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Chapitre 5: Séries entières

1 Généralités
Une série entière réelle est une série de fonctions de la forme
+∞
X
ak (x − x0 )k ; x ∈ R,
k=0

où (ak ) est une suite numérique réelle et x0 ∈ R.


On définit de la même manière une série entière complexe
+∞
X
ak (z − z0 )k ; z ∈ C,
k=0

où (ak ) est une suite numérique complexe et z0 un nombre complexe fixé.
On a le résultat suivant qui donne des informations sur le domaine de convergence d’une
série entière.
Soit +∞ k
P
k=0 ak (z − z0 ) une série entière, posons

+∞
X
r = sup{ρ ∈ R+ / |ak |ρk < +∞}.
k=0

Théorème 1.1. On a
P+∞
• si |z − z0 | < r, alors la série k=0 ak (z − z0 )k converge absolument et donc converge.

• si |z − z0 | > r, alors la série +∞ k


P
k=0 ak (z − z0 ) diverge.

Proposition 1.2. Soit +∞ k


P
k=0 ak (z − z0 ) une série entière.
p
1. Si la limite limk→+∞ k |ak | existe alors

1
r= p
k
, (Cauchy-Hadamard).
limk→+∞ |ak |

2. Si la limite ak
lim ,
k→+∞ ak+1

existe, alors elle est égale au rayon de convergence r. (Cette formule est appelé formule
d’Alembert).

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Proof. En appliquant le critère de Cauchy à la série +∞ k


P
k=0 |ak (z − z0 )| , on trouve
q
` = lim k |ak (z − z0 )|k
k→+∞
p
= |z − z0 | lim k |ak |
k→+∞
1
= |z − z0 | .
r
Donc si |z − z0 | < r, on a ` < 1 et la convergence absolue de la série +∞ k
P
k=0 ak (z − z0 ) résulte
k
du critère de Cauchy. Si |z − z0 | > r, alors la suite ak (z − z0 ) ne tend pas vers 0 donc la
série diverge.
La preuve de la deuxième point est similaire à celle qui précède, il suffit d’utiliser le critère
d’Alembert.

Remarque 1.3. On générale la limite n’existe pas en général mais on a


1
r= p
k
.
lim supk→+∞ |ak |

Remarque 1.4. Pour |z − z0 | = r, on ne peut rien affirmer, mais on peut faire l’étude du
comportement sur le bord du disque de convergence (voir section 2).

Définition
P+∞ 1.5. 1. Le nombre r est appelé le rayon de convergence de la série entière
k=0 ak (z − z 0 )k .

2. On appelle disque de convergence de centre z0 et de rayon r de la série +∞ k


P
k=0 ak (z −z0 ) ,
l’ensemble
D(z0 , r) = {z ∈ C : |z − z0 | < r}.
Dans le cas d’une série entière réelle +∞ k
P
k=0 ak (x − x0 ) , on dit intervalle de convergence
au lieu de disque de convergence.

Exemple 1.6. Le rayon de convergence de la série


+∞
X √
e− k k
z ,
k=0

est égale à 1.

Exemple 1.7. Le rayon de convergence de la série


+∞
X
(2k + 1)z k ,
k=0

est égal à 1.

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1.1 Série dérivée, série primitive


P+∞
La série dérivée d’une série entière k=0 ak (z − z0 )k est la série
+∞
X
kak (z − z0 )k−1 .
k=1

Proposition 1.8. Une série entière et sa dérivée ont même rayon de convergence.
Proof. Il suffit de voir que
(k + 1)ak+1
= lim ak+1 .

lim
k→+∞ kak k→+∞ ak

2 Comportement sur le bord du disque de convergence


Proposition 2.1. Soit +∞ k
P
k=0 ak (z −z0 ) une série entière de rayon de convergence r. Si cette
série converge absolument en un point zb du bord du disque, alors elle converge absolument
en tout point du bord du disque de convergence.
Proof. Soit z un point du bord c-à-d |z − z0 | = r, alors on a
+∞
X +∞
X +∞
X
k k
|ak (z − z0 ) | = |ak |r = |ak (zb − z0 )k |.
k=0 k=0 k=0

D’où le résultat puisque cette dernière série converge.

Proposition 2.2. Soit +∞ k


P
k=0 ak z une série entière de rayon de convergence r. Supposons
que
ak ∈ R, ak > ak+1 , lim ak = 0.
k→+∞
P+∞
Si r = 1, alors la série k=0 ak zk converge en tout point du bord du disque de convergence
sauf peut-être au point z = 1.
Proof. Par hypothèse, (ak ) décroit vers 0 et
n
X 1 − z n+1
| zk | = ; z 6= 1
1−z
k=0
1 + |z|n+1 2
≤ = .
|1 − z| |1 − z|
2
Comme |1−z| ne dépend pas du n, alors d’après le critère d’Abel-Dirichlet la série converge.

Exemple 2.3. 1. La série entière


+∞ k
X z
,
k2
k=0
a un rayon de convergence égale à 1 et converge absolument sur le bord du disque de
convergence.

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2. La série entière
+∞ 2
X k
zk ,
2k
k=0

a un rayon de convergence égale à 2, mais elle ne converge en aucun point du bord du


disque de convergence.

3. La série entière réelle


+∞ k
X x
,
k
k=1

a un rayon de convergence égale à 1. Notons que dans ce cas le bord est égal à {−1, 1},
mais la série converge en −1 et ne l’est pas en 1.

4. La série entière
+∞ k
X z
,
k
k=1

a un rayon de convergence égale à 1 et converge en tout point du bord sauf 1.

3 Convergence normale et uniforme


P+∞
Théorème 3.1. Une série entière k=0 ak (z − z0 )k de rayon de convergence r, converge
normalement dans le disque fermé

D(z0 , ρ) = {z ∈ C : |z − z0 | ≤ ρ},

où ρ est tel que 0 < ρ < r.

Proof. Pour z ∈ D(z0 , ρ), on a

|ak (z − z0 )k | = |ak ||z − z0 |k ≤ |ak |ρk .

Or
ρ
q p
lim sup k |ak |ρk = ρ lim sup k |ak | = .
k→+∞ k→+∞ r
Donc d’après le critère de Cauchy la série +∞ k
P
k=0 ak ρ converge.
P+∞ k
Théorème 3.2 (Abel). Soit k=0 ak x , une série entière de rayon de convergence r. Si
cette série converge pour x = r (resp. x = −r), alors elle converge uniformément sur [0, r]
(resp. [−r, 0]) et on a
+∞
X +∞
X
lim ak xk = ak r k ,
r→r−
k=0 k=0
P+∞ k
P+∞ k
(resp. limr→−r+ k=0 ak x = k=0 ak (−r) ).

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3.1 Continuité, dérivation et intégration d’une série entière


Comme conséquence du Théorème 3.1, on a les résultats suivants :
Théorème 3.3 (Continuité). La somme d’une série entière
+∞
X
ak (z − z0 )k ,
k=0

est continue sur le disque de convergence D(z0 , r).


P+∞ k
Théorème 3.4 (Intégration). Soit k=0 ak x , une série entière de rayon de convergence
r 6= 0. On peut intégrer terme à terme cette série dans ]r, r[,
+∞ +∞
Z b X ! Z b 
X
k
ak x , dx = ak xk , dx, a, b ∈] − r, r[.
a k=0 k=0 a

Théorème 3.5 (Dérivation). La somme d’une série entière


+∞
X
f (z) = ak (z − z0 )k ,
k=0

est de classe C 1 sur son disque de convergence et on a


+∞
X
f 0 (z) = kak (z − z0 )k−1 .
k=1

4 Développement d’une fonction en série entière


Considérons une série entière
+∞
X
f (x) = ak (x − x0 )k .
k=0
En dérivant p fois et prenant x = x0 , on obtient

f (p) (x0 ) = p!ap ,

et donc
+∞ (k)
X f (x0 )
f (x) = (x − x0 )k .
k!
k=0
Cette dernière expression s’appelle développement en série entière de f autour de x0 . Ce
développement est unique. On dit aussi développement en série de Taylor si x0 6= 0 et de
Mac-Laurin si x0 = 0.
Maintenant, étant donné une fonction f : I =]x0 −r, x0 +r[→ R. On cherche une condition
sur f pour que elle soit développable en série entière. Notons que une fonction f possédant
des dérivées de tout ordre en x0 , n’est pas nécessairement égale à la série entière
+∞ (k)
X f (x0 )
(x − x0 )k
k!
k=0

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correspondante. Par exemple, la fonction f définie sur R par


( 1

f (x) = e− x2 si x 6= 0 ,
0 si x = 0

est de classe C ∞ mais n’est pas développable en série entière au voisinage de 0.

Définition 4.1. Une fonction égale à sa série entière au voisinage de x0 est dite analytique
en x0 .

Théorème 4.2. Soit f une fonction de classe C ∞ sur un intervalle I =]x0 − r, x0 + r[. Pour
que l’on ait
+∞ (k)
X f (x0 )
f (x) = (x − x0 )k ; x ∈ I,
k!
k=0

il faut et il suffit que


lim Rn (x) = 0, ∀x ∈ I.
n→+∞

où Rn (x) est le reste de la série de Taylor.

Théorème 4.3. Si f est une fonction de classe C ∞ sur I =]x0 − r, x0 + r[et s’il existe M
tels que
f (p) (x)| ≤ M, ∀x ∈ I, ∀p ∈ N.
Alors
+∞ (k)
X f (x0 )
f (x) = (x − x0 )k ; x ∈ I.
k!
k=0

Exemples de développement de fonctions en série entière:

f (x) Développement en série entière Rayon de convergence

P+∞ (−1)k 2k
sin(x) k=0 (2k)! x r = +∞
P+∞ (−1)k 2k+1
cos(x) k=0 (2k+1)! x r = +∞
P+∞ 1 k
ex k=0 k! x r = +∞
P+∞ 1 2k
cosh(x) k=0 (2k)! x r = +∞
P+∞ 1 2k+1
sinh(x) k=0 (2k+1)! x r = +∞

1 P+∞ k
1−x k=0 x r=1
P+∞ 1 k+1
log(1 − x) − k=0 k+1 x r=1
P+∞ α(α−1)···(α−k+1) k
(1 + x)α k=0 k! x r=1

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5 Résolution des équations différentielles à l’aide des série


entières
Dans cette partie nous allons envisager les équations différentielles de degré 2. Considérons
l’équation différentielle
y 00 + P1 (x)y 0 + P2 (x)y = 0 (1)
où P1 et P2 deux fonction réelles.

Théorème 5.1. Soit x0 ∈ R, si P1 et P2 sont analytiques sur ]x0 + r, x0 + r[. Alors, toute
solution de (1) est analytique sur ce même intervalle.

Exemple 5.2 (Voir T.D ). On considère l’équation différentielle de Legendre

(1 − x2 )y 00 − 4xy 0 − 2y = 0

Maintenant, on va élucider les circonstances pouvant se produire pour la solution y lorsque


l’hypothèse d’analycité relative à P1 et P2 n’est plus satisfaite autour de x0 . Considérons
l’équation différentielle
x2 y 00 + y 0 + xy = 0
et supposons que y est analytique. La substitution de cette série dans l’équation précédente
nous donne
(k 2 + 1)ak+1 + ak = 0.
ak
Donc r = lim ak+1 = 0 ce qui entrain que la série ne converge que pour x = 0. Par conséquent,
il n’existe pas de solution développable en série entière autour de 0. Dans cette situation, on
dit que x = 0 est un point singulier pour l’équation en question.
Nous allons montrer que on peut traiter certaines équations différentielles ayant de point
singulier. Il s’agit d’une méthode due à Frobenuis. Soit l’équation

(x − x0 )2 y 00 + (x − x0 )P1 (x)y 0 + P2 (x)y = 0 (2)

où P1 et P2 sont analytiques sur ]x0 − r, x0 + r[:


+∞
X +∞
X
k
P1 (x) = bk (x − x0 ) , P2 (x) = ck (x − x0 )k .
k=0 k=0

On a le résultat suivant

Théorème 5.3. Soit α1 , α2 les deux racines de l’équation aux indices

α2 + (b0 − 1)α + c0 = 0.

1. Si α1 − α2 6∈ N, alors l’équation (2) possède deux solutions linéairement indépendantes


de la forme
+∞
X +∞
X
α1
y1 (x) = (x − x0 ) k
ak (x − x0 ) ; a0 6= 0, y2 (x) = (x − x0 ) α2
a0k (x − x0 )k ; a00 6= 0.
k=0 k=0

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2. Si α1 − α2 ∈ N, alors l’équation (2) possède deux solutions linéairement indépendantes


de la forme
+∞
X
α1
y1 (x) = (x − x0 ) ak (x − x0 )k ; a0 6= 0, y2 (x) = (C log(x − x0 ) + g(x)) y1 (x),
k=0

Avec <(α1 ) ≥ <(α2 ), g(x) une fonction pouvant admettre x0 comme point singulier.
Toutes les séries convergent sur ]x0 + r, x0 + r[.

Exemple 5.4 (Voir T.D). On considère l’équation différentielle de Bessel


1
x2 y 00 + xy 0 + (x2 − )y = 0.
4

6 Exercices
Exercice 6.1. Déterminer le rayon de convergence des séries entières suivantes et étudier
leurs comportement sur le bord du disque de convergence
+∞ k +∞
X 2 k
X k! k
a) z , b) z ,
k2 kk
k=1 k=1
+∞ +∞
X 1 2 X
c) (1 + )k z k , d) (1 + ik)z k
k
k=1 k=0

Rappel:
k! √
k
∼+∞ e−k 2πk, Formule de Stirling .
k
Exercice 6.2. Soit la série entière
+∞
X 1
(z − 1)2k .
2k k 2
k=1

1. Déterminer le rayon de convergence de cette série.

2. Examiner son comportement sur le bord du disque de convergence.

3. Trouver les valeurs de z, pour lesquelles cette série converge et la série dérivée ne
converge pas.

Exercice 6.3. On considère la série entière réelle


+∞
X (−1)k
xk .
k
k=1

1. Déterminer le rayon de convergence de cette série.

2. Examiner son comportement sur le bord de l’intervalle de convergence.

3. Quelle est le domaine de convergence de la série dérivée.

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4. Calculer la somme de cette série sur le domaine de convergence.

Exercice 6.4. On considère la série entière suivante


+∞
X (−1)k
xk .
k
k=1

1. Déterminer le rayon de convergence de cette série.

2. Examiner son comportement sur le bord.

3. Établir la continuité de cette série sur le domaine de convergence.

4. Déterminer la limite en 1− .

Exercice 6.5. Former les développements en série entière en 0 des fonctions suivantes
1 1 1
f1 (x) = , f2 (x) = , f (x) = .
x+2 (x − 1)2 (x + 2)(x + 1)2

Exercice 6.6. Justifier que la fonction sinus cardinal définie par


 sin(x)
x si x 6= 0
sinc(x) =
1 si x = 0

est de classe C ∞ et calculer les valeurs de ses dérivées successives en 0.

Exercice 6.7. Résoudre les équations différentielles


1
(1 − x2 )y 00 − 4xy 0 − 2y = 0, x2 y 00 + xy 0 + (x2 − )y = 0
4
sur I =] − 1, 1[.

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