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dans son ensemble : la nouvelle doxa découvre que La justice fédérale s’est mise en mouvement au cœur
ni Google ni Facebook, pas plus qu'Amazon, n’ont de de l’été, avec une enquête du Département de la
concurrents. justice. Mais les procureurs des États ne lui font qu’une
Pour Jeff Landry, procureur républicain de Louisiane, confiance modérée. Pour Keith Ellison, procureur
Google représente « une menace absolument démocrate du Minnesota, « c’est aux procureurs
existentielle à notre marché virtuel ». Ashley Moody, des États » de réguler, en particulier quand « le
son homologue républicaine de Floride, a insisté sur la gouvernement fédéral n’est pas nécessairement un
collecte des données personnelles : « Google surveille partenaire de confiance ». « Les procureurs généraux
notre comportement en ligne et saisit des données des États sont des gens indépendants, et ils peuvent
sur chacun d'entre nous pendant que nous naviguons être très tenaces », souligne Karl Racine, le procureur
sur Internet, dit-elle. Cette enquête se concentrera démocrate de Washington : « Je suis donc très confiant
d'abord sur la capture de cette information et sur la que ce groupe bipartite sera guidé par les faits et qu'il
question de savoir si Google s'est implanté à tous les ne sera influencé par aucune conclusion, qui pourrait
niveaux du marché [publicitaire] pour monopoliser ne pas être à la hauteur », visant lui aussi l’enquête
cette industrie. » fédérale.
La procureure de l’Arkansas Leslie Rutledge a tenté Google a obtenu jeudi de la justice française un
de frapper les esprits en expliquant vouloir trouver accord qui lui coûtera près d’un milliard d’euros : 500
en ligne « le meilleur conseil, par les meilleurs millions d’euros d’amende dans le cadre d’un « plaider
médecins », plutôt que celui « qui pourra dépenser le coupable » à la française qui permet au groupe
plus en publicité ». d’échapper à un éventuel procès pour fraude fiscale
aggravée, auxquels s’ajoutent 465 millions négociés
Avant même l’annonce de cette enquête, Google a
avec Bercy pour clore les procédures fiscales.
affirmé être dans les meilleures dispositions : « Nous
avons répondu à de nombreuses questions sur ces Un accord dont s’est félicité Gérald Darmanin,
points depuis de nombreuses années, aux États-Unis ministre des comptes publics : « Cet accord solde
comme à l'étranger, sur de nombreux aspects de notre tous les contentieux avec Google, c'est une somme
activité, ce qui n'est donc pas nouveau pour nous très proche de ce que nous demandions à l'origine.
», a écrit Kent Walker, vice-président des affaires » Pas vraiment : le fisc réclamait initialement 1,6
internationales de Google, dans un communiqué milliard d’euros, selon une source proche de Bercy
diffusé vendredi 6 septembre. « Le Département de la citée par Reuters. Au niveau européen, Google a
justice nous a demandé de fournir des informations déjà été sanctionné trois fois pour non-respect de
[…], et nous nous attendons à ce que les procureurs la concurrence, la dernière début 2019. Au total, le
généraux des États posent des questions similaires. montant des trois amendes dépasse 8 milliards d’euros.
Nous avons toujours travaillé de façon constructive Facebook, qui a été condamné en juillet à une amende
avec les organismes de réglementation et nous de 5 milliards de dollars à la suite de l’affaire
continuerons de le faire. » Cambridge Analytica, n’en a pas non plus fini avec
Selon le décompte du New York Times, Google, la justice des États-Unis : huit enquêtes sont en
qui vient d’être condamné aux États-Unis à payer cours. Dernière en date, celle lancée sur ses pratiques
une amende de 170 millions de dollars pour n’avoir (anti)concurrentielles par un groupe de procureurs
pas respecté (sur YouTube) les règles concernant généraux, emmenés par Letitia James, procureure
les contenus à destination des enfants, est sous le démocrate de New York. « Nous utiliserons tous les
coup de trois autres enquêtes visant ses pratiques outils d’enquête à notre disposition pour déterminer si
potentiellement anticoncurrentielles, en plus de celles les actions de Facebook peuvent avoir mis en danger
des 50 procureurs.
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les données des consommateurs, réduit la qualité des son donneur d’ordres, ou annexe ? De même, cette
choix des consommateurs ou augmenté le prix de la activité est-elle annexe ou essentielle au travailleur ?
publicité », a déclaré la procureure. Autrement dit, si le travailleur n’est pas autonome, si
Le Libra, moyen de paiement que Facebook souhaite son activité est centrale pour l’entreprise, et pour lui,
lancer en 2020, n’est pas de nature à restaurer la il devra être salarié.
confiance avec les gouvernements et les banques L’adoption du texte est un énorme échec pour
centrales. « Je veux le dire avec beaucoup de clarté : Uber et consorts, dont les promesses de hausses
dans ces conditions, nous ne pouvons pas autoriser de rémunération n’ont pas eu le succès escompté.
le développement du Libra », a affirmé hier le Pour autant, la loi ne transformera pas à elle seule
ministre français de l’économie, lors d’une conférence les conditions de travail : encore faut-il qu’elle soit
de l’OCDE consacrée aux cryptomonnaies. « La appliquée, ce que Uber n’a pas du tout l’intention
souveraineté monétaire des États est en jeu. […] Toute de faire... L’entreprise a osé affirmer que la mise en
défaillance dans le fonctionnement de cette monnaie, relation des conducteurs et de leurs clients n’est pas au
dans la gestion de ses réserves, pourrait créer des cœur de son business. En l’état, les chauffeurs devront
désordres financiers considérables », a-t-il estimé. Au aller plaider leur cause devant les tribunaux.
contraire, « ce sont leurs politiques monétaires [des Le candidat à l'investiture démocrate Bernie Sanders
banques centrales – ndlr] qui auront une influence sur s’est félicité que la Californie se soit élevée contre
le Libra […], et pas l’inverse », plaide Bertrand Perez, un monde dans lequel « une toute petite poignée
directeur général de l’association Libra, interrogé par d'Américains deviennent extraordinairement riches en
Les Échos. payant à leurs travailleurs des salaires de misère
», selon son porte-parole Mike Casca. Le texte a
également reçu le soutien de Kamala Harris, sénatrice
de Californie, et celui d’Elizabeth Warren, qui fait de
la régulation de « la tech » un pan essentiel de son
programme. La loi pourrait faire école dans d’autres
États, notamment à New York.
Enfin, toujours en Californie, l’entrée en vigueur
Chauffeurs Uber en grève à San Francisco (États-Unis), le 8 mai
2019, à la veille de l'entrée en Bourse de la compagnie. © Reuters prévue le 1er janvier prochain d’une loi de
Retour en Californie, où ce sont les plateformes de protection des données personnelles suscite elle aussi
chauffeurs et livreurs, modèle Uber, qui viennent l’inquiétude du monde de « la tech ». En particulier,
d’essuyer un important revers. Les législateurs ont les entreprises redoutent d’avoir affaire à deux
adopté cette semaine une nouvelle loi, applicable législations dans le pays, voire plus si d’autres États
au 1er janvier 2019, de protection des travailleurs se mettaient eux aussi à vouloir réguler la collecte des
soi-disant indépendants. Soumis au bon vouloir des données personnelles. C’est pourquoi elles réclament
plateformes mais corvéables à merci – et à la merci au législateur d’agir urgemment pour produire un texte
d’algorithmes opaques –, les travailleurs californiens s’appliquant partout, et rendant caduque la législation
s’étaient comme les Européens mis en grève à californienne.
plusieurs reprises. Les patrons de 51 entreprises, dont Amazon, ont donc
La nouvelle loi établit à l'aide de trois critères issus écrit au Sénat pour demander une loi fédérale sur
d’une récente jurisprudence de la Cour suprême de la protection des données personnelles. Il est peu
Californie ce qu’est un travailleur indépendant : le probable, pour des raisons politiques, que républicains
travailleur est-il libre de gérer son activité ou sous et démocrates s’accordent avant la fin de l’année
contrôle ? Cette activité est-elle le cœur de métier de sur une telle législation. Mais l’épisode montre les
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deux camps désormais opposés. Les consommateurs, eux : un « paysage réglementaire […] de plus
disent-ils, ne comprendraient pas que les règles en plus fragmenté et complexe » menacerait leur
changent en fonction de « l'État dans lequel ils compétitivité.
résident, [de] l'État dans lequel ils accèdent à Internet Tout le contraire de ce que cherchent désormais à
et [de] l'État dans lequel l'entreprise fournit ces démontrer les différentes enquêtes de la justice, pour
ressources ou services ». Et il y a pire, selon lesquelles il faut mettre des freins à des entreprises
qui ont fini par apparaître pour ce qu’elles sont : des
monopoles.
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