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1-1 La périodisation.
Angus MADDISON, L’économie mondiale 1820-1992, OCDE, 1995
21 La mesure par une fonction de production.
Les systèmes de comptabilité nationale progressivement mis en place après 1945 permettent de
mesurer avec beaucoup plus de précision la croissance et ses sources.
•On peut mesurer par une fonction CobbDouglas Y = f(L,K) = L .K avec + = 1 soit
rendements d'échelle constants et rendements factoriels décroissants.
Les termes et représentent la part relative du travail et du capital dans le revenu national (en
général, on compte 70% et 30% soit 0,7 et 0,3), et on pondère les croissances des heures travaillées
et du capital par ces valeurs.
Mais il apparaît que la croissance des quantités de L et K n’explique pas toute la croissance de Y :
le reste de l’explication est alors attribué à un résidu représentant le progrès technique. La fonction
peut se réécrire Y = F(L,K,r) et les théories de la croissance devront s’efforcer d’expliquer r.
•Les travaux de Denison (1967), ou de DuboisCarréMalinvaud aboutissent à un constat
d'intensification de la croissance, même si les résultats sont très différents selon les méthodes de
calculs.
avant la RI la croissance est faible et extensive, par accroissement lent et proportionnel des
facteurs de production.
dans la seconde moitié du 20ème siècle, la croissance devient très intensive avec une forte hausse de
la productivité des facteurs (à tel point que l'accumulation des facteurs pendant la RI a été qualifiée
d'extensive par les économistes). Ce trait est particulièrement net dans les pays du rattrapage, tandis
que la croissance américaine (mais aussi japonaise) emploie plus de facteur travail malgré un effort
de progrès technique important.
22 Le facteur capital.
•Le capital physique est l’ensemble des biens permettant de produire d’autres biens. Le stock de
capital est progressivement accumulé par les générations d’investissements, c’est donc un agrégat
très hétérogène.
L’investissement permet à la fois l’augmentation de la production (dimension extensive, plus de
capacité) mais aussi l’augmentation de la productivité (dimension intensive) par une plus grande
intensité capitalistique par travailleur et par incorporation du progrès technique ainsi concrétisé.
ex : un L et un ordinateur, deux L et deux ordinateurs, un L et deux ordinateurs, deux L et deux
ordinateurs de générations différentes…
Mais une partie du stock de capital est déclassé chaque année (amortissement, obsolescence…).
•Sur un plan comptable, la FBCF est la somme de I net + I de remplacement. Mais les deux
incorporent du progrès technique car il n’y a pas de remplacement à l’identique, et le raisonnement
en brut est intéressant.
•Au cœur du capitalisme, on trouve donc cette formidable accumulation des moyens de production
depuis le 19ème siècle. Le capital par tête a considérablement augmenté, permettant des gains de
productivité rapides.
Ex : parc de machines et équipements par salarié calculé par Maddison.
EtatsUnis : X140 depuis 1820 (dont X25 de 1820 à 1913 puis X2,5 depuis 1950).
Japon : X 12 depuis 1950 pour un niveau un peu supérieur aujourd’hui aux EU.
Ex : FBCF. Pendant les Trente Glorieuses, GB à 17% (beaucoup plus que les 7%à 12% de la RI),
Allemagne à 25% (comparable aux booms, mais ici sur longue période), Japon avec des pointes à
35%, mais EU seulement à 18% inférieurs aux maxima de la Belle Epoque. Forte cadence de
renouvellement des équipements.
=> corrélation parfaite avec les taux de croissance.
23 Le facteur travail.
231 La quantité de travail dans l’économie.
•La quantité de travail dans l’économie est liée à de nombreux paramètres : la durée du travail, le
rapport entre population en âge de travailler et population totale (ratio de dépendance très lié au
vieillissement), le rapport entre population travaillant et population en âge de travailler (taux
d’emploi ou taux d’activité, également quantifiable par sexe).
•Pendant les Trente Glorieuses, ces paramètres ont des influences contradictoires :
le taux d’activité des femmes augmente beaucoup, l’immigration est importante, la reprise de la
natalité finit par envoyer des générations nombreuses sur le marché du travail.
mais le temps de travail annuel se réduit, l’entrée dans la vie active est plus tardive et la sortie plus
précoce.
Ex : la population française passe de 40 M à 52 M sur la période, mais la population active
augmente de 20,5 à 22 M seulement avec d'ailleurs une phase de diminution absolue. La population
active n’est nettement croissante qu’à partir des années 1960.
232 Productivité et quantité de travail : les conséquences sur le chômage et le niveau de vie.
•Pendant les Trente Glorieuses, le chômage disparaît alors que c'était le fléau des années 1930 : plus
de "pointes" aussi violente, et plus de chômage structurel. Il n’y a pas d'incompatibilité entre hausse
de la productivité et réduction du chômage (par exemple l’économie française absorbe les rapatriés
en 1962).
A l’inverse, le chômage structurel est réapparu depuis 1974 et la croissance est inégalement
créatrice d’emploi : très intensive en Europe continentale (avec le choix d’une faible quantité de
travail très productif en contrepartie du chômage indemnisé?), plus extensive aux EtatsUnis, au
Japon où la croissance consomme une plus grande quantité de travail.
En fait :
à long terme il n y’ a pas de lien négatif, la variation de la productivité se reporte intégralement sur
la croissance du PIB.
mais à moyen terme, les gains de productivité peuvent avoir un effet négatif sur l’emploi, posant la
question d’une croissance plus riche en travail.
•La productivité du travail agit aussi sur les niveaux de vie, mais elle n’est pas la seule variable. Le
PIB/habitants, qui en est une bonne mesure, dépend aussi de la quantité de travail.
Ex : les différences de PIB/hab entre France et EtatsUnis ne s’expliquent pas tellement par la
productivité horaire (mesurée en PIB par heure travaillée, elle est en gros équivalente : où est la
frontière technologique ?) mais plutôt par les forts écarts en terme de durée du travail (1500 heures
contre 1800 environ par an) et de taux d’emploi (notamment les seniors).
Ex : par contre, entre la GB et les EtatsUnis, la différence proviendrait d’un écart de productivité
horaire plutôt que du taux d’emploi ou de la durée du travail (1700 heures environ).
Mais la relation est plus complexe car les relations entre les variables affectant le PIB/hab.
= un taux d’emploi plus faible correspond à l’élimination des travailleurs les moins productifs
(jeunes non formés ou seniors les moins efficaces), ce qui augmente “mécaniquement“ la
productivité horaire moyenne.
= une durée du travail plus courte peut stimuler la productivité, tandis qu’à l’inverse existent des
rendements décroissants de la durée du travail avec des effets de fatigue.
Ainsi, la “productivité structurelle“ ie la productivité à taux d’emploi et durée du travail équivalents
serait plus forte aux EtatsUnis car les statistiques seraient biaisées par les effets indiqués cidessus.
Un accroissement de la durée du travail et du taux d’emploi en Europe abaisserait la productivité
horaire même si le PIB/hab serait augmenté.