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k e r- s o ft w a mercredi 22 février 2017 k e r- s o ft w a

Des familles en ruine affrontent une ancienne thérapeute devant le tribunal


Pascale Robert-Diard

Une kinésithérapeute est jugée à Paris sous l'accusation d'abus de faiblesse de ses patientes, avec lesquelles elle
pratiquait la méthode des faux souvenirs induits, liés à des agressions sexuelles.

Certains procès sont comme un instantané de l'époque. Ainsi en va-t-il de l'affaire de cette thérapeute qui comparaît, depuis lundi
20février, devant le tribunal correctionnel de Paris sous l'accusation d'abus de faiblesse de plusieurs de ses patientes. Officiellement,
Marie-Catherine Phanekham est kinésithérapeute. Mais elle a un savoir beaucoup plus précieux, qui serait fascinant s'il n'était aussi
destructeur, celui de se couler dans les vulnérabilités, les attentes, les croyances qui font les maux contemporains.

On se présentait à la porte de son cabinet parisien sur recommandation. Une clientèle composée en majorité de femmes actives, souvent
aisées, qui traversaient une passe difficile de leur vie amoureuse, familiale ou professionnelle, et cherchaient une «coach», selon le
jargon des magazines, pour les accompagner et les aider à s'extirper de leur mal-être.

Marie-Catherine Phanekham avait tout pour leur plaire: une silhouette rassurante enveloppée dans une étole, un visage souriant,
encadré de longs cheveux noirs, qui semblait aussi serein que les figures de Bouddha qui l'entouraient. La thérapeute les encourageait à
parler - «Quelle a été votre première souffrance?»-, écoutait le flot de paroles se déverser, massait un peu le ventre et très vite, suggérait
des peines enfouies, cadenassées qu'elle allait enfin libérer.

Séances à 100euros, en espèces

A la barre du tribunal, les récits des plaignantes se ressemblent tous: «Elle m'a dit que ma mère ne me désirait pas et qu'elle avait voulu
avorter», dit l'une. «Elle m'a dit que j'avais été abusée pendant mon enfance» , raconte une autre. «Elle m'a suggéré de demander à mon
père ce qu'il m'avait fait quand j'étais petiteavec la complicité de ma mère» , poursuit une troisième. On est au début des années 2000.
«C'était en plein dans l'affaire d'Outreau, on ne parlait que de pédophilie. Elle m'a dit que j'en avais été moi aussi victime» , se souvient
une patiente qui ajoute: «Au fond, elle me disait ce que j'avais envie d'entendre.»

A chacune, Marie-Catherine Phanekham promet qu'elle va l'aider à «réparer l'enfantqui est en [elle] » et qu'elle est la seule «à pouvoir
[la] sauver». Elle pose à cela plusieurs conditions: des séances à 100euros, toujours en espèces, sur plusieurs mois, voire plusieurs
années, une «obligation de tout lui dire et de lui être fidèle», et surtout, en préalable à une thérapie «efficace» , la nécessité de rompre
avec l'entourage «néfaste», «destructeur» des parents et des autres proches. A ceux-là, exigeait-elle, il faut «faire un procès» . Pas
devant la justice, mais un «procès symbolique» en face à face.

La suite de leurs récits est terrible. «Elle m'a dit que je devais les pulvériser», raconte PatriciaP. «Je suis allée voir mes parents à
Toulouse pour faire leur procès. Je me revois comme un soldat qui exécute des consignes. J'ai hurlé à mon père qu'il m'avait fait des
attouchements, qu'il était un monstre pervers et à ma mère qu'elle ne m'avait jamais aimée», poursuit-elle.

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Sur les conseils de la thérapeute, elle doit encore «pulvériser» sa tante qui a refusé de lui prêter de l'argent pour payer les séances. Puis

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son mari, qui était venu consulter lui aussi Marie-Catherine Phanekham, mais qui n'avait pas apprécié ses méthodes et avait encouragé

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son épouse à cesser sa thérapie.
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«Il fallait que je le détruise avant qu'il ne me détruise, me disait-elle.» Le couple se sépare, elle rencontre un autre homme: «Marie-
Catherine m'a dit que je devais le quitter, que c'était lui ou elle.» Elle emmène sa fille de 15ans en consultation, qui se retourne à son tour
contre sa mère. La rupture entre elles va durer trois ans, elles sont aujourd'hui serrées l'une contre l'autre sur le banc des parties civiles.

Isabelle F. lui succède à la barre. Elle aussi a «fait le procès» de son père et a suggéré à son frère cadet qu'il avait également été violé
enfant. «J'éprouve une honte et une culpabilité infinies par rapport à ma famille», dit-elle en regardant ses vieux parents assis, très
dignes, au premier rang, avec lesquels elle a renoué depuis.

Ceux de Florence A. n'ont pas connu la même issue heureuse. L'un et l'autre n'ont pas revu leur fille depuis treize ans. Elle est
représentée à l'audience par une avocate et continue de défendre sa thérapeute. Diplômée d'HEC, elle faisait carrière dans la finance, à
Londres, puis à Paris, revenait très régulièrement voir ses parents et sa jeune soeur. «Elle a commencé par me dire que je ne m'étais
jamais occupée d'elle, dit la mère, que je ne l'avais pas allaitée - alors que je l'ai nourrie au sein pendant neuf mois. Puis un jour, dans un
restaurant, elle s'est mise à hurler devant tout le monde qu'elle avait une famille épouvantable. Mon mari est arménien, elle avait toujours
été très attachée à ses grands-parents paternels, avec lesquels elle passait ses vacances et qui sont les piliers de la famille. Elle est
allée les voir et leur a dit qu'ils étaient méprisables.»

«Faux souvenirs induits»

La jeune femme rompt avec sa soeur, écrit une lettre insultante à son parrain, dont elle était très proche, et finit par accuser sa mère
d'avoir été à la tête d'un «réseau pédophile dans le Nord» et d'avoir bénéficié de relations dans la police lui permettant de couvrir les
sévices qu'elle faisait subir aux enfants «dans une ferme» , voire leurs meurtres - «Nous étions commerçants à Orléans», soupire la
vieille dame. Ils se rapprochent de l'Association pour la défense des familles et de l'individu: «C'est là que, pour la première fois, on nous
a parlé des faux souvenirs induits. Le ciel nous est tombé sur la tête», dit-elle.

Une amie de Florence A., diplômée elle aussi d'HEC, vient à son tour témoigner. Sur le conseil de cette dernière, elle était allée voir
Marie-Catherine Phanekham. «J'avais 35 ans, je me posais des questions sur mon avenir, j'avais tout donné à mon travail, je n'étais pas
mariée et je n'avais pas d'enfant. Elle m'a tout de suite suggéré que j'avais été victime d'inceste et que ma mère était vampirique.» Elle
se méfie de la thérapeute, fait part de ses doutes à son amie, qui prend aussitôt ses distances avec elle. «Moi, j'ai perdu une fille, je ne
sais pas où elle est. J'ai tout fait pour qu'elle soit bien. Je ne sais pas quoi vous dire d'autre, monsieur le Président» , confie le père de
Florence A.

A tant de détresse répond le visage impassible de Marie-Catherine Phanekham. Face au président qui l'interroge, elle fait valoir
régulièrement son droit au silence. A un moment, elle a cette réponse étrange qui fait frémir ses anciennes patientes: «Je me demande si
je n'ai pas accordé trop d'importance à l'approche psychologique des gens.» Réquisitoire et plaidoiries mercredi 22février.

Aussi paru dans 22 février 2017 - La Matinale du Monde


23 février 2017 - Le Monde

2 sur 3 05/03/2017 10:08


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Certificat émis le 5 mars 2017 à MEDIATHEQUE-DU-CANAL (1 lecteur) à des fins de visualisation personnelle et
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