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LA SOLIDARITE

(Jean-Paul II, Sollicitudo Rei Socialis)


Solidarité
« La pratique de la solidarité à l'intérieur de toute société est pleinement valable lorsque ses membres se
reconnaissent les uns les autres comme des personnes. Ceux qui ont du poids, disposant d'une part plus
grande de biens et des services communs, devraient se sentir responsables des plus faibles et être prêts à
partager avec eux ce qu'ils possèdent.
De leur côté, les plus faibles, dans la même ligne de solidarité ne devraient pas prendre une attitude
purement passive ou destructive du « tisse social », mais, tout en défendant leurs droits légitimes, faire ce
qui leur revient pour le bien de tous.
Les groupes intermédiaires, à leur tour, ne devraient pas insister avec égoïsme sur leurs intérêts particuliers,
mais respecter les intérêts des autres » ( Jean-Paul II, Sollicitude Rei Sociales, 30 décembre 1987, n° 39 § 1).

Introduction
La solidarité est une exigence sociale naturelle qui est devenue plus manifeste de nos jours, vu que la
personne humaine a besoin d’un milieu pour se réaliser. Ce milieu n’est autre que la vie en société. « Le
principe de solidarité, énoncé encore sous le nom d’ « amitié » ou de « charité sociale », est une exigence
directe de la fraternité humaine et chrétienne. »( C E C, Mame/Plon, Paris, 1992, N°1939).
Dans le numéro 39/1de « Sollicitudo Rei Socialis » de Jean-Paul II (30 décembre 1987), nous verrons la
nécessité de cette solidarité, la responsabilité des riches envers les pauvres, et de ceux-ci envers eux-mêmes,
pour en finir avec le respect des intérêts des autres.

I. Se reconnaître comme des personnes

Le Pape Jean-Paul II déclare avant tout l’importance de la solidarité en disant : "La pratique de la solidarité
à l'intérieur de toute société est pleinement valable lorsque ses membres se reconnaissent les uns les autres
comme des personnes"1. Le Pape nous invite à la pleine reconnaissance de la dignité de chaque homme, créé
à l'image de Dieu. De cette dignité découlent des droits et des devoirs naturels. A la lumière de l'image de
Dieu, la liberté, prérogative essentielle de la personne humaine, est manifestée dans toute sa profondeur. Les
personnes sont les sujets actifs et responsables de la vie sociale. L'homme doit collaborer avec ses
semblables, à tous les niveaux. Par là, l’enseignement de l'Eglise est opposé à toutes les formes
d'individualisme social ou politique.
Le Pape déclare que "la solidarité nous aide à voir l'autre –personne, peuple ou nation– non comme
un instrument quelconque… , mais comme notre "semblable", une "aide" (Gn 2,18-20) que l'on doit faire
participer, à parité avec nous, au banquet de la vie auquel tous les hommes sont également invités par
Dieu"2.
Alors le prochain n'est pas seulement un être humain avec ses droits et son égalité fondamentale à
tous, mais il devient l'image vivante de Dieu le Père, rachetée par le sang du Christ et objet de l'action
constante de l'Esprit Saint. Il doit donc être aimé, même s'il est un ennemi, de l'amour dont l'aime le
Seigneur, et l'on doit être prêt au sacrifice pour lui.
En se reconnaissant comme des personnes libres, à l'image de Dieu, la pratique de la solidarité sera
donc bien organisée avec plus d'amour et de respect envers autrui. Et cette solidarité nous aide à dépasser
toute forme d'inégalité, d'où la responsabilité des riches envers les pauvres.

2. La responsabilité des riches

"Ceux qui ont plus de poids, disposant d'une part plus grande de biens et de services communs,
1
Jean-Paul II, Sollicitude Rei Sociales, 30 décembre 1987, n° 39
2
ibid., SRS n° 39
devraient se sentir responsables des faibles et être prêts à partager avec eux ce qu'ils possèdent"3 ; ainsi
s'exprime le Pape sur le rôle et la responsabilité des riches. La responsabilité invite les puissants et les riches
à reconnaître les plus faibles comme des partenaires égaux en droit, d'où la nécessité de les aider. Dans une
profonde et véritable solidarité, il ne s'agit pas d'abord de manquer de pain avec ceux qui en manquent, de
loisirs ou d'affection, par compassion à leur égard. Il s'agit plutôt de se forger un cœur libre, capable de se
tourner vers les autres, à travers l'expression de ses propres désirs.
Jean-Paul II voit donc qu'il y a une grande responsabilité des riches envers les "petits". Il cite à ce
propos cite à ce propos Vatican II : "Dans l'usage qu'il fait de ses biens, l'homme ne doit jamais tenir les
choses qu'il possède légitimement comme n'appartenant qu'à lui, mais les regarder aussi comme communes,
en ce sens qu'elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres… de part sa nature même, la
propriété privé a aussi un caractère social, fondé dans la loi de la commune destination des biens"4.
Ainsi, le droit à la propriété privée est valable et nécessaire, mais il ne supprime pas l'importance de la
solidarité. Et si le riche aide le pauvre, quels seront la position et le rôle de ce dernier ? Reste-il passif envers
cela?

3. La non-passivité des pauvres

Le Pape Jean-Paul II annonce aux faibles : " les plus faibles, dans la même ligne de solidarité ne
devraient pas adopter une attitude purement passive ou destructive du tissu social, mais, tout en défendant
leurs droits légitimes, faire ce qui leur revient pour le bien de tous"5. Ainsi chacun de ces faibles doit-il agir
en fonction de ses propres responsabilités, sans tout attendre des pays plus favorisés, et en travaillant en
collaboration avec les autres qui sont dans la même situation. Chacun doit se rendre capable d'initiatives
répondant à ses propres problèmes de société.
Pour s'avancer vers un développement bien construit, "les pays devront discerner eux-mêmes leurs
propriétés et reconnaître clairement leurs besoins, en fonction des conditions particulières de la population,
du cadre géographique et des traditions culturelles" (n° 44). De là, les faibles ne doivent jamais avoir une
attitude passive et neutre face à leur attitude réelle vécue en misère. Tout cela ne peut être réalisé sans la
collaboration de tous, sans pratiquer une solidarité entre eux et avec les pays plus riches.
On trouve, dans le monde contemporain, comme signes positifs le sens croissant de la solidarité des pauvres
entre eux, leurs actions de soutien mutuel, les manifestations publiques sur le terrain sans recourir à la
violence.
"En vertu de son engagement évangélique, l'Eglise se sent appelée à être aux côtés des foules pauvres, à
discerner la justice de leurs revendications, à contribuer à les satisfaire, sans perdre de vue le bien des
groupes dans le cadre du bien commun"6.
En conséquence, la solidarité des pauvres les mène à la bonne vie sociale, tout en respectant les intérêts
d'autrui.

4. Le respect des intérêts des autres

Le Pape Jean-Paul II termine son texte sur la solidarité en parlant sur le respect des intérêts des autres, il dit :
"Les groupes intermédiaires, à leur tour, ne devraient pas insister avec égoïsme sur leurs intérêts propres,
mais respecter les intérêts des autres"7. De même, comme les riches envers les pauvres, et les pauvres envers
eux-mêmes, les groupes intermédiaires devraient vivre la solidarité en respectant les intérêts des autres et en
dépassant l'égoïsme.
L'égoïsme doit se transformer en solidarité fondée sur le principe que les biens de la création sont destinés à
tous, et que le bien commun est en premier lieu. En respectant les intérêts des autres, nous respectons la
personne elle-même. Et c'est le rôle de l'Eglise d'aider et d'orienter les gens surtout les croyants à une vie de

3
ibid., SRS n° 39
4
Vatican II, GS, n° 69 et 71.
5
Jean-Paul II, Sollicitude Rei Sociales, 30 décembre 1987, n° 39
6
ibid., SRS n° 39
7
ibid., SRS n° 39
2
communion et de solidarité en respectant l'autre "image de dieu" et en respectant ses intérêts, ses idées, sa
mentalité, etc., c'est-à-dire à respecter tout entiez comme tel.
Se débarrasser de l'égoïsme est un difficile devoir, mais il nous conduit au Royaume qui est le déjà avec
autrui et le pas encore.

Conclusion
Après cette étude sur la solidarité chez Jean Paul II, c’est-à-dire la reconnaissance « les uns les autres
comme des personnes », la responsabilité des riches, la non-passivité des pauvres et sur le respect des
intérêts des autres, nous ne pouvons conclure que par la relation du Christ avec l’homme. Les liens qui se
tissent entre les hommes sont donc vivifiés par l’amour et par l’Esprit du Christ. A ceux qui sont engagés
dans une profonde solidarité, la morale montre sur la terre les chemins qui leur feront partager avec le Christ
la Vie éternelle.

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