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http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=RDM&ID_NUMPUBLIE=RDM_032&ID_ARTICLE=RDM_032_0267
2008/2 - n° 32
ISSN 1247-4819 | ISBN 978-2-7071-5643-3 | pages 267 à 283
Patricia Paperman
d’une spécificité de ces relations sur la base d’un critère ou d’une ligne
de proximité. En l’absence de ce contraste, c’est l’idée même de care
qui semble s’étioler et disparaître. Bien que la formulation semble
exprimer un doute sérieux sur la possibilité d’un élargissement de
la communauté de care – non plus le groupe d’appartenance mais
l’ensemble le plus large, les autres en général –, l’auteur ne conclut
pas à la nécessité de maintenir un contraste, au moins conceptuel. Il
conclut plus sobrement à sa trop grande difficulté pratique, condui-
sant à opter pour le second meilleur choix : l’humanité ne peut être
constituée raisonnablement qu’en une communauté morale, et non
éthique. Une communauté morale de relations minces, non une
communauté éthique de care.
À la différence des objections formulées dans les premiers
temps du débat sur l’éthique de la justice voyant dans le care une
morale ou une éthique appropriée aux relations entre proches sur
un plan normatif, l’auteur de La Société décente [1999] demeure
dans l’ordre du constat pour affirmer la spécificité et la place de
l’éthique du care. Cette spécificité et cette place sont négatives : là
où s’arrête l’indifférence à l’égard des autres. Cet usage du concept
de care radicalise la distinction entre les relations qui impliquent
directement et « naturellement » une réponse pratique et un concer-
nement, et celles qui seraient dépourvues de telles implications.
Corollaire « naturel » de la proximité, le care est constitutif de ces
communautés éthiques, alors que la motivation – plus improba-
ble – de l’action morale appelle une notion d’obligation pour les
relations à distance. La distinction entre éthique et morale, appuyée
sur la différenciation entre relations épaisses et relations minces,
requiert un concept de care compris comme pratique incondition-
nelle (« naturelle ») de soins.
Compassion
Pitié et sentimentalisme
Care à distance
Bibliographie