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Cahiers mabinog n°4 Le Druidisme contemporain – Philosophie - Symboles

Les cahiers du Mabinog

Cahier n°4

Le Druidisme
et ses symboles

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Cahiers mabinog n°4 Le Druidisme contemporain – Philosophie - Symboles

Généralités sur le symbolisme


« Approchons-nous près du pommier sous lequel un vieux sanglier blanc enseigne un jeune
marcassin, et écoutons ses recommandations : mon fils, sache que la connaissance n'est pas
transmissible. Elle ne peut être que le fruit d'une expérience vécue. »

L'intellect et l'attitude à avoir vis à vis de lui est un des premiers problèmes qui se pose à tout
étudiant sur une voie spirituelle.

Le langage, la logique, l'analyse sont des modalités de fonctionnement propres au mental.


Elles ne constituent pas en elles mêmes les seules ressources dont dispose l'individu pour
prendre conscience de l'univers.

D'autres moyens de communication existent, basés entre autres sur l'utilisation des symboles.
Le symbolisme est en effet un des moyens les plus performants pour jeter un pont entre la
conscience profonde et l'intellect. Les images symboliques sont le moyen de communication
privilégié entre conscient et inconscient.
Habituellement, le mental va se servir d'images pour communiquer avec l'inconscient, celui-ci
fera de même pour renvoyer ses messages vers le conscient. Ce processus est observable dans
le rêve. Toute la difficulté de la technique consiste à interpréter le plus justement possible les
images symboliques qui nous sont renvoyées.

Le dialogue est donc engagé entre l'intellect et la conscience dite « supérieure ». Ce dialogue
entretenu par le travail intérieur, va avoir pour effet de diminuer petit à petit la frontière entre
mental et conscience supérieure et permettre à cette dernière une manifestation plus facile.
La méditation, l'interprétation des rêves et d'une manière générale l'exploitation de tout
matériel symbolique qui arrive jusqu'à notre mental participent à rendre cette même frontière
perméable, à créer le lien.

Les significations des symboles que nous donnerons plus bas sont donc nécessairement
indicatives et jamais restrictives.

Il appartiendra à chacun de comprendre le sens profond des attributions symboliques et à les


faire siennes, c'est à dire de trouver pour soi quel est le bien fondé de telle ou telle attribution
puis de noter dans le livre miroir quelles sont celles auxquelles il peut adhérer.

Le contexte culturel (esprit de la tribu… esprit du temps, esprit du lieu) influe grandement sur
le sens que l'on donne aux symboles.
L'important n'est donc pas tellement le sens (sémantique) mais l'énergie que l'on retire pour
soi et en soi de l'usage des correspondances symboliques.

Pour qu’un symbole soit efficace il faut qu'il entre en résonance avec les couches profondes
de la psyché mais aussi qu'il ait l'assentiment du conscient. Faute de quoi il ne saurait être un
médiateur. Il convient aussi de prendre un certain recul avec l’idée qu’il y a dans le
symbolisme une vérité une et indivisible.
En général ceux qui présentent les symboles comme des vérités acquises ou révélées,
montrent simplement qu’ils n’ont pas intégré la dynamique des symboles.

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Ceux-ci sont toujours polysémiques et vivants et s'il y a une vérité, elle se trouvera dans les
rapports que l'on établit (les individus) peu à peu avec ces symboles.

Au sens premier, symbole signifie : « Jeter ensemble ». Ce mot était employé dans la Grèce
antique pour désigner un objet coupé en deux morceaux dont chaque propriétaire conservait
une partie pour se rappeler un serment ou une dette. Éventuellement, les détenteurs
transmettaient cette part d’objet à leurs enfants, fixant ainsi dans le temps la mémoire d’un
ancien engagement. Le moment venu, en rapprochant les morceaux, les personnes renouaient
contact comme si elles avaient usé d’un mot de passe. Elles se rappelaient ainsi leur dette,
matérielle ou spirituelle, ou se reconnaissaient comme ayant appartenu à la même famille,
communauté ou école. Plus tard, l’objet fut remplacé par des signes, figures ou images qui,
dessinés sur le corps, gravés au linteau d’une demeure ou sculptés sur la pierre, prenaient tout
leur sens. Ainsi, le symbole est-il avant tout un signe de reconnaissance et de rapprochement.
Travailler la symbolique c’est donc constater une amputation, tenter une greffe, réduire une
fracture.

Le symbole est structure et la structure est mémoire

Le symbole donne du sens, il montre une direction, il réduit le chaos, il met de la


signification, il organise, il structure. Or la structure est à l’opposé de la fusion. La fusion
vide le sens, défait les mémoires et conduit vers la régression. La fusion est perte d’identité.
La structure construit du sens, met de l’ordre, mémorise.

Symboliser c’est donner du sens

Dès que l’on inscrit du symbolique dans un évènement, on sort de cette tendance habituelle
soit à reporter sur les autres la responsabilité de nos souffrances soit à se culpabiliser à
outrance.

Le symbole est réparateur.

Chaque fois qu’il y a du symbole c’est, d’une part, qu’il y a eu séparation et que d’autre part,
un espace est possible pour la réparation. On peut imaginer qu’une des séparations
primordiales correspondrait à la primo déchirure de l’unité originelle avec son
environnement Le chemin vers l’unité passe par la conscience de la dualité.

Le symbole diminue la souffrance

En donnant du sens, le symbole diminue la souffrance. Le symbole unifie. Il permet à des


univers différents de communiquer entre eux. Il est une passerelle, un lien. Il n’existe pas de
clé du symbole. Un symbole prend toute sa dimension quand il est réinvesti dans l’expérience
personnelle d’un sujet ou d’une société. Il doit être chargé d’histoire et de mémoire pour
prendre sa signification. En effet, il s’enrichira des évènements émotionnels qui le réactivent
en permanence

Le symbole renvoie à autre chose qu’à lui-même. Sa nature comme sa fonction sont de
réparer ce qui est brisé et non pas uniquement de « désigner » un objet. Mais le plus
important c’est qu’il nous ramène à ce qui nous dépasse. Le symbole relie à plus grand que
soi. Il met l’homme en relation avec sa source.

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Symbole contre symptôme

Inscrire ou réinscrire du symbolique dans sa vie aide aussi à sortir de la fatalité du


symptôme. En effet, quand une pulsion est refoulée, elle peut réapparaître sous une forme
symptomatique. Le travail thérapeutique consiste à favoriser la voie du symbole pour
désactiver la voie du symptôme, d’où l’importance du travail sur les rêves, sur les symboles
de la Tradition, la mythologie ou l’art.

Symbole et Tradition

« Le signe nous montre une direction mais ne nous interpelle pas au niveau de l’être. Le
symbole nous renvoie à nous-mêmes et nous montre le parcours intérieur susceptible de nous
faire sortir de l’errance. Quand je suis égaré dans la forêt, les signes de piste seront les
bienvenus. Quand je suis égaré en moi-même, le symbole me propose une voie d’évolution. »
Georges Colleuil

« Les symboles et en particulier les mythes, lorsque cet enseignement se traduisit en paroles,
constituent véritablement, dans leur destination première, le langage même de l’initiation.

Il suffit que les symboles soient maintenus intacts pour qu’ils soient toujours susceptibles
d’éveiller, en celui qui en est capable, toutes les conceptions dont ils figurent la synthèse. »
René Guénon

De ces citations il apparaît que les symboles sont les vecteurs privilégiés d’une Tradition. La
Tradition Druidique étant sans doute la seule forme de tradition « originale » de nos contrées,
retrouver une Tradition c’est en quelque sorte renouer avec nos racines, retrouver les sources
et une certaine compréhension du Monde. Nous sommes ainsi très loin des préoccupations
utilitaristes et marchandes d’un certain consumérisme spirituel.

Il nous faudra sans doute prendre patience pour comprendre ce que véhiculent les symboles
druidiques et comment ils se manifestent. Il nous faudra aussi entendre l’idée que la
transmission traditionnelle suppose :
 Une transmission d’une influence spirituelle à travers un contenu symbolique
cohérent. Il s’agit plus d’une « immersion » que d’acquis culturel. Acquis culturels
qui ne sont cependant pas à négliger.
 Des individus en capacité de la recevoir.
 Et un travail intérieur progressif dont la graduation reflète à la fois une évolution
des compréhensions et une maturation de l’être (individuation ?)

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Les symboles traditionnels du druidisme


Symboles attestés dans l’antiquité

Les symboles celtiques anciens, nous sont beaucoup moins accessibles que les symboles les
plus récents, d’autant moins que le discours convenu des écoles néo druidiques et de ses
constructions aura tendance à nous éloigner d’eux.
Il nous appartiendra de renouer avec une symbolique authentique, dépoussiérée des ajouts de
l’ésotérisme à la mode au XIXème siècle.

Formes décoratives de l’art classique celte

L’arbre de vie

L’arbre de vie est sans doute l’un des symboles les plus anciens des celtes, il apparaît déjà
dans l’art celte ancien et même plus tôt chez la plupart des peuples indo européens.

On peut le considérer comme le symbole du centre, de l’axe qui se dresse au centre de


l’Univers en reliant les trois mondes. Celui du dessous, celui du ciel et celui du milieu ; Il est
souvent lié à la symbolique du serpent/dragon (voir ci-dessous)
L’Arbre cosmique s’élève donc sur les trois plans et autour de lui s’organise toute vie. Il est
probable qu’Esus soit lié à l’arbre cosmique qu’il ébranche, Il est probable aussi que la Dame
de la fontaine se tienne à ses pieds gardant la source de Sagesse. Dans les racines de l’Arbre
se tiennent toutes virtualités, le chaos source des formes. Esus et peut être les serpents qui
montent et descendent le long du tronc peuvent représenter les cycles du temps,
destruction/création.

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L’arbre pourra aussi être celui de la fertilité, celui du sacrifice, celui de l’ascension, du savoir
etc etc…

Un symbole ancien et universel

Les « entre deux «

Les endroits ou les moments « entre deux » comme par exemple le crépuscule et l'aube quand
c'est le jour ou la nuit, sont des moments ou endroits qui sont importants pour les Celtes. Ce
sont des portes et des passages.

Les mythes où l’on rencontre ces symboles sont nombreux. Ici un héros sa bat sur un gué, ici
il doit franchir un abîme sur le fil d’une épée, là c’est un gardien sur un pont qu’il doit défier.

Les moments clefs de l’année sont également des points de passage à l’instar de Beltane et
Samhain. Le rituel de Beltane prévoit d’ailleurs le passage entre deux feux, symboliques eux
aussi.

Ces moments ou ces endroits sont des moments de forte potentialité et donc de magie.

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Le serpent /dragon

Le dragon, ou serpent, se retrouve dans le monde celtique, l’Europe et tout le monde


traditionnel. C’est un symbole omniprésent lié à la Terre, à ses forces bipolaires et aux

énergies cosmo telluriques.

On retrouve cette bipolarité dans l’épisode de la légende de Merlin où deux dragons, l'un
rouge, l’autre blanc se combattent. Symbolisme qu'il serait intéressant de rapprocher de celui

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du caducée d'Hermès où là se sont deux serpents qui s'affrontent (chaos ?) et qui sont
finalement disciplinés autour de la figuration de l'axis mundi que constitue le bâton du Dieu.

Les serpents dragons sont à la fois destructeurs et porteurs de vie et de richesse. Double
aspect à nouveau

Le serpent ou le dragon sont intimement liés au symbole de l’arbre de vie, à des Dieux
comme Kernunos dont il peut souligner l’association avec les cycles naturels, Smertrios, les
Dioscures …

La caducée nous l'avons suggéré est une déclinaison de ce symbole où les énergies duelles
s’organisent autour d’un axe vertical, image du centre.

Le très spécifique serpent à tête de bélier, peut souligner l’aspect « igné » du serpent-dragon.

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Le chaudron

Le chaudron est un symbole très ancien, il est l’attribut d’un certain nombre de divinités
comme Dagda ou la Morrigan. Il est symbole de transformation. On y est englouti pour en
ressortir régénéré. Il est un symbole de mort/ renaissance. Il est aussi le contenant de la
nourriture des Dieux qui se renouvelle perpétuellement.

Le chaudron du Dagda fait partie des symboles apportés par les druides « fondateurs » du
druidisme. Il est lié à la direction de l’ouest

Chaudron de Gundestrup

L’épée

L’épée est un symbole celtique antique. Elle suit les princes dans leur tombe. Elle est à la fois
signe de puissance, le pouvoir royal et de justice. L’épée est droite comme la conduite du
guerrier (chevalier) est droite. Comme arme elle a toujours un aspect inquiétant. Elle peut
défendre, tuer, trancher, séparer…
De nombreuses épées celtiques portaient un nom. Signe de leur caractère magique et de leurs
propres vertus. Caledwlch (Caliborn, Excalibur…) est sans doute la plus célèbre.

L’épée est liée à la royauté, à la maîtrise. Elle est dans certains mythes donnée par une
Déesse, une fée… (symbole de La Terre ou du royaume) qui s’offre au Roi mais peut aussi lui
être reprise. La fin d’Arthur s’accompagne de la « perte » d’Excalibur.

L’épée de Nuada fait partie des armes primordiales apportées par les Druides des origines.
Elle est liée à l’Est.

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La Lance

Lance de Lugh, autre arme des temps primordiaux. Apportée par le Druide du Sud.
Elle est l’arme de jet par excellence. Elle est masculine, solaire, phallique. Il y a quelque
chose d’instantané, de « fulgurant » et d’unique dans l’emploi de la lance.

D’une certaine manière on peut rapprocher le symbole de la lance de celui de la foudre, arme
des Dieux. La lance aurait donc un double symbolisme comme la foudre. A la fois destructeur
et « générateur ». En effet la foudre détruit mais elle crée aussi la « rupture » dans le ciel qui
permet à l’eau du ciel de s’écouler sur la terre.

La massue attribut de certains Dieux comme Dagda ou Ogmios Smertios a aussi cette double
polarité puisqu’elle tue par un bout et ressuscite par l’autre.

La lance est parfois associée au chaudron comme l’épée est associée à la pierre ou au rocher

La roue

Que ce soit une rouelle, une roue solaire ou autre. Elle est l’attribut de Taranis ou
d’Arianrhod. Elle représente les cycles de la vie, le mouvement, le Soleil. D’une certaine
manière elle est à l’image du Ciel (voûte céleste ? zodiaque ?) et de ses constellations.

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Trois cercles ou trois roues disposées en triangle constituent dans l’antiquité le symbole de la
Déesse Mère (Rigani …). On trouve ce symbole fréquemment sur les tombes gauloises.

Les têtes

La symbolique de la tête est très présente chez les Celtes de l’Antiquité. On en a fait un signe
de barbarie alors qu’à n’en pas douter il y a là des symboles très féconds que l’on retrouvera
plus tard dans le symbolisme des saints céphalophores.

La tête est le siège de l’individualité, de la puissance spirituelle, de la force « magique » d’un


individu. De nombreux mythes font référence à ce symbolisme dont celui de Bran le béni.

La Pierre, les rochers

La pierre de Fal est un des 4 talismans des Druides primordiaux, elle est associée aux
royaumes du nord.
La pierre des destinées, Lia Fail, qui criait quand celui qui deviendrait le roi d'Irlande
montait dessus, en possession de tous les artefacts, sain de corps et d'esprit (aucune tare
n'était tolérée, ainsi Nuada Main-d'Argent ayant perdu une main au combat a été destitué du
trône).

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La Pierre ou le rocher est le centre de force du royaume. C’est l’omphalos sacré du


Mediolanon ou Nemeton central. Elle est aussi le symbole de la durée, de l’histoire, de la
légitimité accordée par la lignée, le lien aux ancêtres.

De nombreux rituels utilisent le symbolisme du rocher. Le travail rituel avec les mégalithes
participe du même symbolisme complexe.

Omphalos de Kermaria, Bretagne

Le Triskèle

Le triskèle est un signe très ancien qui a été remis à jour et représente aujourd’hui la Bretagne.
Ce signe est trinitaire, comme le triquestra ou le tribann. Il représente les trois éléments + le
feu autour en mouvement, la roue en marche …

On y retrouve la symbolique du trois. Il est probable qu’à l’origine il soit constitué de trois
« esses » successifs représentant à la fois le mouvement apparent et la course du Soleil.

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Triquestra

Les animaux

Nous avons vu que l’Antiquité gauloise faisait largement référence au symbolisme animal.

Outre les serpents dragons évoqués plus haut, et parmi les plus fréquemment rencontrés nous
avons :

Le sanglier : symbole à la fois du courage guerrier, de l’obstination dans la recherche de la


connaissance et du Druidicat.

Le taureau et en particulier le taureau aux trois cornes. Animal sacrificiel, animal lié à la
Terre, à la nourriture et donc créateur de Vie. Son sacrifice nourrit la Terre et les Dieux. Sa
puissance génésique en fait un symbole de fécondité. La forme de ses cornes le lie à la
puissance lunaire. Le symbole du taureau est fréquemment associé aux fleuves.
Sur les piliers des Nautes de la cité des Parisii, il est associé aux trois grues symboles de la
Déesse sous son triple aspect.

Le cerf : symbole des cycles de la Nature et de la fécondité, lié au Sud dans le cercle

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L’ours : symbole de la force et du pouvoir royal (Artos) il est lié au nord

Le faucon : symbole spirituel, lié à l’air, à la lumière et à l’est

Le cheval à la fois monture et animal psychopompe

Le loup qui dévore et qui transforme. Il est ambivalent comme « Ogmios » le Dieu auquel il
est souvent attaché

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Le corbeau oiseau solaire, oiseau de Lug entre autres, il est aussi celui qui se repaît des
cadavres sur le champ de bataille. Il œuvre lui aussi pour la transformation ou la
« sublimation » de la matière corruptible.

Le saumon: est relié à l'eau et à l'ouest. L'eau est un élément extrêmement important dans le
symbolisme druidique. Elle lie les mondes du dessus et du dessous. Dans le mythe celtique le
saumon de sagesse vit dans une source et se nourrit des noisettes qui tombent dans l'eau.
Noisettes elles mêmes fruits de l'arbre de la connaissance qu'est le noisetier…

La grue : ou plutôt les grues qui sont des oiseaux de l'autre monde, comme le sont les cygnes.
La triple grue représentée sur le pilier des Nautes (Trigaranus) est dit-on l'image de Rigani
sous son triple aspect.

Le symbolisme végétal

Nous avons évoqué plus avant le symbolisme de l’arbre de vie, il est un autre symbole végétal
omniprésent chez les Celtes : le gui

Le gui est une plante étrange qui semble aller à contre courant des modèles végétaux de ce
monde. Tant par son cycle végétatif que par sa façon de pousser « tête en bas ». Il n’est pas
étonnant qu’il ait été entouré du plus grand respect et doté de vertus sacrées. Le gui est le

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guérit tout. Ses baies blanches sont assimilées au sperme du Dieu, il est aussi lié au jeune
Soleil, à la régénération, au « potentiel » de Vie célébré au cours des rituels solsticiaux.
Le gui est omniprésent dans les décorations antiques y compris dans la coiffe des
« prêtres/Dieux « comme dans cette coiffure étrange ci-dessous

Coiffe en forme de feuilles de gui

Le chêne : Symbole du Druide par excellence. Druides qui sont dits Hommes du chêne. Il est
symbole de la force, de la constance, de la transmission traditionnelle. Son symbolisme est
aussi proche de celui de la « porte », porte de l'initiation druidique.

Les symboles « modernes » du druidisme

Le Triban (les trois rayons de Lumière de l’Awen)

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Soulignons ici l’importance du symbole numérique ternaire chez les celtes.


Nombre trois que l’on retrouve dans le tribann néo druidique comme dans le triskèle

Le tribann représente pour le néo druidisme la puissance manifestée des Dieux. On le dit
Parole, Lumière et Vie mais il s’agit là de concepts fortement teintés de christianisme

La colonne I étant symbolique du Père ou le Feu


La colonne O étant la Mère ou l’eau
W ou A le centre ou l’air
Certains y voient des trinités comme

Père, Mère, Enfant


Soleil-Lune-Terre ou Ciel-Mer-Terre
Âme-Esprit-Corps ou Racines, tronc, feuillage

La croix celtique

Dernier symbole que nous évoquerons sur cette trop brève monographie. Il est d’une part très
ancien et universel et d’autre part fortement investi par la tradition néodruidique, liée aux
triades bardiques.

Sa représentation ancienne est sobre

Cette croix est très ancienne et représente le Cercle rituel axé par les quatre directions /
éléments.

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Le glyphe plus moderne de la croix dite celtique est plus complexe. Les nombres proportions,
varient et prennent du sens. On y distingue les cercles Keugant, d'Abred, d'Anwn et de
Gwenwed. Certains s’en servent comme charte de radiesthésie, comme émetteur d’ondes de
forme, comme talisman, comme support de méditation ou représentation de la cosmogonie
« bardique » de Iolo Morganwg.… et de nombreuses autres choses. Comme quoi les symboles
les plus simples sont malgré tout d’une grande fécondité.

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Cercle, carré, centre – La géométrie sacrée

L’utilisation de formes géométriques est une des caractéristiques de l’art celte ancien.
La présence fréquente de ces symboles dans les découvertes archéologiques constitue un lien
très fort avec le passé et compense d’une certaine manière l’absence d’écriture.

On peut même dire que l’utilisation du langage symbolique (qui s’adresse à toutes les
dimensions de l’être) permet la transmission d’une tradition (toujours supérieure à la
compréhension que nous en avons), débarrassée de l’histoire profane. Encore faut il savoir
voir et entendre.

Les formes « parfaites » du cercle et du carré sont des symboles universellement utilisés et la
plupart du temps selon les mêmes règles. Elles constituent selon quelques uns une sorte
d’ossature du réel.

Leur effet est toujours supérieur à la compréhension consciente que nous en développons.

Le point est sans doute le premier des symboles, mais le plus difficile à intégrer.

Il en va un peu différemment du cercle qu’on retrouve aussi bien dans l’atome, la cellule,
l’œil, la graine, le Soleil, le ciel, le Père et de façon plus abstraite la manifestation de l’esprit.
Un symbole n’est jamais monovalent, il exprime différents aspects parfois contradictoires
d’une même réalité.

Le carré pour sa part structure l’espace, introduit la notion de direction, de polarité spatiale.
Il amène un degré de densification supplémentaire introduisant le Monde, l’altérité en face de
l’esprit.
Il n’est pas étonnant alors qu’on puisse y voir la Terre, la matrice des éléments,
l’environnement, les relations.

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Alors, à quoi tient l'effet de ces symboles ? On peut considérer que ceux-ci fournissent à la
psyché des modèles parfaits - des archétypes fondamentaux - qui permettent à l'individu tout
entier de se remodeler selon ces schémas qui sont à la base de la création. Ils entrent en
résonance avec la structure fondamentale de l'être humain dont l'éducation nous fait bien
souvent nous écarter. Dans un orchestre, avant de commencer à jouer, le hautbois donne le
« La » pour que tous les instruments s'harmonisent. De manière analogue, les symboles
géométriques fondamentaux envoient une fréquence de base à notre être qui lui permet
d'harmoniser ses différentes composantes selon une norme juste et parfaite. Une autre image
que j'utilise volontiers est celle de l'étalonnage. Avant d'utiliser un instrument de mesure, il est
nécessaire de l'étalonner, de le remettre à zéro, sans quoi toutes les mesures seront erronées.
En nous-mêmes, nous avons également des instruments et des critères d'évaluation, dont
l'étalonnage s'est fait de façon arbitraire, selon les influences culturelles, familiales et
religieuses que nous avons subies. Ces archétypes premiers que sont les symboles
géométriques fournissent à notre être tout entier un étalon absolu, indépendant des
fluctuations des cultures, des modes, des idées. C'est un référent stable, constant, sûr.

Déchiffrer la nature

A l'ère du " Tout, tout de suite et sans efforts ", le travail symbolique représente évidemment
une gageure, puisqu'il requiert une pratique quotidienne régulière, assidue, quoique de courte
durée. La nature ne nous montre-t-elle pas qu'un gros orage inonde les champs sans que l'eau
ait le temps de pénétrer le sol, tandis qu'une petite pluie quotidienne imprègne la terre en
profondeur ? Il en va de même dans le travail intérieur : aucun changement durable ne
s'effectue en un instant. Au-delà de la transformation personnelle, l'apprentissage du langage
symbolique nous procure aussi la joie d'apprendre à déchiffrer la nature, le monde qui nous
entoure, ainsi que les textes sacrés des grandes religions. A n'en pas douter, les symboles sont
des clés qui peuvent ouvrir de nombreuses portes en nous et autour de nous.

Il est de nombreux autres symboles qui s’offrent à nous. Il vous appartient d’explorer ce
monde qui s’offre à vous. Ayez toujours à l’esprit que la Tradition se transmet par les
symboles plus que par les mots.

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