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Dissertation appuyée sur un dossier documentaire

Il est demandé au candidat :


- de répondre à une argumentation posée explicitement ou implicitement dans le sujet ;
- de construire une argumentation à partir d'une problématique qu'il devra élaborer ;
- de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment
celles figurant dans le dossier ;
- de rédiger en utilisant le vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question, en
organisant le développement sous la forme d'un plan cohérent qui ménage l'équilibre des parties.

Il sera tenu compte dans la notation de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.

THEME : conflits et mobilisation sociale

SUJET : Dans quelle mesure l’évolution des inégalités permet-elle d’expliquer celle de
la conflictualité ?
Document 1 :
Le thème de la moyennisation de la société apparaît en France dès la fin des années 1960. L’idée de
« constellation centrale » permet de qualifier cet entre-deux qui gagne en nombre et, plus tendanciellement,
en homogénéité. L’image de la toupie révèle une société capable de réduire les inégalités et de produire de la
mobilité sociale, la base – les classes populaires – s’affinant pour rejoindre le centre. Ce processus
conduirait ainsi à une homogénéisation de la société autour de sa moyenne – mesurable à la fois au niveau
économique, social mais aussi culturel avec l’idée de la diffusion des comportements et des modes de vie.
Cette présentation d’une société française fluide a conduit progressivement à parler de « déclin » des classes
sociales, puis à abandonner toute référence à cette notion.
Si cela correspond en grande partie aux transformations sociales de la France des années 1960 et 1970, cette
perception consensuelle est progressivement remise en cause. En effet, les inégalités sociales ne diminuent
plus de manière aussi nette à partir des années 1980, prenant parfois de nouvelles formes [18]. Dans cette
perspective, la situation des classes moyennes fait de nouveau l’objet d’une attention particulière.
Source :V.Gimbert et A.Rohmer, note de veille N°54 du 16/04/07 du Centre d’Analyse Stratégique

Document 2 :
Le nombre de journées individuelles non travaillées en Europe en 1995 et en 2001

Rang Pays 1995 2001


1 France 5 883 200 1 807 250
2 Espagne 1 457 100 1 802 360
3 Italie 909 300 1 005 430
4 Royaume-Uni 414 700 525 100
5 Belgique 100 200 142 620
6 Irlande 130 300 114 610
7 Finlande 869 420 60 650
8 Danemark 197 310 59 500
9 Pays-Bas 691 480 45 100
10 Portugal 62 870 41 480
Source : Eurostat.
Document 3 : Evolution du coefficient de gini dans les pays de l’OCDE entre le milieu des années 70 et 2005
Période 1975 1985 1990 1995 2000 2005

Pays
BEL .. 0.27 .. 0.29 0.29 0.27
DNK .. 0.22 0.23 0.21 0.23 0.23
FIN 0.23 0.21 .. 0.23 0.26 0.27
FRA .. 0.31 0.3 0.28 0.28 0.28
DEU .. 0.26 0.26 0.27 0.27 0.3
ITA .. 0.31 0.3 0.35 0.34 0.35
JPN .. 0.3 .. 0.32 0.34 0.32
NLD 0.25 0.26 0.28 0.28 0.28 0.27
NOR .. 0.23 .. 0.26 0.26 0.28
ESP .. 0.37 0.34 0.34 0.34 0.32
SWE 0.21 0.2 0.21 0.21 0.24 0.23
GBR 0.28 0.33 0.37 0.35 0.37 0.34
USA 0.32 0.34 0.35 0.36 0.36 0.38
OECD .. .. .. .. .. 0.31

Source : OCDE, “Croissance et inégalités : Distribution des revenus et pauvreté dans les pays de l’OCDE”, Octobre
2008, ISBN 9789264044203 (résumé de 10 pages en ligne)

Document 4 :

Quarante ans après Mai 68, comment analysez-vous ce mouvement ?

Mai 68, c’est l’entrée en force sur la scène politique du culturel, comme 1848 avait été l’entrée en scène des
acteurs économiques. Sous Georges Pompidou, la France se reconstruit à coups de béton et d’autoroutes,
mais les manières de vivre, les problèmes d’éducation, de sexualité, etc. apparaissent aux dirigeants comme
des amusettes. Les catégories morales et intellectuelles ne changent pas. Il faut noter que le mouvement se
déclenche aux États-Unis, dans les années 1960, à Berkeley par exemple…
Après 1968, les fronts se multiplient : mouvements régionaux (basque, occitan…), Solidarnosc en Pologne,
ainsi que le Mouvement de libération des femmes (MLF) ou des homosexuels…
Mais, avec le recul, je pense qu’il est exagéré de faire de l’idée de « nouveaux mouvements sociaux » une
catégorie en soi. Cette notion marque plutôt une période transitoire : même si les formes de lutte sont encore
classiques, les revendications portent sur des contenus nouveaux (rapport à l’international, à l’immigration,
thème des minorités, émergence aussi de l’écologie). L’idée de ces mouvements est que la lutte des classes
n’est plus le seul horizon : certaines formes de domination peuvent s’exercer ailleurs que dans le travail. Par
exemple dans la famille ou le couple pour les femmes.
Il fallait sauter le pas de la référence à l’ouvriérisme. Aujourd’hui, on est passé à une nouvelle ère où les
mobilisations sont consciemment organisées autour de thèmes culturels : sexualité (homosexuels,
transgenre), minorités, handicapés… Les nouveaux mouvements sociaux étaient en quelque sorte un « entre-
deux ».
Même si la France est, notons-le, très en retard par rapport aux pays anglo-saxons, quelles sont les
préoccupations des penseurs et des institutions ? De quoi le Parlement débat-il ? De l’homoparentalité, des
législations sur l’avortement, de l’euthanasie, du pacs…
Nous vivons dans le nouveau monde qui a pris naissance en 1968. Et les événements français ont été, et pas
seulement en France, déterminants dans ces évolutions.
Source : Feu les nouveaux mouvements sociaux,Questions à Alain Touraine, Propos recueillis par Martine
Fournier,Sciences humaines,mai 2008
Document 5 :

Si certains critères mettent en évidence un recul de la réalité des classes, soit dans la période 1965-1980, soit
pour les générations de l’entre-deux-guerres jusqu’aux premières générations du baby boom, nous assistons
depuis lors à une pause, voire à un regain de certaines inégalités. Le passage de la croissance rapide à la
stagnation (ou croissance molle) a eu, en soi, un impact inégalitaire : la croissance permet de projeter un
rattrapage à l’horizon de la vie ou d’une génération à l’autre, alors que la stagnation offre une vision
d’immobilité.
La croissance ouvre la possibilité d’une égalisation dynamique qui pourrait engendrer des anticipations
favorables de promotion et une mobilité subjective : avec 4 % de croissance annuelle du revenu des
ménages, la classe ouvrière a de bonnes raisons de se projeter dans le mode de vie et donc d’identifier une
partie de ses intérêts à ceux des nouvelles classes moyennes salariées ; à 1 % , le sort des classes populaires
se referme sur le présent.
Un certain nombre d’arguments permet donc de parler de maintien, voire de retour, des classes sociales.
Pour autant, dans ce diagnostic, un élément demeure manquant : celui concernant les identités collectives,
autrement dit la conscience de classe

Source : L.Chauvel, Le retour des classes sociales, OFCE, 2001http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/9-


79.pdf

Document 6 : Taux de syndicalisation dans 23 pays industrialisés entre 1970 et 2003 (en%)

Etats- Danemark Suède Japon UE Allemagne France Italie R-Uni


Unis
1970 23,5 60,3 67,7 35,1 37,8 32,0 21,7 37,0 44,8
1980 19,5 78,6 78,0 31,1 39,7 34,9 18,3 49,6 50,7
1990 15,5 75,3 80,8 25,4 33,1 31,2 10,1 38,8 39,3
2000 12,8 73,3 79,1 21,5 27,3 25,0 8,2 34,9 36,1
2003 12,4 70,4 78,0 19,7 * * 8,3 33,7 29,3
* Données non disponibles
Source : http://cyril-coulet.over-blog.com/article-20072551.html

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