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BTS COMMUNICATION : travail sur table autour des spots de vœux diffusés sur internet par les présidentiables.

1. Décrivez les principaux éléments formels du spot de M. 4. En quoi le spot de vœux de Mme Royal est-il particulièrement
Sarkozy et justifiez-les au regard de leur(s) signification(s). bien adapté au médium internet ?
6
> Figure 1
5. Dans le spot de Mme Royal, quel effet produit ce plan ?
> Figure 3
00
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J o
Figure 1
Figure 2
2. Quel est selon vous le positionnement cherché par le candidat
Nicolas Sarkozy à travers ce spot ?
i s
6. Quel est selon vous le positionnement cherché par la
o
3. On a pu qualifier le spot de M. Sarkozy de « vœux version
ç candidate Ségolène Royal à travers ce spot ?
ORTF ». Expliquez cette allusion ironique (question de culture
n
générale). 7. On a pu écrire, à propos du spot de Mme Royal d’un « souci
> Figure 2 formel extrême », car ses vœux « témoignent d’une
r a recherche, non pas de vérité, mais d’une vraisemblance que
F l’on ne peut atteindre qu’au prix d’un artifice hyper élaboré ».
Commentez cette analyse.

Figure 3
Psychosociologie de la communication, cours de F. Jourde, lycée G. Berger, 2007

Correction du devoir sur les vœux des présidentiables

comme président et candidat de l’UMP. Son


QUESTION 1
positionnement (en haut à gauche) respecte
✓ Echelle de plan : plan rapproché poitrine le sens de lecture, ne ferme pas l’avenir dont
(plan de proximité 1), produisant un effet de il est ici question (cela aurait été une mal-
face à face avec un homme (c’est cela, une adresse que de le placer à droite), s’identifie
élection présidentielle : un candidat face au au visage du leader.
peuple !).
✓ Décor = fond bleu : le bleu connote l’espoir,
✓ Angle de prise de vue : angle normal (ca- mais d’abord la France et le droite. Pas de
drage à niveau), produisant un effet d’égalité profondeur de champ. C’est un décor de stu-
ou de communication symétrique (ni supério- dio, une scène avec un éclairage artificiel dif-
rité ni infériorité). fus. Bref, le cadre est clairement institution-
nel.
✓ Cadrage : fixe. Effet de stabilité, de solidité.
✓ Regard-caméra : le candidat s’adresse di-
✓ Bandes : créent un format 16/9e. Triple effet : rectement au public.
1) évocation de l’univers du cinéma, effet
de “starisation” du candidat, de théâtrali- ✓ Posture : posture classique de tribun, debout
sation de la scène ; avec sans doute un pupitre. Allie la stabilité
2) stabilité donnée au cadre, rigueur de au dynamisme (Sarkozy n’est pas pour au-
la construction (lignes droites, stabilité et tant figé).
rigueur) ;
✓ Habillement : costume classique, sans fan-
3) permet une excellente lisibilité du
taisie (noir). L’apparence se veut sérieuse.
sous-titrage.
La cravate ne semble cependant pas parfai-
✓ Sous-titrage : le candidat s’adresse à tous tement nouée, ce qui peut apporter une lé-
les français, mêmes aux malentendants. Ce- gère touche de décontraction.
la permet aussi, par redondance, d’appuyer
✓ Cartons d’ouverture et de fermeture : on
le propos.
peut y voir une mise en scène du slogan “la
✓ Plan-séquence : format classique. Ni fantai- rupture tranquille” : le roulement de tambour
sie ni improvisation formelle : inscription dans en ouverture (aspect martial) pour signifier la
un format classique et traditionnel, fiable et rupture, la nappe musicale sereine en ferme-
non déconcertant pour le public. Ce plan-sé- ture pour signifier la tranquillité.
quence permet en outre de communiquer
une certaine authenticité : le propos est QUESTION 2
énoncé d’un trait, sans reprises ni montage.
Le positionnement est celui d’un candidat
✓ Logo : sa présence permet d’identifier la rigoureux et fiable, porteur d’un projet fort et
source du message : M. sarkozy ne s’ex- ayant la ferme volonté de mener la France et
prime pas comme Ministre de l’Intérieur, mais tous les français vers un avenir meilleur.

1 Le plan rapproché est aussi le plan de l’émotion.


nu : le reportage sur le reportage, la mise en
QUESTION 3
scène des coulisses de tournage, le “making
L’ORTF était l’Office de radiodiffusion té- of”.3
lévision française, créé sous la Ve République On cherche clairement ici à produire un
(1964) et démantelé en 1974. L’ORTF symbo- effet de transparence et de vérité, pour signi-
lise souvent aujourd’hui l’audiovisuel étatique et fier :
officiel, rigide et vieux jeu. 1. que la candidate n’a rien à cacher et
que sa parole est sincère et véridique ;
On saisit donc ici l’ironie, qui veut souli-
2. que la candidate ne sous-estime pas le
gner dans le spot de M. Sarkozy la contradic-
sens critique du public des internautes, que l’on
tion entre 1) le message (la rupture) et 2) sa
suppose éduqués aux ficelles médiatiques et
formulation (classique, voir conservatrice). Con-
cinématographiques. Cela reprend une ten-
trairement à celui de Mme Royal, le spot de M.
dance très profonde dans la communication
Sarkozy peu sembler démodé et peu adapté au
moderne : la proximité et la connivence avec
médium internet.
des spectateurs très au fait des ficelles de l’au-
diovisuel, à qui l’on ne peut pas “raconter de
QUESTION 4 salades”.

Le spot de Mme Royal est particulière-


ment bien adapté au médium internet car il en QUESTION 6
reprend les codes de fonctionnement :
Une candidate qui incarne la nouveauté4
✓ L’horizontalité décentralisée, égalitaire
en politique, engagée, proche des français et
et décontractée, — et non la verticalité insti-
voulant construire avec eux le projet prési-
tutionnelle propre aux vieux médias linéai-
dentiel5 .
res : édition et presse, radio, tv. Internet ins-
taure une “relation conversationnelle” (J.-L.
Missika2 ). Sur internet, tout part d’en bas
QUESTION 7
pour remonter.
On notera évidemment la contradiction
✓ La proximité, l’intimité : le spot reprend
entre 1) le message (l’authenticité et la simplici-
les codes visuels de la vidéo familiale plus ou
té) et 2) sa formulation (l’hyper-artificialité, un
moins amateuriste, objet de grande diffusion
certain maniérisme). Par ce “souci formel ex-
sur la toile.
trême”, il s’agit évidemment de produire un effet
ou une apparence de vérité : une vraisem-
QUESTION 5 blance.
Le risque, cependant, c’est que les artifi-
Dans un plan, un élément du dispositif
ces soient trop visibles (aperçus) et deviennent
technique apparaît le champ. D’un côté, cette
dès lors contre-productifs, produisant au con-
intrusion prend à contre-pied les codes visuels
traire un effet d’artificialité !
traditionnels. Mais d’un autre côté, elle s’inscrit
dans un genre télévisuel aujourd’hui bien con-

2 Jean-Louis Missika est sociologue, auteur de La fin de la télévision, Seuil/République des idées, 2006.
3Cet intrusion peut être qualifiée de “postmoderne”, en ce qu’elle empêche une adhésion naïve au discours, au sens où
elle déconstruit les codes classiques.
4 Le spot est dans sa forme très novateur et joue la carte de l’anti-institution (pas de logo du parti socialiste !).
5 Remarquez la position d’écoute de la candidate.

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