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Science Mondialisation, finance internationale et

économique intégration européenne

Notions : Euro, union économique et


monétaire 2.2 Quelle est la place de l'Union
européenne dans l'économie
globale ?
222 – Les conséquences de l’Union monétaire sur les
politiques économiques

Fiche 2222– Quels sont les résultats des politiques macro-


économiques dans l’UEM?

Des résultats positifs

 La convergence économique : les situations économiques des pays de l’UE se rapprochent

 Les écarts de taux d’inflation entre pays de la zone euro diminuent :


en 78, l’écart entre les taux d’inflation est de 1 à 6. En 96, le taux
d'inflation est quasi nul dans tous les pays.

 Une convergence des taux d’intérêt : en 84, le taux d'intérêt de


l'Espagne est deux fois plus grand que celui de l'Allemagne, à partir
de 99 ils sont identiques.

 les niveaux de vie des différents pays se rapprochent : plus le pays


d'Europe avait un niveau de vie bas en 99, plus la
croissance du niveau de vie a été rapide

 Les déterminants : l’union monétaire,


rempart contre la crise

 La BCE est indépendante des Etats européens ; elle a donc eu pour objectif prioritaire de
lutter contre l’inflation sans craindre un revers électoral
 Disposer d'une monnaie commune a permis de limiter les effets de la crise :
- la BCE a pu mener une politique très réactive après la crise et baisser les taux d'intérêt
pour relancer la croissance
- Pour les pays les plus fragiles et les plus endettés, appartenir à l'UE monétaire leur
permet d'obtenir des taux d'intérêt plus bas.
- Cela évite de mener des dévaluations compétitives qui sont néfastes lorsqu'elles sont généralisées

Des difficultés persistantes : La crise de 2008 a stoppé la convergence économique

 Constat
- La crise de 2007 a entraîné une augmentation des écarts de taux d'inflation. En 2008, on avait un écart de 3 points entre
le taux d'inflation le plus élevé et le taux d'inflation le moins. En 2010, l’écart est de 7 points.
- Même si les taux d'intérêts directeurs définis par la BCE sont les mêmes dans l'union monétaire, les taux d'intérêt du
marché sont différents et les écarts s'accroissent : 2 points en 2010, 4 points en 2013, en raison des primes de risque que
subissent les PIGS (Portugal, Grèce, Italie, Espagne)
- Les PIB par habitant qui avaient convergé depuis la fin des années 90, ont recommencé à diverger, opposant une Europe
du nord (en particulier l’Allemagne) qui s’enrichit et qui rebondit après la crise à une Europe de Sud qui s’enfonce dans
la crise et dont les déficits (publics et de la balance des paiements) s’accroissent.
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 selon la BCE, trois facteurs expliquent la fin de la convergence économique
- la croissance du revenu par tête pourrait avoir été entravée par la mauvaise qualité des institutions et de la gouvernance. En
effet, les pays les mieux classés en termes de gouvernance tendent à présenter les plus hauts niveaux de revenu. En revanche, la
Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal sont mal notés en termes de gouvernance. Or de mauvaises institutions peuvent éroder la
confiance et le capital social essentiels pour les échanges et l’innovation.
- les pays présentant les plus fortes rigidités structurelles ont été particulièrement affectés par la crise financière. A long terme,
les rigidités sur le marché du travail et sur les marchés des biens et services contribuent à la mauvaise allocation des facteurs de
production, ce qui empêche d’accroître de façon soutenable le potentiel d’offre. A court terme, elles empêchent une réallocation
des facteurs en dehors des secteurs touchés par la crise, ce qui contribue à la persistance du chômage.
- dans les années qui ont précédé la crise, la faiblesse de la croissance potentielle dans plusieurs pays membres a été dissimulée
par un boom de la demande domestique alimenté par le crédit. L’Irlande, l’Espagne et, dans une moindre mesure, la Grèce et le
Portugal ont enregistré une forte hausse de l’endettement du secteur privé. En effet, suite à l’adoption de la monnaie unique et la
convergence des taux d’intérêt nominaux, les taux d’intérêt réels ont fortement chuté, en particulier dans les pays périphériques.
Cette baisse des taux d’intérêt réels a entraîné une expansion du crédit et de la demande, mais celle-ci a entretenu en retour la
baisse des taux d’intérêt réels en alimentant l’inflation. Dans la mesure où les autorités budgétaires ont surestimé la croissance
potentielle, c’est-à-dire finalement la soutenabilité de la croissance, elles ont eu tendance à adopter une politique budgétaire
excessivement accommodante, ce qui alimenta le boom et réduisit la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour faire face à
une crise. En outre, la forte demande domestique s’est traduite par un creusement des déficits extérieurs. Un tel processus est
tout à fait normal dans des économies en rattrapage, mais les entrées de capitaux ont financé l’activité dans des secteurs peu
productifs, peu exportateurs, mais présentant de fortes rentes.

Les difficultés de coordination des politiques économiques

 Les limites de l’euro, monnaie unique

 Des limites structurelles lors de la création de l’euro :


- la monnaie a certes des fonctions économiques (intermédiaire des échanges, unité de compte, réserve de valeur), mais
elle a aussi des fonctions sociales : elle symbolise l’appartenance à une communauté. Or cette dimension est
insuffisante avec l’euro du fait de l’absence de citoyenneté politique européenne.
- lors du traité de Maastricht, pour crédibiliser la BCE, les allemands qui étaient réticents à abandonner le deutsch mark
ont institué l’indépendance de la BCE. Les dirigeants sont certes nommés par les autorités politiques, mais, au cours
de leur mandat, n’ont pas de comptes à rendre aux gouvernements. Il n’y a donc pas de pilotage politique de l’euro :
la BCE s’intéresse alors peu aux variations du chômage. A l ‘inverse les dirigeants de la FED doivent rendre des
comptes au Congrès et sont donc plus réactifs à la situation du pays

 une monnaie unique inadaptée à des situations économiques différentes: l’adoption de l’euro entraîne plusieurs conséquences :
- le taux d’intérêt nominal est identique dans tous les pays de la zone euro. Ce n’est pas le cas du taux d’intérêt réel
(taux d’intérêt nominal – taux d’inflation). En effet, les taux d’inflation sont restés différents dans la zone euro.
Ces taux d’intérêt réels très faibles ont favorisé l’augmentation de la demande et généré de la croissance en Espagne et le
Portugal avant la crise de 2008.

- le taux de change est maintenant unique quel que soit la nature de la compétitivité du pays:
 un pays comme l’Allemagne qui a une compétitivité-qualité peut continuer à exporter avec une monnaie forte
 un pays qui a une compétitivité –prix va être pénalisé par cette monnaie forte : ses prix à l’exportation en
monnaie étrangère vont augmenter, ce qui va réduire ses exportations et sa croissance. En outre, il ne peut plus
mener de dévaluation compétitive. Ainsi, un pays qui a une croissance économique faible et un taux de chômage
élevé ne peut réduire son taux de change pour augmenter sa compétitivité-prix. La seule solution est alors la
baisse du coût salarial qui entraîne une diminution de la demande effective

- La difficulté consiste à savoir quelle politique monétaire adopter : augmenter les taux d’intérêt pour limiter l’inflation ou
injecter de la monnaie dans l’économie pour favoriser la croissance :
Pour les pays avec une croissance économique faible, une augmentation des taux d’intérêts entraîne une hausse du coût de
l’emprunt qui n’incite pas les acteurs économiques à investir. La faible augmentation de la demande génère alors une hausse
faible de la production : la croissance économique reste faible et le taux de chômage élevé
Pour les pays à forte croissance économique, une diminution des taux d’intérêt incite les acteurs à emprunter, à investir. La
demande augmente, ce qui crée de l’inflation.
Pour Keynes, dès lors que tous les facteurs de production ne sont pas mis en oeuvre (situation de
sous-emploi), une politique monétaire expansive aura un effet moteur sur la sphère réelle (Keynes
rejette donc la théorie quantitative de la monnaie quand l’économie est en situation de sous-emploi).
La chute du taux d’intérêt qui résultera de cette politique monétaire permettra, à efficacité marginale
du capital constante, d’augmenter la rentabilité de l’investissement.

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 Les limites des politiques budgétaires dans l’UEM

 Une politique budgétaire européenne commune inexistante : le budget européen ne représente que 1% du PIB, il est donc
impossible de mener des politiques d'austérité ou de relance commune. Les Etats européens vont donc adopter des politiques
nationales qui peuvent se révéler contradictoires.

 Des politiques budgétaires non coopératives : au sein même de l'Union européenne, les gouvernements mettent en place
des politiques budgétaires censées améliorer leur situation économique au détriment des autres pays :
– l'impact des politiques de relance est différent selon la taille du pays. Elle est inutile pour un petit pays ouvert puisque
l'augmentation de la demande va se traduire par une augmentation des importations et ne permet pas d'augmenter la croissance
du pays.
– Les Etats peuvent mener des politiques fiscales concurrentielles qui s’appuient sur la stratégie du passager clandestin : les pays
réduisent le taux de prélèvement obligatoire (TPO = (impôts + cotisations sociales)/PIB x 100) afin d’attirer les épargnants et
investisseurs des autres pays européens

 Des politiques budgétaires trop rigoureuses qui génèrent des effets pervers : les critères mis en évidence par les différents
traités (déficit budgétaire à 3% du PIB et dette publique inférieure à 60% du PIB) imposent de mener des politiques de
rigueur conformes à l’analyse libérale.
- Il faut d’abord diminuer les dépenses publiques considérées par les libéraux comme des dépenses
improductives, car elles ont une efficacité économique très réduite. L’effet multiplicateur des
dépenses publiques est inférieur à 1 : une augmentation des dépenses publiques de 100 euros
génère une augmentation du PIB inférieure à 100 euros .Les dépenses publiques ne restaurent donc
pas les conditions de l’offre et n’assurent pas de sortie de crise. Comme il n’y a pas d’augmentation
des richesses créées, il n’y a pas davantage de rentrées fiscales. Comme les dépenses augmentent
et les recettes non, se pose alors le problème du déficit budgétaire et de son financement.
- Il faut aussi diminuer les impôts selon les libéraux :
o Laffer en 1980 a repris une vieille tradition libérale qui remonte à A.Smith Celui-ci écrivait dès
1776 dans son livre « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » : «
l’impôt peut entraver l’industrie ( travail ) du
peuple et le détourner de s’adonner à certaines
branches de commerce et de travail qui
fourniraient de l’occupation et des moyens de
subsistance à beaucoup de monde . Ainsi tandis
que d’un côté il oblige le peuple à payer, de
l’autre il diminue ou peut-être anéantit quelques-
unes des sources qui pourraient le mettre plus
aisément dans le cas de le faire » Selon Laffer:
 jusqu’au taux de prélèvement obligatoire T, le
rendement marginal des prélèvements
obligatoires, bien que décroissant est positif :
l’augmentation du taux de prélèvements
obligatoires engendre une augmentation des
recettes publiques (masse prélevée). Cette augmentation est de plus en plus faible à mesure
que l’on se rapproche de T.
 au-delà du seuil T, toute augmentation des prélèvements obligatoires détermine une diminution
des recettes fiscales. Cette baisse est d’autant plus forte que l’on s’éloigne de T (le rendement
marginal est donc négatif). Quand le taux est supérieur à T (dit taux optimal), l’économie rentre
dans la zone des taux dissuasifs ou prohibitifs : ceux-ci réduisent l’incitation au travail des
ménages qui multiplient les comportements d’évasion et de fraude fiscale ( cf par exemple , le
développement du travail au noir ) . Dès lors, le montant de la base fiscale sur laquelle sont
prélevés les impôts et cotisations sociales diminue et les recettes publiques chutent (la
réduction de la base fiscale fait plus que compenser l’augmentation des taux de prélèvements
obligatoires).
 Laffer constate alors que le montant des masses prélevées T serait le même pour 2 taux très
différents. Ceci revient au vieil adage des fiscalistes : « il faut demander peu au contribuable et
beaucoup à l’impôt. »

o L’augmentation des taux de prélèvements nuit donc à la croissance économique dès lors que
l’on se trouve dans la zone prohibitive : les individus font moins d’efforts puisqu’ils considèrent
qu’une partie de leurs efforts n’est pas rémunérée
o Cette augmentation des prélèvements obligatoires limite aussi la consommation de ménages. La
théorie du revenu permanent de M.Friedman montre que ce n’est pas parce que les ménages ont
vu leur revenu augmenter pendant une année, qu’ils vont accroître leur consommation. Ils
peuvent considérer que cette augmentation du revenu n’est que transitoire. Dès lors, la majeure
partie du revenu supplémentaire sera épargnée, ce qui n’aura aucun effet sur la demande.

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- Les Etats de l’UE ont donc adopté des politiques de rigueur. Celles-ci ont cependant généré des effets pervers :
o la politique monétaire restrictive augmente le taux d’intérêt, ce qui limite l’incitation à investir
o la politique monétaire budgétaire de rigueur génère une diminution de la demande (baisse des dépenses publiques et hausse
des impôts sur les ménages), ce qui ne pousse pas les entreprises à investir et à produire.

– Une carte mentale présentant les intérêts et les limites d’une politique de rigueur

 Certains économistes et hommes politiques défendent alors l’idée d’une politique de relance caractéristique de l’analyse
keynésienne
- Selon Keynes, l’économie peut être durablement au sous-emploi des facteurs de production. Le
gouvernement peut alors par sa politique conjoncturelle favoriser la relance économique. La politique
budgétaire est basée sur le multiplicateur keynésien : l’augmentation initiale de la demande entraîne
une augmentation plus forte de la production. Pour les keynésiens, le multiplicateur est supérieur à 1.
Les instruments de cette politique budgétaire :
o L’augmentation des dépenses publiques : par exemple, des politiques de grands travaux
(investissement autonome ,cf
Roosevelt dans les années 30)
o La baisse des impôts qui assure une
hausse des revenus disponibles des
ménages et des profits des
entreprises. Ceux-ci augmentent aussi
leur consommation et leur
investissement. Il faut alors privilégier
les plus pauvres qui ont une
propension à consommer élevée.
o un déficit budgétaire apparaît, mais
seulement à court terme : comme le
déficit budgétaire assure une
augmentation des richesses créées
plus forte, les rentrées fiscales basées sur le niveau de richesse augmentent. Ces rentrées
fiscales permettent alors de combler le déficit précédent.

– Cependant, cette politique de relance a aussi des limites :


o Pour la politique monétaire : selon Keynes, cette politique est limitée car la baisse du taux
d’intérêt peut être compensée par une chute plus que proportionnelle de l’efficacité marginale
du capital. De plus, la baisse des taux ne saurait franchir une limite (Keynes la qualifie de trappe
à la liquidité) : si le taux d’intérêt devient trop faible, toute la monnaie détenue par les ménages

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est thésaurisée, ce qui engendre des fuites allant à l’encontre des objectifs recherchés par la
politique monétaire expansive
o si un seul pays mène une politique de relance dans une économie mondialisée, l’augmentation
de la demande de biens et services profitera surtout à ses concurrents. En effet, la politique de
relance entraîne une augmentation des revenus et une création monétaire qui génère de
l’inflation. Les produits du pays sont alors plus chers que ceux de ses concurrents. Les ménages
préfèrent acheter des produits étrangers : il n’y a donc pas accélération de la croissance, mais
augmentation du déficit extérieur

– Une carte mentale présentant les intérêts et les limites d’une politique de relance

La zone euro n’est donc pas une zone optimale au sens de Mundell
 La notion de ZMO a été développée dans les années 60 par R.Mundell qui remet en cause le principe
ricardien de l’immobilité internationale des facteurs de production. Selon Mundell , 2 pays ont intérêt à
adopter une monnaie unique s’il existe des moyens qui contrecarrent la perte de l’instrument des taux
de change, comme moyen de rétablir l’équilibre suite à un choc asymétrique , c’est-à-dire à un choc
touchant de manière différente les économies appartenant à la zone monétaire .
 Selon Mundell, un des critères permettant de définir une ZMO est la mobilité des facteurs de
production, en particulier du facteur travail. Ainsi, si le pays A est confronté à un choc
asymétrique générant du chômage , alors que la pays B connaît une situation de plein emploi et
de tensions inflationnistes , la résorption du déséquilibre sera opérée par l’émigration des
chômeurs du pays A qui iront travailler dans le pays B , où les salaires sont plus élevés en raison
du manque de main d’œuvre . Ainsi, par le mécanisme de la loi de l’offre et de la demande :
baisse des salaires dans le pays A, hausse dans le B, on reviendra dans une situation d’équilibre
dans les 2 pays
 H .G.Johnson a proposé au début des années 70 un nouveau critère définissant une ZMO :
l’intégration fiscale qui peut être définie par « la présence d’un mécanisme de stabilisation
automatique entre régions ». Ainsi, des transferts budgétaires doivent s’opérer entre les régions
connaissant une croissance et un excédent budgétaire et les régions en récession confrontées à
un déficit budgétaire croissant.

 L’Europe contrairement aux EU ne constitue pas une zone économique intégrée

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 ces deux conditions ne sont pas réunies :
- Les transferts de main d’œuvre d’un pays à l’autre sont encore limités du fait des différences de
langue et de culture
- l’introduction de l’euro ne s’est pas accompagnée d’une intégration fiscale par le biais, par exemple
d’un budget européen ayant explicitement une fonction de redistribution. Or la solidarité européenne
est encore très réduite, le budget fédéral st pratiquement inexistant (moins de 2 % )
 aucun mécanisme n’est prévu dans le cadre de l’UEM pour résorber les chocs asymétriques :
- les pays de la zone euro confrontés à un choc asymétrique détériorant leur compétitivité ne peuvent
plus utiliser le taux de change, c’est-à-dire la dévaluation, ni l’outil monétaire (une baisse des taux
d’intérêt) pour relancer l’investissement et la croissance.
- Le seul instrument qui, en théorie, demeure disponible est la politique budgétaire qui, en cas de
difficultés persistantes devrait permettre de relancer la croissance, ou, au moins, par le mécanisme
des stabilisateurs automatiques d’éviter que la récession se transforme en dépression. Mais, le pacte
de stabilité a limité la liberté des Etats de mener des politiques budgétaires autonomes, donc leur
capacité à répondre à des chocs asymétriques est illusoire

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