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La TQM

Théorie Quantitative de la Monnaie


I) La version « classique »
2) Autres versions
La TQM
Théorie Quantitative de la Monnaie
I) La version « classique »
Introduction
La TQM ou Théorie Quantitative de la Monnaie a une histoire confondue avec celle du
libéralisme économique. Présentée de manière variée par les mercantiliste avant 1750, elle
devient un des fondements théoriques de l‘Ecole classique (Ricardo), puis néo-classique
(Fisher), mais aussi de la politique monétaire,

Son importance théorique est de faire jouer à la monnaie, un rôle particulier dans l’équilibre
macroéconomique intérieur (niveaux de : Epargne, Investissement, production,
consommation et emploi). De plus, elle a été généralisée aux échanges internationaux sous la
forme du SRMSD (Self regulating mechanism of specie distribution) - ou PSFM (Price specie
flow mechanism) – ouTEABC (Théorie de l’ équilibre automatique de la balance des
comptes )- Son rôle s’est donc étendu à l’équilibre international.

C’est en référence à ce noyau théorique (TQM et SRMSD) que l’on a pu opposer dans l’HPE,
mercantilisme et libéralisme. Opposition que le cours atténuera?
On présente ci-dessous :

1) La distinction prix relatifs/prix absolus et le


rôle de la monnaie selon la TQM
2) La version moderne de la TQM de Irving
Fisher
3) Les insuffisances de la TQM

Conclusion
1) La distinction prix relatifs/prix absolus et le rôle de la monnaie selon la TQM

11) La distinction REEL – MONETAIRE


On appelle analyse de la monnaie en termes réels, celle qui suppose les prix
déterminés en termes relatifs,
L’étalon de mesure est alors le temps de travail. Le prix relatif de la
marchandise A est la comparaison du temps de travail pour A et celui des
autres marchandises. Par exemple A = ½ B, rapport d’échange qui signifie
que la marchandise B incorpore deux fois plus de travail que A et possède
donc un prix relatif supérieur.
Le rôle de la monnaie est la transformation des prix relatifs en prix absolus.
Si le prix monétaire de B est pB = 40£ alors on déduit que PA = ½ pB = 20
On distinguera donc toujours analyse en termes réels et analyse en termes
monétaires.
12) Système de prix relatifs et système de prix absolus - Un exemple -
Soit l’échange de trois marchandises - blé, drap, cuir – dont la production a
nécessité un temps de travail différent et quelconque.
Le système des prix relatifs peut s’écrire en prenant le temps de travail du blé
comme étalon
blé = 1
drap = 1/3
cuir = ½
On suppose la masse monétaire (M) exogène et suffisante pour réaliser les
échanges : M = 1000.000£
On recherche le système des prix absolus. Ce système est celui des prix relatifs
monétisés, soit :
blé = x£
drap = 1/3.x£
cuir = ½.x£
Où x£, représente le prix absolu inconnu de l’étalon blé
On déduit les prix absolus en écrivant l’EQUATION DES
ECHANGES :
On pose comme hypothèse que 1000 quintaux de blé
s’échangent contre les autres marchandises, alors
(1000.x£) + 1000(x£/3) + 1000(x£/2) = 1000.000
Equation qui donne le système des prix absolus :
x£ = 1000.000/1833,33 = 545,5 et donc drap = 181.8 et cuir = 272,7£

Le système des prix absolus s’écrit finalement :


blé = 545,5£
drap = 181.8£
cuir = 272,7£
13) Le principal enseignement de la TQM
a) La TQM établit une relation directe de proportionnalité, en longue période,
entre la masse monétaire (M) et le niveau général des prix (P).

Dans l’exemple : si la quantité de monnaie est divisée par 2, le niveau des prix
est divisé par 2, Le système des prix absolus devient :
blé = 272,75£
drap = 90,9£
cuir = 136,35£
b) On vérifie que les prix relatifs sont inchangés
blé = x = 272,75
drap = 1/3.x = 1/3 (272,75) = 90,9
cuir = ½.x = ½ (272,75) = 136,35
Et donc la sphère monétaire (M et P) est indépendante de la sphère réelle des
transactions (T). La monnaie peut être dite neutre par rapport à cette dernière.
Ou, elle est exogène. Il existe ainsi une dichotomie (séparation) sectorielle, et
les agents sont supposés n’être pas victimes de l’illusion monétaire.
2) La version moderne de la TQM par Irving Fisher
« The purshasing power of money » - 1911
l) La définition de la TQM par Fisher

“Other things remaining unchanged, as the quantity of money in


circulation increases, the price level also increases in direct proportion
and the value of money decreases and vice versa.”
“Toutes choses égales par ailleurs, si la quantité de monnaie en
circulation augmente, le niveau des prix augmente dans la même
proportion, et la valeur de la monnaie décroît, et inversement”.

Cette version fut préalablement celle de D. Ricardo. On peut la


dénommer version Ricardo-Fisher.
2) L’équation des échanges
MV+ M’ V’ = PT

P = niveau general des prix et donc 1/P = valeur de la monnaie


M = Quantité totale de monnaie en circulation hors credit (ou à cours legal)
V = vitesse de circulation de la monnaie (hors credit)
= Dépense totale sur un an / dépense moyenne –
exemple : 100000£ /5000£ = 20 fois/an
M’ = Quantité totale de monnaie de credit en circulation
V’ = vitesse de circulation de la monnaie de credit
T = Niveau général des transactions = montant total des biens et services
échangés
Et donc
PT = demande totale de monnaie et MV+ M’ V = Offre de monnaie (avec par
hypothèse MV = M’V’)
2) La représentation graphique
GRAPH 1
En ne raisonnant que sur (M), l’équation s’écrit :
MV = PT
en changeant de membre : (M/P) = (1/V).T Niveau
des
Prix
Donc : en supposant constant le membre de droite,
alors si M double
 P double (graph 1)
la valeur de la monnaie (1/P) diminue (graph 2) GRAPH 2

Valeur
De la
monnaie
2) Les hypothèses

L’équation des échanges et son graph sont basés sur plusieurs


hypothèses

1)P est une variable passive (ou M  P)


2)Le rapport (M’/M) est constant
3)V et V’ sont constantes et indépendantes de M et M’
4) T est constant et indépendant des autres facteurs
5) La demande de monnaie (PT) est proportionnelle au niveau des
transactions (T)
6) L’offre de monnaie (M+M’) est supposée exogène et constante
7) L’équation des échanges est vérifiée dans la longue période
8) L’économie est supposée en plein emploi
3) Les insuffisances de la TQM MV+ M’ V’ = PT
31) Les 6 critiques de l’équation des échanges
1) Il s’agit d’un TRUISME (Keynes) : Valeur des transactions (PT) = M

2) Le raisonnement « toutes choses égales par ailleurs » (TCEP) est irréaliste : Les constantes (V,V’,T) son
instables, et les variables sont interdépendantes (Keynes). Par exemple :
P+  M+ ou P+  T+ ou T+  (M+M’)+ etc….

3) Périodicité
MV est inexacte, car : M se rapporte à une durée variable et V à une période statique

4) Valeur de la monnaie
(1/P).M est défini par le volume annuel de T ; Or, (PT) désigne le total des dépenses de consommation

5) Défaillances théoriques dues à l’omission :


- des variations de P en courte période
- du caractère déterminant de P, quelle que soit la période (par opposition à M  P)
- des cycles : si dépression M+  P+ (faux) et si boom M-  P- (faux)

6) Négligence du rôle du taux d’intérêt (i)


La relation (M,P et i) qui suppose celle entre (P et i) avec (i) indépendant de (M) est occultée
32) Les 4 critiques des hypothèses
1) Les hypothèses générales ont été remises en cause par Keynes, soit :
la longue période le plein emploi le relation directe de proportionnalité, qui ne peut
qu’être indirecte (M,P et i), et plus généralement
la dichotomie entre une théorie de la monnaie et une théorie des biens (ou réelle)

2) Le rôle de la monnaie comme réserve de valeur


En considérant (M) comme simple intermédiaire des échanges, la TQM néglige sa fonction de
réserve de valeur.

3) Les effets réels dus à la baisse des prix sont remis en cause par la théorie des effets réels (ou
cash balance analysis) de Don Patinkin (« Money, interest and prices »-1965)
Si P- alors (M) étant donnée (M/P)+ ,la valeur de la monnaie croît et donc le revenu réel, ainsi
que T et l’emploi augmentent.

4) La TQM est une théorie statique inappropriée à l’analyse d’une économie dynamique,
connaissant des transformations (telles les cycles).
Conclusion
L’équation des échanges de Fisher, mais aussi sa remise en cause au
XXe siècle (Keynes, Patinkin), sont toutes deux redevables à l’histoire
de la pensée économique.

C’est principalement durant la période mercantiliste, et préclassique


que les approches opposées des phénomènes monétaires ont vu le
jour.

Les oppositions modernes ne sont le plus souvent que les reflets de


ces anciennes oppositions. Ces dernières mériteront donc que l’on
s’y attache.
La TQM
Théorie Quantitative de la Monnaie
2) Autres versions
• La version fishérienne est dite version « monnaie de transactions » (ou« transaction
version »)

Les autres versions sont dites :

• 1) Approche par le Revenu ou Vitesse de transformation de la monnaie


en revenu (« Income velocity equation»)

• 2) Approche par la dépense ou « cash balance analysis » ou version


Marshallienne-Cambridgienne

• 3) Version de Knut Wicksell

• 4) Version moderne de Milton Friedman


1) Approche par le Revenu ou Vitesse de transformation de la monnaie en
revenu (« Income velocity equation»)
MV = PY

M = Offre ou stock de monnaie


P = Niveau général des prix
V = vitesse de circulation
Y = Le revenu national
2) Approche par la dépense ou « cash balance analysis » ou version Marshallienne-
Cambridgienne (anticipée vers 1750 par Malachie POSTLETHWAYT et reprise et modifiée par
DON PATINKIN en 1965)

M = k PY
M, P et Y comme ci-dessus

k = est la proportion désirée du revenu conservée sous forme liquide (ratio


de liquidité)
La demande de monnaie est proportionnée au Revenu et non au transactions
(T)

Donc :
Y et V ou k constants , les variations de M sont proportionnels à P.

Ce qui assigne un objectif à la politique monétaire : controler l’offre de


monnaie pour maintenir la stabilité des prix (éviter l’inflation).
3) La version de Knut Wicksell (« Interest and prices » - 1898)
Avant la remise en cause de la TQM par Keynes, Knut Wicksell avait réalisé une transformation
majeure de la TQM, en se fondant sur les travaux marginalistes de Walras, Fisher et Böhm
Bawerk.
Cette transformation est une réponse à la critique de l’Ecole de la Banque (« Banking School »)
menée par T. Tooke , J. Fullarton et Wilson
Ces derniers avaient démontré que ce n’est pas la quantité de monnaie qui détermine les prix
(M P), mais les prix qui déterminent la quantité de monnaie (PM). Leur argument principal
étant que la quantité de monnaie (pièces, billets et surtout crédit) n’est pas exogène, mais
endogène, et créée par les banques pour les besoins du trade.
Wicksell conserve la TQM (dans la version de Ricardo-Fisher), en faisant jouer à l’inflation un
rôle nouveau : T étant donné, l’inflation déséquilibre l’offre de biens et services et la demande
d’investissement pour la réaliser (« processus cumulatif »). Elle devient un phénomène réel, et
non plus monétaire. Donc la création monétaire (M) peut devenir endogène, et la dichotomie
classique disparaître. Ce que Wicksell réalise en définissant le « taux d’intérêt naturel » comme
celui qui maintient la stabilité des prix.
La crise de 1929 a mis en échec les versions
fishérienne, wicksellienne et Marshalienne,
La TQM a été vivement critiquée par Keynes (voir ci-
dessus).
Le raisonnement sous l’hypothèse de plein emploi
étant la critique majeure de Keynes.
4) La version moderne de Milton Friedman

Md = M/P = f (Yp, z, r, ΔP/P u) Ses enseignements sur la demande


de monnaie et la politique monétaire
Md = Demande d’encaisses réelles (M/P)
1) Le taux d’intérêt influe peu sur la
Yp = Revenu permanent (au sens de Friedman :
demande de monnaie
somme des revenus actualisés sur une durée de vie
2) La demande de monnaie est une
moyenne)
fonction stable du revenu (mais non
z = ratio (capital technique / richesse totale)
constante)
r = taux d’intérêt
AP/P = taux de croissance des prix
3) La politique monétaire doit donc
u = autres variables déterminant la demande de
viser à controler l’offre de monnaie et
monnaie.
ses effets sur
le niveau des prix et celui du revenu
réel
plutôt que le taux d’intérêt.
CONCLUSION
La mondialisation des économies modernes de libre échange, a
complexifié les interventions des autorités monétaires.
Tous les enseignements de la TQM ne sont pas discrédités,
mais ils ne résistent pas au problème du change international
et à celui de l’emploi.
Curieusement, c’est à l’époque de la naissance de l’Economie
Politique, celle où le commerce extérieur et le libre échange
étaient un objet de réflexion privilégié, que cette complexité a
été la mieux entrevue et étudiée. Les débats contemporains
sont des débats mercantilistes.
………..FIN

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