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Béton armé et précontraint I

INSTABILITE ELASTIQUE

Jean Marc JAEGER


Setec TPI

E.N.P.C. module B.A.E.P.1


ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 1
Sommaire

• DISPOSITIONS DE DETAIL
• HAUTEUR DE FLAMBEMENT
• IMPERFECTIONS GEOMETRIQUES
• EFFETS DU SECOND ORDRE
• COEFICIENT DE FLUAGE
• METHODE GENERALE
• EVALUATION DE LA RAIDEUR
• EVALUATION DE LA COURBURE
• VERIFICATION DE LA SECTION

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 2


14. FLAMBEMENT – INSTABILITE ELASTIQUE

N N
δ déplacement
horizontal de la ligne
moyenne,

M = N x δ moment de
second ordre créé par
la déformation du
S δ
poteau,

Stabilité du poteau : il
existe une position
d’équilibre.

Position d’équilibre
N N
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 3
Instabilité élastique, flambement : rappels de RdM
On considère un poteau bi-articulé soumis, en tête et en pied, à un effort de
compression N centré sur son centre de gravité G (cas de compression centrée).

Sous l’effet d’une action transversale (S) le poteau se déforme et chaque section
droite subit un déplacement horizontal δ. Chacune de ces sections est alors
soumise à un moment M=N δ, lié à l’excentricité de l’effort appliqué par rapport au
centre de gravité de la section déplacée, ce moment engendré par la déformation
du poteau est nommé moment de second ordre.

Dans le cas de pièces courantes le déplacement δ est faible et on néglige les


effets du second ordre, dans le cas de pièces élancées on ne peut plus les
négliger. Ces sollicitations de second ordre augmentent la déformation du poteau
et donc les valeurs de δ. Si le processus converge vers une position d’équilibre le
poteau est stable et ne « flambe pas », si le processus diverge on dit que le
poteau « flambe ».

Les imperfections géométriques de construction amorcent le processus, un


poteau n’est jamais réalisé selon une verticale parfaite.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 4


14. DISPOSITIONS DE DETAIL

• Dispositions prises vis à vis de la DURABILITE


• Poteaux b≤ h / 4

• Ferraillage longitudinal Φ barres ≥ 8mm


0.10NED
As, min = max( ;0.002 AC )
fyd
As, max = 0.04Ac
1
• Ferraillage transversal Φbarres ≥ (6 mm ; Φlong)
4
st, max = min( 20Φlong ; a ; 400mm )
a : plus petite dimension transversale
§ 9.5 EC2
du poteau
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 5
Dispositions de détail
Les dispositions de détail concernant les poteaux sont définies dans la clause 9.5;
elles concernent :

- la distinction entre poteau et voile qui implique que la plus petite dimension
transversale du poteau b vérifie b ≤ h/4 en notant h la plus grande dimension
transversale de celui-ci;

- les clauses de ferraillage longitudinal minimal qui imposent :


• un diamètre minimal des barres longitudinales Φbarres ≥ 8mm,
• une section minimale d’acier d’acier As,min,
• une section maximale d’acier As,max;

- les clauses de ferraillage transversal qui imposent


• un diamètre minimal des armatures transversales,
• un espacement maximal des barres transversales.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 6


14. INSTABILITE ELASTIQUE, FLAMBEMENT

M = Fy moment de second ordre


F
M
&y& = équation d’équilibre
EI
EI lf
λ= élancement
i
π ² EI
lf Fc = force critique d’Euler
G
lf ²
π ²E
nCE = contrainte critique d’Euler
y λ²
Fc 1
= 1+ facteur d ’amplification
Fc − F Fc
−1
F F
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 7
Force critique de flambement, facteur d’amplification
Il est utile de rappeler quelques résultats de résistance des matériaux, applicables
à un matériau homogène élastique, pour mieux comprendre la clause 5.8
« Analyses des effets du second ordre en présence d'une charge axiale » de la
norme NF EN 1992-1-1.

On reprend le cas d’un poteau bi-articulé de hauteur lf ou un poteau de longueur


de flambement lf soumis à une compression centrée. On note y le déplacement
horizontal de chaque section droite située à une abscisse x comptée depuis le
pied du poteau.

L’équation différentielle qui relie le moment de flexion M = Ny et la courbure 1/r


(considérée égale à ÿ) s’écrit ÿ = M / EI ou E est le module d’élasticité longitudinal
du matériau et I l’inertie de flexion. On trouve une solution y(x) à cette équation
différentielle du second ordre et donc une position d’équilibre du poteau si l’effort
appliqué F est inférieur à la force critique de flambement Fc.

On démontre, en RdM, que dans le cas où le poteau n’est pas rectiligne mais
présente une imperfection géométrique initiale (par exemple une courbure
constante) cette géométrie sera amplifiée par les effets du second ordre et une
fois atteint l’équilibre, par un facteur dit d’amplification égal à Fc / (Fc – F).

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 8


14. INSTABILITE ELASTIQUE, FLAMBEMENT

déformée parabolique déformée sinusoïdale


F

x x πx
y ( x) = 4e 2 (1 − ) y ( x) = e 2 sin
lf lf lf
e2 π πx
&y&( x) = −8 ⋅ 2 lf &y&( x) = −e 2 ⋅ ( ) ⋅ sin
2

lf lf lf
e2
1 lf 2 1 lf 2
e2 = ⋅ e2 = ⋅
r 8 r π²

c=8 F c =π²
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 9
Relation entre courbure (1/r) et déplacement maximal (e2)
La courbure 1/r de la ligne moyenne au droit d’une section située à l’abscisse x
est reliée à la déformée y(x) par l’expression : 1 ÿ
=
r 1 + y '²
On considère que y’ est faible devant 1 et on obtient alors 1/r = ÿ(x).

En choisissant une allure parabolique ou sinusoïdale pour la déformée y(x) et en


respectant les trois conditions aux limites y(0)=0, y(lf)=0 et y(lf/2)=e2 on sait alors
établir l’expression reliant la courbure de la section la plus sollicitée, dite section
critique et située à mi-hauteur du poteau, avec le déplacement e2 de cette section.

Cette expression prend la même forme dans les deux hypothèses de déformée à
un facteur près noté c par la norme NF EN 1992-1-1:

c= 8 dans l’hypothèse d’une déformée parabolique (moment constant),


c=π² dans l’hypothèse d’une déformée sinusoïdale (hypothèse courante).

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 10


14. LONGUEUR DE FLAMBEMENT

• Élancement du poteau λ = lo/ i


• Longueur de flambement lo
I
• Rayon de giration i=
B

§ 5.8.3.2 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 11
Longueur de flambement selon la résistance des matériaux
La résolution de l’équation différentielle ÿ = M / EI en fonction des conditions de
liaison hautes et basses du poteau avec le sol fait apparaître, en RdM, la notion
de longueur de flambement.

La longueur de flambement dépend des conditions de liaison de chaque extrémité


du poteau (ou nœud de liaison) : extrémité libre, articulation ou encastrement et
aussi de la possibilité ou non d’un déplacement horizontal du nœud supérieur par
rapport au nœud inférieur.

Par exemple :
- Poteau bi-articulé – nœuds non déplaçables : longueur de flambement lo
(notation de la norme) égale à la hauteur libre l du poteau,
- Poteau bi-encastré – nœuds non déplaçables : longueur de flambement lo
(notation de la norme) égale à la demi hauteur libre l du poteau,
- Poteau bi-encastré – nœuds déplaçables : longueur de flambement lo
(notation de la norme) égale à la hauteur libre l du poteau.

L’élancement mécanique λ d’un poteau est égal au quotient de sa longueur de


flambement lo par son rayon de giration i . Le rayon de giration d’une section
rectangulaire de hauteur h et de largeur b est égal à : i = h/√12 (en effet dans ce
cas I=bh3/12 et B=bh.

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14. RAIDEUR DES LIAISONS

• k souplesse relative de l’encastrement partiel des nœuds


de liaison
k = (θ / M )éléments . (EI / l )poteau(x)
éléments : s’opposant à la rotation
M moment unitaire appliqué aux barres raidissant le nœud
θ rotation du nœud sous le moment M

k = 0 encastrement parfait
k = ∝ articulation
kmini = 0.10

§ 5.8.3.2 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 13
Longueur de flambement selon la norme NF EN 1992-1-1
La détermination de la longueur de flambement lo passe par le calcul des
souplesses relative à l’encastrement partiel des liaisons hautes et basses du
poteau avec le reste de la structure, notées k1 et k2. La valeur de k traduit la
souplesse à la rotation des éléments de structure qui s’opposent à la rotation du
poteau: dans le cas théorique d’un encastrement parfait k=0, dans le cas
théorique d’une articulation totale k tend vers l’infini. La valeur minimale de k, fixée
par la norme, vaut 0,10.

Pour calculer k on considère tous les éléments qui s’opposent à la rotation de


l’extrémité considérée du poteau, en général il s’agit des poutres encastrées dans
le poteau et situées dans le plan de flambement, on impose une rotation θ au
nœud de liaison et on calcule le moment total M équilibré par les éléments
s’opposant à cette rotation. Le produit de (θ/M) par (EI/l) du poteau considéré
donne la valeur de k.

Si le poteau adjacent (poteau supérieur pour le nœud supérieur et réciproquement


pour le nœud inférieur) est susceptible d’initier le flambement du poteau considéré
alors il convient de remplacer (EI / l ) dans la définition de k par
[(EI / l )a + (EI / l )b].

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 14


14. RAIDEUR DES LIAISONS

• Calcul de (θ / M )

M 3EI
M= θ (α = 3)
θ l
M 4 EI
M= θ (α = 4)
θ l

θ
M = M1 + M 2

(θ / M ) éléments = (∑ α i Ei I i / li ) −1
Nota : inertie fissurée des poutres
§ 5.8.3.2 (5) EC2 (Ihomogénéisée par exemple)
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 15
Calcul de k
En considérant le cas où seule une poutre isostatique de portée l et de raideur EI
s’oppose à la rotation d’une extrémité d’un poteau la valeur de θ/M est
directement donnée par un calcul simple RdM : θ / M = l / (3EI).

La norme précise que la raideur EI doit tenir compte de la fissuration : une


surestimation de la raideur de la poutre conduit à sous-estimer la longueur de
flambement du poteau. L’inertie fissurée peut être déduite du calcul de flèche
développé plus haut.

Si cette poutre n’est pas simplement appuyée à son extrémité opposée à la liaison
avec le poteau mais encastrée à cette extrémité la valeur devient : θ / M = l / (4EI).
En réalité les conditions d’appui à l’extrémité de la poutre sont intermédiaires
entre appui simple et encastrement, l’hypothèse appui simple est sécurisante.

En considérant maintenant le cas ou il y a deux travées de part et d’autre du


nœud de jonction avec le poteau le processus de calcul consiste à calculer les
deux moments M1 et M2 équilibrés par chacune des travées et à les cumuler:
M=M1+M2 et θ / M=((M1+M2)/ θ)-1 .

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 16


14. LONGUEUR DE FLAMBEMENT - structure contreventée

Longueurs de flambement : cas extrêmes

k1 / k 2 0 ∞
0 0.5l 0.7l
∞ 0.7l l

§ 5.8.3.2 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 17
Longueur de flambement à partir de k1 et k2
Une fois calculées les valeurs de k1 et de k2 , deux expressions donnent la
longueur de flambement selon que la structure est contreventée ou non.

Le cas d’une structure contreventée correspond au fait que le nœud supérieur est
non-déplaçable par rapport au nœud inférieur, c’est le cas quand deux planchers
successifs sont reliés par des voiles de contreventement au-delà des poteaux et
que ces voiles bloquent les déplacements horizontaux relatifs de ces deux
planchers.

Il est intéressant de passer aux limites de l’expression pour vérifier sa bonne


application, par exemple k1 = 0 et k2 = 0 et structure contreventé signifie en RdM
poteau bi-encastré à nœuds non déplaçables, dans ce cas l’expression de la
norme donne une longueur de flambement l0 égale à la demi hauteur du poteau l
ce qui est conforme au calcul RdM.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 18


14. LONGUEUR DE FLAMBEMENT - structure non
contreventée

Longueurs de flambement : cas extrêmes

k1 / k 2 0 ∞
0 l 2l
∞ 2l

§ 5.8.3.2 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 19
Longueur de flambement à partir de k1 et k2 – structure non contreventée
Le cas d’une structure non contreventée correspond au fait que le nœud supérieur
est déplaçable par rapport au nœud inférieur, c’est le cas quand deux planchers
successifs sont reliés uniquement par des poteaux.

Il est intéressant de passer aux limites de l’expression pour vérifier sa bonne


application, par exemple k1 = 0 et k2 = 0 et structure non contreventé signifie en
RdM poteau bi-encastré à nœuds déplaçables, dans ce cas l’expression de la
norme donne une longueur de flambement l0 a égale à la hauteur du poteau l ce
qui est conforme au calcul RdM.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 20


14. IMPERFECTIONS GEOMETRIQUES

θi = θ0. αh . αm
avec
θ0 valeur de base θ0 = 1/200
αh facteur de réduction lié à la hauteur αh =2 / l ; 2/3≤ αh ≤1

αm facteur de réduction lié au nombre de barres αm = 0.5(1 + 1 / m)


l hauteur
m nombre de barres verticales contribuant à l’effet total

ei = max(2cm; θi lo ) / 2

§ 5.2 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 21
Imperfections de construction, moment de premier ordre
Les imperfections géométriques se traduisent, dans le cas d’un poteau isolé, par
une excentricité ei de l’effort axial appliqué N. Un moment M=N ei s’ajoute au
moment de flexion RdM obtenu dans la combinaison considérée, le moment
résultant de ce cumul est appelé moment fléchissant de premier ordre et est noté
MOE par la norme NF EN 1922-1-1.
La norme représente les imperfections géométriques en fonction d’une inclinaison
θi . Ces imperfections s’appliquent aux éléments de structure soumis à des
charges verticales et aux éléments soumis à une compression axiale, elles
doivent être considérées aux ELU mais pas aux ELS.

Dans l’expression de θi figurant ci-dessus :


θ0 est la valeur de base,
αh est un coefficient de réduction relatif à la longueur ou hauteur,
αm est un coefficient de réduction relatif au nombre d'éléments,
l est la longueur de l’élément comprimé dans le cas d’un poteau isolé,
m est le nombre d'éléments verticaux contribuant à l'effet total; dans le cas d’un
poteau isolé m=1; dans le cas d’un système de contreventement la norme définit
les valeurs à prendre en compte pour m et l.

En tête d’un élément isolé l’effet des imperfections géométriques peut être pris en
compte sous la forme d’une excentricité ei de la charge appliquée. L’annexe
nationale NF EN 1992-1-1NA fixe la valeur minimale de cette excentricité à 2cm.
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 22
14. CRITERES POUR EFFETS DU SECOND ORDRE

Les effets du SECOND ORDRE peuvent être


IGNORES si :
• λ ≤ 20 A.B.C / n
λ élancement
A = 1/(1+0.2ϕeff)
B = 1+ 2ω
C= 1.7 - rm
ϕeff ratio prenant en compte le fluage = 0.7 (cas général)
ω = Asdfyd/(Acfcd)
As aire totale d ’aciers passifs
Ν= ΝΕd/(Acfcd)
rm = M01/M02
Mo1, Mo2 moments du premier ordre aux extrémités | Mo2 |≥ | Mo1|

§ 5.8.3.1 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 23
Critères simplifiés pour les effets du second ordre, fluage
Les effets du second ordre peuvent être négligés si le coefficient d’élancement λ
est inférieur à une valeur limite λm.

L'effet du fluage doit être pris en compte dans l'analyse du second ordre, en
tenant compte de la durée d'application des différentes charges dans la
combinaison de charges considérée. La durée du chargement peut être prise en
compte d'une manière simplifiée au moyen d'un coefficient de fluage effectif ϕ eff
qui, utilisé conjointement avec la charge de calcul, donne une déformation de
fluage correspondant à la charge quasi-permanente.

Le quotient des moments de premier ordre appliqués aux deux extrémités du


poteau correspond au coefficient rm. Ces deux moments sont du même signe s’il
tendent des fibres situées sur la même face du poteau.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 24


14. PRISE EN COMPTE DU FLUAGE

Coefficient de fluage utile

• φef = φ . M0Eqp / M0Ed

φ coefficient de fluage
M0Eqp Moment du premier ordre sous combinaison quasi-permanente
M0Ed Moment du premier ordre sous combinaison ELU

§ 5.8.4 EC2

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 25


Coefficient de fluage effectif ϕ eff
Le coefficient de fluage effectif prend en compte le fait que seule une partie des
charges appliquées sont de longue durée d’application et provoqueront une
déformation de fluage.

Ce coefficient se déduit du coefficient de fluage final au temps infini (qui dépend


de l’âge t0 du béton au moment du chargement) par l’expression figurant ci-
dessus où:
• M 0Eqp est le moment fléchissant du premier ordre dans le cas de la
combinaison quasi-permanente de charges (ELS),
• M 0Ed est le moment fléchissant du premier ordre dans le cas de la
combinaison de charges de calcul (ELU).

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 26


14. METHODES D’ANALYSE

• Méthode générale basée sur une


ANALYSE NON-LINEAIRE au SECOND ORDRE

• Analyse au second ordre basée sur une EVALUATION de


la RAIDEUR du poteau

• Méthode basée sur une EVALUATION de la COURBURE

§ 5.8.5 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 27
Méthodes d’analyse
La norme NF EN 1992-1-1 propose au §5.8.5 trois méthodes d’analyse: une
méthode générale et deux méthodes simplifiées.

La méthode générale est la plus précise, elle est développée dans le module
BAEP3. Il s’agit d’une analyse prenant en compte:
- les non-linéarités géométriques : les effets du second ordre qui s’ajoutent aux
effets du premier ordre,
- les lois de comportement «exactes» des matériaux: on prend en compte dans
cette analyse une loi de comportement du béton de type « loi de Sargin »,
-le fluage du béton sous la forme d’une affinité de rapport (1 + φef ) appliquée à la
loi contrainte déformation du béton.
Une approche limitée à l’analyse de la section critique est autorisée, la section
critique est la section la plus sollicitée du poteau, par exemple section située à mi-
hauteur pour un poteau bi-articulé ou section d’encastrement dans le cas d’un
poteau encastré en pied et libre en tête. Cette approche s’accompagne d’une
hypothèse concernant l’allure de la déformée du poteau (loi sinusoïdale, loi
parabolique ou autre).

Les méthodes simplifiées sont :


- une méthode basée sur une rigidité nominale EI,
- une méthode basée sur une courbure nominale 1/r.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 28


14. METHODE GENERALE

•L’EQUILIBRE DE LA SECTION s’exprime avec :

[M (1 / r )]externe = [M (1 / r )]int erne


[N ] externe = [N ]int erne
• LOI MOMENT-COURBURE EXTERNE
(déterminée par la RdM)

• LOI MOMENT COURBURE INTERNE


(déterminée par un calcul béton armé)
§ 5.8.6 EC2

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 29


Loi moment courbure
Une application possible de la méthode générale de vérification de la stabilité
élastique utilisant l’approche limitée à l’analyse de la section critique consiste à
établir les deux lois moment-courbure externe et interne de cette section.

La loi externe exprime la relation liant le moment externe (ou moment RdM)
appliqué à la section de calcul en fonction de la courbure de cette même section.
Cette loi est rapide à construire en notant que le moment de second ordre vaut
M=Nei et que nous avons établi plus haut la relation entre courbure de la section
critique et déplacement de cette section en fonction d’une hypothèse de déformée
de l’élément.

La loi interne relie le moment équilibré par la section béton armé avec sa
courbure. Cette seconde loi se construit point par point en remarquant que la
courbure d’une section droite correspond à la pente de son diagramme de
déformation.

L’équilibre de la section implique une égalité entre le torseur des efforts externes
et internes, si les deux lois s’interceptent il existe une position d’équilibre et il n’y a
pas d’instabilité élastique pour peu que la résistance de cette section à l’équilibre
soit assurée.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 30


14. METHODE BASEE SUR L’EVALUATION DE LA
RAIDEUR
• 1 - RAIDEUR NOMINALE

EI Fissuration, fluage et aciers passifs

• 2 - FORCE CRITIQUE DE FLAMBEMENT

NB A partir de EI

• 3 - MOMENT TOTAL

MED Par comparaison de NB et NEd

§ 5.8.7 EC2

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 31


Méthode basée sur une rigidité nominale
Dans une analyse du second ordre basée sur la rigidité, il convient d'utiliser les
valeurs nominales de la rigidité en flexion EI, en tenant compte des effets de la
fissuration, de la non-linéarité des matériaux et du fluage sur le comportement
global.

La méthode consiste tout d’abord à estimer la rigidité nominale EI de l’élément en


béton armé en tenant compte du comportement plastique des matériaux, de la
fissuration et du fluage. A partir de cette rigidité nominale on en déduit la charge
de flambement NB puis un moment de calcul total MEd exprimé comme une valeur
majorée du moment fléchissant de premier ordre MOEd. Cette majoration fait appel
à un coefficient qui s’apparente de près au coefficient d’amplification décrit ci-
dessus (cf pages 7 et 8).

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 32


14. EVALUATION DE LA RAIDEUR

EI = KcEcdIc + KSEsIS RAIDEUR NOMINALE

Kc = k 1k 2 /(1 + φef ) COEFFICIENT POUR FISSURATION


FLUAGE ET ACIERS PASSIFS
k1 = fck / 20
λ
k 2 = NEd /( Acfcd ) ≤ 0.2
170
Ecd = Ecm / γcE VALEUR DE CALCUL DU MODULE BETON
(γCE = 1.2)
Ic
INERTIE BETON
Ks = 1
Is
INERTIE ACIERS PASSIFS
§ 5.8.7.2 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 33
Rigidité nominale EI
La rigidité nominale est présentée par la norme NF EN 1992-1-1 comme la
somme de deux termes: la rigidité du béton et celle des armatures passives.

La valeur de calcul du module d’élasticité du béton Ecd se déduit du module


d’élasticité moyen Ecm en divisant celui-ci par γCE =1,2. Le moment d’inertie Ic de la
section droite de béton est celui de la section brute totale (par exemple bh3/12
dans le cas d’un poteau de hauteur h et de largeur b).

La valeur du module d’élasticité de l’acier passif est 200 000MPa. Le moment


d’inertie Is de la section d’armatures se calcule par rapport au centre de gravité de
la section brute béton, dans le cas de barres de diamètre Φi situées chacune à
une distance δi du CdG cette inertie a pour valeur : Σ δi Φi² par application du
théorème de Huygens en négligeant l’inertie propre de chaque barre.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 34


14. MOMENT TOTAL

π ² EI
NB = FORCE CRITIQUE DE FLAMBEMENT
lf ²
 β 
MED = M 0 Ed 1 + 
 ( N B / N Ed ) − 1 
β = π ² / c0
c0 dépend de la distribution du moment de
premier ordre :
8 moment constant
9.6 moment parabolique
12 distribution symétrique triangulaire

§ 5.8.8.2 EC2

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 35


Moment total avec la méthode basée sur la rigidité
Il faut noter que la méthode basée sur la rigidité nominale donne le moment de
calcul total MEd appliqué à la section (moment total = moment RdM + moment dû
aux imperfections géométriques + moment de second ordre) contrairement à la
seconde méthode qui ne donne que le moment de second ordre à ajouter au
moment de premier ordre.

Le moment de calcul total MEd est obtenu en majorant le moment de premier ordre
MOEd par un facteur d’amplification faisant appel au quotient de la charge critique
de flambement NB par l’effort normal agissant de calcul NEd.

Le coefficient c0 dépend de la distribution du moment de premier ordre (comme vu


ci-dessus):
c0 = 8 pour un moment constant (déformée parabolique),
c0 = 9,6 pour un moment suivant une distribution parabolique,
c0 = 12 pour un moment suivant une distribution triangulaire symétrique (cas d’un
IGH avec un point de moment nul à mi-hauteur).

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 36


14. METHODE BASEE SUR L’EVALUATION DE LA
COURBURE NOMINALE

1 / r = Kr ⋅ Kφ ⋅ 1 / r 0 COURBURE

Kr = (nu − n) /(nu − nbal ) ≤ 1 CORRECTION DEPENDANT DE


L’EFFORT NORMAL
n = NED /( Acfcd )
nu = (1 + ω )
ω = Asfyd /( Acfcd )
Kφ = 1 + βΦef CORRECTION DEPENDANT

1 / r 0 = εyd /(0.45d )
DU FLUAGE

εyd = fyd / Es
§ 5.8.8.3 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 37
Méthode basée sur une courbure nominale
Cette méthode convient avant tout pour les éléments isolés soumis à un effort
normal constant, et de longueur efficace donnée l 0. La méthode donne un
moment nominal du second ordre basé sur une déformation, celle-ci étant basée à
son tour sur la longueur efficace et sur une courbure maximale estimée.

Dans le cas d’éléments de section droite constante et symétrique, ferraillage


compris, la norme propose une évaluation de la courbure 1/r qui peut se lire
comme obtenue par interpolation linéaire entre deux courbures extrêmes :
courbure nulle en compression centrée et courbure maximale associée au point le
plus excentré selon l’axe M d’un diagramme d’interaction (N,M).

L’expression de la courbure fait appel à la notion d’effort normal relatif n obtenu en


rapportant l’effort normal N au produit Acfcd. Dans cette expression :
• Ac est l’aire de la section droite de béton,
• As est l’aire totale de la section d’armatures.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 38


14. METHODE BASEE SUR L’EVALUATION DE LA
COURBURE
εb
• COURBURE
Ac
1 / r 0 = εyd /(0.45d )
0.45d
At
fyd
• MOMENT εst = Es
M 2 = NEd ⋅ e 2 c dépend de la distribution
de la courbure totale
lO ²
e 2 = (1 / r ) ⋅
c c =π 2 sinusoïde
§ 5.8.8.3 EC2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 39
Moment de second ordre avec la méthode basée sur la courbure
La méthode basée sur l’estimation de la courbure donne le moment nominal de
second ordre M2. celui-ci doit être cumulé au moment de premier ordre MOEd pour
obtenir le moment de calcul MEd : MEd = MOEd + M2.

Ayant déterminé la valeur de la courbure nominale 1/r il est facile de calculer


l’excentricité de second ordre e2 et d’en déduire le moment de second ordre
M2 = MEd e2 .

Dans l’expression reliant la courbure et l’excentricité de second ordre :


e 2 = (1/r ) l o² / c on retrouve le coefficient c dépendant de la distribution des
courbures présenté ci-dessus (cf pages 10 et 32).

Une fois déterminées les sollicitations agissant sur la section droite et tenant
compte des effets du second ordre (NEd, MEd) il reste à justifier la résistance de
cette section, par exemple en utilisant un diagramme d’interaction.

Le calcul d’un poteau est ensuite à faire en situation de feu : calcul à chaud selon
la norme NF EN 1992-1-2 : Règles générales – Calcul du comportement au feu.

ENPC – Module BAEP1 – Séance 5 40

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