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1J1U . V VMi-íâ '
PICTAVS.J.
TR £8
*
TR AICTE'
DES ANGES
ET DEMONS, V\
R. P. MALDONAT
I E S V I S T E. i~ /^£Ç y
plis eu François, pár maistre François
DE X A B o R I E , grand Archidiacre
ç- Chjmtm iVtrigmnc.
5f KOVEX,
CÎiC2 I * C Qj E S B E SON GNS^ ÏÚ|
aux luiss, deuant la Gallere.
I 5 I 5.
A M O N S I E V R,
. - MONJIEVR. DE LA
JBORIE GRAND A R C H I-
. diacre , &c Chanoine a
igueux. .
ONSI£FZ,
Çejìeverftmdu Trá\
*^&t des bons f@ mou-
nais <tAnges a ejìé iugeeJi nette
& ftnaïfue, qu'on ïa ejiimee de-
reux'& obscur
m" i «'
entreplusieurs
autres monumens de vofìre bel
1 P I S T R É.
stffrit,comme morte $0 enfeuelie,
four iouyr de la belle lumiere du
Soleilyj&. viure, & cmuerfer en
tre les hommes- iefçaybien que
vojìre /madejiie affez^ cogneue â
tous ne voudroit pas que ce di
scours portajî vofìre nomfur son
front,pourm commencer mainte
nant d'ejlrecogneu m monde far
íun effortJì kger, ayant me/prisé
infìnies.occafìonsd'efìr.e celebre'par
la bouche des hommes Jçauans,
fjr plufeurs hardies (0 hautdi-
mfi-erffîeprjf&:ffîais nousfçauez.
que la gloire & Ihormeurfcnt U
coiir ^recherchent autant imper-
tunémmt^opiniafirementceux:
qui les meffnfmt)còm& ellesfuyei
i/i r et ceux quilespQur~
E P r S T'R' E?
ehajfent. Vous auesi, Monsieur,
tellement vefcu , donné deJhgran-
ixs ejfireuues de pieté'úr probité,
& acquisJigrande reputatio pour-
mnr bienfait,quil ne vous chaut
faíd'ejìre honoré,pour auoir bim
ètyWefcrit: au contraire de ceux
qmpreferentlalouangecheloquen^
ct,w plufìojì dtlahgage $0 babils
iudejtr d'auoir saintlement vef*
m, &fait plujieurs bonnes œw>
wts*vou$pouuezjvous rendre re-
(ommandable par ïvn & par
tautre,riefìant pas moins doBe^
f*e Religieux. : mah vous auez.
(juitté la partie,quipouuoit rendn
agreable & immortel voflre nom
entre Us hommes, pour embras
ser celle -qui vousrendraheureux
E P I S T R I.
eterneUment U haut parmy les
^Anges. Que^fiencoresvous me
ektes,quauois-ie djfí^se de trom
peter voflrenom»ne meditant au
tre chose maintenant que le mes-
pris de toutes choses humaines±&
le moyen de hun mourirx pour id.
ure éternellement aùec Dieu ? It
rejponds que ça ejìé premieremet
l'affection &singuliere obligation
que.ievous dois r secondement
afin de vous rendre comme loyal
depositaire &. fequejìrefidetle de
eethrefor qu'il vous pleut me dorh
fier w garde. Tiercernent peur
vous conuier à nenuier point au
public tant de beaux & riches
traitiez- tant de vefire inuention
que traduction qui moisissent
EPISTR E.'
dans voflre ça
Jbtonjìeur , en bonne part que ne
vous offre de vos biens, accuiiltèz.
cf bd mfxriá éjfo pîefa aue\.dh-
ceu (0 enfanté , (0 qui apres
flre promene' par: toute la France
fe varenclnentrsvoshrœs. Jouis-
ÇezjàujrmtdeVosTJálles, $0 ton~t
ànuez^sil vous ptaifìvoflre arì-
tienne amitié'Xceluyqm voushau
je les mains's f§ m vous defraHf
tout bien &> contentement spiri
tuel comme à toute vofìre noble
&. religieusefmilieidemeurera â
iamaisy^àiX Lr:cr2 uvJ"
ii o. fàS l: É. J&V' - ". A' ;.&
; f - f .-, - r
. . jyostt* nis-Tiumble seruiteur, Sr tres-
. . afiçjcti-pfine-OfateurJF.I. Bl ancokì.
"^-Slig'ÇUJf àaûMn^ Cqnuent 4e
';..zV rpbsebancc^e Tholose.
.a R ï I 1 s
Stant à Periguea*
tes années paflèes^
voyant te heaujtft
digneTraiàç des. Anges.te
Deirtofis a^ cabinet detcc
grand Afcc&diaçrc #.\îc fu| ~ ;
curieux del'importuner afin
que la France voyant ce; ri*
che -} thresorï.- *É Iwi^riueè
dVn íl grand labeur ; qu'il
auoit fait,tant à 1Vfcrire fous
le R. P, M A L D O N AT
Ielûiste, que de le traduire
cn íraiiçois.' Ie le Tçeus íi
AV L E C TE V R.
bien persuader qu'il en- fiat
content , & âpres estre en-
uoyc de mes Superieurs à
Paris pour :autres afraires,
ïay fait en forte de le met
tre fous- la preste y tant pour
faire voir lexeellenee du
propre Autheur que l'elo-
quence , & grand trauail du
Traducteur. L,e voila donc-
ques au iour , ayez en l'o-
Dligation à qui ie îe dedie,-
ayant voulu donner à vn
chacun., ce qui luy- appar
tient àgrçs -en. auoir payé;
l'vsure sp&iellc que de le
rendre en son dernier lustre
pour estre imprimé , afin
cjuvn chacun s'en ferue , 8c
A V tECTÌfR,'
loue Dieu en íés ïugemen*
imperscrutabks , bon à re
munerer ìèbiea y & iusteà
punir le mai»;, œmrrte^^rii
pourras voir en ce TráiÇfcé
des Anges & Demons > 8é
íouiûenstoy de rtìoy^ ert tes-
íaihctes prieres,aufqueiles i£
«ne recommande. A Dieu^'
- c
T A B L B" ; - -î % '
DES CHAPITRES
CONTENVS ÀV
Traicté des Anges;
'"Esmmsdes^Anges. fol\.b
-S'ils odes i^inges. êut
r%£~De Ïorigine des Anges, 8 .é
In quellieu furentfattsies Anges. ié&
Sitos les Anges ont ejìéfaits enfèmblé-
mnt. . ; ' ' ' iZut-
B? la nature des Kjtnges. 19 .a
&îest^i.ngesjòmcomfop^ de matiere
& desorme. ; 29 b
tmx Angesy a quelque córhpofìtion,
TABLE DE CE qyi
ÍST C O N T a N V A ^\
; Tuaicté de s démons. \
F. P.KÌÁTTHIE?
Carme.
r
if
i
TRAI-CTE' TRES-
DGCTE, DES ANGES,
I estrit sous le V. Tûaldonat , DoBeur
| lheologien,de la Compagnie de I E S Ks,
i.en l'art i570. "Por W. F. delaBwief
-MÁtehidiatre , Cr Chanoine k Téti~
gueux , traduit en François par k
| ; mefwe. V 4
/
pv P. Maldonat. 2
partie moins propre,d'autant qu'Es
prit est vn nom plus special & pecu-
lier.que le nó d'Angexar le nó d'Es
prit s'estend plus loin que le nom
d'Ange. Mais il est moins pro
pre : d'autant que le nom d'Esprit est
nom de nature, & le nom d'Ange,
est nom d'office. Et ceste difference
estquelquessois remarquee aux let
tres sacre'es:commeau Pscaume i03.
qui fais tes Anges les Esprits, c'est à
dire, qui fais que les natures spiri
tuelles facent l'offìce d'Ambafla-
deurs. Etsainct Paul aux Hcbricux,
cap. i0. Car auquel des Anges a-il
iamais dit tu es mon fils î Sont- ils
point tous Esprits administrateurs?
Ausquels deux mots S. Paul a donné
l'entiere définition d'Ange.Car An
ge n'est autre chose qu'vn Esprit ser- .
uant:commesi quelqu'vndêfiniíïbit
vn Legat estre vn homme enuoyé
par vn Empereur. Or le nom d'An
ge sc prend en plusieurs mafrieresc n
I Escriture. Comme a note' le Rabin
Mose , a* liure More, chap. 7. Pre
mierement ^.jour voc nature sepaje'e
Traictk' iìks Anges,
itìc corps,que nonsnommons Anges.
Secondement , pour vr* Pfophetet
d'autant qu'ils iont messagers de
Dieu ícomme il est eíjerie tn Mala-ì
«hic cliái ift Que tes letíte's-du Prestre
gardent la science : d'autant qu'il est
Ange du Seigneur. Troisiémement,
-pour tout messager des homrnesautf
homes, cême enEsaye cha.fí$. AHeg
Anges legers , à la terre, blessez 8C
arrachez. Anges, t"est à dirie-Viegats.
Qutìtriesroement , seprend pour le»
.gens debìen, eomme au premier des
R-oys,cha.. i ^.Tu es bon poiir-nro
gard,cómevn Ange de Dietii FkTfcfc-
blemét,non seulemët le Rabin Moíev"
ainS Iustin au Dia-kjgife íetou Jáuetí
Triphon, eícrit que quelqnesfôîs eA-
'i*4serfru-rte,Aftge se norn*', tetìíe
rt^ôtflïatWelte' s--çu fortfettfreíte , :d*e:
láqtitíBe'Diiíil Vse poúr'fá-ire quelque;
chose. Ainsi interprete Raby Mofe
ceci du Pseanme i05. Qni íaict î«
Esprits, fts Anges^t.e st à dire , qui-
fáit te» ìent$' ses messagersi Et ce
-qu'est en- Daniel chap. 6. QbeDieu
£rmoya: TAnge , peur boucher les
d v P. Mal don a t. f.
gueules des Lyons.CaríIs ne pensent
pas que soit este' vn Ange , ains vnc
venu diuine,par laquelle Dieu pro
hiba que Daniel ne fut offencé par
les Lyons. Et ce qu'estauxNombreS'
csl.2s.quel\Anges'apçdémàBalaarn
Je Propk. 8e que l'AsncíTe parla , Car -
il dit, que ce ne fut pas vnvray An
gevins vne vertu diuine par laquel
le Dieu resista àu Prophete. Au siir-.-
plus ceste opinion est fort absurde:
Combien que les Caluinistes l'ayen£;
embraflee, comme studieux de nou-
neaute'. Et ils interpretent ce paslàge -
dnPseaume, contrel'opinioa de S.
Paul, lequel allegue ce Heu aux Kc-
brieux. premier chapitre,& l'expose
des vrais Anges , St il a dit aux An
ges , qui fait les Esprits , tes Anges? -
&c. Mais il a dit au Fils, Ton throf-
ne ( ô Dieu ) au siecle du siécle. Car'
S. Paul ne compare pas lcsus Christ,
auec les vents,ainsauec les Anges. It
est absurde aussi d'exposer ainsi ce
lieu de Daniel. Car en mesme ma->
nicre au chap. 5. Quand Nabucho-
doaoíbr eut ietté Daniel dans la
A 3
Traicte' dbs Anges,
fou niaise de seu, & qu'il ne fut point
brufle , il veid quatre enfans en U
fournaise , combien qu'il n'y en eust
este' iette' que trots. Donques ce't
Ange ne fut pas la vertu par laquelle
Dieu empefitfeaí ains fut vn vray An
ge que veidNabuchodonosor.Et en
core aux Nomb. za. autre choseest
nommee l'Ange, autre la vertu par
laquelle l'Afnesse parla. Car si Ange
fignifioit vne vertu naturelle.ou sur
naturelles parler de FAngesenom-
meroit Ange , ce qu'il ne fait pasu
Donques, attendu qu'il apparut , cc
ne fut pas feulement vne vertu natu
relle ou diuine , ains vn vray Ange.
Ceste ambiguïté de nom a rendu
plusieurs lieux obscurs en l'Escritu-
re. Et premieremét,celHyquiesten
S.Paul,à la i. aux Corinthiens It. que
la semme doit prier ayant la teste
couuerte,àcause des Anges. Car les
jgutheurs forts anciens , comme Ter-
tullien.au liure de voiler lesVierges,
ont entendu pour Anges les diables
qu'ils dict estre constumiers d'aque-
ûer la pudicitc des semmes : & que
d v V. Ma lî> o n a r. 4
pourceste occasion les semmes doi-
uent estre voilees. Autres ont enten
du que tes Prestres font nommez en
ce Heu Anges, lesquels en l'Egíise re
presentée h personne delesusChristr
& qu'en leur~ presence les semmes
doiuent estre honnestement accou-
stre'es , comme deuant Iesus Christ
me Cm es. De ce'c aduis font faincts
rsicrosine & S. Ambroise aux Com
mentaires. Les autres l'ont entendu
des gens debien,que les semmes doi-
uent respecter. Ainsi Fa dit sainót
Clement , en ses Meflanges , com
me recite TheophÏÏacte aux Com- Mald,
mentaires fur ce lieu. II me fém- ».*'.
ble,àmoy,que le vray sens est ce-
luy qn'esscrit saint Chrysostome,ho-
meí. 16: sor la premiere-aux Corin
thiens, & en l'Homelie del'Ascen-
fion, tome troisième. Et Theodore*,
& Theophylacte aux Commentai
res , c'est qu'on l'entende des vray*
Angesbons.Car il semble que fainct
Pau? parle selonrîa vulgaire Opinion
desIttifs,quicroyoient quetous les
fifrmrrtes estoient conduicts fous hr
Traícte des Anges,
tuteledes Anges: Et admoneste les
semmes que si. elles ne reuerent les;
sommes qui assistent,qu'elles respe
ctent les Anges, lesquels ont accou-
stumé de rapporter à Dieu-tojis^
qu'ils npu s entendent faire 3t difer-
Çár l'estriturea de coustume d'ajjw,
peller les Anges; poux tesmçunsjd^uft
tant qu'ils siint fl|ít^voyçps?;§t-ryç-
peuuét aisc'rçent fnrjyr. <^a^qu^Ì'
íçsus Christ ^ict en sa^nct t^fihii
pitre 3. Tout homme qui me sonses-
sefa deuant les hommes, íe le confesr.
íbrày deuant rnó Perç, & lesAttg3Sy
-StJaj »9l Paul , çfl la prémUj* $ tk
motfiee, cha. 5. i'atteste- devant DLèii
& lesus Christ, & les Anges esleus,
qu'il garde ces chpseffan$ prejudice.
Le second lien , en ta roçfsijt Egtstre
çha. 4. Dieu a monstre' Jes AppÁrc
comme destinez à la mort, que nou
sommes rendus spectacle au mon
4e, & aux Anges, & aux hon^mçs : 1
où par les Anges, aucuns ont entei
du les malins Esprits, comme Xain
Ambroi se. D'autres ont ente ri p
les Anges, les gens de bien: & par 1
dv P. Max d on a t. y-
hommes, les mauuais, comme Sedu-
liusaux Commentaires. D'autres par
les Anges, les Chrestienscpar les ho
mes, les Gents , ou les Gentils : com
me Primasius fur ce lieu. Mais sainct
Chrysostome l'interprete mieux.ho-
mel.6". EtTheodoret, &Theôphy-
lacte, que celá soit dit aussi des bons
Anges. Car S. Paul a voulu signi
fier qu'il estoit comme vn homme'
condamne' à la mort, & propose à
mocquerie à toutes les creatures,
d'autant qu'il vse de distribution,-
lórs qu'il dit , qu-'il est pfopose'au*
choses inanimées , lesquelles il entécfc
par le nom du monde :Sí aux AngCs*
&aux hommes \ creatures raisonna
bles. De mcsme maniere ìesinnc:
qu-'il faut entendre le passage de l'Ec^ .
desiast ique, chap. 5. Ne dites pas de-
oant l'Aflge.il n'yapaSde prouiden-
ce: car il n'entend pas vn'Nonce,'
ains l'Ahge gardìen,qui est tousiourí -
present , & entend ce qu'on parle bië :
ou mal de Dieui Le Rabin Mosead--
iouste , qu'ils font aussi nommez aux
ïserkures Helèhim , c'est à dire»
TRAIíCTE des Ange-Sì-
Dieux. Dieux. Et qu'ainsi se doiuent entend
dre tous les lieux ausquels il est dit:
le Dieu des Dieux. Comme il dit;-
aussi, que partout là où Dieu est no
me Seigneur des Seigneurs, il dit
que" les Seigneurs sont nommez les.
Cieux, qu'il pense estre animez , Sc.
participons de raison.Car la loiiange:
de Dieu seroit nulle s'il se nommoit
Seigneur des Seigneurs , .c'est à dire»-
des hommes : 8l Dieu des Dieux,-
sçauoir est des luiss. Mais encore ce-
ste interpretatió est abfurde.Gar lors
qu'il est dit Dieu des Dieux , ce n est:
pas le sens , qu'il soit Dieudes Ido-,
les: &quandil est noinmé Seigneur
des Seigneurs-, íh n'est- pas signifié-
qu'il soit seutemét Seigneur des hò->.
mes:mais le sens est qu'il est seul vray^
Dieu &.vray-Sèîgneur. Voire & ce.
sens a este' exprimé pat; sâinct Raul en.
deux endroits, au 8. de la premiere-
aux Corinthiens: Et combien qu'il-
y en ait qui sont nommez Dieux(car-
il y a plusieurs Dieux ,& plusieurs-
hommes ) à nous toutesfois , il n'est;
, qtúrn Dieu , c'est. à. dire* àxeux. qui
cv P. Maldona t. c
ont bon iugement , vn est le vray
Dieu. Et en la premiere à Timothee,
ch. 6. Le Roy des Roys : le Seigneur
des Seigneurs , qui seul a l'immorta-
lite. Car tout ainsi que quand il dis,
que le seul Dieu a immortalite', il a
iuge'que le seul Dieuest vrayement'
te propremét immortel. Ainsi quand
ilestappellé Roy des Roys, & Sei
gneur des Seigneurs, il a ìugé qu'il'
est seul Roy & Seigneur, qui est la
suprême lqiiange;.
QUESTION DEVXIET
MB , S'ÍL; Y A DES AnGESì
QUESTION T RO I S I E S ME,.
- DE l/ORIGIfcB DES ANGES.
S
g r I RA ICTE : DE $ A AïfG f.?,
Ojh- createurs du mendie. La quátrie/
©piíjion,siit d'E piphanius <> ^.herej
Et de S.August-in,uu.! i.de la Cite
Dieu,ch-ç. EcdAíthanasse, enLyp
toaaiis, In.Çatea*. apres Isido
Jiu. i. des offices Ecclesiastiques ch
Z2.Et deTheodoret, quest. 3, fur
Genese , lesquels disent les: Aoges :
«oir este' faits ensemblement , auc
le Ciel 86 la terre. Laquelle opinioi
tous les Scholastiqnes ont .suyuie
do- ^gant *moy,i estime prenrieretneni
que les Anges ne furent pas feiu
auant ce monde, & que cela est non
seulemét probable, ains qu'il appro
che fort de la foy Catholique. D'au
tant que ie ne t rouue pas de meilleu
re interpretation de ces paroles de
Moyse : Au commencement Dieu
crea,&c. qucdedirejauant^ueDieu
fist aucune chose , comme l'a explì.
que' Salomon-anx Prouerbes 8. auant
qu'il fist aucune chose, deslecom-
mencemét. Laquelle interpretation
estant vraye,il s'enfuit neeessairemét
que îes Anges me furent par faits
auant ce commencement , auquel Je
DV T*. Malíjonat. II
ciel& la terre forent faicts. En secód
lieu , d'autarrt qu'auant que S. Paul
dist nommément aux Colocenses i.
que les Anges" siissení faits de Dieu,
i\n'ya point de doute que cela me£
BienesepeutYÁíifierpar le vieilTe-
ihment,-voire , & par les premiers
mots do Genese. Maispar ces mots-,
où il ne se peut' verifier Jes Anges a-
ooireste' raicts: de Dieu , ou parles
mesmes motsîl se verifiera- qu'ils nd
forent pas fàicts auant ce monde-
îour le rroifiesrrfe', d'autant qu'il me
fetiiWe impossible que Moyse ( qui
auoit propose' de nous exposer la
<reation de toutes dioses ) n'ait fait
auronc mention de ia creation des
Angesi Et s'il Va fait, il est nécessaire
yi'H l'air comprinse dedans ces" siï
foors-fè. ílsa'estbieiit done;pásfeits
aopwauant. QoaifitelbemeTtrt; (faU*-
font qjuí comme ci dessus a esté ve-
nïre.TETcriture monstre queles An
ges ont esté faits: pour l'homme : il*
o"brtt donc pa-s -esté faits auant que
Ittaontie' fut fá-i'íyleîquel est comme
-ItdoitiìtHe de l'JîOítìmé- Çinquief
memét,d!antát qu'en tous endroicts
ausquels la saincte Escriturc parle de
la creation des Anges, elle l'a con-
ioinct aucc la creation du Ciel & de
la terre,comme au Pseaume i^g.aux
Actes i4. Apoc. i4. Qui a fait le Ciel
& la terre,la mer,& toutes lesclioses
qui y font.Et sainct Paul áux C0I0.i.
Auquel ont este' cre'es toutes choses
au Ciel & en la terre,visibles & inui-
sibles: soit les Throfnes , soit les Do
minations. Sixiemement , d'autant
que ( comme il sera verifie' cy apres)
il se collige de l'Escriturc,que les
Anges furent faicts au CielJls n'ont
donc pas este' faicts auant que le Ciel-
fuit faict. Finablement, il semble le
Concile de Lateran l'auoir de'finy,
incontinent des le commencement.
Nous croyons (dit-il) que Dieu tout
Xsfponce puissant par fa vertu , ensemblement
auxsir. jç'sje commencement du temps,. fit
Auop!. de^sen l'vne, & l'autre creature, &
nions spirituelle, &c. Ie respons donc au
Mûtes- premier arguméti de fa premiere o-
pinion, qu'il ne prouue rien. Car s'il
verifioit quelque ciiose, il prouue-
Ti.V £,.M A IDON A Î. i2
toit aussi,q$ic les Anges doiuéî estre
de toute eternité, de peur que Dieu
£ut fans ministres. Mais cela est con
tre la Religion:Car il n'y a fié d'eter
nel que Dieu. Au dcuxie'me argu
mentée r cfpon s : que seîsens des pa-
roJesde lob est, que les Astres du
matin, & les Anges loiierent Dieu
leur Autheur.incontinét qu'ils furet
faicts. D'autant que Dieu vouloir-
prouuer que personne n'auoit saict
le Ciel -& la terre sinóluy. Et allegue
le tessmoignage du messme Ciel , &
des Anges:lesquels ayans este' faicts
deDieu , çornmencerent de le loiier
& conseflèr hautemét qu'ils estoient
ses factures. Au troisiefrne, ie resspós,
comme cy dessus , de 1 origine du
monde.Au quatriesrne,c]ue plusieurs
Autheurs disét,qu'il y a deux causes,
pour lesquelles Moyse ne fit aucune
mention de l'origine des Anges.
LVnc , de peur qu'aux luiss , de leur
naturel enclinsà l'Idolatrie,il nedó-
nast occasió d'idolatrer. Chrysosto-
meen a rendu ceste raison en l'Ho-
mi. a . sur îe Genese.Et Theodorer,
en laquest.2.sur se Genèse. Mais te
ne í*«ôaae pM"fc*Ç%aBfl*.5 'Gàr ff
pouf ceste occasion Moyse n'a pas
fait mention de la création des Àn-
gespdu*qu<>y a-il fak -dëptfi£fî saa-
nent^ntion^íl'ice'iíAíEft TctÔíHeu:
s'il en eust fait mention , & e'trst eír-'
seigne' comme ils eíloiéí les críatu-'
jfcsdej&ieujilëást plustostostépar là
toute occasion d'idolatrïe.Car celuy
qìli' bfrseignè fes' Angéi; áiitìr' effê
fak* st monstre <\vsih né fènt pas;
Uieux. Cyrillas etì rend vne autre
íáison dtifroisiesmeliurei contre lu- '
iianus : Que Moyse ne voulut bas
patler étf Aríges, d'autaní que ceste
matiere estoit írdp disficile pour
pouuoir estre entendue par les audi
teurs grossiers. Mâìs cefte raison ne
semble pâí encore afle'z suffisante.
G'AVaíiïre ch&fe ést déclarer la nattore
des AngeSfquèijaráuîínttire perfon-
jî£B«ust erítenduë) autre tTiose, dire
en vn mot , que les Anges ont este
faicts par E^etijque t'opt CÎKlcun eust
Malda- entendu. Et parce ie pense que Mdiy-
«at. se, par le nom dd ciel ait vonln <n-
" - ícndre
d v P. Maldonat. i3
i tendre lçs Anges, comme habitans
du Ciel. Ce que l'Escriturc ap-
prouue, joignant par tout la crea
tion des Anges auec la creation du
Ciel. Au premier argument de la
seconde opinion , les autheufs rcs-
pondent - diuersement. Car quant
aux Hebreux ils content des fables,
que par Behemoth & Leuiathan , il
faut entendre deux tres-gráds pois-
sons,qu'il est escrit Dieu auoir cree's
au premier chap. du Genese : lek
quels ils disent que Dieu tua de peur intpUs.
qu'ils occupassent toute la terre. Et
u'il les accómoda auec du sel , afin
que c leurs chairs il fist vn banquet
aux Iist.au iour de la Resurrection.
Ainsi l'eict Rabby Salomon aux
Commentaire sur le premier cha
pitre du Genese , cliquant ces
mots : Et Dieu crea deux giai/ç
Baleines , SclesTalmudistesau li
ure intitule' Babathia, chapitre,Ven-
dant. Mais les moins fçauans des
luiss disent que Behemoth est vn
bœuf d'vne incroyable grandeur,
& Leuiathan vn poisson. Desquels
B
Traicte' des Anges,
ác du vin que'-Dieu a. cucillydelà
-vigne de Paradis;ils disentque'Dieu
seravn sestirraqx IuiÉs. À laquelle
opinion il sembie qu'a fait allusion
l'autheur du 4;. liure d'Efdras , chi-
L* val- pitre 6. eh ces mots : Et tu as con-
dhion' ue ^eux bauqueteurs^ nbmraánt
fare" se nom de l'vti! Enoch , &i le secohd
dtux tu l'as homme Leuiathah':i& les as
«met. separez l'vn de l'autre. D'autant que
la septiesme partie , en laquelle l'cau
auoit este' assemblee ne les pouuoic
comprendre. Et nos Docteurs par
Behemoth & Leuiathan, ont accor
fiume' d'entendre deux Princes
diables qui nous tourment^ Quát
àmoy , i'estime que Behnoth &
Leuiathan signifient aelques deux
grandes bustes : Ms que par Alle
gorie î ef'ture y se de ces deux nós
^our Itgnifier les Princes 'des dia
bles. Et par ainsi en tout ce 40. cha
pitre de lob, U ne pretéd autre cho
se dire sinon que nous auons des
- aduersaires & si forts que par aucu
nes forces nous ne les pouuonk sur
monter : & si rusez que par aucun
dv P. Maldonat. i4
- art nous n'en pouuons yenir à bout.
Et par ce lob desscrit la force de Be-
hemoth', quand il dit : sa force est
en ses reins : Et fa ruse, lors qu'il dit,
pourrez-vous tirer Leuiathan auec
vn hameçon ? ou si auec vne corde
vous lierez fa langueîcomme s'il di-
soit , par aucun art vous ne le pour
rez attraper. Car pour cela Efaye
au chap. z j.nomme Leuiathan , ser
pent fuyart & glissant : & serpent
tors , c'est à dire cault. Et parce
ncus sommes aduertis de ne nous
confier pas en nos forces & indu
stries, ains en la grace de Dieu. Ce
que signifie lob quand il dit : Luy
(c'est à dire Dieu ) accommodera
son glaiue : c'est à dire le seul Dieu
peut vaincre ces: bestes , car il les a
faictes. Cesens exprime Efaye cha
pitre z y.Iors qu'il dit : Alors le Sei
gneur visitera en só glaiue de bonnô
trempe, dur, grand & fort, fur Le
uiathan. Et fainct-Paul aux£phess.ts.
Au demeurant mes- freces,co»for-
tcz-vousau Seigneur, & en ía puis
sance de fa. vertu , & vestez ses .21-
E z
Traicte' des Anges,
mes de Dieu, afin que vous puissiez
xesisterau diable. Et il descrit, com
me lob, sa force:d'autànt que nous
n'auonspaslecóbat contre la chair
Jéí lesang. Et sainct Pierre en sa pre
miere Epiílre, chapitre 5. nomme
parvne semblable figure Lyon , ce-
luy que lob nomme Behemoth &
Leuiathan, comme vn Lyon rugis
sant , il rode cherchant quelqu'vn
pour le deuorer. Mais quant à l'ar
guaient tiré de ce mot:Ilest le com
mencement des voyes du Seigneur.
Ie ne pense pas qu'il signifie le com
mencement du temps, ains selon la
vertu du mot Hebrieu , Rechir , il si
gnifie ce qu'est le premier & le plus
excellent en chacun espece , & que
Ce soit icy le sens. Celuy que vous
aurez à combattre est le commen
cement des voyes du Seigneur, c'est
à dire , la plus excellente des creatu
res de Dieu. U se peut colliger que
c'est cc sens, d'autant qu'il n'estoit
aucunement à propos de dire que
le diable auoit este' fait auant l;hó-^
mC. Mais fcde dire qu'il estoit vnc
D V P. M A L D O N A T. i5
tres-excellente creature , cela im-
portoit fort pour nous faire peur.
Au 2. argument de la secondeopi-
nion.ie ressponds qu'il se pouuoit
mieux traduire en cét endroict : il
fur homicide dés le cómencement.
Et que ce mot de commencement
ne signifie pas vn poinct de temps,
-ains tout le commencemét du mon
de compose de six ioufs. Quelque
Yn demandera s'il faut tenir cecy
pour foy Catholique, que les Anges
n ayent pas esté faicts auant le m6*
de, d'autant qu'il semble que le Có-
cile de Latcran l'ait determine'. Ic
responds que cela n'est pas foy,ains
vae opinion proche de la foy. En
premier lieu, d'autant que celan'e-
stoit pas proposé au Concile pour
ìe resouldre : Comme dit sainct
Thomas aux Commentaires fur la
decretale de la grande Trinité &
foy Catholique : ains son intention
estoit seulement de condáner l'er
reur de ceux qui pensoient qu'ils
eust quelque creature qui fust de
route eternité. Et puis il ne faut pas
B 3
T R A I C T E' DES ANGES,
tenir pour article de foy tout cc
qu'en passant ce dit aux Conciles,
ains ce qu'estant propose' est resoîu.
En second lieu , d'autant qu'il n'ap
pert pas de quel temps le Concile
parle:fi c'est du temps naturel,ou du
temps des Anges , lors qu'il dit , en-
semblément de's le commencement
du temps.Pour le 5.1 estime plustoít
que le Concile n'a pas parlé fcolasti-
quement , ains à la maniere desau-
theurs anciens, qui ont accoustumé
de nommer temps, toute espace qui
n'est pas eternité. Autant signifie
dés le commencement du temps,
que qui diroit,non pas de toute eter
nité. Et c'est enscmblément , assem
bler l'vne & l'autre creature spiri
tuelle & corporelle: Et le sens est,
que l'vne & l'autre creature a esté
faictepar Dieu, dés quelque com
mencement , ensemblément , c'est à
dire sans en excepter aucune. Ceste
sentence est confirmee par les mots
du Concile. D'autant que si à cause
de ce decret il fallait tenir pour foy
Catholique que les Anges ne furent
DV P. Maldonat. ' 16
pas faicts auant ce monde : pour le
mesme decret il faudroit tenir pour
f'oy que toutes les 'choses qui font
escrites auoir este' faictes en lix iours
auGenese, auroient esté faictes en
mesme moment de temps. Mais par
I'adueude tous, cela ne se doit pas
tenir pour foy : doneques , ne cecy
aussi. Et parce l'opinion des luiss
me semble fort probable. Que les.
Anges furent faicts le second iour,
d'autant que l'Escritureconioinctla
creation des six iours auec la crea
tion du Ciel. Orle Ciel & le firma
ment íbntvne mesme chose, com
me il a esté prouue' cy dessus : Et le
firmament fut fait le second iour,
au premier chapitre du Genese.
Doncques,& les Anges aussi. ..
B4
Traicte' des Anges^
S I T OV S LE S AN-
1 CES ONT ESTE' FAICTS
. ensemblément.
i ;j i-:.';~rj! - -; - -r i: ;
ACecy enjcore appartient ceste
question, si tous les Anges fli-
rent faicts par Dieu eosemble'ment.
Et d'icelle aussi les opinions des An
ciens forent diuerses. Car les He-
hrieux ( comme tesmoigne Rabbi-
Mose Egyptien, au ^. liure Moré,;
chapitre. 6Y) Disent fabuleusement
que tous les iours Dieu cre'e cent'
Anges: Lefq.uels'aussitost qui font
créez , viennent deua-nt Dieu & luy;
chantent vn Hjímae , pqis descen-
denr. La z, opinion fut d'aucuns
Chrestiens , comme de Gregorius;
au liure de la creation de l'homme.
chapitre r8. Que les Anges:,- tant:
bons que mauuais;, entre-eux-mes~.
mes encores jcngendrent . les^vn^
des autres en quelque-- maniere ad
mirable. La 3. fiat des autres ) corn-
niedelustin Martyr:enla premiere
Apologie pour les Chrestiens \ Et
Traicte des Anges,;
de Lactance Liure second, chapitré
i5. ) qui pensent que tous les A rìges
ne multiplient pas,ains aucuns. Car
ils disent que ceux qui pecherent,
excitez par paillardise , se sont mef
iez auec les semmes, &©ntengen-
dre'ceux que maintenant nous nó-
mons de'mons. La 4. opinion est de
tous les autres autheurs : laquelle
seule est vraye. Que tous les Anges-
furent faicts & creez de Dieu en-
femblement. Car en tous les en-
droicts aulquefs l'Escriture parle dé
leur origine, elleenseigne qu'ils fu
rent faicts auec le Ciel. Et âpres , el
it ne fait point. mehtfdn d'aucun
Ange, ou bon , où 'mauuais,quTaib
este fait apres la creation'- du' CieL
Ce seroit donc temerité d'en opi
ner autrement , comme la raison
mesrhe le requiert. Car il n'est'point
croyable que lês tnáfureá immunëá'
de corps & de matiere , -& qui de'
leur vertu fôhíimmorteMes , soyehei
engendrees les vnes des autre's. CelST
n'est en vsage sinon aux choses quî
m'tfíènt & meurenïi
d v P. Maldonat. i9
Q^V A T R I E S M E QJE-
STION DE LA N.ATV-
redes Anges.
CEstc question a cinq parties, en
la premiere il sout voir si les
Anges ont des corps de leur natu
re. Eala 2. s'ils font composez de
matiere & deforme.En la 3.s'ils ont
quelque autre composition. En la Si Iti
4. si de leur nature ils font immor-
tels. En la 5. comment indifferent °c"rpu
entr'eux. Quant à la premiere,il y a Vttmif
eu deux opinions contraires d'au- "«p,: -
theurs fort renommez. L'vne que
naturellement aux Anges a este'dó-
m des corps , mais si subtils qu'ils
font inuisibies à nos yeux. Et qu'en
PEfcriturë ils font nommezEfprits,
non que du tout ils foyent exem pts
áe corps , ains d'autant qu'ils font
douez d.vn corps qui ne se peut
Toîr comme aussi Pair (lequel in
dubitablement est corps ') est fou-
uent nomme Esprit en l'Efcriture»
d'autant qu'il ri.est pas veu . De ceste
opinion fut Philo luiss, au liure de
IRAtcTE des ; Anges,-
l'ouurage du monde. Ec Iustin en la
premiere Apologie pour les Chre-
stiens. Et Theodoret en l'Epitome
de la foy Catholique , lequel est
auec les ceuuresde Cleméc Alexan
drin & Tertulian: lesquels en plu.-
sieurs endroits disent qu'il n'yaricr»-.
qui n'ait corps. Et Origene au pre-;
mier liure Periarchon, chapitre ©;«-
Là où il dict que la seule Trinité, o'a
point de corps. Et au liure 2.chap.
2.. Et au traicte' i3. fur sainct kan.Êt
Lactance liure z. chapitre 15. Et S.
Hilaire sur le 5. chapitre de S. Mat
thieu. Et sainct Ambroise au liure
de Noe' & de l'Arche , chapitre 4^
Et sainct Augustin Epistre jiii 8c
1 i 5. Et an liure ^.de.la Trinite' chapi
tre ù Et au liure ii. de. la Cité de:
Dieu, chap. 23; Et au liure i5. chap..
2 5. Et au liure 2. du Genese selon la
lettre chap.27. Et au liure 3. du Gçf
nese selonla lettre, chapitre i0. (cq-j-
bien qu'en autres en droicts il sem
ble qu'il en doubte. ) Et Gassianus
Collation. 7. chapitre i3, EtGena-
ûas ( ou quiconque soit authcur du
DV V. MALDONAT; 2»
liure des Enseignemens Ecclesiasti
ques lequel est attribué à S. Augu
stin) chapitre n.& i2. Et sainct Ba
sile au liure du sainct Esprit chapi i G.
Et Athanasius & Methodius sont al
leguez au second Concile de Nice.
Et pour ceste opinion le mesrne
Çoncile,action 5-arresta qu'on pou-
uoit peindre les Anges , d'autant
qu'il ont des corps. Et Pascasius
Diacre, au 2. liure du sainct Esprit,-
chapitre 3. qui enseigne en outre;
que les Anges &c nos amespeuuent
estre tourmentez au seu d'Enser,
d'autant qu'ils ont des corps. Et Da-
masius au liure 2. de la foy, chap 3.
dict que les Anges à comparaison
de nous font incorporels .- maisab-
soluëment & à cóparaison de Dieu,
ils sont corporels. Et Cœlius au lieu
des de'mons le prouue par. plusieurs
arguments. Et sainct Bernard Ho
melie 5.8c 5.surles €antiqués,pan-
che plus ftir ceste opinion. Et Ru-
pertus liuxe premier des eenures de
la Trinite', chapitre n.- enseigne le
mesme que Damasus. Or ceste opU
' " Traicte des Anges,
nîon se peut verifier par ces Argu
ments. Premierement si les Anges-
n'ont point de corps , à peine peut-
en entendre comme ils se puislênt
remuer d'vn lieu en vn autre. Car
í'opinion de plusieurs fort graues
Theologiens a este' aussi que nos ar
me separées des corps ne se peu-
uentmouuoir d'vn lieu, ains qu'el
les sont menées par les Anges,soient
bons , soient mauuais. Le z. Argu
ment est qu'on ne peut entendre
Cornent c'est que les corps peuuent
aucunesfois estre renouez par eux,
s'ils sont entierement exempts de
' corps.Car il n'y a pas de doubte que
nostreame ne remue nostre corps,
ne de meruéille , d'autant qu'elle est
la forme dii corps/ mais î'Ange n'est
pas la forme. Le 5; ; Argument est,
que si nous ne disions que les Anges
ayent corps , àjjeinepouuons nous
declarer là ráiso par laquelle ils col-
ligent la cogrìôiíïànce & science
d'vne chacune 'chose:laquelle ( l'on.'
prouuera apres par l'Escriture ) ils
coîligent. D'autant qu'ils nepeuuét
dv P. Maldonat. - al
colliger la cognoissance des choses
corporelles sinon parleurs semblá-
ces: & ne k peuuent faire fans in
strument corporel , attendu qu'el
les font corporelles : ils ont donc va
corps. Le 4. est quel'Escriture en
seigne que les demons font tour
mentez par le seu d'Enser: mais le
seu ne peut trauailler vn Esprit , s'il
n'a quelque corps. Le 5. est, que
Pierre Epistre 2 . chap. 2. Et S. lude
en son Epistre Canonique, disent
que les diables attachez auec des
Lyons ont esté iettez en Enser. Que
s'ils n'ont des corps, comment ont-
ilspeuestreliez ? Le 6. est attendu-
que tous les Anges (comme dit S.
Paul aux Hebrieux chap.i. ) font Es
prits administratoires enuoyez au
ministere. II ne semble pas croya
ble que Dieu vsse des ministres du
tout incorporels. Le 7. & dernier
est , que par tout où il est dit
en la fàincteEscriture,que les An
ges ont esté veuz, ils ont este' veuz
auec quelque espece de corps hu
main: & ont tellement este' veur
Traicte' des Anges,
que mesme quelquesois leurs corps
ont esté touchez & manier : com-
ï.ofì. me au Genese 16. & i9. La2.qpinió
a este' de ceux qui ont estime' les
Anges estre du tout incorporels..
En laquelle opinion a este le pre-.
mier sainct Denis Areopagite au
- liure de la Hyerarchie Ecclesiastique
chap. i. Etau liure des noms diuins
chap. 4. Et Athanasseau liure de la
commune essence du Pere,du Fils,
& du sainct Esprit: Et en la dispu
te contre Arrius au Concile de Ni
ce : & au premier Dialogue de la
Trinite'. Et sainct Chrysostomc Ho
melie 22. furie Genese. Et S. Gre
goire de Nice au liure del'Oraison
Dominicale, & en l'Oraison pour
les morts. Et au ^.liure de la Philo
sophie chap. 7. Et Nazianzenus O-
rais0n7.de la Theologie, est plus
enclin à ceste opinion, cóbien qu'il
ensemble doubter. Et sainct Am
broise ayant change' d'opinion , au
liure 7. des Commentaires fur S.
Xucchap. i2. Et CyrilleAlexandrin
au liure 4. fur sainct Iean , chap. iq.
dv P. Mal d on a t. iz
ít Theodoret question 2.sur la Ge
nese: & au liure des diuins Decrets.
Et le grand Gregoire liure 4. des
Morales chapitre 4. & liure 28. cha.
6.EtBeda au premier liure des Ele
ments de la Philosophie. Et Nice-
tas au Commentaire fur l'Oraisort
de Gregoire Nazianzene , du iour
Natal du Seigneur. Et le grád Con
cile de Lateran en la consession de
lafoy. Ceste opinion ne doit pas e-
sire tenue pour article de foy Ca
tholique , d'autant que le Decret dit
Concile peut estre entendu de ma
niere qu'il nomme creature spiri
tuelle celle.qu'a comparaison de nos o^k
corps, semble spiritueHe : & toutes- de
fois elle me semble(combien qu'elle Mal'
ait beaucoup moins d'autheurs)
estre beaucoup plus probable : d'au
tant qu'elle est plus accordante aux
lettres sacrees. Et premierement ea
ce mesme que l'Escriturc les nom
me Esprits, c'est vn argument que
les Anges n'ont point de corps : car
attendu qu'au 4. de sainct Jean , Ie-
sm Christ argumente que Dieu est
Traicte' des Anges,
Esprit : & que ceux qui l'adorent, le
doyuent adorer en esprit & vente':
II n'y a point de doubte qu'il ne
nomme Dieu Esprit > de maniere
qu'il le faict du tout priué de corps:
d'autant qu'il vouloit prouuer cela-
mesme qu'il le falloit adorer, non
tant du corps que del'Esprit. Don-
ques quand il conclud qu'il le faut
adorer en Esprit , il prend le mot
d'esprit en mesme maniere qu'il le
prend lors qu'il dit que Dieu est t
Esprit.Et delàs'ensuit quenostrea-
me est vrayement Esprit : Que si
nostreame est vrayement esprit,la*
quelle est toutesfòis h forme de no-
ftre corps , il est plus que probable
que les Anges font tellement es
prits , qu'ils font priuez de tout
corps. En second lieu , les Sad
duceens auxActes 23. font reprins
de ce qu'ils nyoient qu'il y eust
Anges & Esprits : Que si les
Anges font corporels les Saddu-
ce'ens ne les eussent pas nycz : car
ils ne les nyoient sinon pour ne se
pouuoir persuader qu'il y eust au-
DY P. MALDONAt. 25
cane nature du tout incorporelle.
Doncques ils lont reprins pour
ceste mesme opinion. Cela est
donc vn Argument certain que
ks Anges font immunesde corps.
Pour le troisiesme , attendu que
Dauid dit au Pseaume cent trois,
qui faict ses Anges les Esprits, &
ses Ministres , le seu bruílant : 11
n'y a point de doubte qu'il ne
vueiile lignifier que Dieu vsse pour
fcruiteurs & nonces de ses crea
tures , non espoisses comme font
les hommes, ains des plus excel
lentes & pures. Doncques le
nom d'Esprit ne peut signifier au
cune choie corporelle , ains du
tout immune de corps. Pour le
quatriesme , lors que I e s v s
Christ dit en sainct Luc 241
Maniez , & voyez qu'vn Esprit
n'a ne chair ne os , il n'a pas seule
ment voulu dire qu'vn Esprit n'a
nechair ne osà la maniere des hom
mes (car cela ne touchoit en rié à ce
dont il estait question ) parce qu'il
vouloit faire perdre aux Disciples
Traicte' des Anges,
l'admiration de laquelle ilsestoient
detenus estonnez pour auoir vcu
vn corps qui auoit penetre' estants
les huys clos: & parce ne croyoient
pas que ce fust vn vray corps. Or
ìeíus Christ neieureust point osté
ceste admiration, s'il eust seulement
voulu dire qu'vn Esprit n'a point
de chair,ne d'os , d'autant qu'il pou-
uoit auoir quelque autre corps fans
chair, & os : Et aux Disciples eust
demeure lemessme doubte. Le sens
est donc : les Esprits n'ont point de
chair, ne d'os , c'est àdire ils n'ont
nul corps familier : Et puis en l'Es-
criture, par le nom de chair , s'en
tend tout corps. Au 5. de fainct
Marc ,& 8. de fainct Luc, il est es-
crit qu'en certain homme estoit vne
legion de mauuais Anges) laquelle
contient plus de traize mil diables
que s'ils auoyent des corps pour
deliez qulils. fussent , ils n'eussent
peu en si grand nombre se renger
en vn seul corps. Pour le sixiessme
fers que fainct Paul dit aux Ephe-
siens S. Nous n'auons point à com-
i>v P. Maldonat. 24
battre la chair & lfhomme, ains les
Princes & Puissances. Ilneveut pas
signifier lá chair & le sang, d'amant
-qu'il n'eust pas prouue' ce qu'il fal-
ìoit : parce qu'il vouloit conclure
qu'il falloit que nous fussions fort
vigilants, ayansà faire à vn ennemy
que nous ne pouuoris apperçeuoir
par nos sens , & l'euiter : ains auec
vn ennemy du tout priuéde corps,
lequel ne pouuoit estre surmonte',
ne par les forces du corps , ne par
art de l'esprit. Aux arguments con
traires, il faut reipondre ainsi. Au^*1"
premier , second & troisiesme , il se-
ra respoqdu lors que nous disseou- contre?
rerós du mouuemét des Anges. Au
4. pour ceux qui font en opinion
que le seu des ensers ne soit pas cor
porel, l'on respóudra aisement , que
les Esprits petuient estre trauaillei '"x
par supplices spirituels. Mais à ceux
quil'estimét corporel,Tort a accou
tumé de respoiídre que le corps a- i
git cótre -vn esprit,noripar'vertu na-
turelle,àins dùjine Au 5.ie responds
que les liens desquels l'on dit les de'-
Traicte des Anges,
mons estre attachez se doyuent pre-
dre par metaphore, tellement qu'ils
signifient priuation d'vne grande li
berte', pour deuenir à vne grande
seruitude en laquelle l'on a accou-
stume'de lier les esclaues, pour si
gnifier vne obligation au supplice,
auquel ceux qui sont condamnez,
sont tenus liez & attachez. Au 6.
ie responds que comme l'homme
est composé desprit & de corps,
ainsi Dieu a deux manieres de
ministres & Anges , auec lesquels
•' ' il negotie auec les hommes. Les
vns du tout spirituels de ces Anges
desquels nous parlós, lesquels pro
curent spirituellement aux hommes
le salut de leurs ames. Les autres font
les. Prophetes & les Prestres , les
quels aussi l'Escriture nommeAn-
£Wi gC$ ) qui enseignent l'homme exte-
sontjet ri€urement s'accommodent au
aH'exhi- corps. Le 7. argument reueille vne
bmtlts question des corps , auec lesquels
,*,g«- les Anges ont accoustume' d'appa-
roistre, quels ils sont, & comme ils
font prins. Dececy aussi il y a eu di-
uerscs
dv P. Maldonat. 25
aerses opinions entre les Theolo
giens. Car ceux qui ont attribue' ' 0f-
corps aux Anges (combienquetels
que nos sens ne ks peuuent apper-
ceuoir. ) Us ont dit que par affe
ction & volonte', les Anges chan
gent tellement leurs corps tres sub-
tiLs,que ceux qui auparauant estoiét
inuifibles se puissent voir. Comme
il arriueaux hommes mesmes, les
quels estans saisis de quelque pas
sion, changent la couleur de leurs
corps. Ainsi l'ont dit sainct Basile
auliure du sainct Esprit,chapitre i6,. \
Et Marcus Philosophe. Chrestien,'
en Psellus au liure des demôns. Et
ceste opinion n'est pas refusee par
sainct Augustin au liure 5. de laTri-
nite' chapitre premier.D'autres esti
ment que les Anges ont accoustu- *;0fH
me de prendre hypostatiquement mm'
des corps, commelesus Christ print
la nature humaine. De ce't argument
ont vsc entre les Ethniques ceux
íjuì ne croyent pas k mystere de
•''Incarnation : comme si Dieu ne.
pouuoit ( demeurant Dieu ) estre
Traicte' bes Anges,
fait vray homme- lis disoient, les
Anges demeurans vrais Anges, sont
faits hommes, pourquoy ne sera-il
ainsi de Dieu ? En ceste opinion
fut le seul Tertullien , comme 1 on
collige de son liure de la Resurre-^
ction de la chair , & du liure con-
j.Opi- tre Marcion. La 3. opinion fut de
nien. ceux qui ont dit , qu'ils ontaccou-
stume de prendre des .corps d'vne
matiere celeste. Delaqnelle opinion
font tacitement tous les Scholasti-
ques , comme ils font mention ait
4.0^;- second liure des Sentences, distinct.
mon. huicttessmé. D'autres ont dit , qu'ils
- se font des corps meflez des quatre
Elemens. Laquelle opinion aile--
gue fainct Bonauenture au 2. des
Sentences, distinction huictiesme,.
í. Ofi. <jUestion deuxie'me. Les autres ont
nm' dit, qu'ils prenoient des corps, des '
quatre Elemens non mestangez, ains
demeurans entiers,afin qu'ils se des-
facent plus aisément. Et ç'a este l'o-
í.opi- pinion de Ricardus & de Scotus
niofk en la susdicte distinction , en la que
stion ynique. D autres , qu'ils les
DV P. Maldonat. l6
prennent du seul air , comme a pen-
îe' sainct Thomas en la mesinc di-
stincticîn huictiesme , question pre
miere, article troisieme. Les autres
(& c'est la commune opinion des
Scholastiques ) ont dit qu'ils pren
nent des corps, de l'air non pas pur^ 7 OfU
ains mefié de vapeurs & autres tel-
les choses quipeuuent estre rappor
tees à la figure. La derniere opinion
rut de Henry precepteur d'Albert, 8 Ofi-
(comme il le recite ) que les Anges w**a .
neprennentpasde vrais corps, ains
qu'ils changent- tellement les sens
des hommes qu'il leur lemble voir
des corps , lesquels ne font point.
Combien que sainct Thomas ait
nomme' ceste opinion erreur , (dont
iem'esmerueille) iel'c-stinie fort ac
cordante à lá saincte Escriture. De
laquelle on collige (sinon tousiours,
àtout le moins fort souuent )' que
ccnojsont pas vray corps , à ceuxaus-
quels les Anges apparoissent , ains
t}ue nos sens font deçeuz. Et en pre
mier lieu,aux Nombres 22. nous li- <
sons que l'Angeìutveu par l'Afnes-
9 *
Traicte' j>es Anges,
se de Balaam , & non par ]uy. U n'a-
-uoit donc pas vn vray corps : car s'il
,cust eu vn vray corps , pourquoy
n'eust-il aussi bien este' veu par le
Prophete, qui n'en estoit pas plus
efloigne', qu'il fut veu parl'Astiesse?
íour le 2.au 4. des Roys chapitre á.
Elisee voyoit l'armee des Anges , &'
Gjesi ne la poHuoit voir, ils n'auoiét
donc.pa« de vrais corps. Pour le 5.;
les Disciples de Iesus Christ en S.
Matthieu 3.4. & S. Marc 6. Voyans
Iesus Christ cheminant fur laTner,.
penserent que ce fust vn fantasme;
Ils ne penfoyent'Jonc pas que cç
fust vn vray corps qu'ils voyoient,.
ains que ce que n'estoit pas corps,
íemhloit corps. En premier. lieu,
-d'autant que ce mot defantosme si
gnifie cela ro.esme.Et apres, d'auíajit
-qu'ils l'estimoient fantosme , parce:
^qu'ils n'estimoient pas qn'vn vray
corps peut cheminer fur la me% lis.
ne croyoient jdonc pas que ce fust
vn vray corps ains vn Esprit qui
f»ressentort vne fausse efpeçe de corps.
D'auantage , lors que les mesines
D V P. Ma IDO'NAT, iy;
Disciples en sainct Luc chapitre 24.
ont pensé que Iesus Christ fust vn!
Esprit,il leur scmbloit qu'ils voyoiét-
-m corps humain. Ilsc-royoierudonc
que ce't Esprit n'auoit pas prins vn
vray corps. D'autant qu'ils I«-
croyoient estre Esprit, ne pouuans-
penser qu'vh corps eust peu penetrer-
à trauers vn corps. Ils ne croyent -
donc pas que ce qu'ils voyoient , fust
vnvray corps. Celamesme me sem
ble estre confirmé par les paroles
de sainct Luc i2. chapitre. Là où il
dit que sainct Pierre pensoif Voir
vne vision , & que ce n'estoit pas vn
vray corps qu'il luy sembloit voirï
A cecy encore adiousté-on la raison:
Que les Anges pouuans en cemoní
de apparoistre aux hommes , il sem*
ble qu'en vain ils forgeroient des--
corps , qu'il leur' faudroit inconti
nent quitter. Quelqu'vn peut obie-~
ster qu'Elisee dit au 4. des Roys,.
chap. 6. Ouure Seigneur , les yeux-
deceluy^cy , afin qu'il voye. Donc
il semble qu'on peut colliger que leS'
corps des Anges son vrais : maií
Traictb' des Anges, :
Ouuer- qu'ils ne furent pas assez visibles aux
titre. veux fa seruiteur. Ie respons que
le mot d'ouuerture signifie commu
nément aux escritures, non la natu
re, ains l'effetrqu'ils voyent ce qu'au-?
parauant ils ne voyoient pas. Com-
' me aux Actes 7. chap. LorsqueS.
Estienne dit qu'il voyoit le Ciel ou-
uert. Car en verite' il nefutpasou-
uert , mais en effet : d'autant -qu'il
vit Iesus Christ assis fur le Ciel , tout
ainsi que si le Ciel fust ouuerr. Eii
ce sens donc dit Elisee : Seigneur,
puure les yeux de cestuy-cy , afin
qu'il voye : comme s'il disoit, fais
qu'il lúy semble qu'il voit les An
ges, lesquels'il ne voit pas, & si ne
, Juy semble pas qu'il les voye. Quel-
qu'vn m'oposera aussi , que les
corps qui . ont quelquefois este' prîns
par les Anges , ont este' esprouuez
parl'attouchement mesme, Comme
quand Loth laua les pieds à ces deux
i Anges , c'estoient donc des vrays
corps.Car il semble que Iesus Christ
mesme approuua ceste conseíquenr
ce en sainctLuc 24. disant: Maniez
DV P. Mal DO N A T. 28
& voyez , &c. car il veut veri
fier que c'est vn vray corps, d'autant
qu'il est manie'. Ie respons que Ie
fus Christ a prins son argument en
cét endroit , partie de la verite' , par
tie de l'opinion. De la verite', d'au
tant qu'il s'enfuit bien que si quel
que chose est vrayement maniee , &
non par seule opinion, elle est vraye
ment corps. Et le corps de Iesus
Christ a este vrayement manié. II
argumente aussi selon l'opinion,
d'autant que l'opinion des hommes
est que tout ce qu'il leur semble
qu'ils touchent est vray corps, com
bien qu'en verité ne le touchent pas,
Car encore que non seulement les
autres sens , mais l'attouchement
messme puisse estre deçeu , comme
il est és Phrenetiques, toutesfois les
hommes pour s'asscurer de la verité
d'vn corps , ne peuuent demander
autre argument. Et parce Iesus
Christ collige bien la verité.du corps
par l'attouchement. Finablement
l'on peut obiecter que les Anges ont
beu & mangé auec d'autres corps
C 4 '
Xraicte' bes Anges,
qu'ils ont quelquesois prins : ce qui-
est vne preuue d'vn vray corps.
D'autant que par ce messme argu
ment Iesus Chriíia prouue' que fort-
corps estoit vray corps , apres fa Re-
surré&onvEn sainct Luc 24. chap.
Auez-vous icy quelque chose ài
manger ì le ressponsà cecy comme
à la seconde obiection : que leíùs
Christ veritablement prçuua qu'il
auoit vn- vray corps : caril mange*
vrayement. Et toutesfois qu'il n'y a
rien qui empesche que les sens ne?
puissent estre deceuz au manger 8c
au.boire , comme ils se deçoyuent
cnra figure du corps. Et à cause dé
Vtfi- ceà tesmoignages ie fuis d'aduis que
mmàe l'opinion est probable. qui tient
que les Anges prennent quelque-
fois des vrays corps. Et mesmes lors;
qu'ils doyuent par quelque long-
. temps apparoistre aux hommesr
comme finisAnge -aa fils de Tobie
faisant vn long voyage auecqueluy.i
Mais en ce que Scotus pense estre
probable que les demons prennent
quelquesois les corps des morts , ie
DV P. M AL D O NA X.'- 2£
pense moy aussi que cela est proba
ble. Car tout ce que nous lisons
des morts ressuscitez par les faux
Prophetes , par le moyen des mira
cles faux ( comme par Simon le
Magicien en Egesippus liure troií-
iesme , chapitre 2. ) n a peu estre
fait que par lceuure des demons.
Quant à ce aussi que les demons se
mefient aucunesfois auec les sem
mes , ( chose qui ne se peut nyer -
est plus croyable qu'ils le font ayans
prins quelque vray corps d'v».
homme , quauec vn seint. Ce que "
Dionyíius au liure second des Sen
tences, distinction huictiesme, que
stion premiere , afferme auoir ap«-
prins par certaine fille laquelle auoit
eu familiarite' auec vn diable. -
-L-03.,.-. • —^
o:n\'~u & -- ' -': '. 1 - î I'jM'j -.: ?Uy:
-:- 1 - : - -- -
(' 'C fr''" -fS-
LA SECONDE PAR-
T I E DE LA Q_V ATRIESME
question. Si les Anges sont com-
posez de matiere & de forme.
tE s Theologiens recognoissent^
huictfortes de composition. La
premiere , des parties qui font l'en-, Cvmfosu.
tier, c'est à dire du corps. La deuxies-:
me,de la matiere &forme,& ces deux-
especes-, il est defia verifie' n'estre pas- -
aux Anges. La troisiesme;est du gea-'
re & disference {que les Platoniciens)
nyent estre aux Anges) mais tous les
Theologiens Accordent : Qitant à;
rnpy ieavéstime pas íeJle compositio
ostre-vraye.La qUatriesme,ést de l'eí-
sehce ou existence, ou «stre : laquelle
semblablement il faut mettre e's
Anges (sinon qu'il y en.aiaueUnsy
(ju* estiment que. Inexistence en effet;
tt'éstças duïereiite.del'eírence : Et
il est necessaire qu'ils dient aussi que
telle composition n'est pas vraye,
ains forgee en la seule pensee. Mais
ceux qui pensent qu'en effet l'exi-
stence est differente de l'essence,
estiment que ceste composition est
vraye. La cinquiesme especeest, de
la matiere & du suppose': laquelle
semblablement est reçeuë aux An
ges par tous les Theologiens : Ou
tre ce qu'aucuns dient que la vraye
composition y est en la chose mess-
me;: Comme ceux qui estiment que
la substance que comprend le sup-.
pose' , outre l'essence est distinguee'
de l'essence par la choie; mestne.i
Mais ceux qui pensent que la siíbsi-
stence n'est point distinguee de l'es
sence en effet , il saur qu'ils dyent
que'ce n'est pas vne vraye compo
sition ceile qui se fait de la matie
re & du suppose', ains vne compo
sition de raison. La sixiessme est de la
puissance , & del'acte : & ceste-cy est
triple , l'vne de lai puissance essen*
tiellej, & de l'acte! essentiel : comme
est la compositibnoie ^fbrraeiíí de;
k matiere : & du genre , & de la dis
ference. Et ceste espece decompo
sition se doit receuoir aux Anges,
en la maniere qu'on y reçoit la.com-
position qui est du genre & de la dif
ference. L'autre est de la puissance
cslèntielle & de l'acte accidentel,
comme est la composition qui se
fait de l'essençe, & des acddens
qui font en l'esiènce. Et ceste espe
ce de composition setrouuee's An
ges. Et la 3. maniere il se fait com
position- de la puissance accidentel
le , & ;4fi Dicte accidentel : comme;
de l'essprjtìíÇHi, est, puissance & ateiw,
dent de'famey &;de h çógnoissaníe,
qui est en l'esp'rit. Laquelle espece
de comppsifiójil:fist neceflàireawssi-
estre és-Anges : Si l'entendemenî &-
\9kMHe': fpa$ - djstinguie&de le^fastf
senc^fg fhpfoqui<ft pfjojb.able^;.
septjesíne espece de composition gst
de la substance & des aecidefts. Las
buictrefffle dg j^siqitfSjaícidensjn.
i '
QYATRIESME PARTIE
DE LA Q_VESTIOïf QJf A-
- "-t trìesme. Si les Anges sont
' ^ immortels. ;^v- '' 7
LE s Theologiens ne s'accordent
pas aussi , commet les Anges font
entr'eux differens d'espece.Etde ce-
cy il y a sept opinions; La premiere
d'aucuns qui ont dit- que- non seu
lement tous le* Anges sont entre-
eux d'vne mesme espece , ains enco
re de mesme e spece que nos a mes.
De laquelle opinion S. Thomas fait
mention , fans alleguer l'Âutheur di-^
celle fur 1c 2. des sentences , distin
ction y. article 4. & à la premiere
partie de la question 50. article 4.
Celius en son liure de demonstra
tion recite quelque semblable opi
nion d'aucuns qui ont estimé que
nos ames , & les demons font de
mesme espece : Et que les demons
n'estoient autre chose que les ames
des hommes separees du - corps. Et
Origeneau 2; liure Periarchon cìx.
8. dit qu'en la définition de lame
font aussi- camprins les Anges. Có
D V P. M ALDO NAt. '4$:
bien quedececy il ne soit rien arre-
st e' aux regles Ecclesiastiques. Etau
li.4. il ne preuue pas autrement l'im-
mortalitcde nostreame, qu'en preu-
uant qu'elle est de mesme-especeque
Jes Anges. Geste opinion , estant en
tendue comme elle est proseree par
ces Autheurs,est impie. Car en tous
endroits ausquels l'Escriture parle
des ames & des Anges , elle en parle
comme de deux natures distinctes: &
vse d'ant it besejCome aux Hebreux Tu
II n'a donc ia mais appr ehéde les An-
ges,ains la semence d'Abraham. Mais
en certain sens,- cesie opinion pourra
estre vraye. Si quelqu'vnditquenos
ames ne sont pas de meíme nature &
especc , mais toutesfois qu'elles ont
quelque genre cómun. Comme que
l'vn & Tautre est esprit. Car c'estj'o-
pinion de tous les Autheurs Grecs;
comme il appert en Damasscenusaux
premieres institutions de Dialecti
que db. 7, J,a 2. opinion fut que
tous les- Anges entre eux font de
mesmeespece. Et ceste opinion rev
íitablement me semble fort proba
Traicte' des Anges,
blè.En premier lieu, doutant qu'elle
a plusieurs tres-graues Autheurs. S.
Denis ch. i k de la Hierarch. Eccle
siastique, Athariaseaux de'finitlons;
& au 3. Dialogue de là Trinité. Dy-
dimus au liure du S. Esprit. Basilius
au liure du S.Esprit. Gregoire Nice-
ne de la creation de l'hommecrn i8ì
& l'Autheur des questions à Antio-
chus, attribuees à Albanaises enla
question 4. Et S. Augustin liure ftj
de la Citéde Dieu ch. r. Isidore li
ure premier du souuërain bien ch.
i2.de Paschasius Diacre tiure s. du S.
Esprit chap. 3. & A-nsetmus liure 3.
pourquoyDieu & homme, &c.ch.
«- Et aussi d'autant qu'elle semble
s'accorder à l'Escritureilaquelle par
lant de tous les Anges , elle en parle
comme' de quelque vnique espece.
Comme quand elle dit au Pseaume8.
vous l'auez vn peu amoindry des
Anges. Et aiíPseaume i03. qui fait
ses Anges Esprits : & ses ministres,
ìe seu bruflant. Là ou par le mot
d'Esprits , fans faute il entend tous
tes Anges , & auec iceux conioinctc
D V P. M A L D O N A t. 44
k seu bruflant , c'est à dire les Sera
phins. Et S. Paul aux Hebreux pre
mier, compare Ieíus Christ auec les
Anges, il compare vne nature auec-
ques vne autre nature. Et lors qu'au
ch. 2. il dit : il n'a Laroais apprehendé
les Anges, ií donne à entendre qu'il
pouuoit apprehender la nature des
Anges : Et ne le pouuoit faire, si ce
n'eust esté vne seule nature de tous.
Finablement il est croyable par rai
son que ceste celeste Republique
composee d'Anges , n'est composee
que d'v«e espece , tout ainsi que ceste
Republique humaine est composee
d'vneautrei La 3. opinion fut que
tous les bons Anges font d'vne mes-
me espece : & tous les diables d'y-
ne autre. En ceste opinion est Da-
mascenus aux premieres institutions
de Dialectique chap. 7. Mais elle est
peu probable. Car , comme il sera
verifie' apres-, tous les Anges qui pe
cherent font de mesme nature , que
ceux qui ne pecherent pas : Et par le
peché , la nature ne se peut chan
ges. La 4. est d'aucuns- qui estime?
Tkaicts' d^s Anges,
rentqu'ilya autant d especes d'An'-
ges , qu'il y en a d'Ordres. En ceste
opinion fut S.Ambroise au liure }.de
la foy , ch. 4. Et quelques Scholastî-
ques,cóme Alexander part. i. quest.
îo.nombre 6. art.premier. Et Bona-
nenturesur le 2 .des Sentences,distin-
ction3.quest. i. Et Dionysiusen la
mesme distinction, quest. 3.. Ceste
opinion encore est probable. Et pre>
mierement par l'Escriture. D'autant
que quand S. Paul chap. 4.auxCo-
locences veut prouuer les Anges
aùoir esté fáits par le Seigneur , il
vsc de ceste enumeration : sok Prin--
cipautez , soit puissances , &c. II
declare donc que les Principautez,
les puissances , & les autres ordres
font de dioerse nature.D'autant qu'il
vouloit prouuer la nature auoir esté
creéede Dieir , & nonlesdignitez.
Donquesces noms-là non seulemét
signifiét dignité, ains diuerse nature.
La 5. opinion futde ceïuy qui esscriuit
les Commentaires fur les Epistres
S. Paul, qui font attribuez à S. Am*
feroisc, fur le.4. ch. de l'Epistreaiis
D V P. M A L D O N A T. 45-
La cinq^iesme qj/e-
STI.OJ* GENERALE DES
facilitez des Anges.
EN ce't endroit les Theologiens
disputent cinq choses. La pre
miere u aux Anges est la puissance
d'entendre , chose qui est facile.
La seconde si en iceux a double in
tellect , comme aux hommes l'A-
gent, & le patient : & de ceste que
stion nous parlerós apres,lors qu'on
traictera de la maniere de la co-
gnoissance. La 3. si les Anges ont
aussi faculté de vouloir : & cela 'est
aise' aussi. La 4. s'ils ont liberal arbi
tre : & de cela nous parlerons diss-
courans de l'homme. La 5. si les
fàcuirez de TAnge font en effect
distinguees de son essence. Et de
ceste .question voyez les Commen
taires dç Çaietanus en la premiere
partie, question 54. article 3. Vne
autre question est bjen plus necess-
frire*& m©ins-vsitee entre lesTheo-
logienfr-: îsi-.ç.utre -1a faculté d'en-
icndrejfc de vouloir, les Anges ont
Traicte' »ts Anges,
Deux faculté de scmouuoir ,& les corps
faculte^ qu'ils remúent. S. Thomas en U
An~ question i5. du mal , article premier
en la solution de l'Argument i4. &
Î5. & en la question vnique des créa
tures spirituelles article 6~ch la solu
tion du 8. argument & en l'opuf-
cule n.article3.&en l'Opuscule 53.
& plusieurs autres Scholastiques
pensent qu'aux Anges n'y a que
deux facultez , l'entendement & la
volonte' , par le moyen desquelles
ils operent tout ce qu'ils font.Et pat
ainsi que par la volonté' ils remuent
& eux mesmes , & les autres corps
qu'ils mouuent. Durandus au liure
a. des Sentences,distinction 7. que
stion 5. recite que l'opinion d'autres
Theologiens a esté contraire.Et fa-
prouue bien beaucoup plus ceste-cy.
Pour le premier, d'autant que nos
ames font bien autant spirituelles
{quant à l'eflence ) que les Anges : &
toutesfois outre l'entendement &
]avolonté,ellesontd'autresfa<ulter.
Car nostre Esprit ne meut pas son
corps de U feule volonte'. Pour le
- -- - — r .
D V P. M A L D O N A T. 45
second , si les Anges mouuoient les
corps par la seule volonte' ( attendu
que la volonté' n'agit pas moins aux
choies distantes qu'aux proches)
les Anges ne pourroient pas moins
remuer les corps bié fort elloignez
que les plus proches : chose que
personne n'accorde , & qui est en
tre l'experiéce que l'Escriture nous
deesare. Car quel besoin fut il qu'vh
Ange vint du ciel pour transpor
ter Abacuc iusques en Babylone,
en Daniel chapitre dernier? pourle
3. aucun des Theologiens n a dict
que les Anges eussent puissance de
mouuoir aucune chose à forme es-
sentielle,c'est à dire d'engédrer au
cune chose naturelle, sinon parac-
cidés accommodez à mouuoir les
corps naturels,& aoens & patiens.
Que si de la feule volonté les An
ges mouuoient les corps, non seu
lement ils les pourroient mouuoir
à quelque lieu , ains enecre àvnc
forme essentielle attendu qu'il n'est
parpl9mal- aise deremuërdesgrâds
ctírpsj que d'engendrer la moindre
" E
Traicte' des Anges,
petite herbe. Pour le 4.si les Anges
raouuoiét les corps par la seule vo-
lonte'J& mesme si grands que quel-
quesfois ils les remuent, veritable-
ment les hommes pourroient aussi
auec leur seule volóté remuer quel
ques corps à la verité moindre que
les Anges : & moindre que ne re-
múeroit l'homme, d'autant que la
persection de l'homme est moiru
dre que celle de l'Ange. p ourle 5.
les choses fans ame ne font pas ca
pables par leur nature , de receuoir
commandements d'autant qu'elles
n'ont pas de cognoissance : & le có-
mandemeut ne meut que par la co-
gnoissuice.sinonqueceluy quicó-
mande soit d'vne infinie puissance.
Doncques les corps qui not point
d'ame nepeuuentestre remuez par
vnAnge, de saseule volonté. Pour
le 6\l'Escriture monstre que c'est le
propre de Dieu.qu'àfon comman-
dementobeyssent leschoses mef-
' mes qui n'ont aucune cognoissan
ce: d'autât que c'est luy seul qui re-
fuscitcles morts,& appdle les cho^
dv P. Maldona t. jo
ses qui ne font pas cómc celles qui
font aux Romains 4. Cela donc ne
peut estre attribue'aux Anges.Fina-
blementdesia aux articles de Paris
entierement à este' condamne' l'o-
pinionde ceux qui disoient queles
intelligences mouuoient le ciel par
leur volonte' seule.
LA SIXIESME Q V E-
STION GENERALE.
Des actions des
Anges.
1
TÌIAÏCTe' DES! " AttGBSíl.
Jbs desirs-mesines. Car sikdesirin'e-
stoit point langage- Le Prophete
ne dirait pas .' ton oreille à entendu
kur desir. Le messme dit Beda au
líorc second íCir lob , chap.. y. i;e*
autres ont dit que les Anges par
lent entreus par signes casorne ho.
chemens de teste. Et de ceste opi
nion Stratusaeste' autheur furie i3.
chap. de la premiere aux Corimh.
Toutes ces choses se colligent par
quelque raison. Et premierement',
d'autant que le parler est par meta- -
phore transfere' par les hommes aux
-Anges : & que les hommes parlent
« n'est' autre chose que declarer
aux autres autat qu'ils peuuent leur s
pensees, soit par paroles, soit par es-
crit, soit par d'autres signes. D'au
tant qu'il arriue fouuent que quand
nous parlons , nous n'apprenons
rien à ceux auec qui nous parlons;
& toutesfoîs en parlant nous vou
lons leur expliquer ce qu'ils igno-
joient. II est donc neceflàire que le'
parler d'vnÁnge ne fait autre. cho
se sinon autant qu'il peut declaree
xy-v P. Maldona-t. 7i
£rs pensees>en quelque façon qu'il
les declare. En second lieu, aussi la
raison enseigne , qu'il faut que les
Anges parlent par quelque chose
qui soit plus cogneuëqueleurspen-
sees, d'autaritque la chose incognuë
ne peut estre declaree que par k
plus cogneuë.Tiercement , il se col-
lige que les Anges ne parlent pas
entr'eux en la. maniese qu'ilparlent
aoec Dieu : ne Dieu aussi auec "les TmòU
Anges , D'autant que Dieu parle deP'<Mà
bien quelquesois fans aucune voix
ou signe, imprimant par foy , & fans
aucunes causes secondes la cognois-
sance de la chose, de laquelle on dit
qu'il -parle aux esprits ;de ceux aus-
quels il. parle. Mais les Anges ne^
peuuent parler en ceste manière:
d'autant qu'ils ne peuuent grauer
aux esprits des autres aucune co-
gnoissance , fans employer des cau
ses secondes. Et encore, les Anges
parlent entr'eux , d'autant .que veri
tablement: l'vn declare à l'autre ce
-qu'au parquant ili .ignoroir. Mais
aaco'DÌEu;:ilflé peat parler ainsi:
Traictk des Anges,
d'autant que Dieu n'ignore rien^
mais il parle à Dieu ( comme dit
làinct Gregoire ) par afsection : tout
ainsi que JMoysc y parloit en l'Exo-
de i4* Auquel ( combien qu'il ne
proserast aucune parole ) Dieu dit:
pourquoy cries-tu à moy ì Mais
toute la question est , qu'est-ce par
le moyen dequoy les Anges decla-
Uíjngts rent ^eurs pensées- aux autres. Car -
decíarem c'est íans doute ce que: l'Eseriture;
Uursiìo- nomme langage .des Anges. - Or de
lmu\. dix opinions des Theologiens que
i'en tíouue:, il n'y.en a que deux qui
me - semblent probables. Desquel
les 1* ne iSt de sain ct Thomas en la
quest. ioy.járticle premier. L'au
tre est de sainct Bonauenture au se
cond des Sentences distinction i0.
partie t.question 1. Et d'Alexander
en la seconde partie de la Théolo
gie , quest. 2 7p ! Et d'Albert Je grand
au premier des. Sentences, distinct.
t.ifmii. p.arr.i}. La premiere-opinion de S.
Thomas est, Qufe ce qu'en nous est
hlàrigue,c'est à dire, cétinílrumént
de chair auec lequel nous parlons.
DV P. MAtDONAT. 72
aax Anges c'est la volonté.Car com
me no'stre langue est fort remuante,
de mesme la volonte de l'Angese
tourne aise'ment. Et ce qu'en nostre
langue est ceste vertu donnée par
la nature , cela est en la volonté des
Anges certaine faculté naturelle: &
ceste volonté peut dresser la part
où il luy plaira & les actions de leurs
façultez, & celles des Anges. Et cei
qu'en nousestla parole, c'est à dire,
l'actiondu parler, cela est aux An
ges l'action de. leur volonté par la
quelle ils addressent leurs affections
& pensees 4e leur Esprit à l'Ange
auque,! ils parient. Et parce vn An
ge peut- parler auec vn autre estans
d'autres prescris , de maniere qu'il
ne sera pasouy d'eux. Çe qu'est bien
accordant à la raison : d'autant qu'il
ne dresse passes pensées aux autres,
ains à eeluy;^ul; - Tputcela me sem
ble estre foilj vjsay , ie-n'.en trouue.
qu'adire seulement en ceste opi
nion , .f'estj'mie sainct Thomas. de-
clarastiC.^o^f .qu'il (aljpit- nommé
ment deçjair^)- puis qu'il dit que
Traicte' des Anctes,
Jes Anges ne peuuent rien cognoi-
streque par les especes, { car il dit,
que les Anges ne eognoissent pas
les pensees , d'autant qu'ils n'ont pas
reçeu de Dieu les especes d'iceilís)
comment il se fait que la volonté
dressant les pense'es à vn autre An
ge , l'autre Ange empoigne les es
peces qu'il n'auoit pas auparauant.
Car de dire que les especes luy
font alors infuses de Dieu , il sem
ble quece toit deuiner : de dire aussi
-qu'il prend les especes de l'autre
qui luy parle, c'est contre son opi
nion: puis qu'il pense que les An
ges ne reçoiuent aucunes especes
des choses. Et parce, ee qui dessaut
à ceste opinion , pour estre la plus
probable de Mutes , ie fuis d'aduk
qu'on le doit píendre de l?opinion
de sainéîr Botìauëntiure;i Aìlexàridre
& Albert : lesquels' estiment que
TAnge parfc 7 lequel par volonté
nnilriplie les' spirituelles especes de
íes pensees, iusques à l'entendement
de celuy auquel il parle : tout ainsi
vç^iele corps multiplie les especes
-córporel-
í
BV r. maidonat. 75
corporelles iusques aux yeux par les
quels il est veu.Car pour le premier,
il me semble probable que l'Ange
ne puisse parler à vn autre, en quel
que lieu qu'il íbit : ains qu'il y a
quelque certaine distance entre ce-
luy qui parle & celuy qui oit , com
me elle est entre les hommes. Car
en Zacharie second chap. nous li
ions que Dieu enuoya vn Ange,
feulementafin qu'il annonçast à ce
luy qui parloit à Zacharie,qu'il par-
last à quelque enfant.il ne luy a dóc
peu dire cela qu'il n'y allast. En
troisième lieu , i'estime estre fort
probable , que les Anges n'ont pas
íeulemétvn langage,ains plusieurs,
c'est à dire plusieurs manieres de
parler. Car lors que sainct Paul dit:
Si ie parle des langages des hommes
& des Anges , il ne parle point de
l'elegance du langage , comme s'il
vouloir dire , si ie parlois fore diser-
tement : d'autant qu'il comparoit
vn don auec autre don , c'est à dire
la charité auec le don des langues,
.&" auec le don de la foy , & auec le
. Traicte - des Anges,
don de la science , 8c auec le don de
la prophetie :mais l'elegancedu par
ler n'est point contee entre ces sin
guliers dons de Dieu. Car encore
que tous les Apostres ayent eu le
don des langues , ils ne furent pas
toutesfois diserts en parole , ains
presque barbares , comme S. Paul
cóseíìè de íby. Mais le don des lan
gues consiste en la diuersité d'icel-
les. Doncques le sens de sainct Paul
est neceiïàirement,si ie parlois non
feulement autant de langages que
les hommes en parlent , ains autant
que les Anges en parlent. Et par cet
argument il declare ouuertement
que les Anges ont plus de langages
que les hommes. Et de là est née
l'opinion d'aucuns qui estimerent
qu'en la confusion des langues que
Dieu fist en Babel,il y auoit 7 z. lan
gues diuerses , d'autant qu'il y auoit
autant de langues des Anges qui
estoient descendus auec Dieu pôur
confondre les ligues des hommes.
Car plusieurs ont estimé que Dieu
parloit auec les Anges au Genes- 1*.
©V P. Maldonat. 74
quand il dit : Venez , descendons,&
confondons leur langage.
DE LA MANltKtí c N
LAQVELIE LES ANGES
cognoissent.
1
Traicte' des 4nses,
grand. Car il est notoire que íbn es
sence ne peut estre sinon là où est
sa puilïànce:Et que sa puissance n'est
sinon là où est ton actió: Et que son
action est sinie : Il y a" donc vn lieu-
jSny & determiné où il ne peut estre
en plus grad : Et qu'il n'a pas vn lieu:
determiné dedans le plus grand,
ains qu'il peut en vn plus- grand ou
plus petit , voire & dans vn poirtct. i
4-Qtf'ft ^ ^a flliatrième question , il s'est
trouué des Theologiens qui ont die
que l'Ange a auffi vn lieu determi
né íelon la figure,tellement qu'il ne
peut estre qu'en vn lieu, rond com
me recite Gregoire d Arimini dist.
seconde quest. 2. Mais c'est chose
absurde de prescrire vne figure à
yne chose spirituelle. Touchant à
S.Quest- la question 5. les Theologiens en
ont eu diuerses opinions. Les au
cuns ont pense les bons Anges
estre au Ciel& en la terre: & que les
mauuais ne font qu'en l'air,& qu'ils
ne font point punis auant le iouc
du tiìgement. Et c'a esté l'qpinion
(teplpsicurs ScÍolx graues autheurs.
jBV P. Maldonat. 87
Mais cet erreur sera resuré cy apres.
L-aa. opinion a esté du maistre des
Sentences au liure 3. distinct. 6. Et
deRicárdus en Dionisius en la mes
me distinct.quest.3. Et de Bonauen-
ture cnla mcsme distinct- quest. i.
Que les diables font bien desia pu
nis , òc toutesfois -qu'ils ne íont pas
en enfer , ains en l'air seulement-
les autheurs de cçste opinion em-
pioyent ces tessmoignages. Premie
rement, que le diable n'est iamais
nommé Prince de l'enser en l'escri-
ture,ains Prince du monde, comme
tn íainctlean 14. Secondemét qu'il
est nommé par sainct Paul Prince
de cet air,aux Ephes. Tiercement
que le mesme Íainct-Paulaux Eph.
<>. nomme les diables recteurs de
ces tenebres , comme monstrant
les renebres quisontsur.la terre. Fi-
nablement qií'-eií enser n'a'aucune
Redemption. Et parce, si lesdiableá
estoient vne fois iettez en enser, ils
he íbrtiroient iamars- de iá. Mais
ils en sortent , comme 1 experience
le monstre. Geste opinion n'est pas
Traicte' des Ange»,
seulement fausse , ains est presque
contre la foy.Car en Efay e chap.19;.
est dit que Lucisser incontinent
apres le peché fut tiré en enser au
Înofond du lac. En sainct Luc 8,
es diables prioient lesus Christ
qu'il ne commádast point qu'ils al-
lassét en Tabismcll y aúoit dóc desia
quelques demons qui estoiét en l'a-
bissme, ou ils ne vouloient pas re
tourner de peur de chômer de tour
menter les homes. Pour le 3. S.Paul
aux Ephess. 1. dit,aiìn qu-'au nom de
Ieíus tout genoiiil soit fleschy des
celestes , des terrestres, & des inser
naux. Il y a donc quelques- Anges en
onser,comme au Ciel. Pour le 4, S.
Paul dit en fa i.Èpist. ch.i.que Dieu
n'a pas pardonné aux Anges pe
cheurs, ains les ayant attachez à des
gros chables d'enser, les a chaííèz au
plus profond , ces. mots de chables
d'enser,& du profond(signifiát pro
prement le lieu plus bas ) declarent
que lès diables furent deiettez en
«nser. Finablementla loy nous en
seigne maintenant queles ames deg
tiv P. Maidonat. 88
damnez sont incontinent punis en
Enfer.Orl'Enscr est le lieu des sup
plices, appresté non aux hommes,
de fa premiere institution , ains aux
diables , comme dit lesus Christ
en S. Matth.^il n'est donc croya- .
blequeles ames des hommes dam-^ m
nez y soient , 8c que les diables n'y
íbient pas. Aux argumens ie reipós:
quelediable est nommé le prince
de ce monde , &c de l'air , & des te
nebres', & non pas de l'enser : d'au
tant qu'il n'exerce pas sapuiíîance
& ses cóbats en enfer , ains en l'air,
en ce monde , en ces tenebres. Mais
ce qu'on dit qu'en enser n'y a point
de. redemption , doit estre entendu
des supplices : que celuy qui vne
fois aura commencé d'estre puny
des supplices eternels , ne pourra
estre delinré d'iceux quelle part
qu'il soit. La troisième opinion fut,
comme recite le Maistredes Senten.
liure second, distinct. 6. de ceux qui
ont pensé que le seul Luciser est lié
.en enfo-' iuíques autempsde l'An-
techrist : d'autant que ce fut celuy
- «- Traicte' des Awges,
qui deçeut les premiers parens , &:
qui apres tenu Iesus Christ : par le
quel ayant esté vaincu , fut ietté &
lié en Enser. Et que les autres de
mons conueríenr en l'air. Ils colli-
geoient cecy des paroles de S. Iean
en l'Apocalypse 20. chap. lors que
mille ans seront acheuez Satan le-
radefliè de sa prison, & sortira pour
íeduire les gens qui font fur les qual
ite coins de lá terre. Mais cette opi
nion est faillse encore. D'autant
qu'il a esté verifié cy deflus que le
propre lieu des diables , est l'enser..
Et ce partage de l'Apocalypse a vn
autre íéns. Car tout ainsi que quand
Satan est dit estre lié , Ton n'entend
pas qu'il soit attaché de cordes, ains
que fa pu; (lance est diminuce^elle-
ment qu'il ne peut à son appetit
exercer cruauté contre les hommes-
De messme quand il elt dit qu'il sera-
denié, cela ne s'entend pas des vrays.
liens,ains qu'il receura de Dieu plus
grande puillànce qu'il n'a mainte
nant, afin que regnant l' Antechrist,-
il íèduise ( si faire fe peut ) les efleu*
»v P. Maldonat. 8_9
mesmes. La quatrième opinion est
des Theologiens: Qiuly a aucuns
des diables qui tousiours font en
enser afind'auoir leurs peines, ou
pour tourmenter les hommes dam
nez : les autres qui demeurent en
J'air pour exercer ks hommes : les
autres qui vont íbuuent en enser &
en retournent. Ce qu'est fort con-
uenable à la raison. La cinquième
opinion a esté anciennement fort
celebre :qu'i l'y a trois genres de dia
bles, l'vn qui habite en l'air , l'autre
en terre,&J'autre en enser. Laquel
le opinion Chaleidius en ses-com-
mentaires íùr le Timee de Platon
aíseure estre des -Hebreux & Plato
niciens. La sixième fut d'aucuns
anciens aulïî qui ont pense qu'au
cuns des demons sont au Ciel , ou y
entrent quelquesois : De-màniere
toutesfois qu'ils ne voyétpàs Dieu.
En laquelle opinion est fainct Am
broise au Sermon huitième sur le
Pseaume cent dix-huitième : A
rauíede cet exemple qui est: en lob
-ch&gíntt premier , oh il est dit que/
H Y
Traicte' des AjígesV ~*
Satan vint auee les Anges de Dieu^
en fa presence. Et à cause des pa
roles de sainct Paul aux Ephes. 6„
contre les Princes & puiííances,
contre les gouuerneurs du monde
de ft: renebres , contre les spirituel
les choies- de malice aux lieux cele
stes. Mais à bon droit eecy est re-
prouué par les Theologiens. Car
ce qui est dit que Satan vint en la
presence de Dieu auec les autres
Anges ( comme dit íainct Gregoire
au 2„ liure des Morales chap.?. ) ne
lignifie pas qu'il montast au Ciel:
d'autant qu'il n'est pas dst -que les
Anges vinsent en la preí éca de Dieu
parce qu'ils sont montez au Ciel:
car Dieu est par tout : mais parce
qu'il a esté veu de Dieu &í enquis
qu'est-ce qu'il auoit fait.' Et toui-
chant ce que dit sainte Paul contre
les choses Ipiriíuelles ,.&c. ia ,sçay
. quc.presque tous les anciés authsurs
- J' -cni entendu ce mot aux lieux' cele
stes , c'est à dire en 1-air. Mais moy
prenant garde à la coustu.me.de par--
MJdatt^çj- de íainél Paul & ne t£o»uaj-it
bt P. Maldonat. - 90
qu'en aucun lieu fainct Paul nomme
les lieux celestes que le vray Ciel,
comme en l'epistre aux Ephess. cha.
.i. & z. Il me semble qu'il y a vn au--
tre sens que les choies de malice(se-
lon la vertu du mot de Grec ) soient
lesdiables:lesquels premiers de tous
estans au Ciel ont respiré malice;
c'est à dire ont fait mal. Et c'est ce
que vouloir dire fainct Paul , que
nous auions à combatte contre des
ennemis lesquels estans au Ciel,0ht
ose faire guerre contre Dieu. La
7. opinion fut d'autres ( comme
d'vn certain Marcus de Philosophe
rendu Chrestien en Psellus au liure
des demons) lesquels par vn long
vfage & sciéceaflèuroient auoir ap^-
pris qu'il y a de 6. eípeces de demos.
Le premier etherec habitant au fil-
prémelieu du seu. Le z- a esté haí-
bitant en l'air. Le 3 ^aquatique qui a
accoustumé d'exciter les tempestes
en mer. Le 4. terrestre. Le 5. inser
nal habitant sous terre. Le 6. fuyant
la lumiere , habitant en lieux te
nebreux. Et tout cela semble auoir
Traicte ci s Angss,
quelque choie de probable parl'eC-
ci imre. Car du premier genie, pres
que tous les anciens onr interpreté
ce que dit S.Paul au lieu preallegué..
Du i. S. Paul dit íbuuent: Le Prince
de cet air.Du3.il semble qu'il est si
gnifié en S.Matthieu 8. lorsque ces-
diables firent precipiter les pour
ceaux en la mer. Du 4. sembloit
estre de Satan en lob i. qui dit , i'ay
enuironné laterre,& Tay toute par
courue. Du 5. parleíainct Paul aux
Phihppiens z.des creatures celestes,
tarreíhes & insernales. Et du t.- il
-semble que l'Eícriture parle íbuuét:
Comme quand il est dit au premier
chap. de S. Iean la lumiere luit ea
xenebres -& les tenebres ne VoUt
pas-ccmpriíe , c'est à dire les diables
comme il est expliqué au chapit. i4..
Le Prince de ce monde est venu. Et
aux Ephes. sixième contre les re
cteurs de ce monde de ces tenebres..
EtauxCollocences z. nou$ a deli
vrez de la puiíîànce des tenebres..
Et ainsi ont exposé quelques vns ce
-que dit Dauid au Pseaume i05. Tu.
DV P. MAtDONAT. 9T
as mis les tenebres, & la nuict a cité
faite , c'est à dire tous les demons
qui habitent és tenebres. Au de
meurant , ce sens peut estre allego
rique &c ne peut estre historial. De
messme expliquent les Cabalistes au
Genese 2i. ce que l'Ange dit à Ia-
cob: lailse moy..alíer, car l'Aube ap
proche. Car ils pensent que cet-
Ange là ne fut pas bon , ains mau-
uais : ayant voulu fuyr quand l' Au
rore approche , parce qu'il n'habi-
toit qu'aux tenebres. Mais cela est
fabuleux: d'autant que Iacob dit bic
peu apres qu'il auoit veu Dieu face
à face. Quoy qu'il en íbit,toutesois
cette opinion des diables habitans
és tenebres , est auffides Hebreux:
lesquels disent que les demons do
mestiques font nómezen Hebreux
Lilythim, & Laïla, qui signifie la
nuict. La huitième fut de ceux qai lilyihl
ont pense qu'aucuns des demons '**1»*
liabitoient de leur nature en quel
ques parties du monde : Et que les
aucuns estoient Orientaux, d'autres
Occidentaux ,.aurres Meridionaux,
Traictê des-Anges^
& les antres Septentrionaux. Ce
qu'ils eolligentdu Pseau. 90. De la
-chose qui marche en tenebres de
-l'allàut & du demon meridional:
comme s'il faiíoit distinction du
demon meridional , d'auec l'occi-
dental & des autres. Et aucuns Ca-
bahstes l'asleurent ainsi , seignant
beaucoup de choses de la nature de
-ces- demons , comme escrit Mar-
-cus Marmensis au Hure de la do
ctrine commune , & Archangelus
Burgobensis. Mais le Rabbin Salo
mon rapporte ce pallàge nó au lieu
ains au temps : disant qu'il est nom
mé Meridional r d'autant que prin
cipalement il- fait ses mauuais ex-
. ploicts fur l'heure du Midy. - tes
- Chrestiens Pont anciennemét rap
porté aux vices. Car au liure pre
mier de l'espritde pareíser, Calîìan
dit que {'interpretation de tous les
plus vieux en Egypte fut quedemó
meridional se nommoit celuy qui a
de coustumede rendre les hommes
pareíîèux à bien faire , prenant la
; metaphore du Midy,d'autant qu'est.
-T>V V. MAtEOXAT- v^t
re temps là les hommes ont ac
coustomé d'estre plus pareiseux.
Apres. L'on: a prins garde qu'ily a
certains demons qui demeurenî
volontiers aux sepulehres , comms
on collige.du 8. de lainct Matthieu^
oi; il est dit qu'il y eut deux. demo
niaques qui habitoiét és sepulehres
de maniere que personne n'y pou-
uoit palser. Ce que fut cogneu goh
core par des- autheurs prophanes,
messmement Grees , qui ont nommé
certains demons Sorodemons, com
me- demons íêpulehraux. D'autres-
croyentque tous les. Anges qui tó-
berent du Ciel , sont en enser ; mais
que les demos qui font sortis d'eux,
font demeurez en l'airj\insi l'escrit
Lactance au liure deuxième -chap.
quinzième. D'autres ont obserue.
par experience que. les demos cou-
- stumierement se retirent aux lieux
ou il. y a moins de religion pour y
eítreen plus grádeseureté. Et par Ge
les plus recentes histoires recitent
que ces années pailles au nouueau
^mande y. ^aQítLÇ grande multitude
iraicte des Anges,
de demons , qu'il n'y auoit person
ne qui ne parlast familieremét auec
eux v'il vouloir. Er Cáffianus en la
collation septième , chapitre vingt
troisième raconte que lors que
pour luy les Moynes venoient en
Egypte , il y auoit si grande trouppe
de. demons ,& qui exerçoit fa cruau-
-tt siaudacieuíèment , que les Moy
nes n'oioient dormir en ce temps là,
mais pendant que les vns dormoïét,
les autres fuioient la íéntinelle en
Oraisons & Prieres. Inexperience
Montdì- apprend auflî que les demons se
gnes Jt plaisent d'habiter les mohtaignes,
demons. mutant qu'ils font superbes. Et les
r- „ arts de la Magie ont esté tousiours
$iyn conleruez aix montaignes. Ce
iJnge qui ne semble pas efloigné de la
putestre sainéte Eícriture. Car ce ne fut pas
en pU- ^ns cause que 'Fesprif malin mena
ímx Iesus Christ en la móntaigne pour
le tenter. Touchant la sixième que
stion , tous les Theologiens s'accor
dent qu'vn Ange ne peut estre en
plusieurs lieux. Combien qu'il me
íemble que cela s'enfnirnecdiaire
DV P. Maìdûnat. £>5
ment de l'opinion par laquelle ils
pensent quel'Ange est en lieu par
î'operation. Car il n'y a point de
doute que l'Ange ne puine operer
en deux lieux extrêmes , n'operant
point au milieu : ou appliquer fa
puiííànce à operer en deux lieux , ôc
non au milieu. A kv septième que
stion S. Tho. reipond en la question
cinquantedeuxième que plusieurs j.QueJt
Anges ne penuent estre en mesme
lieu. D'autant qu'ils ne peuuent
estre cause (comme il dit)d'vn mes
me effect tQtal. Mais presque tous
les autres Theologiens font de cort-
îraire aduis, & mieux comme il me
semble. Car comment se peut-il mMs^
faire qu'vne legion d'Anges entie-
re ,fut en vnseul hóme,cóme nous
lisons en sainct Marc, si plusieurs
n'estoient en meírne lieu ; Et apres,
rien n'empesche que deux corps ne
puiisent estre en vn lieu , sinon d'au- ,
tant qu'ils occupent place : Or les
Anges n'en occupent pas : ils peu
uent donc estre en mesme lieu..
Jrouiémernenr x deux acodens
Traicte' des Anges,
corporels (comme aulaictlafaueur
"ÎÇw & la couleur ) sont entierement en
*«yin£' vnlieu. Doncques à plus forte rai-
feutcjtre çon cjeux ^nges estans incorporels.
enfla- - & r
j7i«rí vuatnemement , ii plulieurs ne
dieux- pouuoient estre en mesme lieu , ce
íéroit principalemét d'autant qu'ils
seroient en lieu par operation. Mais
il a esté verifié qu'ils sont en lieu
■ non seulement par operation , ains
quelquefois par essence. Estant donc
leur essence indiuiíible,ils pourront
estre plusieurs en meíme lieu. Ad-
ioustez qu'encore que oous disions
- auecfainci Thomas que les Anges,
sont en lieu premierement d'autanî
que la vertu de l'Ange est limitee,
quelque corps pourra donc estre fi
grand , que par vn seul Ange il ne
pourra estre remué , & le pourra
estre par deux. Doncques l'vn &
l'autre operera en meíme corps. Et
par ainsi l'vn & l'autre sera en mes
me lieu. Secondement jd'autant que
l'Ange n'employe pas necessaire
ment toute fa vertu : mais selon fa
/volonté en peut yser , ou de toute,
... dv P. Maldonat. 94
'ou de" partie. Il se peut donc faire
-qu'vn corps qui pourra estre remué
par vn Ange , s'il ne veut employer
toutes ses forces , sera remué par
deux. Ils seront donc deux en vn
lieu- Tiercement rien n'empesche
qu'vn Ange n'exerce vne action sur
ce corps,& v n autre en face vne au-
"tre , comme si l'vn detient , l'autre
esschauíse. Doncques si par action
ils font en lieu,l'vn& l'autre íeronc
enmefme lieu.Finablementen Dtu
. niel ch. i0. nous lisons que Gabriel
fut detenu par le prince des Perses.
J/vn Ange peut donc detenir l'autre
' èc ne le peut detenir s'ils ne font ea
inesmejieu.-1 <. ...
DV MOVVEMENT
des Anges.
LA DEVXIESME PARTIE
DELADISPVTATION
qui est des Anges, partis : '-
culierement,bons
& mauuais. * - '
DEVXIESME QVESTION , SI
les Anges ont este'
faits en glace. - -
TROISIESME QVESTION,.
Si les Anges evrent i
. faits bien-heureux. - i - !
- ' . ' ---..- _' c. í
DE cette question encore il y x
eu diuerses opiniós. Car quel
ques vns ( comme recite Bonauen..
lure au deuxième des Sentences di-.
stinction quatrième, quest. premie-
re) ont estimé que les bons Anges
furent faits de Dieu, bons : mais les
mauuais,non pas de mesme: & par
ce ils peurent pecher. Mais cette
opinió fe peur resuter tout de mes
me Sc par mesme argument, qurvnc:
autre semblable estoit refutee par
sainct Augustin en. plusieurs lieux,
Traicte' des Anges,
de ceux qui disoient que les botté
Anges cogneurent leur selicité auát
qu'ils l'eusiènt,mais que les mauuais
ne cogneurent pas leur cheute. Car
il ne faut pas croire que Dieu íàns
autre cause en eust fait aucuns heu
reux, les autres non. Et mesme àt-
xendu que l'heiu del'cíprit reípond
àladiuinité. Maispreíque tous les
anciés autheurs semblent dire : Que
tous les bons Anges , ensemble les
mauuais en pechant , perdirent la
beatitude. Ainsi le dit S. Aug. en la
15. Epi. àHieronymus. Car il argu
mente que les mauuais Anges ne
peurent cognoistrc leur peché futnr
auant qu'ils pechassent:d'autant que
s'ils l'euísent cogneu , ils se fussent
contristez pour leur future damna-
ticV: c'est à dire,ils eussent esté mar
ris de ne pouuoir estre heureux. Et
celuyquifutautheur duludes ensei-
gnemens Ecclesiast. au chap.59. es-
crit en cette maniere : les Anges qui
ont esté creez en cette selicité,ilsne
tiennent pas de nature ce bien,de ce
qu'ils ne pechent auec les autres. Et
DV P. Maldonat. icS
5. Greg. au i. li. des morales chap.
7. & li. 14 . chapitre 5. escrit que les
bons Anges furent confirmez en
leur beatitude , de ce qu'ils virent
Dieu,qu'ils condamnerent les mau-
uais Anges à cauíê de leur peché:
comme ayans esté faits plus adui-
sez par le peril d'autruy , de façon
qu'ils ne peuuent plus pecher. Il a
donc opinion qu'encore les Anges
malins furent quelquesfois heu
reux. De messme en parle Isidore au
li.i.du fouuerain bien,cha.iz.EtBe-
de aux quest.sur le Gen. en la dispu-
tation dui.iour,& S.Thom- en la i«
partie quest. 61. Et presque tous les
autres. Les Scholastiques resoon-
dét qu'il y a double beatitude : l'vne : . , --
naturelle , qui est la i. persection de tltreUe -
nature : l'autre supernaturelle que &/».
persóne ne peut obtenir par les for- ptrtu*»-
ces de la nature. Que tous les An- rellt-
ges furent creez.en selicité naturelle
d'autant qu'ils furent faits de Dieu
autant parfaits qu'ils pouuoient
estre. Mais qu'ils ne furent pas^
acea ea felicité fupernaturelLest
\
Traicte' dis Anges,
d'autant que celuy qui a desia vrrc
sois obtenu eeste beatitude , ne peut
pecher. Et parce si les mauuais An
ges l'eussent eue quelquesois,iamais-
n'eullent peché.Et en ceste maniere
ils interpretent lestesmoignagesdes
'JHaldo- anciens autheurs. Mais il me semble
àmoy que ces autheurs ont voulu
dire quelque chose de plus.Car quád
S. Aug. dit que la douleur ne peut
estre coniointe auec la selicité natu
relle, à laquelle la douleur repugne.
De mesine quand l'autheur des en-
seignemens Eccles. dit que les bons
Anges perseuerent en ceste felicité,
veritablement il parle de la felicité
supernatuielle qu'ils ont. I'estime
donc que les mauuais Anges nç íbnt
Eoint dits par les anciens auoir esté
eureux pour la felicité naturelles
ains encore pour ta surnaturelle: nó
qu'ils lapollederent en effect , ains
presque & cóme au.ee tiltre. Car at- ;
tendu que telle selicité se dóne poul
ies merites prouenásde la grace,qui-
conque a merité,à droit pour acque
rir la selicité, estât heureux,presque
dv P. Maldgnat. i07
íertains'ilperseuere.Tout ainsi dóc
que nous auós accoustumé de dire q
Je fils de famille qui n'estoit point simitíí
encore emancipé , s'il a esté exhe- taie.
redé par son pere , auoir perdu V he-
redité,non qu'en effect il l'ait eue,
mais d'autant qu'il y pouuoit auoir
droit,& l'a perdu par fa faute : ainsi
dirós nous que les mauuais Anges
ont perdu la beatitude,non qu'ils a-
uoiét, mais qu'ils auoiét meritee. ïe
collige ceste interpretatió de S. Aug.
au li.n.du Gen.selon la lettre ch.i6-
Ouilescrit, qu'on dit que le diable
ne demeura pas en la verité, non pas
qu'il ait eu la verité , mais qu'il la
ouuoitauoir s'il eust voulu. Sébla-
le est cet exemple de l' Apocalypse
$.tiens ce que tu as,afinque person
ne ne prenne ta couróne.La couron
ne ( dit-il) signifie la beatitude : la
quelle celuy qui l'a ne peut perdre.
Comment dit donc S- Iean tiens là,
de peur qu'vn autre ne la prenne:
Et c'est parce qu'il parle de la couró-
ne , que nous ne tenons pas auec les
mains , ains auec le seul .merite.
Traicte' des Anges,
& parce la pouuons perdre. De
ceste façon , i'ay opinion qu'il faut
entendre quelques tesmoignages
de PEscriture , qui semblent mon-
strer que tous les Anges ont esté
heureux.Cóme estcestuy-ci : com
ment es-tu trcíbuché Lucisser qui te
leuois du matin î car il n'est pas dit
qu'il soit cheut de la gloire qu'il ait
eue , mais de celle qu'il pouuoit
auoir. EtcecyduzS.d'Ezechiel : tu
as esté aux delices du Paradis de
Dieu, & s'il y en a de semblables.
Les Theologiens ont coustume de
disputer : Si les Anges n'ont pas
esté faits heureux , combien y a-il
Ctmbìe» eu d'espace entre leur heur , & la
Us tJn- creation des bons , & le peché des
£eslie~ mauuais î La dispute de cecy entre
rem'* les Scholastiques est vulgaire. Car
pcber. sainct Thomas en la premiere partie
quest. Çi. art.5. & bonne partie des
Scholastiques , ont pensé qu'il n'y
cust qu'vn instant , c'est à dire vn
acted'vn Ange, auquel tous meri
terent. Et qu'au second instant , tous
les bons enpersfucrant ioúirent de
dv P. Maldonat. ioS
k felicité : & les mauuais en pechát
la perdirent. Mais Scotus au deux
ième des Sentences , distinction y.
quest. i. Et aucuns autres , mettent
trois instances , qu'ils nomment pe
tites demeures :de maniere qu'au i.
instant tous ayent merité: auiêcond
les bons ayét períeueré, & les mau-
uais ayent peché : Etau troisième,
les bons ayent receu la felicité , &
les mauuais la damnation. Car il ne
semble pas qu'il se soit peu faire
que les bons & les mauuais Anges
ayent esté efgaux en merite , en
tout le temps de leur voyage , le
quel selon fainct Thomas , ne fut
qu'vn instant , auquel tous merite
rent : 6c à la fin du voyage , qu'ils
ayent esté efgaux en la recompense.
L'vne 6c l'autre sentence est proba
ble : mais cette derniere se peut plus
aisément dessendre.Toutesfois d'au
tant qu'à vn instant les Anges , vn
long temps du nostre peut corres
pondre , les Theologiens deman
dent encore, combien a esté grande
la demeure de nostre temps , entre
Traicte' des Anges,
leur creation,& leur peché.Dequoy
l'autheur de Phistoire Ecclesiasti
que sur l'histoire du Genes- chap. 4. "
Et Albert le Grand en la grande
science de Dieu seconde partie,que-
stion dixhuitième racontent l'an-
mienne tradition des Docteurs , qui
penserent les Anges auoir peché le
íècondiour. EtparcePEgliseau z.
iour de lá sepmaine , auoit accou- •
stuméde celebrer tousiours l'ofKce
dçs Anges, à cause des bons Anges
qui perseuerent. Laquelle opinion
ie iugeestrevraye ,non parce que
l'Eglise ait pour cela celebré le 2.
iour que les bós Anges persisterent:
ains parce que (comme delíus a esté
dit) l'opinion des Hebreux est fort
probable, que tous les Anges furent
faits le second iour. - - - ....-. .1
-QVESTY
:i -.' : '. 1 ..'y . : !..
: ;1 -:<.
dv-P. Maldonat. i09
QVÁTRIESME QVESTION,
5 i l E S: B I £ N-H E V R E V X
Anges peuuent pecher.
LA SECONDE PARTIE
DE LA DISPVTATION.
, de la distinction des
bons Anges.
DE LA PREMIERE
HIERARCHIE.
LA SECONDE
H Y E B. A R. C H I E.
DE LA ÏROíSI,ESME
HIERARCHIE.
EN la troisiesme Hierarchie , se
premier ordre est des Princi- rmct"\
pautez: desquelles parle sainct^Paul'. *******
aux Romains 8. aux Ephefifrts i.
aux Colocenses premier. Orils se
nomment Principautez ( comme
pensent; presque tous les Sçhola-
stiques ) tT autant qrçe premiers de
tous, ils ont accoustumé d'executes
les mandemens dç Dieu.Or(commc
dit sainct Hierosme au mesme en
droit ) d'autant qu'ils font Princes
fur les Anges inferieurs. Le second, Knhaa^
est Tordre des Archanges : comme gtu
dit S- Paul en- la i. aux Thessaloni-
ciens chapitre 4. & en l'Epistrede
S. Iude. Lesquels sont nommez Ar
changes , poùr estre superieurs aux
Anges,comme-veut S. Gregoire. Lei
Anges annoncent les petite s -çho*
ses : les Archanges les plus gran
des.- Le dernier. - est Tordre des
Traicte' des AnpEs,
Anges. De tout ce discours il faut
noter ce que fainct Hicrasme' eH a
noté de la maniere de parler- de
fainct Paul,qu'il íe collige vn argi-
ment certain , qu'il a dit de s Ordres
des Anges,il l'á dit selon la' traditsôn
des Hebreux. D'autant qu'il ne par
le pasjd'eux comme de choies inco-
gneuesains comms des choses vul
gaires en proposant seulement des
exemples. U aflèure encore que les
Hebreux fonr neusOrdres d'Anges,
differents feulement da nom. Et
qvi'encore Iamblicuç autheurprofa-
ne ( qui apprint beaucoup des He
breux ) au liure des mysteres des
Egyptiens recite les mesmes Or
dres, -'- ii. : *:
fi GSM 1 w-»,
DES OFFICES DES
-.t. ♦ A n g e s.
DEVXIESME QVESTION,
Sl LES EgII O ^-Xtlllít
' - auflìjleurs- Anges í'r.->
-..i. 'gardiens. -'
DES DEMONS.'
QVATRIESME QVESTION,
D E <Ì_V EL ORDRE
estoient lesautres Anges
qui pecherent..
QV ESTION S EPT I E S M E
D £ S PEINES DES
demons.
y
€Ette question a quatre parties.
Car l'on demande communé
ment, fi les diables commencerent
d'estre punis incontinent apres le
Îiechc\ Et apres de quel genre de
upplices ils font punis. Et puis fi
leurs peines font eternelles ou non. -
Et finablement en quel lieu ils font
tourmentez. De" la premiere partie:
l'opinion de presque tous les anciens
Theologiens fut , que Ici diables ne
seront pas punis auant le iour du iu-
gement. Car tous ceux qui ont pen
se' que les ames des hommes dam
nez ne font pas punies auant la re
surrection , ont pense' cecy aussi.
Comme Ireneus au lin. ?. chapitre
Nv '
*Tït.Aìcrt.v des Anges
liu. 5. Et Iustin au Triphoac£
7 5 .& 7 6.àc celle que lesGétils pro-
pofoientaux Chrest.EtTertulié au
Hu.4.cótre"Marcíó,&au liur.du tes-
moignage de l'ame,& au cómencc-
nient du liure de laTrinite'. Et Ori-
gene Homel. 7.sur le Leuitique, &
Lactanceauliure7.chap.JLi.EtVi-
ítorinus martyr aux Commétaires
fur le ó.çh- de l'Apoc. Et Chrysost.
Homelie 9. contre les luiss , Hom.
39. fur la i. Epiïtre auxÇorinth. &
Homel.z8.sur l'Ep.aux Hebreux,&
l'Autheur de l'œuure imparfaict
Homcl.34.surS.Matth. EtSi.Amb.
au 2. Itu. de Cayn & Abel ch. 2. Et
au liur.du bien de la mort, ch-i o. &
1i. Et Prudétius enl'hymne pour les
defuncts , & en l'autre des dix Mar
tyrs de Cesar Auguste,& Aretas fur
lé 6. chap. de l'Apoc.Et Theodorct
& Theopbilacte. Et Oecumenius
furie ii. chap. des Hebreux. EtEu-
thimius fur le ij.chap.de S. Luc, -&
ì'autheur des questions à Anthio-
xhus attribueesà Athanafius,quest.
160. Et I'autheur4u liu. 4e l'eíprit
TFV MXIDONAT, lf0
& de l'ame faussemét attribuez à S.
Augustin ch. 48. Et encore mcsm«
l'on dit queIeani2.Pape de Rome
par decret public confirma ceste
opinion : finablement c'est iusques
auiourd'huy l'opinion desGrees,&
des Armeniens,desAnabaptistes,Sc
. .des Caluiniens. 11 semble que cestc
opinion se puisse trouuer par 2. tes-
moig nages de l'escritu*e : l'vn de la
z.Epist. de S. Pierre chap. z. Si aux
Anges pecheurs Dieu n'a pas par
donne' : ains les ayans dechassez , *-t.Jrg£
uec les chaines d'Enser illes a liurcz"""*-
aux plus bas lieux pour estretour-
mentez,les reseruant au iugem€nt,Jjf^u"
&c. l'autre de l'Ep. de S. Iude, mais
les Anges qui ne rescruerent pas
leur principauté,ains laisserent leur
domicilie, il lesareseruez sous les
tenebres attachez de liens eternels
pour le iugement du grand iour.
Ceste opinion n'est pas condam
nee de soy { qu'il m'en souuienne) ;
en aucun Concile : mai] d'autant
<ju'vne semblable a este condamnee
au Concile deFLorence , touchant
" N vj '
Traictè' des Anges
les ames des homes dánez ,cette-cy
encore semble condamne'e, car fi. les-
. hommes mourans en peché , font
Keftonct incontinent tourmentczjil est beau-
aux «r- coup plus croyable que les diables
g«wfn- je çQnt^ £t mcsmes attendu que les.
lupphees ( corne I.C. declare au ij- •
de S.Matth.)n'ont pas esté en i. lieij '
instituez pour les homes , ains pour
les diables : allez dans le seu eternel
qui est appresté au diable , & à ses
Ang. Dereches, personne n'a iamais
nie' que les bons Anges n'ayent defia
la iouïssance de la vie heureuse. Il ne
íè peut donc nyer que les mauuais
ne soient desia punis. A ces deux
tesinoignages de S. Pierre & Iùde,
ie reípós:Que pour trois raisons l'es-
criture dit que les diables font reser-
uez pour le iour du iugemét , cóbien
qu'ils soient desia punis. La pre
miere est d'autát que les peines qu'ils
souffrent maintenant ne leur sont
point adiuge'es par vn jugement
public3ain£ par la priue'e sentence de
Dieu.Orest-il necessaire qu'ils foiét
manisestez deuát le siege iudicielde
DV r« MAL D ON A T. IJI
Icsiis Christ comme les hommes en
core : afin qu'ils rendent compte,
non en priue', ains deuant les Anges"
& les hommes. Et parce il est die
qu'ils sont reseruez , comme pour
▼ne plus grande ignominie. La 2.eít
d'autant qu'encore que de's mainte
nant ils soient punis jtoutesfois ils
font en outre plusieurs autres offi
ces. Car ils tourmentent les hom
mes en diuerses manieres. Mais
apres le iour du iugement, ils n'ont
autre chose à faire que d'endurer.
La 3. est d'autant qu'encore qu'ils
soient maintenant punis , toutesfois
d'autant ;.que ( comme penserent
quelques Theologiens ) tous les
iours ils metirent plus grandes pu
nitions , l'on dit; qu'ils sont reser-
uez à ce iour là auquel ils rece-
uront la punition de leurs crimes.
Combien que cette opinion ne
soit vraye , -toutesfdis ceste-cy
( qui est de tous les Theologiens) est
vraye , que les peines des diables
seront plus grandes apres le juge
ment ^qu'elles ne sont à presentt
« non pas essentiellement , ains par
accident. Et parce il est dit qu'Us
font reserues , comme l'on dit estre
reserue' à la roue' celuy qui ce pen
dant est retenu lie' en prison & ce-!
pendant est puny & genenné. La se-.
conde partie de ceste question est
propre pour la fin du quatriesine li-.
ure. La troisiesme est traiítee desia
cy-desllis. Et à la quatriesme tous les
Theologiens refpondent fuiuans
í'opinion del'Escotaux Commen
taires fur le troisiesme de l'Epistre
les dU- deS.Iacques : Que les Diables en
bits nus. quelle part qu'ils soient,soit en Fáir*
soms en çQ-lt fous ja terre,endurent .tousiours.
us An. 'est°urmens du seu. Totit ainsi que
gts tous. les bons-Anges, lors mesines qu'ils
iourstn sont enterre, voyent tousiours la fa--
siikké. ccde. Dieu. "".y.;
i
FIN. :
TRAICTE'
DES DEMO MS;
DV P. M AL D ON A T
leíiiite Espagnol, eiv.
Tannee 1570..
O v s auons accoti-
I stume' de disputer en-
! Theologie contre le*
! Athées , contre les>
I luiss contre íes Philo-
lbphes & contre lesheretiques : Or
ce font les genres d'aduerfaires que
le Theologien a de combattre, pour
deffendre la religion. Les premiers
d'eux, (qui ostent toute diuinite': )
,comme ils font fort estrangers & es
1 Ut5 UCMUHS
soignez de nostre religió : auíïï sont
athéei ^S barbares & fort cruels , mais.tou-
ùmides. tesfoisfort craintiss. Car comme les
Iosué 6. Gabaonites , ay ans entendu iadis
& 8.." -la prinse par assaut de Hierico Sc-
de Haï villes tres-fameuses , pour
- consemer leur vie , se rendirent
frauduleusement à Iosué ches des
Hebreux : ainsi les Athe'es procu-
rans (comme ils dient ) la seule paix
de la republique , ne se soucians en
rien de la religion;se soignent tous-
iours à la partie la plus forte. Mais
f it les Philosophes sont belliqueux , &
vú.bel- °e se rendront iamais sinon vàin-
Uq. eus par raisons : Comme les Cana-
ne'es , Amorrhe'ens ,Hethe'ens,Phe-
reTens ,& Gergese'ens ne se voulu
rent iamais rendre à Iosué , qu'ils nc
fussent surmontez par armes , &for-
ccz. Car i'estime que ces sept natiôs
ans Ube. là "sont les septr arts qu'on nomme
liberaux : Desquels les Philosophes
furent armez. Et tout ainsi que Dieu
Voulut que cette partie de la terre
qu'il auoit promise aux Hebreux, en
attendant que les vrais possesseurs
;#! V- P. M A L D O N A t. _IJJ
-d'icelle arriuassent , fut habite'e des
sept nations susdites , de peur que
lçs Israelites que Iosue' y deuoit a-
mener,ne trouuaiîent la'regió incul-
. .te.8c sterile. Tout- de rriesme il me
semble qíi'auant quelesus, nônpas pp,^
le fils de Naue , ainsXhrist ,mit en
possession les Ghrest. vrais fils d'A
brahams e la terre de laquelle le pe
re luy auoit dit : ie dóneray les gents
ton heritàge,& ta pbssesiió. Les con
fins de la terre, les Philosophes par
quelque permission diuine, occupe*-
rent tout le rond de la terre: afin que
pai-vne plus gròŒcit cuiture,n pre
parassent ko cœurs des homes pour s .
receuoir la semence delavrayereíí- "
gion. Les luiss voisins de nostrere- tuluífs,
gion , me semblent estre en nostre
endroí&cc qu'estoient entierement
tu leur jlës Arabes,Ammonites, &
Asotiens comme recite Neemie.Car
comme les luiss d'vne mainbàstis-
soient les murs de Hieruíalem, & de
l'autre, repoufloiét les ennemis dess-
silsdrts : nous áufii auec l'vn Test. .
comme auec quelque main edifions
TRAICTE' DES DEMONS
l'Eglise: & âuec l'autre Testament,
nous repoussons les assauts des luiss.
Btrttíq. Mais les Heretiques cncores qu'Us
tiHStl*n- soient nais & nourris auecnous, en
W"*' mesine Eglise, quasi comme en mef. *
me ville , & presque en racsme mai
son, font de tant pîusdangereux que
les autres, comme les guerres ciuf-
-les & domestiques sont pires qu«
'jf„x les estrangeres. Etparcelesa. Apo-
Ksm.dtr- stres fainct Paul & fainct Iean" ont
rútrt x.à. enseigne' entierement à .mesme in-
Ttmotee ient{oa & par mesmes argumens
i.Tamot. *f(& saiUoic fui* Jes - Heretiques
j. ' auec plus desoin & dediligence.qnc
S.icin 2. tous autres ennemis de Ja religion.
Efistrei. j^g guerre- que nous font les here-
g *** tiquesest telle que celle d'Absalon
4. contre Dauid, & de Ieroboam,con.
fyh.ii- tre Roboam : lequel edifia le pre
mier Autel , contre Autel : Et ( ce
qu'est le propre des heretiques)
diuisa la religion auparauant entiè
re. Veritablement grands & ef
froyables. sont.cesl quatres genres
. d'ennemis ,- desquels i'ay parié , SC
aucc lesquels les Theologiens ont
dv P. Maldouat. ij4
accoustume' de batailler : toutesfois
ils font hommes , chair & sang,
cóme parle l'escriture. Lesquels ou.
font ramenez à la vraye religion par
les autheurs Ecclesiastiques, ou sont
arrestez par les Rois Chrestiens auec - ^
punitiós & par crainte )QU-quclques du ad
mis font abolis par la seule longueur uirfàrt».
du temps : ou pour les mesines guer- t*« eEz
tes dont ils ont accoustume' de tra-
uailler l'Eglise , ils font estaints : ou :
par le mutuel disseord, qu'ils ont en-
trcuxjils font peu à peu desfaits. Et
pour bien gaillards qu'ils soient,tou»
tesfois estans hommes -, encore peu-
uent-ils estre vcus,&euitez parles
hommes. Mais ce cinquiessme genre
4'aduSrsaires- duquel nous auons
proposé de parler, encore qu'il soit
presque passe' sous silence par les
Theologiens, ou du moins traicté
auec moins de foin & plus briesue-
iaent :est toutesfois beaucoup plus
puissant & effroyablei Car nous n'a-
uons pas-meshuy à faire contre 1*
chair & le sang,ains contre les Prin-t
oçs & puissances, contreks gouuer-
TrAICTe' DBS DEMONS
néurs du móde de ces tenebres con
tre les choses spirituelles de malice
és lieux celestes.. Les autres font ter
restres de nation : ceux-cy célestes..
Les autres non pas en ssgrád nóbre:
ceux-cy innumerables:ceux-làmeu-
rent tous les iòurs, ceux-cy ne peu-
uent mourir : Eux foibles, &- de pe
tites forces : ceux-cy tant puissans.
que l'escriture tesmoigne , qu'il n'y a
aucune puissance en terre qui se
puisse comparer à la leur. Les autres
font souuët rudes & ignorans: ceux-
cy & de subtilité d'esprit , & d'expe^-
rience d'vn tres-Iong temps,nô seu
lement entendet merueillcusement
tous les artifices de cóbatre ôs'aece-
uoir:ainseux-messmesiles ont ínuen-
te'es,enseigne'es,augmente'es. Ceux-
là meinent feulement la guerre in»
teríeurement : ceux-cy nous iettent
les mesines semences des guerres-
dedans les plus interieurs iens de
nostre ame. Et ( pour dire tout en
vn mot)ceux4à sont-hommesiceux-
cy malings Anges. Ges mauuais de
mons di-ie- nous enuyans nostre.
D v P. Maidonai. Ifs
salut ( d'autant qu'ils ont perdu. le
leur,) combien qu'ils exercent tous-
iours leur cruauté contre le genre
humain , toutesfois principalement
(comme on peut voir) en certains
ìnteruales detéps :mais nómément
en ce nostre siecle ^plus que iamais.
Pendant lequel(comme fuie dernier
iour approchoit,auquel S.Iean a an
noncé en l'Apocal. Lucisser deuoit
estre deflié)il semble que tous les au
tres demons soient sortis en lumiè
re des plus creuses cauernes de la
terre , pour faire la guerre. Dequoy
quád ie recherche la raison en moy-
mesme , ie n'en treuue qu'vne seule
quest. la petitesse & deprauation de
la foy. Car la foy est celle seule par
DE LA DISTINCTION
Dli DEMONS.
DE LA DISTINCTION
dis demons par la nature; ! -
DE LEVR DISTINCTION
PAR l' ORDRE.
DE LA DISTINCTION
SRI ON LES OFIICES.
DE LA DISTINCTION
P. A R L fi í V I C ÈS.
DE LA PVISSANCE DES
DEMONS.
IVSQVES OV S'ESTEND
LA PVISSANCE Bï
diable.
EN COMBIEN DE Ma
nières VSE LE DIABLE
' •' ' -- 'de ceste puissance.
SI LE DIABLE P E VT
ESTRE AR RE S T e' PAR
aucun art.
-
TRAICTE- DES DEMONS",
dre que les demons sont attraicts,
ou chassez par choses naturelles, non
quelles agissent contre les demons
ains contre- les hommes : ou en les
disposant aux effects que le demon
veut exercer fur eux , ou en leur
ostant la disposition. En . ceste
maniere il est vray-semblable que
le demon estoit constumier de se
departir: deSaúI , la harpe sonnant
& que le bon esprit saisit Elisée, le
loueur dlnstrumen&faisantfon of
fice. Et òr Mòyse ò'a point -eu be
soin d'vne telle ayde: car il est dit,
qu'il fut plus excellent que: tes. au-.
tfNcs: 'Prophetes. i Rlufíeurs autres
eboses sont ' recitées sor íce propos
par Rabi .Mose ./Egyptien aii
liure; More, & au liuret des srei.ze
articles; ^ En la trpisiefóie manie
re les demons ipeuuent eûfe .ap
peliez où chassez par _chpses na
turelles , comme par signes 'insti
tuez par les messmes demons ., com
me dit Eusebe :,- su liure qua-
triesinede la Preparation Evangeli
que , chapitré sixjiesme Gc septief
DV P. Maldonàt." I90
me, comme aucuns des chess-, par
signais diuers , assemblent les sol
dats en la guerre. Et ainsi est-il
semblable tous magiciens , en
chanteurs & sorciers attirer le dia
ble : c'est à dire par pacte pu se
cret , ou corps comme nous a-
uons dit ci dessus. Et par ce
quand en iugement ils consessent
auoir employé quelque chose de
tel , il n'y a poinct de doute qu'ils
ne soient punissables , comme
ayans , fait pacte auec le diable.
D'autres fois ils méfient des cho
ses naturelles auec- des diuines en
imitation de nostre religion r ou
nous voyons qu'aux paroles , nous
adioustons l'eau. Eux de mesme
quelquesfois à la cire ( pour
exemple ) ou à ta laine, ou à quel-
ques linpes , adioustent des Sacre-
mensdeTEglisc, ou quelque Pseau-
níe. Toutes ces choses font supersti
tieuses ,&monstrent quelque pacte
ou secret Ou expres auec le diable.
Maintenant auant que nous parlions
de ee qu'il fottt dire des choses fur
. . Traicte' dss^ DEMOKS% »
D'apftl- lesquelles le demon peut exercer far-
ht le puissance, ie veux attester s'il nous-.
étblt- est licite d'appeller les- diables. Vc-
ritablèment oest chosamerueiHìeu^
Sk de voir auec quelle seuerite les
seihctes lettres le piodíilíent au Lc-
uitique dix-neufiéme : Ne vous ad—
dreísez point aux Magiciens , 85 ne
vtous- enquestez; de ri«n aux de-
uins pour vous souillèr^ar eux: I©
sois le Seigneur vostre Dieu. Car
ces derniers mots adioustez ont tel
le vertu , qu'ils signifient ce qu'est.
deffendu estre tel, que s'il est fait,
on commet idolatrie. Et au vingt
ième chapitre , llrorrrme óu lar
semme , esquels sera" l'esprit Pytho-
nique ou de diuination, qu'ils meu
rent de morr, Us seront lapidez, ôc
leur sang sera sur eu*. Et au. Deu-
teronóme dix-huictiesme. Lors que
ru seras entré en la terre que le Sei
gneur ton Dieu te donnera , garde
toy de vouloir imiter les abomina
tions de ces nations-là : Et qu'if ne
se trouue entre vous aucun qui face
passer son fils ou fa fille par le sety
Psv -P. Mal dona t. ît?i»
ou qui interroge les deuins, ou qui
£;bserue les songes-, jOu les chants
des oyseaux , & qu'il jiy ait aucun
sorcier ne enchanteur ,ne qui de
mande aduis aux esprits familiers,
ne deuins , ou . qui demande la veri
té aux morts. Car le Seigneur á en
abomination tout cela. Età cause
detelles meschancetez il les chasse
ra à son entrée. Tu- fe-is .parfait , &
fans macule deuant ton Dieu. Ces
nations desquelles tu possedes la ter
re escoutent les enchanteurs & de
uins: mais tu as este' autrement ap
pris de ton Seigneur , &c. Et an
deuxiéme du Paralypomenon , cha-
-pitre trente-troisiéme, entre les im-
pietez de Manafïez cecy est , recité
^qu'il obseruoit les songes , s'addofl-
nojt aux Arts magiques , & auoit
-auec luy des interpreteurs de songes
deuins. II y a d'autres tels :tesinoi-
gnages en Eseye chapitre liuicties-
me , en Hieremie chapitre vingt-
huìctiesme. Et és Actions neufiéme,
ici liures.de ceux qui auoient recer-
daé des ; curio fit.e z i fu rent bradez.
- • iRAICTE DES DEMONS,
Et parce , que personne ne s'abu
se sous ce pretexte , qu'il n'y a
EN QVELLES CHOSES LE
DIABLE PEVT EXERCER
fa puissance.
DE LA PVÍSSANCE DES
DEMONS SVR LES
corps humains.
L
Traicte* des dçmons,
de Pharaô changerent leurs verges
enSerpens. Car quece fut vn vray
changement,Sainct Augustin ledit
autroisie'meliurede la Trinite', &
au liuredes 2i. Sentences en la 4.
Sentence: & tous les autres Theo
logies l'interpretét ainsi.Pour moy
ie n'estime pas que les demons ay ét
»ccoustumé,ou puissent muer les
homes en cettç façon. Tant à cause
de l'ame doiie'e de raison , que par-
ceaussi quelamuance en est plus
mal-ayse'e. Et par ainsi il n'est pas
croyable que les Sorcieres soient
commuées : sinon en apparence.
La seconde non pas veritablement
en estect , & toutesfon c'est de
telle façon que ceux qui sont trans
formez scmb'ent tels & à eux &
aux autres. Ainsi la semrccd'vn fut
parenchantemerttcommue'eeniu-
ment j Pallàdius l'escrit en la vie de
Macharius Alexâdrin ; chapitre ip.
& îo. La troisie'me est , fors que
celuy qui est change' cuide l'estre,
mais il ne semble pas te! airx nu-:
tres. L'exempleen est du pere d'vn
DV P. Maldônat. 2i6"
certain Prestantiusen Saint Augu
stin liure dix-lmictieíme delacité
deDieu,chapitre 8.
T vj
- îT#4Afi>*C' 01 I DEMONS
de forte que ce lieu à emphase , &
q^eMoy se dict les- hommes, de ce
Ijeclfclà auoir eflé tant adonnez à
JflJttxuse vq«fi les enfás messmesdes
iugesi qui dcuoicot pac-hoonestste
& deuoir estre les p! as- temperaos)
rauiíïoient les plus belles semmes.
Abeo Efra.par les enfâns de Dieu,
entend les gens de bien: par les fil
les des hommes , entend les mau-
naises fémes. Kimhí , par les enfaos
de Dieu veut entendre les hommes
grands & de haute stature par la
phrase hebrayque, par laquelle Ics^
montaignes hautes font nommées
fnon taignes de Dieu . Et ce sens me.
(érable fort conuenable, d'autant
que d'iceux l'Escriture dict estre
tKÚx les Geans. L'ínterprete Cal-
dee interprete les enfás des grand*
& puìssans : d'autant que plus- m
homme est puissans,plus il estime
luv estre !oysibIe,mcfi»eroeot au?
actes de Venus. : .- .
Sl LES DEMONS E T
ENCHANTEVRS PEVVENT
cmpeícher l'accouplement
charnel.
DE LA PVISSANCE
D y DEMON SVR LES
choses exterieures.
SI LE DEMON P E V T
FAIRE MIRACLE.
r:: ■ - - --
S'IL EST LOISIBLE DE
DE M AN DER R Ë M B » Ê
aux démons, contre les de-
monsmesme-
COmbienquepar !a Theriàqutt
Fàictede la vipert, la morsu
re de la vipere , «st guerie , & là
piqueure del'Escorptoh,par l'huil-
lefaîákd'cscorpioni Toutesfois co
tre le diable il n'est pas licite d'em
ployer l'aide du diable.Cela est ma
niseste au Leuitique chapitre dix-
fjeufiéme, au Deuteronome dix
V ìij
T R A I C T E DES DEMONS,
huictiërne,au premier des Roy s 28.
Et en la vingt- sixiéme , question
deuxie'me, au chapitre , qui com
mence : | Qui fi;-e faluatore salu-
tem vult taWí.D'auantage tous les
Chrestiensau Baptesme renoncent
au diable , & à ses œuures. Et quant
à moy i'estime que c'est vne des
principales causes pour lesquelles
le diable fait des maux aux homes,
pour les cótraindrç à implorer íbri
aiderestant fur toutes choses ambi
tieux d'estre adoré pour Dieu. Et
par-ce la vraye resolution est qu'il
faut recouurir à Dieuj&n'implorer
point l'ayde du diable quant bien
on deuroic mourir. Ausurplusles
Theologiens disputent fi encore
qu'il ne soit loisible de demander
aideau de'mon,s'íl est permis d'vser
de l'aidequi nous est offerte pjr vn
Magicien. Et veritablement Pe-
trusAureolus , fur le quatrie'me
des Sentences, distinction trente
deuxiéme , question deuxie'me.
Et Angelussurle mot , Superflitio:
au Parafrazc traiziéme , pensent
D v P. Maldonat. 23»
qu'il íoit licite. En premier lieu,
d'autant qu'il est permis deprédre
à Vsure pour le deuxie'me: parce
, qu'il est licite de prendre le Sermét
d'vn infidele, par ses faux Dieux.
Comme il est esscrit en saint Augu
stin en l'Epistre cent-cinquáte qua-
trie'me. Isaac le reeeut d'Àbime-
lech au Genese vingt- sixieí me. Et
ïaçob, de Laban , Genese trente
vnie'.n?. Mais cette opinion est nó
seulement faule.ains encore perni-
tieuse & qui ne se doit aucunement
proposer aupeuple.Car il y a tres-
grande difterence:d'aurant que qui
préd à vsure,peut donner sans vsu-
re,& ainsi aymeroit mieux le pren
dre celuy qui emprunte. Et qui
iure par vnfauxDieu peut iurer par
íèvray. Mats celuy qui demádeay-
deà!'encháteur,fçaitbien qu'il ne
peut rien fans Paide du diable. Tou.
tesfois i'estime bien estre vray ce
dont plusieurs Theologiens font
d'aduis: qu'il est. licite de deman
der à vn enchanteur qu'il desface.
't-"': J - V iiii
■ «nu- ip U E ) U b m U IN S ,
ionmalefice:comme qu'il desnou'é
l'aiguillette. Car ce n'est pas demá-
der qu'il face vn nouueau mal, ains
?[u'il desface celuy qui est desia
aict., -'. -
V vj
I RAIOTl U. h 5 UÍMUNií,
& determinees paroles. Comme il
se monstre en N4inutius Fœlix, en
Octauius.. Et eti I.actance , liure ì.
chapitre sixième. Et en Calsian col.
latió quinzieme, chapitre ciaquié-
^ me & au 4. Concile de Cartage,
chapitre septieme. Pour le troisie'
me , les autres oraisons ayanstou-
jourskurfin & conclusionvP.arna-
streSeieneur Ieíus Christ &c. Elles
restans employées , n'auoiertt pas
cette fin (ne maintenant encore^íi-
áó par ces mots : Par celuy qui doit
▼entriuget' le siec!e,parseu.LeMi-
Crologuecn ameine la raison, au ]*•
upc des Sacreovens : c?est d'autan*
que les diables font bien fort ef
frayez entendans fairemention dm
iugement. Cc qui se collige de ces
paroi les desainctCypriáj à-Deme-
trian : Sentans les fleaux s ils coi»..
^ sestent le iugement futur. En 4. Iwuj
les demós estoient iocewgez, quel
nom ils auoient. Ce que léíus
Christ fit en Sainct Marc,3f samâb
Bue huicticme.Queîect tna mim^
Cecy se collige aussi de Lactance
DV P. MAL DONA t. I35
ils declarét ( dict- il) leurs nós,ceux
qui font adorez es temples. Pour
k 5. comme l'ó impoíoit les mains '
aux Catechumcnes tos les iours de
Caresme,ainsi en faisoit on aux De.
moniaques : comme il appert par le
messme 4.Concile de Cartage. Et au
tiltrç de la Consecration , distinct,
cìnquie'mc , au chapitre commen
çant , Omni dit. Pour le sixieme , les g
Exorcistes ne chafsoienc iamais íe '
diable ne dans le Temple pour la
reuerence du lieu : ne és maisons
priuéespour la craincte. Comme
il appert par le Cócile de Laodice,
chapitre cinquante neufuie'me. Et
parcc,iufques au iourd'huy la cou-
ftume est demeurée que lors que
les Catechumcnes font menez au
Baptefme, l'on ny employe point
d'éxorcismes , sinon deuát l 'entree
de l'EglifcPour leseptie'me apres -
que le démon cóiuré auoit promis
qu'il sartiroit,on luy demandoit vn
figncexterieur de son vssoé'.En Pal-
htcbius |ilola rit. de; J?ossidanigs,te
diable donna pour signe de son y £
TRAIC'Té' DEi DEMONS,
suë, la ruine d'vne muraille. 11 est
e'uident aussi que cecy estoit en vía-
ge entre les suifs, en Ioíephe au
huictie'me liure des Antiquitei
chapitre deuxie'me. Pour le hui
ctie'me ( chose qui conccrnoit
plus la- -discipline , que la cere
monie) tous les demoniaques ha-
bitoient ensemble ( comme font
en ce temps aussi, en quelques
villes , tous ceux qui font hors du
sens ) & n'estoient gouuernez
par autres , que par les Exorci
stes mesmes: comme les bestessau-
uages ontaccoustume d'estre trai-
ctees parleurs gouuerncurscelaesfc
escrit au quatrie'me Cócile de Car-
tage, chapitre neufuiéme. Adjou-
stons encore que les Exorciímes
estoient employez non seulement
pour chasser les diables, ains tes
autres choses encore , comme les
serpens, les fautereaux, les -Ora-
ges. Dequov les Heretiques ont
accoustume' de (e mocquer -, par ce
qVili dyent<juetelles choses n'en
-í^ ítuì^ i :n.j:,.";..gq i.fifiïb i.]t t .
DV P. M AL DO N A t. 236*
pas la vertu d'entendre. Mais nous
ne le faisons pas à cette intention
que nous pensions qu'elles enten
dent : mais sçachans par la saincte
Escriture que telles' choses /ont
souuent excitees par les de'mons
nous les voulons chasser d'icelles,
non plus que des corps humains.
Et comme il appert par le Pscau-
mc cinquante septie'me , les scr-
Pens sorVt enchantez , combien
qu'ils n'entendent pas les paro
les de l'enchanteur: qu'il leur ar-
riue(dict-il ) selon la íemblan-
ce du serpent : comme du seurd -
Aípid , & bouchant ses oreilles
laquellen'orra pas la voix des en.
chanteurs , du sorcier enchantant
sagement. En fin i'ay veu moy
mesme au Royaume de Grenade,
vne estrange multitude de saute-
rcaux ayans tout depopule'par l'es- Hïst.
pace de trois ans entiers , auecgrád
degast de viores & peril des per
sonnes , apres auoir faict des prie
res publiques, & l'auoir conjurée,
. TrAICTe'dÈS DEMONS,
en fin auoir este chassee. Letroisié-
meretnedeestlaseale Prononcia-
je tiondu nom de Iesus : auee lequel
àpeineyauort-it aucun Chrertfen
quineehassast les diables en lapri-
mitiue Eglise. Parcêt argumét.Iu-
stin prouue la diuinité de Iesus
Christenson Triphon , Apologie
premkre.Et Origine au premier li
ure contre Celsiis. EtTertulicnau
liure dela Coróne du gcdarme,& à
Scapula. Et en l'Apol. chapitre tré-
te-septie'me. Etau liure de l'Ame,
chapitre 2. Si les ames demeurent
&c. 'Et au liure des Spectaclt s, ch.
du nóbre, & au liure de l'Idolarrie,
Et sainct Cvprian en l'Epistre àDe.
metrius .Et au liure dek vanite' des
Idoles. Et Minutiusen Octauius.
Et Lactance liure deuxie'me chdpt*
trëíìxie'inc. Etau liure quatricmej
chapitre virígt-scptie'me, & au liu.
ciîiquie'me chapitre vingt- deuxi.
ie'me,& vingt-troisie'ole'. Et Atli3-
nasiusau liure de ^Incarnation du
Verbe. Cecy; mesme allegue Aleiai
en la \oy3Ojìeutnms aux Digestes d;
DV Pi Mal DON at. 237
la significatif des mots . Mais ie de
sire r ois bien qu'il eust parle' pl9 ac-
cortement. Car il a dict que ce n'e-
stoit pas argum et de saíctçté. Cho
se qui est có traire à la sainctc Esc ri-
turc. D'autant que Icsus Christ dict y
Mais ceux qui auront creu seront
ces signes: à mon nom ils chasse
ront les diables. Lequatr^me re- signe de
medeest le signe de la croix :auec croix.
Jeq«el les aotiens Chrestiens chas.
soient les diables. S. Cyprian au Ser.
monde la passion de Iesus Christ:
Je lais vott defia, & quiconque
citant en la seruitude d'Egypte de
tout sondeíìr tend à la patrie proí-
mise, que le sang de íe sus Christ
chaste bien les puissances aducrsai-
res auec plus d'efficace que non pas
Iesang da cest aigneau qu'Israël inv-
moloit en Egypte, duquel Tautho-
rite'& puissance est auiourd'huy si
grande qu'il defend non seulement
les portes des Israélites : ains enco- -
rc le féul signe de ce Sacrement
chaste les diables , de ceux qui ne
yiuent pas Israclitiquemét.Orige- -
' Ï"R AjÒTÉ ' DES DEMONS,
ne au troisie'me liure sur Iob,re-
prédlesGétils,dece'qu'ils ostoiét
les malefices des diables par autres
malefices : Et au contraire dict
-que les Ghrestiens vsoient du si
gne de la Croix contre les dé
mons. Lactance au Hu. quatrieme,
chap. vingt quatrie'me, lors qu'ils
immolét à leurs Dieux, s'il y assiste
quelqu'vn ayant lefront garny du
íignedelacroix leurdeuinne peut
rié impetrer par ses sacrifices, & ne
peut, consulté rendre aucune res-
ponse. Et les mauuais Roys ont
Îirins de la souuent occasion de pep
ecuterles Chrestiens.Car assistans
aucuns des nostres à leurs mai-
stres lorsqu'ils facrifioient faisant
surleur front ce signe,ils ont chaise
leurs Dieux, tellement qu'ils ne
pouuoient depeindre les choses à
venir e's entrailles de leurs bestes
sacrifiées.CyrilleEucsquede Hie-
ru sale m en fa quatrie'me catéchese
Que ii ( dict-il ) quelqu'vn le cele,
signe toy de là croix , afin que le'
diables tremblans au signe du Rqr
vdv P. Maldona t. 238
s'en aillent bien loing. Epiphanius
en son Pana. Heresie trentie'me
recire trois exemples des demons
chassez au signe de la croix. Sainct
Chrysost.enlacinquantíe'me Ho
melie sur sainct Mathieu admone
ste les Chrestiens qu'ils n'ayent
point de hóte de se signer du signe
de la croix: Car sien voyant seule- Similitu^
ment les lieux efqucls ceux qui font
condamnez à perdre la teste sous-
frentleurs supplices , noussommes
frappez d'vne horreur grande;
Qu'estimez- vous que le de'mon
souffrira s'il vo9 voit tenirle glaiue
auec lequel Iesus Christ à brisé ses
forces? Athanasc en l'oraison cotre
les Idoles;apres l'aduenement de la
croix le culte de tous les Idoles à
este' oste',& tous les enchátemês des
diables sonteffacez parce signe. Et
au liu.de l'Incarnat.du Verbe,mais
par le signe de la croix les effects de
la Magie font arrestez,& les enchá
temês rédussás efficace. Etpl'bas:
iadis les de'mos auec apparéce vai
nes &illusiósépestroiét les homes
TRAIC TE' DES DEMONS,
assiegeant en aucuns lieux ks fon
taines, atHeufs leí r iuieres,les prai
ries , tes bey s,Br pat ce rnoyen auec
tes prestiges , ils estotmoient les
ny ais. Mais maintenant que le Ver
be de Dieu à apparûtes effroyables
visions & illusions des figartfs ont
teíïé. Car l'hoffistievsant du seul si
gne de U croix, chasse tes diable*
d autour de foy- Gregoire Nazian-
Etneenl'oraisori contre Iulìan, es-
crit:QueIulian estant en me grot
te & se seignant de la croix , les dia.
blessefquarterent,8t en Toraison
à Nemesie : Et ne se faot pas efrner-
ueiller ( dit-il ) que les forces de le-
sesChrist ayehteste' si gfandes.Car
celuy encore qui sVst enroolle' à le.
fus Cbristjlouuehrpronónceàpei-
nece nom augustequ'incontinent
le diable, & non ftnsgririserrnîht &
tresgriefuedoufcursedesrobe bien
foingdeià. Ge que mesme arriuí
souuentjitìOy ayant depeint lacroii
non en vn tableau , ains en l'àirseû' ,
kment. Gregoire de Nitír,enli
vie de Gregoire Taurnaturge,noff
jyv r. MALDONAT. IJQ
me le signe de la croix , les armes
d'iccluy aucc lesquelles il auoit ac-
coustume' de chasser les diables. S.
Hietosraeçnla vie d'Hilarion: il
cogneut lçs illusions des diable», &
s'estantagenouilléfitlesigne de la
croix de lelus Christ au r"ront.& ar
me' d'vn tel moi ioa&comiert dV-
ne tçlle cuyrafl'e, estant couche' , ii
cóbattoit plusgaillarderrKt.Theo-
doreten laviedeMacedoni* esserit
qu'Afsir ia Demoniaque fut guerie
parle signe de la croix. Etau troi
sieme liure d« l'histoire Ecdes.cha-
pttre tioisiéme, il recite vae histoi
re de luiun , & au liure cinquieme,
chapitre onzie'me, que MArcellus'
Euesque de Pamies chassa des dia
bles d'vn temple des Payens ayant
imprimé le signe de la croix ení
l'eau. S. Augustin au deuxieme liu.
duSymbole au* Catechumene* :si
quelqucsfois le diable aduerfure
voudra encore agueter,celuy qui
cstrachapte',sçachequ'auec le Sa
crement du Symbole, &l'estendart
de h croix ií luy faut obuier. Et au
TRAiCTE' DES DEMONS
Sermon du temps. i8u II n'a donc
pas voulu qu'il hit lapidé, ou bit fié
d'vnglaiue: d'autant que nous ne
pouuós pas tpusiours porter auec-
ques nousdes pierres, ou du fer,
pour nous defíedre:mats il à choy-
íi la croix laquelle est representee a-
uec vn leger mouuemét de la main,
Scauec laquelle nous sommes mu
nis contre les ruses de l'ennemy .Le
tenues * remede est d'employer les Reli-
dêsSS tlues s Saincts. pourchasser les
diables. Abdias au 7.IÌu. ameinevn
exemple du fils du RoyHirtacus
demoniaque, lequel deuant les Re
liquaires de saint Mathieu, deseou-
uroit les meschancetez de son pere.
Et au liure neufréme qu'vn autre
filsduRoy enfut deliure' des de-
rnons.GregoiredeNazianz. en 1 o.
raison de S.Cyprianescrrr, qu'a son
sepulehre des diables furent chas
sez. Sainct Chryíostomc en l'Ho-
melic vingt sixie'me, fui- la deux-
ie'me aux Corinthiens , díct qu'aux
íepulehres des Martyrs les démons
dv P. Maidonat. 240
sónt fouettez. Luymesme au liure
contre les Gentils, qu'vn démon
qui fouloit donner ressponse
en l'Idole d'Apollon de Daphné
deuint muet apres quelecorps.Ce-
Babylas martyr fut mis aupres. Ce
que Ruffin encore recite au i0. liu.
chapitre huictie'me. Sainct Am
broise au Sermon 77.ÍV 92. dict
qu'aux Reliques/ainct Geruais,&
íainct Protl.ais les démons auoient
accoustumé de rugir. Sainct Hie-
rosme contre Vigilantius , l'essprit
immonde (dict.il) qui t'a contraint
d'escrireces choies , a esté fouuent
tourmente' par cette vilcpouldre.-
Sozomenus au liure septiéme , cha-.
pitre vingt- fixie'me, dict qu'Fpi-
phanius estant mort, fit ce que vi-:
uant il n'auoit pas faict d'autant
qu'à son sepulehre des diahles fu-:
rentehassez. Ruppcrtenla vie de
Herbert de Coloigne , chap. trei-
ziéme, dict que les demoniaques
auoient accoustume'de visiter les
fcpulehres des Martyrs. ;Et de !a
est demeurée encore lacouíhimc
TR A-ÏCT e' DES DEMONS
entre les Chrestiens d'entourner
les scpulehres des Martyrs.Cat Fex.
periêce enseignant que kt Demo
niaques menez autour des Scpul
chres des Martyrs eftoiem gueris-
ceste eoustume( comme ie pense)
est venue de là. La sixiéme cít que
par la recitation du Symbole les de.
mons estoient chalsez. Sainct Au
gustin, au deuxie'me liure du Sym
bole aux Catéchumcnes : que le ra-
chepte sçache que totríìours &c.
du eu il admoneste que contre les dia-
bles il faut vser du Symbole. Car
tout ainsi qu'auiourd'huy quand il
nous vient au deuant quelque cho
se effroyable, nous disons ìesvs,
ain'ì ils recitoient le seul Symbole,
afin que,seló sainct Paul , ils oppo
sassent le bouclier de la foy- Et de la
J'estime qu'il sepractiquott aussi
qucle commencement- de l'Eu3gi-
le de Sainct Iean se pendait au col.
Sainct Hicrosmc sur le vingt-troi-
fie'me chapitre de Sainct Mathieu,
& sainct Chry sostome en la septan
te troisie'me Homelie fur sain&
Mathieu
dv P; M al d on a t. 241
Matthieu: Et le Concile d'Antioche
Et'Emanuel à Costa aux Commen
taires des choses passées en l'Orient,
recite qu'ainsi fut chassé le diable,
d'-vne semme. Si quelques .vns re
prennent cecy , ils ne blasaient pat
la chose, ains la superstition qu'on y
conioinct:eomme qu'il soit escritenr AV
lettres rouges , ou en parchemin-
vierge, &c. Mais si quelqu'vn lesais
pour faire prosession de fa foy , il n'y
a point de doute que cela ne soit; -
louable. Le 7. par oraisons & ieus-
nes : comme en Tobie 6. & sainct?
Matthieu i7. sainct Marc 91 là où Ie-
sus Christ dit ; ce genre de diable»
ne se chasse sinon par prieres &ieu£.
nes. E'exemple en est de- Paul îe
simple e« Palladius. Auquel passa- oráson
ge ie n'approuue pas l'interpretátion & ìeus-
de sainct Ghrysostomeylequel pen- ,*•
íè qu'il s'agit là de tout genre de dia^
bles:ains plustost de ceux quiitigent
qu'il s'y partede ceKain:genrc : sça*
noir est de-celuy! qui prouoque à.
gourmandise & voluptez : lesquelles
chosesestát bien gueries par oraison
- 1KAICTE DBS DEMONS,
âï.ieusne*, Iesus Christ a voulu de?-
clarer qu'il faut que le contraire soit
guery par son contraire. Comme
s'il disoit les autres se peuuent gue
rir par autres manieres * & eejstuy-cy •
par oraison 6c ieusae settleraera:. Le
Vtucha- 8.remedeestl'Eueharistie^Le$eaeBi*
rifiit. plC9 en sont en sainâ: Cypr ian,-Ser m.
quinziesme. S. Augu. au 2 z. de Ja
Cité de Dieu, chap.; 8í Profper , au
milieu du temps, chap. 6. Et l'exem-
ple de Laon en ce nostre temps est
tres-celebreauísi y auquel aucun ho
me de bien ne peut mescrotre. Le^M
V.auls- est auecques 1 eau benite. L'exem-
iw. pk en est en EpipKanius heresie 30.
Ou tl est dit qu'yn certain Ioscph
chassa deux fois le diable, ayant ex-
,.. (-1 píimç^ínl'eauleugoeàeJa^cfoisoEt
- en Theodopet lit». ^ dcJ'hiÀoireJEe^
clesiafr. ch. 21. Apameon ayant im-.
prime le figne de la croix dans l'eau,
- ' & arrouíànt de cestc eau St bimster
vn temple d'Idole? que! les diables
ompesschaient de brúfleri Eblesnic
Diacre en la vie de Gregoire legrád
escrit que par ce- moyen vn Mo»
I tfY V. MAL DONA T. Ï^Z'
msteré fut delniré des diables. Gre/
goire le Prestre en ìa vie de Thcoio*
re dit que par ce raoyeii il ddiigri* .t\tng
vnc maison des démons qui en estoit
fort traaailïée. Et Hugo de Chu»]».
«ni la vieíi'Hogo Abbe' de Ciúayï
recite le mefine auoir esté .fàit pat
iày.<Em%tJçaafi -tiòfkt<??b&s choses „slli
ne se font pas entre nous sisouuent
cefbpar1 iiostfe faute , .qui a auons
pás assez de foy. Attendu que nous
voyonáerirce mesme nostre temps, -
auxíiidoií í oa ìttfôf eik .plus- graní - .i:wî
tJé ) les -demons estre expellez auec
l'cau sacree : comme il appert par le
I2.1iu. desaffaires du Iappon , Epiír.
premiere. Le i0. la seule presence de
quelque fainct personnage. Gomme Trefinct
Cafsiá recite de'Kusttcus , en la Col- *• si
látion i4-chap. -2. Et Beda , de Gui-
debert,enla vie d'iceluy.cháp. i5. Et
Sozomene au liure 6". chap. 20. reci-
te que les diables s'enfuyrent dVne
Iíìe d'Egypte par l'árriue'e des Re
ligieux de Macharius. Et Socrates
au quatriesme liure, chapitre i 9. Et
Nicephóre auliu. iï. chap. z. Palla-
TRAIC DES-DEMI Ì>V .P. M^LD.-
éias escWt'quebquc. chose de. sem.
blable, ú «mà'ncáe. M 3 cari u&,' chap.
Parole. ï^^^il !Leao; est izcfèaLq; pát»ie
par laquelle les. .diables font chassez:
eorrirneilfutfiit par Eaphnutius^se-
lon Ruffin,au i. de rhist©ireEccle-
iiast. ch. 4. Le i2. par lettres : ce ijue
lunes. certaindisçipleid'EBgeniuseícrit. eri
fr vie^âiioireste' fartipar-fon máistre^
Le 13. est par cotrps. Pálbidius recite
en Phistoitede Paul le Simple. Et
c,ups Gregoire Prestte-énlaf vie deTheod.
faurtef- Etdece rernede |ieiiue*i^ *ser les iu-
ftehue, ges lors qu'il y a soupçon que cjueí-.
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