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de la Polynésie française
La Polynésie française > 11
Un territoire grand comme l’Europe > 13
Les cinq archipels > 14
L A P OLYNÉSIE FRANÇAISE
Situation
La Polynésie française est située dans l’hémisphère sud, au centre de l’océan Pacifique,
aux antipodes de la France métropolitaine. Le continent le plus proche, l’Amérique du sud,
est distant de 6 500 km, l’Australie est à 6 000 km, l’Asie à près de 10 000 km et l’Europe
à 18 000 km. Il y a 12 heures de décalage horaire entre Paris et Papeete (11 heures en hi-
ver). Ainsi lorsqu’il est 9 h du matin à Paris, heure d’été, il est 21 h la veille à Tahiti.
États-Unis
Japon
m
0k
8 00
m
e1
k
95 nc
00
00 a
Fr
65
km
îles Marquises
Nouvelle-Calédonie
6 000 km
Australie Tahiti 7 500
km
km
4 000
îles Gambier
Chili
îles Australes
Nouvelle-Zélande
> 11
Les cinq archipels
La Polynésie française a une superficie de 5,03 millions de km2 soit une superficie aussi
importante que celle de l’Europe. Elle est composée de 5 archipels qui comptent au
total 118 îles (34 îles hautes et 84 atolls) dont 76 seulement sont habités. L’ensemble de
ces terres émergées représente à peine 3 500 km2 et sont peuplées d’environ 250 000
habitants.
À titre de comparaison, la France métropolitaine a une superficie de 550 000 km2 et
compte plus de 60 millions d’habitants.
Hatuta’a
Eiao Motu One
Hatu Iti
Ua Huka
Nuku Hiva
Ua Pou Fatu ’Uku
Hiva Oa
Tahuata Mohotani
Fatuiva
Archipel des Marquises
Tepoto
Ahe Manihi Takaroa Napuka
Mataiva Tikehau Takapoto Pukapuka
ArutuaApataki
Rangiroa Aratika
Motu One Makatea Toau Kauehi Fangatau
Tupai Kaukura Raraka Taenga Takume Fakahina
Manuae Maupiti Bora Bora Niau Katiu Raroia
Maupihaa Huahine Fakarava Tuanake MakemoNihiru Rekareka
Tahaa Tetiaroa Hiti
Archipel des Tuamotu
Faaite Tepoto
Îles Sous-le-Vent Raiatea Moorea Tahanea MotutungaMarutea Tatakoto
Anaa Tekokota Tauere
Maiao Tahiti
Mehetia Haraiki Hikueru
Amanu
Reitoru Marokau Pukarua
Îles du Vent Hao
Ravahere Akiaki
Vahitahi
Reao
Archipel de la Société Nengonengo Paraoa Nukutavake
Manuhangi Ahunui Pinaki
Vairaatea
Hereheretue
Anuanuraro
Anuanurunga Vanavana
Nukutepipi
Tureia Tenararo Vahanga
Tenarunga
Tematangi
Maria Moruroa Matureivavao Marutea
atoll
Rapa
≥
> 13
La Polynésie française
MARQUISES
Nombre d’habitants : 8 712
L ES CINQ ARCHIPELS Superficie terrestre : 1 049,3 km2
Nombre d’îles : 6 îles et 6 îlots
Tous les archipels de Polynésie française
sont situés dans l’hémisphère sud. Du
nord-est au sud-ouest, on distingue 5 ar-
chipels à l’identité physique et culturelle
bien distinctes.
TUAMOTU
Nombre d’habitants : 14 876
Superficie terrestre : 680,5 km2
Nombre d’îles : 76 atolls
SOCIÉTÉ
Nombre d’habitants : 214 445
Superficie terrestre : 1 597,6 km2
Nombre d’îles : 10 îles et 4 atolls
L’environnement
naturel
> 19
La Polynésie française
siste ainsi à la création d’un chapelet d’îles partie aérienne et 9 000 mètres pour la par-
plus ou moins espacées en fonction du tie sous-marine, si l’on tient compte de
rythme des épisodes éruptifs. À titre l’enfoncement que son poids a provoqué
d’exemple, l’archipel des Australes, situé sur le plancher océanique.
au sud de la Polynésie française, a été créé
par le point chaud de Mac Donald, toujours L’évolution des îles
en activité et actuellement situé à 40 miles À peine formé, le volcan aérien (ou île
au sud-est de Rapa. Le sommet du volcan haute) est soumis à différents phénomènes
qu’il est en train de générer n’est plus qu’à et va progressivement le transformer en île
quelques dizaines de mètres de la surface basse ou atoll. C’est l’effet dit de « subsi-
de l’océan. dence » causé à la fois par l’érosion aé-
rienne, l’enfoncement de l’île, la formation
Les épisodes éruptifs qui ont donné nais- de la barrière récifale et la dérive du plan-
sance aux volcans polynésiens ont été brefs cher océanique. L’érosion aérienne est di-
et considérables. Brefs, car la vitesse de rectement liée à la violence des phénomè-
déplacement de la plaque sur laquelle ils nes climatiques (pluies tropicales et vents
reposent étant relativement rapide, ces vol- principalement) qui lessivent ses flancs.
cans ont été rapidement coupés de leur L’enfoncement du volcan est dû à son pro-
source de magma. On estime par exemple pre poids ajouté à celui des coraux, qui
que le volcan principal de Tahiti a été créé poussent bientôt, faisant fléchir le plancher
en 0,75 million d’années seulement. océanique sur lequel il repose. Tout au long
de sa transformation, des coraux se déve-
Les phénomènes éruptifs enfin ont été loppent en effet sur les côtes puis au large,
considérables, car ils ont éjecté en peu de formant une barrière et encerclant ainsi l’île
temps des quantités formidables de lave. d’un lagon. Un fois le volcan totalement ef-
Le volcan de Tahiti a un volume estimé de 8 fondré, ne reste plus que l’anneau corallien
millions de m3. Sa hauteur totale à l’origine qui émerge, appelé atoll, et qui disparaîtra
était de 12 000 m ! 3 000 mètres pour la lui aussi.
Ride médio-océanique
ASIE AMERIQUE
DU SUD
N
AR A
MP
11 C
MAGMA
C LIMAT Humidité
En Polynésie française, le taux d’humidité
Une première évidence s’impose, les sai- au niveau de la mer oscille entre 79 % et
sons sont inversées par rapport à celles 80 % avec une amplitude jour/nuit de 12 %
de la France métropolitaine, les deux par- à 14 %.
ties du monde n’étant pas situées dans le
même hémisphère. À l’été métropolitain Précipitations
correspond l’hiver austral. Une deuxième La saison des pluies dure de novembre à
évidence, qui frappe le voyageur à sa sor- avril et plus particulièrement de décembre
tie de l’avion, il fait chaud et humide. La à mars. Elle peut se prolonger jusqu’en juil-
Polynésie française jouit en effet d’un cli- let aux Marquises. Pendant cette période,
mat tropical maritime humide. les pluies sont fréquentes et abondantes.
Les orages éclatent le plus souvent en fin
> Tropical, car partout les températures d’après-midi ou au lever du soleil.
moyennes annuelles de l’air sont supérieures
à 20° C. Sur les îles hautes, les variations de préci-
> Maritime, car l’ensemble polynésien est in- pitations peuvent être considérables en
séré dans un milieu océanique très étendu qui fonction des vents dominants et de l’alti-
joue le rôle de régulateur thermique. tude. Ainsi, à Tahiti, sur la commune de Hi-
> Humide, car les précipitations annuelles tia située sur la côte est (face au vent do-
sont supérieures à 1 350 mm, à l’exception minant), il tombe 3 550 mm d’eau par an.
des Marquises et des Tuamotu de l’est (de De l’autre côté de l’île, sur la commune de
Reao à Puka Puka), plus sèches. Punaauia, située sous le vent, il ne tombe
que 1 500 mm d’eau. Au sommet de l’île,
Saisons les précipitations annuelles dépassent
> Été austral (de novembre à avril). C’est 1 000 mm.
la saison des pluies, particulièrement
chaude et humide. Insolation
> Hiver austral (de mai à octobre). C’est une L’insolation annuelle moyenne en Polynésie
saison plus fraîche et relativement sèche. française est comprise entre 1970 heures
au sud sur l’archipel des Australes, et 2270
heures par an et plus, sur l’archipel des
Les températures Tuamotu.
» La température annuelle moyenne : 25,5° C.
» Février est le mois le plus chaud : 24° C à 5 h, Sur les îles hautes, le maximum d’insola-
28,5° C à 14 h et en moyenne 25,8° C. tion intervient entre 9 h et 11 h. Sur les
» Août est le mois le plus frais : 21,8° C à 5 h, atolls, le maximum d’insolation se produit
26,7° C à 14 h et en moyenne 24,3° C. entre 10 h 30 et 11 h 30.
» Température minimale absolue enregistrée : 14,9° C.
» Température maximale absolue enregistrée : 34° C. Vent
» Les variations de températures journalières Durant la saison des pluies, la Polynésie
oscillent entre 4,6 et 7,2° C. française est soumise au toerau ou alizés
» La température journalière la plus élevée se situe de secteur nord nord-est. Pendant la sai-
vers 13 h, soit une heure après le passage du soleil son fraîche, de juin à octobre, les alizés de
au méridien. sud-est, le mara’amu, prédominent. Dans
» La température journalière la plus fraîche peut être les îles hautes, après la tombée de la nuit,
relevée au lever du soleil. un vent frais descend des sommets, c’est le
» La température de l’eau varie entre 26 et 28° C. hupe.
Dans le passé, les pertes en vies humaines Il peut se passer plusieurs décennies entre
ont pu être importantes, surtout dans les deux cyclones frappant un même secteur.
La médecine par les plantes était très éla- À la fin du XIXe, quelques colons, dont
borée. Une vingtaine de plantes étaient sa- l’Écossais William Stewart, exploitèrent de
vamment utilisées, à différents stades grands domaines cotonniers. Des planta-
d’évolution et pour leurs différentes parties tions de café et de canne à sucre remplace-
(racine, écorce, feuille ou fruit). Certaines, ront le coton quelques décennies plus tard.
comme le hutu, étaient employées pour la
pêche comme poison, sans risque toutefois Il n’existe plus de grandes plantations en
pour les hommes. Polynésie française. Toutefois, depuis quel-
ques années, en particulier sur la com-
Mais les plantes ne servaient pas que de mune de Papara, on a assisté à la mise en
nourriture, puisqu’on les transformait pour place d’importantes exploitations de cultu-
fabriquer des colorants, des cordages, des res hydroponiques sous serres produisant
paniers, des habitations et même des tis- tomates, salades, concombres… vendues
sus. Un savoir-faire aujourd’hui perpétré en grande surface.
par l’activité artisanale : la confection de
tapa (tissus en écorce battue de purau) et de
nape (cordage), la fabrication de l’huile de
monoï, les tressages en pandanus (fara)
sont en effet devenus des symboles vivants
de la culture ancestrale.
Quant aux cafards, ils deviennent, avec les domestiques et d’élevage, dont des bovidés.
margouillats, des compagnons de route ! La chèvre, le cochon, ou encore le cheval,
sont parfois retournés à l’état sauvage, en
Les mollusques particulier aux Marquises.
Les gastéropodes terrestres (escargot, li-
mace) présentent une étonnante diversité, LA FAUNE DES RIVIÈRES
dont la majorité est endémique. Les par-
tulas de Moorea constituaient un des exem- La faune des mollusques d’eau douce est
ples les plus démonstratifs de l’endémisme aujourd’hui pauvre et cosmopolite. Sur les
insulaire (réduit à une seule vallée parfois) 8 espèces existantes, 3 ont été introduites
avec 6 espèces différentes. au cours des dernières décennies et n’ont
pas concurrencé les espèces locales.
Les mammifères
Il n’y a pas de mammifères autochtones en Ces mollusques vivent col-
Polynésie française. Tous ont été introduits, lés aux rochers des rivières
volontairement ou non, par l’homme. Le et des cascades et se
chien et le porc furent amenés par les pre- nourrissent d’algues mi-
miers Polynésiens au cours de leurs migra- croscopiques. Les che-
tions, avec le rat, embarqués clandestin vrettes (crustacés d’eau
dans le fond de leurs pirogues. Les Euro- douce) peuplent les cours d’eau
péens ont introduit par la suite des animaux des îles hautes et occupent une
place importante dans la gas-
tronomie locale. Un petit
poisson qui ressemble à une
truite, le nato, vit également dans les
rivières de Polynésie, souvent en compa-
gnie de petites carangues et de mulets, qui
vivent habituellement dans les lagons.
Les échinodermes
Les oursins sont bien représentés dans les
récifs. L’oursin noir à longs piquants, ap-
pelé vana, est très prisé par les populations
La famille des cônes est la mieux représen- locales pour la consommation de ses œufs.
tée en Polynésie française avec celles des L’oursin crayon qui habite le front du récif
porcelaines. est trop souvent ramassé pour la beauté de
ses larges piquants violets. Les étoiles de
Attention, la piqûre de certains cônes peut mer ne sont pas très nombreuses, toutefois
être mortelle. on citera la taramea, étoile de mer épineuse
mangeuse de corail et dont les piquants
Enfin, parmi les bivalves, citons encore le sont venimeux. Enfin, les holothuries ou
majestueux bénitier dont les valves entrou- concombres des mers répugnent souvent
vertes montre une magnifique robe aux les baigneurs par leur aspect.
couleurs électriques, sans oublier l’huître
perlière qui fait l’objet d’une intense exploi- La flore marine
tation pour la production de perles. Contrairement à la richesse de sa faune, la
flore marine est très pauvre. On peut toute-
Chez les crustacés, le grand crabe maculé, fois mentionner la présence de quelques
très recherché pour sa chair, se reconnaît à algues, premier maillon de la chaîne ali-
ses taches rouges et vit de préférence sur mentaire, à commencer par les microsco-
le front du récif, tandis que les langoustes piques zooxanthelles, algues unicellulaires
et les cigales de mer se trouvent plutôt sur dont le corail a besoin pour se développer
le versant océanique du récif. Enfin, le plus et construire la barrière récifale.
prisé des crustacés est une squille ou varo,
rappelant par son long abdomen la mante
religieuse. Il vit dans de profonds terriers
creusés dans le sable.
La culture polynésienne
> 31
La Polynésie française
Une société hiérarchisée et un mode vaient aussi entrer en guerre les unes
de vie proche de la nature contre les autres ou s’allier pour combattre
La connaissance de cette culture ancienne un ennemi commun.
très originale est difficile, à la fois parce
qu’elle est dépourvue d’écriture, et parce Les Polynésiens vivaient en bord de mer,
qu’elle fut anéantie de façon radicale lors mais aussi dans les vallées, comme en té-
des premiers contacts avec les Occidentaux. moignent aujourd’hui les nombreux sites
archéologiques. Leur habitat se constituait
Elle repose sur une société clanique forte- de fare plus ou moins modestes et de for-
ment hiérarchisée et profondément reli- mes variées : maisons végétales édifiées à
gieuse. Le ari’i était le chef suprême, incar- même le sol, sur un plancher surélevé ou
nation du dieu dont il détenait le pouvoir (le sur une plate-forme pavée comme aux
mana), veillant à la répartition des biens, Marquises. À Tahiti, des fare de tailles diver-
instaurant les tapu (interdit) et auquel toute ses avaient chacun une attribution : pour
la population devait allégeance. Le tahu’a manger, dormir, faire la cuisine, fabriquer
était son égal spirituel, le grand prêtre qui des étoffes (tapa)… Les Polynésiens vivaient
présidait les cérémonies et prononçait les de la culture des jardins potagers, de la
rahui (interdits temporaires sur la nourri- cueillette, de l’élevage (porc) mais aussi de
ture). Les ra’atira, gérant la terre, assu- la pêche, activité pour laquelle ils avaient
raient le relais entre les chefs et le peuple développé un savoir-faire exceptionnel.
(manahune : agriculteurs, pêcheurs, arti-
sans, domestiques…). Une autre caste mé- Les religions et les cultes anciens
rite attention, celle des ’arioi, artistes chan- Les dieux et demi-dieux polynésiens étaient
teurs et danseurs itinérants, vivant dans nombreux, ils avaient des pouvoirs variés et
une certaine indépendance. Différentes étaient vénérés différemment selon les îles
chefferies, plus ou moins puissantes et et les périodes. Les principaux se nomment
liées par des rapports d’allégeance souvent Oro, Tane, Tu et Hiro. Dans le panthéon, on
fondés sur la parenté (mariages entre différencie les dieux célestes, des dieux faits
clans), se partageaient les îles. Elles pou- hommes et des fantômes. Les Polynésiens
les célébraient sur les marae, le lieu de culte
Les majestueuses statues en bois ou en pierre, sacré plus ou moins important selon qu’il
réceptacles et représentations de chefs ou d’an- s’agisse d’un marae familial, clanique ou
cêtres divinisés, comme les tiki des îles Marqui- même «international» comme le fut celui de
ses, étaient sollicités pour obtenir des dieux la
réussite d’un projet ou d’une entre-
prise. Le but recherché était toujours
la protection, le bien-être, la pérennité
et l’essor du groupe.
Taputapuatea à Raiatea. Les plus importants malgré les nombreux interdits imposés par
sont formés d’une cour rectangulaire pavée les missionnaires qui les jugeaient indé-
quelquefois enceinte d’un mur ; d’un ahu, cents. Tout comme les chanteurs, les musi-
partie la plus sacrée, sorte de plate-forme ciens accompagnaient les danseurs et utili-
édifiée en blocs de corail ou de basalte, quel- saient le pahu (grand tambour à membrane
que fois pyramidale et flanquée de trois pier- en peau de requin), l’ihara (bambou fendu
res dressées ; de pierres-dossiers destinées frappé avec un baton), des flûtes nasales ou
aux prêtres et disposées dans la cour et de buccales, des sifflets et des conques. Met-
unu, stèles en bois sculpté représentant les tant en œuvre le bois et la pierre, la sculp-
familles liées au marae. Aux proches alen- ture était partout : tiki et objets d’apparat et
tours, différents fare accueillaient trésors, de prestige destinés aux chefs et aux prêtres
idoles (ti’i ou tiki, statue à l’effigie humaine (pagaies cérémonielles, batons de comman-
d’ancêtres déifiés ou servant de support aux dement, éventails, tambours…), mais aussi
dieux lors de leur visite sur terre), images du objets du quotidien, plus ou moins travail-
dieu tutélaire (to’o, morceau de bois entouré lés selon la caste et l’utilisation (plats, pilons,
de tressage et de plumes) et quelque fois la tabourets, appui-nuques). Tout comme la
dépouille d’un humain sacrifié. Les marae sculpture, le tatouage mettait en œuvre
étaient aussi destinés à la vie sociale du quantité de motifs géométriques et parfois
clan, cérémonies rituelles, intronisation des figuratifs, d’une richesse incontestée. Art
chefs… Sachez enfin que les tiki pouvaient hérité des dieux, il était le témoin du passage
également être disposés dans la nature pour de l’enfance à l’âge adulte, mais aussi une
délimiter un terrain ou le marquer d’un tapu marque d’appartenance à un groupe et une
(interdit). protection contre les forces maléfiques.
Chaque archipel possèdait ses particularités
Les arts et artisanats ancestraux et c’est aux Marquises que le tatouage a
Très tôt reconnu pour sa valeur esthétique, connu le plus bel épanouissement. Quant au
l’art polynésien touche des domaines aussi tressage, il rythmait le quotidien des Polyné-
variés que les ornements, les costumes, le siens qui ont su exploiter de façon systéma-
tatouage, le tressage, la sculpture mais tique les ressources de la nature pour
aussi la musique, le chant et la danse. Lié confectionner toutes sortes de matériaux :
aux rites saisonniers ou sociaux et aux fêtes, paniers, cordages pour la pêche, ligatures
ce que l’on nomme aujourd’hui ’ori tahiti en tout genre, tresses sacrées du prêtre et
(danse) rassemble différents pas, plus ou du chef, toitures et cloisons, nattes, costu-
moins rapides, lascifs ou expressifs mais mes, parures… Autant de techniques carac-
toujours réalisés en groupe. On a vraisem- térisées par un soucis de minutie, d’ingénio-
blablement su conserver les gestes anciens sité et d’esthétique.
déjà affaiblie par les guerres locales et la Vers un statut plus autonome
disparition de la civilisation traditionnelle. et le CEP
Vers 1850, il ne reste qu’environ 8 500 habi- En 1957, les EFO deviennent la Polynésie
tants à Tahiti qui en comptait quelque 70 000 française et en 1958 la population se pro-
à l’arrivée de Cook. nonce par référendum pour le maintien du
territoire de Polynésie française dans le ca-
Du protectorat à l’annexion dre français, la loi-cadre votée en 1957 ac-
de la France cordant une autonomie interne au territoire
Alors qu’elle est confrontée à une grave est retirée.
crise politique et religieuse, Tahiti devient
un enjeu politico-religieux entre la France L’installation du Centre d’expérimentations
et le Royaume-Uni. Mais ce dernier, du Pacifique (CEP), au début des années
conquérant de la Nouvelle-Zélande, aban- 1960, entraîne le bouleversement du mode
donne ses prétentions. Le champ est libre de vie traditionnel en faisant entrer le terri-
pour les missionnaires catholiques et la toire dans la société de consommation de
Marine française. La reine Pomare IV ac- type occidental. L’argent afflue (c’est la
cepte le protectorat de la France en sep- « manne » du nucléaire). Il permet de dé-
tembre 1842 et la même année les Marqui- velopper les communications (construction
ses deviennent françaises (les Tuamotu en d’aéroports, amélioration des infrastructu-
1864). S’ensuivent quelques années de res portuaires et routières, ainsi que du ré-
conflit armé (de 1844 à 1846) à Tahiti et seau téléphonique...), de promouvoir le tou-
Huahine, mené par les chefs opposés à la risme (construction de grands hôtels de
présence française, c’est la guerre franco- classe internationale), d’améliorer les
tahitienne qui matera les derniers rebelles. conditions de la vie quotidienne (écoles,
protection sanitaire et sociale, confort mé-
L’action de l’administration française ne nager...). La société polynésienne se trouve
cesse de se développer et, le 29 juin 1880, le en partie déstabilisée par ces change-
roi Pomare V fait don de ses États à la ments : abandon des activités traditionnel-
France (îles de la Société et Australes rejoi- les (pêche, agriculture...), repli vers le ter-
gnent ainsi Marquises et Tuamotu). La colo- tiaire non directement productif mais plus
nie s’appellera désormais «Établissements rémunérateur, afflux vers l’agglomération
français de l’Océanie» (EFO). De 1888 à 1897, de Papeete des populations des îles des
l’insurrection de Huahine et Raiatea, hostiles autres archipels. D’autant que les retom-
aux EFO, marque les dernières escarmou- bées ne profitent pas à tous.
ches entre Français et Tahitiens. Le déclin
démographique cesse avec la mise en place Aujourd’hui
d’un service de santé par la Marine. Les essais nucléaires ont cessé. Les res-
ponsables polynésiens sont conscients des
À partir de la fin du XIXe siècle, la colonie nouvelles limites de l’interventionnisme
croît et vie à son rythme, l’agriculture et le métropolitain. Dans un contexte statutaire
commerce se développent, tout comme Pa- fondé sur une très large autonomie au sein
peete qui accueille bientôt une formidable de la République (voir aussi le chapitre
population cosmopolite. Quelques événe- consacré aux Institutions), la Polynésie
ments marquent l’histoire du début du XXe française travaille à la promotion de ses
siècle : le bombardement de Papeete par ressources propres (tourisme, perlicul-
deux croiseurs allemands le 22 septembre ture...), de manière à s’assurer un dévelop-
1914 et le départ des «Poilus tahitiens», le pement économique social et culturel équi-
ralliement à la France-Libre et l’épopée du libré. Elle tient également à affirmer son
«Bataillon du Pacifique». rayonnement au sein du Pacifique insulaire.
Les religions
La religion est très présente en Polynésie
française. Depuis le XIXe siècle, les croyan-
ces ancestrales ont fait place au christia-
nisme sous toutes ses formes, importé par
les missionnaires anglais puis français,
responsables, plus encore que la colonisa-
tion, de l’acculturation de la société ma’ohi.
Les Protestants et les Catholiques consti-
tuent aujourd’hui les communautés les
plus importantes, se partageant plus des
trois quart des fidèles. Les autres obédien-
ces sont en nombre : mormons, adventis-
tes, sanitos, témoins de Jéhovah et prati-
quants de diverses confessions ou règles
philosophiques à caractère religieux.
Les données
économiques
> 43
La Polynésie française
L’agriculture
Les exportations de nono (purée et jus
confondus) ont enregistré une baisse an-
nuelle en quantité de 18 %, celles de d’huile
de coprah de 12 % en valeur et 8 % en vo-
lume. En revanche, le monoï a battu son re-
cord d’exportation en 2006 aussi bien en vo-
lume qu’en valeur. La vanille enregistre sa
troisième année de baisse des recettes. Et
rejoint ainsi les niveaux antérieurs à ceux
de l’année 2000.
Les institutions
> 55
La Polynésie française
cours nécessaires pour faire face aux ris- munes plus anciennes de Papeete, Uturoa,
ques majeurs et aux catastrophes, coordi- Faa’a et Pirae).
nation et réquisition des moyens concou-
rant à la sécurité civile…). Le code des communes applicable en Poly-
nésie française date pour l’essentiel d’avant
> Monnaie (crédit, change, trésor…). les lois de décentralisation.
> Police et sécurité de la circulation mari- Aussi, les actes des communes polynésien-
time (surveillance de la pêche maritime, nes sont soumis à un contrôle préalable de
sécurité des navires…). l’autorité administrative.
> Règles relatives à l’administration, à l’or- > Les communes votent le budget avec
ganisation et aux compétences des com- ses dépenses obligatoires : paie du person-
munes, de leurs groupements et de leurs nel, remboursement d’emprunts, participa-
établissements publics. tion aux syndicats de communes…
> Fonction publique civile et militaire de > Elles doivent également organiser les
l’État. services nécessaires pour satisfaire les be-
soins de la population, état-civil, service de
> Communication audiovisuelle. l’incendie, enlèvement des ordures ména-
gères, constructions scolaires.
> Enseignement universitaire.
> Elles gèrent leur domaine public (voies
C’est le haut-commissaire de la République communales, parcs publics, mairie, dépôts
qui dirige les services de l’État en Polynésie d’ordures, marchés, cimetières, réseaux
française. Il prend des règlements dans les d’eau et d’assainissement, locaux scolaires,
matières relevant de sa compétence et or- stades et piscines…).
donnance les recettes et les dépenses civi-
les de l’État. > Les communes peuvent se grouper en
syndicat de communes.
Il veille en outre à l’exercice régulier de
leurs compétences par les autorités de la Le nouveau statut prévoit que l’État et les
Polynésie française et par celles des com- autorités de la Polynésie française peuvent
munes ainsi qu’à la légalité de leurs actes apporter leur concours financier et techni-
et assure, au nom de l’État, le contrôle des que aux communes ou à leur groupement.
organismes et des personnes privées bé- Il prévoit également un élargissement des
néficiant des subventions de l’État. compétences des communes.
Les communes
La Polynésie française compte 48 commu-
nes créées en 1972 (à l’exception des com-