik pu francaf birelik
mauvaises cotonnades, de la poudre, des pierres à
zo zilid. Va iriga kum inta mbi deswad voxe gu
feu, trois barriques d’eau-de-vie, cinquante fusils mal
vierma is azilaf koxol vere zo foltenad ; batcoba va
raccommodés furent donnés en échange de cent
soixante esclaves. Le capitaine, pour ratifier le traité, vamouca ke europaf seltay sonedir.
frappa dans la main du Noir plus qu’à moitié ivre, et
aussitôt les esclaves furent remis aux matelots
français, qui se hâtèrent de leur ôter leurs fourches
de bois pour leur donner des carcans et des menottes
en fer ; ce qui montre bien la supériorité de la
civilisation européenne.

Restait encore une trentaine d’esclaves : c’étaient


des enfants, des vieillards, des femmes infirmes. Le Mon bar-sanoy levetirik wan zavzagid : tid rumeik
navire était plein. is guazik is tcunikya. Tota tir kotrafa.

Tamango, megrupeso va coba gu bat dimfaveks


Tamango, qui ne savait que faire de ce rebut,
rotaskir, pu redakik firvir da ika tanoy lavajebaf tirac
offrit au capitaine de les lui vendre pour une bouteille
sotre olkik vaon dolé. Firvira tir brostasa. Ledoux
d’eau-de-vie la pièce. L’offre était séduisante. Ledoux
setiker da katecton gu zirsera va « Vêpres
se souvint qu’à la représentation des Vêpres
Siciliennes » drunta koe Nantes, nope roraxivanuca
Siciliennes à Nantes, il avait vu bon nombre de gens
ke ayaltoeem, va jontik pwertik kolanis va ixam
gros et gras entrer dans un parterre déjà plein, et
kotrafa troyta nek lajudebanyas al wir. Va tol-sanoy
parvenir cependant à s’y asseoir, en vertu de la
lofroxaf levetirik ke bar-sana solnarir.
compressibilité des corps humains. Il prit les vingt
plus sveltes des trente esclaves.

Alors Tamango ne demanda plus qu’un verre Bam Tamango va tanoy galemacek ke lavajeb ika
d’eau-de-vie pour chacun des dix restants. Ledoux kot arakik anton imaxur. Ledoux under da rumeik va
réfléchit que les enfants ne paient et n’occupent que rundacku koe sanef diremuk anton doder ise kereler.
demi-place dans les voitures publiques. Il prit donc In va baroy velik kle narir ; vexe dakter da va kon lof
trois enfants ; mais il déclara qu’il ne voulait plus se ebeltik mea djuvajuler. Tamango, wison da peroy
charger d’un seul noir. Tamango, voyant qu’il lui levetirik deneon wan zavzagid, va zelt ebidur aze va
restait encore sept esclaves sur les bras, saisit son taneafa ayikya kulmer : tir gadikya ke bat baroy
fusil et coucha en joue une femme qui venait la rumeik. « Lustel, ~ ino pu batakik kalir, ~ oke va ina
première : c’était la mère des trois enfants. — atá !! ika galemacekam ke lavajeb oke viltá !!»
« Achète, dit-il au Blanc, ou je la tue ; un petit verre « Lexe, icde inya va tokcoba gestil da rotaskí ?
d’eau-de-vie ou je tire. — Et que diable veux-tu que ~ Ledoux dulzer. » Tamango ve viltar nume levetirik
j’en fasse ? » répondit Ledoux. Tamango fit feu, et mo sid luber, xonukeyes. « Tetce ! Va ar, ~ Tamango
l’esclave tomba morte à terre. — « Allons, à un autre, diviegar, kulmeson va apcanyeckese guazikye :~ ika
s’écria Tamango en visant un vieillard tout cassé : un galemacek ke lavajeb, oke… » Tan yerumanik va
verre d’eau-de-vie, ou bien… » Une de ses femmes lui inafa ma danter nume vilt xuyavon malnir. Inya va

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détourna le bras, et le coup partit au hasard. Elle diolaf negasik gu bat guazik atatan gan ino su
venait de reconnaître dans le vieillard que son mari pilkomodar. Bantel lanviele al abdikalir da ina titir
allait tuer un guiriot ou magicien qui lui avait prédit gazik.
qu’elle serait reine.

Tamango, que l’eau-de-vie avait rendu furieux, ne


Tamango, tuyatkano gan lavajeb, wison va intafa
se posséda plus en voyant qu’on s’opposait à ses
kuranira tsunena, va int mea stujer. Va yerumanik
volontés. Il frappa rudement sa femme de la crosse
kan flam ke zelt figon alier ; aze rwodeson van
de son fusil ; puis se tournant vers Ledoux : « Tiens,
Ledoux : « Djay, ~ kalir, ~ va bata ayikya zilí !!» Ina
dit-il, je te donne cette femme. » Elle était jolie.
tir listafa. Ledoux va ina kiceson disuker, aze ben
Ledoux la regarda en souriant, puis il la prit par la
nuba konarir : « Trasickití liz rundatá, ~ kalir. »
main : « Je trouverai bien où la mettre, » dit-il.
Kalavasik tir ayafamik. Va liwayaf olaxak pu
L’interprète était un homme humain. Il donna une
Tamango zilir, nume va tevoy zavzagis levetirik erur.
tabatière de carton à Tamango, et lui demanda les six
Va sin gu iriga tunuyar, aze nover da sin romallanid
esclaves restants. Il les délivra de leurs fourches, et
liz djumed. Vere yated, ronon ok talton, toktepen ede
leur permit de s’en aller où bon leur semblerait.
va vo arte tol-decemoy lieue solumolk male krimta
Aussitôt ils se sauvèrent, qui de çà, qui de là, fort
godimdenlanid.
embarrassés de retourner dans leur pays à deux
cents lieues de la côte.

Cependant le capitaine dit adieu à Tamango et Wori redakik va Tamango donekiavar aze viunsur
s’occupa de faire au plus vite embarquer sa da inaf dolekseem cugon kalion zo kototar. Jontikedje
cargaison. Il n’était pas prudent de rester longtemps zavzagira moe bost sotir meproyaca, lecen kona
en rivière, les croiseurs pouvaient reparaître, et il enintesa tota betviele gin rotawir, batdume in
voulait appareiller le lendemain. Pour Tamango, il se direvielon djudimgondar. Tamango, ino, mo werd
coucha sur l’herbe, à l’ombre, et dormit pour cuver senyar, lev izga, aze keniber nume va lavajeb ilwir.
son eau-de-vie.

Quand il se réveilla, le vaisseau était déjà sous


voiles et descendait la rivière. Tamango, la tête Viele divmoder, tota ixam tir italayana ise va bost
encore embarrassée de la débauche de la veille, katitlapiyir. Tamango, ton taka ware kotramafa gu
demanda sa femme Ayché. On lui répondit qu’elle eldefa gruspera, va Ayché yerumanik erur. Kontel
avait eu le malheur de lui déplaire, et qu’il l’avait dulzer da ine goxe al volpuver nume ino pu batakaf
donnée en présent au capitaine blanc, lequel l’avait redakik al siaber. Bantel va ine mo inafa tota al
emmenée à son bord. À cette nouvelle, Tamango vanstar. Ba bat warzot, Tamango, woltendano, va
stupéfait se frappa la tête, puis il prit son fusil, et intafa taka dendar, aze va zelt narir, ise larde bost va
comme la rivière faisait plusieurs détours avant de se konak gonoy kale bira dadir, koo lorontifa kelda kal
décharger dans la mer, il courut, par le chemin le vurjama tigisa arte acku ke lieue soluma abdue reca
plus direct, à une petite anse, éloignée de vulter. Batlize, va witka djupotrasir kane va brick tota
l’embouchure d’une demi-lieue. Là, il espérait trouver kagavesa gan jontika vristaca ke bost rodomineter.
un canot avec lequel il pourrait joindre le brick, dont Me al roklar : keskeon, ko witka rovograblur aze va
les sinuosités de la rivière devaient retarder la levetirikafa tota rokevlapir.
marche. Il ne se trompait pas : en effet, il eut le
temps de se jeter dans un canot et de joindre le
négrier.

Ledoux fut surpris de le voir, mais encore plus de Wison va ino, Ledoux zo akoyer, vexe ware loon
l’entendre redemander sa femme. « Bien donné ne se viele va yerumanik mbi dimerur. « Ziliks zo
reprend plus, » répondit-il ; et il lui tourna le dos. Le somedimnarir, ~ dulzer aze genedir. » Ebeltik
noir insista, offrant de rendre une partie des objets karaker, firvison da va pak ke plekeem kazawayan
qu’il avait reçus en échange des esclaves. Le ika levetirik dimbildeter. Redakik toz kiper, kalir da
capitaine se mit à rire, dit qu’Ayché était une très- Ayché tir listapikya nume zo djusur. Bam kimtafo
bonne femme, et qu’il voulait la garder. Alors le Tamango ikuzapar ise kranaveson kizoyur dum kon
pauvre Tamango versa un torrent de larmes, et sik nubaropes. Onton moe azeba krafur, rozason va
poussa des cris de douleur aussi aigus que ceux d’un abegafe Ayché ; onton va intafa taka kev azeb
malheureux qui subit une opération chirurgicale. dendar dumede djukukser. Dure vurkaf, redakik,
Tantôt il se roulait sur le pont en appelant sa chère nedison va domega, sugdavar da ino berde
Ayché ; tantôt il se frappait la tête contre les gomallanir ; vexe Tamango linver. Va intaf moavayaf

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planches, comme pour se tuer. Toujours impassible, usizeeem isu zelt isu abalt dace siaber. Kotcoba tir
le capitaine, en lui montrant le rivage, lui faisait signe mefavlafa.
qu’il était temps pour lui de s’en aller ; mais Tamango
persistait. Il offrit jusqu’à ses épaulettes d’or, son
fusil et son sabre. Tout fut inutile.

Pendant ce débat, le lieutenant de l’Espérance dit


Bak bata atatcera, rikulik ke Espérance pu redakik
au capitaine : « Il nous est mort cette nuit trois
kalir : « Baroy levetirik daremielon al mulufted ;
esclaves ; nous avons de la place. Pourquoi ne
acum va runda milote dadit. Tokdume va bat godjaf
prendrions-nous pas ce vigoureux coquin, qui vaut
facilik ant vodas loon dam baroy awalkik me co-
mieux à lui seul que les trois morts ? » — Ledoux fit
konarit ?» Ledoux under da Tamango ika decitoy
réflexion que Tamango se vendrait bien mille écus ;
talolk zo rodolecketer ; ise bata koyara, ape
que ce voyage, qui s’annonçait comme très-profitable
impavantakirapafa, dere ape co-tir inafa ironokafa ;
pour lui, serait probablement son dernier ; qu’enfin
ise adim inafa tufa tisa tadleyena is int ebgatas va
sa fortune étant faite, et lui renonçant au commerce
levetirikafa kazara, iskera va lana ok ara sposuca
d’esclaves, peu lui importait de laisser à la côte de
kene Guinea pargalu tir volzolonaca. Ostik, domega
Guinée une bonne ou une mauvaise réputation.
tir vlardafa, ise bat afrikaf gejik stoprerson tigir. Soe
D’ailleurs le rivage était désert, et le guerrier africain
tanoya coba ware : ino va ervoeem mbi gosolimpar ;
entièrement à sa merci. Il ne s’agissait plus que de
lecen plekuvera, edje ino wan dadir, co-keunisir.
lui enlever ses armes ; car il eût été dangereux de
Ledoux va zelt pu ino kle erur enide rinder ise
mettre la main sur lui pendant qu’il les avait encore
ravaldar da in lidroe dam listafe Ayché vodar.
en sa possession. Ledoux lui demanda donc son fusil,
Garestasison va siuva, redakik va goa div meriz ins
comme pour l’examiner et s’assurer s’il valait bien
lubesir. Miledje rikulik va abalt nubar ; aze, Tamango
autant que la belle Ayché. En faisant jouer les
tiso baservoayano, toloy godjaf birelik va ino
ressorts, il eut soin de laisser tomber la poudre de
moebidud, mo ge trovgad aze toz gluyedad. Acagira
l’amorce. Le lieutenant de son côté maniait le sabre ;
ke ebeltik tir gradilafa. Dimdunuson moi taneafa
et, Tamango se trouvant ainsi désarmé, deux
akoyera, is nekev troyera ke intafa tirka, ino va toloy
vigoureux matelots se jetèrent sur lui, le
birelik jontikedje lyumar. Tuke zultafo po, gire
renversèrent sur le dos, et se mirent en devoir de le
lajuranyar. Va ayik gis bene berga tanon nubokason
garrotter. La résistance du noir fut héroïque. Revenu
agvundur ; va ki ke intafe vage koe nubeem ke toleik
de sa première surprise, et malgré le désavantage de
jovler aze va rikulik iper enide va abalt lasoltiolter.
sa position, il lutta longtemps contre les deux
Bantel va ino mo taka tazer, nume va mantaf vox
matelots. Grâce à sa force prodigieuse, il parvint à se
dambaf bakaks daskir. Tamango gire luber. Kreme
relever. D’un coup de poing, il terrassa l’homme qui
inaf nubeem isu nugeem zo gluyad. Edje va int rojur,
le tenait au collet ; il laissa un morceau de son habit
riyomeson kizoyur ise tegulawer dum wafibol
entre les mains de l’autre matelot, et s’élança comme
gralombeyen koe stama ; vexe rabateson da kota
un furieux sur le lieutenant pour lui arracher son
acagira tir mefavlafa, itabuder ise batvielu mekon
sabre. Celui-ci l’en frappa à la tête, et lui fit une
zekar. Inafa pofa is kaliapafa kagaelara ant wazder
blessure large, mais peu profonde. Tamango tomba
da ino wan tir bliso.
une seconde fois. Aussitôt on lui lia fortement les
pieds et les mains. Tandis qu’il se défendait, il
poussait des cris de rage, et s’agitait comme un
sanglier pris dans les toiles ; mais, lorsqu’il vit que
toute résistance était inutile, il ferma les yeux et ne
fit plus aucun mouvement. Sa respiration forte et
précipitée prouvait seule qu’il était encore vivant.

« Parbleu ! » s’écria le capitaine Ledoux, « les


noirs qu’il a vendus vont rire de bon cœur en le
voyant esclave à son tour. C’est pour le coup qu’ils « Fotce ! ~ Ledoux redakik eviegar, ~ ebeltik inon
verront bien qu’il y a une Providence. » Cependant le doleyen nuedon fu kipegad, wison da ino silukon tir
pauvre Tamango perdait tout son sang. Le charitable levetirik. Efe wickitid da vedistuca krulder. » Batedje
interprète, qui la veille avait sauvé la vie à six Tamango va jontik fortey drasur. Sodaf kalavasik, tel
esclaves, s’approcha de lui, banda sa blessure et lui darevielon giwayas va blira ke tevoy levetirik,
adressa quelques paroles de consolation. Ce qu’il put vanlanir, va inaf bakaks noker ise va konaka vinusa
lui dire, je l’ignore. Le noir restait immobile, ainsi ewa maner. Va coba kalir, me grupé. Ebeltik zavzar
qu’un cadavre. Il fallut que deux matelots le mezekas, dum awalkoda. Toloy birelik va ino dum
portassent comme un paquet dans l’entre-pont, à la eruilt ko azebacku mo balikeyena runda gobured.
place qui lui était destinée. Pendant deux jours, il ne Tolvielcekon me djumulir meie djumestur ; vugeke

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voulut ni boire ni manger ; à peine lui vit-on ouvrir itafenkur. Gralomen dositik, dare inaf xaanik, wison
les yeux. Ses compagnons de captivité, autrefois ses va ino awiso, akoydon zo gevad. Nekev sinafa
prisonniers, le virent paraître au milieu d’eux avec un volkaluca inon nekiyina, kivara va ino tir mana da
étonnement stupide. Telle était la crainte qu’il leur metan rovepobaxar.
inspirait encore, que pas un seul n’osa insulter à la
misère de celui qui avait causé la leur.

Favorisé par un bon vent de terre, le vaisseau


s’éloignait rapidement de la côte d’Afrique. Déjà sans
Tukuvana gan malsidayafa sukaracka, tota va
inquiétude au sujet de la croisière anglaise, le
afrikafa krimta kalion illapir. Daletoe mea dwison va
capitaine ne pensait plus qu’aux énormes bénéfices
englafa enintera, redakik va granafa belunda kesa
qui l’attendaient dans les colonies vers lesquelles il se
koe boniaxo liz lapir, anton trakur. Inafa vaptinta
dirigeait. Son bois d’ébène se maintenait sans
videwecker. Me uzertafa akola. Anton san-toloy
avaries. Point de maladies contagieuses. Douze
ebeltik al idulawalked : tir grewej. Enide inaf ayaf
nègres seulement, et des plus faibles, étaient morts
dolekseem va cuera ke remlapira vugon mejer,
de chaleur : c’était bagatelle. Afin que sa cargaison
levetirik va azeba kotvielon ticlanid. Sotre
humaine souffrît le moins possible des fatigues de la
siluksilukon bareaca, bat kimtik va tanoy bartiv ta
traversée, il avait l’attention de faire monter tous les
intafa eskara va gael tori vielcek tiskid. Kivason va
jours ses esclaves sur le pont. Tour à tour un tiers de
kevmadara, drigki, ervokirapafi, en eninter ; ison kot
ces malheureux avait une heure pour faire sa
busum mevaron zo tiolter. Dile grudingeltus birelik va
provision d’air de toute la journée. Une partie de
sin gu dolpa fariur. Wira va kotbata ebeltafa vola
l’équipage les surveillait armée jusqu’aux dents, de
rwodesa van lexusik az ekekon drasusa va akoydafa
peur de révolte ; d’ailleurs, on avait soin de ne jamais
muxara va gripokolera az kipepesa is nubaliesa viele
ôter entièrement leurs fers. Quelquefois un matelot
busum nover, mana wira tir rilitaca. Funtera sotir
qui savait jouer du violon les régalait d’un concert. Il
adrafa gu galera ; batdume tana tugalesisa ksubera
était alors curieux de voir toutes ces figures noires se
ke Ledoux redakik tir stutesira va levetirik inde
tourner vers le musicien, perdre par degrés leur
kototayan okol remi remlapirapa zo gibraldesir.
expression de désespoir stupide, rire d’un gros rire,
« Tetce, fanik, stutec, va int deasec !! ~ redakik kalir,
et battre des mains quand leurs chaînes le leur
kan vinustasa puda is ermitason va playustapa. »
permettaient. — L’exercice est nécessaire à la santé ;
Nume kreme kimtaf ebeltik grabled ise stuted.
aussi l’une des salutaires pratiques du capitaine
Ledoux c’était de faire souvent danser ses esclaves,
comme on fait piaffer des chevaux embarqués pour
une longue traversée. « Allons, mes enfants, dansez,
amusez-vous, » disait le capitaine d’une voix de
tonnerre, en faisant claquer un énorme fouet de
poste. Et aussitôt les pauvres noirs sautaient et
dansaient.

Quelque temps la blessure de Tamango le retint


sous les écoutilles. Il parut enfin sur le pont ; et Bakaks va Tamango valeve best konakedje kagir.
d’abord relevant la tête avec fierté au milieu de la Ino mo azeba adim awir ; aze taneon oklon
foule craintive des esclaves, il jeta un coup d’œil takamadason vanmiae kivasi levetirikafi tari, va
triste, mais calme, sur l’immense étendue d’eau qui lavafe divatcepe aname tota gabenton vox vumelton
environnait le navire, puis il se coucha, ou plutôt se kodisuker aze senyar, oke kre mo vamoefa azeba ins
laissa tomber sur les planches du tillac, sans prendre luber, mevetcoyeson va tulodelvejasa vanvura va
même le soin d’arranger ses fers de manière qu’ils lui busum. Ledoux, debanyes moe vadimedulja, va plo
fussent moins incommodes. Ledoux, assis au gaillard aulon vikizer. Pokeon, Ayché, busumiskafe, diskise va
d’arrière, fumait tranquillement sa pipe. Près de lui, glabaf gem kum faltafa kilta, ton nugeem dem listaf
Ayché, sans fers, vêtue d’une robe élégante de leltaf guvengeem, burese moe nuba va azekot dem
cotonnade bleue, les pieds chaussés de jolies kuldea, va uliks pu in djuprozanivar. Tire va flipi mu
pantoufles de maroquin, portant à la main un plateau redakik ksuber. Lan ebeltik ilkades va Tamango,
chargé de liqueurs, se tenait prête à lui servir à boire. nubumar enide ino batliz di disuker. Tamango
Il était évident qu’elle remplissait de hautes fonctions takaskarar, va ine awir, kizoyur, aze, trucon ranyason
auprès du capitaine. Un noir qui détestait Tamango, van vadimedulja vulter abdida sus birelik va mana
lui fit signe de regarder de ce côté. Tamango tourna jukloterapa va kota totafa ugda al rotsuned :
la tête, l’aperçut, poussa un cri, et, se levant avec « Ayché ! ~ ino glebason iegar, nume Ayché
impétuosité, courut vers le gaillard d’arrière avant tueaftanon kizoyur ;~ kas folil da koe batakikafa
que les matelots de garde eussent pu s’opposer à une patecta meko Mama-Jumbo tigir ?» Ixam, madason

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infraction aussi énorme de toute discipline navale : va peya, birelik vanvulted ; vexe Tamango,
« Ayché ! » cria-t-il d’une voix foudroyante, et Ayché magamdason is nutiso megustafo, van intafa runda
poussa un cri de terreur ; « crois-tu que dans le pays aulon dimlanir, edje Ayché, ikuzajewese, gan batyona
des blancs il n’y ait point de MAMA-JUMBO ? » Déjà des bulafa ewa zo nuturaporar.
matelots accouraient le bâton levé ; mais Tamango,
les bras croisés, et comme insensible, retournait
tranquillement à sa place, tandis qu’Ayché, fondant
en larmes, semblait pétrifiée par ces mystérieuses
paroles.

L’interprète expliqua ce qu’était ce terrible Mama- Kalavasik dizver dacoba bato eaftafo Mama-Jumbo
Jumbo, dont le nom seul produisait tant d’horreur. tir, ise bat yolt va relkucapa sodakir.
« C’est le Croquemitaine des nègres, dit-il. Quand un
mari a peur que sa femme ne fasse ce que font bien — Ino tir Oretlik ke ebeltikeem, ~ kalir. ~ Viele
des femmes en France comme en Afrique, il la yerumanikye kivar da yerumanikya va coba askina
menace du Mama-Jumbo. Moi, qui vous parle, j’ai vu gan ayikya koe Franca lidam Afrika rotaskir, pune va
le Mama-Jumbo, et j’ai compris la ruse ; mais les ina gu Mama-Jumbo dratcer. Jin, pulví, va Mama-
noirs…, comme c’est simple, cela ne comprend rien. Jumbo al wí, nume va beya al narú ; vexe ebeltik…
— Figurez-vous qu’un soir, pendant que les femmes larde batcoba opelafa, somevangruper.
s’amusaient à danser, à faire un folfar comme ils
disent dans leur jargon, voilà que d’un petit bois bien » Gestic, lansielon edje ayikya gibestuteyed,
touffu et bien sombre, on entend une musique askison va folfar inde kan sinafa ludega kalid, mal
étrange, sans que l’on vît personne pour la faire ; vafi is orikafi mikacimi, divulafa lexa zo gilder, teka
tous les musiciens étaient cachés dans le bois. Il y kon askisik rowin batlize tigir ; kot lexusik koe mikaci
avait des flûtes de roseau, des tambourins de bois, va int al preyutayad. Tigiyid : edgardaval is taugot
des balafos, et des guitares faites avec des moitiés de kum inta is brunga is tasila kum finyegeacku. Kota
calebasses. Tout cela jouait un air à porter le diable batcoba va evluba stasa va oretlik mo sid zirseyer.
en terre. Les femmes n’ont pas plus tôt entendu cet Batvielu ayikya va bata evluba gilded, pune toz
air-là, qu’elles se mettent à trembler ; elles veulent skotcad ; djuyated, vexe yerumanik kagid : sina va
se sauver, mais les maris les retiennent : elles coba van oblaka grupeckeyed. Batakafa volapa va
savaient bien ce qui leur pendait à l’oreille. Tout à mikaci vere divnir, i ontinafa dum minaf perroquet
coup sort du bois une grande figure blanche, haute norisk, dem taka pwertafa dum miluntam is kota ita
comme notre mât de perroquet, avec une tête grosse mantafa dum ekastak is gariza dum tela ke oretlik
comme un boisseau, des yeux larges comme des dem koeon tey. Batcoba vion, viapon niyir ; aze art
écubiers, et une gueule comme celle du diable avec anton tanoyu encablure solumacku vukiyir. Ayikya
du feu dedans. Cela marchait lentement, lentement ; iegayad : « Batse Mama-Jumbo !» Dum orekdolesik,
et cela n’alla pas plus loin qu’à demi-encablure du ijeyed. Bam yerumanik kaliyid : « Benje, facilik, kalic
bois. Les femmes criaient : « Voilà Mama-Jumbo ! » kase al tic utcoraf !! Ede rotuxac, Mama-Jumbo
Elles braillaient comme des vendeuses d’huîtres. batlize tigir nume va win zakackon estutur. » Konaka
Alors les maris leur disaient : « Allons, coquines, tiyid opelapafa nume kowelidayad ; battode
dites-nous si vous avez été sages ; si vous mentez, yerumanik kaikalieyed.
Mama-Jumbo est là pour vous manger toutes crues. »
Il y en avait qui étaient assez simples pour avouer, et
alors les maris les battaient comme plâtre. »

— « Et qu’était-ce donc que cette figure blanche, — Vexe, tokcoba bata batakafa vola tiyir, bato
ce Mama-Jumbo ? » demanda le capitaine. Mama-Jumbo ? ~ redakik erur.

— « Eh bien, c’était un farceur affublé d’un grand — Kle, tiyir lionasik dem batakaf dualtap, diskis
drap blanc, portant, au lieu de tête, une citrouille ika taka va suxayana sariala, is dem runkafi raki arte
creusée et garnie d’une chandelle allumée au bout peyapa. Batcoba me tir lovepokafa, voxe abica
d’un grand bâton. Cela n’est pas plus malin, et il ne sugara ta ebidura va ebeltik gotir. Acum, Mama-
faut pas de grands frais d’esprit pour attraper les Jumbo tir ganduksany ise co-albá da jinaf kurenik co-
noirs. Avec tout cela, c’est une bonne invention que folir.
le Mama-Jumbo, et je voudrais que ma femme y
crût. »

— « Pour la mienne, dit Ledoux, si elle n’a pas — Tel jinaf, ~ Ledoux kalir, ~ va Mama-Jumbo me
peur de Mama-Jumbo, elle a peur de Martin-Bâton ; kivar, voxe va Peya-Martin craker ; ison gruper inde
co-vanvú ede va jin co-randayé. Dene Ledoux yasa

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et elle sait de reste comment je l’arrangerais si elle tiv ekenses, ise kore va tanoy nubask dí, bat va
me jouait quelque tour. Nous ne sommes pas wazdel wan nubackar. Luxe atedajik banlize pulvis va
endurants dans la famille des Ledoux, et quoique je Mama-Jumbo, puon kalil da in golinulackar ise va
n’aie qu’un poignet, il manie encore assez bien une bata yikyacka me govudesir, edeme va piok volmiv
garcette. Quant à votre drôle, là-bas, qui parle du olvezatá maninde inaf lelt male ebelte tukeraweter
Mama-Jumbo, dites-lui qu’il se tienne bien et qu’il ne dum zakafa atelaxa.
fasse pas peur à la petite mère que voici, ou je lui
ferai si bien ratisser l’échine, que son cuir, de noir,
deviendra rouge comme un rosbif cru. »

À ces mots, le capitaine descendit dans sa


Moi batyona ewa, redakik va intafa mawa titlanir,
chambre, fit venir Ayché et tâcha de la consoler :
aze va Ayché pisir aze lavinur : vexe meka santara
mais ni les caresses, ni les coups même, car on perd
isu vordava ( lecen tere zidera tir ) va listafa
patience à la fin, ne purent rendre traitable la belle
ebeltikya rotuvumeltad ; ikuzora va iteem malnid.
négresse ; des flots de larmes coulaient de ses yeux.
Redakik va azeba gire ticlanir, aflicejes, aze va
Le capitaine remonta sur le pont, de mauvaise
anamsus fayik icde inafa dilizesa tiura motcar.
humeur, et querella l’officier de quart sur la
manœuvre qu’il commandait dans le moment.

La nuit, lorsque presque tout l’équipage dormait Mielon, edje cugote drigikeem kenibeper, anamsus
d’un profond sommeil, les hommes de garde birelik va skulbaf is fawokaf is krijaf dank mal
entendirent d’abord un chant grave, solennel, azebacku taneon gilded, az va aklon vucafe ie ke
lugubre, qui partait de l’entre-pont, puis un cri de ayikya. Kreme, vogadasa is dratcesa pwertafa puda
femme horriblement aigu. Aussitôt après, la grosse ke Ledoux, is lorara ke inafa eaftafa usta, koe kotafa
voix de Ledoux jurant et menaçant, et le bruit de son tota tauled. Moion, kotcoba gin tuamlitawer.
terrible fouet, retentirent dans tout le bâtiment. Un Direvielon, Tamango, dem wanieyena vola vox
instant après, tout rentra dans le silence. Le lidoklafa tiva, is elvafo lion dam darevielon, mo azeba
lendemain, Tamango parut sur le pont la figure awir.
meurtrie, mais l’air aussi fier, aussi résolu
qu’auparavant.

À peine Ayché l’eut-elle aperçu, que, quittant le


gaillard d’arrière où elle était assise à côté du
Moida Ayché va ino kozwir, buluson va
capitaine, elle courut avec rapidité vers Tamango,
vadimedulja lize poke redakik debanyer, van
s’agenouilla devant lui, et lui dit avec un accent de
Tamango kalion vulter, aze kabduon badenyar, aze
désespoir concentré : « Pardonne-moi, Tamango,
ton bloska ke avplekuna gripokolera kalir : « Va jin
pardonne-moi ! » Tamango la regarda fixement
ixel, Tamango, ixel !!» Tamango va ine tanwexon
pendant une minute ; puis, remarquant que
modisuker ; aze, katcalason da kalavasik al illanir :
l’interprète était éloigné : « Une lime ! » dit-il ; et il
« Va rucasiki !! ~ kalir. » Azon, genedison va Ayché,
se coucha sur le tillac en tournant le dos à Ayché. Le
mo azeba senyar. Redakik va ine vorceper, dace
capitaine la réprimanda vertement, lui donna même
kavalkuson, aze kalpour da ine pu tiyis yerumanik di
quelques soufflets, et lui défendit de parler à son ex-
pulvir ; vexe va sugdala ke trelaf walpulviyin eweem
mari ; mais il était loin de soupçonner le sens des
mekane rotuculer, nume icdeon me biber.
courtes paroles qu’ils avaient échangées, et il ne fit
aucune question à ce sujet.

Cependant Tamango, renfermé avec les autres


esclaves, les exhortait jour et nuit à tenter un effort
généreux pour recouvrer leur liberté. Il leur parlait du Wori, Tamango, kobudeyeno do kotar levetirik,
petit nombre des blancs, et leur faisait remarquer la kotafizon is kotmielon koldar enide sin va dimdikira
négligence toujours croissante de leurs gardiens ; va nuyuca mantukon di lasugad. Va otama ke
puis, sans s’expliquer nettement, il disait qu’il saurait batakikeem pulvir ise va ticfisa frayesuca ke cug
les ramener dans leur pays, vantait son savoir dans susik diver ; aze, afton mepebuson, kalir da va sin
les sciences occultes, dont les noirs sont fort kal vo di grudimstar, milmuson va intafa grutera va
entichés, et menaçait de la vengeance du diable ceux flovopa ( sokarolana gan kot ebeltik ), ise gu
qui se refuseraient à l’aider dans son entreprise. Dans jaxadara ke oretlik, va bettan voldjupropomas va
ses harangues, il ne se servait que du dialecte des guzekana tegira dratcer. Booleson, va Pulaarava
Peules, qu’entendaient la plupart des esclaves, mais gildana gan lo levetirik vols kalavasik anton zanudar.
que l’interprète ne comprenait pas. La réputation de Vartuca ke man pulvisik, is gikivara va ino ke levetirik

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l’orateur, l’habitude qu’avaient les esclaves de le isu givegera, va inafa uiveuca ribiegon greled, nume
craindre et de lui obéir, vinrent merveilleusement au ebeltik karakeped enide va lan viel ta tunuyara
secours de son éloquence, et les noirs le pressèrent titickar, dace abdida int co-fogotur. Pu urbesik klubon
de fixer un jour pour leur délivrance, bien avant que dulzer da katecta berde men tir, ise oretlik, gilawis
lui-même se crût en état de l’effectuer. Il répondit bak modovara, men al walzer ; vexe ta taneafa
vaguement aux conjurés que le temps n’était pas sugdava gonegadad. Soe ino va meka katecta
venu, et que le diable, qui lui apparaissait en songe, weslasa va obrara ke susikeem iskedar. Lanviele, tan
ne l’avait pas encore averti, mais qu’ils eussent à se birelik va zelt kev doma isker enide di va priwa dem
tenir prêts au premier signal. Cependant il ne talas skaday kene tota disuker ; Tamango va zelt
négligeait aucune occasion de faire des expériences narir aze toz nubar, milaskison kan vertovafa zatcara
sur la vigilance de ses gardiens. Une fois, un matelot, va wiyina lizira ke birelik remi funtera. Va zelt fure
laissant son fusil appuyé contre les plats-bords, mbi deswar ; vexe al vangruper da, daskison va mek
s’amusait à regarder une troupe de poissons volants davaf ucul, va ervo rotuzar ; nume, viele zanudara
qui suivaient le vaisseau ; Tamango prit le fusil et se berde sokitir, pune bettan djutioltes va ino sol inaf
mit à le manier, imitant avec des gestes grotesques nubeem golinulatar takrelapaf.
les mouvements qu’il avait vu faire à des matelots qui
faisaient l’exercice. On lui retira le fusil au bout d’un
instant ; mais il avait appris qu’il pourrait toucher une
arme sans éveiller immédiatement le soupçon ; et,
quand le temps viendrait de s’en servir, bien hardi
celui qui voudrait la lui arracher des mains.

Un jour, Ayché lui jeta un biscuit en lui faisant un


signe que lui seul comprit. Le biscuit contenait une
petite lime : c’était de cet instrument que dépendait
la réussite du complot. D’abord Tamango se garda Lanviele, Ayché va sma kabur, nubumason is
bien de montrer la lime à ses compagnons ; mais, gildanon gan ant ino. Sma va rucasikimi dogir :
lorsque la nuit fut venue, il se mit à murmurer des lajupurbera va bat gor di rupter. Taneon, Tamango
paroles inintelligibles qu’il accompagnait de gestes va rucasiki pu dositik vol djuganedir ; voxe vani
bizarres. Par degrés, il s’anima jusqu’à pousser des mieltoza, dositason gu abigafa zatca, va volrogildana
cris. À entendre les intonations variées de sa voix, on ewa toz prejar. Ekekon lulawer aze tere kizoyur.
eût dit qu’il était engagé dans une conversation Gildeson va gedraf komeem ke inafa puda, co-
animée avec une personne invisible. Tous les rotrakut da do merowinik blion prilar. Kot levetirik
esclaves tremblaient, ne doutant pas que le diable ne skotcar, kobuivenon da oretlik vanmiaeon re tigir.
fût en ce moment même au milieu d’eux. Tamango Tamango va bata nakila daavakizoyuson tenuker.
mit fin à cette scène en poussant un cri de joie. « Palik, ~ eviegar, ~ ogoleyena swava va intaf
« Camarades, s’écria-t-il, l’esprit que j’ai conjuré abdiplekuks pu jin adim su kozilir, nume koe nuba va
vient enfin de m’accorder ce qu’il m’avait promis, et gor ta minafa tunuyara gí. Re, ta tunuyara, va abica
je tiens dans mes mains l’instrument de notre takreluca anton olegac. » Askir da konak vegungik va
délivrance. Maintenant il ne vous faut plus qu’un peu rucasiki uzar, nume bata nyagaca, nek duskaca, gan
de courage pour vous faire libres. » Il fit toucher la batyon ware loduskaf ayik zo folir.
lime à ses voisins, et la fourbe, toute grossière qu’elle
était, trouva créance auprès d’hommes encore plus
grossiers.

Après une longue attente vint le grand jour de


vengeance et de liberté. Les conjurés, liés entre eux
par un serment solennel, avaient arrêté leur plan Radimi kerapa, vielany ke jaxadara is nuyuca
après une mûre délibération. Les plus déterminés, artfir. Urbesik, gluyayan gan fawokafa kovogara wal
ayant Tamango à leur tête, lorsqu’ils monteraient à sint, vani lukrafa undera va azed al gorad. Tel
leur tour sur le pont, devaient s’emparer des armes lodelvaf, do vabdueon Tamango, ba silukafa ticlanira
de leurs gardiens ; quelques autres iraient à la va azeba, va ervoeem ke susik gokonaritid ; konakar
chambre du capitaine pour y prendre les fusils qui s’y kal mawa ke redakik lanitid aze va tigis zelteem
trouvaient. Ceux qui seraient parvenus à limer leurs naritid. Tel lajurucayas va busum toz godilfutud ;
fers devaient commencer l’attaque ; mais, malgré le vexe nekev trakulotafa kobara remi konak mielcek, lo
travail opiniâtre de plusieurs nuits, le plus grand levetirik zavzad votcukon meropakes va tegira.
nombre des esclaves était encore incapable de Batdume baroy godjaf ebeltik vajuled da va ayik
prendre une part énergique à l’action. Aussi trois dadis koe ucom va marna ke busum gonatatad aze
noirs robustes avaient la charge de tuer l’homme qui

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portait dans sa poche la clef des fers, et d’aller va kot rodayan dositik kreme gotunuyatad.
aussitôt délivrer leurs compagnons enchaînés.

Ce jour-là, le capitaine Ledoux était d’une humeur


Batvielon, Ledoux redakik aflicer ; kevie intafa
charmante ; contre sa coutume, il fit grâce à un
orpa, va jotaf totik riweyes va usta grigaker. Va
mousse qui avait mérité le fouet. Il complimenta
anamsus fayik icde tiura cpar, pu drig dakter da tir
l’officier de quart sur sa manœuvre, déclara à
valeaf ise koe Martinika liz fure artlapitid, kot totik va
l’équipage qu’il était content, et lui annonça qu’à la
nyardexa di kazawatar. Kot birelik, kiewagison va
Martinique, où ils arriveraient dans peu, chaque
plinapafa rieta, va unera ke bata nyardexa ixam
homme recevrait une gratification. Tous les matelots,
gestar. Va lavajeb is ksevayikya ke Martinika trakur,
entretenant de si agréables idées, faisaient déjà dans
leur tête l’emploi de cette gratification. Ils pensaient viele Tamango is kotar urbesik va azeba ticlanid.
à l’eau-de-vie et aux femmes de couleur de la
Martinique, lorsqu’on fit monter sur le pont Tamango
et les autres conjurés.

Ils avaient eu soin de limer leurs fers de manière


qu’ils ne parussent pas être coupés, et que le
moindre effort suffît cependant pour les rompre. Sinaf busum al zo rucad maninde nutid megabenaf
D’ailleurs, ils les faisaient si bien résonner, qu’à les neke beta sugara joatar. Ostik, sin mamasipid eke va
entendre on eût dit qu’ils en portaient un double jontolafo aldo gildenon nubured. Sengemeyeson va
poids. Après avoir humé l’air quelque temps, ils se gael, kan nuba va sint gluyad aze toz stuted edje
prirent tous par la main et se mirent à danser Tamango va gejaf dank ke intafa yasa toz askir, i va
pendant que Tamango entonnait le chant guerrier de dare dankan moi meldara. Stutera konakedje tiskir,
sa famille, qu’il chantait autrefois avant d’aller au aze Tamango, nuciondano, tit birelik grutcion altogis
combat. Quand la danse eut duré quelque temps, va domaxa ke tota senyar ; kot urbesik milinde askid.
Tamango, comme épuisé de fatigue, se coucha tout Acum kot birelik do anameon konak ebeltik tigir.
de son long au pied d’un matelot qui s’appuyait
nonchalamment contre les plats-bords du navire ;
tous les conjurés en firent autant. De la sorte, chaque
matelot était entouré de plusieurs noirs.

Tout à coup Tamango, qui venait doucement de


rompre ses fers, pousse un grand cri qui devait servir Levgon Tamango, arlon joayason va busum,
de signal, tire violemment par les jambes le matelot sugdavason iegapar, aze va pokeon birelik benu
qui se trouvait près de lui, le culbute, et, lui mettant nimateem tizon malimpar, aze tramker, aze aykason
le pied sur le ventre, lui arrache son fusil, et s’en sert va nuga mo jivot va zelt solimpar aze zanudar nume
pour tuer l’officier de quart. En même temps, chaque va anamsus fayik atar. Miledje, kot sus birelik zo
matelot de garde est assailli, désarmé et aussitôt ruzader aze zo baservoar aze vere zo laridagaber.
égorgé. De toutes parts, un cri de guerre s’élève. Le Kotlizu gejie ticstir. Gelusik, dadis va marna ke
contre-maître, qui avait la clef des fers, succombe un busum, mon taneon zertur. Bam jontik ebeltik mo
des premiers. Alors une foule de noirs inonde le tillac. azeba moplewed. Konak me lajutrasis va ervo, va
Ceux qui ne peuvent trouver d’armes saisissent les obla ke sotola ok detc ke likay narid. Batvielu,
barres du cabestan ou les rames de la chaloupe. Dès europaf drigikeem tir buktaf. Soe konak birelik moe
ce moment, l’équipage européen fut perdu. vadimedulja lentegid ; vexe va ervo is elvuca gracid.
Cependant quelques matelots firent tête sur le Ledoux wan tir blis ise va takreluca meinde drasur ;
gaillard d’arrière ; mais ils manquaient d’armes et de sonkeson da Tamango tir gloga ke urbera, pokoler da
résolution. Ledoux était encore vivant et n’avait rien ede va ino lajupatar, pune va dofugikeem arse di
perdu de son courage, s’apercevant que Tamango maer. Va kevlanira kle iper, do abalt koe nuba,
était l’âme de la conjuration, il espéra que, s’il iegapason rozason. Vere Tamango dere iper. Va zelt
pouvait le tuer, il aurait bon marché de ses bene buliotsa gir ise wetce flavoda zanudar. Bat toloy
complices. Il s’élança donc à sa rencontre, le sabre à okilik va sint moe speray kazokeved, i moe bata
la main, en l’appelant à grands cris. Aussitôt nilafa remlanida wale vabduefa dulja isu vadimefa.
Tamango se précipita sur lui. Il tenait un fusil par le Tamango taneon alier. Batakik va vordava
bout du canon et s’en servait comme d’une massue. bemotcamason tsonder. Flam, poon lubeson mo
Les deux chefs se joignirent sur un des passavants, azeb, empawer, nume glava tir tizapafa eke zelt div
ce passage étroit qui communique du gaillard d’avant nubeem ke Tamango buber. Ino tir rojuxiskafo, nume
à l’arrière. Tamango frappa le premier. Par un léger Ledoux, oretlon daavakiceson, mamadar nume fu
mouvement de corps, le blanc évita le coup. La remrur ; vexe Tamango tir tuzafo lion dam narmol ke

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crosse, tombant avec force sur les planches, se brisa, vo. Va meem ke kevelik iper aze va nuba gisa va
et le contrecoup fut si violent, que le fusil échappa abalt konarir. Bantel va ervo lakagir, battel
des mains de Tamango. Il était sans défense, et lasolimpar. Bak bata yatkafa lyumara, sin belcon
Ledoux, avec un sourire de joie diabolique, levait le lubed ; vexe afrikik ilcener. Bam, medivtakrelaweson,
bras et allait le percer ; mais Tamango était aussi Tamango, porson lictason va kevelik, va larida
agile que les panthères de son pays. Il s’élança dans tizapon bugdar nume fortey ve bimiler, dum levu
les bras de son adversaire et lui saisit la main dont il talga ke krapol. Abalt kou konjotesa nuba ke redakik
tenait son sabre. L’un s’efforce de retenir son arme, buber. Tamango konarir ; aze, madagison, ton
l’autre de l’arracher. Dans cette lutte furieuse, ils forteykirapaf art, is xultuson kizoyuson, va ixam riwe
tombent tous les deux ; mais l’Africain avait le xonukeyes kevelik jonkason remrur.
dessous. Alors, sans se décourager, Tamango,
étreignant son adversaire de toute sa force, le mordit
à la gorge avec tant de violence, que le sang jaillit
comme sous la dent d’un lion. Le sabre échappa de la
main défaillante du capitaine. Tamango s’en saisit ;
puis, se relevant, la bouche sanglante, et poussant
un cri de triomphe, il perça de coups redoublés son
ennemi déjà demi-mort.

La victoire n’était plus douteuse. Le peu de


matelots qui restaient essayèrent d’implorer la pitié Cenera arse fu sokir. Abic zavzagis birelik va
des révoltés ; mais tous, jusqu’à l’interprète, qui ne exusik lasaadad ; vexe kot, don kalavasik meviele
leur avait jamais fait de mal, furent impitoyablement mejesiyis, durulon zo staker. Rikulik alion fu xonuker.
massacrés. Le lieutenant mourut avec gloire. Il s’était Vadimon al gelber, poke tanbati debalteni bulimi dem
retiré à l’arrière, auprès d’un de ces petits canons qui lyestaxa. Kan taltenuba, va olkotca vodjur, ise kan
tournent sur un pivot, et que l’on charge de mitraille. ronenuba gisa va abalt, va int rojur cugeke va jontik
De la main gauche, il dirigea la pièce, et, de la droite, ebeltik vanimpar. Bam, xuvason va walkila ke buli, va
armé d’un sabre, il se défendit si bien qu’il attira nudapa lumekirafa gu awalkik is buktik vanmia bata
autour de lui une foule de noirs. Alors, pressant la licawesa flava askir. Moion zo arbedar.
détente du canon, il fit au milieu de cette masse
serrée une large rue pavée de morts et de mourants.
Un instant après il fut mis en pièces.

Lorsque le cadavre du dernier blanc, déchiqueté et Vani lavakomimara va awalkoda ke ironokaf


coupé par morceaux, eut été jeté à la mer, les noirs, ebeltik, papteyen is kalgabeyen, ebeltik,
rassasiés de vengeance, levèrent les yeux vers les djukujaxadarsas, van italeem ke tota itamadar.
voiles du navire, qui, toujours enflées par un vent Italeem kaldeen gan fedafa sukara va ristasik wan
frais, semblaient obéir encore à leurs oppresseurs et nuveger ise damo xultura va cenesik van siday ke
mener les vainqueurs, malgré leur triomphe, vers la levetiruca nustar. « Kle batcoba men al lajupaskir,
terre de l’esclavage. « Rien n’est donc fait, ~ sin gabenton trakud, ~ nume kas stagapa ke
pensèrent-ils avec tristesse ; et ce grand fétiche des batakikeem va cin kal vo djudimstatar ? i va cin
blancs voudra-t-il nous ramener dans notre pays, gimayas va fortey ke feliik. » Konak kalid da
nous qui avons versé le sang de ses maîtres ? » Tamango grupaskir da ina di moveger. Kreme
Quelques-uns dirent que Tamango saurait le faire Tamango zo morozar.
obéir. Aussitôt on appelle Tamango à grands cris.

Il ne se pressait pas de se montrer. On le trouva


dans la chambre de poupe, debout, une main Me gonovawir. Ranyeso, ton nuba altogisa va
appuyée sur le sabre sanglant du capitaine ; l’autre, il forteyotaf abalt ke redakik, koe geakotsafa mawa zo
la tendait d’un air distrait à sa femme Ayché, qui la trasir ; va bana nuba van Ayché yerumanik gariandon
baisait à genoux devant lui. La joie d’avoir vaincu ne sotcer ; bantel kabdueon badenyeson va ino kutcar.
diminuait pas une sombre inquiétude qui se trahissait Ceneradaava va orikafa guyuca relmewepesa me
dans toute sa contenance. Moins grossier que les irutar. Duskafo leon dam artan, va wavduca ke tirka
autres, il sentait mieux la difficulté de sa position. lokiewon pestaler.

Il parut enfin sur le tillac, affectant un calme qu’il Mo azeba adim awir, vanklason va mesatolena
n’éprouvait pas. Pressé par cent voix confuses de vumeltuca. Xuvano gan decemoya gojafa puda enide
diriger la course du vaisseau, il s’approcha du va lapira ke tota di vodjur, va boweroy vanlanir,
gouvernail à pas lents, comme pour retarder un peu viaboron, dumede va gemelt goratas va divatce ke

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le moment qui allait, pour lui-même et pour les intafi roti mu int is kotar djukagavemer.
autres, décider de l’étendue de son pouvoir.

Dans tout le vaisseau, il n’y avait pas un noir, si


Koe kotafa tota, kot ebeltik, don tel lodakoydaf, va
stupide qu’il fût, qui n’eût remarqué l’influence qu’une
turestara va cuga lizira ke tota, ksubena gan lan
certaine roue et la boîte placée en face exerçaient sur
krafol is kabdueon bor al katcalar ; vexe, sedme sin,
les mouvements du navire ; mais, dans ce
bulapa koe bata foopula sotigir. Tamango va nanda
mécanisme, il y avait toujours pour eux un grand
jontikviele kutczekason rinder, dumede va moeon
mystère. Tamango examina la boussole pendant
rowin staeem belir ; aze va nuba kev jo aykar, nume
longtemps en remuant les lèvres, comme s’il lisait les
va trakusa tila ke patavas ayik koplekur. Ebeltik
caractères qu’il y voyait tracés ; puis il portait la main
kotote anameon tigid, artfenkupuson is
à son front, et prenait l’attitude pensive d’un homme
itafenkursuson, ise va beta zatca poleson kakdisuked.
qui fait un calcul de tête. Tous les noirs l’entouraient,
Adim, ton bat aotceks dem kivara is dirnura zilin gan
la bouche béante, les yeux démesurément ouverts,
suivant avec anxiété le moindre de ses gestes. Enfin, megrupesuca, va krafol ke boweroy tizon lizir.
avec ce mélange de crainte et de confiance que
l’ignorance donne, il imprima un violent mouvement à
la roue du gouvernail.

Comme un généreux coursier qui se cabre sous


l’éperon du cavalier imprudent, le beau brick
l’Espérance bondit sur la vague à cette manœuvre Dum vonaf okol astolewes golde varza ke
inouïe. On eût dit qu’indigné il voulait s’engloutir avec volproyaf okoldik, listafa Espérance tota nope bata
son pilote ignorant. Le rapport nécessaire entre la osafa tiura mo runta welver. Dumede zo co-cpar,
direction des voiles et celle du gouvernail étant pune va int do akoydaf stedasik djukoartokar. Larde
brusquement rompu, le vaisseau s’inclina avec tant adrafa kapbureda wal woyok ke italeem is tel ke
de violence, qu’on eût dit qu’il allait s’abîmer. Ses boweroy levgon al zo joar, pune tota tizapon
longues vergues plongèrent dans la mer. Plusieurs blagawer nume riwe fu opser. Inaf trabongap ko bira
hommes furent renversés, quelques-uns tombèrent estobad. Konak ayik zo trovgad, konak vamou
par-dessus le bord. Bientôt le vaisseau se releva kadoma lubed. Fure tota lent runta oklon madagir
fièrement contre la lame, comme pour lutter encore inde va vilara gire djulyumar. Sukara tupoaweper,
une fois avec la destruction. Le vent redoubla nume levgon, ton aklaf lor, toloy norisk lubed, arben
d’efforts, et tout d’un coup, avec un bruit horrible, arte konak pied lumolk, besason va azeba gu empaks
tombèrent les deux mâts, cassés à quelques pieds du is askison va wazdelafa doninda.
pont, couvrant le tillac de débris et comme d’un lourd
filet de cordages.

Les nègres épouvantés fuyaient sous les écoutilles


en poussant des cris de terreur ; mais, comme le Kovudan ebeltik lev best eaftakizoyuson yated ;
vent ne trouvait plus de prise, le vaisseau se releva vexe larde suka va konarixo mea trasir, tota madagir
et se laissa doucement ballotter par les flots. Alors les aze gan ora zijnon zo nyedar. Bam lolaof ebeltik va
plus hardis des noirs remontèrent sur le tillac et le azeba gire ticlanid aze gu riyus empaks grifuned.
débarrassèrent des débris qui l’obstruaient. Tamango Tamango zavzar mezekas, ladavagison va uweltxo is
restait immobile, le coude appuyé sur l’habitacle et se preyutason va intafa gexata moe soana ma. Ayché
cachant le visage sur son bras replié. Ayché était pokeon tigir, vexe me rovegukoer. Abicabicon ebeltik
auprès de lui, mais n’osait lui adresser la parole. Peu vanlanid ; prejara madawer, fure vanpisa culimeso is
à peu les noirs s’approchèrent ; un murmure s’éleva, lutsagaso xefto. « Yotik ! mocoesik ! ~ diviegad, ~
qui bientôt se changea en un orage de reproches et rin va cinyona mejera al daskil, rin pu batakik al
d’injures. « Perfide ! imposteur ! s’écriaient-ils, c’est lustel, rin al stegel da al exuv. Va rinafa grupesuca
toi qui as causé tous nos maux, c’est toi qui nous as milmuyul, abdiplekuyul da kal vo va cin dimstatal. Va
vendus aux blancs, c’est toi qui nous as contraints de rin al foliv, tiyiv volpestorik ! Nume re jontiktan ke cin
nous révolter contre eux. Tu nous avais vanté ton al xonuked lecen va ebeltikafa staga al kantal. »
savoir, tu nous avais promis de nous ramener dans
notre pays. Nous t’avons cru, insensés que nous
étions ! et voilà que nous avons manqué de périr tous
parce que tu as offensé le fétiche des blancs. »

Tamango releva fièrement la tête, et les noirs qui


l’entouraient reculèrent intimidés. Il ramassa deux
Tamango oklon gin takamadar, nume ebeltik

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fusils, fit signe à sa femme de le suivre, traversa la anameon fidwanon dimelanid. Va toloy zelt tredur,
foule, qui s’ouvrit devant lui, et se dirigea vers l’avant aze va yerumanik ta radimelanira sugdadar, aze va
du vaisseau. Là, il se fit comme un rempart avec des tari kabduon fenkuwesi remlanir, aze va lentak ke
tonneaux vides et des planches ; puis il s’assit au tota vanlanir. Batlize, va migexinda kan yon vlardaf
milieu de cette espèce de retranchement, d’où milunt isu azeb kolnar ; azon iste bata permexinda
sortaient menaçantes les baïonnettes de ses deux debanyar lizu dratcesa fluga ke toloy zelt divnid. Zo
fusils. On le laissa tranquille. Parmi les révoltés, les guaular. Ke exusikeem, konaktan bored ; artan
uns pleuraient ; d’autres, levant les mains au ciel, nubamadason van kelt va intyona staga is telyona ke
invoquaient leurs fétiches et ceux des blancs ; ceux- batakik korozad ; battan, badenyes kabdue nanda,
ci, à genoux devant la boussole, dont ils admiraient le mafelason va inafa alokafa lizibela, vosed da ina kal
mouvement continuel, la suppliaient de les ramener vo dimstatar ; bantan mo azeba brigon balienon
dans leur pays ; ceux-là se couchaient sur le tillac senyad. Gestit, vanmiae bat gripokolenik, va yona
dans un morne abattement. Au milieu de ces ayikya vudeviesa isu rumeik is mon tol-sanoy bakanik
désespérés, qu’on se représente des femmes et des greledapas vox malterektan gan metan.
enfants hurlant d’effroi, et une vingtaine de blessés
implorant des secours que personne ne pensait à leur
donner.

Tout à coup un nègre paraît sur le tillac : son


Levgon ebeltik mo azeba awir : gexata ayewar. In
visage est radieux. Il annonce qu’il vient de découvrir
dakter da va xo lize batakik va lavajeb kalsud, su
l’endroit où les blancs gardent leur eau-de-vie ; sa
kosmar ; inafa daava isu sok wazdecked da su lwir.
joie et sa contenance prouvent assez qu’il vient d’en
Bat warzot va iera ke batyon kimtik obukamar. Sin
faire l’essai. Cette nouvelle suspend un instant les
kal blotxo vulted aze va kuldea kalulid. Arti tanoy
cris de ces malheureux. Ils courent à la cambuse et
bartiv moe azeba welved ise kiped, testurson golde
se gorgent de liqueur. Une heure après on les eût vus
fikarsafa izakuca. Sinafa stutera isu dankara gu brera
sauter et rire sur le pont, se livrant à toutes les
is buwejara ke bakanik zo dositad. Batinde va arak ke
extravagances de l’ivresse la plus brutale. Leurs
afizcek is varaf mielcek tiskid.
danses et leurs chants étaient accompagnés des
gémissements et des sanglots des blessés. Ainsi se
passa le reste du jour et toute la nuit.

Le matin, au réveil, nouveau désespoir. Pendant la


nuit, un grand nombre de blessés étaient morts. Le Ba gazda, ba divmodera : warzafa gripokolera.
vaisseau flottait entouré de cadavres. La mer était Remi mielcek, jontik bakanik al awalked. Tota
grosse et le ciel brumeux. On tint conseil. Quelques vanmiae awalkoda ezar. Bira tir pwertafa ise kelt tir
apprentis dans l’art magique, qui n’avaient point osé braf. Pirdot zo sopur. Konak ravesik va diolopa, me
parler de leur savoir-faire devant Tamango, offrirent rovepulviyis va intafa grupesuca lente Tamango, va
tour à tour leurs services. On essaya plusieurs intafa anamzanira siluksilukon firvid. Konaka
conjurations puissantes. À chaque tentative inutile, le gijarotifa ogolera zo lwid. Ba kota keskiskafa yovara,
découragement augmentait. Enfin on reparla de burduca ticfir. Adim kontan va Tamango men
Tamango, qui n’était pas encore sorti de son buluyuso va permexa, gire pulvir. Turkon, ino tir tel
retranchement. Après tout, c’était le plus savant grupeik ke sin, nume ant, gu aklafa debala liz al
d’entre eux, et lui seul pouvait les tirer de la situation rundar, rosolimpar. Guazik, bures va dilidrageks,
horrible où il les avait placés. Un vieillard s’approcha vanlanir. Bliker da ino boyar ; vexe Tamango,
de lui, porteur de propositions de paix. Il le pria de volrowayano dum Coriolanus, va blikera volterektar.
venir donner son avis ; mais Tamango, inflexible Mielon, bak volvura, gu sma is eipayan cot al eksar.
comme Coriolan, fut sourd à ses prières. La nuit, au Nutir elvafo da koe intafo buluxo antion fu blir.
milieu du désordre, il avait fait sa provision de
biscuits et de chair salée. Il paraissait déterminé à
vivre seul dans sa retraite.

L’eau-de-vie restait. Au moins elle fait oublier et la Lavajeb zavzagir. Icle askir da bira is levetiruca is
mer, et l’esclavage, et la mort prochaine. On dort, on sokitisa awalkera zo ilgruped. Kottan keniber, va
rêve de l’Afrique, on voit des forêts de gommiers, des Afrika klokar, va brufendaalxo ik baplaxe ik cabda
cases couvertes en paille, des baobabs dont l’ombre askisa va izga besasa va varafa wida, wir. Sin dum
couvre tout un village. L’orgie de la veille eldeon gin draed. Konakvielon milinde tiskid. Iera is
recommença. De la sorte se passèrent plusieurs borera is solimpara va usuk az tuizakawera az
jours. Crier, pleurer s’arracher les cheveux, puis kenibera : sinafa blira tir mana. Konaktan ulirson
s’enivrer et dormir, telle était leur vie. Plusieurs awalked ; konakar ko bira estobad oke va int

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moururent à force de boire ; quelques-uns se jetèrent nubemad.
à la mer, ou se poignardèrent.

Un matin, Tamango sortit de son fort et s’avança


Langazdon, Tamango va intaf folk divlanir aze va
jusqu’auprès du tronçon du grand mât. « Esclaves,
driz ke noriskap vanlanir. « Levetirik, ~ kalir, ~
dit-il, l’Esprit m’est apparu en songe et m’a révélé les
Swava modovanon al awir nume va mergileem pu jin
moyens de vous tirer d’ici pour vous ramener dans
al razdar enide kal vo zo dimstatac. Winafa niauca
votre pays. Votre ingratitude mériterait que je vous
co-riwer da jovlé ; vexe va batyona iesa ayikya isu
abandonnasse ; mais j’ai pitié de ces femmes et de
rumeik saá. Va win ixé : kalterektac !!» Kot ebeltik
ces enfants qui crient. Je vous pardonne : écoutez-
moi. » Tous les noirs baissèrent la tête avec respect tarkon takomad ise va sint anam ino licad.
et se serrèrent autour de lui.

« Les blancs, poursuivit Tamango, connaissent


seuls les paroles puissantes qui font remuer ces
grandes maisons de bois ; mais nous pouvons diriger « Batakik, ~ Tamango dakir, ~ va yona gijarotifa
à notre gré ces barques légères qui ressemblent à ewa lizisa va mane intaxe ant gruped ; voxe va
celles de notre pays. » Il montrait la chaloupe et les batyon bagaf tiv vektas gu kon ke vo eron rogadet. »
autres embarcations du brick. « Remplissons-les de Va likay is aryona witka ke brick tota nedir. « Gu
vivres, montons dedans, et ramons dans la direction bliga tukotrat, aze rundanyat, aze van suka detcet ;
du vent ; mon maître et le vôtre le fera souffler vers jinaf is winaf feliik van vo platitir. » Zo folir. Azed en
notre pays. » On le crut. Jamais projet ne fut plus tir freiskarsaf. Arbe nanda is valevo megrupen kelt,
insensé. Ignorant l’usage de la boussole, et sous un ino deolon en di lutcer. Sedme intafa rieta, gestir da
ciel inconnu, il ne pouvait qu’errer à l’aventure. enkabduon detceson va kon siday turkon uzeratar lize
D’après ses idées, il s’imaginait qu’en ramant tout ebeltik irubad, lecen ebeltik va siday sodigir voxe
droit devant lui, il trouverait à la fin quelque terre batakik moe tota sosoker. Ino va batcoba ke gadiya
habitée par les noirs, car les noirs possèdent la terre, al gigilder.
et les blancs vivent sur leurs vaisseaux. C’est ce qu’il
avait entendu dire à sa mère.

Tout fut bientôt prêt pour l’embarquement ; mais


la chaloupe avec un canot seulement se trouva en
Kotcoba ta kototara fure zo egar ; voxe likay is
état de servir. C’était trop peu pour contenir environ
tanoya witka rodezanudad. Ta burera va mon anyust-
quatre-vingts nègres encore vivants. Il fallut
sanoy ware blis ebeltik, batcoba tir dika. Kot bakanik
abandonner tous les blessés et les malades. La
isu akolik zo jovled. Cug erud da abdi jovlera di zo
plupart demandèrent qu’on les tuât avant de se
atad.
séparer d’eux.

Les deux embarcations, mises à flot avec des


peines infinies et chargées outre mesure, quittèrent Toloya totama, vajarsayana, figapon zo kolavad
le vaisseau par une mer clapoteuse, qui menaçait à aze, kotvulon dratcemba gu koartokara, moe biriesa
chaque instant de les engloutir. Le canot s’éloigna le bira illapid. Witka taneon lapir. Tamango is Ayché va
premier. Tamango avec Ayché avait pris place dans la likay al rundanyad ; bat, loon rusagaf isu vajayan,
chaloupe, qui beaucoup plus lourde et plus chargée, radimepon tigir. Temese ie ke konak kimtik jovleyen
demeurait considérablement en arrière. On entendait moe brick tota zo rogilded, viele popafa runta kev
encore les cris plaintifs de quelques malheureux likay dadon berumkar nume gu lava kopler. Arti
abandonnés à bord du brick, quand une vague assez nemon tanoya wexa, in belxar. Witka va egale wir,
forte prit la chaloupe en travers et l’emplit d’eau. En nume ayik jonkon lasudetced, kivason da va konak
moins d’une minute, elle coula. Le canot vit leur bopelanik di gokayestad. Cug vankris va likay zo
désastre, et ses rameurs redoublèrent d’efforts, de wizud. Mon san-toloy va tota anton dimticlanid.
peur d’avoir à recueillir quelques naufragés. Presque Tamango is Ayché vanmiaeon tigid. Ba titawaltara va
tous ceux qui montaient la chaloupe furent noyés. witka kadim zida ilwid ; kevoke metan grupeter
Une douzaine seulement put regagner le vaisseau. De dacoba in fu vanpir.
ce nombre étaient Tamango et Ayché. Quand le soleil
se coucha, ils virent disparaître le canot derrière
l’horizon ; mais ce qu’il devint, on l’ignore.

Pourquoi fatiguerais-je le lecteur par la description


Tokdume boikeson pimtason va nakera ke ael, va
dégoûtante des tortures de la faim ? Vingt personnes
belisik co-cuú ? Mon tol-sanoy korik moe nilaxo,

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environ sur un espace étroit, tantôt ballottées par onton nyedan gan xeftoasa bira onton anteyana gan
une mer orageuse, tantôt brûlées par un soleil lujafa awaltara, va abic zavzaks ke ekseem kotvielon
ardent, se disputent tous les jours les faibles restes mijed. Koti smaki va doaliera tapiler, nume axik
de leurs provisions. Chaque morceau de biscuit coûte awalker, me kire gan poik zo atar voxe kire zo isker
un combat, et le faible meurt, non parce que le fort le da di awalker. Arti abic viel, moe Espérance brick tota
tue, mais parce qu’il le laisse mourir. Au bout de Tamango bliso isu Ayché anton zavzagid.
quelques jours, il ne resta plus de vivant à bord du
brick l’Espérance que Tamango et Ayché.

Lanmielon, ton perzafe bira, tizon sukar, nume


Une nuit, la mer était agitée, le vent soufflait avec
tapeduca tir orikapafa eke male lentakotsa va
violence, et l’obscurité était si grande, que de la
geakotsa me zo rowir. Ayché moe cipia koe redakafa
poupe on ne pouvait voir la proue du navire. Ayché
mawa senyer, ise Tamango pokeon debanyer. Kottol
était couchée sur un matelas dans la chambre du
capitaine, et Tamango était assis à ses pieds. Tous jontikviele guamlitar.
les deux gardaient le silence depuis longtemps.
— Tamango, ~ Ayché adim diviegar, ~ va kotcoba
« Tamango, s’écria enfin Ayché, tout ce que tu
mejel, golde jin mejel !…
souffres, tu le souffres à cause de moi… — Je ne
souffre pas, répondit-il brusquement, et il jeta sur le — Me mejé, ~ ino levgon dulzer, aze mo cipia pok
matelas, à côté de sa femme, la moitié d’un biscuit yerumanik va lik ke zavzagisa sma mimar.
qui lui restait. — Garde-le pour toi, dit-elle en
repoussant doucement le biscuit ; je n’ai plus faim. — Mu int sul !! ~ ine kalir, zijnon dimplatison va
D’ailleurs, pourquoi manger ? Mon heure n’est-elle sma. ~ Mea aelé. Ison, tokdume co-estú ? Kas jinaf
pas venue ? » Tamango se leva sans répondre, cugaf bartiv me fu sokir ?
monta en chancelant sur le tillac et s’assit au pied
d’un mât rompu. La tête penchée sur sa poitrine, il Tamango medulzeson ranyar, aze va azeba
sifflait l’air de sa famille. Tout à coup un grand cri se yolkason ticlanir aze tit joayan norisk debanyar. Ton
fit entendre au-dessus du bruit du vent et de la mer ; taka titalasa kev ast, va evluba ke intafa yasa
une lumière parut. Il entendit d’autres cris, et un gros azdadar. Levgon va iepe remu lorara ke suka is bira
vaisseau noir glissa rapidement auprès du sien, si gilder ; afi awir. Va aryone ie gilder, azon ebeltafa
près, que les vergues passèrent au-dessus de sa tête. totapa drumo tela inafa kalion kilder, pokopon eke
Il ne vit que deux figures éclairées par une lanterne trabong va taka vamoonid. Va toloya vola koafina
suspendue à un mât. Ces gens poussèrent encore un gan gumka bene norisk anton wir. Bat korik ware
cri, et aussitôt leur navire, emporté par le vent, kizoyud, aze vere tota ilburena gan sukara ko
disparut dans l’obscurité. Sans doute les hommes de tapeduca griawir. Ape anamsus birelik va bopelayana
garde avaient aperçu le vaisseau naufragé ; mais le tota al kozwid ; vexe rotara tatcer da va nia
gros temps les empêchait de virer de bord. Un instant rovobetad. Moion, Tamango va teyka ke buli wir ise
après, Tamango vit la flamme d’un canon et entendit va lor ke edavara gilder ; aze va teyka ke ari buli wir
le bruit de l’explosion ; puis il vit la flamme d’un voxe va mek lor gilder ; azon va koncoba mea wir.
autre canon, mais il n’entendit aucun bruit ; puis il ne Direvielon, mek ital moe zida awir. Tamango mo cipia
vit plus rien. Le lendemain, pas une voile ne gin senyar aze itabuder. Ayché kurenik batmielon al
paraissait à l’horizon. Tamango se recoucha sur son awalker.
matelas et ferma les yeux. Sa femme Ayché était
morte cette nuit-là.

Je ne sais combien de temps après une frégate


anglaise, la Bellone, aperçut un bâtiment démâté et Radimion, me grupé edje, Bellone englafa fregata
en apparence abandonné de son équipage. Une tota va noriskafa tota nujovleyena gan drig awir.
chaloupe, l’ayant abordé, y trouva une négresse Likay dominer aze va awalkafa ebeltikya is viujafe is
morte et un nègre si décharné et si maigre, qu’il wiputafe ebeltikye vektase va inseik trasir. Ino binder
ressemblait à une momie. Il était sans connaissance, voxe wan gandimir. Selaropesik narir, koroper, nume
mais avait encore un souffle de vie. Le chirurgien s’en viele Bellone tota va Kingston artlapir, pune Tamango
empara, lui donna des soins, et quand la Bellone galecker. Inafa izva zo erur. Ino kalir va coba gruper.
aborda à Kingston, Tamango était en parfaite santé. Taplekusikeem ke ewala kuranir da ino wetce
On lui demanda son histoire. Il dit ce qu’il en savait. tcumivaf ebeltik zo vrayar ; vexe bowesik, tis
Les planteurs de l’île voulaient qu’on le pendît comme ayafamaf, dulaper, krupteson da inaf tod zo
un nègre rebelle ; mais le gouverneur, qui était un rotumalyar, larde sopron, ino va roka va mwedafa
homme humain, s’intéressa à lui, trouvant son cas rojura anton al faver ; ison atanik anton tid francik.
justifiable, puisque, après tout, il n’avait fait qu’user Ino zo askiper milinde ebeltik trasin moe enomayana
du droit de légitime défense ; et puis ceux qu’il avait levetirikafa tota zo gilaskiper. Nuyuca zo zilir, trabe

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tués n’étaient que des Français. On le traita comme ino mu bowere gokobar ; vexe va tevoy erbolk is
on traite les nègres pris à bord d’un vaisseau négrier sinka vieleon war. Tir listik. Vombik ke per-san-
que l’on confisque. On lui donna la liberté, c’est-à- alubeafa vertega va ino wir nume wetce paproyusik
dire qu’on le fit travailler pour le gouvernement ; narar. Azon, ino gruravenglavumur voxe gipulvinsir.
mais il avait six sous par jour et la nourriture. C’était Kevoke, va xeyna ik lavajeb gilulirsir. Koe ropexe
un fort bel homme. Le colonel du soixante-quinzième astvegeson mulufteter.
le vit, et le prit pour en faire un cymbalier dans la
musique de son régiment. Il apprit un peu d’anglais,
mais il ne parlait guère. En revanche, il buvait avec
excès du rhum et du tafia. — Il mourut à l’hôpital
d’une inflammation de poitrine.

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